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VITICULTURE DURABLE ET ENVIRONNEMENT INSTITUT FRANÇAIS DE LA VIGNE ET DU VIN STATION RÉGIONALE MIDI-PYRÉNÉES www.itv-midipyrenees.com 20 décembre 2007 - TOULOUSE

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VITICULTURE DURABLE

ET ENVIRONNEMENT

INSTITUT FRANÇAIS DE LA VIGNE ET DU VIN

STATION RÉGIONALE MIDI-PYRÉNÉES

www.itv-midipyrenees.com

20 décembre 2007 - TOULOUSE

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INTRODUCTIONJean-François ROUSSILLON - Président de la Station Régionale I.T.V. Midi-Pyrénées

L’environnement est et doit être au coeur de nos préoccupations quotidiennes. En tant que citoyen d’abord...., en tant que professionnel et acteur direct ensuite.

De nombreuses évolutions sont à prévoir dans les mois et les années à venir. Les conclu-sions du Grenelle de l’Environnement nous invitent à adopter des modes de production res-pectueux de l’environnement, préservant biodiversité et ressources naturelles.

Il est de notre devoir d’anticiper et de proposer des solutions à notre fi lière.

Mais, l’environnement ne se réfl échit pas simplement au vignoble. C’est l’ensemble de notre chaîne viti-vinicole qui est concerné, et notamment ses structures de transformation.

De nos cépages jusqu’à nos vins, notre réfl exion doit aboutir à la rentabilité de nos entrepri-ses.

Cette journée technique est là pour nous informer et nous aider à mieux aborder le tournant de la Viticulture Durable.

VITICULTURE DURABLE

ET ENVIRONNEMENT

20 décembre 2007 - TOULOUSE

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Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

Sommaire

Création de variété de vigne à résistance durable au mildiou et à l’oïdium pour la production de vins de qualitéChristophe Schneider et coll. - INRA UMR Colmar

La gestion des effl uents vitivinicoles : approche globaleJoël Rochard et coll. - Institut Français de la Vigne et du Vin - Entav/ITV France Epernay

La biodiversité fonctionnelle en viticultureMaarten Van Helden - UMR INRA/ENITA - Bordeaux

Les sols viticoles : biologie et gestion durableR. Chaussod et coll. - INRA UMR Dijon

Bilan Carbone® : de la vigne à la bouteilleSébastien Kerner - Institut Français de la Vigne et du Vin - Entav/ITV France Epernay

Approche technico-économique des pratiques respectueuses de l’envi-ronnementAdeline Ugaglia - ENITAB - UPR EGERIE - Bordeaux

Environnement, image et marketing : l’exemple sud-africainJoe Mason - Wines of South Africa (WOSA)

p. 4

p. 10

p. 20

p. 24

p. 28

p. 40

p. 48

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Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

Les innovations du matériel

végétal au service de

l’environnement

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Création de variétés de vigne à résistance dura-ble au mildiou et à l’oïdium pour la production de vins de qualitéChristophe Schneider et coll. - INRA UMR Santé de la Vigne et Qualité du Vin - Colmar

Mildiou (Plasmopara viticola) et oïdium (Uncinula necator) constituent deux parasites redoutables pour la vigne européenne (Vitis vinifera), capables d’attaquer toutes les parties «vertes» voire les baies en cours de maturation pour le second. Originaires d’Amérique du Nord, ces maladies de type fongiques furent introduites en Europe au cours de la deuxième moitié du 19e siècle et ont failli y anéantir les vignobles, en raison de la sensibilité généralisée de l’espèce V. vinifera. Au cours du 20e siècle, l’introgression de caractères de résistance dans V. vinifera à partir de la source de résistance constituée par des Vitis américaines a été activement poursuivie. Mais la nature polygénique des caractères n’a pas permis d’atteindre le progrès génétique escompté, en particulier pour la qualité du raisin et du vin. Récemment, des avancées scientifiques majeures ont cependant redonné tout son intérêt à la voie génétique : il s’agit notamment de la caractérisation de nouvelles sources de

résistance (muscadines, Vitis asiatiques), de la cartographie de plusieurs QTLs de résistance, de la démonstration de l’efficience de croisements en retour pour restaurer la qualité sans perdre en niveau de résistance. Fortement impliqué dans ces recherches de base, l’INRA a décidé d’engager un programme de création de variétés de cuve, dont les objectifs majeurs sont la durabilité de la résistance, l’adaptation aux contraintes climatiques françaises et l’adéquation avec les exigences de qualité de la filière vinicole. Nous en présentons la méthodologie et les premiers résultats.

Les géniteurs disponi-bles et les croisements réa-lisés

Toutes les sources de résistance étant interfertiles avec la vigne cultivée, l’hybridation classique est utilisée pour y introgresser des caractères de résistance.

L’objectif de durabilité nous a d’emblée conduit à associer

les 3 sources de résistance connues, afin d’obtenir des variétés dont la résistance est peu susceptible d’être contournée par les parasites, et suffisamment élevée pour permettre une culture sans traitement anti-fongique. L’éloignement géographique des sources de résistance, ainsi que la position des QTL de résistance mis en évidence à ce jour sur des groupes de liaisons différents, confortent cette démarche «a priori». Cette démarche s’appuie donc sur une diversité des résistances qui devra toutefois être validée par les recherches en cours sur les mécanismes de défense induits et les interactions moléculaires durant l’infection.L’objectif de qualité nous a poussé à utiliser des géniteurs déjà largement introgressés pour chacune des sources de résistance (cf. Tableau 1), au risque de perdre une partie des gènes de résistance initialement présents dans les espèces sauvages. Cette orientation pourra être revue, éventuellement par le recours à des géniteurs moins introgressés, en fonction des

Géniteurs Origine Type (*) Organisme

3082-1-42 M. rotundifolia BC4 ou BC5 INRA (A. Bouquet)Regent (1995) Vitis américaines pseudo BC1 BZF Geilweilerhof (D)

Gm 6493 Vitis asiatiques BC2 FA Geisenheim (D)Bronner (1997) V. américaines et asiatique - WI Freiburg (D)Solaris (2002) V. américaines et asiatique - WI Freiburg (D)

(*) BCn indique le nombre de croisements en retour avec Vitis vinifera

Tableau 1 : géniteurs de résistance au mildiou et à l’oïdium utilisés (2000-2006). En cas d’inscription sur un catalogue national, l’année est indiquée entre parenthèses

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résultats des analyses génétiques en cours.

Concernant l’adaptation aux conditions climatiques, nous avons considéré que les grands écarts de précocité existant entre les géniteurs disponibles assureraient une diversité suffisante dans les descendances pour répondre aux besoins de la viticulture française.

Suite aux premiers croisements, le tri des plantules obtenues a reposé sur la résistance au mildiou et à l’oïdium. Il apparaît en pratique que un quart à un tiers des génotypes obtenus présentent un degré de résistance élevé à ce stade (cf. Tableau 2).

Le schéma de sélection et le dispositif

Classiquement, les schémas de sélection utilisés en amélioration de la vigne sont longs (> 20 ans) et s’appuient sur un tri précoce des plants de semis élevés en serre, suivi de 3 étapes d’évaluation au vignoble. Afin de raccourcir ce délai, nous avons aménagé la sélection précoce et regroupé

les deux premières étapes au vignoble, tout en augmentant la puissance du dispositif (voir Fig. 1).

En serre, la sélection est orientée vers la résistance au mildiou et à l’oïdium, qui repose pour l’instant sur l’utilisation des marqueurs disponibles (Rpv1, Run1) et un phénotypage complémentaire basé sur des biotests. Seuls les génotypes possédant les marqueurs de résistance et présentant une résistance élevée sont conservés.

Au cours d’une deuxième année, dévolue à la production d’un nombre de greffons suffisant pour la confection de plants greffés-soudés, les plants sont mis à fleurs et les individus non hermaphrodites sont éliminés.

Dans notre nouveau schéma, l’expérimentation en stade 1 utilise un dispositif à 4 individus par génotype testé, installés en 4 lieux, ce qui rend possible l’évaluation, dès ce stade, des aptitudes culturales et de la qualité du vin sur la base de microvinifications. La variabilité spatiale ainsi introduite

permet en outre d’observer le comportement des génotypes dans des conditions de pression et de population parasitaires variées, pour les pathogènes majeurs ou secondaires.

Cette variabilité permet également d’accéder à un gradient ther-mique, indispensable à la détermination du groupe de précocité des génotypes. Bien que le stade 2 soit supprimé, le nombre d’occurrences finalement disponibles, 4 années de mesures x 4 lieux, est néanmoins supérieur à celui de l’ancien schéma qui générait 5 années de mesure x 1 lieu en deux étapes successives.

Le schéma s’achève avec le stade 3, qui reprend les épreuves classiques pour la constitution du dossier d’inscription.

Premiers résultats

En 2006, les 550 individus des populations 50011-16 ont été génotypés avec les marqueurs associés aux gènes Rpv1 (résistance au mildiou) et Run1 (résistance à l’oïdium).

Population Année Type Plantules obtenues Plantules retenues50001 2000 M. rot x V. amér ~ 200 7041525 2002 M. rot x V. asiat 225 60

50007-10 2004 M. rot x V. amér et asiat 85 3050011-16 2005 M. rot x V. amér et asiat 550 200

Tableau 2 : Croisements réalisés

Année 0 Croisement, récolte des pépinsAnnée 1 Elevage plants de semis en serre

sam (marqueurs Rpv1, Run1 +...)phénotypage mildiou, oïdium

Année 2 Phénotypage sexeproduction greffons

Année 3 Confection plants greffés-soudésAnnée 4-10 Evaluation Stade 1 en réseau

(Colmar, Angers, Bordeaux, Montpellier)Année 11-16 Expérimentation Stade 3 (VAT et DHS) en réseau OPA

présentation à l’inscription au catalogue

Figure 1 : Schéma de sélection appliqué

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Environ 300 d’entre eux ont également subi un biotest de résistance au mildiou, qui a permis d’estimer la fiabilité et l’apport du marquage pour la sélection (cf. Tableau 3). Il apparaît que les individus porteurs des marqueurs sont en très grande majorité effectivement au moins aussi résistant que le parent issu de M. rotundifolia.

Les quelques individus notés 1 ou 3 pourraient correspondre à des recombinants. Les 46 individus notés résistants parmi ceux qui ne portent pas les marqueurs sont supposés porter les seuls facteurs de résistance du parent issu de Vitis américaines et asiatiques. A ce jour, la sélection assistée par marqueurs (sam) permet donc de diviser par deux l’effectif à phénotyper par biotest.

Ce dernier permet de repérer les individus très résistants ayant de bonnes chances de cumuler les

caractères d’origine différente.Les premiers génotypes créés dans le cadre de ce programme (pop 50001) ont été installés dans le réseau stade 1 en 2004. La vigne nécessitant 3 années pour la formation des souches et la mise à fruit au vignoble, nous avons pu effectuer les premières observations en 2006 (Figure 2). Pour cette première population, nous avions décidé d’installer, outre les témoins vinifera (chardonnay et merlot), quelques génotypes sensibles. Cela nous permet de comparer l’évaluation phénotypique sur la totalité de la gamme de sensibilité-résistance. La Figure 3 donne par exemple la relation entre les implantations de Colmar et Bordeaux pour la résistance au mildiou. Il apparaît une bonne cohérence dans l’ensemble, mais pour quelques génotypes il y a plus d’une classe de différence entre les deux lieux. Cela peut indiquer une interaction particulière, liée à la nature des

souches de mildiou présentes et/ou aux facteurs de résistance.

Perspectives

Les études génétiques en cours à l’INRA et dans les instituts étrangers devraient permettre d’identifier de nouveaux gènes ou QTL de résistance. Notre équipe de Colmar a ainsi pu identifier un deuxième gène de résistance au mildiou chez M. rotundifolia, appelé Rpv2.

Des équipes allemandes ont caractérisé un QTL majeur pour la résistance au mildiou et à l’oïdium respectivement, chez la variété regent représentant la source des Vitis américaines. Des résultats sont également attendus pour la source des Vitis asiatiques.

Des marqueurs associés devraient donc être rapidement disponibles, ce qui nous permettra

Phénotype TotalOIV 1 OIV 3 OIV 5 OIV 7-9 Total

GénotypesAvec marqueurs de R

3 22 33 9014825 (17%) 123 (83%)

Sans marqueurs de R45 56 29 17

147101 (69%) 46 (31%)

Tableau 3 : Comparaison entre génotypage, avec marqueurs des gènes Rpv1 et Run1 issus de M. rotundifolia, et phénotypage mildiou avec un biotest sur plantules au stade 5-6 feuilles

Echelle OIV, 1 = très sensible ; 9 = très résistant

Figure 2 : Relation entre la résistance au mildiou observée à Colmar et à Bor-deaux (réseau stade 1), pour 50 indivi-dus de la population 50001 (Note OIV, 1

= très sensible, 9 = très résistant)

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de donner une part de plus en plus importante à la sam pour le tri précoce (pyramidage des gènes de résistance) et d’augmenter les effectifs traités.

La construction de géniteurs assistée par marqueur pourra alors également être entreprise.

