Ut musica poiesis. Une redéfinition du principe d’imitation dans la théorie des « arts...

7/23/2019 Ut musica poiesis. Une redéfinition du principe d’imitation dans la théorie des « arts énergiques » de Johann Jacob…

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Ut musica poiesis. Une redéfinition du principe d’imitation dans la théorie

des « arts énergiques » de Johann Jacob Engel.

Figure phare de la « philosophie populaire » dans le Berlin éclairé des années 1780-1810, Johann Jakob Engel reste célbre co!!e l"édi#icateur de la Mimik ou pre!ire

théorie s$sté!atisée de la gestuelle thé%trale1& 'ar Engel est a(ant tout un ho!!e de

thé%tre ) il dirige * Berlin le Königliches Nationaltheater de 1787 * 17+, co!!e essing,

son a.né et !odle, se (it con#ier le Théâtre National de /a!bourg de 177 * 1770&

Principes généraux de l’esthétique de Engel. onséquences sur la ettre sur la peinture

!usicale&

1& a recherche thé%trale d"en(ergure u"est la Mimik !et en a(ant la thse centrale

de Engel uant * la théorie de l"i!itation ) une distinction, celle de la peinture et de

l"e2pression 3Malerei 4 !usdruck 5, dont le principe n"est certes pas neu# 6 !ais dont nous

!ontrerons )

- u"elle co!porte pourtant des glisse!ents ter!inologiues par rapport au cadre

conceptuel ui la précde pendant tout le 18!e sicle

- et ue, ce #aisant, Engel l"adosse * d"autres bases théoriues, dont les conséuences

sont tout * #ait spéci#iues&

« einture », ou « e2pression » ) sans sortir du cadre de la théorie de l"i!itation,

Engel en di(ise s$sté!atiue!ent l"application * deu2 registres intentionnels& 9"agit-il

d"i!iter un o"#et e2térieur, ou cette !ani#estation du su#et ue l"on no!!era 6 pas tout *

#ait indi##ére!!ent 6 senti!ent, é!otion, « passion », « a##ect »:; <r ce ui nous

intéressera ici est d"abord ce rappel ) che= cet ho!!e de thé%tre, l"origine de cette

distinction se trou(e, non dans l"anal$se de la scne et du geste, !ais pre!ire!ent

dans sa ré#le2ion sur la !usiue&

1 $deen %u einer Mimik & Berlin) >$lius, 178?-178& @ans cet article, on se ré#re * laseconde édition 3185& "Au(re #ut rapide!ent traduite dans toute l"Europe,nota!!ent en France ds 1788-178+& J"ai personnelle!ent retraduit les lettres , 8,

+, 1;, ;, ;7, ; dans les ahiers Philosophiques 3nC11, a(ril ;008, ?-++5 puis leslettres , 8, ; dans ) Théâtre pu"lic , 1+;, ;00+-1, 1-;&

1



@ans toute pensée (éritable!ent poétiue, et encore da(antage dans toute pensée poético-!usicaleon doit pou(oir distinguer deu2 choses) la représentation de l’o"#et et la représentation du rapport qu’il entretient a&ec notre 'aculté de désirer. D&&& @ans la !usiue (ocale, donc, 'igurer l’o"#ecti' s’appelle peindre * l"in(erse, 'igurer le su"#ecti' n"est plus peindre !ais exprimer .

a distinction peut d"abord se!bler banale, tant nous nous so!!es depuis habitués * lireco!!e « e2pressi(ité » la pro!otion de la subecti(ité dans l"art& ourtant ne ren(ersons

pas les choses ) les !usicologues ont depuis longte!ps noté ue lorsue Beetho(en se

!et * re(endiuer !usicale!ent « plus d"e2pression du senti!ent, ue de peinture », la

ter!inologie e!plo$ée est l"e2acte reprise de celle de Engel& 'ar, précisé!ent, la

distinction i!posée par ce dernier ne régnait pas aupara(ant sous cette #or!e ) !ais

sous celle d"une opposition de l"imitation * l"e2pression&

our Gtre dé* usitée, la distinction #or!ulée par Engel ré(le donc un décalage a(ec

les traditions ui la précdent& 'ar certes l"esthétiue du senti!ent, tout au long du

sicle, se désigne elle-!G!e par une « loi de l"e2pression » ue, par e2e!ple dans le

(aocoon, essing oppose * une « loi de beauté » concernant la présentation artistiue de

l"o"#et ) !ais, dans le sché!a général de cette re(endication e2pressi(e, c"est alors * la

notion d"imitation en général ue l"« e2pression » s"oppose& Engel #ait glisser l"opposition )

l"e2pression ne s"oppose plus * l"i!itation !ais, au sein de celle-ci, * la « peinture » ce

#aisant, l"e2pression reste donc encore i!itation ) elle est imitation du su"#ecti' &

2 Mimik 8, ) « Hu"est-ce ue la peinture, et u"est-ce ue l"e2pression: Je crois l"a(oir dé*su##isa!!ent e2pliué ailleursI5, et a(oir déli!ité la #rontire e2acte ui sépare ces deu2 concepts& ci,* nou(eau, "entends par peinture toute 'iguration sensi"le de la chose m*me que l’âme pense pare2pression+ toute 'iguration sensi"le de la disposition+ de l’état d’esprit qui sont ceux de l’âmelorsqu’elle les pense , de la situation enti-re laquelle l’engage cette pensée »& 9au# indicationcontraire, dans toutes les citations c"est nous ui soulignons& Kous les e2traits des te2tes de Engelsont donnés dans !a propre traduction& ar l"astérisue, Engel ren(oie ici précisé!ent au te2te uenous co!!entons ) l"essai /"er die musikalische Malerei &

3 /"er die musikalische Malerei ,1780, in ) Engels 0chri'ten+ LthenMu! Neprints) Frank#urt4>ain, Fac-si!ile de l"édition >$lius de180;, Bd 3désor!ais cité) > pour « ettre sur la einture !usicale »5,;?-;7& l #aut cependant noter ue le passage cité correspond dans ce te2te * une secondeentreprise de dé#inition de la distinction Malerei1 !usdruck , * lauelle Engel par(ient progressi(e!entau cours de l"essai la pre!ire dé#inition en était trs di##érente, s"appu$ant sur un tout autre couplede concepts ) non plus celle de l"o"#ecti'1 su"#ecti' , !ais de la 2arstellung 43orstellung , donc de signes 4 con&entionnels 5 ou 4 naturels 5&

9elon l"intitulé célbre de la !e s$!phonie, co!posée entre 180 et 1808 )« astoral 9$!phonie ) !ehr Lusdruck der E!p#indung als >alerei »&

! (aocoon+ ou des 'ronti-res de la poésie et de la peinture, 17& Kraduction ) aris )

/er!ann, 1++0, reproduction de la traduction 'ourtin 3185, désor!ais cité(aocoon ) , ??&

2



Huel est l"eneu de ce glisse!ent: Na!ener l"« e2pression » * l"i!itation pourrait

d"abord se!bler s"inscrire dans un !ou(e!ent « conser(ateur » - cherchant * contenir

l"é!ancipation d"un nou(eau paradig!e par rapport * l"ancien& Oous chercherons *

!ontrer u"il n"en est rien 6 et ue tout au contraire, il s"agit ici d"assurer la plus grande

autono!ie possible du paradig!e e2pressi#& <r ceci i!pliue une nou(elle étape ) non

plus seule!ent (iser l"e2pression, !ais la déterminer & Oous prendrons alors la

dé!onstration de ce point co!!e but d"ense!ble de cet article&

"anal$se des e2e!ples !usicau2 par lesuels Engel appuie les thses de l"essai 0ur

la peinture musicale est éclairante& a place et la (aleur de l"i!itation obecti(e s"$ (oient

tout * #ait reconnues !ais ces ressources descripti(es de la !usiue sont en !G!e

te!ps reconduites * leur « uste place », subordonnées * un eneu ui ren(oie

dé#initi(e!ent au subecti# )

@ans une s$!phonie d"orage, co!!e il s"en trou(e dans di(ers opéra, il est donc touours pré#érablede peindre les !ou(e!ents intérieurs de l"%!e lorsu"elle #ait #ace * l"orage, plutPt ue l"orage lui-!G!e, ui occasionne ces !ou(e!ents& D&&& 'ette raison seule su##irait * #onder l"indéniablea(antage de la s$!phonie d"orage de /iller, dans (a chasse, sur celle de hilodore&

a !usiue i!itati(e ou descripti(e peut donc peindre rugisse!ents de lion 7,

ballotte!ent de la !er,8 !ou(e!ent de la course+, arri(ée d"une l"ar!ée10, batte!ents de

cAur et si##le!ents de serpents11 ) ces ressources descripti(es tireront cependant leur seule (éritable #orce de leur su"ordination * l"e2pression& our Engel il ne s"agit donc pas

tant d"opposer peinture et e2pression !usicale, ue de chercher, au pro#it de la seconde,

" >, ;0& Qne « s$!phonie » désigne dans ce conte2te un passage de !usiue descripti(e 3@ubos ,?, 8 article « 9$!phonie » de l"Enc6clopédie5& Johann Lda! /iller 317;8-1805 est au 18!e sicle la#igure e!blé!atiue de la !usiue * eip=ig, et égale!ent du 9ingspiel ou opéra co!iue alle!and, dont(a chasse 32ie 7agd 5 est l"un des e2e!ples au succs populaire le plus durable& En 17? a paru * Berlinson Traité sur l8imitation de la nature dans la musique 3 !"handlung 9"er die Nachahmung der Natur in der Musik: en 1781 il publie une traduction des ;"ser&ations sur la musique de 'habanon sous le titre 2e la

musique et de ses e''ets </"er die Musik und deren =irkungen:. 2ie 7agd s"inspire de l"opéra-co!iue (eroi et le 'ermier de >onsign$ 317;5, ui co!porte aussi une célbre scne d"orage& a scnecorrespondante dans (a chasse !arue les esprits) c"est la pre!ire #ois ue l"i!itation de l"orage estcon#iée * l"orchestre seul, sans lien a(ec une aria& Qn té!oignage d"époue nous décrit les conditionsscéniues de sa représentation, oR la logiue de l"i!itation peut se!bler abusi(e puisue des !achiness"e##orcent de recréer au thé%tre les conditions d"une a(erse a(ec ses di##érentes phases S 3/"er die(eip%iger >9hne. ?@eites 0chrei"en& @resden 1770, p& 1 cité par Tarl eiser, 7ohann !dam AillerB Ein>eitrag %ur Musikgeschichte des CD. 7ahrhunderts, 18+, p& ??-?5& a re!arue de Engel en est d"autantplus i!portante) le cadre d"ense!ble de cette « s$!phonie d"orage » est une peinture obecti(e, !ais lapuissance !usicale de /iller, * en croire le uge!ent de Engel, consistera précisé!ent * ne pas secontenter de ce seul registre pour $ insérer plus essentielle!ent la di!ension subecti(e de l"i!itation&Huant * FranUois-Lndré @anican ou hilidor, il s"illustre e##ecti(e!ent sou(ent dans des passages de!usiue descripti(e, !ais nous ne localisons pas la « s$!phonie d"orage » * lauelle Engel #ait allusion&

Engel aurait-il ici con#ondu a(ec l"Au(re de >onsign$ ui participe de #ait * la gense de celle de /iller:

