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SNUipp Fédération Syndicale Unitaire HEBDOMADAIRE - 10 JANVIER 2004 - N° 265 - ISSN 1241 - 0497 Une école désorientée notre dossier sur la loi d’orientation Allemagne l’école en questions Françoise Hatchuel le rapport au savoir Appel unitaire pour le service public et l’école GRÈVE LE 20 JANVIER GRÈVE LE 20 JANVIER fenêtres sur . cours ( ) ( ) f e n ê t r e s sur . cours

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SNUippFédération Syndicale Unitaire

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Une écoledésorientéenotre dossier sur la loi d’orientation

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FrançoiseHatchuelle rapport au savoir

Appel unitaire pour le service public et l’école

GRÈVE LE 20 JANVIERGRÈVE LE 20 JANVIER

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E d i teudi 20 janvier nousserons en grève pourl’école et le pouvoird’achat.

Et si finalement ces deuxsujets étaient liés ?Nos ambitions pour l’écolereposent sur la volonté devoir réussir tous nos élèves,particulièrement les plusfragiles et ce dès lamaternelle.Nos exigences en matièred’accès à la santé, à l’emploi,à l’éducation pour tous sefondent sur la nécessité deréduire les inégalités.Elles nécessitent des servicespublics modernisés avec despersonnels qualifiés, plusnombreux et mieuxrémunérés.Au moment où se traduisentdans chaque département lesrestrictions budgétaires et lesredéploiements de moyensdans les écoles, legouvernement choisit demaintenir un projet de loid’orientation dont toutes lesfédérations de l’Educationdemandent l’abandon.La construction d’unpuissant mouvement s’impose : réussissons le 20 pour l’avenir des jeunes etdu Service Public.

Gilles Moindrot

( )( )fenêtressur . coursfenêtressur . cours

N° 265 10 janvier 2005

JGRÈVE DU 20 JANVIER :pour le service public et l’écoleASSURANCE MALADIE : la loi s’applique, les assurés payentCOHÉSION SOCIALE : la prise encharge par les territoires risque d’accroître les inégalités

LOI D’ORIENTATION :Notre analyse du pro-jet de loi et réflexionsde chercheurs

PORTRAIT : Florence Laskar, auxiliaire de vie scolaireVENDÉE-GLOBE CHALENGE :Ateliers sur l’environnement maritime ARTS À L’ÉCOLE : rebondissements !

UNESCO : un rapport surl’éducation dans le mondeINTERVIEW : FrançoiseHatchuel fait une approchepsychanalytique du rapport ausavoir

Dossier

Métier

Réflexions

Actu

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l o c a t i o n s

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( fenêtres sur cours)Hebdomadaire du Syndicat

National Unitaire desinstituteurs, professeurs

des écoles et PEGC - 128 BdBlanqui - 75013 Paris - Tél :

01.44.08.69.30 - [email protected] • Directeur de

la publication : Gilles Sarrotte• Rédaction : Charlotte Bœuf,Bernadette Groison, Michèle

Frémont, Delphine Henry,Philippe Hermant, Eliane

Lancette, Céline Lallemand,Pierre Magnetto, Christelle

Mauss, Gilles Moindrot,Jacques Mucchielli, Pascale

Pizzato, Guy Pourchet, GillesSarrotte, Sophie Zafari •

Impression BrodardGraphique - Coulommiers •Régie publicité : MISTRAL

MEDIA, 72-74 av Dr ArnoldNetter 75012 Paris Tél :

01.40.02.99.00 • Prix du numéro : 1 euro -

Abonnement 23 euros • ISSN1241 - 0497 • CPPAP 3695 D

73 S • Adhérent du Syndicat dela Presse Sociale

SYNDIQUEZ VOUS !

Le 20 janvier prochain, enseignants des écoles, vous êtes appelés à la grève avec l’ensemble des salariés de la fonction publique. Tempsfort d’une action commune affirmant nos ambitions pour l’égalité et la justice sociale, défendant nos emplois, nos salaires et les servicesrendus aux usagers, tous menacés par « la réduction des dépenses publiques ». Pour l’école, les coupes budgétaires se conjuguent à uneloi d’orientation qui ressemble fort à un renoncement à faire réussir tous les élèves. Pour échanger, mobiliser et gagner, le SNUipp a besoin de grandir et de se renforcer. Syndiquez-vous ! Adressez-vous à votre section départementale.

Sachant qu’à présent 66 % de la cotisation sera déductible des impôts, c’est le moment !

Affichages

P e t i t e s a n n o n c e s P e t i t e s a n n o n c e s P e t i t e s a n n o n c e s

TARIFS 2003 � Pour une l igne de 35 caractères (blancs inclus) - Tarif syndiqué / abonné 13 euros TTC - Tarif non syn-diqué 22 euros TTC � En pavé encadré sans fond couleur - Tarif syndiqué / abonné 17,50 euros TTC - Tarif non syndiqué 26 euros TTC la l igne de 35 caractères soi t 21,74 euros HT � En pavé encadré avec fond couleur - Tarif syndiqué / abon-né 22 euros TTC Tarif non syndiqué 33 euros TTC la l igne de 35 caractères soi t 25,08 euros HT.

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Rentrée 2005 : 700 postes pour 45 000 élèves de plus

Pour la rentrée 2005, 700 postes de professeur desécoles sont créés. Ce sont pourtant 45 000nouveaux élèves qui vont être accueillis dans leprimaire à la rentrée prochaine. Cela met enlumière les choix du gouvernement en matièred’éducation. Selon le document de préparation à larentrée scolaire 2005 du ministère de l’éducationnationale, trois critères sont pris en compte : lesévolutions démographiques, et la typologie desacadémies à partir de l’indicateur « territorial » etde l’indicateur « social ». En dernier lieu intervientun rééquilibrage des dotations entre les académies.C’est à ce titre que plusieurs académies se sont vusretirer des postes, alors même que certainesconnaîtront une hausse d’effectifs à la rentrée(Caen, Amiens, Besançon et Clermont-Ferrand). Ces 700 postes ne peuvent pas faire face à lapoussée démographique, ni répondre aux besoinsinsatisfaits. Encore une fois, le renoncement à faireréussir tous les élèves se confirme. Dans cettesituation, la formation continue des enseignants,l’éducation spécialisée, l’accueil des enfants dedeux à trois ans ou le remplacement ne sont pasprès d’être améliorés. L’opération « Cartonsrouges au gouvernement » contre le budget 2005menée au premier trimestre avait pour objectif dedénoncer ces choix. C’est parce que cette situationest inacceptable qu’elle constitue pour le SNUippun des motifs de l’appel à la grève du 20 janvier(lire p.7).

Le mouvement de solidarité envers les populations d’Asie du sud, victimes du raz de marée survenu le 26 décembre dernier est ex-traordinaire. Les aides affluent de tous les pays, de tout un chacun.C’est essentiel.Plus d’un million de personnes ont été déplacées. L’aide internationa-le s’organise pour faire face à une catastrophe jugée « sans précé-dent » et à ses conséquences sanitaires. Eviter toute épidémie ou leurpropagation et rétablir l’alimentation en eau potable sont à cette heureles priorités. Les enfants sont les plus vulnérables aux maladies véhi-culées par l’eau, en particulier la malaria et la diarrhée.Cet élan de solidarité ne doit pas empêcher la réflexion ni estomper lesens des responsabilités. Ce sont encore les populations les plus dému-nis et les enfants qui sont les victimes.L’ampleur de ce drame humain met également en lumière la nécessitéde réduire les inégalités de développement. Pour faire face à ce type dephénomènes des systèmes de prévention et d’alerte doivent être mis en

place.Dans les écoles de France, les enseignants et les élèves en parlent. Lesimages ont choqué ; il faut entendre,comprendre et expliquer. La soli-darité financière s’y organise aussi. C’est l’urgence.Le SNUipp en tant que membre de l’Internationale de l’éducation,contribue au fonds de cette organisation qui fait à ce jour état de plusde 10 000 enseignants touchés avec leur famille. Il participera active-ment à la campagne coordonnée par « Solidarité Laïque » qui « avec le soutien de ses organisations membres et en lien avec ses par-tenaires locaux (associations, syndicats (1)…) apportera une aide auxpopulations touchées, en particulier aux élèves et aux enseignants ».Envoyez vos dons à : Solidarité Laïque pour les sinistrés du Sud-Estasiatique, 22 rue Corvisart – 75013 Paris.

(1) Le SNUipp avec d’autres syndicats, associations, coopératives et mutuelles composent Solidaritélaïque, association loi 1901, reconnue d’utilité publique, qui appuie ses actions sur les valeurs uni-verselles de laïcité. Ses programmes permettent de soutenir l’action contre les inégalités et l’exclu-sion de milliers d’hommes et de femmes en France et dans le monde.

A s i e : l a s o l i d a r i t é e n u r g e n c eCréations Suppressions

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+112 +25

Lille1- Paris

2- Créteil

3- VersaillesAmiens

Reims Nancy-Metz

Besançon

Dijon

Lyon

Grenoble

AixMarseille

Montpellier

Toulouse

Bordeaux

Guadeloupe

Martinique

Guyane

Réunion

Poitiers Limoges

Clermont-Fd

Nice

Corse

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Rouen

Caen

RennesNantes Orléans-

Tours

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Actu

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C’est la hausse record depuis 1998 del’indicateur « inégalités-pauvreté »entre 2002 et 2003, mesuré par le Réseaud’Alerte sur les Inégalités, collectif delutte contre les exclusions qui regroupedes organisations représentatives du tissusocial, créé en 1998.

Quel est l'objet de l'ANDEV ?Notre réseau recueille les in-formations de l'action scolaireau niveau communal et pro-duit des supports de formationsur ce domaine d'activité. Ils'agit de rompre l'isolementdes directeurs d'éducation desvilles en échangeant nos expé-riences diverses sur nos ac-tions (personnels, budgets, in-vestissements et actions édu-catives). Notre réseau est aussidevenu une interface avec lesinstitutionnels (élus locaux,ministère, éducation populai-re...).

L'ANDEV a réalisé une en-quête sur l'intégration des en-fants à l'école. Qu'en est-il ?15 % d'élèves sont encore en difficulté d'in-tégration (handicap, comportement...), mal-gré nos démarches communes avec l'éduca-tion nationale. Nous espérons beaucoup de laveille éducative qui consiste à rendre plus li-sibles les ressources existant sur le territoire,en mettant en relation les acteurs qui gravi-tent autour de l'enfant pour optimiser les ac-tions contre le décrochage scolaire.

Quelles sont les priorités del'ANDEV cette année ?Nous nous interrogeons sur lacréation d'une base élève dupremier degré impulsée parl'éducation nationale (identi-fiant pour suivre la scolarité)qui nierait la spécificité dulien écoles-communes. Quantaux EPLE, en l'état actuel desdiscussions, ils ne nous pa-raissent pas répondre auxquestions d'autonomie desécoles ou de temps pour lesdirecteurs. Suite à la décentra-lisation, les communes vontégalement devoir assumer leschoix personnels des famillesqui scolarisent leur(s) en-fant(s) dans le privé hors de la

commune, contrairement au public où lemaire donne l'autorisation. Enfin, les aspectsfinanciers du dispositif de réussite éducativedu plan Borloo nous paraissent intéressants,mais l'appui sur les caisses des écoles ne pa-raît pas être le meilleur moyen d'établir unpartenariat privilégié.

Propos recueillis parChristelle Mauss

Actu

« Mettre en relation les acteurs quigravitent autour de l’enfant »

Seconde carrière : les décrets sont prêtsA la rentrée 2005, ce sont 1000 postes, pour300 000 enseignants potentiellementconcernés, qui devraient être proposés dansles autres administrations de la Fonction pu-blique de l’Etat, les collectivités territorialesou les établissements hospitaliers. Les décrets sont prêts. Tous les enseignantssont concernés, y compris les instituteurs etles PEGC, sur intervention du SNUipp.Avec 15 ans de service d’enseignement,tous pourront postuler auprès du recteur :une commission d’instruction et d’orienta-tion donnera un avis fondé sur « les com-pétences et la manière de servir, par référen-ce aux avis des chefs d’établissement et despersonnels d’inspection ». Les candidatsseront détachés pour un an sans diminutionde rémunération et devraient bénéficier

d’une formation à l’emploi. Ensuite l’admi-nistration d’accueil prononcera l’intégrationimmédiate, ou la réintégration dans le corpsd’origine, ou le maintien du détachement. La possibilité pour les enseignants d’effec-tuer une deuxième carrière est consécutive àla réforme des retraites *. Il s’agit donc decompenser les conséquences de l’allonge-ment de la durée de cotisation en tenantcompte du caractère de pénibilité,d’«usure» du métier d’enseignant. Mais leSNUipp demande aussi d’autres réponsespour les fins de carrière dans le cadre mêmede l’Education Nationale (congés mobilité,rétablissement d’une CPA attractive, condi-tions de travail améliorées).

