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IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie
L’intégration Sensorielle et la Collaboration :
Un enjeu dans l’amélioration de l’environnement de l’enfant présentant un
trouble du déficit de l’attention avec une hyperactivité.
En vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’Ergothérapeute
UE 6.5 S6 : Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
GASTINEAU Léa
2019-2020
IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie
L’intégration Sensorielle et la Collaboration :
Un enjeu dans l’amélioration de l’environnement de l’enfant présentant un
trouble du déficit de l’attention avec une hyperactivité.
En vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’Ergothérapeute
UE 6.5 S6 : Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
Sous la direction de Madame Emeline DESSIEUX
GASTINEAU Léa
2019-2020
PRÉFET DE LA RÉGION
BRETAGNE
DIRECTION REGIONALE
DE LA JEUNESSE, DES SPORTS
ET DE LA COHÉSION SOCIALE
Pôle formation-certification-métier
ATTESTATION SUR L’HONNEUR, FRAUDES ET PLAGIAT, CODE DE LA PROPRIETE INTELLECTUELLE
Diplôme d’Etat d’Ergothérapeute Travaux de fin d’études :
Mémoire d’initiation à la recherche en ergothérapie
Page à insérer par l’étudiant après la 1ère page de couverture de son travail de fin d’études
Conformément à l’article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle du 3 juillet 1992 : « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ».
J’atteste sur l’honneur que la rédaction des travaux de fin d’études, réalisée en vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’Ergothérapeute est uniquement la transcription de mes réflexions et de mon travail personnel. Et, si pour mon argumentation, je copie, j’emprunte un extrait, une partie ou la totalité de pages d’un texte, je certifie avoir précisé les sources bibliographiques Le 20/05/2020 Signature de l’étudiant :
Fraudes aux examens : CODE PENAL, TITRE IV DES ATTEINTES A LA CONFIANCE PUBLIQUE CHAPITRE PREMIER : DES FAUX Art. 441-1 : Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques. Le faux et l’usage de faux sont punis de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Loi du 23 décembre 1901, réprimant les fraudes dans les examens et concours publics. Art. 1er : Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’entrée dans une administration publique ou l’acquisition d’un diplôme délivré par l’Etat constitue un délit.
Reconnaîs avoir pris connaissance de la procédure IFPEK « Procédure Interne Ethique
Recherche Etudiante »
Accepte les conditions de réalisation des projets au sein de l’IFPEK
M’engage à respecter toutes les étapes définies dans la procédure, durant toute la
durée de mes études au sein de l’IFPEK, et notamment :
o Le recueil des consentements auprès des personnes interrogées dans le cadre de mes projets,
o Le recueil de l’autorisation du professionnel de santé d’utiliser des données de
santé anonymisées dans le cadre d’une étude rétrospective,
o L’anonymisation des personnes interrogées et des données collectées,
o La non diffusion de ces données en dehors du cadre pédagogique,
o La destruction des données brutes recueillies à l’issue du projet.
En cas de manquement à ces différentes règles, l’IFPEK sera susceptible d’appliquer des sanctions notamment si des plaintes ou réclamations sont déposées par des personnes interrogées (avertissement, conseil de discipline, …).
Fait en deux exemplaires à CHATEAU-GONTIER , le 20/05/2020
L’étudiant IFPEK (lu et approuvé)
Lu et approuvé
Association IFPEK – 12 rue Jean-Louis Bertrand - 35000 RENNES 1/1
I MPRIME I p 04 . 04 . 03 – C Doc de rattachement : I 04.04.01
ENGAGEMENT ETUDIANT
MAJ : mai 2019
Je soussigné(e), …………………………………………………………………….., étudiant(e) IFPEK en :
Pédicurie - Podologie Ergothérapie Masso - kinésithérapie
GASTINEAU Léa
Remerciements
Je tiens à remercier tout d’abord ma directrice de mémoire, Emeline DESSIEUX pour
son aide et ses conseils avisés tout au long de l’année,
Je remercie également l’ensemble des professionnels qui ont accepté de
participer à ce travail de recherche,
Je remercie aussi les formateurs de l’IFPEK, pour leur accompagnement
durant ces trois années de formation,
Je remercie les différents tuteurs de stages qui m’ont permis de développer
ma pratique professionnelle,
Je remercie sincèrement mes amis mayennais et rennais pour leur soutien,
leur aide et leur bonne humeur inestimable
Enfin, je remercie particulièrement ma famille et Sébastien pour leurs encouragements,
leur soutien moral et leur bienveillance qu’ils m’ont toujours apporté…
GASTINEAU Léa L’intégration Sensorielle et la Collaboration : Un enjeu dans l’amélioration de l’environnement de l’enfant présentant un trouble du déficit de l’attention et une hyperactivité.
Résumé :
Les enfants présentant un TDAH rencontrent de nombreuses difficultés dans leur vie quotidienne. Ils doivent faire face à divers stimuli présents dans leur environnement scolaire et familial, ce qui favorise l’apparition des troubles du traitement sensoriels, comme l’hyperréactivité sensorielle. Le système sensoriel est à la base du développement de l’enfant. Ainsi, Anna Jean AYRES, une ergothérapeute, a développé le concept de l’intégration sensorielle, permettant l’amélioration du traitement des stimuli sensoriels, pour produire des réponses adaptées. Cette pratique associe une thérapie rééducative et une approche compensatrice. L’entourage de l’enfant semble nécessaire dans cette prise en soin. Ce mémoire questionne donc l’importance de la collaboration en intégration sensorielle, pour améliorer l’environnement d’un enfant TDAH, avec une hyperréactivité sensorielle. Pour cela, une étude qualitative auprès des ergothérapeutes a été réalisée. Celle-ci souligne l’importance de la collaboration et de l’éducation de l’entourage de l’enfant, pour faciliter la continuité des soins et l’amélioration de l’environnement quotidien de l’enfant.
Abstract :
Children with ADHD meet with many difficulties in their daily lives. They have to deal with various stimuli present in their school and family environment, which promotes the appearance of sensory processing disorders such as sensory overresponsivity. The sensory system is the basis of the child's development. In this way, Anna Jean AYRES, an occupational therapist, developed the concept of sensory integration, allowing the improvement of the processsing sensory stimuli, to produce adapted reponses. This practice combines a rehabilitation therapy and an approach adaptative. Teachers and child’s family seems necessary in this care. This dissertation questions the importance of collaboration in sensory integration to improve the environment of an ADHD child with sensory overresponsivity. For this purpose, a qualitative study with occupational therapists was conducted. This one highlights the importance of collaboration and education of teachers and child’s family, to facilitate the continuity of care and improving the child's daily environment.
Mots-clés : Intégration sensorielle – TDAH – Collaboration – Entourage familial et scolaire – Trouble du traitement sensoriel Key-words : Sensory integration – ADHD – Collaboration – Family and school environment – Sensory processing disorder INSTITUT DE FORMATION EN ERGOTHERAPIE de Rennes
10 rue Jean Louis Bertrand Rennes
TRAVAIL ECRIT DE FIN D’ETUDES – 2019-2020
Sommaire
Introduction ....................................................................................................................... 1
1. Problématique ............................................................................................................ 2
1.1. Situation d’appel .......................................................................................................... 2
1.2. Questionnement de départ .......................................................................................... 4
1.3. TDAH : Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ......................... 4
1.4. L’intégration sensorielle ............................................................................................... 6
1.5. Les troubles du traitement de l’information sensorielle ............................................ 7
1.6. Entretiens exploratoires ............................................................................................... 8
1.7. L’environnement ........................................................................................................ 10
1.8. Question de recherche ............................................................................................... 11
2. Cadre théorique ........................................................................................................ 13
2.1. Le trouble du déficit de l’attention avec une hyperactivité. .................................... 13
2.1.1. Etiologie .............................................................................................................. 13
2.1.2. Description et critères de diagnostics du TDAH. ............................................... 13
2.1.3. Le TDAH selon le modèle PEOP .......................................................................... 15
2.2. Le concept de l’intégration sensorielle ...................................................................... 19
2.2.1. Le traitement de l’information sensorielle ........................................................ 19
2.2.2. Les troubles du traitement de l’information sensorielle .................................. 22
2.2.3. Accompagnement en ergothérapie ................................................................... 24
2.3. La collaboration avec l’entourage .............................................................................. 26
2.3.1. La systémie familiale .......................................................................................... 26
2.3.2. La scolarité de l’enfant ....................................................................................... 29
3. Recueil de données .................................................................................................... 32
3.1. Cadre d’analyse .......................................................................................................... 32
3.1.1. Choix des outils. .................................................................................................. 32
3.2. Analyse de la recherche (cf. annexe 10) .................................................................... 34
3.2.1. Présentation des ergothérapeutes .................................................................... 35
3.2.2. Les troubles sensoriels chez les enfants TDAH. ................................................. 35
3.2.3. L’accompagnement en intégration sensorielle des enfants TDAH ................... 40
3.2.4. La collaboration avec l’entourage ...................................................................... 43
4. Discussion ................................................................................................................. 48
4.1. Conclusion de l’enquête ............................................................................................. 48
4.2. Confrontation aux hypothèses................................................................................... 50
4.3. Limites de mon mémoire ........................................................................................... 52
4.4. Pistes de réflexion ...................................................................................................... 53
Conclusion ........................................................................................................................ 55
Bibliographie .................................................................................................................... 56
Annexe ................................................................................................................................ I
Liste des abréviations
ANFE Association Nationale Française des Ergothérapeutes
DSM-V Diagnostic and statistical manuel of mental disorders
CO-OP Cognitive Orientation to daily Occupational Performance
EHPAD Etablissement d’Hébergement pour Personnes âgées Dépendantes
ESS Equipe de Suivi de la Scolarisation
HAS Haute Autorité de Santé
IFE Institut de Formation en Ergothérapie
IME Institut Médico-Educatif
IS Intégration Sensorielle
MAS Maison d’Accueil Spécialisée
MEEX Maison des Enfants Extraordinaires
PAP Plan d’Accompagnement Personnalisé
PAI Plan d’Accueil Individualisé
PPRE Programme Personnalisé de Réussite Educative
PPS Projet Personnalisé de Scolarisation
PEOP Personne – Environnement – Occupation – Performance
SSR Soins de Suite et de Réadaptation
TDA Trouble du Déficit de l’Attention
TDAH Trouble du Déficit de l’Attention avec Hyperactivité
TTIS Troubles du Traitement de l’Information Sensorielle
TSA Trouble du Spectre Autistique
1
Introduction
Au sein de notre environnement, des milliers de stimuli nous parviennent chaque jour.
Ces informations sont captées par l’ensemble de nos sens et traitées par notre système nerveux,
nous permettant d’interagir de manière adaptée avec notre environnement. Ce processus
s’appelle l’intégration sensorielle. Il peut influencer, de manière inconsciente, l’ensemble des
fonctions du corps et notre développement. En ergothérapie, une pratique thérapeutique s’est
construite selon le processus d’intégration sensorielle. Elle permet un accompagnement
spécifique, grâce à une rééducation active et sensorimotrice.
Le TDAH est le trouble majoritairement diagnostiqué chez les enfants. Il touche environ
1 enfant par classe. Ce trouble « invisible », et souvent incompris par l’entourage de l’enfant,
impacte le développement et le quotidien de l’enfant. Plusieurs études1, comme celle de Lucy
Miller, révèlent qu’il peut être associé à des troubles de l’intégration sensorielle, comme une
hyperréactivité sensorielle. Celle-ci se caractérise par une réponse exagérée à des stimuli
sensoriels normalement non douloureux. Face à ces particularités sensorielles, l’enfant
présentant un TDAH s’expose à des défis développementaux et à des facteurs
environnementaux indépendants du TDAH. Une prise en soin en intégration sensorielle est donc
nécessaire. Toutefois, celle-ci est encore peu reconnu des professionnels et de l’entourage de
l’enfant.
Ce mémoire d’initiation à la recherche en Ergothérapie a pour but de comprendre
l’importance de la collaboration en intégration sensorielle dans l’amélioration de
l’environnement d’un enfant TDAH présentant une hyperréactivité sensorielle.
Tout d’abord, la problématique décrira l’émergence de ce questionnement et le
cheminement effectué pour formuler une question de recherche, ainsi que deux hypothèses.
Ensuite, dans un cadre théorique, nous détaillerons les concepts abordés dans la problématique,
notamment « l’intégration sensorielle », « Le TDAH » et « la collaboration ». D’autre part, une
étude qualitative du terrain sera réalisée, sous forme d’entretiens semi-directifs auprès
d’ergothérapeutes formées en intégration sensorielle. L’ensemble des témoignages sera
analysé et confronté à la partie théorique. Enfin, à partir des données recueillies et des
recherches théoriques, une discussion sera exposée, dans le but d’apporter des éléments de
réponses à notre questionnement et aux hypothèses, puis d’établir des pistes de réflexion.
1 Etude : Lucy Jane MILLER, Darci M. NIELSEN, Sarah A. SCHOEN (2012) Attention deficit hyperactivity disorder and
sensory modulation disorder : a comparison of behavior and physiology. Research in Developmental Disabilities.
2
1. Problématique
1.1. Situation d’appel
Au cours de ma formation en ergothérapie, j’ai été confrontée à différentes situations
professionnelles et personnelles qui m’ont aidées dans la construction de mon mémoire de
recherche.
Tout d’abord, j’ai pu réaliser mon premier stage dans un centre de rééducation avec des
enfants polyhandicapés. J’ai particulièrement apprécié l’ergothérapie en pédiatrie. En effet,
l’ergothérapeute possède un rôle capital dans l’aide apportée à l’enfant en situation de handicap
et à son entourage. Cependant, un enfant ne va pas forcément verbaliser ses problèmes, il va
avoir besoin d’être rassuré et d’être en confiance avec le thérapeute. C’est pourquoi il faut faire
preuve d’observations et lui proposer des activités ludiques qui suscitent son intérêt afin de
faciliter ce lien de confiance. De plus, j’ai remarqué que l’implication et la collaboration avec
l’entourage étaient également primordiales afin de les conseiller et de recueillir les informations
nécessaires sur l’enfant. Cette spécificité de prise en soin et le rôle de l’ergothérapeute en
pédiatrie m’ont ainsi confortée dans l’idée d’orienter mon sujet de mémoire vers la population
des enfants.
Par ailleurs, au cours de mon parcours personnel, j’ai rencontré une petite fille, âgée de
10 ans, en classe de CM2, qui a été diagnostiquée dyslexique et dysorthographique en classe de
CP. La dyslexie est « une altération spécifique et significative de la lecture et/ou de la production
d’écrit et de l’orthographe (dysorthographie) » (Anon, 2008)2. La dyslexie et la dysorthographie
font partie des troubles spécifiques des apprentissages. Selon la classification du DSM-V, ces
troubles se définissent par des difficultés d’apprentissages ou d’utilisations des compétences
scolaires, qui se manifestent par la présence de différents symptômes, et qui persistent depuis
au moins 6 mois. Ainsi, dans le cas de cette petite fille, son handicap altère ses apprentissages
et son développement scolaire. Sa lecture est lente, elle inverse les syllabes et elle a des
difficultés de compréhension. Au niveau de l’orthographe, elle présente des difficultés de
mémorisation, elle n’arrive pas à écrire ou à épeler correctement un mot et elle multiplie les
fautes d’orthographe.
Aujourd’hui en CM2, elle ne sait toujours pas lire. Elle est seulement suivie par une
orthophoniste, néanmoins il n’y a pas eu de grande évolution depuis le début. Ses parents sont
2 Informations de « ffdys.com »
3
dépassés par l’ensemble des problèmes. Ils ne savent pas comment aider et accompagner leur
fille afin de trouver des solutions à ses problèmes. Un PAP devait être mis en place. Ce plan « est
un dispositif d'accompagnement pédagogique qui s'adresse aux élèves du premier comme du
second degré pour lesquels des aménagements et adaptations de nature pédagogique sont
nécessaires, afin qu'ils puissent poursuivre leur parcours scolaire dans les meilleures conditions,
en référence aux objectifs du cycle. » (Anon, s. d.)3. Cependant, selon le discours des parents, les
enseignants n’ont pas pris le temps de l’aider lorsqu’elle rencontrait des difficultés, ou bien, ils
ne savaient pas comment adapter leur enseignement en fonction des troubles qu’elle présente.
De plus en échangeant avec ses parents, j’ai appris qu’elle était souvent exclue des groupes
d’élèves. Cette situation m’a particulièrement interpellée, pas seulement à cause du trouble
d’apprentissage, mais surtout pour les difficultés rencontrées par les parents et les enseignants
face à ce handicap.
Enfin, durant ma formation d’ergothérapeute, un cours sur l’intégration sensorielle
(2019), IS, effectué par Pascaline Saillet, Justine Amevo et Audrey Roux, des ergothérapeutes
travaillant en libéral et formées en intégration sensorielle, a suscité mon attention. J’ai toujours
été attirée par le domaine sensoriel et par la façon dont nos sens influencent notre
comportement et notre manière de vivre. Selon l’ergothérapeute et la pionnière dans le
domaine de l’intégration sensorielle, Anna Jean Ayres définit « l’intégration sensorielle comme
un processus neurologique qui organise les sensations provenant du milieu avec celles de
l’organisme, pour permettre d’utiliser le corps efficacement dans son environnement. »
(DUFOUR, 2011, p 14). Chez l’enfant, elle permet l’amélioration de sa participation dans les
activités de vie quotidienne et dans les tâches d’apprentissage (BABINGTON, 2018). Elle peut
être utilisée pour les personnes présentant des troubles des apprentissages, mais surtout pour
des pathologies à caractère autistique, principalement des troubles du traitement de
l’information sensorielle. Un trouble du traitement de l’information sensorielle représente « les
difficultés de nature sensorielle qui altèrent considérablement le fonctionnement de l’enfant au
quotidien, provoquant une incapacité chez ce dernier à accomplir ses activités de vie quotidienne
ou à s’engager et à explorer son environnement par le jeu. » (COTE, 2016, p 40). Cette approche
de l’intégration sensorielle nécessite un équipement spécialisé, permettant ainsi d’agir sur les
stimulations de l’environnement en adaptant et en contrôlant l’information sensorielle. Le but
de cet environnement est de permettre à l’enfant d’avoir des réponses adaptées tout en
intégrant de nouvelles sensations (E et TEUSCHER E., 1995).
3 Informations de « education.gouv.fr »
4
1.2. Questionnement de départ
L’ergothérapie est une profession paramédicale permettant de maintenir et d’optimiser
l’autonomie et l’indépendance de la personne dans les activités de vie quotidienne, tout en
tenant compte de ses habitudes de vie et de son environnement. Ainsi, grâce à l’ensemble de
ces situations, je me suis questionnée sur l’utilisation de l’intégration sensorielle en
ergothérapie, face à des enfants présentant des troubles de l’apprentissage. Cette approche
offre une toute autre vision de l’ergothérapie et de ce trouble, elle suggère également des
démarches d’intervention très différentes. Ma question de départ est donc la suivante :
Quel est l’intérêt de l’intégration sensorielle en ergothérapie, chez les enfants,
présentant un trouble des apprentissages ?
1.3. TDAH : Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
Par la suite, j’ai décidé d’effectuer des recherches sur les différents troubles
d’apprentissages existants afin de cibler davantage mon sujet, mais également sur l’intégration
sensorielle.
Pour cela, je me suis appuyée sur L’enfant extraordinaire : Comprendre et accompagner les
troubles des apprentissages et du comportement chez l’enfant, de Isabelle BABINGTON4. Ce livre
fait le lien entre la thérapie en intégration sensorielle et les différents troubles des
apprentissages.
Les troubles d’apprentissages font référence à un ensemble de dysfonctionnements
comprenant les déficits de lecture (dyslexie), d’expression écrite (dysorthographie) et de calcul
(dyscalculie). Ils sont parfois associés à des troubles du langage oral (dysphasie), des troubles
développementaux de la coordination (dyspraxie) ou à des déficits de l’attention avec ou sans
hyperactivité (TDA/H) (Anon, s. d.)5. Mon attention s’est principalement focalisée sur le trouble
de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H).
En effet, le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est le
syndrome le plus fréquemment diagnostiqué chez les enfants. Il a été décrit pour la première
fois en 1902 par Georges Still. En 1990, le diagnostic de TDA/H devient plus fréquent favorisant
sa reconnaissance par le gouvernement et l’enseignement (COTE, 2016).
4 Ergothérapeute formée en intégration sensorielle, exerçant en France et aux Etats-Unis, qui a été la première à enseigner l’IS en France. 5 Informations de « inserm.fr »
5
Le TDAH est « un trouble neurodéveloppemental6 qui entraîne une perturbation du
fonctionnement cognitif, il s’accompagne de perturbations comportementales et émotionnelles.
Ce trouble est chronique, complexe, il est responsable d’un retentissement fonctionnel dans la
vie scolaire, sociale et familiale. » (VERA, 2015, p 10).
Le DSM-V caractérise le TDAH selon trois symptômes : L’inattention, l’hyperactivité
motrice et l’impulsivité. Ces symptômes dressent différents tableaux cliniques dont les plus
fréquents sont soit la prédominance de l’inattention, soit la prédominance de l’hyperactivité et
de l’impulsivité ou bien soit une forme mixte associant les trois symptômes.
L’attention se distingue selon différentes formes : l’attention sélective7 ou focalisée,
l’attention partagée8 et l’attention soutenue9. De plus, une distinction est également faite en
fonction de l’attention auditive et visuelle. Dans le cas de TDA/H, il n’y a pas un seul type
d’attention qui soit plus atteint qu’un autre. Cela varie d’un individu à un autre. Lorsque
l’attention est impactée, les individus vont avoir des difficultés à se focaliser sur une tâche. Ils
vont plus facilement se laisser distraire par les stimuli de l’environnement.
L’hyperactivité motrice est caractérisée par une agitation motrice de l’enfant qui peut
être importante, modérée, légère ou bien psychique. L’individu a un besoin permanent d’être
en mouvement, il ne tient pas en place, perturbe son environnement. En cas d’agitation
psychique, l’enfant pense énormément et perd le fil de ses histoires.
L’impulsivité correspond à « une tendance à agir avant de réfléchir, elle peut se
manifester de différentes manières : comportementale (intolérance à la frustration), cognitive
(précipitation sur les tâches), alimentaire quand c’est sur la nourriture que l’enfant se précipite. »
(VERA, 2015, p 24). Elle peut se manifester par de l’agressivité, une impatience ou bien des
comportements dangereux et insolents.
Cette pathologie apparaît de manière précoce. En effet, l’apparition des symptômes doit
avoir lieu avant 12 ans au lieu de 7 antérieurement. Les symptômes doivent apparaître dans au
moins deux environnements distincts (social, scolaire, familial) (ASSOCIATION et AMERICAN
PSYCHIATRIC ASSOCIATION, 2013). Ce trouble est considéré comme étant héréditaire, « 25 %
des enfants ont un parent atteint et plus de 50 % des adultes ayant un TDA/H ont un enfant
touché ». Il entrave le développement et le comportement de l’enfant dans son quotidien. Il
touche 5 % de la population générale, soit 5 % des enfants à l’âge scolaire et 4.5 % des adultes
(VERA, 2015, p 12-13). A l’adolescence, on note un pourcentage de 80 % de jeune déjà
6 Trouble qui se manifeste dès la petite enfance, se caractérisant par un retard du développement et des atteintes cognitives, comportementales et sensorimotrices. 7 Attention sélective : « capacité de choisir un stimulus plutôt qu’un autre » 8 Attention partagée : « capacité de gérer deux sources de stimuli à la fois » 9 Attention soutenue : « capacité à maintenir l’attention durant une certaine période » (COTE, 2016,p 4-5)
6
diagnostiqués. Les causes de ce trouble sont diverses. Elles se caractérisent par une anomalie
des mécanismes d’inhibition, avec un déséquilibre chimique entre les neurotransmetteurs
ralentissant l’activité électrique du cerveau, et par certaines parties du cerveau (lobes frontaux)
plus petites que la normale. Le TDA/H est parfois associé à d’autres pathologies comme les
troubles d’apprentissages ou bien un diagnostic d’autisme (SAUVE, 2007).
1.4. L’intégration sensorielle
Lors de mes recherches sur le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité,
la thérapie par l’intégration sensorielle était souvent abordée.
L’intégration sensorielle est un concept développé par A. Jean Ayres, ergothérapeute
américaine et docteure en neurosciences, émergeant dans les années 60. La théorie de
l’intégration sensorielle se réfère à des approches ergothérapiques, neurophysiologique et issus
du développement humain. Elle correspond à « un processus neurologique central qui détecte,
régule, organise et interprète les informations sensorielles perçues par les sens, permettant à
l’individu d’interagir de manière adaptée avec son environnement. Les informations fournies par
les systèmes sensoriels contribuent au développement de la sécurité gravitationnelle, du contrôle
postural, des coordinations et des praxies. Ces habiletés forment le fondement des
comportements moteurs et émotionnels nécessaires pour les apprentissages et la participation
de l’enfant dans les activités quotidiennes. » (RAY-KAESER et DUFOUR, 2013, p 14).
Elle s’appuie sur l’utilisation fondamentale des systèmes sensoriels (tactile, visuel,
auditif, gustatif, olfactif, proprioceptif, vestibulaire).
La pyramide des apprentissages de Williams et Shellenberger (cf. Annexe 1), représente
la fondation des différentes habiletés humaines. Les systèmes sensoriels, proprioceptifs, tactiles
et vestibulaires sont la base du développement humain et des autres fonctions du corps. En
effet, les différents niveaux de la pyramide sont dépendants des niveaux inférieurs. Pour
favoriser les apprentissages scolaires, l’autonomie et les comportements, il faut que ces
systèmes soient bien intégrés et correctement équilibrés. Ils vont ainsi permettre à l’enfant
d’interagir avec son environnement de manière adapté. Les sensations vont être acheminées au
système nerveux central par l’intermédiaire de nerfs et cellules nerveuses. Ces sensations vont
ainsi être transformées en perceptions afin que le cerveau puisse organiser et produire une
réponse. La qualité du traitement de l’information sensorielle va influencer le comportement et
les apprentissages de l’enfant. C’est pourquoi, une bonne intégration sensorielle est essentielle
à la participation physique et sociale de l’enfant dans les activités de vie quotidienne (COTE,
7
2016). Lorsque l’IS est altérée certains enfants peuvent avoir des difficultés à comprendre et à
organiser les informations sensorielles provenant de leur corps et de leur environnement. Cela
compromet alors leur développement sensori-moteur et perceptivo-moteur altérant leur
indépendance, leur comportement et leur apprentissage scolaire (ORVOINE, 2012).
Selon l’article, Les concepts théoriques et l’approche thérapeutique d’Intégration
Sensorielle, de Sylvie Ray-Kaesser10 et de Cécile Dufour11, l’approche en intégration sensorielle
« s’adresse à des enfants qui rencontrent des difficultés de performance et de participation dans
les activités quotidiennes et scolaires lorsque des troubles du traitement des stimuli sensoriels
sont mis en évidence. ». Cette approche est basée sur le jeu actif, avec des équipements mobiles,
suspendus, fournissant des expériences sensorielles riches et variées à l’enfant, l’obligeant à
adapter son comportement en fonction des stimulations. L’enfant est considéré comme étant
acteur de sa prise en soin, il peut être sollicité dans le choix des activités permettant
d’augmenter sa motivation (RAY-KAESER et DUFOUR, 2013, p 15).
L’intégration sensorielle regroupe un ensemble de troubles classifiés aussi appelés les
troubles du traitement de l’information sensorielle, TTIS. Ces troubles sont caractérisés par la
présence de difficultés à détecter, moduler, interpréter et/ou organiser des stimuli sensoriels
qui sont si graves qu’ils interfèrent avec les routines de la vie quotidienne. Cependant, il n’est
pas encore possible d’émettre un diagnostic de TTIS (MILLER, NIELSEN et SCHOEN, 2012).
Ces troubles sont organisés en trois catégories (cf. Annexe 2) afin de faciliter
l’élaboration du profil sensoriel de l’enfant et de son diagnostic. Cependant, malgré leur
classification, ces troubles peuvent s’associer entre eux pour former une diversité de tableaux
cliniques. Le premier trouble est celui de la modulation sensorielle affectant l’intensité de la
réponse de l’enfant. Il regroupe 3 sous-catégories avec l’hyperréactivité sensorielle
(l’hypersensibilité), l’hyporréactivité sensorielle (l’hyposensibilité), et le comportement de
recherche. Le second trouble est celui de la discrimination sensorielle altérant la façon dont
l’enfant va identifier les stimuli de l’environnement. Enfin, le dernier trouble correspond aux
troubles moteurs à base sensorielle provoquant des désordres posturaux et des troubles
praxiques (dyspraxie) (MILLER et al., 2007).
1.5. Les troubles du traitement de l’information sensorielle Par ailleurs, lors de mes recherches sur les troubles du traitement de l’information, je me
suis aperçue qu’il existait un lien entre les troubles de la modulation sensorielle et le TDAH. Les
troubles de la modulation sensorielle se caractérisent par une difficulté à réguler et à organiser
10 Professeure et coordinatrice du certificat EESP de thérapeute en intégration sensorielle 11 Ergothérapeute et co-formatrice de l’ANFE sur l’approche en intégration sensorielle
8
les réponses en fonction de l’environnement sensoriel. Ils affectent principalement l’intensité
de la réponse de l’enfant. Cependant, les symptômes du TDAH et du trouble de la modulation
sensorielle peuvent être similaires, notamment au niveau du comportement. En effet, le TDAH
et l’hyperréactivité sensorielle, particulièrement, partage un comportement marqué par une
distractibilité et une difficulté attentionnelle (MILLER, NIELSEN et SCHOEN, 2012). De plus, les
enfants TDAH présentent souvent une hyperréactivité au toucher. La perte d’attention est l’un
des symptômes les plus importants chez les enfants avec des TTIS. Il existe donc une comorbidité
notable entre le TDAH et les troubles de la modulation. Selon une étude de Lucy Miller (2006),
« 60 % des enfants présenteraient une comorbidité et seulement 18 % des enfants présenteraient
uniquement le diagnostic TDAH » (COTE, 2016, p 51). Grâce à ces recherches, j’ai décidé de
m’orienter vers les enfants présentant un diagnostic de TDAH, mais également avec des troubles
de la modulation, notamment l’hyperréactivité sensorielle. De plus, suite au cours magistral sur
l’IS, évoqué précédemment, j’ai décidé de me focaliser sur les enfants âgés de 5 à 10 ans. En
effet, durant cette période le processus sensoriel se développe, mature et les voies nerveuses
se forment. A partir de 8 – 10 ans, l’ensemble des systèmes sensoriels est intégré. Par ailleurs,
l’enfant commence sa scolarisation ce qui me permet d’aborder par la suite les difficultés
rencontrées à l’école et la collaboration entre les ergothérapeutes et les enseignants.
1.6. Entretiens exploratoires
Afin d’élargir mes connaissances sur l’intégration sensorielle, j’ai effectué un premier
entretien exploratoire avec une ergothérapeute formée en intégration sensorielle.
Tout d’abord, je voulais qu’elle m’explique brièvement l’intégration sensorielle. Elle m’a
expliqué que l’intégration sensorielle représentait la façon dont le corps allait recevoir, analyser
et intégrer les sensations reçues pour pouvoir mettre en place une réaction adaptée. Elle m’a
également interpellé sur la prise en compte des méthodes Top-down et Bottom-up qui peuvent
être des méthodes complémentaires et pertinentes en fonction des enfants.
La méthode Top-down va s’appuyer sur les systèmes cognitifs pour pouvoir effectuer une
action ou bien une tâche. Elle est considérée comme une « intervention portée directement sur
les occupations de la personne avec pour but ultime d’optimiser la performance occupationnelle,
quelles que soient les méthodes utilisées. » (DUBOIS et al., 2017, p 73) Cette approche met donc
en valeur la performance et le rendement en lien avec les attentes de la personne.
La méthode Bottum-up, contrairement à la méthode top-down, s’appuie sur les systèmes
sensori-moteurs pour accomplir une tâche ou une action. Elle se définit comme étant « une
9
intervention portée directement sur les déficiences et les capacités de la personne dans le but
d’améliorer consécutivement la performance dans les activités. » (DUBOIS et al., 2017, 73).
De plus, grâce au cours magistral sur l’IS, j’ai pu faire un lien entre les méthodes expliquées
précédemment et la différence entre la thérapie et l’approche en IS. En effet, la thérapie en
intégration sensorielle consiste à traiter le trouble sensoriel, en optimisant le traitement de
l’information sensorielle et le processus sensoriel pour pouvoir générer une réponse adaptée.
Elle se rapporte donc à la Bottom-up qui se focalise sur les déficiences et les capacités de la
personne, et donc dans ce cas sur le trouble sensoriel.
Alors que l’approche en intégration sensorielle consiste à compenser le trouble par des
adaptations matérielles ou environnementales. Elle répond aux besoins sensoriels pour
optimiser la vigilance et l’état de calme. Cette approche peut donc être associée à la méthode
Top-down qui va davantage s’appuyer sur l’environnement de la personne. Ainsi, l’ensemble de
ces pratiques est complémentaire afin de favoriser une bonne prise en soin.
A la suite de cet entretien, je voulais connaître les différents diagnostiques qui pouvaient
être associés à l’hyperréactivité sensorielle. L’ergothérapeute m’a répondu que le TDAH était
souvent lié à l’hyperréactivité sensorielle, tout comme la dyspraxie et les troubles de
coordination.
Enfin, d’après l’ergothérapeute interrogée, la collaboration avec la famille et les enseignants
est primordial en intégration sensorielle. Cette collaboration consiste en une rencontre ou un
échange téléphonique afin de leur expliquer la prise en soin en intégration sensorielle et d’avoir
un retour sur le quotidien de l’enfant et les difficultés qu’il peut rencontrer dans son
environnement (école ou maison).
Néanmoins, cette collaboration peut parfois être altérée. En effet, dans ma situation
d’appel, j’ai évoqué les difficultés rencontrées par les parents et les enseignants face à une
enfant dyslexique. J’ai donc décidé d’effectuer un deuxième entretien exploratoire avec Mme
V, un des parents, afin d’approfondir les difficultés de cette collaboration. Dans un premier
temps, je voulais connaître l’impact de la dyslexie sur la vie quotidienne de l’enfant ainsi que sur
celle des parents. Mme V évoque un impact sur le quotidien de l’enfant. En effet, sa fille n’aime
pas aller à l’école, elle se sent différente et exclue des autres élèves. Par ailleurs, ce handicap
demande beaucoup de temps à Mme V qui doit aider sa fille, tous les soirs, pour ses leçons. De
plus, elle collabore avec les enseignants et l’orthophoniste afin de mettre en place des
compensations. Elle se documente sur les méthodes de rééducation et les compensations
existantes. Un bilan orthophonique a été effectué afin que le médecin scolaire mette en place
10
un PAP. Celui-ci devait permettre à cette enfant d’avoir des évaluations adaptées, sous forme
de QCM ou bien de dictées raccourcies. Elle devait également avoir des fiches de cours
récapitulatives et des leçons allégées. Cependant, les enseignants n’ont que partiellement mis
en œuvre ce plan. Mme V évoque une rencontre avec l’instituteur durant laquelle il reconnaît
ne pas adapter l’enseignement de sa fille par manque de temps et de connaissance sur
l’adaptation de son enseignement. La complexité de la collaboration entre les parents et les
enseignants ne s’applique pas uniquement à la dyslexie, mais à tous types de handicap. En 2005,
une loi sur « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes
handicapées » a été mise en place afin de favoriser la scolarisation des élèves en situation de
handicap. Cependant, selon une étude de Christine Berzin de 2015, les enseignants ne sont pas
forcément formés aux troubles, ni à l’accompagnement de ceux-ci. Ils rencontrent parfois plus
de difficultés en fonction de la nature du handicap de l’enfant. De plus, certains déclarent ne
pas avoir beaucoup de temps à consacrer aux familles, aux échanges entre collègues, ni à de
nouvelles formations (BERZIN, 2015). Ainsi, Mme V souhaiterait avoir une meilleure
collaboration avec l’enseignant. Elle aimerait également se sentir accompagnée, informée et
aidée dans la prise en soin du handicap de sa fille. C’est pourquoi, la collaboration entre les
parents, les enseignants et les professionnels est fondamentale dans la prise en soin de l’enfant
et dans l’adaptation de l’environnement.
