Vers l’Achèvement de la Missio Dei : Une Contribution...

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Vers l’Achèvement de la Missio Dei : Une Contribution à l’Implantation de la Mission du Plein Evangile en Milieu Basa’a au Cameroun Par Noumba Mbock Benjamin Un Mémoire Présenté à la Faculté de Théologie des Assemblées de Dieu En accomplissement partiel des exigences pour Le Master en Missiologie Faculté de Théologie des Assemblées de Dieu Lomé-Togo Mai 2008.

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Vers l’Achèvement de la Missio Dei : Une Contribution à l’Implantation de la Mission du Plein Evangile en Milieu Basa’a au

Cameroun

Par Noumba Mbock Benjamin

Un Mémoire Présenté à la Faculté de Théologie des Assemblées de Dieu En accomplissement partiel des exigences pour

Le Master en Missiologie

Faculté de Théologie des Assemblées de Dieu Lomé-Togo Mai 2008.

Sur Recommandation du Doyen Académique et du Directeur de Mémoire

Ce Projet de Mémoire est Accepté comme Satisfaction Partielle des Exigences

Requises pour le Master en Missiologie

Doyen Académique

Directeur de Mémoire

Date

TABLE DES MATIERES

LISTE DES TABLEAUX ……………………………………………………… v

PREFACE ……………………………………………………………………… vi

RESUME ………………………………………………………………………. viii

CHAPITRE I : INTRODUCTION …………………………………………… 1 Problématique …………………………………………………………. 2 Hypothèse de Recherche ……………………………………………… 2 But de la Recherche …………………………………………………… 3 Objectif de la Recherche ……………………………………………… 3 Méthodologie ………………………………………………………….. 4 Limitations de la Recherche ………………………………………….. 5 Définition des Termes ………………………………………………… 5 Conclusion Partielle …………………………………………………… 8 CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE …………………………. 9 Panorama de la Littérature sur le Peuple Basa’a au Cameroun …………. 9 Mission d’Implantation d’Églises ou Plantatio Ecclesiae …………….. 10 Conclusion Partielle …………………………………………………… 13 CHAPITRE III : METHODOLOGIE ……………………………………….. 14 Conclusion Partielle …………………………………………………… 16 CHAPITRE IV : RESULTATS ………………………………………………. 17

La Missio Dei dans la Diachronie Biblique …………………………….. 18 La Missio Dei dans le Pentateuque ……………………………... 18 La Missio Dei et le Royaume ……………………………………. 19 La Missio Dei et la Vie du Royaume ……………………………. 20 La Missio Dei et le Jugement et la Promesse …………………… 20 La Missio Dei et la Mission en Action ………………………….. 21 La Missio Dei, les Églises Missionnaires et le Royaume de Dieu.. 21 La Missio Dei et la Victoire …………………………………….. 22 Aspects Culturels pouvant Influencer la Réceptivité Basa’a à l’Evangile 23 Esquisse de l’Histoire du Peuplement Basa’a au Cameroun …….. 23 Histoire de l’Église en Terre Basa’a ……………………………... 24 Quelques Statistiques de l’Effort d’Evangélisation en Milieu Basa’a du Nyong et Kéllé ………………………………………… 26 Vision Individualiste et Segmentaire du Monde …………………. 27

ii

Vision Individualiste du Monde ……..…………………… 28 Vision Segmentaire du Monde …………………………… 29 Le Rejet et la Conscience de la Malédiction ……………………... 32 Le Rejet …………………………………………………… 32 Conscience de la Malédiction …………………………….. 34 Comprendre le Défi d’Implanter de Nouvelles Églises ………………. 35 Etablir des Communautés non Dépendantes …………………….. 36 Autonomie dans la Gouvernance ………………………… 36 La Planification …………………………………. . 37 Le Choix des dirigeants ………………………….. 38 Autonomie dans la Propagation ………………………….. 38 Les Missions ………………………….………….. 39 Autonomie dans les Financements ……………………….. 40 Etablir un Leadership de Couleur Locale ………………………… 45 Faire Face aux Problèmes Théologiques …………………………. 45 Les Deuxièmes Bureaux …………………………………. 46 L’Union Libre entre un Homme et une Femme ………….. 47 Consulter les Devins et les Guérisseurs …………………... 47 Engagement Politique du Chrétien ……………………….. 49 Stratégie Culturelle d’Implantation d’Églises ……………………………. 54 S’Identifier au Peuple …………………………………………….. 54 L’Administration qui Convient au Peuple Basa’a ……….. 55 Organisation sur une Même Ligne ……………….. 56 Organisation en Ligne Directe …………………… 57 La Nourriture …………………………………………….. 58 Livrer le Combat Spirituel ……………………………………….. 58 Réalité Spirituelle du Monde Basa’a …………………….. 59 Influence de la Réalité Spirituelle sur l’Implantation d’Églises …………………………………………………. 60 Méthodes de combat adoptées par la Plupart d’Africains … 62 Enseignement Biblique sur le Combat Spirituel ………. 64 La Nature du Combat ……………………………. 65 Les Armes du Combat …………………………… 66 Les Enjeux Linguistiques de l’Acceptation ……………………… 68 Répondre aux besoins de la Chapelle ……………………………. 71 Achever la Tâche ……………………………………………………….. 72 Former les Ouvriers dans un Système Préparatoire ……………… 73 A Long Terme ……………………………………………. 74 A moyen terme……………………………………………...74 A Court Terme …………………………………………… 75 Formation Continue ……………………………………… 75 Développer un Matériel d’Ecole de Dimanche pour Adultes ……. 75 Conclusion Partielle …………………………………………………….. 77

CHAPITRE V : CONCLUSION GENERALE ……………………………….. 78 Impact de la Recherche …………………………………………………. 80 Recommandations ………………………………………………………. 80

iii

ANNEXES ………………………………………………………………………. 85 Fiche d’Approbation ……………………………………………………. 85 Corpus Sotériologique ………………………………………………….. 86 Questionnaire …………………………………………………………… 88 Carte du Cameroun …………………………………………………….. 89 Carte de la Langue Basa’a …………………………………………….. 90 BIBLIOGRAPHIE …………………………………………………………….. 91

iv

LISTE DES TABLEAUX

I. Couverture géographique du Nyong et Kéllé par la M.P.E..……..………….… 26

II. Obstacles à l’Implantation d’Églises en Milieu Basa’a ……………………... 32

III. Type d’Administration Probable en Milieu Basa’a ………………………… 56

IV. Influence de la Réalité Spirituelle sur l’Etre Humain ……………………….. 61

V. Corpus Sotériologique en Basa’a …………………………………………… 69

v

PREFACE

L’auteur de ce mémoire croit en la Parole de Dieu qui dit que mon « peuple

périt faute de connaissance. » (Os 4 : 6) Ainsi, les serviteurs de Dieu qui viennent

comme pionniers en territoire Basa’a ont besoin de la comprendre la culture Basa’a,

particulièrement le fonctionnement de l’individualisme et de la société segmentaire.

Ce qui constituera pour eux un laissez- passer pour l’implantation d’églises fortes.

Notre objectif est d’apporter l’espoir à ceux qui croient être les damnés de l’injustice

des hommes en se retrouvant dans une telle partie du terroir, puis montrer quelques

pistes qui permettront de générer des églises fortes dans la zone. En effet, si par le

passé les échecs répétés de la M.P.E. étaient causés par l’instabilité des serviteurs, ce

travail est porteur d’espoir.

En revanche, nous voulons exprimer notre reconnaissance vis-à-vis de la

FATAD pour ce programme qu’elle nous offre, particulièrement le Président Tarr

Randel, le Vice-Président Bandé Jean et la Rev. Ballenger, Doyenne Académique ;

nous voulons aussi remercier grandement le Directeur de l’extension de Mbalmayo et

son épouse, Cynthia et Jimmy Lemons ; le Surintendant de la M.P.E., le Rev. Njemo

David ; le Superviseur régional, le Rev. Niba Felix pour tout leur encouragement et

leur soutien sans faille, à suivre ce programme. Nous voulons surtout remercier

grandement notre Directeur de mémoire, le Dr Zongo Etienne pour sa patience

démesurée envers nous. Nous sommes émus au souvenir de nos enseignants pour leur

volonté de nous transmettre leurs connaissances, même quand cela semblait difficile :

vi

vii

Dr Del Tarr, Dr Sobhi Malek, Dr Elie Koumbem, Dr Christophe Dikenou, Pasteur

Jean-Baptiste Roamba, Pasteur Don. Corbin.

Certains amis nous ont également soutenus dans ce travail. Aussi exprimons-

nous notre gratitude à la famille Tchamda, à la sœur Carrie Taylor, Ginger Boyd,

Eugene et Suzane Hudlow ; Caroline et David Schmidt, Rév. Théoneste Hitimana,

Rev. Ndegha Salomon, le Rév. Yacouba, Pasteur Njeha et le Pasteur Onyie.

Je dédie ce travail à ma chère épouse Valérie NOUMBA, à mes enfants Paul

Benjamin Jr., John Emmanuel, Priscille la Prunelle, Marie Anne et Claudia Yôhanna

Carrie. A l’Eternel qui est ma force et mon Espérance, soit la gloire, Amen !

Je prie le Seigneur pour que les serviteurs de Dieu et la M.P.E. en particulier,

trouvent dans ce document la lumière qui les orientera dans leur tâche d’implantation

d’églises en milieu Basa’a. De même, que ce travail rencontre également le besoin de

ceux qui pourront l’adapter à leurs situations particulières.

RESUME

La Missio Dei est le plan de Dieu pour sauver les nations. C’est ce qu’il a

révélé à travers ses serviteurs dans la diachronie biblique. Notre contribution se

penchera sur l’implantation de la Mission du Plein Evangile en milieu Basa’a au

Cameroun. Pour nous, seule une bonne compréhension de la culture peut rendre cette

oeuvre possible. Elle prend en compte les aspects culturels qui frustrent le plan de

Dieu, plus particulièrement la vision individualiste et segmentaire du monde, le rejet

et la conscience permanente de la malédiction.

Ainsi, pour implanter des églises fortes au sein d’une telle société, il faudrait

que la M.P.E. soit consciente du triple défi d’établir des communautés non

dépendantes, un leadership de couleur locale et faire face aux problèmes théologiques

comme les deuxièmes bureaux, l’union libre et l’engagement politique du chrétien.

De plus, une stratégie culturelle d’implantation d’églises amènera le pionnier à

s’identifier au groupe cible. De même organiser un combat spirituel biblique contre

les forces d’opposition comme le mɓɔk, le kôŋ, la sorcellerie, le culte des ancêtres et

les fétiches qui influencent l’être humain est nécessaire. La Mission devrait aussi

penser aux infrastructures qui établissent une sorte de crédibilité entre la communauté

et l’église.

Somme toute, la formation des ouvriers dans un système préparatoire et

l’adoption de l’école de dimanche pour les adultes en ce qui concerne l’éducation

chrétienne vont largement contribuer au processus d’achèvement de la tâche

missionnaire.

viii

CHAPITRE I

INTRODUCTION

Jésus-Christ dans la Grande Commission, demande d’aller partout dans le

monde prêcher la Bonne Nouvelle à toute la création (Mt 28 : 19-20). En d’autres

termes, il demande à ses disciples d’évangéliser et implanter des églises fortes dans

des villages, et parmi toutes les cultures. Or ce qui retient l’attention de la Mission du

Plein Evangile (M.P.E.), à l’heure actuelle ce sont les communautés musulmanes, la

grande société animiste de l’Ouest et les pygmées de l’Est, pour ce qui est des

missions intérieures. Notre dénomination est certes présente dans les dix métropoles

du pays : Yaoundé, Douala, Bafoussam, Bamenda, Buéa, Ngaoundéré, Maroua,

Garoua, Bertoua et Ebolowa. Ses tentatives au-delà des frontières nationales, à

l’instar du Tchad, la République Centrafricaine, le Congo Brazzaville, le Nigéria et

l’Afrique du Sud ne sont pas à négliger. Malgré toute cette propagation, la Missio Dei

est loin d’être achevée. La région Basa’a qui couvre tout le Nyong et Kéllé et la

Sanaga-Maritime reste faiblement atteinte. Nous pouvons donc affirmer, à raison que

la M.P.E. n’est pas encore implantée dans la zone. Cette grande omission est l’objet

de notre recherche : «Vers l’Achèvement de la Missio Dei : une Contribution à

l’Implantation de la Mission du Plein Evangile en milieu Basa’a au Cameroun ».

1

2

Problématique

Compte tenu de ce qui précède, il y a lieu de se féliciter des efforts fournis au

cours de ces dernières années dans le domaine d’évangélisation et d’implantation

d’Églises. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières nationales, un travail

formidable a été abattu. Les activités missionnaires portent déjà du fruit et les

effectifs des membres connaissent un progrès non négligeable, allant de 59 000 en

2001 à environ 100 000 en 2006. Malgré cette réalité combien exaltante, force est de

constater que dans la zone Basa’a, la même Mission essaie de s’y implanter sans

succès depuis 17 ans. Est-ce un terrain non fertile à l’évangile de Jésus-Christ ?

Pourquoi les stratégies d’évangélisation qui ont fait leur preuves dans les autres zones

semblent échouer lamentablement en terre Basa’a ? Face à cette incompatibilité entre

le succès au plan général et l’échec causé par une société Basa’a fortement

individualiste et segmentaire, notre affectation dans la zone nous pousse à mener cette

recherche en vu d’élucider les véritables barrières à l’implantation d’églises fortes

chez les Basa’a et en proposer des stratégies d’évangélisation appropriées.

Hypothèses de la recherche

Pour sortir les Basa’a de ce marasme spirituel, nous suggérons qu’une bonne

connaissance de la culture permettra de penser des stratégies culturelles efficaces.

Cinq pistes nous semblent dès lors inévitables :

1. Comprendre le fonctionnement de l’individualisme et de la société

segmentaire pouvant influencer la réceptivité Basa’a à l’Evangile

2. Comprendre la Théologie biblique des missions, source de motivation de la

M.P.E pour adopter le peuple Basa’a comme champ missionnaire privilégié

3. Comprendre le défi d’implanter de nouvelles églises

3

4. Comprendre que l’implantation d’églises passe par une stratégie culturelle

5. Comprendre qu’achever la tâche doit être la vision de toute la M.P.E.

But de la recherche

A travers cette recherche l’auteur invite tous ceux qui sont intéressés à la

mission, à découvrir un champ missionnaire à moins de 200 km des deux capitales

Douala et Yaoundé. Il voudrait par la même occasion répondre à un défi personnel de

devenir étudiant de sa propre culture afin de faire œuvre de prophète au milieu de son

peuple. De plus, nous voulons démontrer qu’une véritable implantation d’églises

n’est possible que si de bonnes études ont été menées sur le terrain et de bonnes

stratégies dégagées pour une bonne application. Enfin, la M.P.E se servira des

résultats de nos recherches pour réviser ses stratégies et s’implanter définitivement

dans ce milieu.

Objectifs de la recherche

Après la mise en forme de ce document, les appréhensions des uns et des

autres par rapport au ministère parmi les peuples Basa’a devraient changer. Nous

avons cette assurance que notre stratégie motivera les serviteurs à avoir non

seulement du plaisir à travailler dans cette région du pays, mais aussi à utiliser nos

résultats comme un manuel de base pour un travail systématique dans le Nyong et

Kéllé et la Sanaga-Maritime. Et si tout est mis en application, nous espérons que les

églises locales connaissent une croissance exponentielle d’ici 2015, avec des effectifs

avoisinant 1000 à 2000 membres. Du point de vue scientifique, ce document

contribuera à la compréhension de la spiritualité Basa’a, surtout que la notion de

communauté individualiste, inconnue de la société africaine en général, participe de

la particularité socio-culturelle du groupe.

4

Méthodologie

Pour arriver à ces résultats, nous empruntons une approche descriptive,

transformationnelle et situationnelle. Dans la recherche documentaire nous avons

aussi fait usage des bibliothèques théologiques, comme celle de la Faculté de

Théologie des Assemblées de Dieu (F.A.T.A.D.), celle de La Société Internationale

de Linguistique (S. I. L), l’Association Camerounaise pour la Traduction de la Bible

et l’Alphabétisation (C.A.B.T.A.L), L’Association Nationale des Comités de Langues

Camerounaises (l’A.N.A.C.L.A.C. / N.A.C.A.L.C.O), pour des documents de

linguistique, sans oublier l’outil Internet. Notre manuel de base en ce qui concerne la

méthodologie est celui de Gerard J. Jr. Flokstra et Steve Badger. «Guide de

Présentation des Travaux de Recherche. » Lomé, Togo: FATAD, 2003. Mais nous

avons aussi fait usage de l’ouvrage de Baril, Denis. Techniques de l’Expression

Ecrite et Orale. 10e édition. Paris : DALLOZ, 2002 et Cahier de Méthodologie. IVe

édition. Montreal: Université de Montreal, 1987.

Un questionnaire que vous trouverez à l’Annexe, un corpus sotériologique que

vous trouverez à l’Annexe et des conseils de notre Directeur de mémoire, sans oublier

des conversations informelles avec des individus, nous ont été d’un très grand apport.

Cependant, nous ne pouvons pas ignorer nos limites.

5

Limitations de la recherche

Malgré tous ces efforts consentis, nous ne pourrons pas totalement satisfaire

toutes les exigences de nos examinateurs, de la communauté scientifique et

d’éventuels usagers de ce document. En effet, le temps alloué pour la recherche, le

volume du document, la documentation, les moyens financiers et matériels n’auront

pas favorisé la perfection du document et l’exhaustivité du sujet. Ce n’est cependant

pas une perche pour minimiser d’énormes richesses cachées dans cette recherche.

La langue étant un code qui n’est compris que s’il y a des bases d’inter-

compréhension, nous nous proposons de définir certains termes que nous utilisons

tout au long de cette œuvre, afin de communiquer avec nos lecteurs sans

malentendus.

Définition des termes

Missio Dei : Terme latin qui signifie « Mission de Dieu ». John York précise

que dans l’étude de la Mission, la Missio Dei se réfère au plan de Dieu pour la

bénédiction des nations à travers l’Evangile de Jésus-Christ.1 Appliqué à ce travail, le

terme prendra le sens du plan de Dieu d’apporter le salut à toutes les nations, c’est-à-

dire toutes les ethnies. Il implique aussi l’implantation d’églises au milieu des

groupes difficilement pénétrables. Dès lors, vers l’achèvement de la Missio Dei n’est

que le processus par lequel l’église s’efforce de réaliser le plan de Dieu. Elle

évangélise les ethnies, les amène au salut et implante des églises appelées à grandir

numériquement et spirituellement.

1 John V.York, La Mission a l’Ere de l’Esprit (Lomé, Togo : FATAD, Ed. française, 2002), 7.

6

Roy Mussasiwa pour définir la mission de Dieu dira à son tour :

Le concept de la Missio Dei a émané de la missiologie sur la reconnaissance que la mission n’a de sens que parce que notre Dieu, existant éternellement comme Père, Fils et Saint-Esprit, est un Dieu missionnaire. L’église est en mission seulement parce que Dieu est en mission pour établir son royaume. Et Dieu est en mission pour établir son royaume, son gouvernement divin, pour faire son œuvre de salut total pour l’humanité.2

Quant à l’Implantation d’église, Peter C. Wagner, dans Church Planting for Greater

Harvest (L’Implantation d’Église pour une plus Grande Moisson) suggère que, dans

toute région géographique donnée, la communauté chrétienne grandira ou décroîtra

selon le degré d’effort donné à l’implantation de nouvelles églises.3 Cette oeuvre

consiste à commencer de nouvelles églises avec des personnes nouvellement gagnées

à Christ. Ce que Aubrey Malphus dans son livre Planting Growing Churches for the

21st century, parlait d’une nouvelle œuvre.4

Comprenons donc que l’implantation d’églises est le fait de commencer une

œuvre nouvelle. Celle-ci a besoin d’une stratégie. Or la stratégie missionnaire est,

comme le suggère Wilbert Shenk dans son article « Mission Strategy » In Toward

the 21st Century in Christian Mission, « l’obéissance missionnaire qui inclut le

discernement et la recherche de la volonté de Dieu. Une saine tentative devra

délimiter nos plans établis avec soin. »5 Pour cela deux termes sont à distinguer pour

éviter une éventuelle confusion : La mission dira Mussasiwa, est l’activité divine par

le biais de l’église pour l’établissement de son royaume et le salut total de l’humanité.