Un premier bilan pourra être dressé en 2010, date à laquelle les premières expérimentations de valeur agronomique et technologique destinées à l’inscription (VAT) devraient démarrer en collaboration avec les organisations professionnelles agricoles. Les premières ins-

criptions au catalogue sont attendues pour 2016.

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Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

La gestion des

effl uents viti-vinicoles :

approche globale

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INTRODUCTION

Le secteur vitivinicole comme toute activité humaine peut-être à l’origine d’impacts envi-ronnementaux. Ainsi, la législation environnementale qui concernait initialement la gestion des effluents de cave, s’applique maintenant à l’ensemble des itinéraires techniques de la filière. Homologation des produits de protection de la vigne, pollution par les pesticides des milieux aquatiques, gestion des déchets sont autant de thèmes qui concernent directement la viticulture. Ces impératifs s’intègrent dans le concept de vitiviniculture durable tel que défini par l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV / CST 2004) :

«Approche globale à l’échelle

des systèmes de production et de transformation des raisins, associant à la fois la pérennité économique des structures et des territoires, l’obtention de produits de qualité, la prise en compte des exigences d’une viticulture de précision, des risques liés à l’environnement, à la sécurité des produits et la santé des consommateurs et la valorisation des aspects patrimoniaux, historiques, cultu-rels, écologiques et paysagers». La gestion des effluents vitivinicoles constitue l’une des priorités dans l’approche environnementale des exploitations et des caves. S’il est souvent nécéssaire de mettre en œuvre un dispositif de traitement, une démarche en amont s’impose préalablement afin de réduire le volume de rejet et de limiter à la source la charge polluante organique et toxique.

REGLEMENTATION

Effluents de cave Par décret en date du 29 décembre 1993, les activités liées à la préparation et au conditionnement de vins ont été intégrées dans la nomenclature sous la rubrique 2251. Conformément à ce décret, les établissements vinicoles (centres de pressurage, centres de vinification ou d’embouteillage) dont la capacité de production est comprise entre 500 hl et 20 000 hl sont soumis au régime de la simple déclaration. Les établissements vinicoles dont la capacité de production est supérieure à 20 000 hl sont soumis au régime de l’autorisation préfectorale d’ex-ploitation.

Effluents de pulvérisation L’arrêté du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits anti-parasitaires à usage agricole réglemente les conditions de mise en œuvre des traitements, depuis la préparation des bouillies jusqu’à la gestion des effluents phytosanitaires.

La stratégie à adopter sur les bases de cette réglementation est décrite dans le tableau ci-dessous.

GESTION DES EAUX DE LAVAGE DES PULVERISATEURS

Rinçage à la parcelle

L’objectif est de minimiser la quantité de résidus de pulvé-risation ramenée à l’exploitation.

Elle consiste à diluer (une à deux

La gestion des effluents vitivinicoles : approche globaleJoël Rochard et coll. - Institut Français de la Vigne et du Vin (ENTAV/ITV France) - Epernay

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fois) le fond de cuve à partir d’une réserve d’eau claire puis à pulvériser cette dilution sur la culture.

Différents dispositifs de rinçage ont été étudiés par ITV France (S. Codis).

Transfert par gravité

Les appareils disposent d’une simple cuve de rinçage qui se

déverse par gravité dans la cuve de bouillie. Le transfert s’opère via une simple vanne 1/4 de tour.

Transfert par le circuit de pulvérisation

Les appareils comportent géné-ralement une vanne 3 voies qui permet de choisir entre le transfert vers la cuve de bouillie (position pulvérisation) ou vers la cuve d’eau claire (position rinçage).

En aval de l’aire de lavage, la gestion des eaux de lavage des pulvérisateurs peut-être envisagée par des procédés de dégradation biologique ou photocatalytique. Une autre alternative consiste à concentrer les pesticides par des procédés physico-chimiques avec une gestion des concentrâts par incinération contrôlée. Les principaux procédés déve-loppés sont présentés dans le tableau 2.

Stratégie n°1Intégralement à la parcelle par les bonnes pratiques

Stratégie n°2A l’exploitation par

dispositifs spécifiques

Stratégie n°3Traitement en

centre spécialisé

Faisabilité technique, économique et pratique

Gestion spécifique des ef-fluents.Démarchage pouvant être simple.Gestion collective possible (Cuma...)

Simplicité pour l’ex-ploitant.Procédure complète et validée.

Dilution au 1/100 : nécessité de pra-tiquer un rinçage séquentiel pour limiter le volume d’eau claire requis, et le temps de mise en oeuvre de la démarche.Temps de mise en oeuvre pour les appareils à débit limité (viticulture no-tamment)

Equipement nécessaire.Intégrer le coût total (consom-mables, énergie, gestion des déchets générés...).Démarches préalables néces-saires :- limitation des effluents- choix d’un dispositif reconnu- dimensionnement du dispo-sitif et emplacement adaptés impératifs

Démarche préalable :limiter les effluents

Stockage des ef-fluents

Appréciation globale

Cette stratégie impose le strict res-pect des bonnes pratiques

L’intérêt de ces dispositifs doit être apprécié selon le contexte spécifique de l’ex-ploitation

Démarche facile.Coût variable, à véri-fier localement.

Tableau 1 : Gestion des effluents phytosanitaires : Analyse technique de stratégies possibles (Source : Nota nationale ITV France - Ecopulvi - CIETAP)

Figure 2 : Rinçage à la parcelle, écoulement par gravité(Source : S. Codis ITV France)

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TRAITEMENT DES EFFLUENTS DE CAVE

Problématique

La filière viticole, comme tout autre secteur, se doit de limiter l’impact

environnemental de son activité. Les rejets issus des pressoirs et des caves sont susceptibles de perturber l’équilibre biologique des rivières en particulier pendant la période des vendanges. En effet, les éléments organiques issus

des activités vinicoles génèrent, dans un milieu aquatique, le développement de micro-organismes qui puisent l’oxygène dissous au détriment de la faune piscicole.

Figure 3 : Conception d’un BIOBED

Systèmes «rustiques»

Procédé Société Principe Comment le mettre en oeuvre ? (suivre la notice technique)

Phytobac®Bayer

(toutes cultures)Dégradation biologiques sur substrat

Placer l’effluent dans une zone étanche couverte, remplie d’un mélange de terre (70% en volume) et de paille (30%). Recharger annuellement en paille et retourner le substrat régulièrement. Epandage du substrat autorisé (10 m3/ha) après 5 mois de matu-ration sans aucun apport.Dimensionnement :* hauteur maximum de 60 cm* volume du bac à adapter au volume des effluents à traiter : 1,5 à 3 volumes de substrat par volume annuel d’effluentLimites du système : éviter la saturation du bac en liquide et pré-férer les apports réguliers d’effluents dans le Phytobac à partir d’une cuve tampon en fonction de l’humidité du substrat.Coûts d’invertissement : matériaux Coûts de fonctionnement : maintenance, épandage

Systèmes «technologiques»

Procédé Société Principe Comment mettre en oeuvre ? (suivre la notice technique)

BF Bulles®Alpha-O

(Viticulture)

Coagulation-floculation-filtration sur charbons actifs

Stockage des effluents. Mise en oeuvre autonome (si achat) ou par prestation : ajout de coagulants-floculants dans la cuve - passage du surnageant sur charbons actifs.Fonctionnement à partir d’effluents dilués.Déchets finaux (cartouches de charbons usagés + boues de floculation) à gérer en déchet dangereux (D.I.S.)Coûts d’investissement : ~ 15000 € Coûts de fonctionnement : consommables (45 €/m3) + D.I.S.Si prestation : ~ 150 €/m3 comprenant la prise en charge des déchets

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Sentinel®ALBA Envt

(post récolte fruits et légumes)

Coagulation-floculation-filtration sur charbons actifs

Stockage des effluents. Traitement par volume unitaire (batch) de 1 m3.Mise en oeuvre autonome (achat) :* ajouts de packs de coagulants-floculants* passage du surnageant sur charbons actifsFonctionnement à partir d’effluents diluésDéchets finaux (cartouches de charbons usagés, boues) à gérer en déchet dangereux (D.I.S.)Coûts d’investissement : ~ 25000 € Couts de fonctionnement : consommables + D.I.S.

Phytopur®

Paetzold(viti, arbo)

Coagulation-floculation puis osmose inverse

Stockage des effluents. Mise en oeuvre principalement par pres-tation de service (dispositif mobile)Prestation complète (gestion des déchets en déchets dange-reux...)Coût de la prestation : forfait de 450 € (déplacement - préparation de cuve) puis 84 €/m3

Phytocat®

Résolution

(viti, maraîchage, ZNA)

Oxydation avancée par photocatalyse

Stockage des effluentsTraitement par volume unitaire (batch) de 500 litresMise en oeuvre autonome (achat) :* préparation du batch (15 mn)* fonctionnement en bouche pendant 15 joursCoûts d’investissements : ~ 17000 €Coûts de fonctionnement : 300 pour visite annuelle de mainte-nance + 80 €/m3 (consommables, reprise des déchets en D.I.S.) + énergie

Phytomax®

Agro-environnement

(viti, arbo)

Oxydation avancée par photocatalyse

Stockage des effluents.Traitement par volume unitaire (batch) de 1m3

Mise en oeuvre autonome (achat) :* prétraitement par coagulation-floculation* fonctionnement en bouche pendant 30 joursDéchets finaux (boues du prétraitement...) à gérer en déchet dangereux (D.I.S.)Coûts d’investissement : ~ 15000 €Coûts de fonctionnement : consommables, maintenance, traite-ment D.I.S., énergie

STBR2®

Aderbio

(viti, arbo)

Dégradation biologique en milieu liquide par bio-

augmentation

Stockage des effluents.Traitement en continu.Mise en oeuvre autonome (achat) mais automatisée.Ensemencement dans cuve tampon, pompage vers un diges-teur, puis décanteur et filtre biologique.Ensemencement manuel périodique + vérification hebdomadaire de l’approvisionnement enconsommable dans le digesteur.Devenir des boues (épandange ou D.I.S.) fonction d’analyses EcoTox.Coûts d’investissement : ~ 10000 € pour débit traité de 30 L/jourCoûts de fonctionnement : 60 €/m3 (culture biologique) + éner-gie

Vitimax®

Agro-environnement

(viticulture)

Dégradation biologique sur boues activées

Coagulation, floculation et épuration dans la station de traitement des effluents de cave (hors période de pointe vinicole : vendan-ges, vinifications).Coût : pas d’investissements supplémentaires par rapport au traitement des effluents de cave (mis à part stockage + gestion des boues issues du pré-traitement (coagulation-floculation) en D.I.S.

Coûts : données constructeurs au 15/01/2007 - Dans certains cas, il existe plusieurs modèles.

Tableau 2 : Description des dispositifs de traitement des effluents de pulvérisation Source : Note nationale ITV France - Ecopulvi - CIETAP

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La pollution contenue dans le effluents de cave provient soit des composants même du raisin, du moût ou du vin (pellicules, rafles, terre, sucres, acides, bourbes, alcools, polyphénols, levures, bactéries), soit des produits de détartrage et de nettoyage, soit encore des produits intervenants dans la vinification (média filtrant, colle par exemple).

La variabilité en terme de volume et de charge polluante est une des caractéristiques des effluents vinicoles. Le type de vin, les caractéristiques des équipements, la sensibilisation du personnel sont les principaux facteurs de variabilité des effluents.

La composition moyenne des effluents vinicoles est précisée dans le tableau ci-dessous : La matière organique contenue dans les eaux usées, lorsqu’elle est rejetée en grande quantité dans une rivière, un étang ou un lac, engendre la multiplication de micro-organismes qui assurent sa dégradation. Pour réaliser cette épuration naturelle, les micro-organismes puisent l’oxygène dissous dans l’eau, au détriment

de la faune et de la flore du milieu naturel. Par ailleurs, les matières en suspension présentes dans les rejets troublent les eaux et limitent le passage de la lumière solaire indispensable à la photosynthèse, ce qui réduit l’oxygénation du milieu.

Lorsque les effluents vinicoles sont rejetés dans une station d’épuration qui n’a pas été adaptée pour traiter le surcroît de pollution qu’ils apportent, l’impact sur l’environnement est également sensible. L’afflux de matière organique déséquilibre le système biologique de la station, souvent pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois.

Dans ces conditions, les eaux rejetées par la station sont imparfaitement épurées et sont susceptibles d’altérer le cours d’eau en aval.

Adaptation de l’élaboration

La première étape de la mise en place d’une installation de traitement des effluents vinicoles repose sur l’étude des volumes d’eau consommés et de la charge

polluante rejetée. La connaissance de ces données permet en premier lieu de dimensionner l’installation de traitement, et également de cerner d’éventuels points faibles susceptibles de porter préjudice au bon fonctionnement du système ou d’augmenter sensiblement les coûts d’investissement et/ou de fonctionnement.

Le concept de « technologie propre » développé dans le secteur industriel doit être mis en œuvre au sein des caves. Les principaux aspects associés à la réduction de la charge polluante sont les suivants :

- Valorisation des sous produits de la vinification ( bourbes, lies, tartre)

- Récupération et gestion des média filtrant et des solutions de détartrage.

