Une pauvreté trés présente dans les villes centre des grands centres urbains( INSEE)

4
Une pauvreté très présente dans les villes-centres des grands pôles urbains E n France métropolitaine, en 2012, le taux de pauvreté est le plus élevé dans le Nord et le Sud-Est, ainsi qu’en Seine-Saint-Denis. Le taux de pauvreté est le plus important dans les villes-centres des grandes aires urbaines, où la pauvreté touche particulièrement les familles monoparentales, les familles nombreuses et les ménages jeunes, ainsi qu’en dehors de l’influence des villes. Les inégalités de niveaux de vie à l’intérieur des régions et des départements sont souvent fortes ; elles sont les plus prononcées à Paris, dans les Hauts-de-Seine, et en Haute-Savoie, du fait d’un niveau de vie particulièrement élevé de la partie aisée de la population qui y habite. Le niveau de vie médian est généralement plus élevé dans l’espace urbain, en particulier dans les couronnes des grands pôles urbains. Pour les personnes les plus pauvres, la part des prestations sociales dans le revenu disponible est importante et varie fortement selon les régions ; elle est la plus élevée dans les villes-centres où elle représente en moyenne 46 % du revenu disponible pour les 10 % de personnes les plus modestes. À l’inverse, pour les personnes les plus aisées, la part des revenus du patrimoine est alors prédominante : dans les villes-centres, qui concentrent souvent les plus fortes inégalités, elle représente en moyenne 30 % du revenu disponible pour les 10 % de personnes les plus aisées. Anne-Thérèse Aerts, division Statistiques régionales, locales et urbaines, Sandra Chirazi, Lucile Cros, direction régionale de Bretagne, Insee À compter des données 2012, un nouveau dispositif permet une observation du reve- nu disponible des ménages à un niveau territorial plus fin que le département, jusqu’à la commune. Ce dispositif, le Fichier localisé social et fiscal (Filosofi ; sources), offre une nouvelle lecture de la carte des revenus, des inégalités et de la pauvreté monétaire (définitions). Présentés pour la première fois dans cette publica- tion, ces résultats sont complétés par des données sur le site insee.fr. En France métropolitaine, le taux de pauvreté est le plus élevé dans le Nord et le Sud-Est, ainsi qu’en Seine-Saint-Denis À l’échelle régionale (encadré), en 2012, le taux de pauvreté, i.e. la part de la popula- tion dont le niveau de vie est en deçà du seuil de pauvreté, reste le plus élevé en Corse, Languedoc-Roussillon et Nord - Pas-de-Calais (autour de 20 %). Il est le plus faible en Bretagne et Pays de la Loire (moins de 11 %). Au niveau départemental, c’est en Île-de- France que se trouvent à la fois les départe- ments ayant le plus fort et le plus faible taux de pauvreté. Ainsi, en 2012 le taux de pauvreté est de 9 % dans les Yvelines et de 27 % en Seine-Saint-Denis. Hors Île-de-France, tous les départements des régions Nord - Pas-de-Calais, Corse, et Languedoc-Roussillon (exceptée la Lozère) ont parmi les plus forts taux de pauvreté (entre 18 % et 23 %). De forts taux apparaissent également dans le Vaucluse, les Bouches- du-Rhône, l’Ariège, la Creuse, les Ardennes et l’Aisne (entre 18 % et 20 %). Outre les Yvelines, les plus faibles taux de pauvreté sont observés en Loire-Atlantique, Finistère, Ille- et-Vilaine et Vendée, ainsi qu’en Savoie, Haute-Savoie et dans l’Ain (autour de 10 %). Dans les grandes aires urbaines, le taux est plus élevé dans les villes-centres Au niveau communal (figure 1), la pauvreté est dans l’ensemble la plus forte dans les villes-centres des grandes aires urbaines (20 % en moyenne ; définitions ) et dans les communes isolées hors de l’influence des villes (17 % en moyenne). Ces dernières, réparties sur l’ensemble du territoire (figure 2) , ne représentent toutefois que 5 % de la population. Globalement, 77 % de la population pauvre réside dans les 230 grandes aires urbaines de métropole, dont 65 % dans les grands pôles urbains et 20 % dans l’aire urbaine de Paris. Dans l’espace urbain, le taux de pauvreté est généralement plus élevé dans les pôles (16 % en moyenne) que dans leurs couron- nes (autour de 10 %). Au sein des grandes aires urbaines, le taux de pauvreté est presque toujours plus élevé dans les Juin 2015 N° 1552