1.7. L’environnement
De plus, chez les enfants TDAH avec une hyperréactivité sensorielle, l’environnement a
un impact considérable sur les troubles de l’enfant. Au cours de sa vie, l’enfant va grandir et se
développer dans différents milieux notamment le domicile familial et l’école. En effet, pour bien
apprendre, l’enfant doit évoluer dans un environnement calme et adapté. Or, ces
environnements ne sont pas toujours adaptés à l’enfant. L’environnement scolaire procure des
stimuli sensoriels pouvant gêner l’enfant dans ses apprentissages. Selon plusieurs études12, « 5
% des enfants fréquentant l’école maternelle montreraient des signes de troubles du traitement
des informations sensorielles » (RAY-KAESER et DUFOUR, 2013 p 14). Celui-ci va alors développer
des comportements d’évitement, accentuant le risque d’isolement social. Les enfants TDAH
avec une hyperréactivité sensorielle renvoient souvent une image négative d’eux-mêmes. En
effet, « Les enfants avec un diagnostic de TDAH ont des difficultés relationnelles itératives, que
ce soit dans leur sphère familiale ou avec leurs pairs. » (BOUVARD, 2016, p 162). Leur
12 Etude : AHN R.R, MILLER L.J, MILBERGER S, McINTOSH D.N (2004). Prevalence of parents’ perceptions of sensory
processing disorders among kindergarten children. American Journal of Occupational Therapy
11
comportement et leur manque d’habileté sociales provoquent une incompréhension de la part
des autres élèves et donc une mise à l’écart, créant une mauvaise estime d’eux-mêmes. De plus,
le déficit de l’attention entrave le bon déroulement des apprentissages. C’est pourquoi « 50 %
des enfants présentant un TDA/H et ne bénéficiant pas d’une prise en charge adaptée sont en
échec scolaire au collège » (AKOUN et PAILLEAU, 2017, p 62). Plusieurs facteurs sont susceptibles
d’altérer son attention en classe comme les stimulations environnementales, la peur de certains
événements, la faim ou bien le besoin de sociabiliser avec les autres (COTE, 2016). Il est donc
important de considérer l’existence de ces troubles et de mettre en place une intervention
spécifique comme l’intégration sensorielle.
Par ailleurs, l’enfant s’épanouit également dans un environnement différent de celui de
l’école, le domicile familial. A la maison, les enfants TDAH sont parfois incompris. Les parents
considèrent ces troubles comme des « caprices » ou bien minimisent leur importance. En effet,
« Les enfants TDAH subissent souvent le rejet des autres enfants de l’école, de l’enseignant, de
la famille, de leurs frères et sœurs, et même parfois de leurs parents. » (AKOUN et PAILLEAU,
2017, p 65). Les parents sont en permanence vigilants face au comportement de l’enfant,
pouvant entraîner un épuisement important. Cependant, l’enfant TDAH a besoin d’avoir un
soutien de son entourage et d’être rassuré pour reprendre confiance en lui. C’est pourquoi il est
essentiel que les parents prennent conscience des troubles de leur enfant afin qu’ils puissent
adapter leur mode de vie et mettre en place des solutions. Pour cela, la pose d’un diagnostic
peut être importante afin d’obtenir l’aide et l’accompagnement nécessaires, mais surtout pour
déculpabiliser l’enfant et les parents face aux troubles (BABINGTON, 2018).
Pour ces raisons, il est essentiel d’accompagner les parents, les enseignants et les
enfants par l’intermédiaire d’une collaboration efficace et une prise en soin adaptée.
1.8. Question de recherche
L’ensemble de ces éléments de recherches m’a permis de mieux comprendre le TDAH,
ses origines et ses conséquences sur la vie sociale, scolaire et familiale de l’enfant. J’ai également
pu découvrir le lien entre le TDAH et l’hyperréactivité sensorielle. Deux pathologies distinctes,
mais qui sont associées dans de nombreux cas, à cause de leurs similitudes. De plus, j’ai pu
préciser la thérapie par l’intégration sensorielle, son fonctionnement et son lien avec ces
pathologies. L’IS est une méthode de rééducation prenant en compte les systèmes sensori-
moteurs, la performance occupationnelle, mais également l’environnement de l’enfant.
L’alliance de la thérapie et de l’approche en IS offre une prise en soin globale de l’enfant.
12
Cependant, un problème persiste, les parents sont trop peu intégrés et accompagnés dans la
prise en soin de leur enfant. Tout comme les enseignants qui ne savent pas forcément comment
mettre en place des solutions face à ce handicap. De plus, les situations de handicap de l’enfant
ne sont pas observables que dans le milieu scolaire, mais dans l’ensemble du quotidien de
l’enfant. En effet, les activités de vie quotidienne et les relations sociales peuvent être altérées.
L’entourage familial et scolaire peut alors jouer un rôle important dans l’évolution des troubles.
Ceci m’a ainsi permis de définir la question suivante :
À la suite de cette question de recherche, j’ai pu établir deux hypothèses :
Hypothèse 1 :
L’éducation de l’entourage de l’enfant, sous forme d’ateliers ou de réunion, à l’intégration
sensorielle permettrait de les informer sur les troubles de l’enfant, sur les principes de la
thérapie et de les guider dans les solutions à mettre en place. Ils pourront ainsi créer un
environnement adapté, collaborer entre eux et utiliser leur connaissance afin d’améliorer le
quotidien de l’enfant.
Hypothèse 2 :
L’amélioration de la collaboration entre l’ergothérapeute, les parents et les enseignants semble
essentielle, tout comme l’alliance de la thérapie et de l’approche en IS. Celles-ci vont permettre
de créer un environnement adapté propre à l’enfant lui permettant de maintenir son attention
et de gérer ses sensations pour favoriser ses apprentissages.
Afin d’explorer ces hypothèses, je vais avant tout présenter le cadre théorique avec les
notions et les concepts fondamentaux évoqués dans ma problématique. Tout d’abord, je
préciserai le concept central de ma recherche : le TDAH et l’impact de l’environnement selon le
modèle PEOP. Ensuite, je développerai l’intégration sensorielle et les troubles du traitement de
l’information sensorielle. Je détaillerai également l’accompagnement en ergothérapie face à ce
trouble, et les bienfaits de l’alliance entre l’approche et la thérapie en IS. Enfin, j’aborderai la
notion de collaboration entre l’ergothérapeute, la famille et les enseignants qui semble être
essentielle dans la prise en soin de l’enfant.
En collaborant avec l’entourage, comment l’ergothérapeute peut-il améliorer
l’environnement, d’un enfant de 5 à 10 ans, présentant un diagnostic de TDAH associé à
une hyperréactivité sensorielle, dans la prise en soin en intégration sensorielle ?
13
2. Cadre théorique
2.1. Le trouble du déficit de l’attention avec une hyperactivité.
2.1.1. Etiologie
Il est difficile de définir l’origine de l’apparition du TDAH. En effet, le TDAH est un trouble
multifactoriel, mais dont les causes ne sont pas identifiées. Cependant, « les enfants ayant un
TDAH présentent une augmentation des ondes lentes à l’électroencéphalogramme, un volume
total du cerveau réduit à l’imagerie par résonance magnétique et possiblement un retard de
maturation corticale dans le sens postérieur-antérieur, mais ces constatations ne participent pas
au diagnostic. » (ASSOCIATION et AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION, 2013, p 70).
Par ailleurs, de nombreux facteurs de risques précoces peuvent prédisposer certains
enfants à l’apparition du TDAH et agir sur son développement. Tout d’abord, le TDAH peut être
associé à des facteurs de risques cognitifs. En effet, les enfants avec un TDAH présentent « un
déficit d’autocontrôle (déficit d’inhibition) et d’un dysfonctionnement des fonctions exécutives
avec des répercussions dans les autres dimensions à savoir la mémoire de travail verbale et non
verbale, l’autorégulation des affects, la motivation et les capacités de synthèse » (SÜRIG et
PURPER-OUAKIL, 2016, p 212). Certains peuvent avoir besoin de toujours être sollicité et d’être
dans la recherche de nouveauté. Ensuite, les facteurs environnementaux sont également liés au
TDAH. Effectivement, dans des cas rares, le poids de naissance du bébé représente un risque
d’apparition du TDAH plus important. Par ailleurs, l’utilisation d’alcool in utéro, de tabac,
l’exposition à des substances neurotoxiques, le contexte familial de l’enfant (détresse familiale,
dysfonctionnement), ou bien les maladies infectieuses peuvent aussi favoriser l’apparition du
TDAH. Enfin, les facteurs génétiques et physiologiques comme l’héritage génétique représente
un facteur significatif de l’apparition de TDAH. Néanmoins, l’ensemble de ces éléments ne
contribue pas à établir un diagnostic (ASSOCIATION et AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION,
2013). Le TDAH résulte donc de l’alliance des facteurs génétiques et environnementaux.
2.1.2. Description et critères de diagnostics du TDAH.
Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental qui se manifeste dès l’enfance. Il
représente un problème de santé publique et impact considérablement la qualité de vie de
l’enfant. La prévalence de ce trouble représente 3 à 5 % de la population d’âge scolaire avec une
prédominance masculine (LE HEUZEY, 2019). Il est caractérisé par un comportement
14
inapproprié, par rapport à l’âge de l’enfant et son développement, lors de situations nécessitant
une certaine attention, un contrôle de son impulsivité et de son hyperactivité (LE HEUZEY, 2019).
Il est défini par la présence de trois symptômes spécifiques abordés précédemment :
l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité.
L’inattention est « une difficulté à maintenir son attention dans la durée, à sélectionner
son objet d’attention sans se laisser distraire par des stimuli externes. » (GÉTIN, s. d.). Elle se
manifeste principalement à l’école élémentaire et peut se maintenir dans le temps. Elle est
caractérisée par des difficultés à filtrer ce qui se passe dans l’environnement, par une
distractibilité et un manque de persévérance, de concentration et d’organisation et de
planification chez l’enfant.
Ensuite, l’hyperactivité est le symptôme le plus visible et le plus perturbateur chez
l’enfant. Il devient plus marqué à l’école primaire, mais il s’atténue avec l’âge (ASSOCIATION et
AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION, 2013). Celui-ci présente un besoin constant d’avoir une
activité motrice excessive, c’est-à-dire d’être en mouvement, de faire du bruit et de parler, lors
de situations inadéquates.
Enfin, l’impulsivité correspond à « une incapacité à attendre pour prendre la parole ou à
différer une action. Une difficulté a géré ses émotions et à garder son calme. » (GÉTIN, s. d.). Elle
constitue un manque d’inhibition et de régulation comportementale. En effet, la régulation « est
la capacité à maintenir un état de vigilance optimal pour mener à bien l’activité en cours. »
(BABINGTON, 2018 p 58). Il existe différents types d’impulsivités : motrice, verbale ou mentale
(LE HEUZEY, 2019). L’impulsivité motrice est caractérisée par une activité physique présentant
un risque important de conséquences négatives et dangereuses. Alors que l’impulsivité
cognitive est définie par un manque de réflexion sur les conséquences de ses actes et de ses
paroles, mais également par un manque de considération des autres (CORTESE, s. d.).
L’ensemble de ces symptômes constitue le TDAH. Cependant, il existe trois formes de
TDAH différents qui se caractérisent en fonction de la prédominance de certains symptômes.
La première forme est déterminée par la prédominance de l’inattention, c’est-à-dire que
l’enfant ne présente pas ou peu d’hyperactivité et ne remplit que les critères de l’inattention. La
seconde forme se distingue par une hyperactivité et une impulsivité prédominante. L’enfant ne
présente que les critères de l’hyperactivité et de l’impulsivité sans avoir de difficultés
attentionnelles particulières. Et enfin, la dernière correspond est une forme mixte, c’est-à-dire
que l’enfant présente l’ensemble des symptômes du TDAH (LE HEUZEY, 2019).
D’autres signes peuvent être associés au TDAH tel que les troubles anxieux dans 25 à 40
% des cas, les troubles du sommeil, les troubles du comportement comme le trouble
15
oppositionnel et le trouble des conduites présents dans 25 à 40 % des cas, le trouble du spectre
autistique qui peut être associé au TDAH dans 20 à 50 % des cas, le trouble spécifique du langage
et des apprentissages dans 46 % des cas, les troubles obsessionnels compulsifs et tics dans 30 %
des cas et enfin les troubles du comportement alimentaire. Certains de ces troubles peuvent
être des comorbidités, mais aussi des diagnostics différentiels (VERA, 2015). C’est pourquoi le
diagnostic du TDAH peut être difficile à réaliser. Il est donc important de différencier les troubles
associés et de savoir s’ils sont la cause ou bien la conséquence du TDAH. De plus, le contexte,
l’état interne de l’enfant et la variation des symptômes peuvent également venir perturber la
pose du diagnostic (CORTESE, s. d.).
Le diagnostic du TDAH repose uniquement sur un examen clinique effectué par un
médecin spécialiste du TDAH. Il s’appuie sur une analyse très précise de l’environnement de
l’enfant, sur un examen clinique complet, sur des observations et l’utilisation de questionnaires
à destination des parents ou des enseignants (Echelle de Conners, par exemple), et sur des tests
psychoéducatifs si besoin (Anon, s. d.)13. Les critères de diagnostiques du TDAH ont longuement
évolué au fil du temps. Tout d’abord, il est classifié dans le DSM-II sous la forme d’un trouble du
comportement. Puis, le déficit attentionnel ainsi que l’impulsivité et l’agitation de l’enfant sont
pris en compte dans le DSM-III. C’est également, dans la deuxième version du DSM-III
qu’apparaît l’acronyme TDA/H. Ensuite, le DSM-IV distingue les trois formes de TDAH existantes.
Et enfin, dans le DSM-V, on observe une modification de l’âge d’apparition des symptômes à
partir duquel il est possible d’établir un diagnostic, ainsi que l’évolution des différents tableaux
cliniques (VERA, 2015).
Le DSM-V propose des critères pour effectuer le diagnostic du TDAH. Celui-ci repose sur
l’analyse du trouble, de la sémiologie, de l’environnement familial ainsi que des comorbidités.
Pour établir le diagnostic du TDAH, les symptômes doivent être présents depuis plus de 6 mois
et se manifester avant l’âge de 12 ans. Ils doivent être constatés dans au moins deux situations
de la vie de l’enfant (milieu scolaire, familial ou social). L’enfant doit présenter 6 critères sur 9
dans la dimension inattention ou 6 sur 9 dans la dimension hyperactivité-impulsivité
(ASSOCIATION et AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION, 2013).
2.1.3. Le TDAH selon le modèle PEOP
Le modèle Person-Environnement-Occupation-Performance (cf. annexe 3) a été édité
pour la première fois par Charles Christiansen et Carolyn Baum en 1991. Il « est considéré comme
un modèle écologique, systémique et transactionnel, c’est-à-dire qu’il se focalise sur les
13 Informations de « ameli.fr »
16
caractéristiques de la personne et de son environnement. La manière dont les caractéristiques
de la personne interagissent avec l’environnement pour influencer la performance
occupationnelle est le fondement du modèle PEOP. » (MOREL-BRACQ, 2017, p 64). Il intègre donc
l’ensemble des connaissances sur les concepts fondamentaux de l’ergothérapie. Il est centré sur
la personne et se base sur l’approche top-down. Il renvoie au TDAH et à l’impact que celui-ci
peut avoir sur l’environnement scolaire, familial et social, sur l’estime de soi, sur les activités de
vie quotidienne et sur les habiletés sociales de l’enfant.
Ce modèle s’élabore selon quatre concepts fondamentaux :
- La personne : représente l’ensemble des caractéristiques propres à une personne, ses
capacités, ses déficiences, ses habiletés physiques, sensorielles, cognitives et ses
différents rôles. Ce concept prend également en compte les expériences et le vécu de
la personne.
- L’environnement : correspond au contexte de vie d’une personne, c’est-à-dire son
environnement physique, social, culturel, matériel et politique. L’environnement peut
être source d’obstacle ou bien facilitateur. L’ergothérapeute doit ainsi agir sur cet
environnement afin de favoriser la performance occupationnelle et les occupations.
- Les occupations : désignent l’ensemble des activités, des tâches et des rôles réalisés par
une personne. Ce sont « des groupes d’activités et de tâches pour lesquelles l’individu
s’engage afin de répondre à ses besoins de soins personnels, d’expression et de
réalisation de soi. » (MOREL-BRACQ, 2017, p 57).
- La performance occupationnelle : est la combinaison de ses trois concepts. « C’est une
expérience dynamique et singulière d’une personne engagée à la réalisation d’une
activité et de tâches dans un environnement. » (MOREL-BRACQ, 2017, p 57). Elle facilite
la participation et le bien-être de l’individu, lorsque l’environnement et la personne sont
favorables à la réalisation des occupations.
Ainsi, ce modèle s’adapte complètement pour décrire le TDAH, et principalement l’impact
de celui-ci sur les concepts fondamentaux du modèle, c’est-à-dire, sur l’enfant, sur ses
occupations et sur son environnement.
2.1.3.1. Impact du TDAH sur l’enfant, sur ses habiletés sociales et ses
occupations.
Comme précédemment évoqué, chez l’enfant, le TDAH se caractérise par le déficit
attentionnel, l’impulsivité et l’hyperactivité. L’enfant est constamment en mouvement, il répond
17
trop rapidement sans réfléchir à la question et aux conséquences. Il est exigeant et
égocentrique. Il a des difficultés pour se concentrer, être attentif et s’organiser (LE HEUZEY,
2019). De plus, les enfants présentant un TDAH peuvent avoir des difficultés émotionnelles avec
une faible tolérance à la frustration, une irritabilité et une labilité d’humeur (ASSOCIATION et
AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION, 2013). Cela impacte fortement la manière dont l’enfant
va se percevoir et altère l’estime de soi. Effectivement, l’enfant va être sujet à de nombreuses
expériences négatives (situation d’échec, le rejet par ses pairs et le besoin de faire des efforts
cognitifs plus importants) qui vont altérer le développement de l’estime de soi. Celle-ci est
fondamentale dans le développement de l’enfant et dans la réalisation de ses occupations. «
L’estime de soi varie en fonction du rôle, des besoins, des envies et des événements de vie du
sujet en développement. Les expériences de succès ou d’échec vécues par l’enfant influencent la
manière dont se construit l’estime de soi. » (SÜRIG et PURPER-OUAKIL, 2016, p 210). Les enfants
avec un TDAH présentent souvent une perception d’eux-mêmes plus faible à cause de leur
comportement et de leur faible confiance en eux. Leurs habilités sociales sont entravées par le
déficit de performance lié aux fonctions exécutives. Ils rencontrent des difficultés relationnelles
notamment pour maintenir une conversation et pour se faire des amitiés durables. C’est
pourquoi, l’enfant avec un TDAH est parfois isolé socialement à cause de son hyperactivité ou
bien de son comportement passif (SÜRIG et PURPER-OUAKIL, 2016). En outre, l’enfant
présentant un TDAH rencontre également un manque d’implication dans les tâches de vie
quotidienne. Il a des difficultés à planifier, réaliser et maintenir une activité, empêchant ainsi
une performance occupationnelle optimale (VERA, 2015).
2.1.3.2. Influence du TDAH sur l’environnement de l’enfant.
Les symptômes du TDAH peuvent avoir un impact considérable sur l’environnement
scolaire, social et familial de l’enfant.
Tout d’abord, dans le milieu scolaire, le TDAH se caractérise par une altération du travail
et des performances scolaires. Il existe deux tableaux différents qui peuvent s’observer à l’école,
en fonction de la présence d’une hyperactivité ou non. Si l’enfant a un TDAH, il va avoir des
difficultés à rester attentif et immobile. Alors qu’un enfant avec seulement un trouble du déficit
de l’attention (TDA) est sage, discret, souvent dans ses pensées, et inattentif (WAHL, 2018). Les
enfants TDA/H rencontrent souvent des difficultés pour finir leur travail, apprendre les leçons,
respecter les consignes et rester sage. Leur manque d’implication en classe et dans les devoirs
est considéré comme de la paresse, de l’immaturité et de la désobéissance de la part de
l’enseignant. Celui-ci éprouve une opinion négative sur l’enfant, son comportement et son
18
avenir. L’enseignant est souvent contraint de punir ou réprimander l’enfant face à son
comportement. (SÜRIG et PURPER-OUAKIL, 2016).
Ensuite, la vie sociale d’un enfant TDAH peut également être altérée. En effet, celui-ci
ne respecte pas les règles de socialisation et il néglige les autres. Son manque d’habileté sociale
entrave son intégration dans les groupes scolaires ou extrascolaires (activités sportives). Il est
rejeté socialement à cause de son comportement et doit faire face aux moqueries délivrées par
les autres élèves. Il rencontre des difficultés pour communiquer avec les autres et exprimer ses
sentiments et ses intentions (SÜRIG et PURPER-OUAKIL, 2016).
Enfin, l’environnement familial est principalement impacté par le TDAH. Les enfants
avec un TDAH présentent des difficultés pour respecter les demandes des adultes et notamment
celles des parents. Ceux-ci sont souvent désemparés face à ce comportement, même s’ils
restent autoritaires avec l’enfant. Ils doivent faire face à un stress quotidien, notamment
occasionné par les convocations régulières des parents auprès de l’enseignant, suite au
comportement de leur enfant, la gestion de l’emploi du temps avec l’ensemble des séances de
rééducation, et le temps passé sur les devoirs (VERA, 2015). En effet, les séances de devoirs à la
maison représentent un affrontement quotidien entre l’enfant et ses parents. Ce sont des
moments éprouvants et longs, pour les parents, mais ils sont importants pour favoriser
l’apprentissage scolaire et maintenir les capacités scolaires de leur enfant (WAHL, 2018). Cela
demande également à l’enfant un effort de concentration qu’il associe à une contrainte (LE
HEUZEY, 2019). De plus, les parents ont souvent l’impression d’être inefficace, ou bien d’avoir
un comportement négatif auprès de l’enfant. Effectivement, celui-ci reçoit de nombreuses
punitions et remontrances par ses parents, le soir, mais également par l’enseignant, la journée.
Ainsi, les critiques, le rejet et l’ignorance des parents altèrent considérablement l’estime que
l’enfant à de lui (SÜRIG et PURPER-OUAKIL, 2016). Une incompréhension, une intolérance et des
conflits réciproques apparaissent entre l’enfant et son entourage, altérant davantage la
situation de l’enfant. Par ailleurs, le couple parental peut également être mis à l’épreuve, à cause
des nombreuses disputes qui peuvent survenir lors des désaccords sur l’éducation de leur
enfant, sur les différents moyens d’accompagnement et de médication, ainsi que sur le coût
financier que cela engendre. L’impulsivité et l’agitation motrice de l’enfant prennent une place
considérable au sein de la famille, fragilisant le couple et la stabilité familiale. Le TDAH se
répercute également sur la fratrie qui doit subir de nombreuses disputes, des interruptions et
des provocations de l’enfant. Les frères et sœurs passent parfois au second plan auprès des
parents, qui doivent constamment s’occuper de l’enfant atteint de TDAH (VERA, 2015).
19
Il est donc essentiel de sensibiliser les parents ainsi que les enseignants au TDAH afin de
faciliter l’accompagnement et le développement de l’enfant, pour pouvoir mettre en place des
aménagements spécifiques et améliorer la situation actuelle de l’enfant, mais aussi de
l’entourage. Ainsi, l’impact du TDAH sur l’ensemble des concepts du modèle altère
considérablement la performance occupationnelle de l’enfant.
2.2. Le concept de l’intégration sensorielle
L’environnement est le créateur de nombreux stimuli, perçus par notre corps grâce à des
systèmes sensoriels. Ces systèmes sont la base des apprentissages et ils doivent se développer
pour pouvoir traiter l’information de l’environnement et agir sur celle-ci. Ainsi, l’intégration
sensorielle « est le processus par lequel le cerveau interprète une information en provenance des
organes des sens puis élabore une réaction appropriée. » (KUTSCHER, 2009, p 128). Celle-ci est
une approche primaire, qui débute par une amélioration des fonctions et des habiletés, mais
également par une adaptation de l’environnement de l’enfant. Elle est fondée sur la plasticité
neuronale14 et le renouvellement des schémas neuronaux. La thérapie en IS agit sur les fonctions
sensorielles malgré la présence de difficultés dans d’autres domaines. Les stimulations
sensorielles proposées en IS vont ainsi améliorer les fonctions de base comme l’attention. En
effet, « chaque sens a un module, c’est-à-dire une zone spécifique dans le système nerveux
central. Une exposition à des stimulations sensorielles dans plus de deux modules pourrait, en
fonction du contexte : diminuer le temps de latence, augmenter la précision de localisation des
stimuli, augmenter le seuil de détection des stimuli, ainsi que faciliter et optimiser
l’apprentissage dans un des modules sensoriels. » (ARIAL, 2019, p 28). La thérapie en IS est
centrée sur l’enfant et la performance occupationnelle de celui-ci. Pour cela, les activités doivent
être signifiantes15 pour l’enfant, afin qu’il soit engagé et motivé dans la thérapie, dans le but de
reproduire les compétences acquises dans son quotidien. L’IS favorise le développement de
l’enfant, mais une participation active de celui-ci dans l’activité est essentielle (ARIAL, 2019).
2.2.1. Le traitement de l’information sensorielle
Le traitement de l’information sensorielle s’appuie sur la participation de sept sens, dont
deux qui restent majoritairement inconnus. Les plus nommés sont le sens tactile, auditif, olfactif,
gustatif, visuel, mais il existe également le sens vestibulaire et proprioceptif. Les systèmes
14 Capacité du cerveau à modifier ses connexions en fonctions de l’environnement et des expériences de vie de l’individu. 15 Désigne le sens donné par la personne à une activité.
20
tactile, proprioceptif et vestibulaire sont en effet à la base du développement neurosensorielle.
Ce traitement sensoriel a lieu au niveau du subconscient. En effet, suite à la stimulation des
récepteurs sensoriels, cela va entraîner la transmission de l’information au cerveau, sous la
forme d’un influx électrique. Ensuite, cette information va être intégrée et identifiée,
permettant au cerveau de transmettre une réponse adaptée (KUTSCHER, 2009). Les systèmes
sensoriels ne sont pas distincts les uns des autres. Ils travaillent ensemble et simultanément
pour permettre au cerveau de produire des réponses adaptées à l’environnement et à la
situation. Les systèmes vestibulaire, proprioceptif et tactile constituent les fonctions de base du
fonctionnement humain, alors que les systèmes auditif, visuel, gustatif et olfactif sont davantage
en lien avec le contact de l’environnement (COTE, 2016).
2.2.1.1. Le système vestibulaire
Le système vestibulaire se situe dans l’oreille interne et plus précisément dans le
labyrinthe osseux. Il représente le sens du mouvement et de l’équilibre, qui est stimulé par la
gravité (KUTSCHER, 2009). Le système vestibulaire est, avant tout, un système de protection
assurant l’équilibre du corps, mais il permet également l’intégration des autres systèmes
sensoriels. En effet, il est à l’origine des sensations liées aux mouvements du corps et de la tête,
permettant de connaître la position du corps en fonction de l’environnement (Anon, 2019)16. Il
correspond au premier centre des apprentissages chez l’enfant. C’est également un centre
d’autorégulation émotionnelle, qui permet de rassurer la personne et de retrouver rapidement
la stabilité du corps en cas de déséquilibre. De plus, ce système intervient également dans la
perception de l’espace, la coordination des mouvements, et l’activité visuelle permettant la
stabilité du regard et donc l’équilibre. Enfin, il correspond aussi au centre d’orientation qui
intègre l’ensemble des informations sensorielles, afin d’adapter son comportement selon
l’environnement et de synchroniser ses mouvements en fonction de la situation (COTE, 2016).
2.2.1.2. Le système proprioceptif
Le système proprioceptif présente des similitudes avec le système vestibulaire.
Cependant, celui-ci organise la position du corps dans l’espace, et non les mouvements. Ces
deux systèmes travaillent en collaboration (COTE, 2016). Il renseigne le cerveau sur la
localisation des différentes parties du corps lorsque celui-ci est en mouvement. Il s’appuie sur
des récepteurs sensoriels présents dans les muscles, les tendons, les ligaments et les
16 Informations du Livret blanc : Guide en intégration neurosensorielle issu de hoptoys.fr
21
articulations, qui lors d’un mouvement, vont transmettre l’information sensorielle au cerveau
afin d’adapter la position du corps à l’environnement (Anon, 2019).
2.2.1.3. Le système tactile
Le système tactile est caractérisé par des récepteurs répartis sur toute la surface de la
peau. Ces récepteurs se développent in utéro. Ils donnent des informations sur la température,
la pression et la douleur. Ce sens est très important dans la découverte de l’environnement,
mais aussi dans la relation avec autrui. Il est caractérisé par l’habituation, c’est-à-dire, que le
système tactile est capable de ne pas activer certains récepteurs, si les stimuli sont persistants
(Exemple : le frottement des vêtements). Ce phénomène d’habituation peut avoir un impact
important sur l’attention, car en cas d’altération de ce phénomène, l’attention peut se diriger
sur les mauvais éléments de l’environnement (COTE, 2016).
2.2.1.4. Le système auditif
Le système auditif présente un récepteur appelé la cochlée. Il se développe à 12
semaines de gestation. Il correspond à un système d’alarme. En effet, ce sens permet de
surveiller l’environnement. Il est stimulé par l’ensemble des sons présents dans
l’environnement. Il joue également un rôle important dans l’orientation auditive, avec la
collaboration du système visuel, proprioceptif et vestibulaire. Cela va permettre d’orienter son
corps vers la stimulation en question. De plus, certaines personnes peuvent être plus
vulnérables à certains sons, ce qui peut agir sur le maintien de l’attention (COTE, 2016).
2.2.1.5. Le système visuel
La vue est un sens qui est essentiel pour découvrir le monde. En effet, le système visuel
donne les premières informations sur l’environnement. À l’âge de 1 an, la vision est presque
totalement développée. Il influence, collabore et active les autres sens. Il est également
considéré comme un système d’alarme qui va diriger, par l’intermédiaire de mouvements
réflexes, notre attention et notre orientation vers l’élément perturbateur. De plus, le système
visuel s’adapte continuellement à la luminosité, pour avoir une bonne perception visuelle. Il
permet également la discrimination visuelle qui a pour but de repérer les détails importants
(COTE, 2016).
2.2.1.6. Le système gustatif
Le système gustatif se développe in utéro à la 8ème semaine de gestation. Il joue un rôle
important dans la gustation, l’identification des différentes saveurs, mais aussi le contrôle
salivaire. Il est étroitement relié au système olfactif. En effet, ces deux systèmes constituent des
22
systèmes de protection. Le système gustatif peut ainsi interpeller une personne sur de la
nourriture avariée (COTE, 2016).
2.2.1.7. Le système olfactif
Le système olfactif se développe à la naissance. Il est sensible aux odeurs et a pour
fonction de protéger. Effectivement, il a un rôle important dans l’identification d’un
environnement qui peut être dangereux (toxicité), mais aussi pour la sélection alimentaire et
l’appétit (COTE, 2016).
2.2.2. Les troubles du traitement de l’information sensorielle
Un trouble du traitement de l’information sensorielle « est une perturbation du
traitement de l’information en provenance des sens ». Il apparaît lors d’un déséquilibre au niveau
des systèmes sensoriels et notamment pour capter ou organiser l’information, ou bien pour
produire des réactions adaptées (KUTSCHER, 2009, p 128). Cependant, les troubles ne vont pas
apparaître de la même manière selon la pathologie et l’enfant concerné. Ainsi, une mauvaise
intégration sensorielle peut avoir un impact sur le comportement, les relations et les
interactions avec autrui, les capacités d’apprentissages, l’autonomie et les loisirs (Anon, 2019).
De plus, les enfants atteints de TDAH présentes également des TTIS caractérisés par des
difficultés à moduler les réponses sensorielles. Ces enfants présentent ainsi des difficultés dans
le domaine sensorimoteur (système vestibulaire), mais également dans le domaine
somatosensoriel (système visuel, auditif et tactile) (DIONNE-DOSTIE et al., 2015).
2.2.2.1. Le trouble de la modulation sensorielle
Comme nous l’avions expliqué dans la problématique, les TTIS sont organisés en trois
catégories dont une qui représente le trouble de la modulation sensorielle. La modulation
sensorielle est souvent concernée par l’intégration sensorielle. En effet, « La modulation
sensorielle est en lien direct avec l’attention. Celle-ci permet de poser le regard (attention) sur
une information pertinente, pour la traiter dans un second temps. » (ARIAL, 2019, p 30). Elle a
également pour rôle de développer la discrimination sensorielle et donc de permettre à l’enfant
d’agir et de donner du sens à ses activités. Le trouble de la modulation sensorielle se caractérise
soit par une hyperréactivité ou une hyporéactivité sensorielle, ou bien par un comportement de
recherche.
La recherche sensorielle correspond à une recherche de stimulation sensorielle de la
part de l’enfant. Il présente un besoin primordial d’être stimulé. C’est pourquoi, il est toujours
23
en mouvement, inattentif, trop curieux, et non concentré pour apprendre. La recherche
sensorielle est parfois associée à l’hyporéactivité, mais également au diagnostic d’hyperactivité
(STAR CENTER FOUNDATION, s. d.).
L’hyporéactivité sensorielle ou l’hyposensibilité est une sous-réaction aux stimuli de
l’environnement. Les individus sont peu sensibles aux stimulations extérieures, étant donné que
l’information sensorielle est moins bien perçue et qu’elle est transmise plus lentement au
cerveau. Ils ont donc besoin d’un stimulus de forte intensité, ou bien de plus de temps pour
pouvoir effectuer une action. On parle donc d’un état de dormance dans lequel l’individu se
trouve. Cet état se caractérise par un enfant très calme, fatigable, passif, avec un manque
d’attention et très peu d’intérêt. Cependant, lorsque le niveau de stimulation sensorielle est
atteint, celui-ci participe correctement à l’activité (COTE, 2016).
L’hyperréactivité sensorielle ou hypersensibilité est le contraire de l’hyporéactivité. Elle
représente « une réponse exagérée ou excessive à des stimuli sensoriels n’étant pas perçus
comme douloureux, menaçants ou inconfortables par d’autres individus » (COTE, 2016, p 42).
Les individus sont donc plus sensibles à la stimulation sensorielle, c’est-à-dire qu’il perçoive les
informations sensorielles plus longtemps, plus intensément, ou bien en grande quantité. Cela
altère, de manière significative, la manière dont l’enfant va découvrir son environnement,
s’engager dans des activités et interagir avec autrui. La mauvaise interprétation du cerveau crée
une incompréhension auprès de l’enfant. Il perçoit l’information sensorielle comme une
agression, alors qu’il ne dispose d’aucun moyen de défense. Face à ses stimuli, il peut réagir de
différentes manières. Il peut fuir à cause de l’anxiété et de la nervosité que la stimulation
provoque. Il peut également se mettre en colère, faire une crise de rage et frapper les autres.
Enfin, il peut se figer et s’effondrer en pleurs s’il perçoit la situation comme une agression.