3



les !o$ens les plus adaptés de leur cononction& "intérGt de son anal$se est donc

d"abord d"é(iter toute e2clusi(e, en donnant les !o$ens sé!iotiues de penser

concrte!ent l"articulation du pre!ier de ces !odes * l"autre 6 #aute de uoi, cependant,

l"e!ploi irré#léchi de la peinture occasionnera e##ecti(e!ent la dénaturation ou !G!e la

destruction de l"e2pression&

@ans le concept Vmer ", par e2e!ple, il se peut ue seuls les dangers, la pro#ondeur, l"a!pleur del"étendue entrent en ligne de co!pte dans la liaison actuelle des pensées dans ce cas on

7 @ans le !élodra!e !riadne au' Naxos de W& L& Benda ) >, 00& '"est, dans le te2te, le tout pre!ier e2e!ple de Engel pour introduire * l"idée de « peinture !usicale »& Benda 317;;-17+?5, originaire deBohG!e, appelé * Berlin par Frédéric en 171, puis auprs du @uc de 9a2e-Wotha, doit précisé!ent unegrande part de sa célébrité * cette #or!e !usicale ui e2plore les #rontires du l$ris!e ) le duodra!e, ou!élodra!e * deu2 protagonistes, oR l"action reste décla!ée sans Gtre chantée& !riadne au' Naxos 3177?5,succs européen 3Benda la dirige lui-!G!e en 1781 * la 'o!édie-italienne de aris5, est la pre!ire et laplus connue de ces pices duodra!atiues& Engel pour sa part a pu l"entendre * Berlin en 177& 9i Bendase !ontre si original a(ec le duodra!e, c"est ue plus encore ue dans l"opéra la !usiue $ est au plusprs du thé%tre par son aspect décla!atoire& >ais le thé%tre $ reste tout aussi proche de la !usiue )Johann 'hristian Brandes, pour le li(ret, se base sur le te2te de la cantate tragiue épon$!e de /einrichXilhel! (on Werstenberg 31775 adaptée par Johann Ldolph 9cheibe& e cas d"une Au(re !élodra!atiueest particulire!ent intéressant dans le débat peinture4 e2pression ) son caractre é!ine!!ent dra!atiuepice suscite bien é(ide!!ent la di!ension e2pressi(e& >ais la seconde, pour autant, n"en est pasabsente ) les didascalies du li(ret co!portent des indications i!itati(es pour la !usiue, par#ois directes etpar#ois indirectes 3« <n entend sonner uelues instru!ents guerriers » « on entend rouler le tonnerre etgronder la te!pGte ui se l(e » « Lriane sort dans un tu!ulte assourdi de !usiue D&&& Qn éclair la#rappe »&

# ar la langueur et le balance!ent dans le !ou(e!ent et le r$th!e d"une phrase )>, ?& "e2e!ple pris est celui de l"aria « Huesto il suol, cui passai - tanti regnie tanto !ar » dans l"oratorio 0anta Elena al cal&ario de /asse 3174 177;5& Johann Ldol# /asse 31++-1785, !a.tre de chapelle de @resde de 17 * 17, ouit * cetteépoue d"une telle reno!!ée en Europe 3nota!!ent pour la !usiue (ocale5 ue >o=art souhaitera « Gtre i!!ortel co!!e lui »& lus « italien » ue les co!positeursprécédents, * la #ois proche et ri(al de /aendel, c"est le représentant de l"opera seriaet non plus du 9ingspiel& <n notera ue c"est un aspect de la décla!ation« italienne » ue Engel critiue uste!ent dans le passage co!!enté, a(ecl"« e2tension » donnée, « selon l"usage italien », au « dernier !ot » du (ers )

précisé!ent l"e##et r$th!iue suggérant le balance!ent des (agues&$ "e2e!ple est celui de la course d"Ltalante 3>, 0?& a ré#érence !usicalee2acte n"est pas précisée, il peut s"agir plutPt du dra!e !usical de /asse 3 !talanta,@resde, 1775 ue de l"opéra de /aendel le précédant d"un an * ondres Yoirbiographie /asse pour autres suggestions5 ) ici la !usiue « peindra » nonseule!ent, !atérielle!ent, le halte!ent, dont la nature est directe!ent audible,!ais aussi, structurelle!ent, la (itesse, dont la nature est hétérogne !ais pourtantaccessible * l"i!itation par le biais de l"analogie 3ou ici « resse!blancetranscendantale » ) sur cette notion, propre * Engel et décisi(e pour assurer lacohésion de son s$st!e sé!iotiue trans(ersal, c#& in'ra, note ;5 ue constitue

précisé!ent la structure « énergiue » du r$th!e& « e co!positeur traue cesresse!blances transcendantales, et par une succession de notes rapides peint, du

http://fr.wikipedia.org/wiki/1722_en_musique_classique



http://fr.wikipedia.org/wiki/Boh%C3%AAme


http://fr.wikipedia.org/wiki/Boh%C3%AAme




co!!ettrait la #aute la plus !ani#este contre l"e2pression si l"on peignait le dou2 batte!ent des(agues& 9i "ai bon sou(enir aprs toutes ces années, /asse n"a pas totale!ent é(ité cette #aute dansl"aria dé* citée de la 0anta Aelena& @ans les lignes ) Vuesto - il suol+ per cui passai1 Tanti regni etanto mar’ , l"allonge!ent u"il a donnée au dernier !ot, selon l"usage italien, e2pri!e un dou2ballotte!ent 6 auuel il était absolu!ent i!possible u"/élne pense ici en chantant 1;& En aucun cas,et sous aucun aspect, il ne #allait peindre ici cette idée&1

'es uelues anal$ses nous ont per!is d"entrer de plain-pied dans l"hori=on !usical de

Engel& Elles nous donnent aussi l"occasion de uger de sa connaissance a##ir!ée des

!odles !usicau2 ui lui sont conte!porains, d"une oreille et d"un goZt !usical asse=

#ins, et !ani#este!ent encore d"une éducation !usicale su##isante pour sa(oir !anier *

propos les aspects techniues du langage !élodiue et har!oniue dans la #or!ation de

ses uge!ents critiues& Engel parle de la !usiue sinon en ho!!e de !étier, du !oins

en connaisseur solide!ent éclairé& !oins inco!plte!ent, la course rapide d"Ltalante ue seule la gestuelle peut i!iterco!plte!ent » 3>, 05& 9i la considération de telles « resse!blancestranscendantales » per!et de proposer un cadre conceptuel précis pour l"e2tensiondu concept de peinture, notons u"* ce pre!ier ni(eau elle n"aouterait alors pourtantrien sur le #ond * (ingt-deu2 sicles de co!!entaires sur la di!ension « i!itati(e »de la !usiue, en prenant Lristote co!!e point de départ 3la Poétique, 1 englobebien la !usiue dans la paradig!e de la mim*sis B le « eu de la #lZte et le eu de lacithare » sont inclus dans les espces i!itati(es de l" « art poétiue »& @ans les artsé(oués 3épopée, po!e tragiue, co!édie, dith$ra!be et art instru!ental,au2uels Lristote aoute alors encore la danse dans le paragraphe sui(ant5,l"i!itation est d"ailleurs touours considérée co!!e ce ui s"e##ectue par le « r$th!e,le langage et la !élodie » 317a5& >ais il $ a pourtant plus& Engel raoute un(ocabulaire ui doit retenir l"attention, car il ne se bornera plus seule!ent * ladi!ension obecti(e de l"i!itation ) sa s$sté!aticité (a encore lui per!ettre de seprolonger du registre de la peinture * celui de l"e2pression, ou i!itation subecti(edes senti!ents 3(oir note ; et p& ;; s& 5&

1% &ar un mou'ement « dont le faste rappelle la marche militaire » ( )&*+ 33$ ,- nou'eau dans le mme

oratorio de /asse0. *ais comme le souligne ichard J. ill dans son analse du passage+ « en fait+ comme Engelle sa'ait s4rement+ le th5me de /asse+ battu 6s7inging8 alla breve+ ne « peint » pas seulement l’apparition phsique du personnage+ mais « e9prime » également sa 6dignified8 e9citation en décou'rant la perspecti'e qui

s’ou're depuis le :al'aire ; tandis que la partie 'ocale prend la marche - son compte » ,ichard J. ill+ Thecharacteristic symphony in the age of Haydn and Beethoven+ 13!<13"0 ( 'oil- peut<tre pourquoi Engel a=outequ’ « une telle peinture n’a du moins pas blessé >son? sentiment » ,)&*+ 33$0 ».

11 ar des « pi==icato » 3sic 5 au « pupitre des (iolons » ) >, ;&

12 e (erbe « e2pri!er » est ici e!plo$é incorrecte!ent au lieu de « peindre », uiserait conceptuelle!ent le seul correct S '"est la seule entorse ue "ai pu rele(er dela part de Engel * la s$sté!aticité de son propre (ocabulaire, dans ce te2te !aisaussi dans la totalité de la Mimik &

13 >, ?& Engel aoute encore ) « l est incro$able de constater * uel point la

!élopée [Singsang\ italienne a détruit l"e2pression !G!e che= nos co!positeursles plus e!preints de génie »&

!



;& 'e cadre une #ois posé, l"esthétiue de Engel se !arue en outre par trois autres

traits caractéristiues, ui contribuent * orienter la !anire dont sera !is en Au(re le

probl!e général ue nous a(ons dé#ini)

- par rapport * la tradition de l"esthétiue #ranUaise, ui a aussi che= lui une trs grande

i!portance, le s$st!e de Engel s"e##orce de donner * ses conclusions des #onde!ents

logiues, !étaph$siues et ps$chologiues * partir de l"arrire-plan spéculati# de

l"esthétiue bau!gartenienne& 9"agissant de la nécessité de déterminer l"e2pression,

nous !ettrons en a(ant la #écondité de la s$nthse ui s"opre alors, dans cette

philosophie dite « populaire », entre tradition spéculati(e alle!ande et tradition« critiue » ou e!piriue des esthéticiens #ranUais et alle!ands&

- ar ailleurs, les e##orts de Engel (isent trs claire!ent une esthétiue générale, uand

bien !G!e, * la !anire a##ectionnée par l"auteur, ses écrits se présentent co!!e une

suite de tra(au2 sur les arts pris en particulier 3la Mimik , la lettre 0ur la peinture musicale,

!ais aussi la Theorie der 2ichtungsarten de 1785, et partout co!!e un ense!ble de

re!arues certes dé(eloppées, !ais dont l"auteur a##iche touours ostensible!ent lere#us de #aire « s$st!e »&

'e proet sous-acent est ce ui lui per!et de dépasser les résultats ue la tradition

du « parallle des arts » a établi usu"ici soit dans le do!aine #ranUais, soit dans le

do!aine anglais1& Engel place encore ce parallle dans la notion d"i!itation, en !G!e

te!ps tra(ersée de la (olonté claire d"é!ancipation de l"« e2pression »& >ais co!!e

nous l"a(ons (u, l"e2pression est « prise » elle-!G!e dans le paradig!e i!itati#& L ce

cadre de l"i!itation co!!e * cette é!ergence de l"e2pression il #aut alors restituer leur

pendant, la ré#érence co!!une, per!anente et, se!ble-t-il, auto-su##isante * la

« Oature »& En e##et, aussi bien l"art est censé i!iter « la nature » co!!e obet, aussi

