RSE ET BIENS PUBLICS Séminaire LIRSE 2 Séance du 25 mai 2008 B. Billaudot.

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RSE ET BIENS PUBLICS

Séminaire LIRSE 2 Séance du 25 mai 2008

B. Billaudot

I. Le concept de bien public. Les limites de la science économique normale et de toutes les problématiques qui en conserve quelque chose

Plan

II. Une reconstruction

1. Un bien ordinaire rattaché au bien : le bien comme composante du système « bien-juste »

2. Le privé et le public : bien privé et bien public

3. Deux conceptions du couple « bien-juste »

4. La disponibilité des biens publics nationaux : la RSE peut-elle suffire pour qu’ils existent ?

5. RSE et biens publics mondiaux

I. Le concept de bien public. Les limites de la science économique normale et de toutes les problématiques qui en conserve quelque chose1. La science économique normale

I. Le concept de bien public. Les limites de la science économique normale et de toutes les problématiques qui en conserve quelque chose1. La science économique normale

Base : hypothèse de rationalité (propriété de tout homme). Une donnée se traduisant par des préférences et des croyances

I. Le concept de bien public. Les limites de la science économique normale et de toutes les problématiques qui en conserve quelque chose1. La science économique normale

Base : hypothèse de rationalité (propriété de tout homme). Une donnée se traduisant par des préférences et des croyances

Un bien : concept subjectif et a moral

I. Le concept de bien public. Les limites de la science économique normale et de toutes les problématiques qui en conserve quelque chose1. La science économique normale

Base : hypothèse de rationalité (propriété de tout homme). Une donnée se traduisant par des préférences et des croyances

Un bien : concept subjectif et a moral

Bien privéBien public(non rivalité et/ou non excludabilité)

I. Le concept de bien public. Les limites de la science économique normale et de toutes les problématiques qui en conserve quelque chose1. La science économique normale

Base : hypothèse de rationalité (propriété de tout homme). Une donnée se traduisant par des préférences et des croyances

Un bien : concept subjectif et a moral

Bien privéBien public(non rivalité et/ou non excludabilité)

Marché économique

I. Le concept de bien public. Les limites de la science économique normale et de toutes les problématiques qui en conserve quelque chose1. La science économique normale

Base : hypothèse de rationalité (propriété de tout homme). Une donnée se traduisant par des préférences et des croyances

Un bien : concept subjectif et a moral

Bien privéBien public(non rivalité et/ou non excludabilité)

Marché économique Marché politique

2. L’échec des tentatives pour déborder la problématique « normale »

2. L’échec des tentatives pour déborder la problématique « normale »

Toutes les tentatives plus ou moins hétérodoxes présentées par Philippe Hugon pour penser la distinction entre biens privés et biens publics conservent ce point de départ.

C’est la raison pour laquelle échouent.

2. L’échec des tentatives pour déborder la problématique « normale »

Toutes les tentatives plus ou moins hétérodoxes présentées par Philippe Hugon pour penser la distinction entre biens privés et biens publics conservent ce point de départ.

C’est la raison pour laquelle échouent.

Une reconstruction s’impose, qui tente de rendre compte de la formation sociale des subjectivités (préférences et croyances individuelles).

II. Une reconstruction

1. Un bien ordinaire rattaché au bien : le bien comme composante du système « bien-juste »

La justification en raison

Dans tout groupement humain, les normes-règles qui rendent manifeste son existence, doivent être justifiées parce qu’elles créent des inégalités de pouvoir (au sens de pouvoir faire) entre les membres du groupement.

La justification en raison

Dans tout groupement humain, les normes-règles qui rendent manifeste son existence, doivent être justifiées parce qu’elles créent des inégalités de pouvoir (au sens de pouvoir faire) entre les membres du groupement.

En modernité, la justification qui nous occupe est celle qui a lieu dans l’espace public

La justification en raison

Dans tout groupement humain, les normes-règles qui rendent manifeste son existence, doivent être justifiées parce qu’elles créent des inégalités de pouvoir (au sens de pouvoir faire) entre les membres du groupement.

En modernité, la justification qui nous occupe est celle qui a lieu dans l’espace public

C’est une justification en raison (au sens de Platon), ce qui exclut le recours à la sacralisation (la référence à Dieu, aux dieux, à la religion ou aux mythes, c'est-à-dire à ce que certains appellent la pensée magique).

