Sur la différence de niveau de langue entre Piaute et Tirence

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Sur la difference de niveau de langue entre Piaute et Tirence Gerard Smith Summary On the subject of Plautus's and Terence's registers, dependent questions enable to draw a worthwhile cotnparison. For the most part, the subordinating terms as adverbs, pronouns, adjectives and paiticles are the very same in both authors. Most of the verbs governing the subordinate ciauses are common between them. But the main point concems the mood of the dependent verb : Plautus and Teience use equally indicative and subjunctive so that the difference between them is hardly noticeable. II va sans dire que la notion de niveau de langue evoqude dans le titre de cet expos^ ne comporte pas de connotation nonnative et que le but qu'on se propose ici est seulement de mettre en dvidence les divergences et les convergences eventuelles des pratiques linguisti- ques de deux auteurs qui, ä plus d'un demi-sidcle de distance, ont pratiqud la comödie latine ä sujet grec ä une ^poque oü la langue, en pleine Evolution, est ä la recherche de ce que Jacqueline Dangel appelle une "normalisation rögulatrice". Pour parier net, ayant en me- moire un mot de Vauquelin de la Fresnaye qui, 6voquant le frangais du 1 6 ^ si^le, 6cri- vait: Car depuis quarante ans, dejä quatre ou cinq fois, / La fagon a changi de parier en frangois, j'ai exerc6 ma curiosite ä chercher si les soixante-cinq ans qui s'interposent entre Piaute et Terence avaient consid^rablement renouvel^ le latin. Autrement dit, j'ai voulu aller au-delä des approximations dont je m'ötais nourri et voir d'un peu plus prös ce qui, dans la langue de Piaute, pouvait paraTtre archaique par rapport ä celle de T6rence. J'ai pense que, pour mieux effectuer la comparaison dans les limites impos^s par le colloque, un bon parti etait l'ötude des interrogatives indirectes qui r^vdlent certains usages syntaxi- ques des deux 6crivains tout en donnant un aper9u rapide de quelques-uns de leurs choix lexicaux. Ce sont lä les deux points qui vont etre envisag« et je vais, comme le requiert le sujet, examiner Temploi que ces auteurs ont fait des termes introducteurs, relever les verbes qui, chez eux, rdgissent l'interrogation indirecte, refldchir sur le mode du verbe rögi. Dans la mesure oü les termes introducteurs appartiennent ä un inventaire limitd, on peut s'attendre que les deux auteurs en usent pareillement. C'est ä peu pres le cas. Les ad verbes employ^s sont les memes dans l'ensemble : on releve ut{i), quam, qui, unde, quo, ubi, quomodo, quo pacto, quamobrem, quid, cur (quor), quanti: (1) Vt Semper tibi /... Clemens fuerit seruitus/ Scis (Aiidr. 35-7). (2) Rogitant noctu ut somnwn ceperim {Mil 709). (3) {Vis) ostendi quam sis caUidus (Andr. 198). Brought to you by | University of Groningen Authenticated | 129.125.6.1 Download Date | 4/29/14 1:26 PM

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Sur la difference de niveau de langue entre Piaute et Tirence

Gerard Smith

Summary On the subject of Plautus's and Terence's registers, dependent questions enable to draw a worthwhile cotnparison. For the most part, the subordinating terms as adverbs, pronouns, adjectives and paiticles are the very same in both authors. Most of the verbs governing the subordinate ciauses are common between them. But the main point concems the mood of the dependent verb : Plautus and Teience use equally indicative and subjunctive so that the difference between them is hardly noticeable.

II va sans dire que la notion de niveau de langue evoqude dans le titre de cet expos^ ne comporte pas de connotation nonnative et que le but qu'on se propose ici est seulement de mettre en dvidence les divergences et les convergences eventuelles des pratiques linguisti-ques de deux auteurs qui, ä plus d'un demi-sidcle de distance, ont pratiqud la comödie latine ä sujet grec ä une ^poque oü la langue, en pleine Evolution, est ä la recherche de ce que Jacqueline Dangel appelle une "normalisation rögulatrice". Pour parier net, ayant en me-moire un mot de Vauquelin de la Fresnaye qui, 6voquant le frangais du 1 6 ^ si^le, 6cri-vait: Car depuis quarante ans, dejä quatre ou cinq fois, / La fagon a changi de parier en frangois, j'ai exerc6 ma curiosite ä chercher si les soixante-cinq ans qui s'interposent entre Piaute et Terence avaient consid^rablement renouvel^ le latin. Autrement dit, j'ai voulu aller au-delä des approximations dont je m'ötais nourri et voir d'un peu plus prös ce qui, dans la langue de Piaute, pouvait paraTtre archaique par rapport ä celle de T6rence. J'ai pense que, pour mieux effectuer la comparaison dans les limites impos^s par le colloque, un bon parti etait l'ötude des interrogatives indirectes qui r^vdlent certains usages syntaxi-ques des deux 6crivains tout en donnant un aper9u rapide de quelques-uns de leurs choix lexicaux. Ce sont lä les deux points qui vont etre envisag« et je vais, comme le requiert le sujet, examiner Temploi que ces auteurs ont fait des termes introducteurs, relever les verbes qui, chez eux, rdgissent l'interrogation indirecte, refldchir sur le mode du verbe rögi.