1 our un parallle des arts dans leur globalité ) @ubos, Fé'lexions critiques sur la poésie et la peinture, 171+ Batteu2, (es "eauxG!rts réduits un m*me principe,17 Ddésor!ais si!ple!ent cités ) @ubos Batteu2 ces deu2 ré#érences sontdécisi(es pour Engel, la pre!ire étant la plupart du te!ps e2plicitée, la secondeplus rare!ent& a tradition anglaise do!ine pour le parallle poésie4 !usiue ) nousutiliserons ici 'harles L(ison, !n essa6 on musical expression, 17?; John Bro]n, !

dissertation on the rise+ union and po@er+ the progressions+ separations+ andcorruptions o' poetr6 and music , 17&

"



bien la « Oature » co!!e puissance est touours * nou(eau elle-!G!e le #onde!ent de

la puissance expressi&e de l"%!e, puis de l"art& >ais ue peut-il se cacher

conceptuellement derrire ce « !otto », l"in(ocation de cette puissance « naturelle »

touours recon(ouée aussi bien par les tenants de « l"i!itation » co!!e de

« l"e2pression » :

- e dernier a2e constituti# des recherches de Engel s"articule au second ) elles

débouchent sur les (éritables prémisses d’une théorie sémiotique générale appliquée

l’esthétiqueC) & 9ans donc (iser un « s$st!e général des arts » 3ui i!pliuerait entre eu2

co!paraison, genses ou #iliations respecti(es 5̂, sa pensée donne les !o$ens

d"instituer non plus seule!ent un paradig!e co!!un 3co!!e l"est le cadre de la notion

d"i!itation5, !ais encore de (éritables outils trans(ersau2 pour une anal$se concrte des

Au(res& 'e sont des outils sé!iotiues a(ant la lettre ) en enrichissant de #aUon

considérable l"anal$se des #aUons u"ont les signes de ren(o$er * ce u"ils (isent, Engel

prend pied dans la théorie de l"i!itation pour la pousser (ers ce ui de(ient peu * peu

une théorie de la signi'ication&

Linsi c"est le cadre d"anal$se sé!iotiue ui réussit * ren(erser l"apparente

subordination de l"e2pression * l"i!itation, lorsu"on l"appliue * la distinction de la

« peinture » et de l"e2pression ) considérons ainsi plus haut l"e2e!ple de la !arche

!ilitaire dans l"oratorio de /asse, et son anal$se par N& Xill& >G!e dans ce en uoi le

signe esthétiue « peint », c"est-*-dire, selon la conceptualisation de notre auteur, i!ite

l"obecti#, ne s"agit-il uste!ent que 6 et essentielle!ent 6 d"obecti# : Oe #erait-on ue

'eindre de ne pas s"aperce(oir ue cette « peinture » ne « peint » en réalité u"* la #a(eur

de l"appui pris sur une structure a''ecti&e sousG#acente de notre âme : Hue, lorsu"elle

est esthétiue!ent signi#iée, l"i!itation de la structure e##ecti(e du réel #inale!ent ne

nous « touche » u"en (ertu de cette 4 conni&ence 5 entre l’o"#ecti' et le su"#ecti' :

& 'onni(ence ui n"aura pourtant rien d"énig!atiue, si nous acceptions de sui(re

usu"au bout le t$pe d"anal$se auuel nous con(oue Engel& En 1780, para.t donc la

(ettre sur la peinture musicale 3/"er die musikalische Malerei 5& Elle est traduite en

France en 17+ * la suite de la Mimik CH & "essai est dédié * Johann Friedrich Neichhardt,

!a.tre de la chapelle ro$ale de russe depuis 177?, ui (ient de publier un essai 0ur

1! '"est donc en tant ue sémiotique ue l"esthétiue de Engel aura son unité et saprétention i!plicite * l"esthétiue « générale »&

@



l’opéra comique allemand CI . Neichhardt représente, par rapport * l"re de Wraun et

/asse, une !odernité ui pla.t * Frédéric et ui s"e2pri!era plus tard dans une

é(olution naturelle (ers le ro!antis!e18& "initiati(e de cette dédicace !ontre donc un

Engel proche des !ilieu2 !usicau2 de ce Berlin de la #in du sicle, ui conna.t une

e##er(escence autour de l"opéra et des débats ue suscite l"é(olution des genres ) on $

discute, nota!!ent, les conséuences de la cononction de l"art !usical et de l"art

dra!atiue, sous la #or!e italienne de l"opéra co!!e sous la #or!e alle!ande du

0ingspiel CJ dont (enait de traiter l"essai de Neichhardt&

9"agissant du 9ingspiel, Engel a écrit lui-!G!e un li(ret en 177;) le te2te

dra!atiue 2ie !potheke, pour un opéra-co!iue !is en !usiue par 'hristian Wottlob

Oee#e 6 pre!ier !a.tre de Beetho(en;0& @"e!blée, la !usiue est donc pour lui

inti!e!ent liée * l"art dra!atiue 6 dans la pratiue co!!e dans la théorie&

@u point de (ue de l"historien des idées et de la philosophie, on pourrait alors sui(re

plus précisé!ent co!!ent cet essai de 1780 sur la « peinture !usicale » prépare

l"Au(re !onu!entale de 178?-178 6 uel trans#ert s"$ ébauche de la !usiue * l"art

dra!atiue, sachant ue l"a2e (ertébral ui structurera la subdi(ision de l" « i!itation » en

« peinture » et « e2pression » $ est dé* posé, !ais uste!ent n"$ possde pas non plus

d"e!blée son autono!ie& Oous pré#érerons néan!oins aborder ici ces uestions sous

l"angle d"un probl!e ) celui-ci pourra se!bler restreindre le propos * un point de détail,

!ais nous nous attacherons en !G!e te!ps * !ontrer u"un tel détail, ui n"est autre

ue la spéci#icité de l"opéra, est porteuse des enseigne!ents essentiels uant *

l"ense!ble du propos « !usical » de Engel&

1" Jansen&

1@ /"er die deutsche komische ;per+ ne"st einem !nhange eines 'reundscha'tlichen>rie'es 9"er die musikalische Poesie, /a!burg) Bohn,177&

1# Neichhardt #era de sa propriété de Wiebichenstein le célbre « re#ugero!antiue » 3Aer"erge der Fomantik 5&

1$ « <péra co!iue » singularisé par la présence possible de dialogues parlés,par#ois doublés d"acco!pagne!ent instru!ental&

2% Aonné le 13 décembre 1@@1 au Theater in der Behrenstrasse - Berlin+ - l’endroit mme oC sera construit le futur

Komische Oper .

#



'e probl!e est celui ue Engel pose lui-!G!e * son correspondant #icti# dans la

section de son « art du geste » oR il aborde précisé!ent la uestion de l"opéra ;1& 'ar si

nous tenons pour acuis ue les principes de la sé!iotiue esthétiue de Engel

s"appliuent * tous les arts u"il a successi(e!ent étudiés, une conséuence inattendue

et do!!ageable se!ble en e##et de(oir se pro#iler pour l"opéra, ui )

- soit de(ra se (oir conda!ner d"un point de (ue esthétiue nor!ati# or cette pre!ire

option se (erra, en !G!e te!ps, e2clue ) nous a(ons (u, de #ait, Engel librettiste S

- soit, donc, l"opéra introduira une sorte d"e2ception dans le s$st!e nor!ati# découlant

des pré!isses théoriues du s$st!e de Engel&

ouruoi : e co!prendre i!pliue ue nous re(enions sur ces pré!isses

théoriues, ui nous ren(errons en !G!e te!ps * la place ue Engel a donnée de

!anire pri(ilégiée, dans ses ré#le2ions, * certaines de ses sources et de ses lectures

dans la tradition #ranUaise&

Pour une théorie de l’a''ect dans le cadre d’une théorie générale des 4 arts énergiques 5

a raison pour lauelle l"opéra buterait en théorie sur un interdit nor!ati# pourrait

appara.tre co!!e rebattue, s"il ne s"agissait ue de la rattacher * la critiue d"un « genre

!i2te » en général ) c"est-*-dire d"abord !i2te entre plusieurs arts, !usiue, poésie et

geste 6 co!!e si ceu2-ci procédaient de principes si di##érents u"ils ne pussent

s"accorder dans une production et un acte co!!un& <r ici, l"erreur serait de taille )

l"esthétiue de Engel pro!eut uste!ent l"idée in(erse, celle d"une base co!!une, et *

partir de l* d"un appui !utuel de ces trois arts en particulier, par!i un ense!ble plus

(aste encore ) celui des « arts énergiues » ou encore « arts !usicau2 »;;&

<r cette ré#érence au2 « arts !usicau2 » ne saurait s"éclairer sans le rappel d"une

doctrine dé#endue dans le cadre d"un débat philologiue sur la con#iguration des arts dela scne dans l"Lntiuité& @ubos et Batteu2 en sont les principau2 artisans dans le

do!aine #ranUais;& @ubos surtout, consacre toute la troisi!e section de ses Fé'lexions

critiques * l"établisse!ent de ce principe et de ses conséuences ) nous pou(ons

21 Mimik , 8, 1; ) « Qne chose !"e2pliue ce ue e n"a(ais point saisi usu"alors, c"est-*-dire le=le, e dirais presue la passion ue (ous déplo$e= * dé#endre le spectacle panto!i!e ) c"est ue leraisonne!ent ue "ai tenu * l"encontre des (ers (ous #ait craindre pour le sort de l"opéra » &

22 Mimik , , 8 ) « es concepts et les rgles en eu Ddans l"anal$se de l"art gestuel,

obet propre de la Mimik sont de ceu2, plus générau2, ui (alent de l’ensem"le desarts musicaux » s&

$



reconstruire un « concept ancien de la !usiue » ui englobe sous l"ite! d" « arts

!usicau2 » bien d"autres arts au2uels nous ne rattachons plus auourd"hui la

« !usiue » dans son sens restreint;& Engel est tout * #ait e2plicite dans sa ré#érence *

cette théorie, nota!!ent lorsu"* la lettre ; de la Mimik , il appuie sur elle le

ren(erse!ent crucial de son ou(rage 6 uant * la double #aUon d"$ considérer le geste en

lui-!G!e )

Oe parlons plus de l"art dra!atiue en tant en tant ue se!blable * la peinture, en tant u"il neprésente u"une seule et uniue (ue préle(ée dans l"espace S Hue !aintenant il soit encore uestionde ce m*me art en tant qu’il produit son e''et dans le temps, ou en un !ot, en tant ue musique S 6'o!!e (ous le (o$e=, e prends ici le ter!e de !usiue au sens ue lui donnaient les anciensWrecs D&&&& Yous !e dispensere= "espre de prou(er ue le ter!e de !usiue recou(raite##ecti(e!ent tous ces arts D&&& et eu2 seuls (ous pourre= l"établir (ous-!G!e * partir des passagesue Bro]n et @u Bos ont collecté dans laton, Lthénée, orph$re, Lugustin, le Huintilien grec et le

Huintilien latin& ;?

