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« TRANSFORMATION NUMERIQUE ET DIVERSIFICATION

ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE : ENJEUX, DEFIS ET

OPPORTUNITES »

RAPPORT PROVISOIRE

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SOMMAIRE

1. INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 4

1.1 Contexte de l’étude ................................................................................................................................... 4

1.2 Objectifs de l’étude ................................................................................................................................... 5

1.3 Méthodologie, plan et limitations de l’étude .......................................................................................... 5

2. GRANDES TENDANCES DE L’ECONOMIE NUMERIQUE AU NIVEAU MONDIAL ET

REGIONAL .................................................................................................................................................... 6

2.1 A propos de l’économie numérique ........................................................................................................ 6

2.2 L’économie numérique au niveau mondial .......................................................................................... 11

2.2.1. L’écosystème de l’économie numérique et son impact économique ...................................... 11

2.2.2 Opportunités, enjeux, risques et défis liés à l’économie numérique ....................................... 18

2.3 L’économie numérique au niveau continental ..................................................................................... 20

2.3.1 L’économie numérique : un socle pour la mise en œuvre de la vision 2063 de l’Union

Africaine ................................................................................................................................................ 20

2.3.2 Quelques indicateurs de performance et d’impact de l’économie numérique en Afrique .... 24

3. ETATS DES LIEUX DE L’ECONOMIE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE ................... 27

3.1 Infrastructures de communications et services numériques .............................................................. 27

3.1.1 Les services de télécommunications et les services numériques ....................................... 27

3.1.2 Infrastructures de communications électroniques ............................................................ 32

3.2 Politiques nationales et sous régionales ................................................................................................ 33

3.2.1 Au niveau national .................................................................................................................. 33

3.2.2 Au niveau sous régional .......................................................................................................... 37

4. OPPORTUNITES ET DEFIS DE L’ECONOMIE NUMERIQUE POUR L’ACCELERATION DE

LA DIVERSIFICATION ECONOMIQUE ET DE L’INDUSTRIALISATION DANS LA SOUS-

REGION ........................................................................................................................................................ 40

4.1 Opportunités ........................................................................................................................................... 40

4.2 Défis……………. .................................................................................................................................... 48

5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS .................................................................................... 52

5.1 Conclusions ............................................................................................................................................. 52

5.2 Recommandations .................................................................................................................................. 53

Annexe 1 : Définition de la terminologie utilisée dans ce rapport ........................................................... 58

Annexe 2. Contribution des TIC à la réalisation des ODD ....................................................................... 60

Annexe 3 : Chaine des valeurs de l’économie numérique ......................................................................... 61

Annexe 4 : Principales écoles d’ingénieurs (ou universités), centres de recherche et cours en ligne en

Afrique …..………………………………………………………………………………………………….61

Annexe 5 : Tarifs d’interconnexion dans les pays de la CEEAC - ITU Résultats - Enquête 2018 ........ 63

Annexe 6 : Liste des points d’atterrissement et leur capacité , CEEAC (années les plus récentes) ...... 64

Annexe 7 : Taux de pénétration du téléphone fixe, CEEAC, 2017 .......................................................... 65

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Annexe 8 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande, CEEAC et le

Monde, 2017 .................................................................................................................................................. 65

Annexe 9 : Taux de pénétration de l’internet, pourcentage d’habitations ayant accès à internet et

pourcentage d’habitations disposant d’un ordinateur, CEEAC, 2017 .................................................... 66

Annexe 10 : Nombre de points d’échange internet, CEEAC, 2017 .......................................................... 66

Annexe 11 : Indice du E-commerce, Afrique, 2018 ................................................................................... 67

Annexe 12 : Mobile-cellular basket, Monde, 2017 ..................................................................................... 69

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1. INTRODUCTION

1. Les experts sont de plus en plus unanimes pour affirmer que les technologies de l’information

et de la communication (TIC) occupent une place de plus en plus incontournable dans les sociétés

du XXIème siècle. La transformation numérique induite par les TIC a ainsi contribuer à la croissance

économique, à la création d’emplois directs et indirects, au développement des ressources humaines

et au renforcement des institutions. Dans le cas spécifique de l’Afrique Centrale, il est question dans

cette étude, d’étudier les voies et moyens de mieux tirer profit des opportunités offertes par le

numérique afin d’accélérer le processus de diversification économique et d’industrialisation, et de

s’inscrire dans l’ère de la quatrième révolution industrielle. Telle est la problématique de cette étude

que le Bureau Afrique Centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique

(BSR-AC/CEA) a décidé de mener au bénéfice de ses Etats membres.

1.1 Contexte de l’étude

2. L’Afrique est le continent dont la population connait la plus forte croissance démographique

(soit un taux de croissance annuel de 2,5% contre un taux de 1,12% au niveau mondial), avec une

forte proportion de population jeune. Selon le rapport « La consommation en Afrique - Le marché

du XXIe siècle » du cabinet Deloitte1, plus de 200 millions d’Africains, soit plus de 20 % de la

population totale de jeunes, sont âgés de 15 ans à 24 ans. Il précise que ce chiffre devrait passer à

321 millions d’ici à 2030 et que les jeunes Africains, soit une grande partie de la classe moyenne

émergente, aspireront à un plus grand choix de produits et de services, ainsi qu’à une plus grande

connectivité. L’Afrique devrait devenir le deuxième marché le plus important pour les

investissements des sociétés européennes des biens de consommation.

3. Cette tendance est davantage importante dans le domaine des TIC. En effet, l’Afrique Sub-

Saharienne enregistre le taux le plus élevé de croissance des télécommunications mobiles dans le

monde, avec un taux annuel composé (CAGR) de 6,1%, selon le rapport 2017 de GSMA sur

l’économie du secteur mobile en Afrique Sub-Saharienne2, et cette tendance devrait se poursuivre

sur plusieurs années encore. Quelques pays africains ont innové et sont devenus leaders dans des

domaines spécifiques, à l’instar du Kenya pour ce qui est de la finance mobile avec plus de 2,5

millions de transactions par jour, permettant ainsi une meilleure lisibilité et traçabilité de ces

transactions, un plus grand accès aux services financiers, et plus de transparence, entre autres. En

outre, l’Afrique a le plus grand taux de progression du nombre de consommateurs B2C en ligne sur

la période 2013 – 2018, soit 82% de croissance par rapport à une moyenne mondiale de 50% sur la

même période3, même si le pourcentage de la population ayant effectué un achat en ligne reste encore

l’un des plus faibles, soit 7,1%. Ce développement des TIC est de nature à contribuer à l’atteinte des

ODD, ainsi qu’affirme Houlin Zhao, Secrétaire Général de l’UIT : « Les TIC offrent des possibilités

exceptionnelles pour accélérer les progrès en matière de réalisation des ODD et améliorer la vie

des personnes de façon radicale4 ». Par ailleurs, la sous-région dispose d’un potentiel en ressources

1 https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/fpc/Documents/secteurs/consumer-business/deloitte_consommation-

en-afrique_juin-2015.pdf 2 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download 3CNUCED (2015) « Rapport 2015 sur l’économie de l’information de la CNUCED intitulé : Libérer le potentiel du

commerce électronique pour les pays en développement 4 Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD, ITU Magazine n°3/2017

https://www.itu.int/en/itunews/Documents/2017/2017-03/2017_ITUNews03-fr.pdf

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4. Pour ce qui est de l’Afrique Centrale, la plupart des pays se trouvent affectés par

l’effondrement des cours des principaux produits de base, dont le pétrole, et font face à des

déséquilibres macroéconomiques importants marqués par un fléchissement de la croissance

économique. Lors de la 33eme session du Comité Intergouvernemental d’Experts (CIE) d’Afrique

Centrale, tenue en 2017 à Douala (Cameroun), à travers le Consensus de Douala, un appel à l’action

a été lancé en direction des acteurs majeurs des secteurs public et privé, pour passer du cercle vicieux

de l’exportation des matières premières non transformées au cercle vertueux de l’ajout de la valeur

aux ressources naturelles, grâce à la diversification et l’industrialisation de leurs économies.

5. La transformation numérique est un pilier clé des

stratégies de diversification économique et

d’industrialisation. En prenant l’exemple du commerce

électronique, qui s’appuie sur la chaine logistique pour

son développement, il apparait que l’intégration sous

régionale ou encore la zone de libre-échange

continentale africaine (ZLECAf) sont des cadres

favorables à l’essor de l’économie numérique.

6. Cherchant l’opérationnalisation du Consensus de Douala, la 35eme session du CIE porte sur

le thème « Transformations numériques et diversification économique en Afrique Centrale : enjeux,

défis et opportunités ».

1.2 Objectifs de l’étude

Objectif général :

7. Ce rapport cherche à identifier les voies et moyens en vue de catalyser la transformation

numérique pour la diversification économique et la création de nouvelles opportunités de croissance

et d’emplois en Afrique Centrale.

Objectifs spécifiques :

8. De manière spécifique, il cherche à :

- Faire un état des lieux sur l’économie numérique en Afrique centrale ;

- Analyser les facteurs facilitateurs et ceux qui constituent des freins à son expansion et contribution

à la diversification économique et à l’industrialisation ainsi qu’au processus d’intégration régionale

dans le cadre de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) ;

- Formuler des recommandations d’actions à mettre en œuvre destinées aux Etats membres, aux

Communautés économiques régionales, aux organisations internationales, au secteur privé, aux

universités et aux bailleurs de fonds.

1.3 Méthodologie, plan et limitations de l’étude

9. La méthodologie qui a été adoptée pour cette étude comprend essentiellement la recherche

documentaire et de données secondaires disponibles auprès des organisations nationales, sous

régionales, régionales et internationales spécialisées en la matière. Les indicateurs utilisés sont ceux

qui sont consacrés par l’UIT ou la CNUCED dans le cadre de leurs missions respectives.

Comment faire de l’internet

un bien public ?

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L’élaboration du rapport a bénéficié d’une interaction constante entre le consultant et les experts du

BSR-AC/CEA.

10. Après avoir présenté les grandes tendances de l’économie numérique au niveau mondial et

régional, un état des lieux de l’économie numérique en Afrique Centrale est dressé afin de disposer

d’une bonne connaissance de l’existant. L’analyse de l’existant combinée avec les tendances

générales nous a permis de dégager les opportunités et défis pour l’accélération de la diversification

économique et de l’industrialisation dans la sous-région, desquels découleront les conclusions et

recommandations de ce rapport.

11. Cette étude démontre que l’économie numérique se développe rapidement, qu’il s’agisse des

biens et services TIC ou des biens et services fondés sur les TIC et cela se traduit par l’accroissement

de leur taux de pénétration, ainsi que par l’importance accrue qu’occupent ces entreprises dans les

économies nationales. Les technologies numériques améliorent l’efficacité et la productivité des

entreprises, administrations et organisations qui les adoptent en effectuant leur transformation

numérique, en même temps qu’elles facilitent l’inclusion. Elles entrainent des changements profonds

dans la façon de produire, de commercialiser et dans l’organisation du travail, et ont permis

l’apparition de nouveaux modèles d’affaires disruptifs. Elles permettent des créations d’emplois,

mais aussi des destructions d’emplois.

12. Cette tendance générale qui fait du numérique un catalyseur du développement économique,

vaut également pour l’Afrique Centrale. Sur la base de leurs avantages comparatifs et dynamiques,

tout en s’appuyant sur une population ayant une forte proportion de jeunes, les pays de la sous-

région, en fonction de leur particularité, pourront trouver dans ce rapport des pistes de solution pour

passer à des économies plus diversifiées et a une phase d’industrialisation en maitrisant l’usage et le

développement des outils numériques.

13. Ce processus de diversification économique s’appuyant sur le numérique pour la création de

la valeur et des richesses ne peut être opérant que si les défis que ce rapport a dû affronter pour son

élaboration sont levés. Il s’agit essentiellement de la faible disponibilité de statistiques et d’études

portant sur la dynamique de la transformation numérique dans les pays de la sous-région ; le manque

de documents structurants sous forme de politiques et stratégies ; et la faiblesse des institutions de

suivi et d’évaluation. Toute cette armature aurait pu nous aider à mieux évaluer les progrès réalisés

avec les mécanismes et les outils, les leçons apprises avec les réussites et les échecs, le rôle du secteur

privé et des universités, en plus de celui des investisseurs étrangers.

2. GRANDES TENDANCES DE L’ECONOMIE NUMERIQUE AU NIVEAU

MONDIAL ET REGIONAL

2.1 A propos de l’économie numérique

14. L’économie numérique est mondialement reconnue comme étant un vecteur de croissance,

de productivité et de compétitivité des entreprises, des organisations et des pays. Son caractère

transversal fait qu’elle impacte tous les domaines de la vie et les secteurs de l’économie. Il importe

de définir ce concept et ceux qui y sont relatifs pour en circonscrire l’usage par la suite. Une

définition des principaux termes techniques utilisés dans ce rapport apparait en Annexe 1.

15. Définition de l’économie numérique : il n’en existe pas une seule qui soit universellement

reconnue. Nous donnons ci-après celle de la CNUCED. Selon le Rapport 2017 de la CNUCED sur

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l’économie de l’information5, l’économie numérique est caractérisée par son champ d’application de

base qui peut être étroit ou large. Le champ d’application étroit concerne le secteur de la production

télématique et englobent divers services numériques (par exemple, les services des centres d’appel

externalisés) et les services de l’économie des plateformes (par exemple Facebook et Google). Le

champ d’application large comprend l’utilisation de diverses technologies numériques dans

l’exécution d’activités telles que celles menées dans les secteurs des affaires électroniques, du

commerce électronique, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Cette définition est

illustrée par la figure ci-après.

Figure 1 : Représentation

de l’économie numérique

Source : Rapport 2017 de

la CNUCED sur

l’économie de

l’information6

16. Toujours selon la CNUCED et extrait du Rapport sur l’investissement dans le monde 2017 :

« L’investissement et l’économie numérique »7, l’économie numérique est l’application des

technologies numériques fondées sur internet à la production et au commerce des biens et services.

Ladite production et ledit commerce des biens et services sont subdivisés en deux : la production et

le commerce des biens et services TIC et la production et le commerce des biens et services fondés

sur les TIC.

5 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 6 Idem 7 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/wir2017_overview_fr.pdf

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Encadré 1 : Définition de l’économie numérique telle que contenue dans le « Plan stratégique Cameroun

numérique 2020 »

17. La figure suivante donne une composition de l’économie numérique qui permet également

de cerner davantage cette notion. Cette Figure illustration en trois cercles concentriques présente une

nette similarité avec la définition portant sur trois dimensions de l’encadré ci-dessus.

Figure 2 : Composition de l’économie numérique

Source : « l’impact de l’économie numérique, revue Sociétal n°1, 2011 ».

18. Au sein du Système des Nations Unies, la vision en matière de développement de l’économie

numérique au niveau mondial est portée par la Commission «Le large bande au service du

développement durable» créée en mai 2010, qui comprend l’Union internationale des

télécommunications (UIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la

culture (UNESCO) et de hauts dirigeants des secteurs public et privé, ainsi que d’organismes

internationaux et d’organisations qui œuvrent pour le développement. La vision de la Commission

L’économie numérique revêt trois dimensions :

La première, qui est qualifiée de cœur de l’économie numérique, repose notamment sur le

développement des infrastructures de communications électroniques fixes et mobiles large bande,

le développement des secteurs de l’informatique et de l’électronique.

La deuxième dimension regroupe les activités dites de la nouvelle économie, qui sont des activités

nées du développement des TIC et qui découlent directement de l’existence du cœur du numérique,

c’est-à-dire des infrastructures large bande et de l’internet. Les plateformes de services en ligne

en font partie.

La troisième dimension porte sur la transformation des secteurs d’activités, des organisations, des

structures et des usages existants par l’intégration des TIC dans les processus de production et la

gestion de la relation client (e-commerce, e-santé, e-éducation, e-Administration, …). C’est ici

qu’on parle de transformation numérique.

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est de « connecter l’autre moitié », partant du fait qu’environ 50% de la population mondiale est

d’ores et déjà connectée sur internet.

Encadré 2: Les sept cibles de la Vision à l’horizon 2025 de la Commission «Le large bande au service du

développement durable»

D’ici 2025, tous les pays devraient disposer d’un plan ou d’une stratégie au niveau national doté

de financements dans le domaine « du large bande » ou intégrer « le large bande » dans leurs

définitions de l’accès/du service universel.

D’ici 2025, les services à large bande d’entrée de gamme devraient être rendus financièrement

abordables dans les pays en développement, où ils devront représenter moins de 2% du revenu

national brut mensuel par habitant.

D’ici 2025, le taux de pénétration du large bande/de l’Internet devrait atteindre: a) 75% à

l’échelle mondiale b) 65% dans les pays en développement c) 35% dans les pays les moins

avancés.

D’ici 2025, 60% des jeunes et des adultes devraient avoir acquis un niveau minimum de maîtrise

en matière de compétences numériques durables.

D’ici 2025, 40% de la population mondiale devrait recourir à des services financiers numériques.

D’ici 2025, l’absence de connexion devrait être deux fois moins importante dans les

microentreprises et les petites et moyennes entreprises.

D’ici 2025, l’égalité entre les hommes et les femmes devrait être atteinte pour toutes les cibles.

Source : Commission « Le large bande au service du développement durable8».

19. L’Union internationale des télécommunications (UIT) qui est l’organisation des Nations

Unies spécialisée dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC)

a défini en 2018 sa vision pour : « une société de l'information s'appuyant sur un monde

interconnecté, où les télécommunications/technologies de l'information et de la communication

permettent et accélèrent une croissance et un développement socio-économiques et

écologiquement durables pour tous ».

20. Dans le cadre de l’agenda 2030 des Nations Unies où la communauté internationale a fixé 17

objectifs de développement durable (ODD), plusieurs études ont fait ressortir le rôle crucial que

peuvent jouer les technologies numériques. Aussi, selon le Rapport 2017 de la CNCED sur

« L’économie de l’information9 », les TIC, le commerce électronique et d’autres applications

numériques peuvent servir à promouvoir l’entrepreneuriat, notamment en assurant l’autonomisation

des femmes en tant que chefs d’entreprise et commerçantes (ODD5, cible b), les activités

productives, la créativité et l’innovation, ainsi que la création d’emplois décents. Ils peuvent

également stimuler la croissance des microentreprises et des petites et moyennes entreprises

(MPME) et faciliter leur intégration dans le secteur formel, notamment par l’accès aux services

financiers fondés sur les TIC (ODD 8, cible 3). Il est possible d’utiliser les solutions numériques

pour faciliter l’accès des MPME des pays en développement aux services financiers (paiements en

ligne et par téléphone mobile) et aux marchés (par exemple, en exploitant les possibilités offertes par

les marchés virtuels), ainsi que pour permettre leur intégration aux chaînes de valeur (ODD 9, cible

8 https://broadbandcommission.org/Documents/Translated%20Documents/Targets/Targets2025%20French.pdf 9 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf

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3). En outre, le commerce électronique va jouer un rôle de plus en plus important dans la réalisation

de l’ODD 17, cible 11 qui vise à accroitre les exportations des pays en développement et doubler la

part des pays les moins avancés dans les exportations mondiales d’ici 2020 (Voir Annexe 2).

21. Selon le dictionnaire du web10, la transformation numérique désigne le processus qui

consiste, pour une organisation, à intégrer pleinement les technologies digitales dans l’ensemble de

ses activités. Ainsi, la transformation numérique est une démarche continue qui consiste en

l’automatisation, par le biais des TIC, des processus internes (production, ressources humaines,

administration et finance), l’utilisation des TIC pour la dématérialisation de la gestion de la relation

client et la désintermédiation, et la réinvention du modèle économique pour se démarquer de ses

concurrents et disposer d’un avantage compétitif. La transformation numérique des entreprises et des

organisations est devenue un enjeu capital. En effet, selon une étude du cabinet McKinsey effectuée

en 2014 intitulée « Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et

de compétitivité pour la France11 », les entreprises qui réussissent leur mutation numérique ont une

augmentation brute potentielle de leur résultat opérationnel de 40% alors que celles qui ne

parviennent pas à s’adapter au numérique courent le risque de voir leur résultat opérationnel baisser

de 20%. Les résultats de cette étude extrapolés dans le contexte africain où l’arrimage au numérique

est plus faible, laissent entrevoir un risque plus grand pour les entreprises dans leur processus de

transformation numérique.

22. La transformation numérique est ainsi, et très souvent, un phénomène disruptif. A titre

d’exemple les plateformes de gestion de la mobilité urbaine, de la finance (Fintech), des assurances

(Insurtech) ou les réseaux sociaux offrant des services de télécommunications traditionnelles (OTT-

Over the top) ont non seulement intégré les TIC dans l’ensemble de leur processus, mais elles ont

innové en mettant en place un modèle économique leur permettant de devancer les concurrents se

trouvant déjà sur le marché. La transformation numérique, telle que définie ci-dessus, ne saurait

donc se limiter à numériser les processus et les outils auparavant utilisés pour faire la même chose

que ce que l’on faisait avant. Il s’agit en effet de réoptimiser l’ensemble du système de production,

des offres et de la relation clientèle en tenant compte des TIC.

23. De manière générale et de plus en plus, la société de l’information est associée à ce qu’il est

convenu d’appeler la 4ème révolution industrielle ou encore « Industrie 4.0 ». Dans un monde

interconnecté, qui le sera encore davantage dès l’avènement de la technologie mobile 5G, avec en

perspective plus d’abonnements aux télécommunications que d’humains sur la planète, de plus en

plus d’objets connectés (Internet des objets), de gigantesques volumes de données (Big data)

concernant tout (individus, organisations, équipements, services d’éducation ou de santé, etc.) vont

être échangés et traités au moyen de l’intelligence artificielle (IA). C’est l’IA qui est à la base des

systèmes dits intelligents qui ont donné lieu à des innovations majeures comme la voiture autonome,

la reconnaissance vocale ou la vision intelligente. L’importance des données dans l’économie

numérique est telle qu’elles sont qualifiées de nouvel « or noir » en comparaison au rôle joué

antérieurement par les hydrocarbures dans l’économie.

24. Il est tout à fait indiqué d’examiner les facteurs qui sont à la base des progrès continus que

connait le développement de l’économie numérique, à savoir les drivers. Selon le rapport intitulé

10 https://www.1min30.com/dictionnaire-du-web/transformation-digitale-numerique 11https://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/Locations/Europe%20and%20Middle%20East/France/Our%20Insigh

ts/Accelerer%20la%20mutation%20numerique%20des%20entreprises/Rapport_Accelerer_la_mutation_numerique_de

s_entreprises.ashx

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« Le Regard : analyse des drivers de l’économie numérique12 » du Cabinet Mawensi Partners,

l’économie numérique de demain est tirée par cinq drivers : le réseau, les usages, l’accès, la

régulation et business model, et l’évolution de l’écosystème. Ces cinq drivers sont interdépendants à

travers un processus vertueux qui fait que le développement de l’un entraine celui des autres.

