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Colloque international organisé par le PACODEL ULg-Gembloux
Lieu : Espace Senghor, GemblouxDate : 19 décembre 2013Thème général : Territoires périurbains : développement, enjeux et perspectives dans les pays du Sud
Le colloque international a été organisé suite à la volonté de l’Université de Liège de se positionner mondialement au niveau Coopération et Relation internationale. En effet, 60 pays sont concernés par la coopération et cela depuis plus de 100 ans. Au cours de ce colloque, les raisons du choix de l’Afrique Centrale et plus particulièrement de la République Démocratique du Congo comme point d’ancrage de la plateforme de l’Université de Liège ont été expliquées. Soulignons la position géostratégique de ce pays au carrefour de plusieurs courants de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest, de l’Afrique du Nord et du Sud, l’existence de moyen de communication avec l’Europe (la Belgique), Kinshasa la capitale de la R.D. Congo étant desservie par plusieurs compagnies aériennes dont SN Brussels à raison de 7 vols hebdomadaire. Notons également les relations historiques Belgo-Congolaises avec à la clé plusieurs personnes formées et surtout plusieurs projets menés ou encore en cours dans des disciplines variées notamment (1) le Droit, criminologie et sciences politiques, (2) l’Ingénierie, informatique et technologie, (3) la Physique, chimie, mathématiques et sciences de la terre, (4) les Sciences de la santé humaine, (5) les Sciences du vivant, (6) les Sciences économiques et de gestion et (7) les Sciences sociales et comportementales, psychologie. Ceci offre la possibilité d’avoir des sites d’étude potentielle pour des travaux de recherches dans le cadre de travaux de recherche doctorale mais aussi d’autres aspects tels que le service à la société tout comme le renforcement des enseignements.
Photo : Vue des participants au colloque
C’est dans ce contexte que les participants venus très nombreux et de plusieurs horizons ont été accueillis par le Vice-Recteur aux Relations Internationales de l'ULg Jean MARCHAL puis ont suivi la première partie du colloque animée successivement par les intervenants ci-après:
- Jean-Marie HALLEUX (Chargé de Cours à l’ULg) : « Les territoires périurbains et leur développement dans le monde »,
- Christel ALVERGNE (Deputy Director, Local Developpement Finance Unit, UNCDF, Nations-Unies, New-York) : « Les territoires périurbains dans les pays en développement »,
- Théodore TREFON (expert international sur le Congo, Musée Royale d'Afrique Centrale) : « Un cas spécifique de territoires périurbain : Kinshasa ».
Après un moment de pause et d’échange, la deuxième partie du colloque a été scindée en 5 ateliers dont celui de la santé coordonnée par le Professeur Michel FREDERICH (ULg) avec 4 intervenants, Dr Mediebou CHINDJI, Dr Joseph Manzambi Kuwekita, Professeur Patrick De Mol et Dr Roland MARINI DJANG’EING’A. Les résumés des interventions sont repris ci-dessous.
Photo : Moment de pause et d’échange entre les participants
Le colloque a été clôturé par une intervention du Professeur Clément MWABILA MALELA (Secrétaire Permanent du CA des universités publiques de R.D.Congo), qui a fait une synthèse en tenant compte du point de vue du Sud. Les conclusions générales ont été prononcées par le Vice-Recteur Jean MARCHAL.
Rapport ATELIER SANTE PUBLIQUE (par Olivia Jansen, ULg)
1. Dr Mediebou CHINDJI (Assistante au Département de Géographie, Université de Yaoundé I) a présenté une communication sur le thème : « Disparité socio spatiale et soin de santé dans les quartiers périurbains de Ngaoundéré ».
Géographe de la santé, le Dr Chindji, nous a proposé un éclairage sur la question de l’accès aux soins de santé au Cameroun où on observe des disparités géographiques et, par conséquent, une inégalité d‘accès aux soins de santé par les populations entre zones rurales et urbaines. Ces disparités s’étendent également aux zones urbaines, entre différentes aires de santé.