Contrairement à la recherche sensorielle, l’enfant va être constamment en mouvement à cause
de son anxiété et non pour avoir plus de stimulations.
2.2.2.2. L’hyperréactivité sensorielle associée au TDAH.
L’hyperréactivité sensorielle peut impacter l’ensemble des systèmes sensoriels. Lorsque
le système vestibulaire et proprioceptif sont altérés, cela peut engendrer une agitation motrice
souvent confondue avec l’hyperactivité d’un enfant TDAH. En effet, l’enfant hyperréactif va
avoir des difficultés à gérer les stimuli de l’environnement. Cette surcharge sensorielle va donc
engendrer de la nervosité et une perte d’attention. C’est pourquoi, en raison de cette anxiété et
de ces stimuli perturbants l’enfant aura un besoin de bouger. Cela est à différencier d’un enfant
en recherche de stimulation sensorielle, qui lui aura un besoin de mouvement pour rester
éveiller et se stimuler (COTE, 2016).
24
De plus, les enfants atteints de TDAH vont rencontrer plus de difficultés dans le
traitement des stimuli tactiles (GHANIZADEH, 2011). La perception des stimuli tactiles va
provoquer un état de surcharge chez l’enfant et se traduire par de la douleur, ou bien une
sensation désagréable. De plus, les enfants avec une hyperréactivité sensorielle tactile jouent
moins souvent et utilisent peu de jeux différents (RAY-KAESER et LYNCH, 2017). Les stimuli
tactiles sont fréquents dans l’environnement, et notamment dans un environnement scolaire.
L’enfant est susceptible d’être en contact avec différentes textures comme de la colle, de la
peinture, du papier, des crayons. Il peut également se faire toucher par les autres élèves dans la
classe, la cour de récréation et le rang. L’ensemble de ses situations crée un sentiment d’anxiété
chez l’enfant qui doit toujours être vigilant et en état d’alerte face aux risques de contact. Ainsi,
son attention ne sera pas dirigée vers les activités d’apprentissages, mais plutôt vers le
comportement d’autrui. Cela provoque donc de la fatigue chez l’enfant, ce qui entrave sa
capacité attentionnelle. Par ailleurs, le domicile familial génère moins d’anxiété chez l’enfant.
En effet, celui-ci est moins sujet à des stimulations spontanées étant donné qu’il peut contrôler
plus facilement son environnement. Néanmoins, certains stimuli peuvent être source d’anxiété
comme le brossage des dents ou la toilette (COTE, 2016).
Enfin, l’environnement scolaire est générateur de nombreux stimuli, notamment
auditifs. À l’école, il y a toujours un bruit qui peut venir perturber l’attention de l’enfant comme
le bruit du crayon sur le papier, les chuchotements des autres élèves, le vacarme de la cantine
avec les discussions et le bruit de couverts. L’ensemble de ces stimuli va engendrer des difficultés
pour manger, un état d’agitation motrice, une diminution de la concentration et une grande
fatigabilité. Cela peut également influencer ses apprentissages scolaires et principalement sa
disponibilité dans l’activité demandée (COTE, 2016).
2.2.3. Accompagnement en ergothérapie
La pratique de l’intégration sensorielle dans la prise en soin des enfants avec un TDAH
nécessite une formation accessible aux ergothérapeutes, mais aussi à d’autres professionnels.
Le rôle de l’ergothérapeute en libéral va être de prendre en soin les enfants atteints de TDAH,
le plus tôt possible, afin de limiter ou de supprimer les difficultés qu’ils rencontrent dans les
activités de vie quotidienne. Pour cela, une alliance thérapeutique doit avoir lieu entre l’enfant
et l’ergothérapeute, pour que celui-ci s’engage pleinement dans la thérapie (ARIAL, 2019). De
plus, l’ergothérapeute aura également un rôle de coordinateur. Il devra mettre en place une
collaboration et une communication avec l’enfant et son entourage pour les sensibiliser et
proposer un accompagnement adapté, en fonction de ses difficultés (LEHERISSIER, 2018).
25
Les principaux objectifs de l’intégration sensorielle sont le développement des habiletés
de l’enfant, par l’intermédiaire d’expériences multisensorielles, grâce à un environnement avec
des équipements variés sollicitant les systèmes sensoriels. De plus, l’IS a également pour but
l’adaptation d’un environnement écologique. Cela facilitera ainsi la performance
occupationnelle dans les activités quotidiennes et scolaires (ARIAL, 2019).
Ensuite, les ergothérapeutes doivent réaliser le profil occupationnel de l’enfant afin d’en
déduire les difficultés que celui-ci rencontre, mais également pour établir des objectifs de prise
en soin. Le profil sensoriel regroupe l’ensemble des modalités sensorielles de l’enfant. Il s’appuie
sur des évaluations, des entretiens ou bien des observations de l’enfant. Plusieurs évaluations
prenant en compte l’aspect sensoriel existent, comme le questionnaire d’Olga Bogdashina17, ou
bien le profil sensoriel de Winnie Dunn18 (LEHERISSIER, 2018). Celui-ci permet de mesurer
l’impact des troubles sensoriels de l’enfant sur son quotidien, d’aménager l’environnement de
l’enfant et mettre en place une thérapie adaptée (DUNN, s. d.). Pour réaliser ces évaluations, la
collaboration avec les parents de l’enfant est indispensable, notamment pour remplir les
questionnaires, mais aussi pour s’entretenir avec eux.
L’intégration sensorielle est organisée selon l’approche et la thérapie. Celles-ci sont
différentes les unes des autres et elles utilisent deux types d’intervention : top-down pour
l’approche et bottum-up pour la thérapie. Malgré leurs différences, ces deux méthodes
d’intervention peuvent être complémentaires et permettent d’augmenter l’efficacité de la
thérapie. En effet, la méthode top-down favorise la participation dans les situations de vie
quotidienne, alors que la méthode bottum-up permet le développement des habiletés
nécessaires à la participation.
Ainsi, l’approche en IS s’appuie particulièrement sur l’adaptation de l’environnement et
les interactions de l’enfant avec celui-ci. L’ergothérapeute va donc mettre en place le matériel
nécessaire en fonction du profil occupationnel de l’enfant. Ce matériel peut faciliter les
stimulations sensorielles chez les enfants hyper-réactifs comme les coussins lourds, les bracelets
« tangle », les élastiques sous la chaise. De plus, des aménagements en fonction du lieu ou de
l’activité peuvent être effectués, comme le port des casque anti-bruit, le chronomètre visuel ou
bien la variation des supports utilisés en classe, et des moments de pause (COTE, 2016).
17 Docteure en science, enseignante dans le domaine de l’autisme, conférencière et chercheuse, avec un intérêt pour les troubles de la communication et les problèmes sensoriels. 18 Ergothérapeute, professeure et auteur sur les troubles sensoriels et sur les profils sensoriels.
26
Par ailleurs, la thérapie en intégration sensorielle a pour rôle de faciliter les
apprentissages de l’enfant dans les activités qu’il réalise. Pour cela, elle permet le
développement des habiletés. Cette thérapie est individuelle et centrée sur l’enfant. L’approche
ludique est privilégiée. En effet, le jeu est « une source de développement permettant à l’enfant
de développer des habiletés sensori-motrices, cognitives, sociales, émotionnelles et
langagières » (RAY-KAESER et LYNCH, 2017). C’est pourquoi l’utilisation d’activités significatives
pour l’enfant est primordiale pour qu’il soit motivé et engagé dans la thérapie. L’activité doit
solliciter les fonctions corporelles, émotionnelles et réflexives de l’enfant, afin de créer des
changements neuronaux dans le traitement de l’information sensorielle. Néanmoins, les
changements réalisés durant la séance devront être reproductibles dans le quotidien de l’enfant.
Ainsi, il peut être nécessaire d’informer les parents sur les techniques utilisées en IS et de donner
des conseils sur l’aménagement de l’environnement (ARIAL, 2019).
2.3. La collaboration avec l’entourage
2.3.1. La systémie familiale
La systémie familiale est un modèle centré sur le système et sur les interactions entre
les différents acteurs du système. Ainsi, dans le milieu de soin, « l’objectif est de mieux
comprendre les interactions entre le patient/client, sa famille, l’équipe et l’institution pour
repérer les failles du système, mieux intervenir sur le dysfonctionnement et fonder le processus
thérapeutique ». L’approche systémique s’inscrit dans la recherche de sens et dans
l’accompagnement des familles, afin de les aider à comprendre le handicap et surtout de les
orienter dans leur projet de vie. Elle prend en compte l’ensemble du système et pas seulement
la personne (MOREL-BRACQ, 2017, p 43).
Tout au long de sa vie, l’enfant va évoluer et se développer selon les relations
interpersonnelles et son environnement (ROUYER, 2012). Grâce à sa famille, il va construire son
profil occupationnel, à travers les valeurs et le modèle culturel que ses parents lui ont inculqué.
La famille influence les habitudes de vie, les routines, les traditions grâce à la structure familiale
qui a été mise en place, les pratiques parentales et le style de vie. Celle-ci représente un élément
durable et important dans le développement de l’enfant. Elle est la source des apprentissages
et de la performance occupationnelle (KUHANECK et al., 2015). Ce système familial est donc
fondé sur le rôle propre et dépendant de chaque individu, ce qui permet l’équilibre de ce
système, on parle alors d’homéostasie familiale. Celle-ci permet aux membres de la famille
d’avoir des repères et un environnement propice aux relations sociales. Néanmoins, elle peut
27
parfois être altérée par les aléas de la vie créant un déséquilibre (MOREL-BRACQ, 2017). En effet,
l’annonce d’un handicap peut représenter un bouleversement dans la dynamique familiale,
modifiant les projets de vie de tous les membres de la famille. Ce handicap ne va pas seulement
venir perturber l’enfant dans sa relation avec autrui, mais il va également altérer l’ensemble de
la famille, qui va être dans l’obligation d’affronter la situation et les difficultés. L’enfant en
situation de handicap est parfois identifié comme porteur de handicap et non plus comme une
personne à part entière (GRIOT et al., 2010). Le handicap va ainsi impacter le quotidien et le
bien-être de tous. C’est pourquoi, un rééquilibrage est mis en place afin de retrouver cette
homéostasie. De nouvelles habitudes vont alors être créées en fonction des priorités
individuelles et communes (ALEXANDRE et al., 2010) et de nouvelles stratégies vont se mettre
en place. Ces stratégies vont être variables en fonction de la structure familiale. Cela peut être
une stratégie personnelle, dans laquelle un membre de la famille se perçoit comme le seul à
pouvoir aider l’enfant. Il existe également la stratégie duelle, dans laquelle le couple prend soin
de l’enfant handicapé. Ensuite, la stratégie domestique correspond à l’ensemble de la famille
qui s’unisse face à ce handicap. Et enfin, la stratégie extra-muros fait appel à des personnes
extérieures. L’utilisation de ces stratégies peut modifier considérablement le système familial et
les interactions au sein de celui-ci (GRIOT et al., 2010).
2.3.1.1. Collaboration entre les parents et l’ergothérapeute
La collaboration avec la famille, « c’est travailler ensemble à la recherche des
compétences, dans un souci de compréhension des insuffisances, dans un processus de partage
de nos savoirs respectifs, de nos valeurs et de nos responsabilités » (ALMOSNINO, 2001, p 28).
Cette collaboration peut également être appelée « partenariat ». Celui-ci représente une forme
nouvelle de collaboration avec la famille, qui se définit comme « l’association interdépendante
de la famille et des professionnels qui se fixent des buts et des objectifs communs de soins.
Chacun reconnaît les compétences et l’expertise de l’autre », cité et traduit par Pelchat Diane et
Lefebvre Hélène19 (ALEXANDRE et al., 2010, p 83-96). Ainsi, dans un partenariat, la prise de
décision est partagée et la relation entre chaque acteur doit être égalitaire. Il est donc
fondamental de collaborer avec la famille pour faciliter la prise en soin de l’enfant.
Dans le modèle systémique, « l’ergothérapeute va centrer son analyse sur l’impact que
la réalisation de l’activité aura sur le patient dans son système d’appartenance : l’interaction
patient-famille-institution, le rôle et la fonction de la personne dans sa famille, l’adaptation et la
19 Citation de Pelchat, D., & Lefebvre, H. (2005). Apprendre ensemble. Le PRIFAM, programme d’intervention
interdisciplinaire et familiale. Montréal : Chenelière Education.
28
gestion des changements induits par la pathologie ou les situations de handicap pour l’ensemble
de la famille, le sens de l’activité dans le projet de vie de la personne et de son entourage. »
(MOREL-BRACQ, 2017, p 46). Il doit également pouvoir reconnaître les ressources de la famille,
l’informer, la soutenir, et se remettre en question si nécessaire. La relation entre
l’ergothérapeute et la famille va se construire au cours du temps, sur la base d’une confiance
mutuelle et d’une recherche de solutions communes. Pour cela, la première rencontre est
essentielle pour mettre en place une relation de confiance. L’ergothérapeute doit donc faire
preuve d’écoute, d’empathie, de curiosité et de respect. Il va s’appuyer sur des entretiens avec
la famille, afin de connaître le rôle de chacun, la prise de conscience du handicap, les relations
au sein de la famille et d’apporter des solutions face aux problèmes (ALEXANDRE et al., 2010).
La relation qu’entretient l’enfant avec ses parents peut déterminer les relations que
l’ergothérapeute va entretenir avec la famille. En effet, la place de l’enfant au sein de la famille
peut parfois entraver la prise en soin. L’ergothérapeute doit donc faire preuve de neutralité face
à la situation (ELISABETH et al., 2001). De plus, les parents vont pouvoir participer lors de la
réalisation des évaluations et des objectifs, afin d’apporter à l’ergothérapeute des informations
sur le comportement de l’enfant, mais également pour le rassurer. La communication est
également un point de la collaboration qui reste essentielle. Celle-ci peut se faire de manière
informelle ou formelle, ce qui permet d’échanger sur la situation, les progrès et les difficultés de
l’enfant ainsi que de répondre aux questions des parents. Les parents peuvent également
assister aux séances de thérapie, dans certains cas. Leur présence leur permet d’observer des
difficultés ou bien des capacités chez leur enfant qu’ils ne connaissaient pas. Ils découvrent
également de nouvelles techniques thérapeutiques, qu’ils peuvent reproduire au domicile. En
effet, comme nous l’avons expliqué, l’IS est une thérapie qui s’appuie sur la reproductibilité au
quotidien et la répétition d’une compétence afin de l’automatiser. Cependant, cela peut être
contraignant pour certains parents, car ils ont l’impression d’adopter une posture de thérapeute
(ALEXANDRE et al., 2010 p 83-96). Par ailleurs, la collaboration entre l’ergothérapeute et la
famille n’est pas toujours facile. Cela demande du temps et une implication réciproque de
l’ergothérapeute et des parents. Sans elle, la prise en soin est limitée. Cependant, celle-ci est
fondamentale en intégration sensorielle. Elle permet d’évaluer les difficultés de l’enfant dans
son quotidien, mais également le transfert des acquis dans le quotidien et la mise en place
d’adaptation de l’environnement. Pour favoriser cette collaboration, il est donc nécessaire
d’informer les parents, pour qu’ils comprennent le handicap de leur enfant et pour qu’ils
participent à la recherche de solutions (ARIAL, 2019).
29
2.3.2. La scolarité de l’enfant
2.3.2.1. Rôle de l’ergothérapeute à l’école
L’école constitue un milieu de vie essentiel pour les enfants, dans lequel ils réalisent
diverses activités. Cependant, certains d’entre eux peuvent rencontrer des difficultés dans la
participation et la réussite scolaire, nécessitant ainsi une prise en soin en ergothérapie.
L’ergothérapeute, en milieu scolaire, « vise principalement à améliorer la participation des
élèves dans leurs activités quotidiennes, éducatives, sociales, parascolaires ou vocationnelles »
(JASMIN et al., 2019, p 226). Il va ainsi faire le lien entre les difficultés et les besoins d’un enfant
avec un TDAH. Il joue un rôle important dans l’amélioration de la participation scolaire des
élèves mais, également dans l’accompagnement des enseignants et des parents.
Pour intervenir auprès de l’enfant, il va effectuer un recueil d’informations et des
évaluations afin d’établir des objectifs et un plan d’intervention adapté à l’enfant. Les
interventions de l’ergothérapeute vont avoir lieu à l’école, afin d’identifier l’environnement
dans lequel il évolue ainsi que son comportement (JASMIN et al., 2019). Grâce à cela, il va
pouvoir mettre en place des activités de rééducation et de réadaptation et proposer des
recommandations d’aide techniques ou humaines ainsi que des préconisations
d’aménagements de l’environnement.
Par ailleurs, l’ergothérapeute intervient également auprès des parents et des
enseignants, afin de les conseiller, de les informer et de les éduquer sur les difficultés de l’enfant,
les préconisations et les aménagements de l’environnement. La communication et l’échange
d’informations avec l’enseignant sont également importants pour établir une relation de
confiance et un partage des compétences de chacun (ALEXANDRE et al., 2010, p 415-429).
2.3.2.2. La collaboration entre l’enseignant et l’ergothérapeute.
La collaboration a beaucoup évolué depuis quelques années. Elle est maintenant inscrite
dans les projets et missions institutionnelles et les lois scolaires comme la loi du 11 février 2005.
Celle-ci est fondée sur le principe du droit à la compensation du handicap et du droit à la scolarité
de tout enfant handicapé dans un établissement scolaire. Ainsi, la collaboration est un élément
central des interventions en ergothérapie puisqu’elle permet d’augmenter l’efficacité de la
thérapie, selon l’implication des acteurs dans la prise en soin (JASMIN et al., 2019).
L’ergothérapeute doit ainsi apporter des informations claires sur son rôle et sur les difficultés
que l’enfant présente. En effet, les troubles comme le TDAH, ne sont pas forcément visibles au
premier abord, et pourtant, ils ont une incidence importante sur les apprentissages scolaires et
30
la performance occupationnelle au quotidien. C’est pourquoi, il est nécessaire de prendre du
temps avec le personnel scolaire pour discuter du handicap, afin d’aborder les choses
différemment. La compréhension du rôle de l’ergothérapeute auprès de l’enseignant facilitera
donc la collaboration. De plus, l’ergothérapeute doit également informer l’enseignant sur les
adaptations à mettre en place et l’utilisation des aides techniques préconisées, pour que celles-
ci soient utilisées. Par ailleurs, la collaboration entre l’ergothérapeute et l’enseignant permet
d’avoir deux approches complémentaires et un enrichissement mutuel des connaissances de
chacun. En effet, l’enseignant peut apporter des informations sur la manière dont l’enfant se
comporte en classe et sur ses difficultés. Il va s’appuyer sur son expérience professionnelle et sa
connaissance des programmes scolaires, afin d’évaluer son avancée dans le programme. Il peut
également proposer des exercices à approfondir et transmettre les commentaires de l’enfant
sur l’utilisation des aides techniques. Quant à l’ergothérapeute, il va pouvoir utiliser l’ensemble
de ces informations afin d’établir des objectifs, de développer des stratégies d’interventions et
d’évaluer les progrès de l’enfant. Cependant, cette collaboration peut parfois être difficile. Les
ergothérapeutes peuvent avoir l’impression de ne pas être entendus et suivis dans la prise en
soin, auprès de l’équipe pédagogique. En effet, les enseignants manquent souvent de formation
dans le suivi pédagogique des enfants handicapés. C’est pourquoi, l’ergothérapeute doit les
aider à comprendre les conséquences de ce handicap et à mettre en place des solutions efficaces
(ALEXANDRE et al., 2010, p 415-429). Cela peut être sous forme d’une formation sensorimotrice.
L’enseignant se sentira plus confiant dans la gestion du handicap et pourra alors mettre en place
plus facilement les recommandations de l’ergothérapeute (JASMIN et al., 2019).
Ainsi, nous avons vu que la collaboration entre l’ergothérapeute et l’enseignant, et les
parents et l’ergothérapeute, étaient indispensables. Par ailleurs, la collaboration entre la famille
et l’enseignant est également bénéfique pour la réussite scolaire d’un enfant TDAH. En effet, les
enfants TDAH qui ont des parents et des enseignants impliqués dans son parcours scolaire
présentent de meilleurs résultats scolaires, de meilleures habiletés et un comportement plus
positif (LETARTE et al., 2011).
2.3.3. Les aménagements scolaires
Au cours du suivi de l’enfant à l’école, différentes aides peuvent être proposées à
l’enfant en fonction de son handicap. Chez les enfants atteints de TDAH, des aménagements
pédagogiques adaptés ou bien un parcours scolaire aménagé, leur sont suggérés. La mise en
place de ces aménagements scolaires nécessite de faire appel à des dispositifs tels que le PPS,
le PAI et le PPRE. Le PPS (projet personnalisé de scolarisation), pour les enfants avec une
reconnaissance de handicap, permet la mise en place d’aménagements, d’adaptations et de
31
matériels pédagogiques et d’aide humaine. Le PAI (plan d’accueil individualisé), destiné aux
élèves avec des maladies chroniques, permet la mise en place d’aménagements spécifiques dans
la classe. Le PPRE (programme personnalisé de réussite scolaire), pour les élèves avec des
difficultés scolaires, permet un accompagnement pédagogique spécifique en fonction des
difficultés de l’enfant. Ces dispositifs s’élaborent, en concertation avec la famille, l’équipe
pédagogique et la MDPH pour le PPS. (HAS, s. d.).
Les aménagements scolaires pour les enfants TDAH sont divers. Il existe des adaptations
matérielles et des adaptations pédagogiques. Les adaptations matérielles correspondent à
l’ensemble des aides techniques pouvant être proposé à l’enfant TDAH comme un mobilier
adapté pour gérer son hyperactivité. Par ailleurs, les aménagements privilégiés pour un enfant
TDAH sont surtout pédagogiques. En effet, l’enseignant devra essayer d’adapter le rythme de
travail en proposant des moments de pause plus régulièrement dans un espace calme, ou bien
des pauses actives afin de diminuer l’anxiété, l’agressivité et l’impulsivité de l’enfant
(ALEXANDRE et al., 2010). L’anticipation des exercices peut être compliquée pour les enfants
avec un TDAH. C’est pourquoi, il faut prévenir l’enfant à l’avance d’un changement d’exercice et
énoncé les consignes pour qu’il puisse se préparer. L’enseignant peut également adapter les
évaluations et ses exigences en fonction des difficultés de l’enfant. Des supports personnalisés
peuvent être élaborés comme des affiches ou des pictogrammes rappelant les stratégies de
travail et les règles en classe. De plus, il est important que l’enseignant valorise et félicite l’enfant
lors de ses progrès et de sa participation en classe pour renforcer son estime de soi (SYLVESTRE,
2014). L’adaptation de l’espace est également indispensable à prendre en compte. En effet, la
classe génère un ensemble de stimuli contribuant à la perte attentionnelle. La position de
l’enfant dans la classe est donc importante. Il est préférable qu’il soit éloigné des sources de
stimulations visuelles ou auditives (SYLVESTRE, 2014).
Aujourd’hui, des classes particulières existent proposant des aménagements différents
des classes ordinaires, on parle de classe flexible. Celle-ci présente plusieurs avantages
pédagogiques et vise à favoriser les apprentissages. Elle met à disposition des tapis de sol, des
poufs, des vélos pupitre, des coussins, des espaces de lecture et de jeu. L’espace est modulable
et s’adapte donc aux besoins des élèves. Elle permet ainsi d’éviter l’immobilité et l’hyperactivité
et permet une meilleure attention et concentration. (MAULINI et CAPITANESCU BENETTI, 2020).
32
3. Recueil de données
Ce mémoire a pour objectif d’étudier la prise en charge des enfants présentant un TDAH, en
intégration sensorielle, et plus précisément, la collaboration entre l’ergothérapeute, les parents
et l’enseignant afin d’améliorer l’environnement de l’enfant.
Les recherches réalisées précédemment ont permis de montrer l’intérêt de la prise en
charge en intégration sensorielle pour un enfant présentant un TDAH, l’importance de la
collaboration entre l’ergothérapeute et l’entourage de l’enfant, et de définir certaines notions.
Les hypothèses proposées dans la problématique évoquent une meilleure éducation des
parents à la pratique de l’intégration sensorielle, mais également une amélioration de la
collaboration entre l’ergothérapeute et l’entourage de l’enfant. Des entretiens ainsi qu’un
questionnaire permettant de recueillir des données ont été réalisés afin de mettre en lien mes
recherches théoriques, avec la pratique professionnelle des ergothérapeutes et le quotidien de
la famille.
3.1. Cadre d’analyse
Grâce à l’ensemble des informations recueillies lors de mes entretiens et de mes recherches
théoriques, nous allons pouvoir valider ou invalider les hypothèses. Cela nous permettra
également de répondre à la question de recherche suivante :
En collaborant avec l’entourage, comment l’ergothérapeute peut-il améliorer
l’environnement, d’un enfant de 5 à 10 ans, présentant un diagnostic de TDAH associé à une
hyperréactivité sensorielle, dans la prise en soin en intégration sensorielle ?
3.1.1. Choix des outils.
Pour le recueil de données, j’ai décidé de réaliser 4 entretiens avec des ergothérapeutes
ainsi qu’un questionnaire destiné aux parents des enfants atteints de TDAH.
La méthode qualitative, à savoir l’entretien, « est une méthode qui donne un accès direct
à la personne, à ses idées, à ses perceptions ou représentations. Celle-ci peut décrire ses
expériences et son contexte de vie. ». C’est pourquoi, je me suis orientée vers des entretiens
semi-directifs. Ce type d’entretien est une méthode qui laisse une liberté d’expression à la
personne interrogée et un échange mutuel, « la souplesse de l’entretien semi-structuré permet
de poser des questions de manière à établir des liens entre les différents sujets et à approfondir
davantage » (TETREAULT et GUILLEZ, 2014, p 215-223).
33
La méthode quantitative, avec le questionnaire, « sert principalement à standardiser un
recueil de données précises et souvent quantifiables. ». Pour réaliser mon questionnaire, j’ai
utilisé principalement des questions fermées. Celles-ci « produisent des données plus faciles à
compiler et permettent une variété d’analyses statistiques en fonction de leurs
caractéristiques. Elles ciblent des questions spécifiques […] en offrant des réponses
prédéterminées » (TETREAULT et GUILLEZ, 2014, p 247-248). Cependant, j’ai également formulé
quelques questions ouvertes afin d’obtenir l’avis et la perception des répondants sur une
question en particulier.
3.1.1.1. Questionnaire et population ciblée.
Le questionnaire que j’ai réalisé est à destination des parents des enfants présentant un
TDAH. Je recherchais ainsi des parents dont l’enfant TDAH bénéficiait, de préférence, d’un suivi
en intégration sensorielle par un ergothérapeute. Cependant, je n’excluais pas les enfants non
suivis en intégration sensorielle. Pour cela, j’ai déposé mon questionnaire sur plusieurs groupes
d’échanges et associations de parents d’enfants TDAH. Cependant, je n’ai donc obtenu aucune
réponse, sans doute à cause de la crise sanitaire, malgré plusieurs relances de ma part. Les
parents n’avaient peut-être pas le temps de remplir mon questionnaire.
L’objectif est de recueillir des données sur le suivi d’un enfant TDAH en intégration
sensorielle, et de déterminer les difficultés rencontrées auprès des parents dans leur quotidien
et dans la collaboration avec les professionnels de santé et avec l’enseignant. Ce questionnaire
permet également de distinguer des pistes de solutions dans l’amélioration de l’environnement
d’un enfant TDAH.
Cette étude quantitative a été élaborée sur Google Form et comprend 16 questions.
Cependant, en fonction de certaines réponses, les parents n’auront pas les mêmes questions
(cf. annexe 5). Ce questionnaire a été diffusé sur plusieurs groupes d’échanges destinés aux
parents des enfants TDAH et a également été envoyé par mail à certains parents et
ergothérapeutes.
- Les premières questions (1,2,3,4) visent à établir le profil des personnes
répondants (enfant TDAH, âge de l’enfant, suivi médical de l’enfant, suivi en intégration
sensorielle).
- La deuxième partie (questions 5,6,7,7.1) s’adresse uniquement aux parents dont
l’enfant est suivi en intégration sensorielle. Cette partie vise à déterminer les objectifs
34
de prise en soin en intégration sensorielle ainsi l’intégration des parents dans ce
processus.
- La troisième partie (8,9,10) s’intéresse à l’épuisement des parents ainsi qu’à l’impact du
TDAH dans le quotidien de l’enfant et des parents.
- Une autre partie (question 11, 12, 12.1, 13) aborde la collaboration entre l’enseignant
et les parents avec les moyens scolaires mis en place.
- Enfin, la dernière question vise à identifier des pistes de solutions pour améliorer la
collaboration entre la famille, les enseignants et les ergothérapeutes, pour que l’enfant
puisse évoluer dans un environnement adapté.
3.1.1.2. Entretiens et populations ciblée.
Dans un premier temps, je souhaitais faire quatre entretiens semi-directifs, avec des
ergothérapeutes formés en intégration sensorielle et qui accompagnent des enfants présentant
un TDAH. Je n’ai pas ciblé de structure d’intervention particulière afin d’obtenir un maximum
d’informations variées. J’ai ainsi contacté plusieurs ergothérapeutes libéraux par mail et j’ai
publié des messages ouverts aux ergothérapeutes sur un réseau social. N’obtenant que très peu
de réponses, à cause de la crise sanitaire, j’ai renvoyé plusieurs mails à des ergothérapeutes en
leur proposant d’effectuer un échange par mail, au lieu de faire un entretien téléphonique. Cela
leur permettait de répondre lorsqu’elle avait un moment de libre et de les solliciter moins
longtemps. J’ai donc finalement réussi à obtenir 4 entretiens dont 2 par mail.
Ces entretiens permettent une étude qualitative fondée sur les concepts précédemment
définis. Ils me permettent d’obtenir la perception, le savoir et les représentations des
ergothérapeutes. Afin de me guider lors de la réalisation de ces entretiens, une grille d’entretien
a été réalisée (cf. annexe 4). Celle-ci est constituée de plusieurs questions ouvertes, laissant à
l’interlocuteur la liberté de développer ses idées. Des reformulations ont également été écrites,
afin d’éviter les incompréhensions des ergothérapeutes interrogées. Les questions sont
organisées par thème, c’est-à-dire, leur pratique en intégration sensorielle auprès des enfants
TDAH, les troubles sensoriels et enfin la collaboration entre l’entourage de l’enfant et
l’ergothérapeute. Le concept d’environnement est également abordé dans plusieurs questions.
3.2. Analyse de la recherche (cf. annexe 10)
Ces entretiens ont été réalisés par mail et téléphone, dans le respect de la loi Jardé,
concernant le consentement des personnes interrogées. Lors des appels téléphoniques, les
35
entretiens ont été enregistrés, suite à l’acceptation de l’ergothérapeute. Ils ont ensuite été
retranscrits, de manière anonyme (cf. annexe 6,7,8,9), puis supprimés. Ainsi, les 4
ergothérapeutes interrogées se nommeront : E1, E2, E3, E4.
3.2.1. Présentation des ergothérapeutes
- L’ergothérapeute E1 (cf. annexe 6 : retranscription de l’entretien) : est diplômée depuis
2015. Elle s’est tout de suite installée en collaboration en libéral. Elle s’est ensuite
formée à l’IS.
- L’ergothérapeute E2 (cf. annexe 7 : retranscription de l’entretien) : est diplômée depuis
2011. Elle a ensuite fait un master sur l’autisme en Grande-Bretagne. Elle a commencé
à travailler dans une MAS pour adultes autistes et déficients intellectuels en France, puis
en EHPAD, et enfin en libéral, où elle a fini par monter son propre cabinet. Elle a suivi
une formation en IS à l’ANFE en 2015.
- L’ergothérapeute E3 (cf. annexe 8 : retranscription de l’entretien) : est diplômée depuis
2014. Elle a commencé à exercer en 2015 en IME, avec des enfants présentant des
troubles cognitifs et sensoriels, pendant 9 mois. Elle a suivi trois formations en IS et une
formation sur les réflexes archaïques. Elle s’est ensuite mise à son compte en
développant son propre cabinet libéral en IS.
- L’ergothérapeute E4 (cf. annexe 9 : retranscription de l’entretien) : est diplômée depuis
1992. Elle a exercé auprès de personnes polyhandicapées, puis en SSR (soins de suite et
de réadaptation), et depuis 10 ans elle travaille en pédiatrie en libéral. Elle s’est formée
à l’IS en 2010 et s’est réactualisée en 2018. Elle pratique régulièrement l’approche, mais
rarement la thérapie.
3.2.2. Les troubles sensoriels chez les enfants TDAH.
3.2.2.1. Les principaux profils sensoriels chez les enfants TDAH.
Les profils sensoriels des enfants TDAH sont très variables. L’ergothérapeute E2 évoque
« un besoin de stimulation au niveau vestibulaire et proprioceptif, donc les sens liés au
mouvement ». Elle aborde aussi les difficultés « à filtrer, à prioriser les informations sensorielles,
gérer ce qui est important et mettre en sourdine ce qui n’est pas important » et « des problèmes
d’hypersensibilités et des recherches de stimulations ». Ces difficultés sont également
mentionnées par E3, « la difficulté de filtrage, la difficulté d’autorégulation…souvent c’est des
hypersensibilités de type tactile. ». Elle affirme également « je dirais qu’en fait…il y a toujours
36
des troubles sensoriels. Il n’y a pas forcément des troubles sensoriels qui vont être évoqués tout
de suite, qui vont être compris par les parents tout de suite. Mais il y a toujours des troubles
sensoriels, ne serait-ce qu’au niveau proprioceptif et vestibulaire. ». Cependant, elle explique
que « ce n’est jamais un diagnostic clair […] on peut avoir un enfant qui est hypersensible au
niveau tactile, mais complétement hyposensible au niveau proprioceptif. Oui c’est très variable ».
E4 évoque des « problèmes du traitement de l’information auditive et visuelle ». Elle aborde
également l’hyperréactivité sensorielle qui « se traduit par une instabilité corporelle, gestuelle
et par des troubles attentionnels. ». Quant à E1, elle déclare que « si le TDAH est bien
diagnostiqué, il n'y aura pas forcément de troubles sensoriels associés. Par contre, il peut y
avoir une comorbidité ou un trouble qui en résulte. Dans ce cas, il s'agit très souvent d'une
recherche intense de sensation ».
Ces différents témoignages exposent une variabilité notable entre les profils sensoriels
des enfants TDAH. Les profils prédominants selon les ergothérapeutes interrogées sont les
difficultés de filtrage, d’autorégulation, d’hyperréactivité sensorielle et la recherche de
stimulation. Néanmoins, cela varie selon chaque enfant. Ils n’auront pas un trouble sensoriel
précis, comme seulement une hyperréactivité sensorielle, mais un ensemble de troubles
altérant de manière différente les sens. Ceux principalement altérés semblent être le sens
vestibulaire et le proprioceptif. Cependant, les avis divergent concernant la présence des
troubles sensoriels chez les enfants TDAH, en fonction du diagnostic du TDAH et de l’expérience
de chacune.
3.2.2.2. Les conséquences de ces troubles.
Conséquences multidimensionnelles
Le TDAH et les troubles sensoriels vont avoir des conséquences diverses pour l’enfant.