Figure 3 : Les cinq drivers de l’économie numérique

Source : « Le Regard, Mawensi Partners, 2013 »

25. Les services et les usages (e-santé, e-éducation, e-gouvernement, e-sécurité, e-finance, etc.)

se développent grâce aux innovations de l’IA qui devient un enjeu principal de la recherche &

développement de ce 21e siècle, comme l’a été par exemple la recherche spatiale. Cette importance

est telle que les Ministres des TIC et de l’innovation du G7ont adopté, au cours de leur réunion en

2017, une déclaration au sujet de l’IA dans laquelle ils ont exprimé une vision de l’IA centrée sur

l’humain et axée sur l’innovation et la croissance économique et se sont engagés à investir dans la

R-D de base et la R-D appliquée précoce en vue de produire des innovations en IA, et soutenir

l’entrepreneuriat en IA.

2.2 L’économie numérique au niveau mondial

2.2.1. L’écosystème de l’économie numérique et son impact économique

26. Telle que précédemment définie, l’économie numérique renvoie à la production et au

commerce des biens et services TIC, ainsi qu’à la production et au commerce des biens fondés sur

12 https://www.mawenzi-partners.com/publication/Le-Regard-Mawenzi-Partners--5---Drivers-du-num--rique.pdf

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les TIC. Dans la chaine des valeurs, les équipementiers télécom et réseaux qui conçoivent et

fabriquent les composants, matériels et logiciels (terminaux, centraux, routeurs, passerelles, répéteur

de transmission, etc.) viennent en premier, suivis par les opérateurs de télécommunications fixes,

mobiles et d’internet, puis les fournisseurs de services et autres plateformes complètent la chaine

(La chaine des valeurs complète de l’économie numérique est jointe en Annexe 3).

27. Pour ce qui est des biens TIC (ordinateurs personnels (PC) et smartphones), les récentes

tendances montrent que les ordinateurs personnels, toutes catégories confondues (de bureau ou

portables, bureautiques) ont vu leur vente décliner de 3,6 % au troisième trimestre 2017 (juin à

septembre) par rapport à la même période en 2016, selon le cabinet Gartner. Ainsi, seulement

67 millions d'unités se sont écoulées en 2017, contre 69,5 millions d’unités en 2016. Il s'agit là du

12e trimestre consécutif de baisse des ventes. En revanche, selon le cabinet IDC13, les ventes de

Smartphone dans le monde en nombre d’unités, se sont accrues de manière soutenue, de 2011 à 2016,

avant de connaitre un léger ralentissement par la suite. Il y a lieu de noter que six équipementiers

seulement détiennent 75% des parts de marché. Durant toute cette période, leur chiffre d’affaires a

constamment augmenté, malgré le léger repli, en termes d’unités vendues. En début de la période

considérée, c’est-à-dire en 2011, Nokia était le numéro un mondial, mais il ne figure plus parmi les

leaders du domaine. Samsung a pris la 1ère place depuis 2012, et se démarque de ses concurrents par

les innovations ; la dernière en date étant le smartphone pliable.

Graphique 1 : Evolution des ventes totales de smartphone dans le monde (en millions d’unités) de 2011 à 2018

Source : Cabinet IDC.

28. Pour ce qui est des services TIC, et notamment des activités de fourniture des services de

télécommunications fixes et mobiles, et d’internet dans le monde, plusieurs indicateurs sont utilisés

dont i) le taux de pénétration du téléphone fixe, du téléphone mobile, du téléphonie mobile large

bande, ii) le pourcentage de foyers disposant d’un ordinateur, iii) le pourcentage de foyers ayant un

accès internet à domicile et iv) le pourcentage d’individus utilisant l’internet. De manière générale,

le taux de pénétration des télécommunications fixe décline, alors que celui du mobile et de l’internet

13 https://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-les-ventes-de-mobiles-et-de-smartphones-39789928.htm

0.00

200.00

400.00

600.00

800.00

1,000.00

1,200.00

1,400.00

1,600.00

2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

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13

est en hausse. Ces taux, qui constituent en fait des moyennes mondiales, masquent les disparités

énormes existant entre les pays développés et ceux en développement.

Graphique 2 : Evolution de 2011 à 2018 du taux de pénétration du téléphone fixe, mobile, mobile large bande et

d’internet

Source : Extrait de la base de données ICTEYE de l’UIT14

29. Les services fournis au sein de l’écosystème de

l’économie numérique sont divers et variés, et en

constituent le principal driver. Les plateformes (e-mail, e-

commerce, musique, vidéo, réseau social, service télécom et

informatique) connaissent un essor phénoménal et tirent

vers le haut le développement des réseaux dont elles

siphonnent en partie les revenus (OTT). Certaines de ces

plateformes telles que les GAFAM (Google, Apple,

Facebook, Amazon et Microsoft) ont vu leurs chiffres

d’affaires (CA) exploser (326 milliards de dollars US de CA

en 2014, soit l’équivalent du PIB du Danemark, 35è

puissance économique mondiale). Elles occupent une

position dominante sur le marché, après avoir racheté leurs concurrents, innové ou développé une

politique commerciale offensive. Leur croissance est telle que, parmi les plus dix grandes

capitalisations boursières, leur nombre est passé de deux (à un moment les entreprises pétrolières

dominaient) à six de 2011 à 2018. Le graphique suivant montre que les principales capitalisations

boursières en 2011 étaient constituées de sociétés pétrolières telles que Exxon mobil, Petrochina ou

Petrobras, mais qu’en 2018, elles ont toutes cédées la place aux GAFAM.

14 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

-

20.0

40.0

60.0

80.0

100.0

120.0

2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Tau

x

Année

Taux de pénétration du

téléphone fixe

Taux de pénétration du

téléphone mobile

Taux de pénétration du

moblie large bande

Pourcentage de foyers ayant

un ordinateur

Pourcentage de foyers ayant

un accès internet

Pourcentage de parsonnes

utilisant internet

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14

Graphique3 : Comparaison du domaine des principales capitalisations boursières entre 2011 et 2018

Source : magazine FORTUNE via le site web15

30. Pour ce qui est des services fondés sur les TIC, malgré le manque de statistiques officielles

tel que souligné dans le rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED

« Numérisation, commerce et développement16 », nous pouvons souligner les évolutions, par

exemple, de L'e-Gouvernement. L'utilisation des technologies de l'information et de la

communication (TIC) par les administrations publiques pour rendre les services publics accessibles

à leurs usagers et pour améliorer leur fonctionnement interne, voire les repenser pour améliorer la

transparence ainsi que la productivité de l'administration et des services rendus, est un aspect

important pour apprécier le développement de l’économie numérique. En fait, il s’agit de rendre les

informations au sein des administrations disponibles et accessibles en ligne, de délivrer des services

directement en ligne (obtention d’autorisations et de permis divers tels que le permis de conduire, le

permis de bâtir, les visas ou la déclaration et le paiement des impôts) ou de rendre ces services publics

15 https://www.journaldunet.com/management/direction-generale/1159250-entreprises-les-plus-riches-du-monde/ 16 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450

EXXON Mobil

PETROCHINA

APPLE Inc,

INDUSTRIAL&COMMERCIAL BANK of CHINA

PETROBRAS

BHP Billiton

CHINA CONSTRUCTION BANK

ROYAL DUTCH SHELL

CHEVRON Coorp

MICROSOFT

Capitalisation boursière en milliards de $ en 2011

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

APPLE Inc.

ALPHABET (ex GOOGLE)

MICROSOFT

AMAZON

TENCENT

BERSHIRE HATHAWAY

ALIBABA

FACEBOOK

JPMorgan&Chase

Jonhson&Jonhson

Capitalisation boursière en milliards de $ en 2018

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

15

plus accessibles. Le graphique ci-après montre comment, de par le monde, les administrations

publiques ont de plus tendance à utiliser les TIC dans leur relation avec les citoyens.

Graphique 4 : Pourcentage des Gouvernements (%) ayant des sites web, avec des services utilisés, y compris par les

couches vulnérables de la population.

L’économie numérique est à la base de la 4e révolution industrielle.

Comme les trois autres révolutions qui l’ont précédée, aucun pays ne saurait rester en marge.

31. L’économie numérique impacte la vie des citoyens, des entreprises, des administrations et

autres organisations en favorisant le tissage de liens sociaux, en minimisant les coûts et les délais, en

élargissant l’accès aux marchés, et en simplifiant et dématérialisant les procédures administratives.

Au niveau macro-économique, la contribution des TIC et du numérique au PIB permet de chiffrer

leur apport. Des études ont d’ailleurs montré que la croissance du numérique et la croissance du PIB

sont positivement corrélées. De même, avec la réduction des coûts et des délais, on arrive à accroitre

la productivité du travail et la rentabilisation du capital.

Graphique 5 : Poids du secteur des TIC dans le PIB pour les pays de l’OCDE en 2013

Source : OCDE 2015 « Perspectives de l’économie numérique de l’OCDE »17

17 https://read.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/perspectives-de-l-economie-numerique-de-l-

ocde_9789264243767-fr#page48

Pour les pays développés,

le secteur du numérique

représente en moyenne

6% du PIB

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

16

32. En ce qui concerne les entreprises, l’automatisation des processus et des moyens de

production et de commercialisation accroit leur productivité. Le rapport sur le développement dans

le monde 2016 du Groupe de la Banque Mondiale « Les dividendes du numérique18» précise que les

technologies numériques augmentent la productivité du capital humain et la rentabilité dans la quasi-

totalité des secteurs de l’économie. Il illustre cela par l’exemple du Viêt-Nam où les entreprises qui

font le commerce en ligne ont une productivité totale des facteurs supérieure de 3,6 points à celle des

entreprises qui n’en font pas.

33. Pour ce qui est de la création d’entreprises et d’emplois, deux effets sont enregistrés : D’un

côté on observe une création d’emplois et de l’autre leur destruction et redistribution. La création

d’entreprises et d’emplois est entrainée par l’innovation et la disruption qui sont au centre des progrès

de l’économie numérique. Selon le même rapport sur « Le développement dans le monde 2016 » du

Groupe de la Banque Mondiale19, dans les pays en développement, le secteur des TIC n’emploie en

moyenne que 1 % environ de la population active alors que dans les pays de l’OCDE, environ 3 à 5

% des emplois sont dans ce secteur, ce qui est faible en comparaison de leur poids global dans

l’économie. Cependant, une création d’emploi dans le secteur des TIC crée d’autres emplois dans

d’autres secteurs à cause de ses effets multiplicateurs et dynamisant. En outre, de nouvelles

opportunités de création d’entreprises et d’emplois indépendants s’ouvrent rapidement dans

l’économie numérique. Il s’agit très souvent d’emplois de haute technicité nécessaires pour la

conception et la production de solutions logicielles et matérielles adaptées. Pour les pays et régions

disposant d’une main d’œuvre qualifiée et bon marché, l’externalisation (à l’instar des centres

d’appels) est une source de création d’emplois non négligeable.

34. En revanche, la plupart des emplois manuels et les

tâches répétitives et routinières (secrétaires et employés de

bureau, techniciens de fabrication ou de réparation,

caissiers, chauffeurs, gardiens, etc.) risquent d’être

supprimés. Or ce type d’emplois étant habituellement peu

rémunéré et exercé par ceux ayant de faibles

qualifications, il y a des risques de pertes d’emplois. Bien

plus, grâce aux avancées de l’intelligence artificielle et de

la robotique, certaines activités intellectuelles (traducteur,

conseil juridique ou fiscal, etc.) pourront être

automatisées, entrainant ainsi de possibles suppressions

d’emplois.

35. Les experts considèrent globalement que les

créations d’emplois pourront largement compenser les

pertes si des dispositions appropriées sont prises, car on assiste moins à une destruction qu’à une

redistribution des emplois. Selon le rapport 2017 du cabinet McKinsey & Co « Jobs lost, jobs

gained : work-force transitions in a time of automation20 » d’ici 2030, ceux-ci peuvent atteindre soit

800 millions d'emplois humains, 400 millions d’emplois humains ou 10 millions d’emplois humains,

selon que le rythme de transformation soit élevé, moyen ou lent. Malgré ces pertes d’emplois, ce

même rapport prévoit qu’il y aura une croissance de la demande de travail et par conséquent une

18 http://documents.worldbank.org/curated/en/527621468195004729/pdf/102724-WDR-WDR2016Overview-

FRENCH-WebResBox-394840B-OUO-9.pdf 19 Idem 20 https://www.mckinsey.com/

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17

création d’emplois nouveaux liée à la transformation numérique estimée entre 555 millions et 890

millions d’emplois créés, soit des valeurs largement supérieures au nombre de destruction d’emplois,

et quelle que soit l’hypothèse considérée.

36. La figure ci-jointe extraite du Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED

« Numérisation, commerce et développement21 » donne quelques indicateurs de mesure de

l’économie numérique.

Figure 4 : Quelques indicateurs de mesure de l’économie numérique

Source : Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED « Numérisation, commerce et développement » 22

21 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 22 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf

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18

2.2.2 Opportunités, enjeux, risques et défis liés à l’économie numérique

37. Les défis de l’économie numérique au niveau mondial sont multiples. Un des premiers défis

est celui de la fracture numérique qui peut être associé à des facteurs tels que l’accès, le prix, l’âge,

la langue, la bande passante, le genre, le lieu, la disponibilité des contenus ou des usages utiles. Ainsi,

en 2018, 31% de la population mondiale (Voir Graphique 2 plus haut) n’avaient pas accès au mobile

large bande. La fracture numérique liée à l’accès sera plus large avec l’arrivée de la téléphonie mobile

5G qui véhicule des débits importants et impose l’utilisation de backbone à fibre optique.

La 5G permet de transporter plus rapidement un volume considérable de données, de connecter de

manière fiable un très grand nombre de dispositifs et de traiter de très gros volumes de données en

un temps record, et devrait connecter les personnes, les objets, les données, les applications, les

systèmes de transport et les villes dans des environnements de communications en réseau intelligent.

La 5G devrait prendre en charge des applications telles que les domiciles et bâtiments intelligents,

les villes intelligentes, la vidéo 3D, le travail et les jeux dans le « nuage » (Cloud), la chirurgie à

distance, la réalité virtuelle et augmentée, ainsi que les communications massives de machine à

machine pour les systèmes d'automatisation industrielle et les voitures autonomes, autant de services

que les réseaux 3G et 4G ont actuellement des difficultés à prendre en charge.

38. Un autre défi est celui des ressources humaines. En effet, comme l’innovation est au centre

des progrès de l’économie numérique, il s’agit de disposer d’une masse critique de ressources

humaines bien formées et en permanence renouvelées et de disposer d’établissements et centres de

recherche de pointe. En outre, selon le rapport de l’OCDE publié en 2019 « Comment va la vie à

l’ère du numérique ? Opportunités et risques de la transformation numérique pour le bien être des

individus23 », les technologies numériques font courir à la société un risque majeur de creusement

des inégalités entre les personnes qui disposent des compétences adéquates pour les utiliser et celles

qui en sont dépourvues.

39. Le secteur du numérique, du fait de la demande en bande passante résultant de

l’accroissement du volume de données, a connu une progression du coût des investissements de

2014 à 2016, de l’ordre de 4% dans le monde et cette tendance va se maintenir dans les années à

venir. Le défi du financement des infrastructures de communications électroniques et services

numériques se pose pour accompagner les mutations technologiques qui pointent déjà et celles à

venir (5G, IA, robotique ...).

40. Etant donné que l’ensemble des processus de gestion de l’appareil de production, des

ressources humaines et financières, ainsi que les relations de l’entreprise avec les fournisseurs et les

consommateurs, s’appuie sur l’utilisation des TIC et qu’aucune technologie n’est sure à 100%, les

cybermenaces constituent un risque important et des mesures de protection pour y faire face

(cybersécurité) s’imposent. Les vulnérabilités des technologies numériques peuvent découler de leur

faible robustesse, du non-respect des procédures, de la mauvaise gestion des incidents, de

l’insuffisance de contrôle ou de l’inadaptation des ressources humaines, et donner la porte ouverte à

23 https://read.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/how-s-life-in-the-digital-age/summary/french_9ae7e081-

fr#page2

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

19

des cyberattaques. Un autre type de risque existe ayant trait aux problématiques de sécurité liées aux

cyber harcèlements et aux failles de sécurités numériques.

41. Un environnement politique, légal et réglementaire propice est nécessaire et la mise en

place d’un tel environnement est le principal défi dans la mesure où il conditionne les autres. Ce

nouvel environnement devrait prendre en compte le changement de paradigme dans l’écosystème

mondial de l’économie numérique, où on est passé d’un modèle de développement basé sur les

technologies vers un nouveau modèle centré sur les logiciels/applications, services et usages.

Encadré 3 : Le programme e-Rezeki de formation à l’auto entrepreneuriat en Malaisie

Pays d’Asie du sud-est d’une superficie de 329750 km2 pour 31 millions d’habitants, la Malaisie est

classée parmi les meilleurs du monde dans le domaine de l’économie numérique. Le programme e-

Rezeki donne une vue de ce qui est fait là-bas. Il est disponible dans les centres de formation à travers

le pays, et a pour objectif d'aider les personnes qui font partie des 40% de ménages les plus pauvres

dont les revenus mensuels sont inférieurs à 4 000 MYR (environ 950 USD), à compléter leurs revenus

en trouvant un emploi en ligne. Il aide également les personnes qui jusque-là ne disposaient d'aucune

expérience en ligne à acquérir des compétences numériques de base. Il propose trois grands axes de

travail : les micro-tâches numériques, telles que l'extraction de données ou la modération de photos

; les tâches numériques, telles que la fourniture de services commandés en ligne ; et le travail

numérique, tel que celui réalisé par les graphistes ou les assistants virtuels.

En juillet 2017, le programme comptait 23 000 utilisateurs actifs et 150 000 personnes enregistrées

sur la plateforme. Le Gouvernement prévoit 200 centres en activité dans tout le pays en fin 2017. En

2016, 17,8% du PIB national malaisien reposait sur l'économie numérique, selon les chiffres du

Gouvernement. Il subsiste toutefois une division en matière de développement socioéconomique

entre le milieu urbain et le milieu rural. L'une des mesures prises consiste à faire en sorte que tous

les Malaisiens maîtrisent les TIC et que chaque Malaisien ait au moins accès à l'Internet de base,

ainsi que des connaissances en Internet de base.

Grâce à l'accès à l'Internet et aux actions de formation que proposent les centres Internet ruraux gérés

par l'Etat, les entrepreneurs locaux malaisiens renforcent leur présence en ligne et en récoltent les

bénéfices.

Ces centres de formation sont répartis un peu partout en Malaisie et forment les gens à la recherche

d'emploi en ligne. En 2016, 150 000 utilisateurs enregistrés ont gagné 17 millions MYR (près de 4

millions USD) grâce à ce programme. Sachant qu'une portion considérable des écoliers d'aujourd'hui

va occuper des emplois qu'il faut encore créer, les nouveaux programmes d'acquisition de

compétences numériques tels que celui-ci, seront importants pour préparer la force de travail de

demain.

Source : ITU news magazine N°3/2017 « Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD1 »

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20

2.3 L’économie numérique au niveau continental

2.3.1 L’économie numérique : un socle pour la mise en œuvre de la vision 2063 de

l’Union Africaine

42. Pour bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant

une force dynamique sur la scène mondiale, l’Union Africaine a adopté l’Agenda 2063, cadre de

référence qui établit les priorités pour le développement du continent. Cet Agenda fixe les aspirations

de l’Afrique pour 2063 qui sont axées sur 7 points à savoir : une Afrique prospère fondée sur une

croissance inclusive et un développement durable ; un continent intégré, politiquement uni, basé sur

les idéaux du panafricanisme et sur la vision de la renaissance de l’Afrique ; une Afrique où règnent

la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la justice et l’état de droit ;

une Afrique pacifique et sécurisée ; une Afrique dotée d’une identité, d’un patrimoine commun, de

valeurs partagées et d’une éthique culturelle forte ; une Afrique où le développement est axé sur les

populations et s’appuie notamment sur le potentiel des femmes et des jeunes ; et une Afrique, en tant

qu’acteur et partenaire fort, unie et influente sur la scène mondiale.

43. Pour la mise en œuvre de l’Agenda 2063, en s’appuyant sur les technologies numériques,

l’Union Africaine s’est dotée en avril 2015, d’une vision ainsi formulée : « Les TIC : un continent

égal au reste du monde en tant que société de l’information, une économie en ligne intégrée où tous

les Gouvernements, les entreprises et les citoyens ont accès à des services de TIC fiables et

abordables, grâce à une augmentation de la pénétration du haut débit, de la connectivité à haut débit

de 20 points de pourcentage et de la fourniture d’accès aux TIC aux enfants dans les écoles, et de

capitaux risque aux jeunes entrepreneurs et innovateurs dans le domaine des TIC24 ».

44. Une autre institution panafricaine, l’Alliance Smart Africa s’est donnée pour vision de

« Transformer l’Afrique en un marché numérique unique ». Cette vision repose sur les principes

suivants : placer les TIC au centre de l’agenda national de développement socio-économique ;

donner la priorité au secteur privé, améliorer l’accès aux TIC, en particulier au haut débit ; améliorer

la responsabilité, l’efficacité, et l’ouverture grâce aux TIC et tirer parti des TIC pour promouvoir le

développement durable.

45. L’économie numérique présente de nombreuses opportunités pour l’Afrique. En effet, des

produits comme la conception et du développement des applications, l’intelligence artificielle ou le

traitement des données à grande échelle (Big data) demandent peu d’investissements en équipements

ou matériels, car nécessitant seulement un ordinateur muni de langages de programmation, et repose

essentiellement sur la matière grise, ce qui met les africains pratiquement au pied d’égalité avec les

autres pays (dans le cas où le déficit qualitatif et quantitatif en ressources humaines est résorbé)

pour le développements de solutions logicielles innovantes adaptées à leurs besoins.

