Traces de Vie Dans Les Bois de Mosset Et d'Ailleurs

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  Tr aces de vie dans les bois de Mosset et d'ailleurs...  Quel avenir pour le grand tétras du Madres ? Par traces, j'entends aussi bien traces de vie animale-Homme compris- que végétale...et généralement, tout ce qui subsiste d'un passé ancien ou récent...ainsi que tout ce qui dénote l'existence d'une vie qui nous ét ait dissimulée par l'exhubérance printanière et estivale ; une trace peut être visuelle, sonore, odorante, tactile voire gustative ! Et justement l'hiver, saison de l'endormissement indispensable de la Nature, est également la saison où celle-ci se découvre le plus à ceux qui aiment la parcourir : nids délaissés dans les arbres effeuillés, empreintes animales figées dans la boue glacée, troncs griffés, branches enrubannées, bruits de la forêt ressortant mieux-bien qu'assourdis- dans le silence enneigé...mais aussi, dans la campagne désertée, vestiges  plus ou moins récents d'une vie rurale pa rfois intense : vignes, champs, terrasses (feixes), vergers... à l'abandon depuis des décennies, cabanes de pierre sèche au milieu d'un fouillis de ronces, casots en bordure de prés anciens, cortals oubliés flanqués d'une source et d'un bassin souvent maçonné... parfois daté -par exemple,1893 pour celui du mas Freixe dans les Albères-... sans omettre roches gravées et autres dolmens  beaucoup plus anciens...en outre, c es balades hivernales permettent de prendre conscience qu e dans les endroits montagneux difficilement accessibles ou au fond de vallées reculées mais pourvus d'une source nos anciens se regroupaient volontiers en veïnats...vous savez, ces petits hameaux de maisons aux murs souvent mitoyens et aux façades schisteuses (ou granitiques ou calcaires) si difficiles à découvrir car fondus dans la nature environnante... , Traces animales : observation, sur les bords de la piste au dessus de  Brèzes d'un alignement d'une demi douzaine de trous coniques au fond desquels un animal a déposé ses étrons ; il s'agit de  latrines de blaireau, sauvagine dont les glandes anales exhalent une forte odeur nauséabonde... mais, par ailleurs, d'une absolue  propreté. Puis, quel que soit le massif forestier,  souilles anciennes desséchées, abandonnées avec traces d'ongles abandonnées dans l'argile...  souilles très récentes emplies d'eau évidemment souillée par les bains toniques des sangliers avec, à proximité immédiate, des troncs d'arbres dont la base est tapissée de boue que les bêtes noires abandonnent à grand renfort de vigoureux frottements et ce afin de se débarrasser des parasites...  Les coulées, ces sentes étroites, parfois vertigineuses, façonnées d'un talus à l'autre des pistes par les  passages répétés que j'imagine tout en force et rap idité des  bêtes de compagnie... En liaison directe avec ces traces animales, en voici quelques-unes laissées par la chasse en battue : d'abord,  peint ou placardé sur un tron c en bordure de piste, le numéro du poste... souvent, au pied du dit arbre, un  petit tas de cailloux en signale l'emplacement précis … puis, voici les postes d'affût ou postes de tir  du gros gibier : palettes en bois surélevées pourvues d'une échelle rustique, sommet d'un chaos voire échafaudage métallique (hauteurs de Tarerach)... dans les Aspres, au milieu des bois, un curieux rendez-vous de chasse sous la forme d'une caravane sur cale de lloses ; immatriculée dans le Nord, elle est prolongée par une terrasse avec tonnelle...plus loin, dans les Albères, près d'une source, une grande table de bois avec bancs et coin grillade...anachronique, un récipient en plastique, suspendu à une branche basse permet d'agrainer (avec du maïs) les sangliers du coin. Retour dans les Aspres où nous découvrons, dans une petite clairière dégagée dans la bruyère arborescente, une stèle en hommage à un chasseur victime d'un A VC à son poste... Pour les palombes et autres grives et merles, palombières parfois sophistiquées abritées dans le houppier de grands chênes verts ou sarments entassés en créneaux sur les hauts d'une vigne voire trouée artistiquement découpée dans les cistes à l'orée d'un bois... Enfin des traces visuelles ou sonores qui ont pratiquement disparues du territoire mossétan : les petits monticules, souvent groupés, de crottes de  lapins de garenne...le chant de rappel de la perdrix rouge... et là haut, sur les hauteurs de la Balmette du Madres, la parade et le chant (mais, peut-on parler de chant ?) du Grand Tétras ou Coq de Bruyère. Au sujet de ce dernier qui est, avec le Desman des Pyrénées, l'un des emblèmes de la vallée, je me demande si les généreux principes de la Charte Natura 2000 suffiront à en sauvegarder l'espèce sur les flancs du Madres. Mais, peut-être ne connaissez-vous pas l'une des spécificités de ce splendide oiseau, spécificité responsable en partie de sa quasi disparition ? Il s'agit de sa parade nuptiale dont les différents moments nous étaient méticuleusement et poétiquement révélés en 1950 dans  l'Encyclopédie Larousse  par deux naturalistes éminents, messieurs Géroudet et Robert:  Rien n'est plus beau que d'observer des coqs de bruyère à cette époque de le ur vie. Leur chant et leur parade atteignent une intensité qui tient de la démence :