*(article 77 de la loi du 21 août 2003)

Forum Social MondialLe cinquième FSM, auquel la FSU partici-pe, se déroulera à Porto Alegre du 25 au 31janvier prochain. Cette manifestation dé-clinera onze thèmes allant de la « défensedes biens communs de la Terre et dupeuple » à la « lutte contre la guerre ».Cinq axes traverseront le fo-rum : « émancipation sociale et dimen-sion politique des luttes », « lutte contrele capitalisme patriarcal », « lutte contrele racisme », « genre » et « diversité ».

Intégration dans le corps desPE : « un métier, une carrière »Les chiffres du ministère datant de sep-tembre 2004 confirment ce qu’annonçait leSNUipp : le dispositif mis en place ne per-mettra pas l’intégration de tous les institu-teurs dans le corps des professeurs desécoles à la date prévue : la rentrée 2007. Aurythme actuel des promotions assurées parlistes d’aptitude ou par premiers concoursinternes réservés aux instituteurs, il resteraentre 7000 et 8000 personnes à intégrer pas-sée cette échéance. Le gouvernement netiendra pas ses engagements et précise quele budget 2008 prévoira l’achèvement del’intégration. Le SNUipp, lui, estime quel’engagement ministériel de 1998 doit êtrerespecté. C’est pourquoi il a lancé la péti-tion « Un métier, une carrière ! ». Letexte exige l’ouverture de négociationspour « l’intégration des instituteurs, avecdes mesures spécifiques pour ceux quin’auraient pas atteint les 15 ans de serviceactif », pour « le déblocage de l’avance-ment des PE sortis d’IUFM », pour« l’avancement de tous au grand choix »,et « pour la possibilité pour tous d’at-teindre l’indice 782 ». La pétition est dis-ponible auprès des sections départemen-tales du SNUipp.

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Claudine Paillard,présidente de l'ANDEV(Associaltion Nationale

des Directeurs del'Education des Villes)

+ 5,5%

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L’épisode des très rapides négociationssalariales dans la fonction publique afermé la boucle. La proposition de

Renaud Dutreuil, Ministre de la Fonction pu-blique d’augmenter en tout et pour tout de 1 % les salaires des fonctionnaires en 2005 at-teste du blocage.« Le refus de négocier s’inscrit dans une po-litique gouvernementale dont le service pu-blic et les agents font les frais avec notam-ment un affaiblissement et une remise encause du service public, une politique del’emploi faite de suppressions massives, demanque d’effectifs et de précarité accrue » (1).S’y ajoutent les inquiétudes quant au devenirdes garanties statutaires et les mesures autori-taires en guise de « dialogue social ».Considérant que « la situation implique unemobilisation des personnels dans l’unité laplus large pour exiger une politique des ser-vices publics répondant aux besoins », les organisations syndicales de la fonction pu-blique (1) ont appelé l’ensemble des agents à semobiliser le jeudi 20 janvier prochain en ma-nifestant et « en décidant la grève partout oùce sera possible ».Emploi, salaires, missions des services pu-blics ; dans la même semaine vont se succé-der sur ces thèmes des mobilisations impor-tantes. Grève à la poste le mardi 18 janvier, àla SNCF le 19 et dans la fonction publique,éducation nationale comprise, le 20 janvier.

Les fédérations de l’éducation avaient décidéen amont, d’une journée de grève et de mani-festation dans leur secteur souhaitant « qu’el-le puisse s’inscrire dans une mobilisationplus générale de l’ensemble des fonction-naires » (2). En effet, l’éducation nationalen’est pas la seule à être touchée par la réduc-tion de la « dépense publique ». Les coupesbudgétaires opérées dès 2003 et qui se sontpoursuivies au travers des budgets 2004 et2005 ont touché la plupart des services pu-blics et leurs salariés, considérés par le gou-vernement comme « un coût » à réduire,même si un récent sondage confirmait l’atta-chement que leur portent les Français et l’uti-lité qu’ils leur reconnaissent. Pour la FSU, es-

sentielle à la cohésion sociale, leur présencedoit être renforcée sur tous les territoires pourlutter contre les inégalités.

La grève du 20 janvier dans l’éducationconcrétise les efforts faits par les organisa-tions pour construire avec les personnels unemobilisation unitaire dans ce secteur. C’est entout cas le sens de l’action menée par leSNUipp et les syndicats de la FSU depuis larentrée. Les fédérations syndicales alertentmaintenant depuis plusieurs mois sur leslourdes conséquences du vote du budget2005. La réduction de l’offre de l’enseigne-ment, la diminution des moyens pour luttercontre l’échec scolaire, la dégradation desconditions de travail et d’enseignement, la di-minution massive des recrutements vont àl’encontre des objectifs affichés par le gou-vernement en matière de réussite de tous lesjeunes. Exemple criant et point d’orgue decette politique, le projet de loi d’orientationtrès largement rejeté par le Conseil supérieurde l’éducation le 16 décembre dernier (voirnotre dossier page 12 à 19).Pour les écoles maternelles et élémentaires, ilfaudrait se contenter de 700 créations depostes pour accueillir les 45000 élèves sup-pléméntaires. Aucun assistant d’éducationn’est prévu pour remplacer les 9500 aideséducateurs encore présents dans les écoles.Aucun moyen dans ces conditions qui per-

mette de dégager du temps pour le travail enéquipe, de mieux prendre en charge les élèvesen difficulté et mieux individualiser l’ensei-gnement avec plus de maîtres que de classeset des postes pour les RASED, de développerla formation initiale et continue des ensei-gnants… Aucun moyen qui traduise réelle-ment l’ambition budgétaire indispensable à latransformation de l’école pour la réussite detous les élèves.

Les personnels de l’éducation seront en grèveau moment où se traduiront concrètement,dans les cartes scolaires, les restrictions bud-gétaires et les redéploiements de postes. Al’appel des fédérations de l’éducation, ils exi-geront « l’abandon de ce projet de loi quiignore les attentes exprimées lors de mul-tiples débats et l’ouverture d’une véritablenégociation pour élaborer une loi ambitieusepour l’avenir des jeunes ». Ils revendiqueront« le rétablissement et la progression du pou-voir d’achat, une politique des services pu-blics répondant aux besoins de la société »(2). Ils débattront de la suite à donner à l’ac-tion engagée dans les assemblées générales lejour même.

Gilles Sarrotte

(1) Communiqué CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTCdu 22/12/04(2) Communiqué FAEN, FERC-CGT, FSU, SGEN-CFDT, UNSA Education du 21/12/04

Grève pour le service public et l’école !Au moment où s’élabore la carte scolaire, la nécessité d’un autre budget de l’éducation, le refus du projet de loi d’orien-tation et la progression du pouvoir d’achat seront au coeur de la grève unitaire du 20 janvier pour promouvoir le ser-vice public d’éducation et transformer l’école pour la réussite de tous les élèves.

Les coupesbudgétaires ont touchéla plupart des servicespublics et leurssalariés, considéréspar le gouvernementcomme « un coût » àréduire, même si unrécent sondageconfirmaitl’attachement que leurportent les français etl’utilité qu’ils leurreconnaissent.

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Actu

d’un Land allemand à l’autre » ironiseRenate Hendricks, présidente du Bundesel-ternrat, la fédération allemande des parentsd’élèves. Conséquence directe du systèmefédéral décentralisé, chacune des 16régions allemandes fixe ses propres

normes, ou presque, en matièred’enseignement. Ainsi, un élèvequi vient d’un Land du nord etqui souhaite poursuivre son cur-sus dans un Land du sud doitsouvent redoubler pour être auniveau. Les examens ne sontpas centralisés. En Rhénanie duNord-Wesphalie, chaque éta-blissement fabrique sesépreuves du bac en fonction duprogramme d’enseignement

qu’il a préalablement fixé, alors qu’enBavière ce même examen est régional.Résultat : il est parfois impossible de pré-tendre à une inscription dans une universi-té munichoise si l’on a passé son bac àCologne ! Alors que certains Länder offrent 24 heuresd’enseignement en primaire, d’autres n’en

Nos voisins allemandssont traumatisés par des

résultats qui se succèdentet se ressemblent. Le

premier test Pisa effectuépar l’OCDE classait

l’écolier germain à la 20e place des pays

occidentaux. Pisa 2, quiporte sur les

mathématiques, confirme.Le débat fait donc rage,

mettant en cause deuxpiliers de la RFA, son

fédéralisme et ses après-midi libres pour les

écoliers.

l est nécessaire que l’Alle-magne rattrape le niveaud’éducation des autres pays. Ily va de l’avenir économique etsocial de notre société » décla-

rait fin novembre le Chancelier GerhardSchröder. L’ampleur du débat à tous lesétages de la société allemande est à la hau-teur du traumatisme déclenché depuis 3ans par une série de rapports alarmantsconcernant son système scolaire. En 2001,les résultats du test Pisa 1 avait provoquéun premier choc. Cette enquête comparati-ve de l’OCDE sur le niveau des élèves de15 ans des 32 pays membres classait lesécoliers allemands au rang 20 et révélaitqu’un quart d’entre eux n’étaient pas enmesure de comprendre un texte simple. Lesrésultats de Pisa 2, portant cette fois sur lesmathématiques et renduspublics le 7 décembre dernier,sont toujours aussi médiocres :17e place. D’autres rapports del’OCDE, sortis en 2002, ontencore noirci le tableau. Ilsnotent d’énormes disparités derésultats selon les régions, attri-buent une partie des faiblessesde l’économie allemande à lastagnation du nombre d’étu-diants diplômés ou encore sou-lignent que les dépenses d’éducation del’Allemagne sont en dessous de la moyen-ne des autres pays membres. Tous les prin-cipes qui faisaient la particularité et la fier-té du système éducatif allemand sont ainsiremis en question.

« Mieux vaut déménager à l’étranger que

L’Allemagnesouffredu Pisa

« Mieux vaut démé-nager à l’étranger

que d’un Land alle-mand à l’autre »ironise Renate

Hendricks, prési-dente de la fédéra-

tion des parentsd’élèves »

« I

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proposent que 18. Et enfin, la Saxe dépen-se annuellement 3 900 euros par élève etHambourg 6 200.

Dans ce pays où toute référence à la disci-pline évoque des passés peu glorieux, on sedemande si l’on n’est pas allé trop loindans l’autre sens. Dans la salle des maîtresde cette école primaire du nord de la Hesse,on n’hésite en tout cas plus à le dire. « Aforce de ne pas vouloir brusquer nosélèves, on n’arrive plus à obtenir grand-chose de leur part » se désole Peter, 62 ans,qui attend avec impatience que s’écoulentles trois années qui le séparent encore deson départ à la retraite. Katarina, la directrice avoue avec effroique le mois dernier un parent d’élève amême été jusqu’à envisager de porterplainte contre une collègue qui auraitexhorté un peu trop sèchement son fils à seconcentrer sur son travail. De l’avis de lamajorité des enseignants présents autour dela table, le temps passé à négocier avecchaque enfant le calme et la concentrationdépasse de plus en plus la moitié d’une

heure de cours. « On envie vos classesfrançaises et vos écoliers si disciplinés ».