<n rel(era !G!e, en se #ondant sur une anal$se plus précise des deu2 ou(rages de

Bro]n et @ubos, ue l"in#luence du second se !arue da(antage ) car la 2issertation d e

Bro]n, si elle contient bien cette ré#érence au2 « arts !usicau2 » dans l"acception de la

!usiue antiue telle ue la retrace notre citation, ne #ait par ailleurs aucun usage du

concept d"« énergiue » auuel Engel prétend pourtant ra!ener ce pre!ier concept&

9i (ous co!pare= les Beau2-Lrts ue nous (enons de citer, (ous reconna.tre= aussitPt ue dans

l"ancien concept de la !usiue les deu2 caractres essentiels étaient liés B la di!ension énergique+soit celle qui op-re dans le temps+ et la di!ension sensi"le.H

23 'e débat lui--!G!e (a Gtre lié * la théorie du « parallle des arts », dont il est l"undes #acteurs en per!ettant un possible dépasse!ent du cadre de l"« ut pictura poesis », lorsue celui co!!ence * ne plus donner toute satis#action au2

théoriciens&2 @ubos, , a(ant-propos, 1 ) « a !usiue des Lnciens était une science bien plusétendue ue ne l"est notre !usiue. Luourd"hui la !usiue n"enseigne ue deu2choses, la co!position des chants !usicau2, ou des chants propre!ent dits, etl"e2écution de ces chants a(ec la (oi2 ou sur des instru!ents& a science de la!usiue a(ait par!i les Wrecs et les No!ains un obet bien plus (aste D^& "artpoétiue était un des arts subordonnés * la !usiue D&&&& "art de la saltation ou l"artdu geste était aussi l"un des arts !usicau2. D&&& En#in, la !usiue des Lnciensenseignait * co!poser co!!e * écrire en notes la décla!ation »& Batteu2 reprend la!G!e idée 6 !ais en se dispensant de toutes les ré#érences érudites ue @ubos a

soigneuse!ent collectées et discutées pour l"établir 6 (oir ci-dessous5) Batteu2, ,a(ant-propos, ;?0-;?1&

1%



@ans la double tradition #ranUaise et anglaise, le ter!e « énergie » a une trs grande

place ) ainsi on retrou(e le ter!e et i!plicite!ent le concept che= L(ison ;7, oR, de !G!e

ue che= @ubos, Batteu2, sa signi#ication se rattache alors * l"idée d"une puissance

expressi&e, ui ressortirait * la 4 nature », soit de l"%!e, soit des arts eu2-!G!es;8&

Oous rele(ons ici une de ces appropriations conceptuelles !agistrales par lesuelles

Engel opre un (éritable s$ncrétis!e notionnel, tournée (ers ses propres besoins

théoriues& ar rapport * la tradition #ranUaise, sa position est (olontaire!ent a!bigu_ )

le ter!e d" « énergie » ou d" « énergiue » n"$ possde pas le sens précis u"il lui con#re

en le reliant uant * lui * ce ui « opre dans le te!ps » 6 uoiu"il #eigne ici de le

prétendre&&& co!!e pour donner * son propre concept d" « énergiue » une #iliation ui lui

con#érerait d"e!blée une totale autorité&

'ar si l"art « énergiue » est « opre dans le te!ps », c"est * essing u"il est #ait

ré#érence ) !usiue, danse, art du geste, poésie, décla!ation s"opposeront bien co!!e

2! Mimik , ;, 70& e « Huintilien grec » !entionné par Engel est Lristides Huintilianus,!usicologue antiue dont le Traité de musique est la source principale de @ubos 3@ubos,, 5& ar!i toutes les ré#érences antiues données par Engel, laton et Lthénée sontcelles de John Bro]n dans sa 2issertation de 17 dé* citée 3Y, 1, -7) (oir laton, !lci"iade, 108c Lthénée de Oaucratis, (es 2eipnosophistes, 2i(5 »& es autres auteursindiués sont les ré#érences récurrentes du te2te de @ubos, dont on peut donc dé#endre

u"il a été la source principale de Engel lui-!G!e5 ) Lugustin, 2e musica orph$re etson co!!entaire des Aarmoniques de tolé!ée& Oous a(ons égale!ent !entionné Lristote ui, lui, inclut !usiue et danse dans l"ense!ble plus large de la « poétiue » )« e eu de la #lZte, de la cithare et les autres arts ui ont le !G!e e##et propre, co!!e le eu de la s$rin2, i!itent en recourant seule!ent * la !élodie et au r$th!e, et la dansei!ite * l"aide de r$th!e sans !élodie car les danseurs aussi, * l"aide de r$th!es uetraduisent les #igures de la danse, i!itent caractres, passions et actions » 3Poétique 1,17 a5& Lristote note alors ue « l"art ui i!ite par le langage seul D&&& est resté sansdéno!ination usu"* ce our ) l"« art poétiue », par contraste, englobe donc et ce ueEngel déno!!e « arts !usicau2 » * la suite de Batteu2, et cet art encore sans no! uenous restreindrons ultérieure!ent * notre propre « poétiue »& En ce ui concerne Engel, il

#aut en tout cas é(ouer l"i!portance cruciale de ce « tournant » ui s"e##ectue ici sous l"égide du « conceptancien de la !usiue » ) en de!andant de ne plus considérer le geste co!!e « peinture » !ais aussico!!e « !usiue », il souligne l"articulation inséparable des di!ensions spatiales et te!porelles dans laper#or!ance gestuelle 6 ce ue essing lui-!G!e a(ait dé* énoncé ) « "art de l"acteur se tient ici entre lesarts plastiques et la poésie+ #uste au milieu & 'o!!e peinture (isible, la beauté doit assuré!ent en Gtre laloi !ais co!!e peinture transitoire, elle ne doit pas touours donner * ses attitudes ce cal!e ui rend lesAu(res d"art antiues si i!posantes » 3Aam"urgische 2ramaturgie ) (essings =erke, Xiss& Buchgesell&@ar!stadt, Y, ??-?5 !ais il le souligne tout en pensant trou(er le biais !éthodiue pour les anal6ser ,disoindre en pensée ces deu2 di!ensions 3Mimik , -1 Mimik , ;-?5&

2" Mimik , ;, 71 ) suite i!!édiate de la citation précédente&

2@ « &&& a considerable energ$ or #orce o# e2pression » 3 !n essa6 on musical expression, 6 ;00,p&1+5 « the energ$ and grace o# !usical e2pression^», p& ;5&

11



« arts du te!ps » au2 arts plastiues co!!e « arts de l"espace », selon la distinction

opérée par le (aocoon.J <r co!!e nous l"a(ons lu dans la citation de la lettre ;, Engel

appelle elle-!G!e « !usiue » cette di!ension énergique de la représentation ) ce ue

essing désignait co!!e « poésie » a, d"une #aUon trs signi#icati(e, glissé du cPté du

non s$!boliue&

a notion d" « énergiue » #onctionne ainsi che= Engel par une suri!position de sens&

'ar en#in une troisi!e tradition conceptuelle s"adoint au résultat #inal ) et nous aurons

2# @ubos, , ?, ) « Kous ces sons D^ ont une #orce !er(eilleuse pour nousé!ou(oir, parce u"ils sont les signes des passions, institués par la nature dont ilsont reUu leur énergie, au lieu ue les !ots articulés ne sont ue des signes arbitrairesdes passions »& our Batteu2, le sens peut Gtre le !G!e, ou ren(o$er encore plusdirecte!ent * un degré d’intensité de l"e2pression a##ecti(e ) « Ddans l"art, les rglesne ser(ent u"* #orti#ier Dl"e2pression naturelle en la polissant, elles aug!entent leurénergie en $ aoutant des gr%ces » 3Batteu2, , , ;775 « tout ce ue l"Lrt aouteau2 tons de la (oi2 et au2 gestes, doit contribuer * aug!enter ce sens, et * rendreleur e2pression plus énergiue » 3, ;?+5& 'ependant, ce (ocabulaire de l"énergien"est pas do!inant ni !G!e reconnu co!!e ter!e-clé dans son esthétiue ) il estsu!pto!atiue ue l"inde2 de l"ou(rage ne le retient pas co!!e entrée&

2$ (aocoon, 1, 1;0& <n notera cependant ue, par rapport * essing, Engel ne (isenulle!ent * opérer par l* une distinction entre les arts destinés * représenterl"« action » et sa (raise!blance, ou in(erse!ent le « corps » et sa beauté& Oousl"a(ons (u, le principe de sa bipartition esthétiue est autre 6 celui de l"obecti# et dusubecti# 3ceci dit on é(itera aussi de se !ontrer * nou(eau trop na`# sur la position!G!e de essing ) si corps et action se!blent tous deu2 se rapporter * la« peinture » obecti(e - au sens de Engel -, en réalité les deu2 seront#onda!entale!ent rapportés au su"#ecti' ) ce ui per!ettra uste!ent de croiser,dans cette !esure, les obets « propres » de l"art poétiue et des arts plastiues&&& Yoir (aocoon, ;1, 1?0-1?1, lorsue essing attire l"attention sur ce procédé e!plo$épar /o!re pour re!édier * la di##iculté de peindre poétiue!ent, et directe!ent, labeauté des corps 3en l"occurrence, celle d"/élne ) $liade,1?-1?85& Huant * la

peinture de l"action dans les arts plastiues, c"est toute l"anal$se préli!inaire dugroupe sculpté du aocoon ui tire sa signi#ication de ce contourne!ent ) pouruoiaocoon ne crie-t-il pas : Oon pas seule!ent pour ue la pierre ne « bée » pas3(aocoon, ;5 !ais aussi selon l"anal$se de l"« instant #écond » dans lareprésentation plastiue ) pour ue l"action dans lauelle cette scne plastiue prendsens 3car la surprise de l"attaue, l"étou##e!ent, la lutte, la !ort&&& prennent bien placedans le déploie!ent d"une durée5 puisse se (oir restituée * l"hori=on de la scne enelle-!G!e& Oe pas représenter aocoon au su!!u! de la douleur, donc au !o!entdu cri, est l"aboutisse!ent de ce raisonne!ent ui nous proette * nou(eau dans laréception subecti(e de la représentation ) « dans le cours d"une passion, l"instant duparo2$s!e » place le spectateur dans une situation passi(e oR son i!agination ne

peut plus rendre subecti(e!ent le relais de la #or!e plastiue pour se représenterl"action 3(aocoon, , ??-?5&

12



alors l"un de ces cas de s$nthse entre tradition #ranUaise et anglaise, d"une part, tradition

spéculati(e alle!ande, d"autre part, en intégrant le concept de « (i(acité » de la

représentation par leuel Bau!garten désigne la structure logiue de la représentation

sensible& Qne représentation non seule!ent « sensible », !ais « (i(e » sera dotée d"une

« déter!ination » su##isa!!ent précise, par le no!bre des « !arues caractéristiues »

ui la co!posent, pour posséder en elle-!G!e l"indi(idualité logiue, ou du !oins

l"é&oquer esthétiue!ent ) de telles représentations, et de telles représentations

seule!ent, nous pourrons #aire un usage esthétiue, et ce d"autant plus ue cette

représentation (oit son degré de « sensibilité » aug!enter a(ec sa « (i(acité »0&

(’opéra et le pro"l-me des 4 degrés énergiques 5

L partir de cette e2plicitation de la structure du concept d"« énergiue », nous

pou(ons alors re(enir * ce ue nous désignions plus haut « probl!e de l"opéra »&

e possible reet théoriue de l"opéra tient e##ecti(e!ent * la suri!position de

plusieurs « arts !usicau2 » dans une !G!e représentation& 'ependant sous uel angle,

puisue pourtant !usiue, poésie et geste se con(iendraient essentielle!ent :