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  • Traces de vie dans les bois de Mosset et d'ailleurs... Quel avenir pour le grand ttras du Madres ?

    Par traces, j'entends aussi bien traces de vie animale-Homme compris- que vgtale...et gnralement, tout cequi subsiste d'un pass ancien ou rcent...ainsi que tout ce qui dnote l'existence d'une vie qui nous tait dissimule par l'exhubrance printanire et estivale ; une trace peut tre visuelle, sonore, odorante, tactile voire gustative !Et justement l'hiver, saison de l'endormissement indispensable de la Nature, est galement la saison o celle-ci se dcouvre le plus ceux qui aiment la parcourir : nids dlaisss dans les arbres effeuills, empreintes animales figes dans la boue glace, troncs griffs, branches enrubannes, bruits de la fort ressortant mieux-bien qu'assourdis- dans le silence enneig...mais aussi, dans la campagne dserte, vestiges plus ou moins rcents d'une vie rurale parfois intense : vignes, champs, terrasses (feixes), vergers... l'abandon depuis des dcennies, cabanes de pierre sche au milieu d'un fouillis de ronces, casots en bordure de prs anciens, cortals oublis flanqus d'une source et d'un bassin souvent maonn... parfois dat -par exemple,1893 pour celui du mas Freixe dans les Albres-... sans omettre roches graves et autres dolmens beaucoup plus anciens...en outre, ces balades hivernales permettent de prendre conscience que dans les endroits montagneux difficilement accessibles ou au fond de valles recules mais pourvus d'une source nos anciens se regroupaient volontiers en venats...vous savez, ces petits hameaux de maisons aux murs souvent mitoyens et aux faades schisteuses (ou granitiques ou calcaires) si difficiles dcouvrir car fondus dans la nature environnante...,Traces animales : observation, sur les bords de la piste au dessus de Brzes d'un alignement d'une demi douzaine de trous coniques au fond desquels un animal a dpos ses trons ; il s'agit de latrines de blaireau, sauvagine dont les glandes anales exhalent une forte odeur nausabonde... mais, par ailleurs, d'une absolue propret.Puis, quel que soit le massif forestier, souilles anciennes dessches, abandonnes avec traces d'ongles abandonnes dans l'argile...souilles trs rcentes emplies d'eau videmment souille par les bains toniques des sangliers avec, proximit immdiate, des troncs d'arbres dont la base est tapisse de boue que les btes noires abandonnent grand renfort de vigoureux frottements et ce afin de se dbarrasser des parasites...Les coules, ces sentes troites, parfois vertigineuses, faonnes d'un talus l'autre des pistes par les passages rpts que j'imagine tout en force et rapidit des btes de compagnie...En liaison directe avec ces traces animales, en voici quelques-unes laisses par la chasse en battue : d'abord, peint ou placard sur un tronc en bordure de piste, le numro du poste... souvent, au pied du dit arbre, un petit tas de cailloux en signale l'emplacement prcis puis, voici les postes d'afft ou postes de tir du gros gibier : palettes en bois surleves pourvues d'une chelle rustique, sommet d'un chaos voire chafaudage mtallique (hauteurs de Tarerach)... dans les Aspres, au milieu des bois, un curieux rendez-vous de chasse sous la forme d'une caravane sur cale de lloses ; immatricule dans le Nord, elle est prolonge par une terrasse avec tonnelle...plus loin, dans les Albres, prs d'une source, une grande table de bois avec bancs et coin grillade...anachronique, un rcipient en plastique, suspendu une branche basse permet d'agrainer (avecdu mas) les sangliers du coin. Retour dans les Aspres o nous dcouvrons, dans une petite clairire dgage dans la bruyre arborescente, une stle en hommage un chasseur victime d'un AVC son poste...Pour les palombes et autres grives et merles, palombires parfois sophistiques abrites dans le houppier de grands chnes verts ou sarments entasss en crneaux sur les hauts d'une vigne voire troue artistiquement dcoupe dans les cistes l'ore d'un bois...Enfin des traces visuelles ou sonores qui ont pratiquement disparues du territoire mosstan : les petits monticules, souvent groups, de crottes de lapins de garenne...le chant de rappel de la perdrix rouge... et l haut, sur les hauteurs de la Balmette du Madres, la parade et le chant (mais, peut-on parler de chant ?) du Grand Ttras ou Coq de Bruyre.Au sujet de ce dernier qui est, avec le Desman des Pyrnes, l'un des emblmes de la valle, je me demande si les gnreux principes de la Charte Natura 2000 suffiront en sauvegarder l'espce sur les flancs du Madres. Mais, peut-tre ne connaissez-vous pas l'une des spcificits de ce splendide oiseau, spcificit responsable en partie de sa quasi disparition ?Il s'agit de sa parade nuptiale dont les diffrents moments nous taient mticuleusement et potiquement rvls en 1950 dans l'Encyclopdie Larousse par deux naturalistes minents, messieurs Groudet et Robert:Rien n'est plus beau que d'observer des coqs de bruyre cette poque de leur vie. Leur chant et leur paradeatteignent une intensit qui tient de la dmence :