Concernant la gestion optimale de l’eau, plusieurs mesures doivent être envisagées :

- Adaptation de la conception des chais et de l’organisation interne ;

pH 4,1 à 6, parfois 10 à 13 en période de détartrageMES 1000 à 2000 mg/lDCO 3000 à 20000 mg d’O2/lVolume généré

Volume généré : de 30 à 250 litres par hectolitre de vin élaboré, dont 40 à 60 % pendant les vendanges

Tableau 3 : Caractéristiques moyennes des effluents vinicoles

Figure 4 : Flux d’eau et de matière dans la cave

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- Optimisation des opérations liées à l’hygiène

- Amélioration de la nettoyabilité des supports (sols, cuves, matériels)

Suppression des systèmes de refroidissement des moûts en circuit ouvert. Dispositifs de traitement

Le traitement des effluents de cave repose sur des procédés rustiques (évaporation, épandage) ou des dispositifs biologiques aérobie ou anaérobie.

Depuis quelques années des procédés basés sur des lits plantés s’intègrent dans les techniques utilisées par les caves.

Ces différents procédés peuvent être envisagés individuellement, collectivement ou en liaison avec les dispositifs communaux. Coût, taille de l’exploitation ou de la cave, place disponible, technicité, intégration paysagère, contexte local sont autant de facteurs qui déterminent la stratégie à adapter pour gérer les effluents vitivinicoles.

Les caractéristiques des principaux systèmes utilisés dans les caves sont précisées ci-après: Evaporation

Ce procédé repose sur l’évaporation de l’eau contenue dans les effluents et la valorisation par épandage des résidus d’évaporation (boues ou matières sèches). Deux techniques peuvent être mises en œuvre.

La technique de l’évaporation naturelle peut être utilisée dans les régions où le déficit hydrique annuel est important. L’effluent à évaporer est stocké, après dégrillage, dans des bassins étanches de faible profondeur

(de l’ordre de la hauteur de l’évaporation annuelle nette du lieu soit environ 400 mm dans les zones Méditerranéennes) et dont la surface totale est calculée en fonction du volume de rejet annuel.

L’évaporation peut être optimisée par une pulvérisation séquentielle de l’effluent sur des panneaux alvéolés, type nid d’abeille, à surface spécifique élevée. L’effluent ruisselle le long des alvéoles et forme un film sur la maille, ce qui augmente le potentiel d’évaporation proportionellement à la surface du bassin.

Epandage

Le traitement des effluents par épandage sur terres agricoles repose sur les capacités épuratoires du système sol – micro-organismes – plantes : il assure la filtration des matières en suspension, la fixation puis la dégradation des matières organiques et l’utilisation par les plantes des éléments minéraux libérés.

Pour être efficace vis à vis de la protection de l’environnement, l’épandage doit être raisonné et bien géré. Il est en effet indispensable d’ajuster le volume d’effluents aux caractéristiques physico-chimiques du sol et aux capacités d’exportation d’éléments minéraux par les cultures.

Une étude préalable à l’épandage doit donc être effectuée, visant à caractériser les effluents de l’établissement considéré, à sélectionner des parcelles susceptibles de recevoir des épandages (pente inférieure à 7%, distances par rapport aux habitations, cours d’eau et captages, etc...) et à étudier les sols et le contexte agricoles (cultures mises en place, rotations, rendements moyens, travail du sol).

Stockage aéré

Cette technique est une variante des procédés biologiques (boues activées, lagunage). Elle est souvent utilisée dans les caves pour lesquelles le caractère saisonnier est particulièrement marqué. Sa mise en œuvre repose sur un système par batch. Les opérations suivantes sont réalisées dans une même cuve : - Stockage après dégrillage de l’ensemble des effluents de la vendange

- Aération et brassage séquentiels

- Décantation des boues formées.

Le temps nécessaire au traitement varie en fonction des objectifs de rejet fixés, selon que le rejet est effectué dans un réseau d’assainissement (environ 15 jours) ou dans le milieu naturel (30 à 40 jours), et avec le type d’installation (une ou plusieurs cuves de stockage et l’activité de la cave).

Traitements intensifs

L’objectif de ces traitements est de maîtriser et stabiliser le ratio matière organique/masse de micro-organismes (charge massique).Certaines caves utilisent une variante du stockage aéré basée sur la conduite d’un réacteur aérobie par cycles en mode séquentiel discontinu (S. B. R.). D’autres mettent en œuvre des systèmes continus de type boues activées dotés d’adaptations à la variabilité des effluents (double étage, bassin tampon, etc.).

Traitement par lit planté

Cette technique également appelée « constructed wetland » s’inspire du fonctionnement des écosystèmes de milieu humide (marais). Son mode de

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fonctionnement peut être rattaché à un traitement biologique à culture fixée sur support fin (gravier, sable). Les processus épuratoires sont assurés par les micro-organismes présents dans les massifs filtrants, les plantes évitant le colmatage grâce au mouvement de la végétation de surface. De nombreuses variantes sont proposées par les constructeurs. Les roseaux (phragmites) sont les plus souvent utilisés mais dans certains cas, il est envisagé une association de végétaux, différenciés selon les étages.

Concernant la conception, différents systèmes sont proposés pour l’étanchéité des bassins (géomembrane, lit d’argile) et le mode de répartition des eaux (continue ou par bâchée).

Ces systèmes, qui se sont développés depuis quelques années dans le secteur des eaux domestiques (boues et effluents) sont parfois utilisés pour les effluents de cave. Leur simplicité d’utilisation, associée à la valorisation paysagère du dispositif contribue à susciter un intérêt croissant au sein de la filière viticole.

Traitement associé aux effluents urbains

Ce dispositif consiste à raccorder

les exploitations viticoles au réseau d’assainissement de la commune, dont la station d’épuration a été raisonnablement surdimensionnée par rapport à la population urbaine sédentaire. En période de vendange, ils sont stockés dans des bassins étanches de grande capacité, en amont de la station, afin de ne pas surcharger le bassin d’aération, la tolérance de la flore bactérienne étant relativement limitée vis à vis d’une période de pointe. Parallèlement, les pompes de déstockage sont mises en service et alimentent le bassin d’aération à sa capacité maximale de traitement, le débit journalier d’injection étant déterminé par des mesures de DCO et de DBO5. Une fois les vendanges terminées, les effluents stockés sont progressivement pompés vers la station, le déstockage pouvant s’étaler sur 6 à 10 mois. En dehors des périodes d’activité vinicole, les effluents domestiques sont dirigés directement vers la station.

Traitement anaérobie

Ce traitement biologique est basé sur la transformation anaérobie de la matière organique en méthane et dioxyde de carbone par des micro-organismes spécifiques. Cette technique impose l’opti-misation des conditions de milieu (pH, température, charge

organique). Compte tenu de la petite taille des installations, le méthane est rarement valorisé. Par ailleurs, la mise en œuvre d’un deuxième étage aérobie s’avère généralement nécessaire pour atteindre le niveau d’épuration réglementaire.

CONCLUSION

La réglementation environne-mentale évolue selon l’identi-fication, la quantification et la perception des impacts des activités industrielles et agricoles. Si, dans un premier temps, les textes ont majoritairement concernés les effets ponctuels, visibles liés aux rejets des caves, la législation actuelle vise une approche plus globale à l’échelle des territoires.

Ainsi, l’utilisation des produits de protection des plantes, depuis leur homologation jusqu’à leur mise en œuvre est particulièrement concernée par cette évolution réglementaire.

Il en résulte parfois des restrictions, voire des interdictions d’utilisation de certaines molécules, abou-tissant à des alternatives culturales plus coûteuse, voire des impasses techniques (maladie du bois, désinfection des sols).

Parallèlement à la réglementation, l’environnement devient un

Figure 5 : schéma de principe du stockage aéré

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enjeu médiatique qui s’intègre dans l’image de la filière et progressivement des exploitations viticoles.

Ainsi, les contraintes environne-mentales, en liaison notamment avec les rejets d’effluents doivent

être pris en compte dans la conception, l’organisation et les itinéraires techniques des exploitations et des caves.

En complément selon les situations, il peut être nécessaire d’associer des dispositifs

de traitements rustiques ou technologiques, individuel ou collectif en cohérence avec les réglementations locales.

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La biodiversité

fonctionnelle en

viticulture

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La biodiversité fonctionnelle en viticulture

Maarten Van Helden - UMR INRA/ENITA - Bordeaux

Conservation de la Biodiver-sité en agriculture

Depuis plus que 15 ans, on observe une prise de conscience croissante de la dégradation de la biodiversité par les activités humaines. Parmi les activités les plus ‘nuisibles’, l’agriculture est souvent montrée du doigt, point de vue assez réducteur car c’est justement dans les paysages agricoles que plus de 50 pourcent des espèces vivantes trouvent leur espace de vie. En même temps, on ne peut pas nier que l’agriculture intensive moderne a des effets négatifs. La rationalisation extrême avec des grandes parcelles et l’application fréquente de produits phytopharmaceutiques ne laisse que peu de place pour une biodiversité dans les paysages agricoles.

Dans les directives de production intégrée (publiée pour la viticulture en France par l’ITV), une seule mesure de conservation de la biodiversité est identifiée : l’obligation de gérer l’équivalent d’au moins 5% de la SAU comme Zone Ecologique Réservoir. Cela incite donc le producteur à conserver, à gérer, voire à créer des ‘espaces non productifs’. Les paysages viticoles montrent en général un parcellaire relative-ment morcelé, expliqué par la mise en valeur du terroir. Dans ces paysages, des espaces ‘non productifs’ avec une surface en général supérieure à 5% de la SAU persistent. Cette mesure est donc finalement bien acceptée par les viticulteurs, car elle n’est que peu contraignante (résultats réseau ITV). Pourtant, l’efficacité réelle de ces mesures pour la conservation de la biodiversité

reste à démontrer. Le pourcentage de 5% est jugé ‘assez faible’, les estimations du vrai ‘besoin’ pour un résultat maximal sont plutôt de 20%.

Pourquoi gérer la biodiversité par le paysage ?

L’investissement pour l’aménage-ment et l’entretien des zones écologiques réservoirs sur une exploitation est difficilement justi-fiable par le seul effet espéré sur la conservation de la biodiversité générale. Un producteur est toujours confronté avec la réalité économique, ce qui ne laisse pas beaucoup de ressources pour s’occuper de ‘la biodiversité’, qui, au premier abord, ne ‘rapporte’ rien !?

Toutefois, il ne faut pas oublier que l’aménagement et l’entretien du paysage par les producteurs sont une réalité historique. L’agriculture (le paysan) a sculpté le paysage et ce paysage sert à d’autres objectifs, comme la réduction de l’érosion, du ruissellement et de la dérive (réduction des ZNT), la délimitation des parcelles, le maintien des berges et des talus etc. Le rôle de ce paysage pour le maintien de la biodiversité est une fonction supplémentaire identifiée (très) tardivement. On ne gère pas le paysage uniquement pour la biodiversité, mais c’est un élément supplémentaire que l’on devrait prendre en compte.

Dans les phases d’aménagement ou de renouvellement parcellaire, et au cours des travaux d’entretien de ces espaces ‘interstitiels’ (activités de gestion habituelles pour un viticulteur), les agriculteurs devraient

donc désormais en profiter pour prendre en compte cette ‘multifonctionnalité’, développer des plans d’aménagement et faire une gestion compatible avec les objectifs de la biodiversité. Des mesures simples peuvent augmenter considérablement la valeur de ces ZER pour aider dans la conservation de la biodiversité. Cela est l’affaire de tous et chacun doit y contribuer.

Y a-t-il une utilité viticole de cette biodiversité ?

Il y a heureusement beaucoup de viticulteurs qui sont prêts à faire un effort. Très souvent, ils sont en plus très optimistes sur l’utilité viticole de la biodiversité. Nous avons démontré qu’une diversité biologique très importante existe dans ces ZER, y inclus des insectes ennemis naturels des ravageurs viticoles. Un producteur présume généralement que cette biodiversité contribuera à une réduction des insectes ravageurs.

Cet effet ‘utile’ tant souhaité reste pourtant à démontrer. Certes, on augmente le nombre d’insectes auxiliaires dans le paysage mais il faut que ces ennemis naturels se déplacent vers la culture et s’attaquent aux ravageurs viticoles pour qu’il y ait un réel bénéfice.

Dans un vignoble, il n’y a pas beaucoup d’insectes ravageurs qui peuvent servir de proies pour un ennemi naturel. Ce dernier n’a peut-être pas intérêt à quitter sa ZER…

Nous avons démontré que des populations importantes d’auxiliaires se développent au printemps dans des haies

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autour des parcelles, où ils se nourrissent des ‘ravageurs’ de la haie. Durant mai et juin, ces auxiliaires épuisent les populations de proies dans la haie et ensuite, ils sont donc contraints de partir. Si on veut espérer les attirer vers le vignoble, il faut leur offrir un milieu acceptable. L’enherbement naturel possède cette qualité et de nombreux auxiliaires s’y développent grâce aux ressources de pollen, de nectar mais surtout grâce aux proies présentes.