Mais l’école allemande est aussi mise encause dans ses pratiques pédagogiques.Jusqu’à présent on se soucie peu de cher-cher à rattraper un élève qui décrochepuisque dès l’âge de 10 ans, chacun estorienté selon ses résultats et ses capacités :les meilleurs rejoignent les Gymnasium(lycées menant aux études universitaires),les élèves moyens sont envoyés vers lesRealschulen pour un baccalauréat tech-nique tandis que les plus mauvais sontcasés dans les Hauptschulen pour y effec-tuer un apprentissage. Pourtant, la ministrefédérale de l’éducation Edelgard Bulmahnn’a de cesse de le rappeler : « les lacunesen lecture et en calcul révélées par PISAmontrent sans ambiguïté la nécessitéd’améliorer l’aide individuelle à l’en-semble des enfants pour donner à chacunles mêmes chances de réussite ». Et de rap-peler aussi que « les pays phares en matiè-re d’éducation, Finlande en tête, ont cecien commun qu’ils ont tous une attitudepositive vis-à-vis de l’école, attendentbeaucoup du travail scolaire et des résul-tats d’apprentissage ». Etant entendu aussique ces nouvelles tâches appelleront desqualifications supplémentaires pour lesenseignants allemands au-delà de leursmatières : méthodologie, didactique et uneformation continue qui deviendrait obliga-toire.Le débat sur l’école fait donc rage outreRhin, au point que le dossier scolaire a faitéchouer fin décembre les travaux de lacommission de réforme du fédéralisme…

Lucie Goar

Les après-midis mis en cause

Dès avant les résultats du premier test Pisa, plusieurs Länder s’interrogeaient déjà sur lapertinence de ce fameux modèle allemand d’une école à mi-temps avec classe le matinet après-midi consacrés aux loisirs. A l’époque où Guy Drut lançait en France son planAprès-midi sans cartable, les sociaux- démocrates allemands inscrivaient dans leur pro-gramme électoral la fin de ces après-midi chômés pour la raison essentielle que cela ne cor-respondait plus au fonctionnement de la société. En encourageant l’augmentetion des struc-tures d’accueil du jeune enfant et le développement des écoles à la journée par un pro-gramme d’aide aux régions de 4 milliards d’euros voté en mai 2003, le gouvernement fé-déral entend élargir un système qui permet de mieux concilier vie familiale et vie profes-sionnelle. Seules les très riches et catholiques Bavière et Baden-Wurtemberg, toujours fa-vorables à la femme au foyer, mais dans le même temps capables d’organiser socialementdes après-midi pour tous, voient les choses d’un autre œil.

Les tests PisaPisa (ProgrammeInternational de Suivides Acquis des élèves)est un programme misen place par l’OCDE.L’étude est centrée surles élèves de 15 ansdans 32 pays. L’étudede 2000 portait sur lamaitrise des compé-tences en langue pre-mière, mathématiqueset sciences, et celle de2003 a évalué la cultu-re mathématique.

Alors que cer-tains Länderoffrent 24 heures d’enseignementen primaire,d’autres n’enproposent que18 comme leBaden-Wür-temberg. Et enfin, laSaxe dépenseannuellement 3 900 euros parélève et Hambourg 6 200.

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Actu

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Assurance maladie : médecine à deux vitesses

L’accord signé le 15 décembredernier entre l’U.n.c.a.m (1) etdes syndicats de médecins

(projet de la future convention médi-cale) a donné le La à la réforme del’assurance maladie qui est entrée envigueur à partir du 1er janvier et dontles mesures vont s’échelonner jus-qu’en 2007.Au cœur du dispositif, tout au moinsen principe, le « médecin traitant ».Au motif d’inscrire les patients dansun parcours de soins coordonnés, les40 millions d’assurés sociaux vontêtre sous peu sollicités par les caissesd’assurance maladie pour choisir « leur » praticien. Ce dernier serachargé de donner les premiers soins,d’orienter à l’intérieur du système desanté et si besoin donc vers un méde-cin « correspondant », spécialiste leplus souvent.Pour être remboursé au meilleur taux(70 % sans complémentaire), la dé-marche devra être systématique. Si lepatient consulte directement un spé-cialiste (2) il sera moins bien remboursé (de60 à 65 %) et le médecin consulté pourrapratiquer des dépassements d’honoraires.Si le principe de confier à un médecin lerôle de guider le patient dans le système desoins pouvait être un élément d’améliora-tion de la qualité des soins et de réductiondu « nomadisme médical », le nouveau dis-positif concentre les critiques des syndicatsde salariés qui y voient une accentuation dela médecine à deux vitesses.Au travers de l’accord, peu de moyens nou-veaux sont donnés au médecin traitant, pourassurer la coordination des soins (hono-raires, outils d’organisation…). Quant auxspécialistes dont les honoraires, bloqués de-puis 10 ans, sont revalorisés, et autorisés àpratiquer les dépassements (jusqu’à + 17,5%), ils seront probablement enclins à privi-légier la prise en charge des malades horsparcours pour améliorer leurs gains. Lesmesures tarifaires n’étant par ailleurs pas

suffisamment incitatives pour les inscriredans la coordination des soins. Les filesd’attente s’allongeront, l’accès à un spécia-liste sera plus difficile pour les autres pa-tients.

Un milliard d’économies est envisagésur les dépenses de santé en 2005. Unemoindre couverture pour les patients enaffection de longue durée, une plusgrande difficulté à obtenir un arrêt demaladie et l’augmentation des hono-raires s’ajoutent désormais au forfaitd’un euro à charge du patient, à l’aug-mentation de la CSG pour les actifs etretraités et à l’augmentation du forfaithospitalier. En définitive, ce sont les as-surés qui subiront les conséquences del’accord. Les assurances complémen-taires vont augmenter leurs tarifs pourprendre en charge les dépassementsd’honoraires, ce que les mutuelles refu-seront probablement de faire. Il y a « une formidable désinformation à pré-senter cet accord comme une améliora-tion du système de protection socialealors que c’est une aggravation de l’in-justice sociale » relève le syndicat de lamédecine générale. « Les inégalitésdans l’accès aux soins risquent de s’ag-graver » confirme Jean Luc Bernard,président du Comité interassociatif sur

la santé.

(1) Union nationale des caisses d’assurance-maladie(2) Seuls les gynécologues, ophtalmologues et pé-diatres pourront être consultés directement.

Ce qui va changer pour les patients à partir du 1er janvier• Chaque assuré devra verser dès le premier janvier, une « participation forfaitaire » de uneuro pour chaque acte médical effectué en ville, sauf lors d’une hospitalisation.• La contribution sociale généralisée (CSG) atteindra 6,6 % ( + 100,4 %) pour les retrai-tés imposables. La CSG des salariés actifs sera calculée sur 97 % de leur salaire (95 % au-paravant).• Le forfait hospitalier journalier passera de 13 à 16 euros d’ici à 2007.• La consultation d’un généraliste restera fixée à 20 euros comme aujourd’hui. Elle est por-tée à 24 euros pour la prise en charge complète des nourrissons. • La consultation d’un spécialiste « correspondant » consulté pour des actes répétés passe-ra de 25 à 27 euros, puis à 28 euros en 2006. Une consultation ponctuelle coûtera 40 euros.• Un patient qui consulte directement un spécialiste sans passer par son « médcin trai-tant » peut se voir appliquer un dépassement d’honoraires jusqu’à 31,80 euros en 2005 et32,90 en 2006. Le malade sera remboursé 25 euros (tarifs sécu en secteur 1) et 23 euros(secteur 2, tarifs libres).

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Le 20 décembre dernier, l’Assembléenationale a définitivement adopté leprojet de loi sur la cohésion sociale

présenté par Jean-Louis Borloo, ministre del’emploi, du travail et de la cohésion socia-le. Le ministre délégué aux relations du tra-vail Gérard Larcher, a annoncé que « tousles services ministériels vont se mobiliserpour que ce texte s'applique de façon effica-ce dès le début de 2005 ». Les principauxdécrets d’application seraient publiés dansles 2 mois suivant la promulgation de la loi.Les députés de l’opposition ont fait savoirqu’ils préparaient un recours devant leConseil Constitutionnel, visant tout particu-lièrement les dispositions de la loiassouplissant les règles de licen-ciements et le transferts de chargesde l’Etat vers les collectivités.Dans le cadre de la « gestion pré-visionnelle des emplois », le texteouvre la possibilité d’anticiper lesplans sociaux par des négociationstriennales dans les entreprises d’aumoins 300 salariés. La possibilitéde réintégrer un salarié dont le li-cenciement est déclaré nul est sup-primée. Un droit de reclassementpersonnalisé pour les licenciéséconomiques est créé. Une partiede la loi de modernisation socialepermettant aux comités d’entreprise de pro-poser des solutions alternatives aux licen-ciements économiques est supprimée. Lafin du monopole de l’ANPE en matière deplacement dans le cadre du service publicde l’emploi est entérinée, les entreprises detravail temporaire y auront accès. L’ANPEpourra créer des filiales proposant des ser-vices payants, sauf pour les chômeurs.Quant au « contrat d’avenir » réservé auxallocataires du RMI, de l’ASS ou de l’API,il se traduit par une rémunération minimumpour les bénéficiaires et un faible coût sala-rial pour les entreprises. Les chômeurs au-ront du mal à résister aux propositions quileur seront faites, même si elles ne convien-

nent pas à leur situation, les contrôles les vi-sant étant durcis avec des sanctions gra-duées et la réduction des allocations de chô-mage en cas de refus. La quasi totalité desorganisations syndicales s’est prononcéecontre ces mesures.

La loi de cohésion sociale est construite entrois volets, l’emploi-formation, le loge-ment et l’égalité des chances. Le secondvolet prévoit la création de 500 000 loge-ments sociaux, dont 390 000 à la charge desbailleurs sociaux. Un accord a, dès le lende-main du vote de l’assemblée, été signé entreJean-Louis Borloo et Michel Delebarre,

président de l’Union sociale des HLM et an-cien ministre. Le nombre de demandes delogements sociaux est estimé à 1,75 millionet aucune disposition opposable aux com-munes qui ne lancent pas suffisamment deprogrammes sur leur territoire n’a été prise.La troisième partie de la loi comporte plu-sieurs articles relatifs à l’éducation. Ces der-niers prévoient la création de 150 plates-formes de réussite éducative dans les col-lèges et de 750 équipes de réussite éducati-ve dans les zones urbaines sensibles (lireFsc 264). Le texte voté par le parlement pré-cise que « les dispositifs de réussite éduca-tive mènent des actions d’accompagnementau profit des élèves du premier et du second

Loi de cohésion sociale :plus d’inégalités à l’école

degrés et de leurs familles, dans les do-maines éducatif, périscolaire, culturel, so-cial ou sanitaire. Ils sont mis en œuvre dèsla maternelle ». La loi définit le cadre juri-dique dans lequel évolueront ces dispositifs.Il pourra s’agir d’un Groupement d’intérêtpublic, ou d’un établissement public localde coopération éducative créé par le Préfetsur proposition d’une commune ou un éta-blissement public de coopération intercom-munale.Le SNUipp, qui a participé à un groupe detravail interministériel, avait émis de sé-rieuses réserves car « le caractère commu-nal ou intercommunal des dispositifs de

réussite éducative risque fort deconduire à des inégalités territorialesimportantes et à une diversité quipourrait générer des abus. » Letexte voté ne rompt pas le silence desministères, et notamment celui del’Education nationale, sur la possibi-lité d’un moratoire sur la carte scolai-re en REP-ZEP alors qu’il s’agissaitd’une proposition formulée par Jean-Louis Borloo lui-même en juin 2004.Enfin, le SNUipp constate aussi quel’essentiel des financements reposepour une grande part sur les collecti-vités locales dont l’engagement restetributaire de leurs capacités budgé-

taires et/ou de leur volonté politique en ma-tière éducative, et qu’il est reporté à près de85 % à la prochaine mandature. En effet, la loi confirme que les crédits del’Etat pour la mise en place de dispositifs deréussite éducative estimés à 1,469 milliardd'euros seront débloqués progressivement :62 millions d'euros en 2005, 174 millions en2006 et 411 millions chaque année en 2007,2008 et 2009. Dans sa globalité, le coûtpour l’Etat de la loi de cohésion socialeavait été évalué à 12,727 milliards d’euros,répartis à 75 % entre 2007 et 2009.

Pierre Magnetto

Sur le plan de l’éducation, la loi de cohésion sociale fait peser le risque d’une aggravation des inégalitésterritoriales entre les communes, en fonction des financements qu’elles allouent à leur politique éduca-tive.