Alors que les missions se définissent comme les activités où l’on envoie des

2 Roy Musasiwa, « Réflexions Missiologiques » in Servir avec les Pauvres en Afrique par Tetsanao Yamamori et autres (éd.) (California : MARC, 1996), 136. 3 Peter C. Wagner, Church Planting for Greater Harvest (California: Regal, 1999), 12. 4 Aubrey Malphus, Planting Growing Churches for the 21st Century (Grand Rapids, MI : Baker Books House Co 1998), 17. 5 Wilbert Shenk, « Mission Strategy » In Toward the 21st Century in Christian Mission by James M. Phillips and Robert T. Coote (Grand Rapids MI : William B. Eermans Publishing Co., 1993/1995), 218-219.

7

personnes autorisées de l’église vers d’autres villes, pays, groupes ethniques et

langues dans le but de prêcher l’évangile, enseigner les nouveaux convertis et établir

l’église de Jésus-Christ à travers le monde.6 Ces activités sont exercées par l’église.

Et l’Église en termes simples, est le corps universel de Christ comprenant tous ceux

qui se sont confiés en Jésus comme leur Sauveur et l’ont reconnu comme leur

Seigneur. Cette compréhension de l’Église universelle a toujours eu besoin d’une

expression concrète. De là, la Bible parle fréquemment de l’« église » en termes

d’église locale.7 Mais le missionnaire dira Yohannan, est toute personne envoyée par

le Seigneur Jésus pour établir un nouveau témoignage chrétien là où ce genre de

témoignage n’est pas connu. Par ailleurs, définissant un champ missionnaire, il

l’assimile plutôt à tout groupe culturel qui n’a pas un groupe de disciples établis8.

L’un des problèmes du missionnaire est souvent la Vision du monde que James Sire

définit comme un ensemble de présuppositions (présomptions qui peuvent être vraies,

partiellement vraies, ou entièrement fausses) que nous tenons (consciemment ou

inconsciemment) au sujet du fondement de base de notre monde.9

6 Delmer, R. Guynes et Eleanor R. Guynes, The Apostolic Nature of the Church ( Malaysia : Calvary Church Press, 1986), 29. 7Yamamori, Op. Cit., 139. 8 K. P. Yohannan, Revolution in World Missions (Altamonte Springs, Il. : Creation House, 1992), 215, 216. 9 James W. Sire, The Universe Next Door (Downers Grove, Ill. : Intervarsity Press, 1997), 16.

8

Conclusion partielle

L’implantation dont nous parlerons ici n’est pas forcément une œuvre

nouvelle, mais une nouvelle façon de percevoir l’œuvre dans un environnement.

Implanter une mission serait donc être présent dans tous les arrondissements et

Districts, avec des assemblées autonomes. Il y a cette nécessité de couvrir un espace,

géographiquement et numériquement, sans oublier sa croissance qualitative tout en

essayant de résoudre les problèmes théologiques liés au milieu social. Sur ce, nous

passons à la revue de la littérature.

CHAPITRE II

REVUE DE LA LITTÉRATURE

Panorama de la littérature sur le peuple Basa’a au Cameroun

La littérature sur le peuple Basa’a bien que rare est quand même assez

diversifiée. Elle est constituée d’histoire de peuplement et du nationalisme. L’histoire

du peuplement est contenue dans L’Atlas régionale du Sud-Cameroun de Christian

Santoir et Athanase Bopda qui nous montre que ce peuple a eu des difficultés à se

stabiliser. Par rapport au nationalisme, nous avons l’ Introduction à l’Etude du

Nationalisme au Cameroun de A.Owona qui présente une ethnie courageuse dans sa

résistance à la colonisation de l’homme Blanc. Des travaux de recherche des

linguistes en ajoutent à cette importante bibliographie. C’est le cas de Nexus et

Nominaux en Basa’a de Bôt Ba Njock Henri Marcel nous démontre la scientificité de

la langue Basa’a ; rentrant au cœur de l’Afrique même, la littérature orale nous fait

revivre des épopées et des chansons populaires qui mettent en exergue le style

formulaire du texte du barde africain, exemple des Merveilles Africaines : Les Fils de

Hitong, de Pierre Ngijol Ngijol, témoignage de la littérarité de la langue; certaines

œuvres de sociologie nous donnent l’occasion de comprendre les contradictions

religieuses de quelques « prophètes » impopulaires. Lorsqu’on analyse profondément

Thong Likeng Fondateur de la Religion du NyambeBantu de Pierre Titi Nwel, on se

rend à l’évidence que le thonguisme est un exemple d’appropriation libre de la culture

contemporaine ou d’un syncrétisme que l’auteur qualifie de parfait. Nous pouvons

9

10

dire que Thong Likeng aura été l’un des promoteurs de la théologie noire ou de la

théologie de la libération au Cameroun.

Richard Joseph, dans son Mouvement Nationaliste au Cameroun révèle que

les Bamiléké forment un peuple individualiste, mais leurs structures sociales sont très

organisées. Par contre les Basa’a sont individualistes avec une structure sociale

segmentaire et plus lâche.10 Pour sa part Ngambi Dikoume Robert reconnaît que les

Basa’a sont très individualistes puisque le sens d’association et du commun n’est pas

leur affaire car leur force se trouve dans la diversité, dans l’individualisme.

L’administrateur civil principal trouve qu’il faut une dynamique qui encourage les

uns et les autres à aller dans leur individualisme, mais dans l’intérêt général.11

Ces œuvres ciblées sur le peuple Basa’a sont enrichies des ouvrages d’auteurs

assez connus dans les domaines de la missiologie, théologie, linguistique,

communication interculturelle ; et particulièrement certaines notoriétés dans

l’implantation ou développement d’églises. Paradoxalement, à côté de ces riches

œuvres de l’esprit nous ne rencontrons presque rien sur la missiologie en terre Basa’a.

L’auteur veut donc combler ce vide dans cette recherche. Il faut néanmoins

comprendre que la mission d’implantation est celle de l’église.

Mission d’Implantation d’Églises ou Plantatio Ecclesiae

Malgré l’ampleur de l’individualisme, la commission doit continuer. Or

l’implantation d’églises est aussi une question de stratégies. Dayton et Fraser dans

leur Planning Evangelism for World Evangelism suggèrent la stratégie de la solution

unique qui veut que, dans une diversité de situations, chaque situation demande sa

10 Richard Joseph, Le Mouvement Nationaliste au Cameroun (Paris : Karthala 1986), 3. 11 Luc Angoula Nanga, « Eséka » Cameroon Tribune, 8697/4896 du mercredi 04 Octobre 2006, La Tribune des Régions, p 15-17.

11

propre stratégie. Il poursuit en disant que, parce que les hommes sont uniques, les

stratégies doivent être également uniques.12

Cependant, l’expression de David J. Bosch, « La foi chrétienne est

intrinsèquement missionnaire »13 peut être comprise comme la nécessité pour l’église

d’évangéliser, de faire des convertis de Christ et d’implanter de nouvelles églises.

Dès lors, toute église qui ne pratique pas ces activités a renié la foi. En d’autres

termes, reléguer la mission au rang d’une activité périphérique réservée à quelques

« mordus » exaltés serait se condamner à l’autodestruction. La mission devient ainsi

le poumon de l’église. A ce propos, Emile Brunner dit :

L’église existe par la mission comme le feu existe en brûlant…L’église qui a perdu son intérêt pour la mission n’est pas plus qu’un peu de braise au milieu des cendres que sont les institutions. Elle a besoin du souffle de l’Esprit de Dieu qui vienne ramener à la vie ces braises près de s’éteindre.14

Mais quelle est véritablement la responsabilité de l’église dans l’œuvre

missionnaire ? Nous admettons certes que le but ultime de la Missio Dei est

l’instauration du royaume de Dieu. Mais il faut remarquer que le moyen par lequel Il

accomplit son dessein souverain, c’est l’église15. C’est dans cette responsabilité

humaine qu’intervient le phénomène culturel qui dicte le rapport de la réceptivité

d’un peuple à l’évangile. C’est aussi l’expression de la vision du monde d’un peuple.

Si l’on a souvent posé la question de la vision chrétienne du monde comme pour la

distinguer de la vision séculière du monde, Kraft quant à lui ne croit pas qu’il y ait

une vision du monde uniquement chrétienne16.

12 Dayton et Fraser, Planning Evangelism for World Evangelism (Grand-Rapids, MI : Eerman 1990), 145. 13 Bosch, Op. Cit., 20. 14 Ibid., 14. 15 Ibid., 23 16 Kraft, Charles H., Anthropology for Christian witness. (Maryknoll, New York: Orbis Books, 1996), 67.

12

Ainsi, entre la souveraineté de Dieu et la responsabilité chrétienne, nous ne

devons pas exagérer les oppositions entre l’église et le royaume de Dieu ; ou entre la

souveraineté divine et la responsabilité de l’église ; entre la Missio Dei et la Missio

ecclesiae, pour nous justifier de nous cacher la tête dans le sable.18 Ce que nous

voulons dire c’est que l’Église doit faire son travail pendant que Dieu fait également

le sien.

Toutefois,Yonggi Cho dans son livre Au-delà des chiffres dit que la croissance

de l’église est bien plus qu’une série d’idées et de principes qui doivent, une fois

mises en pratique, entraîner automatiquement l’augmentation numérique de votre

assemblée17. Cela demande la compréhension même de la mission évangélique de

l’église. N’en déplaise aux universalistes qui pensent qu’il n’est plus nécessaire de

poursuivre avec les œuvres missionnaires, car selon eux le monde entier sera sauvé

avec ou sans la foi en Jésus-Christ.

Mais les statistiques de Jean-Pierre Besse, auteur des Cellules de Prière pour

une Église en Mission s’avèrent très éloquentes et édifiantes pour dissiper la

confusion des universalistes :

Sait-on qu’environ trois mille six cents églises nouvelles s’ouvrent chaque semaine dans le monde ? Une toute les sept minutes en Inde ? Et que quatre-vingt six mille personnes se tournent chaque jour vers le Seigneur ? Pour achever le mandat missionnaire à l’aube du 21e siècle, il faudrait un taux annuel de croissances des églises de 11%. Or en 1988, l’était de 8% …En effet, par achèvement du mandat missionnaire, nous entendons que chaque peuple (ethnie) connaisse en son sein une minorité.18

Bien que ces chiffres donnent à croire à l’accomplissement immédiat du

mandat divin, dormir sur ses lauriers ne serait qu’un leurre. L’implantation d’églises

reste encore un défi. C’est Paul Yonggi Cho qui disait qu’il avait découvert

17 Ibid., 26. 18 Jean-Pierre Besse, Cellules de Prière pour Une Église en Mission.

13

qu’implanter de nouvelles églises était la méthode d’évangélisation la plus efficace

sous le ciel. Peter C. Wagner, lui emboîte le pas en disant que l’implantation

d’églises développe un nouveau leadership19. Car il est plus facile d’avoir un bébé

que de ressusciter les morts. Certes la mission d’implantation d’église est une urgence

en ce XXIe siècle, mais cette mission fait face aux problèmes spirituels des peuples.

Lesquels deviennent un aspect de leur culture.

Il faudra cependant faire très attention à la relation au spirituel. Comme le fait

remarquer André Mary, en Afrique, la mode est à faire parler les diables dans les

églises.20 Le même auteur évoque les excès de la thématique de la délivrance dans les

Églises prophétiques, évangéliques ou charismatiques, pour s’en moquer. André

Mary a certes raison de relever ce que nous appellerons le ridicule spirituel que l’on

note dans les expressions actuelles du pentecôtisme. Ce que d’autres appellent les

excès pentecôtistes; toutefois il faut reconnaître que pour ce groupe, la délivrance est

ce qui redonne l’espoir de revivre la Pentecôte au milieu de l’idolâtrie dans laquelle

sont plongées les églises dites traditionnelles.

Conclusion partielle

Ainsi, ce bref tour d’horizon littéraire nous permet d’affirmer qu’une bonne

compréhension de la culture individualiste et segmentaire Basa’a ouvrira la porte à la

plantatio ecclesiae dans ce milieu. Ajoutez-y une bonne théologie sur les missions et

de bonnes stratégies d’évangélisation. La Méthode qui nous guide est bientôt dévoilée

dans la suite.

19 Wagner C. Peter, Church Planting for a Greater Harvest (Ventura, California: Regal Books, 1990), 67. 20 André Mary, « Le pentecôtisme brésilien en terre africaine : l’Universel abstrait du royaume de Dieu » in Cahier d’études africaine, h: //etudesafricaines.revues.org /document152.html du 21/12/2006.

CHAPITRE III

MÉTHODOLOGIE

Notre travail exigeait, en plus de la recherche documentaire, une descente sur

le terrain. Ainsi, compte tenu de nos analyses, les approches sont différentes.

L’approche descriptive et transformationnelle domine la recherche : elle associe une

description de la Missio Dei en terre Basa’a et les orientations nouvelles pour une

implantation d’Églises efficace et significative. Nous avons consulté des documents

des bibliothèques théologiques de la Faculté de Théologie des Assemblées de Dieu

(F.A.T.A.D.), à l’extension de Mbalmayo comme à Lomé ; celle de la Société

Internationale de Linguistique (S. I. L) nous a permis de découvrir la situation

géographique et linguistique des Basa’a ; celle de l’Association camerounaise pour la

Traduction de la Bible et l’Alphabétisation (C.A.B.T.A.L) nous a été bénéfique par

ses conseils pratiques des hommes de terrain. Il fallait aussi trouver certains

documents en naviguant sur Internet.

Par rapport à l’enquête menée sur le terrain, nous avons utilisé la méthode de

l’échantillonnage; nous avons élaboré un questionnaire que nous avons distribué à 30

personnes dont les pasteurs travaillant en milieu Basa’a, les laïcs qui pouvaient être

notables, hommes, femmes et jeunes. Nous sommes d’abord descendus sur le terrain

prendre l’attaches des informateurs, puis nous leur avons distribué le questionnaire ;

nous avons ensuite fait une seconde descente pour recueillir le questionnaire.

14

15

Quelques indicateurs qui nous ont aidé dans l’élaboration du questionnaire:

Premièrement, l’attitude par rapport au questionnaire. Les jeunes et les femmes

paraissent la couche sociale la plus réfractaire à ce genre d’étude. Seulement 30% des

personnes qui ont répondu à notre questionnaire étaient des femmes, contre 63,3%

d’hommes ; et seulement 6,7% de jeunes. Deuxièmement, nous aimerions bien

comprendre quels étaient les obstacles à l’implantation d’Églises dans la zone Basa’a.

Or ce qui prédomine est l’insoumission 23, 3%, l’individualisme 21, 1%,

la politique 17,8 % et la divination 16,7 %. Troisièmement, nous nous sommes

intéresses au travail à faire. Ce qui nous a entraîné à considérer le type de mariage

que l’on rencontre dans cette partie du terroir. Un type d’adultère que l’on nomme

« deuxième bureau » prédomine avec 40,7% suivi de l’union libre 28, 9%. Ces

informations nous ont permis de formuler une doctrine sur le mariage.

Quatrièmement, nous nous sommes interrogé sur l’importance du combat spirituel

dans ce milieu spirituellement grippé; 65% de personnes pensent que le combat

spirituel est très important pour pouvoir implanter des Églises fortes. Enfin, quant aux

prières dangereuses, bien que 38% pensent qu’elles ne sont pas bibliques, 35%

pensent toutefois, que ces prières peuvent être utilisées dans des cas extrêmes.

Pour permettre à toute la population de saisir avec précision le message du

salut, un corpus sotériologique en langue Basa’a a été conçu. Sa terminologie, plus

proche du Kaat Nyambe (Bible en langue Basa’a), est empruntée à la Théologie

systématique de Thiessen.21 Ainsi, le message du salut ne sera plus différer.

Cependant, les écarts acceptables sont ceux qui nous permettent d’apprécier le mot

dans sa philologie c’est-à-dire son évolution d’une génération à une autre. En effet,

21 Henry C. Thiessen, Lectures in Systematic Theology (Grand Rapids MI : W.B. Eerman Publishing Co. 1979).

16

ces écarts peuvent avoir une incidence sur l’interprétation et la réceptivité du message

du missionnaire. Signalons, enfin que de riches conseils de notre Directeur de

mémoire nous ont souvent ramené sur la bonne voie ; des conversations informelles

et discrètes avec des individus nous ont donné l’occasion de contourner certains

tabous et subversions de la société.

Conclusion partielle

Toutes les méthodes que nous avons utilisées ici peuvent ne pas être

conventionnelles, mais elles nous permettent de juger de l’originalité de ce travail et

des difficultés qui sont celles de la recherche dans un milieu vierge. Nous avons donc

aussi été ouvert à la méthode situationniste, descriptive et transformationnelle. C’est

l’occasion d’entrer dans le vif du sujet avec la partie intitulée les résultats.

CHAPITRE IV

LES RESULTATS

Le premier chapitre nous a présenté la problématique de l’individualisme et de

la société segmentaire pouvant influencer l’implantation d’églises en milieu Basa’a,

en l’occurrence le Nyong et Kéllé. Le deuxième chapitre est une sorte de tour

d’horizon sur la littérature, à la fois en milieu Basa’a, sur l’implantation d’églises et

quelques aspects linguistiques non négligeables de la Missio Dei. Le chapitre

précédent nous a informé sur la façon dont nous avons procédés pour arriver aux

résultats que nous sommes à présenter, avec une dominante : la méthode descriptive,

transformationnelle et des questions adaptées à la circonstance. Le chapitre quatre est

déterminant et supporte tout le poids du travail de part son volume et son contenu. Il

répond aussi à la question de savoir quelles stratégies adopter pour enfin implanter la

M.P.E. dans en milieu Basa’a au Cameroun ? Rappelons ici que les hypothèses de ce

travail étaient les suivantes : pour implanter la M.P.E. en milieu Basa’a, il faut

Comprendre le fonctionnement de l’individualisme et la société segmentaire pouvant

influencer sa réceptivité à l’Evangile, la Théologie biblique des missions source de

motivation de la M.P.E. à adopter le peuple Basa’a comme champ missionnaire

privilégié, le défi d’implanter, la stratégie culturelle d’implantation d’églises et

qu’achever la tâche doit être la vision de toute la M.P.E.

17

18

La Missio Dei dans la Diachronie Biblique

L’implantation d’églises n’est pas une idée nouvelle. Le plan de Dieu pour

l’histoire du salut de l’humanité est la Missio Dei, « la mission de Dieu ». La

méthode diachronique de la Théologie présentée par York22 montre effectivement ce

plan divin. En effet, la Bible peut être étudiée d’un point de vue diachronique, à

travers le temps. La Bible démontre que Christ est au centre de la Missio Dei : «Et,

commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les

Ecritures ce qui le concernait ». (Lc 24 : 27) Le plan de Dieu est éternel pour toutes

les nations, même si elles l’ignorent (Ps 33 : 10-11 ; Es 46 : 9-11 ; Jr 23 : 21-22, 28-

29 ; 2P 1 : 20-21 ; 3 : 2).

La Missio Dei dans le pentateuque

Le pentateuque est la naissance même de la mission. La première période

d’histoire est celle des cinq premiers livres : le pentateuque. Dès la Genèse il est dit:

«Il le créa à l’image de Dieu, homme et femme il les créa ». (Gn 1 : 27) Il est vrai que

les hommes ont péché, mais l’humanité a été créée à l’image de Dieu. Ce qui nous

révèle que Dieu utilise les hommes pour accomplir ses plans rédempteurs. De plus,

les hommes sont désormais capables de connaître et d’accomplir la volonté de Dieu.

