Lisette, notre gentille Lisette, a un grave problème. Elle y pense sans cesse, et n’a même plus le cœur de jouer avec Fripon, son agnelet tout blanc.

Elle se fâche et s’indigne aux facéties de Toudoux, son petit chat – tiens ? Il est tout blanc, lui aussi ! – D’ordinaire, cela la fait bien rire, pourtant ! Le pauvre Toudoux n’y comprend rien !

Indigné, Toudoux est parti jouer dans le jardin ! Si Lisette est de mauvaise humeur, qu’elle reste toute seule à bouder. Lui, il va retrouver ses copains. Ils sont de bonne humeur, eux, au moins !

Pour se changer les idées, Lisette a été voir Guignol. Et bien, croyez-moi si vous voulez, elle s’est ennuyée pendant toute la séance !!! Mais que lui arrive-t-il donc ?

Lisette a mal au cœur, Lisette est triste : sottement, par sa faute, elle a froissé Gaston, qui est parti en colère.

Comment ! Vous ne connaissez pas Gas-ton ? Mais voyons ! C’est le gentil voisin de Lisette, le compa-gnon de jeux de tous les instants !

Avant-hier, ils étaient montés jouer dans le grenier. Gaston avait réussi à mettre en route un vieux gramo-phone, et Lisette avait tant valsé que Tou-doux, dans ses bras, en avait le vertige !

Ils avaient ouvert des malles pous-siéreuses. Lisette s’était habillée en grande dame, et se trouvait supe-rbe ! Même Tou-doux était subju-gué !

Dans une autre malle, Gaston avait trouvé tout un attirail de photographe. Il avait fait semblant de prendre des tas de photos de Lisette. Qu’elle était fière ! Elle prenait des poses, minaudait, étalait sa robe, jouait avec sa fourrure…

Et ensuite, il lui avait dit en riant que ce n’était qu’un jeu, qu’il n’y avait rien dans ces vieux appareils pour prendre des photos.

Mais Lisette avait très mal, mais alors très mal pris la chose ! Elle s’était fâchée tout rouge, et avait intimé l’ordre au pauvre Gaston tout déconfit de déguerpir du grenier.

Elle savait bien qu’elle avait été trop méchante ! Pourquoi avait-elle donc réagi si violemment ? Au fond, pensait-elle avec honte, s’était-elle montrée orgueilleuse, regrettant de belles photos ?

Pourtant, quelques jours avant, Gaston lui avait offert une mésange dans une cage. Elle s’était indignée et avait rendu aussitôt la liberté à la petite prisonnière, et Gaston ne s’était même pas fâché. Aurait-elle mauvais caractère ???

C’est elle qui a été désagréable, c’est elle qui doit faire le premier pas. Bon. Il aurait bien pu le faire aussi, car elle se rend compte que, même si c’était lui qui avait tort, pour éviter une brouille durable, elle aurait été vers lui… De toute façon, dans une dispute, il y a toujours du tort des deux côtés, alors…

Mais comment faire?

Elle a essayé de lui rama-sser un bou-quet, mais les coquins Fri-pon et Noiraud lui dévorent toutes les fleurs au fur et à mesure…

Alors elle a une idée : à la sortie de l’école, elle court, vite, vite, vers la boutique du marchand glacier et met toutes ses éco-nomies dans l’achat d’une glace à la frai-se, le parfum préféré de Gaston. Et, bran-dissant le drapeau blanc de l’armistice, en l’occurrence son mouchoir, elle va offrir son cadeau à Gaston.

Gaston ne sait pas résister à une glace à la fraise. Mais surtout il ne sait pas résister aux yeux implo-rants de Lisette !

La paix est scellée, et c’est la main dans la main qu’ils rentrent à la maison.

Que c’est bon d’être amis !!!

Illustrations de Matal, aux Editions des Deux coqs d’or.Texte : JackyMusique : Florian Bernard au synthé

Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la PaixJacky.questel@gmail.comhttp://jackydubearn.over-blog.com/http://www.jackydubearn.fr/