Post on 04-Apr-2018
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 1/28
Au moment où j’écris cet édito, notre fier esquif EÉLV sort à peine dela tempête TSCG (ce traité européen que nous avons eul’outrecuidance de refuser) qu’il doit de nouveau affronter labourrasque médiatique à propos d’une élue parisienne qui semble
(présomption d’innocence oblige) avoir une conception toutepersonnelle de la « république exemplaire ».En Franche-Comté, nous réalisons progressivement que notre statutde parti de gouvernement doté d’un (excellent) député local nousdonne de nouvelles responsabilités et nous expose encore plus aux attaques de tous bords : vous n'ignorez pas que nous sommes vendusà la social-démocratie pour les uns, ennemis du progrès pour lesautres… Dans ce contexte, une nouvelle équipe est chargée par l’ensemble des adhérents, après notre Assemblée généraleextraordinaire du 20 octobre, de piloter notre mouvement jusqu’auprochain congrès (lequel aura vraisemblablement lieu en octobre ounovembre 2013). D’ici là, notre stratégie pour les municipales devra
se décanter, notamment par des échanges avec les autres partis degauche.Nous aurons également à imaginer de nouvelles manières de nousadresser aux Franc-Comtois pour faire vivre la belle idée qu’il estpossible de vivre mieux en « usant » moins notre planète.Pour cela, il est indispensable que notre mouvement continue des’ouvrir aux sympathisants et coopérateurs et de s’appuyer sur sesadhérents qui, ensemble, par leur diverses expériences associatives,politiques, citoyennes, professionnelles, peuvent aider à formuler lesperspectives régionales et locales que nos concitoyens sont en droitd’attendre.Les projets grandioses et inutiles (grand canal, autoroute Langres-
Vesoul) ne sauveront pas notre tissu industriel local ; bien aucontraire, c’est en réussissant à l’adapter aux exigences de la sociétéde demain, plus sobre en énergie et en matières premières, que nousconstruirons un avenir viable. Nous avons dans notre région les
RESPONSABLES
Philippe Chatelain
atouts pour répondre aux défis de laconversion écologique de l’économie. Dansle bâtiment, l’agriculture, l’industrie, leshommes et les femmes sont là, avec leurssavoir-faire qui ne demandent qu’às’exprimer : les écologistes ont laresponsabilité de travailler et de convaincrepour leur en donner, autant que possible, les
moyens de le faire.
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 2/28
CETTE FOIS, C'EST LA BONNE ?
n était à deux doigts de ne plus y croire : depuisquelques mois, La Feuille Verte s'acheminait avec tant de
constance vers une mort quasi programmée qu'on avait finipar s'y résoudre, ou du moins par prendre avecphilosophie cette éventualité. Sans Feuille Verte, la planètecontinuerait à (mal) tourner...Et voici que vous avez entre les mains un numéro denovembre (le 179e !) sur la parution duquel le Comité delecture n'aurait pas parié un kopeck et qui, en plus, se paiele luxe d'être un « gros » numéro (il a même failli l'être plusencore, mais la sagesse nous a fait l'élaguer) !Il faut dire que nous avons pu régler (définitivement ? Ça,
il est quand même un peu tôt pour l'affirmer) les deux
problèmes majeurs plus d'une fois évoqués : d'une part, cemois-ci, les contributions sont arrivées à un rythmeinespéré (et dans les temps !), et d'autre part, un nouveau« metteur en pages » s'est proposé pour prendre la relèvede Corinne (dont nous conservons néanmoins lamaquette). Il s'agit de Lucas Wicky, un étudiant bisontin
La Feuille Verte
Questionnaire Feuille Verte
QUESTIONS ET PROPOSITIONS
n plus de la discussion prévue sur le sujet à l'ordre du jour, qui a permis d'évoquer rapidement les problèmesrécurrents que rencontre notre publication, tous lesprésents aux Journées de l'Ecologie, les 15 et 16septembre, à Chaux-des-Crotenay, se sont vu proposer unquestionnaire sur La Feuille Verte. Elaboré et dépouillé par Pauline Jeannin, ce questionnaire interrogeait les lecteurssur divers points comme la maquette, le rythme deparution, le contenu, la diversité des thèmes, etc. Chacundes « items » pouvait recevoir une note de 0 à 5, complétéeéventuellement par des remarques, des propositions, dessuggestions.Quelles conclusions - définitives ou provisoires – peut-on
tirer de cette expérience (maintes fois envisagée, maistoujours reportée à plus tard) ? Et quelles réponses peut-onapporter ?
Eh ! bien, au risque - assumé – de passer encore pour
l'éternel grognon, je remarquerai d'abord que, sur lacentaine de personnes passées aux Cyclamens pendant cesdeux jours de rencontres et de débats, et malgré les trèsnombreux rappels, seules 30 (parmi lesquelles desmembres du Comité de lecture !) ont rempli le
grand maître ès mathématiques et féru d'informatique, quiparticipe avec fougue aux activités des Jeunes Écologistes
de Franche-Comté : il rejoint donc notre petite équipe etpour un coup d'essai, réussit un coup de maître. Inutile depréciser que c'est avec un mélange de soulagement etd'enthousiasme que nous l'accueillons ! Alors, cette fois, on dit que c'est la bonne ?
O
Le Comité de lecture
Corinne Salvi Lucas Wicky
questionnaire et l'ont déposé dans la boîte prévue à ceteffet. On ne m'en voudra pas, j'espère, si je crois dénoter làcomme un certain manque d'intérêt... Et cela d'autant plusque la lecture régulière, mensuelle (très majoritairementsur papier plutôt qu'en ligne) de La Feuille Verte neconcerne que les deux tiers de cet échantillon, et que deux seulement déclarent la proposer à d'autres. Cela dit, c'est
en toute sincérité que le Comité de lecture remercie ceux qui ont pris quelques minutes pour exprimer leur sympathie et leur attachement à notre modeste canard,pour nous encourager à continuer et pour nous donner idées et conseils...
Ensuite, que disent les notes attribuées à chacun des
items ? Recevant entre 4 et 4,5 sur 5, la forme (format,maquette, clarté, mise en page) semble convenir, en toutcas plus que la fréquence de parution, qui n'a droit qu'àune note moyenne de 3,8 (j'y reviendrai tout à l'heure).
Sur le fond, si la liberté de ton du journal semble appréciée(4,6), les avis sont plus mitigés quant à l'intérêt généralpour le contenu et la diversité des thèmes abordés (3,7), lecaractère régional des articles (3,6), la présence derubriques régulières (3,3), le lien permis entre les militants,
E
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 3/28
la diversité des auteurs (3) et surtout le lien permis entre
militants et élus (2,7).
Pour quelles raisons lit-on La Feuille Verte ? En vrac,
pour garder un lien avec EELV et ses militants, être au
courant de la vie du parti, se tenir informé de l'état d'esprit
qui y règne ; mais aussi pour y puiser des infos (sur les
événements et actions en Franche-Comté, sur les JeunesEcolos, etc.) et des réflexions, des arguments pour discuter,
pour profiter d'autres regards venant d'autres lieux...
Plusieurs réponses insistent sur le mélange de sérieux et de
convivialité, d'humour (1).
Aux - rares - suggestions concernant la forme et la
périodicité, qu'il me soit permis de répondre. Evoluer vers
une lettre numérique plus courte ? Si c'est en plus de La Feuille Verte sur papier, pourquoi pas ? Si c'est à sa place, il
est à craindre que cela fasse fuir ceux qui, très majoritaires,
aiment avoir entre les mains un « vrai » journal. Plusd'illustrations ? Comme pour les textes, cela fait quinze ans
que le Comité de lecture réclame des photos, des dessins,
etc. ; la « 4e de couv' », depuis la nouvelle maquette,
représente tout de même un progrès (insuffisant) dans ce
domaine. Des rubriques récurrentes et bien identifiables ?
Je répondrai qu'il y en a de très régulières ( Emois ), d'autres
moins ( Chiffres, critiques de la pub, comptes rendus de
CF...), et que Gérard Mamet a inauguré une nouvelle
rubrique Science et écologie, mais il est indéniable que cela
ne suffit pas : des volontaires pour en tenir une ?... Enfin,
pour ce qui est d'une autre périodicité - plusieurssuggèrent une parution bimestrielle plutôt que mensuelle
-, je crains fort qu'il ne soit pas plus aisé d'obtenir des
articles (car tel est bien là le principal problème) tous les
deux mois, et que la plupart des rédacteurs attendent le
tout dernier moment cinq fois par an au lieu de dix ou
onze comme c'est le cas depuis le début...
Enfin, tâchons d'apporter des éléments de réponse pas
trop décevants (ça va être difficile !) à ceux, plus
nombreux, qui ont fait quelques suggestions de fond.
D'abord, merci à la personne qui a ajouté en bas de pageces mots encourageants : « Tout me paraît intéressant,même si j'ai mes préférences. La réflexion de quelques-unsm'impressionne. » Ensuite, quelques réponses « faciles ».
« Cultiver l'esprit de recul critique », n'est-ce pas ce que
s'attache à faire La Feuille Verte, qui s'est toujours bien
gardée d'être une Pravda chlorophyllée ? « La diversité des auteurs n'enrichit pas forcément La Feuille Verte » ? Peut-
être, peut-être pas, mais quoi qu'il en soit, ce n'est
justement pas par la diversité de ses auteurs (Pauline, tu ne
veux pas faire des statistiques ?) que notre canard se
distingue le plus ! « Eviter les textes trop longs, être plus synthétiques » ? Là encore, une étude précise de ce qui se
fait depuis près de 180 numéros serait intéressante, mais il
me semble que rares sont les articles qui dépassent une
page (soit 6 000 signes et espaces) : cela est-il vraiment
trop long ? « Reprendre des articles d'Alternatives éco, duMonde diplo, etc. » ? Nous n'en avons tout simplement pas
le droit ; même chose d'ailleurs pour les dessins de presse,
à l'exception de ceux de Charlie Hebdo.
Autres suggestions, dont la mise en œuvre devrait être
possible avec un minimum d'organisation et de bonne
volonté : « Des interviews pour ceux qui ont du mal àécrire » ? Eh ! bien, chiche, chers amis ! Vous avez « du mal à écrire », mais vous avez quelque chose à dire ? Faites-
nous signe, on trouvera bien quelqu'un pour vous
« interviewer » et retranscrire sans les trahir vos paroles et
vos idées. « Être plus en prise avec la réalité régionale,illustrer avec des exemples locaux le plus souvent possible » ? C'est vrai que La Feuille Verte, qui se veut
l'organe des écolos comtois, traite souvent bien plus du
national et de l'international que du régional. « Présenter les différentes assos régionales s'occupant d'écologie ; faire
des portraits de personnes » ; « Des rubriques culturelles(spectacle, musique, lectures... » ; « Présenter les différents groupes locaux » : ceux qui « suivent » La Feuille Verte
depuis longtemps savent à quel point ces demandes sont
revenues comme un leitmotiv... sans jamais être satisfaites,
faute de volontaires pour les prendre en charge ; la
désignation de « correspondants » au sein des groupes
locaux, plusieurs fois « décidée », n'a jamais connu le
moindre début de mise en place... Quelqu'un nous
demande de « prévenir son auteur quand on ne retient pas son article » et de lui « donner les raisons » : il me semble
que c'est bien ce que nous faisons, d'une façon générale ; sinous avons parfois omis de le faire, c'est effectivement
inadmissible et nous nous en blâmons. Cela dit, je rappelle
une nouvelle fois que la proportion des articles
« retoqués » est vraiment infime.
Enfin, reste la question... des élus. « Où sont les élus ? »,
demande quelqu'un, tandis que d'autres regrettent le
manque d'informations sur leur travail, leurs dossiers, etc.
Cela aussi a été dit, répété, regretté mille fois... sans
conséquences vraiment probantes, comme on a pu le
constater (quelques textes de conseillers régionaux, une« rubrique » dévolue aux élus bisontins pendant quelques
mois...).
Ce qui fait, entre autres, l'originalité de La Feuille
Verte est aussi ce qui en constitue la difficulté majeure : ses
« responsables » ne sont pas censés être aussi ses
« auteurs », même si, dans les faits, ils sont bien souvent les
deux à la fois. Leur rôle est avant tout d'animer, de
recueillir, de trier, de discuter, de mettre en forme. Mais il
ne faut pas perdre de vue cet aspect primordial : tout le
monde peut (devrait ?) participer à La Feuille Verte,
adhérents, coopérateurs, sympathisants, élus, responsables
régionaux et locaux... Ou alors, si nous n'en voyons pas
l'intérêt, arrêtons là l' « aventure », sans remords ni regrets.
On me pardonnera de me répéter : La Feuille Verte ne peut
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 4/28
En tout cas, comme on l'a lu sur un des questionnaires, « merci et bravo à tous les rédacteurs pour leur temps et leur énergie » !
Hommage à Sohane... et à d'autres
BRISER LE SILENCE
B ien sûr, ce serait plus léger de parler d'énergiesrenouvelables, ou d'isolation thermique ; mais j'ai choiside parler des femmes, et notamment des violences faitesaux femmes.
Souvenez-vous : Sohane, 17 ans, brûlée vive à Vitry-sur-Seine par un homme de 24 ans. C'était il y a dix ans, le 4octobre 2002 : brûlée vive dans un local à poubelles,comme on incinère un vulgaire déchet. Le martyre deSohane est devenu le symbole des violences faites aux femmes.
Je suis psychologue clinicienne et j'en vois passer, desfemmes qui, dans le secret de la consultation, osent parler,livrer leur histoire, mettre à nu leurs blessures, parfoislongtemps après les faits : combien d'enfances abîmées,d'adolescences mutilées, de vies d'adultes brisées ?...