46. Des exemples concrets existent qui démontrent bien l’impact positif de l’économie

numérique dans notre continent. Elle peut permettre d’améliorer sensiblement le ratio recettes

publiques / PIB du continent, donnant ainsi la possibilité de financer de manière adéquate les

programmes de développement nationaux cruciaux. Afin d’améliorer les recettes publiques, par

exemple, le Rwanda a augmenté la collecte de ses recettes de 6% du PIB en introduisant la fiscalité

électronique et l’Afrique du Sud a utilisé les paiements d’impôts en ligne pour réduire de 22,4% les

24 Union Africaine, « Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons »

https://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/agenda2063f.pdf

Page 21: « TRANSFORMATION NUMERIQUE ET DIVERSIFICATION … · du XXIème siècle. La transformation numérique induite par les TIC a ainsi contribuer à la croissance économique, à la création

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21

coûts de mise en conformité tout en réduisant de 21,8% le délai de conformité à la taxe sur la valeur

ajoutée. Le Kenya est pionnier dans le domaine du mobile money avec son produit M-Pesa.

Encadré 4 : Vers l’inclusion financière avec le mobile money M-Pesa au Kenya

47. Le continent commence à monter son armature institutionnelle et règlementaire afin de

faciliter l’émergence et l’expansion, a moindres risques, de l’économie digitale sur notre continent.

En effet, l’Union Africaine dispose d’un portefeuille de projets portant sur l’harmonisation de

plusieurs instruments. Il y a lieu de citer la Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et

la protection des données personnelles (adoptée en juin 2014 à Malabo et élaborée par la CEA à la

demande de l’UA). S’agissant des projets d’ordre opérationnel, la mise en place de points d’échanges

M-Pesa (M pour mobile et pesa, argent en swahili) est un système de paiement et de transfert

d'argent par téléphone mobile, lancé en 2007 par Safaricom au Kenya. M-Pesa permet aux

utilisateurs en possession d'une carte d'identité ou d'un passeport de déposer, retirer et transférer

aisément de l'argent grâce à un téléphone portable. Ce service s’adosse sur un compte stocké sur

leur téléphone portable, et est exploité au moyen de SMS sécurisé par un numéro d'identification

personnel (PIN) et utilisant les codes USSD. Il permet de déposer et retirer de l’argent, de transférer

de l’argent à d'autres clients ou à des personnes non-clientes, de payer des factures, d’acheter des

crédits de communication, de transférer de l’argent entre le service M-Pesa et un compte bancaire

(dans certains pays seulement, dont le Kenya), de faire de l’épargne et d’obtenir des crédits.

M-Pesa s'est développé rapidement et, depuis 2010, est devenu le service financier par téléphone

portable ayant le mieux réussi dans les pays en développement. Ce service permet une meilleure

lisibilité et traçabilité des transactions et permet ainsi de lutter efficacement contre la corruption. Il

a aussi contribué à réduire la criminalité dans des sociétés largement basées sur les échanges

d'argent liquide.

La croissance du service est devenue phénoménale. En novembre 2014, les transactions de M-Pesa

pour les onze premiers mois de 2014 ont été évaluées à 2 100 milliards KES, en croissance de 28

% par rapport à 2013, ce qui représente presque la moitié du PIB du pays.

Le succès repose notamment sur le réseau d'agents qui forme un maillage serré de 60 000 petits

commerces pour qui être agent M-Pesa apporte un complément de revenus apprécié.

Depuis le 19 novembre 2014, Safaricom propose une application Android pour M-Pesa.

La pénétration de M-Pesa chez les clients de Safaricom est proche de 90 %. Au troisième trimestre

de l’année 2018, 730,2 millions d'opérations et près de 19,6 milliards de dollars ont transité via ce

processus dans le pays, représentant une progression de 19,45 % par rapport à l'année précédente.

Cet essor est notamment lié au taux de pénétration du mobile de l’ordre 100 % et de

l'interopérabilité mise en place en avril 2018, permettant à un client M-Pesa d'envoyer ou de

recevoir de l'argent en temps réel sur un compte d’un autre opérateur, grâce à un accord entre les

opérateurs de télécommunication, lequel garantit l'interaction entre les six plateformes de transfert

d'argent mobile que compte le pays.

Une autre explication du succès de M-Pesa repose sur le rôle des régulateurs, qui ont autorisé le

lancement du service, malgré le lobbying intense des banques et d’autres groupes pour l’empêcher.

Quand M-Pesa est arrivé, il n’y avait aucune réglementation sur le transfert d’argent via le téléphone

mobile, mais les autorités kényanes lui ont permis de fonctionner.

Source : Article Jeune Afrique « Mobile money : une success story nommée M-Pesa1 »

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

22

internet nationaux et régionaux est réalisée sous la bannière du projet AXIS (African Internet

eXchange System).

48. Cependant, le continent fait face à plusieurs défis. En effet, il est évident que la réussite de

projets dans la société de l’information et du savoir dépend fortement de la qualité des ressources

humaines. Les compétences dans le domaine du numérique sont devenues indispensables car les

outils TIC sont multiples et changent sans cesse. L’UIT a classé les différentes compétences en

trois catégories:

- Les compétences opérationnelles pour exploiter les outils numériques,

- Les compétences de gestion de l’information,

- Les compétences de création de contenus et sociales.

49. Les compétences les plus pointues s’acquièrent dans les facultés et écoles d’ingénieurs,

lesquelles doivent travailler étroitement avec les centres de recherche pour promouvoir l’innovation.

Cependant, le graphique ci-après montre que l’Afrique est la région du monde ayant le moins de

compétences numériques.

Graphique 6 : Pourcentage de la population ayant des compétences numériques dans les différentes régions du monde,

2017

Source: UIT, « Measuring the information society report, 201825 ».

50. La plupart des pays, quels que soient leurs niveaux de revenus, misent sur les STEM (Science,

Technology, Engineering & Mathematics) et sur la recherche et l’innovation pour stimuler leur

croissance économique durable et favoriser leur développement. Un des indicateurs pour mesurer les

efforts fournis dans ce domaine est la dépense intérieure de recherche et développement (DIRD) qui

correspond aux travaux de recherche et développement (R&D) exécutés sur le territoire national

quelle que soit l'origine des fonds. Une partie est exécutée par les administrations publiques, l'autre

par les entreprises. Cet indicateur prend en compte les dépenses courantes (masse salariale des

personnels de R&D et dépenses de fonctionnement) et les dépenses en capital (achats d'équipements

nécessaires à la réalisation des travaux internes à la R&D et opérations immobilières réalisées dans

l'année). L’UNESCO a publié en 2015 « Le rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030 26» qui

indique la DIRD en pourcentage du PIB, par pays pour l’année 2011. Avec des valeurs qui varient

de 0,01 à 1,06, le rapport souligne le fait que, bien que la part de l'Afrique Sub-Saharienne dans la

25 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf 26 https://en.unesco.org/sites/default/files/usr_19-7_5_researchers_gers_ssafrica_fr.pdf

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23

population mondiale ait gagné un point de pourcentage entre 2007 et 2013, son PIB n'a augmenté

que de 0,3 % et sa dépense brute en R&D (DIRD) n'a progressé que de 0,1 %.

Tableau 1 : DIRD par pays pour l’année 2011

Source : « Le rapport de l’UNESO sur la science, vers 203027 » 2015

51. Nous allons aussi illustrer les efforts déployés dans la recherche et développement par le

graphique ci-après qui indique le nombre de chercheurs en Afrique Sub-Saharienne par millions

d’habitants. Il montre que le nombre de chercheurs par millions d’habitants en Afrique Centrale varie

de 31 (en RCA) à 350 (au Gabon), soit des valeurs nettement faibles par rapport à celle du Sénégal

(631) ou de l’Afrique du Sud (818).

Graphique 7 : Nombre de chercheurs en Afrique subsaharienne par millions d’habitants, en 2013 ou année la plus proche

27 https://en.unesco.org/sites/default/files/usr_19-7_5_researchers_gers_ssafrica_fr.pdf

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24

Source : « Rapport sur la science, vers 203028 » 2015, UNESCO

52. Pour booster la recherche et l’innovation,

plusieurs pays s’appuient sur les pôles technologiques,

ou des smart city, à l’exemple de la Silicon Savannah au

Kenya, (le pendant africain de la Silicon Valley) qui fait

partie de la Konza Technology City (KTC)29. La KTC est

un espace de 2000 hectares, situé à 60 km au sud de la

capitale Nairobi et a pour objectif de créer 20 000

emplois en cinq ans et dix fois plus à partir de 2030. Elle

devrait être aménagée pour accueillir un véritable

écosystème de startups, d’investisseurs et de chercheurs. Le développement de Konza Tecnology

City pourrait coûter entre 10 et 14,5 milliards de dollars, dont 5% financés par le Gouvernement du

Kenya. Le reste sera à la charge d’acteurs privés, qui loueront les terrains au Gouvernement Kenyan

en contrepartie d’avantages fiscaux. D’autres indicateurs peuvent également être utilisés tels que le

nombre d’écoles d’ingénieurs (ou universités) et centres de recherche (Voir Annexe 4).

2.3.2 Quelques indicateurs de performance et d’impact de l’économie numérique en

Afrique

53. Dans le domaine de l’économie numérique, il est primordial que les communications,

échanges et transactions soient fluides et sures. Cependant, les vitesses de transmissions de données

et de téléchargement des fichiers en Afrique sont les plus bas, comparés aux autres régions du monde.

Graphique 8 : Evolution de la vitesse de téléchargement, des abonnements au fixe et mobile large bande, ainsi que des

dépenses en capital, de 2014 à 2016

28 https://fr.unesco.org/Rapport_UNESCO_science/Afrique 29 http://www.konzacity.go.ke/

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

Nombre de chercheurs par millions d'habitants

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

25

Source: « Measuring the information society report30 », 2018, UIT

54. Un autre paramètre de mesure de performance du réseau internet qui demeure le réseau le

plus utilisé est la bande passante internationale dont dispose en moyenne chaque utilisateur pour son

trafic, exprimée en kbits/s par utilisateur internet. Le graphique suivant montre que cette bande

passante internationale est de loin la plus faible en Afrique.

Graphique 9 : Répartition de la bande passante internationale par utilisateur internet, régions du monde, 2017

Source: « Measuring the information society report31 » 2018, UIT

55. La sûreté peut être évaluée à partir de l’indice global de cybersécurité qui agrège la robustesse

sur les cinq piliers suivants: légal, technique, organisationnel, de ressources humaines et de

coopération. Selon le rapport 2017 de l’UIT, le score obtenu par la région Afrique sur chacun des

cinq piliers est le moins bon par rapport aux autres régions du monde, même si quelques pays

africains (Ile Maurice, Rwanda et Kenya) sortent du lot et ont des scores tout à fait acceptables.

Tableau 2 : Mesure de l’indice global de cybersécurité dans les régions du monde sur chacun des cinq piliers

30 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf 31 Idem

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26

REGION LEGAL TECHNIQUE ORGANISATIONNEL RENFORCEMENT

DE CAPACITES COOPERATION

AFRIQUE 0,29 0,18 0,16 0,17 0,25

AMERIQUE 0,4 0,3 0,24 0,28 0,26

ARABE 0,44 0,33 0,27 0,34 0,29

ASIE-PACIFIQUE 0,43 0,38 0,31 0,34 0,39

CEI 0,58 0,42 0,37 0,38 0,4

EUROPE 0,62 0,61 0,41 0,5 0,47

Source : Rapport « Global cyber-security index32 » de l’UIT, 2017

56. L’impact positif du numérique à la formation du PIB ou dans la création d’emplois est attesté

par diverses études et cela est valable pour toutes les régions du monde. Dans « Measuring the

information society report » publié par l’UIT en 2018, il y est mentionné qu’un accroissement de 1%

du secteur du numérique entraine un accroissement du PIB de 0,13%. Dans notre cas, vu les limites

en termes d’informations nous allons nous servir des données du secteur du mobile (dont les données

sont disponibles) pour estimer son impact sur le PIB. Le graphique ci-après donne la contribution du

secteur mobile au PIB en Afrique Sub-Saharienne.

Graphique 10: Contribution du secteur mobile au PIB, pourcentage du PIB (%), Afrique Sub-Saharienne, 2014 - 2020

Source : Rapports GSMA « L’économie du secteur mobile - Afrique subsaharienne33 34»

L’E-commerce offre une opportunité aux consommateurs des régions moins bien desservies la

possibilité d’avoir accès à un large choix de produits à des prix compétitifs par l'intermédiaire des

nouvelles technologies numérique. Il existe aujourd’hui un nombre considérable de startups

32 https://www.itu.int/dms_pub/itu-d/opb/str/D-STR-GCI.01-2017-R1-PDF-E.pdf 33 https://fr.readkong.com/page/l-economie-mobile-de-l-afrique-subsaharienne-2013-9377219?p=1 34 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download

0.00%

1.00%

2.00%

3.00%

4.00%

5.00%

6.00%

7.00%

8.00%

9.00%

10.00%

2014 2015 2016 2017 2018 2020*

2020*: valeur estimée

Un accroissement de 1% du secteur du numérique entraine un accroissement du

PIB de 0,13%.

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27

impliquées dans l’E-commerce en Afrique centrale, notamment au Cameroun (12), RDC (5), et au

Gabon (1). Avec la plateforme Africaine d’E-commerce JUMIA, qui a récemment été cotée à la

NYSE, les perspectives sont prometteuses pour ce secteur et son potentiel, notamment en termes de

création d’emplois et de la valeurs ajoutées.

3. ETATS DES LIEUX DE L’ECONOMIE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE

3.1 Infrastructures de communications et services numériques

3.1.1 Les services de télécommunications et les services numériques

57. Les services sont regroupés en services de téléphonie fixe et fixe large bande, services

mobiles et mobiles large bande, l’accès à internet et les services numériques. Le graphique suivant

donne le taux de pénétration de la téléphonie fixe et celui de la téléphonie fixe large bande pour les

onze pays de la CEEAC en 2017. Ces deux taux sont extrêmement bas (de 0 à 4%), et ont une

moyenne sous régionale respective de 0,87% (Taux de pénétration du téléphone fixe) et 0,18% (Taux

de pénétration de pénétration du large bande). Ces taux sont inférieurs à la fois à la moyenne africaine

et à la moyenne mondiale (de 12,4% pour la téléphonie fixe).

Graphique 11 : Taux de pénétration du fixe et du fixe large bande, pays de la CEEAC, 2017

Source : Bases de données ICTEYE35 de l’UIT

58. Pour les services de téléphonie mobile et mobile large bande, le graphique ci-après nous

donne le taux de pénétration pour les pays de la CEEAC en 2017. Ces deux taux sont en constante

progression d’une année à l’autre, avec une moyenne sous régionale respective 65,81% et 22,48% et

35 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4

Angola

Burundi

Cameroun

Rép.Centrafricaine

Tchad

Congo

Rép. Démocratique du Congo

Guinée Equatoriale

Gabon

Rwanda

Sao Tome & Principe

MOYENNE CEEAC

Pourcentage (%)

Pay

s d

e la

CE

EA

C

Taux de pénétration du fixe Taux de pénétration du fixe large bande

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28

sont proches de la moyenne africaine, mais encore en deçà de la moyenne mondiale (respectivement

de 103,6% et 62%).

59. Pour « le large bande », les vitesses de transmission de quelques mégabits (inférieurs à 10)

sont également faibles par rapport à la tendance mondiale (en centaines de mégabits par seconde).

Ces taux de pénétration de la téléphonie mobile ne tiennent pas compte des abonnés ayant plusieurs

cartes SIM, ce qui veut dire qu’il est encore plus bas s’il est calculé seulement pour les abonnés

uniques.

Graphique 12 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande, pays de la CEEAC, 2017

Source : Bases de données ICT EYE, UIT36

60. Les tarifs d’interconnexion entre les opérateurs et fournisseurs de services, ou encore tarifs

de gros, influent sur le tarif de l’utilisateur final et peuvent constituer des barrières à l’entrée pour

les fournisseurs de service. Le graphique ci-après montre le tarif d’interconnexion de fixe à mobile

et de mobile à mobile, pour les pays de la CEEAC, dont les données sont disponibles. Ils sont extraits

d’un tableau plus général figurant en annexe 4. On peut remarquer que les pays comme le Rwanda

et le Gabon qui ont un tarif d’interconnexion de mobile à mobile bas ont également les meilleurs

taux de pénétration en téléphonie mobile.

36 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

0 20 40 60 80 100 120 140

Angola

Burundi

Cameroun

Rép.Centrafricaine

Tchad

Congo

Rép. Démocratique du Congo

Gunée Equatoriale

Gabon

Rwanda

Sao Tome & Principe

MOYENNE CEEAC

Pourcentage(%)

Pay

s d

e la

CE

EA

C

Taux de pénétration du téléphone mobile Taux de pénétration du mobile large bande

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29

Graphique 13 : Tarifs d’interconnexion fixe à mobile et mobile à mobile au sein de la CEEAC

61. Pour apprécier l’accès à internet dans la CEEAC, trois indicateurs sont utilisés :

(i) Le pourcentage de la population utilisant internet

(ii) Le pourcentage d’habitations possédant un ordinateur

(iii) Le pourcentage d’habitations disposant d’un accès internet.

Graphique 14 : Population utilisant internet, habitations ayant un ordinateur, habitations avec internet, %, 2017

Source : Bases de données ICT EYE, UIT37

37 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

0 10 20 30 40 50 60

Angola

Burundi

Cameroun

Rép.Centrafricaine

Tchad

Congo

Rép.Democratique du Congo

Guinée Equatoriale

Gabon

Rwanda

Sao Tome & Principe

Moyenne CEEAC

MOY MONDIALE

% de la population utilisant internet % d'habitations ayant un accès internet

% d'habitations ayant un ordinateur

0 0.1 0.2 0.3 0.4

Angola

Cameroun

Tchad

Congo

Gabon

Rwanda

Sao Tome & Principe

Tarif ($)

Pay

s d

e la

CE

EA

C

Fixe à Mobile

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

30

Ces trois indicateurs sont illustrés par le graphique suivant. Ils ont des valeurs très inférieures aux

moyennes mondiales (respectivement de 48,6%, 46,9% et 54,5%). Si l’on compare ces indicateurs

pour les femmes et les hommes, pour tous les pays de la sous-région dont les données sur la

répartition du taux de pénétration de l’internet selon le genre sont disponibles, nous observons une

claire fracture numérique38.

62. Dans l’écosystème de l’économie numérique, les services numériques couvrent tous les

domaines et sont variés. S’agissant de services fondés sur les TIC, peu de statistiques sont disponibles

pour la sous-région. L’exemple du commerce électronique va être pris pour présenter l’état des lieux

actuel en Afrique Centrale. Le commerce électronique désigne le processus d’achat et de vente de

produits et services par des moyens électroniques, tels que les applications mobiles et Internet. Il

permet d’acheter et de vendre des produits sur une échelle globale, vingt-quatre heures par jour sans

encourir les mêmes frais généraux liés à un magasin physique. Il peut être un commerce entre

entreprises et particuliers (B2C), d’entreprise à entreprise (B2B) ou de particuliers à particuliers

(C2C). Lorsque le commerce électronique s’effectue au moyen d’appareils mobiles, il est appelé «m-

commerce» qui est sous-ensemble du commerce électronique. Selon le rapport « UNCTAD e-

Commerce index 2018 : Focus on Africa39 », en 2016, dans des pays comme le Royaume Uni de

Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, la Chine et la Malaisie le E-Commerce représentait

respectivement 7,3%, 6,9% et 6,4% de leur PIB.

63. Une évaluation des performances du e-Commerce peut être calculée à travers l’indice du e-

Commerce B2C qui se base sur (i) le pourcentage d’individus ayant accès à internet, (ii) le

pourcentage de personnes disposant d’un compte auprès d’établissements financiers, (iii) le nombre

de serveurs sécurisés et (iv) la qualité de la chaine logistique. Selon les données disponibles, le

Cameroun occupe la 10ème et le Gabon la 12ème place en Afrique (2017), sur un total de 44 pays.

Sont également classés le Rwanda (19eme), l’Angola (29eme), le Congo (38eme), le Burundi

(40eme), la RDC (41eme) et le Tchad (43eme). D’autre part, en se basant sur le pourcentage de

personnes ayant effectué un achat en ligne en 2017, le Gabon se classe 6ème en Afrique.

64. Pour donner une vue des prix pratiqués pour la téléphonie mobile, le rapport publié en 2018

par l’UIT « Measuring the Information Society », classe un ensemble de pays du monde, à partir

d’un panier de référence de services mobiles (53mn de communication et 100 SMS) et son prix pour

l’année 2017. Il exprime ce prix en pourcentage du revenu national brut (RNB) par mois et l’utilise

pour effectuer un classement des pays allant de Macao (1er avec 0,10%) au Libéria (dernier avec

58,14%). Le tableau ci-après en donne un extrait pour les pays de la CEEAC (sauf le Congo et la

Guinée Equatoriale qui n’y figurent pas par manque de données enregistrées par l’UIT). On peut

constater que tous les pays de la sous - région figurent à la fin de ce classement, ce qui indique que

les prix dans tous ces pays sont élevés comparés au niveau de revenu. Par ailleurs, la

Commission « Le large bande au service du développement durable » des Nations Unies a fixé que

le prix des communications électroniques devrait être inférieur à 5% du RNB mensuel en 2015 et

2% en 2025. Sur la base du tableau ci-dessous, il en ressort que l’objectif de 2015 est atteint par un

seul pays de la CEEAC, en l’occurrence le Gabon.

38 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/stat/default.aspx 39 https://unctad.org/en/PublicationsLibrary/tn_unctad_ict4d12_en.pdf?user=46

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31

Tableau 3 : Comparatif des prix de téléphonie mobile, prix d'un panier de référence (51mn, 100s ms), CEEAC, 2017

RANG PAYS %RNB $US PPA %Taxe RNB $US

115 Gabon 3,07 16,93 26,63 6,61

136 Angola 5,83 16,18 20,65 5 3,33

146 Rwanda 7,71 4,62 12,65 28 720

149 Sao Tome &

Principe 8,45 12,46 19,97 5 1770

161 Cameroun 12,02 13,62 33,21 19 1360

174 RDC 25,2 9,45 23,66 26 450

176 Burundi 30,03 7,26 18,52 18 290

178 Tchad 36,02 19 18 630

180 RCA 38,48 12,5 19 390

Source: UIT, 2018 « Measuring the information society report40 »

65. Avec l’évolution technologique qui a conduit au tout numérique, tous les services offerts

dépendent de la qualité du trafic de données, en termes de rapidité, de délai de transmission et de

latence, et de disponibilité (assurée entre autres par la redondance des liaisons). Dans de nombreux

pays, la (faible) vitesse de l’internet est l’un des principaux problèmes limitant son utilisation.

Les startups en Afrique centrale : Encore des exceptions

- Rwanda : Fabrication et commercialisation d’équipements - la société MARA Phones fabrique les

smartphones pour le marché de la région.