La justification en raison

Dans tout groupement humain, les normes-règles qui rendent manifeste son existence, doivent être justifiées parce qu’elles créent des inégalités de pouvoir (au sens de pouvoir faire) entre les membres du groupement.

En modernité, la justification qui nous occupe est celle qui a lieu dans l’espace public

C’est une justification en raison (au sens de Platon), ce qui exclut le recours à la sacralisation (la référence à Dieu, aux dieux, à la religion ou aux mythes, c'est-à-dire à ce que certains appellent la pensée magique).

Justifier en raison met nécessairement en jeu une conception du juste

La justification en raison

Dans tout groupement humain, les normes-règles qui rendent manifeste son existence, doivent être justifiées parce qu’elles créent des inégalités de pouvoir (au sens de pouvoir faire) entre les membres du groupement.

En modernité, la justification qui nous occupe est celle qui a lieu dans l’espace public

C’est une justification en raison (au sens de Platon), ce qui exclut le recours à la sacralisation (la référence à Dieu, aux dieux, à la religion ou aux mythes, c'est-à-dire à ce que certains appellent la pensée magique).

Justifier en raison met nécessairement en jeu une conception du juste

On ne peut penser le juste sans le bien et le bien sans le juste

Figure 1-1 : Le système « bien-juste »

Le bien

Le juste

a b

Figure 1-2 : Le système « bien-juste »

Valeur

Le bien

Le juste

a b

Figure 1 -5 : Le système « bien-juste »

Valeur sociale ou éthique

Le bien

Le juste

a b Grammaire dejustification*

* Des pratiques individuelles ou des normes sociales

Figure 1 -5 : Le système « bien-juste »

Valeur sociale ou éthique

Le bien

Le juste

a b

Objets qui ont de la valeur (biens)

Grammaire dejustification*

* Des pratiques individuelles ou des normes sociales

Figure 1 -5 : Le système « bien-juste »

Valeur sociale ou éthique

Le bien

Le juste

a b

Objets qui ont de la valeur (biens)

Qualitésmorales(vertus)

Grammaire dejustification*

* Des pratiques individuelles ou des normes sociales

Figure 1 -5 : Le système « bien-juste »

Valeur sociale ou éthique

Le bien

Le juste

a b

Objets qui ont de la valeur (biens)

Qualitésmorales(vertus)

Grammaire dejustification*

* Des pratiques individuelles ou des normes sociales

Normes – règlespréconisées**

** Notamment en ce qui concerne les droits d’usage des objets

Une norme n’est pas un objet

Normes qui présidentà la qualification des objets

Norme Objet

Normes qui président à l’engagement des objets

Objet Norme

2. Le privé et le public : bien privé et bien public

Objet

ressourceProcessusd’institution

c

2. Le privé et le public : bien privé et bien public

Bien (ordinaire)privé

Objet

ressourceProcessusd’institution

c

Individu

c

2. Le privé et le public : bien privé et bien public

Bien (ordinaire)privé Non commun

Objet

ressourceProcessusd’institution

c

Individu

c

2. Le privé et le public : bien privé et bien public

Bien (ordinaire)privé

commun

Non commun

Objet

ressourceProcessusd’institution

c

Individu

c

2. Le privé et le public : bien privé et bien public

Bien (ordinaire)privé

commun

Non commun

Non public

Objet

ressourceProcessusd’institution

c

Individu

c

2. Le privé et le public : bien privé et bien public

Bien (ordinaire)privé

commun

Public

Non commun

Non public

Processusd’institution

c

Objet

ressourceProcessusd’institution

c

Individu

c

3. Deux conceptions du couple « bien-juste »

Figure 1-2 : Le système « bien-juste »

Valeur

Le bien

Le juste

a b

Figure 1-3 : Le système « bien-juste »

Valeur sociale

Le bien

Le juste

a bPriorité du juste : « b » est l’action et « a », la rétroaction

Coordinationefficace

Figure 1-4 : Le système « bien-juste »

Valeur éthique

Le bien

Le juste

a b

Priorité du bien : « a » est l’action et « b », la rétroaction

Excellence

« Soi-même » = « comme un autre » (Ricoeur, 1991)

« Soi-même » = « comme un autre » (Ricoeur, 1991)

Une valeur éthique ne peut avoir ce statut qu’un sein d’un « horizon de signification » commun à un certain nombre d’autres que soi-même (Taylor, 1991).