Violences, attouchements, incestes, viols... Toutes cessouffrances n'arriveront jamais jusqu'au cabinet d'un juge,car il faut savoir que 90 % de ces femmes ne portent pasplainte. Il est si difficile de briser le silence, de faireentendre sa voix, d'avoir à prouver la véracité des faits, dese trouver face à son bourreau (surtout si c'est son père ouson frère) ; la honte, l'humiliation et même la culpabilitédominent. Comme si c'était la faute des femmes, comme sielles étaient quelque part coupables. Mais coupables dequoi ? D'être nées femmes ? Quel relent nauséabond de ladomination masculine qui a sévi durant des millénaires et
qui sévit encore dans nombre de pays ! Ces femmes quiparlent, qui lèvent le voile sur ces abominations, elles ne viennent pas d'ailleurs, elles ne viennent pas de loin : elles vivent ici, tout près de nous, tout près de vous.Des progrès sont à faire dans notre monde dit « civilisé »,
Espérons que cette demande-là seraenfin entendue ! Il faut en finir,entre autres, avec les 75 000 violscommis chaque année en France,soit... un toutes les sept minutes enmoyenne ! (3)
des progrès quant au respect, à l'éducation, à lareconnaissance et plus encore, comme dirait BenoîteGroult (1), à l'estime.
Amnesty international, dans un rapport datant de 2005 (2),fait des propositions et des recommandations afin demettre fin à l'impunité et de protéger les victimes.Force est de constater que la situation n'a pas évolué et quela parole des femmes victimes de violences n'est pasentendue : l'actualité, dans le procès des viols collectifs deFontenay-sous-Bois, vient encore de nous démontrer l'impunité et la non-reconnaissance de ces actes debarbarie.
Pour l'association Osez le féminisme, le verdict équivaut à« un permis de violer » et aboutit à une banalisation des viols ; il renvoie les victimes au silence.
Dans une lettre ouverte au président François Hollande,une trentaine d'associations du collectif Féministes enmouvement demandent un débat public sur les violencescontre les femmes.
Gérard Roy
(1) Ma modestie dût-elle en souffrir (et Dieu sait si elle en souffre !), il y a même eu des gens pour citer les mensuels Émois parmi les raisons de lire La Feuille comtoise... Toutes mesexcuses, quand même, à la personne qui s'« agace » de mon« anticléricalisme primaire et plutôt borné »...
être que ce que ses lecteurs en font.
Dessin reproduit avec l'aimable autorisation de Charlie Hebdo
Corinne Guyonnet
(1) Benoîte Groult, Ainsi soit-elle , Le Livre de poche(2) Amnesty international, Les violences faites aux femmes - Uneaffaire d'État(3) Et seulement 2 % des violeurs sont condamnés !
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 5/28
L'AUTRE : MON SEMBLABLE,
MON ENNEMI ?
Haine et violences
Michel Boutanquoi
es événements dramatiques d'Échirolles ne peuvent pasne pas nous interroger. Le déchaînement archaïque d'une violence impensable résonne comme une mise au tombeaudu lien social ; sa possibilité même, au-delà de l'effroiqu'elle suscite, nous laisse comme désemparés et anéantitles familles de Sofiane et Kevin, les proches et tout unquartier. Si les événements ne sont pas comparables dupoint de vue des faits, ils font quand même écho au « gangdes barbares », au meurtre sauvage d'Ilan Halimi par unemeute toute aussi empreinte de cruauté bestiale.
Société civilisée, nous ne comprenons pas comment cesactes peuvent advenir.Mais toutes proportions gardées, en quoi ces actesmonstrueux différent-ils de ceux de Srebrenica, ou d'Alep,ou de tant d'autres ? Toutes proportions gardées, en quoidiffèrent-ils de la chasse aux Roms organisée par quelquespaisibles citoyens ?
Un regard a suffi, expliquent les médias ; un échec de la
socialisation, ont pu dire quelques travailleurs sociaux.Un regard, comme une interrogation insupportable : quies-tu, toi, pour me braver ainsi, braver ma loi sur monterritoire ?Mais qui es-tu, toi pour qui la vie n'est rien, pour t'affranchir de la loi ou ne l'avoir que si faiblementrencontrée, pourrait-on apostropher en retour ?Qui es-tu, toi, le musulman, demandait le Serbe, pour venir souiller ma terre ?Qui es-tu, toi, le Rom, pour obstruer mon regard avec toncamp insalubre ? questionne le bon Français.
Que ce soit à l'échelle d'un quartier ou à celle d'un pays,une même folie guette.« Le chaos est là en nous et entre nous et les autres, car
autrui est toujours là comme une promesse d'amour et un
péril probable, car autrui nous fait signe de sa différence
et de sa similitude englobante, parce que nous projetons
en lui des parties de nous-mêmes et qu'il se comporte de la
même manière », écrit Eugène Enriquez (1), qui partageavec Freud un profond pessimisme quant à la naturehumaine.
Le tragique de la condition humaine, c'est de voir dansl'autre à la fois son semblable et son ennemi ; c'est deressentir parfois la fragilité de nos institutions, qui neparviennent plus à contrer les pulsions destructrices, à lesdétourner, à fabriquer du lien.
Il s'agit pour toute société d'unelutte incessante pour préserver cequi est l'un des fondements de
notre humanité : le souci del'autre.
La violence est en nous, expression de la haine des autres,expression d'une toute-puissance du désir et des pulsions,et tout le travail de socialisation consiste à « homoniser » cepetit monstre vagissant et à le rendre apte à la vie, pour reprendre une expression de Castoriadis (2), c'est-à-dire àla vie avec les autres.
Et de fait, il est des faillites de nos institutions quiconduisent quelques-uns de nos semblables à abandonner toute humanité. Les raisons en sont multiples : familiales(précarité), sociales (échecs, délaissement), économiques(une société libérale et financière), mais toutes interrogentle contenu du vivre-ensemble.Il est aussi des discours qui attisent ces sentiments haineux (3) et qui conduisent à certains passages à l'acte, parfoislimités, mais qui parfois embrasent tout un pays.
L
(1) Eugène Enriquez, De la horde à l’État , Gallimard, 1983
(2) Cornelius Castoriadis, Figures du pensable , Paris, Seuil, 1998
(3) L'histoire lamentable du pain au chocolat de Copé en fait
malheureusement partie.
Dessin reproduit avec l'aimable autorisation de Charlie Hebdo
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 6/28
BIODIVERSITÉ : ÉROSION
OU EFFONDREMENT ?
Réßexion dÕun naturaliste sympathisant d'EÉLV
C même au cœur de Paris, le corbeau freux, aux colonies
assourdissantes (encore classé « nuisible »), la corneille
noire et l’étourneau sansonnet, toujours nombreux, le pic
noir, dont l’espèce autrefois montagnarde a conquis les
forêts de plaine en trois décennies. Nous, ornithologues
amateurs, nous étonnons avec ravissement de voir nos
campagnes comtoises investies chaque hiver par des
dizaines de grandes aigrettes (1), migratrices hivernantes
d’Europe de l’Est. L’espèce était rarissime chez nous dans
les années 1980. Elle a depuis adopté notre région pour
passer la mauvaise saison en nombre. Ces grands oiseaux blancs nous apportent-ils un bon présage ? Pas si sûr : car si
j’oublie ici quelques-uns de ces animaux qui « profitent »
des évolutions actuelles de notre environnement commun,
la liste n’est pas si longue.
Vers des printemps plus silencieux
Dans mon adolescence, vers 1974, l’ornithologue
professionnel (Université de Montpellier, CNRS) Jacques
Blondel, ami d’une famille de ma parenté, avait accepté de
me recevoir durant une journée, au cours de laquelle j’aiappris, entre autres choses, que dans le monde des
oiseaux, sur dix contacts, neuf seront auditifs et seulement
un sera visuel. A partir de cette rencontre très formatrice,
j’ai entrepris d’apprendre à reconnaître beaucoup
d’espèces non seulement à l’œil, mais aussi à l’oreille… En
ce début mai 2012 (2), on peut déjà commencer à établir
un bilan des retours des migrateurs d’avril :
Où sont les hirondelles rustiques ? Dans mon quartier
d’un riant village de Haute-Saône, apparemment pas
spécialement pollué, une bonne dizaine de couples ont
niché en 2005, puis 2006 (avant, je ne comptais pas), dontquatre dans le seul bâtiment occupé par ma famille. Cette
année, pas de dispute ni de gazouillis, ni sur les sites de
nidification, ni sur les fils électriques : une seule paire
d’oiseaux fréquente les environs…
Que sont devenues les hirondelles de fenêtre ? Mise à
mal lors du ravalement de la mairie dans les années 1990,
qui a occasionné la destruction de nombreux nids, la
colonie du village ne s’est jamais bien reconstituée et a
quasiment disparu aujourd’hui.
Où est passé le coucou gris ? Pas de « coucou !» dans les
bois au cours de ce mois d’avril, période normale du retour
d’Afrique de la bête. Premier oiseau, solitaire, entendu
début mai… Il faudra très bientôt inventer des fables pour
expliquer aux enfants ce qu’a été dans notre jeunesse
ertains médias et réseaux associatifs s’emploient à nous
émouvoir avec la menace qui plane sur l’ours polaire,
victime de la fonte de son biotope glacé due au
changement climatique, du tigre du Bengale, victime d’une
démographie humaine et d’un déboisement galopants, des
baleines de toutes espèces, victimes de deux siècles de
surpêche, de la transgression des règlements
internationaux et de la pollution des océans. Ces médias et
militants n’ont pas tort. Pourtant, les faits, évolutions et
situations qu’ils nous soumettent ont un défaut : bien que
touché par les images spectaculaires d’animaux symbolesen voie de disparition, le Français moyen finira par penser,
souvent implicitement, que ces problèmes sont lointains et
qu’ils ne nous concernent qu'à la marge, voire pas du tout.
Il n’en est rien, hélas !
Lorsqu’à la fin des années 1970-début 1980, j’ai
participé avec passion et modestie à la protection du
faucon pèlerin en Franche-Comté - espèce en perdition à
l’époque et aujourd’hui heureusement sauvée
(provisoirement ?) -, les menaces nous semblaient assez
bien identifiées : Les écosystèmes étaient empoisonnés par des pesticides
organochlorés rémanents, type DDT. Ceux-ci s’accumulent
dans les graisses des animaux au fil des chaînes
alimentaires et fragilisent notoirement les coquilles des
œufs des oiseaux. L’usage de ces produits est depuis
interdit dans les pays développés (mais qu’en est-il
ailleurs ?).
Il existait un juteux trafic de jeunes rapaces, orchestré
par de richissimes fauconniers bien pourvus en
pétrodollars (tradition moyen-orientale).
Les pourfendeurs de « nuisibles » étaient encorenombreux parmi les porteurs de fusils locaux. J’avoue avec
satisfaction qu’il y a longtemps qu’on ne m’a pas apporté
une buse « plombée ». Les nemrods ont eux aussi, tant bien
que mal, intégré quelques notions d’écologie.
Il suffisait donc d’interdire le DDT et de surveiller les aires
(sites de nidification) des faucons pour que tout aille
mieux.
Trente années plus tard, tout va-t-il mieux pour notre
faune ? Certainement pas ! Quelques espèces, très visibles
et qui peuvent, transitoirement, nous paraître abondantes,
semblent prospérer. Ainsi, le naturaliste débutant peut-il se
satisfaire d’observer en nombre, avec une relative facilité, le
pigeon ramier, espèce forestière qui niche maintenant
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 7/28
l’heureuse et rassurante banalité de ces espèces symboles
du retour du printemps.
D’autres espèces moins connues sont tout autant touchées
par la « malédiction moderne » :
Je n’ai pas encore entendu le torcol fourmilier cette
année (« quin ! quin ! quin ! ») et il avait déjà boudé les
abords de mon village l’année dernière.
La malédiction porte-t-elle seulement sur les migrateurs,qui s’empoisonneraient au cours de leur périple ? Rien
n’est moins sûr. Nombre d’oiseaux plus sédentaires et
réputés banals voient également leurs effectifs se réduire
depuis quelques années :
Moineau friquet : plus à la mangeoire cet hiver, plus dans
mes nichoirs ce printemps.
Bouvreuil pivoine : une observation pour tout
l’hiver dans mon jardin !
Un ami plus assidu que moi sur le terrain me disait
récemment qu’il voit même s’infléchir les effectifs des pies
bavardes ou des tourterelles turques, animaux familiers jusqu’au cœur de nos villes.
Rien ne va plus, ma brav' dame, et ça n’ date pas
d’aujourd’hui !
Yvette Veyret, universitaire géographe spécialiste des
risques majeurs, sans nier les problématiques propres à la
situation actuelle de l’humanité, aime à rappeler que nous,
les humains, avons la mémoire fâcheusement courte. Elle
donne en exemple la grande crue centennale de la Seine
en 1910 : qui s’en souvient alors que les contemporainssont tous dans les cimetières ? Qui sait qu’elle se
reproduira (ce qui est statistiquement à peu près certain) ?
Quel effet aura la prochaine crue centennale du fleuve sur
l’agglomération parisienne, une mégalopole
moderne sururbanisée, dépendante de technologies
fragiles et… non préparée à ce type de situation ?