description

En France métropolitaine, en 2012, le taux de pauvreté est le plus élevé dans le Nord et le Sud-Est, ainsi qu’en Seine-Saint-Denis. Le taux de pauvreté est le plus important dans les villes-centres des grandes aires urbaines, où la pauvreté touche particulièrement les familles monoparentales, les familles nombreuses et les ménages jeunes, ainsi qu’en dehors de l’influence des villes. Les inégalités de niveaux de vie à l’intérieur des régions et des départements sont souvent fortes ; elles sont les plus prononcées à Paris, dans les Hauts-de-Seine, et en Haute-Savoie, du fait d’un niveau de vie particulièrement élevé de la partie aisée de la population qui y habite. Le niveau de vie médian est généralement plus élevé dans l’espace urbain, en particulier dans les couronnes des grands pôles urbains. Pour les personnes les plus pauvres, la part des prestations sociales dans le revenu disponible est importante et varie fortement selon les régions ; elle est la plus élevée dans les villes-centres où elle représente en moyenne 46 % du revenu disponible pour les 10 % de personnes les plus modestes.

Transcript of Une pauvreté trés présente dans les villes centre des grands centres urbains( INSEE)

  • Une pauvret trs prsente dansles villes-centres des grands ples urbains

    En France mtropolitaine, en 2012, le taux de pauvret est le plus lev dans le Nordet le Sud-Est, ainsi quen Seine-Saint-Denis. Le taux de pauvret est le plus importantdans les villes-centres des grandes aires urbaines, o la pauvret toucheparticulirement les familles monoparentales, les familles nombreuses et les mnages jeunes,ainsi quen dehors de linfluence des villes. Les ingalits de niveaux de vie lintrieurdes rgions et des dpartements sont souvent fortes ; elles sont les plus prononces Paris,dans les Hauts-de-Seine, et en Haute-Savoie, du fait dun niveau de vie particulirement levde la partie aise de la population qui y habite. Le niveau de vie mdian est gnralementplus lev dans lespace urbain, en particulier dans les couronnes des grands ples urbains.Pour les personnes les plus pauvres, la part des prestations sociales dans le revenu disponibleest importante et varie fortement selon les rgions ; elle est la plus leve dans lesvilles-centres o elle reprsente en moyenne 46 % du revenu disponible pour les 10 %de personnes les plus modestes. linverse, pour les personnes les plus aises, la partdes revenus du patrimoine est alors prdominante : dans les villes-centres, qui concentrent

    souvent les plus fortes ingalits, elle reprsente en moyenne 30 % du revenu disponiblepour les 10 % de personnes les plus aises.

    Anne-Thrse Aerts, division Statistiques rgionales, locales et urbaines,Sandra Chirazi, Lucile Cros, direction rgionale de Bretagne, Insee

    compter des donnes 2012, un nouveaudispositif permet une observation du reve-nu disponible des mnages un niveauterritorial plus fin que le dpartement,jusqu la commune. Ce dispositif, leFichier localis social et fiscal (Filosofi ;sources), offre une nouvelle lecture de lacarte des revenus, des ingalits et de lapauvret montaire (dfinitions). Prsentspour la premire fois dans cette publica-tion, ces rsultats sont complts par desdonnes sur le site insee.fr.

    En France mtropolitaine, le tauxde pauvret est le plus levdans le Nord et le Sud-Est,ainsi quen Seine-Saint-Denis lchelle rgionale (encadr), en 2012,le taux de pauvret, i.e. la part de la popula-tion dont le niveau de vie est en de duseuil de pauvret, reste le plus lev en

    Corse, Languedoc-Roussillon et Nord -Pas-de-Calais (autour de 20 %). Il est leplus faible en Bretagne et Pays de la Loire(moins de 11 %).Au niveau dpartemental, cest en le-de-France que se trouvent la fois les dparte-ments ayant le plus fort et le plus faibletaux de pauvret. Ainsi, en 2012 le taux depauvret est de 9 % dans les Yvelines et de27 % en Seine-Saint-Denis.Hors le-de-France, tous les dpartementsdes rgions Nord - Pas-de-Calais, Corse, etLanguedoc-Roussillon (excepte la Lozre)ont parmi les plus forts taux de pauvret (entre18 % et 23 %). De forts taux apparaissentgalement dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhne, lArige, la Creuse, les Ardenneset lAisne (entre 18 % et 20 %). Outre lesYvelines, lesplus faibles tauxdepauvretsontobservs en Loire-Atlantique, Finistre, Ille-et-Vilaine et Vende, ainsi quen Savoie,Haute-Savoie et dans lAin (autour de 10 %).

