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Quand la justice et la paix s’embrassent page 2 Faire de la paix un mode de vie / 4 Une place à la table du roi / 9 Confession et pardon entre anabaptistes et réformés à Zurich / 12 Volume 19 N° 3, 2004 courrier courrier Une publication trimestrielle de la Conférence Mennonite Mondiale en français, anglais et espagnol

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Quand la justice et la paix s’embrassent

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Faire de la paix un mode de vie / 4 • Une place à la table du roi / 9Confession et pardon entre anabaptistes et réformés à Zurich / 12

Volume 19 N° 3, 2004

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réalisées dans nos vies, nousne connaissons pas la paix, etil nous faut agir.

John Warkentin, un pas-teur Frère mennonite deWichita, USA, présente,pour les nouveaux membresde son église, la paix souscette forme :

Cette ligne part de la paixavec Dieu au niveau person-nel et va vers la paix avec lesennemis. Nous voyons icique la première question estde savoir si nous avons lapaix avec Dieu (Romains5/1). Si c’est le cas, la paix sepropage alors à tous lesniveaux de nos vies, s’éten-dant peu à peu à toutes nosrelations, dans la famille etsur le lieu de travail, et aussientre les nations, avec nosennemis. Toute oeuvre depaix commence toujours parla paix avec Dieu.

Mais Dieu, qui en est lasource, veut que toute lacréation connaisse la paix.Cette volonté de Dieu s’ex-prime en Jésus Christ, quinous a montré le chemin dela paix dans sa vie et sonministère.

La paix avec les ennemis, àla fin de cette ligne, est cequ’il y a de plus difficile.Nous pouvons avoir le senti-ment d’être en paix avecDieu, mais peut-être n’avons-nous pas fait la paix avecceux qui nous ont blessés,physiquement ou émotion-nellement. Ceci expliquepourquoi des chrétiens ayantparticipé à des conflitssanglants—comme enIndonésie, en Irlande, ou enAmérique du Sud—ontbeaucoup de difficultés à seréconcilier avec ceux qu’ilsconsidèrent comme leursennemis.

Comment l’église peut-elleformer ses membres àdevenir artisans de paix ?

Couverture : Cette oeuvre d’art de Luis Haro(Uruguay), a été apportée par la délégationd’Amérique Latine pour le 14e Rassemblement dela CMM à Bulawayo, en août 2003. Elle faisaitpartie de l’exposition du Village Mondial. “Tous pour la paix” sont les mots que l’artiste LuisHaro utilise pour décrire son tableau, exprimant lebesoin universel de shalom. Il est possible de voirune version en couleur du tableau sur le site de laCMM à www.mwc-cmm.org.

paix avec

Dieu

paix avec les

ennemis

33/6, 9). Ce mot renvoie auconcept de relations justesentre les peuples et entre lesnations (Esaie 54/13-14),ainsi qu’à l’intégrité moralede la personne qui doit,selon le psaume 34/13-14,

“garder salangue du mal etses lèvres desmédisances,éviter le mal etbien agir”.

Dans la Bible,la paix concernel’être humaintout entier, ainsique l’ensembledes créatures.Elle touche lesdomainesphysique, rela-tionel, moral,tout autant quespirituel, del’humanité.

Aussi les chrétiens nedevraient pas se satisfaire dela simple absence de conflitouvert ou de guerre. Notrepays n’est peut-être pas enguerre, mais aussi longtempsqu’existe l’oppression ou l’ex-clusion économique, socialeou politique, la paix ne pré-vaut pas. Il est aussi possibleque nous n’ayons aucun con-flit avec les autres, mais sinous vivons dans le men-songe, la paix n’habite pas ennous.

En bref, aussi longtempsque toutes les dimensions dela paix biblique ne sont pas

Nous qui appartenonsà ce qui est tradi-tionnellement appelé

“églises historiquement paci-fistes”, nous sommes assezfiers d’être considérés commeles avant-coureurs du travailpour la paix.Nous noussentons honorésquand, auxprises avec lesconflits et lesguerres dans lemonde, denombreuseséglises se tour-nent vers nouspour nousdemanderconseil.

Cet héritagenous donne lesentiment decomprendre ceque cela signifieque d’être artisan de paix.Mais sommes-nous vraimentconscients de toutes les im-plications de cette ambition ?

Une étude attentive de laBible montre que le terme“paix” a des significations trèsvariées. La paix, ce n’est passimplement l’absence de laguerre ou la diminution de laviolence (bien que cela enfasse partie). La paix c’estaussi la prospérité matérielleet le bien-être de chacun, quine sont possibles quelorsqu’aucune menace deguerre, de maladie ou defamine ne plane (Jérémie

Quand la jusQuand la justice et la paixQuand la justice et la paixs’embrassent

Paulus S. Widjaja

Notre pays n’estpeut-être pas enguerre, mais aussilongtempsqu’existel’oppression oul’exclusionéconomique,sociale oupolitique, la paixne prévaut pas.

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Pour cela, il nous faut exer-cer : (a) la discipline dudiscernement et (b) la disci-pline de la vie chrétienneradicale.

Quand nous nousengageons sur lechemin de la paix, il

nous faut acquérir un espritde discernement. Il nous fautexercer notre sens critiquepour analyser la situationdans laquellenous noustrouvons etdiscerner sitoutes lesdimensions dela paix sontprésentes.Nous les chré-tiens devonscomprendreque le fait deconfesser leChrist commeSeigneur estplus qu’unchoix indi-viduel maisqu’il a unedimension universelle.

Nous confessons qu’il n’ya pas de domaine dans lemonde qui ne soit sous laseigneurie du Christ, il n’y apas de dichotomie entre leChrist et la culture, la créa-tion et la rédemption. Ni leschrétiens ni les églises nepeuvent se permettre d’i-gnorer le monde socio-économique et politique etne peuvent laisser dominer

les valeurs ou les normes quiy prévalent. Le monde etl’humanité tout entière sansexception sont sous laseigneurie de Jésus.

Cela signifie que, même sinous avons une attitude po-sitive envers la société, nousavons besoin de critères clairspour juger si un événementest le fait de Dieu ou du dia-ble, c’est-à-dire s’il est facteurde paix ou de violence. Et

c’est dans la vie, lamort et la résurrec-tion de Jésus Christque se trouvent cescritères.

L’église est doncune communautéde discernement, unlieu où les chrétiensdécident ensemblede ce qu’est lavolonté de Dieupour eux et pour lemonde. Quandnous discernonsl’intention duChrist dans unévénement parti-culier, alors nous

pouvons y participer. Mais sice n’est pas le cas, il faut lecombattre.

Le travail pour la paixs’ancre sur la personne et lavolonté de Christ, et non surla réalité du monde ou surnos efforts pour adapter l’é-vangile à cette réalité. Alorsmême que nous confessonsl’incarnation du Christ, ilnous faut être conscientsqu’il ne s’agit pas d’une rati-

fication aveugle de tout ceque font les hommes.

L’incarnation signifie queDieu est venu dans le mondepour nous montrer ce quenous devons lier et délier(Matthieu 18/18).

La seconde discipline àdévelopper est celle d’une viede disciple de Christ radicale.Il nous faut être conscientsque chaque individu ren-ferme un potentiel et deslimites. Ce potentiel nouspermet de nous épanouir etd’être créatif. Mais commenous avons aussi des limites,nous devons être humbles.Nous avons le potentield’être artisans de paix, sinous le souhaitons, mais noslimites devraient nous obli-ger à exercer une disciplinesur les désirs qui nouspoussent dans des directionsopposées à la paix.

Personne ne peut nousobliger à vivre une vie de dis-ciple radicale et ce n’est pasautomatique non plus. C’estun choix libre et volontaire.Et nous devons nous disci-pliner afin que ce choixdevienne une seconde nature,quelles que soient lessituations.

Pour nous aider dans cedomaine, l’Eglise doitagir tant au niveau

individuel que structurel 1. Les individus : il nous

faut réfléchir sérieusement àce que les chrétiens font dansle domaine social dans

l’église pour développer lescompétences de ses membresdans le domaine de la paix. Ilserait bon, par exemple, deréévaluer le matériel quenous utilisons pour lesnouveaux membres d’églises,pour l’enseignement des

Ni les chrétiensni les églises nepeuvent se per-mettre d’ignorerle monde socio-économique etpolitique et nepeuvent laisserdominer lesvaleurs ou lesnormes qui yprévalent.