- Tchad : la start-up Kouran Djabo a été créée en 2017 pour fournir de l'électricité aux familles les

plus modestes de Ndjamena. Elle met à leur disposition des kits solaires qui leur permettent, à

minima, de s'éclairer et de recharger les téléphones portables, moyennant un abonnement mensuel.

- Gabon : la start-up Easytech offre des solutions dans le domaine du conseil et de l’intégration

logicielle aux administrations et entreprises depuis 2012.

- Cameroun, concernant l’entreprenariat et l’innovation, plusieurs start-ups ont émergé, avec parfois

une certaine renommée. Parmi ces start-ups, on peut citer, sans être exhaustif : MBOA Store

d'ABEGA MOUSSA, une boutique d’application 100% africaine ; Kyrio Games, le tout premier jeu

vidéo africain ; Drone Africa, un service de drones fabriqués au Cameroun ; NJORKU, un moteur

de recherche d’emplois ; GIFTEDMOM, une application de suivi médicale de femmes enceintes ;

WAZAPAY, une plateforme de paiement en ligne et porte-monnaie électronique ; HImore Medical

(Cardiopad) ; CAYSTY pour l’initiation des jeunes filles aux TIC.

Les problèmes rencontrés par les start-uppeurs vont de l’insuffisance de l’accompagnement dans le

démarrage de leur projet, aux difficultés d’avoir des ressources techniques, en passant par le manque

de financement sans oublier le coût et la qualité de la connexion internet.

40 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf

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32

3.1.2 Infrastructures de communications électroniques

66. Les infrastructures dans le domaine des télécommunications et TIC, sont constituées

essentiellement de réseaux à fibre optique qui sont la dorsale (backbone) servant de support fiable

pour interconnecter les différents nœuds de réseau, utiles à toutes les parties prenantes du secteur,

qu’il s’agisse des opérateurs, des institutions ou des entreprises. Il sera présenté tour à tour les

infrastructures nationales et sous régionales.

67. Pour ce qui est du Cameroun, à titre d’exemple, le réseau de transport national terrestre à

fibre optique dispose d’un linéaire d’environ 12 000 kilomètres. Dix régions sur dix, 52 départements

sur 58 et 209 arrondissements sur 360 ont accès à la fibre optique. S’agissant des autres pays, les

unités administratives de premier niveau (région, province ou département selon le cas) ont

majoritairement accès à la fibre optique. Le taux d’accès à la fibre optique baisse pour les unités

administratives de deuxième niveau (départements, province ou district selon le pays) et diminue

sensiblement pour les unités administratives de troisième niveau (arrondissement ou district). Dans

tous les cas, l’utilisation de la fibre optique dans le réseau d’accès (FTTH Fiber To The Home) est

extrêmement rare et faible.

68. Pour permettre d'échanger du trafic Internet local dans un territoire donné, les infrastructures

physiques dénommées points d’échange internet (IXP) sont nécessaires, car elles permettent aux

différents fournisseurs d’accès Internet (ou FAI ou ISP), d'échanger du trafic Internet entre leurs

réseaux de systèmes autonomes en local grâce à des accords mutuels évitant les coûts

supplémentaires importants liés au transport des données sur des liaisons internationales. Au niveau

de la CEEAC, le Cameroun et le Congo disposent de deux IXP chacun et cinq pays (Angola, Burundi,

Gabon, RDC et Rwanda) possèdent chacun un IXP. Quatre autres pays n’ont pas encore d’IXP. Le

nombre de participants par IXP est donné dans l’Annexe 6. Ce nombre varie de 4 à 13 et laisse

entrevoir qu’il existe encore dans chaque pays disposant d’un IXP des fournisseurs d’accès internet

non raccordé à cet équipement.

69. Lorsqu’un IXP permet de raccorder des membres situés dans d’autres pays, il est appelé point

d’échange internet régional (RIXP : Regional Internet eXchange Point). Trois pays de la CEEAC

(Congo, Gabon et Rwanda) ont des RIXP. Le Congo et le Gabon ont d’ailleurs eu l’aval de l’Union

Africaine pour abriter un point d’échange internet régional. Cependant, la faible interconnexion

directe entre les pays de la CEEAC rend difficile l’effectivité de mise en fonctionnement d’un point

d’échange internet régional car un RIXP sans liaison d’interconnexion directe peut être comparé à

un pont sur un cours d’eau entre des pays voisins non encore desservis par aucune route.

70. Concernant les liaisons d’interconnexion directe entre les pays, nous pouvons mettre en relief

le projet Central Africa Backbone (CAB) qui est une initiative des chefs d’Etat de l’Afrique centrale

lancé en 2008 pour l’interconnexion fiable et à haut débit par fibre optique des pays de la sous-région.

Au nombre des résultats attendus de ce projet figurent la transformation du paysage des

télécommunications dans les pays ; la transmission de données d’un pays de la sous-région à un autre

sans transiter par les câbles sous-marins internationaux ; l’augmentation du taux de pénétration de

l’internet à haut débit et la dissémination de la connectivité internationale sur l’ensemble du territoire

des Etats concernés. A ce jour, trois interconnexions directes sont effectives (Cameroun - Tchad,

Guinée Equatoriale - Cameroun et Congo – Gabon). Il est important de remarquer que plusieurs

travaux d’interconnexion directe sont en cours.

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33

71. Pour écouler leurs communications internationales, tous les pays de la sous-région Afrique

Centrale disposant d’une façade maritime possèdent une ou plusieurs stations d’atterrissement de

câbles sous-marins à fibre optique. Le projet CAB vise également à permettre aux pays de

l’hinterland d’écouler leurs communications internationales par ces mêmes stations d’atterrissement

à partir d’interconnexion directe avec le ou les pays concernés. La liste des stations ou points

d’atterrissement, par pays de la CEEAC, avec éventuellement leur capacité est jointe en Annexe 6.

Certains pays possèdent plusieurs points d’atterrissement (le nombre de ces points d’atterrissement

pouvant aller jusqu’à cinq) et le maillage du réseau à fibre optique devrait permettre de basculer le

trafic d’un point à l’autre en cas de problème.

72. Pour la sécurisation des transactions, le Cameroun, Gabon, et le Rwanda ont mis en place une

infrastructure à clé publique. Cette infrastructure est indispensable pour la confiance en l’économie

numérique, en ce sens qu’elle permet de garantir la sécurité des données à travers l’identification,

l’authentification des partenaires dans leurs transactions, l’intégrité et la confidentialité des données

échangées, ainsi que la non répudiation des messages ou transactions.

En Afrique centrale, les capacités en infrastructures large bande à fibre optique sont encore

faibles, l’ossature devant relier les pays entre eux reste encore à mettre en place, et les prix

des communications électroniques, en comparaison avec les autres régions du monde et le

niveau de revenu, sont très élevés.

73. Les défis à relever sont nombreux. On peut citer l’extension de l’infrastructure de transport

et d’accès à toutes les populations, ainsi que de l’interconnexion sous régionale. Une autre priorité

porte sur l’amélioration permanente de la qualité de service et d’expérience du consommateur des

communications électroniques afin de garantir la disponibilité des services 24 heures sur 24 et 7 jours

sur 7, dans des environnements où le réseau à fibre optique fait parfois l’objet de coupure alors que

sa redondance n’est pas toujours assurée, ou même le réseau électrique réseau est peu stable, tout

ceci sans occulter les questions qualité propre de la communication.

3.2. Politiques nationales et sous régionales

3.2.1 Au niveau national

74. Certains pays disposent déjà d’une stratégie de développement de l’économie numérique,

mais d’autres n’en disposent pas encore. Il va être examiné spécifiquement le cas de quelques pays.

Le Burundi dispose d’un plan de développement du large bande dénommé « Burundi large bande

2025 ». Pour donner corps à la vision du Burundi pour les TIC, le Gouvernement a décidé de définir

une politique large bande, qui est l’acheminement de plusieurs formats (voix, vidéo, texte et données)

sur un seul canal via des techniques assurant des vitesses d’au moins 256 kbit/s, qui servira de

trajectoire à tous les acteurs des TIC, reconnaissant ainsi l’importance socio-économique des services

à large bande pour le développement national. Le Gouvernement veut garantir la disponibilité de

l'infrastructure nécessaire pour pouvoir fournir des services de qualité à tous les citoyens et à des

tarifs abordables. Le Burundi est conscient du fait que le haut débit est considéré comme une denrée

de première nécessité au même titre que l’électricité et va avoir un impact sur l’industrie 4.0 similaire

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34

à celui que l’électricité a eu lors de la révolution industrielle. Le plan national large bande du Burundi

a pour objectif général de maximiser les avantages socio-économiques de la large bande aux

entreprises et aux citoyens par la disponibilité des services numériques à des prix abordables. Malgré

tout, l’évolution de l’Internet au Burundi est assez lente, les Fournisseurs d’Accès Internet (FAI)

restant implantés uniquement à Bujumbura et dans quelques grandes villes de l’intérieur du pays,

occasionnant ainsi une faible pénétration et une fracture numérique entre les régions. C’est ainsi que,

tenant compte du fait que les TIC constituent un secteur transversal, générateur de revenus

substantiels et d’emplois et servant de base pour structurer, dynamiser et promouvoir d’autres

secteurs comme l’éducation, la santé, le commerce, l’administration publique, le transport, le

tourisme, le Gouvernement du Burundi a mis en place un Projet d’Infrastructure de Communication

(PIC) financé par la Banque Mondiale, un réseau de transport à fibre optique (Dorsale nationale)

couvrant tout le territoire national. Parmi les principaux acteurs, on peut citer le Ministère de la

Jeunesse, des Postes et des Technologies de l’information, l’Agence de Régulation et de Contrôle

des Télécommunications, les opérateurs (Econet Leo SA, ONATEL, etc.), les fournisseurs de

services et d’accès internet, etc.

75. Au Cameroun, la Vision à l’horizon 2035 intitulée « Le Cameroun : un pays émergent,

démocratique et uni dans sa diversité » et le document de planification décennale (DSCE - Document

de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi) accordent une priorité aux TIC et à l’économie

numérique. Pour opérationnaliser cette vision dans le secteur de l’économie numérique, un « Plan

stratégique Cameroun 2020 » a été élaboré en 2016. La vision du plan stratégique est de faire du

Cameroun « un pays numérique en 2020 ». Pour rendre concrète cette vision, les choix stratégiques

opérés s’articulent autour de huit axes associés chacun à un objectif stratégique. :

Axe 1 : « Développer les infrastructures large bande », avec pour objectif stratégique de généraliser

l’accès large bande pour les citoyens, les entreprises et les ménages.

Axe 2 : « Accroître la production et l’offre des contenus numériques » avec pour objectif de disposer

des contenus attractifs développés et hébergés au niveau local.

Axe 3 : « Assurer la transformation numérique de l’administration et des entreprises », avec pour

objectif d’accélérer la transformation numérique de l’administration et des entreprises pour accroître

leur efficacité, transparence, compétitivité et leur productivité.

Axe 4 : « Promouvoir la culture du numérique par la généralisation de l’usage des TIC dans la

société».

Axe 5 : « Renforcer la confiance numérique ».

Axe 6 : « Développer une industrie locale du numérique et encourager la recherche et l’innovation».

Son objectif est de développer au niveau national, des biens et services numériques produits

localement à travers des pôles d’excellence dans l’innovation en matière du numérique.

Axe 7 : « Assurer le développement du capital humain et le leadership dans le numérique ».

L’illettrisme numérique constitue un frein important à l’avènement de la société de l’information. A

cet effet, le renforcement des capacités des ressources humaines est une priorité.

Axe 8 : « Améliorer la gouvernance et l’appui institutionnel » avec pour objectif de créer un

environnement propice à l’essor du numérique pour le développement économique. En effet, la mise

en œuvre des activités transversales telles que l’adaptation du cadre juridique et réglementaire, la

mobilisation des financements nécessaires à la mise en œuvre de l’ensemble des projets identifiés à

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travers des modes de financement innovants, tels que les fonds de capital-risque, sont autant de

facteurs indispensables à l’émergence d’une société de l’information inclusive au Cameroun. Un

plan d’actions prioritaires recense de nombreux projets à exécuter avec une évaluation sommaire de

leur coût.

76. Quelques valeurs cibles pour mesurer les progrès accomplis ont été fixées. Ainsi, la

contribution de l’économie numérique au PIB devrait passer de 5 à 10%, le nombre d’emplois directs

de 10 000 à 50 000 et la contribution annuelle au titre d’impôts et taxes de 136 milliards à 300

milliards de Fcfa. Parmi les acteurs, pour tenir compte de l’important rôle du capital humain, un

accent est mis sur la formation dans les universités et écoles d’ingénieurs ainsi que dans les instituts

privés d’enseignement supérieur.

D’autre part, la stratégie d’industrialisation du Cameroun est déclinée dans le Plan directeur

d’industrialisation adoptée en 2017. Ce plan est destiné à asseoir les bases solides pour un

développement industriel intégré et compétitif, cohérent et compatible avec l’énorme potentiel en

ressources du sol et du sous-sol camerounais. Parmi les filières porteuses qui sont ciblées, l’agro-

industrie, l’énergie et le numérique figurent au premier rang. Le Cameroun ambitionne ainsi

d’accroître de 24% contre 13% actuellement, la contribution du secteur industriel dans la formation

du PIB du pays afin d’atteindre les objectifs d’émergence à l’horizon 2035.

77. La République du Congo, dans sa vision « La Marche vers le Développement » a inclue

l’objectif qui cherche à « … arrimer le Congo au développement de l’économie numérique ». Il est

question de créer les conditions adéquates afin de bâtir une véritable société de l’information et du

savoir, dans laquelle l’administration, l’enseignement, la santé, le commerce et bien d’autres

services, utilisent les TIC. Un des défis identifiés porte sur la mobilisation des ressources nécessaires

pour achever la couverture nationale en télécommunications, et de donner la possibilité aux congolais

de se connecter et, par la même occasion, de faciliter la création d’applications et des services à

valeur ajoutée qui devraient stimuler la croissance économique et l’emploi.

Le Gouvernement congolais projette de mettre en place un cadre permettant d’assurer la connexion

des usagers au large bande ; de faciliter l’acquisition de l’outil informatique et de rendre l’utilisation

effective des technologies de l’information et de la communication obligatoire au sein des

administrations afin de contribuer à l’amélioration de l’environnement socioéconomique et d’assurer

la croissance durable sur la base d’une société de l’information et du savoir.

Des actions comme l’adoption de la politique nationale de développement des technologies de

l’information et de la communication (cyber stratégie), le renforcement des capacités du régulateur

(ARPCE) ou la mise en place effective du Fonds de Service Universel (FSU) comme réponse aux

obligations d’un accès aux services TIC pour tous les citoyens vivant dans des zones géographiques

non économiquement viables ou mal desservies sont prévues.

78. Au Gabon, la stratégie du Gouvernement définie dans le Plan Stratégique Gabon Emergent

(PSGE) accorde une place de choix à l’économie numérique. Le Plan sectoriel Gabon Numérique du

PSGE prévoit de disposer d’une infrastructure numérique sur l’ensemble de son territoire, permettant

le développement d’une large gamme de services « favorisant un saut qualitatif majeur dans les

services sociaux et l’éclosion des piliers du Gabon Émergent ». Ainsi, la mise en œuvre du

Programme Gabon Numérique devrait entrainer des progrès significatifs dans la couverture du

territoire national, notamment des zones rurales ; l’amélioration de la qualité de service ;

l’augmentation substantielle du débit d’Internet ; la construction d’un Backbone national en fibre

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optique ; la baisse du prix des terminaux ; un cadre juridique complet sur les TIC ; et la baisse des

coûts de communication.

79. L’exemple de la politique nationale du Rwanda est donné dans l’encadré qui suit.

Encadré 5 : Un exemple de transformation numérique réussie - Le cas du Rwanda

Le Rwanda, petit pays de l’hinterland d’une superficie de 26 340 km2 et une population de 11

millions 900 mille habitants a connu des épreuves difficiles il y a 25 ans, ce qui ne l’a pas empêché

d’être désormais cité en référence au niveau africain dans le domaine de l’économie numérique. Le

pays s’est doté d’une boussole « Vision 2020 » et d’un plan directeur de développement « Smart

Rwanda master plan 2015-2020 ». L’un des principaux objectifs de la Vision 2020 est de transformer

une économie agricole en une économie de l’information et du savoir d’ici à 2020. Parmi les cibles

visées par le plan directeur, on peut citer :

- Self-Service 24-heures dans l’Administration. – Tous les services gouvernementaux devront

être en ligne en 2018

- Cashless et Paperless dans l’Administration. – Toutes les transactions financières dans

l’Administration devront être effectuées électroniquement, notamment via le mobile à partir de

2018

- Obtenir des gains d’efficacité d’une valeur de 50 millions US$

- Au moins un milliard de US$1 en termes d’opportunités pour le secteur privé – Ceci est une

valeur estimée du coût des projets à réaliser suivant le modèle PPP

- La contribution de SMART Rwanda au PIB portée à 10% - L’accès large bande et les projets

d’infrastructure TIC constituent un terreau pour la croissance économique

- Création de 100 000 emplois directs découlant des investissements prévus par le plan SMART

Rwanda Master Plan

– Un environnement favorable aux investissements privés va être mis en place et permettre la

création d’emplois, l’amélioration de la productivité et la compétitivité, le tout ayant pour support

l’innovation technologique.

Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants. Les recettes fiscales du Rwanda recueillies

pour l’exercice financier 2016/2017 ont atteint un nouveau record de 1.103 milliards RWF bruts (1,3

milliards de dollars) par rapport à un objectif de 1.094,3 milliards RWF (1 milliard de dollars). Cela

représente une augmentation de 10 millions d’USD au-dessus de l’objectif fixé. Dans le même

temps, la collecte des recettes fiscales ont progressé de 5,4 milliards RWF (6,5 millions de dollars).

Les impôts ont affiché une croissance de 10,2% au cours de l’exercice 2016/17 par rapport à la

performance de 2015-2016, ce qui représente une augmentation nominale de 100,2 milliards RWF

(119 millions de dollars).

- Sur le plan de la formation, l’accent est mis sur le numérique, de l’enseignement primaire à

l’enseignement supérieur. S’agissant du primaire, le projet One Laptop per Child, un partenariat entre

deux ONG américaines dont le but est de mettre des ordinateurs à bas prix entre les mains des jeunes

les plus pauvres de la planète est fonctionnel. Ainsi, OLPC a distribué plus de 200.000 ordinateurs

portables à plus de 400 écoles réparties dans tout le Rwanda, ce qui place le pays à la troisième place

du projet, derrière le Pérou et l'Uruguay, en termes d'appareils fournis.

- Pour ce qui est de la création d’entreprises et l’accompagnement des start-up, l’'un des projets

phares mis en place dans ce cadre est le kLab, soit knowledge laboratory ou laboratoire de la

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connaissance. C’est un espace collaboratif unique permettant à des jeunes entrepreneurs et autres

ingénieurs d'accéder à du WiFi gratuit, de participer à des ateliers et des conférences, de se mesurer

entre eux lors de hackathons, ou tout simplement d'échanger des astuces de code. Ce centre s’appuie

sur l'expérience de 21 mentors, disponibles pour développer des idées en germe ou offrir des conseils

commerciaux à toute nouvelle entreprise projetant de percer dans le secteur technologique.

Le centre klab fonctionne en association avec le campus de recherche, de l'Université Carnegie

Mellon qui est un centre d’excellence de l’UIT dans le domaine de la formation.

Source : « Smart Rwanda Master Plan, 2015-202041 »

3.2.2 Au niveau sous régional

80. Au niveau sous régional, le cadre légal et réglementaire est défini par la CEEAC dans des

lois type pour harmoniser les politiques et garantir leur cohérence. Huit lois type dans le domaine du

numérique sont en vigueur et sont ainsi libellées :

Loi type portant cadre Juridique et Institutionnel général du secteur de communications

électroniques Brazzaville novembre 2016

Loi type relative aux régimes d’accès et aux activités de communications électroniques

Brazzaville, novembre 2016 ;

Loi type relative au service universel et les mécanismes de son financement Brazzaville,

novembre 2016 ;

Loi type relative aux fréquences radioélectriques et aux ressources en numérotation

Brazzaville, novembre 2016 ;

Loi type relative à l’interconnexion Brazzaville, novembre 2016 ;

Loi-type relative aux transactions électroniques ;

Loi-type relative à la protection des données à caractère personnel ;

Loi-type portant sur la lutte contre la cybercriminalité dans les Etats Membres de la

CEEAC/CEMAC.

81. Cependant, malgré l’existence de cette armature légale et règlementaire le niveau de

transposition de ces lois types dans les législations nationales des onze Etats membres de la CEEAC

reste faible. En fait, il se trouve qu’après la phase d’élaboration des lois type, il était prévu une

deuxième phase pour l’accompagnement et le suivi de leur transcription dans les lois nationales, mais

cette phase n’a pas véritablement démarré. Il faut également mettre en relief que tout en sachant que

l’économie numérique repose de plus en plus sur les données (Big data, IA, etc.), la plupart des pays

ne disposent pas de lois sur la protection des données à caractère personnel.

82. Au niveau des instances politiques sous régionales, plusieurs projets ont été arrêtés en faveur

du développement et de l’intégration sous régionale. Parmi ceux-ci figurent, le projet Central Africa

Backbone (CAB), le Plan d’Action Consensuel de Déploiement des Infrastructures de

Communications Electroniques de l’Afrique Centrale (PACDICE-AC), et l’Accord de coordination

des fréquences aux frontières. De plus, en 2008, au terme d’un sommet, les chefs d’Etat de la

Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale avaient décidé de doter la sous-région

d’un réseau de télécommunications fiable à haut débit qui devrait relier leurs pays, au moyen d’une

connexion terrestre à fibre optique ainsi que la mise en place d’un réseau one network. Au nombre

41http://www.minecofin.gov.rw/fileadmin/templates/documents/sector_strategic_plan/ICT_SSP__SMART_Rwanda_M

aster_Plan_.pdf

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des résultats attendus figurent la transformation du paysage des télécommunications dans un pays ;

la transmission de données d’un pays de la sous-région à un autre sans transiter par les câbles sous-

marins internationaux ; l’augmentation du taux de pénétration de l’internet à haut débit ; la

dissémination de la connectivité internationale sur l’ensemble du territoire des Etats concernés ; et

un tarif d’itinérance mobile sous-régional.

