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AVRIL 2016 • PHARMA N°131 • 3

ÉDITO

Accepter le changement

Par Olivier Valcke, rédacteur

en chef

Il n’y a pas d’autre choix que

d’accepter un nouvel exercice

officinal en phase avec

l’évolution de la société, les

aspirations des patients.

L es hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la

nécessité que dans la crise ». C’est à Jean Monnet, homme politique français et

père de l’Union européenne, que l’on doit cette réflexion d’une saisissante ac-

tualité. La nécessité d’évoluer est souvent trop tardive, nous dit en substance Monnet

qui faisait allusion dans ses Mémoires à l’attentisme du gouvernement américain cou-

pable selon lui, de ne pas avoir suffisamment anticipé la crise boursière de 1929.

Plus le danger s’approche, plus le modèle existant doit impérativement se réinventer.

L’avantage avec la citation de Monnet, c’est qu’elle offre une multitude d’interpréta-

tions possibles. Prenons ainsi l’exemple des professions réglementées (chauffeurs de

taxi, notaires, avocats, pharmaciens…). C’est bien souvent lorsqu’elles se trouvent

acculées (Uber, Leclerc…) qu’elles entament une réflexion sur leur avenir. Les phar-

maciens présents aux 9es Rencontres de l’Officine les 6, 7 et 8 février 2016 l’ont bien

compris. À l’heure où l’on reparle de l’ouverture du capital, où le digital invite à

repenser la prise en charge du patient, où l’exercice officinal se vit de plus en plus

hors des murs de la pharmacie – en réseau, en interprofessionnalité – à l’heure d’une

spécialisation des services à l’officine, d’une restructuration du réseau, il n’y a pas

d’autre choix que d’accepter un nouvel exercice officinal en phase avec l’évolution

de la société, les aspirations des patients. À travers ses tables

rondes, plénières, ateliers pratiques ou déjeuners débats, les

Rencontres de l’Officine ont contribué, comme elles le font

depuis neuf ans maintenant, à imaginer ce métier. Des axes

de réflexion, intuitions ou convictions, qui s’articulent au-

tour d’un triptyque : créativité, réactivité et légitimité. Créa-

tivité, car avec l’arrivée programmée des biosimilaires, des

nouveaux traitements du cancer (chimiothérapies orales), avec le vieillissement de la

population et la volonté politique de maintenir le patient à son domicile, les acteurs

de l’ambulatoire – pharmacien en tête – vont jouer un rôle de premier plan. Des chan-

gements dont sauront profiter les plus réactifs. Légitimité, enfin, car le pharmacien

est désormais légitime pour dispenser des dispositifs médicaux connectés, collecter,

sécuriser et échanger les données de santé, gérer la sortie hospitalière et coordonner le

parcours de soins en ville, et qui sait demain, vacciner ? Rendez-vous du 4 au 6 mars

2017, aux 10es Rencontres de l’Officine pour vérifier que cette prédiction s’est opérée.

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Directeur de la publication : Antoine Lolivier Directrice du développement et de la publicité : Valérie Belbenoit Directeur de la rédaction : Antoine Lolivier Rédacteur en chef : Olivier ValckeRédactrice en chef adjointe : Tina Géréral Conception graphique : Élodie Lelong, Antoine OrrySecrétaire de rédaction : Christelle DestombesRédacteurs pour ce numéro : Julien Boyer, Victoire Chapellier, Anne Fellmann, Amelle Mouffak, Marie Simonot, Elise Vitale. Directrice de production et de fabrication : Gracia Bejjani Assistante de production : Cécile Jeannin

Publicité : Emmanuelle Annasse, Valérie Belbenoit, Catherine Colsenet, Philippe Fuzellier, Virginie MezeretteService abonnements : Claire Lesaint Photogravure et impression : Imprimerie Léonce Deprez, ZI « Le Moulin », 62620 RuitzPharma est une publication © Expressions Pharma 2, rue de la Roquette - Passage du Cheval-BlancCour de Mai - 75011 ParisPour nous joindre : [email protected] Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax : 01 49 29 29 19RCS Paris B481 690 105

Commission paritaire : 0317 T 86202 ISSN : 2101-4752 - MensuelComité de rédaction et de lecture : Claude Arnoldi : pharmacien ; Irène Bakal : pharmacienne ; Anne Baron : pharmacienne ; Françoise Beaunier-Daligault : pharmacienne ; Catherine Boyer : pharmacienne ; Patricia Daligault : pharmacienne ; Damien Galtier : diététicien ; Emilie Lecorps : pharmacienne ; Aude Lepoutre : gastro-entérologue ; Philippe Lesieur : psychiatre ; Mme Maury : pharmacienne ; Marguerite Mouilleseaux : pharmacienne ; Elizabeth Muller : pharmacienne ; Pascal Poncelet : cardiologue ; Sylvie Rosenzweig : pharmacienne (réseau douleur-soins palliatifs) ; Gilles Traisnel : cardiologue ; Mr Vanpoulle : pharmacien.

N° 131 • AVRIL 2016 • CAHIER 1

Retrouvez le bulletin d’abonnement en page 58 Cette publication comporte trois cahiers : cahier 1 (60 pages), cahier 2 « Dossier de formation » (8 pages) et cahier 3 « Spécial transactions » (8 pages). Assemblés à cette publication : deux bulletins d’abonnement (2 pages), dépliant « Vocation Santé » • Photo de couverture : DR

SOMMAIRE

ACTUALITÉ6 Actus Les derniers faits marquants du monde officinal14 Reportage Bilan des 9es Rencontres de l’Officine et des attentes de la profession 24 L’observatoire des pharmaciens La para, on y croit !52 Nouveaux produits Médicaments, conseil et parapharmacie,

zoom sur les dernières innovations des laboratoires

20 Dossier Groupements : tout pour les jeunes !26 Finance CA en berne : comment reprendre le dessus ?28 Back-office Le lean management appliqué à l’officine34 Avis d’expert Comment tirer parti de son endettement ?36 Transaction La pharmacie, encore un bon produit à vendre ?38 Économie Réinventer le modèle officinal

p. 59 Évaluation Pharma Une plateforme d’e-learning dédiée aux pharmaciens

SOCIO-PRO

THÉRAPEUTIQUE40 Lu pour vous Sélection d’articles parus dans la presse scientifique internationale 42 Conseil associé Maladies veineuses : l’hérédité au cœur de votre conseil44 Dossier Piloter le sevrage des benzodiazépines au comptoir, c’est possible !48 Nutrition Développer le conseil en micronutrition50 Pharmacovigilance Les maladies cardiovasculaires

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ACTUALITÉS

La formation DPC évolueLes orientations nationales du dévelop-pement professionnel continu (DPC) des professionnels de santé pour les années 2016 à 2018, parues au Journal officiel le 17 décembre 2015, entrent en vigueur au 31 mars 2016.Cela signifie que tout programme DPC dont les sessions ont débuté à partir du 1er avril 2016 doit respecter ces nou-velles orientations. Sur la période 2016-2018, l’un des axes au centre de ces orientations s’attache à l’accompagnement des personnes âgées et des personnes souffrant de maladies chroniques, toujours plus nombreuses. Sont par ailleurs privilégiées la prise en charge pluriprofessionnelle du patient et la coordination des profes-sionnels de santé, ce qui positionne toujours plus le pharmacien au cœur du parcours de soin.De plus, la place du pharmacien dans la pharmacovigilance est renforcée,

notamment grâce aux orientations 1, 2 et 3 du DPC des pharmaciens :- la vigilance et la gestion des erreurs médicamenteuses, - les nouveaux médicaments,- la conciliation des traitements médicamenteux.

Pour vous accompagner, la rédaction de la revue Pharma vous propose les for-mations respectant dès aujourd’hui ces orientations, sur sa plateforme de for-mation DPC : Évaluation Pharma. Ren-dez-vous sur evaluationpharma.fr pour découvrir l’intégralité du catalogue !

Filien ADMR et Oxypharm œuvrent en faveur du MADFilien ADMR, solution de téléas-sistance de l’ADMR, 1er réseau associatif de proximité, vient de conclure un partenariat avec Oxypharm, filiale d’Astera spé-cialisée dans la commercialisa-

tion de matériel médical à domi-cile auprès des officines. Avec ce partenariat, Oxypharm est désor-mais en capacité de proposer à ses pharmaciens partenaires une offre complète de MAD incluant une solution spécifique de té-léassistance ADMR/Filien ADMR.

Philippe Gaertner réélu à la prési-dence de la FSPF C’est à l’unanimité des suffrages exprimés que les présidents des syndicats dépar-tementaux adhérents à la FSPF ont réélu

le 22 mars dernier Philippe Gaertner à la présidence de la FSPF. À la tête du syn-dicat depuis 2007, le pharmacien titulaire à Boofzheim (Bas-Rhin), entame son dernier mandat de trois ans.

TÉLEX

38 millions de consultationspar an pourraient être libérées grâce au recours à l’automédica-tion responsable selon l’Afipa.

IL A DIT…

L’UNPF n’est pas mort. Nous serons représentatifs et siègerons aux commissions paritaires jusqu’en 2017. »Jean-Luc Fournival, président de l’UNPF

Le financement participatif fait des émules Après Wellpharma qui a lancé en janvier dernier la première enseigne de crowdpharma, c’est au tour de l’Union nationale des pharmaciens de France (UNPF) de goûter aux joies du financement partici-patif. Le syndicat de pharmaciens œuvre pour une mutualisation des moyens financiers, assurantiels et publicitaires et propose à ses adhérents une solution de financement participatif à taux préférentiels. Si les contours de cette plateforme en ligne demeurent flous, l’objectif affiché est clair : alléger la trésore-rie des officines et couvrir les besoins financiers des pharmaciens avec davantage de flexibilité. « On as-siste à un désengagement des banques, à une désa-grégation des financements auprès des pharmacies, constate Jean-Luc Fournival, président du syndicat. Ce dispositif participatif couvrira le segment du fi-nancement à court terme qui n’est aujourd’hui plus assumé par le secteur bancaire. » Principale popu-lation ciblée par ce financement participatif, les jeunes pharmaciens éligibles à l’installation, mais qui peinent à collecter l’apport financier nécessaire. Pour Jean-Luc Fournival, ce fonds d’investissement finan-cé et géré par la profession « doit fluidifier un marché de la transaction aujourd’hui au ralenti et favoriser le renouvellement des générations. » La mutualisa-tion se décline également du côté des assurances. L’UNPF a ainsi conçu avec MMA une offre pour ses adhérents comprenant un audit des charges profes-sionnelles et personnelles là encore à taux préféren-tiel. Le syndicat planche enfin sur une mutualisation d’espaces publicitaires au sein des pharmacies avec des tarifs négociés et attractifs. « Au final, l’ensemble de ces mutualisations devrait générer une économie annuelle de 20 000 euros par pharmacie », analyse Jean-Luc Fournival qui a éprouvé les différents ser-vices dans sa propre officine. La mutualisation de moyens a le vent en poupe en officine. Le club Well-pharma, l’enseigne crowdpharma d’Objectif Pharma compte à ce jour 83 pharmacies labellisées et une communauté de près de 50 000 consommateurs.

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ACTUALITÉS

L’automédication, au secours de la Sécu ?L’Afipa (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable) vient de livrer son manifeste pour relancer le développement de l’automédication (rebaptisée « selfcare » pour l’occasion) en France. Un manifeste qui appelle en premier lieu à une « réorga-nisation optimisée de la chaîne de soins ». Selon l’Afipa, le self-care et l’automédication respon-sable redonneraient « du sens au parcours de soins en réservant l’intervention du médecin géné-raliste aux pathologies sérieuses à sévères et celle du pharmacien aux maux du quotidien. » Pro-pice à désengorger les cabinets médicaux, le développement du selfcare en France contribuerait

également aux bons comptes de l’assurance maladie avec une source d’économies potentielles de l’ordre de 1,5 milliard d’eu-ros annuels. « Et il s’agit d’une fourchette basse, car ce calcul ne prend pas en compte les coûts indirects liés à la non prise en charge de la maladie : arrêts de travail et baisse de productivité par exemple », souligne Pascal Brossard, président de l’Afipa, qui milite pour le dérembourse-ment des molécules associées à des pathologies d’automédication (toux sèches, toux d’irritation, acnés mineures, constipation oc-casionnelle chez l’adulte…). Un déremboursement qui concerne-rait, d’après l’Afipa, 118 molé-cules pour 58 indications.

1,5 milliard d’euros d’économies seraient réalisables en un an grâce à l’automédication selon l’Afipa.

LE SONDAGE PHARMA/Étude réalisée par le département Gestion de Call Center de Celtipharm – Open-Health Company, sur un échantillon représentatif stratifié de 400 officines françaises sélectionnées dans sa base de données (du 26/02/2016 au 02/03/2016).

Êtes-vous favorable au remboursement d’un certain nombre de médicaments d’automédication permettant de traiter des pathologies bénignes (acnés mineures, toux sèches, toux d’irritation…) ?

Êtes-vous favorable pour appliquer aux médicaments d’automédication le même taux de TVA (2,1 %) qu’aux médicaments de prescription ?

Oui 68 %

Non 32 %

Oui 65 %

Non 35 %

… Et Albin Dumas à l’APRRéuni à Paris, le conseil d’administration de l’Association de Pharmacie rurale (APR) a re-nouvelé sa confiance au président sortant Al-bin Dumas. Pharmacien à Lavelade-d’Ardèche, secrétaire général puis vice-président, Albin Dumas préside les destinées de l’association depuis 2013.

Insuffisance rénale chronique : attention aux IPPTraitement de référence de l’acidité gastrique depuis les an-nées 90, les inhibiteurs de la pompe à protons, communément appelés IPP, sont prescrits ou conseillés en OTC à des millions de personnes à travers le monde. Les résultats d’une étude portant sur près de 260 000 patients, suivis pendant 6 à 14 ans, ont été publiés dans JAMA Inter-nal Medicine en février 2016. Celle-ci cherchait à déterminer la tolérance au long cours des IPP et a démontré que la prise d’IPP était associée à une augmentation de 20 à 50 % du risque de développer une insuffisance rénale chronique. Les auteurs suggèrent que cet effet est à rapprocher du risque de néphrite interstitielle, connu pour cette classe thérapeutique. Attention donc à bien en rappeler les règles de bon usage.

Place au BCG polonaisDepuis novembre 2014, le vaccin contre la tuberculose BCG-SSI est en rupture. Afin de pallier cette tension d’approvisionne-ment et de maintenir sa distribution, notamment au sein des PMI et autres centres de vaccination, un vaccin initialement destiné au marché polonais est mis à disposition en France par le labo-ratoire Sanofi Pasteur MSD. Ce vaccin, produit à partir d’une souche brésilienne (danoise, pour l’original), se présente sous la forme d’ampoules à reconstituer. Notices, instructions de mani-pulation et RCP sont disponibles sur le site de l’ANSM.

Christian Grenier rempile à la tête de Federgy…Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie, a élu, le 17 mars dernier, son nouveau bureau. Christian Grenier, président de Népenthès, garde les rênes du

syndicat. Laurence Bouton, pré-sidente d’Alphega Pharmacie, Laëtitia Hible, présidente de Giphar, Lucien Bennatan, pré-sident de Ma Pharmacie Réfé-rence et Franck Vanneste, pré-sident de Giropharm, sont ses vice-présidents.

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MARS 2016 • PHARMA N°130 • 9

DÉSIR D’INSTALLATION ?

Vous êtes jeune pharmacien et vous voulez vous installer ?Nous sommes pharmaciens installés et nous faisons partie d’un réseau d’une centaine de pharmacies, présentes dans toute la France. Créé par la société HPi, c’est un réseau Humain, Professionnel et dont les pharmacies sont In-terdépendantes. Avant tout, nous aimons notre métier et plaçons qualité, médicalisation de l’acte pharmaceutique, formation continue et partage d’expérience au-dessus des di� cultés de notre exercice quotidien.Depuis trois ans, nous avons aidé 10  jeunes pharmaciens à s’installer au sein du réseau et avons l’ambition de poursuivre avec certains

d’entre vous.

Tout le savoir-faire du compagnonnage HPi à votre service ! Pourquoi pas vous ?Avant de s’installer, il y a des bonnes questions à se poser, mais pas forcément de bonnes ou de mauvaises réponses. C’est la cohérence globale du projet qui prime, et qui doit vous correspondre. Au cours des 3  prochains numéros, nous al-lons vous accompagner dans cette démarche personnelle en vous posant des questions destinées à vous faire ré� échir à votre projet professionnel.Vous vous apprêtez à être professionnel de santé et commerçant. Avant d’être chef d’en-treprise, assurez-vous de percevoir toute l’étendue des compétences que cela peut né-cessiter. L’important n’est pas nécessairement de tout maîtriser (quoique…), mais de savoir quoi approfondir avant de se lancer. Et de bien s’entourer !

Mais nous ne pouvons pas tous vous aider ! Nous vous proposons de participer à une sélection en plusieurs étapes.1. Une première série de questions en mars, en avril et en mai publiées sur le site internet de La Revue Pharma déterminera, par vos réponses, les candidats ayant les connaissances su� santes pour être retenus. Vos compétences pharma-ceutiques sont un prérequis. Nous le présup-posons comme tel, mais quelques questions pourront vous révéler notre niveau d’exigence...2. Une présentation de votre projet professionnel vous sera demandée si vous êtes retenu pour cette deuxième étape. Elle sera basée notamment sur les réponses à des questions ouvertes que nous aurons posées au cours des di� érents mois : au moins dix candidats seront sélectionnés par les pharmaciens HPi comme les meilleurs sur une base multicritère.3. Un jury recevra en juin ces dix candidats pour une présentation orale de leur projet. Ce jury sera composé de pharmaciens et de personnalités du monde pharmaceutique et d’ailleurs.

Les pharmaciens � nalistes pourront devenir des � lleuls HPi, que nous nous engageons à assister dans la réalisation de leur projet d’installation. Parmi eux, deux intègreront notre programme de compagnonnage entre 2016 et 2017 pour un CDD de 6 mois au cours duquel vous apprendrez notre savoir-faire en étant reçu, tous les 7 ou 15 jours dans autant de pharmacies typiques et remarquables de notre réseau. Au terme de ce tour de France, vous serez presque l’un des meilleurs d’entre nous.

Si vous êtes passionné et avez une réelle envie de vous installer, venez nous convaincre de vous aider à réaliser votre projet et participez à notre sélection avec La Revue Pharma.

L’évolution du métier me correspond-elle ?

Quel projet pour quelles ressources financières ?

Quel projet d’installation en fonction de ma personnalité ?

Suis-je prêt pour m’installer et suis-je bien informé ?

Quelles compétences pharmaceutiques, managériales, entrepreneuriales dois-je approfondir ?

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Bonne chance !

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ACTUALITÉS

@RevuePharma 1er avrilStat CGP : En 2015, la marge (-0,05 %) et le CA (-0,28 %) se stabilisent grâce aux honoraires de dispensation...

@RevuePharma 30 marsBiosimilaires : « Des économies de 100 milliards de dollars à attendre d’ici 2020 », Stéphane Sclison, directeur Stratégie IMS Health France

RevuePharma 16 mars@‏Dans l’état de New York, les prescriptions seront bientôt obligatoirement envoyées par mail aux pharmacies...

3 QUESTIONS ÀFRANK GROßE-NATROP

Président de Phoenix Pharma France

Quelle est votre vision de Phoenix Pharma aujourd’hui et de quelle manière pensez-vous développer votre activité sur le marché ?

Avec une présence dans 26 pays européens, le groupe Phoenix est un acteur de santé leader en Europe. L’expé-rience que nous avons développée dans tous ces pays, l’ex-pertise de nos 12 000 pharmacies partenaires et le soutien de notre groupe nourrissent le succès de Phoenix Pharma France, PharmaVie et Ivrylab.

Bien que notre présence soit européenne, notre groupe reste familial. Cette particularité se traduit par une relation de proximité avec nos clients, par le respect de leurs at-tentes et par l’anticipation de leurs besoins. C’est en vivant ces valeurs au quotidien que nous aiderons nos clients et partenaires à être performants sur le marché français et à assurer ainsi notre propre succès.