« Soi-même » = « comme un autre » (Ricoeur, 1991)

Une valeur éthique ne peut avoir ce statut qu’un sein d’un « horizon de signification » commun à un certain nombre d’autres que soi-même (Taylor, 1991).

Justifications émises dans l’espace public

« Soi-même » = « comme un autre » (Ricoeur, 1991)

Une valeur éthique ne peut avoir ce statut qu’un sein d’un « horizon de signification » commun à un certain nombre d’autres que soi-même (Taylor, 1991).

Justifications émises dans l’espace public

Cet horizon de signification doit être commun à tous les membres de la société considérée

Tableau III : Les trois triades propres à la société moderne 

Valeur de Valeur de référence référence

Bien supérieur associéBien supérieur associé

LibertéLiberté RichesseRichesse

* Efficacité du rapport de l’homme aux objets

Tableau III : Les trois triades propres à la société moderne 

Valeur de Valeur de référence référence

Bien supérieur associéBien supérieur associé

LibertéLiberté RichesseRichesse

Efficacité Efficacité technique*technique*

Puissance (pouvoir Puissance (pouvoir d’agir)d’agir)

* Efficacité du rapport de l’homme aux objets

Tableau III : Les trois triades propres à la société moderne 

Valeur de Valeur de référence référence

Bien supérieur associéBien supérieur associé

LibertéLiberté RichesseRichesse

Efficacité Efficacité technique*technique*

Puissance (pouvoir Puissance (pouvoir d’agir)d’agir)

CollectifCollectif ReconnaissanceReconnaissance

* Efficacité du rapport de l’homme aux objets

Tableau III : Les trois triades propres à la société moderne 

Valeur de Valeur de référence référence

Bien supérieur associéBien supérieur associé

LibertéLiberté RichesseRichesse

Efficacité Efficacité technique*technique*

Puissance (pouvoir Puissance (pouvoir d’agir)d’agir)

CollectifCollectif ReconnaissanceReconnaissance

* Efficacité du rapport de l’homme aux objets

Les sens de ces valeurs diffèrent selon qu’il s’agit de valeurs sociales ou de valeurs éthiques

La première modernité (occidentale)

Monopole de la conception de la justice en termes de coordination efficacepour justifier l’institution de normes dans l’espace public

La première modernité (occidentale)

Monopole de la conception de la justice en termes de coordination efficacepour justifier l’institution de normes dans l’espace public

La conception en termes d’excellence : réservée à l’espace privé

Les sens de ces valeurs comme valeurs sociales

La liberté

L’efficacitétechnique

Le collectif(le « nous »)

Liberté-compétition : exprimer et satisfaire ses désirs dans le cadre d’une libre compétition entre individus égaux - celle dont on dit qu’elle finit où commence celle des autres ; une liberté sans temporalité ; en effet, la compétition se joue entre les présents ; les générations futures sont laissées de côté.

Tableau : Les valeurs de référence en modernité occidentale (espace public)

Les sens de ces valeurs comme valeurs sociales

La liberté

L’efficacitétechnique

Le collectif(le « nous »)

Liberté-compétition : exprimer et satisfaire ses désirs dans le cadre d’une libre compétition entre individus égaux - celle dont on dit qu’elle finit où commence celle des autres ; une liberté sans temporalité ; en effet, la compétition se joue entre les présents ; les générations futures sont laissées de côté.

L’application des connaissances scientifiques et techniques à l’utilisation des objets naturels ou produits parl’homme, ce qui implique une exploitation de la nature considérée comme extérieure à l’homme et comme un puits sans fond – les effets dans le temps long de cetteexploitation ne sont pas pris en compte.

Tableau : Les valeurs de référence en modernité occidentale (espace public)

Les sens de ces valeurs comme valeurs sociales

La liberté

L’efficacitétechnique

Le collectif(le « nous »)

Liberté-compétition : exprimer et satisfaire ses désirs dans le cadre d’une libre compétition entre individus égaux - celle dont on dit qu’elle finit où commence celle des autres ; une liberté sans temporalité ; en effet, la compétition se joue entre les présents ; les générations futures sont laissées de côté.

