Suzanne à la page - Décembre

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Franco Calgary & Sud de l'Alberta - Décembre 2014 6 Airdrie 75 élèves dorment dehors pour les 24 heures contre la faim Pour la quatrième année consécutive, les élèves de la septième à la onzième année de l’école francophone d’Airdrie ont passé 24 heures dehors, pour se sensibiliser aux conditions de vies des personnes sans abri. Après avoir passé toute la jour- née dehors à faire des activités, 75 élèves de l’école, ainsi que certains de leurs professeurs et de leurs parents se sont réunis pour assister au marché de Noël et récolter des dons d’argent et de nourriture dans les maisons envi- ronnantes. Contrairement à l’année pas- sée où il faisait -27°C, la tempé- rature était plus que clémente en ce jeudi. Enfants, parents, ensei- gnants, tous se sont dit soulagés d’avoir à passer la nuit sans des- cendre en-dessous de 0°C. Mais les personnes sans abri doivent souvent composer avec des tem- pératures glaciales, et les élèves le savent bien. « Un des enfants m’a confié tout à l’heure qu’il ne voulait pas mettre de mitaines, pour être dans les mêmes condi- tions que ceux qui sont dans la rue » raconte une enseignante. Toujours pour coller au plus près de la réalité, les enfants avaient construit l’an passé leurs abris en carton, mais le vent les avait mis à rude épreuve et l’école avait pour souci de rendre cette année l’évènement plus écologique. Ce sont donc des tentes qui ont été choisies pour accueillir les enfants pendant la nuit. Malgré la météo plutôt douce, les tentes ont tenu les élèves moins au chaud que les boîtes en carton, certaines ont été trempées par la neige fondue, la boue, et toutes ont dû subir des bourrasques de vent. Les 24 heures contre la faim s’inscrivent dans une démarche citoyenne prônée par l’école francophone UNESCO d’Airdrie. Tandis que les élèves de plusieurs classes participent à cet évène- ment sur une base volontaire, d’autres écrivent à des prison- niers via Amnesty International ou bien illustrent les Droits de l’Homme en photos. Pour les en- fants comme les parents, la parti- cularité de cette école la rend très importante car elle leur permet de se sentir utile à la commu- nauté et de devenir des citoyens exemplaires. La quatrième édition des 24 heures contre la faim aura rap- porté environ 2 000 dollars de dons pour la banque alimentaire d’Airdrie, soit deux fois moins que l’année précédente. Les dons d’argent et de nourriture non-pé- rissable sont cependant acceptés par la Airdrie Food Bank jusqu’à Noël. Anne-Florence Salvetti Suzanne à la page par Suzanne de Courville Nicol Étoile du mois Danielle Sikander Pionnière de l’amour sans frontière Née à Amqui - population actuelle étant de 6 319 - dans la Vallée de la Matapédia située dans le Bas du Fleuve St-Laurent, Danielle Sikander est l’étoile scintillante du mois de décembre. Remarquez que Amqui fête ses 125 ans en 2014 et son logo est aussi parsemé d’étoiles… L’Amquienne devenue Calgaréenne depuis les années 70, Danielle est fière membre d’une famille de neuf enfants et nous rappelle que c’était une fa- mille typique canadienne-française à cette époque. J’ai le plaisir de vous la présenter aujourd’hui et de partager son histoire fascinante, telle qu’elle nous la raconte. «Ma mère aimait beaucoup la musique et a appe- lé les deux premiers enfants, Mozart et Carmen, des noms qui n’ont pas plu au curé du temps. Il aurait préféré Joseph et Marie. Les Ursulines ont été nos éducatrices de la première à la douzième année, continuant à l’école normale par la suite. Pour une éducation plus avancée, il fallait s’éloigner, alors on se retrouve au CGEP de Ste Foy et à l’Université Laval », explique Danielle. «C’est à Amqui, à une joute de baseball, que j’ai rencontré mon mari, Hakim. Il travaillait sur son doctorat en géologie à l’Université d’Ottawa et faisait ses recherches de thèse sur les roches de la Matapédia. Par la suite, nos rencontres se faisaient entre Ottawa et Québec et après deux ans de fré- quentations, nous parlions de mariage. «J’ai donc rencontré un prêtre au Québec pour discuter des arrangements; mais je me suis fait dire de me trouver un bon Canadien-français catho- lique et d’oublier ce charmant jeune homme, parce qu’il était musulman et moi catholique. La vie serait ainsi moins compliquée. «Comme j’ai toujours eu la tête