Le PACDICE-AC, adopté en mars 2019, est un programme de renforcement des infrastructures

communautaires large bande des Etats membres et d’interconnexion des infrastructures large bande

entre les Etats membres. Le programme de renforcement des infrastructures communautaires large

bande des Etats membres devrait combler les chaînons manquants permettant d’atteindre les dernières

chambres d’interconnexion au niveau des frontières des différents pays et avec le concours de la

CEEAC, aider les Etats membres concernés à lever les fonds nécessaires à leur réalisation.

La mise en œuvre de ce programme devait permettra de lever les problèmes tels que des tarifs de

communications élevés; le contournement du trafic de la sous-région vers d’autres backbones ; la

perte des opportunités liées aux externalités de réseaux ; et la perte des devises dans la sous-région.

83. Dans le cadre des transactions électroniques, le problème de reconnaissance des certificats

électroniques émis par les infrastructures à clé publique (PKI) de chaque pays par les autres pays

restreint la sécurisation des transactions au niveau national. Pour garantir la fluidité du réseau internet

et faire en sorte que le trafic national ou sous régional ne transite pas par des pays hors - région, un

programme de déploiement des points d’échange internet (IXP) national et régional est déployé sous

l’égide de l’Union Africaine.

84. D’autre part, il existe des accords de coordination et de partage des fréquences

radioélectriques dans les zones frontalières entre certains Etats membres (entre le Cameroun et le

Tchad, par exemple). Ces accords comprennent le passage en revue des différentes conditions et

possibilités de partage des canaux dédiés aux opérateurs et fournisseurs de services de

communications mobiles. Ils fixent le cadre et les paramètres du contrôle d’empiètement des réseaux

dans les zones frontalières pour permettre un fonctionnement harmonieux des réseaux et éviter les

brouillages réciproques. Ces accords règlent également le problème de roaming accidentel,

notamment lorsque le free roaming n’est pas encore mis en œuvre, et jettent les bases en vue du

partage et de la coordination des fréquences aux frontières des pays pour une optimisation de la

gestion du spectre de fréquences radioélectriques pour l’ensemble des localités frontalières et

l’élaboration d’une cartographie de couverture. Cependant ces accords ne sont pas généralisés à

l’ensemble des pays de la sous-région.

85. A quoi attribuer le retard presque chronique de la sous-région ? La réponse ne peut tenir

en une seule phrase, mais il est évident que l’Afrique centrale ne peut se permettre le luxe de rester

un acteur passif face aux défis de cette quatrième révolution industrielle. Parmi les causes possibles,

on peut noter l'absence de suivi des décisions prises par les Chefs d'Etats ou encore celles des prises

lors des réunions sous régionales des ministres des télécommunications, nonobstant des conflits

sécuritaires que connait la sous-région. On peut également citer d’autres causes, dont :

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Une application tardive de la libre circulation des biens et des personnes qui est devenue

effective uniquement en 2017 dans la zone CEMAC alors qu'elle a été initiée il y a plus de

quinze ans ;

Un Plan Directeur Consensuel des Transports en Afrique Centrale (PDCT-AC) non réalisé.

Ce Plan, adopté en 2004 par la 11ième Conférence ordinaire des Chefs d’Etat et de

Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC),

avec pour objectif de relier, en 2010, les capitales de la sous-région par des routes bitumées,

d’une capitale à une autre et donc de développer le E-commerce sous-régional ;

L'absence d'un réseau one network (itinérance mobile), qui a fait l'objet de plusieurs études

de faisabilité et de plaidoyers initiés en 2009 par la CEA et l'UIT auprès des institutions sous

régionales, dont un récent début 2019 ; mais, à ce jour, il n'y a aucune feuille de route validée

pour une mise en œuvre ;

Un retard dans la transposition des textes communautaires CEEAC portant sur les lois types

relatives aux Télécommunications/TIC et le cadre de référence d’interconnexion

transfrontalière des Etats membres de la CEEAC adoptés en 2016. A ce jour, la plupart des

pays n'ont pas encore initié le processus de transposition.

86. Ces quatre points montrent combien la sous-région peine à mettre en œuvre les décisions

prises au niveau communautaire, malgré de moult réunions de travail ou de concertations

institutionnelles. Le roaming en est un parfait exemple : les textes sont adoptés depuis 2016, mais

aucune action n'est entreprise pour sa mise en œuvre malgré son potentiel à booster les échanges

commerciaux sous-régionaux et son caractère d'outil d'intégration. L'Afrique centrale ne peut faire

l'impasse de l'économie numérique.

87. Pour se faire, elle devrait se doter entre autres, d'une stratégie sous régionale de l'économie

numérique en y associant dès sa genèse le secteur privé afin de pouvoir préparer les réformes

structurelles transversales nécessaires, notamment en :

Reformant le secteur de l'enseignements et de la recherche ;

Renforçant les capacités humaines des CER dans le domaine de l'économie numérique qui

font cruellement défaut ou inexistante dans certains cas ;

Créant des partenariats avec le secteur privé ;

Définissant la quatrième révolution industrielle comme une priorité sous régionale à part

entière et non pas comme une activité de second rang ;

Contraignant les pays à adopter les réformes juridiques sous-régionales validées par les CER;

Développant une plateforme de régulation harmonisée du secteur de l’économie numérique

qui pourrait correspondre avec le reste du monde ;

Prenant en compte les femmes dans les politiques sous-régionales de développement du

numérique afin d'endiguer la fracture numérique genre qui continue de se creuser en Afrique;

Créant un fond de solidarité du numérique sous régional destiné à financer les startups qui

seront les employeurs de demain et,

Diminuant les couts d'accès « au large bande » et donc les couts d'accès à internet et des

télécommunications.

88. De plus, il serait judicieux que les Chefs d'Etats de la sous-région se dotent d'un comité

technique de suivi des décisions prises lors des réunions statutaires ( Sommets des Chefs d'Etats,

réunions des ministres thématiques de la CEEAC/CEMAC...) assorti d'un statut particulier lui

permettant de faire appliquer et de contrôler la bonne exécution des résolutions adoptées.

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Pour mesurer l’impact de l’économie numérique sur le PIB ou les recettes fiscales, seul le secteur du

mobile sera pris en compte à cause de la faible disponibilité de données pour les autres dimensions

de l’économie numérique.

Selon le rapport de la GSMA « L’économie du secteur mobile en Afrique subsaharienne 2017 », en

2016, les technologies et services mobiles ont généré 110 milliards de dollars de valeur économique

en Afrique Sub-Saharienne, soit 7,7% du PIB. La contribution du mobile au PIB devrait passer à 142

milliards de dollars, soit 8,6% du PIB d’ici 2020 puisque les pays bénéficient d’une amélioration de

la productivité et de l’efficacité apportées par l’augmentation des abonnements aux services mobiles.

L’écosystème du secteur mobile a également permis de soutenir 3,5 millions d’emplois en Afrique

Sub-Saharienne en 2016. Outre l’impact du secteur du mobile sur le PIB et l’emploi, il apporte

également une contribution importante au secteur public, avec 13 milliards de dollars payés en 2016

sous forme d’impôts42.

89. Sur la base de l’état des lieux, des tendances générales dans le domaine de l’économie

numérique et en tenant compte des potentialités des pays de la sous-région, les principales

opportunités pour l’accélération de la diversification économique vont être identifiées par pays ou

groupe de pays selon le cas, ainsi que les défis à relever pour les saisir.

4. OPPORTUNITES ET DEFIS DE L’ECONOMIE NUMERIQUE POUR

L’ACCELERATION DE LA DIVERSIFICATION ECONOMIQUE ET DE

L’INDUSTRIALISATION DANS LA SOUS-REGION

4.1 Opportunités

90. Toutes les transactions financières sont devenues électroniques et donc, l’existence d’un socle

numérique, de qualité et sécurisé est devenu déterminant pour le bon fonctionnement du marché

financier régional. Les marchés financiers ont ainsi besoin des TIC pour décoller et donnent, ainsi,

l’opportunité de lever des fonds en vue du financement de l’économie en général et des activités de

transformation numérique ou d’industrialisation, en particulier.

91. L’économie numérique est une opportunité pour accroitre la taille du marché national et sous-

régional de manière considérable. La taille de marché qui était auparavant associée à la taille d’un

pays ou de la communauté économique à laquelle il appartient, est maintenant sans limite, où

correspond à 50% de la population mondiale accédant à internet, soit environ 3,8 milliards de

personnes. Cette caractéristique fait que les plus grandes entreprises de nos jours, ce ne sont plus les

entreprises pétrolières, mais celles qui qualifiées de « nouvelles économies » reposent sur les

plateformes qui accèdent, par le biais de l’internet, aux potentiels clients situés dans tous les pays du

monde. Plusieurs entreprises de par le monde en tirent profit. La qualité et robustesse des outils

numériques, alliée à un bon capital humain peut permettre à la sous-région de tirer davantage de

l’accès généralisé au marché qu’offre l’économie numérique.

92. Investir dans l’éducation permet d’apporter les ressources intellectuelles nécessaires à la

recherche et à l’innovation d’un pays. De même, construire des infrastructures, notamment dans le

42 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download

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domaine des TIC, sert de fondement aux plates-formes en faveur de l’innovation. Tel est, selon OMPI

Magazine, le rôle important que jouent les TIC en faveur de l’innovation.

93. L’économie numérique est une opportunité pour l’administration publique afin de mieux

répondre aux besoins des populations. En effet le e-Gouvernement présente de nombreux avantages,

tels que la simplification des démarches, l’amélioration de la célérité et de la transparence dans le

traitement des demandes des usagers, la lutte contre la corruption, la réduction des cas de vols à cause

du non maniement des espèces, etc. Les services visés ici sont nombreux et comprennent : la

déclaration d’impôts en ligne, le paiement en ligne des droits et amendes, la création d’entreprise en

ligne, la déclaration et l’obtention en ligne d’actes, permis ou documents divers (acte de naissance,

acte de mariage, carte grise, permis de conduire, carte nationale d’identité, permis de bâtir, visa, etc.).

94. De même, tous les pays de la sous-région ont dans leur agenda de développement l’ambition

de promouvoir le secteur des services (tourisme, commerce, activités financières…), pour lequel le

numérique est aujourd’hui incontournable.

95. En Afrique centrale, le secteur agricole

apparait comme un secteur avec des perspectives

favorables en termes de diversification

économique et le numérique peut aider à saisir les

opportunités de croissance dans le domaine

agricole et de l’agro-industrie. En effet, les

besoins en matière agricole sont nombreux et

croissants, les terres arables sont plus ou moins

abondantes et le numérique peut avoir une

contribution à apporter dans les différentes phases

de production et de commercialisation.

96. Dans la phase de production, le numérique peut contribuer à une meilleure sélection des

intrants adaptés au sol, à mieux surveiller l’évolution des cultures, contrôler l’irrigation ou apporter

le traitement phytosanitaire approprié. Ainsi, des applications croisent données satellitaires et

informations communiquées par les exploitants agricoles pour identifier les variétés les mieux

adaptées aux conditions locales de sol et de climat, ainsi que les traitements phytosanitaires les plus

indiqués. Des capteurs plantés dans le sol peuvent renseigner en temps réel sur la croissance des

semis et détecter rapidement des anomalies, comme par exemple des déviations par rapport aux

paramètres habituels de qualité des sols. Dans la phase de commercialisation, le numérique permet

d’assurer le marketing, la vente (y compris à distance), la livraison (GPS) et le paiement. Trois

problèmes majeurs, à savoir l’insuffisance des quantités produites, la faible transformation locale et

le vieillissement des producteurs sont ainsi identifiés et doivent être adressés. Le numérique est une

opportunité pour apporter des solutions à ces problèmes notamment en motivant les jeunes à

s’intéresser à l’activité agricole. En raison de son image traditionnelle, le secteur agricole n’est pas

d’emblée associé aux technologies numériques. Or l’usage de ces innovations se répand rapidement

dans tous les domaines, y compris, celui de l’agriculture. Enfin, l’accès aux informations relatives

aux marchés, aux demandes des fournisseurs et au prix, permet d’écouler rapidement la production

au meilleur prix tout en optimisation la gestion du stockage et des transports. Aussi, avec l’entrée en

vigueur prochaine de la Zone de Libre-Echange économique Continentale Africaine (ZLECAf), les

possibilités d’écoulement des produits se trouvent décuplées.

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97. Dans un autre domaine, celui des machines agricoles, l’intégration de dispositifs numériques

permet d’optimiser leur utilisation. En diagnostiquant des défaillances mécaniques ou en formulant

des conseils adaptés à chaque utilisateur, le coût de fonctionnement des machines peut être réduit.

Encadré 6 : L’utilisation de drones en Tunisie dans le domaine agricole.

L’exemple de la Tunisie qui utilise des drones pour améliorer la productivité agricole est assez

édifiant. En effet, en Tunisie, la Banque africaine de développement (BAD), le ministère tunisien de

l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche et l’agence gouvernementale sud-coréenne

Busan Techno Park, ont signé, le 8 avril 2019, un accord tripartite prévoyant le déploiement, dès la

fin avril, de drones dans des projets agricoles de la région de Sidi Bouzid, au centre du pays. Ce

projet pilote a été initié par la Banque qui, par le biais du fonds de coopération économique Corée-

Afrique (KOAFEC), a organisé le transfert de technologies pour l’utilisation des drones. Cet accord

a pour objectif de soutenir le Gouvernement tunisien dans sa politique visant à améliorer la

productivité agricole. Par la mise en fonction de drones, ce projet permettra de fournir rapidement

des informations clés susceptibles d’optimiser l’utilisation des systèmes d’irrigation et des engrais,

de détecter de manière précoce les maladies qui affectent la production agricole, et d’améliorer, par

l’actualisation des données statistiques, la prise de décision durant les différentes phases du projet.

Un centre d’excellence régional sera créé en Tunisie pour partager cette expérience à d’autres pays

africains.

Source : Article Webmanagercenter, avril 201943

98. Dans le domaine forestier, le bassin du Congo qui couvre le Cameroun, la République

centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon et la

Guinée équatoriale est le deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne. Il couvre

plus de deux millions de km². Il connait une surexploitation du bois et la déforestation est importante.

Les dégâts sont écologiques avec une diminution de la biodiversité : mais les conséquences sont

aussi économiques avec la perte de ressources financières, liée à une faible transformation, voire une

absence de transformation. Le numérique est un outil puissant pour une gestion optimale des

ressources forestières et la création de la valeur ajoutée par la transformation. L’exemple du Gabon

est assez édifiant. Récemment, le ministère chargé des Forêts a annoncé la mise en place d’un

système national de surveillance satellitaire des forêts. L’objectif de ce dispositif de surveillance est

de prévenir les activités susceptibles de porter atteinte à l’intégrité forestière, mais surtout de veiller

à l’exploitation rationnelle de la forêt. Cette surveillance améliorée permettra d’assurer le respect des

dispositions légales prévues par le Code forestier en République gabonaise relatives à l’élaboration

et au suivi des plans d’aménagement, pour une gestion durable des forêts au Gabon. Le système

facilitera l’exploitation rationnelle de la forêt, la faune sauvage et des ressources. En outre, l’outil de

surveillance satellitaire va permettre de cartographier les paysages, en particulier la forêt. Mais aussi,

de surveiller la déforestation ou la (re) végétalisation des zones exploitées.

99. Dans le domaine des services financiers, la technologie numérique a transformé de fonds

en comble les activités de ce secteur. Le service financier numérique le plus porteur dans les pays en

développement, en Afrique et dans la CEEAC est le mobile money. Le Mobile Money permet aux

gens de recevoir, garder et dépenser de l’argent en utilisant un téléphone portable. Il est appelé parfois

43 https://www.webmanagercenter.com/2019/04/08/433405/tunisie-des-drones-agricoles-pour-sidi-bouzid/

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portefeuille mobile ou bien on utilise le nom propre au fournisseur du service tel que M-Pesa,

EcoCash, GCash, Tigo Pesa, MTN mobile money, Orange money, EU mobile money, etc. Chaque

utilisateur du Mobile Money a un numéro de compte unique et ce numéro est identique au numéro

de téléphone portable. En utilisant le menu ou l’application du portefeuille mobile sur leur téléphone

portable, les utilisateurs peuvent transférer des fonds à quelqu’un ou payer des sociétés comme des

magasins ou des restaurants, ou retirer de l’argent de leur portefeuille mobile auprès des agences

dans leur pays. Les portefeuilles mobiles sont une alternative populaire aux espèces et aux banques

parce qu’ils sont faciles à sécuriser et à utiliser partout où il y a un signal de téléphone portable. Les

possibilités de croissance du mobile money restent énormes.

100. Selon un rapport de la GSMA, 40% de la population adulte utilisaient le mobile money en

2016, pour un taux de pénétration de la téléphonie mobile de l’ordre de 65% dans la CEEAC. Si on

prend en compte le fait que ce taux de pénétration pourrait atteindre 90% dans les prochaines années,

et dans l’hypothèse d’une adoption toujours forte du mobile money par les populations et les acteurs

économiques (comparable à ce qui est observé au Kenya où 90 % des abonnés à la téléphonie mobile

utilisent le M-pesa), une simple extrapolation montre que le pourcentage de la population utilisant le

mobile money va être autour de 81%. Le mobile money va donc continuer à connaitre une croissance

phénoménale. Ce qui augure également de belles perspectives pour les fintechs.

Contraction de finance et technologie, le terme fintech est utilisé pour décrire des entreprises

innovantes et utilisant les technologies du numérique, du mobile, de l'intelligence artificielle, etc.,

pour fournir des services financiers de façon plus efficace et moins chère. Il s'agit généralement

de startups, même si des acteurs historiques du paiement ou du logiciel bancaire se présentent

parfois sous ce terme.

101. Selon le cabinet KPMG, les fintechs ont connu une explosion en 2015 avec des montants

investis par les fonds de capital-risque dans les startups du secteur de 47 milliards de dollars cette

année-là. Ils prennent, dans certains cas, la forme de néo-banque, avec la possibilité d’avoir un

compte bancaire ouvert sur internet et sans agence physique. Les néo-banques 100% digitales, sans

agence, proposent un compte et une carte de paiement à bas coûts ou disposent d’applications de

paiement de gestion des finances personnelles ainsi que des outils de gestion de patrimoine ou

d'investissement automatisé. Certains proposent des services financiers aux entreprises, PME ou

grands comptes, par exemple le transfert de devises en ligne ou l’affacturage dématérialisé.

102. D’autres, à l'image des plateformes de financement participatif, mettent en relation des

porteurs de projets, créateurs, commerçants, PME, et des investisseurs, particuliers ou

professionnels (crowdfunding en dons avec ou sans récompenses, crowdlending prêts aux PME,

ou crowdequity pour financement en capital). Les Insurtech dans le domaine de l’assurance offrent

les services de comparateur, d'assurance collaborative, ou d'assurance santé 100% digitale.

103. Il y a lieu de remarquer que l’innovation est au cœur des activités des fintech . Constatant

que les services financiers mobiles money ne sont pas interopérables, la start-up WeCashUp dont

le fondateur est Cédric Atangana, a développé une passerelle de paiement mobile universelle pour

l’Afrique. Selon Cédric Atangana, l’Afrique compte plus de 155 formats de paiement mobile. Avant

l’arrivée d’une application comme WeCashUp, les e-commerçants devaient intégrer ces multiples

plateformes en fonction des demandes clients. Une passerelle universelle comme WeCashUp facilite

grandement les paiements électroniques, grâce à l’intégration d’une API (interface de dialogue), qui

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connecte le commerçant au bon standard de paiement. En dehors des e-commerçants, WeCashUp

travaille avec des banques et des acteurs de la microfinance.

104. Toujours concernant les services financiers, la cryptomonnaie, une forme de monnaie

virtuelle, ne cesse de croître dans le monde, y compris en Afrique et certains économistes estiment

que cette innovation révolutionnaire a toutes ses chances sur le continent. La cryptomonnaie ne

connaît pas de frontières puisqu’elle dépend d’Internet : les transactions sont enregistrées dans une

base de données distribuée appelée « chaîne de blocs » (blockchain), soit un ensemble d’ordinateurs

connectés qui génèrent un registre en temps réel. La particularité de la cryptomonnaie réside dans le

fait qu’elle n’est pas encore réglementée par les États et ne passe par aucun intermédiaire. Les

transactions se font sur le Web et peuvent donc avoir lieu n’importe où dans le monde. Parmi les

principales marques mondiales de cryptomonnaies, on compte Bitcoin, Litecoin, XRP, Dash, Lisk et

Monero, mais Bitcoin arrive en tête en Afrique. Les cryptomonnaies pourraient devenir le nouveau

mode de transaction financière à l’ère numérique. D’ici à 2020, il y aura, en Afrique, 725 millions

d’utilisateurs de téléphone portable, selon la GSMA et davantage d’Africains seront ainsi en mesure

d’entrer dans l’univers de la cryptomonnaie. Les Gouvernements ne réglementent pas

actuellement les cryptomonnaies, favorisant, sans doute, ainsi, leur croissance. Le fait que les

utilisateurs de cryptomonnaies puissent envoyer de l’argent partout où une connexion Internet est

disponible à peu de frais et sans l’interférence d’un tiers est un avantage que la plupart des monnaies

n’offrent pas.

105. Les voitures autonomes de demain utilisent les outils numériques pour leur pilotage. De

même, pour une meilleure protection de l’environnement, les voitures de demain vont voir leur

moteur thermique remplacé par des moteurs électriques avec des batteries électriques. Ces batteries

électriques sont fabriquées à partir du cobalt, minerai dont regorge abondamment la RDC. Les

batteries des smartphones sont également fabriquées à partir du cobalt et, en tenant compte de la

croissance prévue pour la téléphonie mobile large bande, cela préfigure une demande accrue du

cobalt. En effet, 40 % du cobalt produit dans le monde est utilisé dans les batteries pour smartphones

et celles pour voitures électriques. Selon une étude commanditée par Glencore, le nombre de ces

véhicules devrait dépasser les 30 millions d'ici à 2030, et la production du minerai devrait, pour

satisfaire ces besoins, augmenter de 314 000 tonnes, soit plus de 400 % par rapport au niveau de

2016. Dans le seul secteur des batteries, la demande mondiale de cobalt a triplé depuis 2011 et devrait

continuer sur cette voie. Elle passerait de 46 000 tonnes en 2017 à environ 190 000 tonnes d'ici 2026,

selon l'analyste du secteur par Benchmark Mineral Intelligence. La RDC produit environ 60% du

cobalt mondial et possèderait 50% des réserves mondiale de ce métal.