3% Bau!garten, Metaph6sica, ?;1, ?;, ? 3in ) Esthétique, aris ) "/erne,trad J-& ranchre, p& 8? et 8+5& e rPle de l"esthétiue spéculati(e de Bau!gartendans la philosophie populaire a sou(ent été sous-esti!é, nota!!ent parce u"il n"est a!ais e2plicite 3et pour cause ) les philosophes « populaires » reettent la #or!e« s$sté!atisante » de la philosophie spéculati(e ro!pent-ils pour autant a(ec les concepts u"elle a !is en place : Qn !ou(e!ent tel ue la philosophie « populaire »n"a en réalité été possible ue sur la base stricte de la philosophie de Bau!garten+uant * l"articulation u"elle pose, précisé!ent, entre logique et esthétique... ) c"estbien le #ait ue la « connaissance sensible » s"articule co!!e son prolonge!ent * la« connaissance rationnelle », en d"autres ter!es ue le !ode d"e2position esthétiue

soit posé co!!e « analogon rationis », ui per!et l"identi#ication d"un !ode« esthético-logiue » dans leuel les concepts et leur réelle teneur logiue pourrontaussi s"e2poser, * des degrés di(ers, de cette !anire « sensible » ui #ait l"e##ortpropre de la philosophie (oulant se rendre « populaire » S5&&& sau# précisé!ent che=Engel 3 !n'angsgr9nde einer Theorie der 2ichtungsarten, in ) Engels 0chri'ten, 1801-180, Berlin ) >$lius, (ol&11, p& ) Engel $ rattache e2plicite!ent son entreprise *une ré#le2ion sur les concepts bau!garteniens de « (i(acité » et de « per#ectionsensible »5& our la place e##ecti(e de ces concepts dans sa propre théoriesé!iotiue (oir par e2e!ple les lettres 8 et + de la Mimik dans la (ettre sur la peinture musicale, tout le pre!ier positionne!ent du concept de « peinture » dans ceue "appellerai plus loin la « naturalité logiue » 3in'ra, p&;;5 ressortit entire!ent au

cadre leibni=ien et bau!gartenien de l"anal$se logiue de la représentation enter!es de « !arues caractéristiues » et de leur co!binatoire propre&

13



Engel raisonnera sur la base d"une théorie e2trG!e!ent précise, ui pro(ient *

nou(eau de la tradition #ranUaise 6 sou!ise néan!oins, on s"en doutera !aintenant, * de

nou(elles distorsions ) nous n"aurons pas un re#us de la !i2ité des « arts énergiues »,

au contraire co!!uns en leur racine, !ais un re#us de la « dishar!onie » ui résulterait

de « degrés énergiues » propres, respecti(e!ent, au chant et * la poésie dra!atiue1&

Hu"est-ce ue ce « degré énergiue » : Oous approcherons au !ieu2 cette notion en

co!!enUant par rapporter la di(ision tripartite u"en propose Engel 6 son originalité étant

alors de l"appliuer * tous les « arts énergiues »& @ans l"art du geste, la poésie, la

décla!ation, on distingue ainsi ce ui pourra se dé#inir co!!e trois degrés d"intensité de

la !ise en Au(re de l"a##ect 3et sou(ent, par (oie de conséuence, du corps5 6 !G!e si,

entre ces trois « points !aruants », on peut en réalité obser(er toutes les nuances et

« degrés inter!édiaires »;&

@ans cette dé#inition, le lien de l" « énergiue » * l"e2pression a##ecti(e ren(oie donc

tout naturelle!ent cette notion au sens u"en donnaient les prédécesseurs #ranUais et

anglais& a di(ision tripartite, en re(anche, re!onte bien plus loin, usu"au s$st!e

ancien de la rhétoriue 6 et uoiu"* nou(eau la tradition #ranUaise ait !ani#este!ent pu

#aire relais puisu"elle !ultiplie elle-!G!e ses ré#érences * la tradition latine ) che=

'icéron, che= Lugustin, on trou(era sous le no! de « doctrine des trois st$les » 3si!ple,

te!péré, subli!e5 uelue chose d"éui(alent * ces trois « degrés énergiues »& Engel

généralise cette suggestion * l"ense!ble des « arts énergiues » ) au plus haut degré de

cette intensité a##ecti(e ui est celle de l"énergiue, nous obtiendrons une !ise en Au(re

« l6rique » de l"a##ect par le biais des signes esthétiues Engel parlera d"oratoire dans le

degré d"intensité si!ple!ent soutenu, et de st$le 4 naturel 5 dans le cas d"une intensité

31 Yoir plus bas ) citation et note +&32 Mimik , , 8-8 ) « @étourne= un instant (otre attention de la gestuelle et appliue=-la au r$th!eoratoire& Yous en a(e= trois genres D&&&& L ces di##érents genres de r$th!e correspondent autant degenres de décla!ation, tout aussi di##érentes& e plus haut degré est le chant ) c"est le degré l$riue,entire!ent dé#ini uant * la !esure et l"indi(idualité des sons, ui ds lors de(iennent setrans#or!ent en notes& a décla!ation de l"orateur passionné, du rhapsode récitant des Au(resl$riues ou épiues est !oins dé#inie, !ais dotée d"un caractre distincti# indéniable uant *l"élocution co!!une elle est la !oins dé#inie, par#ois tout * #ait paisible, par#ois n"esuissant ue(ague!ent les !ou(e!ents de l"%!e, !ais sans a!ais les dé(elopper, sans a!ais parache(er nipar#aire la tonalité dans lauelle s"inscrit chacun& Et co!!e c"était le cas pour le no!bre, nousretrou(ons égale!ent ici d"inno!brables degrés inter!édiaires ) l"élocution co!!une s"approche plusou !oins de la décla!ation noble, co!!e celle-ci, * son tour, s"approche du chant »&

33 'icéron, 2e oratore, 17, ? Lugustin, 2e doctrina christiana, Y, 1?, ?-8&

1



!ini!ale& l a(ait certes dé* pu en trou(er la suggestion che= Batteu2 ?, !ais pas

encore au degré de précision u"il atteindra lui-!G!e dans l"anal$se du dernier stade, en

établissant d"ailleurs plus claire!ent sa distinction a(ec le stade précédent&

"application de ce !odle * l"ense!ble des arts énergiues n"est pas sans

conséuence ) il contribue * en structurer le s6st-me de #aUon rigoureuse et réglée&7

>ais Engel en déduit surtout la contrainte sui(ante ) il i!porte en e##et, selon lui, ue

rgne « l"har!onie » dans ce !ode propre de signi#ication u"est le degré énergiue

d"une série de signes esthétiues c"est-*-dire u"aucun élé!ent d"une représentation

esthétiue « !i2te » ne de(rait déparer l"autre uant au « degré » oR s"établit l"e2pression

a##ecti(e8&

@ans ce cadre, pouruoi l"opéra #era-t-il e2ception : 'ar

c"est (rai ) si dans le dra!e il #aut dé* conda!ner la décla!ation oratoire et l"usage de !tresréguliers, il appara.t u"il #audra repousser encore bien da(antage les !tres l$riues, sicaractéristiues, et la décla!ation portée * l"apogée, soit le chant+&

En d"autres ter!es, pouruoi, #inale!ent, est-ce la !usiue !G!e ui, en (ertu de sa

« douceur si in#inie », elle ui par « le plus (oluptueu2 et le plus délicat de nos sens »,

« encha.ne l"%!e et la ra(it a(ec une telle puissance », « l"ab.!e si pro#ondé!ent dans la

3 'itation précédente, note ;&

3! Batteu2, ,1, ;??-;?7) « a parole, le geste, le ton de la (oi2 ont des degrés, oR ils répondent au2trois espces d"arts ue nous a(ons indiués D(ersi#ication, !usiue, danse& @ans le pre!ier degré,ils e2pri!ent la Oature si!ple, pour le besoin seul ) c"est le portrait na`# de nos portraits et de nossenti!ents ) telle est, ou telle doit Gtre la con(ersation& @ans le second degré, c"est la Oature polie par le secours de l"Lrt, pour aouter de l"agré!ent * l"utilité ) on choisit a(ec uelue soin, !ais pourtanta(ec retenue et !odestie, les !ots, les tons, les gestes, les plus propres et les plus agréables ) c"estl"<raison et le récit soutenu& @ans le troisi!e, on n"a en (ue ue le plaisir ) ces trois e2pressions $ont non seule!ent toutes les gr%ces et toute la #orce naturelle, !ais encore toute la per#ection ue

l"Lrt peut $ aouter, e (eu2 dire la !esure, le !ou(e!ent, la !odulation et l"har!onie »&

3" Batteu2 n"é(oue ue le « plaisir » et se!ble réser(er « !esure, !ou(e!ent,!odulation, har!onie » au troisi!e degré seul, uand celui de la « décla!ationsoutenue » i!pliue bien é(ide!!ent dé* les deu2 pre!ires propriétés ) c"est ceue @ubos, uant * lui, dé(eloppe ad li"itum et u"il prend pour base de toutel"architecture de son troisi!e li(re&

3@ 'ertains arts dans leur entier correspondront * un « degré énergiue » particulier )ainsi la « danse » de(ient * elle seule, et tout entire, la !ani#estation esthétiue dugeste dans son degré « l$riue » la musique au sens restreint, égale!ent ) nous

l"a(ons (u pour le chant Dnote ;, or une position trs #réuente * l"époue consisteest de le placer co!!e paradig!e de la !usiue instru!entale&

1!



ouissance de l"instant »0, se (erra accorder le pri(ilge de ro!pre par le haut

« l"har!onie » du « s$st!e énergiue » en lauelle consisterait toute production

esthétiue :

'ar Engel in(oue !aintenant une « petite distinction » « prGte * nous tirer d"a##aire »,

de #aUon * pou(oir garder de « l"indulgence » en(ers l"opéra1 ) !ais pouruoi cette

indulgence : Huelles peu(ent Gtre les raisons plus conséuentes par lesuelles Engel se

proposerait de #aire inure * son propre s$st!e pour « sau(er » l"opéra :

3# Mimik , 8, 1;7-1;8 ) « 9ans doute, une telle tension dans le !ode de l"action engendre touoursune contradiction toute#ois cette contradiction sera !oins #lagrante, elle restera plus si!ple, et pources deu2 raisons elle sera !oins dérangeante si du !oins une totale concordance est obser(ée dans

tous les !o$ens e!plo$és * désigner e2térieure!ent les senti!ents, au lieu ue tous les canau2 parlesuels passe cette désignation, !ots, r$th!e, eu, décla!ation, se contrarient autant entre eu2 u"ilspeu(ent encore Gtre opposés, partielle!ent ou non, * la disposition de l"%!e »& 'ette rgle d"« ho!ogénéité énergiue » de la représentation esthétiue co!posée se #onde donc elle-!G!e sur« l"ho!ogénéité énergiue » du signe esthétiue a&ec l’a''ect u"il e2pri!e& e choi2 du « degréénergiue », et du !G!e coup l"erreur possible dans ce choi2 3c#& * nou(eau l"e2e!ple d"/élne dansl"oratorio de /asse * la note 85, découle de l"anal$se de l"a##ect !G!e en tant u"il est représentation,et i!pliue par l* ) d"une part, certaines idées subordonnées, et non d"autres d"autre part, unecertaine structure dans l"encha.ne!ent de ces idées 3$deenreihe5& <r c"est cette « structure » uidonne lieu * la di!ension (éritable!ent énergiue de la représentation& Yoir ainsi Mimik , , 8-8?pour l"énoncé du principe général, sachant u"on le retrou(era régulire!ent pour chacun des artsisolé!ent ) poésie ou plus générale!ent l"art du discours 3Mimik , , 8-85 chant 3Mimik , , 8-875 décla!ation thé%trale 3Mimik , , 875, et en#in geste 3Mimik , , 87-88, + 8, 1;7-1;85&