E1 parle d’une « difficulté à supporter les remarques qu’ils peuvent interpréter de manière
négative et qui va les parasiter ensuite toute la journée ». E2 évoque également un « état de
surexcitation, avoir plutôt besoin de bouger et se recentrer ». E3 fait le lien entre l’attention et
les troubles sensoriels « ils ont du mal à gérer leur entrée sensorielle, c’est très compliqué pour
eux d’avoir une attention correcte ». De plus, E2 mentionne les troubles qui peuvent être
associés aux TDAH « la plupart des enfants TDAH que l’on reçoit, ils ont souvent autre chose que
le TDAH […] TDAH et dyspraxique, ou TDAH et dyslexique et dysorthographique ». E3 donne
l’exemple de l’impact des réflexes sur le comportement de l’enfant « il a un réflexe dans le dos,
le spinal de Galant par exemple, qui fait que dès qu’il a touché au dossier de sa chaise, il va être
parasité par un mouvement incontrôlé donc du coup ça va à nouveau le faire décrocher ». E2 et
37
E3 généralisent les répercussions de ces troubles. E2 évoque « des répercussions, autant au
niveau purement cognitif, que sensori-moteur, que visuospatiale, mais qui ne sont pas des
troubles différents du TDAH, mais vraiment qui sont des répercussions en fait du TDAH ». Alors
qu’E3 parle d’un « impact prépondérant et multidimensionnel, parce qu’en gros ça va impacter
sa relation aux autres, sa confiance en lui, ses capacités cognitives, ses capacités de
mémorisation, d’attention, ses capacités motrices ».
Interactions sociales
Comme évoquée par E3, ces troubles vont avoir des répercussions sur les interactions
sociales. E1 décrit « une sorte de déni des difficultés […] justification à un travail non rendu, ou
une nonchalance, ou encore un manque de respect qui est justifié “parce que j’ai un TDAH ”»
entrainant un « rejet de ses pairs, par sa suffisance ». E2, E3 et E4 parlent également des
relations avec autrui, « des enfants qui sont un peu stigmatisés par leurs troubles, mais personne
dans leur classe ne comprend vraiment ce qu’ils ont » (E3), « ils ne sont jamais valorisés, ils sont
toujours les élèves punis, ou qui ont le moins d’étoiles, de stickers ou de smileys » (E2) et « Sa
relation avec autrui est également difficile. » (E4). E2 aborde les conséquences que cela peut
avoir « Il reste dans le rôle de celui qui est puni, de celui qui n’est pas sage, de celui qui fait le
clown de la classe. Ça encourage plus les mauvais comportements au lieu de les aider ». De plus,
E1 évoque les difficultés de l’enfant « à stabiliser ses émotions ». Alors que E2 mentionne le
comportement conflictuel de l’enfant, « ils vont facilement, mal interpréter, parce qu'ils n’ont
pas forcément, déjà bien, compris votre message. À partir de là, ça peut vite générer du conflit »
et à cause de leurs « besoins de beaucoup de mouvements […] ils vont facilement s’engager dans
des jeux déjà assez violents ».
Apprentissages scolaires
Ces troubles vont également avoir un impact sur leurs apprentissages scolaires,
notamment à cause de leur manque d’attention. E1 et E2 évoquent des « difficultés au niveau
de sa scolarité » (E1). E2 démontre que l’enfant « va avoir du mal à mobiliser et à maintenir son
attention. […] il peut vite accumuler des retards dans différents domaines. ». De plus, elle
mentionne « des enfants qui peuvent être aussi excessivement fatigués ». En effet, E4 explique
qu’il « va avoir une fatigue cognitive en interaction avec ses apprentissages. ». E4 donne
également l’exemple de l’hyperréactivité sensorielle chez un enfant TDAH. Celle-ci « perturbe
ses apprentissages par rapport à sa disponibilité. S’il présente une hyper agitation, cela entraîne
un problème d’engagement dans l'activité. »
38
Les récits des ergothérapeutes exposent l’ensemble des difficultés rencontrées par un
enfant TDAH présentant des troubles sensoriels. Ces troubles vont avoir des conséquences
variables selon l’individu se répercutant au niveau cognitif, moteur, sensoriel et émotionnel. Les
interactions sociales vont principalement être altérées, à cause d’un rejet de la part de ses
camarades dû à une stigmatisation et du comportement parfois violent de l’enfant. De plus, à
cause de son manque d’attention et des troubles sensoriels, les apprentissages scolaires lui
demandent beaucoup plus d’énergie et de concentration, provoquant de la fatigue et un retard
dans les apprentissages. L’incompréhension de l’enfant et de ses troubles de la part de son
entourage et le manque de valorisation favorisent son isolement, sa perte d’estime de soi et son
mauvais comportement.
3.2.2.3. Les répercussions de l’environnement
L’environnement familial et scolaire entrave parfois la prise en soin d’un enfant TDAH,
mais favorise également ses difficultés dans son quotidien.
Environnement familial
L’environnement familial peut créer des obstacles dans le quotidien de l’enfant. En effet,
E1 aborde le contexte familial. Elle explique qu’ « Etant donné que les remarques négatives
peuvent être mal interprétées, ils [les parents] ne lui en font aucune et lui excuse tout ». E3
évoque également « des limites qui peuvent être les petits frères ou les petites sœurs, la fatigue,
le mari qui n’est pas partie prenante alors que la maman est partie prenante ». E2 fait le lien
avec les apprentissages scolaires en parlant du « manque de mouvement [...] aussi bien pour
l’école que pour la maison, on veut toujours que l’enfant soit assis droit comme un i sur sa chaise
[…]. Un enfant au contraire apprend en bougeant ». Ensuite, l’investissement des parents va
jouer un rôle important dans la prise en soin. Effectivement, E1 déclare que « Selon comment
les parents acceptent le handicap, trop permissif, juste, ou au contraire dans le déni et donc trop
sévère, […], la pathologie sera vécue de manière complètement différente par le jeune. ». E4
rajoute leur « manque de participation, de leur méconnaissance des troubles et des moyens
d’interventions », ce qui peut altérer la continuité des soins.
Environnement scolaire
L’environnement scolaire entraîne des répercussions importantes chez l’enfant. E2 et
E3 ont un discours similaire sur l’école. E2 explique « A l’école, il y a beaucoup trop de stimuli. Il
y a beaucoup d’affichage dans les classes, il y a beaucoup de bruits. Après, le repérage dans le
temps n'est pas forcément facile, parce qu'il n’y a pas toujours des repères évidents. Euh… les
39
durées de temps de travail qui sont imposées […] sont longues pour un enfant TDAH, et qui en
plus ne sont pas forcément flexible dans le cadre scolaire. […] Les règles et les consignes ne sont
pas toujours claires non plus. Le niveau des exigences ne va pas forcément être adapté aux
besoins d'un enfant TDAH. On va dire dans le fonctionnement, dans le modèle éducatif qu'on a,
on est quand même plus souvent dans le fait de pénaliser, de punir les mauvais comportements
ou des échecs, plutôt que de valoriser les réussites et les bons comportements. ». Elle rajoute
« Généralement, la pause méridienne vraiment, c’est hyper compliqué […] il y a beaucoup trop
de stimulation. ». E3 est plutôt catégorique sur l’environnement scolaire. Elle parle d’un
« environnement très hostile au niveau sensoriel. […] c’est plutôt un environnement générateur
de troubles attentionnels. Le matériel qui n’est pas adapté, il n’y a pas assez de mouvements […]
ils sont statiques toute la journée, ça ne les aide pas .». Elle mentionne principalement l’impact
de la cantine chez les enfants « La cantine, c’est invivable pour les enfants […]. Il y a énormément
de bruits, des stimulations sensorielles et auditives dans tous les sens ». Pour elle,
«L’école d’aujourd’hui, elle n’est pas du tout favorisante. Et puis, ils mettent quand même
beaucoup la pression. On a des programmes scolaires qui ne sont pas adaptés au niveau
développemental de nos enfants. ». Le niveau d’exigence entraîne, selon E3 « ça ne les met pas
non plus en confiance. Du coup, quand ils n’ont pas confiance en eux, ils sont encore moins
attentifs. C’est un petit peu un cercle vicieux.». Elle a également fait le lien avec la situation
actuelle de confinement « là on est en confinement et j’ai des retours de patients qui vont mieux
depuis qu’ils ont arrêté l’école. Il y a peut-être un problème au niveau sensoriel à l’école. »,
montrant le véritable impact de l’école sur les enfants. Le comportement des enseignants va
également déterminer les difficultés de l’enfant. E1 évoque un « Rejet […] également auprès de
ses professeurs qui n’arrivent plus à savoir si cela vient de la pathologie ou de l’éducation » mais
aussi « le collège ne prend pas du tout en compte ses particularités ». Notamment à cause d’un
« manque de participation, de leur méconnaissance des troubles et des moyens d’interventions »
selon E4. E1 affirme que « Selon comment […] l’équipe éducative met en place les
aménagements, la pathologie sera vécue de manière complètement différente par le jeune »,
montrant l’importance du rôle des enseignants sur la pathologie de l’enfant.
L’environnement a donc un effet considérable sur la pathologie de l’enfant, son
quotidien et dans la continuité des soins. Le comportement des parents face à l’éducation de
l’enfant, la connaissance des troubles et leur investissement dans la prise en soin est
déterminant pour créer un environnement facilitateur pour l’enfant. Par ailleurs,
l’environnement scolaire semble générateur de nombreux stimuli à la fois auditifs, visuels et
tactiles. Selon les témoignages des ergothérapeutes, l’école semble être un environnement
40
pénalisant, dévalorisant et non adapté aux enfants. Le manque de mouvement, l’exigence des
programmes scolaires, l’investissement et le comportement des enseignants face au TDAH
perturbent les apprentissages de l’enfant et son comportement. Ils augmentent également
l’apparition du TDAH ainsi que les troubles sensoriels associés.
3.2.3. L’accompagnement en intégration sensorielle des enfants TDAH
3.2.3.1. Les objectifs principaux
Interrogés sur leur prise en soin des enfants TDAH, et sur les objectifs, E1 évoque « la
prise de conscience des difficultés pour qu’ils puissent essayer de s’autoréguler ». E2 cible pour
les enfants TDAH suivi en IS pure, des objectifs de « la planification, gestion du temps, respecter
des règles et des consignes, gérer de l’argent […] la motricité fine, la visuoconstruction et du coup
aussi des troubles sensoriels à prendre en compte ». E2 aborde également, « les apprentissages
de l’utilisation de l’ordinateur », tout comme E4 qui mentionne principalement
« l’informatisation et la recherche d’outils », ainsi que l’intervention auprès des enseignants
pour « l’adaptation des supports et la prise en compte de son trouble invisible ». E3 explique « Je
ne cible pas les troubles de l’attention comme objectif. En général, je vais voir pourquoi il a des
troubles de l’attention […] Je vais regarder tout ce qui est sensoriel. […] Je vais miser beaucoup
sur la maturation de l’enfant au niveau sensoriel et des réflexes. ». En intégration sensorielle, E1
parle « de gagner en autonomie pour gérer leur quotidien et mieux se contrôler ». E2 utilise
l’intégration sensorielle afin « d’améliorer les ressources attentionnelles, de réduire tous les
comportements qui peuvent être problématiques, que ce soit à la maison ou à l’école, en régulant
son besoin de mouvement, en apprenant à filtrer les stimuli ». Pour E3, l’objectif va être « de
faire murir leur système sensoriel pour qu’ils arrivent à mieux encaisser les stimulations déjà, à
mieux filtrer. […] c’est traiter une information sensorielle et y répondre de la manière adaptée. »
Selon les ergothérapeutes, les principaux objectifs ciblés sont les difficultés
d’apprentissages, la mise en place d’adaptation ainsi que la prise en soin des troubles sensoriels
et du TDAH. Cette prise en soin s’appuie sur l’amélioration des capacités attentionnelles, de
régulation du besoin de mouvement, de concentration, d’autonomie, de filtration des stimuli,
ainsi que sur la maturation du système sensoriel grâce à l’intégration sensorielle.
3.2.3.2. L’intégration sensorielle
L’intégration sensorielle présente un intérêt dans la prise en soin des enfants TDAH. En
effet, E2 décrit « une rééducation qui est très active, on ne fait pas des protocoles normalement
41
où on va appliquer des stimuli sur l’enfant. C’est l’enfant qui doit agir et aller se stimuler tout
seul en fait, en fonction du matériel qu’on met.», elle rajoute « c'est quand même une approche
qui est bottum-up, qui est sensorimotrice, on est vraiment sur de l’expérimentation,
l'apprentissage par essais erreurs pour créer de nouveaux schèmes moteurs et augmenter le
nombre de réponses adaptées. ».
La thérapie en IS
La thérapie en IS « a besoin de répétition (au moins deux séances par semaine). Elle sert
à retravailler sur les systèmes neuronaux pour que le trouble sensoriel diminue. » (E1). Elle
permet également « d’améliorer les réponses motrices de l’enfant. […] d’apprendre aussi à
l’enfant, à essayer de comprendre ses besoins, réussir à savoir dans quel état il est, ne serait-ce
que par rapport à son niveau d’éveil […]. Donc, réussir à lui-même identifier et mettre en place
des stratégies, que lui, il peut utiliser au quotidien pour réussir à se ramener au bon niveau d’éveil
pour pouvoir apprendre. » (E2). E3 et E1 sont d’accord sur le fait que la thérapie est une
« rééducation, c’est beaucoup plus en profondeur et là on ne va pas être palliatif. On va essayer
d’aller vraiment au fond du problème » (E3). E4 considère la thérapie comme « l’axe principal ».
L’approche en IS
Contrairement à la thérapie en IS, « L'approche IS va être ponctuelle par exemple une
fois par semaine. Elle vise une régulation sans pour autant remonter à l'origine du trouble. Avec
les TDAH on est plus dans une approche. » (E1). Elle considère l’approche « comme une
réadaptation ». E2 et E3 ne faisaient pas réellement la différence entre la thérapie et l’approche.
Cependant, E3 mentionne « que le plus rapidement efficace, c’est l’adaptation ». Tandis que E4
définit l’approche comme « intégrée dans la prise en charge “du produit fini” ». Lors de leurs
interventions les ergothérapeutes vont mettre de nombreux aménagements en place, selon
« des comportements propres de l’enfant » (E2). E1 évoque « des fidgets pour aider la
concentration ». E2 parle de « tout ce qui va être conseils et accompagnement de l'entourage
familial et scolaire, avec la mise en place de stratégies, d’outils qui vont pouvoir permettre le
mouvement, des supports visuels qui vont permettre de clarifier un petit peu les règles, les
situations, de l’aider à gérer et identifier les moments de la journée, les émotions ». Elle précise
« ça va être vraiment au cas par cas ». Elle aborde également l’emplacement de l’enfant dans la
classe « Le mettre plutôt dans l’avant de la classe pour qu’il ne soit pas distrait par les gens
devant lui, éviter de le mettre près des fenêtres ». E3 mentionne « des plans inclinés ».
L’ensemble des ergothérapeutes semblent d’accord sur la complémentarité de
l’approche et de la thérapie en intégration sensorielle. E2 explique « je pense que les deux sont
42
assez indissociables, ça va dépendre toujours des profils ». E4 affirme « J’associe à la fois
l’approche et la thérapie en IS. Cela me semble logistiquement et en pratique plus intéressant. »
L’association à d’autres pratiques thérapeutiques
Les ergothérapeutes interrogées associent chacune l’IS à une autre pratique
thérapeutique. E1 associe l’IS à « la médiation équine pour travailler sur les émotions, la
frustration, la régulation et la revalorisation. ». E2 utilise « des protocoles de désensibilisation
qui peuvent exister, notamment le protocole de Wilbarger qui consiste en un brossage et des
compressions articulaires qui fonctionnent pas mal, de mon expérience. » ainsi que « l’approche
cognitive type CO-OP20 avec certains enfants, quand vraiment on a un objectif à court terme sur
une activité en particulier. ». E3 associe l’IS « à celle des réflexes, et puis à des pratiques plus
classiques. On fait de la rééducation du graphisme, moi je travaille avec la méthode ABC
boum21 ». Quant à E4, elle utilise le « programme alerte. Celui-ci permet d’aider l’enfant à
identifier son niveau d’éveil pour ensuite qu’il puisse se réguler plus facilement ».
Les limites de l’IS
L’intégration sensorielle présente de nombreuses limites. E1 explique « Cela ne
changera pas qu’il y a une hyperactivité et des troubles de l’attention ». E2 évoque de
nombreuses limites, « Il faut que ce soit très régulier. Théoriquement, il faudrait que ce soit deux
séances de 45 minutes par semaine. Le problème, c’est que ça, ça demande du temps et ça
demande de l’argent aussi. […] ce n’est pas une rééducation qui est facile à financer pour les
familles… ». La limite financière des familles et le manque de séances sont également évoqués
par E3. E2 mentionne également « l’argent pour l’ergo parce que du coup il faut une salle qui
convient, il faut beaucoup de bons matériels, donc c’est des gros investissements sans parler du
coup des formations », ainsi que « c’est une méthode qui n’est pas bien connue et reconnue ».
Quant à E3, elle distingue deux limites principales « c’est, 1 : qu’on ait un parent qui ne soit pas
partie prenante, ça c’est sûr et certain. 2 : quand il y a quand même beaucoup d’école et qu’ils
sont quand même du coup avec des troubles sensoriels qui ne sont pas pris en compte ».
L’intégration sensorielle est considérée comme une rééducation sensori-motrice, active,
centrée sur l’enfant. Celle-ci se compose de la thérapie et de l’approche. Leur utilisation dépend
du profil de l’enfant. La thérapie est considérée comme de la rééducation permettant de gérer
20 Approche centrée sur la personne et l’occupation, permettant le développement des performance motrices grâce
à la mise en place de stratégies personnalisées. 21 Approche d’enseignement et de rééducation de la graphomotricité permettant le développement des
compétences en écriture.
43
les réponses motrices de l’enfant et de mettre en place des stratégies adaptées dans le
quotidien. Alors que l’approche est plutôt centrée sur l’adaptation de l’environnement. Chez les
enfants TDAH avec des troubles sensoriels, on retrouve l’aménagement de l’environnement de
travail, de son emplacement dans la classe, la mise en en place d’outils et de stratégies, lors
d’une activité, permettant de réguler le mouvement et d’atténuer les stimuli sensoriels. Pour
l’ensemble des ergothérapeutes, ces deux pratiques sont indissociables dans la prise en soin des
enfants TDAH. L’IS va ainsi permettre d’améliorer l’environnement de l’enfant, tout en prenant
en soin ses troubles. Les ergothérapeutes utilisent d’autres pratiques thérapeutiques qui
peuvent renforcer la prise en soin de l’enfant et intervenir sur certains troubles en particulier.
Cependant, l’intégration sensorielle présente également quelques limites, avec notamment le
financement pour les parents et l’ergothérapeute, le manque de régularité des séances,
l’implication des parents, et surtout le manque de reconnaissance des troubles et de l’IS.
3.2.4. La collaboration avec l’entourage
3.2.4.1. L’intérêt de cette collaboration pour l’enfant.
La collaboration entre l’ergothérapeute, la famille, et l’enseignant est un élément clé
dans la prise en soin de l’enfant TDAH. En effet, E2 explique qu’elle est « importante dès que l’on
rencontre l’enfant, pour recueillir les informations. Déjà savoir comment ça se passe à l’école, ça
va nous amener plein d’infos parce que l’on a déjà l’écho de la maison, mais c’est bien d’avoir les
deux échos. Ça va permettre également d’adapter son environnement, à la fois matériel et
humain, et permettre de respecter ses besoins. Ça va lui permettre de mieux rentrer dans les
apprentissages et de mieux développer ses capacités ». E4 évoque également l’importance de la
collaboration pour le recueil d’informations. Par ailleurs, E1 la qualifie de « indispensable pour
transposer les acquis et continuer à encourager les efforts réalisés. ». Tout comme E2 et E3 qui
parlent « de transposer les acquis qu’il peut avoir fait en séance, réussir à les transposer dans
son environnement, ou dans ses environnements », « ça peut être aussi de compléter la
rééducation » (E2).
3.2.4.2. L’ergothérapeute et l’entourage
Collaboration avec la famille
La collaboration avec la famille est un facteur essentiel. E1 explique qu’elle s’organise à
travers « beaucoup de transmissions, de participations aux séances. », mais aussi « en faisant
des points réguliers par téléphone ou mail. En faisant participer les parents aux séances pour
44
que cela soit concret pour eux. En prêtant du matériel pour qu'ils puissent essayer et faire un
retour. ». E2 précise également « Avec la famille ça va, il y a quand même pas mal d’échanges
possibles ». Quant à la continuité des soins, chacune dit « mettre en place des activités à la
maison qui vont compléter un petit peu. Même si les parents ne sont pas sensibilisés beaucoup,
il y en a qui vont réussir plus au moins à bien comprendre l’approche » (E2). Cependant, E2
précise « avant de mettre en place des activités à la maison, c’est de savoir combien de temps
les parents peuvent réellement y accorder ». De plus, les parents vont avoir un rôle important à
jouer. E3 explique « nous on mise énormément sur la famille, sur les parents. Et s’ils ne sont pas
parties prenantes, on sait très bien que la prise en charge ne va pas du tout évoluer de la même
manière. », ainsi que «[l’investissement des parents] ça dépend de la compréhension des
troubles ». E1 rajoute « Cela dépend du lieu d'intervention, si c'est une prise en charge au cabinet
les parents ont un grand rôle d'intermédiaire auprès des enseignants. ».
La collaboration avec les enseignants
Contrairement à la collaboration avec les parents, celle avec les enseignants est
beaucoup plus complexe. E1, E2 et E4 expliquent « ça dépend de l’enseignant sur qui on tombe,
on a des enseignants qui vont être hyper impliqués et qui vont vraiment mettre en place
beaucoup de choses. Et à l’inverse, on a des enseignants qui n’ont pas envie, qui n’ont pas ce
niveau d’implication là, qui n’ont pas envie forcément de mettre en place des choses pour un seul
élève » (E2). E4 précise « Ils ne sont pas réticents à recevoir des informations sur les troubles, et
tester des adaptations, mais on a peu de retour par rapport à ça, sauf dans les classes
spécialisées. ». E3 affirme que « les profs ne mettent pas beaucoup de choses en place » et « qu’il
n’y a pas encore une bonne compréhension ». Néanmoins, E2 évoque que « l’école est très
importante en amont pour le recueil d’informations.» Par ailleurs, la collaboration avec les
enseignants a lieu de différentes manières. E2 explique qu’ « avec l'école, quand la prise en
charge se fait au cabinet, c'est plus difficile. Donc c'est hyper important de prendre le temps et
ne serait-ce que déjà d'avoir des échanges téléphoniques avec eux et d'être présent aux réunions
ESS22 quand il y en a. Après les réunions ESS, généralement, c'est qu'une par an. Donc quand il y
a des situations problématiques, on essaie de demander à faire des réunions plus souvent.». E3
aborde également les « réunions ESS », et elle intervient à l’école pour « l’expliquer au prof pour
que les troubles soient mieux compris ». Comme E3, E4 intervient également à l’école et elle
« demande aussi l'accord de l’enseignant pour des essais ». Cependant, pour les interventions à
l’école, E2 précise « c’est assez intrusif d’avoir quelqu’un qui n’appartient pas à l’Education
22 Equipe de Suivi de la Scolarisation
45
Nationale et qui vient leur donner des conseils. Non, c’est très délicat de réussir à collaborer avec
eux », « Je pense que l’Education Nationale est assez fermée ».
Intervention d’informations auprès de l’entourage
L’information de l’entourage sur le handicap de leur enfant est essentielle pour une
bonne collaboration. E2 effectue plusieurs interventions auprès des parents et de l’école
pour « expliquer un petit peu ce qu’est l’intégration sensorielle, les troubles de l’intégration
sensorielle, pourquoi ça serait bien d’intervenir sur cette sphère-là. ». Elle précise « Auprès de
l’école, c’est plus compliqué. Du coup, je profite des réunions ESS pour expliquer comment
j’interviens et à quoi ça sert. Après, je n’aimerais pas que sur la problématique sensorielle, sur
plein de sujets, il faudrait pouvoir prendre le temps d’intervenir dans les écoles et présenter aux
enseignants certains handicaps et les aménagements que l’on pourrait mettre en place. […] je
n’ai aucune école qui m’a relancé pour mettre en place des actions comme celles-là.». Elle est
également « intervenue auprès d’une association, qui accompagne plutôt des familles avec des
enfants TSA [trouble du spectre autistique], mais dedans, il y a aussi quelques enfants TDAH. […].
En fait, ils organisent des réunions, tous les mois, avec une dizaine de personnes. C’était une
réunion avec des parents plutôt et avec quelques professionnels. ». E3 mentionne «Avec les
parents, je fais déjà pas mal de choses, des réunions d’infos. » et elle précise « j’ai de moins en
moins de profs qui me regardent avec des gros yeux lors des réunions ESS. ». Durant la période
de confinement, elle explique « je fais énormément de vidéos que j’ai publié sur les réseaux
sociaux, que j’ai publié sur une chaine YouTube du coup, pour aider les parents et leur donner
des idées. ». E4 mène également « des interventions auprès des parents et des AVS, sous formes
d’échanges d’informations verbales, la mise en place d’un livret du Canada et l’essai d’outils ».
La collaboration avec l’entourage de l’enfant est indispensable pour sa prise en soin. En
effet, celle-ci permet de recueillir des informations, de transposer les acquis et de favoriser la
continuité des soins. Les parents semblent assez investis dans cette prise en soin, étant donné
qu’ils en sont les demandeurs. La collaboration avec les parents s’organise sous forme de
transmissions verbales, d’échanges téléphoniques ou par mails, de réunions d’informations et
de participation aux séances. Leur investissement peut influencer le déroulement de la prise en
soin. C’est pourquoi, il est important que les parents comprennent les troubles de leurs enfants,
pour pouvoir transposer les acquis dans le quotidien de l’enfant, améliorer son environnement
et mettre en place des activités adaptées à ses troubles. De nombreuses sources d’informations
sont donc mises en place par l’ergothérapeute afin de faciliter la collaboration.
L’ergothérapeute a un rôle important dans l’explication des troubles auprès des parents et des
46
enseignants. Il doit également proposer des activités à la maison, en sachant le temps que les
parents peuvent y consacrer, afin de faciliter la continuité des soins à la maison. Par ailleurs, la
collaboration avec les enseignants est très variable. Celle-ci dépend de chacun. Les enseignants
semblent peu informés et peu demandeurs d’explications sur les troubles. Les préconisations et
les adaptations proposées par l’ergothérapeute ne sont pas toujours mises en place. La
collaboration avec eux passe, tout d’abord, par l’explication des troubles lors des réunions ou
des échanges, et par la mise en place d’adaptation. Les ergothérapeutes interrogées évoquent
une sorte de remise en question des enseignants lors de leurs interventions à l’école, alors que
les deux métiers sont très complémentaires dans la prise en soin de l’enfant. En effet,
l’enseignant possède un rôle important pour recueillir les informations sur les difficultés
rencontrées à l’école, mais aussi pour réfléchir ensemble sur les adaptations possibles.
3.2.4.3. Les limites de la collaboration
Face aux limites de la collaboration, E1 aborde un « déni de la famille ou d’un refus
d’aménagement de la part des enseignants ». Elle précise « Tout dépend de l'accord et de la
motivation des interlocuteurs. Parfois on se retrouve confronté à un vrai mur. ». Ceci rejoint le
récit des autres ergothérapeutes « c’est très cloisonné. Ils ne nous prennent pas comme
partenaire sur lequel s'appuyer pour adapter. Ils ne connaissent pas suffisamment la profession,
la problématique.» (E4). E4 souligne « Il est difficile de mettre en place une routine, de l'inclure
dans la journée de l’enfant ». E2 évoque « la question de l’adhésion, de l’implication des
personnes dans leur rééducation ». E3 explique « les profs comprennent mal, ou qu’il y a peu de
moyens pour appliquer les préconisations. ». Par ailleurs, des limites rejoignent celles de l’IS avec
« les contraintes de temps et d’argents » (E2) et « Pour les parents, c’est plus le manque de
temps. Ils sont dépassés. Pour les enseignants, c’est un peu pareil en fait. C’est souvent le
manque de temps et le fait qu’ils soient dans l’urgence de gérer les autres élèves » (E3). Il y a
également la connaissance des troubles évoquées par E2 « les troubles sensoriels on en parle
peu, ce n’est pas quelques choses de connus. La plupart des médecins ne les prenaient pas
forcément en compte. ». Enfin, E3 explique « Parfois on s’oppose à des choses…on rentre dans
l’intimité de la famille en fait et c’est compliqué ».
La collaboration est donc limitée sur plusieurs points. L’investissement de l’entourage
est primordial pour la prise en soin et l’amélioration du quotidien et de l’environnement de
l’enfant. Cependant, des contraintes de temps et d’argent peuvent être un frein à
l’accompagnement en IS. De plus, cette pratique ainsi que les troubles sensoriels ne sont pas
encore reconnus par les professionnels, et donc ils ne sont pas beaucoup évoqués aux parents.
47
Enfin, les activités proposées à domicile, les conseils et les préconisations de l’ergothérapeute
peuvent paraitre intrusif au sein de la famille de l’enfant.
3.2.4.4. Les pistes d’amélioration
Les ergothérapeutes interrogées proposent plusieurs améliorations de la collaboration.
E1 mentionne « une question de temps, de mise en confiance. C'est un travail qui demande du
temps et de l'investissement. ». E2 aborde également cette idée de relation de confiance « rien
que le fait de venir les écouter, d’avoir leur ressenti, et de partir de ce que eux observent dans
leur classe, déjà je pense que rien que ça, c’est aidant et indispensable. Après, dans l’attitude que
l’on a avec eux, c’est vraiment d’être dans l’idée de se présenter en disant que notre profession
fait que l’on est habilité à conseiller des aménagements scolaires, mais que l’on n’est pas là pour
juger, remettre en question…on est juste deux métiers qui sont complémentaires. ». E3 évoque
l’idée d’une « ergothérapeute dans chaque école ». Elle ajoute qu’il « faudrait réellement que je
leur fasse un planning avec la fréquence et des petites fiches que je peux leur donner, mais je ne
veux pas non plus trop les confronter à quelque chose qui soit trop rigoureux, pour ne pas qu’ils
se sentent mal ». Elle propose également « les stages intensifs, c’est-à-dire de voir les enfants
pendant une semaine tous les jours et de voir ce que ça change ». Pour recueillir l’avis des
parents, E3 a « fait un questionnaire de satisfaction. »
Le discours des ergothérapeutes est assez similaire. Beaucoup d’interventions pour
informer les enseignants et les parents ont été mises en place. L’élément principal au sein de
cette collaboration est la création d’une relation de confiance. Celle-ci est importante pour
faciliter les échanges, transmettre le savoir et les informations de chacun, et éviter les remises
en question de la part des enseignants et des parents. La mise en place d’outils auprès des
parents et des enseignants, ainsi que la multiplication des ergothérapeutes dans les écoles
peuvent améliorer cette collaboration et la connaissance des troubles.
48
4. Discussion
4.1. Conclusion de l’enquête
L’objectif de ce travail de recherche était de montrer l’importance de la collaboration en IS,
entre l’ergothérapeute et l’entourage d’un enfant TDAH, afin d’améliorer l’environnement
quotidien d’un enfant TDAH présentant une hyperréactivité sensorielle.
Pour cela, un travail d’initiation à la démarche de recherche a commencé par des recherches
littéraires permettant d’élaborer un cadre conceptuel, puis une enquête a été réalisée auprès
d’ergothérapeutes formées en IS.
Tout d’abord, le cadre conceptuel a permis de mettre en évidence les répercussions que
peut avoir l’environnement, à la fois scolaire, social et familial, sur un enfant TDAH. Il influence
le comportement de l’enfant au quotidien, c’est-à-dire son irritabilité, son attention et sa
concentration. Il peut également altérer l’estime de soi, sa relation avec autrui et ses
apprentissages, entrainant souvent un manque de participation dans les activités. L’enquête
auprès des ergothérapeutes semble valider et détailler ces informations. Elle démontre les
conséquences multiples du TDAH au niveau cognitif, sensoriel, émotionnel et moteur. Le
manque d’attention et de concentration d’un enfant TDAH, et les nombreux stimuli de
l’environnement scolaire participent à son retard dans les apprentissages. De plus, à cause de la
stigmatisation, du rejet et du comportement parfois violent, des enfants TDAH auprès de ses
camarades, cela entraine également des difficultés d’interactions sociales. Le manque de
connaissances des troubles et l’implication des parents et des enseignants peuvent également
être un frein dans la continuité des soins et dans l’accompagnement du handicap de l’enfant.
Ensuite, la recherche met également en avant les différents troubles sensoriels associés au
TDAH. Rappelons que, nous avions expliqué dans le cadre théorique que le TDAH et
l’hyperréactivité sensorielle présentent de nombreuses similitudes (MILLER, NIELSEN et
SCHOEN, 2012). En effet, les enfants TDAH avec une hyperréactivité sensorielle possèdent
souvent des difficultés au niveau du système vestibulaire, visuel, auditif et tactile (DIONNE-
DOSTIE et al., 2015), et notamment dans le traitement des stimuli tactiles (GHANIZADEH, 2011).
Néanmoins, l’enquête a également révélé que les profils sensoriels des enfants TDAH étaient
variables et non précis. Selon E3, un enfant TDAH ne peut présenter un seul TTIS. Ainsi, les profils
sensoriels les plus courants chez les enfants TDAH sont les difficultés de filtrage, de régulation,
d’hyperréactivité sensorielle et de recherche de stimulation.
49
Par ailleurs, la partie théorique apporte des informations importantes sur l’intérêt de l’IS
chez les enfants TDAH. Le sens vestibulaire et proprioceptif sont les principaux sens du
mouvement et jouent donc un rôle important chez les enfants TDAH. C’est pourquoi, les
ergothérapeutes interrogées misent beaucoup sur la stimulation de ces sens, en IS. De plus,
rappelons que dans le cadre théorique, l’intégration sensorielle est définie selon la thérapie et
l’approche. La thérapie consiste à traiter un trouble sensoriel, en développant les capacités
d’intégration sensorielle, afin de créer des réponses adaptées. La thérapie est une pratique
centrée sur l’enfant et sa performance occupationnelle. Les activités en IS doivent être
signifiantes pour que l’enfant soit engagé dans la thérapie. Tandis que, l’approche consiste à
mettre en place des stratégies de compensations et donc d’adapter l’environnement. Lors de
l’enquête, E2 et E3 avaient précisé que l’intégration sensorielle est une rééducation
sensorimotrice active et qu’elles laissaient le choix de l’activité à l’enfant pour ensuite l’adapter.
De plus, la thérapie et l’approche semblent être indissociables l’une de l’autre. Elles ont une
importance capitale dans la prise en soin d’un enfant TDAH, à la fois pour développer ses
capacités d’intégration sensorielle, mais également pour améliorer et adapter l’environnement
de l’enfant.
Enfin, le cadre conceptuel montre la nécessité de la collaboration entre l’ergothérapeute, la
famille et l’enseignant. Cette collaboration s’appuie sur une relation de confiance et un
investissement mutuel. Elle est essentielle en IS, puisque cette pratique s’appuie sur une
continuité des soins et la mise en place de stratégies dans le quotidien de l’enfant. Les
ergothérapeutes mettent également en évidence l’importance de cette collaboration. Elles
évoquent le manque de régularité dans les séances et la nécessité de continuer les soins à
domicile. La connaissance et la compréhension des troubles par les parents sont donc des
facteurs essentiels dans la prise en soin de l’enfant. Cela nécessite d’informer au maximum
l’entourage de l’enfant et de mettre en place des outils qui vont faciliter la continuité des soins.
Cependant, cette collaboration est variable en fonction de l’investissement de chacun et du
contexte familial. Le respect de la systémie familiale par l’ergothérapeute est donc primordial.