    Dans les grandes aires urbaines, le tauxest plus lev dans les villes-centres

    Au niveau communal (figure 1), la pauvretest dans lensemble la plus forte dans lesvilles-centres des grandes aires urbaines(20 % en moyenne ; dfinitions) et dans lescommunes isoles hors de linfluence desvilles (17 % en moyenne). Ces dernires,rparties sur lensemble du territoire (figure 2),ne reprsentent toutefois que 5 % de lapopulation. Globalement, 77 % de lapopulation pauvre rside dans les 230grandes aires urbaines de mtropole, dont65 % dans les grands ples urbains et 20 %dans laire urbaine de Paris.Dans lespace urbain, le taux de pauvretest gnralement plus lev dans les ples(16 % en moyenne) que dans leurs couron-nes (autour de 10 %). Au sein des grandesaires urbaines, le taux de pauvret estpresque toujours plus lev dans les

    Juin 2015

    N 1552

  • villes-centres. Il atteint parfois deux troisfois celui des banlieues et plus de quatre foiscelui des couronnes priurbaines (voire septfois dans laire de Mulhouse : 30 % dans laville-centre contre 4 % dans la couronne). Autotal, les deux tiers des personnes pauvresrsident dans les grands ples urbains, alorsque ces derniers rassemblent moins de 60 %de la population. linverse, alors que lescouronnes des grands ples urbains regrou-pent 20 % de la population, peine plus de10 % des personnes pauvres y rsident.Les moyennes et petites aires de Nord -Pas-de-Calais et de Picardie sont les plustouches par la pauvret, linstar de Four-mies, du Cateau-Cambrsis, dHirson (32 %),et de Bohain-en-Vermandois (36 %). lin-verse, cest dans de petites aires dAlsace, deFranche-Comt et des Pays de la Loire que lestaux sont les plus faibles : Fessenheim (4 %),Morteau et La Verrie (6 %). Parmi les grandesaires urbaines, le taux de pauvret varie de 8 %(Annecy, Senlis, Ble - Saint-Louis (partie

    franaise), Les Herbiers) 29 % (Beaucaire).En dehors de lespace urbain, dans les commu-nes isoles hors de linfluence des ples, il estle plus lev dans le Sud-Est (25 % en Corse et24 % en Languedoc-Roussillon) et le plusfaible lEst (8 % en Alsace).

    Les familles monoparentales, famillesnombreuses et mnages jeunessont les plus expossTous territoires confondus, les mnages lesplus touchs par la pauvret montaire sontgnralement les mnages jeunes (dfini-tions), les mnages de cinq personnes ou pluset les familles monoparentales. Cest encoreplus vrai dans les rgions o le taux de pauvretest lev en moyenne. Le taux varie ainsi, selonles rgions, de 17 % (Pays de la Loire) 30 %(Languedoc-Roussillon, Nord - Pas-de-Calais)parmi les mnages jeunes, de 15 % (Bretagne) 34 % (Nord - Pas-de-Calais) parmi les mna-ges de cinq personnes ou plus, et de 24 %

    (le-de-France) 40 % (Nord - Pas-de-Calais)parmi les familles monoparentales.Cest gnralement dans les villes-centres desgrands ples urbains, ainsi que dans lesmoyens et petits ples, que la pauvret pources catgories de mnages est la plusfrquente : elle y concerne en moyenne autourde 27 % des personnes parmi les mnagesjeunes, 35 % parmi les familles monoparenta-les, et parmi les mnages de cinq personnes ouplus, respectivement 37 % des personnes dansles villes-centres et autour de 27 % dans lesmoyens et petits ples. linverse, cest dansles couronnes des ples que les taux sontgnralement les plus faibles, en particulierdans les couronnes des grands ples urbainso 13 % des personnes parmi les mnagesjeunes sont pauvres, 14 % parmi les mnagesde cinq personnes ou plus et 23 % parmi lesfamilles monoparentales.Les personnes seules sont galement davan-tage concernes par la pauvret que lensemblede la population, sauf en le-de-France. Cest