C’est essentiellement la présence de plantes dicotylédones (des plantes adventices souvent considérées comme des ‘mauvaises’ herbes) qui semble stimuler ces auxiliaires.

Donc ça marche… ou pas !?

A première vue, il semble donc bien qu’une biodiversité accrue, grâce à des ZER et un enherbement donnant plus d’insectes auxiliaires dans les parcelles, soit utile. Un paysage de haies et de vignes enherbées pourrait donc être fonctionnel. Pourtant, cela n’est pas si sûr.

Certains sceptiques voient parfois ces ZER et cette biodiversité comme une menace : une source potentielle d’ennemis des cultures contre lesquels il faut lutter. Ils ont effectivement aussi raison. Il ne faut pas oublier que le paysage, y inclus les ZER et l’enherbement, a aussi des effets directs sur les ravageurs. Le ravageur peut trouver dans le paysage des sites d’hivernation (cas de la Cicadelle verte) ou des plantes hôtes alternatives (le Cochylis). Dans ces cas, on peut craindre une augmentation de leurs effectifs.

Certains ravageurs potentiels comme les chevreuils vont sans doute profiter de la diversité du paysage et on peut donc craindre une augmentation de

leurs populations.

En même temps, une haie peut être une barrière pour la migration du ravageur, l’empêchant de se diriger vers d’autres parcelles. Bref, il y a bien plusieurs mécanismes possibles, parfois positifs, parfois négatifs, et plusieurs ravageurs et auxiliaires. Le résultat final n’est donc pas très prévisible.

Comment étudier ces phéno-mènes ?

Nous travaillons avec l’ESA (Ecole supérieure d’agriculture) d’Angers pour mieux décrire les interactions entre ravageurs et paysage.

L’objectif primaire du travail est de développer une méthode et une échelle spatiale appropriée, afin d’établir un lien entre les caractéristiques locales (parcellaires) et paysagères et la pression des insectes ravageurs.

Pour cela, une méthode simple de suivi des ravageurs a été développée, et des analyses du paysage (typologie basé sur l’occupation du sol) par photos aériennes et SIG ont été utilisées pour établir des corrélations entre des paramètres simples du paysage (%occupation du sol) à différentes échelles (buffers de 100 à 500 mètres) sur les appellations de Saumur-Champigny (49) et Pessac- Léognan (33).

La pression d’insectes ravageurs viticoles est très variable entre parcelles et entre années, mais, malgré cela, le niveau relatif des populations semble assez constant entre les parcelles d’une année à l’autre. Cela semble indiquer que des facteurs de la parcelle ou de son environnement ont une influence notable sur la ‘sensibilité’ parcellaire.

L’eudémis est clairement favorisé par des grands îlots de vigne. La Cicadelle verte semble plutôt préférer des parcelles plus isolées. Les vrais mécanismes derrière ces interactions ne sont pas encore élucidés.

Nos résultats montrent que le paysage semble avoir une influence jusqu’à plusieurs centaines de mètres autour de la parcelle. Pour obtenir un effet significatif d’aménagements (comme par exemple la mise en place de haies), il est nécessaire d’organiser des actions concertées sur des zones assez grandes.

Sur le Saumur-Champigny, nous allons, dans les années à venir, tester différents aménagements visant à diminuer les ravageurs. Les résultats ne seront pas disponibles avant plusieurs années. Pour l’instant, il faut être prudent dans les préconisations d’aménagements.

Donc un producteur ne peut rien faire …

Un producteur ne doit pas être découragé par tous ces risques potentiels identifiés, qui restent à confirmer. On peut agir par des mesures simples et, chacun à l’échelle de sa propriété ou ensemble avec les voisins, obtenir des résultats très encourageants pour la sauvegarde de la biodiversité.

Un peu d’esprit naturaliste permet d’observer et apprécier cette biodiversité au seuil de notre porte. Il suffit de se renseigner auprès des instances locales ou des associations qui peuvent donner des conseils précieux, aider à éviter des erreurs et aider aux aménagements.

Ces travaux ne sont pas très chers, et des aides financières existent souvent, permettant de

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planter ou de semer à des coûts très supportables.

Une règle très simple et efficace est de faire des aménagements simples et - de préférence -pérennes, comme des haies champêtres composées d’essen-ces arbustives locales.

Des semis de bandes fleuries avec des fleurs exotiques, qui sont souvent proposés, sont certes attractifs visuellement pour certains insectes pollinisateurs (ce sont des vrais ‘bars à insectes’), mais ils ne produisent pas beaucoup de biodiversité et demandent des travaux et

dépenses chaque année.

Si ces bandes fleuries vous plaisent et vous permettent d’apprécier la biodiversité, et si cela peut vous motiver pour continuer dans cette voie, c’est un bon début.

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Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

Les sols viticoles :

biologie et

gestion durable

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Les sols viticoles : biologie et gestion durable

R. Chaussod et coll. - INRA - UMR Microbiologie du Sol et environnement - Dijon

Le sol est un milieu complexe, dont les caractéristiques physi-ques, chimiques et biologiques dépendent de nombreux fac-teurs (type pédologique, système de culture, pratiques culturales) qui agissent en interaction. La notion de « qualité des sols » est utilisée pour rendre compte du résultat de ces interactions. On peut la définir (Chaussod, 1996) comme l’aptitude d’un sol à remplir certaines fonctions vis-à-vis de la production ou de l’environnement, dans un écosystème donné (naturel ou cultivé).

Pour les sols cultivés, le concept de qualité des sols est directement lié à celui de durabilité puisqu’un critère essentiel de qualité est que le sol puisse assurer un fonctionnement satisfaisant pour es générations futures.

Or, le niveau de qualité d’un sol peut évoluer assez rapidement sous l’influence de pratiques culturales. Il est donc particulièrement important de pouvoir anticiper les évolutions et, pour cela, de connaître les impacts possibles de divers itinéraires techniques, afin de et choisir les plus favorables.

En viticulture, jusqu’à une époque récente, le choix des itinéraires techniques était avant tout guidé par des impératifs économiques, d’où par exemple le développement du désherbage chimique associé au non-travail du sol, qui a connu son apogée il y a une vingtaine d’années.

Aujourd’hui, et à la suite des travaux précurseurs du CIVC

(programme Viti 2000 : Moncomble et Valentin, 1991), tous les acteurs s’accordent à considérer qu’il s’avère nécessaire de s’orienter vers des modes de production plus respectueux de l’environnement, tout en maîtrisant la quantité et la qualité de la récolte (Descôtes et al., 1998).

Cette approche intégrée, du sol à la vendange est complexe et relativement nouvelle ; elle correspond à une exigence de changement d’échelle dans le temps et l’espace (Guillou, 2005), et implique des travaux de moyen terme (de l’ordre de la dizaine d’années) en conditions naturelles, pour cerner à la fois les évolutions lentes et la variabilité inter-annuelle.

Ceci implique également le choix d’indicateurs biologiques appropriés, avec un accent particulier sur les aspects métho-dologiques, notamment pour ce qui concerne la « biodiversité ».

Jusqu’ici, les travaux ont porté essentiellement sur deux types de pratiques culturales susceptibles d’affecter la « qualité des sols » :

- L’entretien des sols (pour limiter l’érosion, entretenir les stocks de matières organiques et les activités biologiques

- L’utilisation d’intrants (engrais, pesticides…)

Pour le premier thème, des expérimentations menées dans la plupart des vignobles français par différentes structures (organisations professionnelles, instituts techniques, recherche) ont abouti à des résultats intéressants

et directement utilisables. Les acquis portent par exemple sur les relations entre la gestion organique des sols (enherbement ou apports exogènes, en mulch ou enfouis), la biomasse microbienne et les pools labiles de la matière organique, les conséquences sur les fournitures du sol en azote (Andreux et al., 1996 ; Doledec et al., 2001 ; Crozier et al., 2004).

Les relations entre pH et activités biologiques, ainsi que les interactions entre pH et évolution de la matière organique, ont également été analysées dans différents contextes de sols non carbonatés (Chaussod et al., 2004).

Dans ce domaine de l’entretien des sols, les travaux ont surtout porté sur les aspects quantitatifs (stocks, flux, activités). Les aspects liés à la « biodiversité » n’ont été abordés que sur la faune lombricienne (Cluzeau et coll.) et très peu sur la microflore.

Pour le second thème, les travaux ont surtout porté sur le cuivre car il s’agit d’un produit phytosanitaire très particulier, encore largement utilisé en viticulture et tout particulièrement en viticulture biologique.

Ici, les études ont porté aussi bien sur les aspects quantitatifs que qualitatif (Chaussod et al., 2003). Les effets sur la diversité ont porté aussi bien sur la diversité phénotypique que génotypique.

Aujourd’hui, à la suite de tous ces travaux d’une part, de la demande des professionnels d’autre

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Références

Andreux F., Chaussod R., Descôtes A., Laumonier A., Lévêque J. et Sauvage D. 1996. Effets des pratiques agro-viticoles sur l’activité biologique et la matière organique des sols : exemples en Champagne et en Bourgogne. In : Colloque International « Les terroirs viticoles », Angers, 17-18/07/96, pp 170-175.

Chaussod R. 1996. La qualité biologique des sols : évaluation et implications. Etude et Gestion des Sols, 3, pp 261-278.

Chaussod R. 2002. La qualité biologique des sols : des concepts aux applications. C.R. Acad. Agric. Fr., 88, pp 61-68.

Chaussod R., Breuil M.C., Nouaïm R., Lévêque J. et Andreux F. 2000. Des mesures biologiques pour évaluer la fertilité des sols viticoles. Revue des Oenologues, 91, pp 19-22.

Chaussod R., Nouaim R., Ranjard L., Echairi A., Lignier L., Blal B., Doledec A.F. et Jonis M. 2003. Evaluation de l’impact du cuivre sur la microflore des sols. In Séminaire sur les recherches en agriculture Biologique. INRA-ACTA (ed.) Draveil, France.

Chaussod R., Nouaïm R., Breuil M.C., Nowak V. et Cahurel J.Y. 2004. Influence du type de sol et des pratiques agro-viticoles sur les caractéristiques biologiques des sols : état actuel des connaissances et premiers résultats en Beaujolais. 13èmes entretiens du Beaujolais, Liergues 23/04/04, 8p.

Crozier P., Pérès G., Lévêque J., Cluzeau D., Dousset S., Nouaïm R., Sauvage D., Andreux F. et Chaussod R. 2004. Entretien des sols viticoles en Bourgogne : comparaison de différents itinéraires techniques pendant 10 ans. AFPP – 19ème Conférence du COLUMA, Dijon, 8-10/10/04, 8p.

Descôtes A., Moncomble D., Chaussod R., Cluzeau D., Perez G., Grinbaum M. et Cuchet F. 1998. Viti 2000 : La production intégrée en Champagne. Le Vigneron Champenois, 6, pp 1-17.

part, une évidence s’impose : les conditions sont réunies pour étudier d’une façon plus globale les modes de production, sous tous leurs aspects : performances économiques, agro-environnementales, durabilité…

Il s’agit de comparer à cet égard les trois grands modes de production : viticulture conventionnelle (optimi-sée au plan économique), viticulture raisonnée ou intégrée (prenant davantage en compte les aspects agro-environnementaux), et viticulture biologiques (basée sur le respect d’un cahier des charges reconnu).

De telles comparaisons se mettent en place actuellement dans plusieurs vignobles dont la Champagne (Georget et al., 2005, 2006), la Bourgogne (Crozier et coll.), le Beaujolais (Cahurel et coll.). Il s’agit d’études particulièrement lourdes car il faut au moins une dizaine d’années de pratiques différenciées pour obtenir des conclusions fiables,

compte tenu des variations inter-annuelles et de la relative inertie de certains paramètres liés au sol. Ceci est vrai non seulement pour des paramètres physiques (Densité Apparente, stabilité structurale, etc.) mais également pour les paramètres biologiques. Le très grand nombre de paramètres à mesurer rend également ce type d’essai très coûteux ; il est donc nécessaire de bien en apprécier toutes les exigences avant de démarrer et de rechercher des synergies entre régions viticoles.

En ce qui concerne les paramètres à mesurer, ceux liés au sol (et tout particulièrement à la biologie des sols) doivent être soigneusement choisis. Les critères de pertinence, de fiabilité et de sensibilité doivent être pris en considération, ainsi que les possibilités d’interprétation (Chaussod, 2002). A côté des méthodes classiques maintenant reconnues et appliquées de

façon standard (Chaussod et al., 2000), des méthodologies nouvelles sont développées en s’appuyant justement sur des expérimentations agro-viticoles pour en évaluer les performances et l’intérêt pour les utilisateurs de la recherche.

En conclusion, nous disposons désormais d’outils utilisables pratiquement en routine pour évaluer les effets de divers itinéraires techniques ou de modes de production et contribuer ainsi au développement d’une viticulture véritablement « durable » (écologiquement acceptable et économiquement viable). Une telle viticulture doit être capable de maintenir ou d’améliorer les propriétés des sols, notamment au plan biologique (y compris la « biodiversité ») et produire une vendange de haute qualité, répondant aux exigences du marché.