Paulus S.Widjaja estsecrétaire duConseil de laPaix de laCMM. Iltravaille à lafaculté dethéologie deDuta WacanaChristianUniversity àYogyakarta,Indonésie.

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Quand on vient àJésus, la vie esttransformée. Prenez,

par exemple, Margarita. Elleétait très aggressive, et passeulement dans ses paroles,mais aussi physiquement.Pour ses voisins, c’était unefemme violente et indé-sirable dans le quartier.

Margarita a quatre fils.Son passé est très lourd, ellea été abandonnée et trahie.Ses deux compagnons, pèresde ses enfants, avaientl’habitude de la ridiculiser.

Margarita a dû travaillerdur toute sa vie pour fairevivre sa famille. Ayant unemploi de bonne, elle lavaitet repassait tous les jours lelinge des autres. Et pourcela, elle devait laisser sesenfants seuls à la maison, leplus grand s’occupant desplus petits.

Un chrétien commença àaller rendre visite àMargarita. “Chaque fois queje me rendais chez elle pourpartager la bonne nouvellede Jésus, le dimanche aprèsmidi, je la trouvais en trainde faire tout le repassage de

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adultes et des enfants, afin devérifier s’il comporte lesélémentsnécessaires àleur formation.

Il faudraitfaire la mêmechose en ce quiconcerne lescultes et sedemander si lapaix est unthème central.Souvent, dans leprogramme del’église, il existeun mois de lamission, unmois de lafamille, undimanche pourl’œcuménisme etc. Maisavons-nous un mois ou undimanche pour la paix ?Nous arrive-t-il de prier et dejeûner pour la paix ? Ou

même de faire un pèlerinagepour la paix ?

Les pasteurs,anciens, diacres ettous les membresd’église, devraientêtre formés à latransformationnon-violente desconflits. Il nousfaut étudier ensem-ble les textesbibliques traitantde la paix et tra-vailler à un pro-gramme d’éduca-tion à la paix dansles églises et lesinstituts chrétiens.

2. Les structures :Il nous faut aussi

nous y intéresser. Avons-nousmis en place un processuspour résoudre les conflits quipeuvent se produire dansl’église ou hors de l’église ?

Les églises auxquelles ilmanque cette structureaccumulent les conflits.Ceux-ci deviennent alorsdes bombes à retardementqui, lorsqu’elles explosent,déchirent l’église toutentière.

Examinons aussi de plusprès le fonctionnement del’église. Si elle comporte ungroupe de jeunes, ungroupe de femmes, uncomité de mission ou uncomité de préparation descultes, il est intéressant desavoir si elle a aussi ungroupe de paix, chargé del’enseignement et de la for-mation des membres del’église dans le domaine dela paix, dans l’église et horsde l’église. Ce groupe pour-rait aussi servir de média-teur pour transformer lesconflits de façon non-violente, dans l’église oudans la société.

Nous, membresd’égliseshistoriquement

pacifistes, avons du travaildevant nous dans ledomaine de la paix, untravail qui sera souventdifficile et exigeant. Et unepartie concerne notre viequotidienne. Mais, quellesque soient les situationsauxquelles nous sommesconfrontés, oeuvrer pour lapaix n’est pas simplementun idéal. C’est une visionpratique que nous devonschercher à concrétiser pourautant que nous nousproclamons chrétiens.

La bienveillance et lavérité se rencontrent,

La justice et la paix s’em-brassent. (Psaume 85/11)

Quelles quesoient lessituationsauxquellesnous sommesconfrontés,oeuvrer pourla paix n’estpassimplement unidéal.

Cette affiche est le logo duComité de Paix MennoniteNéerlandais : “La paix est lechemin”. Elle était aussi exposéeau 14e Rassemblement.Rassemblement de la CMM.

Quelle place à la paix dans lavie quotidienne des anabap-tistes ? Pour le découvrir, leConseil de la Paix de la CMMa pris contact avec les Eglisesmembres et leur a demandéd’envoyer des récits. Ils sont trèsvariés, allant d’actes indivi-duels à des décisions et desengagements de groupes. Apartir de ces récits, le Conseil arédigé une déclaration suc-cincte (voir page 6). Voici sixde ces récits.

Ce qui

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la semaine pour ses enfants,afin qu’ils puissent aller à l’é-cole.” dit-il. “Elle devait lefaire le dimanche, car ellen’était jamais à la maisonpendant la semaine.”

Malgré son emploi dutemps, Margarita trouvait lemoyen de se disputer et de sebattre continuellement avecses voisins. Ils allaientrégulièrement se plaindre deson comportement à lapolice et demandaient qu’ellequitte le quartier.

Mais un jour, Margaritaaccepta Jésus dans son coeur,et sa vie entière fut transfor-mée—sa vie et celle de sesvoisins. Les voisins n’en reve-naient pas. Margarita nemaltraite plus ses enfants ;elle ne se bat plus avec sesvoisins. Toute sa personne estplus douce, plus chaleureuse.Maintenant, elle est un objetd’admiration pour ses voisinset ses enfants.

Margarita reconnaît queDieu a été très miséri-cordieux envers elle et elle luien rend grâce. Les change-ments que Dieu a apportésdans la vie de Margarita sontcomme les rayons du soleilde la grâce de Dieu ; il nes’agit pas d’une belle histoire,superficielle et sans lende-main.—Eglises mennonites deNicaragua

Les Eglises Evangéliquesde Java (GITJ),Indonésie, ont été en

conflit pendant 22 ans. Laraison principale était qu’undes groupes (comprenant 24églises) était reconnu par legouvernement indonésien et

pas l’autre (environ 50 églises).Pendant toute la durée du

désaccord, de nombreuxmembres désiraient pro-fondément la réconciliation.Les églises demandèrent aupasteur Lawrence Yoder(USA) de venir les aider et,grâce à son approche person-nelle, il réussit à persuaderles deux parties de se parler ;ce qu’elles firent lors d’uneretraite pastorale et d’unerencontre du conseil généraldes églises.

Puis, en 1999, chacun desdeux groupes eut l’occasiond’envoyer un représentant—Pudjo Kartiko et HendroSoeradi—assister à un coursd’été sur le travail pour lapaix à Eastern MennoniteUniversity à Harrisonburg(USA). A leur retour, ils semirent à travailler intensive-ment avec les deux groupesen vue de la réconciliation.Aidés par le centre de la paixde Duta Wacana ChristianUniversity à Yogyakarta, ilsacceptèrent de se rencontrer.

Lors de cette rencontre, ilsdécidèrent de tenir une con-férence extraordinaire dans lebut de former une seuleentité marquant la réconci-liation des membres du sy-node du GITJ.

Cette conférence extraor-dinaire eut lieu en 2000 etaboutit au choix d’un conseilunique pour le GITJ. Lesdeux années suivantes, celui-ci mit en place un conseilsynodal unifié. Maintenantl’ensemble des églises estregroupé sous une seuleorganisation et s’emploie àmaintenir un esprit

d’unité.—Envoyé par lesEglises Evangéliques de Java(GITJ), Indonésie

Depuis son installationdans une banlieue, ily a quatre ans,

l’église de Igreja daComunidade Menonita emAngola (ICMA) a subi uneépreuve très difficile. Descitoyens des alentours ontenvahi la propriété de l’églisepour y construire leurspropres maisons !

ICMA est né en Angolaen 1990. Elle a été reconnuepar le gouvernement local en1992. Jusque là, la plupart deses membres vivaient depuisdes années en exil au Congo.Quand la situation enAngola s’améliora, lesresponsables d’ICMAdécidèrent de retourner enAngola et ils cherchèrent unlieu où construire leur église.

Le gouvernement donnaun grand terrain à l’églisepour y construire une église,une école et un centre desanté. Mais comme la jeuneéglise n’avait pas beaucoupd’argent, elle ne put toutfaire en même temps. Aussi,peu à peu, le terrain appar-tenant à l’église fut envahipar les membres de la com-munauté environnante etplusieurs y construisirentmême leur maison. Si bienque finalement, l’église perditune grande partie de cequ’elle avait reçu.

ICMA traversa une pério-de de controverse à cause dece problème. La situationempira quand deux famillesconstruisirent leur maison

juste en face de l’église carelles ne voulaient pas d’églisedans leur quartier.