Quels sont les services que vous offrez aux pharmaciens ?

Notre expertise consiste à délivrer le bon produit, au bon endroit et au bon moment. Chaque jour en France, plus de 1 200 collaborateurs unissent leur énergie pour que chaque patient puisse accéder à son traitement dans les meilleurs délais. Mais en tant qu’acteur de santé, notre rôle

va plus loin ! Nous aspirons à donner aux pharmacies la possibilité d’accomplir leur mission de santé publique dans les meilleures conditions. Comment ? En créant de la valeur à travers l’optimisation de leurs stocks, par des conseils appropriés, par la négociation de prix d’achat, par un ac-compagnement de leur merchandising ou en formant leurs équipes… Notre ambition est d’être le meilleur prestataire de santé intégré sur le marché français et un véritable four-nisseur de solutions pour tous nos partenaires.

La règlementation française est-elle un problème pour le développement de Phoenix Pharma en France ?

Tout comme dans d’autres pays, la règlementation fran-çaise est exigeante. En plus de ces contraintes, les pro-duits que nous fournissons sont de plus en plus techniques. Ils nécessitent un traitement particulier, des investissements matériels et une maîtrise parfaite de la chaîne de santé. Le problème est que nous devons constamment répondre à ces exigences et ces niveaux de qualité plus élevés alors que nos marges diminuent. Les mesures de réduction des coûts, la baisse des prix et la pression fiscale rendent la chaîne de santé vulnérable. Évidemment, cet environne-ment contraignant nous encourage à continuellement nous améliorer et à atteindre un niveau d’excellence toujours plus élevé.

Les premiers effets bénéfiques du plan génériquesLancé en 2015, le plan national d’action de promotion des médica-ments génériques piloté par Muriel Dahan, inspectrice générale des affaires sociales, porte ses premiers fruits. « Sur les premiers mois de

2015, la part du répertoire a augmenté de 2,1 points par rapport à la moyenne de 2014 », indique un rapport de l’Igas publié le 18 mars dernier. À la fin du mois d’octobre 2015, les génériques constituaient « 42,9 % du marché en volume ». Élaboré avec les services du minis-tère de la Santé, ce plan structuré en sept axes, vise à lever les freins encore existants à l’utilisation des génériques. Il couvre l’ensemble des domaines sur lesquels il est possible d’agir aujourd’hui (prescrip-tion, communication, production…) pour permettre une plus grande pénétration des médicaments génériques, un meilleur usage et une meilleure acceptation par tous.

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ACTUALITÉS

« En mode Posay » : une application au service des peaux acnéiquesPour accompagner les adoles-cents acnéiques dans le suivi de leur traitement, La Roche-Posay a développé une application dispo-nible sur l’Apple Store et sur le site www.laroche-posay.fr/enmodeposay.Développée à l’initiative des der-matologues du Réseau Duo +, « En mode Posay » s’adresse aux 70 % des adolescents concernés par l’acné.

L’application propose des alertes pour rappeler de suivre le traitement, un suivi photo avant/après pour encourager les ados, mais aussi des quiz sur l’acné pour les informer et les aider à mieux com-prendre leur pathologie. L’objectif ? Les accompagner dans le succès de leurs traitements, le manque d’observance étant en partie responsable de l’échec thérapeutique de plus d’1 patient sur 2.

La conférence nationale des URPS Pharmaciens a son présidentFrançois Martial, président de l’URPS de la région Aquitaine Limousin Poi-tou-Charentes a été élu président de la conférence nationale des URPS Phar-maciens libéraux (CNUPL). Nouvelle

structure dans le paysage officinal, la CNUPL a pour objectif de faciliter la coordination et la mutualisation des travaux de l’ensemble des URPS de pharmaciens.

Domperidone : nouvelles restrictions de la HASDans un communiqué du 21 mars 2016, la HAS appuie les recom-mandations de la Commission de la transparence (CT) et préconise l’inter-diction de l’utilisation de la dompéri-done chez les enfants, les adultes de plus de 60 ans, et au cours de la gros-sesse et de l’allaitement. En dehors de ces situations, la CT recommande de prescrire le médicament chez l’adulte,

pour le traitement des nausées et des vomissements aigus, conformément aux recommandations européennes :- à la posologie maximale de 30 mg par jour (10 mg par prise) ;- et pour une durée de traitement infé-rieure à 7 jours.Toujours en cause : les risques d’effets indésirables cardiaques graves asso-ciés à cette molécule.

OTC et drogue : les mises en garde de l’ANSMDepuis les premiers signalements à l’Agence du médicament (ANSM) en 2013, l’usage détourné de médicaments à base de codéine et de prométhazine persiste et augmente rapidement chez les adolescents et les adultes. Mélangés à du soda pour la confection d’un cocktail euphorisant et psychoactif nommé Purple Drank, ces médicaments doivent donc être particuliè-rement surveillés au comptoir.

D’autre part, suite à la notification de plusieurs cas d’abus auprès du réseau des Centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (CEIP), une enquête d’addic-tovigilance sur le diméhydrinate et la diphéhydramine a été réalisée en 2014. Des cas de syndromes de sevrage, de syn-dromes atropiniques, de troubles neurologiques (troubles de la mémoire, hallucinations, agitation, tremblements) et cardiaques (tachycardie, douleur thoracique), ayant par-fois entraîné une hospitalisation, ont été rapportés dans ces contextes d’usage. Par conséquent, les médicaments « Mer-calm et Nausicalm ont été radiés de la liste des médicaments de médication officinale et ne doivent donc plus être en libre accès, au même titre que la spécialité Nautamine qui n’était pas inscrite sur cette liste », indique l’ANSM.L’agence appelle donc les professionnels de santé à la vigi-lance « face à toute demande de médicaments contenant un dérivé opiacé ou un antihistaminique qui leur semblerait suspecte ».

– 1,06 % C’est la baisse de l’EBE (excé-dent brut d’exploitation) entre 2014 et 2015, soit une baisse moyenne de – 2 465 euros par officine (source CGP, mars 2016)

@APMinfos 22 marsMarisol Touraine souhaite une coopération internationale « pour faire pression sur les prix des médicaments » http://bit.ly/1RwJCyr

@Syndicat_USPO 3 marsL’USPO veut inscrire substituable sur l’ordonnance pour marquer la confiance du médecin prescripteur envers le pharmacien.

@LesEchos 4 avrilDengue : première campagne de vaccination de masse aux Philippines.

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ENTRE INCERTITUDES ET ESPÉRANCES

Des débats inspirantsLe nom de la première session de la matinée ? « La santé, business d’avenir ». Le ton est donné. À bas le passéisme poussiéreux, place à l’espoir ! Professeurs émérites, présidents de syndicats, économistes… De grands acteurs du secteur et des experts de différents domaines se succèdent respectueusement sur la scène de l’Agora pour faire entendre leur point de vue. Quelle que soit la voie choisie – pharmacien clinicien, scienti-fique, éducateur, accompagnateur, etc. –, tous s’accordent à dire que le rôle du pharmacien doit évoluer et que cette mutation, si elle est loin d’être facile, est une chance d’enrichir la profession. Tous proposent une vision stimulante du phar-macien de demain. Dans les quatre autres salles de débat, l’émulation est également de mise.

Experts comptables, notaires, pharmaciens et autres consultants brossent les grands axes straté-giques, développent des exemples concrets d’ac-tions, prodiguent de nombreux conseils pratiques pour se regrouper, pour lutter contre les difficul-tés financières… Pas question de rester dans la sphère de la théorie, les opportunités exposées sont réelles et à portée de main !

Des exposants innovantsIl suffit aux plus réfractaires de faire un tour par-mi les exposants du salon pour rencontrer des preuves vivantes corroborant cet optimisme, notamment dans la nouvelle aile dédiée à La Pharmacie du futur que l’on distingue au bout d’une allée, comme un horizon. S’y concentrent des starts-ups proposant chacune de la valeur

ajoutée aux pharmaciens et à leurs patients. Née de l’observation au comptoir, La Rosée décline une courte gamme de produits de beauté, à la for-mulation épurée, le tout à petit prix ; Evioo offre une solution clé en main d’optique de 5 m2 qui présente le plus faible reste à charge au patient ; Impeto médical propose un dispositif de détec-tion du diabète non invasif si précis qu’il permet de mettre en place des actions de prévention… Un panel d’entreprises toutes plus passionnantes les unes que les autres ! À la question « Comment voyez-vous la pharma-cie d’officine de demain ? », aucun des exposants n’a fait de constat pessimiste, tous débordaient d’idées pour relever le défi. Découvrez dans les pages suivantes un florilège des pistes de ré-flexion avancées pour progresser ensemble. l

DR

Samedi 6 février 2016. 9 h. Le hall Havane du Palais des Congrès bruisse de bonne humeur. Le salon est clair,

animé, vaste sans être trop grand. Il est à taille humaine. Exposants, orateurs, visiteurs, debout ou confortablement

assis autour d’un café, prennent le temps de se parler en toute convivialité. Pas de stress ni de calcul, l’ambiance

est familiale, idéale pour rencontrer des prospects, des partenaires, construire des relations et des projets.

Nous sommes dans un espace de dialogue, de rencontres, d’ouverture sur les autres et sur l’avenir.

De gauche à droite : Jean Calop, professeur émérite UFR de pharmacie de Grenoble, Gilles Bonnefond, président de l’Uspo, Jean-Luc Fournival, président de l’UNPF, Philippe Gaertner, président de la FSPF, Nassim Mekeddem, président de l’Anepf, Marceline Grillon, vice-présidente du Conseil central de la section A de l’Ordre national des pharmaciens.

VU

2016

aux

REPORTAGE

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AVRIL 2016 • PHARMA N°131 • 15

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REPORTAGE

Mahault de Guibert &

Coline Bertrand pharmaciennes et fondatrices de La Rosée

Philippe Wargnier

fondateur de L’OPTICIEN selon Evioo

Amaury de Chalain

cofondateur de MeSoigner.fr

“ Pour survivre, la pharmacie doit miser sur le conseil et se démarquer, avec des produits confidentiels par exemple. D’autre part, le maillage territorial nous semble primordial. Pour soutenir les petites structures, nous proposons une gamme de produits courte, facile à implanter et nous proposons les mêmes conditions de prix à tout le monde ! ”

“ L’avenir pour moi, ce sont des espaces santé multiservices. L’idée est de capitaliser sur le flux de clients dont bénéficient les pharmaciens et sur la confiance qu’ils inspirent, de simplifier le parcours de soin des patients et de leur proposer des prix compétitifs, tout en attaquant des marchés à forte rentabilité, comme l’optique qui dégage une marge brute de 60 %. L’audace engendre la croissance ! ”

“ La profession est en mal de communication, mais les canaux vont s’ouvrir dans un futur proche. La maîtrise de la communication, notamment digitale, sera le grand enjeu de demain. Ainsi, les sites Internet des pharmacies, loin d’éloigner les patients, sont au contraire des outils au service du local, qui créent du lien, des lieux de services qui incitent les patients à visiter l’officine de manière efficace. ”

COMMENT VOYEZ-VOUS LA PHARMACIE DE DEMAIN ?

16 • PHARMA N° 131 • AVRIL 2016

Marlène, Morgane

et Mathilde étudiantes en 4e année filière

officine

“ Nous ne devons pas avoir peur d’être moteurs, de piloter les changements, au lieu de les subir. Nous souhaitons être les premiers interlocuteurs, le premier maillon du parcours de santé. Pour ce faire, il faut se rapprocher au plus près des patients, les suivre, utiliser les leviers numériques pour les accompagner au mieux. ”

Page 12: Accepter le changement

Nadine Maquet présidente de GTF Pharma Transactions

Philippe Donadieu

directeur associé de Kozea, docteur

en pharmacie

Régine Martin directrice

générale de Wellpharma

Joffrey Blondel directeur

de la gestion officinale Astera

“ Les banques sont de plus en plus exigeantes en termes d’apport personnel. Les jeunes pharmaciens ont donc intérêt à être accompagnés par des investisseurs, des groupements notamment lors d’une première installation. Sinon, il y a des affaires à faire sur le segment des petites officines. ”

“ La pharmacie du futur sera d’abord une pharmacie de services et de proximité. La désertification médicale couplée au vieillissement de la population est le catalyseur de cette évolution. Pour répondre à ce défi, il faut une pharmacie hyperconnectée, associant les technologies du monde digital et l’usage des objets connectés pour les patients, mais aussi au service de l’optimisation du back-office. ”

“ Le risque pour la profession est de tout miser sur le discount ou au contraire sur le service. Pour lutter contre l’uberisation de la profession, nous avons inventé un nouveau positionnement relationnel générateur de valeur ajoutée et donc pérenne, où les consommateurs s’allient avec les pharmaciens, afin de mieux vivre leur bien-être et leur santé. ”

“ OTC, vétérinaire, maintien à domicile… Les pistes pour dynamiser le chiffre d’affaires ne manquent pas. Les pharmaciens sont essentiels, ce sont des référents qui ont un vrai rôle de conseil à jouer dans les domaines de la prévention, des premiers soins, du suivi thérapeutique, de l’observance… ”

AVRIL 2016 • PHARMA N° 131 • 17

Noelline Lorin pharmacienne et responsable marketing de Leader santé

“ Le métier de pharmacien est très solitaire et il est tabou de se fédérer, mais les jeunes notamment ont besoin d’être motivés, rassurés : il faut leur montrer que le métier a changé ! Et les aider en leur donnant des conseils pratiques pour s’installer. ”

Page 13: Accepter le changement

REPORTAGE

10 % de la population

pharmaceutique est au chômage

“ Les questions à se poser aujourd’hui sont : quelle expérience client proposer demain dans mon officine et où est ma valeur ajoutée ? Il faut mettre en place une stratégie de différenciation et non de domination par les prix. ”Catherine Desprez pharmacienne, experte en stratégie et management de l’innovation

“ Nous allons droit dans le mur si nous persistons dans la voie du volume. Demain, le pharmacien clinicien pourrait offrir des services, collecter des datas et les analyser, muter vers un métier de professionnel, d’excellence, de scientifique. ”Jean-Luc Fournival président de l’UNPF

“ Il faut réussir le lien ville-hôpital, développer une méthodologie et des formations pour accompagner les personnes âgées, rouvrir le débat sur la vaccination dans les officines et favoriser les échanges interprofessionnels. ”Philippe Gaertner président de la FSPF

“ L’État veut moins de pharmacie, c’est le sens de l’histoire. ”Bastien Bernardeau notaire président Pharmétudes

“ On va glisser d’un système de santé curatif à un système préventif. ”Catherine Argillier présidente et fondatrice de ItWell

“ Pour une digitalisation efficace, il faut dépasser l’aspect technologique du sujet et voir comment l’outil digital s’inscrit dans le parcours du patient et dans les process métier du personnel médical. ”Yannis Nahal directeur division Solutions e-santé Pharmagest

“ Les objets connectés sont une nouvelle offre pour réinventer l’exercice officinal et la relation pharmacien-patient. Il ne faut pas passer à côté ! ”David Sainati président de Medappcare

“ L’État veut faire des économies sur le médicament, or les pharmaciens ne sont pas protégés contre la baisse des prix. Les pharmaciens étaient les seuls acteurs de santé à ne pas être invités à la table des débats européens. Un débat entre l’État et les pharmaciens devient urgent, d’autant plus que les pharmaciens sont prêts à s’impliquer dans l’interprofessionnalité. ”Gilles Bonnefond président de l’Uspo

ENTENDUAUX RENCONTRES

18 • PHARMA N° 131 • AVRIL 2016

1 Français sur 2

trouve que son système de santé est en retard en

matière de e-santé

3000 personnes ont répondu à

l’enquête sur la communication*

20 % des pharmaciens

affirment avoir déjà vendu des objets

connectés

* Enquête lancée en décembre dernier par l’Ordre des pharmaciens.

Page 14: Accepter le changement

20 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

DOSSIER

TOUT POUR LES JEUNES !

Après des années passées à pister les pharmacies rentables, les groupements et enseignes affinent leurs stratégies pour faciliter les premières installations. Passage en revue des initiatives.

ALPHEGA PHARMACIELA PROXIMITÉ COMME FER DE LANCE

« Proche de vous, toujours ». La nouvelle signature du réseau Alphega Pharmacie positionne d’emblée le phar-macien comme un acteur de santé au cœur d’un réseau de soins de proximité. « L’ancrage local au plus proche des patients est un positionnement durable qui séduit de plus

en plus de jeunes pharmaciens, confirme Philippe Pasde-loup, président d’un réseau qui se nourrit du dialogue intergénérationnel. « Chaque jeune bénéficie d’un accompagnement personnalisé avec nos consultants points de vente et, dans les villes où le réseau est bien implanté, de pharmaciens relais qui diffusent les bonnes pratiques du réseau au niveau local ». Alphega Pharmacie propose également aux adjoints de s’investir davantage dans l’organisation officinale en endossant la cas-quette de “skipper”, véritable relais opérationnel du titulaire au sein de l’équipe. « Cela permet aux adjoints d’acquérir une bonne connaissance des outils du réseau et d’endosser de nouvelles responsabilités avant de s’installer. À titre d’exemple, mes deux anciens adjoints ont été skippers et sont maintenant pharmaciens titulaires Alphega Pharmacie. »

ASTERAUN « GIGN DE L’INSTALLATION »

L’expression colorée est de Joffrey Blondel, le directeur de la gestion officinale du groupe coopératif. « Nous sommes capables d’intervenir rapidement partout en France, argumente-t-il en souriant. Dans chaque agence de CERP Rouen, il existe en effet une cellule spécialement dédiée à la prise en charge du futur jeune installé ». Le premier à entrer en scène est le conseiller commercial répartition qui, épaulé par l’un de ses homo-logues financiers et en synergie avec un expert comptable, étudie la zone de chalandise de la pharmacie convoitée, en détermine les potentiels et réalise un prévisionnel financier. Pour concrétiser son projet, le candidat bénéficie parallèlement de deux jours de formation délivrée par l’École du futur installé, animée par CERP Rouen, qui met également à disposi-tion son service de géomarketing et sa hotline juridique. Troisième étage de la fusée : le primo-accédant peut aussi être accompa-gné par des conseillers maison investis dans les différentes sociétés du groupe comme Oxypharm pour le MAD, Isipharm pour l’informatique, la Centrale des pharmaciens pour les achats ou encore le réseau des Pharmaciens associés, grâce auquel il sera coaché tous les deux mois par des CDO (conseillers en développement officinal). « C’est la valeur ajoutée d’une coopérative : les pharmaciens administrateurs valident les services proposés par le groupe Astera et sont les premiers à les utiliser », com-mente Joffrey Blondel.

GROUPEMENTS

Texte : Anne Fellmann

54 %des

étudiants

27,3 %des

jeunes

ayant obtenu leur diplôme depuis moins de 3 ans ne s’inscrivent

pas à l’Ordre(source Ordre des pharmaciens 2014)

ont choisi la branche officine pour l’aspect

entrepreneurial(enquête Opération Jeunes

pharmaciens réalisée par l’Ordre des pharmaciens 2013-2014)

Page 15: Accepter le changement

AVRIL 2016 • PHARMA N°131 • 21

Page 16: Accepter le changement

22 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

DOSSIER

GIPHARUNE OFFRE « MAIN DANS LA MAIN »

Elle se décline en trois phases. Avant l’installation, le groupement puise dans sa base de données pour rechercher le bien qui correspond le mieux au souhait du candidat, analyse son projet via son service Développement/Expansion/Accompagnement (SDEA), aide à la rédaction du business plan et établit des solutions de financement avec ses deux partenaires : Interfimo pour le prêt personnel, et la Socorec dont le prêt participatif peut doubler l’apport initial avec la garantie de la coopérative Giphar. Pendant l’instal-lation, le jeune titulaire bénéficie d’une double prestation : l’agencement qui lui permet d’aménager sa future officine aux couleurs de Giphar, et un coaching qui l’aide à démarrer avec sa nouvelle équipe. Enfin, dès le démar-rage de son activité, et outre les avantages liés à la politique d’achats et au concept de l’enseigne, deux années et demi d’exonération de cotisation lui sont consenties s’il s’engage pendant cinq ans au sein de la coopérative. « Grâce aux séminaires dédiés qui sont organisés deux fois par an, nous formons également des adjoints, que nous suivons régu-lièrement dans leurs projets d’acquisition, indique Laë-titia Hible, présidente de Giphar. C’est un beau vivier de repreneurs. »

HPILES VERTUS DU COMPAGNONNAGE

L’aide aux jeunes est dans l’ADN du réseau dont le signe distinctif est le compagnonnage. Celui-ci permet à certains jeunes diplô-més de réaliser un tour de France des officines estampillées HPI, pendant un an, avant de devenir à leur tour titulaires et associés de l’entreprise. Ceux qui n’ont pas cette opportunité peuvent intégrer

le pool de jeunes en voie d’installation s’ils sont « HPI compatibles » et, avec le soutien d’une commission ad hoc dont la vocation est de mettre en œuvre le bon couple pharmacie/pharmacien, identifier le type de structure qu’ils visent et l’exercice qui leur correspond. Ils profitent dans ce cas d’un « compagnonnage en accéléré » en suivant, entre la signature du compro-mis de vente et le démarrage effectif de leur activité, un cursus de formation dans les officines expertes HPI afin de connaître toutes les facettes du métier. « Nous ne recrutons pas des pharmacies, mais des pharmaciens qui cor-respondent à nos valeurs et qui se retrouvent dans notre modèle », détaille Maxime Mendelsohn, le président du réseau.