En matière de biodiversité, la perte de mémoire nous
trompe également sur l’ampleur des dégâts esquissés ci-
dessus. Alors que je m’inquiète de mes modestes
observations présentes et personnelles, voyons d’où nous
partons. Quelques petits exemples, à reculons :
Un copain, forestier à la retraite, un peu plus âgé que
moi, me rapportait que dans les années 1960-70, la rivière
locale - la Linotte, affluent de l’Ognon - grouillait
d’écrevisses à pattes blanches - l’espèce européenne -, et il
racontait leur disparition assez brutale pour cause de
surpêche et de braconnage, sans compter la pollution
croissante du cours d’eau par la panoplie des produits
chimiques domestiques ou phytosanitaires dont l’usage
s’est précisément répandu à cette époque. Aujourd’hui, lecrustacé n’est plus là. Il se maintient péniblement tout à
l’amont du bassin versant de la Saône, dans les Vosges du
Sud, où il bénéficie d’un plan de protection bien tardif.
Albert Falco, ancien plongeur et capitaine de la Calypso
du commandant Cousteau, est décédé le 21 avril dernier.
L’Est Républicain du 23 avril nous rapporte ce témoignage
émouvant de ses premières plongées dans les années
1950 : « La mer Méditerranée ressemblait à une
bouillabaisse en pleine ébullition : ça grouillait tellement
que j’avais peur ! » Verve méridionale imagée, mais
significative de ce qui s’est perdu en 60 ans…
Pendant des siècles, et il y a encore 90 ans, les
journaliers se sont plaints de la monotonie de la nourriturequi leur était servie. Du saumon tous les jours ! Donnez-
nous un bout de cochon, notre bon Maître !... Les anciens,
dans la baie du Mont-Saint-Michel comme dans la vallée de
la Loire, se souvenaient d'avoir obtenu, après force
négociations, de ne manger de ce poisson que trois fois par
semaine et les jours de Carême. Certains prétendent qu'il
ne s'agit là que d'une légende en prétextant qu'il n'y a pas
de documents écrits qui en attestent. Que ceux-là sachent
que s'il n'y a en effet qu'un seul acte qui en fasse référence,
c'est avant tout parce que les contrats passés entre les
maîtres et leurs employés étaient uniquement verbaux, lesseconds ne sachant pas lire…
Dans nos rivières, la mulette perlière a été exploitée par
l'homme depuis la préhistoire, du fait de sa faculté de
fabriquer une perle de nacre exploitable en joaillerie (pour
1 individu sur 1 000 en moyenne). On raconte ainsi que
Marie de Médicis (1575-1642) a porté, pour le baptême de
son fils, une robe composée de 32 000 perles de
Margaritifera margaritifera ! Pour qu’un tel trésor soit
accessible, il faut imaginer, dans ce monde passé, des
rivières limpides, contenant moins d’un milligramme par
litre de nitrates et dont le fond était tapissé de cesmollusques filtreurs. Ils sont en voie de disparition
actuellement (3).
Je n’appelle pas au retour en arrière vers des temps
passés idéalisés, comme on en accuse parfois les
écologistes. Soyons réalistes : l’histoire ne fonctionne pas à
l’envers et, pour de nombreuses situations, il est déjà trop
tard ; vers 1800, un milliard d’habitants sur notre planète
vivaient de ressources renouvelables et déjà surexploitées
pour certaines. Qui désire vivre comme au temps de
Napoléon Bonaparte ? Aujourd’hui, nous sommes sept
milliards vivant sur des ressources non renouvelables pour
plus de 80 %. Parmi celles-ci, il n’y a pas seulement le
pétrole, le gaz, le charbon et l’uranium que nous devrons,
quels que soient les chemins politiques, remplacer via une
transition énergétique. Il y a aussi la perte irrémédiable de
notre capital biodiversité, qui s’accélère dans l’indifférence
des décideurs et du plus grand nombre.
Les causes en sont certainement multiples et complexes :
Certains experts dénoncent une pollution, diffuse mais
généralisée, des écosystèmes par les cocktails de biocidesmassivement dispersés, depuis un bon demi-siècle, via
l’agriculture, la pharmacie industrielle, le jardinage, nos
produits d’entretien ou l’incinération de nos déchets…
Très plausible.
Le changement climatique, causé par les émissions
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 8/28
L'avenir de l'AOP comté
CHANGER LA PAC
C'est un débat de grande qualité qui a eu lieu le 15
octobre à Pontarlier, sous la houlette d'ATTAC et avec la
participation de Claude Vermot-Desroches, président du
Comité interprofessionnel du comté, Mathieu Cassez,
agronome et membre d'ATTAC et Marc Dufumier,
agroéconomiste. Un auditoire varié de 150 personnes :
agriculteurs, environnementalistes, altermondialistes… ou
simples citoyens.
Verre à moitié vide, verre à moitié plein
Les trois intervenants se sont félicités, chacun à sa manière,
des bienfaits de l'AOP (1) : une meilleure maîtrise de la
filière par les agriculteurs, le maintien de l'emploi, la
préservation de la qualité du produit face aux risques de
standardisation et grâce au maintien du système des
fruitières artisanales, et un meilleur revenu pour les
producteurs. En effet, au moment de la grande crise
laitière de 2008-2009, c'est l'AOP qui a permis le maintien
des cours alors que ceux-ci s'effondraient dans d'autres
régions, comme la Bretagne ou le Massif Central. Ce succès
est à mettre au crédit de l'intelligence collective et d'une
forme de résistance aux logiques libérales del'intensification, grâce à un cahier des charges qui fixe des
règles de production.
Côté verre à moitié vide, on trouve les problèmes
environnementaux, qui restent très préoccupants : la perte
de biodiversité des prairies et l'eutrophisation des rivières
comtoises. En effet, si on n'en est pas au niveau de la
Bretagne en ce qui concerne les nitrates, certains
indicateurs sont très préoccupants (Cf. l'article sur les
Assises de la Loue). Avec la fin programmée des quotas
laitiers, l'agriculture comtoise est à la croisée des chemins
et elle devra résister à la tentation du « produire plus », qui
aurait des conséquences dramatiques sur l'emploi et sur
l'environnement.
Peser sur la renégociation de la PAC (2)
Comment ne pas souscrire à ce constat de Claude Vermot-
Desroches, lequel considère que « l'Europe est dirigée par
des commissaires, fous furieux du libéralisme » qui, avec
la fin des quotas, « sont en train de piétiner les règles mises
en place ». En effet, la tentation est bien présente de revoir
le cahier des charges de l'AOP à la baisse pour se
conformer à la sacro-sainte « concurrence libre et non
faussée ».
Mathieu Cassez a rappelé que, si la profession avait une
certaine maîtrise des volumes de production, elle ne
contrôlait pas grand chose en amont : les intrants (énergie,achat de protéines…), et en aval : 80 % de la
commercialisation par les grandes surfaces. Revenant sur
les problèmes environnementaux non réglés, il a insisté
aussi sur la nécessité de trouver le bon équilibre
massives de gaz à effet de serre depuis deux siècles, est en
marche. On ne l’arrêtera pas en pressant sur un bouton. Il
sera redoutable pour de nombreuses espèces animales et
végétales, sans compter... nos toutes proches « générations
futures » (elles sont nées !).
Pour diverses raisons (économie de court terme,
ignorance, paresse), de nombreux écosystèmes continuent
à être mis à mal dans le monde, y compris en France :
vergers arrachés ou non renouvelés, stations d’épurationinsuffisantes ou saturées, normes de rejets inappropriées,
milieu humides asséchés, forêts intertropicales non
régénérées, marées noires, déchets abandonnés…
A travers toutes ces menaces esquissées, ce n’est pas
seulement le concept de préservation de la biodiversité qui
se jouerait de façon abstraite ou idéalisée dans les labos de
recherche ou les associations de protection de la nature.
Ce sont les conditions de vie future des enfants
d’aujourd’hui qui sont mises en question. Comment
nourrir sainement 9 milliards d’habitants en 2050 à partir d’éco- ou agro-systèmes en voie de dégradation accélérée ?
Dans l’immédiat, chacun doit donc être convaincu qu’il
peut agir localement, personnellement ou collectivement,
pour infléchir le cours d’une catastrophe planétaire en
marche, qui revient à détruire le capital vie : cultivez et
consommez bio et/ou renouvelable !
Pour l’heure, sur le plan lexical, la science institutionnelle
parle pudiquement de l’érosion de la biodiversité. Ne
serait-il pas plus lucide de parler d’un effondrement
désastreux et sans précédent ? (4)
(1) Un grand héron tout blanc.
(2) Eh ! Oui, mon article est publié avec... un certain retard...
(3) La norme actuelle pour l'eau potable est...moins de 50 mg/l !
(4) Pour en savoir plus : Un éléphant dans un jeu de quilles /
L’homme dans la biodiversité, de Robert Barbault, Ed. du Seuil /
Science ouverte
Jean-Louis Dubois, éco-interprète
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 9/28
POUR LA CONSERVATIONDU LYNX BORÉAL
Une campagne d'Athénas
Centre ATHENAS
stagner, voire à régresser localement (Cf. bulletin n°17 du
Réseau lynx, bilan 2008/2010).
Mortalité routière et ferroviaire : chaque année, des
individus sont tués, le plus souvent dans des zones
identifiées depuis longtemps comme dangereuses.
Pourtant, les travaux routiers visant à fluidifier le trafic mais
entraînant une accélération de la vitesse continuent.
Obstacles matériels à la dispersion (autoroutes, lignes
TGV, etc.), constituant des freins à la conquête de
territoires par les subadultes et créant des ruptures de
continuité entre les noyaux de population.
Braconnage : longtemps nié ou ignoré, il est aujourd’hui
connu, en raison d’affaires qui ont donné lieu à des
jugements et des condamnations. Toutefois, malgré la
découverte répétée de jeunes orphelins chaque automne
au moment des battues à grand gibier, les moyens
consacrés à la lutte contre le braconnage (effectifs et
logistique) diminuent régulièrement.
Ainsi, depuis 10 ans, la population française de lynx est
estimée au même niveau (environ 150 individus). Dans le
même temps, les remises en cause du statut de protection
de l’espèce se multiplient :
R
Sauvegarde de la Faune Sauvage en
Franche-Comté et Bourgogne Est
www.athenas.fr
Tél : 03 84 24 66 05
agro-écologique.
La question de la renégociation de la PAC (9,5 milliards
d'euros pour la France) a été abordée par Marc Dufumier.
Pour lui, le moment est venu de tranférer une grosse partie
des aides vers une agriculture plus respectueuse de
l'environnement. Les modalités de ces aides, nouvelle
formule, devront être négociées au niveau régional, avec
les agriculteurs eux-mêmes. La bataille qui s'annonce, pour une autre politique agricole européenne doit pouvoir
regrouper producteurs, environnementalistes et
consommateurs.
L'animatrice de la soirée a conclu
par un appel à la constitution d'un
collectif « PAC 2013 » pour élaborer
des propositions et préparer, pour
les défendre, la mobilisation
citoyenne.
(1) Appellation d'Origine protégée (ex-AOC, Appellation
d'Origine contrôlée).
(2) Politique agricole commune.
Gérard Mamet
éapparu en France dans les
années 70, le lynx n’a jamais
bénéficié d’un plan de
conservation. Issu des
réintroductions suisses, il a
colonisé le massif du Jura, y
trouvant un biotope favorable.Toutefois, si son aire de
présence s’est étendue de façon
régulière jusqu’au début des
années 2000, elle a commencé à
Appels à la « régulation »,
fondés sur une prétendue
surdensité.
Campagnes de presse mettant
en scène des prédations
présentées comme délictuelles,
anormales ou menaçant la surviedes populations d’ongulés.
Enfin, les attaques de lynx sur
le bétail domestique ne font pas
l’objet d’une politique de
prévention. L’Administration gère les déprédations
occasionnelles au jour le jour, en fonction des pressions
des lobbies.
Chaque consultation publique fait apparaître qu’à une
écrasante majorité, nos contemporains sont favorables à la
protection du lynx. Pour qu’il bénéficie d’un plan de
conservation, comme le loup et le l’ours, il est nécessairede se mobiliser :
Rédiger une proposition de plan de conservation, travail
dans lequel nous souhaitons impliquer les associations
nationales concernées.
Témoigner d’un fort soutien du public à cette initiative
pour cela, il faut massivement (et avant le 31 décembre)
signer la pétition Pour un plan de conservation du lynx
boréal, qu'on trouve sur le site www.cyberacteurs.org/
cyberactions/plan-conservation-lynx-boreal-514.html
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 10/28
LES AVENTURES D’OPTYMO
J
Bus belfortains
’ai été sensible au courrier, paru dans La Feuille Verte
de cet été, de Jean-Marc Blechschmidt, qui disait que ce
serait sympa si nos élus, bien que très pris par leursmandats, faisaient l’effort de rédiger un article de temps en
temps, pour dire leur travail, leurs joies et leurs peines.
Certes nous avons souvent la tête dans le guidon, nous
nous battons quotidiennement pour faire progresser
l’écologie, dans un environnement pas toujours très
amène. Mais il est en effet important de relater ce travail,
nos réussites et nos difficultés, pour ceux qui partagent
nos convictions. D'où les lignes qui suivent.
Tout remettre à plat...
Au terme d’un accord de programme et de gouvernance
entre certaines composantes de la gauche locale (MRC-PS-
Verts) lors des cantonales de 2004, je suis devenu en avril
2004 Vice-Président du SMTC (Syndicat Mixte des
Transports en Commun) du Territoire de Belfort, avec
comme Président Christian Proust, tout frais ancien
président du CG à l’époque.
Nous avons trouvé un réseau en perte de vitesse, qui
végétait sous la présidence de Raymond Forni, lequel avait
en ce temps-là d’autres chats à fouetter… Le réseau
perdait 200 000 voyages (trajets) par an, il n’avait pas été
modifié en profondeur depuis 1979.