Parallèlement à cette inégale répartition spatiale des offres sanitaires formelles, on assiste depuis un certain temps, à une prolifération des structures parallèles de santé, fortement dominée par la tradithérapie, et constituant des itinéraires thérapeutiques très sollicités par les populations.
L’objectif de l’étude est de comprendre les raisons de la prolifération de la médecine traditionnelle et des tradipraticiens dans les quartiers constituant les 4 aires de santé périurbaines de Nagoundéré.
Les résultats préliminaires ont montré que Ngaoundéré offre désormais un éventail de services de santé, avec une large offre de soins modernes malgré plusieurs limites : d’une part les structures formelles de soins sont inégalement réparties dans l’espace et font face à des difficultés liées au mauvais accueil des patients et aux équipements et infrastructures qui sont vétustes et insuffisants. D’autre part, la population, sans cesse croissante, se heurte entre autres difficultés à l’accès aux soins de santé. Le pouvoir économique des patients est un facteur déterminant dans le choix de l’itinéraire thérapeutique, ainsi que d’autres facteurs socio-culturels dont la religion et la tradition.
Cette étude montre que les disparités socio-spatiales observées dans la ville de Ngaoundéré concourent à la prolifération de ce troisième secteur de soins dits parallèles dans les quartiers. La fréquentation de ces structures parallèles est susceptible de provoquer des risques sanitaires liés à la précarité des structures modernes parallèles, aux pratiques traditionnelles et aux conditions sanitaires peu rigoureuses.
2. Le Dr Joseph Manzambi Kuwekita , (ULg, Faculté de médecine, Département des Sciences de la Santé Publique ) nous a montré, à travers les Résultats d’une étude menée dans la commune périurbaine de Kisenso à Kinshasa, Congo que le tradipraticien est un acteur crédible dans l’offre des soins de santé aux populations des territoires périurbains africains
Cette étude examine la perception des tradipraticiens par les populations et les services publics de Kisenso (zone de santé située au Sud de Kinshasa), afin d’envisager leur intégration dans les politiques de développement local.
Les principaux résultats de l’étude montrent que les populations périurbaines se comportent comme en milieu rural : elles utilisent le tradipraticien et les plantes médicinales plus que les populations urbaines ; ainsi, 100% de participants reconnaissent l’existence des tradipraticiens auxquels tous ont déjà eu recours. Le recours au tradipraticien est justifié notamment par l’efficacité des soins, le type de maladie, la possibilité de paiement à crédit et la proximité. L’étude a également montré que tous les tradipraticiens fonctionnent dans l’illégalité mais sont jugés compétents et offrant des soins efficaces, selon la population, puisque 80% déclarent efficaces les soins offerts par les tradipraticiens, mais leur reprochent le manque d’hygiène dans la manipulation des produits. Les acteurs publics reconnaissent tant l’existence des tradipraticiens que leur efficacité et déplorent leur fonctionnement dans la clandestinité mais leur reprochent un dosage imprécis des produits manipulés hors normes d’hygiène, l’insalubrité des lieux et des matériels. Les tradipraticiens disent fonctionner dans l’illégalité à cause du coût d’actes administratifs. Ils suggèrent la révision de l’arrêté organisant la médecine traditionnelle.
Pour intégrer efficacement le tradipraticien dans le système de santé, il serait donc utile de supprimer les barrières administratives qui leur sont imposées, leur donner accès à des formations et les considérer comme acteurs de santé à part entière.
3. Le professeur Patrick De Mol (ULg, Faculté de Médecine) nous a présenté une étude concernant la Trypanosomiase en zone périurbaine, une nouvelle forme épidémiologique d'une maladie séculaire.