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Doledec A.F., Descôtes A., Moncomble D., Cluzeau D., Pérès G. et Chaussod R. 2001. Viticulture raisonnée et préservation des terroirs en Champagne. Synthèse de dix années d’essais. Le Vigneron Champenois, 10, pp 2-15.

Georget C., Descotes A., Tusseau D. et Moncomble D. 2005. Programme Biofilière : promouvoir la lutte raisonnée et la viticulture biologique. Le Vigneron Champenois, 126 (8), pp 48-59.

Georget C., Perraud A., Duron B., Descotes A. et Moncomble D. 2006. Viticulture raisonnée et viticulture biologique : quels effets sur les sols ? Le Vigneron Champenois, 127 (7), pp 38-50.

Moncomble D. et Valentin G. 1991. Vers la production intégrée en Champagne. Le Vigneron Champenois, Nov. 91, pp 18-26.

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Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

Bilan Carbone® :

de la vigne

à la bouteille

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Introduction

Le climat est une composante importante des terroirs. Dès 1896, le scientifique suédois Arrhenius avait envisagé un réchauffement du climat dû à la combustion de carburants fossiles dans le but de lutter contre le retour des glaces. Si un débat s’est instauré dès 1975 sur la contribution de l’homme, la communauté scientifique du Groupement Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) a établi un lien étroit entre le réchauffement climatique et l’effet de serre.

Dans l’avenir, les modifications du climat ne seront pas sans conséquences pour la viticulture. Au-delà des réflexions et des études sur les adaptations des itinéraires techniques viticoles

et œnologiques face à cette évolution, la filière viticole doit limiter ses impacts sur l’effet de serre. Dans une première partie, les mécanismes de l’effet de serre et les enjeux des changements climatiques seront présentés.

Une seconde partie portera sur la quantification des émissions de gaz à effet de serre dans plusieurs exploitations françaises par la méthode Bilan Carbone®.

L’effet de serre

Le mécanisme de l’effet de serre

L’effet de serre est un phénomène naturel et vital, sans lequel la température à la surface de la terre serait d’environ –18°C au lieu d’environ +15°C.

Le rayonnement solaire traverse l’atmosphère claire (figure 1). Une partie de ce rayonnement est réfléchie par l’atmosphère et la surface de la Terre (se perdant ainsi dans l’espace), alors qu’une autre partie est absorbée par la surface terrestre et la réchauffe : l’énergie solaire est convertie en chaleur, renvoyant l’émission d’un rayonnement infrarouge vers l’atmosphère.

Une partie du rayonnement infrarouge est absorbée et ré-émise par les molécules de gaz à effet de serre (GES) ; la surface de la Terre et la troposphère sont ainsi réchauffées ; la surface de la Terre étant encore réchauffée, un rayonnement infrarouge est à nouveau émis.

Bilan Carbone® : de la vigne à la bouteille

Sébastien Kerner - Institut Français de la Vigne et du Vin (ENTAV/ITV France) - Epernay

Figure 1 : mécanisme de l’effet de serre

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Les gaz à effet de serre

Les GES sont regroupés en 6 groupes principaux :

- La vapeur d’eau (H2O) liée à l’évaporation ;

- le dioxyde de carbone (CO2), provenant principalement de la combustion des énergies fossiles (charbon, gaz, carburants dérivés du pétrole), mais aussi de la déforestation (brûlage du bois coupé et diminution du prélèvement du CO2 atmosphérique par les plantes) ;

- le méthane (CH4), provenant principalement de la dégradation anaérobie de la matière organique (fermentation des déchets et effluents organiques, …), des mines de charbon, de l’élevage de bovins, des rizières, … ;

- le protoxyde d’azote (N2O), provenant principalement de l’utilisation d’engrais azotés, mais aussi de l’industrie chimique ;

- les halocarbures et hydro-carbures fluorés (HFC, PFC, SF6, mais aussi CFC), princi-palement représentés par les fluides frigorigènes (gaz réfrigé-rants), les mousses plastiques, les composants électroniques, le double-vitrage, la production d’alumine ;

- Sans émission directe, mais ayant un impact conséquent sur l’effet de serre, l’ozone troposphérique (O3), dont l’augmentation dans l’atmosphère est la conséquence du rayonnement solaire sur des précurseurs, essentiellement générés par l’usage de combustibles fossiles. L’ozone a également une fonction de bouclier contre les rayonnements ultraviolets, limitant ainsi tout réchauffement excessif de la surface de la planète.

Ces GES n’ont pas la même persistance dans le temps, ni le même pouvoir de réchauffement. Contribuant à 60% au réchauffement, le CO2 est considéré comme gaz de référence pour la détermination du pouvoir de réchauffement (tableau 1).

Le réchauffement climatique

Compte tenu du mécanisme de l’effet de serre, l’accumulation de GES dans l’atmosphère a pour incidence une augmentation de la température moyenne de la surface de la Terre. Il est désormais admis par la communauté scientifique) que l’essentiel du réchauffement climatique observé depuis le milieu du 19ème siècle serait, à 90% de probabilité, la conséquence directe des émissions de GES liées aux activités humaines (GIEC – février 2007 – voir encadré 1). En effet, une corrélation peut être établie entre l’évolution de la température et la concentration en CO2 dans l’atmosphère (figure 2).

Les émissions de GES en France

Les émissions de GES en France, en 2004, étaient estimées à 562,6 millions de tonnes-équivalents CO2 (Mt.éq.CO2) hors UTCF (voir encadré 2), et à 510,8 Mt.éq.CO2 en incluant l’UTCF.

La majeure partie de la réduction des GES provient du secteur industriel (-21,6% pour l’industrie manufacturière et –17,0% pour l’industrie de l’énergie), suivi du secteur agricole (-10,5%) et du retraitement des déchets (-8,5%).

GES Persistance (en années)

Pouvoir de réchauffement

CO2 150 1

CH4 12 23

CFC 120 16000N2O 120 296HFC 220 12000PFC 50000 8700

Tableau 1 : persistance et pouvoir de réchauffement des principaux GES (Source : GIEC 2001)

Figure 2 : corrélation entre les variations des températures superficiel-les et la teneur en CO2 depuis 1860

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Encadré 1 : Principales conclusions du 4ème rapport scientifique du GIEC

Le 2 février 2007, à l’issue de la Conférence sur le changement climatique qui s’est tenue dans les lo-caux de l’UNESCO à Paris, le 4ème rapport scientifique du Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) a été publié. Les principales conclusions de ce rapport sont les suivantes :

* il est probable à 90% que les GES émis par les activités humaines sont responsables de l’essentiel du réchauffement climatique observé depuis le milieu du 20ème siècle

* l’augmentation moyenne probable devrait être de 3°C d’ici la fin du 21ème siècle (augmentation de 1,8 à 4°c)

* l’élévation probable du niveau des océans devrait se situer entre 19 et 58 cm

* les émissions passées et futures de GES continueront à contribuer au réchauffement climatique, compte tenu de leur persistance dans l’atmosphère

* les futurs cyclones tropicaus, typhons et ouragans seront vraisemblablement plus intenses (vents et précipitations), à défaut d’être plus nombreux

* il est indispensable de stabiliser la concentration du CO2 bien en-dessous de 550 ppm, afin de ne pas atteindre l’augmentation de 2°C, au-delà desquels les conséquences risquent d’être catastrophiques

* cas de la France : la réduction des émissions de GES sur la période 1990-2005 est de 1,8%, avec une réduction de 0,5% en 2004.

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Le secteur des transports constitue toujours la première source d’émissions de GES (26% des émissions totales en 2004), et ce malgré une relative stabilisation des émissions routières ces dernières années, cette stabilisation pouvant notamment être imputable à la hausse du prix à la pompe des carburants d’origine fossile. Les émissions de GES liées aux transports augmentent cependant de 22,7% sur la période 1990-2004. Les émissions des voitures particulières représentent 57% des émissions totales des transports routiers, les poids lourds représentant 26% et les véhicules utilitaires 17%.

L’habitat résidentiel et le secteur tertiaire et commercial connaissent également une augmentation importante des émissions de GES sur la période 1990-2004(+22,3%).

Concernant la part d’émissions de l’agriculture, 56% est due au N2O (utilisation d’engrais azotés), 33% au CH4 (élevage) et 11% au CO2 (combustion de carburants pour les tracteurs).

En terme de variation des teneurs en GES dans l’atmosphère sur la période 1990-2004, le CO2 augmente de 5,6% et les HFC de 217% en éq.CO2 ; en revanche, les teneurs des autres GES sont en baisse : -14% en éq.CO2 pour le CH4, -24% en éq.CO2 pour le N2O, -46% en éq.CO2 pour les PFC et –34% en éq.CO2 pour le SF6.

Le Bilan Carbone®

Présentation de la méthode Bilan Carbone®

Mise au point par M. JANCOVICI pour le compte de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) et de la MIES (Mission Interministérielle de l’Effet de Serre) en 2003, la méthode Bilan Carbone® est une méthode permettant de quantifier la contribution à l’effet de serre d’un individu, d’une collectivité ou d’une entreprise. Elle prend en compte les six familles de GES retenues dans le protocole de Kyoto. Outre l’aspect «diagnostic», elle peut également être utilisée comme outil d’aide à la décision en matière d’investissements ou de comparaison d’itinéraires techniques. En revanche, la méthode ne peut, en aucun cas, être considéré comme un outil de notation des exploitations, en raison des caractéristiques spécifiques de chacune.

Le principe de la réalisation d’un Bilan Carbone® repose sur la collecte et la saisie sur un tableur spécifique de données chiffrées liées à l’activité de l’exploitation sur la durée d’une année jugée représentative de l’activité en termes de production et de ventes . A chaque donnée correspond un facteur d’émissions permettant l’expression des résultats selon une unité commune : l’équivalent CO2.

Il existe 3 trois approches possibles selon le périmètre que l’on souhaite caractériser (figure 3) :

- le périmètre interne ou juridique, qui concerne les émissions directes, qu’elles soient énergétiques (liées à l’utilisation d’énergie, fossile ou électrique) ou non énergétiques (liées à l’utilisation d’engrais azotés, aux fuites éventuelles de fluides frigorigènes, à l’utilisation de CO2 exogène, …) ;

- le périmètre intermédiaire ou émissions ajoutées intégrant le fret interne et fret vers les clients, les déplacements des clients vers exploitation, les transports domicile-travail des salariés, les transports liés aux missions des salariés, la fabrication des intrants (y compris l’achat de raisin, de moût ou de vin), ainsi que l’ensemble des services achetés ;

- le périmètre global ou Bilan Carbone®, qui est la prise en compte exhaustive de l’ensemble des émissions imputables à l’exploitation, parmi lesquelles le transport des intrants, la construction des bâtiments, la gestion des déchets et eaux usées et l’amortissement des immobilisations.

Méthodologie

En 2004, l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) a intégré le programme GESSICA (Gaz à Effet de Serre : Système Intégré pour la Comptabilisation dans les industries Agro-alimentaires), piloté par l’UNGDA (Union Nationale des Groupements de Distillateurs d’Alcool) et bénéficiant du soutien financier de l’ADEME.Ce projet regroupait les instituts

Encadré 2 : Définition de l’UTCF

UTCF : Utilisation des terres, leurs changements et la forêtl’UTCF est à la fois un puits et une source d’émission de CO2, CH4 et N2O. L’UTCF couvre la récolte et l’accroissement forestier, la conversion des forêts (défrichement) et des prairies, ainsi que les sols dont la composition en carbone est sensible à la nature des activités auxquelles ils sont dédiés (forêt, prairies, terres cultivées).

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de 6 filières agro-alimentaires. L’IFV, représentant la filière viti-vinicole, a été chargé de réaliser le Bilan Carbone® de cinq domaines vitivinicoles (tableau 2).Les cinq domaines viticoles transforment exclusivement les raisins issus de leur exploitation et commercialisent l’intégralité de leur production (pas d’achat ou de vente de raisins, de moûts ou de vins).

Légendes :

Rg : prodquction de vins rouges majoritairementBl : production de vins blancs exclusivementha : hectare de vigne en exploitation sur la période de référenceT : tonne de raisin récolte lors de la vendange e référencehl : hectolitre de vin élaboré lors

de la campagne de vinification de référenceUB : unité-bouteille ; les volumes des différents flaconnages (demi-bouteilles, bouteilles, magnums, double-magnums, jéroboams, etc...) vendus sur la période de référence sont ramenés à une unité de volume unique, qui est la bouteille de 0.75 litre

Ces données présentent

Figure 3 : périmètres d’approche de la méthode Bilan Carbone® (Source : ADEME)

DomainesSuperficie en

production (ha)

Production de raisin (T)

Rendement moyen (T/ha)

Production de vin (hl)

Rendement moyen (hl/ha)

Rendement pressurage

(hl/T)

Expéditions (UB)

Domaine 1(Médoc - Rg)

49.28 402.805 8.2 3098.50 62.9 7.7 320000

Domaine 2(Médoc - Rg)

114.4551 791 9.9 5858 51.2 7.4 650000

Domaine 3(Chablis - Bl)

26 195 7.5 1500 57.7 7.7 189404

Domaine 4(Châteauneuf du Pape - Rg)

150 700 4.7 5500 36.7 7.9 636771

Domaine 5(Médoc - Rg)

41.76 - - 2542 60.9 - 262901

Tableau 2 : données relatives aux domaines viticoles partenaires

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d’importantes différences d’un domaine à l’autre ; elles sont dues à de nombreux paramètres :- historique météorologique

différent d’une région viticole à l’autre, effet terroir, … ;

- effet millésime ;- conduite de la vigne, rendement

visé pour l’obtention d’une matu-rité technologique optimale,

- mode d’extraction des jus (macération et/ou pressurage, rendement du pressurage, …) ;

- mode de vinification (vin rouge / vin blanc) ;

- itinéraires techniques retenus par les praticiens à la vigne comme au chai.