Toute l’humanité est faite de races, de clans, de langues et de dialectes ; femelles et

mâles font partie de ce plan rédempteur.

Or la chute de l’humanité démontre la nécessité de la mission de Dieu.

Pourtant, elle n’a pas effacé l’image de Dieu en l’homme. Dieu voudrait racheter

l’humanité par un homme (Gn 3 : 15). Et les envoyés de Dieu seront des hommes

22 York, Op. Cit., 11-16.

19

faits à l’image de Dieu. Cette première promesse révèle que la descendance de la

femme écraserait la tête de Satan. Dieu montre ainsi son plan de vaincre Satan à

travers l’histoire de l’humanité.

Après l’établissement des nations Dieu appelle Abraham pour bénir les

nations (Gn12 : 3). Cette promesse est réitérée à Isaac (Gn 26 : 4) et à Jacob (Gn 28 :

14). Elle deviendra le but central de la Bible : Dieu bénira toutes les nations par

Jésus-Christ, la descendance promise.

Au Sinaï, Israël sera fait royaume de sacrificateurs (Ex 19 : 5-6) pour bénir

toutes les nations. D’où cette formule triangulaire « Je serai votre Dieu, vous serez

mon peuple, et je demeurerai parmi vous ». (Gn 17 :7-8 ; 28 : 21 ; Ex 4 :22 ; 6 :7 ;

19 :5-6 ; 29 :45-46 ; Lv 26 :11-13).

Donc, Israël devait représenter Dieu envers les nations, c’est-à-dire intercéder

pour elles et les amener à connaître sa promesse. Cette promesse en Gn 12 :3 est le

fondement de tout ce qui se passe dans l’AT.

La Missio Dei et le royaume

Le plan rédempteur de Dieu prend la forme du royaume dirigée par la tribu de

Juda (Gn 49 :10 ; Dt 17 :18-20). Ainsi, le livre de Josué dévoile le miracle de la terre

promise. Car la présence de Dieu accompagne tous ceux qui avancent selon sa

volonté (Js 1 :5, 9 ; 3 :7 ; 10 :14). C’est le même principe que Jésus utilise en

envoyant ses disciples dans toutes les nations (Mt 28 :20). De deux, toutes les

victoires du royaume de Dieu sont acquises avec, en vue la bénédiction des nations

(Js 3 :11, 13, 4 :24). En fin, Dieu permet que l’homme accomplisse son plan, car ce

dernier est fait, à son l’image (Js 13 :6 ; 18 :3-5).

20

C’est là que nous découvrons que le livre des Juges expose la sévérité du

jugement de Dieu sur ceux qui ne tiennent pas la promesse. Ici, le Saint-Esprit garde

également en sécurité le royaume central pendant les périodes les plus difficiles

(Jg 6 :34). Ruth prépare la place à David ; le thème du rédempteur introduit Jésus, le

Fils de David, le Fils d’Abraham (Rt 4 :16- 17 ; Gn 49 :10 ; Dt 17 :14-20). David

reçoit la promesse d’un royaume éternel, propre à la descendance de David qui

régnera avec un sceptre qui ne lui sera pas enlevé. Cependant, toutes les nations

feront partie du royaume éternel de Dieu.

La Missio Dei et la vie dans le royaume Dans les Psaumes et les Proverbes, la mission de Dieu se révèle comme le

royaume de Dieu marquée par la crainte du Seigneur. Les Psaumes royaux célèbrent

le règne du Roi oint par le Seigneur (Ps 2 ; 18 ; 20 ; 21 ; 45 ; 72 ; 82 ; 101 ; 110 ;

132 ; 144). Les nations se révèlent comme «le peuple du Dieu d’Abraham » (Ps

47 :9, 117). Le salut des nations sera comme un jour béni, créé par le Seigneur

(Ps 118 :22-26). Ce jour débutera par la Pierre rejetée qui deviendra la Pierre

principale. Il terminera par « béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Entre le

rejet et le couronnement nous avons le temps du salut. Les Psaumes annoncent le

Christ du NT : son rejet à la croix, le succès du salut pendant l’âge de l’église, et son

couronnement à la fin des temps. La vie dans le royaume révèle que la crainte de

l’Eternel apporte une vie de bénédiction, de sagesse, de justice et d’amour.

La Missio Dei, le jugement et la promesse

Le peuple d’Israël se rebelle contre Dieu et Il entre en procès contre eux par

les prophètes. Les rois oints ainsi que le peuple sont coupables de violation de la

21

promesse et tous seront jugés y compris les nations car elles aussi sont des créatures

de Dieu. Malgré la certitude du jugement universelle, les prophètes osent prédire la

venue du futur Messie oint comme Serviteur de Jehova. Il payera le prix pour les

péchés d’Israël et du monde entier. Mais les jours joyeux viendront après le jugement

national, la repentance nationale et la venue du Serviteur qui « révélera le droit aux

nations (Es 42 : 1-4). Le royaume sera pour toutes les nations car la lumière de la

Bonne Nouvelle ira jusqu’aux extrémités de la terre vers les Gentils (Es 49 : 6). C’est

pourquoi Esaïe disait que la maison de Dieu sera une maison de prière pour toutes les

nations (Es 56 : 7). Joël ajoute qu’il y aura effusion du Saint-Esprit sur toute chair

(Jl 2 : 28).

La Missio Dei et la mission en action

La puissance du Saint-Esprit a fait que les croyants réunis le jour de la

Pentecôte louent Dieu ensemble dans les langues païennes (Ac 2 : 3-4, 11 ; 10 : 46 ;

19 : 6). A cause du succès de la mission aux Gentils, ces derniers sont pleinement

acceptés dans l’Église comme enfant de la promesse sans aucune nécessité d’adhérer

au légalisme des juifs. Parce que Jésus est Roi, l’Église grandit rapidement jusqu’à

Rome, le cœur des païens.

La Missio Dei, les églises missionnaires et le royaume de Dieu

Paul écrit ses Epîtres pour répondre aux problèmes de l’Église naissante. Il dit

clairement que Dieu n’est pas seulement le Dieu des juifs, mais aussi le « Dieu des

païens » (Rm 3 : 29). L’Apôtre veut lui présenter ces païens comme une « offrande

agréable, sanctifiée par le Saint-Esprit » (Rm15 : 16). Christ est la descendance

promise dans Galates car la Bonne Nouvelle est que Jésus-Christ est la descendance

qui bénira toutes les nations (Ga 3 : 8, 16). Dans d’autres Epîtres, comme Ephésiens,

22

la doctrine de l’Église est formulée selon le but de la mission : il n’y a plus de

distinction entre Juif et Gentil car tous sont au même pied d’égalité. Pierre montre

que la seconde venue du Christ est basée sur la patience de Dieu car il veut donner

l’occasion de se repentir à tous et à chacun. Pierre encourage l’Église à «attendre et à

hâter l’avènement du Seigneur » (2 P 3 : 12).

La Missio Dei et la victoire

Apocalypse exalte la victoire de Jésus-Christ avec l’assemblée d’un peuple

nombreux de « toute tribu, toute langue, toute nation » (Ap 5 : 9). Il est victorieux en

tant que Agneau immolé et Lion de la tribu de Juda. Mais la dernière invitation

concerne la grande victoire : « L’Église et l’épouse disent : Viens ! Que celui qui

entend dise : Viens ! Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut, prenne de l’eau

de vie gratuitement ! (Ap 22 : 17).

Dieu montre son but d’avoir un peuple de la promesse composé des hommes

de toute tribu, toute langue et toute nation, parmi lesquels le peuple Basa’a car si nous

devons implanter la M.P.E en milieu Basa’a au Cameroun, l’idée du Dieu de toutes

tribus doit être notre motivation. Nous sommes privilégiés d’être envoyés pour

accomplir ce merveilleux plan, non en tant que victime, mais en tant que participants

de sa victoire immédiate et eschatologique. Ceci nous conduit maintenant aux aspects

culturels pouvant influencer la réceptivité Basa’a à l’Evangile.

23

Aspects Culturels Pouvant Influencer la Réceptivité Basa’a à l’Evangile

Esquisse de l’histoire du peuplement Basa’a au Cameroun

Les Basa’a habitaient à l’origine le littoral et auraient été déplacés par les

Duala au cours du XVIIe s. ou XVIIIe s. Aujourd’hui le Sud-Ouest Cameroun, dans la

vallée de la Sanaga est peuplé par les Basa’a et les Bakoko. Il est important de noter

qu’ils ont peuplé la forêt dans l’arrière pays de Duala, et qu’ils ont été le groupe

camerounais le plus durement exploité par les Duala qui contrôlaient le commerce

avec les Européens. Pendant les 60 années qui se sont écoulés entre l’établissement

de la domination allemande en 1884 et la fin de la 2e Guerre Mondiale, les Basa’a ont

subi de dures épreuves. Ils se sont tout d’abord opposés à la pénétration allemande

qui se faisait par le fleuve Sanaga navigable sur 70 km depuis la côte. Et toute la

période d’administration allemande environ jusqu’à 1905, différentes expéditions

militaires ont été envoyées pour réprimer l’agitation des Basa’a. Puis la construction

du chemin de fer (Mittel Cameroun), par lequel les Allemands espéraient rallier

Douala à Yaoundé, s’est soldé par la réquisition de vivres et de mains d’œuvres chez

les Basa’a. Mais la colonisation n’est qu’un jeu pour prouver que les hommes ne sont

pas égaux. Le vieux Mpay yacinthe donnant l’origine d’Eséka précise que deux amis

qui communiquaient par les tam-tam ont eu la même nuit chacun un garçon et ils ont

décidé de s’appeler des égaux «sɛga » d’où l’appellation Eséka. Certes, Eséka est le

nom d’une ville, mais dans son sens connoté, veut monter un procès contre les

inégalités sociales et le déséquilibre dans les relations internationales car tous les

hommes sont en droits et en devoirs.

Le Basa’a est parlé dans la zone forestière du Cameroun, plus particulièrement

dans le nord de la région qui s’étend approximativement du 3o 30 au 4o 30 latitude

24

Nord et du 10o au 11o30 longitude Est. Administrativement, son aire d’extension

couvre les provinces et Départements suivants :

• Littoral : Département du Wouri, Nkam et Sanaga Maritime

• Centre : Département du Nyong et Kéllé

• Sud : Département de l’Océan

Ils seraient originaires de la rive droite de la Sanaga, à l’Ouest du confluent du

Mbam, plus exactement les environs de la colline de Ngog lituba (Le rocher de la

grotte). Sous la poussée de leur expansion naturelle ou d’autres populations arrivant

de l’Adamaoua, ils franchirent la Sanaga, vers l’actuel pont de Kikot. Après s’être

dispersé vers Bôt-Makak, ils se répandirent dans toute la région entre la Sanaga et le

Nyong dans les actuels pays des Ewondo et Eton. Ils occupèrent ainsi le site de

Yaoundé. Selon la tradition, ils habitèrent encore au début du XIXe s., les environs de

Mbalmayo, Ngoulmekong, et de Mintaba, vers l’embouchure de la rivière So’o et son

confluent avec la Fala.23

Histoire de l’Église en Terre Basa’a

Bien que notre travail insiste beaucoup plus sur le Nyong et Kéllé, nous

voulons donner tout de même un bref aperçu sur la Sanaga Maritime. Ce

Département fait partie de la Province du littorale et par rapport à la répartition

administrative de l’Église, il occupe 46% des Églises de la région du littorale. Mais

sur 16 Assemblées qui existent, on a que 8 pasteurs. Soit une moyenne d’un pasteur

pour deux Assemblées. La croissance de l’Église est assez retardée à cause des

raisons culturelles : individualisme et insoumission à l’autorité. Il est même à noter

que pour la plupart des Assemblées existantes, les Basa’a sont toujours minoritaires

23 Santoir et Athanase Bopda, L’Atlas régionale du Sud-Cameroun de Christian (S.L : ORSTOM 1995), 53.

25

dans l’Église.24 L’Église principale a par exemple un effectif de 80 membres avec une

seule famille Basa’a ; celle qui n’a qu’un an d’âge compte 30 membres. Elle aussi n’a

qu’une seule famille Basa’a. Il est donc clair que les Basa’a embrassent difficilement

la foi sur leur terre. Et pourtant, il y en a beaucoup qui se donnent au Seigneur en

ville.

La M.P.E commence à se frayer un chemin dans le Département du Nyong et

Kéllé vers les années 1980 avec l’Evangéliste Mahop Samuel Claude. Une petite

communauté se crée autour d’une soixantaine de membres. Les dirigeants viennent de

Douala pour s’occuper de cette Assemblée naissante. Ces serviteurs itinérants vont se

relayer pour rendre ministère dans cette localité. Mais très tôt les effectifs

commencent à décroître. Quand l’Ancien Bayama prend l’Église en 1989, c’est un

grand soulagement pour le Pasteur Evangéliste Mahop qui retire complètement son

équipe. Le dernier venu va rassembler beaucoup de jeunes des lycées et collèges, et

l’Église va connaître une sorte de croissance numérique avec des effectifs de 150 à

200 membres à Eséka. Cependant, cette Église ne manque pas d’avoir une mauvaise

moralité. Les ambitions effrénées du leader vont le conduire à une scission, emportant

ainsi une bonne population de la M.P.E..

Quand Monsieur Bayama s’en va en 1996, l’Église se trouve paralysée dans

tout le Département. Nous commençons alors avec une série de changements des

serviteurs. La Pasteur Zanga est alors affecté comme premier berger sorti de l’Institut

Biblique (E.B.P.E .B). Ce dernier va démissionner après une année difficile passée

sur le terrain. Un ancien va assurer la transition. Mais comme un collègue a

l’habitude de le dire, « le pasteur fait l’Église » on a eu recours au Pasteur Yoko

24 Interview réalisée le 15 Mars 2007 à 16 heures10mn avec la collaboration du Rév. Yacouba, District de la Sanaga Maritime.

26

Damien, qui lui aussi a été remercié pour faute lourde dans le domaine de la

délivrance.

Le même Ancien va encore prendre l’Église à la suite du Dr Youmba, mais le

Pasteur Bep Gabriel sera affecté pour un an. Il partira lui aussi accusé à tort, pour

immoralité. Puis, le Pasteur Ntamack Noé Pascal qui a inauguré le District d’Eséka

cèdera la place au Pasteur Bikok Bi Momha André Michel qui partira aussi après

avoir passé un an. Notre prédécesseur a été le Rev Dieudonné Zibi qui a aussi passé

un an sur le terrain comme Superviseur de District.

Nous venons de parler des mésaventures de l’Église principale d’Eséka, mais

comme nous le verrons dans le tableau indiquant les Églises du Nyong et Kéllé, il y a

d’autres Églises qui ne sont que des points de prédication qui composent le présent

Sous-District Autonome d’Eséka.

Quelques Statistiques de L’Effort d’Evangélisation en Milieu Basa’a

du Nyong et Kéllé

L’évangélisation en milieu Basa’a est très difficile. La M.P.E. a commencé à

évangéliser depuis 1980, et après 28 (vingt sept) ans, nous continuons à avoir ces

maigres résultats suivants :

Tableau I : Couverture du Nyong et Kéllé par la M.P.E.

Eséka

256.270 hb

Makak

39.850 hb

Bôt-Makak

15.854 hb

Matomb

10.676hb

Ngog-Mapubi

6.257 hb

Dibang

78.730 hb

Minsôndô

10.517 hb

Nbre de

fidèles

40

10

08

14

00

00

00

Nbre de

Pasteurs

01

01

00

00

00

00

00

27

Interprétation du Tableau :

1. La M.P.E. n’est pas encore présente dans toutes les circonscriptions

administratives du Département. Elle est absente à Ngôg Mapubi, Dibang et

Misôndô, contre une population de prêt de 95.504 hab.

2. Là où la M.P.E. est présente, comme à Eséka, Makak, Bôt-Makak et Matomb,

elle occupe environ 72 hab. pour une population de 419. 650 hab., soit un

pourcentage de 0,017% de la population. Donc environ 99,88% de la

population n’est pas atteinte dans les quatre Arrondissements.

3. Or sur tout le Département, nous avons une population totale de 515. 154

hab., ce qui fait un effort total d’évangélisation de 0,013% de chrétiens de la

M.P.E. dans tout le Nyong et Kéllé. Il faut comprendre que nous ne comptons

pas les autres dénominations : évangélique, pentecôtiste et charismatique. Il y

a un effort de 99,98% à consentir pour gagner tout le Nyong et Kéllé à Christ

et achever la tâche.

Quand on observe ces statistiques, on n’a pas besoin de révélation particulière

pour comprendre qu’il y a un problème à la base du travail dans ce milieu. Le

problème que nous avons décelé plus haut et qui va faire l’objet d’une profonde étude

dans la suite est celui de l’individualisme dont la société segmentaire n’est que la

manifestation.

Vision Individualiste et Segmentaire du Monde

Nous voulons démontrer que l’individualisme et la société segmentaire

rendent la réceptivité de l’évangile difficile, par conséquent l’implantation d’église

dans un tel environnement n’est qu’hypothétique. Toutefois, la compréhension de la

nature de la société Basa’a est un atout qui permet au pionnier de penser des

stratégies capables de remédier à la situation.

28

Vision individualiste du monde

Paul Robert définit l’individualisme comme une attitude de l’esprit, état de

fait favorisant l’initiative et la réflexion individuelle, le goût de l’indépendance.25 Si

nous retenons que le mot-clé de cette définition est le goût de l’indépendance, il nous

est tout à fait loisible de croire que la mentalité des Basa’a est très favorable aux

initiatives isolées. Ils ne sont pas ouverts aux conseils ni à l’enseignement. C’est cette

attitude qui leur donne d’être reconnu comme un peuple trop fier de lui-même.

Puisque nous travaillons au milieu de ce peuple, nous avons pu noter ce

vocabulaire qui corrobore cette mentalité. En effet, nous entendons souvent le mot

ŋgwelés (fier). Ce qui présage une attitude hautaine qui lui fait croire qu’il est au-

dessus des autres ; de même ce terme frise une certaine distance et une suffisance.

Mais est-il vraiment satisfait ? Nous pensons qu’il ne l’est pas, puisque c’est un

peuple qui réclame toujours ses droits. Cette fierté ou complexe d’individualisme

n’est qu’un rempart contre le rejet. Heureusement, le Rév Bikoï alors Maire d’Eséka,

promet de sortir les populations d’Eséka du complexe de rejet.26 Un autre vocable est

Tolɛ α tαɓé nlimíl njɔk, (littéralement la souris n’est pas esclave de l’éléphant pour

dire finalement que le plus petit a des droits). Le droit au sein de ce peuple est

l’expression de l’individualisme. Il est brandit pour sauver la propriété foncière,

intellectuelle, et l’individu. Il y a même une expression qui passe couramment comme

une moquerie et qui dit qu’un Basa’a a toujours un timbre fiscal dans sa poche, pour

dire qu’il est toujours prêt à défendre ses droits au tribunal. Vous remarquerez qu’il

aime trop se plaindre. Cette attitude de plainte a une incidence sur la croissance de

l’église.

25 Paul Robert, Le Petit Robert 1 : Dictionnaire Alphabétique et Analogique de la Langue Française (Paris-XIe : Le Robert 1986), 991. 26 Cameroon Tribun, Op. Cit., 17.

29

Plusieurs pasteurs ont été victimes des accusations non fondées des membres

de l’église. Comme le dossier était bien ficelé, les superviseurs n’ont pas pu discerner

les caprices de la déposition. Or trois pasteurs qui doivent partir sur les mêmes

accusations, on reste avec une église déstabilisée. Les superviseurs doivent alors

faire très attention de prendre des décisions unilatérales sans entendre les accusés.

L’individualisme du peuple Basa’a influence tous les niveaux de la société et

de la vie de l’homme. Son fonctionnement est évident sur le plan intellectuel et

foncier. Le Basa’a est également lié à sa société segmentaire. En réalité ce peuple est

indépendant vis-à-vis de toute autorité.