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Contre, le SNUipp a voté contre le pro-jet de loi d’orientation de l’école pré-senté le 15 décembre par le ministère

de l’Education nationale, de l’enseignementet de la recherche, devant le Conseil Supé-rieur de l’Education. « Ce qui caractérise ceprojet de loi, c’est qu’il ignore l’école pri-maire même si le Contrat Individuel de Réus-site Educative se veut la réponse à la diffi-culté scolaire. Comme si les 15% d’élèves endifficulté à l’entrée au collège constituaientune référence inéluctable ! », a notammentdéclaré Gilles Moindrot, co-secrétaire géné-ral et porte parole du SNUipp. Le texte n’ap-porte pas de réponses aux questions que seposent les enseignants pour faire redémarrerla démocratisation de l’école, dans uncontexte où chacun estimeque « l’ascenseur social »est en panne. Il « relèved’une logique de renonce-ment à faire réussir tous lesélèves ».

Dès le début des discussions,un vœu a été adopté par leCSE. Il invite le ministre à « reprendre son projet, ou-vrir de véritables négocia-tions ». Comme on le pres-sentait, le vote du Conseil aété très majoritairement dé-favorable au projet de loi (39 contre, 4 pour,9 abs.). Depuis son passage sur France 2, il aeu beau multiplier les déclarations, FrançoisFillon est reparti sans convaincre. Dans lafoulée, le ministre a informé qu’il présente-rait son texte au Parlement comme prévu le15 février. Il est vrai que si l’avis du CSEétait obligatoire avant son passage en Conseildes ministres le 12 janvier, il reste seulementconsultatif.

Pour le SNUipp qui appelle à la grève le 20 janvier (lire page 7), le texte reste large-ment contestable sur de nombreux points(lire pages 14 à 17), mais plus encore sur ladémarche de fond qu’il engage. Le ministreassurait début décembre que « la loi ne fixeplus des objectifs mais des résultats »,comme si l’on fabriquait les élèves. Or laréussite ne se décrète pas, elle nécessite d’ac-compagner les élèves dans leurs apprentis-sages et leur développement, avec lesmoyens humains et pédagogiques néces-saires. « C’est la première réforme depuisJules Ferry qui fait aussi peu de place à lapédagogie, donc au travail en profondeurdes enseignants pour la réussite des élèves »dit Philippe Meirieu, directeur de l’IUFM de

l’académie de Lyon (lirepage 19). Or, la seule réponseapportée pour lutter contrel’échec scolaire réside dans leCIRE construit sur un par-cours individualisé. Tout aulong du texte, il est abondam-ment fait appel à un champlexical (talents, volonté, ca-pacités, aptitudes…), quin’est pas sans rappeler « lathéorie des dons » (lire page18). Le ministre introduitmême le concept de « mérite» qui désormais constituera

un critère déterminant dans l’attribution desbourses.

Le SNUipp considère que ce texte est inac-ceptable. Il ne pourra pas ré-enclencher leprocessus de démocratisation de l’école, quiest pourtant une des ambitions affichées :pas un jeune sortant du système éducatif sansqualification, 80% d’une tranche d’âge au ni-veau du BAC et maintenant, comme le pré-

Contre l’avis trèslargement majoritairedu Conseil Supérieur

de l’Education, legouvernement

maintient son projet deloi d’orientation de

l’école. Présentation enconseil des ministres le

12 janvier, puis encommission à

l’Assemblée nationalele 8 février et débat

devant les députés unesemaine plus tard :

François Fillon veutaller vite.

Une écoledésorientée

Dossier réalisé parMichelle Frémont

Pierre MagnettoGilles Sarrotte

Dossier

Ce texte estinacceptable. Il ne

pourra pas ré-enclencher le

processus dedémocratisation de

l’école, qui est pourtantune des ambitions

affichées

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conisaient déjà les études de prospectives, 50 % accédant à un diplôme d’études supé-rieures. Les mesures vont à contresens, d’au-tant que dans le chapitre consacré aux « Orientations et résultats assignés au systè-me éducatif », aucune loi de programmationn’est avancée, et les besoins ne sont pas chif-frés (lire encadré ci-dessous), sans parler desrecrutements qui ne combleront même pas lenombre de départs à la retraite.

Deux volets du projet de loi illustrent parti-culièrement ce grand écart entre effet d’an-nonce et réalité du projet. D’abord, celuiconsacré à l’école maternelle. Elle est « lelieu des accrochages, dit le psychanalisteJean Epstein (lire page 17). Si l’accrochagese fait bien, tout se passera bien ». La loipropose d’en faire le lieu où les élèves « sepréparent aux premiers apprentissages fon-damentaux de l’école élémentaire ». Aucontraire, tout l’enjeu aurait été de recon-naître sa spécificité qui est l’accompagne-ment dans le passage de « l’enfant » à « l’élève » à travers des apprentissages spé-cifiques.

Autre point illustrant les incohérences : laformation initiale et continue. Deux disposi-tions phares sont prévues : l’intégration desIUFM à l’Université et 20 heures de forma-tion par an cumulables sur 6 ans mais horstemps de travail pour la réalisation de projetspersonnels. La première ne garantit en rienque la formation initiale des maîtres s’entrouvera améliorée, la seconde va à l’en-

contre de la nécessité d’apporter une forma-tion continue sur le temps de travail, indis-pensable à la mise à jour des compétencesprofessionnelles nécessaires à la qualité desenseignements (lire page 16). Lors du CSE,ces mesures ont fait l’objet de nombreusesinterventions de l’ensemble des syndicats,qui laissent augurer d’une forte mobilisationdans les semaines à venir.

Les objectifs ne seront pas atteints

Dans son article 2, le projet de loi définit des objectifs : augmenter de 20 % le nombre debacheliers issus des familles défavorisées, accroître de 15 % le nombre d’étudiants suivantune filière scientifique (hors santé), de 20 % celui des jeunes filles dans les filières scien-tifiques, de 20 % le nombre d’élèves atteignant le niveau B1 du cadre commun de réfé-rence pour les langues du Conseil de l’Europe, de 20 % le nombre d’enseignants suivantune formation continue durant leur carrière… Par ailleurs, dans la première partie du pro-jet consacrée au droit à l’éducation, il confirme les objectifs de démocratisation fixés parla précédente loi et en fixe de nouveaux pour l’accès à l’enseignement supérieur (lire page14). Devant le CSE, le ministre a indiqué que « les mesures seraient financées » à hau-teur de 2 milliards d’€. Mais ces mesures sont inadaptées et aucune loi de programmationn’est proposée. Les moyens ne sont pas chiffrés. Les objectifs ne seront pas atteints.

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Dossier

L e s p o i n t s c l e f sNous publions dans ces pages, les principaux extraits des articles de la loi d’orien-tation de 1989 qui sont modifiés par le projet actuel, ainsi que des passages du rap-port annexé qui sera soumis au vote du parlement. Chacun de ces extraits est ac-compagné d’un bref commentaire.

Le droit à l’éducation

Article L 111-1 Le nouveau texte stipule que « la na-tion fixe comme mission première à l’école de donnerà chaque élève la conscience des valeurs de laRépublique ». L’éducation reste « la première priori-té national », de même que « le droit à l’éducation est(toujours) garanti à chacun ».L’annexe, elle, souligne que « l’école a un rôle fon-damental à jouer pour assurer le maintien du soclerépublicain », et insiste sur sa vocation à « trans-mettre aux élèves les valeurs morales qui fondent lavie en société ».Le terme de « communauté éducative » est remplacépar « école » ce qui semble avoir un sens plus res-trictif. S’agit-il d’une remise en cause du rôle joué parles personnels non enseignants de l’Education natio-nale et des collectivités au sein des équipes, des pra-tiques pluridisciplinaires ? D’autre part, si les valeursde la république peuvent être un des objectifs, il fautse garder de revenir à une instruction moralisante etprivilégier la construction de valeurs communes.

Scolarisation des élèves handicapés

Les textes existants ne sont pas modifiés et l’annexe réaffirme que « l’éco-le doit garantir les conditions de l’égalité des droits et des chances auxélèves handicapés. La création de 1000 Unités Pédagogiquesd’Intégration est annoncée d’ici à 2010.Il n’y a là rien de nouveau par rapport aux anciens textes, si ce n’est ce quipourrait être perçu comme une régression : la scolarisation dans l’établis-sement le plus proche du domicile de l’élève devient une « priorité »quand elle était obligatoire précédemment. Quant à l’annonce de créationde nouveaux UPI, ce sont les mêmes que ceux annoncés par Luc Ferry etdont la réalisation devait débuter en… 2003.

Les objectifs de réussite

Article L 111-6« La Nation fixe au système éducatif l’objectif de ga-rantir que 100 % des élèves aient acquis au terme deleur formation scolaire un diplôme ou une qualifica-tion » dit le texte, tout en réaffirmant la nécessité deconduire « 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac-calauréat » et, point nouveau, « 50 % à un diplôme del’enseignement supérieur ». D’autre part, les aidessont attribuées aux élèves « selon leurs ressources etleurs mérites ».L’annexe précise que l’école « doit soutenir les plusfaibles tout en encourageant les meilleurs à se dépas-ser » et confirme qu’un « effort exceptionnel sera réa-lisé au profit des élèves boursiers ayant manifesté parleur travail une volonté de progresser ».La loi reprend les objectifs qui étaient ceux fixés en1989, en y ajoutant un nouveau palier : 50 % desélèves accédant à un diplôme du supérieur, comme lepréconisaient déjà les récentes études prospectives.Mais rien n’est dit sur les moyens permettant de lesatteindre. Enfin, pour le SNUipp, l’introduction du « mérite» dans les critères d’attribution des boursesest tout simplement inacceptable . Elle ignore l’im-portance de l’environnement social, économique etculturel dans la réussite ou l’échec scolaire, la seulemanifestation de la « volonté » des élèves ne pouvantassurer leur réussite.

L’objectif de l’école est la réussite de tous les élèves

Article L 122-1Selon le texte « la formation scolaire doit , sous l’autorité des enseignants etavec l’appui des parents, permettre à chaque élève de réaliser le travail né-cessaire tant à la mise en valeur de ses qualités personnelles et de ses apti-tudes qu’à l’acquisition des connaissances et de la culture générale et tech-nique qui seront utiles à la construction de sa personnalité, à sa vie de ci-toyen et à la préparation de son parcours professionnel...».L’annexe estime « indispensable de recentrer l’école sur ses missions es-sentielles : la transmission des connaissances et l’apprentissage des savoir-faire, la construction des valeurs sociales et morales, la reconnaissance dumérite, la qualification des jeunes pour l’emploi »Le risque est d’inscrire la mission de l’école dans une démarche de révéla-tion des aptitudes et qualités individuelles, plutôt que dans une démarched’apprentissage pour tous. En outre, la mission de formation scolaire ne faitplus référence aux établissements d’enseignement chargés de la dispenser.Est-ce la porte ouverte à d’autres intervenants que l’Education nationale, etlesquels ?

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La maîtrise des connaissances et des compétencesindispensables

Article L 131-1-2Le texte indique que « la scolarité obligatoire doit au minimumgarantir l’acquisition par chaque élève d’un ensemble de connais-sances et compétences indispensables comprenant : la maîtrise dela langue française , la maîtrise des principaux éléments de ma-thématiques, une culture humaniste et scientifique permettantl’exercice de la citoyenneté, la pratique d’au moins une langueétrangère, la maîtrise des techniques usuelles de l’information etde la communication ». Le contenu doit être précisé « par décretpris après avis du Haut conseil de l’éducation ».Quant à l’annexe, elle précise qu’il s’agit « d’instaurer une obli-gation de résultats qui bénéficie à tous, et permette à chacun dedévelopper ses talents ».Au-delà de la répétition récurrente de la notion de « talents » indi-viduels, on note des définitions variables « des connaissances etdes compétences indispensables » selon que l’on se réfère à l’ar-ticle du projet de loi ou à son annexe. L’EPS, l’éducation artis-tique ne figurent pas dans le socle : seront-ils réellement dispensésaux élèves ayant des difficultés à maîtriser ce fameux « socle » ?Tout doute n’est pas interdit quant à l’interprétation restrictive quipourrait être faite de la notion de « socle » comparée à celle de« culture commune », d’autant que les passages traitant du « Bre-vet » font référence, eux, à un « savoir minimum ».