@écla!ation 3l$riue ou dra!atiue5, gestuelle et a##ect poétiue se répondent donc selon le parallleu"o##rent les « structures énergiues » de tous les arts !usicau2&

3$ Mimik , 8, 1;?& 9ur le re#us de la décla!ation (ersi#iée au thé%tre ) Engel dé#endra consta!!ent,co!!e essing, l"esthétiue du dra!e bourgeois, pour en #aire, co!!e @iderot en France, l"idéalesthétiue de(ant é(incer la tragédie or la nature des a##ects (isés par cette nou(elle esthétiue i!pliue,selon les principes précédents, une é(olution conco!itante de la #or!e dra!atiue 3Mimik , concl& de lalettre 5& >algré sa pré#érence décidée en #a(eur de l"esthétiue nou(elle, Engel a d"ailleurs pourtant lacohérence d"appliuer son s$st!e au2 deu2 !odles concurrents - et du !G!e #ait, dans une perspecti(eencore élargie, au2 di##érents genres dra!atiues ui pro!eu(ent, pour les uns, le degré énergiue« si!ple », pour les autres, le degré énergiue supérieur de l"e2pression a##ecti(e ) « Qne (oi2 pluscaractérisée, plus soutenue, l* oR l"on penserait entendre le ton léger du dialogue, 6 ou in(erse!ent ce

!G!e ton l* oR la pleine splendeur de la décla!ation la plus noble aurait cette #ois toute sa place 6 unescne de Minna lue co!!e s"il s"agissait d"un des tableau2 les plus grandioses de la Messiade 6 ou bienencore l"in(erse ) alors ui ne perdrait patience, si du !oins la nature l"a doté d"une tGte et d"uncAur : our autant, la note ne serait pas tout * #ait #ausse, on ne #ausserait pas entire!ent la nature dusenti!ent ) dans le pre!ier cas c"est seule!ent u"on ne l"aurait pas atteinte, et u"on l"aurait outrée dansle second le récitant serait to!bé l* dans le pige de la #roideur, ici dans celui d"un pathos arti#iciel, del"e!phase, de la !i(rerie » 3Mimik , , 875& es deu2 Au(res citées sont des e!bl!es ) Minna &on>arnhelm, celle du dra!e bourgeois alle!and par essing 31775 , (a Messiade, celle de la poésie épiueet l$riue par Tlopstock 31785& l #aut re!aruer ici u"en ce ui concerne le second cas, on pourraitappliuer !ot pour !ot * ce passage la #aUon dont Engel conda!ne dans le do!aine l$riue ladécla!ation « * l"italienne » ) son esthétiue est bel et bien trans(ersale& Et c"est encore sur ce !G!eparallle ue Engel a##ir!era dans tous les do!aines esthétiues sa prédilection pour le degré énergiue!édian représenté par l"idéal de « !odicité ) « naturel » de la décla!ation (ocale ou « gestuelle » du

co!édien, contre e!phase décla!atoire du goZt #ranUais sur la scne tragiue retenue contre« a##éterie » (ocale dans la décla!ation l$riue se répondent ainsi a(ec une re!aruable continuité&

1"



Ootre réponse !ontrera alors une nou(elle propriété du concept d"« énergiue » )

propriété ue Engel ne suggre d"ailleurs a!ais u"entre les lignes 6 !ais ui, selon

nous, en sera sans nul doute d"autant plus cruciale& Oous pou(ons la résu!er dans la

#or!ule sui(ante ) la di!ension énergiue des s$st!es de signes esthétiues co!!e

des s$st!es d"a##ects u"ils représentent est par elle-!G!e signi'iante&

Musique et a''ect

'ar é(ouer seule!ent cette puissance « particulire » a(ec lauelle la !usiue nous

« touche » n"est * l"é(idence u"un se!blant de réponse& a réponse (éritable passerait

par une uestion plus sérieuse ) * sa(oir si nous pou(ons tirer au clair, sur la base du

s$st!e proposé, pourquoi la !usiue nous touche particulire!ent&

L appliuer de #aUon stricte la théorie des trois « degrés énergiues », la !usiue

to!be tout entire dans le do!aine de la plus haute intensité énergiue, le degré l6rique&

L ce titre elle aurait donc (ocation particulire * l"e2pression a##ecti(e 6 bien au-del* de

ses capacités dans l"ordre de la « peinture » obecti(e;&

% Mimik 8, 1;?&

1 $"id .

2 'e ui correspond * la troisi!e uestion * lauelle la (ettre sur la peinture musicale se propose derépondre aprs a(oir déter!iné les « !o$ens » par lauelle la !usiue peut « peindre » ) « Hu"est-elle par l* capable de peindre : »& a pre!ire anal$se du concept de « peinture » #ait é!erger trois possibilités 6la !usiue se saisissant particulire!ent de la dernire ) « le co!positeur peint encore ) C4 en ce u"iln"i!ite ni une partie, ni une propriété de l"obet lui-!G!e, !ais l’impression que cet o"#et a coutumed’exercer sur l’âme » 3>, 075& Nappelons 3(oir note Erreur ! Signet non défini.5 ue la pre!iredéter!ination du concept de « peinture » dans le début de cet essai n"a(ait uste!ent pas encore posé ceui de(iendra l"a2e #onda!ental de la distinction peinture4 e2pression, co!!e i!itation respecti(e o"#ecti&e

et subecti(e ) nous décou(rons alors, dans le passage ici rapporté, le !o!ent !G!e oR s"e##ectue lacorrélation ui nous !nera (ers cette seconde dé#inition, acuise dans la partie centrale de l"essai& <n serappelle aussi essing et la !anAu(re proposée pour contourner la « prescription » des obets respecti#sde la poésie et des arts plastiues, appare!!ent i!posée par la structure sé!iotiue di(ergente des « artsde l"espace » et du « te!ps » ) (oir note ;+& 9uite * ce pre!ier passage de la p& 07, oR la « peinture » sedéporte donc par !éton$!ie de l"obet (ers l"e##et de l"obet sur l"%!e, Engel poursuit ) « '"est par ce !o$enue l"i!itation !usicale atteint sa portée la plus étendue& D&&& >G!e la couleur est désor!ais susceptible depeinture& 'ar, par leur délicatesse respecti(e, l"i!pression sur l"%!e d"une couleur et d"un son peu(ent a(oir uelue chose de se!blable»& L(ec le caractre san't 3« délicat »5, c"est bien l"e##et su"#ecti' de lasensation ui se (oit indiuée, et non les propriétés o"#ecti&es du son et de la couleur& Engel appelle« transcendantales » 3car « trans(ersales, selon une trans(ersalité e2térieure * la réalité obecti(e del"obet5 ces analogies& 9i bien ue 3p& 185 ) « ainsi s"e2pliue pouruoi la peinture des senti!ents est laplus grande réussite de la !usiue& '"est ici, en e##et, u"elle e2erce toutes ses #orces conuguées u"elle

e!ploie d"un !G!e coup de tous les !o$ens ui sont les siens u"elle concentre tout son e##et& 'e uin"aura presue a!ais lieu lorsu"elle se contente de peindre les obets occasionnant ces senti!ents& Elle

1@



>ais le rapport !G!e de la !usiue * l"a##ect reste nécessaire!ent * réinterroger,

sous peine ue, !G!e assorti de cette considération relati(e * l"intensité e2pressi(e, il ne

reste trop (ague& 'e ui per!et ordinaire!ent * ce « (ague » de rester pourtant

pro(isoire!ent persuasi#, c"est l"éternelle notion de « nature » - sur lauelle, on l"a

rappelé, @ubos #ondait encore cette « puissance e2pressi(e » ui #or!e « l"énergie »

propre * la représentation esthétiue lorsu"elle se ré(élerait proche de ce ui, en l"%!e,

est aussi « nature »&

Engel n"est pas étranger * cette rhétoriue& >ais l"assise bau!gartenienne de ses

principes esthétiues lui per!et en !G!e te!ps d"en(isager des #onde!ents plus

circonstanciés * cette notion !G!e de « naturalité »& Huelle sera ainsi la « naturalité »

propre au2 signes !usicau2, et en uoi reoindra-t-elle de !anire pri(ilégiée la

« naturalité » de la puissance e2pressi(e de l"%!e :

'ar il n"est pas possible de croire trop longte!ps, * !oins d"entretenir un éui(oue

bien gGnant, en l"identité de ces deu2 notions « ho!on$!es » ) la naturalité d"un s6st-me

de signes est une propriété ui l"oppose * un caractre s6m"olique& ’imitation est liée en

général * la « naturalité » des signes 6 cette dernire étant elle-!G!e générale!ent

interprétée co!!e « iconicité », au sens ue eirce précisera bien plus tard, et

#onctionnant donc sur le !ode de la resse!blance& @e son cPté, la « nature » dans

l"%!e serait, pour s$nthétiser au plus court, sa spontanéité a''ecti&e^ Oous ne pou(ons

donc en aucun cas postuler la continuité des deu2 concepts de naturalité, ui ne se

donne en aucune !anire des dé#initions, !ais, s"il en est une, il #audra la construire&

ne peut, presue touours, indiuer ces derniers ue par le biais de resse!blances ponctuelles, précaires,éloignées ) alors u"elle rend les pre!iers par toute une #oule de resse!blances trs déter!inées »& lusloin, aprs le traite!ent circonstancié de la secondé uestion relati(e au2 !o$ens précis de la « peinture!usicale », la conclusion est renou(elée, et prépare désor!ais directe!ent l"énoncé dé#initi# de ladisonction peinture4 e2pression 3p& ;15 ) « @e ces deu2 dernires re!arues, ue e crois ustes etéclairants, découlent donc !aintenant les deu2 rgles ) G la premi-re ) ue le !usicien doit touours pré#érer peindre plutPt les senti!ents ue les obets des senti!ents l"état dans leuel l"%!e, et a(ec elle le corps,se trou(ent placés de par la considération d"une certaine chose, d"une certaine situation, plutPt ue cettechose et cette situation elles-!G!es » 3p& 1+-;05& @"anal$tiue, l"esthétiue de Engel se #ait donc (iteprescripti(e 3!e uestion de l"essai ) « Hue doit -elle peindre : »5 6 selon un précepte large!ent partagépar son te!ps ) « car en chaue art il #audra pré#érer acco!plir ce ue l"on peut par l* acco!plir le !ieu2,le plus par#aite!ent » 3>, ;05&