    Insee Premire n 1552 - Juin 2015

    Niveau de vie annuel en euros

    30 746 et plus

    moins de 17 336

    17 336 moins de 19 283

    19 283 moins de 21 364

    21 364 moins de 24 218

    24 218 30 746 moins de

    non diffusable

    contour des aires urbaines

    IGN - Insee 2015

    3 Niveaux de vie mdians

    Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localis social et fiscal 2012.

    Taux de pauvret en %

    24 et plus

    moins de 6

    6 moins de 10

    10 moins de 14

    14 moins de 20

    20 moins de 24

    non diffusable

    contour des aires urbaines

    IGN - Insee 2015

    2 Taux de pauvret communaux

    Source : Insee- DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localis social et fiscal 2012.

    Catgorie de communesPopulation

    des mnagesfiscaux

    Niveau de viemdianen euros

    Premier dcilede niveau de vie

    en euros

    Neuvimedcile de niveaude vie en euros

    Taux depauvret

    en %

    Rpartition dela populationpauvre en %

    Niveau de viemdian de la

    population pauvre

    Intensit dela pauvret

    en %

    Grands ples urbains 35 864 657 19 887 9 960 39 547 16,1 65,2 9 242 22,1 Villes-centres 14 265 385 18 731 9 210 39 601 19,5 31,4 9 132 23,1 Banlieues 21 599 272 20 619 10 579 39 516 13,9 33,8 9 344 21,3Couronne des grands ples urbains 12 178 299 20 975 12 295 36 085 8,8 12,1 9 725 18,1Communes multipolarises 3 316 246 19 377 11 229 32 975 12,1 4,5 9 666 18,6Moyens ples 1 734 551 18 447 10 241 32 975 15,7 3,1 9 489 20,1Couronne des moyens ples 360 798 19 350 11 681 32 055 10,6 0,4 9 779 17,6Petits ples 2 263 588 18 231 10 302 32 023 15,6 4,0 9 528 19,7Couronne des petits ples 168 534 19 012 11 124 31 865 12,3 0,2 9 636 18,8Autres communes multipolarises 3 372 445 18 607 10 905 31 205 13,3 5,1 9 661 18,6Communes isoles hors influence des ples 2 805 422 17 941 10 000 31 923 16,9 5,3 9 464 20,3France mtropolitaine 62 064 538 19 786 10 503 37 236 14,3 100,0 9 378 21,0France mtropolaine (ERFS 2012) (*) / 19 740 10 610 37 430 13,9 / 9 410 20,5

    1 Niveau de vie par type despace - Les grands ples concentrent les ingalits

    (*) Pour les indicateurs dingalit des niveaux de vie et de pauvret concernant l'ensemble de la France mtropolaine, lenqute sur les revenus fiscaux et sociaux (ERFS) reste la source de rfrence; "/" signifie que les informations ne sont pas disponibles partir de lERFS 2012.Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localis social et fiscal 2012 et ERFS 2012.

  • en Corse que la pauvret des personnes seulesest la plus forte ; elle concerne 27 % desfemmes seules et 25 % des hommes seuls. Auniveau communal, le taux de pauvret pour lespersonnes seules est le plus lev dans lespacesitu hors de linfluence des villes (23 %), puisdans les couronnes des petits ples et lescommunes multipolarises des moyens etpetits ples (20 %). linverse, les couples sont dans lensemblemoins exposs la prcarit montaire. Letaux de pauvret des couples sans enfant, enparticulier, est trs en-dessous de celui delensemble de la population (de moins de 5 %en Haute-Normandie, Alsace, Bretagne, Paysde la Loire et rgion Centre 15 % en Corse).