GIROPHARMUN ACCOMPAGNEMENT SUR MESURE

« Les banques sont de plus en plus frileuses, et les vendeurs trouvent de moins en moins d’acheteurs ». Pour endiguer cette spirale infernale, le groupement présidé par Franck Vanneste a mis en place un accompa-gnement sur mesure à destination des repreneurs d’officines (identifiées Giropharm ou non) pour les aider de façon ciblée à chaque étape de leur projet. L’accompagnement Giropharm inclut la prestation d’une société d’ingénierie financière et celle d’un réseau de notaires spécialisés, aux-quelles s’ajoutent une demi-journée d’audit interne ainsi qu’un coaching pré et post-installation.Depuis janvier 2015, le groupement a décidé de passer à l’étape supé-rieure en mettant à profit son statut de coopérative pour ouvrir des lignes de crédit à la Socorec et en faire bénéficier le futur adhérent. L’établisse-ment financier peut ainsi lui consentir un prêt participatif sur sept ans à hauteur de ses apports. Ce prêt est considéré comme un quasi fonds propre dont il ne remboursera que les intérêts pendant les trois premières années. En complément, Giropharm investit de manière conséquente pour l’ins-tallation de ses jeunes adhérents, prenant à sa charge une partie des prestations réalisées par ses partenaires. Certains sociétaires du groupement coopératif peuvent également, s’ils le souhaitent, contribuer au montage d’une SPFPL. C’est aussi l’un des avantages du modèle.

LEADER SANTÉLE « BOOSTER D’APPORT »

Pour « démocratiser l’installation » et éviter de « priver une génération d’une aventure professionnelle » – la formule est d’Alexis Berreby, cofon-dateur du groupement –, Leader Santé a créé un dispositif innovant baptisé « Booster d’apport » : l’enseigne se porte caution pour ses nouveaux adhé-rents auprès de banques partenaires qui peuvent ainsi leur prêter jusqu’au double de leur apport initial. « Nous avons une capacité de réactivité qui s’intègre dans le timing très serré de la transaction », explique Alexis Ber-reby. En contrepartie, les nouveaux entrants rejoignent le réseau pour une durée minimale de sept ans. Mais là encore, les candidats sont sélectionnés en amont sur leurs projets. « Un groupement est une communauté de destins et de valeurs, justifie Alexis Berreby. C’est une philosophie partagée du travail, la trans-mission d’une méthode ».

Page 17: Accepter le changement

AVRIL 2016 • PHARMA N°131 • 23

PHARMAVIEUNE « USINE À SUCCESS STORIES »

Comme beaucoup de ses pairs, le réseau a conclu un accord avec Interfimo pour faciliter l’installation des primo-accé-dants. Mais Pharmavie peut surtout s’enorgueillir d’être une « usine à success stories ». « C’est ancré dans notre patrimoine », commente Patrick Lebranchu, directeur de

la communication. De fait, la marque compte bon nombre de jeunes diplô-més qui ont commencé leur carrière comme adjoints dans une officine sous enseigne, avant de prendre des parts dans la SEL détenue par le titulaire, pour leur permettre de s’installer. « Environ 30 à 40 % de nos adhérents exploitent des SEL, indique Patrick Lebranchu. Ils peuvent ainsi tester leurs adjoints sur le terrain. C’est une aide à l’installation pragmatique, qui repose sur le transfert d’expériences et de compétences. Cette pépinière de jeunes entrepreneurs coachés par leurs aînés est, chez nous, la voie royale qui ouvre à la titularisation. »

PARIS PHARMA UN RÉSEAU DE PROFESSIONNELS AGUERRIS

« Le groupement, aujourd’hui multirégional, mise sur l’image d’une entreprise qui donne envie aux jeunes de s’installer et de grandir en son sein », confie Alain Haba-bou, son président. Dès qu’un jeune diplômé exprime sa demande, une cellule composée d’officinaux dirigeants

de Paris Pharma sollicite ses réseaux de professionnels aguerris et bons connaisseurs du terrain (financiers, avocats, agents spécialisés…) pour étudier le dossier. Le candidat à l’installation bénéficie ensuite de tous les contrats que le groupement a conclus avec les laboratoires et fournisseurs partenaires, reçoit une aide financière de mise à l’enseigne, a accès à l’ensei-gnement de Pharma School, l’école interne qui va notamment le former au management et à l’accueil personnalisé. Une fois le groupement intégré, il passe une journée en immersion avec tous les consultants de l’enseigne. Puis, toutes les six semaines, il recevra la visite d’un animateur maison. « Les échanges ne s’arrêtent pas pour autant : notre réseau social, nos réunions et nos séminaires prennent le relais », précise Alain Hababou.

PHARMACTIV LA FORCE D’OCP

« Depuis plusieurs années, j’observe un double phéno-mène : les jeunes refusent d’exercer seuls, et ils veulent adhérer à un groupement dès qu’ils envisagent de s’ins-taller ». Fort de ces constats, Serge Carrier, le directeur

général de la filiale d’OCP, invite les primo-accédants d’une part à s’associer, d’autre part à acheter des parts dans une grosse structure. « C’est un montant identique à l’acquisition d’un petit point de vente, mais plus rentable », argu-mente-t-il. Dans ce cadre, un accord passé avec Interfimo et LCL permet au futur adhérent Pharmactiv de bénéficier à titre personnel d’un prêt pouvant aller jusqu’à 150 000 €, avec remboursement des seuls intérêts pendant quatre ans. Parallèlement, le label propose un « contrat de progression » sur deux ans et dépêche ses conseillers pour rendre le point de vente attrayant et conforme aux valeurs du groupement. La maison mère met aussi à disposition ses différents intervenants pour former et informer les jeunes titulaires – la première année étant surtout consacrée au management et au comptoir – et les accompagner dans leur stratégie opérationnelle.

WELLPHARMA UN PROJET EN CONSTRUCTION

Pour le label créé par Objectif Pharma, filiale du groupe Welcoop, la transmission générationnelle est « une évidence inscrite dans ses gènes coopé-ratifs », selon Jean-Pierre Dosdat, le président du groupement. Il confie travailler sur un projet oppor-tunément baptisé Wellpharma Génération. Présenté

d’ici la fin de cette année, le programme s’adressera indifféremment aux jeunes qui souhaitent devenir titulaires comme à ceux qui veulent céder leur entreprise.

PHARMAVANCE UN PARTENARIAT DE LONG TERME

« Notre objectif est de construire sur du long terme », indique Aurélie Garcin, chargée de mission en communication et formation. La dé-marche de Pharmavance répond en tous points à cette stratégie. Dans un premier temps, le futur titulaire est invité à faire le tour des officines du réseau pour se familiariser avec le concept. Une fois son projet lancé, il peut s’appuyer sur les équipes internes qui recherchent les officines susceptibles de l’intéresser dans le secteur géographique souhaité. Elles réalisent également les négociations financières et gèrent la réalisa-tion des travaux de A à Z, pendant une semaine où le point de vente reste ouvert. « En complément de ces soutiens, nous travaillons pour nos adhérents tous les jours, rapporte Aurélie Garcin. Toutes les procé-dures – merchandising, marketing, achats, formation et communication, Web – sont concentrées au siège pour assurer le bon fonctionnement des points de vente et leur permettre de se concentrer sur leur cœur de métier ». Depuis le 1er janvier 2016, une plateforme d’achats a été créée pour permettre aux jeunes – et moins jeunes – titulaires d’alléger leurs stocks et de libérer de la trésorerie.

MA PHARMACIE RÉFÉRENCE UNE PRÉSENCE PERMANENTE

La proximité de l’enseigne présidée par Lucien Benna-tan avec l’Anepf (Association nationale des étudiants en pharmacie de France) lui permet d’aller à la source et de sensibiliser à l’exercice officinal. Ceux qui font ce choix

sont gracieusement pris en charge par une équipe dédiée, à l’exception des études de géomarketing (qui sont dues à la société prestataire qui les réalise). Ma Pharmacie Référence participe ainsi activement au montage des dossiers des futurs installés qui peuvent profiter des accords conclus avec des organismes bancaires, comme Interfimo ou la BRED pour obtenir des prêts dans des conditions avantageuses, ainsi que des ser-vices de son partenaire historique OCP. « Nous sommes leurs avocats face aux différents intervenants concernés », résume Lucien Bennatan. Avant la reprise, des sessions de formation sont organisées pour que les membres de l’équipe en place s’approprient le concept de l’enseigne et fassent corps avec le projet du nouveau titulaire, qui aura lui aussi été préalablement formé. « Tout au long de ce parcours d’accompagnement personnalisé, la présence permanente du groupement doit être ressen-tie », conclut Lucien Bennatan.

Page 18: Accepter le changement

24 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

L’OBSERVATOIRE DES PHARMACIENS

Croyez-vous aux vertus économiques de la para ? Si oui, quelles sont les actions que vous menez au sein de votre officine pour doper ce secteur ?

Éléments de réponse.

LA PARA, ON Y CROIT !

L’OBSERVATOIRE DES PHARMACIENS

70 %… 3 %Plus de 70 %… 2 %

36 %

39 %

8 %

13 %

Y a-t-il un espace para au sein de votre officine ?

Cette part est-elle en…

Dans votre exercice quotidien, vous êtes plutôt…

3 %NON

La para, au sein de

votre chiffre d’affaires

global, représente environ…

97 %OUI

Ordonnance

Parapharmacie

Les deux sans préférence

NSP

Augmentation

Diminution

Stagnation

NSP

51 %42 %

6%1 %

39 %38 %

5%

19 %

10 % CA

20 % CA

50 % CA

NSP

Page 19: Accepter le changement

Ces formations sont-elles dispensées par… (Plusieurs réponses possibles)

Autres

Des organismes

de formation OGDPC

76 %

16 %

2 %

15 %

5 %18 %

55 % ont une (ou plusieurs) personne(s) au sein

de l’équipe dédiée(s) à l’aménagement/

organisation de l’espace para.

72 % des pharmaciens

déclarent suivre des formations pour

améliorer le conseil en para.

Des laboratoires

Votre groupement

Des grossistes-répartiteurs

En interne

EN PARTENARIAT AVEC

« La para, c’est bien, l’OTC,

c’est mieux ! »

« Ordo ou para, même combat ! »

©

MAT

HIER

– IS

TOCK

TÉMOIGNAGES

13 % ont installé des caisses

spéciales para au sein de leur

officine.36 % suivent plus de cinq formations

par an.

Page 20: Accepter le changement

26 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

FINANCE

PETITE OFFICINE

Il est impossible d’évoquer les « petites officines » sans les situer dans le contexte général dans lequel elles évoluent, et, par conséquent, sans avoir à l’esprit les diffé-rents rapports et études prospectives rela-tives au monde officinal. Or, depuis de 

nombreuses années, ces rapports et études pros-pectives convergent sur un point : la concen-tration du réseau et la disparition d’un certain nombre d’officines. Dans un contexte de maî-trise des dépenses de santé, les pouvoirs publics sont amenés à s’intéresser au nombre d’offi-cines – qu’il faut faire baisser – et à leur taille – qu’il faut faire croître. Il y aurait aujourd’hui entre 2 300 et 5 200 officines situées essentiel-lement en zone urbaine à forte densité.

Définition d’une petite officineTrois critères peuvent être retenus :

l Le chiffre d’affaires : il faut, à ce niveau, se garder des chiffres couperets qui viendraient, un peu hâtivement, condamner toutes les of-ficines réalisant un CA en dessous d’un cer-tain seuil (800 K€ ou 1 000 K€, peu importe) même si des seuils de vulnérabilité existent. Ce ne peut être le seul critère retenu.

l La rentabilité : il ne faut jamais perdre de vue l’objectif  : vivre décemment de son outil de travail et faire face au rembourse-ment de la dette éventuelle. C’est pour cette raison que les valorisations des fonds en pourcentage du CA n’ont aucun sens. Seule la  capacité  de  remboursement  dégagée, après rémunération du pharmacien titulaire, compte (cf. tableau).

CHIFFRE D’AFFAIRES EN BERNE, COMMENT

REPRENDRE LE DESSUS ?ELLES SERAIENT SACRIFIÉES SUR L’AUTEL DE LA RESTRUCTURATION DU

RÉSEAU, MAIS LES PETITES OFFICINES N’ONT PAS DIT LEUR DERNIER MOT.

OLIVIER DESPLATS* NOUS EXPLIQUE COMMENT SÉCURISER LEUR RENTABILITÉ.

CA TTC (tableau en Ke) 1 040 831 623

CA HT 1 000 100 % 800 100 % 600 100 %

Marge brute 271 27,13 % 215 26,90 % 159 26,50 %

Charges externes 60 5,95 % 50 6,25 % 42 7,00 %

Impôts et taxes 14 1,40 % 10 1,25 % 7 1,20 %

Frais de personnel 78 7,80 % 57 7,12 % 36 6,00 %

Cotisations exploitant 22 2,20 % 22 2,75 % 22 3,67 %

Autres charges 2 0,20 % 2 0,25 % 1 0,20 %

Autres produits <11> 1,10 % <9> 1,50 % <8> 1,34 %

Excédent brut d’exploitation 106 10,60 % 83 10,37 % 59 9,83 %

Prélèvement pharmacien titulaire (coef. 600) 42 4,20 % 42 5,25 % 42 7,00 %

EBE Retraité 64 6,40 % 41 5,12 % 17 2,83 %

Prix cession moyen (78 %) 811 648 468

CA TTCSi 7 fois EBE Retraité : Prix cession théorique

488 soit 43 %du CA TTC

287 soit 34,50 %du CA TTC

120 soit 19,50 %du CA TTC

l La localisation : l’effet de taille ne sera pas le même selon la localisation de la pharma-cie. Une pharmacie de 800 K€ de CA aura une meilleure rentabilité en zone rurale qu’en zone urbaine : loyers moins élevés, moindres  frais de personnel, compte tenu des ampli-tudes horaires et de la moins forte pression de la concurrence.

Si toutefois, vous sentez votre officine en danger, il convient de définir avec votre expert comptable le seuil d’alerte, c’est-à-dire le seuil en dessous duquel vous n’arriverez plus à vous assurer une 

rémunération décente et le remboursement de la dette éventuelle.

Comment réagir aux baisses de CA ?Les baisses de CA sont toujours difficiles à vivre par les titulaires. Leur progression était syno-nyme de bonne santé économique et financière. Or, force est de constater que, depuis 2008, les évolutions de CA sont plutôt erratiques, sans être automatiquement signe d’une baisse de rentabi-lité. Il est par conséquent important de souligner que, pour important qu’il soit, l’évolution du CA ne peut être le seul critère à retenir. Les officinaux 

Page 21: Accepter le changement

AVRIL 2016 • PHARMA N° 131 • 27

disposent d’outils informatiques performants qui recèlent une mine d’informations considérable (ventilation du CA par catégorie de produits, fréquentation de l’officine, panier moyen...). À partir de ce constat, un certain nombre de ques-tions vont se poser au titulaire, qui s’interroge sur la baisse constatée de son CA. Deux axes de réflexion peuvent être proposés :

l Situer son officine  par  rapport  à  son environnement, 

l Se poser les bonnes questions (y compris celles qui dérangent...) et savoir se remettre en question.

Dans un premier temps, il convient de se situer par rapport aux moyennes professionnelles et aux tendances du marché (ratios de la profession pour des pharmacies comparables). L’objectif est d’analyser les écarts éventuels : sont-ils liés au secteur géographique ou est-ce une tendance de fond ? Vient ensuite l’analyse de l’environne-ment de l’officine : qu’est-ce qui a changé ?

➤ Concurrence : nouveaux arrivants, transfert de confrères, travaux…➤ Environnement médical,➤ Environnement commercial : attractivité ou sens de circulation, stationnement ou travaux de voirie...

Enfin, les questions plus personnelles ou propres à l’officine elle-même :

➤ Y a-t-il un parallèle entre la baisse du CA et la baisse de fréquentation ?➤ Qu’est-ce qui baisse ? Quel type de produits ?➤ Mon officine est-elle adaptée ?➤ Mes locaux sont-ils adaptés ?➤ Quelle est ma typologie de clientèle ?➤ L’accueil est-il bon ?➤ Qu’est-ce qui distingue ma pharmacie de celle de mes confrères ?➤ Quelle peut être ma valeur ajoutée dans mon environnement ?➤ Y a-t-il ou non surdensité d’officines sur mon secteur ?

DR

Olivier Desplats, expert comptable associé de Flandre Comptabilité Conseil et président de CGP.

Les « petites » pharmacies doivent, plus que les autres, se démarquer de leurs concurrents et s’interroger sur la réelle valeur ajoutée qu’elles apportent à leurs clients. »

Il convient d’insister sur la nécessité d’aborder, en toute objectivité, l’ensemble de ces ques-tions. Les « petites » pharmacies doivent, plus que les autres, se démarquer de leurs concur-rents et s’interroger sur la réelle valeur ajoutée qu’elles apportent à leurs clients. Les exemples de  pharmacies  spécialisées  ou  reconnues pour telle ou telle compétence ne manquent pas. C’est encore plus une question de survie pour celles qui se situent en zone urbaine… À partir de ces analyses, environnement de l’officine et officine elle-même, un certain nombre de pistes de redynamisation doivent êtres évoquées. Les solutions internes ➤ L’équipe : la disponibilité de l’équipe et ses compétences doivent être passées en revue. L’ac-cueil est-il à la hauteur de l’attente des clients ?

➤ L’offre : l’offre est-elle bien adaptée au quar-tier dans lequel se situe l’officine (typologie de clientèle : jeunes mères de famille ou personnes âgées, catégories socioprofessionnelles et pou-voir d’achat).

Quels services mettre en place : HAD, MAD, PDA, nouvelles missions... ? Sans oublier de prendre en compte  le côté chronophage des services, qui nécessitent une réorganisation de l’équipe. Le pharmacien a, par ailleurs, tout loi-sir de se faire accompagner dans sa démarche par l’interlocuteur qui lui semblera adapté : se rapprocher d’un groupement permet de gagner du temps en back-office ou de bénéficier d’une approche marketing complète ; il est possible d’échanger avec des confrères ou des médecins de proximité qui ont une spécialité particulière, de se faire accompagner par un coach, notam-ment au niveau des ressources humaines, et par un expert comptable qui connaît bien le secteur d’activité et permet au pharmacien de se situer dans son environnement économique et finan-cier. Après le temps de la réflexion, vient celui de l’action. L’objectif est clair : bâtir un outil et un projet professionnels capables de répondre à l’évolution de la profession. Ces actions peuvent se décliner en trois axes :

➤ Rénover la pharmacie : nouveaux agen-cements, nouvelles missions. L’objectif est de donner un souffle nouveau, de marquer le chan-gement et de reconquérir ou d’attirer une nou-velle clientèle.