L’application des connaissances scientifiques et techniques à l’utilisation des objets naturels ou produits parl’homme, ce qui implique une exploitation de la nature considérée comme extérieure à l’homme et comme un puits sans fond – les effets dans le temps long de cetteexploitation ne sont pas pris en compte.

Le « nous » des citoyens d’une nation. Un nous exclusif défini à l’échelle des seuls humains : certains humains présents sont exclus, en l’occurrence ceux des autres nations, les citoyens nationaux passés et futurs étant formellement inclus dans le « nous ».

Tableau : Les valeurs de référence en modernité occidentale (espace public)

Première modernité en crise fin XXème siècle

La conception de la justice en termes d’excellence s’invite dans le débat public

La liberté, l’efficacité technique et le collectif(le « nous ») comme valeurs éthiques : quels sens ?

Les sens de ces valeurs ?

Ils sont encore largement en discussion

Le collectif

La liberté

L’efficacitétechnique

Sens qui parait acquis : l’humanité toute entière (passée, présente et future) Un nous exclusif délimité à l’échelle de l’ensemble des éléments de la nature(dont l’humanité est une composante) : ce sont les actants non-humains qui sont exclus 

Sens qui tend à s’imposer : la liberté-accomplissement -la liberté comme capacité de réalisation de soi conformément à un « idéal d’authenticité » qui est propre à la personne

En débat : le débat porte sur les conditions d’utilisation de la nature en la respectant (ne pas détruire ou dérégler les processus qui assurent le renouvellement de toutes ses composantes, etc.)

Valeurs éthiquesValeurs sociales

« Agis de telle sorte que tu puisses également vouloir que ta maxime devienne une loi universelle »

Kant

Impératif focalisé sur le présent

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre »

Jonas

Impératif intergénérationnel

Question : quelle seconde modernité ?

Deux niveaux possibles de structuration spatiale : la nation et le monde

Les normes-règles ainsi instituées le sont à l’échelle d’un « nous »

Conception du juste en termes de coordination efficace

« Nous » = Nation

Première modernité (occidentale)

Conception du juste en termes d’excellence

« Nous »  = Humanité

Seconde modernitéVoie alternative

Histoire

Deux niveaux possibles de structuration spatiale : la nation et le monde

Les normes-règles ainsi instituées le sont à l’échelle d’un « nous »

Conception du juste en termes de coordination efficace

« Nous » = Nation

Première modernité (occidentale)

Conception du juste en termes d’excellence

« Nous »  = Humanité

Seconde modernitéVoie alternative

Seconde modernitéVoie conjugaison ?

Histoire

Figure 2 : La seconde modernité comme transformation de la Figure 2 : La seconde modernité comme transformation de la première modernité : des règles « conjointes »première modernité : des règles « conjointes »

Règles justifiéespar référence à la conceptionde la justice en termes de coordination efficace(première modernité)

Règles justifiéespar référence à la conceptionde la justice en termesd’excellence

Règles justifiées en secondemodernité (« conjointes »)

Transformation

Biens supérieurs Biens ordinaires

Richesse

Puissance Santé, instruction, sécurité (paix)

(avoir la ….. « efficacité »)(être ……. « excellence »)

Reconnaissance Biens de la richesse ayant fait l’objetd’un processus de patrimonialisation

Les autres biens

Retour sur les biensRetour sur les biens

4. La disponibilité des biens publics nationaux : la RSE peut-elle suffire pour qu’ils existent ?

C’est une idée illusoire et fallacieuse.

Non

5. RSE et biens publics mondiaux

Crise première modernité =fin du monopole de la conception de la justice en termes de coordination efficace pour justifierdans l’espace public = la seconde conception s’invite = biens publics mondiaux (nouvelle catégorie qui apparait dans l’histoire humaine)

=

En l’absence d’Etat mondial, la RSE (qui ne trouve son sens que dans ce contexte)peut jouer un rôle (favoriser), un rôle différent selon le bien concerné, mais elle ne peut absolument pas suffire