Vision Segmentaire du Monde

C’est le groupe le plus résistant à la domination coloniale et dont l’esprit

d’indépendance s’est manifesté dans leur opposition à toutes les formes d’autorité,

que ce soit celle de l’administration ou celle de leurs propres chefs. Ce qui a abouti à

l’extrême dispersion de la population en groupe de cases isolées.27 La crainte est que

l’église ne devienne un club qui tourne autour de lui-même et ferme la porte aux

nouveaux en formant une communauté endogamique.

La société Basa’a est fondée sur les trois éléments suivants :

• la famille

• le village

• le clan (avec un ou plusieurs chefs)

Il est vrai que la famille vient en premier dans la hiérarchie des priorités, mais il faut

noter que, contrairement à la société Bamiléké, le lien familial est assez lâche.

27 Richard Joseph, Le Mouvement Nationaliste au Cameroun (Paris : Karthala 1986), 33.

30

L’indépendance entre les membres de la famille est assez accentuée. Le choix d’un

partenaire de vie ou d’un métier ne peut être ni collectif ni dicté par des aînés, mais

chacun choisit selon ses goûts. Après la famille, on pense ensuite au village. Il existe

un lien fort entre l’individu et le village qui trouve son expression dans le sens de sɔŋ

tαtα littéralement, (la tombe de mon père) ; il peut avoir la compréhension de mon

héritage qui vient de mon père. Concrètement des gens vont toujours penser à mettre

une villa en pleine forêt parce qu’il faut faire quelque chose chez soi. Car c’est là que

l’on trouve la sécurité. C’est pour cela qu’il y a beaucoup de dispensaires et des

écoles abandonnés en pleine forêt parce qu’il n’y a pas d’usagers.

Malheureusement, ces mêmes attitudes n’ont pas épargné l’église. Des

disputes autour de l’emplacement d’une chapelle ont souvent débouché sur un refus

total d’investir ou alors les gens désertent purement et simplement ces chapelles

quand même elles ont été construites. Il nous souvient que le tabernacle donné par les

missionnaires américains à l’église d’Eséka n’a pas été construit à cause de ces

considérations.

Par ailleurs, le clan est plus grand que la famille et le village. Dans le Nyong

et Kéllé nous avons les clans nɗôg Njɛɛ, Bajôp, Nɗôg sénd, Nɗôg sûl, Nɗôg béa, Nɗôg

tindī, Nɗôg cjɔk, etc. Ces clans, peuvent avoir plusieurs chefs qui les administrent,

mais la caractéristique du Basa’a est qu’il ne veut pas se soumettre à l’autorité, quand

bien même la Bible demanderait la soumission aux autorités supérieures (Rm 13 :1).

Pour preuve, dans l’Église, très souvent l’autorité du pasteur est bafouée.

Mais il faut comprendre que l’individu ne s’appuie sur le clan que lorsqu’il se

sent menacé par d’autres clans. Il veut ainsi l’utiliser pour des fins personnels. Ceci

est courant pendant les élections. Le candidat utilise l’argument clanique pour

31

l’emporter sur les autres concurrents.

Nous venons donc de voir que la structure sociale des Basa’a est bâties sur un

esprit d’individualisme. A tous les niveaux de la société, c’est l’individu qui est à la

une. Même le développement autocentré est le type qui sied à cette tribu. Sa première

victime est l’église qui, est paradoxalement fondée sur la Koinonia ou l’unité de cœur

qui qualifiait les disciples de l’Église primitive. Certaines personnes ont objecté que

cette pratique n’était pas propre au christianisme primitif. C’est ce que l’on retrouvait

dans les communautés pythagoriciennes et qumrâniennes. Même pour les grecs, cela

rappelait soit l’âge d’or de la littérature grecque soit le retour au communisme ou le

principe d’amitié isotes et philotes. Donc son échec peut en justifier l’origine.28 Mais

nous pensons que la vie communautaire voudrait transmettre comme leçon l’amour

du prochain qui ne peut être victime de l’usure du temps, mais reste un principe de

l’éthique du NT.

L’individualisme est un fléau anti-progressiste qui n’est pas favorable à une

véritable implantation d’églises, si nous voulons suivre certains schémas

traditionnels. Toutefois, il n’est pas le seul mal qui ait une incidence sur l’église ;

l’esprit de rejet qui conduit au pessimisme et au scepticisme en est aussi l’un des

problèmes à ne pas négliger. Rappelons que ce rejet est aussi manifesté par la

conscience de la malédiction. Nous avons ici le résumé de notre étude sur le terrain :

28 Elie Koumbem, Notes de classe. FATAD, 2005.

32

Tableau II : Obstacles à l’implantation d’églises

Indicateurs sujets pourcentages Observations

Hommes 63, 3 %

Femmes 30 %

Informateurs Jeunes 6,7 %

Le pourcentage d’hommes est plus élevé parce

que les femmes et les jeunes sont la couche

sociale la plus réticente à ce questionnaire.

Individualisme 21,1 %

Insoumission 23,3 %

Serviteurs 12,2 %

Maisons 2,2 %

langue 6,7 %

divination 16,7 %

Obstacles

politique 17,8 %

Il est tout à fait clair que l’insoumission et

l’individualismes sont des principaux obstacles à

l’implantation d’églises fortes en milieu Basa’a.

A ceci il faudrait ajouter l’amour pour la

politique et la divination. Nous sommes

cependant surpris qu’ils ne trouvent aucun

problème avec les églises de maison.

polygamie 20,4 %

deuxième bureau 40,4 %

Type de

mariage union libre 38,9 %

Nos informateurs pensent que les deuxièmes

bureaux et l’union libre sont des types de

mariages largement répandus chez les Basa’a.

Très important 67,8 %

Important 28,6 %

Combat

Spirituel

Négligeable 3,6%

Il est de l’opinion de beaucoup que le combat

spirituel est très important dans l’implantation

d’églises en milieu Basa’a. Cette opinion naît de

l’expérience que les gens ont sur le terrain.

Non biblique 38,2 %

Ont leur place 26,5 %

Prières

dangereuses

peuvent être utilisées,

cas extrêmes

35,3 %

Beaucoup pensent que bien que les prières

dangereuses ne seraient pas bibliques, elles sont

utiles pour des cas extrêmes dans le combat

spirituel.

Le Rejet et la Conscience de la Malédiction

Le rejet

L’individualisme engendre certaines manifestations comme le rejet.

L’individu se sent généralement rejeté. Psychologiquement, il soupçonne tout le

monde sur son passage de ne pas l’aimer et arme par conséquent ses mécanismes de

défense.

33

Cette définition de Charles R. Salomon révèle la dimension individuelle de ce

sentiment :

Par rejet, j’entends « l’absence d’un amour significatif ». Et être rejeté ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’amour, mais que pour une raison ou une autre, cela n’accomplit pas ou n’édifie pas l’amour. Le résultat du rejet est souvent le déséquilibre dans la capacité à donner ou recevoir l’amour.29

L’homme Basa’a a tendance à soupçonner tout le monde de le rejeter. Mais Il

s’imagine que son acceptation se fonde sur ses performances. Il a l’impression d’être

exploité sans que l’on ne se soucie de son bien-être, mais qu’on veut le garder dans

la soumission la plus stricte, on doit le maintenir dans le besoin. Ce qui crée une

certaine phobie de perdre sa personnalité. A ce moment, le grand danger du rejet de la

personnalité est que, non seulement l’individu se rejette lui-même, mais il va aussi

transposer ce rejet sur les autres. De plus, il ne reconnaîtra jamais sa propre

responsabilité dans l’état de sa relation, que ce soit avec Dieu ou avec son prochain.

L’Evangile souffre trop de ce sentiment dans ce milieu culturel. La tendance

est à accuser Dieu d’injuste. La population se place toujours à la position d’éternelles

victimes. Ce phénomène social est devenu très préoccupant, même pour le pasteur et

homme politique, le Révérend Bikoï, qui veut «sortir les populations d’Eséka du

complexe de rejet. »30 Cet homme à la face double ne nous révèle nullement comment

il va s’y prendre. Mais si jamais il réussit à le faire parce qu’il est devenu un homme

politique, nous aurons un blocage de moins à l’Evangile.

Quand ce peuple combat contre le colonisateur dans les années 1958-1960 ou

lorsqu’il tend l’embuscade aux marchands bétis venus vendre leurs marchandises à

Eséka, en sciant les pieds des lits en bambous, il s’agit encore de la manifestation de

29 Charles R. Salomon, Handbook to Happiness (Wheaton, Ill. Tyndale House Publishers, 1971), 18. 30 Cameroon Tribune, Op. Cit., 17.

34

ce rejet. Jusqu’aujourd’hui, dans l’Arrondissement de Makak, il est très difficile à un

allogène d’obtenir un lopin de terre. Il faudrait donc comprendre que ce rejet est

collectif et difficile à maîtriser. Toutefois, le remède le plus efficace contre le rejet

reste l’acceptation de Christ. Il en va de même de la conscience de la malédiction.

La conscience de la malédiction

Si tous les jeunes gens veulent se rendre en ville, c’est parce qu’ils se disent

que le village est maudit. Les signes en sont entre autres, un célibat prolongé,

l’absence d’emploi et la pauvreté, puisqu’il n’y a aucune société qui ouvre ses portes

aux nouveaux emplois.

Les gens croient que leurs efforts résulteront en rien. Par conséquent,

personne n’ose prendre des initiatives. Certes, les pratiques de sorcellerie, de magie,

et toute autre méchanceté sont déjà le canal des malédictions, mais ce n’est qu’un

stéréotype développé au fil des temps par des gens découragés et paresseux. Il y a de

cela dix ans, personne ne travaillait sur les collines qui entourent la ville d’Eséka,

parce qu’on se disait que les Allemands avaient laissé des bombes en terre. C’était la

croyance de toute la population, jusqu’à ce que quelqu’un essaie de défier cette

superstition. Aujourd’hui des champs verdissent sur ces collines.

Des stéréotypes de ce genre hantent aussi l’Église car de l’avis de plusieurs

Eséka est un milieu difficile, voire impossible à pénétrer. La Bonne Nouvelle se

trouve ainsi, obstruée par cet état psychologique défectueux. Dans les Ecritures nous

voyons que Dieu avait maudit certaines villes comme Jéricho. Mais la Bonne

Nouvelle est que Jésus est la bénédiction de Dieu pour toutes les nations. Celui qui

l’accepte obtient miséricorde et reçoit la bénédiction. Parfois, les gens sont plus

conscients de la malédiction que de la bénédiction. Or celui qui est en Christ est une

35

nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées voici toutes choses sont

devenues nouvelles. (2 Co 5 :17).

Comme l’idée de malédiction influence tellement l’Église dans le Nyong et

Kéllé, le pasteur d’une communauté doit se comporter comme un marabout pour

détecter toujours les problèmes spirituels des chrétiens afin d’organiser des séances

de délivrance des malédictions ancestrales, personnelles, sexuelles, sociales, etc. Si ce

dernier ne le fait pas, son assemblée se vide au profit d’un groupe voisin qui ne le fait

que trop bien.

Le rejet et la conscience de la malédiction sont certainement deux autres

lectures des aspects culturels pouvant influencer la réceptivité des Basa’a à

l’Evangile. On remarquera que pour la grande majorité, il ne s’agit que des

stéréotypes qui paralysent toute cette société. Le chrétien véritablement converti

devrait se soustraire à ce phénomène car il est une nouvelle créature.

Comprendre le Défi d’Implanter de Nouvelles Églises

Certes, certains aspects culturels existant sous-forme de stéréotypes

influencent la réceptivité d’un peuple à l’Evangile. Et que, implanter une

communauté forte dans un tel environnement reste le défi à relever. Nous n’y

arriverons que si nous voudrons établir des communautés non dépendantes, un

leadership de couleur locale et faire face aux problèmes théologiques qui se posent au

sein d’un peuple individualiste comme le nôtre.

36

Etablir des Communautés non Dépendantes

Des communautés non dépendantes sont celles qui sont parfaitement

autonomes. Melvin Hodges les appelle « églises indigènes. »31 C’est-à-dire des

Églises qui se gouvernent, se propagent, se financent et développent une théologie

contextuelle.

Autonomie dans la Gouvernance

La gouvernance est un domaine très important dans l’église, elle en constitue

le cerveau ; de même qu’elle est le lieu des grandes décisions, de la planification et de

l’exercice du leadership. Nous verrons tour à tour, la discipline des membres, la

planification, le choix des dirigeants.

La discipline a toujours été un sujet délicat dans l’exercice de gouvernance.

L’application de la discipline est une expérience difficile, surtout en milieu rural. Que

faire lorsqu’un fidèle vit dans une union libre ou s’il veut prendre une seconde

femme ? Que faire de celui qui croit aux esprits et veut s’en protéger dans une

situation de syncrétisme ?

Beaucoup de cas ont plutôt créé des divisions. Toutefois, la discipline permet

de régler la conduite commune aux membres d’une communauté ou d’un corps ; elle

est destinée à y faire régner l’ordre. Son application est absolument nécessaire pour la

santé du corps de Christ. Son absence exclut la notion de l’église qui se définit

comme l’ensemble de ceux qui sont sortis hors du monde. A cause de sa négligence

l’église a perdu la joie du salut. C’est pourquoi Buhler, cité par Noumba définissant

les vertus de la discipline dit : «La discipline est la réaction normale d’un organisme

saint contre un corps étranger. Pour être efficace, elle doit être librement acceptée.

31 Melvin Hodges, The Indigenous Church. (Springfield, MO: Gospel Publishing House, 1953).

37

Logiquement, elle ne se conçoit que dans les Églises de professants. »32 Une

discipline exercée dans l’amour prouve la maturité d’un leadership ou d’une église.

Mais la planification reste un chantier inachevé et un défi pour la gouvernance dans

l’église africaine.

La Planification

Chaque fois que nous réfléchissons sur ce que nous voulons accomplir, nous

sommes entrain d’élaborer un plan. Il conduit à des études et à des estimations ; on

fixe des objectifs, développe des politiques, des procédures ; établit un programme et

fait des prévisions budgétaires. Pour y arriver il faut la participation des différents

comités de l’église. Le groupe de femmes, hommes, enfants, et autres ministères

peuvent prier et élaborer des objectifs précis pour atteindre les objectifs généraux.

La planification agrandit aussi le ministère, en ce qu’il évite d’assumer des

responsabilités dans le ministère qui devraient revenir aux autres. En faisant

participer les autres, on verra presque toujours plus de travail à accomplir. Les

personnes qui sont gagnées au Seigneur et ajoutées à l’église, autant elles doivent être

écoutées et encouragées, autant elles doivent manifester le souci de la bonne marche

de l’église. Il faudra néanmoins faire face aux désaccords houleux ou violents quand

il faut définir les priorités, les distractions avec les gens qui tiennent coûte que coûte à

leurs projets individuels. C’est le lieu de combler le fossé entre la planification et

l’individualisme des Basa’a.

Mais la diversité et la liberté d’opinion vont enrichir les débats parce que les

Basa’a aiment à faire entendre leurs idées, ainsi qu’à manifester leur fierté ou leur

32 Noumba, Op. Cit., 26.

38

sentiment de suffisance. Ce sera l’une des valeurs à cultiver et à développer sur base

de la Parole de Dieu.

La planification exige donc un sens du travail en équipe et la reconnaissance

de l’appel de Dieu pour le service. Il revient aux pasteurs d’éduquer leurs membres

sur la nécessité de la planification élémentaire ou la planification de base. On partira

de là pour faire la planification annuelle. Outre la planification, le choix des

dirigeants demande aussi beaucoup de tact.

Choix des Dirigeants

Le but divin est d’avoir un peuple de sacrificateurs pour Lui (Ex 19 :6). Et la

responsabilité de l’église est de former les leaders pour l’œuvre du ministère (Eph 4:

11,12). Si ce but n’est pas atteint, les murmures s’élèvent, les problèmes naissent et

les divisions s’en suivent. Il serait important de discerner entre le leader spirituel et le

leader charnel, et travailler pour susciter un leadership spirituel capable d’utiliser les

méthodes spirituelles pour servir le Seigneur Jésus. Les leaders charnels désirent

l’autorité, ce qui est contraire au concept du «Dirigeant-serviteur ». Ainsi, le choix

d’un dirigeant se fera non sur une base tribale ou matérielle, mais celle de la

compétence et de la disponibilité.

Autonomie dans la propagation

La propagation est la capacité d’évangéliser, de convertir les âmes et

implanter des églises dans une communauté. Or une église qui ne se reproduit pas va

bientôt mourir.

39

Noumba, citant Scott Hanson déclare même que le but d’une Église est de se

propager :

Votre but est d’avoir une église qui pratique la propagation. Les réunions en plein air, les séminaires, le témoignage de porte à porte, et l’établissement des églises annexes sont des activités qui montrent une Église qui pratique la propagation.33

Il apparaît clairement que la propagation n’est pas une option, mais elle est

l’obéissance à la grande commission (Mt 28 :19-20). Les moyens par lesquelles

l’église peut se propager sont divers. Ce sont l’évangélisation, la mission, et

l’implantation qui est le résultat de l’un comme de l’autre.

En ce qui concerne les stratégies chaque communauté est libre d’adopter

celles qui lui sont favorables, l’évangélisation en plein air, le porte à porte, les

séminaires spécialisés, la littérature, les films vidéo, etc. Mais le milieu Basa’a est

beaucoup plus favorable au contact individuel, aux débats d’idées et à la rencontre de

puissance. Pour les besoins d’efficacité, les convertis doivent être pris en charge et

enseignés aussi dans l’enthousiasme de l’évangélisation. La croissance est le résultat

naturel de l’évangélisation.

Les Missions

La mission est la volonté de Dieu pour l’église. Dans l’Ancien comme dans le

Nouveau Testament, le ton est le même : ceux qui connaissent Dieu sont responsables

de partager cette connaissance avec les autres nations.

33 Ibid., 31.

40

Et c’est la responsabilité de chaque chrétien. C’est bien ce qui ressort de ces

mots de Viertel :

Une autre vérité biblique fondamentale est l’engagement de la communauté concernant la tâche missionnaire entière des croyants à exécuter la volonté de Dieu. Chacun des membres de l’Église du Nouveau Testament était un serviteur. Chacun était engagé à prier pour les perdus et à rendre témoignage de la puissance salvatrice de Dieu, par Jésus-Christ.34

Ainsi, l’Église doit être constamment informée et enseignée sur l’œuvre

missionnaire car les gens ne se sentent pas concernés par des besoins humains dont ils

ne sont pas conscients. Celui qui a vu et pris conscience des besoins spirituels du

monde doit les partager oralement dans la prédication ou par écrit. Mais il faut aussi

penser au financement de l’œuvre, car comme le dit un dicton populaire, l’argent est

le nerf de la guerre.

Autonomie dans le financement

Le financement permet d’alléger les charges financières du missionnaire d’une

part, et aux chrétiens de participer, à la limite de leurs moyens, à l’œuvre de Dieu,

d’autre part. Les Actes des Apôtres montrent que c’était la méthode apostolique. Nul

part nous ne voyons que l’église parmi les gentils était financièrement soutenue par

les congrégations juives. Au contraire, l’Apôtre Paul sollicitait les offrandes des

autres églises païennes qu’il avait fondées, pour aider les saints en difficulté à

Jérusalem (Ac 24 :17 ; Rm 15 :26). Le riche et le pauvre peuvent y participer car ce

qu’il faut c’est la sincérité du cœur et le sens du sacrifice.

Le sens de responsabilité apporte les bénédictions spirituelles. Les convertis

de la jeune Église vont chérir l’œuvre qui leur a coûtée cher en sacrifice et en effort.

Pour participer financièrement d’après les possibilités locales il est absolument

34 Weldon E. Viertel, Le Pasteur et la Direction de l’Église : Enseignement Théologique Décentralisé. (Abidjan, Côte d’Ivoire : Centre de Publications Baptistes 1996), 166.