➤ Transférer la pharmacie :  trouver  une zone  d’accueil  plus  propice  à  un  nouveau développement. 

➤ Regrouper la pharmacie : soit par achat d’un concurrent, soit par fusion avec une officine à proximité. Des économies d’échelle et une force de frappe plus importantes sont attendues. Ne pas enterrer trop vite les petites officinesBien entendu, ces actions génèrent des besoins financiers plus ou moins importants selon l’op-tion retenue. Et nous déplorons, trop souvent, la grande difficulté, voire l’impossibilité, dans laquelle se trouvent bon nombre d’officines de redéployer leur activité, paralysées par le poids de leurs engagements financiers. Pour autant, les « petites » officines ne doivent pas être enterrées trop vite, et il reste de bonnes raisons de s’y intéresser en raison du potentiel de développement (monter un dossier de trans-fert, accroître sa part de marché en absorbant son concurrent le plus proche et sécuriser son périmètre, avoir envie d’une vie tranquille en zone rurale, etc.). Il est toutefois primordial de ne pas choisir la voie sans issue. L’acquisition d’une « petite » pharmacie n’est pas une fin en soi, seul le projet de développement compte. Il convient donc de s’assurer que l’acquéreur a l’apport et les moyens financiers suffisants pour développer celle-ci et lui redonner de vraies perspectives. Dans le cas contraire, le risque, à terme, est l’impossibilité de revendre l’officine.

Olivier Desplats

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BACK-OFFICE

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François Roussel

Le lean management vise essentiellement à diminuer le délai d’exécution des processus de l’entreprise (et partant, le temps de réponse au client) en éliminant les gaspillages. »

P our qui possède un marteau, tous les problèmes sont des clous ». Cet adage bien connu des adeptes du lean manage-ment met en lumière un travers fort répandu qui consiste, pour

un dirigeant, à n’appliquer à un problème que les solutions dont il est déjà assuré de disposer, quitte à distordre la vérité afin de montrer un ajustement parfait entre le mal et le remède. En matière de management, il est ainsi fréquent de conclure (trop) rapi-dement à l’inefficacité ou à l’inadéquation d’un collaborateur sans avoir vérifié au préalable les conditions qui lui ont été don-nées pour s’acquitter de sa tâche (outils, instructions, indicateurs…). Plus fréquem-ment encore, face à un surcroît de travail, une décision d’embauche vient grever les finances de l’entreprise avant même que l’on se soit interrogé sur la manière dont le travail est organisé et sur les gains d’effi-cacité qui pourraient être réalisés à main d’œuvre constante.

Éliminer les gaspillagesLe lean management prend sa source dans les travaux initiés dès la fin du 19e siècle par la famille Toyoda et qui produiront les concepts bien connus de « Juste à temps » ou « d’amélioration continue ». À partir de la fondation de Toyota Motors en 1937, les ingénieurs Ohno et Shingo rassemblent ces concepts au sein du fameux « Toyota Production System », ensemble de règles tournées vers la plus grande efficacité et la meilleure qualité possibles. Au début des années 1980, ces préceptes sont appliqués au sein de plusieurs usines nord-améri-caines grâce à une joint-venture entre Toyota et General Motors. On doit enfin, dans les années 1990, aux chercheurs

LE LEAN MANAGEMENT APPLIQUÉ À L’OFFICINE

EN CETTE PÉRIODE DE TENSION, LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ CONSTITUENT

UN ENJEU CRUCIAL. POUR FRANÇOIS ROUSSEL, DIRECTEUR DES OPÉRATIONS

CHEZ OSPHARM, LE LEAN MANAGEMENT APPORTE UNE RÉPONSE EFFICACE.

américains Womack et Jones d’avoir réuni et rationalisé ces concepts et outils au sein d’un corpus baptisé « lean manufactu-ring », décrit dans un ouvrage aujourd’hui devenu une référence en matière d’orga-nisation et de management*. Tout à la fois philosophie et boîte à outils, le lean mana-gement vise essentiellement à diminuer le délai d’exécution des processus de l’entre-prise (et partant, le temps de réponse au client) en éliminant les gaspillages (dits « muda » en japonais). Plus précisément, le « muda » désigne une activité impro-ductive, c’est-à-dire n’apportant pas de valeur ajoutée, mais que chaque employé pratique sans jamais la remettre en cause. Pour l’entreprise, ces activités génèrent des coûts, sans apporter de valeur. La mise en œuvre du lean management vise donc à détecter les gaspillages présents dans les activités de l’entreprise, à les analyser afin d’en comprendre les causes profondes et à y apporter une solution opérationnelle et si possible, sans investissement majeur. Em-preinte à la fois de l’esprit de groupe du monde asiatique et du pragmatisme amé-ricain, la pensée lean suggère de conduire ces opérations selon plusieurs principes d’action.

Observation minutieuse et sans complaisance Les activités doivent tout d’abord être observées sur le terrain, en conditions réelles et avec l’aide de ceux qui les exé-cutent au quotidien. La pensée japonaise considère en effet que les employés n’ont pas seulement à offrir la « force de leurs bras », mais que leurs idées et suggestions

*The Machine That Changed the World, James P. Womack, Daniel T. Jones, Free press, 1990.

d’amélioration constituent une grande richesse, y compris aux niveaux les plus subalternes. Cette observation doit éga-lement être conduite « avec les yeux du client », c’est-à-dire dans la perspective du besoin de celui-ci et non dans le seul but de résoudre des problèmes internes. De même, l’entreprise doit développer une vision globale de son activité depuis ses fournisseurs jusqu’au client final afin de comprendre et de maîtriser les grands flux qui la traversent (flux d’informa-tion et flux de produits) ; chaque tâche réalisée dans l’entreprise apportant de la valeur au produit ou au service selon le principe de la « chaîne de valeur ». Sur la base des constats réalisés, l’analyse s’atta-chera ensuite à déterminer les étapes qui ajoutent de la valeur à cette chaîne et celles qui constituent des gaspillages. Ce n’est donc qu’au prix d’une observation minu-tieuse et sans complaisance, complétée d’une analyse tournée vers la recherche de causes profondes, que l’équipe pourra ensuite décider des transformations à opé-rer dans son fonctionnement afin d’élimi-ner ou de réduire les différents gaspillages identifiés. Si elle est scrupuleusement ob-servée, cette méthode séquentielle consti-tue la garantie de ne pas se précipiter sur les solutions les plus évidentes ou précon-çues (le « marteau »).

Augmenter la réactivité de l’entrepriseLe lean management offre enfin une palette d’outils permettant d’éliminer les gaspillages par la transformation des méthodes de travail. Ainsi, la pensée lean promeut sans réserve la standardisation des activités afin de réduire la variabilité des délais d’exécution et des résultats et

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d’accroître la productivité et la sécurité au tra-vail ; cette standardisation s’appuie elle-même sur un travail de rédaction de procédures, mais plus encore de notices illustrées, efficaces et de prise en main rapide, éventuellement ludiques. Afin d’augmenter la flexibilité et la réactivité de l’entreprise, le lean prône le développement d’un certain niveau de polyvalence parmi le personnel. Une parfaite continuité devant être assurée dans les activités-clefs de l’entreprise, il est indispensable de lutter contre l’appari-tion du « magicien », ce membre de l’équipe maîtrisant seul une technique ou un outil et se rendant, consciemment ou non, indispensable à l’activité, au risque de la pénaliser, voire de la paralyser à la moindre de ses absences. Les en-cours excessifs de diverses natures (livraisons à réceptionner, dossiers patients à traiter…) étant les principaux responsables des goulots d’étran-glement et des retards qui en découlent, le lean management conseille de gérer l’activité de la manière la plus visuelle possible : la matériali-sation d’espaces réservés et la mise en place de limites physiques permettent aux équipes d’être alertées de l’atteinte du seuil d’encours tolérable et de réagir en conséquence sans attendre l’appa-rition d’effets plus graves ou de consignes parti-culières de leur direction. Dans le même esprit, le lean impose de traiter les tâches répétitives dans l’ordre de leur arrivée (first in, first out ou FIFO) afin de réduire les écarts dans les temps de traitement. Une fois les standards mis en place au sein de l’entreprise, l’activité n’a plus à être surveillée en permanence et en intégralité, seuls les écarts par rapport à la norme seront traités selon le principe de la « gestion des exceptions ».

Les « 5 S »Si l’enchaînement des étapes de détection/ana-lyse/élimination des gaspillages à l’échelle de toute l’officine peut sembler exigeant et chro-nophage, l’un des outils du lean management peut permettre une appropriation progressive

par les équipes de ces concepts. La méthode dite « 5 S » est en effet un concentré de lean management aidant à créer et à entretenir la meilleure organisation du poste de travail dans le but de minimiser les gaspillages (matériel, temps…), de maximiser l’efficience au poste et d’augmenter la flexibilité en rendant le poste utilisable par tous les membres de l’équipe. Le « 5 S » requiert, pour chaque poste, de trier (pour ne garder que les éléments nécessaires), de ranger, de nettoyer, de standardiser et de développer une routine quotidienne permettant au poste de travail de rester organisé tel que le standard l’a défini. En officine, c’est souvent

le comptoir qui s’impose comme le terrain privi-légié d’expérimentation du « 5 S » ; au-delà des gains rappelés plus haut, le client verra d’un œil favorable l’équipe évoluer de manière fluide et rapide, trouvant immédiatement et sans effort le matériel et les consommables nécessaires à une dispensation efficace et sereine.

Une discipline de terrainLoin d’être une science de bureau pour experts, le lean management est au contraire une discipline de terrain à destination de l’ensemble de l’équipe qui doit s’emparer collectivement de la question de l’amélioration continue. S’il vise la perfec-tion, le lean management préfère s’en approcher par petites améliorations progressives, facilitant ainsi la conduite du changement à mener auprès des employés dont il est parfois attendu un chan-gement d’habitudes et/ou de méthodes de travail. Fondamentalement tourné vers le client, le lean management s’attache à identifier et à conserver la valeur ajoutée par la simplification des activités, suivant ainsi la sagesse de Saint-Exupéry lorsqu’il écrivait que « la perfection est atteinte non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer ». l François Roussel

La pensée lean Elle décrit 8 grands types de gaspillages, illustrés d’exemples observés en officine :

1. Transports et déplacements inutiles

Ex. : après réception des produits,

ranger toute la commande en réserve,

puis refaire le plein du linéaire.

2. Surstockage ou stocks inutiles

Ex. : manque d’anticipation des

quantités, notamment par rapport aux

ventes des années précédentes.

3. Mouvements inutiles

Ex. : lors des dispensations, faire un

voyage « à vide » ou de trop nombreux

allers-retours.

4. Temps d’attente

Ex. : goulots d’étranglement (file

d’attente de patients).

5. Traitements excessifs ou

«  surtraitement »

Ex. : argumentaire/conseils de vente

trop longs.

6. Surproduction

Ex. : produit commandé, préparé

et mis à disposition, mais jamais

récupéré.

7. Erreurs, défauts et rebuts

Ex. : erreurs dans le traitement de

l’ordonnance, produits endommagés

ou périmés, erreurs de saisie…

8. Inadéquation des compétences

Ex. : manque de formation ou de

polyvalence des collaborateurs.

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PUBLI-REPORTAGE

D écrire le rôle du pharmacien d’officine dans l’ac-compagnement des patients cancéreux à l’officine n’est jamais chose aisée. « Les patients cancéreux sont des patients complexes avec une expertise souvent accrue de leur maladie, observe ainsi An-dré Rieutord, pharmacien-chef au CHU Antoine-

Béclère à Clamart. Ils sortent de l’hôpital avec une ordonnance complexe et attendent légitimement du conseil, de l’attention de la part de leur pharmacien de ville. L’arsenal thérapeutique (interven-tions chirurgicales, radiothérapie, chimiothérapie…) mis en place à l’hôpital met souvent le pharmacien d’officine dans une situation délicate. Il a l’impression de se trouver à l’extérieur du dispositif – très hospitalo-centré, il faut le reconnaître – alors qu’il en est le pivot. » Pour André Rieutord, comme pour son confrère officinal Jérôme Sicard, le cancer est la maladie où le lien ville-hôpital prend tout son sens. « La coordination ville-hôpital en cancérologie va dans le sens de l’Histoire, confirme Jérôme Sicard. La loi HPST de 2009 a ouvert de nouveaux horizons professionnels en redéfinissant les rôles des différents acteurs de santé. Désormais, les pharma-ciens d’officine peuvent “proposer des conseils et des prestations destinés à favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes”. Une nouvelle responsabilité officinale qui prend toute sa signification avec le suivi des patients cancéreux. »

Parcours de soins, chemins cliniques et réseaux interprofessionnelsRéforme ambitieuse de l’organisation des soins en France, la loi promulguée en juillet 2009 visait également à renforcer la coo-pération entre professionnels de santé afin de faciliter la vie des patients dans le parcours de soins. « L’expression “parcours de soins” regroupe en réalité plusieurs composantes, indique pour sa part André Rieutord. Il y a tout d’abord le parcours de santé qui s’articule autour de la prévention, la sensibilisation du patient avec

COORDINATION VILLE‑HÔPITAL EN CANCÉROLOGIE

MISE EN ŒUVRE PRATIQUE À L’OFFICINE

AMÉLIORER LA PRISE EN CHARGE DU PATIENT CANCÉREUX ET LA COORDINATION DES SOINS ENTRE LA VILLE ET L’HÔPITAL. UN OBJECTIF AMBITIEUX AU CŒUR DU DÉJEUNER DÉBAT

ORGANISÉ PAR LES LABORATOIRES BIOGARAN LORS DES 9ES RENCONTRES DE L’OFFICINE.

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350 000 nouveaux cas

de cancerdétectés chaque année en France

1re cause de mortalité

chez l’homme en France

et

2e cause de mortalité

chez la femme en France des composantes médico-sociales. Vient ensuite le parcours de soins à proprement parler, qui concerne les différentes étapes de la maladie, la prise en charge médicale du patient et les interventions successives ou coordonnées des différents professionnels de santé auprès du patient. Enfin, un nouveau concept a émergé ces dernières années. Il s’agit du “parcours de vie” qui milite pour une approche globale du patient. Avec le cancer, comme avec un grand nombre de pathologies chro-niques ou aiguës, il faut prendre en compte ces trois entités. Quoi qu’il en soit, un parcours de soins comporte différents chemins cliniques entre la ville et l’hôpital. À nous de bien les coordonner. C’est une des difficultés majeures. » Pour rendre plus lisible l’action des différents acteurs dans les différents parcours de soins du patient cancéreux, des réseaux de soins ont été actionnés aux niveaux national, régional et local. « On totalise actuellement 25 réseaux régionaux de cancérologie en France, des réseaux validés par l’Institut national du can-cer (INCa), énumère Jérôme Sicard. Parallèlement, on trouve des réseaux associatifs très dynamiques au niveau territorial et des réseaux beaucoup plus informels initiés par des offici-naux en concertation avec d’autres professionnels de santé à l’échelle locale. » Ces réseaux informels sont souvent l’occa-sion de mettre en commun des connaissances, d’approfondir, d’échanger avec les professionnels de santé, mais également les autres intervenants. « Du coiffeur qui réalise les prothèses capillaires à l’esthéticienne en passant par la nutritionniste, les associations de patients… Nous avons tous à apprendre l’un de l’autre », soutient Jérôme Sicard, pharmacien titulaire à Châlons-en-Champagne et fondateur en 2012 de l’associa-tion “Actions croisées”, qui met en relation patients atteints de cancers et professionnels de santé. « On parle beaucoup de coordination des soins, de la nécessité de bien diffuser une information médicamenteuse de qualité entre les différents acteurs de santé, de se réunir, d’échanger entre confrères... At-tention à ne pas oublier le patient, insiste Jérôme Sicard. Après l’annonce du cancer, le patient rentre dans un tunnel théra-peutique assez confus. On lui énumère des médicaments

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32 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

PUBLI-REPORTAGE

dont il n’a jamais entendu parler, on lui dicte son emploi du temps, on lui donne une liste d’interventions, de protocoles d’intervention, de référents médicaux… Dans cette accumulation d’informations, c’est souvent le phar-macien qui peut apporter de la visibilité. »

Sortir des murs de l’officineQuel que soit le réseau dans lequel il compte intervenir, le pharmacien d’offi-cine doit adopter un réflexe : sortir de ses murs, quitter le comptoir pour aller à la rencontre d’autres professionnels de santé. « En particulier dans un domaine comme la cancérologie où les évolutions thérapeutiques sont nom-breuses et où l’innovation joue une place prépondérante dans l’amélioration des conditions de vie des patients, sortir de son officine est le premier réflexe à adopter, renchérit Jérôme Sicard. Nous sommes les premiers profession-nels de santé de premier recours, nous avons la légitimité pour devenir les référents en ambulatoire dans le suivi des patients cancéreux. Si le tissu de soins de premiers recours n’est pas coordonné avec le pharmacien comme référent central, la prise en charge du patient ne sera pas optimale. » « Il ne faut pas attendre le feu vert de l’ARS pour constituer un réseau, ajoute André Rieutord. Ce n’est pas derrière un écran que va se faire cette approche holis-tique. Il faut aller chercher le patient. Aux pharmaciens d’initier les réseaux interprofessionnels qui leur semblent pertinents. »

Réduire les erreurs médicamenteusesDerrière les réseaux, les proto-coles et les nombreux chemins cliniques empruntés, se cache un objectif de santé publique : amé-liorer l’observance des traite-ments. Pour ce faire, officinaux et hospitaliers œuvrent à une bonne transmission de l’information médicale. « À Clamart, on relevait 46 % d’erreurs médicamenteuses en chirurgie avec des grades de

Biogaran Expertise Cancer« Le cancer est une maladie de société, c’est en

ce sens qu’elle nous touche tous. Nous avons

tous un parent, un ami, un collègue qui a été

confronté au cancer, explique Isabelle Morin,

directrice marketing Biogaran. Le patient a un rôle

déterminant à jouer dans la prise en charge de

cette maladie, mais demeure souvent en marge

des réseaux par manque de connaissances sur la

maladie. »

Partant de ce constat, Biogaran a donc lancé en

novembre 2015 un programme de e-learning

baptisé Biogaran Expertise Cancer pour

permettre aux pharmaciens de mettre à jour leurs

compétences et de mieux accueillir les patients

cancéreux.

Dimensions thérapeutiques, accueil du

patient, prise en charge, suivi, écoute… La

formation englobe les volets thérapeutiques et

psychologiques du cancer.

Preuve de son succès, 92 % des pharmaciens ayant

suivi le programme Biogaran Expertise Cancer le

recommandent à un confrère. Une formation à

partager avec l’équipe pour intégrer les réseaux de

soins en oncologie.