3 'h& 9& eirce, Ecrits sur le signe, , &

1#



Trois !anires d"aboutir * cette « naturalité » de la représentation !usicale sont *

distinguer ) et seule la dernire, * lauelle Engel #ait aboutir la !usiue par restriction des

autres possibilités, conduit le !usical * l"e2pression de l"a##ect&

O LKQNLK <WHQE ) "O@Y@QLK<O @E L NEN9EOKLK<O

1& e pre!ier sens s"appuie sur un soubasse!ent logiue ) la représentation naturelle est

celle ui s"a(re co!plte!ent déter!inée d"un point de (ue logiue, c"est-*-dire

totale!ent indi(idualisée, « saturée » des « !arues caractéristiues » logiue!ent

propres * la déter!ination de l"essence de l"obet en(isagé dans sa « notion co!plte »&

Oous entendons eibni= * l"arrire-plan de cette ligne de raisonne!ent ) seul l"indi(iduel

est réel, seul le réel est indi(iduel

&<r, selon Engel, la représentation acoustiue inarticulée de lauelle (a se constituer

la !usiue ne peut pas procurer au2 signes esthétiues u"elle e!ploie cette

« signi#ication déter!inée »& 'ette thse sera no!!ée ici thse de « l"indéter!ination

sé!iotiue » ) et en réalité, elle ne concerne pas tant la !usiue en particulier ue la

structure de l"a##ect en général 6 et consiste alors a##ir!er ue l"a##ect, considéré en tant

que représentation 3co!!e le (eut ici touours le conceptualis!e de la théorie

ps$chologiue ui sous-tend ici l"ense!ble de la ré#le2ion5, consisterait précisé!ent enune représentation nécessairement incompl-te en elleGm*meL) & >ais selon Engel, ce ui

« co!plte », « indi(idualise » l"e2pression de l"a##ect ne peut alors consister u"en la

représentation de l"o"#et ui le pro(oue et, co!!e tel, le spéci#ie ^ ) nous (oil* alors

ren(o$é * l"i!itation obecti(e 6 la peinture&

O LKQNLK 9><KHQE ) "'<O'K

;& e !o$en le plus uni(ersel d"indiuer sé!iotiue!ent un élé!ent obecti# est sareprésentation iconiue ) c"est la spéci#ication !G!e du concept d"imitationLI & '"est l* le

second ni(eau de « naturalité » du signe esthétiue, le plus classiue& a naturalité n"est

plus ici l"essence logiue, !ais sensible ) elle repose d"une part sur la structure #or!elle

9ur la théorie leibni=ienne de la « notion co!plte » ) 2iscours de métaph6sique,8&

! 9achant ue d"aucuns, dans de tous autres conte2tes, pourront en conclure tout

au contraire ue l"a##ect est précisé!ent ce ui n’est pas du registre de lareprésentation&

1$



d"une analogie 6 !ais encore d"une analogie sensi"le ) (oici la dé#inition !G!e de la

« resse!blance »&

@ans son anal$se des « !o$ens » de la « peinture !usicale », Engel !et claire!ent

l"accent sur cet aspect iconiue dans la !usiue& En cela, il ne !ontre d"ailleurs aucune

originalité 6 !G!e s"il a cependant le !érite d"Gtre co!plet et relati(e!ent précis dans sa

restitution des concepts propre!ent !usicau2 ) !ode, tonalité, !élodie, « !ou(e!ent »

3tempo5, r$th!e, har!onie, choi2 des « (oi2 » 3tessitures5 pour la !usiue (ocale, choi2

des « instru!ents » 3couleur instru!entale5, nuances d"intensité sonore8& '"est donc tout

d"abord en (ertu d"une anal6se 'onctionnelle de l"art !usical 6 du t$pe !G!e ue celle

ue essing a(ait pu !ettre en Au(re pour la peinture (is-*-(is des « actions », et pour

la poésie (is-*-(is des corps, selon donc le principe de ce u"on pourrait appeler

" >, 0) « Linsi s"e2pliue égale!ent, du !oins en partie, pouruoi l"i!itation !usicale estd"ordinaire si indéter!inée pouruoi il est si di##icile de co!prendre sans l"aide de !ots des sons uicherchent * peindre& a peinture n"ad(ient presue touours ue de !anire inco!plte, partielle, ense basant seule!ent sur des propriétés générales 6 u"il s"agisse d"i!iter un obet sensible e2térieurou un senti!ent intérieur& 'ar, de !G!e, le senti!ent n"est i!ité ue dans sa généralité il ne peut*tre indi&idualisé que par la représentation déterminée de l’o"#et qui le suscite »& <r, de par sa naturepure!ent auditi(e, la !usiue appara.t trs peu propre * la représentation obecti(e de la plus grandepartie de ces causes obecti(es& eur é(ocation reuerrait plutPt soit l"i!itation du (isible, soitl"é(ocation s$!boliue d"un signi#ié plus co!ple2e& @ans la Mimik , Engel !ontre de #aUon trsintéressante co!!ent l"art « !uet » u"est le geste a pourtant * cet égard des ressources, certesindirectes, !ais néan!oins bien supérieures * la !usiue 6 dépour(ue uant * elle de tout ré#érent

spatial& "acteur, tout en e2pri!ant subecti(e!ent un a##ect, pourra aussi suggérer ce ui s"en trou(eGtre la source obecti(e en ouant sur la direction donnée * son corps et * son !ou(e!ent& 'ertes, ilne saurait Gtre uestion, en cela, d"un « code » ui ruinerait plutPt la sensibilité de l"e2pression par larigidité de la con(ention ) on peut alors soit reprocher ce point * Engel, soit souligner ue sadescription sait pallier ce risue en réussissant * se #aire elle aussi su##isa!!ent sensible& 9o$ons entout cas attenti# * la #aUon dont le geste co!plte son e2pression a##ecti(e par la peinture de l"obetcause de lVa##ect ) le ressort de cette peinture est n"est pas iconiue, !ais, pourrait-on dire,« intentionnel »&

@ Huoiue nous (errions aussi, a(ec l"anal$se du geste dans son intentionalité, u"ilest précisé!ent d"autres ressorts sé!iotiues pensables de la peinture obecti(e&"anal$se sé!iotiue conduit donc * des résultats intéressants uant au concept

d"« i!itation » ) celle-ci est, au départ, le concept global co!prenant une #aceobecti(e et une #ace subecti(e 6 peinture et e2pression !ais, dans un senssé!iotiue!ent plus restreint, on pourrait la réser(er * ce ui ne sera plus u"une partie de la peinture, correspondant au ressort propre!ent iconiue& 'ar parlerions-nous d" « i!itation » pour désigner le geste peignant le co!plé!ent obecti# del"a##ect par l"intentionalité u"il déploie * son égard : <r en#in, * cet égard, ce !G!edédouble!ent iconicité4 intentionalité 3sans présager d"autres !odes de signi#icationencore en(isageables5 de(ient trs signi#icati# dans le registre de l"e2pression )lorsue le signe esthétiue (ise un état subecti# de l"%!e, senti!ent, a##ect, le (ise-t-il * son tour intentionnellement ou iconiquement :

# ;nde

uestion de l"essai 3>, 0+-1;5 ) « @e uels !o$ens la !usiue dispose-t-elle pour peindre : »&

2%



« l"ho!ogénéité sé!iotiue » entre le signi#ié et ses signi#iants, ue le propos de la

!usiue se (oit progressi(e!ent spéci#ié& es e2e!ples !usicau2 anal$sés au début de

notre tra(ail !ontrent co!!ent Engel entend cette possible déter!ination de l"a##ect,

donc de l"e2pression, par le recours * la peinture obecti(e&

>ais, ce #aisant, nous arri(ons * un parado2e ) uant * la pre!ire #or!e de

naturalité, c"est par sa relati(e imprécision+ par son 4 indétermination 5 ue la !usiue

posséderait co!!e « par dé'aut » son pou(oir pourtant le plus puissant, ui de(ient en

!G!e te!ps che= Engel la prescription nor!ati(e de l"esthétiue !usicale ) l"e2pression&

'e parado2e est essentiel& 9"il n"était u"apparent, il #audrait chercher * le dissoudre& 9"il

s"a(re au contraire consistant, et consubstantiel * la !usiue, il #aut en tirer toutes les

conséuences&

e dissoudre : <n pourrait d"abord répondre en !obilisant l"a2io!e général ue, dans

l"art, la li!itation est touours #éconde ) c"est ainsi pour Gtre borgne dans le ro$au!e de la

peinture ue la !usiue aurait * se co!porter plus ro$ale!ent dans le registre de

l"e2pression& 'ependant cette réponse elle-!G!e a ses li!ites ) une cause négati&e n"est

a!ais une raison su##isante& Hue la !usiue doi(e e2pri!er les passions ne se usti#ie

pas seule!ent du #ait u"elle ne peut ue !al ou peu peindre ) cela nécessite

positi(e!ent u"elle puisse aussi bien et co!plte!ent « e2pri!er » l"a##ect 6 et ds lors

c"est * nou(eau cette capacité pri(ilégiée ui #ondera l" in#onction * le #aire 6 selon la

cononction constante de l"anal$se #onctionnelle et de l"esthétiue nor!ati(e&

O LKQNLK 9'/<<WHQE) "ENE99<O LFFE'KYE

& a !usiue doit donc co!porter une di!ension sé!iotiue positi(e, et !G!e

déter!inante 6 tranchant donc #inale!ent sur l"hori=on de « l"indéter!ination » de la

représentation !usicale dont il nous a #allu partir 6 pour a(oir la potentialité propre

d"e2pri!er senti!ents et a##ects& Oous déboucherons bien sur la détermination de

l"e2pression&

<r, pour reoindre le troisi!e sens de la « naturalité », si la !usiue e2pri!e

« naturelle!ent » les passions, il s"agira * nou(eau pour Engel d"imitation& En ce sens, si

la !usiue exprime, soit co!!uniue les passions, c"est parce ue pour ainsi dire elle

les « peint » ) parce u"elle elle en « e2pri!e », cette #ois au sens leibni=ien d"une

ho!othétie de la représentation, les traits propres par le biais d"une « resse!blance »,

21



d"une analogie sensible& @ans cette acception, l"« e2pression » n"est plus en pre!ier lieu

un geste ps$chologiue par leuel se !ani#este une « spontanéité » a##ecti(e so!!e

toute asse= obscure 6 !ais elle #onde sa déter!ination co!!e dans une (éritable

logiue de la représentation&

Hue l"expression reste ainsi une part de l’imitation est alors ce par uoi Engel propose de

dissoudre son propre parado2e ) dans le do!aine !usical, l" « indéter!ination

sé!iotiue » de l"i!itation obecti(e se double positi(e!ent de la plus grande

déter!ination possible dans un autre registre 6 celui oR, précisé!ent en tant u"a''ects,

les représentations n"ont plus seule!ent un « contenu », !ais une 4 structure

énergique 5& @ans l"e2e!ple de la « course d"Ltalante », les « resse!blances

transcendantales » sont dé* l"outil conceptuel ui per!et * Engel de (iser une

sé!iotiue générale en s"appu$ant sur la co!!unauté de telles « structures

énergiues » dans les « arts !usicau2 »& e te2te de 1780 dé#init s$nthétiue!ent ces

« resse!blances transcendantales » uste a(ant l"é(ocation de lVe2e!ple )

« resse!blances non entre les obets d"un !G!e sens, !ais égale!ent de sens

di##érents »+& Linsi l"e2e!ple d"une telle resse!blance est ici d"essence r$th!iue )