41

nécessaire de créer des champs. Mais comme nous sommes dans une communauté

individualiste, il n’est pas toujours facile de rassembler des gens dans un champ

communautaire. Dans notre District, nous avons motivé les fidèles à créer des champs

individuels, dans l’espoir que s’ils sont dans l’abondance, ils pourront aussi penser à

l’oeuvre de Dieu. Ceci ne nous empêche pas de parler de la dîme qui est la dixième

partie de nos revenues (Gn 14 :17–20) ; même aux temps de Christ la dîme était

encore dans la pensée des Juifs, surtout des pharisiens (Mt 23 :23 ; Lc11 :42). Elle

était bien sûr la chose la plus simple que la loi juive demandait pour honorer Dieu et

ses serviteurs.

Certains ont prétendu que le Nouveau Testament n’enseignent pas de donner

la dîme. Cet argument ne tient pas, puisque la dîme a été du temps de Jésus comme

une exigence de la vie juste.35 Il n’était donc pas nécessaire que Jésus établisse une

loi sur la dîme. Sa tâche était plutôt de corriger une mauvaise compréhension qu’on

pouvait s’abstenir d’autres exigences de la vie chrétienne telle que la miséricorde.

Jésus approuvait que l’on donne la dîme (Mt 23 :23). Mais il condamnait l’esprit

légaliste qui l’accompagnait.36

Donner la dîme est un élément de l’adoration chrétienne ; ce n’est pas toute la

responsabilité envers Dieu car il y a encore bien de choses à faire pour accomplir la

volonté de Dieu. Pour Jésus l’homme devrait donner la dîme sans oublier de pratiquer

la justice et la miséricorde à l’égard de son frère.

Aussi la dîme ne devait-elle pas aller ailleurs que dans la maison du trésor qui

peut être aujourd’hui l’Église locale (Lv 27: 30). A ce propos Kendall nous fait

remarquer que « Les fonds supposés revenir au Seigneur qui vont ailleurs militent

35 Ibid., 109. 36 Ibid., 110.

42

contre la bénédiction de Dieu dans le monde en général et c’est chacun qui en sort

perdant»37.

Ce qui est clair est que, pasteurs et fidèles doivent être fidèles à donner leur

dîme dans l’Église locale. Mais le problème qui se pose souvent est celui de gestion.

C’est une chose que d’avoir de l’argent, mais bien le gérer en est une autre. C’est bien

à ce niveau que nous situons la fidélité dans la gestion. Le mot gérant ou intendant

désigne celui qui dirige les affaires d’une maison ou d’une personne. Il est associé au

terme grec «oikonomia » de «oikos » signifiant maison, et «nemo » distribuer ou

dispenser. On parle alors de la direction des affaires d’une maison.

En tant que gérant, le chrétien n’est pas propriétaire mais intendant

de biens que Dieu lui a confiés (Mt 25 :14-20). Le gérant peut mal gérer s’il le veut,

mais il devra rendre compte de sa gestion à Dieu. Il n’est pas exigé que celui-ci

atteigne quelques niveaux de réussite, mais seulement qu’il soit fidèle. En outre, il

rendra compte non seulement de la dixième partie de son revenu qu’il donne au

soutien de l’œuvre de Dieu, mais de toutes ses possessions ainsi que de la façon dont

il dépense son argent. Les 9/10 (neuf dixièmes) qui ne sont pas destinés strictement

au service de Dieu doivent être utilisés selon la volonté de Dieu.

L’église devrait dresser un budget pour ses activités annuelles. Un budget est

un plan pour estimer les recettes et fixer les dépenses de l’église. Il devrait suivre les

objectifs que l’Église se propose d’atteindre. Il faut noter que l’emploi d’un budget a

une justification biblique et pratique. Lors de la reconstruction du Temple, Néhémie

et ses associés se référaient à un budget. Les offrandes étaient promises ou données,

partiellement en argent, partiellement en travail.

37 R. T. Kendall, Tithing a call to Serious Biblical Giving (Grand Rapids, MI. :

Zondervan Publishing House 1982), 52.

43

Ainsi, au début de l’année le budget devrait être présenté et adopté. D’autre

part, un rapport mensuel des entrées et sorties devrait être présenté à l’église, non

seulement pour en évaluer les accomplissements mais surtout pour encourager les

différents donateurs de continuer à donner généreusement et sacrificiellement pour

satisfaire les obligations financières de l’église et l’évite de «mendier ». Quand les

besoins financiers dépassent en général les entrées, il faut fixer les priorités et

déterminer quelle est l'utilisation la plus efficace d’un montant d’unité de recettes.

Les sociétés africaines en général ne connaissent pas la notion de budget puisqu’elles

vivent au jour le jour. Il faut donc beaucoup de temps et d’enseignements pour

pouvoir inculquer cette nouvelle réalité. Quelque soit la taille financière des

communautés et leurs limites, elles sont responsables de prêcher la bonne nouvelle à

leur peuple.

La condition de cette tâche d’implantation est le soutien, et elle incombe aux

Basa’a, au même titre que les autres croyants. Il suffit de s’organiser en synergie dans

les villes. Selon le Rev Paul Onganya, missionnaire des Assemblées de Dieu au

Cameroun, certaines Églises des Assemblées de Dieu du Nigéria se sont accordés

avec les ressortissants de la localité de payer leurs dîmes dans cette localité pour

permettre à l’œuvre de grandir et que les serviteurs qu’on y envoie ne gémissent pas

en faisant ce travail.38 Ainsi, l’expérience nigériane pourrait nous inspirer à biens

d’égards : nous avons signalé plus haut que la dîme doit être payée dans l’Église

locale, mais l’offrande peut être prélevée par les ressortissants Basa’a organisée en

communautés pour soutenir la mission en terre Basa’a. Cette action pourrait être

menée dans les associations des ressortissants Basa’a de la diaspora.

38 Noumba, Interview accordée par le Rev Paul Onganya, Juin 2006, Lomé, Togo.

44

Qu’est-ce que le fidèle doit donc faire pour rendre l’église financièrement

autonome, si ce n’est d’investir son argent avec foi, dans le but de satisfaire le cœur

de Dieu qui le lui a gracieusement donné, et de gérer de façon responsable les

ressources de l’église sans s’en approprier. A présent nous parlons du leadership de

couleur locale.

Etablir un leadership de couleur locale

Ainsi, le modèle de gouvernement dicté par la Mission du Plein Evangile dans

toutes les régions peut ne pas marcher partout. Nous taillons le gouvernement de

l’église sur le patron de la culture locale (démocratie, presbytère ou ordre clérical

basé sur la succession). Tous ces modes d’organisation bureaucratiques formels sont

caractérisés par des règles formelles.

L’Etat organise des bureaucraties formelles pour gouverner. Mais dans les

villages, les paysans dépendent beaucoup du consensus et de l’organisation ad hoc

pour que les choses marchent. Le mode de conseils informels et des discussions sur

les affaires courantes des jours durant, pour arriver à un consensus est le modèle de

ces sociétés. La majorité n’impose cependant pas sa volonté à la minorité, mais il

s’agit d’un accord. Ainsi, pour arriver à l’efficacité souhaitée, il faut adapter le

gouvernement de l’église à la manière dont les Basa’a organisent habituellement les

choses.

Le pouvoir traditionnel étant très affaibli chez les Basa’a, l’autorité est

récupérée par certains individus qui l’exerce sur les faibles. Cette société

individualiste est caractérisée par une insoumission à l’autorité pastorale, ou par une

hypocrisie dans la prise de décisions. C’est l’une des raisons pour lesquelles il ne faut

pas s’attendre à une quelconque loyauté de la part d’un membre de la communauté.

45

Ainsi, établir un leadership de couleur locale revient à imaginer et à mettre sur

pied un modèle de société où le pouvoir central est moins fort que les droits de

l’homme et des libertés individuelles. Toutefois, il ne faut pas aller au delà des limites

que nous fixent les Saintes Ecritures. C’est ainsi que le terrain sera préparé pour une

meilleure approche en vue de la résolution des problèmes théologiques.

Faire face aux Problèmes Théologiques

Les sujets théologiques dans les sociétés Basa’a en général sont d’égale

importance. Ce sont entre autres ceux qui ont trait à l’immoralité sexuelle: les

deuxièmes bureaux, l’union libre, et le syncrétisme qui a pour expression le culte des

morts, la consultation des marabouts et des charlatans, etc. Ceci est vu comme des

stéréotypes sur lesquels les gens tiennent depuis des années et n’entendent s’en

séparer qu’au prix de leur mort. Par définition, les stéréotypes sont les attitudes

acquises par l’apprentissage et l’expérience, lesquelles attitudes peuvent être

conscientes ou inconscientes.

Ainsi, en matière de communication la crédibilité ne se gagne pas selon qu’on

se conforme aux stéréotypes, mais selon les donnés connus et acceptés du cadre de

référence du récepteur. Le défi est de créer l’inattendu par rapport à l’attendu, au déjà

vu. Or quels sont les stéréotypes remarquables chez les Basa’a ? Nous allons voir

entre autres le concubinage, l’union libre avec un partenaire sans contrat légal,

consulter les devins et les marabouts, et la politique.

Les Deuxièmes Bureaux

Les deuxièmes bureaux sont des liaisons illicites entretenues par deux

personnes dont l’une au moins est mariée. Notre enquête nous a fait découvrir que

46

c’est le type de mariage que l’on rencontre le plus dans la zone. La Bible est contre

l’adultère et recommande que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal exempt

de toute souillure (Hé 13 :4). L’église africaine a aujourd’hui besoin de prendre une

position ferme basée sur la Parole de Dieu à propos du processus du mariage. Elle

doit présenter des exposés sur les inconvénients des liaisons illicites. Pour

O’Donovan, «elle doit s’élever contre les pratiques culturelles qui minent l’institution

du mariage, condamner ouvertement et énergiquement une société impie et mauvaise

qui se rit de la parole de Dieu ».39

L’union libre entre un homme et une femme

Beaucoup de couples que l’on rencontre dans cette zone n’ont d’acte de

mariage. Dès l’instant de leur rencontre, les partenaires commencent à vivre ensemble

et font des enfants. C’est bien ce que l’Ecriture appelle fornication. Par le passé, les

églises insistaient que de tels couples se séparent à leur conversion. Mais cette

séparation faisait souffrir les enfants innocents. L’église, ces derniers temps a pris

conscience de cela et commence à réviser sa théologie. Pour pallier à une telle

situation, la M.P.E. oblige les concernés à régulariser leur union en obtenant un acte

de mariage. Dans son règlement intérieur, elle entend aussi sécuriser les enfants :

Si avant la conversion un couple a vécu en tant que mari et femme, quoique n’étant pas convenablement marié d’après les lois traditionnelles et les coutumes, ou sans l’état civil, ou encore la bénédiction à l’église, une telle union ne doit pas automatiquement être annulée ou rompue par l’église, surtout s’il y a des enfants issus d’une telle union. Au contraire, des conseils devraient être donnés pour établir une relation maritale reconnue en public et par l’église. 40

39 O’Donovan, Vivre le Christianisme Biblique Biblique en Afrique Contemporaine. (Abidjan,

Côte d’Ivoire : CPE, 2002), 107.

40 «Règlement Intérieur » Bamenda : Gospel Press, s.d., 10.

47

Sinon dans ce genre d’union la femme et les enfants sont les plus à plaindre

puisqu’ils n’ont aucune garantie de l’usufruit. O’Donovan pour sa part trouve qu’une

telle union consiste à galvauder l’expérience bénie de Dieu.41 Pour des gens éclairés,

cette pratique est aussi blâmable que consulter les devins et les guérisseurs. A notre

avis, l’église devrait veiller à ce que les convertis qui ne sont pas encore légitimement

mariés comprennent que l’union libre n’est pas le modèle ni la porte indiquée pour le

mariage chrétien. Toute fois, ceux qui ont commencé par là avant leur conversion

devraient être conseillés, puis un délais donné pour leur permettre de régulariser leur

union. Ce genre de couple doit comprendre qu’il ne peut participer au gouvernement

de l’église.

Consulter les Devins et les Guérisseurs

A propos de la divination, O’Donovan nous donne un enseignement complet

ici. En Afrique, la divination est pratiquée de façon courante pour découvrir quelle

personne a pu provoquer la maladie ou les difficultés, voire la mort, d’une autre. On

fait également appel au devin pour obtenir un conseil, pour savoir qui épouser…La

divination sert encore pour savoir comment les ancêtres ont pu être offensés, et

comment rétablir la situation. D’autres utilisent la divination pour se venger de leurs

ennemis ou pour connaître l’avenir. C’est une pratique très répandue dans toutes les

cultures non chrétiennes comme celle du Basa’a traditionnel. Ainsi, la divination est

un moyen d’acquérir des conseils sans devoir compter sur Dieu.

La Bible reconnaît l’existence de la divination (Dt 18 :10) et révèle que la

connaissance secrète extraordinaire que détient le devin vient d’un démon. En

41 O’Donovan, Op Cit., 107.

48

revanche, elle condamne cette pratique qu’elle considère comme pratique occulte (Lv

19 :26). Comme les autres pratiques non chrétiennes, la divination révèle chez la

personne qui la pratique, une confiance en quelque chose ou en quelqu’un d’autre que

le Dieu vivant. Beaucoup de personnes, même parmi les chrétiens, se font des

illusions au sujet de la divination, car elle ne leur paraît pas une chose mauvaise en

soi. Elles ont tendance à penser que les devins qui détiennent un tel pouvoir font le

bien en aidant d’autres personnes. C’est pour la même raison que les guérisseurs

passent pour des amis de la communauté. Il arrive des fois que les devins fassent

aussi fonction de guérisseurs. En général, les devins font retomber la cause d’une

maladie ou d’une infortune sur une autre personne ou sur l’esprit des ancêtres

oubliant les conséquences du péché sur la vie de l’homme ou en empêchant à

l’homme de voir la responsabilité de son péché. Or la Bible estime que la cause de la

plupart de nos difficultés réside dans nos péchés et notre révolte contre Dieu (Jc 5 :

16). Des fois la divination nous fait croire que nos problèmes découlent du

mécontentement des ancêtres. Donc, la divination a un lien avec le culte des morts

cher aux africains.

Nous déplorons les traces de la divination parmi les serviteurs de Dieu

aujourd’hui. Beaucoup de soit disant prophètes de nos jours ne sont que des gens qui

sont sous l’influence de l’esprit de divination. Mais Dieu veut que son peuple lui

fasse confiance aussi bien pour le présent que pour l’avenir. Nous devons nous

confier en lui en tout temps (Ps 62 :9). C’est la parole de Dieu et non le conseil d’un

devin qui est notre lumière sur le sentier de la vie (Ps 119 :105). Une autre chose que

nous devons traiter est la politique.

49

Engagement Politique du Chrétien

Selon Le Petit Robert, la politique est l’art et la pratique du gouvernement des

sociétés humaines (Etat, Nation). Il la définit aussi comme une sorte de gouvernement

ou manière de gouverner un Etat (…) ou de mener les relations avec les autres Etats

(…). C’est aussi l’ensemble des affaires publiques, une manière concertée de

conduire une affaire.42 Elle a un sens positif ici, contrairement au sens que lui donne

J. -P. Sartre pour qui faire de la politique c’est l’art de se salir les mains. De là, la

question de l’engagement politique de l’église mérite d’être posée. Il y en a qui

croient que les chrétiens peuvent faire de la politique alors que d’autres pensent le

contraire.

Certains fondamentalistes ont scandé des paroles telles que « je crois que les

chrétiens devraient aller sauver les âmes et non politiser. Après tout, la Bible dit que

personne ne doit s’encombrer des choses du monde »43 Il est vrai que la mission

première de l’église est de sauver les âmes et de les conduire à la maturité chrétienne.

L’évangile social des années 1800 à 1900 n’était que le rejet de la parole de Dieu et le

désir inavoué de trouver le salut dans l’action social et politique et non pas dans la foi

au Seigneur Jésus-Christ. Aussi, la réaction des fondamentalistes contre ce genre

d’engagement politique était-elle fondée car personne n’a jamais et ne sera jamais

sauvé par l’action politique. Nous ne sommes sauvés que par la foi en Jésus-Christ.

Toutefois, nous pensons que la réaction des fondamentalistes a été assez exagérée en

ce sens qu’elle a rejeté tout ce qui avait trait à la politique, n’en parlons plus de ceux

qui ont peur de se salir les mains.

42 Paul Robert, Op. Cit., 1476. 43 John Eidsmoe, God and Caesar: Christian Faith and Political Action (Whealton, Ill.: Crossway Books, 1992), 55.

50

Jean-Paul Sartres, dans son œuvre Les Mains Sales déclare que faire de la

politique c’est se salir les mains.44 Petersen remarque que depuis leurs débuts, en

Amérique Latine, les pentecôtistes ont considéré la politique, au mieux comme futile

et au pire comme une sale affaire.45 Mais toutes les activités peuvent être sales, ce

n’est pas seulement le problème de la politique. On peut se salir les mains dans les

affaires, dans l’enseignement, au sport, et c’est normal parce que ça fait parti de la

condition humaine qu’on nomme péché. Nous ne devons pas nous attendre que les

politiciens soient meilleurs que les autres membres de la société. Pour eux, comme

pour les autres «toute leur justice est comme un vêtement souillé. Il n’y a point de

juste, pas même un seul. » On ne peut donc s’attendre à ce que les politiciens soient

parfaits avant de les élire. De même, les frères qui s’y essaient nous ne devons pas

espérer qu’ils soient parfaits ou meilleurs que les autres qui volent l’argent de l’église

ou qui font des intrigues ou qui luttent pour la conquête du pouvoir dans l’église :

tous partagent la même humanité.

A ce propos John Eidsmoe, dans son livre à succès God and Cesar déclare:

Comment pouvez-vous vous attendre que les politiciens soient meilleurs que le peuple qui les choisit? Je crois que le standard moral des politiciens n’est pas pire que la société en général. En fait, ils pourraient être légèrement mieux. Avec toute leur ambition publique ils sont obligés de s’arranger.46

Nous semblons comprendre que, si la politique est une sale affaire, c’est pourtant une

raison pour l’engagement de l’église. Lorsque les chrétiens s’y dérobent, ils privent

tout le monde de la lumière de l’évangile et fuient par là même leurs responsabilités

en tant que sel de la terre qui donne sa saveur et préserve la société de sa décadence

44 Jean-Paul Sartres, Les Mains Sales

45 Douglas Petersen, Non par la Force ni par la Puissance, 164. 46 John Eidsmoe, God and Caesar: Christian Faith and Political Action. (Whealton, Ill.: Crossway Books, 1992), 57.

51

totale; et lumière du monde pour montrer le chemin, la vérité et la vie aux mauvais

politiciens. C’est ainsi qu’il faut comprendre Petersen lorsqu’il dit:

L’implication dans la politique est désormais inévitable. Si les pentecôtistes comptent vivre leur foi comme une réalité dans le monde d’aujourd’hui, ils ne peuvent s’empêcher d’être aux prises avec ce que Miguez Bonino appelle “cette ‘chose’ qui façonne la vie individuelle et collective, qui confère une signification aux plans et aux actions humains et qui nie la signification des plans et des actions humaines, qui englobe et envahit tous les domaines de l’existence humaine, et qui offre la vie et la mort à des milliers de millions et dispense des milliers de millions de la vie et de la mort (la lutte politique).47

Wilberforce l’un des disciples de John Wesley et député de Grande Bretagne

persuada ses collègues de mettre fin à la traite des noirs par une décision d’Etat.

Dans ce même ordre d’idée le sénateur Mark Hatfield déclare sans ambages:

Si le chrétien avance l’argument selon lequel Dieu ne veut pas qu’il face de la politique parce qu’il y a trop de méchants dans le gouvernement, c’est aussi faire preuve d’insensibilité qu’un médecin qui se détourne d’une épidémie sous prétexte qu’il y a trop de microbes là-bas. Si un chrétien dit qu’il ne va pas entrer dans la politique parce qu’il va y laisser sa foi, c’est la même chose qu’un médecin qui dit qu’il ne va pas soigner les gens parce qu’il court le risque de contamination.48

Ainsi, en n’étant pas concernée par la politique, l’église la laisse entre les

mains du séculier. Et ceux qui croient être saints seront commandés par les «ouvriers

d’iniquité ».