    Les plus fortes disparits de niveaude vie Paris, dans les Hauts-de-Seineet en Haute-SavoieDans toutes les rgions, les niveaux de vie(dfinitions) se rpartissent sur une chelleplus ou moins tendue. Les disparits sont lesplus marques en le-de-France, particulire-ment dans les dpartements de Paris et desHauts-de-Seine, ainsi quen Haute-Savoie.Dpartement par dpartement, le niveau devie au-dessus duquel se situent les 10 % depersonnes les plus aises est le plus lev danstoute lle-de-France hors Seine-Saint-Denis,ainsi quen Alsace, dans les Alpes-Maritimeset en Haute-Garonne. Il lest galement danstrois des huit dpartements de Rhne-Alpes :le Rhne, lAin et la Haute-Savoie. Cest dansla commune de Neuilly-sur-Seine que leniveau de vie (ou revenu disponible rapportau nombre dunits de consommation dumnage) des 10 % de personnes les plus aisesest le plus haut : plus de 111 700 euros par an,soit un revenu disponible (dfinitions) sup-rieur 111 700 euros pour une personne seule,167 550 euros pour un couple et 234 570 eurospour une famille avec deux enfants de moinsde 14 ans. Parmi les communes de plus de100 000 habitants, le niveau de vie au-dessusduquel se situent les 1 % de personnes lesplus aises est le plus haut Paris et Boulogne-Billancourt (respectivement plus de177 700 et plus de 157 000 euros par an), puis Bordeaux, Aix-en-Provence, Lyon, Stras-bourg, Toulouse, Nantes et Rennes (de plus de85 000 plus de 103 000 euros par an). lautre bout de lchelle des revenus, leniveau de vie mdian des personnes vivantsous le seuil de pauvret montaire varie selonles dpartements de 8 620 euros ( Paris) 9 900 euros par an (Vende). Lintensit de lapauvret (dfinitions) est la plus leve enle-de-France, ainsi quen Corse (24 %) : elleatteint 24,7 % en Seine-Saint-Denis et enHaute-Corse, et 27,4 % Paris. En Bretagneet dans les Pays de la Loire, les disparits deniveau de vie sont les moins marques et lin-tensit de la pauvret est galement parmi lesplus faibles de mtropole (moins de 19 %).

    Les ingalits de niveau de vie sont gnrale-ment les plus importantes dans les grands plesurbains, en particulier dans les villes-centres.Pour lensemble des villes-centres, le niveau devie au-dessus duquel se situent les 10 % depersonnes les plus aises est en moyenne plusde 4,3 fois suprieur celui en dessous duquelse trouvent les 10 % les moins aiss (prs de6,7 fois Paris), contre un rapport de 3,5 enmoyenne sur lensemble de la population.

    Le niveau de vie mdian est le plus hautdans les couronnes des grandesaires urbainesLa gographie des niveaux de vie fait appa-ratre des niveaux plus levs dans lespaceurbain, en particulier dans les grandes airesurbaines (figure 3), dont laire urbaine deParis et celles centres autour des grandescapitales rgionales, ainsi que le long de lafrontire franco-suisse.Dans lespace urbain, les niveaux de viemdians sont dans lensemble un peu plus levsdans les couronnes que dans les ples. Dans lesgrands ples urbains, ils sont presque toujoursplus levs en banlieue quen ville-centre. Fontexception une dizaine de grandes aires urbaines,dont Paris et Lyon o beaucoup de mnages trsaiss rsident dans la ville-centre.

    Pour les plus pauvres, la partdes prestations sociales dansle revenu disponible est levePour les personnes plus modestes, le niveaude vie dpend plus fortement des prestationssociales. Ainsi, parmi les 10 % de personnesayant les plus faibles niveaux de vie, les pres-tations sociales reprsentent plus de 35 % durevenu disponible dans les trois quarts desrgions. Cette part varie toutefois sur le terri-toire, notamment en raison dcarts dans lesstructures familiales, y compris entre desterritoires o la prvalence de la pauvret estcomparable : elle nest que de 27 % en Corseet monte 48 % en Nord - Pas-de-Calais. Cespourcentages levs sexpliquent en partie parla faiblesse du revenu disponible : le niveaude vie des 10 % de personnes les plus modes-tes ne dpasse pas 11 700 euros par an danstoutes les rgions mtropolitaines ; il est inf-rieur 8 990 euros par an en Corse et 9 650euros par an en Nord - Pas-de-Calais.Dans lensemble des grands ples urbains, lesprestations sociales constituent en moyenne42 % du revenu disponible des 10 % depersonnes les moins aises. Cette part atteint46 % dans lensemble des villes-centres, quiconcentrent souvent les plus fortes ingalits,contre 39 % en moyenne sur lensemble desbanlieues et 29 % sur lensemble des couron-nes des grands ples, toujours pour les 10 %les plus pauvres. loppos, les revenus du patrimoine consti-tuent une plus forte part du revenu disponible

