Post on 26-Mar-2016
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Fini le temps des riquiqui, guili guili, pipi au lit, souris au ouistiti et compagnie. C’est ce qu’on lui a dit. Demain, c’est lundi et il sera un “grand” Gaston, car c’est son premier jour d’école.
Gaston ne sait pas comment il pourra grandir aussi vite pendant la nuit. Est-ce que ses jambes vont pousser d’un coup et toucher le bout du lit ?
Est-ce que son pyjama sera devenu trop petit ? Est-ce que ce n’est pas plus long pour
devenir un grand Gaston ?
Ça lui fait peur ce lundi qui ne sera pas comme les au-tres lundis d’avant. D’ailleurs, avant, les jours n’avaient pas de nom. Ils ne s’appelaient ni lundi ni rien du tout. C’était Hier ou Aujourd’hui parfois Demain. Sauf un, qui s’appelait Dimanche.
A trois heures pile, Tatie Dou débarque avec ses bonbons coco, son moulin à mots, ses gros Oh Oh Oh.
Aujourd’hui, le moulin de Tatie Dou déborde de mots. C’est que demain le “petit Gaston” va de-venir grand.
- Va jouer mon grand, j’ai des choses à raconter à ta maman. Ça en fera des petits gâteaux à tremper dans du café chaud pour faire tourner très très vite le moulin à mots !
Gaston n’a pas envie de quitter sa maman, pas plus que de devenir grand. La maman de Gaston prend tellement de place dans son coeur, qu’il le sent se dégonfler et de-venir tout petit lorsqu’elle s’en va.
La maman de Gaston prend beaucoup de
place tout court. Dans les fauteuils comme
dans le coeur de Gaston. C’est sans doute
à cause des petits gâteaux du dimanche.
Hugo est “grand” depuis déjà un an. Pour
lui, tous les jours ont un nom maintenant. A
l’école, on lui a appris. Ils s’appellent lundi,
mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi.
Mais aujourd’hui, c’est Dimanche et les mamans man-gent. Elles rient en se tapant très fort sur les cuisses.
Elles prennent toute la place dans la pièce et Gaston et Hugo sont bien forcés d’aller jouer dehors.
Gaston n’a pas très envie de jouer quand il
pense que demain va arriver. Il marche en
équilibre sur un petit mur en essayant de ne
pas tomber. Il dit à Hugo : “bah, ce n’est pas
si grave l’école”, en essayant de ne pas pleu-
rer. Et de toute façon, sa maman a promis de
rester avec lui toute la journée.
- T’es dingo ! dit Hugo. Il n’y aura plus de place pour les copains sous le préau ! - Et pas question de bagarre, les mamans n’aiment pas du tout ça.
A cause des boutons qui se décousent et des trous aux genoux. Et puis elles n’aiment pas qu’on soit voyou.
- Et les courses en troti-
nette sera pour tous les
autres. Elles ont tout le
temps peur qu’on tombe.
Les mamans ont peur des
bobos comme si c’était
des monstres, des affreux
jojos. - Et pas moyen de
faire de la peinture au
doigt, elles disent qu’il y a
des pinceaux pour ça !
- Le pire, c’est à la cantine. Obligé de faire comme à la maison. Se tenir bien droit et ne pas manger avec les doigts. Tout finir, la viande comme les petits pois.
- Non l’école, ce n’est vrai-ment pas fait pour les
mamans. Crois-moi Gaston,
elles sont mieux à la maison ou au boulot, dit Hugo.
Il est rentré dans la maison et dans le salon, il s’est frayé une petite place au milieu des moulins à mots, des gâteaux, des Oh Oh Oh de Tatie Dou et coura-geusement a dit à sa maman.
- Demain, je me défendrai moi-même
contre le vilain lundi. J’irai tout seul à
l’école et toi tu m’attendras à la mai-
son. Sinon je ne deviendrai jamais
un grand Gaston.
L’auteur
JOËLLE ECORMIERL’illustrateur
NIMBUSElle aime : les macatias, le chocolat noir, les cigarettes russes,les arbres, les phares, les ânes, les boîtes à mu-sique, les cerfs-volants, les libellules, l’idée d’habiter sur un volcan. Et surtout écrire des histoires. Elle n’aime pas : le bruit, les téléphones por-tables, les réveille-matin, le café, le clavecin, les ordres, les films de guerre. Et le pire, manquer de temps pour écrire des histoires.
Ex sculpteur de table de classe, gribouilleur sur récup, pein-tre de bar, il ne trempe pas toujours ses pinceaux dans l’eau. Collectionneur d’image, il voudrait en faire mais c’est toujours un peu chaud. Bof ! tant qu’il ya des glaçons. Têtu, raleur, colereux, mais gentil, il n’est plus le même depuis qu’il a des poils. Ce n’est pas un saint mais tant pis ! Alertez les bébés !