Dans la mesure oü les termes introducteurs appartiennent ä un inventaire limitd, on peut s'attendre que les deux auteurs en usent pareillement. C'est ä peu pres le cas.

Les ad verbes employ^s sont les memes dans l'ensemble : on releve ut{i), quam, qui, unde, quo, ubi, quomodo, quo pacto, quamobrem, quid, cur (quor), quanti:

(1) Vt Semper tibi /... Clemens fuerit seruitus/ Scis (Aiidr. 35-7). (2) Rogitant noctu ut somnwn ceperim {Mil 709). (3) {Vis) ostendi quam sis caUidus (Andr. 198).

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(4) Vide caesaries quam decet (Mil. 64). (5) Nescio qui id... sunt oblitus ... dicere (Andr. 841). (6) Mirum hoc qui potuit fieri (Epid. 414). (7) Petit unde is Sit thesaunis (Eun. 12). (8) Rogitabit unde illam emeris (Merc. 221). (9) Scio quo abducta sit (Eun. 350). (10) Obseruauit seruos/Quo... puellam deferat (Cist. 168-9). (11) Scis ubi siet ? (Eun. 351). (12) Seit quod quaeris ubi sit (Mit. 1012). (13) Agitur... quo modo/id demus (Haut. 476-7). (14) Ea nunc meditabor quo modo Uli dicam (Amph. 197). (15) Videre... / Quo pacto panem atrum uorent (Eun. 937-9). (16) Dixi equidem tibi / Quo pacto id fieri possit (Mil. 1097-8). (17) Causam quaerebat quamobrem insigne aliquid faceret eis (Eun. 1000-1). (18) Quamobrem uenerim / Dicam (Amph. 17-8). (19) Rogas me... /... quid tristis sum (Ad. 82-3). (20) Quid processerim huc... /Dicam (Asin. 6-7). (21) Ne cui sit mirum curpartis seni/... dederit (Haut. 1-2). (22) Scio cur te patrem adsimules esse (Capt. 1007). (23) lUum numquam ostendisti quanti penderes (Haut. 155). (24) Te experior quanti facias uxorem (Amph. 508).

II en va de meme des pronoms-adjectifs : quis/qui/quae/quid/quod; ecquis/ -i/ -a/ -id/ -od; quisnam, uter, quot, quantus, -a,- um, qualis :

(25) Nec quis esset umquam audieram dicier (Eun. 699). (26) Rogitares quis esset (Merc. 634). (27) Qui tu esses nouerain (Andr. 19*). (28) Consulo/... quem dolum... parem (Mil. 197-8). (29) Quae Sit rogo (Andr. 124). (30) Suspicor/ lam me inuenisse quae sit (Merc. 253-4). (31) Viden tu... quam hic rem agit ? (Eun. 783). (32) Hoc quam ad rem credam pertinere.../ Nequeo inuenire (Merc. 252-3). (33) Expecto quid uelis (Andr. 34). (34) Scio iam quid uis dicere (Mil. 36). (35) Rogem quod tempiis ... me capere iubeat (Pharm. 828). (36) Narraui uobis quod... opus siet (Poen. 547). (37) (Euasit) ecquis eam posset noscere (Eun. 523). (38) Percontabor ecquis hunc... nouerit (Capt. 459). (39) (Euasit) rus... ecquod habeam (Eun. 519). (40) Infit percontarier / Ecqueni filiwn... nouerim (Asin. 343-4). (41) Reuiso quidnam gerat (Eun. 923). (42) Mihi... ciiraest / Quidnam hoc sit negoti (Men. 761 -2). (43) Vtnmi malis scio (Hec. 465). (44) Vtri sim aduocatus nescio (Amph. 1038).

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(45) Scire ... uolo quot mihi sint domini (Ad. 555). (46) Scis tute quot... habeas digitos in manu (Persa 187). (47) Quantum hic operis fiat paenitet (Haut. 72). (48) Quantum attulerit nescio (Bacch. 316). (49) Nescis quantis in malis uerser (Andr. 649). (50) Non... scis / Quantum ego honorem nunc Uli habeo (Mil. 1074-5). (51) Mihi quäle ingenium höheres fiiit indicio oratio (Haut. 384). (52) Nescis qualis sit (Asin. 60).

Les deux auteurs emploient, dans rinterrogation simple, les particules num, -ne, an, si:

(53) Vide num eius color pudoris Signum... indicat ? (Andr. 878). (54) Quaeso... num tu quoque... insanis (Amph. 753). (55) Circumspecto/Satine explorata sint (Eun. 602-3). (56) Vide sitne istaec uostra intus (Mil. 536). (57) Haud scio an illam misere nunc amet (Ad. 667). (58) Die... an foetet anima uxoris (Asin. 894). (59) Mirabar hoc si sie abiret (Andr. 175). (60) Si arcessatur omata exspectat domi (Cas. 540).

Dans rinterrogation double, ils utilisent utrum...an, -ne...an, ...an, ...necne:

(61) Vide utrum uis argentum accipere an causam meditari (Ad. 195). (62) Scibo utrum haec me mage amet an marsuppium (Men. 386). (63) Eritis iudices /Laudin an uitio ducifactum oporteat (Ad. 4-5). (64) Seruet Venerine eas det an uiro (Asin. 805). (65) Neque id putabit prauom an rectum sit (Haut. 485). (66) Persectari hic uolo/... Nos nostri an alieni simus (Mil. 430-1). (67) Habeam necne incertumst (Haut. 95). (68) Sit necne sit spes in te uno est (Mil. 1051).