87 % des patients

demandent des traitements

complémentaires pour les aider à surmonter leur chimiothérapie

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AVRIL 2016 • PHARMA N° 131 • 33

sévérité divers, observe André Rieutord. On était dans la moyenne des taux natio-naux (cf. schéma ci-contre). L’objectif est évidemment de diminuer ces erreurs mé-dicamenteuses. Pour cela, on appelle les officinaux pour avoir des sources fiables. Parfois, on part de zéro. On s’entretient avec le patient continuellement. L’autre phase de transmission, c’est la sortie hos-pitalière. Après un passage par le médecin généraliste, l’ordonnance revient à l’offi-cine avec des erreurs médicamenteuses souvent moins élevées, mais qui restent conséquentes. Nous impliquons nos col-lègues officinaux pour élever la qualité de l’information transmise et améliorer la continuité des soins. » Feuilles de suivi, protocoles de prise en charge et DPS’entretenir avec le patient, un vœu souvent pieux, à l’hôpital comme à la ville. « Il faut prendre le temps de la parole et de l’écoute, note André Rieu-tord. L’humain doit primer sur le gestionnaire. Cela peut paraître délicat lorsqu’on a beaucoup de patients à suivre, mais c’est la clef de la compré-hension du traitement. » « Au-delà de l’entretien personnalisé, des outils existent qui demeurent malheureusement sous-exploités, analyse Jérôme Sicard. Ainsi, avant sa sortie de l’hôpital, le patient reçoit un programme personnalisé de soins (PPS), sorte de protocole de prise en charge remis par l’équipe pluridisciplinaire qui l’accompagnera en ville. Ce dispositif d’informations médicales particulièrement complet est très utile pour l’officinal dans le suivi du patient cancéreux en ville. Malheureusement, ce protocole n’est pas encore généralisé. » Autre aide à la décision et à la coordination des soins, le DP qui s’installe progressivement à l’hôpital (cf. encadré ci-contre). « C’est une source d’informations supplémentaire, une connexion permanente entre la ville et l’hôpital, mais attention de ne pas se reposer uniquement sur cet outil, prévient André Rieutord. Le DP ne doit pas justifier de faire l’économie d’un entretien avec le patient. » DP, protocoles de soins, mais également sources institutionnelles et sites d’information des réseaux de soins (Réseau espace Santé-Cancer Rhône-Alpes, OncAuvergne, Oncopic, Oncorif, ROHLim…) qui tiennent des fiches actualisées sur les médicaments anticancéreux, les conseils, les soins de support, les recommandations pratiques… Des outils sont à dis-position pour que le passage de relais entre l’hôpital et la ville se fasse dans les meilleures conditions. « N’oublions pas la formation qui est le nerf de la guerre, complète Jérôme Sicard. Les soirées pluridisciplinaires autour de la cancérologie font salle comble. C’est encourageant pour l’avenir. Les pharmaciens sont curieux et ils le font savoir ! » l

67 % des patients

recherchent du conseil entre deux

dispensations d’anticancéreux

Le DP, une source d’informations supplémentaire pour l’hôpitalDepuis la publication du décret n° 2012-1131

du 5 octobre 2012 relatif à la consultation et à l’alimentation

du dossier pharmaceutique par les pharmaciens exerçant

dans les pharmacies à usage intérieur (PUI), le DP est une

réalité pour les pharmacies hospitalières. Si les patients le

souhaitent, les pharmacies hospitalières peuvent désormais

partager l’information avec les officines de ville

et réciproquement.

Cela permet de sécuriser la prise en charge personnalisée du

patient et de renforcer la coordination des soins entre ville et

établissements de santé ou entre établissements de santé. Le

déploiement du DP à l’hôpital vise également à faire bénéficier

les pharmaciens hospitaliers du même système de réception

d’alertes sanitaires que les officinaux. 226 PUI sont connectés

au DP, soit 8,4 % des PUI françaises (source Ordre national des

pharmaciens, 22 février 2016).

Page 28: Accepter le changement

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Philippe Becker

L’emprunt ne peut pas être une fuite en avant pour combler les déficits ni un mode d’acquisition hasardeux »

E n matière de financement, si les sources de financement sont va-riés, les règles sont claires. « Qu’il s’agisse d’un apport du pharma-cien exploitant, d’un crédit ven-deur sur le fonds ou le stock, d’un

emprunt bancaire à long et moyen terme ou d’un crédit-bail, un pharmacien ne peut pas être financé par des capitaux apportés par des non pharmaciens ou des fournisseurs, rappelle Philippe Becker. Le crédit bancaire est et reste incontournable. Il convient donc d’avoir d’ex-cellentes relations avec son banquier ! » Et de vérifier que l’on a les épaules assez solides pour supporter l’emprunt.

Les grandes règles en matière de gestion des financements« Plusieurs règles régissent l’emprunt, ana-lyse Philippe Becker. On emprunte que si l’on

COMMENT TIRER PARTI DE SON ENDETTEMENT ?

est sûr de rembourser ! L’emprunt ne peut pas être une fuite en avant pour combler les défi-cits ni un mode d’acquisition hasardeux. La deuxième règle consiste à vérifier avec son expert comptable que l’annuité de rembour-sement est compatible avec les possibilités fi-nancières de l’officine acquise. Enfin, il s’agit de veiller à ce que la durée de l’emprunt cor-responde à la durée de vie économique du bien ou à la durée estimée du retour sur in-vestissement ». Il est important également de bien dialoguer avec son banquier, lors de la demande de financement. « Un bon emprunt passe nécessairement par une bonne commu-nication avec son banquier sur les projets, en tenant compte des délais d’étude des prêts, des demandes de garantie…, ajoute Phi-lippe Becker. Il s’agit de préparer grâce à ses conseils un dossier qui présente le projet avec pertinence. »

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AVIS D’EXPERTS

JE M’INSTALLE, J’EMPRUNTE ET JE REMBOURSE : QUELLES SONT LES RÈGLES

À SUIVRE POUR BIEN GÉRER MES FINANCEMENTS ? ÉLÉMENTS DE MÉTHODOLOGIE

AVEC PHILIPPE BECKER, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT PHARMACIE DE FIDUCIAL.

Retrouvez l’avis de l’expert en vidéo sur le site www.revuepharma.fr

Page 29: Accepter le changement

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Comment financer ses investissements ?

Les techniques des financements sont juridiquement différentes : avec le crédit-bail, on est propriétaire du bien lorsqu’on lève l’option d’achat, on n’est ja-mais propriétaire avec la location financière. Il n’y a pas de différences marquées au plan fiscal, le crédit bancaire est moins coûteux. Avec le crédit-bail et la location financière, on paye d’avance les loyers, mais les établissements financiers sont moins exi-geants en matière de garanties, puisqu’ils restent propriétaires du bien. (Ces techniques sont réservées à des biens à obsolescence rapide.)

J’ai emprunté à un taux élevé par rapport au marché actuel, que dois-je faire ?

Tout d’abord, il faut analyser sa situation finan-cière : suis-je dans une position qui me permet de renégocier avec ma banque ou avec une autre banque ? Ensuite, il faut calculer si le jeu en vaut la chandelle en intégrant le coût des indemnités de remboursement anticipé, les conditions ban-caires (en cas de changement de banque), les frais de dossier et les coûts administratifs. Enfin, il est judicieux de regarder si l’on ne doit pas en profiter pour restructurer la dette. Olivier Valcke

Se poser les bonnes questions

Si j’emprunte, vais-je réduire ma fiscalité ?

Oui, car, dans chaque mensualité, il y a une part déductible fiscalement et une part non déductible. En pratique, pendant les premières années, l’effet d’aubaine fiscale est fort et se réduit ensuite pour quasiment disparaître dans les dernières années (crédit classique). Le crédit in fine a aussi été construit pour cela, mais il suppose d’avoir une capacité financière préalable importante.

Si j’ai de la trésorerie, dois-je l’utiliser ou emprunter ?

On a toujours intérêt à demander de l’argent même quand on n’en a pas réellement besoin pour plusieurs raisons évidentes :• le banquier est plus enclin à prêter quand tous les voyants sont au vert et que la trésorerie est confortable, • avoir de la trésorerie d’avance est d’un grand soutien psychologique dans la vie en général, • avoir de la trésorerie, c’est pouvoir agir vite sur des opportunités, • l’emprunt réduit la fiscalité professionnelle.

Si je n’arrive plus à rembourser mon ou mes emprunts, dois-je déposer le bilan ?

Pas forcément, il faut analyser les causes du pro-blème sans concessions et les options possibles. Les options sont nombreuses si elles sont antici-pées, diminuent avec le temps et disparaissent au final. Exemple d’options « classiques » : • la restructuration de la dette et son réétalement,• la procédure de sauvegarde,• la vente de l’officine ou des parts.

Que signifie « restructurer une dette bancaire » ?

La restructuration a pour objectif de réduire non pas l’endettement, mais les mensualités en les étalant sur une durée plus longue qu’initiale-ment prévu. C’est une opération coûteuse, mais qui permet dans la plupart des cas de régler une impasse financière et de transformer de la dette bancaire à court terme (découvert, par exemple) en dette bancaire à long ou moyen termes. Cela améliore la présentation du bilan en augmentant les engagements à long terme par rapport aux engagements à court terme qui sont instables. (Cela n’est possible que si une partie significative du capital a déjà été remboursée !)

Focus sur les crédits bancaires placés en officine

Crédit long terme

• Objet : financer l’acquisition du fonds ou

des titres d’une société de pharmacie

• Durée : 10 à 15 ans avec une concentration

sur une durée de 12 ans

• Quotité maximum : 100 % de la valeur du

fonds ou des parts

• Remboursement  : par mensualités ou

trimestrialités constantes (la part du capital

remboursé augmente avec le temps)

• Taux  : fixe ou variable avec une

concentration sur le taux fixe

• Garanties demandées  : nantissement

sur le fonds ou les parts + caution interne

ou externe, parfois nantissement sur un

placement personnel

• Alternative  : emprunt obligataire ou

recours à des apports d’investisseurs

pharmaciens.

Crédit moyen terme

• Objet  : financer des investissements

destinés à l’exploitation

• Durée : 5 à 7 ans

• Quotité maximum : 100 % de la valeur de

l’investissement sauf frais et accessoires

• Remboursement  : par mensualités

constantes

• Taux : fixe ou variable

• Garanties demandées : nantissement ou

caution

• Alternative : crédit-bail ou location financière.

Crédit court terme

• Objet  : financer le besoin en fonds de

roulement d’exploitation ou restructurer

les engagements à court terme

• Durée : 2 à 3 ans

• Quotité maximum : variable, mais souvent

partage des risques avec le chef d’entreprise

• Taux : fixe

• Garanties demandées : caution

• Alternative : facilités de caisse ou crédit

fournisseur.

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Jean-Christophe Chanjou, www.achat-de-pharmacie.com

Demain, selon son projet, le pharmacien aura plus de modes d’exercice possibles : technicien de la molécule, gestionnaire, entrepreneur… Et pour les jeunes, tout est à inventer ! »

L a bonne nouvelle a été confirmée par Luc Fialletout, le directeur gé-néral adjoint d’Interfimo : la chute du nombre de transactions s’en-raye. « C’est d’ailleurs un phé-nomène que nous avons observé

l’an passé, a-t-il rapporté. Nous devrions connaître cette année une augmentation de 4 ou 5 points ». Après 2012 et 2013, deux très mauvais crus pour le marché – les pharmaciens les plus âgés repoussaient leur départ à la retraite, faute de pouvoir céder leurs structures, tandis que les plus jeunes renonçaient, pour la plupart, à in-vestir –, Interfimo avait prévu de belles éclaircies dès 2014. Aujourd’hui, en dépit d’un allongement de l’exercice, le mar-ché des mutations reste, en grande partie, animé par les départs à la retraite de 1 200 à 1 300 titulaires chaque année. Et, si le nombre de ventes de fonds de commerce est en baisse, il est compensé par celui des ventes de parts sociales. « C’est un phé-nomène mécanique, a indiqué Luc Fialle-tout. Les changements s’opèrent, non plus seulement par des ventes de fonds, mais aussi par des cessions de parts sociales. On peut donc affirmer que le marché re-prend, mais d’une manière qui se trans-forme puisqu’il s’organise désormais autour de la transmission de sociétés ». « Le métier change, tant sur le fond que sur la forme », a approuvé pour sa part Jean-Christophe Chanjou, directeur de www.achat-de-pharmacie.com. Selon lui, le marché est segmenté en trois tranches : à moins d’1 M€, on acquiert un outil de tra-vail ; entre 2,5 et 3 M€, il s’agit d’un mo-dèle pseudo-immobilier qui privilégie le

LA PHARMACIE EST‑ELLE ENCORE UN BON

PRODUIT À VENDRE ?C’EST SUR CE THÈME TRÈS ATTENDU QUE SE SONT CLÔTURÉES

LES 9ES RENCONTRES DE L’OFFICINE. UN DERNIER DÉBAT D’ACTUALITÉ

OPTIMISTE ET RICHE D’ENSEIGNEMENTS.

moyen terme ; au-dessus, c’est la cible de groupes plus structurés qui fonctionnent sur un mode quasiment industriel. « De-main, selon son projet, le pharmacien aura plus de modes d’exercice possibles : technicien de la molécule, gestionnaire, entrepreneur… Et pour les jeunes, tout est à inventer : des nouveaux services, voire des spécialisations en réseaux. Mais quel que soit le montage qui convient le mieux aux attentes et aux ambitions de chacun, c’est la trésorerie qui, dans tous les cas, détermine la viabilité d’un projet d’acqui-sition. C’est sur ce critère que les banques valident les dossiers ».

L’augmentation de la concentration économiqueLa profession, forcée de se restructurer face aux contraintes économiques et aux évolutions du métier, tend désormais à se regrouper et à se concentrer. Le nombre de sociétés d’exercice libéral (SEL) et de sociétés de participation financière des professions libérales (SPFPL) augmente fortement. Les chiffres en attestent : en 2014, l’Ordre a recensé 8 053 SEL et 479 SPFPL (dont 17 avec un pharmacien adjoint salarié au capital). Le nombre de SEL a été multiplié par plus de 20 entre 2000 et 2014, et celui des SPFPL par 3,4 entre 2013 et 2014. Les pharmaciens titu-laires privilégient donc la concentration économique par participations croisées plutôt que la concentration physique et spatiale. « Historiquement, l’achat de fonds répondait à une progression de car-rière : on acquérait une première officine que l’on revendait pour se réinstaller dans

une deuxième, voire une troisième plus importante », a rappelé Maître Éric Thié-baut, avocat à la Cour de Paris et gérant du cabinet Juris Pharma. « La loi Murcef de 2001 “mesures urgentes de réformes à caractère économique et financier” a changé le marché. Mais la parution du décret du 4 juin 2013 précisant le cadre des SPFPL a surtout eu pour principale conséquence la régularisation des sorties de SEL et le déblocage de situations en cours. Il n’a pas eu d’effet booster ». « La SPFPL ne résout pas les problèmes économiques des officines, a ajouté Joël Lecœur, associé du cabinet d’expertise comptable LLA. C’est un outil qui vise à fluidifier le marché en termes de parts so-ciales, mais qui ne doit pas servir à main-tenir des prix de cession excédentaires. Le problème de fond n’est pas l’évolution juridique, mais la réalité économique : c’est le niveau de l’excédent brut d’ex-ploitation (EBE) qui fera le marché de l’officine ». « Le prix des pharmacies s’est rapproché de la réalité économique, ce qui peut rendre optimiste, a tempéré Luc Fialletout. En revanche, contrairement à d’autres professionnels qui associent des partenaires de qualité destinés, à terme, à devenir à leur tour chef d’entreprise, il n’est pas dans la mentalité des titulaires d’intégrer au capital les meilleurs de leurs collaborateurs. C’est regrettable, surtout pour les jeunes ». Un constat partagé par Joël Lecœur : « Le titulaire qui, à l’avenir, ne pourra pas tout gérer seul, doit faire de son adjoint un véritable partenaire, a-t-il abondé. Une profession qui ne se renou-velle pas est une profession qui meurt ».

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« À terme, nous sortirons du modèle patrimo-nial pour un modèle qui reconnaîtra ceux qui apportent de la valeur à la structure et qui seront rémunérés pour leurs compétences », a assuré de son côté Jean-Christophe Chanjou. « On ne peut pas raisonner en faisant abstraction du mono-pole de fait et des critères de répartition, d’où la nécessité d’avoir des capitaux ou de devenir cotitulaires », a ajouté Maître Thiébaut.

Un métier qui nécessite des partenariatsJacques Robert, titulaire pendant 22 ans d’une officine de taille moyenne à Melun, en Seine-et-Marne, a quant à lui tout essayé. Avant de prendre la décision de céder sa structure consti-tuée en SNC, il l’a transformée en SARL en

vendant ses parts à sa femme. « Le changement de statut ne change pas la rentabilité d’une offi-cine, a-t-il témoigné. Il faut plutôt un bel outil de travail, des locaux spacieux et un loyer pas trop élevé… » Il a ensuite testé l’association avec l’un de ses adjoints, une tentative avor-tée pour cause d’apport personnel insuffisant. Après avoir rénové son point de vente avec un investissement modeste, il a tenté le transfert, qui ne s’est pas avéré rentable, puis il a finale-ment pensé au regroupement, en se heurtant à l’individualisme ambiant. « Les banques sont frileuses : c’est difficile de trouver de l’argent. Il faudrait défendre davantage le principe d’un financement participatif. De ce point de vue, les groupements sont de bons acteurs ». Réagissant à ces propos, Jean-Christophe Chan-

jou a pointé l’un des problèmes du marché : la pre-mière tranche, celle à moins d’1 M€, ne sert plus d’ascenseur. « En outre, le métier devient éminem-ment complexe. C’est un frein, mais c’est aussi un facteur d’ouverture sur des partenariats, quelles que soient leurs formes. Il faut aller chercher des leviers de croissance avec des offres de services cohérentes ». « Entre un business avec ouverture du capital et une entreprise de service et de proximité, quel mo-dèle veut-on ? », s’est interrogé Joël Lecœur. Pour lui, la profession doit s’organiser et être imagina-tive pour ne pas abandonner les petites officines en créant, par exemple, un fonds de solidarité. « C’est simple à mettre en place, et cela contribue-rait grandement à maintenir en l’état le maillage, donc à répondre aux besoins de santé publique », a-t-il conclu, avant que Jacques Robert ne livre à ses confrères et consœurs quelques conseils : don-ner de la valeur ajoutée à l’officine, développer la participation interne pour fidéliser le personnel, valoriser les préparateurs et s’appuyer sur les grou-pements et enseignes.

Anne Fellmann

3 QUESTIONS À LUC FIALLETOUT Directeur général adjoint d’Interfimo

Quel est le premier indicateur objectif de la valeur d’une officine ?La référence au chiffre d’affaires n’a plus beaucoup de sens. Il y a quelques années, nous avons observé un grand flottement autour de la notion du « juste prix ». Entre 2002 et 2006 en particulier, le marché des transactions s’est retrouvé bloqué, car totalement déconnecté de la réalité. La notion de « juste prix », basée sur l’EBE, reflète la rentabilité d’une entreprise. En d’autres termes, la valeur d’une entreprise est ce qu’elle va rapporter. Cette notion fait aujourd’hui consensus : on va vers un prix économique qui intègre tous les paramètres de l’activité.

Quels sont désormais les différents modèles de carrière auxquels peut prétendre un jeune titulaire d’officine ?Le modèle traditionnel correspond à la « mobilité interne » : le pharmacien achète une première officine qu’il revend pour se réinstaller dans une structure plus grosse. C’est ce schéma qui prévalait il y a une vingtaine d’années. Il était très répandu, peut-être trop, car il finit par devenir pénalisant. On se

sclérose, on s’étiole, ce n’est pas très sain. Le deuxième modèle consiste à se mettre à plusieurs pour acquérir une pharmacie qu’on n’aurait pas pu acheter par ses propres moyens. Enfin, le troisième est d’intégrer une structure en qualité d’associé minoritaire, puis d’en devenir majoritaire après rachats de parts. C’est assez rare dans le secteur pharmaceutique, mais fréquent ailleurs, notamment chez les avocats ou les experts comptables.

Ne pourrait-on pas en imaginer de nouveaux, plus souples ?Si bien sûr. Pourquoi ne pas créer des SEL qui seraient propriétaires de trois ou quatre fonds sur une zone géographiquement limitée par exemple ? C’est une formule qui n’existe pas juridiquement, mais qui comporte pourtant de nombreux avantages : un seul stock, un seul acheteur, un seul employeur, un seul expert comptable et banquier, une seule trésorerie… Bref, un patrimoine mutualisé qui permettrait des économies d’échelle. Ce serait aussi une façon d’attirer les jeunes en leur confiant des fonctions transversales.

Retrouvez l’avis de l’expert en vidéo sur le site www.revuepharma.fr

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A u préalable, Pascal Perri a pré-venu d’emblée : le changement est rapide, brutal, parfois mor-tel. « Vous devez vous y prépa-rer, a lancé l’économiste aux congressistes. Les professions

protégées comme la vôtre sont aujourd’hui ou-vertes. Votre modèle est, lui aussi, interrogé. Vous avez besoin de financement, de fonds propres. Votre urgence est l’ouverture du capital. Si elle est bien encadrée, si vous restez propriétaires des droits de vote, vous ne risquez rien. Sachez vous protéger. Et surtout, sachez vous adapter aux nouveaux éléments constitutifs de votre pro-fession : la désintermédiation des flux, l’élasti-cité des prix, la révolution du numérique. Votre avenir passe par la proximité, l’accessibilité et l’omnicanalité. Internet est fait pour recruter, le point de vente sert à fidéliser. De ce point de vue,

RÉINVENTER LE MODÈLE OFFICINAL

SERVICES, PRIX, OBJETS CONNECTÉS, OBSERVANCE… OÙ DÉBUTE L’ENSEIGNE ?