Nous avons vite compris qu’il fallait tout remettre à plat
pour repartir du bon pied. Mes objectifs en arrivant au
SMTC étaient modestes : remplacer les vieux bus au gas-oil
par des bus propres et instaurer la gratuité pour les
scolaires de la ville de Belfort, qui n’en bénéficiaient pas,
contrairement aux autres collégiens et lycéens du
Territoire-de-Belfort, ce qui était une injustice.
Nous avons pris trois ans pour étudier la question sous
tous les angles et visiter les réseaux qui réussissaient. Etnous avons bâti un nouveau réseau sur quatre aspects
principaux : rapidité, efficacité, simplicité, matériel propre
et moderne.
Rapidité
L’ancien réseau avait des performances très médiocres en
matière de « vitesse commerciale » (vocable consacré dans
la profession pour désigner la vitesse moyenne des bus sur
le réseau).Grâce à l’augmentation des sites propres
(multipliés par 6), la priorité aux feux et l’arrêt de la ventedes billets à bord (25 % du temps du conducteur), nous
sommes passés de 14 km/h à 21 km/h (ce qui est dans le
haut du tableau pour un réseau d’agglomération urbaine
moyenne).
Efficacité
L’ancien réseau ne desservait ni les pôles d’emploi (ce quiest un comble quand on sait que les réseaux sont financés
en grande partie par le Versement Transport des
entreprises de plus de 9 salariés, qui représente environ 60
% de notre budget), ni les centres commerciaux ou les
pôles de loisirs (cinémas, etc.). De plus, les horaires
étaient très irréguliers, avec des vides importants dans la
journée.
Notre nouveau réseau comporte plusieurs lignes
nouvelles, qui desservent les pôles économiques,
commerciaux et de loisirs, à la fréquence de 10 minutes
toute la journée, et avec un cadencement (le bus passe à la
minute 04, 14, 24, 34, 44, 54, à un arrêt donné).
Simplicité
Au niveau de la tarification, il y avait 3 zones et 75 tarifs
différents, le ticket unité était utilisé à 60 %, au détriment
de l’abonnement, cher et dissuasif.
Nous avons réduit à 4 le nombre de tarifs : tarif normal,
tarif social et jeunes, transport à la demande (TAD) et
personnes à mobilité réduite, gratuité scolaire (un AR/
jour), avec suppression des zones.
Le système n’est plus celui d’un abonnement « à fonds
perdus » : on paye le nombre de voyages réellement faits
dans le mois (sur la base de 0,80 € par voyage), plafonné
suivant le tarif (31euros tarif normal, 9 euros tarif social et
jeunes). Il n'y a plus de risque de payer un abonnement
incomplètement consommé…
Le titre papier a été remplacé en majeure partie par un
pass sans contact (le Pass Optymo), délivré gratuitement et
valable ad vitam aeternam. On monte dans le bus, on
badge et c’est tout - avec un système de post-facturation(paiement en fin de mois de l’ensemble des voyages
réalisés dans le mois). Ce pass représente 85 % de nos
voyages, le reste étant réparti entre les différents titres
papier maintenus (10 voyages, voyage journée…) et les
tickets par SMS, pour les usagers occasionnels ou
extérieurs à Belfort.
Matériel propre et moderne
Un nouveau réseau se devait de fonctionner avec des bus
modernes, propres et attractifs.Nous avons remplacé nos 50 bus au gas-oil par 38 bus au
GPL, dont la livrée, le design intérieur et les matériaux et
sellerie des sièges ont été spécialement étudiés. Nous
avons décidé de prendre de beaux matériaux, avec tissus
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 11/28
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Haut-Doubs
Claire Rousseau
D u côté de Pontarlier, l’automne est synonyme derassemblement, puisque le 17 octobre s’est tenuel’Assemblée générale du groupe local EÉLV, réunissant lesadhérents et coopérateurs du Haut-Doubs, vaste territoirequi s’étend de Mouthe au Russey en passant par Morteau, Vercel et Amancey. Après un bilan moral partagé entre espoir et déception -
chacun a pu partager son sentiment sur la vie du parti - les8 écologistes présents ont pu élire un nouveau bureaupartiellement renouvelé.Il a également été demandé d’élire 2 cosecrétaires afin dese répartir la charge de travail sur deux zonesgéographiques distinctes, en lien avec les militants et lesprojets du secteur. A l’unanimité, l’assemblée a donc élu 3 personnes : François MANDIL, porte-parole du groupe local duHaut-Doubs Raymond TOURNIER, cosecrétaire, plus
particulièrement sur la zone de Morteau Claire ROUSSEAU, cosecrétaire, plus particulièrementsur la zone de Pontarlier.Dorénavant, les réunions reprendront donc,alternativement à Morteau et à Pontarlier, le 2e mercredidu mois, à 20 h 30.
doux et confortables, au lieu du plastique spartiate etprétendument résistant.Le pari était que si l’on fournit du beau, il est respecté. Lerésultat est que nous avons très peu de dégradations àl’intérieur des bus. Après trois ans de travail et d’attente, le jour J est arrivé : lebasculement du réseau était programmé pour fin décembre
2007. Nos nouveaux bus MAN (seul constructeur faisantencore des bus au GPL) sont arrivés les uns après les autrescourant décembre. Que d’instants d’émotion !… Et leréseau a été mis en service début janvier 2008. Instant de vérité… Après un début un peu en baisse (les usagers ontdû se familiariser avec le nouveau réseau, prendre denouvelles habitudes, les lignes avaient parfois changé, lesarrêts n’étaient plus les mêmes…) et une campagnehaineuse et populiste de la droite sarkozyste utilisant ledésarroi des clients, nous avons rapidement retrouvé notrefréquentation et nos recettes initiales.
Quatre ans plus tard...
Quatre ans après, il y a 45 000 porteurs du Pass Optymo etla fréquentation du réseau a augmenté de près de 80 %(4,8 millions de voyages en 2007, 8,2 en 2011).
sites propres, de nouvelles lignes,des fréquences à 5 minutes sur certaines lignes...
Lancement prévu fin 2013.
Jean Siron
Notez dès à présent la prochaine réunion : mercredi 14novembre, à 20 h 30, à la Mairie du Russey.Par ailleurs, il est très regrettable de n'organiser desréunions publiques thématiques que pendant les périodesélectorales. Il serait donc opportun d’en organiser une detemps en temps sur différents secteurs de notre territoirepour fidéliser nos militants et favoriser l’échange en zone
rurale. De fait, une réunion publique sur la questiontransfrontalière du droit d’option a été évoquée. Affaire àsuivre…
Certes, des améliorations restent encore à faire (meilleuredesserte des zones suburbaines, réorganisation du TAD...).C’est le travail entrepris dans le nouveau projet de réseau.En effet, pour améliorer encore ces résultats, nous avonsréfléchi et travaillé depuis deux ans sur le projet « Optymophase 2 ». Le but est de faire un Bus à Haut Niveau deService (BHNS), qui obtienne des résultats comparables à
ceux d’un tramway, en coûtant beaucoup moins cher (notre budget total est égal à 2 km de tram, soit 40 M€.
Pour comparaison, le tram de Besançon coûtera 250 M€ ).
Après 2 ans d’études et de procédures administratives, lestravaux ont débuté en juillet 2012, ce qui fait que Belfortressemble (un peu !) à Besançon. Il y aura encore plus de
Claire Rousseau Raymond Tournier François Mandil
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 12/28
EN ROUTE VERS
DE NOUVELLES AVENTURES !
Jeunes Écolos
d'emploi ou autres sympathiques formalités de fin d'annéescolaire, les JÉFC se sont retrouvés dès le mois d’août. C'estainsi que trois Jeunes Écolos bisontins se sont rendus àPoitiers pour le Forum Ouvert des Jeunes Écologistes et les journées d'été d'EÉLV. Pour une première, le Forum Ouvertfut une belle réussite : une semaine de débat, d'ateliersparticipatifs, de rencontres et de repas végétariens dans le jardin sympa d'une auberge de jeunesse poitevine. Ce futentre autres l'occasion d’échanger avec Pascal Durand sur
notre vision du mouvement de jeunesse et de la relationindépendante et solidaire que nous entretenons avec EÉLV,mais aussi de réaliser quelques actions, comme la mythique« soirée de droite » ou le happening contre le« greenwashing », pas mal repris dans la presse. La semaines'est conclue par notre AG, au cours de laquelle Mathilde et Anthony, les deux Franc-Comtois, ont quitté l’exécutif fédéral. Ils laissent derrière eux un bilan moral voté àl'unanimité (historique !), qui témoigne du travail accomplicette année. En effet, cette année fut importante pour notremouvement, qui a grossi et mené plusieurs campagnes
dans presque toute la France.
vec les tractages, lescollages, l'Écolopoly et laparticipation aux deux meetings de campagned’Éric, on peut dire queles Jeunes Écolos franc-comtois ne sont pasrestés les mains dans lespoches en ce printemps
2012 !Après le bac, lesconcours, la recherche
A
Lucas Wicky,pour les Jeunes Écologistes de Franche-Comté
( 1) Tu souhaites prendre contact avec les Jeunes Écolos ? Toutes les infos sont sur notre page web :
http://www.jeunes-ecologistes.org/franche-comteTu peux aussi nous suivre sur Facebook et Twitter.
C'est sur cettedynamique que les
JÉFC ont abordé cetterentrée. Nous avonsdonc, dès débutseptembre, repris lestractages et les collagesdans les facs, afin de faireconnaître notre
mouvement. Le 22septembre, nous avonsdécidé de décliner à Besançon l'action nationale Park(ing)Day. C'est en K-way et sous un Vitabri que nous avonsoccupé une place de parking dans le but d’entraîner uneréflexion sur la place de la voiture en ville. Enfin, jeudi 4octobre, nous avons organisé un pot de rentrée. Unebonne dizaine de militants, de sympathisants mais aussi denouvelles personnes venant découvrir les JeunesÉcologistes étaient présents. Autour d'un Écocup de jus depomme bio, nous avons évoqué le fonctionnement et les
valeurs de notre mouvement. Nous en avons profité pour présenter une rétrospective des actions qui ont marqué les JÉFC. Nous sommes repartis avec de nombreuses idées etune grande motivation pour l'année à venir... et tout ensouhaitant une bonne continuation à Mathilde Tessier qui,partie poursuivre ses études à Lyon, continue à adhérer enFranche-Comté ! (1)
L'action "Park(ing) Day", à côté de la place Granvelle
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 13/28
PARKING DAY : MOINS DEVOITURES, PLUS DE NATURE !
Jeunes Écologistes de Franche-Comté
Anthony Poulin, pour Les JEFC
D ans le cadre de la mobilisation « Parking day », samedi22 septembre, les Jeunes Écologistes de Franche-Comté onttransformé un emplacement du parking de la placeGranvelle, à Besançon, en un espace où ils ont proposé deréfléchir à la place de la voiture en ville et à une autregestion de la place publique. Nous avons alors payé pour occuper cette partie de l'espace public et décidé de l'ouvrir à tout le monde en lieu et place d'une voiture.
Pas de ville pour les bagnoles : place à l'utopie !
Avec l'inexorable augmentation du prix des ressourcespétrolières, la raréfaction des énergies fossiles et l'impactde la pollution atmosphérique sur le dérèglementclimatique, nous allons devoir revoir nos façons de nousdéplacer. Il est urgent d'oser penser différemment la placede la voiture en ville.L'automobile est source d'accidents et de nombreusesnuisances (visuelles, auditives ou agissant sur la qualité del'air), en particulier dans le coeur de nos agglomérations. Alors qu'il existe plusieurs modes de transports alternatifs
qui peuvent répondre aux attentes de chacun, nouscontinuons à nous accrocher à un modèle de
des potagers, des espaces verts, destrottoirs plus larges, des voies decirculation pour les bicyclettes,trottinettes, rollers ou pour lestransports en commun. Place àl'audace et à l'imagination !
développement dépassé, qui accorde un espace toujourstrop important aux véhicules individuels. Les défis de lamobilité du futur nous imposent de changer deparadigme : sortons de notre dépendance collective etconstruisons la ville de demain.
Quelques mètres carrés : le début du bonheur ?
Une place de stationnement représente environ 9 m2 : sion multiplie cette surface par les 5 000 places de parking
extérieures disponibles à Besançon, c'est l'équivalentd'environ 6 stades de football qui est consacré austationnement ! La place prise par les voitures stationnéespourrait être attribuée à d'autres fonctions. Il seraitpossible d'en faire des lieux de rencontres et d'échanges,
BIENTÔT DES BENNES À MEUBLES
Dans nos déchetteries
ne expérimentation au niveau européen est en cours,
depuis début 2012, avec le Sytevom (1) et un nouvel éco-organisme, Éco-mobilier (2), sur notre territoire. En effet,deux collectivités ont été retenues : Strasbourg, avec unebenne à meubles sur l'une des déchetteries, et le Sytevom,avec une benne à meubles sur la déchetterie de Lure.En janvier 2012, 17 tonnes de meubles ont été collectées eten août, 64 tonnes (dernier chiffre connu pour l'instant) !Cette collecte est lancée par Éco-mobilier, qui aura à la mi-novembre son agrément d'éco-organisme. Sont collectéstout mobilier en bois massif, panneaux de particules, métal,ainsi que sommiers et matelas.