La somme de ces variabilités interdit, de fait, d’utiliser la méthode Bilan Carbone® comme un outil de comparaison entre plusieurs domaines.

Résultats

La contribution à l’effet de serre est exprimée selon des unités spécifiques : l’équivalent CO2 par hectare l’équivalent CO2 par tonne de raisin récoltée, l’équivalent CO2 par hectolitre vinifié et l’équivalent CO2 par unité-bouteille produite.D’après les études menées par le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), le CO2 prélevé par la vigne pour la photosynthèse est équilibré par le CO2 restitué par la respiration, la fermentation des moûts, le brûlage ou la dégradation au sol après broyage des bois de taille, ainsi que le brûlage des charpentes

après arrachages ; le CO2 prélevé et le CO2 restitué s’équilibrant, ils ne sont pas comptabilisés.

Dans la méthode, il n’existe pas de facteur d’émissions pour la matière première «Raisin» ; de plus, les activités liées à la culture de la vigne et celles liées à l’élaboration du vin sont souvent indissociables au sein d’une exploitation viticole.Ainsi, deux cas de figures se sont présentés :

- pour les domaines 1 et 2, les données étaient suffisamment précises pour différencier l’activité viticole de la transformation. Ainsi, un premier Bilan Carbone® a été réalisé pour la production viticole, permettant l’obtention d’un facteur d’émissions spécifique à chacun des deux domaines pour l’intrant «Raisin».

- Pour les trois autres domaines (3, 4 et 5), les deux activités (production viticole et transformation) ont été globalisées.

Production viticole

De manière générale, les données relatives à cette activité sont connues ; en revanche, les postes liés aux tâches administratives et les émissions liées à la promotion des domaines (déplacements en France et à l’étranger, représentation) sont répartis équitablement sur les deux activités «Production viticole» et «Transformation».

Précisons que les tracteurs viticoles sont considérés

comme outil de production ; par conséquent, le carburant nécessaire à leur fonctionnement est considéré comme énergie interne.Les deux Bilans Carbone® réalisés spécifiquement pour la production viticole ont permis d’obtenir des facteurs d’émissions pour le raisin (tableau 3).

En premier lieu, il convient de remarquer que 6 postes totalisent à eux seuls 97 à 98% des émissions.Il apparaît que deux postes se distinguent très sensiblement des autres :

- le poste “fioul» représente environ 40% des émissions totales ;

- le poste “Déplacements de salariés « représente 30 à 40% ; ce poste est élevé en raison du recrutement de personnel temporaire affecté à la cueillette manuelle du raisin en période de vendange (parfois même par transport aérien), ainsi qu’aux déplacements en avion liés à la représentation et à la promotion des domaines, à l’étranger principalement.

Transformation

La partie dite « transformation » prend en compte l’ensemble des opérations depuis la réception des raisins jusqu’à l’expédition du produit fini.

Alors qu’un facteur d’émission spécifique a été calculé pour l’intrant «Raisin» pour deux des

Domaine 1 Domaine 2Emissions totales (T.éq. CO2) 166,421 415,489Emissions par ha exploité (T.éq.CO2/ha) 3,375 3,360Facteur d’émissions (kg.éq.CO2/tonne) 413 525

Tableau 3 : résultats des Bilans Carbone® «Production viticole» et facteurs d’émissions pour l’intrant «Raisin»

Seuls les postes les plus significatifs sont repris dans le graphe 3.

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domaines, une approche globale a été nécessaire pour les 3 autres domaines.Les résultats obtenus pour chacun des 5 domaines montrent à nouveau de grandes disparités (tableau 4).

Les Bilans Carbone® des domaines 1 et 2 montrent que la contribution de la matière première «Raisin» est très importante :

* 44,7% du Bilan Carbone® pour le domaine 1* 53,7% du Bilan Carbone® pour le domaine 2

Synthèse globale

Seuls les postes les plus significatifs sont repris dans le graphe 2.

8 postes représentent à eux seuls 75 à 90% des émissions.

Il apparaît que pour les cinq domaines, les trois postes les plus

significatifs sont les suivants - Utilisation de verre pour les

bouteilles- Consommation de fioul pour le

fonctionnement des tracteurs viticoles

- Déplacements de personnes

Les domaines 1 et 2 ont des profils assez similaires ; deux autres postes présentent une même importance :

- les déplacements des salariés : comme précisé précédemment, la vendange est exclusivement manuelle et un grand nombre de vendangeurs est nécessaire (certains venant de l’étranger, parfois par avion) ; déplacements de salariés à l’étranger par voie aérienne.

- Un faible fret routier vers les clients (prise en charge limitée, fret maritime important)

Les domaines 3, 4 et 5 ont également des profils similaires :

- le fret routier vers les clients est important ; contrairement aux deux autres domaines, qui font acheminer leurs produits vers des plates-formes d’expédition de proximité (limite de la prise en charge du fret clients par les domaines), les domaines 3, 4 et 5 gardent à leur charge l’intégralité du fret, majoritairement par camion en ce qui concerne les expéditions sur l’ensemble du continent européen ;

- l’utilisation de cartons imprimés pour le conditionnement des bouteilles.

Certains postes qui ont été comptabilisés révèlent un impact sur le Bilan Carbone® négligeable, voire nul.

Ceux-ci sont les suivants : - CO2 hors énergie : il sert

principalement à l’inertage des équipements de mise en bouteille ; ce CO2 peut, en pratique, être remplacé par de l’azote, dont l’impact sur l’effet de serre est nul ;

- déplacements de salariés en train : inexistants ou ayant un impact nul, . Ce mode de transport peut-être une alternative aux déplacements en voiture, voire en avion pour certains déplacements ;

- utilisation de plastiques, dont les films étirables ;

- levures : impact nul au regard des faibles quantités utilisées en vinification ;

- produits utilisés en œnologie : d’origine minérale ou organique, leur impact manufacturier

Domaine 1 Domaine 2 Domaine 3 Domaine 4 Domaine 5Bilan Carbone® global (T.éq.CO2)

372,135 773,135 236,385 942,760 292,233

Bilan Carbone® (kg.éq.CO2/hl)

120 132 158 171 115

Bilan Carbone® (g.éq.CO2/UB)

1163 1189 1248 1481 1112

Tableau 4 : Bilan Carbone® en fonction des caractéristiques des domaines

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restreint leur confère des facteurs d’émissions faibles (CIVC – JM Jancovici ; 2003) ; de plus, compte tenu des petites quantités utilisées par hectolitre de vin produit, leur contribution est négligeable ;

- le liège (bouchons) : négligeable en raison du faible poids et du faible facteur d’émissions ;

- le papier imprimé (étiquettes et contre-étiquettes) : faible contribution puisque faible quantité par unité-bouteille (de l’ordre du gramme) ;

- les déchets directs : les filières de valorisation (matière ou thermique) étant majoritairement privilégiées, la gestion des déchets a un impact négligeable ;

- les eaux usées : les eaux des domaines étant épurées (stations d’épurations communales ou sur site), le rejet en milieu naturel a un impact minime en terme de DBO5 (Demande Biochimique en Oxygène pendant 5 jours) ; par conséquent, la contribution des eaux usées est négligeable.

Discussion

Différentes conclusions sur l’impact de la filière viti-vinicole en matière d’émissions de gaz à effet

de serre peuvent être énoncées :

- les pratiques (viticoles, œnologiques, commerciales, …) de chaque domaine ne permettent pas de définir une typologie d’exploitation unique ; de plus, les conditions climatiques et parasitaires à la vigne peuvent considérablement influer sur les pratiques viticoles (plus de produits phytosanitaires utilisés, plus de sorties des tracteurs donc plus de fioul domestique consommé, …), mais aussi sur le rendement en raisin, soit le volume de vin vinifié (régulation thermique des cuves) puis, enfin, embouteillé (impact du conditionnement);

- Plusieurs postes impactent de manière significative le bilan : le fioul (carburation des tracteurs viticoles), l’utilisation de bouteilles en verre pour le conditionnement du vin et les trajets domicile-travail, notamment dans le cas où la vendange est manuelle (recours plus important à une main d’œuvre saisonnière appelée à se déplacer fréquemment sur le site de l’exploitation) ;

- en fonction des équipements ou de l’isolation thermique des bâtiments, la contribution du poste « énergie électrique»

peut être soit faible (2 à 3% des émissions totales), soit plus significative (11% pour le domaine 2) ;

- la conception et l’isolation des bâtiments influent très largement sur l’énergie nécessaire à leur climatisation ;

- le prestige des domaines et les marchés plus ou moins éloignés mènent à des déplacements fréquents et lointains par voie aérienne, ainsi que du fret vers clients éloignés ;

- l’utilisation de caisses en bois plutôt que de cartons imprimés pour le conditionnement des bouteilles a un impact très important sur le Bilan Carbone® d’un domaine par diminution majeure des émissions (facteur d’émissions nul pour le bois ) ; le fret fournisseurs peut cependant être majoré dans le cas des caisses bois, en raison du volume à transporter ;

- la prise en charge totale des expéditions peut générer des émissions importantes dès lors que le fret routier est privilégié ;

- de nombreux postes sont négligeables (CO2 d’inertage, levures de fermentation, produits œnologiques, utilisation du liège, …) ;

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- une gestion optimisée des déchets et eaux usées rend ces postes négligeables.

Propositions de voies de réduction

Plusieurs voies de réduction peuvent être avancées. Parmi celles-ci :

- la récupération et la valorisation calorifique, dans une chaudière à plaquette classique, des bois de taille et des charpentes représente une source énergétique renouvelable non négligeable (2 à 3,7 millions de tonnes de bois par an), 1 litre de fuel équivalant à 3,1kg de sarments secs ;

- le CO2 libéré par les fermentations est estimé à environ 0,5 million de T.éq.CO2, soit 0,1% de l’ensemble des émissions nationales ; l’intérêt technico-économique de sa récupération, de son stockage ou de sa valorisation (sous forme de bicarbonate, par exemple) reste encore à déterminer ;

- raisonner les itinéraires techniques viticoles permet d’alléger les programmes de traitements de protection des plantes : limiter les interventions sur les parcelles revient à diminuer les quantités de produits phytosanitaires appliqués, mais surtout les consommations en carburant des tracteurs viticoles ;

- l’utilisation même partielle de biocarburants pourrait être une alternative à la consommation de combustibles fossiles ;

- le verre utilisé pour le conditionnement constitue l’autre poste majeur ; la réduction de ces émissions passe par l’allégement des flacons (quelques dizaines de grammes de moins par flacon permettraient de réduire de plusieurs T.éq.CO2 le Bilan Carbone® d’un domaine), voire la substitution du verre par

d’autres matériaux ;- préférer le train plutôt que la

voiture ou l’avion et encourager le co-voiturage, dans la mesure du possible, permettent de diminuer les émissions liées aux trajets domicile-travail et aux déplacements professionnels des salariés ;

- remplacer, même partiellement, le conditionnement en cartons par des caisses en bois, dont le facteur d’émissions est nul, diminue le poste «Carton imprimé – emballage» ;

- substituer le transport routier des marchandises produites par des moyens alternatifs comme le ferroutage réduit les émissions liées au transport vers les clients ;

- privilégier l’utilisation de piquets en bois, plutôt que des piquets en acier galvanisé crée un autre puits, par utilisation de bois. L’utilisation de barrique s’inscrit dans cette même logique à condition d’optimiser la valorisation des fûts en fin de cycle de vie.;

- préférer l’azote au dioxyde de carbone pour l’inertage.

- limiter les émissions générées par de longs transports ;

- le liège, matériau naturel qui contribue à l’entretien d’une forêt (puits de carbone), contribue généralement à limiter l’impact sur l’effet de serre comparativement aux bouchages synthétiques ou à vis.

Conclusion

La plupart des experts inter-nationaux s’accorde pour sou-ligner que les changements climatiques à venir seront direc-tement dépendants des rejets anthropiques de gaz à effet de serre.

La limitation des GES s’impose à toutes les activités humaines. La filière viticole, dont les terroirs

seront directement concernés par les évolutions climatiques, doit s’intégrer dans cette dynamique de maîtrise des émissions de GES.

Cette première étude réalisée sur 5 caves a permis de cerner le niveau d’émission de la filière (environ 1100 à 1500 gramme d’équivalents CO2 par bouteille) ce qui correspond à quelques kilomètres parcourus en voiture (100 à 300 grammes d’équivalent CO2 par kilomètre selon les modèles).

Les pistes de réduction de l’impact effet de serre dépendent directement de la conception installation, de l’organisation interne et des itinéraires techniques viticoles.