Le conflit persista pendantdes mois sans qu’on y trouveune solution, parce que lesautorités gouvernementalesétaient incapables de prendreune décision définitive. Aussiles responsables d’ICMAdécidèrent-ils de négocierpacifiquement avec les deuxfamilles, plutôt que d’en-tamer un procès. Ils étaientconvaincus que la vocationde l’église était l’évangélisa-tion, l’enseignement et laparticipation dans ledéveloppement de la sociétéen général et ils voulaientcommuniquer ce messageaux deux familles et à lacommunauté environnante.

Finalement, aprèsplusieurs conversations avecles deux familles, ICMAaccepta le montant qu’ellesdemandaient pour racheterles maisons.

Aujourd’hui sur le terrainde l’église, il y a une écolemennonite qui accueille1 200 enfants des environs.De membres de la commu-nauté se sont aussi engagésactivement dans l’église. Lesrelations sont bonnes.

La décision d’ICMA denégocier et de rembourser lesdeux familles fut prise afinde mettre en pratique leprincipe biblique d’aimer sesennemis. Les responsables del’église avaient lu que MennoSimons disait de ne pas vain-cre la violence par la vio-lence.

La réconciliation est uneœuvre de paix, elle est même

construit la paix . . .

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la condition sine qua non dela paix.—Gomes J. Miranda,Angola

Le Centre CommunisteMaoiste (CCM), ungroupe extrémiste

d’Inde, s’est fait connaîtrepar ses actes violents et sesassassinats. Cependant, grâceau travail de l’église Bihar

Mennonite Mandali, ungrand nombre de cesextrémistes ont abandonné lechemin de la violence poursuivre celui de la paix, de lajustice et de la réconciliation.

Peter Minj, membre del’église mennonite de Bihar,était un de ceux que leCCM avait tenté de forcer àparticiper à ses activités.Mais Peter avait dit au chef

du CCM : “Nous, les men-nonites, ne participeronsjamais aux actions sanglanteset odieuses de votre groupe.”

C’était une déclarationaudacieuse. Mais, par lagrâce de Dieu, elle a étéentendue. Outre le fait quecertains d’entre eux ontrejoint les mennonites, lesmembres du CCM ne créentplus de problèmes pour nosfrères et sœurs. Et aujour-

Faire de la paix un mode de vieune pratique habituelle. Devenirartisan de paix dépend :a. Dans la catéchèse et la vie dedisciple : de l’enseignement donnédans l’église aux nouveauxmembres.

b. Dans la louange : de la façon dontelle est pratiquée.c. Dans la prière : de la régularité dela vie de prière et de la disciplinespirituelle. Le témoignage vis-à-vis des pouvoirs en place peutaussi être considéré comme uneforme de prière.d. Dans la formation des chrétiens :de sa mise en place et du faitqu’elle devrait s’adresser à toutesles générations et aussi auxresponsables d’églises.e. Dans le volontariat : la pratique decette activité qui peut aider lesjeunes chrétiens à apprendre àtravailler pour la paix. f. Dans la conscience de la réalitémondiale : de mieux comprendreceux qui vivent au-delà de nosfrontières, en tenant compte desdifférences ethniques etreligieuses.g. Dans l’action non-violente : de laprise de position vis-à-vis despouvoirs en place et des actionsmenées contre l’injustice quipermettent aux chrétiensd’acquérir des compétences dansle domaine de la paix.

g. La paix interreligieuse : chercher àavoir des relations respectueusesavec les personnes pratiquantd’autres religions et témoignerhonnêtement.h. La paix au sein des nations et entreles nations : engagement au plannational et international.i. La paix dans le domaine de l’envi-ronnement : trouver des modes devie qui respectent la nature.j. La paix avec ses ennemis : défispirituel à tous les niveaux derelations.2. Vertus bibliques contribuant à lapaix : Les activités des églises enfaveur de la paix découlent de leurinterprétation de la Bible. Uncertain nombre de vertus bibliquesen sont à la base :

• liberté• estime de soi• amour• repentance• solidarité• souffrance (patience etendurance)• réconciliation (restauration desrelations)•justice et paix pratiquéesconjointement• affrontement de l’injustice3. Pratiques formatrices : Lesparticipants au Conseil de la Paixont fait une liste d’activités pouraider les chrétiens à faire de la paix

Il y a deux ans, la CMM avaitdemandé à ses membres de lui en-voyer des récits portant sur ce qu’ilsavaient fait en faveur de la paix. LeConseil de la Paix les a étudiés lors desa rencontre en août 2003, et noustransmet un résumé de ce qui est ressor-ti des discussions.

1. Panorama des activités en faveur dela paix : Tous les chrétiens sontappelés à être des témoins de paix,mais on peut l’être à divers niveaux.En voici une liste non exhaustive :a. La paix avec Dieu : conséquencede la conversion, point de dé-part de tous les autres niveauxde mise en pratique de la paix.b. La paix avec soi-même : estimede soi et intégrité personnelleen sont des éléments importants.c. La paix au sein de la famille :concerne tous les aspects de lavie de famille, les relationsinterpersonnelles et la violencedomestique.d. La paix au sein des églises et desunions d’églises : concerne lesconflits internes.e. La paix avec ses voisins :résoudre les conflits dans lacommunauté au sens large. f. La paix avec les autres chrétiens :aller au-delà des divisionshistoriques par le dialogue et letémoignage.

• joie• courage• humilité• pardon• témoignage

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d’hui, l’église mennonite deBihar a acquis la réputationd’être un facteur de paixdans la région.

Voici un exemple : un desresponsables de l’églisevoulait rendre visite à uneautre assemblée de l’intérieurdu pays. Il se perdit et arrivadans un lieu où 20 à 25 per-sonnes étaient en grande dis-cussion. Il demanda sonchemin. Mais le groupe l’en-toura et lui posa avec bruta-

lité des questions sur sonidentité. C’était une réuniond’extrémistes du CCM. Or,ils n’hésitent pas à tuer toutepersonne qui les découvre.

Le responsable de l’égliseleur dit qu’il venait de lamission mennonite deChandwa. Quand ils enten-dirent le mot “mennonite”,l’attitude du groupe changeaet ils s’adressèrent à lui avecpolitesse et respect. Ils l’in-vitèrent même à boire unetasse de thé avant de

repartir ! Dans la

région, lesmennonitesont la réputa-tion de mani-fester del’amour àtous ; et il estvrai que nousessayons defaire du bienautour de nous.Notre égliseessaie de vivredans la paix etde l’apporter à lasociété dans lessituations deconflit.—ShetSonwani, Inde

Depuis desannées, laméfiance

et les conflits inter-religieux sévissenten Indonésie. Enoutre, depuis lachute du pouvoirde Suharto en 1998,des conflits sociauxsont apparus. Dansune périoderelativement courte,un grand nombred’églises furentincendiées et fermées.Les affrontementsentre tribus ou com-munautés semultiplièrent et dansles grandes villes, latorture et les viols

4. Recommandations à la CMM :Les participants au Conseil de laPaix encouragent la CMM àcontinuer à considérer la paixcomme un élément central desconversations entre nos églisesmembres :a. La CMM devrait encouragertoutes les églises membres àtrouver comment coopérerdans le domaine de la paixdans leur contexte avecd’autres groupes et égliseschrétiennes et ceciparticulièrement dans le cadrede la “Décennie pour vaincrela violence”.

b. Comme le Dimanche de laFraternité Mondiale, la CMMdevrait décider qu’un diman-che par an soit consacré“Dimanche de la Paix”. Cedimanche-là, les églises mem-bres pourraient organiser leculte spécifiquement autour dece thème ; il faudrait prépareret envoyer des documents surce thème aux églises.c. Le prochain RassemblementMondial devrait inclure unejournée ou un culte consacréau thème de la paix. Onpourrait y inclure des histoiresdu monde entier décrivantcomment les églises oeuvrentpour la paix.

La seconde campagnepour la paix fut organiséependant les congés religieuxde la fin 2001. Les menno-nites lancèrent ce qu’ilsappelèrent “ Le cône de rizpour la Paix “. Dans la tradi-tion javanaise, lors desgrandes fêtes, des cônes deriz sont offerts aux rois ou àd’autres personnalités impor-tantes, comme symbole de ladétermination à construireune paix durable. La présen-tation de ces symboles depaix dans la communauté esttrès émouvante pour la po-pulation.

Le rassemblement autourdu “Cône de riz pour laPaix” se fit dans le palais deSolo. 5 000 personnes y par-ticipèrent et beaucoup por-taient un T-shirt distribuépar la communauté men-nonite et le ForumInterreligieux, proclamant“Je suis membre d’une com-munauté qui aime la paix.”