Les producteurs (Ikea, Conforama, But...) préparent uneécotaxe sur l'achat du mobilier afin de financer Éco-mobilier ; ce dernier reversera, selon un barème et selon letonnage capté, aux collectivités.Le Sytevom, par la voix de son président Franck Tisserand,sera, espère-t-on, le premier à signer un contrat avec Éco-
U mobilier ; c'est ainsi que dès le premier semestre 2013, desbennes à meubles seront installées dans les déchetteriessur le territoire du Sytevom.Le réemploi est d'abord privilégié avec le réseau desressourceries ; la récupération et le recyclage de matériaux permettront de faire baisser le tonnage des bennes« encombrants » ou « tout-venant » destinées àl'enfouissement. Ainsi de nouvelles filières de recyclage des DEA (déchetsd'éléments d'ameublement) vont s'organiser et répondreaux préconisations du Grenelle II (loi du 12 juillet 2010).
Corinne Guyonnet,membre du comité syndical du Sytevom
(1) Syndicat mixte à vocation unique pour le Transfert,l'Élimination et la Valorisation des Ordures Ménagères (Haute-
Saône)(2) www.eco-mobilier.fr
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 14/28
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 15/28
Gérard Mamet
logique commune et favoriser l'engagement des différents
acteurs, arriver – pourquoi pas ? - à la signature d'un
Contrat de Territoire, (comme le propose SOS Loue).
… mais des problèmes politiques non réglés
En premier lieu se pose la question budgétaire. Les élus
comme les représentants des administrations ont souligné
les difficultés liées aux restrictions budgétaires en période
d'austérité. Et les écologistes proposent une alternative à la
politique d'austérité : la conversion écologique de
l'économie, créatrice d'activités et d'emplois. Il ne s'agit pas
d'une « relance » tous azimuts, mais d'adapter l'économie
aux exigences de la protection des ressources et des
milieux, en limitant autant que possible les effets du
dérèglement climatique. Ici, on est en plein dans le sujet.
Deuxième problème non réglé : comment sortir de la
logique libérale ? Claude Vermot-Desroches, président du
Comité interprofessionnel du Comté, est intervenu
courageusement dans la réunion pour souligner la
contradiction entre l'intérêt individuel de certains éleveurs
qui voudraient, avec la fin des quotas laitiers et dans une
logique libérale, « gagner plus » et donc intensifier leur
activité, et l'intérêt collectif de la profession, qui ne tirerait
aucun avantage à augmenter la production laitière, mais
qui devrait plutôt mettre l'accent sur la qualité.
Et la politique européenne est ici en cause. Dans salogique libérale, elle considère toute volonté de restriction
de la production, tel le cahier des charges de l'AOP comté,
comme une entrave au dogme de la concurrence libre et
non faussée. Il y a d'ailleurs clairement une énorme
contradiction entre la volonté européenne affichée de
mieux protéger les milieux naturels et cette logique
productiviste en agriculture dont la commission de
Bruxelles se fait encore aujourd'hui le chantre zélé.
fonctionnement des stations d'épuration. Le bassin versant,
Haut-Doubs (jusqu'aux pertes d'Arçon) et Loue, compte
plus de 110 000 habitants. Il y a 75 stations, en partie des
stations spécifiques pour les fromageries. Toutes ne sont
pas équipées pour éliminer le phosphore. Et pourtant les
techniques existent. La station de Bians-les-Usiers a été
citée en exemple : en s'équipant pour la
« déphosphoration », elle a fait passer de 8,3 à 1,8 mg de
phosphore par litre la teneur des eaux rejetées dans la
nature.
Quatrième volet, les rejets d'effluents non domestiques. La
Chambre de Commerce poursuit un travail de
sensibilisation des professionnels dans différents secteurs :
industrie, commerce, artisanat, services, santé, etc. Du côté
des scieries, on tente de réduire les effets du traitement du
bois par les insecticides et les fongicides, mais il faut
renforcer la surveillance.
Et pour finir ont été abordés le thème de l'application de
la règlementation et celui des incitations financières. Le
bâton et la carotte, en quelque sorte… Les directives
européennes sur l'eau ont été transposées en droit français.
Des infractions sont parfois constatées, par exemple en
matière de rejets d'effluents agricoles. Les sanctions sont
graduelles : avertissements, mises en demeure, amendes…
Et l'Agence de l'Eau dispose de crédits pour subventionner
les travaux entre 30 et 80 % : amélioration des stations
d'épuration et des réseaux, maîtrise des effluents d'élevageou reconquête des milieux naturels.
Des conclusions intéressantes ...
Le Préfet et le président du Conseil Général se sont partagé
les conclusions, qui ne peuvent que satisfaire les
écologistes et que l'on peut résumer en quatre points :
- On doit mettre en place une gouvernance rénovée :
meilleure coordination, plus grande efficacité, garantie
d'une véritable veille en intégrant les scientifiques dans la
gouvernance. Et ce pôle scientifique doit avoir les moyensde fonctionner. On pourra ainsi déboucher sur un plan
continu d'éducation, d'information et de répression.
- Les priorités doivent porter sur les stations d'épuration
et les milieux agricoles, qui sont principalement à
l'origine des rejets de phosphore et d'azote.
plafond d'aliments
concentrés par bovin,
etc. Mais il reste
beaucoup à faire en
matière de maîtrise des
effluents, de respect des
plans d'épandage et de
formation desexploitants aux
pratiques respectueuses
de l'environnement.
Troisième volet de
l'action : améliorer le
- Il faut envisager une
problématique
particulière « karst », y
compris en allant vers
des réglementations
propres à ce milieu (plan
d'épandage, utilisation
des pesticides, lessives etliquides vaisselle sans
phorphore...)
- Pour consacrer une
vision globale des
rivières, renforcer une
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 16/28
ADN, TABAGISMEET AUTRES JOYEUSETÉS
Science et écologie
C
3. Le nucléaire peut-il être transparent ?
La commission japonaise d'investigation sur l'accident de
Fukushima fait ressortir la collusion entre le gouvernement,
les agences de contrôle et l'exploitant de la centrale, Tepco. Ainsi, depuis 2006, les instances de contrôle et Tepco
savaient qu'une panne totale de courant pouvait se
produire si un tsunami atteignait la centrale. Et pourtant,
rien n'a été fait... En juin 2012, le parlement japonais a
approuvé l'instauration d'une nouvelle agence de sûreté,
indépendante et transparente. ( La Recherche n°468,
octobre 2012, p.82)
Commentaire : En France, les avis de l'autorité de sûreté
nucléaire sont maintenant accessibles sur internet. On peut
y lire qu'en cas de crue millénale majorée, la protection dela centrale du Tricastin n'est pas assurée... La transparence,
c'est bien. Encore faut-il que les données soient prises en
compte.
4. Réchauffement : ce que mesurent les spécialistes.
Des dizaines de milliers d'instruments de mesure sont
répartis sur la planète. Une cohérence apparaît : la
tendance au réchauffement climatique est significative. On
compte huit preuves du réchauffement climatique : les
températures de l'air augmentent, les océans se
réchauffent, les glaces de montagne reculent, les calottes
polaires glissent plus rapidement vers la mer, le niveau des
mers monte, la glace de mer disparaît, les espèces
terrestres se déplacent vers le nord, le permafrost (sous-sol
gelé en permanence) se réchauffe. ( La Recherche n°457,
novembre 2011, p.62 à 66).
Commentaire : Alors, Claude Allègre, malgré les évidences,
les preuves qui s'accumulent, toujours climatosceptique ?
Gérard Mamet
1. Un livre entier stocké dans l'ADN.
En langage informatique, il n'y a que des 1 et des 0. Dans le
code génétique de l'ADN, on a 4 bases, représentées par 4
lettres : A, C, T et G. Des chercheurs de Harvard ont eul'idée de stocker un livre en codant le texte sous la forme
d'un brin d'ADN. Les 1 ont été codés T ou G et les 0, A ou
C. Par les méthodes classiques de duplication de l'ADN, on
a ainsi obtenu 70 milliards d'exemplaires du livre dans une
seule éprouvette. Le livre peut être reconstitué par les
moyens classiques de décryptage de l'ADN. ( La Recherche
n°468, octobre 2012, pp.8 à 10)
Commentaire : Il y a sans doute là des perspectives
nouvelles pour le stockage des données informatiques :
stabilité à long terme, miniaturisation des supports. Ilfaudra néanmoins être vigilants pour que les progrès des
techniques ne soient pas utilisés dans n'importe quel type
de manipulations génétiques.
2. Le tabagisme alarmant des pays en voie dedéveloppement.
Une enquête portant sur 14 pays à revenus faibles ou
moyens montre que le tabagisme y est plus répandu que
dans les pays riches. Près de la moitié des hommes
consomment du tabac, contre un quart aux Etats Unis.
Selon l'OMS, 6 millions de personnes meurent chaque
année des conséquences du tabagisme et, si rien n'est fait,
ce chiffre pourrait passer à 8 millions en 2030, dont 80 %
dans les pays à revenus faibles ou moyens. ( La Recherche
n°468, octobre 2012, p.26)
Commentaire : Les industries du tabac, qui sont très
puissantes et dont les intérêts sont contrés par lescampagnes anti-tabac dans les pays riches, ont reporté leur
effort commercial sur les pays pauvres, y compris parfois en
direction des adolescents. Dégâts collatéraux du libéralisme
économique ?
ette rubrique a pour ambition de proposer un regard critique sur l'actualite
scientifique, en montrant tanto
t lesdangers, tanto t les espoirs suscite s par les recherches et les de couvertes. Cette information peut parfois inspirer les
propositions des e cologistes. Les re fe rences sont donne es pour ceux qui voudraient approfondir les questions traite es.
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 17/28
DIRE NON POUR DIRE OUI
Conseil fédéral
près fonctionné jusqu’au premier choc pétrolier…). En1986, pour la signature de l’Acte unique (le « grandmarché »), Jacques Delors ne m’a pas demandé mon avis…Mais même si l’Europe virait de plus en plus vers lelibéralisme, j’avais le sentiment qu’elle se construisait.
Maastricht, Amsterdam, Nice...
Je me souviens fort bien de la campagne de 1992 pour oucontre le traité de Maastricht, avec la droite contre,emmenée par Philippe Seguin, le PS et Mitterrand quipesaient pour de tout le poids de l’État, et des Verts plutôtcontre (« contre parce qu'européens », écrivait à l'époque Alain Lipietz...). Bien sûr, les fameux critères deconvergence (taux d'inflation ne pouvant excéder de 1,5 %celui des trois pays ayant le taux le plus faible, déficitbudgétaire inférieur à 3 %, endettement public inférieur à60 % du P.I.B.) étaient difficiles à avaler, mais lesperspectives d'une politique étrangère et de sécuritécommune, et surtout de la création d'une monnaie unique,me semblaient des sauts qualitatifs vers le fédéralismesuffisants pour ne pas bloquer le processus : j'ai donc votéoui (la majorité pour le oui fut courte : 51,05 %).Pour le traité d'Amsterdam (1997) et celui de Nice (2002),les citoyens ont été plutôt tenus à l'écart, et il a falluattendre 2005 et le projet de Traité établissant uneConstitution pour l'Europe pour que s'ouvre de nouveauun grand débat.Les principaux arguments développés par les défenseurs
du non étaient l'identité nationale, la crainte del’élargissement (surtout à la Turquie) et la défense de l’État-nation. Arguments qui me semblaient convenir à l’extrêmedroite, à la frange la plus dure de l’UMP, à la rigueur aux amis de Chevènement, mais non à une gaucheprogressiste, ouverte, démocrate et réformiste.
campagne pour le oui et deux constats se sont imposés : lamême vague de mal-être, de souffrance sociale, qui avaitpoussé Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002se reformait encore plus forte de n’avoir pas été reconnue ;et une partie de mes amis d’une gauche ouverte eteuropéenne s’apprêtait à voter non, portée par un rejet viscéral du texte proposé qui, à leurs yeux, les obligeait àcautionner l’ensemble des politiques menées depuis ledébut de la construction européenne.Ces mêmes amis développaient des arguments nouveaux,que je regrouperai sous le thème générique de « déficitdémocratique ». 1°) Le mode d’élaboration du texte lui-même par des représentants pour certains élus, pour d’autres issus du monde associatif et syndical, ne leur convenait pas. En effet ces représentants avaient le défautrédhibitoire de n’avoir pas été mandatés pour s’ériger en Assemblée constituante. Avec ce mot de « constituante »resurgit toute une tradition culturelle et politique attachéeau modèle issu de la Révolution française. 2°) La BanqueCentrale Européenne indépendante, donc non soumise à larégulation politique, échappait de fait à l’espacedémocratique. 3°) Le fonctionnement des institutionseuropéennes proposé par le TCE, bien qu’apportant unprogrès sur le plan de l’exigence démocratique, n’offraitpas à leurs yeux autant de garanties que notre bonne vieilleConstitution de la Ve République.Bien sûr, j’ai à l'époque répondu à ces arguments : d’unepart qu'on ne pouvait imposer aux autres pays de culturespolitiques différentes notre modèle de constituante à la
française, d’autre part que voter non ne changerait rien austatut de la BCE, et enfin que 70 % de notre droit étaitdérivé de textes européens, et que, dans ce contexte,renforcer le rôle du Parlement était toujours bon àprendre. Je n’ai pas oublié, en outre, de citer les lacunes denotre Constitution nationale : le 49-3, l’ordre du jour de
L ongtemps, la notion m’est restée
inintelligible : je ne trouvais aucunargument susceptible de rendrecompte de ce qu’il est maintenantconvenu d’appeler le « non degauche ».En effet, je n’étais pas né en 1957,mais le traité sur le fonctionnementde l’Union européenne (dit Traité deRome), adopté cette année-là, meparaît a posteriori plutôt une bonneidée. En effet, il s’agissait de donner
aux ennemis de la veille un horizoncommun pacifique (ça a plutôt bienmarché) et prospère (ce qui a à peu
L’autre argument massue,
l'ultralibéralisme du TCE,correspondait bien à l’extrêmegauche, à un Parti communiste enmal de légitimité. Pour moi, cetargument ne résistait pas à la lecturedu texte, ni plus ni moins libéral queMaastricht, et me paraissait peususceptible de convaincre la gauchede gouvernement, c'est-à-dire le PS etLes Verts.