Il paraît souhaitable que les différentes régions viticoles puissent intégrer cette thématique dans la gouvernance de leurs appellations. Après avoir défini une typologie des différentes exploitations (taille, conception et équipements, système viticole, process d’élaboration), un état initial devra être établi à partir de mesures réalisées dans différentes ex-ploitations représentatives.

Puis, sur la base d’un objectif de réduction des gaz à effet de serre à moyen terme, des pistes de limitation des rejets et de valorisation devront être formalisées. Cette démarche suppose également une quan-tification progressive des différents intrants et prestations viticoles ou œnologiques.

Bibliographie

- www.ademe.fr- www.ecologie.gouv.fr- www.industrie.gouv.fr- www.effet-de-serre.gouv.fr- www.journaldelenvironnement.n

et- « Histoire du climat et viticulture ;

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Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

Approche technico-

économiques

des pratiques respectueuses

de l’environnement

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Introduction

Avec la montée en puissance du concept de durabilité, la dimension environnementale des activités humaines est devenue incontournable. Peut-être encore plus que les autres activités, car fortement liée au milieu naturel, l’agriculture est concernée par cette nouvelle attente de la société. L’impact des pesticides agricoles sur la santé humaine et l’environnement devient notamment source d’inquiétudes. Appliquée à la viticulture, la question de la prise en compte de la dimension environnementale n’en est que plus prégnante si on considère la pression en intrants sur le vignoble par rapport à d’autres cultures (46% du tonnage des matières actives appliquées sur 4,3% des surfaces cultivées en France en 2003 - Eurostat, 2007). L’activité viticole est donc très concernée par la problématique environnementale.

La recherche de nouvelles pratiques techniques fait intervenir des disciplines très variées telles que l’agronomie et la protection végétale qui ont pour but de proposer de nouveaux itinéraires techniques. Mais la technique ne peut répondre seule à ce défi sociétal : le travail au niveau des pratiques culturales doit être relayé au niveau de l’économie car les viticulteurs ne sont pas en mesure aujourd’hui d’évaluer la performance économique de pratiques environnementales. Cette question sociétale s’avère cruciale autant pour la mise en œuvre des politiques publiques que pour les exploitants. Les premiers ont en effet besoin

d’indicateurs de coût (et de performance) au niveau des exploitations agricoles afin de déterminer les seuils à appliquer en cas d’actions incitatives et/ ou cœrcitives en faveur du respect de l’environnement. Les seconds ont besoin d’évaluer les conséquences financières des différentes stratégies qu’ils peuvent mettre en œuvre (y compris celles qui intègrent un meilleur respect de l’environnement).

Dans cet exposé, nous présentons tout d’abord le cadre du travail de recherche mené : le projet ADD Vin. Depuis les années 90, une méthode de comptabilité analytique a été mise au point pour calculer les coûts de revient en viticulture. Nos travaux de calcul de coût des pratiques s’appuient sur la méthode existante qui est présentée, les charges étant imputées à des opérations culturales. Nous illustrons nos travaux dans la partie suivante par quelques résultats de coût appliqués aux pratiques environnementales. Enfin, nous montrons les limites du travail qui offrent autant de nouvelles perspectives de recherche.

Les travaux de recherche en matière de coût des pratiques respectueuses de l’environnement à l’ENITA

L’équipe de recherche EGERIE de l’ENITA de Bordeaux est impliquée depuis octobre 2005 dans un programme de recherche financé par l’Agence Nationale pour la Recherche : le projet ADD (pour Agriculture et Développement Durable) Vin. Le titre précis est le suivant :

« Quelles interventions publiques et privées pour réduire l’utilisation des pesticides en viticulture ? ». Le projet regroupe des équipes de recherche pluridisciplinaires, aussi bien des agronomes et des pathologistes que des économistes et des gestionnaires. Le projet est basé sur la réduction du nombre de traitements phytosanitaires en viticulture grâce à une règle de décision basée sur des observations à la parcelle combinées aux conditions météorologiques pour raisonner les traitements anti-mildiou et anti-oïdium de manière conjointe. Cette règle est actuellement expérimentée sur quelques exploitations bordelaises dans le cadre du projet. Le rôle de l’équipe EGERIE est, dans un premier temps, d’évaluer le coût des pratiques mises en œuvre suivant cette règle.

Les calculs de coûts en viticulture : des coûts complets de revient pour la maîtrise des charges

Depuis la création de la méthode de comptabilité ABC (Activity Based Costing) dans les années 90, une méthode de calcul des coûts de revient a été mise en place à l’ENITA de Bordeaux, et ce spécifiquement pour la viticulture, puisque la gestion de la performance présente de fortes particularités dans cette filière, notamment dans les domaines viticoles d’appellation d’origine contrôlée, au moins pour deux raisons :

- la production s’y inscrit dans un cadre réglementaire très strict qui prive le

Approche technico-économique des pratiques respec-tueuses de l’environnement

Adeline Ugaglia - ENITAB - UPR EGERIE - Bordeaux

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gestionnaire d’un domaine viticole d’un des leviers majeurs de l’action sur la performance : les quantités produites. En effet, la limitation du nombre d’unités productives se combine avec des limites à la productivité inscrites dans les décrets fixant les règles de production de l’appellation.

- les différents produits des exploitations viticoles sont écoulés sur des marchés ouverts à la concurrence, que le marché visé soit local, national ou mondial.

Entre menaces et opportunités, le viticulteur doit avoir pour souci permanent de rechercher et de mettre en œuvre la stratégie qui lui permettra de se positionner de façon profitable et durable. La gestion de la performance prend deux directions essentielles :

- l’action sur les coûts.- l’action sur les prix.

Cette méthode a permis, à travers de nombreuses études de groupe, de produire des références en termes de coûts de production, de stratégies commerciales, de prix de vente et de résultat économique pour la profession. Nous nous intéressons dans ce travail aux coûts de production.

La méthode de calcul des coûts de revient en viticulture permet de calculer des coûts complets départ propriété. Un coût

complet permet d’incorporer dans le coût des produits élaborés et vendus par les viticulteurs la totalité des charges, (après des corrections éventuelles) y compris les charges non directement liées à l’activité de production comme les charges administratives par exemple, qu’il a fallu engager pour effectuer les opérations de production, de transformation et de commercialisation. L’entreprise est subdivisée en activités, qui permettent de regrouper les différentes charges de l’exercice.

Les activités définies pour les exploitations viticoles sont les suivantes :

Vigne en production- Vinification – élevage- Elevage en barriques- Mise en bouteilles- Habillage et emballage- Commercialisation des vins en vrac et tiré bouché- Commercialisation et condition-nement des vins en cubitainer et bag in box- Commercialisation des vins en bouteilles- Autres activités

Le coût de revient complet des produits est calculé en additionnant le coût unitaire de chaque activité par laquelle passe le produit au cours du processus de production.

Nous ne détaillerons pas plus

la méthode, mais il est évident qu’elle ne permet pas de travailler sur le coût des pratiques viticoles, et encore moins sur les pratiques respectueuses de l’environnement. Toutes les charges liées à ces pratiques sont regroupées dans l’activité Vigne sans aucune distinction. La méthode présente l’avantage d’être opérationnelle et proche du processus de production, c’est-à-dire proche des choix stratégiques des exploitants pour la mise en œuvre de leurs pratiques. Nous avons donc décidé de conserver cette méthode tout en l’améliorant et en la rendant plus détaillée afin de pouvoir calculer le coût des pratiques.

Le coût des pratiques viticoles : une version plus détaillée de la méthode de calcul des coûts de revient, la méthode OBC

La méthode se concentre sur le détail de l’activité Vigne. Les pratiques viticoles sont définies à travers deux termes :

- les opérations culturales : intervention sur la culture, séquence technique homogène centrée sur une finalité précise et qui est caractérisée par sa modalité (exemple : la taille),

- l’itinéraire technique : un itinéraire technique est une combinaison logique et ordonnée d’opérations techniques appliquées à une espèce dans un milieu

Imputation des charges : dans les opérations pour l’activité Vigne ou dans les autres activités

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donné, qui permettent de contrôler ce milieu et d’en tirer une production.

Les opérations sont les séquences d’intervention sur la culture pour en maîtriser la production. Elles sont à la base du calcul du coût des pratiques. L’activité Vigne est donc découpée en une série d’opérations culturales, ce qui permet d’obtenir un coût plus détaillé. Au lieu d’être envoyées dans les activités, les charges de l’activité Vigne sont imputées aux différentes opérations.

Le coût des opérations culturales est construit à partir de la comptabilité de l’exploitation agricole. Il s’agit de calculer le coût réel des facteurs de production mis en jeu pour réaliser les opérations. Les charges prises en compte sont celles qui par nature sont directement affectables aux opérations. Il s’agit des approvisionnements (dans lesquels on isolera les produits phytosanitaires puisque le projet ADD s’y intéresse plus particulièrement), les charges de main d’œuvre, les charges

liées au matériel et à la traction (amortissement, assurance, carburants et lubrifiants, entretien), les autres services (abonnements et conseil par exemples), et les autres facteurs de production consommés par les opérations (local phytosanitaire par exemple). Le coût est un coût dit incomplet puisqu’on ne prend pas en compte les charges non directement liées aux opérations. Sont exclus les charges financières et les charges administratives, les consommations intermédiaires indirectes (électricité générale, frais de comptabilité par exemples), la main d’œuvre indirecte consacrée à l’administratif, et le capital indirect (hangars de stockage du matériel viticole par exemple).En se concentrant sur les facteurs de production, l’impact sur les coûts d’une modification de l’itinéraire technique sera aisément identifiable.

Sur le modèle de la méthode ABC, cette méthode de calcul de coûts a été baptisée la méthode OBC pour Operation Based Costing.Enfin, le coût d’un itinéraire

technique est obtenu simplement en sommant le coût des opérations qui le composent.

RésultatsLa maîtrise des charges

L’expérimentation mise en œuvre dans le cadre du projet ADD Vin a porté sur un nombre restreint d’exploitations viticoles de l’Entre-deux-Mers, mais permet de mettre en évidence un certain nombre de points intéressants. Cette méthode permet tout d’abord de comparer les exploitations entre elles.

Nous observons dans le tableau suivant que la comparaison entre exploitations permet d’identifier la performance de certaines exploitations dans la maîtrise des coûts à un niveau plus fin que l’activité.

Par exemple, l’exploitation n°2 est plus performante en terme de coût de sa protection phytosanitaire (différentiel de 173€/ha).

Si on analyse plus en détail

Exemple de calcul de coût d’une opération de traitement phytosanitaire (anti-botrytis) sur une exploitation viticole de la région bordelaise

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la composition des coûts, on constate que cette dernière a des coûts de traitement phytosanitaire inférieurs car son équipement en matériel est très bien maîtrisé, au contraire de l’exploitation n°1 qui est sur-équipée.

L’étude des coûts des dif-férentes opérations des iti-néraires techniques permet également d’identifier les facteurs responsables des niveaux de coût. En étudiant la composition des coûts des traitements phytosanitaires pour chaque facteur de production, on s’aperçoit que selon les exploitations, les facteurs de production prépondérants dans le coût diffèrent. Dans les exploitations ayant une bonne maîtrise du matériel, c’est le prix des produits qui explique le niveau de coût (plus le produit utilisé est cher, plus le coût du traitement augmente). Par contre, dans les exploitations qui n’ont pas cette maîtrise, c’est le coût du matériel qui est limitant ; c’est-à-dire que quel que soit le produit utilisé, le coût est élevé et varie peu. Les leviers d’action sur les charges ne sont donc pas les mêmes

selon les exploitations. Dans la majorité des cas, la part relative des produits phytosanitaires dans le coût d’une opération est assez faible par rapport aux charges de main d’œuvre et surtout de mécanisation (les intrants représentent moins de la moitié du coût des traitements phytosanitaires). Ce type d’étude peut donc mener à du conseil personnalisé en terme de maîtrise des charges.

Il est également envisageable de comparer le coût des différents itinéraires techniques qui peuvent être menés sur l’exploitation. Dans l’exemple suivant, toutes les parcelles de l’exploitation ne sont pas conduites de la même façon. On peut aisément imaginer que les parcelles auxquelles est apporté le plus de soin sont les plus qualitatives et les mieux valorisées. Les pratiques peuvent ainsi être adaptées à l’objectif de production assigné à chaque parcelle. Au lieu de considérer un coût global de l’activité Vigne, on peut imaginer ensuite calculer des coûts de revient par type de produit.

La réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires

Le Grenelle de l’environnement qui a récemment eu lieu préconise la réduction de 50% des produits phytosanitaires utilisés en agriculture. Cela peut se traduire de deux manières :

- la diminution du nombre de traitements phytosanitaires (ce sur quoi nous nous sommes concentrés dans le projet),

- la diminution du nombre de doses appliquées.

