The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet...

9
1 The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire à la plaisanterie d’un serrurier facétieux. On a beau dire qu’à cheval donné on ne regarde pas les dents, j’ai commencé à examiner cet étrange objet. Il s’agit bien d’un pistolet à un coup mais comme je n’en ai encore jamais vu. Comme une image vaut mieux que dix mille mots, en voici une. Certes, il ne ressemble à rien. La « hausse » est fixe avec un cran de mire profond et on remarque la hauteur du guidon à grain d’orge. J’ai ensuite été interpellé par les marquages qui semblent bien artisanaux. Sur le canon hexagonal on voit écrit en gros en lettres embouties ce qui semble un nom : The Patrician. On conçoit ma surprise, parce que ce nom évoque pour moi celui d’un modèle d’une marque prestigieuse d’armes de chasse.

Transcript of The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet...

Page 1: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

1

The Patrician

Une bidouille ou un essai ?

J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire à la plaisanterie d’un serrurier facétieux.

On a beau dire qu’à cheval donné on ne regarde pas les dents, j’ai commencé à examiner cet étrange objet. Il s’agit bien d’un pistolet à un coup mais comme je n’en ai encore jamais vu.

Comme une image vaut mieux que dix mille mots, en voici une.

Certes, il ne ressemble à rien. La « hausse » est fixe avec un cran de mire profond et on remarque la hauteur du guidon à grain d’orge. J’ai ensuite été interpellé par les marquages qui semblent bien artisanaux. Sur le canon hexagonal on voit écrit en gros en lettres embouties ce qui semble un nom : The Patrician.

On conçoit ma surprise, parce que ce nom évoque pour moi celui d’un modèle d’une marque prestigieuse d’armes de chasse.

Page 2: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

2

Ensuite, sur le côté gauche de la bascule, on voir écrit « Charl. » et dessous « S. C. » ce qui n’a rien d’étonnant compte tenu de la provenance de cette « arme ». Aussi curieux que cela puisse paraître, la prise en main est assez bonne. Elle me rappelle celle du Mauser 96 et la détente n’est pas trop dure. Il faut noter que l’écrou de la tige d’armement a été mis n place par la personne qui m’a offert l’arme parce qu’il n’a pas retrouvé le bouton qui équipait l’arme originellement.

Ensuite, je me suis à examiner d’autres marquages. Alors voyons-les les uns après les autres.

Le nom est embouti manifestement à main levée et le T et le N semblent avoir été refrappés.

Ce marquage 1859 M, lui aussi placé à main levée, m’intrigue et à côté, toujours à main levée, un R qui devrait être entouré d’un ovale qui le mange, en fait. Il se situe sur le boîtier de mécanisme, côté droit.

Je ne sais pas à quoi correspond ce R que l’on retrouve en d’autres endroits que je vais vous montrer.

Page 3: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

3

Voici le marquage sur le canon :

On retrouve le R, cette fois bien au milieu de l’ovale et encore le nombre 1859, mais sans le M.

Au-dessus du R entouré, une clavette arrête le canon dans la bascule, semble-t-il. Sur la bascule, mais du côté droit, le R est bien au milieu de l’ovale et on retrouve le nombre 1859 sans M.

Ce R entouré m’intrigue, est-il une marque officielle ? Ce nombre 1859, accompagné d’un M sauf sur le canon et la bascule, n’est manifestement pas une date. Nous le verrons en examinant le système de percussion.

Car lorsqu’on m’a remis l’arme, il y avait dans la chambre un étui de 38 spécial raccourci avec une feuillure de 16 mm.

Page 4: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

4

Passons à la suite.

Pour ouvrir l’arme il faut faire tourner le levier de verrou de trois quarts de tour en sens inverse des

aiguilles d’une montre et l’enlever complétement. La poignée est en bois assez dur vraisemblablement tropical et si elle porte des atteints, le bois est resté en bon état mais est loin d’être une pièce d’ébénisterie. Poinçon ?

Il faut enlever complétement le verrou pour libérer la bascule. La charnière de bascule est en laiton mais ce n’est pas elle qui supporte l’effort au moment du tir. Notons aussi une espèce de poinçon qui rappellerait deux B dos à dos, au bout de la flèche rouge.

Nouvelle vue de cette étrange chose :

Page 5: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

5

Le canon a manifestement été rayé, même si l’image le montre mal. Mais il était tellement piqué par de la poudre noire non nettoyée que j’ai eu du mal à mettre en évidence les vestiges des rayures. La cuvette de tir, maintenant.