On releve n^anmoins chez Törence les adverbes introducteurs suivants qui, sauf erreur ou denombrement incomplet de ma part, n'apparaissent pas chez Piaute : quorsum ; utcum-que et ubicumque avec un sens interrogatif tres net dont on souhaiterait qu'il fut pris en compte dans une prochaine Edition du Gaffiot; quoad; quampridem ; quantum :

(69) Ego nescibam quorsum tu ires (Eun. 155) "Je ne savais pas de quel c6t6 tu te dirigeais". Cf. Eim. 305, Hec. 193.

(70) Nostrum est intellegere utcumque atque ubicumque opus sit obsequi (Haut. 578) "II nous appartient de comprendre quand et oü II faut montrer de la d6ference".

(71) Percontatum ibo ad portum quoad se recipiat (Phonn. 462) "Je m'en vais au port demander quand II revient".

(72) Euasit quam pridem pater/ Mihi et mater mortui essent (Eun. 517-8). (73) Nescis.../ Quantum hodie profiieris mihi (Hec. 875-6).

Au rebours, font defaut chez Terence les adverbes introducteurs suivants releves chez Piaute : quemadmodum, ecqui(d), quapropter, quonam, qua, enumquam, quamdudum :

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(74) Vide /Quemadmodum adstitit (Mil. 201). (75) Subauscultemus ecquid de me fiat mentio (Mil. 993). (76) Scis... Hecubam quapropter canem / Graii esse praedicabant {Men. 714-5). (77) Cogito quonam ego curram {Merc. 857). (78) Qua se expediat nesciat {Persa 458). (79) Quaeso enwnquam hodie licebit mihi loqui (Rud. 1117). (80) Vide quam dudum hic asto et pulto (Stich. 310).

N'apparaissent que chez T^rence, dans l'interrogation simple, la particule anne; dans l'interrogation double, -n...anne, -ne...annon :

(81) Haudscio anne uxorem ducat (Haut. 999). (82) Incertus foret / Pudorin anne amori obsequeretur magis (Hec. 121-2). (83) Renuntiet.. J Velitne annon (Hec. 508-9).

En revanche, on ne releve pas chez lui les particules suivantes de Piaute : utrum ... n(e) ... an; ...an non ; -ne...necne ; utrum...anne; ...anne ; an non...atque :

(84) Volo scire utrum egon id quod uidi uiderim /An illic faciat quodfacturum dicit ut ea sit dowi (Mil. 345-6).

(85) Nescio tu ex me hoc audieris an non (Mil. 1265). (86) Nunc certamen cemitur/ Sisne necne ut esse oportet (Bacch. 399-400). (87) lussit... percontarier/ Vtrum aurum reddat anne eat secum (Bacch. 575-6). (88) Munc amici anne inimici sis imago..JMihi sciam (Cas. 515). (89) Qui scio/An ista non sit Philocomasium atque alia eius similis sit (Mil. 447-8).

II tombe sous le sens que ces variations ne sont rien moins que signiftcatives et presen-tent un caractdre tout ä fait al^atoire ; elles ne revelent meme pas de recherche stylistique particuliere, loin de montrer des registres lexicaux differents chez les deux auteurs : on ne peut, par exemple, relever ici chez Piaute le moindre vulgarisme ou archaisme par compa-raison avec T^rence.

Chez ces deux auteurs, les verbes r^gissants de 1'interrogative indirecte sont d'abord des verbes interrogandi et des verbes inuestigandi qui sont: quaerere (Eun. 1000, Amph. 127); rogare (Andr. 124; Amph. 1025); {e)rogitare (Eun. 554; Amph. 1029; Capt. 952); quaesere (Ad. 399 ; Amph. 753); percontari (Phonn. 462 ; Cas. 571); consulere (Phonn. 174 ; Mil. 1097); inuestigare (Pharm. 736; Aul. 715). Ce sont aussi les verbes de doute comme incertum esse (Haut. 95 ; Bacch. 501).

Mais chez Terence, comme chez Piaute, la plupart des verbes aptes ä gouvemer une completive peuvent r^gir 1'interrogative indirecte. Ce sont, en premier lieu, les verbes cognitifs qui, meme quand ils expriment un savoir positif, s'emploient dans des situations d'interrogation par suite d'elements contextuels : scire (Andr 37 ; Amph. 185); nescire (Andr. All; Amph. 354); hau(d)scio (Ad. 667 ; Epid. 543); resciscere (Hec. 790 ; Bacch. 826); (cog-/ per)noscere (Andr. 50, Ad. 12, Hec. 573 ; Asin. 32a); nouisse (Andr. 19* ; Amph. 104); teuere (Andr. 498 ; Amph. 58); habere (Andr. 498 ; Persa 782); meminisse (Phonn. 224 ; Aul. 542); in mentem uenire (Hec. 405 ; Mil. 1358).

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Sur la difKrence de niveau de langue entre Piaute et T^rence 947

Les verbes d'experience comme experiri {Ad. 877; Amph. 508) ä l'instar des verbes estimatifs : referre (Hec. 618 ; Cure. 395) impliquent doute ou ignorance et, de ce fait, commandent une interrogation indirecte. Les verbes intellectifs, qui traduisent une Opera-tion de l'esprit tendant ä I'acquisition d'un savoir, appellent ia meme anaiyse. Chez T^rence et chez Piaute, on rencontre (re- / dis)putare {Haut. 485 ; Amph. 172 ; Most. 88); meditari {Pharm. 242 ; Amph. 197); cogitare {Andr. 358 ; Amph. 173); intellegere {Andr. 737 ; Capt. 958); {per)discere {Haut. 971 ; Truc. 23); rationem inire {Pharm. 344), habere {Capt. 23).