La collaboration avec les enseignants semble plus difficile à mettre en œuvre. Les enseignants
ont pourtant un rôle important sur l’aménagement de l’environnement scolaire et le partage
d’informations. Leur manque de compréhension des troubles et de notre métier, et leur manque
d’investissement influencent considérablement la prise en soin. L’amélioration de cette
collaboration, selon les ergothérapeutes, passe par la création d’une relation de confiance, la
mise en place d’outils et l’amélioration des connaissances sur les troubles et l’IS.
50
Pour conclure, les notions abordées dans la partie conceptuelle sont également retrouvées
dans les entretiens réalisés auprès des ergothérapeutes. La collaboration en intégration
sensorielle avec l’entourage est élément essentiel qui permet la continuité de la prise en soin
d’un enfant TDAH dans son quotidien. Elle est aussi indispensable pour améliorer
l’environnement global de l’enfant. Cependant, l’investissement des parents et des enseignants
est très variable, et influence énormément le déroulement de cette prise en soin, et la mise en
place de compensation dans son quotidien.
4.2. Confrontation aux hypothèses
L’enquête de terrain porte uniquement sur quatre entretiens avec des ergothérapeutes
formées en IS. Cela représente une proportion trop faible et non représentative de la
population. Afin d’obtenir davantage de données, il serait nécessaire de poursuivre cette étude.
Cependant, ce travail d’initiation à la recherche m’a quand même permis de formuler des
réponses partielles à mes hypothèses.
Hypothèse 1 : L’éducation de l’entourage de l’enfant, sous forme d’ateliers ou de réunion, à
l’intégration sensorielle permettrait de les informer sur les troubles de l’enfant, sur les principes
de la thérapie et de les guider dans les solutions à mettre en place. Ils pourront ainsi créer un
environnement adapté, collaborer entre eux et utiliser leur connaissance afin d’améliorer le
quotidien de l’enfant.
Plusieurs témoignages ont révélé l’importance de l’éducation de l’entourage de l’enfant
TDAH à l’intégration sensorielle et aux troubles de celui-ci. En effet, les troubles sensoriels et
l’intégration sensorielle sont la plupart du temps méconnus des parents et des enseignants, et
peu reconnus par les professionnels de santé. La connaissance des troubles et de cette pratique
pour les parents et les enseignants semblent indispensables pour permettre l’accompagnement
en IS de l’enfant TDAH. Les ergothérapeutes permettent ce partage d’informations, grâce à des
réunions, des explications individuelles, ou en favorisant la participation des parents aux
séances. Elles interviennent dans les écoles pour expliquer leur pratique, les troubles sensoriels
et les adaptations qui peuvent être mises en place, aux enseignants. Ces connaissances vont
ainsi permettre aux parents de mieux comprendre les activités à instaurer à la maison, afin de
venir compléter la rééducation. Ils vont également mieux s’investir dans le processus de soin de
l’enfant, en installant plus facilement les adaptations demandées. Elles mettent également à
disposition des outils divers, comme des vidéos ou des livrets, permettant aux parents de mieux
51
reproduire les activités au domicile. Cependant, il peut être compliqué pour certains parents qui
ne sont pas totalement investis dans cette prise en soin de comprendre les bénéfices. La
thérapie en IS peut être difficile à appliquer pour les parents. Ce ne sont pas des professionnels
de santé, ils n’ont parfois pas le temps et pas l’énergie de transposer la thérapie en IS dans le
quotidien de l’enfant. Une ergothérapeute explique que cela peut paraitre intrusif au sein de la
famille et parfois créer un sentiment de culpabilisation de la part des parents. Le respect du
cadre familial est donc important à prendre en compte. Par ailleurs, l’information des
enseignants semble compliquée. Cela demande une volonté de la part des enseignants de
connaitre les troubles et les handicaps des enfants pour pouvoir comprendre les adaptations
proposées par l’ergothérapeute. Ces connaissances vont leur permettre d’échanger plus
facilement avec l’ergothérapeute, et de réfléchir ensemble sur l’amélioration de
l’environnement scolaire d’un enfant TDAH. Néanmoins, souvent, les enseignants sont peu
demandeurs de recevoir des informations et d’assister aux réunions proposées. Cela dépend de
chaque enseignant, de leur formation, et du temps qu’ils peuvent y consacrer. Ils ne
comprennent pas forcément l’ensemble des explications sur les troubles. Ceci peut donc altérer
la mise en place des aménagements scolaires et leur utilisation.
Hypothèse 2 :
L’amélioration de la collaboration entre l’ergothérapeute, les parents et les enseignants semble
essentielle, tout comme l’alliance de la thérapie et de l’approche en IS. Celles-ci vont permettre
de créer un environnement adapté propre à l’enfant lui permettant de maintenir son attention
et de gérer ses sensations pour favoriser ses apprentissages.
L’alliance de la thérapie et de l’approche en IS est évidente pour l’ensemble des
ergothérapeutes. Cependant, cela dépend du profil de chaque enfant. La thérapie est ainsi
considérée comme la rééducation, alors que l’approche représente la réadaptation. Elles sont
essentielles dans le processus de soin de l’enfant et pour améliorer son environnement. Cela va
permettre de réguler les capacités d’intégration sensorielle, tout en mettant en place des outils
et des stratégies de compensations. L’IS, grâce à l’approche et à la thérapie, va permettre de
faciliter la transposition des acquis et l’instauration d’une routine dans le quotidien de l’enfant
TDAH. Une ergothérapeute précise qu’elle utilise principalement l’approche pour les TDAH. En
effet, l’adaptation de l’environnement va avoir un impact important sur les troubles de l’enfant
et les stimuli qu’il perçoit. Cela peut permettre d’atténuer ses troubles. Mais selon moi, il peut
être nécessaire de l’associer à la thérapie pour pouvoir retravailler les schémas neuronaux et
faire diminuer les troubles de l’enfant.
52
D’autre part, l’ensemble des ergothérapeutes est d’accord sur le fait que la collaboration
est indispensable dans la prise en soin de l’enfant TDAH. Cette collaboration s’organise avec les
parents et avec les enseignants de différentes manières. Elle dépend énormément de
l’investissement de chacun. Le parent ou l’enseignant doit être volontaire et engagé dans ce
processus de soin. S’il se sent contraint ou remis en question, la continuité du suivi et
l’aménagement de l’environnent peut en être impacté. L’investissement de la famille ou de
l’enseignant influence le processus de soin en IS. Cette collaboration semble plus facile avec les
parents. En effet, en libéral, ce sont les parents qui sont demandeurs de soin, ça ne leurs aient
pas imposés. Ils s’impliquent davantage dans la prise en soin et parfois ils possèdent déjà des
connaissances sur l’IS. Selon une ergothérapeute, il est essentiel de connaitre la capacité du
parent à s’intégrer dans la prise en soin, et le temps qu’il peut consacrer à la thérapie en IS à la
maison, avant de proposer des activités ou des adaptations. Les parents ont un rôle important
à la fois dans la thérapie et dans l’approche en IS. Cependant, une ergothérapeute explique que
la collaboration n’est pas l’enjeu principal du processus de soin, malgré son importance. Elle
pense que c’est surtout la continuité du suivi et la répétition de la thérapie en IS, qui vont
favoriser la prise en soin. Quant à la collaboration avec les enseignants, celle-ci est plus
compliqué. L’enseignant va jouer un rôle principalement dans l’approche en IS. En effet, en
fonction de son investissement, l’enseignant et l’ergothérapeute peuvent réfléchir ensemble sur
des outils ou des stratégies qui peuvent être installer à l’école. Néanmoins, les enseignants
restent assez fermés sur cette idée de collaboration. Une ergothérapeute évoque le sentiment
de remise en question de leur pratique professionnelle, lors des interventions à l’école. C’est
pourquoi, il est important de créer une relation de confiance avec l’enseignant mais également
avec les parents, pour qu’ils se sentent investis, écoutés et indispensables dans le processus de
soin.
4.3. Limites de mon mémoire
Ce thème de l’intégration sensorielle est pour moi un aspect essentiel du développement
de l’enfant. Pourtant, il est encore peu évoqué et peu reconnu par les professionnels de santé.
Cette pratique n’est pas beaucoup associée au TDAH. En effet, la plupart des articles associés à
cette pratique concerne les troubles du spectre autistique. J’ai parfois eu des difficultés à trouver
des articles associant le TDAH, l’intégration sensorielle et les troubles sensoriels.
Pour mon sujet de mémoire, je me suis principalement intéressée à l’hyperréactivité
sensorielle chez les enfants TDAH. Cependant, au cours des entretiens, je me suis aperçue qu’un
enfant TDAH n’allait pas seulement avoir un seul trouble sensoriel précisément, cela varie selon
53
chaque enfant. J’ai donc abordé cette partie-là dans mon cadre d’analyse, mais j’ai quand même
conservé le développement sur l’hyperréactivité sensorielle dans mon cadre théorique.
De plus, à cause du contexte de la crise sanitaire, il m’a été très difficile de trouver des
ergothérapeutes, formées en IS, disponibles pour mon enquête de terrain. J’ai contacté plus
d’une trentaine d’ergothérapeutes dans toute la France, et j’ai publié plusieurs messages via les
réseaux sociaux sur les groupes concernés par mon sujet. La plupart des réponses étaient
négatives à cause du manque de temps, de la garde de leurs enfants, ou parce qu’elles ne
suivaient pas d’enfants TDAH en IS. J’ai commencé à proposer aux ergothérapeutes d’échanger
par mail pour avoir au moins quelques informations. J’ai eu deux réponses positives pour un
échange par mail, et deux autres pour un entretien téléphonique. Cependant, les conditions de
réalisations des entretiens étaient également compliquées. Les entretiens par mail
m’obligeaient à poser des questions orientées, ce qui a pu influencer les réponses des personnes
interrogées. Les ergothérapeutes développaient beaucoup moins leurs idées et interprétaient
parfois différemment la question. Malgré des questions de relances par rapport à leurs
réponses, je n’ai eu aucune autre réponse de leur part. Un des entretiens téléphoniques était
également difficile. L’ergothérapeute devait s’occuper de ses enfants, elle n’avait pas beaucoup
de temps donc l’entretien a été coupé plusieurs fois. J’ai dû m’adapter, je n’ai pas pu rebondir
sur certaines réponses, pour pouvoir avoir le temps de lui poser toutes mes questions.
Par ailleurs, je devais recueillir des informations auprès des parents, grâce au questionnaire
que j’ai réalisé. Je l’ai mis en ligne via les réseaux sociaux sur plusieurs groupes de parents
d’enfants TDAH, je l’ai envoyé à certaines ergothérapeutes pour qu’elles puissent le transmettre
à leur tour. Cependant, je n’ai obtenu aucune réponse de leur part. Je pense qu’avec la crise
sanitaire, les parents n’avaient pas le temps de consacrer du temps pour mon questionnaire.
Cela m’aurait permis de croiser les points de vue des ergothérapeutes et des parents des enfants
TDAH, et de recueillir les difficultés que rencontrent les parents au quotidien.
4.4. Pistes de réflexion
Lors de mes recherches et des entretiens réalisés auprès des ergothérapeutes, plusieurs
pistes de réflexion m’ont semblée intéressantes.
Tout d’abord, je pense qu’il serait important de recueillir l’avis des enseignants sur la
collaboration avec les ergothérapeutes. J’avais hésité à l’intégrer dans ma méthode de
recherche, mais je préférais cibler davantage l’entourage familial de l’enfant, étant les
principaux concernés en IS. Cependant, grâce aux témoignages des ergothérapeutes, je me suis
54
aperçue que la collaboration avec les enseignants était beaucoup plus difficile que celle des
parents. Un entretien m’aurait permis de recueillir leur avis sur leur vision de l’ergothérapie,
leur connaissance face au TDAH et aux troubles sensoriels, leur gestion d’un enfant présentant
un handicap, et leur relation avec les parents et l’enfant.
Ensuite, dans mon cadre théorique, j’ai développé les aménagements scolaires, et
notamment les classes flexibles. Celles-ci sont peu connues et pourtant elles offrent une tout
autre vision de l’enseignement. Elles favorisent la mobilité, la concentration et les
apprentissages. Son aménagement est totalement différent d’une classe normale. Une
ergothérapeute a également évoqué la collaboration avec les enseignants dans les classes
spécialisées. Il serait donc intéressant de comparer l’enseignement d’une classe normale et
d’une classe flexible, de recueillir l’avis des enseignants et de rechercher l’intérêt que cette
classe peut avoir sur un enfant TDAH, au niveau des stimulations.
Enfin, j’ai effectué un entretien avec une ergothérapeute formée pour les réflexes
archaïques. Elle a évoqué l’impact que ces réflexes peuvent avoir sur un enfant TDAH et elle
m’en a cité un exemple. Les réflexes peuvent ainsi influencer la motricité de l’enfant et générer
des mouvements incontrôlés. Ils jouent un rôle important dans le développement
sensorimoteur de l’enfant et dans la réalisation de mouvement volontaire. Comme l’IS, ils
s’appuient sur un processus d’intégration au niveau du système nerveux central (Anon, s. d.).
Cette pratique semble totalement s’intégrer dans la prise en soin des enfants TDAH, ainsi qu’en
IS. Elle permet de s’intéresser directement à la cause et d’apporter des solutions à l’apparition
d’un trouble. Il serait intéressant d’analyser l’intérêt des réflexes archaïques en IS. Ainsi,
l’association entre l’IS et les réflexes archaïques peut-elle favoriser la prise en soin ? Quel impact
cette méthode a sur le comportement d’un enfant TDAH ?
55
Conclusion
L’objectif de travail d’Initiation à la Recherche en Ergothérapie était de montrer
l’importance de la collaboration avec l’entourage d’un enfant TDAH, afin d’améliorer son
environnement.
Tout d’abord, la recherche documentaire a permis de définir et développer plusieurs
concepts, tels que : l’intégration sensorielle, le TDAH et son environnement, et la collaboration.
Ensuite, une étude qualitative réalisée, sous forme d’entretiens semi-directifs a permis
d’apporter une vision de la pratique de terrain, et de recueillir des informations venant
alimenter la recherche théorique. Celle-ci a révélé les répercussions que l’environnement,
notamment scolaire, peut avoir sur les troubles de l’enfant et son développement. Elle a
également mis en évidence l’importance de la collaboration dans la continuité des soins et dans
l’aménagement de l’environnement d’un enfant TDAH. Cette collaboration auprès des parents
et des enseignants semble indispensable dans la prise en soin en intégration sensorielle. Les
parents et les enseignants ont un rôle majeur dans le développement de l’enfant. Ils
interviennent dans ses occupations et ses apprentissages. Ils connaissent ses capacités et ses
difficultés. Ils sont donc les principales sources d’informations pour l’ergothérapeute. C’est
pourquoi, cette collaboration s’appuie principalement sur l’éducation de l’entourage afin de les
informer sur la mise en place de compensation et sur les troubles sensoriels. Cependant, cette
collaboration semble plus facile à mettre en œuvre avec la famille qu’avec le cadre enseignant.
Enfin, cette étude dévoile la nécessité d’associer la thérapie et l’approche en intégration
sensorielle, afin de favoriser l’intégration de l’entourage dans cette prise en soin, pour adapter
l’environnement de l’enfant.
L’élaboration de ce mémoire m’a permis de me confronter à la démarche de recherche
scientifique et d’approfondir mes connaissances concernant le TDAH, la collaboration,
l’intervention ergothérapique en IS et l’impact de l’environnement sur le développement d’un
enfant. Ce travail a suscité de nombreux questionnements qui me paraissent essentiels dans la
pratique professionnelle d’un ergothérapeute.
Pour finir, il m’a permis de réfléchir sur ma future pratique professionnelle. Il m’a
conforté dans mon souhait de travailler dans le milieu pédiatrique, et d’envisager une éventuelle
formation à l’IS.
56
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Annexe
Annexe 1 : Pyramide des apprentissages de Williams et Shellenberger. Tirée de l’article de
D.Dechambre (2010) (LEHERISSIER, 2018, p 57) ........................................................................... I
Annexe 2 : Classification diagnostique. Traduit librement de Miller, Azalone, Cermak &
Osten, 2007. (RAY-KAESER et DUFOUR, 2013, p 14) .................................................................... I
Annexe 3 : Modèle PEOP (traduction libre, d’après Baum, Christiansen, & Bass, 2015, p 54)
(MOREL-BRACQ, 2017, p 65) ........................................................................................................ II
Annexe 4 : Guide d'entretien ....................................................................................................... II
Annexe 5 : Questionnaire ........................................................................................................... VII
Annexe 6 : Entretien ergothérapeute E1 (mail) ........................................................................ XII
Annexe 7 : Entretien ergothérapeute E2 (téléphonique) ........................................................ XVI
Annexe 8 : Entretien ergothérapeute E3 (téléphonique) ..................................................... XXVII
Annexe 9 : Entretien ergothérapeute E4 (mail) .................................................................... XXXV
Annexe 10 : Grille d'analyse des entretiens ......................................................................... XXXIX
I
Annexe 1 : Pyramide des apprentissages de Williams et Shellenberger. Tirée de l’article de D.Dechambre (2010) (LEHERISSIER, 2018, p 57)
Annexe 2 : Classification diagnostique. Traduit librement de Miller, Azalone, Cermak & Osten, 2007. (RAY-KAESER et DUFOUR, 2013, p 14)
II
Annexe 3 : Modèle PEOP (traduction libre, d’après Baum, Christiansen, & Bass, 2015, p 54) (MOREL-BRACQ, 2017, p 65)
Annexe 4 : Guide d'entretien
Question Ce que je souhaite savoir
Indicateurs
Pratique professionnelle
auprès des enfants TDAH
Pouvez-vous me présenter votre parcours professionnel ? Quel est votre parcours dans l’intégration sensorielle ? Reformulation : Depuis combien de temps êtes-vous diplômé ? Quand avez-vous été formée à l’IS ? Depuis combien de temps l’exercez-vous ? Pourquoi avoir choisi l’IS ?
Depuis combien de temps elle est diplômée Parcours de travail Structure de travail actuelle Population suivie Raison de sa formation en IS
Formation Public
Pouvez-vous me parlez de vos interventions auprès des enfants TDAH ?
Déroulement des séances
Environnement Activités signifiantes Objectifs
III
Reformulation : Suivez-vous beaucoup d’enfants TDAH ? Comment se déroule vos interventions avec les enfants TDAH ?
Lieu d’intervention, aménagement de l’espace Utilisation de l’IS avec les enfants TDAH Objectifs d’accompagnements
Conseils et techniques
En quoi l’environnement humain et matériel peut-il impacter la situation de handicap de l’enfant TDAH ? Reformulation : Comment l’environnement (familial, scolaire et matériel) peut-il engendrer une situation de handicap chez les enfants TDAH ?
Facteurs facilitateurs et obstacles Principales situations de handicap rencontrées par l’enfant TDAH Conséquences de cette situation de handicap chez l’enfant.
Environnement Obstacles Facilitateur Conséquences
Quel est l’intérêt de l’intégration sensorielle chez les enfants TDAH ? Reformulation : Comment l’intégration sensorielle peut-elle améliorée les situations de handicap rencontrées chez un enfant TDAH ? Quelles sont les limites de cette méthode ?
Importance de la stimulation sensorielle, du jeu, de l’environnement. Efficacité de l’IS Limites de l’IS
Intégration sensorielle Intérêt Efficacité Limites
Associez-vous l’intégration sensorielle à d’autres pratiques thérapeutiques ? Si oui, lesquelles et de quelle manière ? Si non, pourquoi ne pas utiliser d’autres méthodes ? Reformulation : L’intégration sensorielle peut-elle être associée à
Méthode CO-OP, bottum up, top down Objectifs d’utiliser une autre méthode, l’apport de celle-ci, pourquoi l’utiliser et les limites
Pratiques ergothérapiques
IV
d’autres méthodes thérapeutiques ?
Pouvez-vous me parler de la thérapie et de l’approche en IS ? Reformulation : Quels sont les objectifs de la thérapie et de l’approche en IS ? En quoi sont-elles différentes ?
Principe de la thérapie et de l’approche. Laquelle utilisée en fonction de quel cas ? Les objectifs et les différences de chaque pratique
Intégration sensorielle Approche et thérapie en IS
Combinez-vous ces deux pratiques lors de la prise en soin d’un enfant TDAH ? Quel est l’intérêt ? Reformulation : Associez-vous l’approche et la thérapie en IS lors de la prise en soin avec un enfant TDAH ou bien les deux pratiques doivent être bien distinctes ?
Si oui : Pourquoi les associer, quels sont les bénéfices, Intérêt Si non, pourquoi ne pas le faire ?
Intégration sensorielle Approche et thérapie en IS
Troubles sensorielles :
hyperréactivité sensorielle
Quels troubles du traitement de l’information sensorielle sont majoritairement retrouvés chez les enfants TDAH que vous suivez ?
Différents profils associés au TDAH
Troubles sensoriels associés Hyperréactivité sensorielle
Comment l’hyperréactivité sensorielle se traduit-elle au quotidien ? Quels sont les répercussions dans le quotidien de l’enfant ? Reformulation : Quel est l’impact de l’hyperréactivité dans le quotidien de l’enfant (sur son comportement, la relation avec autrui, son développement) ?
Impact dans le quotidien de l’enfant, sur son environnement familial et scolaire, son développement, son comportement
Hyperréactivité sensorielle Conséquences Environnement
V
Comment l’ergothérapeute va-t-il intervenir face aux difficultés d’apprentissages scolaires et au manque d’habiletés sociales de l’enfant ? Reformulation : Quel est le rôle de l’ergothérapeute dans l’accompagnement des apprentissages scolaires et le développement des habiletés sociales de l’enfant TDAH avec une hyperréactivité sensorielle ?
Rôle de l’ergo Objectifs thérapeutiques Moyens mis en place
Ergothérapie Objectifs Moyens Estime de soi Relation avec autrui Participation sociale
Collaboration avec la famille
et les enseignants
Collaborez-vous avec l’entourage scolaire et familial de l’enfant ?
Oui/Non Echange Environnement Parent Enseignant
Comment s’organise la collaboration entre l’ergothérapeute avec l’enseignant et la famille ?
Manière, Forme, objet de la collaboration, relation avec la famille et les enseignants
Echange Parent Enseignant Organisation
Quelle est l’importance de cette collaboration ? Reformulation : Qu’est-ce-que cette collaboration apporte à la prise en soin de l’enfant TDAH avec une hyperréactivité sensorielle ?
Importance dans la prise en soin Impact sur la prise en soin
Collaboration Importance
Quelles sont les limites que vous rencontrez dans cette collaboration ? Reformulation : Comment cette collaboration peut être impactée ?
Limites de la collaboration Continuité dans les soins à domicile et à l’école
Collaboration Limites
Les parents sont-ils investis dans la prise en
Information des parents
Information Intégration Parents
VI
soin en intégration sensorielle ? Mettent-ils les principes évoqués en séance, à domicile ? Reformulation : Comment intégrer les parents dans la prise en soin afin de favoriser une continuité des soins à domicile ?
Principes de la collaboration Limites de la continuité des soins
Limites
Les enseignants sont-ils investis dans cette collaboration ? Quels moyens sont mis en place à l’école ? Reformulation : Comment intégrer les enseignants dans la prise en soin d’un enfant TDAH avec une hyperréactivité sensorielle ? Quels moyens scolaires peut proposer l’ergothérapeute ?
Formation des enseignants face aux enfants TDAH Moyens mis en place Collaboration entre l’ergothérapeute et l’enseignant
Collaboration Parent Enseignant Moyens Formation
Comment améliorer cette collaboration ?
Moyens qui pourraient être utilisés pour améliorer la collaboration
Collaboration Moyens
Avez-vous mené des interventions auprès des parents et des enseignants afin de les informer sur l’IS ? Si oui, de quelle manière ? Si non, pourquoi ?
Information Formations pour les enseignants/parents en IS Possibilité Limites
Parents Enseignant Information Formation Limites
VII
Annexe 5 : Questionnaire
VIII
IX
X
XI
XII
Annexe 6 : Entretien ergothérapeute E1 (mail)
Ergothérapeute E1, Moi
Pouvez-vous me présenter votre parcours professionnel ? Quel est votre parcours dans l’intégration sensorielle ? (Quand avez-vous été formée à l’IS ? Depuis combien de temps l’exercez-vous ? Pourquoi avoir choisi l’IS ?)
Je suis diplômée de l'école de Rennes depuis 2015. Je me suis tout de suite installée en
collaboration en libéral. Ma collègue avait fait le niveau 1 avec l'ANFE quelques années plus tôt
mais n'en était pas satisfaite car très théorique. J'avais eu en 3ème année un cours de 2h (en
anglais) avec Gwenaelle Roscoe. Nous avions beaucoup d'enfants avec des troubles du
comportement ou très "éteints" sans que l'on réussisse à trouver des solutions. En cherchant
une nouvelle formation, nous avons trouvé celle de Granville Santé avec Gwenaelle Roscoe
justement ce qui nous semblait très intéressant vu qu'elle s'était formée et exercée aux Etats-
Unis. Elle se fait sur 4 sessions de 3 jours, et est très concrète ce qui permet de vraiment
comprendre les concepts qui peuvent parfois paraître abstraits d'un point de vue théorique.
Nous avons fait le dernier module l'année dernière.
XIII
Pouvez-vous me parlez de vos interventions auprès des enfants TDAH ? (Suivez-vous beaucoup d’enfants TDAH ? Comment se déroule vos interventions avec eux ?
Nous avons une dizaine d'enfants TDAH avec ou sans troubles associés. Lorsque nous réalisons
le bilan initial, nous faisons automatiquement passer le profil sensoriel de Dunn ainsi que des
testings pour savoir s'il y a ou non un trouble sensoriel. Dans tous les cas, avec les enfants
TDAH, nous essayons de mettre en place des fidgets pour aider à la concentration. Nous
travaillons beaucoup également sur la prise de conscience des difficultés pour qu'ils puissent
essayer de s'autoréguler. Le point le plus difficile avec les TDAH, c'est qu'il y a une difficulté à
supporter les remarques qu'ils peuvent interpréter de manière négative et qui va les parasiter
ensuite toute la journée. Il y a également des enfants avec TDAH, qui sans traitement, n'arrive
pas à stabiliser leurs émotions. Ils ont alors tendance à accuser quelqu'un d'une situation qui
peut nous sembler tout à fait anodine. Cette hypersensibilité est vraiment à prendre en compte
dans la prise en charge si on ne veut pas qu'il y ait un refus de la prise en charge. Il y a également
souvent une sorte de déni des difficultés qui est très difficile à passer, ou à l'inverse une sorte
de bénéfice secondaire, avec comme justification à un travail non rendu ou une nonchalance ou
encore un manque de respect, qui est justifié "parce que j'ai un TDAH".
Comment l’environnement (familial, scolaire et matériel) peut-il engendrer une situation de handicap chez les enfants TDAH ?
Nous avons le cas d'une famille très protectrice avec leur enfant qui est maintenant en 3ème.
Etant donné que les remarques négatives peuvent être mal interprétées, ils ne lui en font aucune
et lui excusent tout. Il se montre donc par conséquent très immature et ne fait aucun effort pour
s'améliorer. Il ne sait par exemple toujours pas quelle matière il a à réviser pour le brevet. Mais
ce comportement crée également des difficultés au niveau de la scolarité avec un rejet de ses
pairs, par rapport à sa suffisance et non par rapport à son TDAH, mais également auprès des
professeurs qui n'arrivent donc plus à savoir si cela vient de la pathologie ou de l'éducation.
Nous avons le cas également d'un jeune qui a totalement baissé les bras au niveau scolaire parce
que le collège ne prend pas du tout en compte ses particularités. Il lui est alors très difficile de
suivre les cours, et il y a eu une grosse perte de confiance en lui.
Selon comment les parents acceptent le handicap, trop permissif, juste, ou au contraire dans le
déni et donc trop sévère, et comment l'équipe éducative met en place les aménagements, la
pathologie sera vécue de manière complètement différente par le jeune.
Quel est l’intérêt de l’intégration sensorielle chez les enfants TDAH ? Quelles sont les limites de cette méthode ?
L'IS va permettre au jeune, grâce à une diète sensorielle, de mieux gérer ses comportements
parasites. Elle va aussi l'aider à mieux s'organiser et à mettre en place des stratégies efficaces.
La limite c'est que malgré des stimulations proprioceptives et vestibulaires adaptées, cela ne
changera pas qu'il y a une hyperactivité et des troubles de l'attention. Cela va leur permettre
de gagner en autonomie pour gérer leur quotidien et mieux se contrôler mais cela n'enlèvera
pas les troubles.
XIV
Associez-vous l’intégration sensorielle à d’autres pratiques thérapeutiques ? Si oui, lesquelles et de quelle manière ? Si non, pourquoi ne pas utiliser d’autres méthodes ?
J'utilise aussi souvent la médiation équine pour travailler sur les émotions, la frustration, la régulation et la revalorisation.
Pouvez-vous me parler de la thérapie et de l’approche en IS ? Quels sont les objectifs de la thérapie et de l’approche en IS ? En quoi sont-elles différentes ?
L'approche IS va être ponctuelle par exemple une fois par semaine. Elle vise une régulation sans pour autant remonter à l'origine du trouble. Avec les TDAH on est plus dans une approche. La thérapie IS a besoin de répétition (au moins deux séances par semaine). Elle sert à retravailler sur les systèmes neuronaux pour que le trouble sensoriel diminue. C'est vraiment une rééducation alors qu'on peut voir davantage l'approche comme une réadaptation.
Associez-vous l’approche et la thérapie en IS lors de la prise en soin avec un enfant TDAH ou bien les deux pratiques doivent être bien distinctes ? Si oui, quel est l’intérêt ? Si non, pourquoi ne pas le faire ?
Les troubles du TDAH ne sont pas liés à un défaut du traitement de l'information sensorielle, en tout cas pas s'il s'agit d’un vrai TDAH. Une thérapie n'est donc pas adaptée mais, une approche avec un travail sensoriel proprioceptif ou vestibulaire peut lui permettre de mieux gérer ses difficultés au quotidien, et de maintenir son attention plus longtemps et plus facilement.
Quels troubles du traitement de l’information sensorielle sont majoritairement retrouvés chez les enfants TDAH que vous suivez ?
Si le TDAH est bien diagnostiqué, il n'y aura pas forcément de troubles sensoriels associés. Par
contre, il peut y avoir une comorbidité ou un trouble qui en résulte. Dans ce cas, il s'agit très
souvent d'une recherche intense de sensation.
Quel est l’impact de l’hyperréactivité sensorielle dans le quotidien de l’enfant (sur son comportement, la relation avec autrui, son développement) ? Je ne comprends pas ce que tu entends par hyperréactivité.
Comment l’ergothérapeute va-t-il intervenir face aux difficultés d’apprentissages scolaires et
au manque d’habiletés sociales de l’enfant TDAH avec un trouble sensoriel ?
Aucune réponse.
Collaborez-vous avec l’entourage scolaire et familial de l’enfant ?
Autant que cela est possible, car il est important de pouvoir transposer les techniques qui
fonctionnent au niveau de la régulation dans le quotidien. Malheureusement, des barrières sont
parfois présentes à cause d'un déni de la famille ou d'un refus d'aménagement de la part des
enseignants.
XV
Comment s’organise la collaboration entre l’ergothérapeute avec l’enseignant et la famille ?
Cela dépend du lieu d'intervention, si c'est une prise en charge au cabinet les parents ont un
grand rôle d'intermédiaire auprès des enseignants. Cela se travaille beaucoup au niveau du
réseau concernant les établissements. Lorsque l'on intervient régulièrement dans un collège et
que les professeurs sont ouverts, il est facile d'interagir avec eux. Au niveau des parents, c'est
beaucoup de transmissions, de participations aux séances. L'enfant peut également faire
barrière et n'accepte pas toujours que l'on communique avec l'établissement.
Qu’est-ce que cette collaboration apporte à la prise en soin de l’enfant TDAH avec une hyperréactivité sensorielle ?
Elle est indispensable pour transposer les acquis et continuer à encourager les efforts réalisés.
Quelles sont les limites que vous rencontrez dans cette collaboration ?
Tout dépend de l'accord et de la motivation des interlocuteurs. Parfois on se retrouve confronté
à un vrai mur.
Comment intégrer les parents dans la prise en soin afin de favoriser une continuité des soins à domicile ?
En faisant des points réguliers par téléphone ou mail. En faisant participer les parents aux
séances pour que cela soit concret pour eux. En prêtant du matériel pour qu'ils puissent essayer
et faire un retour.
Les enseignants sont-ils investis dans cette collaboration ? Quels moyens sont mis en place à l’école ?
Cela est très variable. Ils acceptent souvent le matériel apporté mais, il est important de leur
indiquer quel cadre y associer pour qu'il n'y ait pas de débordement.
Comment améliorer cette collaboration ?
C'est une question de temps, de mise en confiance. C'est un travail qui demande du temps et de
l'investissement.
Avez-vous mené des interventions auprès des parents et des enseignants afin de les informer sur l’IS ? Si oui, de quelle manière ? Si non, pourquoi ?
Oui nous en parlons régulièrement mais, davantage pour les enfants avec autisme ou juste des
troubles sensoriels.
XVI
Annexe 7 : Entretien ergothérapeute E2 (téléphonique)
Ergothérapeute E2, Moi
Bonjour !
Bonjour !
Oui, désolé, en fait, tout simplement ça ne marchait pas depuis mon ordinateur. Pourtant, j’avais
le téléphone à côté. Je pense que c’est pour ça que ça n’a pas marché tout à l’heure. Du coup,
on y arrive.
Oui heureusement, c’est bon. Ça vous embête si j’enregistre l’appel ?
Non non, pas du tout. Je sais bien, j’étais à votre place il y a quelques années (rires).
D’accord, merci. Du coup, vous avez eu le temps de regarder les questions ?
Oui oui, complètement. Je me suis même fait une petite trame écrite parce que comme je n’ai
pas forcément de mémoire, j’avais peur de ne pas penser aux choses intéressantes au bon
moment (rires). Donc, comme ça, je pourrais vérifier que je n’oublierais rien d’important.
D’accord, alors du coup est-ce que vous pouvez me parler de votre parcours professionnel ?
Oui, alors, du coup je suis diplômée d’Etat depuis 2011 à l’IFE de Montpellier. Euh…ensuite, j’ai
enchainé sur un master sur l’autisme en Grande-Bretagne, parce que je voulais déjà me
spécialiser là-dedans. J’ai commencé euh…à travailler après dans une MAS pour adultes autistes
et déficients intellectuels en France. Je suis revenue en France. Euh…après, j’ai aussi travaillé en
EHPAD. Et puis, j’ai commencé à faire du Libéral, à la fois en collaboration dans d’autres cabinets,
et après, moi toute seule. J’ai aussi monté mon cabinet aussi en Gironde.
D’accord, et du coup, vous vous êtes intéressée à l’intégration sensorielle ?
Alors, j’en ai entendu parler lors des études à l’IFE, dans les cours sur l’autisme, parce que
souvent les troubles sensoriels sont quand même souvent associés à l’autisme. Euh…donc, j’en
ai entendu parler dans ce cadre-là, par une ergothérapeute qui était formée et qui pratiquait
l’intégration sensorielle. Euh…donc j’avais déjà un petit peu ça en tête. J'en ai réentendu parler
pendant mon master sur l'autisme. J'ai lu beaucoup sur le sujet. J'ai commencé à me dire que
c’était vraiment quelque chose à laquelle il fallait que je me forme. Euh… en fait avant même
d’être ergothérapeute, j'avais déjà pas mal travaillé en tant qu’animatrice en centre de loisirs,
avec des personnes handicapées et il y avait beaucoup de personnes autistes. Donc, j’avais pu
observer qu’il y avait énormément de problématiques sensorielles. Donc, ça me paraissait quand
même assez indispensable à connaître et à rééduquer, si on voulait travailler avec cette
patientèle-là. Donc après, je me suis formée du coup en 2015 à l’ANFE.