Le Haut conseil de l’éducation

Titre V, article L 251-1Le texte crée un Haut conseil de l’éducation composé de neufmembres. Trois sont désignés par le Président de la République,deux par celui de l’Assemblée nationale, deux par celui du Sénatet deux par celui du Conseil Economique et Social, le Président dece Haut conseil étant désigné par le chef de l’Etat. Cette instan-ce est chargée de donner au ministre de l’éducation nationale « desavis sur toute question générale relative à la pédagogie, aux pro-grammes, aux modes d’évaluation des connaissances des élèves, àl’organisation et aux résultats du système éducatif, à la politiquede formation des enseignants ». En outre, dans l’alinéa suivant (L251-2), le projet charge le Haut conseil de rédiger « annuellementun bilan public des résultats obtenus par le système éducatif ».Selon le rapport annexé, ce conseil est un « organe consultatif in-dépendant ».On est en droit de douter de « l’indépendance » du Haut conseil del’éducation qui remplace le Conseil national des programmes et leHaut conseil à l’évaluation. Ces derniers étaient composés de per-sonnalités appartenant au monde de l’éducation, avec des repré-sentants syndicaux, les usagers du service public d’éducation na-tionale. Le nouveau mode de désignation ne précise pas sur quelscritères les personnalités seront choisies et fait craindre une politi-sation de la nouvelle instance.

L’organisation générale des enseignements

Chapitre 1, article L311-3-1L’organisation de la scolarisation par cycles est maintenue. Leprojet de loi introduit les fameux CIRE. « Lorsqu’il apparaîtqu’un élève risque de ne pas maîtriser les connaissances et lescompétences indispensables à la fin d’un cycle, le directeurd’école ou le chef d’établissement propose à la famille, demettre en place un contrat individuel de réussite éducative »,« signé par l’élève, ses parents, le directeur d’école ou le chefd’établissement, le maître ou le professeur principal ». Les dis-positifs de soutien pendant le temps scolaire et éventuellementen dehors de ce temps y sont précisés, de même qu’y est défi-ni un parcours individualisé.L’annexe ajoute que « l’ensemble des dispositifs existants devraêtre restructuré ». Dans « l’enseignement primaire ce contratindividuel sera mis en œuvre par les enseignants ». Le caséchéant, l’IA mettra à la disposition de ces derniers des col-lègues ayant acquis une formation complémentaire, des assis-tants d’éducation, des médecins et psychologues scolaires et uti-lisera par redéploiement les moyens des RASED. Le CIRE devient la seule mesure envisagée pour soutenir lesélèves en difficulté. Il propose une individualisation des par-cours, par ailleurs stigmatisante (lire aussi page 18 ).Quant aux dispositifs ou outils existants, leur devenir n’est pasprécisé.

Article L 311-7Le texte ajoute qu’au « terme de chaque année scolaire, aprèsavoir recueilli l’avis des parents, le conseil des maîtres dans lepremier degré (…) apprécie les conditions dans lesquelles sepoursuit la scolarité de l’élève ».Concrètement, le redoublement en cours de cycle deviendraitpossible au terme de chaque année scolaire, ce qui est en contra-diction avec l’esprit des « cycles » qui prévoit l’apprentissage decompétences sur trois ans. En outre, rien n’est précisé sur le dé-pistage des difficultés et sur le soutien à l’issue du Cycle 1.

La santé scolaire et le service social

Pas d’article, mais dans l’annexe figure le projet d’étendre lesmissions des médecins scolaires au dépistage des troubles desapprentissages et au suivi des élèves en difficulté.Le SNUipp s’interroge vivement sur la nécessité d’une telle pré-conisation assimilée à une tentative de médicalisation des diffi-cultés scolaires alors que ces dernières appellent des moyens etdes dispositifs bien plus complexes. C’est pour partie le travailassuré par les psychologues et personnels des RASED qui doitêtre développé.En outre, se pose aussi la question de la formation des médecinsscolaires face à ces nouvelles compétences.

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DossierLes relations avec les parents

Pas d’article, mais l’ annexe du projet indique que « les familles sont associées régulièrement, au moins pardeux rencontres annuelles, à l’élaboration progressive du projet d’orientation, et sensibilisées à l’orientationdes filles vers des filières plus diversifiées ». Les parents ayant des difficultés « à suivre la scolarité de leursenfants pourront bénéficier de l’action des “ programmes familiaux locaux ” initiés par l’agence nationale delutte contre l’illettrisme ».Le moins que l’on puisse dire, est que les fédérations de parents d’élèves ne sont guère satisfaites de ce texte.La référence la plus sérieuse faite aux parents se trouve dans les articles consacrés au CIRE. En revanche, mêmesi leur appartenance à « la communauté éducative » est réaffirmée, rien n’est dit sur leur relation avec l’écoleet les enseignants. Le SNUipp considère que dans le respect des prérogatives respectives des parents et des en-seignants, le partenariat et la coopération ne peuvent que faciliter à la fois l’intégration des enfants à l’école,leur capacité à devenir élèves, leur réussite dans les apprentissages.

Les équipes de réussite pédagogique

Ce projet relevant du « Plan de Cohésion Sociale », seul le rapport annexéen parle. Il promet que « l’efficacité pédagogique et éducative » des zonesd’éducation prioritaire, « sera améliorée ». Les équipes de réussite éducati-ve « accueilleront les élèves dès la maternelle et les aideront à organiserleur temps après l’école et le mercredi après-midi ». L’annexe rappelle laliste des professionnels pouvant faire partie de ces équipes (lire page 11).Pour une fois que le texte aborde la question des ZEP, il le fait en deux lignes ! Mais surtout, il est navrant de constater que dans son projet de loi leMinistre n’apporte pas de réponse sur le temps scolaire, si ce n’est par l’in-termédiaire du CIRE. Exit donc le plus de maîtres que de classes, le tempsde travail en équipe…

L’école maternelle

Article L 321-2Selon le projet de loi « l’école maternelle compor-te une première approche des outils de base de laconnaissance et prépare les enfants à effectuer lesapprentissages dispensés à l’école élémentaire ».L’annexe ajoute que « l’accueil des 2 ans reste as-suré en priorité dans les écoles situées dans un en-vironnement social défavorisé ». « Les élèves degrande section consolident les apprentissages del’école maternelle en même temps qu’ils se prépa-rent aux premiers apprentissages fondamentaux del’école élémentaire. »Le texte consacré à la maternelle n’apporte rien deneuf, si ce n’est qu’il insiste sur la vocation à pré-parer aux apprentissages de l’élémentaire. On au-rait aimé que le projet soit porteur d’une ambitionnouvelle, notamment sur les 2 ans et sur les ap-prentissages spécifiques à la maternelle . C’est leservice minimum !

Le recrutement et la formation des maîtres

Article L 625-1Le texte prévoit que chaque IUFM soit intégré à l’Université. Pour la for-mation continue, un crédit de 20 heures cumulables sur six ans est pris horstemps scolaire. L’annexe annonce le recrutement entre 2006 et 2010 de 30 000 professeursdes écoles, des collèges, conseillers principaux d’éducation, et conseillersd’orientation psychologues par an. 13000 postes par an sont réservés au pri-maire quand le seul renouvellement des départs à la retraite en nécessiterait16 000… L’intégration des IUFM sous trois ans à l’Université ne garantiten rien l’amélioration de la formation initiale et continue. L’articulationentre formation universitaire et professionnelle, la pluridisciplinarité deséquipes de formateurs, le devenir des maîtres formateurs et des PE nommésdans les IUFM, les inégalités dans l’offre de formation entre instituts, la ga-rantie des crédits accordés aux IUFM et à leurs centres départementaux, ledevenir de la formation spécialisée, le degré d’autonomie des instituts… delourdes interrogations pèsent sur le système. Quant à la nécessité de déve-lopper et de garantir la formation continue sur le temps de travail pour lamise à jour des compétences professionnelles, le projet de loi n’en tient pascompte et on peut craindre que le crédit de 20 heures ne se substitue au droità la formation continue sur le temps de travail, qui, par ailleurs, subit tou-jours des amputations budgétaires.

L’école primaire

Article L 321-3Le texte revient sur la « formation primaire dis-pensée dans les écoles élémentaires ». Elle « com-prend un premier apprentissage d’une langue vi-vante étrangère ». Selon l’annexe, sa vocation première reste d’ap-prendre à lire, à écrire, à s’exprimer oralement età compter. L’enseignement des langues sera pro-gressivement généralisé au CE1.Les objectifs ainsi énoncés ne sont pas nouveauxau regard des programmes de 2002. Reste une in-connue concernant la pratique d’une langue vi-vante : la définition en postes et en formationcontinue des moyens nécessaires.

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« La petite section est la clé du système éducatif »

Jean Epstein, psychosociologue, s’inscrit en faux contre la campagne menée au-jourd’hui avec l’appui « d’experts » du développement psychologique de l’enfantqui décrètent que la scolarisation à deux ans serait trop précoce.

Que pensez-vous de la controverse autourdes conséquences de la scolarisation desenfants de 2 ans ?Je n’entrerai jamais dans ce débat car il oc-culte le fait de s’intéresser à l’enfant en tantque personne. C’est idiot d’être opposé parprincipe. D’abord l’école est gratuite, ce quin’est pas le cas des autres modes de garde.Ensuite elle profite à certains enfants qui à2 ans s’embêtent à la crèche. Mais inverse-ment certains enfants de 4 ans ne sont pasprêts pour l’école.

Peut-on affirmer comme le font certainsexperts que la scolarisation précoce estnéfaste ? La recherche est unanime sur le développe-ment des enfants : il est très précoce, globalmais aussi d’une incroyable variabilité d’unenfant à l’autre. Il n’y a aucune norme ab-solue qui fixerait l’âge auquel un enfantmarche, est propre (entre 2 et 6 ans) ou maî-trise la lecture (entre 4 et 9 ans). En fait celane se réalise que quand l’enfant est prêt. Onne peut rien faire pour le mettre en avance,mais on peut le mettre en retard.

A quoi faut-il donc être attentif en matièrede conditions d’accueil ? La massification ne permet pas la socialisa-tion des enfants. Ainsi une enseignante dansune petite section de 30 enfants n’en voitqu’une moitié. Pour les autres, il y ad’abord ceux qui pensent « elle ne m’aimepas et moi je ne l’aime pas non plus », ilssont invisibles, inhibés. Et il y a ceux qui di-sent « je veux qu’elle m’aime » et tor-pillent les actions des autres, ils veulent lamaîtresse pour eux tous seuls. Par ailleurs si un enfant n’est pas prêt, ilrisque de décrocher. L’école maternelle, jela définis comme le lieu des accrochages,où les familles apprennent à prendre contactavec l’école.

Justement comment interpréter le choixdes parents pour une scolarisation préco-ce ?Il y a un malentendu : l’école maternellen’est pas et ne doit pas être une école pré-élémentaire. Par exemple il faut absolumentrespecter la sieste car le sommeil est très liéà la mémoire. De même les évaluations defin du cycle 1 devraient être rejetées, nonpas qu’il ne faille pas évaluer, mais il faut lefaire par rapport à la propre progression del’enfant.

Que peut-on attendre de l’école maternel-le pour les enfants de 2 ans ?« Le problème avec les enfants de 2 ans,c’est qu’ils n’ont pas 3 ans ». Il y a des dif-férences énormes. Peut-être les « jardinsd’enfants » seraient-ils à réinventer.L’école maternelle n’est pas forcémentadaptée en termes d’espace, d’effectifs. Iln’est pas certain que les enseignants soientassez formés pour les tout jeunes enfants.Mais je suis à fond pour l’école maternelleà condition qu’elle ne soit pas considéréecomme une « sous-école ». La petite sec-tion est la clé du système éducatif et l’en-seignant d’école maternelle est le plus im-portant de tous les enseignants. Si l’accro-chage se fait bien, tout se passera bien.

Entretien avecJean Epstein

La promotion de l’égalitéentre les filles et les garçons

Article L 401-2Le texte préconise pour chaque écolel’établissement d’un règlement inté-rieur fondé sur « le respect des prin-cipes de laïcité (…), le devoir de tolé-rance et de respect d ‘autrui (…), lagarantie de protection contre touteagression physique (…), le principed’égalité et de respect mutuel entre lessexes ».L’annexe propose de lancer des actionsspécifiques dans trois domaines : laprise en compte dans l’orientation desquestions de mixité, l’accès des jeunesfilles aux métiers scientifiques et tech-niques, la garantie d’un contenu nondiscriminatoire dans les manuels.Ces dispositions sont conformes auxlois en vigueur sur la laïcité et sur lanon discrimination.