Pendant le rassemblement,Sinuwun Pakubuwono XII,roi de Solo, exprima soninquiétude au sujet des “ir-responsables qui fomententla destruction et versent lesang”. Mesach Krisetya,(ancien président de laCMM) qui représentait lacommunauté mennonite,continua en incitant tous lesgroupes à refuser d’utiliser lareligion comme un instru-ment de propagande poli-tique, mais plutôt à trans-former la politique pourqu’elle engendre des valeursde paix.

Deux ans plus tard, dansle palais de Hadiningrat(Solo), les mennonites par-ticipèrent à un rassemble-ment interreligieux appelé“Déclaration 2003”. Plus de3 000 personnes étaientprésentes, dont des représen-tants islamiques, protestants,catholiques, hindouistes,bouddhistes et d’autresgroupes. Mesach Krisetya

envers les personnesd’origine chinoise devinrentfréquents. Les conflits entremusulmans et chrétienséclatèrent régulièrementaussi.

En 1999, les églises duGKMI décidèrent de former“une communauté menno-nite qui s’engage dansl’amour, la vérité, la justice etla paix.” Pour réaliser cettevision, le synode du GKMIrepéra des “zones rouges”(zones potentiellement con-flic-tuelles) et mit au pointune stratégie pour y apporterces valeurs.

Le projet-pilote démarra àSolo, une ville où les émeuteset les actes violents étaientfréquents. Pendant lajournée, sa populationatteint 1 500 000 personnes,après la tombée de la nuit,elle tombe à 550 000.Cependant, beaucoup de ces‘migrants’ restent en ville,dormant dans descyclopousses, dans les abrisprès des magasins, desmarchés, des arrêts de bus,des gares de chemin de ferou des stands ambulants—lieux où la haine et la vio-lence peuvent jaillir n’im-porte quand.

La première action duGKMI à Solo fut uneLongue Marche pour la Paix.Paulus Hartono, pasteur duGKMI de Solo, conduisit lamarche avec une banderole“Communauté Mennonite”.Les rues furent bientôt co-lorées par les banderoles d’aumoins 500 habitants de laville (dont 50 étaient en fau-teuil roulant) et de person-nalités venues se joindre à lamarche. Des trottoirs, desmilliers de personnes leurfirent signe. Le maire de laville inaugura la campagnede la longue marche. Unjournal de Java rapportal’événement sous le titre :“Des centaines de personnesmarchent pour la paix.”

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Laur

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résolution des conflits, mepoussa à retourner dans monpays pour y réaliser monrêve.

J’ai commencé en avril2003, lors de la Conférencedes Femmes des BIC.J’invitais toutes les femmes àapprendre à devenir des arti-sanes de paix chez elles et 23d’entre elles s’inscrivirentpour une formation à larésolution des conflits.D’autres s’engagèrent à prier.L’intérêt profond qu’ellesmanifestèrent me montraque Dieu me guidait et celam’encouragea beaucoup.

J’ai tenu le premier atelierde 2 jours à Gwanda. 34femmes représentant 5assemblées y participèrent. Anotre grande surprise,l’après-midi du premier jour,22 hommes, dont quelques-uns très jeunes, se joignirentà la réunion, sans avoir étéinvités ! Si bien que nousétions trop nombreux pouravoir des discussions enpetits groupes.

Mais, rétrospectivement,je pense que ces participantsimprévus enrichirent leséchanges. Cela permitd’aborder des questions déli-cates dans un contextedétendu.

Depuis, j’ai tenu touteune série d’ateliers sur lemariage et la famille, un peupartout, et la participationest allée de 20 à plus de 300personnes !

Développer l’harmoniedans les foyers est ma pas-sion. Ma vision pour l’égliseet mon pays est de voir desgroupes s’organiser pour par-ler du travail pour la paix,pour se former et pour êtreeux-mêmes des modèles depaix. Mon plus grand désirest de voir les églises de dif-férentes dénominations tra-vailler toutes ensemble à lapaix dans notre pays.—NellieMlotshwa, Bulawayo,Zimbabwe

était l’un des orateurs. A la fin de “Déclaration

2003” tous les participants semirent debout et se tinrentpar la main pour manifesterqu’ils voulaient commencer“une année de lafraternité”.—Adi Dharma,GKMI, Indonésie

Pendant des années, j’airêvé de devenirconseillère conjugale et

familiale quand je prendraima retraite d’enseignante. Al’Institut Biblique deEkuphileni (Frères en Christ-BIC), où j’ai longtempsenseigné, il m’est arrivésouvent d’aider des couplesen crise. Plus on medemandait d’intervenir etplus je réalisais que j’avaisbesoin d’une formation.

Je me rendis compte aussi,en faisant des recherches surle taux de divorce auZimbabwe, que dans les pré-tendus “mariages chrétiens”,le taux de divorce était beau-coup plus élevé que dans lesautres, selon le registre offi-ciel de Bulawayo. Cettedécouverte me consterna etje la remis dans la prière.

Puis, en mai 2002, grâceau Mennonite CentralCommittee, j’ai pu étudier àEastern Mennonite Universityà Harrisonburg (USA), auSummer Peace Institute (SPI).La formation que j’y aireçue, dans le domaine de la

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9Troisième trimestre 2004

a joie. D’où vient-elle ? Comment être joyeux ?

Jésus a des choses intéressantes àdire à propos de la joie, à un momentinattendu de sa vie. “Je vous ai dit celapour que ma joie soit en vous et quevotre joie soit parfaite.” dit-il à sesdisciples dans Jean 15/11.

Ce verset est surprenant à cause ducontexte : Jésus parle de la joie alorsqu’il s’achemine vers la torture et lamort. Un peu plus loin, Jésus men-tionne la joie à plusieurs reprises : la joiequi succède à la tristesse (Jn 16/20), lajoie de la maman qui a accouché, nonparce qu’elle a vaillamment souffert,mais parce que son enfant est venu aumonde (Jn 16/21), la joie d’une relationd’intimité avec le Père céleste (Jn16/24). En Jean 17/13, c’est en enten-dant les paroles de Jésus que l’on accèdeà cette joie.

C’est déjà ce que Jean Baptiste, audébut de l’Evangile de Jean, exprimaiten ces termes : “l’ami de l’époux se tientlà et l’écoute et la voix de l’époux lecomble de joie. Telle est ma joie, elle estparfaite.” (Jn 3/29).

La joie, c’est ce qui nous aide à garderpied dans la vie, à dire oui à la vie mal-gré les circonstances. Le ressort intérieurpeut être cassé par le péché, l’amertume,la peur ou le sentiment d’impuissance.Mais la joie nous appelle à nous dépas-ser, à nous rendre complices d’un projetde vie.

La joie n’est pas d’abord l’allégressejubilatoire ou le gros éclat de rire, ellen’est pas le paradis perdu d’une enfanceinsouciante, elle est à venir et à parfairedès maintenant.

La joie est conviction qui amène à

une fidélité aguerrie au milieu des per-sécutions. En cela, elle est un puissantantidote à la résignation.

Elle est l’action du Ressuscité ennous. Il s’associe à nous dans ce projetde faire vivre. La joie est le défi de l’es-pérance chrétienne. Elle anticipe en sebasant sur l’assurance que les épreuvesque nous pouvons vivre n’auront pas ledernier mot.

On ne peut être artisan de sajoie ; elle ne se mérite pas. Lecommandement que Jésus

donne à ses disciples ne porte pas sur lajoie, mais sur l’amour, comme si seulcela était à leur portée, comme si celaseul dépendait d’eux.

La joie est alors le fruit de l’amourpartagé. Il est dit des disciples, après larésurrection et la Pentecôte, dans Actes2/46 : “qu’ils rompaient le pain à do-micile, prenaient leur nourriture dansl’allégresse et la simplicité de coeur”.

C’est une joie qui naît de l’EspritSaint et qui produit la communion,accomplissant ainsi la volonté de Dieu.La joie est parfaite lorsque chacun, cha-cune prendra sa part à la table du Roi.

Marianne Goldschmidt se présentecomme “épouse, mère de 3 adolescents,sage-femme, ayant un DEA enpsychologie et passionnéepar la Bible”. Cetarticle est extrait d’uneétude biblique qu’elleavait faite avec ClaudeBaecher pendant lajournée Europe du 14eRassemblement de laCMM.