    pour les plus aiss. En moyenne, parmi les10 % de personnes ayant les plus fortsniveaux de vie, les revenus du patrimoinecontribuent pour plus de 25 % au revenudisponible dans toutes les rgions de mtro-pole, excepte en Franche-Comt (21,5 %).Dans lensemble des grands ples urbains, lapart des revenus du patrimoine pour les 10 %les plus aiss reprsente 27 % du revenudisponible ; elle slve 30 % dans lesvilles-centres, contre 25 % dans les banlieueset 26 % dans les couronnes des grands ples.Les mnages dont la source principale de reve-nus est constitue par des retraites ont dans len-semble un niveau de vie mdian un peuinfrieur celui de lensemble de la population,sauf en le-de France. Cependant leurs revenussont en gnral moins disperss que pour le restede la population et ils sont moins exposs lapauvret montaire, lexception de la Corse.Dans les communes isoles hors influence desples toutefois, ils sont plus touchs par lapauvret (16 %) que les mnages dont lasource principale est constitue par des traite-ments et salaires (12 % de personnes pauvres).Parmi ces mnages, le niveau de vie annuelau-dessus duquel se situent les 10 % de person-nes les plus aiss est un peu plus faible que pourles autres catgories de mnages : selon lesrgions de plus de 30 200 euros dans leNord - Pas-de-Calais plus de 46 300 euros enle-de-France. Pour les mnages qui vivent prin-cipalement des revenus du patrimoine, il dpasseen revanche 48 500 euros en Lorraine et jusqu132 000eurosen le-de-France, toujours pour les10 % les plus aiss.

    SourcesLes statistiques prsentes ici sont issuesde lexploitation du Fichier localis social etfiscal (Filosofi) de 2012. Celui-ci est issudu rapprochement des donnes fiscalesexhaustives en provenance de la directiongnrale des Finances publiques (dclara-tion de revenus des personnes physiques,taxe dhabitation et fichier dimposition despersonnes physiques) et des donnes surles prestations sociales manant des prin-cipaux organismes gestionnaires de cesprestations (Cnaf, Cnav, CCMSA). Lesfichiers sociaux reus de la CCMSA portentsur lensemble de lanne ; ceux en prove-nance de la Cnaf et la Cnav portent parcontre uniquement sur le mois de dcembre,ce qui ncessite de reconstituer par extra-polation les montants annuels, en utilisantnotamment les informations disponiblessur la composition des familles.Ces donnes permettent ainsi de reconsti-tuer un revenu dclar (avant impt) et unrevenu disponible (aprs impt et y comprisprestations sociales) avec une estimationplus prcise des prestations rellementperues des niveaux locaux fins : jusqula commune et prochainement desniveaux infracommunaux. Ce faisant, ledispositif Filosofi remplace ainsi les anciens

    Insee Premire n 1552 - Juin 2015

  • dispositifs Revenus fiscaux localiss (RFL)(quil englobe) et Revenus disponibleslocaliss (RDL) (qui ne fournissait desdonnes quau niveau dpartemental).Le champ couvert est celui de lensembledes mnages fiscaux ordinaires : il exclut lespersonnes sans domicile ou vivant en institu-tion (prison, foyer, maison de retraite).Au niveau national, lenqute sur les revenusfiscaux et sociaux (ERFS) reste la source derfrence pour les indicateurs dingalit desniveaux de vie et de pauvret.