En ce qui concerne le premier point, la règle de décision mise en œuvre sur les exploitations du réseau par les pathologistes de l’INRA a permis de réduire assez considérablement les traitements en 2006 et en 2007 (2 traitements anti-oïdium et 7 anti-mildiou avec la règle de décision contre 5 et 11 dans la stratégie classique de l’exploitation n°2 en 2007, par exemple). L’étude de l’efficacité des stratégies mises en œuvre n’est pas discutée ici car laissée aux équipes de pathologistes, mais ils ont pu constater que

Traitement n° Maladie visée Coûts (€/ha) EXPLOITATION 1

Coûts (€/ha)EXPLOITATION 2

1 Excoriose 38,57 17,332 M/O 53,61 25,543 M/O 48,80 36,494 M/O + insecticide 66,73 40,545 M/O + insecticide 66,87 40,546 Botrytis 152,14 68,157 M/O 69,56 -

M/O + insecticide - 65,938 M/O 65,95 -

M - 36,559 M + insecticide 73,27 -

M - 21,8110 M + insecticide - 23,5911 Botrytis - 95,42

Observations/informations 9,62 -TOTAL 645 €/ha 472 €/ha

Comparaison des itinéraires de protection du vignoble et des coûts associés entre deux exploitations de l’Entre-deux-Mers (2006)

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les résultats de la protection du vignoble étaient aussi bons avec la règle de décision que dans des itinéraires ‘classiques’. Par contre, en termes de coûts, on observe que la suppression de certains traitements n’entraîne pas la suppression de toutes les charges liées aux facteurs de production qui sont engagés dans leur mise en œuvre. En effet, une part importante des charges de matériel (amortissement, entretien, assurances, …) est incompressible et doit de toute façon être supportée par l’exploitation. Ces charges se reportent donc sur les autres opérations. Seule la charge en produits phytosanitaires associée à l’opération disparaît. Sachant que l’aversion au risque des viticulteurs est assez forte, le faible gain économique à l’hectare qui résulte de la suppression d’un traitement n’est pas encourageant face au risque que le viticulteur estime prendre.

En ce qui concerne les réductions de dose, le gain économique sur les charges en intrants est faible également. Les intrants représentent moins de 50% du coût d’un traitement. Il serait possible de gagner, au mieux 25% du coût d’un traitement. Chez les viticulteurs de notre

réseau, le gain économique est même quasiment nul puisque les exploitants travaillent déjà à doses réduites, et qu’il serait périlleux de les diminuer plus encore sans travailler sur l’efficacité potentielle de doses si faibles.

Les autres pratiques de production viticole respec-tueuses de l’environnement

Les travaux du projet ADD Vin ont été étendus aux autres opérations de l’itinéraire technique viticole. Il est possible de comparer par exemple la différence de coût entre un épamprage chimique, dit ‘classique’ et un épamprage mécanique, a priori plus respectueux de l’environnement. Si on prend l’exemple d’une exploitation qui a pu tester les deux opérations sur des parcelles comparables, on observe une différence de coût entre les deux opérations.

Le tableau semble indiquer au premier abord que le coût généralement ressenti comme plus élevé par les viticulteurs au sujet des pratiques respectueuses de l’environnement se vérifie. L’épamprage chimique semble moins cher, notamment car il est plus rapide (1h/ha contre 2h/ha). Pourtant, il convient de raisonner

en terme d’itinéraire technique, puisqu’on s’aperçoit ainsi que, pour une même efficacité technique sur la parcelle, deux épamprages chimiques (290€/ha) sont nécessaires là où un seul épamprage mécanique (163€/ha) est efficace. Le différentiel de coût n’est alors pas négligeable (127€/ha).

Il ne faut donc pas se contenter d’étudier les coûts à la parcelle, mais de considérer également les itinéraires techniques. Ainsi, de la même manière que le qualificatif ‘environnemental’ peut être appliqué aux opérations culturales (en fonction de leurs conditions de réalisation), il est possible de caractériser des ‘itinéraires techniques environnementaux’ dans leur ensemble et de calculer leur coût. C’est d’ailleurs un projet de travail avec l’ITV.

Limites et perspectives

Ces résultats sont à prendre très prudemment, puisqu’ils ne concernent qu’un petit nombre d’exploitations viticoles et que les expérimentations ont été menées sur une région viticole particulière, l’Entre-deux-Mers. Toutefois, la multiplication des années d’expérimentation et l’élargissement du réseau

Itinéraire A Itinéraire B Itinéraire C Itinéraire DCoût (€/ha) 2353 2123 2035 2198Travaux en vert (€/ha) 951 721 633 796% Itinéraire 40 34 31 37Protection phytosanitaire (€/ha) 645 645 645 645% Itinéraire 27 31 32 29Récolte (€/ha) 351 351 351 351% Itinéraire 15 17 17 16Entretien du sol (€/ha) 175 175 175 175% Itinéraire 7 8 9 8Fertilisation (€/ha) 137 137 137 137% Itinéraire 6 6 7 6Autres (€/ha) 94 94 94 94% Itinéraire 5 4 4 4

Comparaison du coût de différents itinéraires techniques sur une exploitation de l’Entre-deux-Mers (2006

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pourront, nous l’espérons, permettre d’extrapoler les données au plus grand nombre d’exploitations pour assurer du conseil en terme de changement de pratiques.

La méthode OBC requiert un grand nombre d’informations, notamment en ce qui concerne les temps de travaux et le détail de la comptabilité. Cela nécessite de travailler sur des exploitations ayant déjà mis en place ou souhaitant mettre en place une traçabilité sur leur exploitation. Cela n’est évidemment pas généralisable à toutes les exploitations. Toutefois, il serait souhaitable d’agrandir le réseau expérimental, à d’autres régions par exemple, afin de disposer de plus de données et de pouvoir les extrapoler aux exploitations souhaitant évaluer le coût d’un changement de pratique mais ne disposant pas des informations

nécessaires pour calculer des coûts réels. Il s’agirait alors de produire des références. On parle alors de coûts standards établis par type d’exploitation. Contrairement aux coûts standards qui peuvent circuler aujourd’hui et sont calculés à dires d’expert, ces coûts standards seraient basés sur des observations réelles sur le terrain. Nous avons d’ailleurs déjà pu constater dans les données recueillies que les coûts réels obtenus sont parfois très éloignés des standards à dires d’experts en fonction des caractéristiques des exploitations.

Toujours dans l’esprit de faciliter l’accessibilité de ce type d’étude à un large nombre d’exploitants et conseillers, l’équipe travaille également à la mise en place d’outils de gestion et de traçabilité afin de faciliter l’enregistrement des informations nécessaires à la mise en place de

la méthode.

Enfin, le coût n’est pas le seul élément d’appréciation de la performance d’une entreprise viticole. Il convient maintenant de s’intéresser à la possible valorisation des pratiques respectueuses de l’environnement. Cette dernière peut passer par plusieurs voies :

- subventions de type Mesures Agro Environnementales, calcul à partir de références sur le coût des pratiques plutôt qu’à dires d’experts,

- valorisation par les consommateurs (analyse de la disposition à payer des consommateurs),

- valorisation par les circuits de distribution.

Ces travaux seront menés dans le cadre de la suite du même projet ADD Vin.

Epamprage chimique (€/ha)

Epamprage mécanique (€/ha)

Main d’oeuvre 23,50 34,80Traction 31,93 47,28Matériel 43,16 81,75Produits 44,55 0Autres 1,78 0TOTAL 144,92 163,83

Comparaison du coût d’un épamprage mécanique et d’un épamprage chimique sur une exploitation de l’Entre-deux-Mers (2006)

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Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

Environnement,

image et marketing :

l’exemple sud-africain

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Wines of South Africa (WOSA) est l’organisme chargé de la promo-tion et du marketing de tous les vins sud-africains. Il rassemble des représentants sur les marchés internationaux clés. L’entreprise possède des bureaux à Londres, en Afrique du Sud, mais travaille également avec des agences en Allemagne, en Suède, au Pays-Bas, au Canada et aux Etats-Unis. Le WOSA a été créé par la filière vit-vinicole sud-africaine. Il est financé à partir de taxes préle-vées à l’export, sans financement gouvernemental, et n’est pas à but lucratif.

Le WOSA contribue à diffuser l’image et la réputation des vins sud-africains à travers le monde. Il permet le développement de nouveaux marchés à l’export, et le maintien des marchés clés ac-tuels. Il est aussi en charge de dé-velopper l’oenotourisme, bien qu’il n’y ait pas de finacement, et de développer le marché spécifique national en augmentation.

L’histoire de la filière viti-vinicole sud-africaine remonte au milieu du XVIIème siècle, quand les hol-landais sont arrivés et ont planté les premières vignes.

Il fallut attendre 1680 et l’arrivée des Huguenots français pour voir se développer une viticulture de qualité dans la région du Cap.

A cause des sanctions écono-miques imposées au régime de l’apartheid, la filière viti-vinicole sud-africaine a été très isolée pendant de nombreuses années au cours du 20ème siècle. C’est seulement à partir de 1989, et du retour de la démocratie que les

vins sud-africains ont commencé à se positionner sur la scène mon-diale. L’Afrique du Sud reste tou-jours une jeune nation à l’export.Le vignoble sud-africain repré-sente un peu plus de 100.000 ha plantés en vigne, et l’Afrique du Sud est aujourd’hui le 8ème plus grand producteur de vins au monde. Elle compte le Royaume Uni comme premier marché à l’export, suivi par l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et le Canada.

La filière viti-vinicole sud-africaine est caractérisée par un certain nombre de valeurs éthiques. L’Afrique du Sud fournit environ 50 % des vins «commerce équita-ble» vendus dans le monde, et un grand nombre de producteurs sont en cours d’accréditation.

Le Wine Industry Ethical Trade Association (WIETA) contrôle la filière. Cet organisme qui a rédigé un code de bonnes pratiques pour l’emploi dans la filière viti-vinicole, voit son rôle maintenant étendu à d’autres secteurs de l’agriculture.

La filière soutient également les principes de la production intégrée des vins (IPW : Integrated Produc-tion of Wine) qui ont pour but de s’assurer que la production de vins en Afrique du Sud ait le minimum d’impact sur l’environnement. Elle donne des lignes de conduite sur des sujets comme la gestion de l’eau, la protection de la biodiver-sité et l’usage des pesticides.

La protection de la biodiversité de la région du Cap a été le fonde-ment du programme BWI (Biodi-versity & Wine Initiative). Ce pro-gramme regroupe actuellement

93 membres, ce qui représente 63.709 ha de terre non cultivée et réservée à la conservation des es-pèces sur les domaines, soit 1 ha non cultivé pour 2 ha de vigne.

Ces éléments sont la base de la stratégie de communication autour des vins sud-africains. L’identité des vignobles est fortement liée au royaume floral du Cap. La revendication d’une viticulture en lien avec la biodiversité est unique à la filière viticole sud-africaine, et ancrée dans son histoire.

La campagne «Variety is in our nature» (la variété est dans notre nature) a été lancée à travers le monde en 2006, et étaye le com-merce et la communication vis à vis du consommateur. Ce même terroir qui produit plus de 9700 espèces de plantes et de fleurs est le même terroir qui supporte la viticulture sud-africaine. Il re-présente une mine de possibilités pour produire du vin.

Les sols viticoles sud-africains, parmi les plus vieux du monde, alliés à une influence maritime des deux océans qui encerclent la péninsule du Cap, font de cet en-droit un lieu de prédilection pour la production de vins de qualité.

La démarche de conservation entreprise par le BWI va dans le sens des préoccupations actuel-les du consommateur qui prend en compte la provenance des pro-duits qu’il achète, mais également l’éthique qui les entoure.

Les préoccupations environne-mentales sont un sujet d’actualité pour les revendeurs, les consom-mateurs et les médias. La filière

Environnement, image et marketing : l’exemple sud-africain

Joe Mason - Wines of South Africa (WOSA)

Page 50: VITICULTURE DURABLE ET ENVIRONNEMENT - … · 4 - Viticulture durable et environnement ... l’oïdium, qui repose pour l’instant sur l’utilisation des marqueurs disponibles (Rpv1,

50 - Viticulture durable et environnement - Décembre 2007 Station Régionale ITV Midi-Pyrénées Station Régionale ITV Midi-Pyrénées Viticulture durable et environnement - Décembre 2007 - 51

viti-vinicole a une histoire sincère à raconter sur l’environnement et les vins.

Le lien existant entre le royaume floral du Cap et les vignobles de la région, forme une plateforme pour que les structures viticoles et le WOSA créent un message marketing unique pour les vins sud-africains. Un nouveau lan-gage visuel a été créé afin de différencier l’Afrique du Sud des autres nations productrices de vins, et donner un fort impact sur

les rayonnages pour en informer les consommateurs.

Cette histoire de conservation et de prise en compte environ-nementale est pertinente pour beaucoup de producteurs, mais la campagne «Variety is in our nature» englobe la diversité sous d’autres formes également, d’un point de vue culturel en passant par toute la gamme d’activités ouverte aux touristes qui visitent le Cap. La stratégie marketing de la filière viti-vinicole sud-africaine

est un message multi-couches, qui fait une réelle différence par rapport aux autres nations produc-trices de vins.Toutes ces initiatives conduites par le WIETA, l’IPW et le BWI signifient que l’Afrique du Sud produit des vins parmi les plus respectueux de l’environnement au monde.

www.bwi.co.zawww.ipw.co.zawww.varietyisinournature.comwww.wieta.org.za