106. La production de cobalt en RDC est duale. Elle provient de grands groupes mais aussi d'une

multitude de producteurs artisanaux, employant quelque 200 000 personnes, ce qui pose le problème

d’exploitation judicieuse et de sécurité pour ces personnes. Dans un premier temps, l’utilisation des

outils numériques pourrait optimiser la gestion des différents sites d’extraction du minerai, assurer

la traçabilité de la production, en maitriser les quantités et renforcer la sécurité dans les différents

sites. Mais, c’est surtout l’industrialisation pour produire des produits semi finis, voire finis qui peut

permettre de créer davantage de valeurs ajoutées. Une opportunité que la RDC devrait saisir.

107. Un autre minerai très précieux du fait de son utilisation dans l’industrie électronique, le coltan

fait partie de ces produits très convoités, qui font l’attrait, de quelques régions d’Afrique centrale et

surtout de la RDC. Le terme coltan est employé pour désigner colombite-tantalite, minerai de couleur

noire ou brun rouge dont on extrait le niobium et le tantale. C’est ce dernier qui fait toute l’utilité du

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coltan. En effet, de par sa résistance à la chaleur et la corrosion, le tantale produit à partir du coltan

est très recherché dans la fabrication de certains composants électroniques, comme les condensateurs

d’ordinateurs et de téléphones portables. Selon les estimations, le secteur de l’électronique

monopoliserait 60 à 80% du marché du tantale. Son utilisation s’étend aux missiles, fusées ou encore

les avions. On l’utilise dans la composition d’alliages de cobalt et de nickel dans l’aéronautique et la

fabrication des réacteurs. Les ressources mondiales de coltan sont réparties dans de nombreux pays,

en particulier l’Australie, le Brésil, la Chine, le Canada, l’Espagne et la RDC. La RDC abrite les plus

importantes réserves de ce minerai, soit de 60% à 80% des réserves mondiales connues.

108. La RDC n’est cependant pas le seul pays de la sous-région riche en coltan. Le Rwanda voisin

peut également produire du coltan, notamment dans la région de Gatumba. Très souvent,

l’exploitation du coltan se fait de manière illégale et informelle et entraine des effets néfastes sur

l’écosystème local, notamment la faune, la flore et sur la vie quotidienne des communautés locales.

Depuis 2012, plusieurs actions ont été entreprises en vue de rationaliser l’exploitation du coltan. Le

Burundi, le Rwanda, et la RDC, ont lancé des projets de traçabilité pour s’assurer que les minerais

ne proviennent pas de zones de conflits. Les outils numériques s’avèrent très utiles et efficaces pour

la surveillance des sites et assurer la qualité et la traçabilité du coltan. L’industrialisation avec des

outils numériques d’automatisation des processus de production et de gestion pourrait dans un

premier temps, au moins avec des produits semi finis, permettre de bénéficier de davantage de cette

richesse.

109. Les Centres d’appels et, de manière générale, les prestations de services à distance sont des

opportunités découlant des progrès enregistrés par les technologies numériques, si ces technologies

sont de qualité et si les pays ou zones de délocalisation possèdent une main d’œuvre bien formée et

compétitive. De nombreuses entreprises font appel aux centres d'appel principalement pour leurs

relations externes mais aussi pour optimiser leurs interactions internes. C'est le cas des centres

d'assistance (help desks) internes qui dépannent à distance les employés, et des plateformes créées

pour renseigner les salariés sur leurs carrière, leurs droits et leurs obligations. Le nombre des centres

d’appels croît de façon exponentielle. De plus, de nombreuses entreprises industrielles ou de services

offrent aujourd’hui à leurs clients un service d’accès à distance par téléphone. Différentes

organisations du travail sont possibles : collaborateurs chez le client en délégation de personnel, en

télétravail et, majoritairement, dans des centres d'appel à proximité géographique ou délocalisés dans

des pays où le coût de la main-d’œuvre est moins élevé. Lorsque les équipes de conseillers clientèle

sont réparties sur plusieurs centres ou à leur domicile, on parle de centre d'appels virtuel.

La plupart des pays de la CEEAC ont des potentialités pour saisir les opportunités de

délocalisation des centres d’appels d’Europe ou d’Amérique sur leur territoire pour créer des

emplois au profit des jeunes qui maitrisent les technologies numériques et les langues parlées

dans ces pays, notamment l’Angola, le Cameroun et la Guinée Equatoriale.

110. Le secteur numérique est en constante et perpétuelle évolution et prend de plus en plus

d’importance du fait des incidences positives qu’il a sur tous les autres secteurs. Désormais, c’est la

maitrise du numérique qui donne la possibilité de contrôler et de developper les autres secteurs.

Puisqu’il s’agit d’une économie de l’information et du savoir, toute la puissance est dans

l’immatériel, l’intangible, les données et surtout l’intelligence artificielle et la richesse qui y est

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contenue. Le numérique a aussi apporté un modèle économique de rupture où l’accent est mis sur

l’usage optimal d’un service plutôt que la possession du matériel permettant d’en avoir accès. C’est

ainsi que la tendance pour les particuliers comme pour les entreprises d’utiliser les ressources

informatiques matérielles ou logicielles, sans les posséder se développe de plus en plus et constitue

ce qui est désormais appelé cloud computing. Ces équipements matériels, logiciel et réseau sont

hébergés par les data centers.

111. Le Cloud Computing est un terme général employé pour désigner la fourniture de ressources

et de services à la demande par internet. Il se rapporte au stockage et à l’accès aux données par

l’intermédiaire d’internet plutôt que via le disque dur d’un ordinateur. Il s’oppose ainsi à la notion

de stockage local, consistant à entreposer des données ou à lancer des programmes depuis le disque

dur. Le cloud computing est en plein essor. Le grand public utilise de plus en plus de services cloud,

notamment pour le streaming vidéo, la recherche internet ou encore les réseaux sociaux. De leur

côté, les entreprises utilisent de plus en plus d’outils cloud pour leur gestion de ressources, la

collaboration et l’analyse de données. Cette utilisation des applications cloud va croitre de même que

le développement des Data Centers. D’autre part, l’essor de l’Internet des objets, l’apparition des

voitures autonomes, l’accroissement des villes intelligentes (smart cities), ou encore la prolifération

des appareils connectés pour la santé vont aussi augmenter la demande en Data Centers. Le cloud

présente plusieurs avantages. Il permet aux particuliers comme aux entreprises d’acheter des

ressources informatiques sous la forme de service, de la même manière que l’on consomme de

l’électricité, sans avoir à installer et entretenir des infrastructures informatiques en interne. Les autres

avantages sont l’approvisionnement en libre-service, l’élasticité, et le paiement à l’utilisation.

L’approvisionnement en libre-service permet aux utilisateurs finaux d’accéder à n’importe quelle

ressource informatique à la demande. L’élasticité offre l’opportunité d’augmenter ou de réduire la

consommation de ressources en fonction des besoins de l’entreprise. Enfin, le paiement à l’utilisation

autorise à ne payer que pour les ressources consommées. En outre, le cloud réduit les coûts d’accès

aux ressources informatiques, notamment pour les petites entreprises et les utilisateurs à faible

revenu, comme c’est majoritairement le cas dans la sous-région. Le cloud constitue ainsi une

opportunité pour les pays de la CEEAC d’accéder dans de meilleures conditions de qualité et de coût

aux ressources matérielles et logicielles dont ils pourraient avoir besoin.

112. L’intelligence artificielle (IA), du fait qu’elle permet à des machines et logiciels d’aider à la

résolution de problèmes complexes de la vie, constitue un enjeu stratégique de capitale importance.

D’ailleurs, cette nouvelle technologie figure au rang des priorités en matière de recherche,

d’innovation et de coopération de beaucoup de pays, en particulier ceux développés, à tel point

qu’elle a constitué le thème principal de la réunion des ministres des TIC et de l’Industrie du G7 à

Turin en 2017. L’IA comprend un ensemble de technologies complexes et puissantes qui toucheront,

voire transformeront, tous les secteurs et toutes les industries, et qui aideront la société à résoudre

certains de ses problèmes les plus épineux. En outre, les technologies de l’IA apporteront

vraisemblablement d’importants gains de productivité et ainsi naitront de nouvelles sources de

croissance économique. Pour réaliser le vaste potentiel des technologies de l’IA, il faudra des

investissements judicieux dans l’entrepreneuriat et l’éducation, de façon à promouvoir les

compétences et les connaissances utiles aux emplois de l’avenir et à s’adapter aux changements dans

la demande de compétences.

113. Il existe au moins un avantage réel à l’essor rapide de l’intelligence artificielle, c’est que cette

technologie ne nécessite pas le déploiement d’infrastructures particulières. L’absence de serveurs

peut facilement être compensée par l’accès au cloud computing. Ceci permettrait aux pays africains

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en général et à ceux de la CEEAC, de bénéficier d’une nouvelle possibilité de leapfrogging.

Désormais, les jeunes développeurs peuvent, partout sur le continent, innover sur des applications

simples et apporter des solutions nouvelles. L’IA va permettre aux pays de répondre à des

problématiques de développement qui leur sont propres, notamment sur des questions de santé, de

gestion de l’espace urbain et rural, de la formation accélérée des compétences etc… Pour cela, la

sous-région devra lever les contraintes liées au développement de talents de haut niveau.

114. Avec la croissance du marché du numérique, on a observé l’émergence d’un tissu

entrepreneurial dynamique et dirigé par des jeunes, les start-ups. C’est une nouveauté sur notre

continent où la carrière de fonctionnaire avait longtemps été perçue comme la plus souhaitable ; cette

nouvelle génération de « start-uppeurs » peut donc être perçue comme le symbole des changements

de mentalité facilité par le numérique.

115. Afin de mieux cerner les contraintes rencontrées par ces nouveaux entrepreneurs, le Bureau

sous-régional pour l'Afrique centrale des Nations Unies (CEA) a organisé une réunion d'échange à

Yaoundé, le 4 juillet 2019, qui a réuni les acteurs de l'économie numérique du secteur privé

(entreprises de téléphonie mobile et les startups) et ceux du secteur public (ministère des postes et

des télécommunications et agence de régulation). Lors de ces discussions, plusieurs jeunes start-

uppeurs ont décrit les défis auxquels ils sont confrontés et exprimés un certain nombre de

recommandations pour un développement rapide et soutenu de leurs entreprises, à savoir :

Améliorer/créer un cadre réglementaire spécifique aux startups afin de réduire les goulets

d'étranglement administratifs au profit d'une émergence rapide du secteur ;

Initier une vaste campagne de sensibilisation pour introduire dès l’école primaire les carrières

du numérique, tout en vulgarisant sa culture ;

Faciliter les rencontres entre les startups et le secteur privé en organisant des foras spécifiques

afin de créer des synergies ;

Faciliter l'accès des startups aux entreprises publics comme à travers les appels d'offres;

Envisager un partenariat entre les startups et le secteur public afin faciliter leur développement

et la création de projets innovants créateurs d'emplois ;

Créer un fonds de garantie pour appuyer les startups dans leur recherche de financement auprès

des institutions financières.

116. Par ailleurs, l’IA et le numérique sont un secteur d’opportunité pour les jeunes du continent,

car la barrière d’entrée, en termes de coût d’investissement initial, est relativement bas, ce qui permet

d’entrer sur le marché sans lever d’importants financements. Avec une population constituée à 75%

de moins de 25 ans, l’Afrique a également des besoins spécifiques en termes d’éducation et de

formation, ce à quoi l’IA permettrait de répondre. En effet, en rendant possible un suivi robotisé et

personnalisé des élèves, l’IA pourrait optimiser les potentialités, dans des pays où le manque de

financements publics crée des classes surpeuplées, atteignant parfois jusqu’à 100 élèves pour un

professeur et le machine-learning et ses modèles prédictifs permettraient également de traiter celle-

ci de façon automatisée, en limitant le recours aux ressources humaines. Enfin, l’IA devrait donner

à l’Afrique les moyens d’exploiter ses propres données. L’extrême rareté de data analystes en

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Afrique fait de ses data une réserve largement inutilisée, mais convoitées par les plus grandes

multinationales.

117. Dans le domaine du numérique, l’internet des objets est en pleine expansion. L’internet des

objets caractérise des objets physiques connectés ayant leur propre identité numérique et capables de

communiquer les uns avec les autres. Ce réseau crée en quelque sorte une passerelle entre le monde

physique et le monde virtuel. Il permet l'identification numérique directe et normalisée (adresse IP,

protocoles smtp, http...) d'un objet physique grâce à un système de communication sans fil. Les objets

connectés produisent de grandes quantités de données, dont le stockage et l’analyse fait partie

intégrante du big data. Ses applications sont multiples. En logistique, il peut s'agir de capteurs qui

servent à la traçabilité des biens pour la gestion des stocks et les acheminements. Dans le domaine

de l'environnement, il est question de capteurs surveillant la qualité de l'air, la température, le niveau

sonore, l'état d'un bâtiment, etc. En domotique, l'Internet des objets renvoie aux appareils

électroménagers communicants, aux capteurs divers (thermostat, détecteurs de fumée, de

présence...), aux compteurs intelligents et systèmes de sécurité connectés. Dans le domaine de la

santé et du bien-être, il renvoie aux montres connectées, aux bracelets connectés et d'autres capteurs

surveillant différents paramètres. L’internet des objets constitue une opportunité pour les industries

et entreprises de tous les secteurs. Les industries manufacturières vont y trouver des solutions qui

prennent en charge les opérations de fabrication et la gestion des actifs de production. Les

industries des transports s’en serviront pour la gestion de la flotte et le suivi du fret. Les

concessionnaires des services publics, quant à eux, vont investir dans les réseaux intelligents pour

l'électricité et l’eau tandis que dans le secteur de la construction les bâtiments intelligents seront

de plus en plus d’usage.

118. Dans la plupart des pays de la sous-région, une franche de la population rencontre

d’énormes difficultés à accéder aux services sociaux de base, faute d’acte d’état civil ou de pièce

d’identité. L’identification numérique est une opportunité pour pallier ces faiblesses. La délivrance

de carte d’identité numérique permettra d’effectuer tout type de transaction sociale, administrative

ou économique de manière fiable. Elle va surtout permettre une meilleure intégration des

populations marginalisées ou défavorisée.

4.2 Défis

119. Les nombreuses opportunités identifiées devraient être saisies afin d’accélérer le

développement économique et social pour la création d’emplois et de richesse, l’amélioration du

bien-être des populations et la réduction des inégalités. Pour répondre à ces objectifs de

développement et, en tenant compte à la fois de la situation actuelle des pays de la CEEAC et du

taux de croissance de la population, il est établi que la diversification économique et

l’industrialisation sont la meilleure réponse, l’économie basée sur les matières premières ayant

montrée ses limites. Pour ce qui est de la diversification et de l’industrialisation, le secteur du

numérique offre des avantages certains dans la mesure où il est transversal et touche tous les autres

secteurs.

120. Cependant, un ensemble de contraintes empêchent de saisir les opportunités ci-dessus

évoquées et entravent la transformation numérique et la diversification économique. On peut

citer notamment :

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L’inexistence d’une formulation de vision de haut niveau relative à l’économie numérique ou

une vision non actualisée lorsqu’elle existe, de même pour ce qui est de la stratégie de

développement de l’économie numérique ;

La faible cohérence des politiques nationales avec celle de développement de l’économie

numérique ;

La faible harmonisation des politiques nationales dans le domaine de l’économie numérique ;

L’inadaptation du cadre légal, réglementaire et institutionnel ;

Le faible appui au secteur privé national afin d’une plus grande adoption de l’économie

numérique ;

La faiblesse d’une synergie d’action entre le secteur public, le secteur privé, les instituts de

formation et de recherche intervenant dans le domaine de l’économie numérique ;

Les difficultés de mobilisation des financements ;

L’inadaptation quantitative et qualitative des ressources humaines ;

L’insuffisance qualitative et quantitative des infrastructures nationales et sous –régionales,

couplée avec le coût élevé des communications ;

Trouver des solutions appropriées à ces contraintes et anticiper sur les besoins futurs constituent des

défis à relever sur divers plans pour permettre à l’économie numérique de jouer pleinement son rôle

dans le processus de diversification et d’industrialisation.

121. S’agissant du cadre légal, réglementaire et institutionnel, la nature agile, évolutive,

changeante et globalisée de l’économie numérique impose une adaptation permanente des normes

juridiques et un renforcement de la collaboration sous régionale, régionale et internationale. Ainsi,

une plus forte intégration au niveau de l’Afrique centrale serait de nature à accélérer les échanges

commerciaux et à stimuler le développement des services numériques.

122. Sur le plan institutionnel, les administrations publiques devraient prêcher par l’exemple en

étant une référence en matière d’offres de services numériques. La transformation numérique de

l’Administration devrait être effective et complète et permettre l’expansion du e-Gouvernement au

bénéfice des populations et des entreprises.

123. Le renforcement des capacités techniques et humaines des régulateurs est nécessaire pour la

mesure et le contrôle de la qualité de services ainsi que pour une tarification adéquate des services.

Il est à observer que le marché de la sous-région est envahi par des terminaux de qualité douteuse et

des efforts devront être faits par les régulateurs pour maitriser la situation, en procédant à leur

homologation.

124. Par ailleurs, les opérateurs historiques qui offrent les services de communications

électroniques fixes ont vu leurs parcs d’abonnés décroitre sensiblement, alors que la tendance

générale dans le secteur est à la hausse, ce qui montre leur inadaptation structurelle. Le défi ici est

celui de la restructuration des opérateurs historiques pour leur permettre de jouer pleinement leur

rôle dans ce nouveau contexte. D’autre part, les préoccupations en matière de cybersécurité obligent

à doter les états d’institutions de gestion, de contrôle et de réponse à de telles préoccupations.

125. Le secteur de l’économie numérique est à la fois très agile et évolutif. Le défi de l’instauration

de cadre de concertation afin de s’y adapter est très prégnant. A côté des institutions publiques et

privées, un cadre de dialogue entre le Gouvernement, le secteur privé, les milieux universitaires et

les milieux financiers devraient s’instaurer au sein d’une sorte de Conseil de partenariat pour débattre

des perspectives et des freins qui entravent l’expansion de l’économie digitale.

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126. En ce qui concerne le secteur privé et le climat des affaires, les Gouvernements de la région

font face à des défis liés à l’ampleur des incertitudes qui entourent l’investissement, et freinent ainsi

le développement des entreprises et l’entreprenariat, notamment pour le domaine de l’économie

digitale. Dans cette perspective, il est essentiel pour les pays de la région, qui trônent pour la plupart

au bas du classement du « Doing business » pour diverses raisons, d’envisager très sérieusement de

s’attaquer aux freins à l’attractivité de la destination Afrique centrale.

127. Pour ce qui est de l’écosystème de l’économie numérique dans la sous-région, en dehors des

opérateurs et fournisseurs de services de télécommunications et TIC et services financiers mobiles,

les autres éléments sont manquants ou embryonnaires. Il s’agit notamment de la fabrication des

terminaux et équipements, de l’édition des logiciels ou de la fourniture des services à valeur ajoutée.

Des mesures incitatives d’ordre administratif ou fiscal peuvent amener à faire à ce que ces activités

encore en veilleuse puissent décoller.

128. S’agissant des investissements et des financements, la promotion du développement de

l’économie numérique, si l’on veut étendre la couverture et rendre l’accès et les services numériques

disponibles partout et pour tous, exige des efforts colossaux. La mobilisation de ressources afin de

financer les investissements dans les domaines prioritaires identifiés doit prendre en compte toutes

les possibilités existantes ou futures et les adapter à chaque type de structure. Les pays de la région

ont souvent tendance à mettre l’accent sur l’allocation des ressources plutôt que sur la mobilisation

des ressources dans la conduite des politiques de développement. Ils devraient accorder davantage

d’attention à la mobilisation des ressources et renforcer cette mobilisation en favorisant l’épargne

intérieure ; aussi, les modèles de financement basés sur le partenariat public privé sont de plus en

plus utilisés dans le secteur de l’économie numérique et devraient être davantage explorés. Le

financement participatif (crowdfunding) est un créneau où les start-ups interviennent amplement.

Les pays devraient fixer les lignes directrices concernant ce type de financement. Il en est de même

pour ce qui est des cryptomonnaies.

129. En ce qui concerne le capital humain, le contexte actuel de la mondialisation qui s’exprime

avec force dans le domaine de l’économie numérique, rend caduque le modèle traditionnel de

développement où on pouvait transposer dans les pays de la sous-région des solutions éprouvées

ailleurs et oblige à adopter, dans la mesure du possible, des stratégies qui reposent, sur le

développement des produits différenciés très innovants, ou des produits de niche à forte intensité

technologique. Ceci suppose la disponibilité d’une masse critique de ressources humaines hautement

qualifiées. Ainsi, le problème du développement des ressources humaines à tous les niveaux et, plus

spécialement, au niveau des formations universitaires et professionnelles se pose avec acuité. Il en

est de même des Centres de recherche et des pôles technologiques qui sont les lieux par excellence

où se développe l’innovation. L’état des lieux a relevé l’énorme carence de la région en structures

spécialisées de formation de haut niveau et centres de recherche et le très faible niveau de produits

de moyenne ou haute technologie issus de la région.

Dans un contexte où l’innovation et les capacités techniques et technologiques sont des

facteurs importants dans la compétitivité, les pays d’Afrique centrale se doivent d’investir

massivement dans la formation du capital humain.

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130. Pour ce qui est des infrastructures, de la couverture et des coûts d’accès, la connectivité a un

rôle central à jouer dans l'édification de la société de l'information.

Un accès universel, ubiquitaire, équitable et financièrement abordable aux

infrastructures et aux services numériques constitue l'un des défis de la société

de l'information et devrait être l'un des objectifs de tous ceux qui participent à

son édification.

L’infrastructure comprend également l'accès à l'énergie et aux services

postaux, qui sont indispensables pour l’activation des équipements et les

aspects logistiques liés à la distribution des produits et biens dans le cadre des

transactions électroniques.

131. Par ailleurs, l’atteinte des objectifs définis dans les différents engagements internationaux et

les ODD ainsi que les objectifs de développement demandent de formaliser le cadre devant favoriser

l’émergence de la société de l’information en Afrique centrale. Il s’agit de relever les défis de la

convergence multidimensionnelle (plate-forme d’offre de services multimédia), de l’infrastructure

large bande et de la confiance aux services de communications électroniques.

132. Il est amplement reconnu que les infrastructures de quantité suffisante et de bonne qualité

(transports, électricité ou communications électroniques), sont des conditions préalables au

développement de n’importe quel secteur économique. Dans le domaine de l’économie numérique,

ceci est tellement vrai que les infrastructures de communications électroniques sont appelées « le

cœur de l’économie numérique », en raison de son importance et de son rôle dans la bonne marche

des autres composantes de l’économie numérique.