Le percuteur, dans la cuvette de tir à droite, ne fait pas saillie lorsque le ressort de percussion est au repos. Une sécurité bien appréciable sur une arme qui ne dispose pas de système de sûreté. Sur cette image on voit mieux l’état du canon.

Page 6: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

6

Même la chambre a souffert et est assez piquée. On peut noter le percuteur lancé qui est en position arrière parce que le mécanisme est penché en arrière. Examinons maintenant la munition de cette arme.

Lorsque l’on referme l’arme, le bourrelet de la cartouche est intégralement enfermé dans la cuvette de tir. Malgré le marquage de culot, la chambre est trop courte pour recevoir une 38 spcl. Cet étui est celui d’un « wildcat »

Page 7: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

7

À gauche, on surplombe la ligne de mire, à droite on a une idée de la visée. Le guidon était bronzé mais le bronzage est nettement pâli. En haut et à gauche de chaque photo, le verrou et l’étui qui était dans la chambre.

Je viens de recevoir par le courrier de la part de celui qui m’a offert cet objet une pièce que je n’aurais jamais imaginée ressembler à ce qu’elle est en fait : le bouton d’armement qui se monte à la place de l’écrou qui figure sur les photos qui figurent jusqu’ici. Il se monte parfaitement et me voici avec un écrou dont je ne saurais sans doute pas que faire parce qu’il est fileté en 6 mm x 75 au lieu de 6 x 100. La photo est à la page suivante.

Page 8: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

8

Voici l’arme enfin complète :

L’impressionnant bouton est assez lourd et je pense qu’il contribue à donner la force de percussion

nécessaire à la frappe sur l’amorce. Bon, cela ne contribue pas à faire de ce curieux monocoup une arme de tir. Mais il faut reconnaître qu’il est beaucoup plus confortable d’armer le percuteur – de la main gauche – avec ce bouton qu’avec l’écrou qui le remplaçait.

Quand le facteur est arrivé, je venais de procéder à un essai qui me semble essentiel avant un éventuel essai de tir. J’ai fait passer une balle dans le canon en la poussant au marteau avec une tige poussoir. La balle est ressortie rayée en hélice, mais manifestement les rayures sont usées et les sillons donnent plutôt à penser à une multitude de mini-mini rayures.

J’ai utilisé pour cet essai une balle Lyman 356402 qui me servait du temps où je rechargeais pour mon P08.

Page 9: The Patrician - Accueil · The Patrician Une bidouille ou un essai ? J’ai reçu en cadeau cet étrange assemblage. N’étaient le canon et le tube de percuteur, on pourrait croire

9

Il me reste à savoir quelle charge utiliser. De toute façon ce sera de la poudre noire et je pense à une charge faible, de l’ordre d’un demi-gramme. Le canon serait en meilleur état intérieur, j’oserais peut-être la charge d’un .36, mais ce qui m’intrigue c’est que l’étui qui était dans l’arme est encore plus court que celui du .38 S&W. De toute manière je procéderai en essai au fil dans canal de tir. Je veux vérifier que le verrou tient que les vis de flasques ne se desserrent pas au tir.

Disons que je suis intrigué par cet objet. Le canon a été rayé il y a longtemps. En tout cas il est resté sale suffisamment longtemps pour souffrir beaucoup alors que l’extérieur est en bien meilleur état.

Je sais que l’arme qui vient des puces d’une petite ville de Caroline du Sud était dans une trousse à outil en cuir, genre sacoche de plombier d’autrefois (entre deux guerres mondiales) et que les outils sont partis chez des collectionneurs qui ont tiré le nez sur l’objet. C’est le Mexicain qui tenait le stand qui a donné le bouton d’armement à mon ami revenu le lendemain pour acheter des fruits. Oui, le samedi et le dimanche, aux puces on peut acheter de tout, même des voitures d’occasion, mais ce « flee market » n’est ouvert que le samedi et le dimanche.

Bon alors je ne sais que penser. Personne ne sait rien de cet objet qui a manifestement tiré à poudre noire. On dirait un bricolage mais le canon a tout de même été rayé à une époque.

Et voici pour terminer le côté droit de ce surprenant « pistolet » avec le bouton d’armement remis

en place.

On ne voit pas sur cette photo les marquages du côté droit de la bascule. On devine la clavette et un peu le R dans son ovale.

Bon. Eh bien nous verrons cela !