OÙ FINIT LE GROUPEMENT ? LE PREMIER DÉBAT D’ACTUALITÉ DES 9ES RENCONTRES

DE L’OFFICINE A ESQUISSÉ LES CONTOURS DE LA PHARMACIE DE DEMAIN.

vous possédez un avantage décisif : vous vous adressez directement au consommateur final. Le modèle qui peut être le vôtre existe déjà : ce sont les réseaux et enseignes tels qu’ils existent dans la grande distribution, avec des produits à la marque, une stratégie marketing et une poli-tique de prix. Soyez-en convaincus : Internet ne tuera pas le commerce physique, il le sauvera ».

Le point de vente, un formidable outilLes six autres orateurs, tous à la tête d’enseignes ou de labels, se sont frotté les mains. « Pas d’ave-nir sans groupements », a aussitôt rebondi, avec une satisfaction bien légitime, Lucien Bennatan, président de Ma Pharmacie Référence, enseigne du groupe PHR. « Je ne suis pas très inquiet : nous servons précisément à anticiper l’avenir et la modernité », a ajouté Serge Carrier, le direc-

teur général de Pharmactiv. « Tout ce qui vient d’être dit est fondé », a encore approuvé Jean-Pierre Dosdat, le président d’Objectif Pharma qui a récemment lancé avec Welcoop la phar-macie participative Wellpharma. Ce premier label de crowdpharma en France permet aux clients-patients de participer à la stratégie des officines concernées et à l’évolution de leur offre de services. « La relation avec les clients doit être améliorée, a-t-il expliqué. Or, sur ce point, la pharmacie française est un peu en retard. Pourtant, le point de vente est un formidable outil : plus on digitalise, plus le facteur humain est indispensable. » « Ce sont les groupements qui détiennent les ré-ponses aux questions posées en introduction de ce débat », a pour sa part commenté Christian Grenier, le président de Népenthès, rappelant au passage la proposition faite en juin 2014 par l’Igas

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De gauche à droite : Pascal Perri, économiste, directeur de PNC Economic, Lucien Bennatan, président de Ma Pharmacie Référence, Serge Carrier, directeur général de Pharmactiv, Jean‑Pierre Dosdat, président d’Objectif Pharma, Christian Grenier, président de Népenthès, Laëtitia Hible, présidente de Giphar et Laurent Filoche, président de Pharmacorp.

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ÉCONOMIE

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de libérer le pharmacien d’officine de sa fonc-tion d’acheteur au profit de ses missions de santé publique. « C’est justement la vocation des grou-pements ou des enseignes, qui disposent de cen-trales d’achats, de services et de référencement et, aujourd’hui, de marques de différenciation, a-t-il poursuivi avant de détailler, faisant écho aux propos de Pascal Perri : Une enseigne porte une politique commune d’achat, de vente et de communication, avec tous les outils du e-com-merce ». C’est d’ailleurs sur le triple terrain de l’avenir des centrales d’achat, des relations avec les industriels et de la communication qu’agit Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie qu’il préside. « À plu-sieurs, nous sommes plus forts pour défendre les intérêts professionnels de nos adhérents autour des valeurs de la pharmacie et des missions et métiers communs dans les domaines de la dis-tribution et de la dispensation du médicament en pharmacie », a-t-il souligné.

Les enjeux de la communication…S’il est un sujet que revendiquent haut et fort groupements et enseignes, c’est bien la possibi-lité de communiquer et de disposer des mêmes outils que les autres circuits de distribution. Laëtitia Hible, présidente de Giphar chargée du dossier au sein de Federgy, s’en est inquiétée : « Sans communication, comment faire valoir nos compétences et nos services ? Pourquoi nos enseignes ne sont-elles pas connues du public ? Tout simplement parce qu’avant, l’unique en-seigne de la pharmacie d’officine était la croix verte, centrée sur un même service : le médi-cament. Or demain, cette dernière ne pourra plus vivre du seul médicament. Elle cherchera forcément à se spécialiser et à se diversifier. Elle devra donc communiquer autour de son enseigne, qui devra devenir un repère pour le patient consommateur. Avec leurs marques dis-tributeurs, les grandes et moyennes surfaces véhiculent une valeur. C’est sur cette valeur qu’à notre tour, nous devrons communiquer. Nous devons disposer des mêmes armes pour exister, faire savoir, promouvoir, nous défendre, faire valoir nos spécificités, sauvegarder et augmenter toute la partie de notre chiffre d’af-faires qui n’est pas sous tutelle ». « Le code de la santé publique est arriéré et mérite d’être dépoussiéré à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, a abondé Laurent Filoche, le président de Pharmacorp et de l’UDGPO (Union des groupements de pharmaciens d’officine). Nous devons effectivement pouvoir communiquer auprès de nos patients de façon claire et trans-parente sur trois axes : les services, les produits et la fidélité. Nous ne pouvons plus endiguer cette lame de fond sociétal. Il faut nous mettre au diapason des attentes de la population et de son mode de fonctionnement ».

… Et ceux de la révolution digitaleEn phase avec cette analyse, Lucien Bennatan l’a réaffirmé : le rôle des enseignes et groupe-ments est d’utiliser tous les moyens pour créer la pharmacie de demain. « À court terme, a-t-il repris à son tour, environ 50 ou 55 % de notre activité dépendra encore du médicament. Mais les 45 % restants seront soumis à concur-rence. Nous devons donc être exemplaires sur les prix, le e-commerce, les services, tout en allant chercher de nouveaux marchés et des relais de croissance. Car à terme, notre objec-tif est aussi de casser le monopole de la grande distribution ». En lançant l’année dernière son enseigne Ma Pharmacie Référence, le groupe PHR a préci-sément choisi de miser sur le 2.0 pour dévelop-per son nouveau concept de pharmacie. Cette enseigne, plus aérée, design, est en effet au cœur de la santé connectée. Il ne s’agit pas de vendre des objets connectés, mais de les placer dans l’officine, sur les marchés du bien-être et de la santé, pour améliorer l’expérience des patients et créer, pour le pharmacien, un nou-veau levier de croissance. La clé de voûte de cette enseigne : les services – entretiens phar-maceutiques conventionnés ou non, MAD, trousses à pharmacie, observance, entretiens diététiques, solutions pour l’ambulatoire, etc. Pour développer le modèle économique de l’officine, Laurent Filoche mise lui aussi sur les services. « Nous devons être capables de les normer et de les rémunérer », a-t-il lan-cé. C’est d’autant plus pertinent que, comme l’a souligné Serge Carrier, les commerces de proximité reviennent en force. « C’en est fini de la consommation de masse, a-t-il assuré. C’est pourquoi il ne faut pas oublier que le pharmacien d’officine est le premier acteur disponible dans la chaîne de santé. Chez Phar-mactiv, nous travaillons beaucoup sur cette proximité avec les patients consommateurs ». Mais alors que le métier se transforme, que le conseil, la proximité et le suivi prennent une autre dimension avec “la révolution digitale”, la profession doit-elle craindre l’uberisation ? « Si demain, on continue à suggérer aux phar-maciens une politique uniquement axée sur les prix, oui, il faudra craindre Amazon », a pré-dit Laëtitia Hible. « Le digital répond aussi à de nouvelles demandes de collaboration et de participation de la part de nos clients », a tempéré Jean-Pierre Dosdat. Le mot de la fin, rassurant, est venu de Pascal Perri : « C’est le commerce physique qui va “uberiser” Ama-zon, pas l’inverse », a-t-il assuré. Anne Fellmann

3 QUESTIONS À PASCAL

PERRI Économiste, directeur

de PNC Economic

Selon vous, l’entreprise indi-viduelle est un modèle de plus en plus rare. Pour quelles raisons ?Observons une loi simple, la loi des Celtes : plus on est nombreux, plus on est efficaces. De ce point de vue, ni l’entreprise individuelle, ni l’aventure individuelle n’ont d’avenir. Pas plus que la pharmacie isolée. Selon une formule éprouvée d’un point de vue économique, l’efficacité d’un réseau est égale au carré du nombre de ses utilisateurs. En d’autres termes, la valeur d’un réseau augmente de façon exponentielle en fonction de sa taille.

C’est précisément le modèle économique de la grande distribution… Oui, et c’est à mon avis un modèle dont la profession peut s’inspirer. Les adhérents de Leclerc ou de Système U sont propriétaires de leurs points de vente et paient une cotisation à l’enseigne qui prend en charge les achats, le marketing, la logistique, etc. Mais ils restent les patrons chez eux.

Faut-il désormais défendre une économie servicielle plutôt que transactionnelle ? La vente de produits est ce que l’on a fait pendant longtemps. Aujourd’hui, on vend du conseil, de l’accompagnement, une solution. C’est tout l’objet de l’économie servicielle : rechercher une valeur autour du produit qui a tendance à devenir une simple commodité. Pour les pharmaciens, c’est particulièrement pertinent.

Retrouvez l’avis de l’expert en vidéo sur le site www.revuepharma.fr

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40 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

LU POUR VOUS

REVUE DE PRESSE SCIENTIFIQUE

Un vaccin anti-nicotine contre le tabagisme

ȫ Publié dans : Journal of Medical Chemistry: “Investigations of Enantiopure Nicotine Haptens Using an Adjuvanting Carrier in Anti-Nicotine Vaccine Development”, publication online du 26/02/2016.

Pour aider les fumeurs à arrêter le tabac, il existe des substituts nicotiniques ou des médicaments qui ciblent les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine, mais ceux-ci ne sont pas toujours efficaces, en particulier sur le long terme, ou peuvent avoir des effets indésirables importants.Cette étude a cherché à démontrer l’efficacité d’un vaccin ciblant la molécule de nicotine dans le sang dans le but de la neutraliser avant qu’elle n’arrive au cerveau. La nicotine étant une très petite molécule non immunogène, les

chercheurs l’ont associée à une fraction inactive de virus pour provoquer une réaction immunitaire par production d’anticorps antinicotiniques.Chez le sujet immunisé, la nicotine se lie aux anticorps, l’empêchant alors de franchir la barrière hémato-encéphalique, ce qui entraîne une diminution du plaisir quand la personne fume.Les tests effectués sur des souris ont montré que ce nouveau prototype de vaccin retarde effectivement les effets de la nicotine pendant les 10 premières minutes suivant l’injection, en augmentant le nombre d’anticorps spécifiques de la nicotine et en réduisant le taux de nicotine dans le cerveau.Malgré ces tests concluants, faisant espérer que ce vaccin puisse être un jour une option possible dans la lutte contre le tabac, les chercheurs doivent désormais améliorer sa formulation pour lancer des essais chez l’homme et valider une efficacité plus longue, ainsi que l’impact des éventuels rappels de vaccination.

Par Julien Boyer, pharmacien hospitalier

ȵ Contre Alzheimer, les myrtilles ! Des chercheurs américains ont mené une étude sur un groupe de 47 adultes de 68 ans ou plus, souffrant d’une déficience cognitive légère et ayant consommé soit de la poudre de myrtille lyophilisée, soit un placebo pendant 16 jours. Le « groupe myrtilles » a démon-tré une amélioration de la mé-moire et un meilleur accès à des

mots. Des IRM ont par la suite révélé une activité accrue du cerveau chez ces personnes. Les antioxydants présents en très grandes quantités dans la myrtille permettraient d’agir sur le déclin cognitif, un signe de la maladie d’Alzheimer.

ȫ American Chemical

Society, conférence du

14 mars 2016.

ȵ Des « p’ti jeux stimulants » pour lutter contre la sclérose en plaque

Selon une étude italienne, les jeux de réflexion (puzzle, calculs, mémorisation…) pourraient s’avérer utiles pour augmenter le niveau de connexions neuronales. Parmi les patients joueurs, l’auteur a observé « une augmentation significative des connexions au niveau du thalamus. Et les résultats aux différents tests co-gnitifs se sont par ailleurs ré-

vélés bien supérieurs à l’autre groupe ». Les scientifiques estiment donc nécessaire de poursuivre leurs recherches et envisagent à moyen terme d’inclure ce type de jeux dans les programmes de réhabili-tation cognitive dans la prise en charge de la sclérose en plaque.

ȫ Radiology, publication

online du 8 mars 2016.

@FederationAFD Étude épidémio sur 100 000 Françaises : café et vin (conso modérée) protègent du DT2. Soda et soda light le favorisent ! #congrèsSFD

@APMinfosAddiction : parution du cahier des charges des salles de consommation à moindre risquebit.ly/1pBk3Wn

ȵ VU SUR TWITTER

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Infertilité masculine : une solution avec les spermatozoïdes artificiels ?

ȫ Cell Stem Cell : “Complete Meiosis from Embryonic Stem Cell-Derived Germ Cells In Vitro”, vol.18(3), pp.330-40

ȵ Du DHA contre le cancer du côlon ? Des scientifiques ont montré que le DHA, acide gras ma-jeur au sein de la famille des omégas 3, était à l’origine de l’augmentation de l’un des médiateurs clefs du processus inflammatoire, le TNF-alpha. Ils ont également observé sur des souris porteuses de tumeurs colorectales humaines, que ce TNF-alpha participait à l’apop-tose des cellules cancéreuses.

Les acides gras apportés par l’alimentation jouent un rôle important dans la régulation des cellules cancéreuses. Selon leur nature, ils peuvent favoriser ou à l’inverse inhiber la crois-sance tumorale. C’est pourquoi ce phénomène doit désormais être étudié sur des tumeurs de nature différente.

ȫ Inserm/Université de

Bourgogne, 10 mars 2016.

ȵ Effet bénéfique du café sur le risque de sclérose en plaques

Suite à l’analyse d’une étude suédoise (1 620 patients souf-frant de SEP), et d’une autre américaine (1 159 malades), des chercheurs ont remarqué que le risque de sclérose en plaques diminuait quand la consommation de café aug-mentait : baisse du risque

de 28 % à 30 % parmi ceux qui buvaient 900 ml par jour (6 tasses). Un constat neuro-protecteur de la caféine que les auteurs n’expliquent pas.

ȫ Journal of Neurology,

Neurosurgery and

Psychiatry, publication

online du 3 mars 2016.

Un des objectifs des recherches en biologie de la reproduction est de recréer le développement des cellules germinales in vitro. Dans ce cadre, une étape importante a été franchie par des chercheurs chinois qui ont réussi à générer des spermatozoïdes fonctionnels à partir de cellules souches embryonnaires de souris. Les chercheurs se sont arrêtés à un stade spermatide, précédant la spermatogénèse. Ainsi, les spermatozoïdes artificiels n’ont pas de flagelle, et ne peuvent donc pas se déplacer comme les spermatozoïdes naturels.Mais pour montrer que ces spermatides étaient fonctionnelles, les chercheurs les ont injectées dans un ovocyte de souris. Des embryons se

sont développés, puis ont été implantés dans des souris femelles : celles-ci ont donné naissance à des souriceaux, et l’étude précise qu’eux-mêmes ont pu avoir une descendance. Même si la technique semble susciter des controverses scientifiques et éthiques, les résultats sont encourageants et ouvrent des perspectives pour le traitement de l’infertilité d’origine masculine.Pour leurs prochains travaux, ils prévoient de tester cette approche sur d’autres animaux, dont des primates. Toutefois, avant de pouvoir envisager cette technique chez l’homme, ils rappellent qu’il est nécessaire de prendre en compte les préoccupations éthiques suscitées par l’utilisation de cellules souches embryonnaires.

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@LeemFrance#Sante : le régime alimentaire joue un rôle déterminant sur l’#infarctus bit.ly/1R716Hz pic.twitter.com/o3lAT9awJj

@santelogESPÉRANCE de VIE: 2 variantes génétiques la raccourcissent de 3 ans - Nature… dlvr.it/KylKCF #santelog pic.twitter.com/jQbUf4G1PL

@e_Pansement#Plaies et #nutrition : 3 aliments à éviter pour mieux cicatriser buff.ly/1TkHBLc

APMinfos Zika: le HCSP précise les modalités de suivi des nourrissons http://bit.ly/1SEB4Jd

ȵ VU SUR TWITTER

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42 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

CONSEIL ASSOCIÉ

L a maladie veineuse n’est pas seulement une maladie bénigne : on dénombre chaque année en France près de 100 000 cas de phlébites, entre 500 et 600 000 cas d’ulcères veineux et 10 000 décès par embolie pulmonaire.Le diagnostic de la maladie veineuse accuse en moyenne un retard de sept ans, un temps précieux quand on sait que les

traitements préventifs et les mesures hygiénodiététiques assurent une amélioration significative des symptômes.À l’évocation par vos patients de symptômes typiques de l’insuffi-sance veineuse (jambes lourdes, crampes nocturnes, impatiences...) la question à poser est donc la suivante : avez-vous des antécédents familiaux ?

Une étude publiée en 2014 dans la revue Phlébologie (« Hérédité et maladie veineuse : la fin d’un dogme de l’hérédité maternelle domi-nante ? » Crebassa V., Roucaute T., Guex J.-J., Allaert F.A), a cherché à évaluer le caractère héréditaire des maladies veineuses chroniques après ajustement sur le sexe et l’âge, et à calculer l’odds ratio lié aux antécédents paternels et maternels de la maladie veineuse.Afin d’évaluer la prévalence des affections veineuses chroniques, un questionnaire de dépistage a été proposé à 21 319 patients (âge moyen 50,8 ans) consultant deux jours consécutifs leur médecin généraliste et répondant aux critères d’inclusion (plus de 18 ans et aucun refus de parti-cipation à l’étude), et ce, indépendamment du motif de leur consultation.Ce questionnaire comportait deux parties : la première, remplie par le patient, lui demandait de décrire ses caractéristiques sociodémogra-phiques, ses facteurs de risques de maladie veineuse, ses antécédents familiaux, ses caractéristiques cliniques fonctionnelles et physiques pouvant suggérer l’existence d’une pathologie veineuse et, si tel était le cas, le parcours de soin suivi. La seconde partie, remplie par le médecin, comportait des éléments cliniques, la prescription d’un éven-tuel traitement et l’éventuelle demande de consultation spécialisée.Première étude à apporter des informations sur le poids de l’hérédité dans la maladie veineuse, les résultats ont permis de confirmer cet impact, tant dans la survenue de la maladie veineuse, sa précocité que dans sa rapidité d’évolution et sa sévérité.

L’hérédité maternelle dominante et unique est ainsi remise en cause, la part de l’hérédité paternelle s’avérant importante, notamment en cas de transmission de père à fils. La plus forte prévalence de la maladie veineuse chez les femmes s’expliquerait par ailleurs par l’existence

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SUIVENT UN TRAITEMENT. COMMENT SENSIBILISER VOS PATIENTS ?

L’HÉRÉDITÉ,AU CŒUR DE VOTRE CONSEIL

MALADIE VEINEUSE

dans la population féminine de facteurs déclenchants ou aggravants, notamment hormonaux. Au comptoir, il est donc essentiel d’appuyer sur ces antécédents pour motiver une vraie consultation et une prise en charge adaptée. Tina Géréral

D’après l’intervention du Docteur Vincent Crebassa, phlébologue à la clinique du Millénaire à Montpellier, lors des 9es Rencontres de l’officine.

Une appli pour sensibiliser vos patientsLe Vein’Score est un outil pratique et rapide à utiliser, développé

à partir des travaux des médecins vasculaires, pour sensibiliser

les patients à la maladie veineuse et favoriser le dialogue entre

patients et professionnels de santé.

Il permet d’estimer un âge veineux, reflet de l’atteinte veineuse

des patients en fonction de la présence de signes ou

symptômes de l’insuffisance veineuse, en comparaison de l’âge

moyen où apparaissent ces signes et symptômes.

En une minute, cet outil estime l’âge des veines après saisie des

données personnelles : sexe, âge, symptômes...