un peu dure», confie Danielle, nous avons décidé de continuer nos recherches et de consulter un prêtre de l’Uni- versité d’Ottawa. Il était aussi un peu vieux jeu mais plus ouvert que celui du Québec. Il a d’abord es- sayé de convertir mon mari mais ça été un non caté- gorique et la promesse d’élever les futures enfants dans la religion catholique. «En toute fin, il aurait fallu demander la permis- sion du pape. Alors allons-y pour cette permis- sion si c’est la solution. Entretemps, l’aumônier de l’Université a été transféré dans un autre diocèse. Son remplaçant était beaucoup plus moderne et nous a appris qu’il y avait un nouveau canon ou loi approuvée par l’église qui permettait à une per- sonne catholique de marier un musulman. Alors on est allé de l’avant. « Notre mariage a été le premier mariage au Canada entre catholique et musulman en l’année 1967 approuvé par l’église catholique. La céré- monie de mariage s’est déroulée en français et en anglais, bénie par un prêtre catholique et l’imam musulman. Le reste fait partie de l’histoire. » «En 1968, mon mari a accepté un travail avec une compagnie de pétrole à Edmonton et a été transféré à Calgary par la suite. Nous avons élevé nos deux enfants à Calgary. Sarah y vit toujours mais Karim a decidé d’aller vivre à Montréal il y a plusieurs an- nées. Les deux sont bilingues. «Pendant ces années, nous avons redéménagé dans la ville de Québec pendant trois ans, vécu en Égypte où mon mari travaillait pour les Nations Unis et nous sommes revenus à Calgary par la suite. Mon mari a aussi travaillé en Libye, contrat qui le ramenait à la maison tous les deux mois. Pendant ce temps, je travaillais à la Faculté de Médecine à l’Université de Calgary d’où j’ai pris ma retraite il y a presque deux ans. «Pour continuer de faire bouger mon cerveau, je me suis toujours impliquée dans différentes causes, soit politique, charité et maintenant avec le Cana- dian Club of Calgary où depuis deux ans, je suis la présidente du Comité des Conférenciers, ayant pour tâche de trouver des conférenciers assez in- téressants pour attirer une bonne audience à nos déjeuners-causerie. «Les grandes choses de la vie sont toujours simples et plusieurs peuvent s’exprimer en un seul mot: amour, famille, amitié. Voila mon motto», dé- clare Danielle en terminant. Sages conseils en fin d’année 2014 de la part de cette étoile du mois ! Au courant du cours classique que j’ai suivi au Couvent Notre- Dame à Ottawa dans les années 60, j’ai décidé de m’inscrire à un cours pratique de sténo, prévoyant poursuivre ma passion pour le domaine des communications. J’espère un jour pouvoir suivre un cours de langue des signes, aujourd’hui sur ma liste de tout ce qu’il me reste à faire avant de mourir. Aujourd’hui, je pouffe toujours de rire lorsque je me rappelle de l’histoire que je vais maintenant vous raconter. Cette journée-là en classe, la bonne soeur Sainte-Hélène donnait la dictée qu’on était ensuite appelé à relire devant toute la classe. Peut importe le contenu du texte, à la fin de chaque paragraphe, la bonne soeur disait « alinéa », qu’on devait indi- quer sur papier par deux petits x. Choisie au hasard à tour de rôle, chaque compagne de classe devait ensuite relire quelques paragraphes de la dictée. La mal- heureuse choisie en premier, commence la lecture: blah – blah – blah – blah – blah – Alléluia. Elle continue ..... bla – bla – bla – bla – bla - Alléluia --- et on commence à se regarder – sourcils en points d’interrogation. Elle continue ..... bla – bla – bla – bla – bla - Alléluia – mais là, c’était trop fort ! On commence à rica- ner et la pauvre se demande pourquoi. Toujours première à tout questionner – je ne pouvais m’empêcher de poser la question :« Mais qu’est-ce que tu dis là ?» Et elle de répondre : « Ben – alléluia ... j’savais pas trop pourquoi ... mais je me suis dis que la bonne soeur devait être en train de prier durant la dictée !» Ha ! Mon doux qu’on a ri ensemble cette journée-là – incluant la bonne soeur ! Pas méchamment – c’est certain – et on en rit toujours même maintenant. Car cette amie et toute notre petite classe de diplômées du Couvent Notre-Dame, on est toujours en communication et on se rencontre pour partager un repas lorsque je suis de passage de temps à autre à Ottawa. Alléluia et bonne année 2015 ! Souvenirs du Couvent Notre-Dame à Ottawa Photos : A.-F. S.