Les verbes d'opinion exprimee, qui traduisent la communication d'un savoir ä autrxii et supposent donc chez lui ignorance ou incertitude, regissent ä ce titre une interrogation in-directe. Chez Piaute et Tdrence, ces verbes sont: loqui {Hec. 94 ; Bacch. 553); eloqui {Ad. 325 ; Asin. 28); proloqui {Hec. 646 ; Cos. 873); dicere ( Andr. 45 ; Asin. 7); {e)narrare {Eun. 562, Ad 365 ; Amph. 744); memorare {Hec. 471 ; Amph. 133); commemorare {Pharm. 715 ; Amph. 43); {re)nuntiare {Hec. 508 ; Amph. 195); {de- / com- / prae) monstrare {Pharm. 306 ; Aul. 716, Cure. A61, EpuL 317); {ad- / con- / per]fero {Pharm. 1025 ; Asin. 88 ; Capt. 3n) -,facere indicium {Hec. 546; Ost. 678); ( com)monere {Ad 429; Trin. 1050).

J'appelle "verbes sensitifs actifs" ceux qui expriment une op^ration volontaire des sens. Iis sont nombreux ä r^gir une interrogation indirecte chez Piaute et chez T^rence : {ob)ser-uare {Andr. 169; Amph. 270; Asin. 805); uisere {Eun. 663; Aul. 65); {re- / pro- / inter)uisere {Andr. 404, 957; Aul. 363); {ex)spectare {Andr. 34; Aul. 707; Cas. 871), {pro- / circum- / in)spicere {Ad. 689 ; Most. All; Cure. 427). Les verbes sensitifs passifs gouvemant une interrogative indirecte chez Piaute et chez Töience sont uidere {Andr. 825 ; Amph. 360) ; {ex)audire {Andr. 936 ; Epid. 239 ; Amph. 745); sentire {Eun. 66; Bacch. 290).

Les verbes de sentiment peuvent aussi demander une interrogative indirecte. C'est le cas, chez nos deux auteurs, pour {ad)mirari {Andr. 175 ; Haut. 826 ; Amph. 86); demirari {Hec. 529 ; Asin. 51); paenitere {Haut. 72 ; Paen. 283); curae esse {Hec. 193), curare {Aul. 429), cura cruciari {Merc. 247). II en va de meme des verbes volitifs et jussifs comme imperare {Andr. 490; Truc. 676) ou dubitare "h&iter" {Pharm. 343, Capt. 455) et des verbes d'action positive ou negative comme agere {Haut. 476; Trin. 570) ou rep{p)erire (£«ii. 931 ;/!«/. 804).

II y a peu de verbes utilis^s par T^rence qui n'apparaissent pas chez Piaute. J'ai relev^ petere {Eun. 12), euadere {Eun. 517) dans le sens d' "en venir ä demander", callere {Haut. 548) "savoir parfaitement", oblivisci {Haut. 848), parui pendere {Haut. 715), deelarare {Haut. 284), explanare {Pharm. 380), dare au sens de "dire, exposer" (Haut. 10), circum-spectare {Eun. 602), attendere {Hec. 28), astendere {Andr. 198), metuere {Haut. 569), timere {Haut. 620), obsequi {Pharm. 79), confingere {Pharm. 131) et quelques expressions comme dam esse {Andr. 287), certum esse {Ad. 612), in manu esse {Hec. 666), indicia esse

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{Haut. 384), incredibile esse {Phorm. 247), mirum esse (Haut. 1), ainsi que la particule flöchie cedo (Hec. 698).

En revanche, Piaute emploie comme regissants de l'interrogative indirecte un nombre consid6rable de verbes qui ne jouent pas ce role chez T^rence : • verbes rogatifs: exquirere {Amph. 715), perquirere (Stich. 202), interrogare (Cure.

340), sciscere (Amph. 1069), consultare (Mil. 1097); • verbes de doute : in ambiguo esse (Trin. 594), non liquere (Trin. 227), n/7 habere certi

(Mil. 407), errare "ne pas savoir" (Mil. 193), fors fuat (Pseud. 432); • verbes cognitifs : noscitare (Cist. 682), commeminisse (Truc. 778), praediuinare (Truc.