La liberté pédagogique

« La liberté pédagogique de l’ensei-gnant s’exerce dans le respect des pro-grammes et des instructions du mi-nistre de l’éducation nationale et dansle cadre du projet d’école ou d’établis-sement, avec le conseil et sous lecontrôle des membres des corps d’ins-pection », dit le texte.L’annexe ajoute que « le soutien per-sonnalisé aux élèves en difficulté faitpartie des missions des enseignants. Ilprend sa pleine efficacité dans le tra-vail en équipe et la concertation péda-gogique »Le projet n’apporte rien de nouveau, laliberté pédagogique s’étant toujoursexercée dans un cadre définissant lesmissions de l’école et les projets édu-catifs. En revanche la dimension col-lective de l’exercice du métier est seu-lement évoquée dans le cadre du trai-tement des difficultés scolaires, ce quirenforce l’idée que l’enseignant est leseul maître à bord dans sa classe etpourrait constituer une régression enterme de pratiques pédagogiques.

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Faire réussir tous les élèves ? Le redoublement mis à l’ordre du jour et le C.I.RE sontdes mesures inadaptées pour répondre à l’objectif. le SNUipp avance d’autres propo-sitions allant du développement du travail en équipe à celui de la formation pour libé-rer et dynamiser la créativité professionnelle des enseignants.

laissent supposer l’existence de destinéesscolaires déjà tracées. Une résurgence de « lathéorie des dons ». Dès lors il s’agit « d’ins-taurer une obligation de résultats qui bénéfi-cie à tous, et permette à chacun de dévelop-per ses talents et d’atteindre ses objectifspersonnels et professionnels ». Dans la loimodifiée, ça devient : « permettre à chaqueélève de réaliser le travail nécessaire tant àla mise en valeur de ses qualités personnelleset de ses aptitudes… ».

Quelles sont les mesures proposées pourvaincre l’échec et assurer la réussite de tous ?Inconséquence disions-nous, car la loi nepropose presque rien pour le primaire et rienqui ne soit nouveau pour les 15 % d’élèves endifficulté. Rien qui n’ait déjà prouvé son in-capacité à apporter les réponses à cet échec.Retour au redoublement qui devient à nou-veau possible à la fin de chaque année aunom de la « liberté pédagogique » retrouvéedes maîtres ! Liberté en la circonstance bienillusoire. Si les « enseignants restent attachésà cette pratique » c’est « faute d’une meilleu-re solution » souligne le quotidien « LeMonde » (voir page 25). L’étude inédite del’Institut de recherche en éducation que le

«L’objectif de l’école estla réussite de tous lesélèves ».

L’exposé des motifs du projet de loid’orientation pour l’avenir de l’éco-le prend soin de rajouter que cetteobjectif est maintenant « inscrit entête du chapitre sur les objectifs etles missions de l’enseignement sco-laire ». Le code de l’éducation seramodifié pour intégrer cette affirma-tion nouvelle dans la loi.Du rapport de la Commission dudébat national sur l’avenir de l’éco-le, intitulé « pour la réussite de tousles élèves », aux déclarations du mi-nistre, la volonté d’affichage est évidente.Mais n’est-elle pas la réponse obligée face àla persistance de l’échec scolaire depuis plusde dix ans, le travail et les tentatives des en-seignants sur le terrain pour le contrer, l’in-quiétude des familles face à l’avenir ? « “ L’ascenseur social ” ne fonctionne plusdans la société française, rappelle le rapportannexé à la loi ; l’écart se creuse entre leschances de réussite des enfants des milieuxles plus favorisés et ceux dont les parentssont ouvriers, sans emploi ou d’origineétrangère. »

Les déclarations d’intention donneront-ellesle change face à l’inconséquence des me-sures avancées et des choix budgétaires ac-tuels ?En y prêtant un peu plus d’attention, le voca-bulaire et certains morceaux choisis éclairentsur le sens donné, par les concepteurs de laloi, à l’objectif de réussite de tous les élèves.« Développement personnel, aspirations, ta-lents, parcours de l’élève, capacités, apti-tudes » ; le rapport annexé multiplie lestermes décrivant des caractéristiques qui se-raient intrinsèques à l’enfant. Sans référenceà leur construction sociale et culturelle, elles

journal commente, apporte unenouvelle pierre aux résultats de larecherche sur l’inefficacité du re-doublement.Quant au C.I.R.E, présenté commele dispositif central de la réformeet destiné à un apprentissage ren-forcé « des compétences indispen-sables à la fin d’un cycle », il a dumal à se distinguer des formulesdiverses de soutien aux élèves endifficulté. S’il peut être une répon-se adaptée à des difficultés mo-mentanées, on sait que trois heuressupplémentaires destinées à appor-ter la même chose n’est pas une

solution pour les élèves en rupture scolaire.Récemment encore Serge Boimare, directeurpédagogique du C.M.P.P Claude Bernard àParis rappelait, dans une interview au «Monde », « qu’avec ces élèves, les remédia-tions cognitives les plus sophistiquées nedonneront jamais de résultats ». Il n’y a doncpas de solution unique qui deviendrait mi-racle parce qu’inscrite dans la loi. A ne paspréciser que le soutien apporté par le C.I.R.Edoit être provisoire, il peut devenir une formede parcours parallèle durable ou d’orienta-tion précoce pour les élèves en difficulté.

D’autres manières d’approcher les savoirssont donc nécessaires pour ces élèves. Ellessont diverses et les enseignants confrontés auproblème savent que les inventer au quoti-dien nécessite des regards multiples, la cohé-rence des interventions, la conception de pro-jets interdisciplinaires. Développer le travailen équipe avec plus de temps, plus de maîtresque de classes, développer la formation sontdonc des leviers essentiels à la créativité desécoles. Transformer l’école pour la réussitede tous les élèves passe par là et nécessiteune programmation des investissements bud-gétaires.

Faire réussir tous les élèves,comment ?

Dossier

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« La réforme fait peu de place à la pédagogie »Philippe Meirieu *, professeur en Sciences de l’éducation à l’Université Lumière Lyon II, participe à laformation des enseignants.

Comment appréciez-vous cette réforme ?Après le débat national, le rapport Thélot etl’engagement du Président de laRépublique, on attendait un texte fort pourredonner un horizon politique lisible à l’ins-titution scolaire. Or il n’en est rien. Le pro-jet est illisible pour la plupart des ensei-gnants et des parents. Il y a là un vrai pro-blème qui n’est pas que de forme. Affirmerque l’article L. 251-1 devient l’article L. 271-1 ne permet pas vraiment de débattredémocratiquement. Nous sommes devantune loi qui fait plus penser à un rébus qu’àla déclaration des droits de l’Homme. Lesenjeux n’apparaissent pas vraiment et laquestion de l’avenir de l’école française netrouve pas de réponse claire.

Où en sommes-nous du rôle assigné àl’école primaire ?Il me semble qu’en filigrane on désigne, unefois de plus, l’école primaire comme res-ponsable de l’échec scolaire. C’est injusteau regard du travail que font les collègues etcela permet de ne pas traiter en profondeurde la question du collège. De plus, on a vrai-ment le sentiment que les rédacteurs de laloi ont élaboré leur texte en ayant en perma-nence à l’esprit le modèle du secondaire. Cen’est pas un choix innocent. On sait bienque, dans l’histoire de l’école française, lemépris du primaire et l’exaltation du modè-le du lycée correspond toujours à un déni dela pédagogie et à une politique sélective.C’est d’ailleurs, à mes yeux, la première ré-forme depuis Jules Ferry qui fait aussi peude place à la pédagogie, donc, au fond, autravail en profondeur des enseignants pourla réussite des élèves.Il y a aussi, dans cette loi, une façon subtiled’attiser la suspicion des enseignants àl’égard des parents et vice-versa. C’estcontraire à la co-éducation, à un travail defond entre les familles et l’école que j’ap-pelle de mes vœux. Il y a une vraie ruptureavec la loi de 1989.

Ce projet répond-il à l’objectif d’accès detous à ce « qu’il n’est pas permisd’ignorer » ?

La réussite de tous les élèves est toujours af-fichée par les gouvernements. Mais, aujour-d’hui, personne ne sait de quoi sera consti-tué ce fameux « socle commun ». Partantdes programmes actuels, on pourrait mettreun astérisque devant les points jugés fonda-mentaux et s’obstiner jusqu’à ce que tous lesélèves les maîtrisent. Cet acharnement pri-verait les élèves en difficulté d’accéder à cessavoirs par des voies adaptées. S’agit-il dequelques disciplines fondamentales ?Comment alors imaginer former le citoyendu XXIe siècle sans une éducation scienti-fique, historique, artistique? On risque deformer des « citoyens à deux vitesses ». Je crains que cette notion soit, en réalité, uti-lisée par l’institution comme outil de ségré-gation ou de repérage des élèves qui n’au-raient droit qu’aux « bases ». Pourtant les recherches montrent clairementque cette obstination sur les savoirs instru-mentaux, loin d’aider les plus fragiles, les

cantonne dans une vision utilitariste des sa-voirs dont ils ne perçoivent pas le sens.

Que pensez-vous du CIRE ?Le CIRE, au cœur de la réforme, apparaîtcomme le seul outil de lutte contre l’échecscolaire. Cette forme de soutien strictementquantitatif, qui risque d’être stigmatisantpour les familles, ne résoudra en rien le pro-blème des élèves en échec, qui ont besoin dese réconcilier avec les apprentissages par lebiais, justement, des activités qui sont ex-clues du socle commun. Le CIRE est lecontraire de la pédagogie de projet, c’estseulement des exercices en plus. Il signifie en creux qu’il n’y a pas d’amé-lioration possible des méthodes d’apprentis-sages, ni de différenciation au sein de laclasse, ni d’aide en amont dès l’école mater-nelle. Les réseaux d’aide sont cités commemoyens, pas en termes d’alternative péda-gogique. Le CIRE relève d’une vision aufond très « industrielle » de l’efficacitéscolaire où la formation des élèves estproche du façonnage d’un objet : quand ilest mal fait, on met deux heures de plus.Cela ne remplacera pas le travail pédago-gique des collègues.

L’intégration des IUFM dans l’Universitépeut-elle améliorer la formation initiale etcontinue des enseignants ?C’est une mesure habile qui, d’un côté, flat-tera dans les IUFM ceux qui aspirent au sta-tut universitaire et permettra, par ailleurs, dedire aux adversaires des IUFM qu’on les a « dissous ». Le danger majeur, c’est la dis-parition progressive de l’alternance. La ca-tastrophe, ce serait d’avoir d’un côté unstage en responsabilité allongé sous la tutel-le exclusive des corps d’inspection, secon-dés par les conseillers pédagogiques et lesPEIMF, et , de l’autre, des cours théoriquesdisséminés à l’université. Visiblement la ré-forme est faite plutôt pour le 2d degré, ellen’est pas pensée pour le 1er degré.

* Philippe Meirieu fait paraître en janvier « Nous met-trons nos enfants à l’école publique », Coll. Essais -Edition de Minuit.

« Dans l’histoire de l’école françai-se, le mépris du primaire et l’exalta-tion du modèle du lycée correspondtoujours à un déni de la pédagogieet à une politique sélective. »

Entretien avecPhilippe Meirieu

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Métier

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L’Orchestre de Paris et l’Académie de Paris ont signé une conven-tion pour encourager les écoles à participer aux actions de sensi-bilisation musicale de l’Orchestre de Paris. Les élèves pourrontparticiper aux répétitions générales, des concerts spécifiquesseront organisés avec les Jeunesses musicales de France, certainesécoles pourront bénéficier de concerts sur le temps scolaire et lesfamilles auront droit à des tarifs réduits. La convention prévoit lamise à disposition d’un poste d’enseignant en musique, pour dif-fuser l’information auprès des écoles et participer à la définitiondes actions jeune public. Rens : http://www.orchestredeparis.com

musique

éducation civique

Partenariat avec l’Orchestre de Paris

La classe de CM1-CM2 de Christophe Le Deit, au Précey (Manche)a remporté un des 8 prix « La main à la pâte » 2004 pour son tra-vail « La Terre et son manège ». Se fondant sur le programme d’as-

tronomie du cycle 3,l’enseignant et sesélèves ont travaillé surles mouvements du so-leil, de la lune et de laterre. La classe a égale-ment travaillé sur lesengrenages et a fabri-qué avec ses élèves unemaquette motorisée si-mulant la rotation de laterre, du soleil et de lalune. La classe s’estdéplacée à l’Expo-sciences 2004 en

Basse-Normandie en mai, exposition ouverte au public, pour expli-quer son travail via la maquette et des affiches réalisées dans lecadre des TIC. Le projet de la classe doit être mis en ligne sur le sitede La main à la pâte dans le courant du deuxième trimestre.