« Déficit démocratique »
Et puis j’ai opiniâtrement faitDessin reproduit avec l'aimable autorisation de Charlie Hebdo
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 18/28
l’assemblée fixé par le gouvernement, etc.
Ouistes vs nonistes
Puis est advenu le résultat que l’on sait (54,68 % de non). Avec le recul, m'apparaissent deux divergences profondesentre les ouistes et les nonistes de l'époque :1) Accepter ou non le cadre dans lequel se situait la
décision : Plusieurs militants du non m’ont affirmé avoir voté non à Maastricht et le confirmer, ou avoir voté oui etle regretter. Il s’agissait pour eux, au-delà du TCE, deremettre en cause l’ensemble de la constructioneuropéenne. Ils n’acceptaient pas, contrairement aux tenants du oui, de partir de l’Europe telle qu’elle était,mais voulaient créer de toutes pièces une « autre Europe ».2) L’urgence : Les hommes et les femmes de gauche qui
ont voté non, du moins ceux et celles avec qui j’ai eu lachance de me « colleter », avaient une conscience trèsaiguë de l’urgence sociale, de la nécessité d’une plus
grande solidarité, tout au moins à l’intérieur du territoirenational.Par contre, l’urgence écologique - réchauffementclimatique, épuisement de la ressource en eau, chute de labiodiversité, etc. - et la nécessité de traiter ces questions àune échelle supranationale ne déclenchaient ni la mêmeinquiétude, ni le même élan. Le non qui a gagné était-il« de gauche » ? J'ai toujours le sentiment aujourd'hui d'unrendez-vous raté avec l'histoire, car si le traité de Lisbonne,marqué par un terrible déni de démocratie, a repris en2007 la plupart des dispositions du TCE, il y manque lesouffle de l’adhésion des peuples souhaitant volontairement lier leur destin.
Et voici qu'arrive le TSCG
Et puis voici qu'en 2012 je suis amené, en tant que déléguéau Conseil fédéral d'Europe Écologie Les Verts, à meprononcer sur le Traité sur la Stabilité, la Coordination etla Gouvernance (dit aussi Pacte budgétaire européen). Aujourd’hui, l’Europe est en crise profonde, la BCE est
toujours indépendante, le traité de Lisbonne s’applique,les directives continuent d’être déclinées en droit français,mais faute de socle politique fort, le délitement menace (y compris celui de l'euro), plusieurs pays plongent dans larécession et la France compte plus de 3 millions dechômeurs.Alors j'ai cherché dans le TSCG les élémentspermettant de valider l'idée d'un pas supplémentaire,même petit, vers une grande démocratie fédéraleeuropéenne, seule solution à la crise en cours, et j'aitrouvé l'inverse : le renforcement des pouvoirs de laCommission au détriment du Parlement et l'instauration de
processus de contrôle non démocratiques. Ce passage, par exemple : « Les parties contractantes veillent à assurer
une convergence rapide vers leur objectif à moyen terme
respectif. Le calendrier de cette convergence sera proposé
par la Commission européenne, compte tenu des risques
qui pèsent sur la soutenabilité des finances publiques de
chaque pays. Les progrès réalisés en direction de l'objectif
à moyen terme et le respect de cet objectif font l'objet
d'une évaluation globale prenant pour référence le solde
structurel et comprenant une analyse des dépenses,
déduction faite des mesures discrétionnaires en matière
de recettes, conformément au pacte de stabilité et de
croissance révisé. » (Article 3, alinéa 1a)
Les États signataires du TSCG devront respecter les avis dela Commission, sauf si une majorité qualifiée des membresdu Conseil européen s'y oppose, mais le vote exclut « lapartie contractante concernée », c'est-à-dire le pays accusé !(Article 7). La Commission européenne est investie d'unpouvoir très important, elle détermine le niveau de déficitconjoncturel acceptable et elle exécute les sanctions.Normalement, ce pouvoir est dévolu au Parlement éludémocratiquement.Pour l'aspect fédéral et démocratique, c'est donc raté. Alors, ce TSCG permettrait-il au moins une avancée vers la
conversion écologique de l'économie européenne ? Pasplus : ni le TSCG, ni d'ailleurs le Pacte de croissance, neproposent des investissements à hauteur de l'enjeu.
Un non porteur d'espoir
Nous, écologistes, développons une conscience aiguë dutemps qui passe. Nous ne pouvons plus attendre, nousdevons à partir de ce qui existe, sur la base de l’actionlocale (économie solidaire, réseaux courts, protection del’environnement, commerce équitable…) et globale(participation aux exécutifs de tous niveaux et utilisationdes institutions internationales), introduire les régulationsradicales nécessaires à la survie de l’espèce humaine. Cetraité ne nous y aide pas ; bien au contraire, il constitue unfrein que nous ne pouvons accepter.La seule alternative est un saut fédéral, avec un budgetfédéral conséquent, une stratégie d’investissement desortie de la crise écologique à travers un autre mode dedéveloppement (plan d’énergies renouvelables, rénovationthermique des bâtiments, infrastructures ferroviaires…),
appuyé sur un financement par la BCE, une harmonisationfiscale inter-européenne, la mise en place d’institutionsfédérales européennes comme un Trésor public, unepolitique sociale européenne interdisant le dumpingsocial… Renoncer à cette ambition serait laisser le champlibre aux nationalismes qui se développent partout enEurope.
Philippe Chatelain
Voilà pourquoi, cette fois, j'ai voténon : un non écologiste, fédéralisteet de gauche, que j'espère porteur d'espoir.
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 19/28
JOURNÉES DE L'ÉCOLOGIEEN FRANCHE-COMTÉ
Chaux-des-Crotenay (Jura), 15 et 16 septembre 2012
ÉDUCATION À L'ENVIRONNEMENTET ÉDUCATION POPULAIRE
a Feuille Verte : En direct de Chaux des Crotenay, notre
envoyée spéciale, Suzy Antoine, nous relate le contenu
d’un atelier qui s’est déroulé samedi 15 septembre, de 14 h
à 15 h 30.
Suzy, pouvez-vous nous dire quel était le thème de cet
atelier ainsi que les noms des intervenants ?
Suzy : Eh ! bien oui : ici, dans ce magnifique cadre du Haut- Jura, les écologistes de la région de Franche-Comté n’ontpas craint de s’enfermer malgré le temps ensoleillé etclément de septembre. J’ai eu la possibilité d’assister à l’unde leurs ateliers, « Education à l’environnement etéducation populaire ». Deux intervenants de qualité separtageaient les rôles : Jean Noël Matray, délégué généralde la Ligue de l’Enseignement pour la Franche-Comté, etEmmanuel Redoutey, dit Manu, animateur nature. Arnaud Jacquet était chargé d’animer cet atelier. Un publicnombreux y assistait, même si l’heure se prêtait plus à lasieste postprandiale ! J’ai vu d’ailleurs une photographe quis’amusait à prendre des clichés de quelques dormeurs…
FV : Suzy, dites-nous ce que l’on entend par « éducation
populaire et éducation à l’environnement ». Ne s’agit-il
pas de deux concepts totalement différents ?
Suzy : Je ne le pense pas. En effet, l’éducation populaire estun rassemblement de citoyens, souvent structuré en
associations. C’est aussi un mouvement politique, àl’origine de bien des transformations sociales. On cite aussila volonté de se positionner en complément del’enseignement formel et d’agir à tous les âges de la vie.L’éducation à l’environnement, quant à elle, trouve une deses racines dans cette éducation populaire, par le biais des
L des valeurs de solidarité, de respect, de liberté, de laïcitéqu’elle met au premier plan. D’ailleurs, on devrait dire« l’éducation à l’environnement vers un développementdurable », qui consiste à donner à chacun d’entre nous lesconnaissances nécessaires et les éléments de consciencenous amenant à considérer la Terre comme un bien
commun dont nous devons prendre soin.
FV : Pouvez-vous, rapidement, nous donner quelques
repères historiques concernant l’éducation populaire ?
S’agit-il d’une mouvance récente ?
Suzy : Absolument pas. La Ligue de l’Enseignement, quiincarne cette éducation populaire, a vu le jour en 1866. Etdès 1871, soit seulement cinq années après cette création,elle lançait la première pétition pour la gratuité etl’obligation scolaire pour tous, qui a recueilli, rendez-vouscompte, 1 300 000 signatures ! Je rappelle à nos jeuneslecteurs qu’Internet et le téléphone n’existaient pas encoreet que ce chiffre représente une prouesse pour cetteépoque. En 1880, la première colonie de vacances étaitorganisée. Puis, en 1929, les premières auberges de jeunesse ouvraient leurs portes. A la fin de la deuxièmeguerre mondiale, apparaissaient les FRANCAS, l’OCCE (1),les PEP (2)… Et j’en oublie, car la liste est longue…
FV : Et pour l’éducation à l’environnement ?
Suzy : Là, les repères sont plus récents et s’inscrivent dansla deuxième moitié du XXe siècle. De grandes conférencesinternationales organisées par les Nations Unies dès lesannées 70 - je pense notamment à celles de Stockholm en1972, de Tbilissi en 1977, de Rio en 1992, de
es 15 et 16 septembre derniers se sont tenues, au centre de vacances des Cyclamens, à Chaux-des-Crotenay (Jura),les Journées de l'Écologie en Franche-Comté. Elles ont réuni, dans un cadre champêtre et une ambiance à la foisstudieuse et conviviale, une centaine de personnes - militants, adhérents, coopérateurs, élus... -, qui ont pu, entreautres, participer à huit « ateliers » sur des thèmes divers. La Feuille Verte vous propose ci-après (pp. 19 à 24) les comptes rendus de quatre desdits ateliers ; vous pourrez lire lesquatre autres dans le prochain numéro (décembre). Retrouvez aussi quelques images de ces Journées en « quatrième decouv' ».
L
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 20/28
L'ÉCOLOGIE POLITIQUE EST-ELLESOLUBLE DANS LA DÉMOCRATIE
À LA MODE HELVÉTIQUE ?
FV : Au regard de toutes ces initiatives, tout devrait donc
aller pour le mieux, n’est-ce pas ?
Suzy : Hélas non ! En effet, malgré l’expression d’une
volonté commune, tout cela est peu suivi d’effets, au regard
des enjeux. Cependant, on ne peut pas ignorer le travail
accompli au niveau des régions, des départements et des
communes. Mais il n’en reste pas moins que ces actions
sont souvent peu pérennes pour des raisons financières.
Que ce soit dans l’éducation à l’environnement ou dans
l’éducation populaire, partout, on constate une baisse des
moyens. Les personnels ne sont plus mis à disposition : il
faut donc rechercher des subventions, qui se raréfient de
plus en plus. Les enseignants, qui faisaient partie du gros
des troupes de militants bénévoles, ne sont plus formés à la
vie associative et encore moins à l’éduca tion à
Johannesburg en 2002 - ont
énoncé les grands principes
et contribué à la ratification
d’une Charte de
l’environnement. En 2000,
aux Assises de Lille, un plan
national d’action voit le jour.
De nombreux outils
pédagogiques sont élaboréset divers types d’action se
multiplient. Des réseaux
régionaux et départementaux
se développent.
interpellant les militants écologistes. En effet, pour lui, la
solution est politique et revient à mettre nos élus décideurs
au pied du mur. Il souhaite que les grands principes qui
ont vu le jour il y a déjà quelques dizainesd’années soient
mis en application dès maintenant et que le parti d’Europe
Ecologie Les Verts en soit le fer de
lance.
l’environnement. Cela
devient un réel problème car
il n’est pas possible, dans ces
conditions, de s’engager dans
une démarche de
généralisation de l’éducation
à l’environnement.
FV : Sur quelle conclusion cet atelier s’est-il terminé ?
Suzy : C’est Manu Redoutey
qui a eu le mot de la fin en
FV : Merci, Suzy. Il est temps
maintenant de rendre l’antenne…
(1) Office central de la coopération à l’école
(2) Pupilles de l'enseignement public
Envoyée spéciale : Suzy Antoine
ierre Santschi, ingénieur physicien, conseiller communal
de Lausanne de 1994 à 2011 et député au Grand Conseil vaudois de 1982 à 1994, développe une vision
passablement iconoclaste de la vie politique, en Suisse et
ailleurs, en y englobant d'ailleurs son parti, les Verts.
Témoins ces deux citations de Coluche qu'il propose en
préambule :
« Ce n'est pas parce qu'ils sont plus nombreux à avoir tort
qu'ils ont raison. »
« La gauche a gagné les élections, la droite a gagné les
élections !... Quand donc pourra-t-on dire : « La France a
gagné les élections »?
1) Définitions
Initiative « à la suisse », connue en France sous le nom de
« référendum d'initiative populaire » : proposer (après avoir
P récolté le nombre suffisant de signatures, qui dépend du
niveau et du canton, pour le demander) que le peuple vote un texte constitutionnel ou légal, en général à cause
du manque de discernement des « sauveteurs de la patrie
auto-proclamés » (les parlementaires, les membres du
gouvernement, l'administration publique), qui leur a fait
manquer un problème qui préoccupe une partie de la
population. On peut comparer cette initiative à un
accélérateur démocratique.