338); • verbe d'exp6rience : periclitari (Amph. 688); • verbes estimatifs: esse pensi (Truc. 765), non flocci facere (Trin. 211), ciccum

(floccum) non interdare (Rud. 580 ; Trin. ^A), facere (Asin. 214), Interesse (Most. 407), attinere (Epid 75);

• verbes intellectifs: arbitrari (Aul. 607), comminisci (Aul. 69), ratiocinari (Stich. 75), ratiunculam subducere (Capt. 192), conicere (Cas. 94), facere coniecturam (Poen. 91), feuere "caresser, entretenir avec complaisance dans son esprit" (Bacch. 1076), aduor-tere animum (Pseud 156);

• verbes d'opinion: praedicare (Poen. 1245), edisserere (Capt. 967), edissertare (Cas. 915), appellare (Poen. 992), expedire (Poen. 1111), cantare (Rud. 478), indicare (Persa 590), facere (fieri) certiorem (certum) (Cas. 353 ; Pseud. 3, 18), docere (Pseud 866), onerare praeceptis (Pseud. 764>, participare (Stich. 33), praecipere (Persa 148);

• verbes sensitifs actifs : auscultare (Amph. 300), aucupare (Asin. 8 8 s p e c u l a r i (Most. 429), contemplare (Most. 166), insidias dare (Mil. 303);

• verbes sensitifs passifs; cemere (Most. 132), decemere (Amph. Frg. 19), aspicere (Most. 855), conspicere (Trin. 636), perspicere (Cas. 756a), accipere (Cas. 292), percipere (Asin. 36), persentiscere (Aul. 63), adhibere auris (Pseud. 153);

• verbes de sentiment: cupere (Asin. 844), turbare (Epid. 312), pectus pungere (Trin. 1000);

• verbes d'effort: temptare (Poen. 557), contendere (Rud. 752), depugnare (Trin. 305), persectari (Mil. 430);

• verbes d'action positive ou negative : facere (Amph. 396), dare (Asin. 165), parare (Persa 302), instituere (Pseud. 676), dare uiam (Epid. 193), celare (Persa 221), occultare (Persa 222).

L'abondance de ces verbes ne doit faire croire ni ä une richesse extraordinaire du voca-bulaire de Piaute par rapport ä celui de T^rence, ni ä une liberte debridee dans l'usage de l'interrogation indirecte. Elle est tout simplement liee ä l'abondance des materiaux dont nous disposons. Nous poss^dons vingt et une com^dies de Piaute et seulement six de Te-rence : les verbes regissants de l'interrogative indirecte appartenant, comme on l'a vu, ä une

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Sur la difli£reiice de niveao de bmgue entre Piaute et T^rence 949

Serie ouverte, il etait pr^visible que leur nombre fut beaucoup plus important chez le Premier de nos deux auteurs.

II n'est pas douteux que la mise en valeur de la dualite linguistique que j'essaie d'ap-prehender dans le domaine tres limite que j'ai choisi se fera essentiellement par l'etude du mode du verbe regi. C'est un lieu commun que l'interrogation indirecte se caractdrise en latin par un progres constant de la Subordination decelable ä un usage de plus en plus oblig^ du subjonctif. II sera interessant d'examiner sur ce point la pratique linguistique des deux ecrivains en fonction des verbes regissants. J'etudierai quelques-uns des plus courants.

Terence, avec scire, emploie le subjonctif:

(90) Scire equidem uolo quot mihi sini domini (Ad. 555).

D'autres exemples, dont certains s'expliquent par la contamination modale, se voient en Andr. 35-7, 520, 703 ; Eun. 73, 127-8,'350, 351, 374, 543, 790, 986, 1035 ; Ad. 361, 485-6, 516, 542, 570 ; Hec. 192, 235, 246, 279, 296, 465, 468, 519-20, 569, 701, 851, 873 ; Haut. 237, 279-80, 449-50, 627, 764, 890-1, 996 ; Phonti. 117, 354, 463, 507. On ne peut citer ä I'indicatif qu'Ad. 9 % :

(91) Plus scis quid opus factost.

Mais, en Hec. 873-4, scire rögit, ä l'^vidence, un subjonctif et un indicatif coordonnds, en depit de la ponctuation tendancieuse d'Emout:

(92) Ere, licetne scire ex te hodie quid sit quod feci boni/ Aut quid istuc est quod uos agitis ? "Maltre, est-il possible d'apprendre de ta bouche la bonne action que j'ai faite aujourd'hui et l'affaire dont il s'agit ?".

Piaute, avec scire, emploie lui aussi surtout le subjonctif:

(93) Non edepol nunc ubi terrarum sim scio {Amph. 336).

J'en ai relev^ cent vingt cinq exemples, mais, pour ne pas grossir excessivement l'expo-s6, je ne citerai que ceux des Menechmes, du Mercator et du Miles : Men. 301, 302, 644, 764, 911 ; Merc. 346-7, 355, 451-2, 572, 732, 775 ; Mil. 447-8, 577, 1012, 1325, 1343a, 1365. L'indicatif apparatt aussi:

(94) Fac sciam / Num eum uetemus aut aqua intercus tenet (Men. 890-1 "Apprends-moi s'il souffre de torpeur ou d'oedfeme").

Mais il est juste de reconnaitre que ce mode est ici plus largement repr^sentd que chez Tdrence avec une quinzaine d'exemples : Mil. 36, 14-75 ; Aul. 174 ; Bacch. 202, 473-4, 663-4, Cas. 655 ; Most. 149, 969 ; Pseud. 696a ; Rud. 958 ; Stich. 112. En Pseud. 262-3, scire rögit ä la fois un indicatif et un subjonctif, meme si, dans ce demier cas, on peut invo-quer l'attraction modale :

(95) lam diu scio/ Quifuit; nunc qui sit ipsus sciat.

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950 G^rard Smith

Hau(d)scio, chez T^rence, s'emploie toujours avec le subjonctif. II en va de meme chez Piaute :

(96) Haudscio an amet (Ad. 667 ; cf. Haut. 222, 747,999 ; Pharm. 774). (97) Hauscio an congrediar {Epid. 543 ; cf. Bacch. 1133 ; Merc. 270 ; Most. 783).