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Franco Calgary & Sud de l'Alberta - Décembre 20146

Airdrie

75 élèves dorment dehors pour les 24 heures contre la faimPour la quatrième année consécutive, les élèves de la septième à la onzième année de l’école francophone d’Airdrie

ont passé 24 heures dehors, pour se sensibiliser aux conditions de vies des personnes sans abri.

Après avoir passé toute la jour-née dehors à faire des activités, 75 élèves de l’école, ainsi que certains de leurs professeurs et de leurs parents se sont réunis pour assister au marché de Noël et récolter des dons d’argent et de nourriture dans les maisons envi-ronnantes.

Contrairement à l’année pas-sée où il faisait -27°C, la tempé-

rature était plus que clémente en ce jeudi. Enfants, parents, ensei-gnants, tous se sont dit soulagés d’avoir à passer la nuit sans des-cendre en-dessous de 0°C. Mais les personnes sans abri doivent souvent composer avec des tem-pératures glaciales, et les élèves le savent bien. « Un des enfants m’a confié tout à l’heure qu’il ne voulait pas mettre de mitaines,

pour être dans les mêmes condi-tions que ceux qui sont dans la rue » raconte une enseignante.

Toujours pour coller au plus près de la réalité, les enfants avaient construit l’an passé leurs abris en carton, mais le vent les avait mis à rude épreuve et l’école avait pour souci de rendre cette année l’évènement plus écologique. Ce sont donc des tentes qui ont été choisies pour accueillir les enfants pendant la nuit. Malgré la météo plutôt douce, les tentes ont tenu les élèves moins au chaud que les boîtes en carton, certaines ont été trempées par la neige fondue, la boue, et toutes ont dû subir des bourrasques de vent.

Les 24 heures contre la faim s’inscrivent dans une démarche citoyenne prônée par l’école francophone UNESCO d’Airdrie. Tandis que les élèves de plusieurs

classes participent à cet évène-ment sur une base volontaire, d’autres écrivent à des prison-niers via Amnesty International ou bien illustrent les Droits de l’Homme en photos. Pour les en-fants comme les parents, la parti-cularité de cette école la rend très importante car elle leur permet de se sentir utile à la commu-nauté et de devenir des citoyens exemplaires.

La quatrième édition des 24 heures contre la faim aura rap-porté environ 2 000 dollars de dons pour la banque alimentaire d’Airdrie, soit deux fois moins que l’année précédente. Les dons d’argent et de nourriture non-pé-rissable sont cependant acceptés par la Airdrie Food Bank jusqu’à Noël.

Anne-Florence Salvetti

Suzanne à la page

par Suzanne de Courville Nicol

Étoile du mois

Danielle SikanderPionnière de l’amour sans frontière

Née à Amqui - population actuelle étant de 6 319 - dans la Vallée de la Matapédia située dans le Bas du Fleuve St-Laurent, Danielle Sikander est l’étoile scintillante du mois de décembre.

Remarquez que Amqui fête ses 125 ans en 2014 et son logo est aussi parsemé d’étoiles…

L’Amquienne devenue Calgaréenne depuis les années 70, Danielle est fière membre d’une famille de neuf enfants et nous rappelle que c’était une fa-mille typique canadienne-française à cette époque. J’ai le plaisir de vous la présenter aujourd’hui et de partager son histoire fascinante, telle qu’elle nous la raconte.

«Ma mère aimait beaucoup la musique et a appe-lé les deux premiers enfants, Mozart et Carmen, des noms qui n’ont pas plu au curé du temps. Il aurait préféré Joseph et Marie. Les Ursulines ont été nos éducatrices de la première à la douzième année, continuant à l’école normale par la suite. Pour une éducation plus avancée, il fallait s’éloigner, alors on se retrouve au CGEP de Ste Foy et à l’Université Laval », explique Danielle.

«C’est à Amqui, à une joute de baseball, que j’ai rencontré mon mari, Hakim. Il travaillait sur son doctorat en géologie à l’Université d’Ottawa et faisait ses recherches de thèse sur les roches de la Matapédia. Par la suite, nos rencontres se faisaient entre Ottawa et Québec et après deux ans de fré-quentations, nous parlions de mariage.

«J’ai donc rencontré un prêtre au Québec pour discuter des arrangements; mais je me suis fait dire de me trouver un bon Canadien-français catho-lique et d’oublier ce charmant jeune homme, parce qu’il était musulman et moi catholique. La vie serait ainsi moins compliquée.