En cas d’âge veineux supérieur à votre âge réel, le patient aura

accès à des conseils d’hygiène de vie à appliquer et des

informations générales relatives à la prise en charge (pratique

d’un sport, bonne hydratation...).

Le but du Vein’Score n’est pas de se substituer à un médecin,

d’initier ou modifier un traitement, mais de sensibiliser les

patients et faciliter un dialogue avec les professionnels de santé.

Application gratuite, disponible sur iOS et Android

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44 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

Les benzodiazépines, une vraie problématique de santé publique La France est le deuxième pays européen consommateur d’anxiolytiques et d’hypno-tiques. Malgré les nombreuses actions mises en place par les autorités de santé ces vingt der-nières années, le nombre d’utilisateurs réguliers de ces médicaments ne diminue plus depuis la fin des années 2000. Les prescriptions de benzodiazépines éma-nent dans la plupart des cas d’un médecin

33 %des patients de + de 65 ans en consomment

PILOTER LE SEVRAGE AU COMPTOIR, C’EST POSSIBLE !

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©

GRIN

VALD

S - IS

TOC

Kgénéraliste. Elles concernent plus souvent les femmes (64 %) et une part importante des sujets âgés. Au-delà de 65 ans, 33 % des patients en consomment régulièrement (État des lieux de la consommation de benzodiazépines en France, Afssaps 2012). Au-delà du nombre élevé de consommateurs, c’est l’usage même de ces molécules qui est problématique. En effet, ces traitements sont pris trop longtemps (55 % des patients sous benzodiazépines hypnotiques en consomment plus de 3 mois consécutifs), avec des posolo-gies dépassant souvent les doses recomman-

THÉRA

VU

2016

aux

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AVRIL 2016 • PHARMA N°131 • 45

dées. Plusieurs benzodiazépines se retrouvent même parfois sur une même ordonnance, cette association n’apportant aucun bénéfice théra-peutique prouvé pour le patient. Au contraire, une telle association augmente le risque iatrogène.

Quels sont les risques liés à l’utilisation des benzodiazépines ?Au-delà des effets indésirables importants provoqués par la prise de ces médicaments (risque de chutes, perturbation de la mémoire à court terme ou de rappel, ralentissement dans l’apprentissage, risque de déclin cognitif…), le pharmacien doit rappeler au patient qu’un usage prolongé d’une benzodiazépine est tou-jours associé à :

l Une tolérance : diminution d’efficacité après 2 à 4 semaines d’usage quotidien, avec un besoin d’augmenter les doses pour obtenir la même ef-ficacité thérapeutique ;l Une dépendance : incapacité physique et/ou psychique de se passer de la molécule ;l Des effets rebonds et un syndrome de se-vrage à l’arrêt du traitement ou lors d’un chan-gement de molécule ou d’une diminution trop brutale de posologie.

Quel est le rôle du pharmacien dans la délivrance d’une benzodiazépine, dans le cadre de l’insomnie ?

Le pharmacien est un acteur important pour assurer un usage rationnel des ben-zodiazépines. Son rôle est primordial dans l’accompagnement des patients, et ce, à tous les niveaux : lors d’une demande de conseil spontanée face à une anxiété ou une insomnie, lors de la première délivrance d’une ordonnance de benzodiazépine, ou encore lors d’un renou-vellement de benzodiazépine et du passage à la chronicité. Mais lorsque la dépendance est déjà installée, comment réagir face à un patient ?

Comment convaincre un patient de rentrer dans une démarche de sevrage ?La première démarche du pharmacien doit être d’informer le patient au comptoir des effets délétères de ces molécules et d’expliquer qu’il est possible de s’en passer. N’attendez pas qu’il fasse le premier pas. Le pharmacien doit tenter

de motiver le patient chronique à arrêter, ou pour le moins à diminuer la posologie. Le pharmacien doit repérer les patients moti-vés et travailler avec eux. Le patient doit être moteur de la stratégie d’arrêt. Sans motivation de sa part, le sevrage sera un échec. Le pharma-cien est à ses côtés pour l’accompagner. Il doit rappeler les risques associés aux traitements par benzodiazépines, en particulier les risques d’un traitement au long cours. Mettre en évidence une dépendance de manière objective peut aider le patient à prendre conscience de la situation. Pour cela, le patient peut répondre à l’échelle Ecab simplifiée (échelle cognitive d’attachement aux benzodiazépines) mise à disposition par la HAS, aux côtés du pharmacien. Certains médecins ad-dictologues posent également une question choc portant à réflexion : « Vous voyez-vous prendre ce traitement toute votre vie ? »L’objectif est de faire prendre conscience au patient de sa dépendance au traitement afin qu’il s’implique dans la démarche de sevrage. Il faudra rappeler que la diminution des doses est déjà un résultat favorable.

Comment piloter le sevrage et accompagner le patient ?Le médecin instaure le sevrage lors de la consul-tation dite « d’arrêt » et doit en informer le phar-macien. Celui-ci entre alors dans un protocole pluridisciplinaire de sevrage et assure le suivi

SIGNES DE SEVRAGESignes modérés

AgitationAnxiété, nervositéCéphaléesDiaphorèseDiarrhéeDysphorieÉtourdissementFaiblesses ou raideurs musculairesFatigueGoût métallique dans la boucheImpatienceInsomnieIrritabilitéLéthargieManque de motivationPerte d’appétitSensibilité accrue aux bruits et aux odeurs Trouble de concentration

Signes sévèresCauchemarsConfusionConvulsions (rare)DélireDépersonnalisationDistorsion perceptuelleFasciculationsHypotension orthostatiqueMauvaise coordination ou incoordination motrice Nausées, vomissementsTachycardie, palpitationsTremblementsVertiges

DURÉED’EXPOSITIONTROP LONGUE

TROPSOUVENTPRESCRITS

TROP FORTECONSOMMATION

CHEZ LES PERSONNESÂGÉES

Le pharmacien d’officine est le professionnel de santé le plus apte à témoigner de la chronicité de ces traitements.

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46 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

THÉRA

de son patient. Il peut l’accompagner à l’aide d’un calendrier d’arrêt sur 4 semaines avec adaptation de la vitesse de décroissance des doses. Il peut pro-poser d’assurer un suivi hebdomadaire du patient, par le biais de rendez-vous, au cours desquels sont évoqués cer-tains points tels que : dose à prendre, dose réellement prise, apparition de signes liés à la diminution des doses. Lorsque des signes de sevrage appa-raissent, il faut s’assurer que le pres-cripteur en est informé. Il faut alors revenir au palier posologique précé-dent et diminuer la vitesse de décrois-sance des doses.

Dans le cadre du traitement de l’insom-nie, il est important de visualiser, avec le patient en sevrage, la qualité de son sommeil. Pour cela, le pharmacien peut proposer un agenda du sommeil que le patient remplit sur 4 semaines égale-ment. Cet agenda met en avant la qua-lité du sommeil, de l’éveil ou encore les éventuelles somnolences diurnes. Grace à cet outil, le patient prend conscience que plus la dose de benzo-diazépines diminue, plus son réveil est facile et sa journée plus claire, ce qui le motive à poursuivre son sevrage.Bien évidemment, dans le même temps, le pharmacien est présent pour

rappeler les règles d’hygiène de vie qui permettent d’améliorer la qualité du sommeil, les techniques de thérapie cognitivo-comportementales (TCC) en tête. Le pharmacien peut égale-ment accompagner le patient tout au long de son sevrage, en lui proposant, de manière transitoire, des produits « béquilles ». Des solutions personna-lisées peuvent être proposées, associant par exemple aromathérapie, phyto-thérapie, oligo-éléments, ou encore homéopathie.

Enfin, lorsque l’arrêt du traitement est atteint, le patient ne doit pas être « abandonné ». Il est très important de continuer à évaluer sa qualité de vie pendant plusieurs mois. Il est notamment important de surveiller que le patient ne compense pas par la consommation excessive d’autres substances (alcool, tabac, produits psychotropes).

Au besoin, dans les cas les plus dif-ficiles, le patient peut être invité à se rapprocher directement d’un Csapa (Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie), où la prise en charge est pluridisciplinaire et spécialisée. l

Sophie Delpech

Que doit préciser l’ordonnance de sevrage ?l Le remplacement si nécessaire de la

BZD par une BZD à demi-vie plus longue pour laquelle le syndrome de sevrage est plus tardif et moins intense.

La benzodiazépine de choix est le diazépam du fait de ses différents dosages et de la sécabilité (uniquement princeps) ou de la forme goutte.

l Le schéma de décroissance des doses (l’arrêt doit toujours être progressif sur plusieurs semaines). Plusieurs schémas sont décrits dans la littérature :

✓ Diminution de 10 % tous les 3 jours

✓ Diminution de 25 % chaque semaine

✓ Diminution de 1/4 de comprimé chaque semaine

✓ Diminution de 1/3 ou de 1/2 de la dose totale chaque semaine.

Les premiers signes de sevrage peuvent apparaître après quelques jours de diminution de doses.

Utilisation de l’agenda du sommeil et du calendrier d’arrêtdétaillant la décroissance des doses.

Traitement chronique

(plusieurs mois à plusieurs années)

Sevrage progressif

(quelques semaines à

quelques mois)

Accompagnement du patient encore

jusqu’à 6 mois (médecin,

pharmacien, famille)

Modalités d’arrêt d’une benzodiazépine

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48 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

DÉVELOPPER LE CONSEIL EN MICRONUTRITION

NOUVEAU MARCHÉ

LONGTEMPS CONFIDENTIELLE, LA MICRONUTRITION SEMBLE PROMISE À UN

BEL AVENIR. LE DOCTEUR DIDIER CHOS, PRÉSIDENT DE L’INSTITUT EUROPÉEN DE

DIÉTÉTIQUE ET MICRONUTRITION, REVIENT SUR LES OPPORTUNITÉS DE CE MARCHÉ.

L a micronutrition s’est nourrie de trois révolutions biomédicales qui boule-versent notre regard sur la santé, et en particulier sur ce paradoxe apparent entre une augmentation de la longévité de la population et une augmentation de

la morbidité dans le domaine des maladies de civilisation (cancers, maladies cardio-métabo-liques, allergies et maladies auto-immunes…) :• L’utilisation du séquençage à haut débit per-mettant la connaissance du génome à bas coût ;

cette connaissance permet notamment de dépis-ter les prédispositions génétiques à développer une pathologie.• l’épigénétique, qui étudie les changements dans l’activité des gènes ne modifiant pas la séquence du code génétique. L’épigénétique éclaire l’influence des facteurs de l’environne-ment (alimentation, stress, activité physique…) sur l’expression des gènes.• Enfin, ces 50 000 milliards de bactéries intes-tinales qui constituent le microbiote intestinal

50 000 milliards

de bactéries intestinales...

DR

NUTRITION

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AVRIL 2016 • PHARMA N°131 • 49

(flore intestinale) et qui sont impliquées dans le développe-ment de l’obésité, du diabète, de la maladie de Crohn, des allergies, mais aussi de la dépression, des troubles du com-portement alimentaire… Le microbiote intestinal fonctionne comme un « second cerveau ».

Ces trois révolutions rendent pertinents l’individualisation des conseils alimentaires selon les besoins, l’impossibilité au-jourd’hui d’oublier les habitudes de vie dans tous les conseils de santé, et enfin tout l’intérêt que nous avons à nous occuper de la santé digestive, quel que soit le problème de santé.

Dans ce contexte, on peut envisager la micronutrition sous deux aspects :• Le premier, c’est l’objet de son étude qui concerne toute la partie non énergétique de l’assiette : les familles de mi-cronutriments dans lesquelles nous intégrons vitamines, minéraux, oligo-éléments, polyphénols et autres molécules antioxydantes, AGPI dont les omégas 3, acides aminés es-sentiels ; également les éléments qui participent à la modu-lation du microbiote et sont dotés de propriétés probiotiques et prébiotiques.• Le second concerne la pratique de la micronutrition qui enri-chit la consultation médicale et le conseil pharmaceutique.Cette pratique privilégie l’individualisation du conseil au-delà des recommandations qui s’adressent à la population générale. Elle procède en deux étapes, une première qui consiste à dépister les apports, les besoins, les déficits de chacun, en s’appuyant sur des questionnaires pédagogiques développés par l’IEDM, et sur une biologie à visée nutrition-nelle et fonctionnelle.La deuxième étape permet de corriger les déficits et les dys-fonctions, par un ajustement des apports alimentaires et si besoin par une complémentation individuelle.

La micronutrition à l’officine, une opportunitéLa distribution des compléments alimentaires est le fruit de deux démarches dans les officines ; la première répond à une auto-complémentation suscitée par une communication pu-blicitaire vantant les qualités des formulations disponibles à la vente ; une seconde plus récente qui fait suite à un conseil de l’équipe officinale, soit en accompagnement d’une ordon-nance médicale, soit en réponse à une plainte du patient.

La micronutrition s’inscrit dans cette seconde démarche et nécessite une formation des pharmaciens et des équipes à la matière médicale et scientifique, et aux aspects pratiques du conseil en micronutrition.

Ces formations sont notamment proposées par l’Institut européen de diététique et de micronutrition, organisme de formation qui, dès 1997, a proposé les premiers modules d’initiation. En 2001, l’IEDM a contribué à la mise en place du DU d’alimentation santé et micronutrition à l’Université de Bourgogne, et plus récemment soutient le DU de nutrition/micronutrition exercice et santé, coordonné par Denis Riché à l’Université de Poitiers.

La micronutrition et le microbiote intestinalLa micronutrition s’est construite autour de l’intérêt porté à l’écosystème intestinal dans sa contribution au développe-ment des principales maladies. Cet écosystème comprend trois unités : le microbiote, la muqueuse et le système immu-nitaire, intimement liés entre eux.

Toute perturbation de l’une de ces trois unités rejaillit sur l’équilibre des deux autres. Par exemple, si le microbiote se déséquilibre suite à un stress, une alimentation déséquilibrée, une infection comme une gastro-entérite, ou à la prise d’anti-biotiques ou de certains anti-inflammatoires, on parle alors de dysbiose. Divers troubles digestifs plus ou moins récurrents pourront apparaître : transit accéléré ou bien ralenti, ballonne-ments, douleurs, inconfort… Cette situation chronique finit par se répercuter sur la muqueuse qui se dégradera à son tour et perdra sa fonctionnalité. Ainsi, à force d’agressions et d’in-flammations, les entérocytes pourront se disjoindre. L’imper-méabilité vis-à-vis des composés indésirables deviendra alors inopérante. Cette perte d’étanchéité est d’ailleurs nommée « hyperperméabilité intestinale ». À ce moment-là, on assiste à un phénomène paradoxal : d’une part, les composés indési-rables qui ne devraient normalement pas pénétrer la muqueuse réussissent à passer. Une fois dans notre organisme, ils par-viennent à se fixer sur des récepteurs qui ne leur sont habituel-lement pas réservés. Cette situation est susceptible d’engendrer des troubles à distance de l’intestin, comme par exemple des troubles ostéo-articulaires, des troubles cutanés, des troubles de l’humeur, de la fatigue ou encore des migraines…

Ces observations cliniques ont été confirmées depuis 2006, grâce à l’étude du génome des bactéries intestinales (micro-biome) par les méthodes de séquençage. Ces techniques ont permis de confirmer qu’à chaque situation pathologique, il existait une signature particulière de notre microbiote.Ainsi les scientifiques s’intéressent aujourd’hui à la respon-sabilité du microbiote dans les troubles digestifs, l’allergie, l’obésité, le diabète, la dépression, l’autisme…

Parallèlement à ces recherches, l’étude des propriétés de cer-taines souches probiotiques a permis la mise au point de for-mulations probiotiques propres à chaque indication. Ainsi le pharmacien dispose aujourd’hui de probiotiques spécifiques : troubles fonctionnels intestinaux, allergie, diarrhée aux anti-biotiques, mycose vaginale, turista, etc. ; autant de situations pouvant bénéficier d’un conseil personnalisé au comptoir.

En conclusion, la complémentation alimentaire auprès des patients est devenue un geste médicalisé, et aujourd’hui le pharmacien s’approprie cette nouvelle discipline, encou-ragé par la recherche scientifique et aidé par les formations adaptées à ses besoins. La micronutrition semble promise à un très bel avenir, la recherche nous amenant chaque jour de nouvelles pistes de développement, en particu-lier dans le domaine du microbiote intestinal et des autres microbiotes.

Didier Chos

Dr Didier Chos

Les scientifiques s’intéressent aujourd’hui à la responsabilité du microbiote dans les troubles digestifs, l’allergie, l’obésité, le diabète, la dépression, l’autisme… »

IEDM : Contact : par téléphone au 01 53 86 00 81 de 9 h à 12 h 30 • par courrier à l’adresse suivante : IEDM – 20, rue Emériau - 75015 PARIS • http://www.iedm.asso.fr

DR

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2016

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MALADIES CARDIOVASCULAIRES

FICHE N°2

ACTUS AVRIL 2016

Par A. Mouffak, E. Vitale, B. Allenet Univ. Grenoble-Alpes ThEMAS TIMC-IMAG (UMR CNRS 5525)

Unité de pharmacie clinique, pôle pharmacie, CHU de Grenoble

Acide fusidique et statinesL’acide fusidique est un antibiotique retrouvé dans différentes spécialités sous forme de comprimés ou de sirop. Son utilisation avec les inhibiteurs de l’HMG CoA réductase (statines) était depuis plusieurs années contre-indi-quée dans les indications cutanées de l’acide fusidique, en raison de l’aug-mentation du risque de rhabdomyo-lyse. En 2015, la contre-indication a été étendue à toutes les indications de l’acide fusidique, aussi bien dans le traitement des infections staphylo-cocciques osseuses qu’articulaires. En pratique, le traitement hypocholestéro-lémiant devra être suspendu pendant toute la durée de l’antibiothérapie. Dans les cas où la statine ne pourra être suspendue, le prescripteur devra choisir un autre antibiotique.

Coprescription de médicaments torsadogènesUne torsade de pointe est un type parti-culier de tachycardie ventriculaire. Elle se définit par un tracé électrocardiographique caractéristique et est associée à un allon-gement de l’intervalle QT de l’électrocar-diogramme. Plusieurs facteurs peuvent en favoriser l’apparition, comme l’hypoka-liémie, la bradycardie ou un allongement congénital ou acquis de l’intervalle QT. De nombreux médicaments peuvent favoriser leur survenue, aussi bien les médicaments

allongeant l’intervalle QT que les médica-ments hypokaliémiants ou bradycardisants. Le risque est lié au médicament considéré, à son association éventuelle avec un autre médicament favorisant et au contexte cli-nique. L’ANSM propose dans son thésau-rus 2016 des interactions médicamenteuses une liste de médicaments torsadogènes et de médicaments susceptibles de donner des torsades de pointe. L’utilisation concomi-tante de deux médicaments torsadogènes

est, en règle générale, contre-indiquée. Cependant, les associations de médica-ments susceptibles de donner des torsades de pointe entre eux ou avec un torsadogène ne sont pas systématiquement contre-indi-quées. Si elle est indispensable, il convient de rechercher d’autres facteurs de risques (hypokaliémie, interactions médicamen-teuses, automédication, etc.) et de surveiller la kaliémie, le rythme cardiaque et l’inter-valle QT sur l’électrocardiogramme.

Amiodarone et antiviraux directs anti-VHCDes cas de bradycardie sévère et de troubles de la conduction ont été rap-portés avec certains antiviraux d’action directe anti-VHC (sofosbuvir, ledipasvir, daclatasvir) lors d’une administration concomitante avec l’amiodarone. Leur association étant déconseillée, l’amio-darone ne doit pas être utilisée chez les patients traités par Harvoni (sofosbuvir + ledipasvir) ou par Sovaldi (sofosbuvir) en association avec Daklinza (daclatas-vir), excepté en cas d’intolérance ou de contre-indication aux autres traitements antiarythmiques. La bradycardie a été observée dans les quelques heures et jusqu’à deux semaines après l’instau-

ration du traitement antirétroviral de l’hépatite C. Si l’association ne peut être évitée, une surveillance étroite des patients est recommandée, en particulier pendant les premières semaines de l’as-sociation (surveillance clinique et ECG). Une surveillance continue hospitalière pendant 48 h peut être requise chez des patients identifiés comme à risque élevé de bradyarythmie au début de la co-ad-ministration du traitement antiviral et de l’amiodarone.