Quant ä sein, il est suivi de l'indicatif, chez Törence, en Hec. 753 ; Eui\. 338; Haut. 494. Mais il regit aussi le subjonctif en Haut. 820 et en Eun. 800 :

(98) Sein quid nunc facere te uolo ? (Haut. 494). (99) Sein ubi sit nunc ? (Haut. 820). (100) Sein tu ut tibi res se habeat ? (Eun. 800).

Dds lors, je comprends mal que Ton ait essayd de justifier ici Temploi de l'indicatif par une pr^tendue faiblesse du lien de Subordination car les deux types de phrase me paraissent tout ä fait identiques. La Situation est exactement la menie chez Piaute qui, avec sein, emploie l'indicatif en Aul. 47 ; Men. 425, 677, 947 ; Persa 139 ; Poen. 441, 1319 ; Pseud. Tie, 538, 641, 657 ; Rud. 1216 ; et le subjonctif en Meti. 530, 1154 ; Mil. 1034; Amph. 671 ; Asin. 703 ; Bacch. 594 ; Cas. 490 ; Persa 154 :

(101) At sein quo modo tibi res se habet ? (Aul. 47). (102) Sein quid hoc sit spinter ? (Men. 530).

On a pu donc constater la t r ^ grande similitude du traitement, par les deux auteurs, des interrogatives indirectes döpendant du verbe scire. Rien ne montre un progres tant soit peu important de la Subordination chez Törence et, sur ce point, Piaute ne parait pas le moins du monde plus archaique que lui.

Dico, chez Tdrence, requiert l'indicatif ou le subjonctif. On trouve l'indicatif en Andr. 45 ; Hec. 84, 416-7; Haut. 310, 349,708, 766 ; Phorm. 633, 1048 :

(103) Non diei potest/Quam incommodumst (Hee. 416-7).

II est ä noter que ce mode n'apparatt pas seulement apres la forme die dont certains veulent faire une particule exhortative appos^e pour expliquer l'absence du subjonctif. Celui-ci apparait en Phorm. 592-3, 855 et Haut. 436, tandis qu'en Hec. 103, le mode semble avoir sa valeur propre :

(104) Non tu Uli dixti ut essem ? (Haut. 436). (105) Die qui eredam (Hec. 103).

Chez Piaute, dico regit l'indicatif en Merc. 145, 783, 901 ; Asm. 229, 894; Aul. 170, 212 ; Bacch. 203, 558, 600-1, 705, 830 ; Capt. 359-60, 623-4, 964, 987 ; Cure. 406-7, 651-2 ; Poeit. 1061-2 ; Rud. 238, 1105-6, 1156-7, 1160, 1272; Trin. 163-5, 578; Truc. 130, 368-9, 588, 676:

(106) Die igitur ubi illa est (Merc. 901).

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Sur la difKrence de niveau de langue entre Piaute et T^rence 951

Ici encore, si la majeure partie des exemples ä l'indicatif apparaissent apres die, ou dicedum (Rud. 1156), on trouve aussi:

(107) Dicam id quid est (Merc. 783). (108) Quid tibi ego dicam qui illius sapientiam/... / . . . ille ignauos funditus pessum dedil ? (Trin.

163-5).

Quant au subjonctif, il apparait en Men. 639a ; Merc. 14, 386, 940 ; Mil. 884, 1097-8, 1184 ; Aniph. 609 ; Asin. 6-7 ; Baach. 555 ; Cist. 549 ; Cure. 370, 608, 629 ; Most. 1150 ; Persa 144, 278a ; Pseud 709 ; Rud. 124-5,638, 1149 ; Trin. 6-7 ; Truc. 267 :

(109) Quin dicis quid sit.

Dans les exemples suivants, il est demande par die :

(110) Die quid uelis (Merc. 386). (111) Die utrum Spemne an Salutem te salutem (Pseud. 709). (112) Die.../Bequem tu hie hominem erispum... uideris (Rud. 124-5).

En Most. 1150 et Rud. 1149, il est r6gi par dieito, cependant qu'en Cure. 629 et Rud. 638, il est amen^ par Tattraction modale. On comparera avec profit Baceh. 555 et, quelques vers plus loin Bacch. 558 :

(113) Die modo hominem qui sit (Baceh. 555). (114) Die quis est (Baeeh. 558).

Ces exemples montrent que nous sommes dans une pöriode d'indifferenciation modale et röduisent ä nöant bien des hypotheses ^chafaudees pour expliquer Tabsence du subjonctif aprts die.

La subordonnee interrogative dependant de uideo est indifferemment au subjonctif ou ä l'indicatif chez Piaute comme chez Terence. On trouve le subjonctif, chez Terence, en Andr. 825 ; Eun. 224 ; 350; 937-9 ; 964-5 ; Hec. 345, 382, 664-5 ; Haut. 337, 555, 558, 600,643, 871, 1013 ; Pharm. 346, 446, 762 ; l'indicatif apparait en Andr. 878 ; Eun. 241-2, 783, 838-9, 919; Ad. 195, 228-9, 343, 559; Hec. 223 ; Pharm. 358, 553, 840, 986-7, tandis que le subjonctif en Haut. 211 peut s'expliquer par I'assimilation modale :

(115) Ego ibo hine intro ut uideam nobis cenae quid siet.