D’accord, très bien, et du coup vous suivez beaucoup d’enfants TDAH, en intégration
sensorielle ?
Euh…alors, en intégration sensorielle pure…à la fois TDAH et intégration sensorielle pure, j’en ai
que deux. Euh…parce qu’après des enfants TDAH j’en ai cinq, en tout cas diagnostiqués, parce
qu’il y en a d’autres qui à mon avis le sont, mais pas encore diagnostiqués. Donc vraiment, sur
le diagnostic j’en ai cinq. Il y en a deux avec qui on est sur des apprentissages de l’utilisation de
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l’ordinateur, pour compenser plutôt les difficultés d’écriture et de langage écrit. Donc, deux qui
sont en intégration sensorielle vraiment pure, et un pour qui c’est une prise en charge assez
complexe avec beaucoup d’objectifs différents…tout ce qui va être planification, gestion du
temps, respecter des règles et des consignes, gérer de l’argent. Il y a aussi la motricité fine, la
visuocontruction, et du coup aussi des troubles sensoriels à prendre en compte, à rééduquer.
Vous avez un environnement, une salle adaptée pour les enfants TDAH qui sont suivis en
intégration sensorielle ?
Euh…oui, alors comme ça à couper, par rapport à ma salle à moi ?
Oui, c’est ça.
Oui. Alors, du coup effectivement, ce qui est hyper compliqué…d’ailleurs j’ai mis longtemps à
trouver un local qui pouvait convenir, parce que quand on veut pratiquer l’intégration
sensorielle euh…c’est très important l’apport vestibulaire. Et pour faire du vestibulaire, c’est
hyper intéressant d’avoir des fixations au plafond, pour pouvoir mettre des hamacs, des
plateformes, etc. Donc, du coup, oui j’ai fait en fonction ça. J’ai fini par acheter un local en
fonction de ça, avec la possibilité de fixer des éléments au plafond. Donc, du coup, oui ça
demande un aménagement. Euh… à la fois, voilà assez grand pour avoir de l’espace pour bouger,
avec la possibilité de fixation au plafond, beaucoup de rangement, parce que ce qui est
important dans cette rééducation-là, c’est le fait d’aménager l’environnement pour amener
l’enfant à utiliser, interagir avec les objets, qu’on veut qu’ils interagissent. Donc, il faut pouvoir
ranger dans le placard ce qu’on ne veut pas qu’ils utilisent et à l’inverse mettre à disposition
plusieurs outils. Donc, oui ça conditionne pas mal le lieu.
Et du coup, vous utilisez beaucoup ces aménagements-là avec les enfants TDAH ?
Oui oui, même pour le coup, les enfants avec qui je suis plutôt sur des apprentissages d’ordi. Ça
peut être intéressant d’avoir cet environnement-là, parce qu’en début de séance on va pouvoir
demander à l’enfant déjà d’estimer son niveau d’éveil et son besoin de mouvement. Et bah,
généralement l’enfant TDAH lorsqu’il arrive, il va être plutôt justement en état de surexcitation,
avoir plutôt besoin de bouger et de se recentrer. Donc, on va commencer par une activité ne
serait-ce que 5-10 minutes dans le hamac pour réguler son besoin de mouvement et ensuite
pouvoir passer à des activités sur table.
D’accord, très bien. Comment l’environnement familial, scolaire ou matériel peut-il engendrer
une situation de handicap chez l’enfant TDAH ?
Alors, là il y a beaucoup de caractéristiques qui rentrent en compte. Euh…c’est très dépendant
de l’enfant, mais souvent déjà à l’école, il y a beaucoup trop de stimuli. Il y a beaucoup
d’affichage dans les classes, il y a beaucoup de bruits. Après, le repérage dans le temps n'est pas
forcément facile, parce qu'il n’y a pas toujours des repères évidents. Euh… les durées de temps
de travail qui sont imposés ne sont pas forcément…fin déjà qu’elles sont longues pour un enfant
TDAH, et qui en plus ne sont pas forcément flexible dans le cadre scolaire. Normalement chaque
enfant, fin voilà, ils font tous la récréation en même temps. Ils ne sont pas censés avoir des
pauses quand ils en ont vraiment besoin. Les règles et les consignes ne sont pas toujours claires
non plus. Le niveau des exigences ne va pas forcément être adapté aux besoins d'un enfant
TDAH. On va dire dans le fonctionnement, dans le modèle éducatif qu'on a, on est quand même
plus souvent dans le fait de pénaliser, de punir les mauvais comportements ou des échecs, plutôt
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que de valoriser les réussites et les bons comportements, et ça ce n’est pas toujours évident à
faire intégrer à l'école (rires).
Oui, l’environnement représente plus un obstacle qu’un élément facilitateur pour l’enfant.
C’est ça. Et oui, j’ai oublié de préciser bien sûr le manque de mouvement aussi, puisqu’on a
l’image qu’un enfant pour pouvoir travailler correctement…là je parle aussi bien pour l’école
que pour la maison, on veut toujours que l’enfant soit assis droit comme un i sur sa chaise, qu’il
ne touche à rien, qui ne mâchouille rien, et en fait faut casser un peu ces idées reçues. Un enfant
au contraire, apprend mieux en bougeant, en manipulant, et voilà il faut adapter un petit peu
ça. Et ce n’est pas le cas dans l’éducation ordinaire.
Oui c’est vrai. Alors, du coup quel va être l’intérêt de l’intégration sensorielle chez les enfants
TDAH ?
Il y en a plein. Ça dépend là aussi du profil de l’enfant, parce que finalement le TDAH c’est assez
vaste aussi. Là, on parle vraiment par rapport à la problématique sensorielle, c’est ça ?
Oui oui.
L’idée ça va être principalement d’améliorer ces ressources attentionnelles, de réduire tous les
comportements qui peuvent être problématiques, que ce soit à la maison ou à l’école, en
régulant son besoin de mouvement, en apprenant à filtrer les stimuli. C’est-à-dire que souvent,
un enfant TDAH, il reçoit un petit peu tous les stimuli sensoriels au même niveau, et voilà ce qui
ressort souvent, c’est qu’ils ont du mal à filtrer, à prioriser. Donc que ça soit la voix de
l'enseignant, la voix du camarade qui chuchote derrière, l'oiseau qui s'envole dans la cour, tous
les bruits lui arrivent au même niveau. Donc, en apprenant à filtrer vraiment les informations
sensorielles, on va pouvoir l'aider aussi à mieux pouvoir se concentrer en classe, et à avoir des
réponses plus adaptées. Après les questions de confort et de bien-être, pour tout simplement,
pour ceux qui ont des troubles de la modulation, qui ont des problèmes d’hypersensibilité déjà.
C’est peut-être le plus important pour le coup, vraiment leur bien-être avant tout. Euh… et dans
le cas où les troubles sensoriels interfèrent sur la motricité, si on a des troubles plutôt d’ordre
praxique, la thérapie par l’intégration sensorielle, elle va permettre d’améliorer les réponses
motrices de l’enfant. Après, la dernière chose qui est importante, ça va être d’apprendre aussi
à l’enfant, à essayer de comprendre ses besoins, réussir à savoir dans quel état il est, ne serait-
ce que par rapport à son niveau d’éveil, voilà quand il est trop excité, ou au contraire trop calme,
ou est-ce qu’il est juste entre les deux, il est bien en situation pour l’apprentissage. Donc, réussir
à lui-même identifier et mettre en place des stratégies, que lui il peut utiliser au quotidien pour
réussir à se ramener au bon niveau d’éveil pour pouvoir apprendre.
D’accord, et du coup est-ce qu’il y a des limites à cette méthode ?
Oui, malheureusement il y en a plein. Euh…déjà si on parle vraiment d’une thérapie d’intégration
sensorielle telle qu’elle est censée être, ça doit se passer au cabinet parce qu’on a besoin de
beaucoup de gros matériels, et clairement au domicile et à l’école ce n’est pas possible. Donc
déjà, ça demande que les gens viennent au cabinet. Il faut que ce soit très régulier.
Théoriquement, il faudrait que ce soit deux séances de 45 minutes par semaine. Le problème,
c’est que ça, ça demande du temps et ça demande de l’argent aussi. Donc le coût, même lorsqu’il
n’y a qu’une seule séance par semaine, le coût n’est pas forcément…ce n’est pas une
rééducation qui est facile à financer pour les familles…s’il n’y pas d’aide de la MDPH ou autre.
Donc ça c’est une grosse limite aussi. Souvent, en plus, il y a d’autres besoins, notamment chez
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les enfants TDAH que j’ai, ils ont plein de défis vraiment au niveau de la vie quotidienne et au
niveau scolaire. Il y a souvent des dyslexies et des dysorthographies qui sont associées, et
éventuellement des dyspraxies. Il y a tellement de choses à prendre en charge que bah faire
deux séances d’intégration sensorielle par semaine, ce n’est pas toujours évident. Après, j’en ai
pour qui par exemple il y a deux séances par semaine, mais il y en a une pour du travail sur
ordinateur et l’autre en intégration sensorielle. Tout ça dépend de l’emploi du temps et de
l’argent pour les familles. Mais aussi de l’argent pour l’ergo parce que du coup il faut une salle
qui convient, il faut beaucoup de bons matériels, donc c’est des gros investissements sans parler
du coup des formations d’ailleurs. Dans les autres limites, je pense qu’il y a vraiment aussi le fait
que c’est une méthode qui n’est pas bien connue et reconnue. La validité scientifique pour
l’instant, elle n’est pas forcément assez validée, c’est-à-dire qu’on a, à la fois des études qui ont
montré une efficacité, mais il y en a d’autres qui ont prouvé le contraire. Et dernièrement, c’est
vrai que les ergo se tournent plutôt vers les approches top-down que bottum-up, donc on a pas
mal de limite à cela.
D’accord, est-ce que vous associez l’intégration sensorielle à d’autres pratiques
thérapeutiques ?
Oui, alors ça va dépendre aussi beaucoup des profils. J’ai des enfants pour qui, je vais être
vraiment dans une approche intégration sensorielle, notamment les enfants je dirais…peut être
pas tant avec les enfants TDAH, mais plus pour les enfants TSA…avec peu de capacités de
communication, et où du coup on va être assez limité dans les activités, on va vraiment être plus
dans du sensoriel pur. Pour des plus grands, des profils plus TDAH et des bons niveaux cognitifs,
selon les objectifs, oui je peux aussi faire d’autres approches sensorielles déjà, par
exemple…parce qu’en intégration sensorielle, vous le savez peut-être déjà, on est plutôt dans
une rééducation qui est très active, on ne fait pas des protocoles normalement où on va
appliquer des stimuli sur l’enfant. C’est l’enfant qui doit agir et aller se stimuler tout seul en fait,
en fonction du matériel qu’on met. À côté de ça, il y a des protocoles de désensibilisation qui
peuvent exister, notamment le protocole de Wilbarger qui consiste en un brossage et des
compressions articulaires qui fonctionnent pas mal, de mon expérience. Donc je le mets en place
aussi. Ça ne rentre pas dans l’IS, c’est lié mais, ça ne rentre pas dedans. Après, dans les approches
complétement différentes, on utilise un petit peu l’approche cognitive type CO-OP avec certains
enfants, quand vraiment on a un objectif à court terme sur une activité en particulier. Par
exemple, l’enfant qui veut apprendre à faire ses lacets, et voilà à court terme qui est très motivé,
qui veut apprendre cette activité-là, je peux passer par une approche cognitive pour apprendre
à le faire rapidement.
D’accord, très bien. Est-ce que vous pouvez me parler de la thérapie et de l’approche en
intégration sensorielle ?
Alors, là du coup, je me permets de vous demander, vous distinguez thérapie et approche c’est
ça ?
Oui, moi quand je l’avais vu en cours, il distinguait la thérapie et l’approche.
D’accord, parce que moi je n’ai jamais entendu ça. Donc du coup l’idée, j’imagine thérapie IS,
c’est vraiment j’applique à la lettre la thérapie IS, telle qu’elle est censée être. Et l’approche ce
serait plus s’en inspirer pour faire…c’est ça ?
XX
L’approche ça s’appuie plus sur l’adaptation de l’environnement et les interactions avec l’enfant,
et la thérapie c’est plus de faciliter les apprentissages de l’enfant dans les activités de vie
quotidienne.
D’accord, ok. Donc plutôt thérapie c’est une approche rééducative et l’approche ça serait plus
agir sur l’environnement et adapter le cadre.
Oui c’est ça.
Ok, ok. Alors, du coup, je réfléchis (rires). Alors, comme dans tout type d’intervention ergo, on
agit à la fois sur la personne et l'environnement, donc je pense que les deux sont assez
indissociables, ça va dépendre toujours des profils. À la base, l'intégration sensorielle c'est
quand même une approche qui est bottum-up, qui est sensorimotrice, on est vraiment sur de
l’expérimentation, l'apprentissage par essais erreurs pour créer de nouveaux schèmes moteurs
et augmenter le nombre de réponses adaptées. Cette partie-là est quand même assez
indispensable. Après, on a vu que toutes les contraintes qu’on a vues tout à l'heure, bah des fois
ce n’est pas possible de faire des séances au cabinet aussi, donc des fois on va agir que sur
l'environnement. Après c’est la continuité, je pense que je ne ferais jamais l’un sans l’autre. Fin,
je ne peux agir que sur l'environnement, si les contraintes font que je ne peux pas avoir l'enfant
au cabinet. À l'inverse les enfants que je vois au cabinet, je propose aussi des choses à faire à la
maison, c’est-à-dire qu’on va de temps en temps faire des points avec les parents. Déjà, on fait
toujours un point à la fin de chaque séance, je prends toujours un temps d’échange. De temps
en temps, à la limite, je prends la séance entière pour mettre des choses en place, c’est-à-dire,
soit mettre ce qu’on appelle des diètes sensorielles vraiment, mettre en fait, un programme
d'activités en place à la maison pour vraiment agir dans la continuité de ce qu’on peut proposer
en rééducation. Toujours dans l’idée que l'enfant va pouvoir avoir des expériences sensorielles
de qualité qui vont pouvoir l'amener à élaborer des réponses adaptées. Et à l’inverse, être dans
l'aspect plus compensation notamment pour les problèmes d’hypersensibilité, c'est hyper
important de pouvoir éviter les stimuli qui sont désagréables et mal vécu par la personne.
Comme on disait tout à l'heure, par exemple, dans le cadre scolaire, ce qui ressort souvent c’est
qu’il y a beaucoup trop de stimuli, que ce soit au niveau visuel avec les affichages présents dans
la classe, le bruit des autres élèves… Généralement la pause méridienne vraiment, c’est hyper
compliqué, j'ai eu pas mal d'enfants TDAH qui rentrent à la maison le midi, parce que la pause
méridienne ce n’est pas possible. Donc ça veut dire qu'il y a un des deux parents qui doit
s’organiser dans son travail pour pouvoir récupérer son enfant le midi, ou le faire garder à ce
moment-là. Mais, on se rend compte que c'est très compliqué parce qu’il y a beaucoup trop de
simulation.
Oui l’enfant, il peut être distrait beaucoup plus facilement.
Il va être distrait. Et ça peut-être tout simplement qu'il a besoin de s'isoler, que ça va vraiment
augmenter son niveau d'émotion… c'est aussi à ce moment-là qu'il y a beaucoup de conflits qui
vont intervenir, alors peut-être pas qu'en raison… Je pense qu’il y a déjà les stimuli sensoriels
qui l'agressent un petit peu, après il y a aussi les difficultés d'interaction sociale dans le TDAH.
Je pense que les deux ajouter à la pause méridienne c'est compliqué. Et puis, le cadre qui n’est
pas forcément clair. Il n’y a pas forcément toutes les règles qui sont aux claires. Il n’y a pas
forcément tous les adultes qui sont là pour surveiller aussi non plus. Donc, c’est vraiment un
temps qui est très problématique. Je m’éloigne peut-être un petit peu mais…
Non non, c’est vraiment très intéressant.
XXI
Donc du coup, oui, je pense vraiment que c’est important d’agir à la fois sur la personne et sur
son environnement. On ne peut pas…
Oui les deux restent vraiment associées, pour vous. Il ne faut pas qu’elles soient distinctes l’une
de l’autre.
C’est ça, parce que c’est vrai que si on s’intéresse à la théorie pure créer par Jean Ayres au
départ, on est vraiment plutôt dans une approche rééducative. On parle plutôt de ce qu’il se
passe au cabinet. Mais voilà on est ergo, et comme dans toute approche ergo, on s’intéresse à
l’environnement, mais plutôt aux environnements de la personne, donc de l’enfant en
l’occurrence. Donc faire le lien avec les familles et l’école, c’est vraiment indispensable.
D’accord, et du coup quel trouble du traitement de l’information sensorielle est majoritairement
retrouvé chez les enfants TDAH ?
Généralement, ça va ressortir dans le besoin de stimulation au niveau vestibulaire et
proprioceptif, donc les sens liés au mouvement. Ce dont je vous parlais tout à l’heure aussi, la
question de réussir à filtrer, prioriser les informations sensorielles, gérer ce qui est important et
mettre en sourdine ce qui n’est pas important. Comme, par exemple, vous et moi, on est capable
a priori de faire abstraction du bruit d’une ventilation pour écouter le professeur, un enfant
TDAH ne pourra pas forcément faire ça parce que tout lui arrive au même au niveau, et qu’il n’a
pas la capacité à inhiber le stimulus qui n’est pas pertinent, qui n’est pas intéressant dans le
contexte.
Il aura une hypersensibilité ?
Alors, c’est deux choses différentes. L’hypersensibilité c’est vraiment question de modulation,
c’est vraiment une question de quantité. Il peut être effectivement hypersensible et du coup
percevoir plus fort le bruit de la ventilation. Mais sans forcément le percevoir plus fort…après
c’est vraiment quand le cerveau traite les informations, normalement on priorise surtout. Par
exemple, quand vous avez la migraine, vous avez mal à la tête, vous êtes fatiguée, des fois vous
allez remarquer que dans une salle de classe justement il y a un bruit de ventilation ou un tic-
tac qui vous agace au plus haut point. Ce bruit-là, il n’est pas plus fort que les autres jours, c’est
juste que comme vous êtes fatiguée ou pas bien, vous n’arrivez pas à filtrer comme les autres
jours. Après, on peut trouver des problèmes d’hypersensibilité ou à l’inverse des
hyposensibilités et des recherches de stimulations, mais c’est à distinguer du filtrage. Dans le
filtrage, on est vraiment dans l’intégration multisensorielle, vraiment intégrer les différents
stimuli pour lui donner du sens. Je ne sais pas si c’est clair ?
Oui oui, c’est clair. Et du coup, comment ce trouble sensoriel peut-il impacter le quotidien de
l’enfant au niveau de son comportement, sa relation avec autrui, son développement et son
environnement ?
Déjà, dans le cadre…on va dire scolaire, apprentissage académique…déjà bah tout simplement
ce sont des enfants qui vont avoir beaucoup de difficultés, voir certains que j'ai rencontré une
impossibilité totale à rester assis. Donc, tout ce qui va être travail scolaire typique à table, c'est
compliqué. Les repas sont hyper compliqués aussi, parce que l'enfant ne peut pas rester assis et
manger en même temps que sa famille. Après, bien sûr, il va avoir du mal à mobiliser et à
maintenir son attention. Et à partir de là, quand on a besoin de mobiliser son attention pour
absolument tous les apprentissages, dans tous les domaines…donc le jeune enfant qui ne peut
pas mobiliser son attention pour toutes les étapes de son développement, il peut vite accumuler
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des retards dans différents domaines. On parle vraiment des répercussions, autant au niveau
purement cognitif, que sensori-moteur, que visuospatiale, mais qui ne sont pas des troubles
différents du TDAH, mais vraiment qui sont des répercussions en fait du TDAH. Après, ce sont
des enfants qui peuvent être aussi excessivement fatigués, parce que comme ils doivent faire,
quand même deux fois plus d’efforts que les autres, pour réussir justement à mobiliser leur
attention sur ce qu’on leur demande. Ça va recruter beaucoup de ressources pour eux, et ils
peuvent être extrêmement épuisés en fin de journée. Après, j’ai déjà dit la répercussion sur tous
les domaines, ça va être hyper compliqué pour eux de faire abstraction, comme je le disais des
stimuli qui ne sont pas pertinents. Ça va être compliqué pour eux de gérer tout ce qui va être les
tâches multiples, parce que pareil, il y a plusieurs informations qui arrivent en même temps.
Donc, réussir à intégrer toutes les informations en même temps, pour eux, c’est compliqué…
Comprendre, mémoriser, respecter les consignes, bien comprendre les situations, et en général,
il peut souvent y avoir des conflits, pour plein de raisons, parce qu’il y a des difficultés
d’interactions sociales et il y a des difficultés… Ils ont besoins de beaucoup de mouvements et
ils vont facilement s’engager dans des jeux déjà assez violents. Ils ne vont pas forcément bien
interpréter les paroles des autres. Moi, ce que je vois souvent, c'est quand on interagit avec eux,
ils ne vont pas forcément entendre le message entier finalement. Comme leur intention
décroche, ils vont facilement mal interpréter, parce qu'ils n’ont pas forcément, déjà bien,
compris votre message. À partir de là, ça peut vite générer du conflit. Enfin, je rajouterais la
gestion des émotions aussi, à cause de beaucoup de difficultés, en partie en lien avec
l’intégration sensorielle.
D’accord, donc quel va être le rôle de l’ergothérapeute dans l’accompagnement de
l’apprentissage scolaire et le développement des habiletés sociales chez l’enfant TDAH ?
Je pense que déjà en régulant l'intégration sensorielle, on va leur permettre d'améliorer leur
disponibilité, donc leur capacité attentionnelle, pour pouvoir entrer dans les apprentissages.
Aussi, apprendre à prendre conscience de son niveau d'éveil, de ses émotions, savoir comment
s'autoréguler. Ça dépend un petit peu des profils et de leur âge déjà. Ils n’ont pas tous
forcément, une facilité à prendre ce recul-là et l’identifier. Mais c’est un travail qui est assez
important, car on n’est pas toujours avec eux. Donc il faut vraiment qu'ils arrivent à transposer
ces choses. Ça passe d'abord par les parents pour réussir à mettre en place des choses à ce
niveau-là, à la maison. Et après, essayer d’apprendre à l’enfant à s’autoréguler aussi. Après, tout
ce qui va être conseils et accompagnement de l'entourage familial et scolaire, avec la mise en
place de stratégies, d’outils qui vont pouvoir permettre le mouvement, des supports visuels qui
vont permettre de clarifier un petit peu les règles, les situations, de l’aider à gérer et identifier
les moments de la journée, les émotions etc. Les systèmes de renforcement positif aussi, ça
marche hyper bien. Donc, pareil toujours à mettre en place à la maison et à l’école. On utilise
vraiment les comportements positifs, surtout avec les niveaux d'exigences, qui sont adaptés à
l'enfant. Il y a souvent des systèmes, maintenant, qui sont mis en place dans les classes entières,
mais les niveaux d’exigences sont trop élevés pour les enfants TDAH. Donc, du coup ils ne sont
jamais valorisés, ils sont toujours dans les élèves punis, ou qui ont le moins d'étoiles, de stickers
ou de smileys, ou de ce que vous voulez.
Oui, souvent leur estime d’eux-mêmes est souvent négative.
C’est ça. Et du fait que justement, il y a un outil qui appui sur le fait qu'ils ont échoué, qu’ils n’ont
pas eu un bon comportement. Ils vont se dire « de toute façon je ne pourrais jamais être gentil,
je ne pourrais jamais avoir plein d’étoiles ou de smileys ». Donc, ils n’ont pas forcément envie
de faire plus d'efforts que ça. Il reste dans le rôle de celui qui est puni, de celui qui n’est pas sage,
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de celui qui fait le clown de la classe. Ça encourage plus les mauvais comportements au lieu de
les aider, de valoriser leurs efforts et les aider à améliorer leur comportement.
Du coup, vous collaborez beaucoup avec l’entourage scolaire et familial de l’enfant ?
Oui oui, bien sûr.
De quelle manière vous allez collaborer avec eux ?
Alors, la famille, je les vois régulièrement. Généralement quand on est dans une rééducation de
type intégration sensorielle, ça se passe au cabinet. Donc je vois les parents, déjà à la fin de
chaque séance, donc on fait des points à chaque fois. Après, quand il y a besoin de plus de temps
on peut prendre des rendez-vous en plus. On peut échanger par téléphone ou par mail. Avec la
famille ça va, il y a quand même pas mal d'échanges possibles. Euh pour le coup avec l'école,
quand la prise en charge se fait au cabinet, c'est plus difficile. Donc c'est hyper important de
prendre le temps et ne serait-ce que déjà d'avoir des échanges téléphoniques avec eux et d'être
présent aux réunions ESS quand il y en a. Après les réunions ESS, généralement, c'est qu'une par
an. Donc quand il y a des situations problématiques, on essaie de demander à faire des réunions
plus souvent.
Ces réunions-là, elles se passent avec qui ?
Quand c'est les ESS, c'est une réunion qui est prévue normalement par le directeur et
l’enseignant référent du secteur pour les enfants qui ont un dossier MDPH. Donc ça
normalement, c’est prévu au moins une fois par an pour tous les élèves qui ont une
reconnaissance de handicap par la MDPH. Après, quand il n’y en a pas ça peut être à ma
demande, ou à celle de la famille, et donc là on demande auprès de l’école d’organiser ça.
Généralement sont présents au moins la famille, l’enseignant ou les enseignants pour les
collégiens, le directeur de l’établissement et les paramédicaux qui peuvent venir, voire médicaux
parce que ça arrive qu’il y ait des pédopsychiatres présents aux réunions. Ça dépend, des fois
pour des choses très ciblées…Par exemple, pour un enfant, on avait travaillé avec l’école sur la
mise en place d’un système de renforcement positif. Donc là, on en avait déjà parlé en ESS et
j’étais revenue, un midi, pour pouvoir travailler avec les deux enseignants de l’enfant pour
vraiment élaborer l’outil et les guider. Donc, c’est vraiment au cas par cas. J’essaie de faire au
maximum (rires).
Oui (rires). Et du coup, en quoi cette collaboration va être importante dans la prise en soin de
l’enfant ?
Alors, déjà elle va être importante dès que l’on rencontre l’enfant, pour recueillir les
informations. Déjà savoir comme ça se passe à l’école, ça va nous amener plein d’infos parce
que l’on a déjà l’écho de la maison, mais c’est bien d’avoir les deux échos. Ça va permettre
également d’adapter son environnement, à la fois matériel et humain, et permettre de respecter
ses besoins. Ça va lui permettre de mieux rentrer dans les apprentissages et de mieux
développer ses capacités du coup. De transposer les acquis qu’il peut avoir fait en séance, réussir
à les transposer dans son environnement, ou dans ses environnements plutôt, parce qu’il y a à
la fois la maison et l’école. Et comme je disais tout à l’heure, ça peut être aussi de compléter la
rééducation, surtout quand c’est un enfant que l’on ne peut pas voir plusieurs fois par semaine.
C’est très rare, que les gens aient les moyens et le temps d’amener dans le cabinet libéral leur
enfant 2 fois par semaines. C’est d’autant plus intéressant de mettre en place des activités à la
maison qui vont compléter un petit peu. Même si les parents ne sont pas sensibilisés beaucoup,
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il y en a qui vont réussir plus ou moins à bien comprendre l’approche, mais ils n’ont pas notre
œil pour adapter aussi bien peut être l’activité. En tout cas, ils vont pouvoir proposer des choses
qui vont permettre à l’enfant de recevoir des stimuli qui vont lui permettre de se réguler, et de
développer un petit peu des réponses adaptées, petit à petit.
Et du coup, quelles sont les limites de cette collaboration ?
Déjà, il y a la question de l’adhésion, de l’implication des personnes dans leur rééducation. Les
parents généralement, c’est eux, quand on est en libéral, c’est à la démarche des parents de
venir nous voir. Donc ce n’est pas un frein, ils sont généralement très demandeurs. C’est souvent
des gens qui ont eu un parcours difficile, parce que les troubles sensoriels on en parle peu, ce
n’est pas quelques choses de connus. La plupart des médecins ne les prenaient pas forcément
en compte. Donc, ils ont un peu l’impression qu’on les prend pour des fous depuis longtemps,
et le jour, où ils ont des réponses à ces questions, qu’ils comprennent mieux les comportements
de leur enfant, ils sont plutôt très demandeurs d’astuces, de conseils…ils sont plutôt très
impliqués. C’est plus vraiment, avec l’école ou le collège que ça va être compliqué…parce
qu’effectivement ils ont un certain nombre d’enfants en même temps dans les classes et que
surtout…fin ça dépend de l’enseignant sur qui on tombe, on a des enseignants qui vont être
hyper impliqués et qui vont vraiment mettre en place beaucoup de choses. Et à l’inverse, on a
des enseignants qui n’ont pas envie, qui n’ont pas ce niveau d’implication là, qui n’ont pas envie
forcément de mettre en place des choses pour un seul élève, qui ne veut pas forcément
entendre que leur méthode n’est pas bonne. Alors, bien sûr, je ne le présente pas comme ça. Je
n’arrive pas en leur disant « c’est nul ce que vous faites » (rires). Mais, c’est très compliqué. Pour
eux, c’est assez intrusif d’avoir quelqu’un qui n’appartient pas à l’Education Nationale et qui
vient leur donner des conseils. Non, c’est très délicat de réussir à collaborer avec eux sans que
ce ne soit vécu comme intrusif, qu’ils se sentent trop remis en question.
D’accord très bien, du coup vous m’avez dit que les parents étaient investis dans la prise en soin
en intégration sensorielle. Est-ce que les principes évoqués en séances sont transposés à
domicile ou pas ?
Oui, dans l’ensemble ça se passe plutôt bien. Dans les cas des enfants TDAH, les familles que j’ai
ça se passe plutôt bien. Après, les fois où c’est compliqué, c’est que…Par exemple, j’ai le cas
d’une maman qui a un trouble psychiatrique, elle a un trouble bipolaire. Du coup, elle a des
phases où elle est en phase maniaque, elle va en faire trop, et à l’inverse dans les phases
dépressives, elle ne va plus rien mettre en place. Donc là c’est un peu compliqué pour l’enfant,
on n’a pas vraiment la régularité. Il faudrait que l’on mette des choses en place à la maison, mais
malgré tout, c’est quelqu’un qui sait beaucoup de choses et qui est très à l’écoute et
demandeuse de faire de l’ergo et qui écoute les conseils que l’on peut lui donner. Il y a juste
cette petite limite là, le fait de faire face à ses propres difficultés à elle. Après, il y a les
contraintes de temps et d’argents, mais il n’y a pas besoin d’investir dans du gros matériel non
plus. On trouve toujours plein d’activités à faire avec pas grand-chose. C’est plus la question du
temps pour les parents. Quand il s’agit vraiment de mettre en place des activités…mais ça
justement c’est au rôle de l’ergo de savoir s’adapter. La première question avant de mettre en
place des activités à la maison, c’est de savoir combien de temps les parents peuvent réellement
y accorder, est-ce qu’une petite activité tous les jours c’est faisable ou pas, voilà à quel rythme
on peut le faire, à quelle durée, est-ce que c’est 5 minutes ou une heure, voilà.
D’accord, quels moyens vont être mis en place à l’école ?
XXV
A l’école, pareil c’est toujours très dépendant du profil de l’enfant. Généralement, quand même,
les choses qui vont vraiment ressortir chez l’enfant TDAH, ça va être vraiment ce qui va être
relatif pour le besoin de mouvement. Donc ça peut être…ne serait-ce qu’autoriser l’enfant à
manipuler des objets, tant qu’il ne fait pas de bruits et qu’il ne dérange pas la classe. Donc, ça
peut être des fidgets, des petites balles, quelque chose qu’il peut remuer dans ses doigts, ou
avoir des bijoux à mordre. On part vraiment des comportements propres à l’enfant. Si l’enfant
a l’habitude de mâchouiller ses stylos, on peut mettre un embout dédié à ça sur l’un de ses
stylos, des bijoux à mordre, etc. Si lui, il manipule plutôt des objets, il ne mordille pas des trucs,
je ne vais pas mettre des bijoux à mordre, ce n’est pas le comportement qu’il présente
naturellement. Je pars vraiment de son profil à lui. Mettre aussi des coussins à air sur la chaise,
tendre un élastique entre les pieds avant de la chaise…fin toutes les stratégies qui peuvent
permettre de bouger. Ça peut être tout simplement de lui confier des responsabilités. L’enfant
TDAH, c’est carrément l’enfant à qui il faut demander d’aller distribuer les copies, de nettoyer
le tableau, de porter un courrier à la maitresse dans l’autre salle, voilà. Lui, ça va lui permettre
de bouger, et pour aussi décrocher son attention à d’autre moment pour pouvoir mieux revenir
après. Autoriser, après, pour ceux qui ont vraiment besoin de mouvements, de prendre une
pause, d’aller dans la cour courir 5 minutes et de revenir. Voilà, c’est vraiment des stratégies par
rapport au mouvement. Euh…après, pour les aider à se repérer dans le temps, et du coup pour
pouvoir visualiser le temps pendant lequel on leur demande d’être attentif, les outils comme le
time timer ou le sablier éventuellement, mais plutôt un time timer. Après, ça va être de limiter
les affichages dans la classe, de privilégier un environnement plutôt calme…ce n’est pas toujours
évident, quand on a des élèves autour. C’est sûr, que si on peut choisir de le mettre autour
d’enfants qui sont plutôt calmes, plutôt que de le mettre à côté de camarades qui bavardent
beaucoup, on essaie de privilégier ça. Le mettre plutôt dans l’avant de la classe pour qu’il ne soit
pas distrait par les gens devant lui, éviter de le mettre près des fenêtres. Il y a beaucoup de
stratégies à mettre en place pour éviter les stimuli autour de lui. Après, ça va être si on a des
troubles de modulation, c’est-à-dire des problèmes d’hypo ou d’hypersensibilité, c’est vraiment
au cas par cas. L’enfant qui est hypersensible au bruit pendant la classe, on proposera un casque
antibruit. Ça va être vraiment au cas par cas, s’il y a des troubles au niveau de la sensibilité orale
et donc un enfant qui est hyper sélectif au niveau alimentaire, et qui là aussi faut insister pour
qu’il ne soit surtout pas forcé de manger ce qu’il n’aime pas, voir qu’il ait un panier repas fourni
par la famille, ou qu’il soit externe parce que clairement ce n’est pas gérable à l’école. Après, il
y a beaucoup de choses parce que s’il y a une répercussion sur la motricité, il va aussi y avoir
l’adaptation aux tâches d’écriture, l’adaptation éventuellement des activités sportives aussi
mais bon ça…
Oui c’est vraiment variable en fonction du profil de l’enfant.
Oui et après, je pense qu’en tant qu’ergo la plupart des enfants TDAH que l’on reçoit, ils ont
souvent autre chose que le TDAH. Les enfants que je vois, ils sont TDAH et dyspraxique, ou TDAH
et dyslexique et dysorthographique, il y a souvent autre chose associée. Donc il ne faut pas
prendre en compte que le TDAH, mais le profil complet de l’enfant, avec toutes les sphères dans
lequel il a des difficultés.
D’accord, ok. Comment vous pourriez faire pour améliorer la collaboration, surtout avec les
enseignants, vu que la collaboration avec les parents se passe plutôt bien pour vous ?