En outre, l’argument selon lequel les chrétiens doivent seulement prêcher

l’Evangile sans se soucier de la politique est erroné. Il suffit d’enseigner sa

congrégation sur ce que Dieu dit à propos du gouvernement, l’avortement, la peine

capitale, euthanasie, l’homosexualité et la mariage homosexuel, et nous sommes

entrain de faire de la politique. D’ailleurs, le fait que nous conduisons les citoyens,

47 Douglas Petersen, Op, Cit., 164.

48 Mark Hatfield, «How Can a Christian be in Politics?» in Protestant and Politics: Christian and contemporary Affaires by Robert G. Clouse, Robert D. Linder and Richard V. Pierard (éd) (Greenwood S.C. :Attic Press, 1968),13-14.

52

nous contraint à les enseigner sur leurs devoirs civiques. Certains des membres de nos

églises pourraient devenir membres du parlement, des maires, des magistrats, des

ministres, et des présidents. Ils ont besoin d’un enseignement biblique dans leurs

différents domaines. C’est ce que nous appelons formation ciblée. Nous ne disons pas

que l’église doivent se prononcer ouvertement, ni que le pasteur envoie sa

candidature pour briguer un poste quelconque, ou que l’église descende dans les rues

avec des pancartes de contestation, mais nous parlons d’une participation éclairée là

où le rôle de l’église est d’enseigner les principes bibliques appliqués à la politique et

à tout autre domaine de la vie. De là chaque croyant a la responsabilité de partir avec

ces principes pour les appliquer à leurs situations particulières. Certains hommes

d’église comme l’Evêque sud-africain Desmond Tutu ont donné un bel exemple. Il a

influencé le pouvoir sans chercher à briguer un poste politique.

Le cas des Basa’a est assez particulier ; ils aiment tellement la politique,

surtout l’U.P.C (l’Union des Populations du Cameroun) qui a énormément contribué

dans la lutte pour l’indépendance du pays. L’amour pour la politique amène certains

chrétiens à développer un esprit de parti dans l’Église. Le terme qu’on applique à la

politique est mɓαŋ. A l’origine il s’agit d’un jeu et en tant que tel chacun utilise tous

les moyens possibles pour gagner, même la tromperie. C’est pourquoi, il porte une

connotation péjorative. En revanche, les pasteurs en milieu Basa’a devraient prendre

beaucoup de temps pour former leurs fidèles à un engagement éclairé. Sinon, il y aura

un mélange parce que dans l’imagerie Basa’a la politique est une religion, et l’UPC

pour certains est «l’âme immortelle du peuple camerounais ».

Mais il y a de plus en plus ce besoin d’avoir de vrais enfants de Dieu à des

postes de responsabilité pour juguler la crise morale donc les symptômes sont la

corruption invétérée et le grand banditisme qui secoue la nation entière. Nul besoin

53

donc de dire que le politique n’est pas à la hauteur des résolutions définitifs des

problèmes des Camerounais en général, et des Basa’a en particulier sans la

participation militante et éclairée des enfants de lumière, c’est-à-dire des chrétiens

nés-de nouveau.

Dieu lui-même, en des moments différents de l’histoire, plaça certaines

personnes à des postes très élevés de la direction des gouvernements séculiers. C’est

le cas de Joseph, Moïse, Esther et Daniel (Gn 37 : 36 ; Est 2 :17 ; Dn 1 :1-6). Selon le

plan de Dieu, certaines personnes issues de Son peuple sont appelées à occuper les

plus hauts postes de gouvernements à certains moments de l’histoire. Cependant,

nous attirerons l’attention sur le fait que dans chaque cas mentionné ici, ce n’est pas

l’effort des individus, mais c’est la main de Dieu qui les y a conduit à travers les

circonstances. Ce fait devait constituer une ligne de conduite et un avertissent pour

nous tous. Il est donc extrêmement important que le chrétien soit sensible à la volonté

de Dieu. Ainsi, le plan de Dieu est que les chrétiens vivent leur vie et accomplissent

leurs devoirs civiques de manière à ce que la louange soit rendue à Dieu (1P 2 :12-

16).

Le défi d’implanter de nouvelles églises en milieu Basa’a est assez difficile à

relever, si l’on s’en tient à des attitudes par rapport au mariage, au syncrétisme, à la

politique, etc. La Bible qui est la lumière du pionnier le guidera à relever les

différents défis lui se présentent à lui. La connaissance de la culture lui sera aussi

d’un très grand secours. Connaissant ainsi ses défis il nous sera facile de monter des

stratégies pour l’implantation d’Églises.

54

Stratégie Culturelle d’Implantation d’Églises

Si certains aspects culturels peuvent constituer pour la mission un problème à

tel point que le peuple soit fermé à l’Evangile, il va sans dire qu’il n’y a que la

stratégie culturelle qui puisse permettre d’avoir du succès dans l’Evangélisation de la

zone. ll s’agit entre autre, de l’identification au peuple Basa’a, du combat spirituel

sans lequel les forces du diable peuvent bien bloquer ou retarder l’implantation

véritable de l’Église. Surtout, il faudra très tôt penser à avoir ses propres

infrastructures servant de lieu de culte sans quoi personne ne vous prendra au sérieux.

S’identifier au Peuple L’identification par rapport à une culture passe par le cadre de référence.

Le cadre de référence suggère que, pour communiquer des vérités et informations de

base de l’Evangile à travers une culture, il faut que l’émetteur et les récepteurs

potentiels partagent le même cadre de référence. Il est généralement admis que les

cultures ont trois dimensions : la connaissance, les sentiments et les valeurs. Ce qui

exige la connaissance de la culture et la langue. Nous voulons approcher ce propos

d’un point de vue à la fois émique et étique c’est-à-dire, intérieur et extérieur. Nous

pouvons penser que, pour comprendre une autre culture, les gens doivent d’abord

mettre de côté la leur et se convertir à l’autre. Nous pouvons par exemple soutenir que

les pionniers doivent éviter d’être trop conscients de leur culture. Personne ne peut

complètement oublier sa culture et prétendre parfaitement entrer dans le cadre de

référence d’une autre culture. On ne s’attend pas que quelqu’un soit fondu à la culture

Basa’a avant de prêcher l’Evangile aux Basa’a. Cependant, un effort de

compréhension doit être fait par le pionnier pour obtenir des ouvertures qui lui

permettent de fore aisément son travail.

55

La compréhension émique et étique d’une culture se complètent l’une l’autre.

La première est nécessaire à la compréhension de la manière dont les gens voient le

monde et la raison pour laquelle ils y répondent comme ils le font. La dernière est

nécessaire pour comparer une culture et examiner sa compréhension du monde vis-à-

vis de la réalité. Car il nous faut comprendre les Ecritures dans le contexte culturel de

ces gens, et pouvoir les traduire dans la culture locale sans que soit perdu leur divin

message. Le pionnier et le message sont tous deux, dans ce sens «incarnationnels ».

Dans une culture, pour présenter l’Evangile de façon à ce que les gens comprennent,

ils doivent devenir «de l’intérieur ».

Administration qui convient au peuple Basa’a

Si nous restons dans le cadre de la société Basa’a, une administration qui

exige le respect de la hiérarchie comme dans les sociétés bamilékés ne peut réussir

ici. Car c’est un peuple qui n’a aucun égard pour le chef. Ainsi, au lieu d’avoir une

organisation en ligne directe que favorise la notion de hiérarchie, il vaut mieux avoir

une organisation sur une même ligne où les liens hiérarchiques sont plus lâches.

Avec l’organisation sur la même ligne, tout le monde est chef à son niveau et

personne n’a de compte à rendre à l’autre. Les titres et la rémunération peuvent

marquer la différence, mais dans l’exercice de l’autorité personne ne veut se

soumettre à l’autre.

Ceci devient très pertinent quand on veut travailler en milieu Basa’a. Souvent

des personnes venant des régions grassfield (Ouest, Nord-Ouest) ont des problèmes à

gérer leur personnel du Centre et Sud à cause de ce malentendu culturel. Ainsi, entrer

dans le cadre de référence des Basa’a revient à former une administration collégiale à

56

égalité de voix. Par contre l’organisation directe insiste beaucoup plus sur la

hiérarchie.

Selon les caractéristiques fondamentales de cette organisation, le chef est

revêtu de l’autorité suprême tandis que le travail est accompli par différents assistants

et responsables laïcs, chacun étant appelé à recevoir des ordres de celui qui le précède

immédiatement. Les travailleurs ne sont sensés communiquer qu’au travers de leurs

chefs immédiats ; ils ne s’approchent jamais de celui qui est au sommet.

Avec l’organisation directe qui est le type des chefs Bamiléké et des Lamida

des régions nordiques, le chef dicte la conduite à suivre et tout le monde est obligé

d’obtempérer. Ce type d’administration ne sied pas à la tribu Basa’a car ces gens sont

insoumis à l’autorité. Certains leaders d’Églises qui se font appeler «homme de

Dieu », ont adopté une structure qui pouvait être avantageux pour une période

antérieur à l’émancipation, mais la plupart des organisations évoluent vers le premier

schéma. Le type direct est ce à quoi nous avons assisté dans la C.M.C.I de Zaharias

Tanee Fomum, Toukea Nestor de la Vraie Église de Dieu au Cameroun, Wansi Victor

de l’Église de Jérusalem, pour ne citer que ceux-là. Mais aujourd’hui des

revendications par rapport à la liberté chrétienne se font de plus en plus criardes.

Tableau III : Type d’Administration probable en milieu Basa’a

Une organisation sur la même ligne

Assistants Pasteur/Pionnier Assistants

Responsables laїcs Responsables laїcs

Responsables laїcs

57

Une organisation en ligne directe

Travailleurs Travailleurs

Parfois, on peut commencer avec ce genre d’administration � ligne directe ─

dans les champs missionnaires, le temps d’inculquer une vision ou donner une

orientation par rapport à la vision, mais il faudrait penser au changement avant d’être

taxé de dictateur. Vous allez remarquer que beaucoup de Basa’a sont dictateurs, mais

hostiles à la dictature des autres. Un comportement dictatorial empêcherait

l’implantation de la M.P.E en milieu Basa’a. Il faut plutôt créer un climat de

communion et de partage.

Pasteur ou Missionnaire

Assistants

Responsables laïcs Responsables laïcs

58

La Nourriture

La nourriture est un facteur de rassemblement et de motivation dans la zone

Basa’a. On évalue l’importance d’un projet, une réunion, une fête par la qualité et la

quantité des mets exposés. Les Basa’a ont une très grande variété de mets. Il y a entre

autres le mbôgô tsɔɓí (sauce de poisson noire), le nsugí (sauce de noix de palme), le

kwɛm (légumes de feuilles de manioc), etc. Ils seront très contents de partager leur

plat préféré avec un étranger. Ce qui nous amène dès lors à comprendre que, pour être

accepté, il faut que le pionnier ait un budget de réception car la nourriture reste une

véritable source de motivation que la Mission du Plein Evangile devrait exploiter

pour rassembler les Basa’a autour de l’Evangile.

Il est donc opportun d’intégrer les banquets dans les stratégies

d’évangélisation en milieu Basa’a, surtout au moment de l’implantation d’Église. Un

budget d’implantation qui permettra aux pasteurs pionniers de travailler aisément et

efficacement est absolument nécessaire. En plus, de cette disposition gastronomique,

il convient de souligner que pour mieux conquérir le terrain en milieu Basa’a, il est

conseillé de livrer le combat spirituel contre les mauvais esprits qui dirigent les

pratiques occultes.

Livrer le combat spirituel

Beaucoup d’encre a coulé au sujet du combat spirituel. Cependant, certains

sont obligés de questionner leur dénégation de la réalité dans la rencontre avec la

sorcellerie, le spiritisme, et la possession démoniaque. Pour l’Africain en général et le

Basa’a en particulier, ce dont on a peur c’est moins les prières contre les démons

qu’une conscience trop poussée des démons et des esprits. Mais il n’est point de

59

doute que pour une implantation définitive d’Églises dans cette zone, il faille

admettre la réalité spirituelle qui en constitue l’obstacle dans ce milieu.

Cependant, il faut qu’on soit d’accord de trouver une harmonie entre la

pratique quotidienne et l’enseignement biblique du combat spirituel. Notre propos est

que l’Ecriture est la révélation de Dieu et source définitive pour comprendre la vérité.

De même nous croyons que Satan et ses armées de démons sont réels et qu’un combat

spirituel qui a lieu dans le monde invisible affecte dans la réalité physique. Mais cette

bataille a déjà été remportée par Christ qui est entrain d’établir son règne sur terre à

travers l’Église. Dans cette partie de notre travail, nous voulons relever la réalité

spirituelle: comment influence-t-elle l’implantation de l’Église, la méthode utilisée

par la plupart d’africains pour y faire face et enfin, l’enseignement biblique sur le

combat spirituel.

Réalité Spirituelle du Monde Basa’a

Cette réalité spirituelle consolide l’individualisme de la société Basa’a.

En effet, d’après leur croyance, l’initiation à la sorcellerie et au fétichisme protège

l’individu contre les influences extérieures. C’est ainsi que le christianisme fait partie

de ces influences de l’homme Blanc qu’on doit combattre pour maintenir la culture.

Les ancêtres qui en sont des gardiens ont une très grande importance et influencent

les vivants sur qui ils ont droit de vie et de mort. C’est pourquoi ils sont le plus

souvent invoqués pendant les deuils, et cela peut aller jusqu’à leur voué un culte,

comme pour montrer qu’il y a des devoirs envers le défunt. Après un enterrement par

exemple, les Basa’a gardent la tombe pendant neufs ou dix huit jours, selon que c’est

le deuil d’un homme ou d’une femme, car l’os d’un mort est un poison terrible. Ils se

mettent d’accord qu’il y a une cause spirituelle derrière chaque mort : malédiction,

60

sorcellerie, magie, etc. C’est l’origine de cette sensibilité par rapport à ce qui est fait

autour du corps du défunt, ou lors de son enterrement.

Le mɓɔk (univers de la parole), est aussi une croyance qui soumet beaucoup

de gens. Les (ɓα ) mɓɔmɓɔk qui sont les patriarches ou gardiens de l’univers sont

comme des justiciers dans une familles ou dans un clan. Ils examinent les situations

de crise, jugent et punissent les coupables. Des fois, ils préviennent d’autres crises par

des rituels qui peuvent avoir une très grande influence sur plusieurs générations.

De plus, la propriété foncière joue un très grand rôle dans cette réalité

sprituelle.49 Il est généralement cru que les dieux, les esprits et les ancêtres résident

sur une terre particulière et protègent le peuple. Toute fois, leur pouvoir ne s’étend

pas sur d’autres milieux. On dit par exemple que la sorcellerie ne traverse pas les

mers. Ainsi, en dehors de cette zone d’influence, les individus issus de ce peuple ne

se sentent plus sous la protection de leurs «ancêtre-dieux ».

Nous voyons que la croyance aux esprits (animisme) est une réalité chez les

Basa’a c’est pour quoi il faut scruter l’influence de cette réalité spirituelle sur

l’implantation d’Églises.

Influence de la Réalité Spirituelle sur l’Implantation d’Églises

L’influence de la réalité du monde spirituel sur l’implantation d’Églises n’est

plus à démontrer en terre Basa’a. En effet, le combat entre les puissances

conservatrices de la culture comme le mɓɔk, koŋ, les ancêtres, les fétiches et la

sorcellerie d’une part et le royaume de Dieu d’autre part, se fait de plus en plus

49 Paul Hiebert, « Spiritual Warfare and Worldview », in The Global Missiology for the 21st Century: the Iguassa Dialogue par William D. Taylor (GrandRapids, MI : Baker Books House Co., 2000), 170.

61

sérieux sur le terrain de l’implantation de l’Église. Il se manifeste parfois par la peur

de prêcher l’évangile, les maladies qui paralysent l’œuvre du missionnaire

l’opposition sévère, les maladies subites et le soulèvement des populations contre

l’Église.

Tableau IV : Influence de la Réalité Spirituelle sur l’Etre Humain en Milieu

Basa’a.

ancêtres

Nous pensons que l’Église est un ensemble d’êtres humains qui ont cru en

Jésus-Christ et transformées par le Saint-Esprit. Si ces personnes sont influencées par

les forces du mal, l’Église en sera aussi terriblement touchée et les possibilités pour

implanter les églises seront amoindries.

Mɓɔk Kôŋ Sorcellerie Ancêtres Fétiches

Etre Humain

Peur

Oppositions

Maladies

Soulèvement des populations

62

Méthodes de combat spirituel adoptée par la plupart d’africains

Le combat spirituel se pratique avec une stratégie et une méthode. Beaucoup

d’Africains ont adopté jusqu’ici des méthodes qui n’échappent pas à la culture de

l’animisme. Les patients recourent à « un prophètes » qui leur explique les rêves et

les visions, et sous-forme de paroles de connaissance, déclare comme un devin ce qui

est le problème de son client. Par la suite, il prescrit des jours de jeûne et de prière qui

se passeront à certaines heures de la nuit et la séparation d’avec certaines choses

ayant un lien avec le passé, bref il faut rompre avec le passé. La personne sera

soignée et admise dans la communauté. Elie Koumben y trouve ces quatre

manifestations de l’animisme : la préservation, l’interprétation, la réparation et la

réinsertion.50

Cette méthode utilise également les prières dangereuses. Certains chrétiens

prient de manière violente contre tout ennemi qui se met sur leur route aux fins de

destruction. Ce sont des prières faites au nom de Jésus, avec une foi ferme pour

l’accomplissement d’une chose qu’elle soit en accord ou non avec la volonté de Dieu.

Cela semble indiqué très souvent lorsqu’on fait face aux situations difficiles, et quand

on s’imagine qu’on est réellement combattus par divers ennemis. On est tenté de

prononcer les malédictions ou des imprécations sur ses ennemis ou de chercher à

insulter le diable si ce n’est l’éliminer physiquement.

Parfois l’huile d’onction devient comme une sinécure pour accompagner les

prières et de longs jeûnes. Certains emploient des gourdins spirituels ou physiques

pour frapper le diable; des pierres pour lapider les esprits méchants et des lames pour

les découper et les mettre en pièces. Evidemment, si la Bible est exigeante concernant

50 Elie Koumbem, Notes de classe, FATAD, 2006.

63

la prière, elle n’est cependant pas favorable au ridicule encore moins à n’importe

quelles imaginations qui, parfois l’accompagnent. L’hérésie de ces prières se voit

dans les faits suivants :

• La mystification de la prière qui frise la magie et le syncrétisme avec

des formules préétablies.

• La déification de l’homme capable de faire les choses, même hors de

la volonté de Dieu.

• L’excès d’attention sur les puissances des ténèbres au lieu de tourner

le regard sur Jésus-Christ.

• La mauvaise identification de l’ennemi dans le combat spirituel (les

objets, les hommes en lieu et place des esprits méchants comme le dit

Eph 6 :12s).

• Les prières de malédiction alors que la Bible demande de bénir (Mt

5 :44-45 ; Rm12 :14).

• La mauvaise utilisation de la Bible pour des fins égoïstes et l’usage

abusif du nom de Jésus dans la prière.

Soulignons qu’il n’est pas bon d’utiliser les références de la Bible hors de leur

contexte. Par exemple, ceux qui emploient les Psaumes pour se venger de leurs

ennemis doivent savoir que Dieu dit : « Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-

aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit : A moi la vengeance, à moi la

rétribution, dit le Seigneur » (Rm 12 :19). Au sujet du nom de Dieu ou de Jésus-

Christ. Il est écrit : « Tu ne prendra point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain ; car

l’Eternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. » (Ex 20 :7). Si

nous parlons seulement des déviations sans proposer le vrai enseignement, le peuple

restera toujours dans l’ignorance et dans la superstition. C’est pourquoi nous donnons

une ligne doctrinale sur le sujet dans les lignes qui suivent.