Sciences

Le Café pédagogique a publiéen novembre les résultatsd’une enquête en ligne sur lamise en place du B2i dans lesécoles et les collèges. Les ré-sultats ne sont donc pas à glo-baliser, du fait essentiellementdu support électronique quisuppose la maîtrise de l’outil.Cependant, il apparaît que leB2i se met en place dans envi-ron 40 % des établissementsseulement, même si dans leprimaire des efforts importants

ont été faits par les ensei-gnants. Un besoin d’accompa-gnement de proximité des en-seignants se fait jour dans l’en-quête, et le Café pédagogiquepropose la mise en place d’unC2i des professeurs, pour pal-lier à cette difficulté. La grandemajorité des IUFM vientd’ailleurs de se porter volontai-re pour mettre en place le C2i àtitre expérimental dès la ren-trée prochaine.

café pédagogique

« L’élève doit être en mesure de percevoir qu’un exerciceest faisable et qu’il maîtrise les situations dans lesquelles il

doit savoir. Mieux, l’enseignant doit expliciter les attendus :aujourd’hui, on apprend ça pour arriver à ça… »

Monique Pré,formatrice à l’IUFM de Lyon

Prix « La main à la pâte » 2004

L’association Yad Layeled, créée il y a dix ans en souvenirdes enfants juifs assassinés pendant la Shoah, vientd’éditer une mallette à destination des enseignants deCM2, intitulée « L’enfant et la Shoah ». Cette mallette areçu l’agrément de l’association Civisme et démocratie etde l’Education nationale. Elle comprend un livret deprésentation historique et trois modules. Le module écritprésente des témoignages autobiographiques et un essai, lemodule audio regroupe des « bribes d’histoires » d’en-fants lues par des enfants d’aujourd’hui, et le module vidéoréunit des adultes qui évoquent leur enfance pendant laguerre. La mallette contient également des fiches pour untravail pédagogique en classe. Renseignements : 01.45.07.17.47.

Une mallette pour expliquer l’Holocauste

Vers un C2i des profs ?

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Florence Laskar, auxiliaire de vie scolaire

Portrait

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Depuis mai 2002, Flo-rence Laskar est l'auxi-liaire de vie scolaire deBenjamin, enfant ensituation de handicap àla maternelle Bellefon-taine de Toulouse.

C'est dans la troisième classe, et avec la troisiè-me enseignante, que Florence accompagnecet élève dont le retard global en langage et

motricité, et les crises d'épilepsie, induisent d'impor-tants troubles du comportement.Pour elle, dont les parents sont assistante sociale etinstituteur, « travailler dans le social et auprès d'en-fants » était une évidence. Et c'est avec le projet dedevenir éducatrice de jeunes enfants ou éducatricespécialisée que, tout en en tentant régulièrement lesconcours, elle entame des études de psychologie.Etudes au cours desquelles se confirme son intérêtpour « le développement humain et la relation d'aide » mais qu'elle abandonne en licence avec lesentiment de « manquer d'expérience de terrain ».C'est donc dans le but d'en acquérir davantage qu'el-le postule à la Mairie de Toulouse pour devenir AVS.Poste qu'elle obtient sur simple entretien et sans au-cune formation complémentaire.Les connaissances, l'ouverture et la capacité deFlorence à travailler en partenariat lui permettent dedéfinir ce métier délicat : aider à l'encadrement et à lasécurité (Benjamin a souvent tenté de fuir), maisaussi à la compréhension, aux apprentissages, etamener à plus d'autonomie dans le quotidien, « sansconstruire une relation exclusive ». « L'élève en si-tuation de handicap doit savoir que la maîtresse estaussi sa maîtresse », explique Florence, soucieuseégalement de la relation de Benjamin avec les autresenfants et adultes de l'école. Une mission aux enjeuxdécisifs pourtant sous statut contractuel et payée àl'heure de présence de l'enfant « à un tarif de baby-sitter » ! Depuis le 8 décembre heureusement,Florence bénéficie d'une formation rémunérée de43h, le mercredi après-midi, avec les autres AVS re-crutés sous statut AE. « C'est un peu un gag d'avoirattendu tout ce temps, mais le contenu a l'air intéres-sant » note optimiste la jeune Toulousaine, avantd'ajouter, lucide, « c'est aussi une opportunité pournos CV »... Mais si l'incertitude de l'avenir des AVSn'a pas ôté de la tête de Florence son projet d'éduca-trice, il a ajouté une corde à son arc. « Aujourd'hui,travailler auprès d'enfants handicapés, ça ne me faitplus peur, je me sens prête »

Céline Lallemand

Le SCEREN-CNDP lance un pack« logiciels libres pour l'école ducycle 1 au cycle 3 », sous la formede trois CD-Roms compatiblesavec les systèmes Linux, Windowset Mac OS X. Les trente logicielssont classés par cycle et par disci-pline, allant des arts plastiques auxmathématiques en passant par leB2i et l'entraînement à la lecture.Ils s'accompagnent de notes ex-plicatives et de fiches péda-

gogiques écrites par des en-seignants en formation continue.Les contenus sont librement modi-fiables, reproductibles et partage-ables. Les CD-Roms disposentégalement d'une rubrique « docu-mentation », qui explique les us-ages et les enjeux éducatifs deslogiciels libres. Rens : http://logiciels-libres-cndp.ac-versailles.fr

droits de l’enfant

L’association « Enfants du Monde, Droits de l’Homme »édite une mallette pédagogique à destination des en-seignants, des animateurs sociaux et des parents. Constituéede posters, d’une cassette vidéo, de la Convention interna-tionale des droits de l’enfant et de dossiers thématiques surla situation des enfants dans le monde, cette mallette pro-pose des activités pédagogiques et des ateliers à réaliser avecles enfants. L’objectif est de faciliter le travail des en-seignants pour parler des droits de l’enfant dans les classes.La mallette a été agréée par l’éducation nationale. Pour se procurer la mallette : EMDH, 5, rue des Haudriettes– 75003 PARIS.

Une « boîte à outils » pour lesenseignants.

Un pack « Logiciels libres »multimédia

Après une longue bataille entre l'associationdes Maires de France, le ministère de l'éduca-tion nationale et le Centre français d'exploita-tion du droit de la copie, la situation des droitsde reprographie a été régularisée. La loi rela-tive aux libertés et responsabilités locales aaligné le régime des copies du premier degrésur celui du second degré, à savoir la prise encharge des droits par l'Etat. Jusque là, lesdroits de reprographie incombaient auxmaires.

Droits de reprographie dans les écoles

photocopillage

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Métier

Comme un cri de délivrance, le « bon-jour » des 25 CM2 de l'école Beau-regard de La Rochelle a résonné

dans la pièce. Le bonheur d'entendre enfin,après l'interminable cliquetis de la liaisonsatellite, la voix de Benoît Parnaudeau. « Benoît, il est Rochellais, c'est un skipper», Thomas et Antoine sont intarissables surle sujet, « il a pris, le 7 novembre, le départdu Vendée-Globe, il va faire le tour dumonde en solitaire, sans escale et sansassistan-ce ». Réunis avec leurs camarades,ils écoutent avec attention les questions «préparées par la classe », que Julia, leurporte parole, pose au navigateur rochelais.Et sa première réponse pose d'emblée lamagie de l'instant qu'ils vivent « je suis à

des milliers dekilomètres devous au sud deMadagascar...»Se succèdentalors pendantune vingtainede minutes, unesérie de ques-tions tant perti-nentes que sau-grenues quant àla vie à bordaussi bien auniveau tech-nique, pratiquequ'humain. Si cette liaison

satellite est le point d'orgue de cette journée,la première étape s'est déroulée le matin àl'Aquarium de La Rochelle. Accueillie dansles locaux de l'E.C.O.L.E. de la mer (Espa-ce de Culture Océane du Littoral et de l'En-vironnement), la classe de Jean-Luc Parnau-deau « un lointain cousin du skipper » s'enamuse-t-il, a participé à différents atelierssur les panneaux solaires. Casquette à venti-lateur vissée sur la tête, à la recherche dusoleil ou rassemblés autour de panneauxsolaires ou d'éoliennes, ils se rendent comp-te, avec l'aide de Mireille l'animatrice enénergie renouvelable et économie d'énergie,« de l'utilité du soleil et du vent pour lesnavigateurs du Vendée Globe ». Cet atelier est l'un des nombreux, en lienavec la course, proposé par l'E.C.O.L.E. dela mer. Comme le note Virginie Maillot,directrice de l'association « d'autres classessont venues travailler sur la météorologie,l'alimentation en milieu extrême, les ani-

les jours, nous pointonssur une carte murale laposition du premier de lacourse et nous noustenons au courant grâceà internet de son évolu-tion ». Mais surtout, enmars, pendant unesemaine, ses élèves serapprocheront au plusprès des conditions devie de Benoît Parnau-deau lors d'une classe devoile.

Alors reste à savoir si à ce moment là,Benoît aura terminé son tour du monde etpourra venir les conseiller. De toute façonrendez-vous est pris pour la fin de l'annéescolaire, skippers de la course, scientifiquesdu CNES et de la NASA, intervenants etélèves des écoles participantes partagerontde vive voix leurs expériences.

Philippe Hermant

maux du pôle ou la pré-paration physique desskippers…». De même leCentre National d'EtudesSpatiales (CNES), parte-naire du projet, a fourniaux skippers des balisesArgos, destinées à êtrelarguées en mer pendantleur parcours. Ceci,comme l'explique Virgi-nie, dans le but « d'intéresser ensei-gnants et élèves à l'étudedu climat, des océans et des moyens d'ob-servation, balises et satellites et de dévelop-per des échanges entre les établissementsscolaires et les centres de recherche scienti-fique ».Le nombre important d'activités proposéesentraîne des choix douloureux pour lesenseignants. Ainsi pour Jean-Luc, « l'aspectscientifique avec l'atelier sur les énergies aété plus particulièrement développé, tous

Olivier Cottanceau, skipper,anime les vacations à la Maisonde la Charente-MaritimeBenoît, je le préviens la veille deshoraires des vacations satellitesavec les scolaires. Le lendemain, àmoins d'une tempête énorme, tu essûr qu'il va décrocher dès la premiè-re sonnerie. Il prend un plaisir fou àfaire partager son aventure à des ga-mins. C'est lui qui est allé proposerce projet. Ils ne sont pas beaucoup àfaire cela parmi les 20 concurrents.

Virginie Maillot, directricede l'E.C.O.L.E. de la merL'objectif de ce projet est deproposer un support de travailaussi instructif que passion-nant. Les thèmes d'étude au-tour du Vendée-Globe fontappel à de nombreuse disci-plines et les 18 classes decycles 3 seront d'autant plusintéressées à la théorie qu'ilspourront la mettre en pratiqueen temps réel, par l'entremised'une histoire humaine extra-ordinaire.

Autour d'un projet axé sur le Vendée-Globe Challenge, les élèves deCM2 de l'école Beauregard de La Rochelle sont sensibilisés à l'édu-cation à l'environnement maritime.

La mer lève le voile

La mer lève le voile

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La mer est un sujet pédagogique-ment porteur…L'enseignant qui s'intéresse ausujet de la mer et qui le décortiquese rend vite compte qu'en parlantdes courants, du climat, de lamétéo, des animaux ou des plansde zone pêche, il peut faire desmaths, du français, des sciences…C'est un sujet transversal, d'unpoint de vue éducatif, il permetd'intervenir dans de nombreusesdirections.Pour l'enfant, qu'il habite à proxi-mité ou loin de la mer, celle-cisuscite rêve et réalité. Chaqueannée, à l'E.C.O.L.E. de la mer, cesont plus de 15 000 enfants quenous accueillons dans le cadred'animations ayant trait à la mer.