«Comme j’ai toujours eu la tête un peu dure», confie Danielle, nous avons décidé de continuer nos recherches et de consulter un prêtre de l’Uni-versité d’Ottawa. Il était aussi un peu vieux jeu mais plus ouvert que celui du Québec. Il a d’abord es-sayé de convertir mon mari mais ça été un non caté-gorique et la promesse d’élever les futures enfants dans la religion catholique.

«En toute fin, il aurait fallu demander la permis-sion du pape. Alors allons-y pour cette permis-sion si c’est la solution. Entretemps, l’aumônier de l’Université a été transféré dans un autre diocèse. Son remplaçant était beaucoup plus moderne et

nous a appris qu’il y avait un nouveau canon ou loi approuvée par l’église qui permettait à une per-sonne catholique de marier un musulman. Alors on est allé de l’avant.

« Notre mariage a été le premier mariage au Canada entre catholique et musulman en l’année 1967 approuvé par l’église catholique. La céré-monie de mariage s’est déroulée en français et en anglais, bénie par un prêtre catholique et l’imam musulman. Le reste fait partie de l’histoire. »

«En 1968, mon mari a accepté un travail avec une compagnie de pétrole à Edmonton et a été transféré à Calgary par la suite. Nous avons élevé nos deux enfants à Calgary. Sarah y vit toujours mais Karim a decidé d’aller vivre à Montréal il y a plusieurs an-nées. Les deux sont bilingues.

«Pendant ces années, nous avons redéménagé dans la ville de Québec pendant trois ans, vécu en Égypte où mon mari travaillait pour les Nations Unis et nous sommes revenus à Calgary par la suite. Mon mari a aussi travaillé en Libye, contrat qui le ramenait à la maison tous les deux mois. Pendant ce temps, je travaillais à la Faculté de Médecine à l’Université de Calgary d’où j’ai pris ma retraite il y a presque deux ans.

«Pour continuer de faire bouger mon cerveau, je me suis toujours impliquée dans différentes causes, soit politique, charité et maintenant avec le Cana-dian Club of Calgary où depuis deux ans, je suis la présidente du Comité des Conférenciers, ayant pour tâche de trouver des conférenciers assez in-téressants pour attirer une bonne audience à nos déjeuners-causerie.

«Les grandes choses de la vie sont toujours simples et plusieurs peuvent s’exprimer en un seul mot: amour, famille, amitié. Voila mon motto», dé-clare Danielle en terminant.

Sages conseils en fin d’année 2014 de la part de cette étoile du mois !

Au courant du cours classique que j’ai suivi au Couvent Notre-Dame à Ottawa dans les années 60, j’ai décidé de m’inscrire à un cours pratique de sténo, prévoyant poursuivre ma passion pour le domaine des communications. J’espère un jour pouvoir suivre un cours de langue des signes, aujourd’hui sur ma liste de tout ce qu’il me reste à faire avant de mourir. Aujourd’hui, je pouffe toujours de rire lorsque je me rappelle de l’histoire que je vais maintenant vous raconter.

Cette journée-là en classe, la bonne soeur Sainte-Hélène donnait la dictée qu’on était ensuite appelé à relire devant toute la classe. Peut importe le contenu du texte, à la fin de chaque paragraphe, la bonne soeur disait « alinéa », qu’on devait indi-quer sur papier par deux petits x.

Choisie au hasard à tour de rôle, chaque compagne de classe devait ensuite relire quelques paragraphes de la dictée. La mal-heureuse choisie en premier, commence la lecture: blah – blah – blah – blah – blah – Alléluia. Elle continue ..... bla – bla – bla – bla – bla - Alléluia --- et on commence à se regarder – sourcils en points d’interrogation. Elle continue ..... bla – bla – bla – bla – bla - Alléluia – mais là, c’était trop fort ! On commence à rica-ner et la pauvre se demande pourquoi. Toujours première à tout questionner – je ne pouvais m’empêcher de poser la question :« Mais qu’est-ce que tu dis là ?» Et elle de répondre : « Ben – alléluia ... j’savais pas trop pourquoi ... mais je me suis dis que la bonne soeur devait être en train de prier durant la dictée !» Ha !

Mon doux qu’on a ri ensemble cette journée-là – incluant la bonne soeur ! Pas méchamment – c’est certain – et on en rit toujours même maintenant. Car cette amie et toute notre petite classe de diplômées du Couvent Notre-Dame, on est toujours en communication et on se rencontre pour partager un repas lorsque je suis de passage de temps à autre à Ottawa.

Alléluia et bonne année 2015 !

Souvenirs du Couvent Notre-Dame à Ottawa

Photos : A.-F. S.