64

Enseignement Biblique sur le Combat Spirituel

Personne ne peut nier la réalité et la nécessité du combat spirituel, mais il faut

le mener dans les normes bibliques. Sachons d’abord que, pour sortir vainqueur dans

le combat spirituel, le chrétien est appelé à développer une vie de sanctification, de

consécration et de prière. Rien ne lui sert de développer des jeûnes abusifs pour

mortifier son corps. Il n’est pas biblique d’utiliser l’huile d’onction pour chasser les

démons. Il est absurde de chasser les démons à tout bout de champ ou de penser que

l’on peut tuer ou écraser les démons par toutes sortes des prières. Le diable et ses

démons sont des esprits et ne peuvent en aucun cas être tués ou détruit par des

moyens matériels. Un jugement futur et terrible leur est cependant réservé dans les

temps eschatologiques.

Quand Jésus a dit : «Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le

royaume de cieux est forcé ; et ce sont des violents qui s’en apparent » (Mt 11 :12). Il

n’a pas demandé aux chrétiens de faire preuve d’une agressivité maladive vis-à-vis

des esprits méchants. Dans l’épître aux Philippiens, le chapitre 4 les versets 6 et

7 nous lisons :

«Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ.»

Il nous reste à développer un enseignement pentecôtiste complet sur le combat

spirituel, afin de lutter contre l’ignorance qui ruine la vie de l’Église et des chrétiens.

Le combat spirituel tel que enseigné dans les Ecritures que nous devons

prendre avec beaucoup de sérieux, ne sera mené que dans les limites des prescriptions

de la parole de Dieu. La question est alors de savoir quelle est la nature du combat en

termes bibliques ? Une chose est claire : Les images du combat spirituel d’après les

saintes Ecritures sont radicalement différentes de celles de l’animisme. Par exemple

65

dans l’Ancien Testament, les nations ennemies d’Israël voyaient la défaite des

Israélites comme évidence que leurs dieux païens étaient plus puissants. Mais pour les

auteurs de l’Ancien Testament, la défaite des enfants d’Israël est interprétée comme

un jugement de Yahweh sur leurs péchés (Jg 4 : -2 ; 6 :1 ; 10 :7 ; 1S 28 :17-19 ; 1R

16 :2-3 ; 2R 16 :7-23). De même la bataille entre Dieu et Satan n’est pas celle d’une

lutte mettant les belligérants au même pied d’égalité car Dieu garde sa suprématie et

sa souveraineté sur toutes ses créatures. (Jb1 :1-12 ; Jg 9 :23-24).

Dans le Nouveau Testament, l’intérêt porte de plus en plus sur l’aspect

spirituel du combat. Les Ecritures démontrent l’existence des démons, ou esprits

impurs qui oppriment les hommes. Les exorcistes du temps de Jésus ont utilisé des

techniques telles que mettre une racine malodorante au nez du possédé pour chasser

l'esprit ou invoquer un esprit plus fort par des incantations magiques.51 Jésus a au

contraire chassé simplement les démons sur la base de son autorité (Mc1 :21-27 ;

9 :14- 29). Notre Seigneur est le Dieu Souverain de l’Univers exerçant sa volonté et

son autorité sur Satan et ses agents. De là nous voulons définir la nature du combat.

La nature du combat

La Bible est claire en ce qui concerne le combat entre Dieu et Satan (Ep

6 :12), et il n’est aucun doute au sujet de son impact. Le dualisme Dieu - Satan; bien -

mal n’est ni éternel ni coexistant. Au commencement, était Dieu, éternel, juste, amour

et bon. Le mal est venu par le diable, qui d’ailleurs contrôle le monde entier. Ainsi, il

est d’une manière ou d’une autre impliqué dans les phénomènes qui font l’objet du

combat spirituel. Dans cet ordre d’idée, nous pouvons constater que les affrontements

51 C. S Keener, « The IVP Bible Background Commentary : New Testament » (Downer Grove Ill. : InterVarsity Press 1993), in Global Missiology for the 21st Century, 173

66

armés dans les Croisades contre l’Islam, la défense de Jésus par Pierre au moyen de

l’épée (Jn 18 :10-11) pour ne citer que ceux-là, étaient inadéquates au même titre que

les méthodes que nous avons vues plus haut. Le combat, ses méthodes et ses armes

sont purement spirituels.

Les armes du combat

Puisque le combat est spirituel, les armes sont aussi spirituelles. Le passage

qui traite spécifiquement du combat spirituel, Ep 6 :12 nous énumère les armes

suivantes : la vérité, la justice, l’Evangile de paix, la foi, le salut, la Parole de Dieu et

la prière.52 Satan aveugle les humains par rapport à la vérité en utilisant le mensonge.

Il les tente, les intimide avec les malheurs ; les accuse et pire encore, il les invite à

passer pour des dieux à leurs propres yeux (1Tm 3 :2), alors que Dieu utilise la parole

pour illuminer la pensée ; la justice pour combattre le péché ; la paix pour combattre

l’inimitié.

Ainsi, le monde chrétien est en conflit avec trois grands ennemis de son

âmes : le monde avec ses valeurs corrompues, la chair (de péché) avec ses penchants

iniques et Satan avec ses ruses et tentations. Si l’Église ne pouvait compter sur la

puissance du Saint-Esprit, elle pourrait sans doute être vaincue par ses adversaires. La

méthode qu’il convient d’appliquer pour triompher de chacun des ennemis est

toujours la même : rejeter les attitudes, comportements et croyances contraires à la

Bible, et appliquer tout ce qui est conforme à la Parole de Dieu, afin de pouvoir

résister à Satan.

52 Wilbur O’Donovan, Pour un Christianisme Biblique en Afrique (Abidjan RCI, 1992), 329.

67

Le milieu Basa’a est le lieu privilégié de l’opposition spirituelle. A tous les

niveaux les gens cherchent à combattre les forces qui s’opposent à eux. C’est

pourquoi, ils vont chez les marabouts et les charlatans. La chose la plus remarquable

dans cet environnement est que ces gens voient aussi les hommes de Dieu comme de

potentiels marabouts dont ils peuvent se servir pour avoir la santé, la richesse, la

protection ou la promotion dans leur lieu de service. Ce qui fait que la foi de

beaucoup de Basa’a est intéressée et anthropocentrique. C’est pourquoi ces

« aventuriers spirituels » ne restent pas longtemps dans une Église.

Nous tombons facilement dans leur piège quand nous voulons mesurer notre

succès au nombre de personnes qui se présentent à nous comme patients par jours : ils

ne viennent pas recevoir le Seigneur Jésus, mais chercher leur marabout. Eu égard à

certains dons, loin d’être l’expression de la dévotion envers Dieu, ils sont plutôt

offerts exactement comme le prix payé à un marabout pour acheter ses services. Dans

ce sens, ils sont un mauvais indicateur d’efficacité du message de l’Evangile, si ce

n’est du ministère. Voyez par exemple le jour où vous êtes affecté hors de leur zone,

ils commencent à chercher un autre « marabout » et les effectifs que vous laissez

baissent remarquablement.

C’est pourquoi le serviteur vigilent, pour ne pas s’identifier à cette croyance,

sera parfois obligé de refuser ces dons en échange du ministère à rendre à son

patient. Il évitera aussi d’être utilisé comme pasteur personnel car c’est l’esprit

d’individualisme qui est en action ici, surtout qu’on s’approprie le pasteur au

détriment des autres. Nous avons eu cette expérience avec plusieurs personnes avant

de nous rendre compte que c’est un fait de société.

68

Enfin, devant les attaques du diable, souvenons-nous de ce que la source

d’énergie de Satan réside dans notre péché et notre rébellion contre Dieu. En faisant

de la sainteté l’objectif prioritaire de notre vie, nous dépouillons Satan de son pouvoir

sur nous. La clé de la victoire sur Satan est donc rappelée dans ce verset : Soumettez

vous donc à Dieu, résistez au diable et il fuira loin de vous (Jc 4 :7)

Lorsque le chrétien est l’objet des attaques directes par l’intermédiaire des

sorciers ou des démons, pour lutter efficacement contre de tels assauts, il dispose

d’une armure spirituelle clairement décrite dans le Nouveau Testament. Il doit s’en

servir. Trois de ces armes efficaces ont pour nom la Parole de Dieu, la prière et la foi.

Conformément aux promesses de l’Ecriture, les chrétiens ont reçu l’autorité de

chasser les démons avec la puissance du Saint-Esprit. La prière et la foi dans les

promesses divines permettent de triompher des attaques du diable et ouvrent ainsi la

voie à une acceptation propre à la communication efficace de l’évangile au-delà de

toutes barrières linguistiques.

Les Enjeux Linguistiques de l’Acceptation

La langue communique ce que les membres de la communauté doivent savoir.

D’une part, c’est un instrument important pour un groupe particulier ; elle influence

la loyauté dans les rapports interpersonnels. D’autre part, quand on en fait un mauvais

usage, la langue peut détruire la loyauté et les relations dans une société (Jc 3 :5).

Ceci nous amène donc à définir la langue comme un instrument pour la

communication verbale, systématique, et symbolique. Notons par ailleurs que le

69

langage parlé est la base de toute autre forme de langage : écrit, symbolique et

gestuel.53

Dans le contexte de l’évangélisation, il est nécessaire de faire usage de la

langue comme expression de la culture et comme moyen de communication, tout en

gardant à l’esprit que la langue est servante de la culture qui l’a engendrée. Ainsi, la

langue est un comportement acquis, elle fait partie de la culture, et doit être un

instrument au service de l’évangile. Pour les besoins d’intercompréhension, un corpus

sotériologique doit être constitué et exploité à cet effet. Le tableau ci-dessous est un

modèle qui permettra au prédicateur de livrer son message avec précision.

Tableau V : Corpus Sotériologique en Basa’a

Nos Concepts en français Equivalents en Basa’a Commentaire

01 adoption Ŋgwαlαklbɛl, mαn le second est culturel

02 âme Mɓúú, ŋɛm

03 amour Gwéhâ

04 arbitraire ɓagí pɛs yádá

05 ascension Maɓɛ t má ŋgí

06 assurance Mɓiɗɛ , makénd, ɓɔtŋɛm

07 bénédiction bisay

08 caractère du pécheur Liɓak lí mɓɔŋ ɓéɓā

09 chair Minsôn 10 charnel Yɔm minsôn/ mut minsôn 11 conséquence Mɓagí 12 conversion Hiɛlɓà 13 conviction Yɔgɔy 14 croix Mɓasà 15 croyance Hémlɛ 16 culpabilité Liɓúá 17 Dieu Nyambɛ

53 Benjamin, Worf L. Language, Thought and reality ed. by J. B. Carroll Wiley, (N.York : sl. 1964), 88.

70

18 doctrine Maéɓa 19 double personnalité Mut masú maá 20 droit Kundɛ 21 élection Ntéɓâ 22 émotion nyamda 23 espérance ɓɔtŋɛm 24 évangile Miŋaŋ minlâm 25 exaltation ɓégés 26 expiation ɓikwag 27 faveur karís 28 foi Hemlɛ 29 grâce Karís, kɔnaŋgɔɔ 30 grâce souveraine Karís kɛŋǐ 31 hériter Koɗol ɓum 32 choix Ntéɓâ, makiɗik 33 humanité ɓôt ɓá binam 34 humiliation ndeeŋga 35 image de Dieu Oŋɓa Nyambɛ, pona Nyambɛ 36 impiété Liyan Nyambɛ 37 imputation de la justice Eŋêl iyuú tɛlɛp sēp 38 incarnation Jôb mínson en parlant de divinité

39 intelligence yí 40 Jésus-Christ Yésu Kristo 41 juge Ŋkeês 42 juste Mut nú a téé sēp 43 justification Tɛlɛp sēp 44 loi mbén 45 mort Nyɛmb 46 nature Liɓâk 47 partial Pɛs yadā 48 péché ɓéɓá 49 persévérance Ndéŋɓɛ 50 personne mut 51 plan de Dieu Nsɔŋgí Nyambɛ 5 2 préincanation Jôb minsón biɓée 5 3 propitiation bikwak 54 rançon Kɔbla, binɔŋ 55 rapport Liadā 56 réconciliation sáŋla 57 régénération Ligwéé li yɔndɔ 58 relation Liadā 59 remission du péché Nwéhél ɓéɓā 60 repantance Hɛlɓa, hiɛl ŋɛm 61 reprobation Yubdā 62 restauration Leɗes 6 3 résultat de la justification Mɓagí tɛlɛp sēp 64 résurection Tugɛ sɔŋ 65 sacrifice Sɛsɛma

71

66 saint Púɓí 67 Saint-Esprit Mɓúú mpuɓí 68 sainteté pubha 69 sanctifcation positionnelle Ŋgáɓa pubha 70 sanctification Njômbi pubha 71 sanctification finale Pubha nsôk, mal pubha 72 sanctification progressive Pubha ī kɛl ni kɛl 73 sang macel 74 satan Satan 75 sauvé Ntɔhlaga 76 substitut nyiha 77 tentation Manɔɔdana 78 transgression ɓók mɓén 79 trinité Nyambɛ wada bôt ɓáâ 80 tuteur Ntat (mân) 81 union Ma ádá 82 vicarius Vikarius, wél nu mpɛ 83 vocation Nseɓla 84 volonté Somból

Une telle terminologie facilitera non seulement la compréhension du message du

salut, mais aussi elle permettra aux fidèles de s’identifier à la réalité pratique de

l’évangile et d’en être profondément édifiés. Nous noterons par ailleurs que les

investissements en infrastructures serviront d’accroches pour une évangélisation

efficace.

Répondre au Besoin d’une Chapelle

Selon les résultats de notre recherche, 2,2% pensent que l’absence de chapelle

peut être un obstacle à l’implantation d’églises. Nos informateurs ont minimisé cet

aspect. Mais dans la réalité, l’édifice est un facteur très important pour l’implantation

d’églises en milieu Basa’a, que ce soit dans le Nyong et Kéllé ou la Sanaga Maritime.

Personne n’acceptera de laisser les somptueux édifices de l’église catholique ou

presbytérienne pour entrer dans les maisons d’individus qui, des fois ont une histoire

lugubre. Par le passé les pentecôtistes étaient identifiés aux Églises de maison.

72

Rarement ils investissaient dans la construction des chapelles. A Eséka par exemple,

le jugement populaire est que toutes les Églises qui tiennent leur culte dans les

maisons d’individus manquent de sérieux ; elles portent l’étiquette de sectes, alors

que celles qui ont des chapelles construites sont considérées comme étant plus

sérieuses. Il serait donc avantageux, pour les besoins de la cause, d’associer

l’Evangélisation à la construction des chapelles.

Pour arriver à une stratégie culturelle, il faudrait une bonne identification au

peuple Basa’a. Cela veut dire, devenir dans la mesure du possible comme eux et les

accepter. Mais aussi, prendre possession du pays et libérer les captifs par un combat

spirituel biblique dont nous connaissons la nature et les armes. Il n’y a pas de pareil

avec les méthodes que la plupart des serviteurs africains utilisent et qui sont connues

sous l’appellation de « prières dangereuses ». Enfin, la construction de la chapelle,

bien que négligée par nos informateurs, garde toute son importance sur le champ

missionnaire Basa’a. Mais cette stratégie culturelle a besoin d’être soutenue par le

désir d’achever la tâche.

Achever la Tâche

Nous avons appris, de source bien autorisée que la M.P.E compte environ

100 000 membres en 2006 par rapport au 59 000 de 2001.54 Il y a donc une

augmentation de 41 %. Mais cette croissance n’est pas sensible dans la région Basa’a

puisque plusieurs églises ferment les portes. Même certains pasteurs sont renvoyés

pour cause de rendement bas. De plus, l’Église semble avoir vieillie. Il ne reste qu’à

commencer de nouvelles Églises saines comme Richard Harris le fait comprendre

54 Noumba, Interview accordé à l’auteur par le Rév Ndegha Salomon, Administrateur National de la M.P.E., le 18 Avril 2007 à Mbalmayo.

73

dans son article «Starting healthy Churches » (Implanter des Églises Saines) :

Statistiquement, les nouvelles Églises atteignent plus efficacement un nouveau peuple

que les Églises déjà existantes ».55

Il faudra alors commencer des centres de rédemption à Eséka, Makak,

Boumnyebel, Bôt-Makak Matomb et Minsôdô. Mais deux axes dirigent notre

réflexion sur l’achèvement de la tâche : la formation des ouvriers dans un système

préparatoire et le développement du matériel d’Ecole de dimanche.

Former les Ouvriers dans un Système Préparatoire

Selon notre estimation, dans le Nyong et Kéllé, des 25% de personnes qui

ressentent l’appel de servir le Seigneur, seul 5% peuvent avoir une formation

adéquate dans une école biblique. Les 20% qui restent seront handicapés par le niveau

intellectuel assez bas ou la non maîtrise de la langue française.

L’expérience du Burkina Fasso ou du Togo qui ont introduit des cours

préparatoires dans la formation de leurs ouvriers ne nous a pas laissés indifférents

dans notre quête de solutions par rapport à la Missio Dei en terre Basa’a. Une société

individualiste fait très attention aux mérites. Ainsi un certificat sanctionnant la fin de

formation constituerait une bonne motivation pour de nombreux appelés en état de

chômage ministériel. En effet, pour avoir un certificat de fin de formation le candidat

devrait avoir suivi des cours théoriques et pratiques d’implantation d’Églises en

milieu Basa’a. Ainsi notre propos est qu’un tel curriculum doit être développé pour

55 Richard Harris, « Starting Healthy Churches » in On Mission. (Langhorne : On Mission, Mars-Avril 2002), 17.

74

les serviteurs qui sont limités au plan intellectuel et matériel. Cela demande un travail

à long, à moyen et court terme.

A Long Terme

Si la langue est une barrière, il faudra penser à développer un curriculum en

langue Basa’a d’une part, et d’autre part concevoir ou traduire le matériel déjà

existant. Pour cette raison une coopération entre les Églises et les Sociétés de

traduction du matériel d’évangélisation devient inévitable. Une telle synergie

demande le soutien de ces institutions en personnels et en moyens financiers, sans

oublier le soutien moral de l’Église partenaire. La S.I.L, La CABTAL, l’ANACLAC

et l’Alliance Biblique du Cameroun sont quelques sociétés auxquelles nous pouvons

tendre notre main d’association.

A moyen terme

Une possibilité assez économique serait aussi d’introduire un cours de

traduction des Saintes Ecriture dans la formation des pasteurs. Selon Hubble

Gwenyth dans son article «Language Study and Orientation » (Etude de la Langue et

Orientation):

A la conférence chrétienne d’Asie de l’Est il a été dit qu’étant donné que le recrutement repose entre les mains de l’église réceptrice, il est essentiel…elle doit donner un cadre d’apprentissage adéquat de la langue, de même qu’une orientation générale.56

56Hubble Gwenyth « Language study and Orientation » in Missions and Theological Education in World Perspective by Cornn Harvie M. et Samuel F. Rowen (ed.) (Farmington, Michigan: Associates of Urbanus, 1984), 350.

75

En effet, les théologiens pentecôtistes gagneraient beaucoup à s’intéresser à

traduction de la Bible, afin d’offrir une Ecriture pure aux usagers. Mais en attendant

que le rêve présent soit réalisé à long terme, il faut utiliser un système à court terme.

A Court Terme

Il est vrai que l’interprétation spontanée est très dangereuse ; mais en

attendant la traduction du matériel didactique, il sera absolument nécessaire d’utiliser

les moyens situationnels. Pour cela, les enseignants de ce système doivent bien

maîtriser la langue Basa’a et l’utiliser dans leurs cours. Ceci ne peut se passer

d’inconvénient car comme on le dit souvent, tout traducteur est un traître. Ainsi, pour

minimiser la trahison, l’instructeur est obligé de préparer un corpus par rapport à son

cours et le soumettre à l’appréciation des collègues pour besoin de précision.