Rien ne semble motiver l'emploi de Tun ou l'autre mode, comme il appert de la compa-raison des exemples suivants :

(116) Vide... /Quid agas (Eun. 964-5). (117) Vide quam rem agis (Ad. 343). (118) Vide quam iniquos sis prae studio (Andr. 825). (119) Vide quam inmerito aegritudo haec oritur mihi abs te (Hee. 223).

La Situation est ä peu pres la meme chez Piaute qui emploie le subjonctif en Merc. 103, 267 ; Mil. 536, 1397 ; Amph. 787 ; Bacch. 1041, 1136-8 ; Capt. 292, 998 ; Epid 81, 161 ;

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952 Gerard Smith

Most. 199, 309, 681, 1068; Persa 610; Pseud. 48, 1297 ; Rud. 573 ; Trin. 584 (qui peut s'expliquer par Tassimiiation modale), Trin. 913. Les exemples avec l'indicatif sont pro-portionnellement plus nombreux que chez Terence. J'ai reieve Men. 349, 646, 685 ; Merc. 169 ; Mil. 64, 200-201 ; Ampli. 360 ; Asin. 149, 636 ; Aul. 46-47 ; Bacch. 27, 492, 1130 ; Capt. 557 ; Cas. 378 ; Cist. 25-26, 55 ; Cure. 93, 126, 153, 154, 160, 188, 311 ; Most. 199, 886b, 1172 ; Persa 812 ; Pseud. 152, 954-5 Rud. 171, 869, 948, 1002, 1093 ; Stich. 310, 410, 632, 634, 636, 698, 706; Trin. 748, 763, 847; Tnic. 463, 499. L'indifferenciation modale est patente quand on compare, par exempie, Merc. 103 et Mil. 64 ; Capt. 292 et Aul. 46-7, mais plus encore quand on examine Most. 199 sans prendre en consideration la ponctuation d'Emout et son contresens delibere :

(120) Videte quam mihi ualde placuerit (Merc. 103). (121) Videte caesaries quam decet (Mil. 64). (122) Aliis ut credat uide (Capt. 292). (123) Vide ut incedit (Aul. 46-1). (124) Vides quae sim et quaefui ante (Most. 199).

Audio est peu employe par T6rence comme regissant de 1'interrogative indirecte. II gou-veme le subjonctif en Andr. 936-7 ; Eun. 699 ; Hec. 78, 784 ; Phorm. 575 ; et l'indicatif seulement en Haut. 731 :

(125) Nunc primum audio/ Quid illo sit factum (Andr 936-7). (126) Audisti modo iste homo quam uillam demonstrauit (Haut. 731).

Chez Piaute, on observe la tendance inverse : audio ne regit le subjonctif qu'en Amph. 554-5, 745-6 ; Poen. 1404 :

(127) Ex te audiui ut urbem maximam/ Eixpugnauisses regemque Pterelam tute occideris (Amph. 745-6).

Ailleurs, l'indicatif est de regle, comme en Men. 920 ; Asin. 447, 598, 884 ; Capt. 592, Persa 655 ; Pseud. 194, 330, toujours dependant d'audin, sauf en Rud. 355-7 :

(128) Non audiuisti... / Quo pacto leno clanculum nos hinc auferre uohiit/ In Siciliam, et quicquid domifiiit in nauem inposuit ?

Comme audio, (e- / pro)loquor chez Terence, ne regit que rarement une interrogative. On trouve avec le subjonctif Ad. 325 ; Hec. 94-5 ; Haut. 622 ; et avec l'indicatif Haut. 649 ; Phomt. 473 :

(129) Eloquere... quid sit (Ad. 325). (130) Loquere, obsecro, quonam in loco sunt res et fortwiae nieae (Phorm. 473).

Dans cette fonction, Piaute use plus iargement de ce verbe qui gouveme soit le sub-jonctif en Merc. 199, 892 ; Asin. 27-8 ; Bacch. 745 ; Capt. 5-6 ; Cas. 280, 872-3 ; Cist. 56-7, 565, 734 ; Most. 1136 ; Rud. 1163, 1329 ; Trin. 236 ; Truc. 821 ; soit l'indicatif en Amph.

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Sur ia diCKrence de niveau de langue entre Piaute et T^rence 953

50 ; Bacch. 553 ; Cist. 56-7, 82, 748 ; Cure. 517 ; Epid. 274 ; Most. 505 ; 1211 ; Trin. 893 ; Truc. 135, 603 :

(131) Loquere porro quid sit actum {Merc. 199). (132) Nunc quam rem oratum huc ueni primum proloquar {Amph. 50).

Ii vaut ia peine de s'arreter un instant sur Cist. 56-7 qui montre Ia belle indiffdrence avec laquelle notre auteur emploie les modes au gre des necessites m^triques :

(133) Eloquere utrumque iiobis/ Et quid tibi est et quid uelis nostram operam.

Nescio, chez Tdrence, regit surtout le subjonctif:

(134) Ego quid narres nescio (Andr. 477).

Ce meme mode apparait en Andr 649, 734, 746, 791, 966 ; Eun. 155, 305, 657-8 ; Ad. 723 ; Hec. 205, 215-6, 418-9, 452-3, 571, 875-6; Haut. 308, 345-7 (cas d'attraction mo-dale), 541, 934, 944, 946 (attraction modale); Pharm. 57-8, 117, 993. On a quelques exemples d'indicatif en Andr. 649-50, 841 ; Hec. 321 ; Haut. 620 :

(135) Nescio qui id tibi swn oblitus hodie ac uolui dicere {Andr. 841).