133. L’état des lieux a mis en exergue d’énormes défis à relever en ce qui concerne les

infrastructures. Dans chacun des pays de la CEEAC, il faudra encore en déployer, notamment la fibre

optique, pour pouvoir offrir les services large bande dont les utilisateurs ont besoin. Ces

infrastructures devront être posées de façon à assurer la redondance et être en mesure de fonctionner

même s’il y a des coupures et donc être résilientes. Des efforts devraient être faits pour la baisse

substantielle des coûts, car il ne faut pas perdre de vue le fait que dans cette sous-région les prix sont

les plus élevés du monde, lorsqu’on les rapporte au revenu national brut mensuel. Il est aussi utile de

rappeler qu’une enquête de l’UIT a montré que les principales raisons qui amènent les gens à ne pas

utiliser internet sont la vitesse (débit pas suffisant et prix élevé). L’interconnexion sous régionale

devrait continuer d’être une priorité et l’accent mis sur les aspects opérationnels, l’état des lieux

ayant relevé que depuis dix ans par exemple que le projet CAB fonctionne, il s’est appesanti surtout

sur les aspects réglementaire et institutionnel. Cette interconnexion régionale est d’une importance

vitale car les points d’échange internet régionaux ne peuvent jouer leur plein effet que s’il y a

interconnexion directe entre les pays. En outre, l’interconnexion sous régionale est une motivation

supplémentaire pour la mise en œuvre du free roaming car les communications entre deux pays de

la sous-région n’auront plus à emprunter des réseaux tiers qui induisent des charges supplémentaires.

Aussi, pour tenir compte de la tendance mondiale qui est à l’utilisation du cloud computing, la

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construction de data centers nationaux ainsi que des infrastructures de sécurisation des transactions

devrait assurer la souveraineté numérique des pays et susciter la confiance dans l’utilisation des outils

numériques, dans un contexte où les cybermenaces vont croissant.

5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

5.1 Conclusions

134. La plupart des pays de la CEEAC ont donné une place de choix aux TIC et à l’économie

numérique dans leur vision et leur politique de développement à long et moyen terme. Dans certains

pays, cette vision est déclinée dans des stratégies nationales de développement de l’économie

numérique telles que préconisée au niveau international et au niveau continental, mais dont

l’échéance est soit déjà arrivée, soit devrait l’être sous peu. Dans d’autres pays, ces stratégies ne sont

pas disponibles ou au mieux, sont encore en chantier.

135. A partir d’exemples et de cas concrets, nous avons montré que les outils numériques sont un

catalyseur du développement sur lequel l’Afrique Centrale devrait s’appuyer pour sa diversification

économique et son industrialisation. Bien que les outils numériques renvoient à la technologie, le

développement de l’économie numérique ne se joue pas seulement sur le terrain technologique et les

conditions pour son expansion sont des facteurs indispensables à la transformation et la

diversification économique par l’industrialisation, ce que le rapport de la banque mondiale de 2016

a qualifié de compléments analogiques du numérique. Une revue de cet environnement a permis de

conclure que son adaptation est nécessaire ainsi que le renforcement de son harmonisation au niveau

sous - régional.

136. La révolution numérique apporte un nouveau modèle d’organisation de l’activité économique

avec des outils pour transformer les processus de production, de gestion et de commercialisation par

l’accès non restreint aux marchés et la simplification des procédures de tous ordres. Les Etats ne

devraient pas être en reste et doivent procéder à parachever leur transformation numérique en vue de

l’avènement du e-Gouvernement afin de mieux fournir les services publics à la population et aux

entreprises dans les meilleures conditions d’efficacité, de transparence et de coût. Dans cette

mouvance, bien que la transformation numérique soit une question transversale qui concerne tous

acteurs de la société et de l’économie, le rôle de l’Etat reste central.

137. Dans le domaine des infrastructures de télécommunications fixes, les pays de la CEEAC

avaient, par le passé, un retard considérable lorsque les communications étaient principalement fixes.

Depuis l’avènement des communications électroniques mobiles, des progrès notables sont

enregistrés dans beaucoup de pays, ce qui a permis de résorber en partie leur retard (leapfrogging).

Toutefois, l’économie numérique s’appuyant désormais sur les réseaux haut débit ou large bande, le

risque de creusement du retard est réel, si l’on tient compte du faible développement des réseaux à

fibre optique à partir desquels les services haut débit actuels (4G pour le mobile ou FTTH pour le

fixe) ou futurs (5G pour le mobile) vont s’interconnecter. D’où la nécessité d’investir dans le

développement de ces réseaux.

138. La diversification économique pourra bénéficier de la croissance phénoménale des services

financiers numériques tels que le mobile money. En effet, de 2016 à 2020, le pourcentage de la

population adulte utilisant le mobile money en Afrique subsaharienne va passer de 40% à environ

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53

81%, soit plus du double. Il s’agit d’une opportunité contribuant grandement à l’atteinte de l’objectif

de l’inclusion financière. Cependant, les populations des couches défavorisées qui ne sont pas

touchées par les services numériques, sont souvent les mêmes qui n’accèdent pas aux services

d’identification (exemple services d’état civil) et l’identification numérique peut être une solution

pour généraliser les services d’identification, tout en les rendant davantage fiables.

139. Les mutations technologiques, notamment le passage de la 4G à la 5G dans le domaine des

communications électroniques mobiles couplées au besoin du maillage national des pays par des

backbone à fibre optique et d’interconnexion directe des pays entre eux, imposent des efforts

énormes à faire en matière d’infrastructure, y compris les data centers et les équipements dédiés à la

sécurisation. Ces infrastructures sont d’autant plus importantes que les plateformes de services

numériques ne peuvent fonctionner sans elles. En dehors des ressources humaines, les infrastructures

sont le maillon essentiel de la chaine de développement des services numériques. Dans le cadre du

développement des infrastructures, l’immensité de la tâche est telle que toutes les possibilités doivent

être explorées, y compris la recherche de partenariat multipartite public - privé ou le concours des

bailleurs de fonds, en réinventant les procédés et mécanismes de fonctionnement. Ce d’autant plus

que l’exemple du projet CAB mis sur pied il y a plus de dix ans avec le concours des bailleurs de

fonds, n’a pas, à ce jour, abouti à beaucoup de résultats concrets et tangibles.

5.2 Recommandations

140. Les recommandations formulées ci-après découlent des messages provenant des conclusions

ci-dessus et s’adressent tour à tour aux Etats, aux Communautés Economiques Régionales, aux

Organisations Internationales, au secteur privé, aux Universités et grandes écoles, et aux bailleurs de

fonds. Elles visent à mieux tirer profit de l’économie numérique pour répondre aux défis de la sous-

région, dont celui de la transformation structurelle à travers la diversification économique et

l’industrialisation.

141. Aux Etats membres

Elaborer et/ou actualiser les stratégies nationales de développement de l’économie numérique

en veillant à une cohérence et une synergie avec les politiques d’industrialisation et de

diversification.

Actualiser le cadre réglementaire et de régulation en tenant compte des nouveaux services

numériques centrés sur les plateformes et les données.

Procéder à la transposition des normes juridiques sous régionales (lois type sur l’économie

numérique), régionales (Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection

des données à caractère personnel) ou internationales dans les législations nationales.

Poursuivre, parachever et/ou faire évoluer la transformation numérique de l’administration

publique pour offrir des services publics de qualité, avec célérité et dans des conditions de

transparence aux populations et aux entreprises et faciliter la transformation numérique du

secteur privé, en prenant en compte les gains énormes apportés par les technologies nouvelles

et d’avenir (cloud computing, intelligence artificielle).

Promouvoir la formation, la recherche et l’innovation, notamment dans le domaine des

technologies et services numériques, à travers des centres de recherche ou des pôles

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technologiques (technopoles ou cyberpark, à l’instar de la Kigali Innovation City du

Rwanda), afin d’accompagner le développement des entreprises et de l’entreprenariat.

Mettre en place un système d’identité numérique, en s’appuyant sur les initiatives régionales

existantes à l’instar de celle de la CEA, afin de prendre en compte toutes les couches de la

population et faciliter les transactions électroniques.

Prendre des mesures incitatives d’ordre administratif ou fiscal, à l’instar de la mise en place

de zones économiques préférentielles, en faveur des entreprises à forte valeur technologique

ou numérique pour accélérer le développement de la production manufacturière et des

services et bénéficier des avantages combinés de l’économie numérique et de la zone de libre-

échange continentale.

Envisager des mesures spéciales pour accroitre l’inclusion numérique, et corrélativement

l’inclusion financière.

Explorer toutes possibilités (renforcement de la régulation, rôle de la concurrence,

partenariats, financements innovants) à exploiter pour le développement des infrastructures

large bande (fibre optique, 4G et 5G), l’augmentation de la connectivité nationale et sous

régionale, l’amélioration de la qualité de service, et le renforcement de la confiance dans

l’usage des outils numériques (gage de la souveraineté numérique), afin de rendre la sous-

région davantage attractive aux investisseurs.

Prendre toute mesure appropriée pour faire de l’accès internet (considéré comme un bien

public –Wifi dans les espaces publics) un droit inaliénable au même titre que l’accès à l’eau,

aux soins de santé ou à la sécurité afin de permettre à l’ensemble de la population de

bénéficier des atouts du numérique.

Mettre en place des politiques, stratégies et mesures visant à réduire les tarifs nationaux et

d’itinérance (free roaming) des services numériques afin de les rendre abordables, y compris

aux couches les plus défavorisées.

142. Aux Communautés Economiques Régionales

Poursuivre l’harmonisation du cadre réglementaire sous - régional en tenant compte des

nouveaux services numériques centrés sur les plateformes et les données.

Accompagner les Etats dans le processus de transposition des normes juridiques sous

régionales (lois type sur l’économie numérique), régionales (Convention de l’Union

Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel) ou

internationales dans les législations nationales.

Envisager d’instituer un label sous régional pour mettre en valeur et/ou récompenser, les

initiatives ayant un fort impact sur l’inclusion numérique.

143. Aux Organisations internationales

Apporter un appui à l’élaboration et/ou l’actualisation des stratégies nationales de

développement de l’économie numérique.

Donner une assistance aux Etats membres dans le processus de transposition des normes

juridiques sous régionales (lois type sur l’économie numérique), régionales (Convention de

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

55

l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel) ou

internationales dans les législations nationales.

Continuer de soutenir ou étendre leur appui aux projets de développement des ressources

humaines de la région ainsi qu’aux initiatives visant à réduire la fracture numérique,

notamment à travers des programmes STEM.

Accompagner les Etats membres dans la mise en place de systèmes d’identité numérique qui

s’avèrera incontournable à l’avenir.

Elaborer un guide de bonnes pratiques concernant les financements innovants (financement

participatif ou autres et les monnaies virtuelles).

144. Au secteur privé

Engager ou poursuivre leur transformation numérique afin de pérenniser et développer leurs

activités.

145. Aux universités et grandes écoles

Mettre en place des curricula de formation dans le domaine des technologies numériques

d’avenir et développer des partenariats, notamment avec le secteur privé, pour mener des

recherches et apporter des réponses aux problématiques nationales et sous régionales.

Créer une spécialisation thématique de pointe par pays qui permette le développement de

compétences dans l’ensemble des pays de la sous-région.

146. Aux bailleurs de fonds

Contribuer aux financements du développement de l’économie numérique en proposant des

solutions adaptées en tenant compte de son agilité et de son évolutivité, ainsi que de la

spécificité des acteurs des différents segments de marché.

Instaurer ou accroitre les partenariats avec les écoles d’ingénieurs, universités et centres de

recherche pour soutenir le développement des ressources humaines de qualité, principal

moteur de développement des technologies numériques.

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56

BIBLIOGRAPHIE

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2. Annuaire statistique des télécommunications et TIC au Cameroun, édition 2017, MINPOSTEL-

INS

3. Atlas, mapping mining and SDGs

4. Global cybersecurity index 2017, ITU

5. ICT4SDG : Leveraging technology to achieve the global goals

6. Information economy report 2017 : digitalization, trade and development, UNCTAD

7. Innovating in a the digital economy, Global Information technology report 2016, World

Economic Forum

8. Global competitivity index, World Economic Forum, 2017-2018

9. Global information technology report 2016, World Economic Forum

10. ITU News magazine, n° 3/2017, intitulé « Comment les TIC accélèrent la réalisation des

ODD »

11. L’économie du secteur mobile, Afrique subsaharienne 2017, GSMA

12. Measuring the information society report, ITU publication 2018

13. Observatoire annuel 2017 du marché des communications électroniques au Cameroun, ART

14. OMPI Magazine : les TIC et l’innovation, septembre 2013

15. Plan stratégique Cameroun numérique 2020

16. Rapport 2015 sur l’économie de l’information de la CNUCED « Libérer le potentiel du

commerce électronique pour les pays en développement »

17. Rapport sur le développement dans le monde : Les dividendes du numérique, par la Banque

Mondiale, 2016

18. United Nations e-Government survey 2018

19. UNCTAD B2C E-commerce Index 2018, focus on Africa

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57

GLOSSAIRE

AXIS: African Internet eXchange System

B2C: Business to Consumer

BSR-AC : Bureau Sous-Régional pour l’Afrique Centrale

CAGR : Compound Annual Growth Rate ou Taux de croissance annuel composé

CEA : Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique

CEEAC : Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale

CER : Communauté Economique Régionale

CIE : Comité Intergouvernementale d’Experts

CIS : Community of Independant States

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

DIRD : Dépense Intérieure de Recherche et de Développement

EAC: East African Community

ECOWAS: Economic Community of West African States

GAFAM: Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft

GSMA: Global System for Mobile Communication Association

IXP: Internet eXchange Point

LDC: Low Developing Countries

M2M : Machine to Machine

MPME :Micro, Petites et Moyennes Entreprises

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

ODD : Objectifs du Développement Durable

OS : Operating System

OTT: Over The Top

PIB: Produit Intérieur Brut

PKI : Public Key Infrastructure

PPA : Parité du Pouvoir d’Achat

RNB: Revenu National Brut

SADC: Southern African Development Community

STEM: Science, Technology, Engineering and Mathemathics

TIC : Technologies de l’Information et de la Communication

UIT: Union Internationale des Télécommunications

UNESCO: United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

WEF: World Economic Forum

ZLECA : Zone de Libre Echange Continentale Africaine

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ANNEXES

Annexe 1 : Définition de la terminologie utilisée dans ce rapport

5G : Technologie de communications mobiles, avec des débits de données plus rapides (de l’ordre

des gigabits par seconde), une connectivité fiable, un temps de latence ultra faible, une meilleure

efficacité énergétique, une sécurité accrue et autorisant un nombre très important de personnes et de

dispositifs connectés.

Backbone : Cœur de réseau englobant les nœuds de réseau et les artères de transmission

Big data : Importants volumes de données de différente nature, accessibles rapidement, traités et

transmis à grande vitesse et dont l’analyse permet de tirer des informations utiles dans de très

nombreux domaines tels que le comportement des consommateurs, l’épidémiologie, la lutte contre

la criminalité, etc.

Blockchain : Bases de données distribuées contenant les listes de toutes les transactions entre

utilisateurs réalisées depuis leur mise en route. Chaque liste de transaction est contenue dans un bloc

qui est lié au suivant, formant une chaine. Le champ d’application des blockchains est très étendu et

ils peuvent remplacer la plupart des tiers de confiance centralisés (métiers de la banque, notaires,

cadastres, etc.).

Cloud computing : Utilisation de serveurs distants accessibles par internet pour stocker, accéder à

ou traiter l’information, depuis plusieurs postes de travail de type varié (ordinateur, smartphone), en

lieu et place de la station de travail de l’utilisateur.

Cryptomonnaie : Monnaie électronique pouvant s’échanger de pair à pair sur une blockchain ou un

réseau décentralisé ou registre distribué et dont l’implémentation se base sur les principes de la

cryptographie pour valider les transactions et la génération de la monnaie elle-même.

Datacenter : Bâtiment sécurisé qui héberge des applications informatiques ou des équipements de

communication. Il est équipé de salles qui suivent des normes strictes (électricité, température,

humidité, contrôle d’accès, etc.) pour préserver la durée de vie des équipements.

Fintech : ce sont des entreprises, généralement des star-ups, qui évoluent dans le secteur de

l’innovation technologique applicable aux services financiers et bancaires. Leur champ d’actions

s’étend du financement alternatif des entreprises jusqu’au paiement en ligne, en passant par la gestion

d’épargne, le prêt, les agrégateurs de comptes bancaires, etc. Leur but : offrir aux clients des services

de meilleure qualité et moins coûteux. Les FinTech ont donc une approche disruptive de l’univers

de la banque, de la finance et de l’assurance.

Imprimante 3D : machine destinée à la fabrication de pièces en 3 dimensions par dépôt de couches

successives de matière fondue (plastique, métal, nourriture, etc.) et permettant de produire des objets

réels.

Industrie 4.0 : nouvelle génération d’usines connectées, robotisées et intelligentes pour la

fabrication de produits uniques et personnalisés, adaptés au besoin de chaque client.

Insurtech : entreprises s'appuyant fortement sur des activités technologiques pour créer de la valeur

sur les produits en assurance automobile, habitation, épargne‐vie et autres garanties professionnelles

et conquérir des parts de marché sur le marché de l'assurance.

Intelligence Artificielle (IA) : Ensemble de théories et de techniques mises en œuvre pour permettre

à des machines, et plus particulièrement à des systèmes informatiques, de simuler les processus

cognitifs humains. Ces processus comprennent l'apprentissage (acquisition d'informations et de

règles liées à leur utilisation), le raisonnement (application des règles pour parvenir à des conclusions

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approximatives ou précises) et l'autocorrection. Les applications spécifiques de l'IA sont notamment

les systèmes experts, la reconnaissance vocale et la vision artificielle.

Internet des objets : Réseau d’objets connectés au moyen de l’internet ou toute autre infrastructure

des TIC, permettant les échanges d’informations et de données provenant de dispositifs présents dans

le monde réel et issus de la vie quotidienne (montres, appareils électroménagers et de domotique…)

ou dans le monde virtuel.

Internet eXchange Point (IXP) : infrastructure physique qui permet d'échanger du trafic Internet

local dans un territoire donné. Cela améliore la qualité du trafic internet et évite les coûts

supplémentaires importants liés au transport des données hors du territoire, du pays ou du continent.

Large bande : synonyme de haut débit.

Machine to Machine (M2M) : communication entre deux machines ou plus et nécessitant peu

d'intervention humaine directe, voire aucune.

OTT : applications et services qui sont accessibles par internet et qui s’appuient sur le réseau des

opérateurs de télécoms tout en étant indépendants de ceux-ci, et pour fournir concurremment des

services de voix et de messagerie entre autres.

Start-up : jeune entreprise, généralement du secteur technologique, promise à une croissante forte

et rapide, et ayant réalisé au moins un tour de financement extérieur.

STEM: Science, technology, engineering & mathematics.

Très haut débit : Débit supérieur à quelques dizaines de mégabits par seconde (Mbps). Pour l’Union

Européenne c’est 30 Mbps.

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Annexe 2. Contribution des TIC à la réalisation des ODD

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61

Annexe 3 : Chaine des valeurs de l’économie numérique

Annexe 4 : Principales écoles d’ingénieurs (ou universités), centres de recherche et cours en

ligne en Afrique

N° Pays Principales Ecoles Titres délivrés Centres de

recherche

Certification

Cours en

ligne

1 Angola Universidade Catolica de

Angola

Licence professionnelle

2 Burundi Université du Burundi Master

Doctorat

3 Cameroun Ecole Nationale Supérieure

des Postes, Télécoms et

TIC (SUP’PTIC)

-Licence

professionnelle/

Ingénieurs de travaux

-Master/Ingénieurs de

conception

Doctorat

Cisco

CCNP

CCNA

4 Ecole Nationale Supérieure

Polytechnique de Yaoundé

Master/Ingénieurs de

conception

Doctorat

Cisco

CCNP

CCNA

5 Institut Polytechnique de

Maroua

Master

6 Faculté de Génie Industriel

de Douala

Licence

Master

Doctorat

7 Institut Africain

d’Informatique (IAI)

Licence professionnelle

Master

8 Département Informatique

et Réseaux des Facultés des

Sciences de chacune des

huit Universités d’Etat

Licence

Master

Doctorat

9 Ecole Supérieure Inter-Etat

Cameroun Congo de

formation des TIC (Campus

à Sangmélima et Campus à

Ouesso)

Ingénieurs

10 Gabon Institut Africain

d’Informatique

Ingénieur de conception

11 Ghana Ghana Technology

University College

Bachelor of science

travaux

Master

12 Accra Institute of

Technology

Licence professionnelle

Master

Doctorat

13 Nigeria Digital Bridge Institute Master E-learning

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62

Doctorat

14 Cote

d’Ivoire

Ecole Supérieure Africaine

des TIC (ESATIC)

Ingénieur

Master

Doctorat

E-learning

Cisco CCNA

Microsoft IT

Academy

15

16

Kenya

African Advanced Level

Telecommunications

Institute (AFRALTI)

Mount Kenya University

Engineer

Master

Bachelor

Master

Certificate

Diploma

Cisco & IT

CCNA

security

Huawei

CISCO

CCNA

E-learning

17 Technical University of

Kenya

Diploma

Bachelor

Centre de recherche

en science,

ingénierie,

technologie,

entreprenariat

E-learning

18 Strathmore University Bachelor

Master

Diploma

10 centres de

recherche

E-learning

19 South

Africa

Centre for learning Telkom Master

Doctorat

Cisco

CCNA

20 Rwanda University of Rwanda,

College of Science and

Technology (URCST)

Licence professionnelle

Maîtrise

Doctorat

E-learning

21 Kigali Independant

University (ULK)

Bachelor

Master

E-learning

22 Carnegie Mellon University Engineer

Master

23 Adventist University of

Central Africa

Bachelor

Master

E-learning

24 Tchad Université Emi Koussi Licence

Master

25 Sénégal Universités Cheikh Anta

Diop de Dakar :

Ecole Supérieure

Polytechnique de Dakar

Diplôme Supérieur de

Technologie (DST)

Licences

professionnelles

Diplôme d’Ingénieur

Technologue (DIT)

Diplôme d’Ingénieur de

Conception (DIC)

Masters

Doctorat

Laboratoire

d'Informatique,

Réseaux et

Télécommunications

26 ESMT Licence professionnelle

Ingénieurs des Travaux

Masters professionnels

Doctorat

laboratoire e-INOV

ESMT

VSAT

CCN-

Equipement

Alcatel-

Lucent

Fibre optique

NSOFT

Cours en

ligne

27 Institut supérieur de

Formation/Management

Ingénierie et Technologie

Licence professionnelle

Masters professionnels

Cours en

ligne

IT Pro

Source : Elaboration par auteur sur la base de données de sources diverses.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

63

Annexe 5 : Tarifs d’interconnexion dans les pays de la CEEAC - ITU Résultats - Enquête 2018

ITU/BDT Classification: Afrique

Pays Tarif

d’interconnexion

sur le fixe-

opérateur

historique:

Local

Tarif

d’interconnexion

sur le fixe-

opérateur

historique:

Simple Transit

Tarif-

d’interconnexion

sur le fixe-

opérateur

historique:

Double Transit

Tarif-

d’interconnexion

sur d’autres

réseaux fixes:

Local

Tarif-

d’interconnexion

sur d’autres

Réseaux fixes:

Simple Transit

Tarif-

d’interconnexion

sur d’autres

réseaux fixes:

Double Transit

Tarif-

d’interconnexion

aux réseaux

mobiles:

de fixe à Mobile

Tarif-

d’interconnexion

aux réseaux

mobiles

de mobile à

Mobile

Bien vouloir indiquer le

site web où les tarifs

d’interconnexion sont

disponibles.