    DfinitionsRevenu disponible : revenu la disposi-tion du mnage pour consommer etpargner. Il comprend les revenus dactivit(salaires, revenus dactivits non salaries),les revenus de remplacement (retraites etpensions, indemnits de chmage, indemni-ts de maladie), les revenus du patrimoine(dont en particulier les revenus financiers, quisont imputs pour ceux qui ne sont passoumis dclaration, les revenus fonciers,les revenus accessoires, etc.) et les pres-tations sociales reues (prestations familiales,minima sociaux et prestations logements). Autotal de ces ressources, quatre impts directssont dduits : limpt sur le revenu, la taxedhabitation, la contribution sociale gnra-lise (CSG) et la contribution au rembourse-ment de la dette sociale (CRDS).Niveau de vie : revenu disponible dumnage divis par le nombre dunits deconsommation (UC). Le niveau de vie estdonc le mme pour tous les individus dunmme mnage. Le nombre dunits deconsommation est calcul selon lchelledquivalence dite de lOCDE modifie :le premier adulte compte pour 1, lesautres personnes de plus de 14 ans pour0,5 et les enfants de moins de 14 anspour 0,3.Les dciles de niveau de vie sont lesvaleurs seuils qui, lorsque lon ordonne lapopulation par niveau de vie croissant, lapartitionnent en 10 sous-populations detaille gale.La mdiane du revenu disponible par unitde consommation (ou niveau de viemdian) partage les personnes en deuxgroupes : la moiti des personnes appar-tient un mnage qui dispose dun revenupar UC infrieur cette valeur et lautremoiti prsente un revenu par UC sup-rieur.

    Pauvret montaire : une personne (ou unmnage) est considre comme pauvrelorsque son niveau de vie est infrieur auseuil de pauvret. Selon des conventionseuropennes, ce seuil est fix 60 % duniveau de vie mdian. En France mtropoli-taine, il est estim partir de Filosofi 11 871 euros annuels en 2012, soit prs de990 euros par mois. Ce seuil est trs prochede celui du dispositif ERFS (987 euros).Lintensit de la pauvret est lcart relatifentre le niveau de vie mdian des person-nes pauvres et le seuil de pauvret.Mnage fiscal : ensemble des foyersfiscaux rpertoris dans un mme loge-ment. Les personnes ne disposant pas deleur indpendance fiscale (essentielle-ment des tudiants) sont comptes dansles mnages o elles dclarent leurs reve-nus mme si elles occupent un logementindpendant. Un mnage jeune est unmnage dont le rfrent fiscal (personneidentifie en tant que payeur de la taxedhabitation au sein du mnage fiscal) estg de moins de 30 ans.Selon le zonage en aire urbaine 2010,une aire est compose dun ple et le plussouvent dune couronne. Un ple est uneunit urbaine (zone de bti continu daumoins 2 000 habitants) dau moins 1 500emplois. Sa couronne correspond auxcommunes ou units urbaines, dont aumoins 40 % de la population rsidenteayant un emploi travaille dans le ple oudans les communes attires par celui-ci.On distingue les grandes aires urbainesfondes sur des ples dau moins 10 000emplois, les moyennes aires, bases surdes ples de 5 000 moins de 10 000emplois et les petites aires bases sur desples de 1 500 moins de 5 000 emplois.Les communes multipolarises desgrandes aires urbaines sont les commu-nes situes hors des aires, dont au moins40 % de la population rsidente ayant unemploi travaille dans plusieurs grandesaires urbaines, sans atteindre ce seuil avecune seule dentre elles. Elles forment avecelles un ensemble dun seul tenant, appelespace des grandes aires urbaines. Lesautres communes multipolarises sontcelles situes hors de lespace des grandesaires urbaines, dont au moins 40 % de lapopulation rsidente ayant un emploitravaille dans plusieurs aires (petites, moyen-nes ou grandes). Les communes isoleshors de linfluence des ples sont les

    communes nappartenant pas une aireet non multipolarises. Lorsquun grandple urbain est constitu de plusieurscommunes, les communes qui le compo-sent sont soit ville-centre, soit banlieue.Si une commune reprsente plus de 50 %de la population du ple, elle est la seuleville-centre. Sinon, toutes les communesqui ont une population suprieure 50 %de celle de la commune la plus peuple,ainsi que cette dernire, sont villes-centres. Les communes urbaines qui nesont pas villes-centres constituent labanlieue du ple.

    Bibliographie Floch J.-M., Des revenus levs et en

    plus forte hausse dans les couronnesdes grandes aires urbaines , France,Portrait Social, novembre 2014.

    Aerts A.-T. et Chirazi S., Les revenusdes mnages entre 2002 et 2007 ,Insee Premire n 1309, aot 2010.