‘Pour que votre joie soit parfaite’

Quand nous avons tous une place à la table du Roi

Marianne Goldschmidt

L

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10 courrier

Chaque année, leDimanche de laFraternité Mondiale

(WFS) est l’occasion pour lesmennonites et les Frères enChrist de reconnaître la‘koinonia’ mondialecroissante. Il a pour but deresserrer les liens entre leséglises anabaptistes à traversle monde et de manifester laconviction que les peuples detoutes cultures et de toutesnations “ne sont plus desétrangers… mais desmembres de la famille deDieu”.

La famille anabaptiste-mennonite compte main-tenant 201 unions d’églises àtravers le monde et prèsd’1,3 millions de membresdans 66 pays, dont les quatrecinquième sont membres dela CMM.

Pendant des années, lesmennonites et les Frères enChrist célébraient le WFS àdes dates différentes. En1993, les délégués duConseil Général de la CMMvoulurent encourager leséglises à le faire à la mêmedate. En souvenir d’unévénement commun, le pre-mier baptême anabaptistequi eut lieu le 21 janvier1525 à Zürich (Suisse), le

Conseil retint la date du 4edimanche de janvier pourcélébrer non seulement la‘koinonia’ mondiale maisaussi nos racines communes.

Chaque année, un autrecontinent prépare un dossierqui reflète la vie de leurséglises dans leur région pourle Dimanche de la FraternitéMondiale. Toutes les égliseslocales sont invitées à utiliserces supports pour vivre pluspleinement la communionfraternelle, l’intercession etl’action de grâce les uns pourles autres.

Les documents pourl’année 2005 ont étépréparés en Amérique

Latine. Le thème en est“Pain et Paix” et pose laquestion “Y a t-il un lienentre la faim et la violence ?”

Le déroulement du cultesuggéré inclut des cantiqueset des récits d’AmériqueLatine, des textes et descommentaires sur le psaume85 et Jean 6/1-15. Le cultepeut se terminer enproposant aux églisesanabaptistes mennonites àtravers le monde de s’engagerà s’aider mutuellement àapporter la paix et le pain àtous.

“Nous nous engageonspersonnellement et en tantque famille à vivre une spiri-tualité empreinte d’amour etde non-violence ; à respecteret à protéger la vie et la di-gnité humaines sous toutesses formes et à prendre soinde toute la création ; à prati-quer la non-violence dansnos familles et nos relations,à rejeter toute forme d’abusverbal, physique et psy-chologique… ; à la solidaritéet au travail en faveur d’uneéconomie alternative quipromeuve un développementviable et humain… ; à utili-ser nos dons, talents, compé-tences, temps et ressources,pour construire une sociétéjuste et pacifique par l’actionnon-violente.” Ce textepourrait constituer lesparoles d’envoi.

Après avoir lu les docu-ments pour le WFS2004, Günther

Presser, de MennonitischeFreikirche Wels (Autriche)écrit “Un grand merci pources informations. Les statis-tiques sur les membres nousrappellent que nous devonsprier les uns pour les autreset nous avons pris le tempsde le faire.”

Joren Basumata dit quetoutes les églises locales deBharatiya Jukta ChristaPrachar Mandali, en Inde,avaient célébré cette journéeen 2004. Benjamin Kabuya(Congo) écrit: “Grande estma joie pour cette journéemerveilleuse parce que cha-cun était heureux et rempli

de la force et de la grâce deDieu…C’était comme sinous savions déjà que le jourde notre Seigneur et de notrecommunion mennonite étaitproche”.

Chaque église de par lemonde célèbre cette journéeà sa manière. Werner Funck(Allemagne) dit qu’il a pro-jeté un labyrinthe sur unécran durant le culte et a luun texte tiré des documentsdistribués. Silke Krüger-Kling (Allemagne) ademandé à chacun d’écrireson nom sur une photo deleur église mennonite de

23 janvier 2005Dimanche de la Fraternité Mondiale

Chants, danses et cris dejoie à travers le monde

Les documents concernant le WFS sont envoyés àtoutes les Eglises anabaptistes dans le monde pourêtre distribués dans les assemblées. Ils sontdisponibles en anglais, allemand, espagnol etfrançais au bureau de la CMM : 8 rue du Fossé desTreize, 67000 Strasbourg, France, e-mail :[email protected]

“C’etait comme si noussavions déjà que le jourde notre Seigneur et denotre communionmennonite était proche.”

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11Troisième trimestre 2004

Gronau. Elle l’a ensuitemise sur une bannièreavec le logo des églisesafricaines.

Dans une église àYogyakarta (Indonésie),Janet Reedy qui était envisite, a offert une bougievenant de son église,Shalom CommunityChurch d’Ann Arbor(USA).

Dans son sermon àLethbridge MennoniteChurch (Canada), HaroldSchilk demanda“Pourquoi nous soucierde la CMM et duDimanche de laFraternité Mondiale? Et ilrépondit “parce que notremonde devient un villageet que ce qui se passe àun endroit a des répercus-sions ailleurs.”

Ce jour-là dans sonsermon, KarenMartens

Zimmerly de GraceMennonite Church(Canada), portait unerobe faite au Ghana,offerte par des amisboliviens. Deux visiteursghanéens qui setrouvaient là ontimmédiatement reconnuune robe faite dans leurpays et dirent à Karenque le symbole qui yfigurait signifiait ‘acceptépar Dieu’. “J’ignorais lasignification de cesymbole” dit Karen.

José Ndongala Nkikude Igreja EvangélicaMenonitas em Angoladéclare “Après le culte,nous avions une fête avecla chorale de l’église : deschants, des danses et descris de joie, en l’honneurdu Seigneur, comme dansle psaume 150/1-6. Noussommes certains qu’il enfut de même pour nosfrères et sœurs à travers lemonde.”

Weierhof, Allemagne &Pasadena, Californie, USA—Dans différents endroits, desmennonites ont participéactivement à des actions enfaveur de la paix et de lanon-violence ces derniersmois.

Début janvier, le cultecélébré dans une église men-nonite allemande, leWeierhof, a été retransmisdans tout le pays, pour lapremière fois en 20 ans. Lethème du culte était “Lapaix : vaincre la violencedans le monde”.

La chaîne allemande ZDF,retransmet un culte protes-tant ou catholique chaquedimanche. Les 26 cultesprotestants de 2004 serontconsacrés au thème de lapaix. C’est la première foisqu’une église mennonite aété sollicitée pour préparerun culte pour la télévision.Environ 1,28 million de per-sonnes étaient devant leurécran.

Outre une introductionhistorique sur les mennoniteset l’église du Weierhof, desactivités favorisant les liensentre communautés commeIntermenno Trainee Programet International VisitorsExchange Program furentprésentés.

Trois mois plus tard, ungroupe de chrétiens, majori-tairement anabaptiste, aorganisé une marche àPasadena (USA), à l’occasiondu dimanche des Rameaux.Les 60 participants portantdes bannières illustrant lapaix ont chanté et prié pourla paix devant l’hôtel de Vil-le, joué du tambour et agitédes branches de rameaux.

La manifestation est partied’un quartier défavorisé ets’est dirigée vers le centrepolitique de la ville. C’étaitune marche symbolique du

parcours du Christ et de sesdisciples depuis la Galilée,frontière d’Israël à l’époque,jusqu’à Jérusalem, centre decette société.

La marche s’est terminéepar un Week-end de la Paix,avec des ‘tambours pour lapaix’ et des ateliers sur lesjeunes et le militarisme.

Conrad Moore, vétéran de laguerre du Vietnam devenumilitant pour la paix et avecle MCC maintenant, a dirigéces ateliers et a parlé à lafoule devant la mairie.—d’après des articles de HelgaDriedger et MennoniteWeekly Review, une publica-tion nord-américaine.

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d La paix : thème d’une manifestation enCalifornie et d’un culte télévisé en Allemagne

Zaporozhye, Ukraine, &Luanda, Angola—Tandis quedes mennonites témoignenten participant à des marchesou à des cultes télévisés (cf.histoire précédente), d’autrestravaillent pour la paix en seregroupant en unionsd’églises.

En Ukraine, le 26 mai,quatre églises se sontregroupées pour formerl’Union Chrétienne desEglises Mennonites.

Des représentants deséglises de Zaporozhye,Kutuzovka, Kherson, etBalkovye et des organismesde mission qui les soutien-nent : LOGOS Interna-tional, Allemagne ; MBMSInternational, l’organisme demission des Frères menno-nites d’Amérique du Nord etMennonite Church CanadaWitness ont signé une décla-ration annonçant la créationde l’union d’églises.