  • C'est un peu avant le lever du soleil que le coq part de la couronne du sapin o il a pass la nuit. Il croasse un peu en passant grand bruit d'un arbre l'autre puis descend terre. Quel que soit le temps, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il gle pierre fendre, il commence chanter. Le cou rig, la tte haute, la barbiche hrisse, la queue tale en roue presque verticalement, les ailes entrouvertes et pendantes, il arpente le terrain en ramenant les pattes loin en avant et en haut, avant de les poser. La premire strophe de son chant se compose d'une srie de notes dtaches qui se prcipitent brusquement jusqu' un son vigoureux, comparable au bruit d'une bouteille qu'on dbouche rapidement, puis c'est un crissement de faux aiguise chuchot faiblement. Le tout peut s'crire ainsi : t'le,t'le, t'le, t'le, klillilli k'lop-djedzj djedzj djedzj.La dure en est courte, une dizaine de secondes au plus, et la dernire partie, le crissement, ne dure gure que deux secondes ; c'est durant ce bref laps de temps que le coq est le plus inattentif ce qui se passe autour de lui et que les chasseurs* l'approchent en faisant trois ou quatre pas ; il est d'ailleurs assez peu vigilant pendant toute sa parade, mais ne ferme pas les yeux comme on l'a prtendu. De temps autre, le coq saute sur place en battant bruyamment des ailes, et s'lve ainsi d'un mtre environ. Chose curieuse, sa voix est plutt faible, aussi faible que le chant de la fauvette grisette, et on la peroit peine une centaine de mtres surtout quand le terrain est ingal ; on entend davantage le battement d'ailes qu'il fait en sautant, ainsi que la note mdiane, le tire-bouchon. Pendant toute sa parade, il garde la mme position, faisant parfois traner les ailes, parcourant le sol de la fort, montant sur une souche ou un bloc de rocher...La crmonie se prolonge assez tard dans la matine...on entend parfois quelques strophes incompltes le soir.Pendant que le coq rmoud, c'est dire imite le bruit que fait le rmouleur en aiguisant les couteaux, pendant aussi qu'il plastronne et s'enorgueillit de sa roue caudale, les femelles assistent, vigilantes, au spectacle et rpondent au chanteur par des cris rauques. Back-back lui disent-elles pour l'encourager.Le mle fconde tour de rle ses admiratrices puis les abandonne aux soins de la nidification, de la ponte et de l'levage des jeunes. Ds fin Mai, il retourne sa solitude jusqu' l'anne suivante.*Mais, peut-on parler de chasse alors que l'animal, absorb par son chant et sa parade nuptiale, tait abattu -hors priode de chasse semble-t-il - au moment prcis o sa beaut s'exaltait au maximum ?

    Ce mois de Janvier me parat particulirement froid... non pas qu'il nous soumette des tempratures sibriennes non ! mais les 5 ou 6C enregistrs le matin ont tt fait de se muer, par la grce de la forte tramontane qui dferle depuis les sommets enneigs, en un 0C ressenti (c'est du moins mon impression). C'est peut-tre pour cela que les passereaux tels rouge gorge, rouge queue noir, moineau, fauvette tte noire, msange charbonnire...se montrent si peu farouches et se rapprochent de l'Homme nourricier.Mise en images : Julien Carcasona-Llaury. Photos prises en ce mois de Janvier 2015.

  • Cortal Porteils. Cortal Fabre du monument.

    La Coume travers les bois. Venat ancien (Aspres).

    Venat trs ancien (Aspres). Cabane de pierre sche 1867 (Caladroy).

  • Souilles prtes l'emploi. Tronc essuie-bte noire.

    Agrainage peu discret. Rendez-vous de chasseurs dans les Aspres.

    Poste la hauteur. Abreuvoir maonn sous les pins.