Référendum « à la suisse », inconnu en France parce que
considéré actuellement comme « blasphématoire » par la
classe politique de ce pays, sans aucune exception connuede moi : faire voter le peuple, en cours de législature, et sur
demande d'une partie du corps électoral, sur une loi déjà
votée par le parlement. On peut le comparer à un frein
démocratique.
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 21/28
Contre-projet : Il s'agit d'un texte émis par le parlement,
reprenant les idées de l'initiative (« à la suisse ») et qui peut
être mis en concurrence avec elle, devant le peuple.
Exemple récent dans le canton de Vaud : aide au suicide
dans les maisons de retraite, appelées établissements
médico-sociaux – EMS) ; le contre-projet l'a emporté face à
l'initiative. Il peut s'agir d'une loi qui est alors votée par le
parlement avant le scrutin et qui entre en vigueur sil'initiative est acceptée par le peuple. On peut le comparer
à un modulateur d'accélérateur, ou frein à celui-ci,partiellement démocratique - « partiellement » parce
qu'émanant de représentants plus ou moins légitimes, et
non pas du peuple.
Plébiscite : Souvent pris comme consultation populaire
qui, au contraire des précédents, est suscitée par le pouvoir
institutionnel ; bricolage médiatico-politique consistant à
faire voter le peuple sur une question pour obtenir un
accord sur la question, mais surtout pour montrer que leposeur de question institutionnel (gouvernemental) doit
garder le pouvoir ; souvent deux questions auxquelles on
ne peut répondre que par oui ou par non. Plutôt
accélérateur démocratique, mais avec d'autres effets. Le
terme est inusité en Suisse et péjoratif. Il y a en fait pas mal
de plébiscites (au sens premier du terme) : ce sont les
consultations imposées par la Constitution et les lois. Je n'y
reviendrai pas, car cela existe aussi partiellement en France
- partiellement, car je ne sache pas que le peuple doive
obligatoirement être consulté sur une révision de la
Constitution. C'est le parlement ou le président qui décide.
2) Quelques exemples :
Initiatives : 5 semaines de vacances pour tous (refusée),
interdiction du trafic abusif des camions à travers les Alpes
(acceptée), interdiction de la mendicité dans les rues de
Lausanne (en cours de traitement par le parlement
communal), interdiction des minarets (acceptée).
Référendum réussi (c'est-à-dire que le peuple a coupé les
ailes du parlement) : refus des Jeux Olympiques d'hiver à
Lausanne, adhésion à l'espace économique européen.
3) Le système helvète est-il plus démocratique que le
système francais ?
Les votations permettent théoriquement de donner plus de
pouvoir aux citoyens. Cependant le poids des lobbies et de
l'administration limite fortement l'équité d'expression dans
la campagne qui précède la votation, campagne dans
laquelle le principe de la bonne foi est allègrement bafoué
et où les institutions informent incomplètement et de
manière biaisée.
Question de la salle (QS) : Cela pose des questions d'éthique et de risque de populisme, comment se met en place le débat politique populaire ? Pierre : De mon point de vue, le peuple peut se prononcer
sur tout sujet qui lui est proposé, dans la mesure où il est
correctement informé. Par ailleurs, peut-on dire que les
parlements échappent à la pratique du populisme ou de la
démagogie ? Et qui juge de ce qui est populiste ou
démagogique ?
QS : Quid du tirage au sort des élus ? Pierre : Dans une assemblée réunie, dans un cadre
restreint, c'est une méthode qui évite les tiraillements. Celaa été expérimenté chez les Verts vaudois. Chez les Baha'is,
autre système : les élections se passent sans campagne
électorale préalable.
QS : Quid de l'absentéisme des élus ? Pierre : Il est prévu par la loi que si un député est trop
souvent absent, il est sommé de s'expliquer et peut être, in fine, démis de sa fonction. C'est extrêmement rare ; en
général il démissionne avant d'y être juridiquement forcé.
D'autres méthodes peuvent être utilisées : par exemple ne
pas le nommer dans des commissions.
QS : Qu'est-ce qui est transposable et à quelle échelle ? Pierre : C'est un problème culturel et historique.
Probablement toutes ces procédures helvétiques le sont,
mais elles sont vraisemblablement à moduler en fonction
de la taille des corps électoraux.
QS : Quelle limite l'État fixe-t-il aux votations ? Pierre : Certains traités internationaux se heurtent à des
initiatives populaires, ce qui pose parfois de réels
problèmes d'application de la démocratie. En général, les juristes ont le dernier mot, malgré l'indignation de ceux qui
exercent les droits d'initiative ou de référendum.
QS : Qu'en est-il de l'abstentionnisme, vu le grand nombre de consultations populaires ? Pierre : Il est vrai que cela pourrait inciter à un
abstentionnisme généralisé. 60 à 70 % du corps électoral se
déplace pour un sujet qui touche la population et 15 à 20
% lorsque le sujet est moins populaire ou plutôt technique
ou sans grand enjeu. Sont déterminants, à mon avis, à
propos du taux d'abstentionnisme, le comportement des
élites (et des élus) et la présentation de l'information aux
électeurs. Les gens sont à mon avis davantage dégoûtés par
les manipulations et les magouilles politicardes des élus,
que ce soit dans les parlements ou dans les
gouvernements.
QS : La dynamique associative pèse sur les politiques publiques, c'est un gage de démocratie.Pierre - Le parti politique des Verts s'est formé à partir du
tissu associatif et les élus doivent favoriser l'expression desassociations. Pour cela, il faut admettre de laisser son ego
de côté, ce qui s'avère difficile à l'usage, et le combat de
certains Verts élus dans des exécutifs contre les associations
de défense de l'environnement, notamment en matière
d'urbanisme pharaonique, démontre cette potentialité de
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 22/28
LES ÉCOLOS ET LA CULTURE
D evant une bonne trentaine de personnes, Laurent Assathiany, qui anime au niveau comtois une commission« Culture » au sein d'EÉLV, et Sylvie Meyer, vice-présidentedu Conseil régional déléguée à la Culture, se sontinterrogés sur le thème de la place de la culture dans unprojet écologiste. En d'autres termes : y a-t-il une visionécologiste de la culture ?
Afin de confronter les approches des présents, Laurent autilisé une méthode de débat consistant à proposer desitems sur lesquels on était invité à voter : un bulletin vertpour marquer son accord, un rouge pour son désaccord,un orange pour une hésitation, un blanc pour un refus
(quelle qu'en soit la raison) de se prononcer. La tendancegénérale de chaque vote alimentait et orientait ladiscussion.
Quelques items ont obtenu une adhésion générale ouau moins massive : par exemple, « Au sein d'EÉLV, onpréfère parler d'agriculture que de culture », « Le soutien àla diversité des expressions artistiques et culturelles doitêtre au cœur de la politique culturelle », ou encore « EÉLV devrait ouvrir en Franche-Comté des espaces de débat avecles acteurs culturels » (encore qu'on se soit interrogé sur ce
que recouvre cette notion d' « acteurs culturels » ).
D'autres propositions ont été rejetées massivement :
« Hors des artistes, pas de réalisation culturelle digne de cenom », « Culture et éducation populaire, circulez, y a rien à
voir ! » ou du moins très largement - « Avoir un ou des élusEÉLV à la culture, c'est superflu », « L'intercommunalité estle bon niveau pour bâtir une politique culturelle cohérentesur nos territoires » (ce dernier item ayant d'ailleursprovoqué pas mal d'incompréhension).
Avis nettement plus partagés sur, par exemple :
« L'approche culturelle d'EÉLV se caractérise par quelquespoints identifiables », « Démocratiser la culture, quellebelle illusion ! », « L'éducation culturelle est le b.a.-ba detoute politique dans ce domaine », ou encore « EÉLV devrait proposer des manifestations artistiques en lien avecles thèmes de l'écologie ».
Notons enfin que certains items ont surtout donné lieu àdes interrogations sur le sens qu'on donnait aux motsemployés, par exemple « L'éparpillement des acteursculturels constaté sur le terrain est une bonne chose ».
Dans l'ensemble, la méthode utilisée par Laurent pour faireréagir et s'exprimer a été jugée bien adaptée et « sympa »,même si certains ont pu se demander : « Et après ?... »
Sylvie Meyer, elle, s'est attachée à faire partager son
expérience, ses difficultés, ses interrogations. Elle aproposé diverses définitions de la culture, tirées de laDéclaration universelle de l'Unesco sur la diversitéculturelle (2001) – laquelle rejette la thèse de conflitsinévitables de cultures et de civilisations – ou de la
de dérive. Mais le tissu associatif est, de mon point de vue,une base plus fondamentale de la démocratie que lesinstitutions « légalisées ».
QS : En voulant consulter le peuple, bien souvent, on
suscite des réactions de la foule. Quel avis populaire est le
plus souverain, dans le lieu et dans le temps ?
Pierre : Si j'ai bien compris la question, on peut se
demander - si, sur un sujet, on revient trop souvent en votation populaire - quelle sera la réaction du corpsélectoral. Il est en général peu compréhensif (dans samajorité), pour ceux qui reviennent inlassablement sur lemême sujet et à des intervalles trop rapprochés. Mais j'insiste encore : l'information la plus complète etindépendante possible permet la démocratie.
QS : Quel usage de la démocratie directe par internet ?
Pierre : Pourquoi pas, dans la mesure où le dépouilleur etles gestionnaires des programmes sont réellement
contrôlés de manière crédible. Les obstacles techniquespour assurer le comptage des votes sont très grands et engénéral minimisés par les idolâtres du « progrès
technique » ; à ma connaissance, il n'y a actuellementaucun système informatique de vote électroniqueréellement fonctionnel et qui soit contrôlédémocratiquement ; ainsi, à Genève, avec quelquesoripeaux prétendus efficaces par l'administration, lesystème mis à disposition des électeurs est opaque etconservé jalousement par ladite administration, ce qui estloin d'offrir des garanties suffisantes de sécurité et de
secret des votes.
Pierre Santschi et Arnaud Jacquet
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 23/28
DE LA NÉCESSITÉ DE PARLERDU STATUT DES FEMMES
EN FRANCHE-COMTÉ
e temps de réflexion s'inscrit dans un contexte social et
politique particulier. Alors que nombre d'entre nous
estiment sans doute que la pertinence de cet atelier reste à
prouver de nos jours, des faits récents nous rappellent
l'importance du combat féministe aujourd'hui encore. Lesrécents débats de la présidentielle américaine ont ainsi
permis à certains Républicains de s'illustrer en sortant du
placard des idées que nous croyions dépassées, estimant
par exemple qu'un viol ne peut être invoqué que si la
victime est tombée enceinte et balayant ainsi des années de
militantisme féministe. Dans une moindre mesure, la
récente péripétie de la robe de Cécile Duflot à l'Assemblée
nationale nous permet de prendre conscience du chemin
qu'il reste à parcourir pour que la femme soit l'égale de
l'homme en politique. Ainsi, les combats féministes, que
nous pouvions croire définitivement gagnés, restent
d'actualité, certes sous des formes nouvelles, mais avec un
enjeu sociétal tout aussi important.
Replacer la femme au coeur des débats
La question du droit des femmes a été largement
instrumentalisée. On érige le féminisme comme valeur de
la République pour mieux fausser et caricaturer ce que doit
être ce droit des femmes, toujours mis sur le devant de la
scène en lien avec une autre problématique, ce qui biaiseles réflexions liées au statut social de la femme dans notre
société.
L'enjeu est de parvenir à considérer la femme d'un point de
vue humaniste dans la construction de notre programme
C
déclaration de Fribourg sur les droits culturels (2007).
Définitions que l'on trouvera aisément (sur internet, par
exemple), et qui ont pour point commun d'être beaucoup
plus larges que la définition habituelle en liaison avec l'art :
la culture ne se réduit pas à l'art et à l'accès aux
productions artistiques, elle consiste à « donner sens au
monde », à « offrir à la population un regard poétique sur
le monde ».
Aux deux textes cités ci-dessus, il convient d'ajouter
l'Agenda 21 de la Culture, adopté en 2004 à Porto Alegre,
qui, en 5 grands thèmes et 67 articles, instaure des
principes, des engagements et des recommandations afin
de faire de la culture l'un des quatre piliers du
développement durable, au même titre que
l'environnement, le social et l'économique.
Enfin – pressée par le temps !... -, Sylvie a rapidement
abordé quelques questions : distinction entre art et culture,
entre pratique artistique et pratique culturelle ; diffusion
de la culture et place de l'artiste dans la
cité ;institutionnalisation de la culture ; diversité culturelle,
reconnaissance de la culture comme partie inégrante du
« vivre-ensemble » ; sens de l'action publique dans le
domaine culturel.
Au total, un atelier bien loin d'être immédiatement
« opérationnel » (telle n'était pas son ambition), mais riche
de réflexions passionnantes...
Gérard Roy
politique et de nos politiques publiques. Il ne s'agit plus de
voir le femme par le prisme de la maternité ou de la
sexualité. On considère qu'une femme a plus de risques de
tomber dans une situation de grande vulnérabilité. En effet,
le genre féminin est fragilisé face aux changement desituation sociale, aux problématiques d'employabilité, de
qualification, etc.
Egalité des sexes, égalité des droits
Revendiquer la notion d'égalité des sexes est essentielle ;
pour autant, elle ne doit pas être utilisée en niant les
différences de genre. Cette notion d'égalité des sexes entre
en confrontation brutale avec la réalité de la construction
du statut des femmes. Nous ne pouvons gommer les
différences de genre, un homme n'est pas une femme et
vice versa. Il y a des différences biologiques de genre qui
aboutissent à la construction de schémas sociaux, des
schémas qui se transmettent et qu'il convient de
déconstruire. Au-delà du simple concept d'égalité, c'est
alors la notion d'égalité en droits qu'il convient d'utiliser.