Son but est “d’encouragerla communion fraternelle,l’unité et le témoignage ausein de ses églises membres”par la réflexion sur des ques-tions pastorales, la fidélitébiblique, l’implantation denouvelles églises, les projetsde mission et d’entraide, etétablir des canaux de com-munication.

Le 6 juin, les mennonitesd’Angola ont créé le Conseil

Inter-Mennonite d’Angola(CIMA).

Des représentants des troisunions d’églises mennonites :Igreja da ComunidadeMenonita em Angola, IgrejaEvangélica Irmãos Mennonitasem Angola et IgrejaEvangélica Menonitas emAngola, et d’autres organisa-tions religieuses et non-gou-vernementales ont participéau culte du CIMA à Luanda.

Plus de 350 personnes ontcélébré cet événement pardes cris de joie et des danses.Quatre chorales, y comprisles chorales des femmes etdes jeunes, ont participé auculte. —d’après des articles deFerne Burkhardt, Service depresse de la CMM, et deLutiniko Landu, secrétairegénéral du CIMA

Des mennonites se regroupenten Ukraine et en Angola

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12 courrier

Zurich, Suisse—Le 26 juin,des réformés, descendantsspirituels de Zwingli, et desanabaptistes confessèrent lespéchés qui les ont séparés il ya 500 ans et se pardonnèrentles uns les autres lors d’unejournée ‘remarquable etinoubliable’. La cathédrale deZurich, surplombant laLimmat, servait de cadre à larencontre.

Lors de cette journée, lesquelques 400 personnesreprésentant les quatre con-tinents, et bien sûr les deuxtraditions, ont mieux com-pris ce qui les avaient diviséset de nouvelles relations defrères et sœurs partageantune vision commune,s’ébauchèrent.

En 1525, Ulrich Zwingliprêchait du haut de la chairede la cathédrale, s’en prenantaux anabaptistes radicaux.Aussi ceux-ci furent-ils pour-chassés, persécutés, exilés et

tués. Les autorités de Zurichordonnèrent que Felix Manz,un de leurs premiersdirigeants, soit noyé dans laLimmat en 1527.

Presque 500 ans plus tard,sur l’invitation des respon-sables réformés, Larry Miller,secrétaire général de laCMM, prêcha du haut de lachaire de Zwingli, s’adressantà la fois aux réformés et auxanabaptistes.

Deux cités différentes.Dans son sermon, ‘Lanouvelle cité’ à partir deZacharie 2 et de Matthieu 5,Larry dit que la meilleureimage de l’église dans lavision réformée était celle dela cité dans l’AncienTestament ‘ouverte à tous lescitoyens sans exception’.Cette vision présente Jésuscomme le Seigneur de touset appelle l’Eglise àinfluencer la société.

Cependant, les réformésn’ont pas toujours mis enpratique cette vision, commepour l’anabaptiste FelixManz et ses coreligionnaires.

“La vision anabaptiste, ditLarry, est plutôt celle de ‘lacité construite sur unecolline’ du NouveauTestament. C’est une égliseconstituée d’une commu-nauté de disciples suivantJésus dans la vie quotidien-ne, séparée du monde ettémoignant. Malheureuse-ment, la persécution poussales anabaptistes à former descommunautés refermées surelles-mêmes.”

“Après avoir allumé lalampe, nous l’avons cachéesous un seau, où elle n’é-clairait plus les bonnes oeu-vres ni ne rendait gloire àDieu”, ajouta-t-il.

Larry loua l’Eglise réfor-mée pour sa volonté à recon-sidérer les convictions desanabaptistes et à aller ‘versune communion pluscomplète avec d’anciensadversaires’.

Le temps de confession etles réponses qui y furentdonnées pendant le cultedans la vieille église et lors dela cérémonie au bord de laLimmat, furent parmi lesmoments les plus émouvantsde la rencontre.

Confession et pardon.Pendant le culte, ReudiReich, président de l’EgliseReformée du Canton deZurich, lut une déclarationexprimant le regret d’avoirpersécuté les premiersanabaptistes. Ernest Geiser,président du Conseil desAnciens des églises menno-nites suisses, répondit : “Lesdescendants des anabaptistespersécutés, présents parmivous, ne se considèrent plusaujourd’hui comme des

victimes... Nous ne voulonspas de compensation pourles injustices passées. Nousacceptons votre confessiondans un esprit de pardon.”

Dans la soirée, les per-sonnes présentes traversèrentle pont enjambant la Limmatet se rassemblèrent sur laberge faisant face à la cathé-drale, près de l’endroit oùManz avait été noyé. Unebarque s’approcha silencieu-sement et les rameurs arra-chèrent soudainement l’étof-fe qui recouvrait la plaquefixée sur le muret le long dela rivière. L’inscription, gra-vée dans le granit, portait :

“Ici, pendant la Réforme,Felix Manz et cinq autresanabaptistes furent noyésdans la Limmat entre 1527et 1532. Hans Landis fut ledernier anabaptiste exécuté àZurich, en l’année 1614.”

Lors de la dédicace de laplaque, Reudi Reich deman-da de nouveau pardon pourla persécution, la torture et lamort, infligées aux anabap-tistes ‘tout autant par l’Egliseque par l’Etat’.

Thomas Gyger, président

Confession et pardon entre anabaptistes et réformés à Zurich

Surprenant la plupart de ceux qui assistaient à larencontre anabaptiste-réformée, deux hommes dans unebarque arrivèrent et arrachèrent l’étoffe qui recouvrait laplaque du mémorial commémorant l’exécution parnoyade de Felix Manz dans la rivière Limmat. Ilsrepartirent traînant l’étoffe derrière eux dans l’eau.

Markus Rediger, Suisse,membre du Comité Exécutifde la CMM, parla desmennonites dans le monde etoffrit le livre de la CMM “InGod’s Image,” à plusieursreprésentants officiels del’Eglise réformée.

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13Troisième trimestre 2004

de l’union des églisesmennonites suisse, réponditque les autorités de la ville etl’Eglise réformée du 16esiècle avaient agi pourmaintenir l’ordre public faceà ce qu’elles considéraientcomme une menace sérieuse.Il exprima sa gratitude pourle mémorial et pour les pasfaits vers la réconciliation.

Aucune voix contre.Robert Neukomm, conseillermunicipal de Zurich parla del’essai infructueux de HaroldBender, en 1952, pour que laville érige un mémorial àFelix Manz. Cette fois-ci,remarqua Robert Neukomm,le vote du conseil municipalde Zurich a été favorable.

Les préparations de la

journée ont commencéquand John Sharp, historienmennonite américain, écrivitau conseil municipal deZurich en janvier 2003, pourdemander qu’une plaque ouune stèle rappelle la mémoirede Felix Manz. Le conseilrépondit favorablement etcommença à préparer la ren-contre avec l’Eglise menno-nite suisse.

La réalité mondiale del’Eglise anabaptiste d’aujour-d’hui était manifeste grâce àla présence d’amishs et demennonites d’Irlande, desPays-Bas, de France,d’Allemagne, de Bolivie, dela République Démocratiquedu Congo, du Canada et desUSA.—Ferne Burkhardt,Service de Presse de la CMM

Pour la première fois depuis 475 ans, un anabaptisteprêche dans la cathédrâle, de la chaire même d’où UlrichZwingli s’en était pris aux anabaptistes en 1525. LarryMiller, secrétaire général de la CMM (ci-dessus), le fit surl’invitation des dirigeants réformés de Zurich.

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Sha

rp L’Eglise javanaise fête ses 150ans en baptisant 150 personnes !Kayuapu, Indonésie—L’Eglisemennonite la plus ancienne(sans compter l’Europe etl’Amérique du Nord), acélébré son 150e anniversaireen baptisant 150 nouveauxconvertis.

Les baptêmes ont eu lieule 11 mai, pendant les quatrejours de fête du synode deGereja Injili di Tanih Jawa(GITJ).

Lawrence Yoderd’Harrisonburg (USA), qui apassé 10 ans en Indonésieavec le MCC, était invité à lafête. Voici la description qu’ilfait des baptêmes :

“Dix pasteurs étaient alignésdevant l’église, aidés chacunpar un ancien tenant unebassine d’eau. Ils baptisaient10 personnes à la fois jusqu’àce que tous aient été baptisés.”

Lawrence constataqu’après l’annonce du cultede baptêmes dans les 96assemblées du GITJ, bienplus de 150 personnes au-raient aimé être baptisées. Ceculte eut lieu en mémoire despremiers baptêmes menno-nites en Indonésie, le diman-che de Pâques de 1854, troisans après l’arrivée des mis-sionnaires mennonites, aux-quels se joignirent plus tarddes missionnaires d’Ukraine.