    Auzet L., Fvrier M., Lapinte A., Niveaux de vie et pauvret enFrance : les dpartements du Nord etdu Sud sont les plus touchs par lapauvret et les ingalits , InseePremire n 1162, octobre 2007.

    Houdr C., Ponceau J., Zergat Bonnin M., Les niveaux de vie en 2012 , InseePremire n 1513, septembre 2014.

    Direction Gnrale :18, bd Adolphe-Pinard75675 PARIS CEDEX 14Directeur de la publication :Jean-Luc TavernierRdacteur en chef :E. Nauze-FichetRdacteurs :J.-B. Champion, A. Houlou-Garcia,C. Lesdos-Cauhap, V. QunechduMaquette : P. ThibaudeauImpression : JouveCode Sage IP151552ISSN 0997 - 3192 Insee 2015

    Pour vous abonner Insee Premire et le recevoir par courrier :http://www.webcommerce.insee.fr/liste.php?idFamille=16

    Insee Premire figure ds sa parution sur le site internet de lInsee :www.insee.fr/collections-nationales

    Pour recevoir par courriel les avis de parution (60 numros par an) :http://www.insee.fr/abonnements

    La pauvret dans lenouveau dcoupage rgional

    La cration des nouvelles rgions qui entre-ront en vigueur au 1er janvier 2016 na pas dim-pact en elle-mme sur le niveau de vie et lasituation des personnes. Pour autant, les tauxdepauvretdans lesnouvelles rgions serontmodifis par des effets de moyenne, notam-ment lorsque les regroupements portent surdes rgions aux niveaux de vie et la pauvre-t assez diffrents.Ainsi lAlsace (niveaudeviemdian lev et taux de pauvret faible) seraassocie la Champagne-Ardenne et la Lor-raine (taux de pauvret plus lev que lamoyenne et niveaux de vie un peu infrieurs).Or, selon les donnes 2012, la fusion des troisrgions conduirait un taux de pauvret et unniveau de vie mdian trs proches de lamoyenne mtropolitaine. De mme, la fusiondes rgionsaraserait lescarts,pourtantsensi-bles, entre dune part le Nord - Pas-de-Calais etla Picardie et dautre part le Languedoc-Roussil-lon et Midi-Pyrnes.

    /ColorImageDict > /JPEG2000ColorACSImageDict > /JPEG2000ColorImageDict > /AntiAliasGrayImages false /CropGrayImages true /GrayImageMinResolution 150 /GrayImageMinResolutionPolicy /OK /DownsampleGrayImages false /GrayImageDownsampleType /Bicubic /GrayImageResolution 150 /GrayImageDepth -1 /GrayImageMinDownsampleDepth 2 /GrayImageDownsampleThreshold 1.50000 /EncodeGrayImages true /GrayImageFilter /DCTEncode /AutoFilterGrayImages false /GrayImageAutoFilterStrategy /JPEG /GrayACSImageDict > /GrayImageDict > /JPEG2000GrayACSImageDict > /JPEG2000GrayImageDict > /AntiAliasMonoImages false /CropMonoImages true /MonoImageMinResolution 1200 /MonoImageMinResolutionPolicy /OK /DownsampleMonoImages false /MonoImageDownsampleType /Bicubic /MonoImageResolution 300 /MonoImageDepth -1 /MonoImageDownsampleThreshold 1.50000 /EncodeMonoImages true /MonoImageFilter /CCITTFaxEncode /MonoImageDict > /AllowPSXObjects false /CheckCompliance [ /None ] /PDFX1aCheck false /PDFX3Check false /PDFXCompliantPDFOnly false /PDFXNoTrimBoxError true /PDFXTrimBoxToMediaBoxOffset [ 0.00000 0.00000 0.00000 0.00000 ] /PDFXSetBleedBoxToMediaBox true /PDFXBleedBoxToTrimBoxOffset [ 0.00000 0.00000 0.00000 0.00000 ] /PDFXOutputIntentProfile (None) /PDFXOutputConditionIdentifier () /PDFXOutputCondition () /PDFXRegistryName (http://www.color.org) /PDFXTrapped /False

    /CreateJDFFile false /Description >>> setdistillerparams> setpagedevice