On observera en Andr. 649-50 l'utilisation dans Ia meme phrase de l'indicatif et du subjonctif sans qu'on puisse invoquer Ia moindre difKrenc? :

(136) Nescis quantis in malis uerser miser, / Quantasque hic suis consiliis mihi conflauit soilici-tudines.

La Situation est tout ä fait Ia meme chez Piaute qui use tres abondamment de nescio avec le subjonctif (explicable parfois par Tattraction modale) et ne präsente que peu d'exemples avec l'indicatif. Le subjonctif apparait en Merc. 457, 592, 123 ; Mtl. 299, 1265 ; Ampit 354, 825, 844, 1038, 1056 ; Asin. 60 ; Bacch. 316, 319-20, 334, 491, 606-7, 676, 722, 795 ; Capt. 268-9 ; Cas. 333-4, 413, 623-4 ; Cist. 4-5, 164, 520, 676 ; Cure. 69, 128, 463 ; Most. 278, 676, 708, 996, 1042, 1101 ; Persa 458, 514 ; Poen. 172, 592, 627, 649, 856, 1416 ; Pseud. 106, 779, 894, 1038, 1161 ; Rud. 385, 750, 812 ; Stich. 573 ; Trin. 2, 62, 64, 849, 880, 960 ; Truc. 70-1 :

(137) Nescio ... uelit ilie Ulan necne abalienarier (Merc. 457).

L'indicatif ne fournit que quelques occurrences :

(138) Nescis quid dicturus sum (Merc. 431).

D'autres exemples apparaissent en M/7. 330, 514-5 ; Amph. 424; Aul. 71 ; Epid. 61 ; Persa 514-5. Ce demier presente lui aussi un subjonctif et un indicatif r^gis par le meme verbe:

(139) Nescis quid te instet boni, / Neque quam tibi Fortuna faculam lucrifera adlucere uolt.

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954 G^rard Smith

Noui, chez T^rence, apparait avec le subjonctif en Andr. 19* ; Eun. 349, 350, 566 ; Ad. m,572 \ Haut. 310, 371 :

(140) Qui tu esses noueram (Andr. 19*)

Chez Piaute, la Situation est presque identique. Noui, aussi peu employe, dans cette fonction, que chez Terence, gouveme le subjonctif en Mil. 451-2 , 925 (avec attraction mo-dale) ; Amph. 104-6 ; Asin. 347-8, 495 ; Aul. 777-8 ; Poen. 1121 ; Trin. 283, 1141 ; et l'in-dicatif seulement en Rud. 965 :

(14 i) Islam domum/ Neque moror neque uos qui homines sitis noui (Mit. 451 -2). (142) Qui inuenit hominem noui (Rud. 965).

Le choix des verbes rögissants etudies ici a 6t6 dicte par le souci d'infinner les mythes r^pandus sur uin, audin, die, uide, uiden, uidetin, loquere, nescio quis dont certains veulent faire des "particules exhoitatives", des adverbes, des pronoms etc. pour expliquer la fre-quence de Pindicatif apres ces verbes. Les exemples cit^s ont montr^ qu'il n'en est rien, attendu que le subjonctif apparatt presque aussi souvent que l'indicatif apres ces verbes. L'etude des autres verbes r^gissants permettrait d'arriver ä la meme conclusion tir^e ci-dessus, ä savoir que les choix syntaxiques de Terence ne different guere de ceux de Piaute dans l'interrogative indirecte. Je n'en prendrai qu'un seul: exspecto. II apparait trois fois chez Terence et seulement avec le subjonctif:

(143) Expecto quid uelis (Andr. 34). (144) Expecto quam mox ueniat (Phonn. 161). (145) Exspecto quam mox recipiat sese Geta (Phonn. 606).

Piaute l'utilise six fois avec le subjonctif:

(146) Te sequor/Exspectans quas tu res ... geras (Bacch. 109-10). (147) Si arcessatur, omata, exspectat domi (Cas. 540). (148) lam dudum exspecto si tuum officium scias (Poen. 12). (149) Exspecto quo pacto meae techinae processurae sient (Poen. 817). (150) Exspectabam siqui eas assereret manu (Poen. 1392). (151) Expecto si quid dicas (Trin. 98).

L'indicatif n'apparait qu'une fois, en Aul. 707 :

(152) E.xspectabam aurum tibi abstrudebat sene.x.

Encore une fois les situations sont tres proches. Je dirai donc, en definitive, que l'examen du lexique et de la syntaxe des propositions

interrogatives indirectes ne revele pas de difference notable entre Piaute et Terence et je crois qu'il ne faut pas exagerer la distance entre le parier de Piaute et celui du cercle phil-hellene de Scipion Emilien fr^quente par Terence.

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Sur la difference de niveau de langue entre Piaute et T^rence 9SS

References bibliographiques

Blery H. (1909), Syniaxe de la Subordination dam Terence, Paris. Bodelot, C. (1981), Procedes et matetiel de l'interrogation indirecte en latin, Paris. Dangel, J. (1995), Histoire de la langue latine, Paris. Smith, G. (1999), Reflexions surle subjonctif latin archai'que et preclassique, Dreux.

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