Aujourd’hui l’Eglised’Indonésie compte 71 300membres répartis en troissynodes, ce qui en fait le 6eplus grand groupe de men-nonites dans le monde.

Division synodale.Cependant, des conflits in-ternes ont ébranlé l’Eglise.En 1996, des questions d’au-torité créèrent une divisionqui couvait depuis presque20 ans.

En novembre 2000, uneréunion fut organisée pourrésoudre ce conflit au sein duGITJ. Et début 2001, les

trois synodes indonésienscommencèrent le processusd’unification (voir articlepage 5).

Lawrence et sa femmeShirlee, l’Eglise mennonitehollandaise, le MCC et leConseil des Eglisesd’Indonésie furent partieprenante de ce processus.

“Le plus grand sujet deréjouissance de toute la fêteétait la réunification del’Eglise” dit Lawrence.

Les baptêmes d’anniver-saire à Kayuapu furent suivisde plus de quatre jours defête dans 10 lieux différents.Dans un endroit, 600enfants se rassemblèrentpour une fête de l’école dudimanche. Ailleurs, 1 000autres écoutèrent une choralede 150 voix, exécutant deschants composés par desmennonites.

Arrestations et incendies.L’Eglise javanaise mennonitea aussi souffert de lapersécution. Pendant la 2eguerre mondiale, les forcesd’occupation japonaisess’emparèrent d’un hôpitaltenu par les mennonites. Ala même époque, desgroupes islamistes radicauxpersécutèrent des membresd’église et plusieurs pasteurs.

En 2001, quatre églisesmennonites d’Indonésiefurent brûlées lors d’uneaction contre les groupeschrétiens. Aujourd’hui,l’Indonésie est à 90 pourcent musulmane.

“Cette rencontre généraune énergie et unedynamique fabuleuses dansles églises indonésiennes” ditCal Redekop, un autre invitéd’Amérique. “Nous n’avionspas réalisé qu’elles avaientautant de vie et d’enthou-siasme.”—d’après RobertRhodes et Lawrence Yoder

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14 courrier

Stimulées par la rencontre desthéologiennes africaines àAfrique 2003, des théologiennescolombiennes et mexicainescommencent à s’organiser.

Grâce au soutien de l’action‘Dons en Commun’ de laCMM, Alix Lozano et OfeliaGarcía établissent une liste desfemmes latino-américainesayant une formationthéologique, faisant des études

de théologie ou étant respon-sables d’église.

La prochaine étape consis-tera à organiser des rencontresrégionales ou nationales defemmes. Ensuite des représen-tantes des divers pays projet-tent de se réunir en juillet2005, lors de la ConsultationAnabaptiste d’AmériqueLatine au Costa Rica.

Dans une lettre à la CMM,Alix et Ofelia expliquent que‘Dons en Commun’ apporte lesoutien nécessaire pour que cerêve puisse prendre forme. “Lesystème patriarcal est encoretrès présent dans de nom-breuses communautés, et lefait que des femmes réalisentun projet les concernant estperçu comme une menace.”disent-elles.

“Ce projet est tout à faitdans la ligne de l’action ‘Donsen commun’, dont la vocationest de stimuler et de fournirles moyens de réaliser de sem-blables idées” dit Tim Lind,membre du personnel de laCMM. Il précise que cetteactivité est soutenue par leConseil Général de la CMM.—Cathleen Hockman-WertpourTimbrel, une publicationnord-américaine pour les femmes

Des théologiennes latino-américainescommencent à réaliser un rêve

Edith Acuña (Bogotá),est la première femmeofficiellement consa-crée en Colombie. Saconsécration a eu lieule 28 mars, faisantd’elle la responsable del’église mennoniteJehova Sama, uneassemblée de 25adultes et 75 enfants.

Ho Chi Minh Ville, Vietnam—Plus de deux mois aprèsleur arrestation, Nguyen HongQuang, secrétaire général del’Eglise Mennonite duVietnam et cinq autresresponsables d’église sonttoujours détenus (à la mi-août).

Le Pasteur Quang a étéarrêté le 8 juin à Ho ChiMinh Ville. Il semble que lesautorités essayent de l’inculper,lui et les cinq autres, pour pos-session et distribution de

Mme Le Thi Phu Dung (àdroite), épouse du pasteurNguyen Hong Quang, se jointà d’autres mennonitesvietnamiens pour allumer unebougie et prier pour la libé-ration de son mari et des cinqautres responsables. MmeDung a pu rendre visite briè-vement à son mari fin juillet.L’église du Vietnam l’a nom-mée secrétaire générale pen-dant l’absence de son mari.

documents préjudiciables àl’Etat. Si ces charges sontretenues, ils risquent chacun20 ans de prison.

Quatre de ces personnesont été arrêtées le 2 mars alorsqu’elles voulaient remettre auxautorités locales le numéro dela plaque d’immatriculationde la moto de deux agents encivils qui les avaient suivis etmenacés.

Le 30 juin, Mme Le ThiHong Lien, diacre quienseigne la Bible aux enfants,

Vietnam :Six responsables mennonites toujours en garde à vue

a également été arrêtée.Le premier contact avec

l’un des détenus a eu lieu le 29juillet. Mme Le Thi PhuDung (Mme Quang), accom-pagnée d’un autre responsabled’église a été autorisée à rendreune courte visite à son mari.Ils lui ont trouvé mauvaisemine et l’air amaigri.

Des actions pour leurremise en liberté ont été entre-prises par les responsablesd’églises mennonites à traversle monde. Ils ont contacté lesautorités vietnamiennes enSuisse, au Canada, aux Etats-Unis et au Vietnam.

Le 25 juin, Larry Miller,secrétaire général de la CMM,Markus Rediger, membre duComité Exécutif de la CMMet Dan Nighswander, secré-taire général de MennoniteChurch Canada ont été reçusà la mission permanente duVietnam auprès des NationsUnies à Genève (Suisse).

Ils remirent une lettreadressée à l’ambassadeur de-mandant la remise en libertédes responsables d’églises.Cette lettre rappelait aussique, depuis 50 ans, les men-nonites apportent une aidemédicale, scolaire et agricole,des secours d’urgence aux per-sonnes déplacées au Vietnamet créent des projets généra-teurs de ressources.

Quelques jours plus tôt,Nancy Heisey, présidente de laCMM, et d’autres menno-

nites, avaient rencontré unedélégation vietnamienne envisite aux Etats-Unis. Aprèsavoir entendu la demande deremise en liberté de Quang, leresponsable de la délégationdit que les charges contreQuang seraient examinées.

Mi-juillet, l’EgliseMennonite du Vietnam aorganisé deux journées de vi-gile et de prières pour les pri-sonniers.

Pendant ce temps, de nou-veaux croyants continuent dese joindre à l’église et des bap-têmes ont eu lieu récemmentdans les montagnes du centredu pays.—d’après des rapportsde Compass Direct etVietnamese Ministries

Calendrier de la CMM9-14 novembre 2004 . . . . . . . . . . . . . . Shamshabad, Inde

Asia Mennonite ConferenceMennonite Christian Service Fellowship of India

8-12 novembre 2004 . . . . . . . . . . . . . . Shamshabad, IndeCommission de planification de la Fraternité Missonnaire Mondiale

10-12 décembre 2004 . . . . . . . . . . . . . . Fresno, CA, USARéunion des membres du bureau de la CMMComité de Continuation du GYS

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15Troisième trimestre 2004

New Hamburg, Ontario, Ca-nada—En Afrique, $4 200CDN profiteront aux mala-des du SIDA grâce au quilt dela koinonia et à la vente auxenchères de OntarioMennonite Relief Sale qui s’esttenue le 29 mai.

Ce quilt, qui a été fabriquépar des centaines de personnescousant des petits morceauxles uns aux autres lors duRassemblement à Bulawayo,était exposé lors de cette vente.

Au courant de la journée,on tendit le micro à BevKlassen, du MCC Ontario,afin qu’elle raconte l’histoiredu quilt et parle de lapandémie du SIDA. Le com-missaire-priseur demanda alorsque ceux qui le souhaitentfassent un don de $100 CDNen faveur de cette action. Lescartes d’engagement jaillirentde la foule et $4 200 CDNfurent collectés !

fardeau pour l’œuvre duSeigneur.