De toute façon comme je vous le disais tout à l’heure déjà, le lien avec l’école est important en
amont pour faire le recueil d’informations. Du coup, à ce moment-là je vais vraiment être en
contact avec eux, pas en arrivant en disant « Bonjour, je suis ergothérapeute, j’ai plein de
XXVI
conseils à vous donner ». C’est plutôt, « Bonjour, je reçois cet élève de votre classe en bilan
ergothérapie et j’aimerais faire un petit point avec vous sur les activités scolaires et comprendre
quelles situations de difficultés vous identifiez dans votre classe, avec cet enfant ». Et déjà, rien
que le fait de venir les écouter, d’avoir leur ressenti, et de partir de ce que eux observent dans
leur classe, déjà je pense que rien que ça, c’est aidant et indispensable. Après, dans l’attitude
que l’on a avec eux, c’est vraiment d’être dans l’idée de se présenter en disant que notre
profession fait que l’on est habilité à conseiller des aménagements scolaires, mais que l’on n’est
pas là pour juger, remettre en question…on est juste deux métiers qui sont complémentaires.
Moi, il ne faut pas me demander de venir enseigner à une classe de CM1 demain, je ne serais
pas quoi faire. Mais voilà, on peut être hyper complémentaire et l’idée c’est de leur apporter
des choses et de discuter avec eux…parce que peut-être que dans ce que moi je vais proposer il
y a des choses, qu’effectivement dans leur classe, ne sont pas applicables. Donc, l’idée c’est
d’avoir un échange et que l’on réfléchisse ensemble sur ce qu’on va mettre en place, et
comment on peut aménager la scolarité pour que ça se passe bien pour tout le monde. Donc
c’est vraiment une question d’attitude et après, de prendre le temps d’avoir des échanges assez
réguliers avec eux.
D’accord, avez-vous mené des interventions auprès des parents et des enseignants pour les
informer sur l’intégration sensorielle ?
Alors, avec les parents…oui. Il y a deux cas de figures. Il y a les parents qui ont entendu parler de
l’intégration sensorielle via les réseaux sociaux, les connaissances, ou les livres, et du coup ils
cherchent un ergo pour ça, ils arrivent déjà avec quelques connaissances. Donc après, à l’issue
du bilan, j’explique ce que moi j’ai pu observer et analyser. Après, il y a des parents qui vont
venir avec un autre motif de consultation et pour qui, en discutant avec eux, je suspecte qu’il y
a quelque chose. Donc là, je vais leur expliquer un petit peu ce qu’est l’intégration sensorielle,
les troubles de l’intégration sensorielle, pourquoi ça serait bien d’intervenir sur cette sphère-là.
Donc là, c’est plus dans le cadre individuel, auprès vraiment des parents. Après, je suis déjà
intervenue auprès d’une association, qui accompagne plutôt des familles avec des enfants TSA,
mais dedans, il y a aussi quelques enfants TDAH. Il m’avait demandé d’ailleurs de faire une
intervention justement sur les troubles de l’intégration sensorielle. En fait, ils organisent des
réunions, tous les mois, avec une dizaine de personnes. C’était une réunion avec des parents
plutôt et avec quelques professionnels. Là, je dois en refaire d’autres juste sur les questions de
la mise en place d’activité, ce qui est très d’actualité en ce moment vu que les consultations sont
arrêtées, et sur l’aménagement du domicile. Auprès des familles, voilà. Auprès de l’école, c’est
plus compliqué. Du coup, je profite des réunions ESS pour expliquer comment j’interviens et à
quoi ça sert. Après, je n’aimerais pas que sur la problématique sensorielle, sur plein de sujets, il
faudrait pouvoir prendre le temps d’intervenir dans les écoles et présenter aux enseignants
certains handicaps et les aménagements que l’on pourrait mettre en place. Je le propose tout le
temps mais honnêtement jusqu’à aujourd’hui en étant en libéral, je n’ai aucune école qui m’a
relancé pour mettre en place des actions comme celles-là. Ça peut être compliqué pour eux,
peut-être pour une question de budget, après je ne leur ai pas dit que je voulais être payée, je
suis prête à le faire bénévolement pour que les choses évoluent. Donc je ne sais si c’est ça qui
les bloquent, ou est-ce que c’est une question de financement. Je pense que l’Education
Nationale est assez fermée pour le coup. Et je pense que c’est assez intrusif d’avoir des libéraux
qui viennent intervenir. Je ne sais pas…j’ai déjà eu un collège qui était intéressé pour une autre
problématique, pas sur le TDAH, mais finalement ça ne s’est jamais fait.
Oui, ce n’est pas encore très bien développé dans les écoles.
XXVII
Non malheureusement, j’aimerais bien pouvoir agir sur tous types de handicap, agir en
prévention, présenter différents types de handicap et expliquer comment repérer déjà des
signes. Sur les troubles des apprentissages, les enfants, je les vois, ils sont en CM2 ou en 6ème, et
ils ont des problèmes pour écrire depuis la maternelle, pourquoi avant personne ne s’est dit qu’il
faudrait faire quelque chose. Il y aurait beaucoup d’actions à mettre en place en prévention,
mais voilà, à l’heure actuelle l’Education Nationale ne met pas trop ça en place.
Oui c’est dommage. Et bien, du coup je pense que c’est bon pour moi.
Oui ça va, j’ai bien répondu à vos questions ?
Oui c’était très intéressant, ça m’a apporté beaucoup d’informations.
Tant mieux.
Et bah merci beaucoup !
Oui avec plaisir et puis si jamais vous avez d’autres questions ou des trucs à compléter vous me
dites.
Pas de soucis. Merci encore. Passer une bonne journée !
Merci beaucoup, au revoir.
Au revoir.
Annexe 8 : Entretien ergothérapeute E3 (téléphonique)
Ergothérapeute E3, Moi
Allo !
Allo oui bonjour, c’est Léa Gastineau, l’étudiante en ergothérapie.
Oui, merci de me rappeler. Désolé, je n’ai pas pu vous tenir au courant, avec le confinement
c’est un peu compliqué.
Pas de soucis.
Du coup, j’espère que je vais être dispo pendant au moins 15 minutes, à voir je vous tiendrais
au courant. Au pire, je pourrais vous rappeler dans la semaine.
C’est gentil de m’avoir rappelé déjà.
Non, il n’y a pas de problème.
Ça vous dérange si j’enregistre l’appel ?
Non non, il n’y a pas de souci.
D’accord merci. Alors, du coup, je réalise mon mémoire sur l’intégration sensorielle des enfants
TDAH. Je cible plus les enfants de 5 à 10 ans. Et je m’intéresse notamment à la collaboration
entre l’ergothérapeute et l’entourage de l’enfant, pour améliorer l’environnement de l’enfant.
D’accord. Du coup, il a une autre étudiante de Rennes qui m’a appelée, pour un autre mémoire
sur l’IS.
XXVIII
Oui, avec une autre étudiante de ma promo, on a les mêmes thématiques de mémoire.
D’accord ok. Non mais c’est bien, ça prouve que ça commence à rentrer un petit peu plus dans
les mœurs.
Oui c’est vrai, alors du coup est-ce vous pouvez me présenter votre parcours professionnel ?
Oui, alors je suis ergothérapeute depuis…j’ai été diplômée en 2013…euh non c’est 2014, en
France, pardon. Et du coup, j’ai pu commencer à exercer seulement en 2015. J’étais d’abord
dans une structure IME, où j’étais déjà en pédiatrie, avec des enfants qui avaient des troubles
cognitifs et beaucoup d’enfants qui étaient concernés par les troubles sensoriels. Mais tout ce
que j’essayais de mettre en place c’était compliqué. Ce n’était pas encore du tout reconnu donc
j’ai vraiment galéré en fait. Il y avait des enfants qui avaient des troubles autistiques avec très
clairement des troubles sensoriels associés et bon bah il n’y avait pas beaucoup de personnes
pour m’appuyer dans ce que je faisais, donc j’ai vite compris que ça allait être compliqué de
mettre des choses en place. Donc j’ai arrêté au bout de 9 mois et je me suis mise à mon compte
assez rapidement. Donc malgré le fait que j’ai eu une deuxième grossesse, j’ai pu développer un
cabinet en intégration sensorielle. J’ai maintenant deux collaboratrices et on a une trentaine de
patients, qui sont des patients…je dirais 70% environ des patients avec des troubles des
apprentissages, dyspraxie, TDAH, et assez souvent quand même, je dirais presque dans 80% des
cas des troubles sensoriels associés. Puisque comme c’est notre valeur ajoutée au cabinet, il y a
quand même pas mal de patients qui se sont orientés pour cette thématique-là. Et puis, il y a
des patients avec des troubles autistiques, environ 30% je dirais. Je reviens sur 80%, c’est
complétement à la louche et je dirais qu’en fait…il y a toujours des troubles sensoriels. Il n’y a
pas forcément des troubles sensoriels qui vont être évoqués tout de suite, qui vont être compris
par les parents tout de suite. Mais il y a toujours des troubles sensoriels, ne serait-ce qu’au
niveau proprioceptif et vestibulaire. Dès qu’il y a un enfant qui vient pour des troubles des
apprentissages, ça ne m’est jamais arrivée d’avoir un enfant qui vient pour des troubles des
apprentissages, et de ne pas me dire au bout de même quelques semaines ou quelques mois,
« Ah bah tiens si, il y avait quand même quelque chose ». Même si, au début je ne le vois pas, il
y a toujours un trouble proprioceptif ou un défaut au niveau de l’équilibre de l’oreille interne. Il
y a vraiment quelque chose…ce n’est pas forcément visible par les parents, mais il y a toujours
quelque chose. Ça c’est mon…euh, d’ailleurs ce n’est pas forcément…j’ai eu un entretien avec
votre camarade de promo et je n’ai pas forcément dit la même chose dans le sens où ce n’est
pas forcément les questions dans le même sens, et puis je n’avais pas eu le temps de préparer
et de réfléchir. J’ai réfléchi après coup et c’est sûr et certain. Il y a toujours des troubles
sensoriels. Je n’ai jamais vu un enfant qui est venu ici…ça m’est même arrivée d’avoir un enfant
qui avait des troubles TDAH, très clairs, très nets et la maman avait dit « vous habitez loin de
chez nous, c’est compliqué. Donc on veut juste un bilan et on va faire le suivi ailleurs ». Cette
maman-là, j’ai fait le bilan et je suis partie en formation à la MEEX, une formation en intégration
neurosensorielle. J’ai fait plusieurs formations, je ne vous l’ai pas dit dans ma présentation. J’ai
fait trois formations à la MEEX auprès d’Isabelle Babington, et j’ai eu une formation en Belgique,
donc voilà. Donc au retour de cette formation à l’IS, j’ai rappelé cette maman en lui disant « Je
n’avais pas du tout compris mais votre enfant il a des troubles sensoriels assez importants, et je
pense que je peux l’aider ». Et cette maman, c’est génial, parce que du coup elle a dit « bah ok,
pourquoi pas ». Et maintenant c’est mieux, c’est un enfant que je suis depuis un bout de temps.
Oui, faut vraiment tout regarder à chaque fois.
Oui, c’est ça qui est intéressant.
XXIX
Vous suivez beaucoup d’enfants TDAH ?
Oui. Alors, moi je ne travaille pas à temps plein, donc j’ai une grosse dizaine de patients répartis
sur la semaine, avec en plus beaucoup de travail pour justement communiquer sur notre travail,
faire des réunions d’informations pour les parents. Je travaille un peu plus large, un peu plus
global, car à la base je suis une ancienne journaliste. Pour les patients que j’ai dans la semaine
c’est toujours des prises en charge d’une heure, c’est rare que ce soit moins. Si, j’ai une ou deux
patientes où j’ai 45 minutes de temps. Sinon sur les 10 autres patients que j’ai, je dois en avoir
4 ou 5 qui sont avec des troubles autistiques...4 ou 5 qui ont des troubles de l’attention très nets
mais, ce n’est pas toujours…ouais je dirais un ou deux tiers de mes patients, mais à des degrés
divers.
D’accord, et comment se déroule vos interventions avec eux ?
Euh…c’est-à-dire ?
Au niveau des objectifs et des séances en intégration sensorielle, et l’aménagement de
l’environnement dans lequel vous réalisez les interventions. J’ai vu qu’en intégration sensorielle,
il y a une salle qui doit aménager d’une certaine façon.
Oui, j’ai tout à fait une salle adaptée. J’ai une salle vraiment bien adaptée, avec beaucoup de
matériel, beaucoup de places. Je travaille énormément sur le hamac. C’est un hamac que j’utilise
comme une grande chaussette. J’allonge les enfants dedans dans le sens perpendiculaire au
hamac. En gros, ça a une stimulation au niveau proprioceptif et vestibulaire. Ça permet à l’enfant
de se déplacer tout seul, c’est vraiment super. Avec les enfants qui ont des troubles de
l’attention, en général, je ne cible pas les troubles de l’attention comme un objectif. En général,
je vais voir pourquoi il a des troubles de l’attention. Et en général, je trouve des troubles
sensoriels. Donc je vais essayer de m’intéresser, à ce qui fait qu’un enfant n’a pas un bon
feedback, un bon retour sur ce qui se passe autour de lui et qui l’empêche de fonctionner
correctement et d’être attentif. Je vais regarder tout ce qui est sensoriel, et je vais de plus en
plus…ça fait deux ans maintenant que je suis formée aux réflexes, et les troubles de l’attention
c’est spectaculaire en fait le lien avec. Ils ont en effet des troubles sensoriels, c’est sûr mais, aussi
avec les réflexes. Donc, du coup je vais voir ce qui se passe en amont. En fait, ce que je veux dire
c’est qu’il y a des choses qui peuvent être mêlées. Donc un enfant qui a juste des troubles de
l’attention à l’école et qui a du mal à rester assis, écouter, être en double tâche, comme écrire
et écouter la maitresse par exemple, je vais essayer de comprendre pourquoi. Et très souvent,
je vais trouver une hypersensibilité tactile, il a un réflexe dans le dos, le spinal de Galant par
exemple, qui fait que dès qu’il a touché au dossier de sa chaise, il va être parasité par un
mouvement incontrôlé, donc du coup ça va à nouveau le faire décrocher. Ça peut être aussi une
hypersensibilité auditive qui fait que du coup il a du mal à gérer. Fin de toute façon, dès qu’ils
ont du mal à gérer leur entrée sensorielle, c’est très compliqué pour eux d’avoir une attention
correcte. Donc, du coup je vais miser beaucoup sur la maturation de l’enfant au niveau sensoriel
et des réflexes. Je vais vraiment repartir de la base. Je vais travailler beaucoup en amont de leurs
difficultés pour essayer de non pas mettre un pansement sur une jambe de bois et de régler
juste le symptôme, mais plutôt de régler la cause, fin d’aller m’intéresser à la cause. Attendez,
je vous demande juste deux secondes (silence). Je suis désolée est-ce que vous pouvez me
rappeler dans 5 minutes ? Je garde mon téléphone sur moi.
D’accord, pas de soucis, à toute de suite.
Allo !
XXX
Oui, allo ! Je vais essayer d’aller assez vite.
Oui, désolé, c’est un peu la période où il faut tout faire, donc c’est compliqué. Je sais plus où on
en était par contre.
Alors, on était rendu aux interventions pour les enfants TDAH.
Oui, donc nous à chaque fois on travaille beaucoup en amont des difficultés et donc beaucoup
en mouvement. Je ne fais jamais de séances en statique, au bureau. Je fais toujours des séances
en mouvements.
Et souvent, c’est les enfants qui choisissent l’activité qu’ils veulent faire ou c’est vous qui
choisissez ?
Alors, souvent ils choisissent un jeu et moi je vais choisir comment ils vont faire. Par exemple,
s’il choisit un puissance 4, moi je vais lui dire « d’accord ok » mais, on va le faire allonger sur un
ballon de pilates, en appuie sur les mains. On travaille le tonus postural et ça va travailler la
proprioception, le renforcement au niveau de la main, le réflexe d’agrippement, la dissociation
au niveau du poignet, voilà il y a plein de choses à travailler. Parfois, ils choisissent un jeu mais
ce n’est pas systématique. Il y a au moins 1 ou 2 fois dans la séance où ils choisissent un jeu.
D’accord, et du coup comment l’environnement (familial, scolaire et matériel) peut-il engendrer
une situation de handicap chez les enfants TDAH ?
Oui, c’est une question intéressante l’environnement familial, parce que nous c’est
vraiment…c’est complétement pris en compte, je ne sais pas comment expliquer. Mais nous on
mise énormément sur la famille, sur les parents. Et s’ils ne sont pas parties prenantes, on sait
très bien que la prise en charge ne va pas du tout évoluer de la même manière. Donc en gros,
on organise des réunions d’informations pour que les parents comprennent les troubles de leur
enfant. Et on leur demande de faire, en lien avec les réflexes archaïque notamment, 5 minutes
d’exercices par jour et quand les parents le font c’est incroyable les résultats. Ce n’est vraiment
pas du tout pareil si les parents sont impliqués ou non.
Et la plupart du temps ils sont assez bien investis dans la prise en soin ?
Ça dépend vraiment de la compréhension des troubles. Donc du coup, il y a vraiment un impact
favorable à ces fameuses réunions d’informations que je fais. C’est intéressant parce que…bon
après il y a toujours d’autres limites, même s’ils ont compris, il y a des limites qui peuvent être
les petits frères ou les petites sœurs, la fatigue, le mari qui n’est pas partie prenante alors que
la maman est partie prenante. Donc, on se confronte à pas mal de difficultés. Ce qui est sûr et
certain, c’est qu’en leur faisant comprendre les troubles de leur enfant, on fait déjà un pas qui
est très important.
D’accord et au niveau de l’environnement scolaire, pour les situations de handicap, ça se passe
comment ?
Ah bah là c’est incroyable. Là ne serait-ce qu’avec mes propres enfants je me rends compte que
les troubles sensoriels à l’école…fin ça, ça ne vous intéressera pas pour votre mémoire. Là, par
exemple, on est en confinement et j’ai des retours de patients qui vont mieux depuis qu’ils ont
arrêté l’école. Il y a peut-être un problème au niveau sensoriel à l’école. La cantine, c’est
invivable pour les enfants. Même nous, on ne pourrait pas s’infliger une heure de cantine. Il y a
énormément de bruits, des stimulations sensorielles et auditives dans tous les sens, des enfants
qui chahutent. Donc, ce n’est pas du tout un environnement…c’est un environnement très
XXXI
hostile au niveau sensoriel. Donc, du coup parfois c’est mal vécu par les enfants et ils le subissent
un petit peu. Donc, oui l’école ce n’est pas forcément un environnement favorable, et c’est
plutôt un environnement qui va être générateur de troubles attentionnels. Le matériel qui n’est
pas adapté, il n’y a pas assez de mouvements. Les enfants, se serait beaucoup plus adapté pour
eux qu’ils apprennent en mouvement, qu’ils soient sur des balles de pilates qui rebondissent,
qu’ils soient debout…Donc, non, l’environnement scolaire pour moi, il n’est pas du tout adapté
et c’est plus défavorable. Quand il y a des enfants qui ont besoin de mouvement pour apprendre
et qu’en fait ils sont statiques toute la journée, ça ne les aide pas. L’école d’aujourd’hui, elle
n’est pas du tout favorisante. Et puis, ils mettent quand même beaucoup la pression. On a des
programmes scolaires qui ne sont pas adaptés au niveau développemental de nos enfants. A
priori on a des programmes scolaires en France qui sont assez poussés pour le niveau d’âge des
enfants, et ça, ça ne les met pas non plus en confiance. Du coup, quand ils n’ont pas confiance
en eux, ils sont encore moins attentifs. C’est un petit peu un cercle vicieux.
Et du coup, quel va être l’intérêt de l’intégration sensorielle chez les enfants TDAH ?
Ça va être de faire murir leur système sensoriel pour qu’ils arrivent à mieux encaisser les
stimulations déjà, à mieux filtrer, parce que très souvent dans les cas de troubles de l’attention,
c’est des difficultés au niveau du filtrage. C’est des enfants qui ne vont pas avoir la possibilité de
mettre à l’arrière-plan certaines stimulations sensorielles. Donc, du coup l’idée c’est vraiment
de faire murir ce système sensoriel en lien avec les réflexes aussi, de les rendre plus mures au
niveau du développement psychomoteur pour qu’ils puissent encaisser mieux ces stimulations
sensorielles. C’est ça l’intégration sensorielle, c’est traiter une information sensorielle et y
répondre de la manière adaptée. On va leur apprendre ça aussi, par la réhabituation, par la
stimulation de… Les deux sens qui vont vraiment être organisateurs du système sensoriel global,
c’est le proprioceptif et le vestibulaire, donc nous on s’appuie énormément là-dessus. Souvent
moi, je suis assez surprise des résultats sur certains enfants, et ce qui peut être gênant ou être
un frein, c’est : 1 qu’on ait un parent qui ne soit pas partie prenant, ça c’est sûr et certain. 2 :
quand il y a quand même beaucoup d’école et qu’ils sont quand même du coup avec des troubles
sensoriels qui ne sont pas pris en compte, et puis euh… il n’y a pas assez de séances en fait. Pour
vraiment prendre en charge des troubles sensoriels, c’est très génial d’avoir au moins deux
séances par semaine. Quand on a deux séances par semaine, ça marche mieux. Mais le
problème, c’est que les parents sont limités financièrement. On ne peut pas travailler
gratuitement non plus, ce n’est pas cela l’idée. Ne serait-ce comme pratique thérapeutique ça
ne marche pas non plus… donc on n’est limité par ça.
Et vous associez l’intégration sensorielle à d’autres pratiques thérapeutiques ?
Oui à celle des réflexes, et puis à des pratiques plus classiques. On fait de la rééducation du
graphisme, moi je travaille avec la méthode ABC boum, je travaille la motricité fine. On ne fait
pas une croix sur les méthodes plus classiques. En revanche, on est clairement avec un parti pris
novateur. Il n’y en a pas beaucoup dans la région qui travaille comme ça et c’est vraiment
chouette de voir qu’il y a de plus en plus…bah justement d’ergothérapeutes qui font des
mémoires sur ces sujets-là, parce que moi quand j’ai commencé, il y a 7 ans…en sensoriel on se
demandait un petit peu ce que je faisais (rires). Du coup, c’est chouette que ce soit un petit peu
plus reconnu.
Est-ce que vous pouvez me parler de la thérapie et de l’approche en intégration sensorielle ? Je
ne sais pas si vous voyez la différence.
Euh…non pas du tout. Je n’ai pas compris votre question.
XXXII
Alors, la thérapie ça va être plus de faciliter les apprentissages de l’enfant dans les activités de
vie quotidienne, le côté rééducation. L’approche ça va être plus ciblée sur l’adaptation de
l’environnement et les interactions avec l’enfant.
Moi, je mise sur les deux clairement. Je trouve que le plus rapidement efficace c’est l’adaptation.
Ça va être un enfant qui a une hypersensibilité tactile, on préconise par exemple un gilet
compressif ou ne serait-ce qu’un collant compressif. Et il peut y avoir des résultats en une
semaine. Donc du coup les parents font avec ça, donc oui il y a quelque chose qui se passe. Et
après, la rééducation, c’est beaucoup plus en profondeur et là on ne va pas être palliatif. On va
essayer d’aller vraiment au fond du problème et d’essayer d’aider concrètement l’enfant à se
développer. On mise sur les deux quoi, c’est ce qu’on fait en séance.
Vous associez à la fois l’approche et la thérapie du coup.
Oui, tout à fait.
Du coup, quel trouble du traitement de l’information sensorielle est majoritairement retrouvé
chez les enfants TDAH que vous suivez ?
Je dirais que c’est souvent la difficulté de filtrage, la difficulté d’autorégulation, euh… Souvent
c’est des hypersensibilités de type tactile…Après ces troubles-là, ils sont dans la définition des
troubles, c’est variable donc c’est assez complexe. Clairement, il y a des difficultés
d’autorégulation, et puis des difficultés de filtrage et notamment le fonctionnement multipris
c’est-à-dire des enfants qui ont du mal à brancher plusieurs sens à la fois, qui vont être perturbés
par ça.
Et les enfants ne vont pas forcément avoir qu’une hypersensibilité, par exemple ?
Non non, ce n’est jamais un diagnostic clair et puis toujours assez…C’est ça qui est compliqué
dans les troubles sensoriels, on peut avoir un enfant qui est hypersensible au niveau tactile, mais
complétement hyposensible au niveau proprioceptif. Oui c’est très variable.
Quel va être l’impact du trouble sensoriel dans le quotidien de l’enfant ?
Je dirais que ça un impact prépondérant et multidimensionnel, parce qu’en gros ça va impacter
sa relation aux autres, sa confiance en lui, ses capacités cognitives, ses capacités de
mémorisation, d’attention, ses capacités motrices, car s’il n’a pas une bonne proprioception par
exemple il ne peut pas bouger correctement, ce n’est pas possible. Donc du coup, c’est vraiment
multidimensionnel, au niveau cognitif, émotionnel et moteur.
D’accord. Quel va être votre rôle face aux difficultés d’apprentissages scolaires et au manque
d’habiletés sociales de l’enfant TDAH ?
Déjà, ça peut être d’expliquer les troubles de l’enfant. Je trouve ça intéressant. Je ne le fais pas
si souvent que ça, mais ce serait intéressant…Moi je l’explique aux maitresses d’école, mais je
n’arrive pas encore à trouver une solution pour l’expliquer aux autres élèves. Donc j’ai souvent
des enfants qui sont un peu stigmatisés par leurs troubles mais, personne dans leur classe ne
comprend vraiment ce qu’ils ont.
Oui ce serait une bonne idée. Mais du coup pour des élèves, ça dépend quel âge ils ont, mais ça
peut être compliqué pour comprendre.
Oui, et puis c’est des enfants…donc oui. Ils sont un peu dur les uns avec les autres. Et oui, ça
arrive vraiment souvent cette stigmatisation… Oui, bon déjà je l’explique aux maitresses d’école.
XXXIII
Et là pareil on a invité des maitresses d’écoles aux réunions d’infos et c’était très intéressant. Ça
a changé leur regard justement sur certains patients.
D’accord, du coup vous collaborez beaucoup avec l’entourage scolaire et familial de l’enfant ?
J’aimerais bien collaborer plus (rires). Mais oui, en tout cas la famille, c’est sûr et certain qu’on
mise beaucoup dessus. En tout cas moi, mes collaboratrices elles ont un peu moins de temps,
mais moi je mise beaucoup sur la collaboration avec les parents.
De quelle manière cette collaboration va-t-elle s’organiser ?
En gros, je prends vraiment le temps à la fin de chaque séance, de dire ce qu’on a fait, ce qui
serait intéressant de refaire à la maison, essayer de les encourager et de ne pas trop les
culpabiliser parce que ça j’ai compris que ce n’était vraiment pas du tout une solution. Je ne
dirais pas que j’ai la solution miracle, parce que c’est compliqué parfois il y a des situations
familiales…J’ai un enfant par exemple, sa mère avait bien compris les troubles sensoriels de son
enfant mais, le père malgré les réunions d’informations ne passait pas le cap en fait. Déjà c’est
un père qui a lui-même des troubles sensoriels. Et du coup, il ne supportait pas le bruit. Sauf que
quand un enfant a des troubles auditifs aussi comme une hypersensibilité, il a tendance aussi
parfois à faire du bruit lui-même, donc du coup il était très agité. Donc, du coup le père, il
n’arrivait pas du tout à gérer ça. Et en fait, c’est un papa qui passait tous ses repas devant les
infos, devant les enfants. Et avec un enfant hypersensible au niveau tactile, auditif, et même
émotionnel, ne serait-ce que pour faire comprendre au papa que ça ce n’était pas du tout une
bonne idée, sachant que l’enfant avait à peine 6 ans. Euh…c’était compliqué, il a fallu se battre
mais, je ne sais même pas en fait s’il a continué ou s’il a arrêté. Je sais que la maman est en
conflit avec le père, ils sont encore ensemble mais… Parfois on s’oppose à des choses…on rentre
dans l’intimité de la famille en fait et c’est compliqué.
Oui c’est ça, il se sentent remis en question.
Oui, et puis on ne peut pas changer les choses comme ça. Parfois notre intervention, elle est
limitée et là par exemple je sais que c’est un enfant…s’il n’y avait pas ça, si l’environnement
familial était plus facilitateur, ce serait mieux. Bon après, ce qui serait génial, j’aimerais bien
essayer moi les stages intensifs, c’est-à-dire de voir les enfants pendant une semaine tous les
jours et de voir ce que ça change. Est-ce qu’il y a vraiment un impact ? Euh…
Oui, de voir vraiment l’évolution de l’enfant sur la durée.
Oui c’est ça, j’aimerais vraiment bien.
Et du coup, qu’est-ce que cette collaboration va apporter à la prise en soin de l’enfant TDAH ?
Je pense que c’est surtout la continuité du suivi et la répétition surtout. Par exemple, un enfant
qui a un réflexe d’agrippement, on peut lui faire faire de la pâte à modeler, de la pâte à pizza,
renforcer les arches…et ça si c’est fait tous les jours, c’est génial parce que ça va se mettre en
place. Mais faire un renforcement musculaire au niveau des mains pour un enfant, qu’on voit
une fois par semaine, bah faut faire ça tout le temps pendant la séance, donc ça ne va pas. C’est
vraiment la régularité qui va avoir un impact sur justement l’intégration des réflexes,
l’intégration sensorielle et qui va permettre à l’enfant de se développer. La répétition, c’est
quand même vraiment important.
D’accord, et quelles sont les limites de cette collaboration ?
XXXIV
Les limites, je dirais, c’est souvent quand les profs comprennent mal, ou qu’il y a peu de moyens
pour appliquer les préconisations. J’essaie de faire en sorte que les préconisations au moins
soient comprises. Pour les parents, c’est plus le manque de temps. Ils sont dépassés. Pour les
enseignants, c’est un peu pareil en fait. C’est souvent le manque de temps et le fait qu’ils soient
dans l’urgence de gérer les autres élèves, du coup ce n’est pas génial.
A l’école, quels moyens vous allez mettre en place pour l’enfant ?
A l’école, on met en place comme adaptation des plans inclinés, par exemple. Ça peut être bien
au niveau visuel, pour soulager…ce n’est pas forcément sensoriel pure mais, au niveau de la
dissociation du poignet. Et puis on va essayer de préconiser justement un emplacement plus
favorable s’il est hypersensible au niveau tactile, qu’il soit plutôt à l’écart. S’il a une
hypersensibilité auditive, qu’il soit quand même…c’est pareil, déjà on va bien l’expliquer au prof
pour que les troubles soient mieux compris. Moi je passe beaucoup par l’explication et la
compréhension, après les adaptations au niveau sensoriel à l’école, c’est plus par les parents
que je passe en fait. Je vais leur dire par exemple qu’un vêtement compressif ça va aider au
niveau tactile. Mais les profs ne mettent pas beaucoup de choses en place. C’est plus la
compréhension sur laquelle je vais insister.
La continuité des soins est donc plus difficile avec les enseignants ?
Oui oui, surtout qu’il n’y a pas encore une bonne compréhension, mais ça va peut-être venir.
Vous, comment est-ce que vous pourriez améliorer cette collaboration ?
Alors, avec les profs, moi je mettrais une ergothérapeute dans chaque école (rires). Non, mais
c’est vrai qu’aux Etats-Unis et au Canada, il y a beaucoup plus d’ergo qui travaillent dans les
écoles et c’est beaucoup plus adapté et évident c’est mieux. Avec les parents, je fais déjà pas
mal de choses, des réunions d’infos. Du coup, depuis le confinement je fais énormément de
vidéos que j’ai publié sur les réseaux sociaux, que j’ai publié sur une chaine YouTube du coup,
pour aider les parents et leur donner des idées. Donc, vraiment cet accompagnement-là, je ne
vois pas ce que je peux faire de plus, après c’est dans leurs mains. À partir du moment où je leur
fais des vidéos d’exercices à faire à la maison… Il faudrait réellement que je leur fasse un
planning avec la fréquence et des petites fiches que je peux leur donner, mais je ne veux pas
non plus trop les confronter à quelque chose qui soit trop rigoureux, pour ne pas qu’ils se
sentent mal. Ça me gênerait qu’ils puissent se sentir mal et qu’ils lâchent tout. Je sais que j’ai
une maman qui m’avait vraiment fait ce retour-là parce que j’ai…encore une fois je me suis
reconvertie à 29 ans et je ne l’ai pas fait pour des prunes, donc j’avais une idée précise de ce que
je veux faire, une idée un peu idéaliste de mon métier, du soin, et du coup j’ai tendance à être
un peu exigeante. Et c’était une maman qui ne faisait rien de ce que je lui demandais, rien du
tout, même pas des trucs tout simples. Et elle a une petite fille avec des troubles sensoriels
énormes et j’avais mal au cœur pour elle. Et du coup, je pense que j’ai dû peut-être un jour, être
un petit peu trop…comment dire euh…trop clair dans mes propos et elle ne l’a vraiment pas bien
pris. Donc, du coup c’était contre-productif. Non, en fait voilà, je me souviens sur quoi ça avait
beuguer. C’est qu’en gros, elle voulait que je voie sa fille une fois toutes les deux semaines. Ça
ne donnait rien une fois toutes les deux semaines. Surtout qu’il n’y avait absolument rien qui
était mis en place à la maison. Au début j’avais dit oui, mais il fallait qu’elle mette des choses en
place à la maison, donc en gros les petits exos que je vous donne. Et elle ne l’a jamais fait, donc
ça piétinait, et pour moi ce n’est pas une bonne idée. C’est une perte de temps et d’argent pour
eux, et une perte de temps et d’argent pour moi. Fin, pour moi ça n’avait aucun intérêt. Du coup,
je lui ai dit « bah écouter, ce que je vous propose c’est que l’on fait 6 mois une fois par semaine,
XXXV
et 6 mois où l’on ne se voit pas » et elle n’a pas voulu. D’ailleurs elle me l’avait dit que je l’avais
un petit peu trop fait culpabiliser. Ça c’est toujours quand les parents, eux-mêmes, ont des
difficultés, mais c’est très souvent le cas donc il faut faire avec. Je vais devoir vous laisser, je ne
sais pas si vous avez encore beaucoup de questions.
Il m’en reste juste une. Est-ce que je peux ?
Ok.
Du coup, vous m’avez parlé des interventions que vous menez auprès des parents. Est-ce que
vous avez mené d’autres formes d’interventions que les réunions d’interventions, auprès des
enseignants et des parents ?
Euh non, je fais les réunions d’informations et puis après je vais aux réunions. Quand je vais aux
réunions, je n’hésite pas maintenant à parler d’intégration sensorielle et d’intégration des
réflexes. Mes collaboratrices sont plus frileuses que moi, parce qu’elles sont moins bien formées
et elles sont en train de se former, et donc elles sont moins sûres d’elles lorsqu’elles parlent.
Moi, c’est bon, je suis sûre de moi. J’ai vu tellement de choses qui m’ont fait complétement
halluciner (rires) que du coup quand je parle de ça, je sais que c’est un vrai sujet. Moi j’en parle
vraiment et c’est de mieux en mieux accueilli, j’ai de moins en moins de profs qui me regardent
avec des gros yeux lors des réunions ESS. Pour les parents, j’ai également fait un questionnaire
de satisfaction.
D’accord et bah du coup ça va être bon pour moi. J’ai eu toutes les informations qu’il me fallait.
Merci beaucoup !
D’accord et bah bon courage !
Bon courage à vous aussi !
Merci, à bientôt au revoir.
Au revoir.
Annexe 9 : Entretien ergothérapeute E4 (mail)
Ergothérapeute E4, Moi
Pouvez-vous me présenter votre parcours professionnel ? Quel est votre parcours dans
l’intégration sensorielle ? (Quand avez-vous été formée à l’IS ? Depuis combien de temps
l’exercez-vous ? Pourquoi avoir choisi l’IS ?)