Angola 0.02 0.60E-2 0.01 0.03 0.60E-2 0.01 0.03 0.03

Burundi 0.02

Cameroun 0.05 0.02 0 0 0 0 0.05 0.05 www.art.cm

Rép.

Centrafricaine

Tchad 0.11² 0.11² 0.28² 0.35² 0.06² www.otrt.org² **

Congo 0.07 0.05 0.05 www.arpce.cg

Rep Dem. du

Congo

0.03 non opérationnel

Guinée

Equatoriale

Gabon 0.02 0.86E-2 0.02 0.02 www.arcep.ga

Rwanda 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.01 www.rura.rw

Sao Tome &

Principe

0.04¹ 0.06¹

¹2017. ²2012. ³2015. ⁴2014. ⁵2011. ⁶2016.

Source: ITU World Tariff Policies Database

**Chad : Sur ce site les tarifs d'interconnexion ne sont pas publiés

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64

Annexe 6 : Liste des points d’atterrissement et leur capacité , CEEAC (années les plus récentes)

Pays

Point

d'atterrissement n°1

Point

d'atterrissement

n°2

Point d'atterrissement n°3 Point d'atterrissement

n°4

Point

d'atterrissement

n°5

Point d'atterrissement

n°6 Capacité totale

(Gbps)

Nom Capacité

(Gbps) Nom

Capacité

(Gbps) Nom

Capacité

(Gbps) Nom

Capacité

(Gbps) Nom

Capacité

(Gbps)

Nom

Capacité

(Gbps)

Angola SAT3 ACE SACS WACS(en

cours)

Burundi

Cameroo

n SAT3 80

WAC

S 280

NCSCS(MAIN

ONE) 40 SAIL 2800 ACE(en

cours) 48,9 3200

Rép.

Centrafri

caine

Tchad

Congo WAC

S

Rép.

Démocrat

ique du

Congo

WAC

S ACE

Guinée

Equatoria

le

CEIB

A-1 ACE CEIBA-2 40

SAIL (en

cours)

Gabon SAT3 12,5 ACE

Rwanda

Sao

Tome &

Principe

ACE

Source: ITU

SACS: South Atlantic Cable System Luanda - Fortaleza 6300 km

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

65

Annexe 7 : Taux de pénétration du téléphone fixe, CEEAC, 2017

Pays ISO Taux de pénétration du téléphone fixe

large bande %

Taux de pénétration du téléphone fixe

%

Angola AGO 0,3 0.54

Burundi BDI 0 0.22

Cameroun CMR 0,1 3.68

Rep. Centrafricaine CAF 0 0.04

Tchad TCD 0,1 0.07

Congo COG 0 0.32

Rep. Démocratique

du Congo

COD 0 0

Guinée Equatoriale GNQ 0,3 0.88

Gabon GAB 0,6 1.05

Rwanda RWA 0 0.10

Sao Tomé &

Principe

STP 0,6 2.73

Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database –

TP: ITU World Tariff Policies Database - ITU ICT-Eye: http://www.itu.int/icteye

Annexe 8 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande, CEEAC

et le Monde, 2017

Région Pays

Taux de pénétration de la

téléphonie mobile large

bande %

Taux de pénétration de la téléphonie

mobile %

Afrique centrale

Angola 14,6 44,73

Burundi 12,6 54,5

Cameroun 17,7 83,71

Rép .Centrafricaine 4,7 25,23

Tchad 22,6 42,66

Congo 5,9 96,11

Rép. Démocratique

du Congo

16,2 43,49

Guinée Equatoriale 0 44,66

Gabon 84 131,51

Rwanda 35 72,24

Sao Tomé & Principe 34 85,14

MOYENNE CEEAC 22,48 65,82

MOYENNE MONDIALE 62,00 103,60

Source: ITU World Tariff Policies Database

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66

Annexe 9 : Taux de pénétration de l’internet, pourcentage d’habitations ayant accès à

internet et pourcentage d’habitations disposant d’un ordinateur, CEEAC, 2017

Pays ISO

Pourcentage de

foyers ayant un

ordinateur %

Pourcentage de

foyers ayant un

accès internet %

Pourcentage de personnes

utilisant internet %

2017 2017 2017

Angola AGO 11.89 11.30 14.34

Burundi BDI 3.24 3.32 5.59

Cameroun CMR 16.90 21.70 23.20

Rép. Centrafricaine CAF 2.91 3.03 4.34

Tchad TCD 3.30 3.44 6.50

Congo COG 5.73 2.97 8.65

Rép. Démocratique

du Congo

COD 3.11 3.20 8.62

Guinée Equatoriale GNQ 15.76 9.27 26.24

Gabon GAB 34.66 40.98 50.32

Rwanda RWA 2.50 9.30 21.77

Sao Tomé &

Principe

STP 16.72 19.63 29.93

Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database -

TP: ITU World Tariff Policies Database

Annexe 10 : Nombre de points d’échange internet, CEEAC, 2017

Pays (Nom IXP) ISO 2017 Nombre de

membres

2017 Provenance

Angola (ANG-IX) AGO 1 13

Burundi (BDIXP) BDI 1 11 ICT-Eye TP

Cameroun CMR 2 8 ICT-Eye TP

Rép. Centrafricaine CAF 0

Tchad TCD 0

Congo (CGIX) COG 2 4 ICT-Eye TP

Rép. Démocratique du

Congo(KINIX)

COD 1 10 ICT-Eye TP

Guinée Equatoriale GNQ 0

Gabon (GAB-IX) GAB 1 6

Rwanda (RINEX) RWA 1 7

Sao Tomé & Principe STP 0

Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database - TP: ITU World Tariff Policies Database ITU ICT-Eye: http://www.itu.int/icteye

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

67

Annexe 11 : Indice du E-commerce, Afrique, 2018

Pays

%

d’individus

utilisant

Internet

(2017 ou

plus récent)

%

d’individus

ayant un

Compte

(15+, 2017

ou plus

récent)

Serveurs

Internet

sécurisés

(normalisés)

(2017)

UPU

Fiabilité

de la

poste

score

(2017 ou

plus

récent)

Valeur

Indice

(2017)

Variation

de

l’indice

(2016-17)

Rang

Mondial

1 Maurice 55 90 56 66 66.9 -7.2 55

2 Nigeria 42 40 52 85 54.7 5.5 75

3 Afrique du

Sud

59 69 83 0 52.9 -1.9 77

4 Tunisie 56 37 51 63 51.7 2.1 79

5 Maroc 62 29 54 59 50.9 NA 81

6 Ghana 39 58 45 53 48.8 7.6 85

7 Kenya 39 82 37 27 46.2 3.7 89

8 Ouganda 17 59 31 58 41.5 -3.2 99

9 Botswana 47 51 41 26 41.4 0.1 100

10 Cameroun 23 35 25 78 40.3 3.6 101

11 Namibie 31 81 46 0 39.5 -4.9 103

12 Gabon 62 59 34 0 38.9 5.1 104

13 Libye 20 66 64 0 37.6 NA 107

14 Sénégal 46 42 24 34 36.8 4.5 108

15 Zimbabwe 31 55 34 26 36.7 1.2 109

16 Tanzanie 25 47 32 42 36.5 8.0 110

17 Algérie 43 43 41 18 36.3 0.5 111

18 Egypte 45 33 36 23 34.4 2.3 113

19 Rwanda 20 50 31 30 32.7 -5.1 116

20 Djibouti 13 12 32 20 30.2 13.5 119

21 Togo 12 45 19 41 29.6 -2.3 121

22 Swaziland 29 29 36 23 29.0 1.8 122

23 Soudan 28 15 12 59 28.7 14.7 123

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

68

24 Côte d'Ivoire 44 41 25 0 27.6 -10.6 124

25 Lesotho 27 46 31 4 27.2 1.3 126

26 Zambie 24 46 38 0 27.0 2.4 127

27 Madagascar 10 18 20 54 25.6 -4.2 129

28 Mali 11 35 23 25 23.9 -0.6 131

29 Angola 13 29 26 26 23.9 -4.7 132

30 Burkina Faso 16 43 12 22 23.4 1.8 133

31 Malawi 11 34 26 18 22.3 2.2 134

32 Mozambique 18 42 23 0 20.8 NA 137

33 Bénin 12 38 18 11 20.1 4.7 138

34 Mauritanie 18 21 18 21 19.6 0.3 139

35 Ethiopie 15 35 4 17 17.8 -0.4 141

36 Sierra Leone 12 20 11 20 15.9 -0.9 143

37 Liberia 7 36 12 7 15.6 -2.1 144

38 Congo 8 26 19 3 14.3 -2.7 145

39 Comores 8 22 20 0 12.5 -7.5 146

40 Burundi 5 7 19 15 11.8 1.8 147

41 R. D. du

Congo

6 26 14 0 11.7 -1.0 148

42 Guinée 10 23 10 2 11.4 -0.9 149

43 Tchad 5 22 2 0 7.4 0.7 150

44 Niger 10 16 0 0 6.6 2.4 151

Source : UNCTAD.

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69

Annexe 12 : Mobile-cellular basket, Monde, 2017

Rank Economy Mobile-cellular basket

Taux

imposition

inclus (%) PNB, USD,

2017 %

% of PNB USD PPP$

1 Macao, China* 0.10 5.65 6.97 0 65,130

2 Hong Kong, China 0.15 5.73 6.93 0 46,310

3 Singapore 0.17 7.92 9.32 7 54,530

4 Austria 0.17 6.63 6.89 20 45,440

5 United Arab Emirates 0.19 6.10 7.99 0 39,130

6 Estonia 0.22 3.38 4.95 20 18,190

7 Slovenia 0.24 4.45 5.86 22 22,000

8 Lithuania 0.26 3.27 5.64 21 15,200

9 Sweden 0.26 11.58 10.33 25 52,590

10 Iceland 0.27 13.84 9.16 24 60,830

11 Norway 0.28 17.66 13.91 25 75,990

12 Sri Lanka 0.30 0.94 2.84 50 3,840

13 Finland 0.30 11.22 10.23 24 44,580

14 Germany 0.31 11.26 12.02 19 43,490

15 Iran (Islamic Republic

of)

0.34 1.53 4.26 9 5,400

16 Cyprus 0.35 6.91 8.72 19 23,719

17 Qatar 0.36 18.40 23.73 0 61,070

18 Brunei Darussalam 0.36 9.00 15.69 0 29,600

19 Luxembourg 0.40 23.18 20.43 17 70,260

20 China 0.40 2.91 5.11 0 8,690

21 Costa Rica 0.45 4.11 6.26 13 11,040

22 Switzerland 0.45 30.21 21.04 8 80,560

23 United Kingdom 0.46 15.44 14.96 20 40,530

24 Latvia 0.46 5.62 8.67 21 14,740

25 Ireland 0.49 22.54 20.09 23 55,290

26 Australia 0.54 22.99 18.71 10 51,360

27 Kuwait 0.54 14.14 21.82 0 31,430

28 New Zealand 0.55 17.95 15.41 15 38,970

29 Italy 0.56 14.54 15.96 22 31,020

30 Russian Federation 0.58 4.45 10.44 18 9,232

31 Bahrain 0.59 10.00 16.33 0 20,240

32 Mauritius 0.61 5.13 9.10 15 10,140

33 Croatia 0.64 6.60 11.00 25 12,430

34 Egypt 0.68 1.70 11.01 23 3,010

35 Romania 0.68 5.63 12.04 19 9,970

36 Malaysia 0.70 5.63 14.59 6 9,650

37 Kazakhstan 0.70 4.63 13.27 12 7,890

38 Maldives 0.71 5.67 7.30 6 9,570

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

70

39 Canada 0.74 26.39 25.27 13 42,870

40 Netherlands 0.74 28.47 28.29 21 46,180

41 Oman 0.75 9.00 17.36 0 14,440

42 Bahamas 0.77 18.79 16.46 8 29,170

43 Denmark 0.78 35.89 28.13 25 55,220

44 Malta 0.83 16.55 22.47 18 23,810

45 Japan 0.84 26.96 28.22 8 38,550

46 Saudi Arabia 0.84 14.13 27.38 0 20,080

47 Mongolia 0.86 2.36 6.81 10 3,290

48 Poland 0.87 9.19 18.46 23 12,710

49 Belgium 0.88 30.72 31.07 21 41,790

50 Turkmenistan 0.88 4.89 15 6,650

51 United States 0.90 43.55 43.55 9 58,270

52 Mexico 0.91 6.51 12.18 19 8,610

53 Armenia 0.91 3.04 7.46 20 4,000

54 Belarus 0.92 4.06 16.16 25 5,280

55 Greece 0.92 13.93 18.27 39 18,090

56 Tunisia 0.93 2.72 7.94 24 3,500

57 Spain 0.94 21.28 25.64 21 27,180

58 Azerbaijan 0.94 3.20 14.54 18 4,080

59 Bhutan 0.97 2.19 6.40 5 2,720

60 Slovakia 0.99 13.64 22.12 20 16,610

61 Portugal 1.02 16.84 22.11 23 19,820

62 Andorra** 1.02 31.49 36,987

63 France 1.08 34.20 34.96 20 37,970

64 Seychelles 1.09 12.94 20.45 15 14,180

65 Czech Republic 1.10 16.61 27.19 21 18,160

66 Chile 1.10 12.48 17.79 19 13,610

67 Israel 1.13 35.13 28.62 17 37,270

68 Libya 1.15 6.29 0 6,540

69 Jordan 1.16 3.83 8.20 46 3,980

70 Sudan 1.23 2..43 35 2,379

71 Korea (Rep. of) 1.23 29.10 32.77 10 28,380

72 India 1.24 1.88 6.12 18 1,820

73 Panama 1.24 13.59 23.02 7 13,100

74 Namibia 1.28 4.90 10.35 15 4,600

75 Hungary 1.28 13.74 25.25 27 12,870

76 Trinidad and Tobago 1.29 16.46 19.68 13 15,350

77 Uruguay 1.39 17.64 21.59 22 15,250

78 Bangladesh 1.39 1.71 4.31 21 1,470

79 Uzbekistan 1.39 2.30 20 1,980

80 Georgia 1.47 4.65 13.71 21 3,790

81 Jamaica 1.56 6.16 9.88 25 4,750

82 Thailand 1.57 7.79 20.62 7 5,960

83 Brazil 1.58 11.28 16.40 40 8,580

84 Botswana 1.61 9.13 18.04 12 6,820

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

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85 Myanmar 1.61 1.60 6.38 5 1,190

86 Montenegro 1.61 9.86 20.05 19 7,350

87 Paraguay 1.82 5.94 12.85 10 3,920

88 South Africa 1.84 8.33 17.68 14 5,430

89 Albania 1.87 6.72 14.36 20 4,320

90 Saint Kitts and Nevis 1.88 25.10 32..85 16,030

91 South Sudan* 1.94 0.63 4.66 13 390

92 Argentina 1.99 21.68 21 13,040

93 Ghana 2.03 2.51 7.79 24 1,490

94 Indonesia 2.03 5.99 16.09 10 3,540

95 Kenya 2.11 2.53 5.62 26 1,440

96 Peru 2.15 10.71 20.13 18 5,970

97 Pakistan 2.19 2.88 9.46 32 1,580

98 Lebanon 2.32 16.07 26.66 10 8,310

99 Ukraine 2.34 4.65 20.92 20 2,388

100 Dominican Rep. 2.40 13.27 28.36 30 6,630

101 Nauru 2.43 20.71 15 10,220

102 Algeria 2.47 8.15 23.56 19 3,960

103 Viet Nam 2.52 4.56 11.25 10 2,170

104 Antigua and Barbuda 2.55 30.12 37.17 15 14,170

105 Turkey 2.56 23.30 52.99 43 10,930

106 Suriname 2.61 13.11 30.23 8 6,020

107 Barbados 2.64 34.15 27.84 18 15,540

108 The Former Yugoslav

Rep. of Macedonia 2.64 10.73 25.49 18 4,880

109 Colombia 2.72 13.23 28.48 23 5,830

110 Bosnia and

Herzegovina 2.80 11.53 24.88 17 4,940

111 Tonga 2.81 9.39 12.72 15 4,010

112 Iraq 2.84 11.30 22.10 0 4,770

113 Philippines 2.96 9.02 23.02 12 3,660

114 Grenada 2.96 23.77 31.94 15 9,650

115 Gabon 3.07 16.93 26.63 6,610

116 Ecuador 3.07 15.09 24.87 12 5,890

117 Samoa 3.14 10.74 14.62 15 4,100

118 Serbia 3.34 14.41 31.34 20 5,180

119 Lao P.D.R. 3.53 6.67 17.16 10 2,270

120 Guyana 3.60 13.38 21.07 14 4,460

121 Tajikistan 3.61 2.98 10.92 23 990

122 Saint Lucia 3.77 27.56 35.35 15 8,780

123 Nepal (Republic of) 3.91 2.58 7.35 24 790

124 Bolivia (Plurinational

State of) 3.96 10.32 20.77 13 3,130

125 Dominica 3.99 23.24 31.87 15 6,990

126 Bulgaria 4.00 25.84 60.39 20 7,760

127 Moldova 4.06 7.37 19.90 20 2,180

128 Fiji 4.25 17.61 28.34 9 4,970

129 Kyrgyzstan 4.26 4.01 13.34 17 1,130

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

72

130 Ethiopia 4.73 2.91 7.38 15 740

131 Saint Vincent and the

Grenadines 4.73 27.54 38.26 2 6,990

132 Morocco 4.77 11.37 26.22 20 2,863

133 Nigeria 4.87 8.45 20.90 5 2,080

134 El Salvador 5.27 15.63 30.35 18 3,560

135 Marshall Islands 5.56 22.22 0 4,800

136 Angola 5.83 16.18 20.65 5 3,330

137 Micronesia 5.89 17.63 0 3,590

138 Palestine 5.90 15.63 22.10 16 3,180

139 Cambodia 6.68 6.85 16.88 10 1,230

140 Guinea 6.90 4.71 10.78 11 820

141 Kiribati 6.96 16.12 2,780

142 Zambia 7.04 7.63 19.38 34 1,300

143 Yemen* 7.23 6.21 5 1,030

144 Honduras 7.49 14.05 28.08 15 2,250

145 Belize 7.56 27.68 48.57 13 4,390

146 Rwanda 7.71 4.62 12.65 28 720

147 Lesotho 7.81 8.33 23.76 5 1,280

148 Mozambique 8.32 2.91 9.53 17 420

149 Sao Tome and Principe 8.45 12.46 19.97 5 1,770

150 Solomon Islands 8.92 14.26 14.35 10 1,920

151 Vanuatu 9.19 22.35 20.46 13 2,920

152 Haiti 9.30 5.89 13.46 10 760

153 Guatemala 9.34 31.61 53.42 12 4,060

154 Timor-Leste 9.41 14.04 21..50 1,790

155 Afghanistan 10.09 4.79 15.69 0 570

156 Cabo Verde 10.33 25.74 55.09 15 2,990

157 Papua New Guinea 10.65 21.39 26.08 10 2,410

158 Uganda 10.96 5.48 16.39 18 600

159 Côte d'Ivoire 11.21 14.38 35.60 18 1,540

160 Djibouti 11.32 17.73 30.13 10 1,880

161 Cameroon 12.02 13.62 33.21 19 1,360

162 Benin 12.37 8.25 21.49 18 800

163 Sierra Leone 15.14 6.43 20.60 15 510

164 Madagascar 15.32 5.11 17.72 20 400

165 Senegal 15.62 12.37 30.60 23 950

166 Tanzania 15.89 11.99 33.01 33 905

167 Nicaragua 16.03 28.44 75.95 15 2,130

168 Comoros 16.46 10.43 0 760

169 Zimbabwe 17.72 13.44 26.48 25 910

170 Mauritania 19.11 17.52 45.96 18 1,100

171 Burkina Faso 19.49 9.91 26.41 18 610

172 Mali 19.60 12.58 33.46 18 770

173 Togo 20.15 10.24 25.50 18 610

174 Dem. Rep. of the

Congo

25.20 9.45 23.66 26 450

175 Malawi 27.39 7.30 25.74 17 320

Page 73: « TRANSFORMATION NUMERIQUE ET DIVERSIFICATION … · du XXIème siècle. La transformation numérique induite par les TIC a ainsi contribuer à la croissance économique, à la création

ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

73

176 Burundi 30.03 7.26 18.52 18 290

177 Guinea-Bissau 31.46 17.30 41.28 17 660

178 Chad 36.20 19.00 18 630

179 Niger 36.82 11.05 29.12 360

180 Central African Rep. 38.48 12.50 19 390

181 Liberia 58.14 18.41 23.37 14 380

Syrian Arab

Republic***

2..57 0 -

Somalia*** 3.54 10 -

San Marino*** 14.57 16.77 0 -

Cuba*** 21.46 0 -

Liechtenstein*** 27.59 8 -

Monaco*** 28.16 20 -

Source: ITU. GNI p.c. and PPP$ values are based on World Bank data.

Note: Palestine is not an ITU Member State; the status of Palestine in ITU is the subject of Resolution 99 (Rev. Dubai, 2018) of

the ITU Plenipotentiary Conference.

* Data correspond to the GNI p.c. (Atlas method) in 2016.

** Data correspond to the GNI p.c. in 2016, sourced from the United Nations Statistics Division (UNSD).

*** Country not ranked because data on GNI p.c. are not available.