« (itesse et lenteur D&&& se trou(ent tout autant dans une série de sons u"une série

dVi!pressions sensibles »?0& 'ependant la notion de resse!blance transcendantale

appu$ée sur l"ho!ologie des structures énergiues ne prend en #ait son (éritable

retentisse!ent ue lorsue u"elle se !et * transcender elle-!G!e cette toute pre!ire

dé#inition, pour s"appliuer non plus seule!ent au2 obets de di##érents sens e2térieurs 6

!ais bien d"une part * un tel obet dans sa structure sensible, de l"autre * la structure

intérieure de l"a''ec t )C& &

@u #ait u"elle est celle ui « opre dans le te!ps », la di!ension « énergiue »

consiste touours dans l"appréhension d"une série et de la loi de sa continuité& <r l"a##ect

$ >, 0-0?& 'e concept garde une place tout aussi essentielle dans la Mimik oR il est utilisé dans des anal$ses sé!iotiues encore plus co!ple2es uant * lathéorie de l"e2pression 3(oir not& lettres 8, +, 1; pour l"aspect théoriue, l"applicationpratiue se #aisant par ailleurs en per!anence dans des e2e!ples et leur anal$se5&

!% $"id &

!1 '"est * ce titre ue le concept de resse!blance transcendantale garde une placetout aussi essentielle dans la Mimik , oR il est utilisé dans des anal$ses sé!iotiuesencore plus co!ple2es uant * la théorie de l"e2pression 3(oir lettres 8, +, 1; pour

l"aspect théoriue, l"application pratiue se #aisant en per!anence dans l"anal$sedes e2e!ples5&

22



se prGte aussi bien, uoiue cette #ois au ni(eau d"une i!itation de la disposition

intérieure de l"%!e, * la représentation énergiue de sa structure propre& Linsi, dans le

registre de l"expression, le propre d"un s$st!e esthétiue « énergiue » sera de pou(oir

rendre co!pte

-soit d"une série d"a##ections, et surtout de la loi propre * cette série?;

- soit de l"a##ect en(isagé lui-!G!e comme série 6 en tant ue la structure propre de

l’a''ect pourrait *tre dite 4 sérielle 5&

Engel nous li(re touours, en ce do!aine, des « études de cas » e2trG!e!ent

!inutieuses, oR la description de l"e2pression a##ecti(e con#ir!e consta!!ent le postulat

sui(ant ) dans sa structure propre, l"a##ect partage a(ec tout art « !usical » au sens élargi

cette di!ension « énergiue » ui les caractérise précisé!ent co!!e structuration d"une

série de signes, dont les « signi#iants » sont par ailleurs sans autres signi#iés ue la

(ariation !G!e d"une intensité, sa ponctuation&

Oous a(ions dé#ini plus haut « l"énergiue » co!!e « ce ui produit son e##et dans le

te!ps », !ais * distance du s$!boliue& <r il est ainsi re!aruable ue, dans la théorie

de Engel, l"a##ect signi'ie par lui-!G!e ) c"est-*-dire, précisé!ent, indépenda!!ent

encore de ce plan s$!boliue& Et lorsue l"a##ect signi#ie, il signi#ie par sa structure B cette

structure te!porelle et intensi(e rebaptisée « énergiue » au carre#our de plusieurs

traditions& 'ette in(ention conceptuelle est, sans doute, le #ruit d"un s$ncrétis!e ) elle

peut * ce titre se!bler !anuer de rigueur !ais on atteint en !G!e te!ps dé*, dans

cette structure, au « langage » désespéré!ent !uet des pulsions?&

Huoi de plus « !usical » donc, ue l"a##ect : Hu"a-t-il * nous « dire » d"autre ue les

#lu2 et les re#lu2 de son !ou(e!ent intensi# : Et ainsi Engel ne cesse de !arteler le

parallle ui #onde (éritable!ent l"intégrité de sa théorie esthétiue globale ) puisue

selon lui l"art est encore tout entier « i!itati# », ce u" « i!ite » propre!ent toute« e2pression », c"est ce contenu non s$!boliue de l"a##ect ui réussit cependant *

signi#ier co!!e structure 6 c"est le r$th!e et l"intensité propres de sa structure

!2 Engel #ournira une illustration !agistrale de ce point dans le seul passage oRdé(eloppe un e2e!ple !usical sur plusieurs pages ) celui d"une séuence del" !lceste, opéra d"Lnton 9ch]eit=er ue Engel a pu (oir sur scne au Königlichem;pernhaus de Berlin, l"année !G!e de publication de la (ettre sur la peinturemusicale 3Mimik , , 177-1815& 'e passage se situe presue * la conclusion del"ou(rage, et donc égale!ent de sa « seconde partie » dans lauelle Engel en(isage

le geste « non plus seule!ent co!!e peinture, !ais encore co!!e musique » - soit uste!ent dans sa structure énergique&

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énergiue& @ans l"art on pourrait donc postuler, encore auourd"hui, u"il ne s"agit #amais

d’autre chose ue d"une mimesis& Qne part de !odernité re(ient en ce sens * Lristote

lorsu"on suri!pose * son discours le cha!p ps$chanal$tiue ui in(estigue la possibilité

d"un cha!p d"a##ects signi#iants 3n"a-t-il pas lié lui-!G!e, uoiue bien sZr a(ec d"autres

ter!es, l"i!itation * la pulsion :5? ) la pulsion n"a d"abord de débouché, de

transcendance ue !i!étiue 6 si bien ue l"i!itation est elle-!G!e une pulsion&

Fésolution du 4 pro"l-me de l’opéra 5

a !usiue peut donc #aire e2ception de son i!puissance s$!boliue, co!!e de sa

relati(e incapacité iconiue, pour #aire éclater, co!!e dans l"opéra, une spéci#icité ui

!ettra bas toute « rgle » d"har!onie dans la con#iguration esthétiue des s$st!es

énergiues& e troisi!e degré énergiue agirait en uelue sorte co!!e li"ération, et

pourrait-on dire autonomisation m*me de la structure énergique& Je propose en tout cas

de lire ainsi ces re!arues pénétrantes par lesuelles Engel rapporte cette

« ouissance » * la #aculté u"aura la !usiue, non de réduire, !ais au contraire

d" « occulter » le hiatus énergiue ) dans l"opéra, « le #au2 se !et * la place du (rai », car

la logiue intérieure de l"e2pression de l"a##ect, a(ec sa structure propre, se !et * pri!er

dé#initi(e!ent celle de la représentation (raise!blable ??& <u encore ) l"e2pression de la

!3 'ar l* encore, !algré le grand écart théoriue dans les présupposés, lesconséuences se répondent ) la pulsion « signi#ie » ce ui ne peut se s$!boliser elle inscrit co!!e elle peut cette signi#ication sans s$!bole dans l"ordre du corps, dela (oi2, dans tout ce ui (a pou(oir, au sens propre de l"ét$!ologie, l"« e2pri!er », le« pousser dehors », donc, !ais sachant ue ce « pousser hors de » ne pourrae##ecti(e!ent a(oir lieu ue par ce eu de !iroirs de représentations u"est aussil"« e2pression » au sens logiue de l"analogie, de l"ho!othétie ) soit en mimant lastructure propre de sa signi#ication intérieure 6 son r$th!e et la ponctuation de sonintensité&

! « 'auses naturelles » de l"i!itation au début de la Poétique, ) « i!iter est naturel au2ho!!es 3l"ho!!e di##re des autres ani!au2 en ce u"il est trs apte * l"i!itation D&&&5 et, en secondlieu, tous les ho!!es prennent plaisir au2 i!itations » 3trad& J& /ard$, Walli!ard, Kel, p& 8;5& adi!ension de l"a##ect est ici présente au2 cPtés de celle du s$!boliue 3ce ui #ait l"hu!anité dans sonécart par rapport * l"ani!alité5, contribuant * poser ici une « naturalité » en e##et trs spéci#iue *l"hu!ain& @eu2 paragraphes aprs ce passage, Lristote double par ailleurs cet « instinct d"i!itation »de celui de la « !élodie et du r$th!e » ) la structure a##ecti(e de l"i!itation est i!!édiate!enténergiue&

!! l #aut lire ici trs précisé!ent la citation de la Mimik , 8, 1;?-1; ) « ce chant D&&& ab.!e sipro#ondé!ent Dl"%!e dans la ouissance de l"instant u"on ne re!arue pas !G!e 6 ou bien plus )

qu’on choisit d’occulter 6 la discordance sur(enant entre l"e2pression et l"état d"%!e u"il s"agitd"e2pri!er, la con#usion de l"a##ect l$riue et de l"a##ect dra!atiue& 'ertes, la (érité de la #iguration

2



structure énergiue s"autono!ise désor!ais !G!e de ce ui se!blait d"abord #aire sa

&raisem"lance propre 3« l"har!onie » des di##érentes représentations dans leur degré

énergiue respecti#s5& Linsi la structure énergiue, totale!ent autono!isée, est-elle en#in

dans la !usiue ce ui accde elle-!G!e au rang de signi'ié, autant désor!ais ue

signi#iant, de l"%!e dans sa représentation esthétiue d"elle-!G!e& >ais est-il alors

encore besoin d"un obet, « cause » de l"a##ect, pour en déterminer l"e2pression : @e part

en part, et de #aUon progressi(e!ent autono!isée, le paradig!e de l"e2pression s"est en

tout cas dé#initi(e!ent donné les !o$ens de ne plus ren(o$er * « l"indicible », !ais au

contraire de baliser rigoureuse!ent ses !o$ens de signi#ication&

s"en trou(e a##aiblie et l"e##et aussi, dans la !G!e proportion toute#ois on regagne d"un cPté ce u"onperd de l"autre la beauté nous dédo!!age du dé#aut dans la (érité& >G!e ce ue le plan a desaugrenu, l"incohérence des péripéties, le ton entire!ent #au2 de bien des senti!ents, tout ceci

passe inaperUu& e #il grossier et inégal nous est !asué par les perles u"$ a disposées leco!positeur& Oulle co!paraison possible entre un e##et si grand, si puissant, et celui ue produit le!tre& e pou(oir le plus distingué de ce dernier tient * l"har!onie obser(ée a(ec la situation del"%!e ue cette har!onie soit brisée, co!!e c"est le cas dans le dra!e, et il ne nous reste ue leplaisir Dpure!ent sensiti# ue la sonorité et la régularité de la cadence 3all 5 procurent * notre ou`e )un plaisir #inale!ent bien trop terne, bien trop #roid pour nous e!pGcher de perce(oir et de ressentir le!oindre écart dans la (érité ou nous per!ettre de le rétablir& 6 Yous !e dire= u"il e2iste bien despices en (ers ui par(iennent * susciter en nous une é!otion considérable, et e (ous l"accorde toute#ois e de!ande ) uel est le #onde!ent de cette é!otion : Est-ce, co!!e dans l"opéra, le 'auxm*me qui se met la place du &rai <u n"est-ce pas, tout au contraire, ce ui reste de (érité et debonté et ue le #au2 n"a pu corro!pre entire!ent : 6 Ote% l’opéra ce qui 'ait sa 'ausseté et l’e''ets’en trou&era amoindri , enle(e=-le au dra!e parlé et (ous l"aure= subli!é& ls ont chacun un idéal tropdi##érent pour ue uoi ue ce soit de certain se laisse in#érer de l"un * l"autre »&

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Ut musica poiesis. Une redéfinition du principe d’imitation dans la théorie des « arts...

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