Formation Continue

La tâche qui sera assignée à chaque candidat est de pouvoir implanter une

nouvelle Église. Il faut cependant prévoir, que ceux qui commencent au niveau

préparatoire devront s’améliorer en ayant des possibilités de se former dans des

écoles beaucoup plus modernes et dont le niveau est plus élevé. Pour cela

l’introduction des langues étrangères comme le Français et l’Anglais seront

nécessaires. Le système d’alphabétisation des Sociétés de linguistique sera d’une

grande aide. Outre la formation des ouvriers dans un système préparatoire, il faudra

développer un matériel d’Ecole de dimanche pour adulte adapté au milieu culturel.

Développer un Matériel d’Ecole de Dimanche pour Adultes

Ce que nous avons constaté dans toute la région est que très peu de personnes

assistent aux études bibliques ; ce qui fait que beaucoup sont juste flottants dans leur

76

vie chrétienne. Les problèmes théologiques auxquels certains sont exposés sont en

partie posés par le manque d’enseignement ; toutefois, cette crise peut être jugulée par

les cours d’école de dimanche pour adultes. Il y a au moins 75% de nos chrétiens qui

assistent au culte de dimanche, alors que moins de 25 % assistent aux réunions

d’enseignement biblique. Pour développer un tel programme, il faut avoir une équipe

de réflexion constituée de pasteurs et laïcs. Ainsi, le matériel d’école de dimanche

que l’on doit développer pourrait avoir trois grandes orientations :

• Niveau I : la relation du chrétien avec Dieu

• Niveau II : la relation du chrétien avec son prochain

• Niveau III : la relation du chrétien avec le monde

Le candidat devrait passer du Niveau I au Niveau III en transitant par le

Niveau II. Un élément non moins important, est la délivrance d’un certificat

sanctionnant la fin de chaque niveau de ce programme. En effet, ce diplôme servira

d’élément de motivation. Toutefois, il faudra que les formateurs se soumettent à une

formation qui permettra de juger l’orthodoxie par rapport à la doctrine de l’Église.

Ceci nous amène à une conclusion sur l’achèvement de la tâche en s’assurant de la

mise en service des ouvriers locaux en vue d’une efficacité maximale.

Notre étude sur l’achèvement de la tâche nous a fait comprendre

premièrement que la région Basa’a gagnerait beaucoup à créer de nouvelles Églises

qui seront de véritables centres de rédemption. Deuxièmement, la formation des

ouvriers dans un système préparatoire demandera soit une interprétation à court

terme, des services à rendre à moyen terme comme guide pédagogique spontanée ou

la formation des traducteurs à long terme, avec une insistance sur l’impérative

collaboration avec les sociétés de traduction des Saintes Ecritures comme la SIL, la

CABTAL et l’Alliance biblique du Cameroun. Toutefois, il faudra prévoir une

77

formation continue qui nécessitera l’enseignement des langues étrangères.

Troisièmement, le développement d’un matériel d’école de dimanche pour adultes et

discerner un parchemin aux candidats. En réalité cette éducation chrétienne

contextuelle ne fera qu’amorcer le processus d’achèvement de la tâche d’implantation

d’églises en milieu Basa’a.

Conclusion partielle

Nous venons de voir que depuis la nuit des temps Dieu a un plan pour les

nations. Cependant, force est de constater que certains aspects de nos cultures tentent

de le frustrer. Ce qui reste comme un défi est de développer une théologie

contextuelle pour freiner la pression du syncrétisme, de l’immoralité sexuelle et de la

sécularisation. Une stratégie culturelle prendra en compte le combat spirituel

biblique, le développement des fermes pour répondre aux multiples besoins. Par

ailleurs, pour achever la tâche d’implantation, un besoin de formation des ouvriers

pour des centres de rédemption dans tous les chefs lieux d’Arrondissement se fait

ressentir. De plus, l’aspect linguistique de la formation exigera une collaboration avec

les sociétés de linguistique. Enfin, il devient impératif que la M.P.E. commence à

considérer la nécessité d’une école de Dimanche les adultes.

CHAPITRE V

CONCLUSION GENERALE

Le besoin d’implantation d’Églises fortes en milieu Basa’a nous a conduit à la

recherche sur le thème «Vers l’achèvement de la Missio Dei : une contribution à

l’implantation de la Mission du Plein Evangile en Milieu Basa’a du Cameroun ».

Dans ce dernier chapitre, nous développons les implications et les perspectives pour

le ministère suite aux résultats présentés dans les chapitres précédents. Nos

hypothèses, rappelons-le, étaient que la société Basa’a en tant que groupe

individualiste et segmentaire, est incompatible à l’implantation et à la croissance de

l’Église. Ainsi, pour parvenir, malgré tout à y implanter des Églises fortes, il faut une

stratégie culturelle qui permette de comprendre comment l’individualisme et la

société segmentaire influencent la réceptivité Basa’a à l’Evangile, ensuite la théologie

biblique des missions est une source de motivation pour que la M.P.E puisse adopter

le peuple Basa’a comme champ missionnaire privilégié. Par ailleurs, le défi

d’implanter de nouvelles Églises doit constamment animer la M.P.E, enfin la stratégie

culturelle et la vision d’achever la tâche doivent être constamment à l’ordre du jour

des séances de réflexions.

Le chapitre introductif, présentait l’implantation, non comme une oeuvre

nouvelle, mais une nouvelle approche de l’œuvre dans cet environnement précis. Pour

cela nous avons compris qu’implanter une mission est le fait d’être présent dans tous

les arrondissements et Districts, avec des assemblées fortes. Cet objectif se

caractérise par la nécessité de couvrir géographiquement, numériquement et

78

79

qualitativement un espace. Le second chapitre affirme qu’une bonne compréhension

de la culture Basa’a ouvrira la porte à la plantatio ecclesiae dans ce milieu, lorsqu’on

y ajoute une bonne théologie sur les missions et de bonnes stratégies.

La méthode descriptive, transformationnelle et situationnelle nous a conduit

aux résultats actuels. Le défi d’implanter de nouvelles églises sera relevé en essayant

de résoudre les problèmes théologiques du milieu ; c’est-à-dire ce qui concerne des

attitudes par rapport au mariage, au syncrétisme, à la politique, etc. La Bible qui est la

lampe et la lumière du pionnier le guidera à relever les différents défis qui se

présentent à lui. La connaissance de la culture lui sera aussi d’un très grand secours.

C’est la raison pour laquelle il faudra une bonne identification au peuple. Mais cela

ne se fera pas sans le combat spirituel biblique qui permettra de prendre possession

du Nyong et Kéllé et la Sanaga Maritime afin de libérer les captifs. Puisque c’est un

combat dont la nature et les armes se veulent spirituelles, les prières dangereuses que

pratiquent certains serviteurs africains ne sont pas bien accueillies ici. Mais pour

avoir assez de crédit il faudra penser très tôt à doter l’Église de ses propres

infrastructures sans oublier que le volet social de la mission devra également être à

l’ordre du jour. Enfin, pour achever la tâche il faudra premièrement créer de

nouvelles Églises qui seront de véritables centres de rédemption. Deuxièmement, une

importance particulière est donnée à la formation des ouvriers dans un système

préparatoire avec une incidence sur l’impérative collaboration avec les sociétés de

traduction des Saintes Ecritures comme la S.I.L, la CABTAL et l’Alliance Biblique

du Cameroun. Toutefois, la formation continue nécessitera l’enseignement des

langues étrangères. Pour une bonne éducation chrétienne, le développement d’un

matériel d’école de dimanche pour adultes est indispensable. Car en réalité, cette

80

éducation chrétienne contextuelle ne fera qu’amorcer le processus d’achèvement de la

tâche d’implantation.

Impact de la Recherche

Cette recherche n’a fait qu’aiguiser notre curiosité sur certains aspects de la

missiologie en milieu Basa’a. En effet, l’individualisme passe déjà comme un

phénomène sociologique observable dans ce milieu. Cette découverte, loin de nous

désoler, a plutôt suscité une grande joie et un nouveau sens de responsabilité par

rapport à la Missio Dei dans ce milieu. De plus, au plan scientifique nous participons

à la compréhension de la spiritualité Basa’a. Enfin, dans le domaine théologique nous

aurons participé tant bien que mal à la formulation d’une certaine missiologie en

milieu Basa’a. Celle-ci prend en compte les aspects culturels et modifie ainsi la

topographie des zones à accès difficile. Toute cette compréhension suffit pour une

percée dans ce milieu particulier. Ceci nous permet de suggérer certaines étapes dans

nos recommandations.

Recommandations

Compte tenu de ce que cette recherche nous a révélé, à propos du peuple

Basa’a, nous suggérons cinq étapes pour une implantation d’Églises à succès au sein

de ce groupe. Ainsi, la première étape est la prière, la deuxième est l’Evangélisation

de proximité, la troisième est la formation des disciples, la quatrième est l’insertion

dans la communauté, la cinquième est la dotation en infrastructures.

1. La prière

La prière doit être permanente dans la vie de chaque église qui veut survivre

des attaques de l’ennemi. Mais les prières de combat au début de l’œuvre

d’implantation permettront à la jeune église d’être à l’abri des esprits du terroir qui

81

entraînent surtout les nouveaux convertis à la compromission. Il est donc nécessaire

que pendant que la M.P.E. est encore au stade d’implantation dans le Nyong et Kéllé,

que nous prenions comme spécimen du milieu Basa’a, les pionniers organiseront

assez souvent des croisades de prières qui réuniront tous les frères y compris les

volontaires des assemblées soeurs. Ces activités pourront durer tout un mois, avec des

sujets orientés sur l’implantation des églises.

2. L’évangélisation de proximité

Ce que nous avons remarqué de façon générale est que les campagnes de plein

air donnent très peu de fruits. Les statistiques prouvent même qu’elles ne sont

responsables que des 5 % d’effort de l’évangélisation mondiale, alors que le contacte

personnel produit environ 85% de l’effort d’évangélisation mondial. Donc, il serait

raisonnable de se concentrer beaucoup plus sur le contact personnel ; il faut donc

viser l’individu et non la masse tant la société individualiste n’admet pas la confusion

de la masse.

L’évangélisation de proximité en appelle aussi à la création des cellules de

maison dans les familles car il considère que l’implantation d’églises est avant tout un

instrument d’évangélisation. John York disait déjà dans son livre Mission à l’Ere de

l’Esprit, devenu très célèbre:

En conséquence, le processus d’implantation d’église est central à la déclaration de mission à n’importe quelle église nationale partout dans le monde. Manquer de plan pour l’implantation d’église ou les cellules de croyants est signaler la trahison de la mission de Dieu.57

De plus, de nouvelles cellules et de nouvelles églises gagnent de nouvelles

personnes pour Christ.

57 York, Op. Cit., 240.

82

Il faut cette puissance explosive de l’évangélisation pour réduire les 2700 groupes

animistes que Elliston et Burris annonçaient dans le monde.58 Par cette évangélisation

de proximité nous serons également capables d’assurer un discipolat pratique.

3. Le discipolat pratique

Il est question de former non seulement le jeune converti à mener une vie

chrétienne responsable en tant qu’individu vivant dans un groupe, mais aussi les

ouvriers dans la moisson. C’est le moment de faire comprendre au converti que le

Dieu transcendant est plus proche qu’un devin et un guérisseur traditionnel. Toutefois

il ne doit pas continuer à voir les soins des serviteurs de Dieu comme un continuum

des activités des marabouts et des devins. De plus, un bon enseignement sur le

mariage et la famille est indispensable à la compréhension de la notion de famille

chrétienne.

Outre ces éléments, chaque pasteur devra désormais identifier de potentiels

dirigeants capables d’implanter des églises. En effet, ne pourraient être candidats à

l’ordination des dirigeants que des personnes avec une certaine expérience dans

l’implantation des églises. Ces personnes tirées du milieu des laïcs passeront par une

formation théorique, puis feront un stage pratique dans leurs cellules. C’est aussi

l’occasion de préciser que l’idée de cours préparatoire trouve son application ici.

4. L’insertion dans la communauté

Comprenez que le terme insertion est polysémique, dans la mesure où les

milieux animistes en parlent aussi ; mais la différence est que dans le milieu animiste,

le néophyte n’a aucune liberté. Il est obligé de marcher selon la volonté stricte du

58 Edgar Elliston J. et Stephen Burris (ed), Completing the Task, Reaching the World for Christ. (Jophim, Missouri: College Press Publishing Co., 1995), 119.

83

maître. Par contre, en tant que néophyte chrétien, l’Esprit de Dieu nous donne la

liberté. Le converti adhère volontairement à la nouvelle éthique chrétienne. Il faudra

faire attention de ne pas l’intégrer trop vite dans la communauté chrétienne de peur

d’être corrompu par les vieux croyants dont l’esprit ne reçoit plus rien. Il faut d’abord

chercher à établir la confiance entre le converti et la communauté avant son insertion

définitive.

5. La dotation en infrastructure

Les infrastructures donnent une certaine crédibilité à l’église. Il faut des

chapelles, une école primaire et maternelle bilingue car c’est à la fois une aide aux

populations, une source de revenue pour l’église et des stratégies d’évangélisation. En

effet, celui qui est capable d’influencer un enfant quand il est encore petit pourra le

gagner pour la vie. Ainsi que le dit très souvent le Président Paul Biya, la jeunesse est

le fer de lance de la nation ; un dispensaire serait également le bienvenu au milieu

d’une population déjà désespérée à cause de la corruption et la négligence des

hôpitaux publics. Mais le grand problème sera de savoir où placer de telles structures

pour qu’elles soient très profitables et non pas un continuum de l’individualisme qui

veut que l’on mette les structures dans son propre village, même si celui-ci est

déserté. Le volet social était jusqu’ici, bien négligé par la M.P.E. ; mais on a plus

droit à l’erreur, surtout dans les milieux Basa’a. La mission pourra y acheter de deux

à cinq hectares de terrains qui serviront à la plantation du palmier à huile. La zone

étant très fertile au palmier à huile, les revenues aideront à la construction des Églises

ainsi qu’à l’implantation de nouvelles Églises. Cependant, à la tête de ces

infrastructures il faudrait placer des allogènes pour éviter l’influence de

l’individualisme.

84

Dans nos analyses, nous avons touché légèrement à l’aspect administratif de

l’église en milieu Basa’a. Nous l’avons relié au fait que la société individualiste

Basa’a a plutôt besoin d’une structure segmentaire lâche, un peu comme

l’organisation sur la même ligne. Plaise à Dieu que la recherche continue dans ce

domaine. Elle exposera alors les systèmes sociaux de l’insoumission et leur influence

sur le système de prise de décision et leur exécution.

LES ANNEXES

Fiche d’Approbation de Mémoire

Nom de l’étudiant NOUMBA MBOCK BENJAMIN Nom du directeur de mémoire Dr Etienne ZONGO Thème du mémoire (en une seule phrase) Vers l’Achèvement de la Missio Dei : Une Contribution à l’Implantation de la Mission du Plein Evangile en Milieu Basa’a au Cameroun Informations préliminaires Ressources Signature de l’étudiant : Noumba Mbock Benjamin Date -------------------- Signature du directeur de mémoire : Etienne Zongo Date 15 -03 –08 Approuvé par le Doyen académique ------------------------------- Date -------------------

Corpus Sotériologique

Nos Concepts en français Equivalents en Basa’a Commentaire

01 adoption Ŋgwαlαklbɛl, mαn le second est culturel

02 âme Mɓúú, ŋɛm

03 amour Gwéhâ

04 arbitraire ɓagí pɛs yádá

05 ascension Maɓɛ t má ŋgí

06 assurance Mɓiɗɛ , makénd, ɓɔtŋɛm

07 bénédiction bisay

08 caractère du pécheur Liɓak lí mɓɔŋ ɓéɓā

09 chair Minsôn 10 charnel Yɔm minsôn/ mut minsôn 11 conséquence Mɓagí 12 conversion Hiɛlɓà 13 conviction Yɔgɔy 14 croix Mɓasà 15 croyance Hémlɛ 16 culpabilité Liɓúá 17 Dieu Nyambɛ 18 doctrine Maéɓa 19 double personnalité Mut masú maá 20 droit Kundɛ 21 élection Ntéɓâ 22 émotion nyamda 23 espérance ɓɔtŋɛm 24 évangile Miŋaŋ minlâm 25 exaltation ɓégés 26 expiation ɓikwag 27 faveur karís 28 foi Hemlɛ 29 grâce Karís, kɔnaŋgɔɔ 30 grâce souveraine Karís kɛŋǐ 31 hériter Koɗol ɓum 32 choix Ntéɓâ, makiɗik 33 humanité ɓôt ɓá binam 34 humiliation ndeeŋga 35 image de Dieu Oŋɓa Nyambɛ, pona Nyambɛ 36 impiété Liyan Nyambɛ 37 imputation de la justice Eŋêl iyuú tɛlɛp sēp 38 incarnation Jôb mínson en parlant de divinité

39 intelligence yí 40 Jésus-Christ Yésu Kristo 41 juge Ŋkeês 42 juste Mut nú a téé sēp 43 justification Tɛlɛp sēp 44 loi mbén 45 mort Nyɛmb 46 nature Liɓâk 47 partial Pɛs yadā 48 péché ɓéɓá 49 persévérance Ndéŋɓɛ 50 personne mut 51 plan de Dieu Nsɔŋgí Nyambɛ 5 2 préincanation Jôb minsón biɓée 5 3 propitiation bikwak 54 rançon Kɔbla, binɔŋ 55 rapport Liadā 56 réconciliation sáŋla 57 régénération Ligwéé li yɔndɔ 58 relation Liadā 59 remission du péché Nwéhél ɓéɓā 60 repantance Hɛlɓa, hiɛl ŋɛm 61 reprobation Yubdā 62 restauration Leɗes 6 3 résultat de la justification Mɓagí tɛlɛp sēp 64 résurection Tugɛ sɔŋ 65 sacrifice Sɛsɛma 66 saint Púɓí 67 Saint-Esprit Mɓúú mpuɓí 68 sainteté pubha 69 sanctifcation positionnelle Ŋgáɓa pubha 70 sanctification Njômbi pubha 71 sanctification finale Pubha nsôk, mal pubha 72 sanctification progressive Pubha ī kɛl ni kɛl 73 sang macel 74 satan Satan 75 sauvé Ntɔhlaga 76 substitut nyiha 77 tentation Manɔɔdana 78 transgression ɓók mɓén 79 trinité Nyambɛ wada bôt ɓáâ 80 tuteur Ntat (mân) 81 union Ma ádá 82 vicarius Vikarius, wél nu mpɛ 83 vocation Nseɓla 84 volonté Somból

Questionnaire

FACULTE DE THEOLOGIE DES ASSEMBLEES DE DIEU BP 2313 LOME-TOGO

RECHERCHE EN VUE DE L’OBTENTION DU MASTER EN MISSIO LOGIE

Ce questionnaire est conçu dans le but de déceler les obstacles à l’implantation d’églises fortes et trouver des stratégies appropriées dans la région Basa’a. Vous êtes choisis comme source d’information fiable pour notre recherche. A cet effet, je voudrais vous rassurer que nous garderons l’anonymat de nos informateurs, s’ils le désirent. Ainsi, après avoir rempli ce questionnaire, vous le retournerez à l’adresse ci-dessous indiquée. La Faculté et moi-même vous remercions pour votre franche collaboration et votre participation à l’avancement du royaume de Dieu.

Questionnaire

Statut de l’informateur : Notable- Femme- Homme Jeune- A votre avis, quels sont les principaux obstacles à l’implantation d’Églises fortes en milieu Basa’a le (Nyong et Kéllé et la Sanaga Maritime ?) individualisme Insoumission les serviteurs les maisons la langue divination politique Combien d’Assemblées compte la M.P.E. dans ces localités ? Nyong et Kéllé Sanaga Maritime Quel est le type de mariage répandu dans ce lieu ? Polygamie Deuxième bureau Union libre Quel rôle joue le combat spirituel dans la stratégie de l’Église ? Important Très important Négligeable Comment appréciez-vous les prières dangereuses dans le combat spirituel ? Non bibliques Ont leur place Peuvent être utilisées pour des cas extrêmes

Pasteur Noumba M. Ben jamin FGM P.O. BOX 11154 Youndé, Cam.

Carte du Cameroun

CARTE DE LA LANGUE BASA’A

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