Les jeunes Congolais ontfait un grand effort pour tra-vailler avec leurs responsables.Ils ont le sentiment qu’ils ontété écoutés et bien intégrésdans toutes les activités deséglises.—José Ciakatumba

Kinshasa, République Démo-cratique du Congo— Les jeunesCongolais ont pris au sérieuxle défi qui leur a été lancé lorsdu Sommet Mondial de laJeunesse (GYS) à Bulawayo,en août 2003.

Récemment, ils ont orga-nisé une campagne d’évangé-lisation de trois jours et unejournée de louange enmusique pour les jeunes et lesadultes.

Cette journée a rassembléplus de 20 chorales et a ren-forcé le sentiment de commu-nauté entre les jeunes et lesadultes. Elle a aussi porté desfruits. Une croisade de prièrede deux jours est prévue plustard.

Lors du GYS, les jeunesavaient décidé de rencontrerles responsables de leurs églisespour leur parler de leur

Tarime, Tanzanie—La sectionJeunesse de TanzaniaMennonite Church organisedes ateliers dans les quatrediocèses de l’église pour par-ler des défis auxquels les jeu-nes chrétiens sont confrontésaujourd’hui.

Lors du premier atelierqui a eu lieu du 22-25 avril,il a été question de la con-stitution de la sectionJeunesse, de sa stratégie etdu SIDA, qui touche lesjeunes de la communauté.

Ils ont dit qu’ils cher-chaient aussi à permettreaux jeunes et aux enfantsd’aller à l’école, pour qu’ilsne soient pas réduits auchômage, à l’oisiveté et à lapauvreté.

“On ne peux pas être unbon chrétien si on n’a pasd’espoir” dit l’un des parti-cipants.—Hassan JohnMosoka

• Remercions Dieu pour les progrèsfaits pour vaincre la violence et pourguérir les blessures du passé. Prionsque cela se réalise aussi au niveaupersonnel.

• Prions pour les mennonites et lesFrères en Christ dans le monde, afinque lors des réunions régionales decette année, ils appréhendent leursituation avec lucidité et y répondentfidèlement. Louez Dieu pour la libertéde se réunir et de partager l’évangile etprions pour ceux qui ne l’ont pas.

• Prions pour les chrétiens persécutés auVietnam, en Orissa, Inde et ailleursdans le monde, à cause de leurengagement pour le shalom et enparticulier pour la justice. Prions qu’ilssoient préservés du décourage-ment ettrouvent des façons créatives decommuniquer l’amour chrétien.

• Prions pour la paix et les artisans depaix appelés à être sel et lumière dumonde. Prions que tous les chrétiensdeviennent des artisans de paix actifschez eux et au-delà.

• Prions pour les responsables d’églises,afin que leur vie reflète les valeurschrétiennes qu’ils enseignent, même sicela demande de grands sacrifices.

• Prions pour les hommes et les femmesqui, même chrétiens, cherchent au nomde la liberté à justifier leur désir deplaisir et de bonheur à tout prix.

• Prions pour les enfants et les jeunesdont les parents n’ont pas été des mo-dèles de l’amour de Dieu. Prions pourque nos églises ne les déçoivent pas.

• Prions pour les familles qui laissent desarmes destinées à l’auto-défense à laportée des enfants, ce qui conduit desjeunes à tirer sur d’autres, comme dansune école de Montevideo (Uruguay)dernièrement. Prions pour les autoritésqui ne savent quoi faire devant de tellessituations.

• Prions pour que des ressources finan-cières soient partagées avec les paysravagés par la pandémie du SIDA—unesituation qui peut rapidement devenircelle de notre pays.

Pour prier . . .L’un de vous souffre-t-il ? Qu’il prie.

Est-il joyeux ? Qu’il chante des cantiques.—Jacq 5/13

Le quilt de lakoinonia stimulela solidarité

Herald Press, qui vient de publier InGod’s Image avec la CMM etMennonite Heritage Centre Gallery, fait une offrespéciale pour les lecteurs de Courier / Correo /Courrier : $24.99 US, $29.99 CDN. Jusqu’au 31décembre 2004. Ecrire à : Herald Press, 616Walnut Ave., Scottdale, Pennsylvania, USA. Tél:800-245-7894. Courriel : [email protected]

Les jeunes du Congose mobilisent

Les jeunes de Tanzanie : défis d’aujourd’hui

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Comme je travaille dans le département du MCCchargé des questions de la paix et également pour leConseil de la Paix de la CMM, certains me

considèrent comme une “professionnelle de la paix”. Il estvrai que l’on trouve dans l’église des personnes qui travaillentdans ce domaine, forment des membres à l’acquisition decompétences spécifiques liées à la paix et à la médiation,écrivent des articles et font des discours sur ce thème, ouencouragent ceux qui sont au pouvoir à résoudre leursconflits pacifiquement. Œuvrer à la paix est leur profession.Mais d’un autre côté, tous les chrétiens sont appelés à êtredes “professionnels de la paix”.

L’apôtre Paul résume le message central de notre foi dans 2Corinthiens 5/16-20: Dieu nous réconcilie avec lui-même enChrist et nous confie ce ministère—œuvrer pour la réconci-liation, être des ambassadeurs de Christ.

Dieu nous donne l’exemple de l’amour des ennemis parcequ’il nous a aimés bien que nous soyons des pécheurs etéloignés de lui. L’œuvre de Dieu en Jésus est une expressionde son amour pour nous, les ennemis, qui nous incite àdevenir de nouvelles créatures transmettant cet amour autourd’eux, y compris à leurs ennemis. C’est pour cela que la paixest un élément central de notre foi. Dieu fait la paix avecnous et nous appelle à être des artisans de paix. Si nous sui-vons Jésus, nous devenons par définition des ambassadeursde la réconciliation, des artisans de paix.

Les églises mennonites et Frères en Christ sont appelées“églises historiquement pacifistes”. Cela a été particulière-ment manifeste en temps de guerre, lorsque beaucoup d’en-tre nous refusaient de prendre les armes et derejoindre l’armée. Etre des chrétiens artisans depaix c’est dire “non” à l’usage violent de la force.

Mais notre engagement chrétien va bien au-delà. Le travail pour la paix des disciples de Jésusse répercutera dans tous les domaines de leur vie.Lors de la réunion du Conseil de la Paix àBulawayo l’an dernier, nous avons parlé des dif-

férents niveaux du travail de la paix et vu qu’il concernaittoute forme de vie.

C’est plus facile à dire qu’à mettre en pratique. Quelimpact a le fait d’être artisan de paix sur ma vie de couple ?Sur la manière dont je corrige mes enfants ? Sur la professionque je choisirai ou l’entreprise dans laquelle je travaillerai ?Lorque je suis en situation de pouvoir dans mon assemblée ?

Se comporter ainsi demande que notre définition du mot“paix” soit assez large. Nous avons tendance à voir la paixcomme le calme, l’absence de bruit ou de discorde—et c’estvrai. Mais la paix c’est aussi la justice et des relations quirespectent et valorisent l’autre. La paix dans son sensbiblique comprend l’équité, la complétude et le souci con-cret envers son prochain.

Etre un “professionnel de la paix” n’est pas facile nisimple. C’est un processus constant d’apprentissage.Nous ne pouvons pas y réussir par nos propres forces.

C’est pour cela que Dieu nous appelle à faire partie del’Eglise. Nous avons besoin de nos frères et sœurs pour nousencourager et nous enseigner. Et c’est aussi pourquoi nousdépendons de la grâce de Dieu. Nous ferons des erreurs etnous ne serons pas toujours à la hauteur de cet appel. Maisnous pouvons compter sur la force que Dieu nous donne etsur son pardon lorsque nous chancelons.

Parfois, les gens qui savent ce qu’est mon travail pensentque j’ai toutes les réponses sur la question de la paix. Ceciest loin d’être vrai—en fait, il semble parfois que je n’ai quedes questions. Mais je suis reconnaissante de pouvoir comp-ter sur la famille spirituelle pour me conseiller et sur Dieupour me soutenir dans ce chemin. Je suis reconnaissantepour la fidélité des frères et sœurs à travers le monde quim’aident à discerner ce que signifie être chrétien et profes-sionnel de la paix.

Judy Zimmerman Herr, Akron (USA), est secrétaire associée duConseil de la Paix de la CMM.

Perspective :

Des professionnels de la paixJudy Zimmerman Herr

courrier616 Walnut AvenueScottdale, PA 15683-1999USA