L’amiodarone ayant une demi-vie longue (20 à 100 jours selon les indivi-dus), une surveillance est aussi requise chez les patients qui auraient arrêté l’amiodarone au cours des derniers mois et devant commencer un traitement par Harvoni ou par Sovaldi en association avec Daklinza. Enfin, les patients doivent être avertis du risque de bradycardie et de troubles de conduction cardiaque, et de la nécessité de consulter un médecin en urgence en cas de survenue de ces symptômes.

50 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

PHARMACOVIGILANCE

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52 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

NOUVEAUX PRODUITS

VFEND

Liste1

ASMR1

SS65 %

ZOOMSUR

IndicationsVFEND est un antifongique indiqué chez les adultes et les enfants âgés de 2 ans et plus dans les cas suivants : • Aspergilloses invasives ;• Candidémies chez les patients non neutropéniques ;• Infections invasives graves à Candida (y compris C. krusei) résistant au fluconazole ;• Infections fongiques graves à Scedosporium spp. ou Fusarium spp.VFEND est également indiqué en prophylaxie des infections fongiques invasives chez les receveurs d’une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques à haut risque.

CompositionLe voriconazole est un antifongique triazolé à large spectre. Il agit principalement sur l’inhibition de la phase essentielle de la biosynthèse de l’ergostérol fongique.

PosologiePour les adultes (15 ans et plus) et les enfants de 12 à 14 ans pesant plus de 50 kg, le traitement débute avec une dose de charge spécifique afin d’obtenir le premier jour des concentrations plasmatiques proches de l’état d’équilibre.

l Dose de charge : • 400 mg pour les patients de 40 kg et plus • 200 mg pour les patients de moins de 40 kg

l Dose d’entretien (après les premières 24 h) : • 200 mg 2 fois par jour chez les patients de 40 kg et plus • 100 mg 2 fois par jour pour les patients de moins de 40 kg

L’utilisation en prophylaxie se fait aux mêmes posologies de traitement.

Durée du traitement Elle doit être la plus courte possible en fonction de la réponse clinique et mycologique observée chez le patient. Une exposition au long cours au voriconazole sur une durée supérieure à 180 jours (6 mois) nécessite une évaluation attentive du rapport bénéfice-risque.

Effets indésirablesLe voriconazole peut provoquer des modifications transitoires et réversibles de la vision, notamment une vision trouble, une acuité visuelle altérée/améliorée et/ou une photophobie. Les patients doivent donc éviter toute activité potentiellement dangereuse, telle que la conduite d’un véhicule ou la manipulation de machines, lorsqu’ils présentent ces symptômes.D’autres troubles cardiaques, digestifs, hépatiques, rénaux, pancréatiques et cutanés ont été recensés (cf. RCP).

Interactions médicamenteusesLe voriconazole est métabolisé par les isoenzymes CYP2C19, CYP2C9 et CYP3A4 du cytochrome P450 et inhibe leur activité. Les inhibiteurs ou les inducteurs de ces isoenzymes peuvent respectivement modifier les concentrations plasmatiques du voriconazole et vice versa.

Au comptoir• Les comprimés doivent être pris une heure avant ou après les repas.• Attention à la photosensibilisation générée par la prise de VFEND.• La prise de compléments alimentaires ou de médicaments à base de millepertuis devra être proscrite.

• VFEND 50 mg : 28 comprimés : 34009 359 288 6 3 305,920 €

• VFEND 50 mg : 56 comprimés : 34009 359 289 2 4 599, 820 €

• VFEND 200 mg : 14 comprimés : 34009 359 290 0 6 553,460 €

• VFEND 200 mg : 28 comprimés : 34009 359 291 7 4 1068,920 €

• VFEND 200 mg : 56 comprimés : 34009 359 292 3 5 2075,020 €

• Laboratoire Pfizer

Indiqué chez l’adulte et l’enfant de plus de 6 ans en cas de maux de gorge peu intenses et sans fièvre.

Posologie : 2 pulvérisations 3 fois par jour, le traitement est limité à 5 jours.

Agiter le flacon avant chaque utilisation.

HEXASPRAY FRUITS EXOTIQUESCOLLUTOIRE (BICLOTYMOL)

• PPC : 5,70 € TTC • Laboratoire Bouchara-Recordati

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54 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

NOUVEAUX PRODUITS

MEDA PHARMA

ARMOLIPID PLUS Pour lutter contre le cholestérol,

en association avec des mesures hygiénodiététiques, ArmoLIPID PLUS

associe la berbérine, qui accroît les récepteurs LDL disponibles et la

fixation hépatique des LDL, la levure de riz rouge, riche en inhibiteurs

de la HMG-CoA réductase (les monacolines K) et le policosanol, un mélange d’alcools gras naturels qui

diminue la synthèse de la HMG-CoA réductase. En cure de 30 jours ou au

long cours.

PPC : 22 €

VICHYIDÉALIA GEL-CRÈME

Frais et aérien, le gel-crème Idéalia abrite la technologie Aquakeep™ pour absorber

les brillances et révéler l’éclat. Le kombucha, actif phare de

la gamme, a des propriétés antirides, antitaches et

anti-terne.

Tube de 30 ml PPC : 28 €

ALVITYL

NUIT PAISIBLE Camomille, tilleul, mélisse,

magnésium : ces actifs naturels font partie de la

composition du sirop Alvityl nuit paisible qui favorise

l’endormissement et améliore la qualité du

sommeil des enfants, dès 3 ans. Une prise au coucher.

Goût banane.

Flacon de 150 mlPPC : 10,90 €

SIGVARIS

DIVIN ÉCLATUn compromis entre efficacité, confort et esthétique : c’est ainsi que Sigvaris définit sa nouvelle gamme Divin Éclat classe 2. Le plus ? Une nouvelle dentelle avec une tolérance cutanée testée et validée sous contrôle dermatologique, et une fabrication 100 % française.

PPC chaussettes : 29,95 €PPC bas : 39,10 €

NUXE

SPLENDIEUSE CONTOUR DES YEUX Ce soin à la texture légère et fraîche pénètre en un clin d’œil pour atténuer les taches, cernes et illuminer le regard. Convient à tous les types de peau. Disponible en mai.

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DE L’INFORMATION POUR LES CONGRESSISTES

Déjeuner débat AlphegaLes services pharmaceutiques, l’avenir de la pharmacie :

vision européenne, expérience URPS Île-de-France, intérêt économique, stratégie Alphega Pharmacie.

Le débat d’Alphega Pharmacie sur « les services pharmaceutiques, avenir de la pharmacie » a réuni plus de 110 pharmaciens. Laurence Bouton, directrice Alphega Pharmacie, Philippe

Pasdeloup, président Alphega Pharmacie, Guillaume Nebout, Head of International Professional Services Development de Walgreens Boots Alliance, Patrick Bordas, directeur Associé KPMG et Renaud Nadjahi, président de l’URPS Île-de-France, sont intervenus sur la thématique. Même si les orateurs ont reconnu que le modèle économique restait à clarifier, les services sont clairement apparus comme un levier clé pour valoriser l’acte pharmaceutique, pour se différencier et finalement, pour protéger le pharmacien dans son monopole.

Conférence Club PharmawebComment vous former gratuitement à la dermatologie

pour doper votre conseil ?

Les Laboratoires Pierre Fabre Dermo‐Cosmétique offrent aux pharmaciens et à l’équipe officinale un accès gratuit au Club Pharmaweb, site Internet de formation et d’information en

dermatologie. Sa vocation est d’accompagner le pharmacien dans son conseil dermatologique de façon neutre et objective. Ce site accessible depuis le comptoir offre la praticité d’une formation en ligne. En 2016, les Laboratoires Pierre Fabre Dermo‐Cosmétique ont souhaité mettre à disposition des membres du Club Pharmaweb la première et unique application mobile dédiée aux réactions cutanées liées aux médicaments « Skin drug reactions base ». Cette application permet aux médecins au chevet du malade et aux pharmaciens de vérifier offline si l’éruption cutanée dont souffre le patient est liée à la prise d’un médicament et de fait, d’en interrompre la prise. Grâce à une interface simple et concise, cette application gratuite permet d’obtenir rapidement une réponse sans se connecter à Internet.

Déjeuner débat PharmagestLa relation au patient à l’ère du digital. E-santé, objets

connectés, digitalisation du point de vente, Web, e-commerce… Comment prendre le train en marche ?

Pour quel retour sur investissement ?

Ce déjeuner débat a été l’occasion pour Pharmagest d’échanger avec la centaine de participants présents autour de solutions digitales concrètes : l’application Ma Pharmacie Mobile, le

logiciel de suivi d’observance et le pilulier connecté DO-Pill. Émilie Lecomte, pharmacienne titulaire à Hettange-Grande (57) a pu partager avec ses confrères son retour d’expérience à l’égard de ces solutions et de quelle manière elles permettent d’enrichir et matérialiser l’offre de services de la pharmacie. La révolution digitale de la santé est en marche, si les pharmaciens n’y prennent pas part dès aujourd’hui, elle se fera sans eux.

Conférences Pierre Fabre Prise en charge de la dermatologie au comptoir :

que dire ? Que faire ?

Cette conférence a porté un « regard croisé » pharmacien-médecin sur les cas cliniques en dermatologie qui se présentent au comptoir de l’officine afin :

1. De savoir reconnaître certaines pathologies pour les prendre en charge au comptoir ou de savoir orienter les patients,2. De mieux comprendre la sècheresse cutanée, parfois symptôme, parfois pathologie,3. De pouvoir positionner les produits émollients dans les situations qui l’exigent en apportant les conseils associés nécessaires à une bonne réussite du traitement.

Atelier sensoriel : Peau sèche, peau déshydratée et conduite à tenir

Hygiène et hydratation de la peau, application des émollients (méthodes démonstratives), préférences galéniques (améliorer le choix de la texture et la consistance de l’émollient selon les préférences du patient pour rendre le moment d’application des crèmes plus agréable).

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SPÉCIAL RENCONTRES

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Atelier/Pause café Wellpharma« Pharmaciens, vos clients ont changé, et vous ? »

Aujourd’hui, les consommateurs veulent être acteurs. Ils participent, donnent leur avis et sont proactifs dans la gestion de leur bonne santé. Pour répondre à ces nouveaux modes de consommation et face à l’uberisation potentielle de l’officine, Objectif Pharma a souhaité apporter une nouvelle vision de

la pharmacie. Wellpharma a commencé son déploiement début 2015 et compte à ce jour 83 pharmacies labellisées et plus de 49 000 consommateurs membres. Ce succès s’explique par un apport de solutions concrètes : un label de standards supérieurs de services, qui associe une communauté de consommateurs à l’évolution de l’offre officinale en s’appuyant sur un réseau de pharmaciens, la puissance du Web et des réseaux sociaux. Une révolution pour la pharmacie !

Petit déjeuner Robotik Technology PDA-A : Quand sécurité et productivité ne font qu’un !

Robotik Technology, société pionnière dans les solutions robotisées et automatisées, a choisi de décrypter les nombreux avantages à investir dans la mise en place d’un système

de PDA (préparation des doses à administrer) automatisé. La PDA-A permettrait une diminution, voire une quasi disparition du taux d’erreur, celui-ci passant de 15 % (PDA manuelle par des infirmiers) à 0,02 ‰ (PDA automatisée, normée et sécurisée, effectuée par des pharmaciens avec un robot), une baisse de 17 % des effets iatrogènes et une diminution de près de 20 % des dépenses effectuées par l’assurance maladie (moins d’hospitalisations, plus de génériques, moins de médicaments délivrés).

Déjeuner débat TEVA Comment agir pour limiter les risques iatrogéniques

chez les personnes âgées polymédiquées ? Résultats de l’étude IPOP

Teva Laboratoires participait aux 9es Rencontres avec un stand qui proposait une animation autour de « Simulation du vieillissement et délivrance de médicaments au comptoir ». Le dimanche 7 février, une

table ronde a été organisée sur le thème « Comment agir pour limiter les risques iatrogéniques chez les personnes âgées polymédiquées » au cours de laquelle ont été présentés en avant-première les premiers résultats de l’étude IPOP : Investigation des prescriptions délivrées en officine pour les personnes âgées. Discussion sur une problématique au cœur de l’actualité en présence d’un professeur, d’un pharmacien et d’un médecin :• Ordonnances et risques iatrogéniques, le patient polymédiqué âgé

à l’officine• La réalité médecins/pharmaciens face à ces risques• Débat/échange avec les participants

Déjeuner débat Astera L’officine reste un investissement gagnant ! Nouvelle

installation ou relance de son activité, le groupe ASTERA, première coopérative européenne de pharmaciens,

vous accompagne pour réussir votre projet.

L’accompagnement es t primordial lors d’une première installation, d’une reprise, d’une relance d’activité ou d’une décision d’investissements.

Astera propose «  Objectif installation  », une offre sur mesure orchestrée par l’ensemble de ses filiales (CERP Rouen, Oxypharm, Isipharm, LPA, etc.) pour accompagner le pharmacien dans son projet. Baisse du chiffre d’affaires, nouvelle rémunération, frilosité des banques, complexité du montage financier, opportunité de faire des travaux ou de se regrouper… Les équipes de professionnels spécialisés en officine d’ASTERA vous feront partager la richesse de leurs outils d’aide à la décision (géomarketing, prévisionnel financier, juridique, merchandising) et vous aideront à gérer la contrainte temps.

Conférence Meditech Pharma La robotisation de la pharmacie :

rentabilité du back-office et productivité au comptoir

L a r o b o t i s a t i o n e s t devenue cruciale pour le développement économique

des pharmacies. La solution privilégiée par MediTech est de supprimer l’ensemble des tâches ingrates et non rentables : gagner minimum 4 heures de manipulation journalière pour un stock 100 % juste et consacrer ce gain au développement du front office ou de présence aux comptoirs. La robotisation de MediTech vous permet d’augmenter votre chiffre d’affaires avec la même équipe sans déstabiliser l’activité back office. Pour cela, il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’intégration du robot dans votre pharmacie et évaluer les contraintes techniques de l’aménagement. Grâce à son savoir-faire, MediTech s’engage à vous proposer les meilleures solutions avec un accompagnement sur toutes les phases du projet.

AVRIL 2016 • PHARMA N°131 • 57

VU

2016

aux

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58 • PHARMA N°131 • AVRIL 2016

Et aussi…

Conférences OpenHealth Company• Le marché officinal, retour sur 2015 et perspectives 2016• Le self-care, opportunité de croissance pour l’officine ?

Conférence Pierre Fabre MerchandisingLe merchandising officinal, organisation et gestion pour optimiser le point de vente

Petit déjeuner Pierre Fabre NaturactiveStress et sommeil :

les solutions en phytothérapie et aromathérapie

Marque experte en santé naturelle, Naturactive (Laboratoires Pierre Fabre) proposait une conférence

sur l’utilisation des plantes et des huiles essentielles en cas de stress et de troubles du sommeil. Les situations et les événements vécus dans la journée ont un impact physiologique et psychique qui peut retentir sur la qualité du sommeil. Or une altération du sommeil constitue en elle-même une source de stress. Comment éviter cet enchaînement ? Associés à une hygiène de vie adaptée, phytothérapie et aromathérapie permettent une approche graduée, personnalisée et complémentaire. Cette session, présentée par Pierre-Louis Priolet, pharmacien et formateur Naturactive, a permis d’aborder le conseil officinal au travers des plantes et des huiles essentielles les plus utilisées.

Déjeuner débat Giropharm L’humain au cœur de la modernisation

de l’exercice officinal

Giropharm a présenté sa stratégie relationnelle centrée sur le patient-client. La qualité de la relation avec le patient est

primordiale et représente le principal vecteur de fidélisation à l’officine. La priorité de Giropharm est de se centrer sur la qualité de la prise en charge des patients dans les officines du réseau. Les attitudes relationnelles du pharmacien et des équipes doivent être adaptées et personnalisées. La robotisation est l’un des axes permettant au pharmacien de se libérer de tâches chronophages afin de consacrer davantage de temps à l’échange avec ses patients. Enfin, la mise en place de nouveaux services facilitant le quotidien (scan & collect, linéaires virtuels, alertes SMS, conseil interactif sur tablettes, piluliers, livraison à domicile…) et l’adaptation du point de vente modernisent la relation entre le pharmacien et ses patients-clients.

ABO

 !

Offre d’abonnement à

4 JE M’ABONNE À PHARMA (10 NOS)q Abonnement ..................................................75 e TTCq Étudiant (joindre photocopie de la carte d’étudiant) ..........50 e TTC

q Abonnement à l’étranger (10 nOS) q DOM TOM & Union européenne ........................................... 88 e TTCq Étranger hors UE .................................................................. 98 e TTC

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À nous retourner accompagné de votre règlement à : Expressions Pharma • 2, rue de la Roquette • Passage du Cheval-Blanc • Cour de mai • 75 011 Paris • Tél. : 01 49 29 29 29 • Fax : 01 49 29 29 19 • E-mail : [email protected]

Phar

ma

131

La dépendance est définie comme un en-semble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques dans lesquels

l’utilisation d’une substance psychoactive ou d’une catégorie de substances entraîne un dé-sinvestissement progressif des autres activités.La caractéristique essentielle de ce syndrome consiste en un désir souvent puissant et par-fois compulsif de boire de l’alcool, de fumer du tabac ou de prendre une autre substance psychoactive. Voilà 20 ans que le Subutex est commercialisé en France. En 1996, notre pays faisait figure d’exception mondiale en permettant la pres-cription d’emblée par des médecins de ville et la délivrance par les pharmaciens d’officine.Retour sur la prise en charge des addictions à l’alcool et aux opiacés en France.

Le mésusage concernerait 15 %

des usagers du Subutex.

3,8 millions de consommateurs

d’alcool à risque en France en 2010.

2,7 boîtes de médicaments psychotropes remboursées

par an et par habitant de plus de 20 ans en France en 2011.

CAHIER 2 DU N° 129 • FÉVRIER 2016

ADDICTIONS

1 – Hors de l’espace Schengen, les patients sous traitement de substitution par méthadone ne sont pas autorisés à voyager avec leur traitement.

2 – L’Aotal provoque un eff et antabuse chez les patients en sevrage alcoolique.

3 – Le passage de la forme sirop à la forme gélule pour la prescription de méthadone nécessite une ordonnance de délégation.

4 – La prise de méthadone provoque chez la femme enceinte des retards de croissance intra-utérins (RCIU).

QUIZ

Réponses p.8

DOSSIER

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1

Le diabète est une pathologie définie par

une élévation chronique de la concen-

tration de glucose dans le sang (ou hy-

perglycémie) due à une carence totale

ou partielle de la sécrétion d’insuline.

On distingue trois sortes de diabète :

• le diabète de type 1, une maladie

auto-immune dans laquelle la pro-

duction d’insuline par le pancréas est

quasiment nulle ;• le diabète de type 2, caractérisé par

une insulinorésistance associée à un

surpoids, et qui représente 90 % des

diabètes ;• le diabète gestationnel.

Une personne meurt

toutes les 6 secondes du diabète dans

le monde.

80 % des personnes

atteintes de diabète

vivent dans des pays

à faible et moyen revenu.

382 millions de personnes

étaient atteintes de diabète

en 2013. On estime que cette

pathologie touchera 592 millions

d’individus en 2035.

CAHIER 2 DU N° 130 • MARS 2016

DIABÈTES

1 – Trulicity est un nouvel antidiabétique oral utilisé

dans le traitement du diabète de type 2.

2 – Enceinte, une femme atteinte de diabète

de type 2 doit passer sous insulinothérapie.

3 – Abasaglar est un analogue de l’insuline humaine

d’action intermédiaire.

4 – Lors d’un voyage en avion, les diabétiques

doivent parfois adapter leur traitement.

QUIZ

Réponses p.8

DOSSIER

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FORM

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N N° 7

VRAI OU

FAUX ?

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