La société humaine doit accepter qu'il y a des hommes et
des femmes et qu'ils sont égaux.
Réfléchir au statut de la femme, c'est, par exemple,
envisager la responsabilité de la femme dans l'éducation etla place de la femme dans le foyer. Cela nous amène à faire
la lumière sur la proposition défendue par les écologistes
relative au congé parentalité. Rappelons que cette période
d’accueil de l'enfant se compose d'un congé maternité dû à
la mère et d'un congé parentalité partagé entre les deux
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 24/28
Retour sur des caricatures
BLASPHÈME : QUAND LE FOUMONTRE LA LUNE, LES AUTRES FOUS
REGARDENT LE DOIGT
U n nanard de série Z, que personne n'a jamais vu,enflamme le monde arabo-musulman, et voilà que cesirresponsables de Charlie Hebdo décident de publier denouvelles caricatures sur l'islam.Or, il se trouve que Charlie Hebdo caricature les religions àpeu près toutes les semaines. Il se trouve que ce journal serevendique comme satirique. Il se trouve que les membresde son comité de rédaction sont athées. Puisque pour eux,Dieu n'existe pas, quand ils se moquent de lui, ils ne se
moquent... de rien ! En quoi le croyant devrait-il se sentir heurté, blessé par le dessin de quelqu'un qui se moque du vide ? Le blasphème se limite en fait au cercle des croyantspartageant une même conviction.
Merci mon Dieu, Charlie existe !
J'ai la faiblesse de penser qu'un croyant considère Dieucomme tout-puissant. Qu'est-ce que Dieu peut bien avoir àfaire des productions de ceux qui le moquent ? Vouloir défendre Dieu à sa place, n'est-ce pas une façon de lui faire
offense ? Une façon de montrer que, dans le fond, on ne luifait pas vraiment confiance ?Sauf que bien souvent, Charlie, comme les autres médiassatiriques, ne se moque pas de Dieu (c'est compliqué),mais de ses adorateurs et de leurs organisations humaines.
Et - il faut bien le reconnaître - ceux-ci leur donnent tropde bonnes occasions de le faire, toutes religionsconfondues. Accepter la critique, savoir y prendre ce quiest fondé tout en délaissant l'excessif, c'est une preuve dematurité et un exercice, parmi d'autres, de la recherche deDieu. Au-delà de Charlie Hebdo et de façon générale, les piècesde théâtre ou les expositions, les productionsintellectuelles, artistiques, sont de vrais outils dequestionnement pour le croyant ; Piss Christ , par exemple,interpelle le rapport aux idoles, et aussi l'aversion que leChrist peut susciter, questionnements susceptiblesd'intéresser chacun, quelles que soient ses convictions.Mais réfléchir par soi-même, interroger sa foi, c'est peut-être surtout cela qui dérange les quelques abrutisintégristes qui voudraient tout interdire. Et si l’œuvre estnulle, si la caricature est mauvaise, si elle ne provoque rienen nous, alors à quoi bon s'y attarder ?
Faudra-t-il un jour interdire la méchanceté ?
Demander la « modération », la « responsabilité » aux artistes, aux journalistes, en exigeant d'eux qu'ils neproduisent plus rien qui pourrait choquer, c'est vouloir condamner les croyants à rester ignares, à avoir une foi de
parents. Cette proposition illustre la spécificité de lafemme tout en reconnaissant que l'homme a également unrôle à jouer égal dans l'éducation de ses enfants.
La parité : une transition essentielle
La parité est une mesure transitoire et non une fin en soi.La nécessité et l'intelligence de cette mesure reposent sur
la notion même de mesure transitoire. Cela transgresse laculture française des acquis sociaux. La parité ne doit pasêtre vue comme un tel acquis qu'il conviendrait dedéfendre partout et en tout temps. Vue de cette manière, laparité peut être perçue par la femme comme unehumiliation. L'impératif de parité doit être défendu commele vecteur permettant l'acceptation et l'évolution desmœurs dans la société. L'enjeu est alors de définir les outilscontraignants permettant la transition avec un suivi et unaccompagnement du processus de parité.
On n'a pas fini d'en parler ...
La femme est la première ennemie de toutes les politiquesdu droit des femmes. Travaillons alors la liberté etl'imagination et osons parler différemment du statut de lafemme. Allons au-delà de nos propres réticences, de nospropres peurs. Restons vigilants pour que le ministère del'Égalité des femmes ne soit pas un alibi, mais un réel
moteur de changement. Cessons de « maltraiter » laquestion du statut de la femme, notamment en Franche-Comté, en omettant plus ou moins volontairement detraiter le sujet. Ayons l'audace de parler de ce sujet : pour ce faire, un autre atelier sera organisé bientôt dans larégion avec des représentants d'associations féministes,pour aller plus loin dans la réflexion et construire desproposition concrètes ambitieuses.
Anthony Poulin
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 25/28
superstitieux (1). C'est admettre que les intégristes peuvent
avoir gain de cause. C'est supposer, pour le cas précis des
caricatures de Charlie et du « film » L'Innocence des
musulmans, que les musulmans sont trop idiots pour avoir
du discernement. Un peu comme si, dans le fond, ils
n'étaient pas encore vraiment entrés dans l'histoire.
Le problème, diront certains, c'est que Charlie, comme une
grande partie de la société française, verserait dansl' « islamophobie ». Il est déjà amusant de noter qu'un
dessin de couverture caricaturant un rabbin et un imam
devient automatiquement un dessin "islamophobe".
Amusant également de noter que, suivant ce qui arrange
l'accusateur, Charlie est tour à tour « islamophobe »,
« cathophobe », « judéophobe »... Il est triste enfin de
constater que la confusion entre musulman et arabe est
toujours aussi ancrée.
Presse irresponsable contre presse responsable
Il me semble dès lors évident que les défenseurs des
caricatures sont des gens bien plus responsables que ceux
qui voudraient les interdire. On a plus parlé des caricatures
avant qu'elles ne soient publiées qu'après. Le battage
médiatique a fait une caisse de résonance, avec cet entêtant
refrain désagréable : les musulmans sont tellement arriérés
qu'ils vont vouloir tout casser à cause de quatre dessins,
comme si les musulmans ne savaient pas faire la différence
entre journal satirique et journal d'information. Mais -
dommage pour les télés - les manifestations annoncées
n'ont eu aucun succès.
Au moins, avec le « film », il y a eu de quoi nourrir des JT :
le monde musulman s'enflammait, Newsweek s'en donnait
à cœur joie. Sauf que là encore, c'était faire la part belle à
une minorité d’extrémistes manipulés, une façon comme
une autre de caricaturer les musulmans - mais cette fois, en
prétendant être un journal sérieux et responsable.
La conséquence, c'est que même ceux qui sont si prompts à
accuser les autres d'islamophobie ou de racisme se
retrouvent dans des positions particulièrement instables.
C'est l'exemple de ceux qui nous expliquent (soulagés) que
la « presse arabe » a répondu avec humour et dédain à
Charlie Hebdo. Bien entendu que la presse d'information a
répondu avec dédain, tout comme une partie de la presse
française, et tout comme certains se sont déchaînés. Il fautdire que, vu de France, la « presse arabe » n'est qu'un bloc
monolithique, comme si le monde arabe n'avait pas de
presse satirique, n'avait pas d'intellectuels...
De l'huile sur le feu, mais quel feu ?
La leçon qu'on voudrait nous faire retenir de cette triste
agitation, c'est que le responsable des tensions religieuses
ou ethniques, le responsable de la montée des
extrémismes, c'est Charlie Hebdo. Ceux qui prétendent
que ce seraient peut-être un peu, aussi, les invasions enIrak, en Afghanistan, le soutien occidental à l'occupation de
la Palestine par Israël, sont des pacifistes rêveurs et
antisémites. Ceux qui parlent des contrôles au faciès, des
humiliations, des vexations, sont des gauchistes. Et quand
Sarkozy parle des " Français musulmans d'apparence", on
est prié de croire que ça ne porte absolument pas à
conséquence sur la concorde nationale.
Journalistes, payez-vous Charlie Hebdo si ça vous amuse ;
pendant ce temps, les incendiaires courent toujours. (2)
François Mandil
1) Je sais que pour un certain nombre de lecteurs, foi et
superstition sont synonymes, mais ce débat n'est pas l'objet
premier de cet article.
(2) Ce texte a initialement été publié sur le blog
www.chretiensdegauche.com
L'une de ces deux couvertures jette de l'huile sur le
feu et attise le racisme : saurez-vous trouver laquelle?
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 26/28
UN MOIS, ÉMOIS ET MOICalcul. En ne fumant pas un paquet de clopes par jour, j'économise au minimum 2 226 euros par an. Ça me permet de
picoler plus.
Sheila. Au patron de Sanofi, numéro cinq mondial de la pharmacie, Arnaud Montebourg a lancé théâtralement : « Partout
où vous irez, j'irai ». Il a oublié : « Comme les rois mages en Galilée / Fidèle comme une ombre / Avec obstination ».
Outrages. Si les intégristes musulmans font beaucoup parler d'eux, ce n'est pas une raison pour oublier que les autres
religions ont aussi leurs cinglés, parfois « officiels ». En Grèce, par exemple, on poursuit pour blasphème des acteurs qui
ont joué dans Corpus Christi et un internaute qui a caricaturé un moine du mont Athos ! Pour Cohn-Bendit, le Nouvel Obs
et quelques autres, il faut sans doute voir là une provoc' de Charlie Hebdo.
Tbilissi. L'un des leaders du Rêve géorgien – le parti récent vainqueur des législatives dans la petite république
caucasienne – et bientôt ministre du nouveau gouvernement est un ancien footballeur star du Milan AC. On sent
qu'effectivement, il va faire rêver, le Rêve géorgien.
Désillusion. Des flics ripoux à Lyon et à Marseille. Des handballeurs ou des championnes de badminton qui se
conduisent comme de vulgaires footeux, nageurs, sprinteurs ou cyclistes... Ça devient dur de garder la foi en quoi que ce
soit !
Fusils. Première sur le continent américain : le Costa-Rica interdit la chasse sur tout son territoire. Les ayatollahs écolos
veulent tuer le petit commerce de l'armurerie.
Petit bras. Un 68e miracle à Lourdes officiellement reconnu. 68 en plus d'un siècle et demi, on ne m'empêchera pas de
penser qu'il ne se foule pas trop, le Ciel !
Bol (Pas de -). Frank Alamo est mort alors qu'on allait lui décerner le Nobel de littérature pour Da Doo Ron Ron.
Tribunes. Le Monde m'apprend que Kadhafi détestait le foot et encore plus les supporteurs. Finalement, il n'avait pas que
des mauvais côtés, ce type.
Plumes. Vent debout contre des mesures fiscales qui, à les entendre, les plumeraient, des patrons de start-up lancent le
mouvement des « pigeons ». J'ai beau ne pas aimer les chasseurs, je ne serais pas contre un peu de chevrotine dans le
croupion de ces enfoirés.
Modérés. Entre le Tunisien Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahda, qui s'en prend aux « laïcs extrémistes », etl'archevêque de Nouvelle-Zélande qui dénonce, pendant la célébration du cinquantenaire de Vatican II, le « laïcisme
agressif » des sociétés occidentales, mon cœur balance. Y aurait pas un rabbin pour les départager ?
Reconversion. Lu dans un supplément télé que Roselyne Bachelot, ex-députée et ex-ministre UMP, « ne parl[ait] plus de
la réforme hospitalière ou de vaccins contre la grippe, mais compar[ait] la cambrure des dames sur talons hauts ou
livr[ait] les secrets de la salade César ». Que ne l'a-t-elle fait plus tôt ?
Chihuahuas. Paraît que les « minichiens » sont devenus les chouchous des « urbaines », qui leur paient vêtements, bijoux,
lunettes de soleil, parfums, jouets et meubles. C'est bien sûr débile, mais finalement, si ça peut éviter à ces connes de faire
des gosses...
Toros (1). Selon le Conseil constitutionnel, la corrida n'est pas contraire à notre Constitution, puisqu'elle correspondrait
(ce qui est éminemment contestable, de toute façon) à une " tradition locale ininterrompue". Dommage qu'aucune
"tradition locale ininterrompue" n'autorise à sodomiser les membres du Conseil constitutionnel : il eût été piquant de les
voir la justifier…
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 27/28
Gérard Roy
Toros (2). La ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, est signataire de la pétition pour l'abolition de la corrida... Au fait, nosélus comtois, ils sont combien à l'avoir signée ?
Slogan. Notre-Dame-des-Landes : Circulez, y a rien à voir ; le changement, c'est pas pour maintenant.
Délais. Il aura fallu 51 ans pour que soit reconnue la responsabilité de l'État dans le massacre d'Algériens à Paris le 17octobre 1961. Encore un demi-siècle et on reconnaîtra que le PS n'est pas un parti de gauche.
Europe Écologie Les Verts Franche-Comté(14 rue de la République, 25000 Besançon)
Directeur de publication : Gérard Roy Comité de lecture : Michel Boutanquoi, Pauline Jeannin,
Gérard Mamet, Gérard Roy CPPAP : 0513 P 11003
Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Lucas Wicky Imprimé sur papier recyclé
par les soins d’Europe Ecologie Les Verts de Franche-ComtéISSN 1169-1190
7/31/2019 FV 179 Ter
http://slidepdf.com/reader/full/fv-179-ter 28/28