J’ai eu mon diplôme d’Etat en 1992. J’ai ensuite exercé auprès de personnes polyhandicapées,
puis en SSR, et depuis 10 ans je travaille en pédiatrie en libéral. Je me suis formée à l’intégration
sensorielle depuis 2010, et j’ai eu une réactualisation en 2018. J’ai une pratique régulière en
approche et rarement thérapie. J’ai choisi l’IS parce que vouloir faire marcher quelqu’un avec
un caillou dans sa chaussure c'est un peu dommage, travailler juste le produit fini me semble
incomplet. Je trouve intéressant de stabiliser la base pour obtenir une meilleure amélioration
des performances.
Pouvez-vous me parlez de vos interventions auprès des enfants TDAH ? (Suivez-vous beaucoup
d’enfants TDAH ? Comment se déroule vos interventions avec eux ?)
XXXVI
Je suis peu d'enfants TDAH, 3 enfants de 8 à 12 ans, avec l'un où j’interviens pour le travail et
l’organisation à l'ordi. Il n’a pas d’hyperactivité. J’interviens également à l'école et auprès de
l’enseignant pour l’adaptation des supports et la prise en compte de son trouble "invisible". Le
second enfant, je travaille sur l’informatisation et la recherche d'outils. Le trouble est peu pris
en compte, car il ne semble pas percevoir que cela gêne sa scolarité (apparait comme un enfant
très curieux mais, tout est survolé). Des essais avec la famille pour les temps sans ritaline ont
été effectués mais, l’enfant n’avait pas suffisamment d'investissement dans les séances. Avec le
3ème enfant, je travaille sur l’ordinateur à la demande principale de la famille et de
l'établissement. L’établissement ne semble pas avoir d'attente d'un ergo à ce niveau...
Comment l’environnement (familial, scolaire et matériel) peut-il engendrer une situation de
handicap chez les enfants TDAH ?
A cause du manque de participation, de leur méconnaissance des troubles et des moyens
d'intervention, de la part de la famille ou de l’enseignant.
Quel est l’intérêt de l’intégration sensorielle chez les enfants TDAH ? Quelles sont les limites de
cette méthode ?
L’IS prend en compte l’état actuel de l’enfant dans son ensemble, aussi bien au niveau moteur,
cognitif, sensoriel et émotionnel. Cela permet d’agir en fonction de cet état afin d’avoir un
meilleur fonctionnement.
Associez-vous l’intégration sensorielle à d’autres pratiques thérapeutiques ? Si oui, lesquelles et
de quelle manière ? Si non, pourquoi ne pas utiliser d’autres méthodes ?
J’associe l’IS chez les enfants TDAH au programme alerte. Celui-ci permet d’aider l’enfant à
identifier son niveau d’éveil pour ensuite qu’il puisse se réguler plus facilement. Je n’utilise pas
d’autres méthodes sans doute par manque peut-être de pratique.
Pouvez-vous me parler de la thérapie et de l’approche en IS ? Quels sont les objectifs de la
thérapie et de l’approche en IS ? En quoi sont-elles différentes ?
L'approche est intégrée dans la prise en charge "du produit fini". Alors que la thérapie est l'axe
principal.
Associez-vous l’approche et la thérapie en IS lors de la prise en soin avec un enfant TDAH ou
bien les deux pratiques doivent être bien distinctes ? Si oui, quel est l’intérêt ? Si non, pourquoi
ne pas le faire ?
J’associe à la fois l’approche et la thérapie en IS. Cela me semble logistiquement et en pratique
plus intéressant.
XXXVII
Quels troubles du traitement de l’information sensorielle sont majoritairement retrouvés chez
les enfants TDAH que vous suivez ?
Les problèmes de traitement de l’information auditive et visuelle.
Comment l’hyperréactivité sensorielle se traduit-elle au quotidien (dans l’environnement
familial, scolaire, comportement et développement de l’enfant) ?
Elle se traduit par une instabilité corporelle, gestuelle et par des troubles attentionnels.
Quel est l’impact de l’hyperréactivité sensorielle dans le quotidien de l’enfant (sur son
comportement, la relation avec autrui, son développement) ?
L’hyperréactivité sensorielle d’un enfant TDAH perturbe ses apprentissages par rapport à sa
disponibilité. S’il présente une hyper agitation, cela entraine un problème d’engagement dans
l'activité. Sa relation avec autrui est également difficile. Il va avoir une fatigue cognitive en
interaction avec ses apprentissages.
Quel est le rôle de l’ergothérapeute dans l’accompagnement des apprentissages scolaires et le
développement des habiletés sociales de l’enfant TDAH avec une hyperréactivité sensorielle ?
Le rôle de l’ergothérapeute est de permettre la détection, la personnalisation et la mise en
place des outils de modulation.
Collaborez-vous avec l’entourage scolaire et familial de l’enfant ?
Oui pas toujours, parfois c’est très cloisonné. Ils ne nous prennent pas comme partenaire sur
lequel s'appuyer pour adapter. Ils ne connaissent pas suffisamment la profession, la
problématique...
Comment s’organise la collaboration entre l’ergothérapeute avec l’enseignant et la famille ?
Quand l’intervention a lieu à l'école, l’intervention est directe en informant la famille des essais
ou inversement. Je demande aussi l'accord de l’enseignant pour des essais.
Qu’est-ce que cette collaboration apporte à la prise en soin de l’enfant TDAH avec une
hyperréactivité sensorielle ?
Cela permet d'affiner notre rôle de détective pour mieux orienter et de mieux choisir
l’intervention qui peut être mise en place.
XXXVIII
Quelles sont les limites que vous rencontrez dans cette collaboration ?
Il est difficile de mettre en place une routine, de l'inclure dans la journée de l’enfant. Il faut tout
d’abord tester et si cela ne fonctionne pas du premier coup, il faut laisser tomber.
Comment intégrer les parents dans la prise en soin afin de favoriser une continuité des soins à
domicile ?
La continuité des soins est peut-être plus favorable dans cette période de confinement, d'une
part ce n’est pas facile de rester toute la journée à la maison et les échanges sont plus faciles au
cours de la visioconférence. Les parents sont également peut-être plus disponibles pour mettre
en place des exercices à la maison et échanger avec nous.
Les enseignants sont-ils investis dans cette collaboration ? Quels moyens sont mis en place à
l’école ?
Les enseignants sont plus ou moins investis. Ils ne sont pas réticents à recevoir des informations
sur les troubles, et tester des adaptations, mais on a peu de retour par rapport à ça, sauf dans
les classes spécialisées.
Comment améliorer cette collaboration ?
Aucune réponse
Avez-vous mené des interventions auprès des parents et des enseignants afin de les informer
sur l’IS ? Si oui, de quelle manière ? Si non, pourquoi ?
J’ai mené des interventions auprès des parents et des AVS, sous formes d’échanges
d’informations verbales, la mise en place d’un livret du Canada et l’essai d’outils.
XXXIX
Annexe 10 : Grille d'analyse des entretiens
Prise en soins des enfants
TDAH
Indicateurs E1 E2 E3 E4
Environnement ergothérapique
« Lorsque nous réalisons le bilan initial nous faisons automatiquement passer le profil sensoriel de Dunn ainsi que des testings »
« c’est très important l’apport vestibulaire. Et pour faire du vestibulaire, c’est hyper intéressant d’avoir des fixations au plafond, pour pouvoir mettre des hamacs, des plateformes » « ce qui est important dans cette rééducation-là, c’est le fait d’aménager l’environnement pour amener l’enfant à utiliser, interagir avec les objets, qu’on veut qu’ils interagissent. »
« j’ai tout à fait une salle adaptée. J’ai une salle vraiment bien adaptée, avec beaucoup de matériel, beaucoup de places. Je travaille énormément sur le hamac. […] En gros, ça a une stimulation au niveau proprioceptif et vestibulaire. » « ballon de pilates » « Je ne fais jamais de séances en statique, au bureau. Je fais toujours des séances en mouvements. »
« J’ai une pratique régulière en approche et rarement en thérapie »
Objectifs Apprentissage
« les apprentissages de l’utilisation de l’ordinateur »
« pour le travail et l’organisation à l'ordi », « l’informatisation »
Mouvement et troubles associés
« la prise de conscience des difficultés pour qu’ils puissent essayer de s’autoréguler »
« Planification, gestion du temps, respecter les règles et les consignes, gérer l’argent. Il y a aussi
XL
la motricité fine, la visuoconstruction »
Cause « Je ne cible pas les troubles de l’attention comme objectif. En général, je vais voir pourquoi il a des troubles de l’attention »
Troubles sensoriels « des troubles sensoriels, à prendre en compte, à rééduquer. »
« Je vais regarder tout ce qui est sensoriel. » « Je vais miser beaucoup sur la maturation de l’enfant au niveau sensoriel et des réflexes. »
Adaptation « l’adaptation des supports […], la recherche d’outils »
Enfants TDAH Troubles attentionnels et sensoriels
« difficulté à supporter les remarques qu’ils peuvent interpréter de manière négative et qui va les parasiter ensuite toute la journée »
« état de surexcitation, avoir plutôt besoin de bouger et se recentrer » « Un enfant TDAH, il reçoit un petit peu tous les stimuli sensoriels au même niveau […], ils ont du mal à filtrer, à prioriser » « il y a déjà les stimuli sensoriels qui l’agressent »
« ils ont du mal à gérer leur entrée sensorielle, c’est très compliqué pour eux d’avoir une attention correcte »
XLI
Troubles associés « la plupart des enfants TDAH que l’on reçoit, ils ont souvent autre chose que le TDAH […] TDAH et dyspraxique, ou TDAH et dyslexique et dysorthographique »
« il a un réflexe dans le dos, le spinal de Galant par exemple, qui fait que dès qu’il a touché au dossier de sa chaise, il va être parasité par un mouvement incontrôlé donc du coup ça va à nouveau le faire décrocher »
Déni « Il y a également souvent une sorte de déni des difficultés […] justification à un travail non rendu, ou une nonchalance, ou encore un manque de respect qui est justifié « parce que j’ai un TDAH » »
Apprentissages « Difficultés au niveau de la scolarité »
Estime de soi « n’arrive pas à stabiliser ses émotions » « rejet de ses pairs par rapport à sa suffisance » « grosse perte de confiance en lui »
« il y a aussi les difficultés d’interaction sociale dans le TDAH » « ils ne sont jamais valorisés, ils sont toujours les élèves punis, ou qui ont le moins d’étoiles, de stickers ou de smileys »
« Donc j’ai souvent des enfants qui sont un peu stigmatisés par leurs troubles, mais personne dans leur classe ne comprend vraiment ce qu’ils ont »
XLII
Environnement familial
Contexte familial « Etant donné que les remarques négatives peuvent être mal interprétées, ils [les parents] ne lui en font aucune et lui excuse tout »
« le manque de mouvement [...] aussi bien pour l’école que pour la maison, on veut toujours que l’enfant soit assis droit comme un i sur sa chaise […]. Un enfant au contraire apprend en bougeant »
« il y a des limites qui peuvent être les petits frères ou les petites sœurs, la fatigue, le mari qui n’est pas partie prenante alors que la maman est partie prenante »
Investissement « Selon comment les parents acceptent le handicap, trop permissif, juste, ou au contraire dans le déni et donc trop sévère, […], la pathologie sera vécue de manière complètement différente par le jeune. »
« manque de participation, de leur méconnaissance des troubles et des moyens d’interventions »
Environnement scolaire
Environnement « A l’école, il y a beaucoup trop de stimuli. Il y a beaucoup d’affichage dans les classes, il y a beaucoup de bruits. Après, le repérage dans le temps n'est pas forcément facile, parce qu'il n’y a toujours des repères évidents. Euh… les
« La cantine, c’est invivable pour les enfants […]. Il y a énormément de bruits, des stimulations sensorielles et auditives dans tous les sens » « C’est un environnement très hostile au niveau sensoriel. […] c’est
XLIII
durées de temps de travail qui sont imposés […] sont longues pour un enfant TDAH, et qui en plus ne sont pas forcément flexible dans le cadre scolaire. […] Les règles et les consignes ne sont pas toujours claires non plus. Le niveau des exigences ne va pas forcément être adapté aux besoins d'un enfant TDAH. On va dire dans le fonctionnement, dans le modèle éducatif qu'on a, on est quand même plus souvent dans le fait de pénaliser, de punir les mauvais comportements ou des échecs, plutôt que de valoriser les réussites et les bons comportements. » « Généralement, la pause méridienne vraiment, c’est hyper compliqué […] il y a beaucoup trop de stimulation. »
plutôt un environnement générateur de troubles attentionnels. Le matériel qui n’est pas adapté, il n’y a pas assez de mouvements […] ils sont statiques toute la journée, ça ne les aide pas .» «L’école d’aujourd’hui, elle n’est pas du tout favorisante. Et puis, ils mettent quand même beaucoup la pression. On a des programmes scolaires qui ne sont pas adaptés au niveau développemental de nos enfants. »
XLIV
Comportement des enseignants
« Rejet […] également auprès de ses professeurs qui n’arrivent plus à savoir si cela vient de la pathologie ou de l’éducation » « le collège ne prend pas du tout en compte ses particularités » « Selon comment […] l’équipe éducative met en place les aménagements, la pathologie sera vécue de manière complètement différente par le jeune »
« manque de participation, de leur méconnaissance des troubles et des moyens d’interventions »
Conséquences « Apriori on a des programmes scolaires en France qui sont assez poussés pour le niveau d’âge des enfants, et ça, ça ne les met pas non plus en confiance. Du coup, quand ils n’ont pas confiance en eux, ils sont encore moins attentifs. C’est un petit
XLV
peu un cercle vicieux.» « là on est en confinement et j’ai des retours de patients qui vont mieux depuis qu’ils ont arrêté l’école. Il y a peut-être un problème au niveau sensoriel à l’école. »
L’intégration sensorielle
Indicateurs E1 E2 E3 E4
Intérêt IS IS « Grâce à une diète sensorielle de mieux gérer ses comportements parasites. Elle va aussi l'aider à mieux s'organiser et à mettre en place des stratégies efficaces. »
« Ça dépend là aussi du profil de l’enfant » « on est plutôt dans une rééducation qui est très active, on ne fait pas des protocoles normalement où on va appliquer des stimuli sur l’enfant. C’est l’enfant qui doit agir et aller se stimuler tout seul en fait, en fonction du matériel qu’on met.» « l'intégration sensorielle c'est quand même une approche qui
« souvent ils choisissent un jeu et moi je vais choisir comment ils vont faire » « Les deux sens qui vont vraiment être organisateurs du système sensoriel global, c’est le proprioceptif et le vestibulaire, donc nous on s’appuie énormément là-dessus »
« L’IS prend en compte
l’état actuel de l’enfant
dans son ensemble,
aussi bien au niveau
moteur, cognitif,
sensoriel et émotionnel.
Cela permet d’agir en
fonction de cet état afin
d’avoir un meilleur
fonctionnement. »
XLVI
est bottum-up, qui est sensorimotrice, on est vraiment sur de l’expérimentation, l'apprentissage par essais erreurs pour créer de nouveaux schèmes moteurs et augmenter le nombre de réponses adaptées. »
Objectifs « Cela va leur permettre de gagner en autonomie pour gérer leur quotidien et mieux se contrôler »
« d’améliorer les ressources attentionnelles, de réduire tous les comportements qui peuvent être problématique, que ce soit à la maison ou à l’école, en régulant son besoin de mouvement, en apprenant à filtrer les stimuli » « on va pouvoir l’aider à mieux pouvoir se concentrer en classe, à avoir des réponses plus adaptées »
« Ça va être de faire murir leur système sensoriel pour qu’ils arrivent à mieux encaisser les stimulations déjà, à mieux filtrer. […] c’est traiter une information sensorielle et y répondre de la manière adaptée. » «C’est vraiment la régularité qui va avoir un impact sur justement l’intégration des réflexes, l’intégration sensorielle et qui va permettre à l’enfant de se développer. »
XLVII
Limites « Cela ne changera pas qu’il y a une hyperactivité et des troubles de l’attention »
« ça doit se passer au cabinet parce qu’on a besoin de beaucoup de gros matériels, et clairement au domicile et à l’école ce n’est pas possible. » « Il faut que ce soit très régulier. Théoriquement, il faudrait que ce soit deux séances de 45 minutes par semaine. Le problème, c’est que ça, ça demande du temps et ça demande de l’argent aussi. […] ce n’est pas une rééducation qui est facile à financer pour les familles…s’il n’y pas d’aide de la MDPH ou autre, donc ça c’est une grosse limite aussi. […] Il y a tellement de choses à prendre en charge que bah faire deux séances d’intégration sensorielle par semaine, ce n’est pas toujours évident. » « Mais aussi de l’argent pour l’ergo parce que du
« ce qui peut être gênant ou être un frein, c’est, 1 : qu’on ait un parent qui ne soit pas partie prenant, ça c’est sûr et certain. 2 : quand il y a quand même beaucoup d’école et qu’ils sont quand même du coup avec des troubles sensoriels qui ne sont pas pris en compte, et puis euh… il n’y a pas assez de séances en fait. » « Mais le problème, c’est que les parents sont limités financièrement. »
x
XLVIII
coup il faut une salle qui convient, il faut beaucoup de bons matériels, donc c’est des gros investissements sans parler du coup des formations d’ailleurs. » « Dans les autres limites, je pense qu’il y a vraiment aussi le fait que c’est une méthode qui n’est pas bien connue et reconnue.[…] Et dernièrement, c’est vrai que les ergo se tournent plutôt vers les approches top-down que bottum-up, donc on a pas mal de limite à cela. »
Autres pratiques thérapeutiques associées
« la médiation équine pour travailler sur les émotions, la frustration, la régulation et la revalorisation. »
« A côté de ça, il y a des protocoles de désensibilisation qui peuvent exister, notamment le protocole de Wilbarger qui consiste en un brossage et des compressions articulaires qui
« à celle des réflexes, et puis à des pratiques plus classiques. On fait de la rééducation du graphisme, moi je travaille avec la méthode ABC boum »
« au programme alerte. Celui-ci permet d’aider l’enfant à identifier son niveau d’éveil pour ensuite qu’il puisse se réguler plus facilement »
XLIX
fonctionnent pas mal, de mon expérience. » « on utilise un petit peu l’approche cognitive type CO-OP avec certains enfants, quand vraiment on a un objectif à court terme sur une activité en particulier. »
Thérapie IS « La thérapie IS a besoin de répétition (au moins deux séances par semaine). Elle sert à retravailler sur les systèmes neuronaux pour que le trouble sensoriel diminue. C'est vraiment une rééducation »
« la thérapie en intégration sensorielle, elle va permettre d’améliorer les réponses motrices de l’enfant. Après, la dernière chose qui est importante, ça va être d’apprendre aussi à l’enfant, à essayer de comprendre ses besoins, réussir à savoir dans quel état il est, ne serait-ce que par rapport à son niveau d’éveil […]. Donc, réussir à lui-même identifier et mettre en place des stratégies, que lui il peut utiliser au quotidien pour réussir à se ramener au bon
« La rééducation, c’est beaucoup plus en profondeur et là on ne va pas être palliatif. On va essayer d’aller vraiment au fond du problème »
« la thérapie est l’axe principal »
L
niveau d’éveil pour pouvoir apprendre. »
Approche IS « L'approche IS va être ponctuelle par exemple une fois par semaine. Elle vise une régulation sans pour autant remonter à l'origine du trouble. Avec les TDAH on est plus dans une approche. » « on peut voir davantage l'approche comme une réadaptation »
« Des fois ce n’est pas possible de faire des séances au cabinet aussi, donc des fois on va agir que sur l’environnement. »
« je trouve que le plus rapidement efficace c’est l’adaptation. »
« L’approche est intégrée dans la prise en charge « du produit fini ». »
Association - Utilisation des deux méthodes dépend d’un trouble associé au TDAH
Ne faisait pas la différence entre la thérapie et l’approche « je pense que les deux sont assez indissociables, ça va dépendre toujours des profils »
Ne faisait pas la différence entre la thérapie et l’approche « Moi je mise sur les deux clairement »
« J’associe à la fois
l’approche et la thérapie
en IS. Cela me semble
logistiquement et en
pratique plus
intéressant. »
Les troubles sensoriels
Indicateurs E1 E2 E3 E4
Profil sensoriel Trouble de la modulation Filtrage Régulation
« Si le TDAH est bien diagnostiqué il n'y aura pas forcément de
« ça va ressortir dans le besoin de stimulation au niveau vestibulaire et proprioceptif, donc
« la difficulté de filtrage, la difficulté d’autorégulation, euh… Souvent c’est des
« les problèmes du traitement de l’information auditive et visuelle. »
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troubles sensoriels associés. Par contre il peut y avoir une comorbidité ou un trouble qui en résulte. Dans ce cas il s'agit très souvent d'une recherche intense de sensation. »
les sens liés au mouvement » « la question de réussir à filtrer, prioriser les informations sensorielles, gérer ce qui est important et mettre en sourdine ce qui n’est pas important. » → difficulté de filtrage +++ « Après on peut trouver des problèmes d’hypersensibilité ou à l’inverse des hyposensibilités et des recherches de stimulations, mais c’est à distinguer du filtrage »
hypersensibilités de type tactile » « je dirais qu’en fait…il y a toujours des troubles sensoriels. Il n’y a pas forcément des troubles sensoriels qui vont être évoqués tout de suite, qui vont être compris par les parents tout de suite. Mais il y a toujours des troubles sensoriels, ne serait-ce qu’au niveau proprioceptif et vestibulaire. »
« Elle [l’hyperréactivité sensorielle] se traduit par une instabilité corporelle, gestuelle et par des troubles attentionnels. »
Variable « Les troubles du TDAH ne sont pas liés à un défaut du traitement de l'information sensoriel (en tout cas pas s'il s'agit d’un vrai TDAH). »
« ce n’est jamais un diagnostic clair […] on peut avoir un enfant qui est hypersensible au niveau tactile, mais complétement hyposensible au niveau proprioceptif. Oui c’est très variable »
LII
Impact général Apprentissages
x « dans le cadre…on va dire scolaire, apprentissage académique…déjà bah tout simplement ce sont des enfants qui vont avoir beaucoup de difficultés » « il va avoir du mal à mobiliser et à maintenir son attention. […] il peut vite accumuler des retards dans différents domaines. » « des enfants qui peuvent être aussi excessivement fatigués »
« un impact prépondérant et multidimensionnel, parce qu’en gros ça va impacter sa relation aux autres, sa confiance en lui, ses capacités cognitives, ses capacités de mémorisation, d’attention, ses capacités motrices »
« L’hyperréactivité
sensorielle d’un enfant
TDAH perturbe ses
apprentissages par
rapport à sa
disponibilité. S’il
présente une hyper
agitation, cela entraine
un problème
d’engagement dans
l'activité. »
« Il va avoir une fatigue
cognitive en
interaction avec ses
apprentissages. »
Conséquences multidimensionnelles
« impossibilité totale à rester assis » « On parle vraiment des répercussions, autant au niveau purement cognitif, que sensori-moteur, que visuospatiale, mais qui ne sont pas des troubles différents du TDAH, mais vraiment
LIII
qui sont des répercussions en fait du TDAH » « compliqué pour eux de gérer tout ce qui va être les tâches multiples »
Interaction sociale Estime de soi
« Ils ont besoins de beaucoup de mouvements et ils vont facilement s’engager dans des jeux déjà assez violents » « ils vont facilement mal interpréter, parce qu'ils n’ont pas forcément, déjà bien, compris votre message. A partir de là, ça peut vite générer du conflit » « la gestion des émotions aussi, à cause de beaucoup de difficultés » « Il reste dans le rôle de celui qui est puni, de celui qui n’est pas sage, de celui qui fait le clown de la classe. Ça
« Sa relation avec
autrui est également
difficile. »
LIV
encourage plus les mauvais comportements au lieu de les aider »
Intervention de l’ergothérapeute
Objectifs x « en régulant l'intégration sensorielle, on va leur permettre d'améliorer leur disponibilité, donc leur capacité attentionnelle, pour pouvoir entrer dans les apprentissages. Aussi, apprendre à prendre conscience de son niveau d'éveil, de ses émotions, savoir comment s'autoréguler. »
« permettre la détection, la personnalisation et la mise en place des outils de modulation »
Entourage « Ça passe d'abord par les parents pour réussir à mettre en place des choses à ce niveau-là, à la maison. »
« d’expliquer les troubles de l’enfant. […] je l’explique aux maitresses d’école, mais je n’arrive pas encore à trouver une solution pour l’expliquer aux autres élèves. »
Adaptation « mettre en place des fidgets pour aider la concentration »
« Après, tout ce qui va être conseils et accompagnement de l'entourage familial et
« on met en place comme adaptation des plans inclinés »
LV
scolaire, avec la mise en place de stratégies, d’outils qui vont pouvoir permettre le mouvement, des supports visuels qui vont permettre de clarifier un petit peu les règles, les situations, de l’aider à gérer et identifier les moments de la journée, les émotions etc… Les systèmes de renforcement positif aussi, ça marche hyper bien. » « c’est toujours très dépendant du profil de l’enfant » « fidgets, des petites balles, quelque chose qu’il peut remuer dans ses doigts, ou avoir des bijoux à mordre. On part vraiment des comportements propres à l’enfant. » « Système de renforcement positif »
« on va essayer de préconiser justement un emplacement plus favorable » « je passe beaucoup par l’explication et la compréhension, après les adaptations au niveau sensoriel à l’école, c’est plus par les parents que je passe en fait. »
LVI
« Mettre aussi des coussins à air sur la chaise, tendre un élastique entre les pieds avant de la chaise…fin toutes les stratégies qui peuvent permettre de bouger. Ça peut être tout simplement de lui confier des responsabilités. » « prendre une pause, d’aller dans la cour courir 5 minutes et de revenir. » « se repérer dans le temps, et du coup pour pouvoir visualiser le temps pendant lequel on leur demande d’être attentif, les outils comme le time timer » « de limiter les affichages dans la classe, de privilégier un environnement plutôt calme » « Le mettre plutôt dans l’avant de la classe
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pour qu’il ne soit pas distrait par les gens devant lui, éviter de le mettre près des fenêtres » « L’enfant qui est hypersensible au bruit pendant la classe, on proposera un casque antibruit. Ça va être vraiment au cas par cas » « s’il y a une répercussion sur la motricité, il va aussi y avoir l’adaptation aux tâches d’écriture, l’adaptation éventuellement des activités sportives »
Collaboration avec la famille et les
enseignants
Indicateurs E1 E2 E3 E4
Limites Famille Enseignants Contexte
« déni de la famille ou d’un refus d’aménagement de la part des enseignants » « L'enfant peut
« la question de l’adhésion, de l’implication des personnes dans leur rééducation »
« Parfois on s’oppose à des choses…on rentre dans l’intimité de la famille en fait et c’est compliqué »
« Ils ne connaissent pas suffisamment la profession, la problématique »
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également faire barrière et n'accepte pas toujours que l'on communique avec l'établissement. » « Tout dépend de l'accord et de la motivation des interlocuteurs. Parfois on se retrouve confronté à un vrai mur. »
« les troubles sensoriels on en parle peu, ce n’est pas quelques choses de connus. La plupart des médecins ne les prenaient pas forcément en compte. » « les contraintes de temps et d’argents »
« les profs comprennent mal, ou qu’il y a peu de moyens pour appliquer les préconisations. » « Pour les parents, c’est plus le manque de temps. Ils sont dépassés. Pour les enseignants, c’est un peu pareil en fait. C’est souvent le manque de temps et le fait qu’ils soient dans l’urgence de gérer les autres élèves »
« Ils ne nous prennent pas comme partenaire sur lequel s'appuyer pour adapter. » « très cloisonné » « Il est difficile de mettre en place une routine, de l'inclure dans la journée de l’enfant »
Organisation Collaboration avec les parents Continuité des soins
« Autant que cela est possible car il est important de pouvoir transposer les techniques qui fonctionnement au niveau de la régulation dans le quotidien » « Cela dépend du lieu d'intervention si c'est une prise en charge au cabinet les parents ont un grand rôle d'intermédiaire auprès des enseignants. » « Au niveau des parents c'est
« Alors la famille, je les vois régulièrement […]. Donc je vois les parents, déjà à la fin de chaque séance, donc on fait des points à chaque fois. Après, quand il y a besoin de plus de temps on peut prendre des rendez-vous en plus. On peut échanger par téléphone ou par mail. Avec la famille ça va, il y a quand même pas mal d'échanges possibles » « mettre en place des activités à la maison qui
« je prends vraiment le temps à la fin de chaque séance, de dire ce qu’on a fait, ce qui serait intéressant de refaire à la maison, essayer de les encourager et de ne pas trop les culpabiliser » « nous on mise énormément sur la famille, sur les parents. Et s’ils ne sont pas partie prenante, on sait très bien que la prise en charge ne va pas du tout évoluer de la même manière. »
« les échanges sont plus facile au cours de la visioconférence [confinement]» « mettre en place des exercices à la maison »
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beaucoup de transmissions, de participations aux séances. » « points réguliers par téléphone ou mail. En faisant participer les parents aux séances pour que cela soit concret pour eux. En prêtant du matériel pour qu'ils puissent essayer et faire un retour. »
vont compléter un petit peu. Même si les parents ne sont pas sensibilisés beaucoup, il y en a qui vont réussir plus au moins à bien comprendre l’approche » « avant de mettre en place des activités à la maison, c’est de savoir combien de temps les parents peuvent réellement y accorder » « quand on est en libéral, c’est à la démarche des parents de venir nous voir. Donc ce n’est pas un frein, ils sont généralement très demandeurs »
«[l’investissement] ça dépend de la compréhension des troubles » « Donc en gros, on organise des réunions d’informations pour que les parents comprennent les troubles de leur enfant. Et on leur demande de faire, en lien avec les réflexes archaïque notamment, 5 minutes d’exercices par jour »
Collaboration avec les enseignants
« très variable. Ils acceptent souvent le matériel apporté mais il est important de leur indiquer quel cadre y associer pour qu'il n'y ait pas de débordement. » « Lorsque l'on intervient
« avec l'école, quand la prise en charge se fait au cabinet, c'est plus difficile. Donc c'est hyper important de prendre le temps et ne serait-ce que déjà d'avoir des échanges téléphoniques avec eux et d'être présent aux
« Mais les profs ne mettent pas beaucoup de choses en place » « qu’il n’y a pas encore une bonne compréhension » « on va bien l’expliquer au prof pour que les troubles soient mieux compris »
« Quand l’intervention a lieu à l'école, l’intervention est directe en informant la famille des essais ou inversement. Je demande aussi l'accord de l’enseignant pour des essais »
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régulièrement dans un collège et que les professeurs sont ouverts, il est facile d'interagir avec eux. »
réunions ESS quand il y en a. Après les réunions ESS, généralement, c'est qu'une par an. Donc quand il y a des situations problématiques, on essaie de demander à faire des réunions plus souvent. » « ça dépend de l’enseignant sur qui on tombe, on a des enseignants qui vont être hyper impliqués et qui vont vraiment mettre en place beaucoup de choses. Et à l’inverse, on a des enseignants qui n’ont pas envie, qui n’ont pas ce niveau d’implication là, qui n’ont pas envie forcément de mettre en place des choses pour un seul élève » « c’est assez intrusif d’avoir quelqu’un qui n’appartient pas à l’Education Nationale et qui vient leur donner
« Réunion ESS » « plus ou moins
investis. Ils ne sont pas
réticents à recevoir des
informations sur les
troubles, et tester des
adaptations, mais on a
peu de retour par
rapport à ça, sauf dans
les classes
spécialisées. »
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des conseils. Non, c’est très délicat de réussir à collaborer avec eux » « l’école est très importante en amont pour le recueil d’informations » « Je pense que l’Education Nationale est assez fermée »
Pertinence de la collaboration
Continuité du soin Recueillir les informations
« Elle est indispensable pour transposer les acquis et continuer à encourager les efforts réalisés. »
« importante dès que l’on rencontre l’enfant, pour recueillir les informations. Déjà savoir comment ça se passe à l’école, ça va nous amener plein d’infos parce que l’on a déjà l’écho de la maison, mais c’est bien d’avoir les deux échos. Ça va permettre également d’adapter son environnement, à la fois matériel et humain, et permettre de respecter ses besoins. Ça va lui permettre de mieux rentrer dans les apprentissages et de
« Je pense que c’est surtout la continuité du suivi et la répétition surtout » « Je mise beaucoup sur la collaboration avec les parents »
« d'affiner notre rôle de détective pour mieux orienter et de mieux choisir l’intervention qui peut être mise en place. »
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mieux développer ses capacités du coup » « De transposer les acquis qu’il peut avoir fait en séance, réussir à les transposer dans son environnement, ou dans ses environnements » « ça peut être aussi de compléter la rééducation »
Amélioration possible
Relation de confiance Explication Complémentarité Outils
« C'est une question de temps, de mise en confiance. C'est un travail qui demande du temps et de l'investissement. »
« rien que le fait de venir les écouter, d’avoir leur ressenti, et de partir de ce que eux observent dans leur classe, déjà je pense que rien que ça, c’est aidant et indispensable. Après, dans l’attitude que l’on a avec eux, c’est vraiment d’être dans l’idée de se présenter en disant que notre profession fait que l’on est habilité à conseiller des aménagements scolaires, mais que l’on n’est pas là pour juger, remettre en
« moi je mettrais une ergothérapeute dans chaque école » « Il faudrait réellement que je leur fasse un planning avec la fréquence et des petites fiches que je peux leur donner, mais je ne veux pas non plus trop les confronter à quelque chose qui soit trop rigoureux, pour ne pas qu’ils se sentent mal » « j’aimerais bien essayer moi les stages intensifs, c’est-à-dire de voir les enfants pendant une semaine tous les
X
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question…on est juste deux métiers qui sont complémentaires. » « c’est vraiment une question d’attitude et après de prendre le temps d’avoir des échanges assez réguliers avec eux. » « j’aimerais bien pouvoir agir sur tous types de handicap, agir en prévention, présenter différents types de handicap et expliquer comment repérer déjà des signes »
jours et de voir ce que ça change » « Pour les parents, j’ai également fait un questionnaire de satisfaction. »
Information Réunions Vidéos Livret
« Oui nous en parlons régulièrement mais davantage pour les enfants avec autisme ou juste des troubles sensoriels. »
« expliquer un petit peu ce qu’est l’intégration sensorielle, les troubles de l’intégration sensorielle, pourquoi ça serait bien d’intervenir sur cette sphère-là. » « je suis déjà intervenue auprès d’une association, qui accompagne plutôt des familles avec des enfants TSA, mais
« Avec les parents, je fais déjà pas mal de choses, des réunions d’infos. » « Du coup, depuis le confinement je fais énormément de vidéos que j’ai publié sur les réseaux sociaux, que j’ai publié sur une chaine YouTube du coup, pour aider les parents et leur donner des idées. »
« interventions auprès des parents et des AVS, sous formes d’échanges d’informations verbales, la mise en place d’un livret du canada et l’essai d’outils »
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dedans, il y a aussi quelques enfants TDAH. […]. En fait, ils organisent des réunions, tous les mois, avec une dizaine de personne. C’était une réunion avec des parents plutôt et avec quelques professionnels. » « Auprès de l’école, c’est plus compliqué. Du coup, je profite des réunions ESS pour expliquer comment j’interviens et à quoi ça sert. Après j’aimerais, pas que sur la problématique sensorielle, sur plein de sujets, il faudrait pouvoir prendre le temps d’intervenir dans les écoles et présenter aux enseignants certains handicaps et les aménagements que l’on pourrait mettre en place. […] je n’ai aucune école qui m’a relancé
« j’ai de moins en moins de profs qui me regardent avec des gros yeux lors des réunions ESS. »
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pour mettre en place des actions comme celles-là.»