Après un bref rappel épidémiologique et sur les efforts déployés pour lutter contre la THA, le Prof. De Mol nous a présenté l’état des lieux pour cette parasitose à Kinshasa, d’où elle avait quasiment disparu en 1960 mais est réapparue ces dernières années. Les objectifs de cette étude étaient d’une part, d’analyser les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, sanitaires, démographiques, socioéconomiques et socioculturelles de la THA à Kinshasa ; d’autre part, d’évaluer le niveau de connaissances, les attitudes, les pratiques, les perceptions, les comportements et les croyances locales relatives à la THA chez les résidents de la zone endémique de Kinshasa.
Cette étude a montré que plusieurs variables sont significativement associées à l’infection de la THA à Kinshasa, notamment : la résidence en zone périphérique, des antécédents familiaux de THA, l’ignorance du mode de transmission, l’approvisionnement en eau de ménage dans des points d’eau naturels/collectifs, la mobilité (séjour, divers déplacements pour commerce et marché saisonnier) en milieu rural, le rouissage du manioc frais, les
activités champêtres (agriculture ; collecte de bois de chauffage, de chenilles et de champignons) et le faible niveau d’instruction.
Ces résultats mettent en évidence divers déterminants contrôlables, sur lesquels on peut agir pour réduire la charge de la morbidité et mortalité attribuée à la THA, et impliquer les habitants de Kinshasa dans la lutte contre cette maladie.
4. Le Dr Roland MARINI, (ULg, Faculté de Médecine) nous a enfin sensibilisés à la problématique de la Falsification des médicaments en milieu périurbain : triste réalité
Le Dr Marini nous a d’abord exposé quelques chiffres alarmants témoignant d’une augmentation inquiétante du trafic des médicaments de mauvaise qualité dans toutes les régions du monde et plus particulièrement dans les pays africains : selon plusieurs sources plus de 25% des médicaments seraient contrefaits ou de qualité inférieure en Afrique centrale et jusque 80 % dans certaines régions.
Plusieurs facteurs favorisent ce phénomène notamment l’absence (ou manque d’application) de législation et de sanctions à l’égard des contrefacteurs, la corruption et les conflits d’intérêts, l’existence de nombreux intermédiaires dans les circuits du système pharmaceutique, l’offre très souvent inférieure à la demande, les prix élevés des médicaments légaux, la coopération insuffisante entre les acteurs du médicament, …
La falsification présente plusieurs impacts, au niveau de la santé (échecs thérapeutiques, apparition de résistances, mortalité et morbidité associées) mais également au niveau socio-économique.
Dans la première partie de sa présentation, le Dr R. Marini nous a présenté les résultats d’une analyse de l’existant au niveau sanitaire de quelques villes du Cameroun, de la R.D. Congo, du Rwanda, en évoquant la difficulté de la mise en place d’un système pharmaceutique adéquat dans les milieux périurbains suite à un déséquilibre entre l’offre (médicaments de qualité) et la demande (patients).
La deuxième partie de l’exposé a été consacrée à la présentation des résultats des analyses effectuées dans le laboratoire de Chimie Analytique de l’Université de Liège sur des médicaments échantillonnés dans les milieux périurbains de quelques villes de la R.D. Congo (Kinshasa, Kisangani) et du Rwanda. Les résultats obtenus sont très révélateurs et confirment la triste réalité de la falsification des médicaments en milieu périurbain : plus de 50% des médicaments analysés étant de qualité insuffisante.
Le Dr R. Marini a clôturé sa présentation par une vue des perspectives du Département de Pharmacie de l’Université de Liège en termes de stratégies de renforcement des acteurs des pays en voie de développement pour lutter adéquatement et efficacement contre le fléau de la falsification des médicaments en zone périurbaine au travers des projets communs,
permettant ainsi de répondre aux initiatives de l’Université de Liège de mettre en place une plateforme institutionnelle à Kinshasa et à la préoccupation des autorités sanitaires des pays en voie de développement de garantir la sécurité des populations des milieux périurbains.
Une discussion générale s’est ensuite engagée sur l’accès aux soins de santé en zone périurbaines et plus particulièrement sur le rôle joué par les tradipraticiens.