Cet attrait est renforcé par leprojet sur le Vendée Globe.Cette opération entre dans lecadre de l'éducation à l'environne-ment maritime. Maintenant, le faitde pouvoir faire comprendre à desenfants ce qu'est la vie en mer estfacilité par cet événement particu-lier dont on parle à la télé, dansles journaux. C'est une façonagréable de leur expliquer com-

ment c'est la mer, comment on vitquand on est dessus, ce qu'on yvoit ou quels sont les problèmeséventuels qu'on y rencontre.De plus, c'est quelque chose d'ex-traordinaire pour des enfantsd'être au téléphone avec un skip-per. C'est assez exceptionnel, il nedoit pas y avoir plus de trois ouquatre concurrents à prendre dutemps pour discuter avec desclasses.

Ce travail avec des scolaires,l'avez vous vous-même vécu ?Malheureusement pas commeBenoît le fait, c'est-à-dire en di-rect avec les classes, car quand j'aicouru le Vendée Globe, il étaitbeaucoup plus difficile technique-ment d'avoir une relation télépho-nique. Sinon, il est vrai qu'il m'estsouvent arrivé de me rendre dansdes classes. Par exemple, lors d'unprojet d'écriture par les enfants demon journal de bord lors de « laRoute de l'Or » entre New York etSan Francisco. Maintenant, ceque fait Benoît ne m'étonne pas, ila une vraie générosité pour ce quiest de faire participer les gens àson aventure.

Julia, sousl’œil attentifde sescamarades,en liaisonsatellite avecBenoitParnaudeau,skipper du « MaxHavelaar ».

Isabelle AutissierSkipper, ingénieur halieutique, présidente de l'E.C.O.L.E. de la mer

ETUDES

« La mer suscite rêve et réalité »

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Semaine franco-allemandeLe site du SCEREN-CNDP propose un dossier en lignesur l’enseignement de l’alle-mand à l’occasion de la semai-ne franco-allemande du 17 au22 janvier. Ce dossier contientdes pistes pédagogiques et in-ventorie les ressources du ré-seau sur l’enseignement del’allemand.http://www.cndp.fr/franco-all/

Le théâtre et l'écoleCe site de l’association nationale de recherche et d’actionthéâtrale présente les actions proposées en partenariatavec les enseignants pour le développement de l’ensei-gnement artistique. L’Anrat propose des rencontres etdes séminaires dans diverses régions ainsi que des projetsavec les enseignants.http://www.anrat.asso.fr

La mer, terreur et fascinationEn parallèle au concours « La carteau trésor » organisé avec leSNUipp, la Bibliothèque nationalede France propose un dossier péda-gogique et une exposition virtuellesur son site. La BNF consacre une exposition surle thème de la mer jusqu’au 16 jan-vierhttp://expositions.bnf.fr/lamer/pedago/outils/index.htm

Programmes libérés de droitsFrance 5 lance sur son site un accès libre à une extensionpédagogique des programmes qui passent à l’écran.Certains programmes sont eneffet libérés de droits et mis enperspective de manière péda-gogique pour une utilisationen classe. Ils sont repérablesgrâce à l’icône représentantune cassette vidéo orange àcôté du programme.http://education.france5.fr/

Le Vendée Globe JuniorCe site permet non seulement de suivre la course et defaire connaissance avec les concurrents, mais égalementde connaître ce qu’est le Vendée Globe. Vous trouverezégalement des vidéos sur la course ainsi que des fichesthématiques sur le milieu marin et la conquête desocéans. (voir aussi reportage pp. 22-23)http://vendee-globe-junior.vendee.fr

E n l i g n e

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Métiermission par chaque dé-partement du nombred’enseignants retenuspour un stage en optionD, E, F, G est fixée au 15avril 2005.Chaque départementayant son calendrierpropre, renseignez-vousauprès de votre inspectionacadémique.

La prochaine CAPN(commission admi-nistrative paritairenationale) se déroulerale 15 février avec àl’ordre du jour l’attribu-tion de la majoration ex-ceptionnelle de 500points pour les permuta-tions, la répartition par

« Le recueil de can-didatures des per-sonnels enseignantsdu premier degré ti-tulaires aux stagesde préparation auCAPA-SH » est paruau BO n°45. Suite à lademande du SNUipp, lacirculaire ne fait plus ré-férence à une priorité decandidatures pour les per-sonnels en poste dansl’AIS. La date limite de récep-tion au ministère deslistes départementales descandidats proposés pourune formation spécialiséeen option A, B ou C, estfixée au 12 mars 2005. La date limite de trans-

département du nombrede places pour le stage dedirecteur d’établissementadapté et spécialisé aucentre de Suresnes ainsique les affectations àWallis et Futuna et enNouvelle-Calédonie.

La date limite pourles demandes d’an-nulation et de modi-fication de candida-ture ainsi que les der-nières saisies au titre durapprochement deconjoints (uniquementpour les couples dont leconjoint est muté posté-rieurement à la fermeturedu serveur le 27 no-vembre) est fixée au 25

janvier.

La dixième « Se-maine de la languefrançaise et de lafrancophonie », enFrance et à l’étranger, sedéroulera du 17 au 24mars 2005, sur le thème :« le français, langue del’aventure scientifique »,à l’occasion du centenairede la mort de Jules Verne

et avec le parrainage deMichel Serres, philo-sophe et historien dessciences.

Elargissement del’assiette de la CSGet du CRDS : depuisle 1er janvier, la CSG de7,5 % et le CRDS de 0,5 % sont calculés sur 97 % des revenus au lieude 95 %.

INDEMNITÉS DIVERSES

Indemnités de remplacement

moins de 10 km10 à 19 km20 à 29 km30 à 39 km40 à 49 km50 à 59 km 60 à 80 kmpar tranche de 20 km en plus

taux de baseindemnité de base repasindemnité de base hébergement

Maître d’accueil temporaire

14,44 €18,78 €23,13 €27,17 € 32,28 € 37,41 €42,84) €6,41 €

Indemnités SEGPA, ERPD, EREA, CNED, UPI, classes relais

1479,76 € par an

Indemnités ZEP

1097,04 € soit 91,42 € / mois

Indemnités d’accueil de stagiaires

21,84 € par semaine par stagiaire

Indemnités de stage

8,81 €15,25 € nuitée 38,11 € et pour Paris53,36 €

Quand sont prélevés les 5 % de cotisations sur les indemnités et primes pourun complément de retraite ?Pour les indemnités versées par l’éducation nationale, les cotisations sont pré-levées mensuellement. Pour celles des collectivités territoriales, les prélève-ments pour l’année 2005 ne seront effectués, de façon globale, qu’en début2006. Attention, les collectivités territoriales étant le principal payeur d’indem-nités pour le premier degré, cette somme peut ne pas être négligeable (entre250 et 300 €).

Poursuivie pour surendettement, peut-on saisir ma pension ?Oui, depuis la loi portant sur la réforme des retraites, on peut, au même titrequ’un salaire d’actif, saisir une pension.

Instituteur, dois-je faire quelque chose de particulier pour intégrer le corpsdes professeurs des écoles, compte tenu du fait que je ne souhaite passeraucun concours?Oui, il faut demander votre inscription sur la liste d'aptitude. Une circulaire dé-partementale de votre IA vous informe chaque année du calendrier et des mo-dalités. N'hésitez pas à prendre contact avec le SNUipp de votre département.

L’administration peut-elle me refuser de prendre moins de 8 semaines decongé prénatal prétextant qu’il s’agit d’un troisième enfant et qu’il y a né-cessité absolue de repos ?Pour la naissance du 3ème enfant ou plus, le congé prénatal ne peut-être que de 8ou 10 semaines. La possibilité de réduction à deux semaines n’existe que pourles naissances des 1er et 2ème enfant.

Peut-on reporter un congé maternité lorsqu’il tombe pendant les vacancesscolaires ?Non, le congé maternité commence au moins 15 jours avant la naissance etfinit à son terme. Il n’est pas tenu compte des jours de congé, il ne peut être nifractionné, ni reporté.

Questions / Réponses

infos servicesinfos services

Nouvelles technologies - ouverture d’EspacesNetPublic dans les établissements scolaires - n°45du 9 décembreAffectation en réemploi - procédure d’affection enréemploi des professeurs du second degré et desPEGC - rentrée 2005 - n°45 du 9 décembreIUFM - certificat informatique et internet -Expérimentation du C2i® ‚ niveau 2 « ensei-gnant » - n°46 du 16 décembre

Lu dans le BO

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Le redoublement au CP : inefficace selon l’IREDUA l’heure où François Fillon veut « restaurer l’autorité des ensei-gnants » en donnant un pouvoir accru aux conseils de classe en ma-tière de redoublement, « Le Monde » fait état dans son édition du 11décembre d’une étude en cours de l’IREDU (institut de recherche surl’éducation) sur le redoublement au CP. Les chercheurs, qui ontconduit l’étude entre 2002 et 2004 dans 274 classes et sur près de4000 élèves, auraient constaté qu’un élève de niveau faible à la fin duCP progresse davantage s’il passe en CE1 que s’il redouble. De plus,le redoublement au CP aurait un effet démobilisateur et provoqueraitchez les élèves un sentiment de honte, facteur aggravant de l’échecscolaire. Cependant, l’IREDU préciserait que le fait de ne pas redou-bler ne suffit pas à résoudre les difficultés d’apprentissage. L’étudecomplète devrait être rendue publique à la mi-janvier et le HautConseil rendra un avis dans la même période.

PPMS contre accident majeurLe Plan Particulier de Mise en Sûreté (PPMS) est un dispositif dontl'objectif est d'offrir une réponse permettant de faire face à la gravitéd'une situation d'accident majeur en attendant l'arrivée des secours.Dans les textes depuis 2002, les entraînements au PPMS se mettentprogressivement en place dans les départements selon des modalitéstrès diverses. Concrètement, il s'agit de sécuriser les élèves et les per-sonnels dans les écoles en cas de catastrophe naturelle ou industriellegrave (tempête, inondation, séisme, nuage toxique...) en les mettant àl’abri. Sans négliger l'importance de ce type de démarche, les person-nels des écoles, et notamment les directeurs, sont cependant dépourvusface à un dossier conséquent et long à compléter et l’acquisition dematériel qui doit être disponible à l’école le jour du test (radio sur pile,lampe de poche, couvertures chauffantes...). Les enseignants ne sontpas spécialistes de ces questions, les comités d'hygiène et de sécuriténe se réunissent pas encore dans tous les départements et les collecti-vités locales ne fournissent pas toujours d'aide financière ou humaine.Les PPMS ne pourront se dérouler de manière optimale sans forma-tion, sans temps et sans financement supplémentaires. Par exemple,dans des départements comme le Pas de Calais, les Alpes maritimes, laMeurthe et Moselle ou les Alpes de Haute Provence, ce dispositif seheurte aux difficultés des équipes éducativesà le mettre en place.

Ils sont environ 6 000, employés pour près des troisquarts dans les écoles. La réglementation de l’organisa-tion du service départemental des auxiliaires de vie sco-laire individuels auprès d’élèves présentant un handicapou un trouble de santé invalidant, a été reprécisée par unerécente circulaire publiée au BO n°29 du 22 juillet 2004.Une suite aux interventions des syndicats et associationsauprès du ministère.Concernant le recrutement, elle précise qu’afin « d’amé-liorer la qualité de l’accompagnement des élèves et don-ner à la formation sa pleine efficacité, il est préférable defavoriser des contrats de trois ans, d’éviter, sauf situationexceptionnelle, les contrats à temps incomplet étroite-ment calqués sur le temps d’acccompagnement d’unélève...». Cette rédaction était en effet destinée à mettrefin aux dérives observées dans de nombreux départe-ments (recrutements systématiques à temps partiel,contrats sur la durée de l’année scolaire…). En ce débutd’année 2005, les difficultés sont loin d’être résolues.Ainsi dans le Rhône, 62 nouveaux AVS ont été recrutésdepuis la rentrée essentiellement à temps partiel, soit 800ou 1200 heures par an. Un temps plein équivaut à 1600 h(statut des assistants d’éducation). Même chose dansl’Oise où sur les 103 AVS recrutés, 60 le sont à tempspartiel, etc… Conséquence immédiate, les auxiliairesconcernés se trouvent en situation de réelle difficulté fi-nancière. Ce qui à terme peut être dissuasif. Mais pre-mière des conséquences sans doute ; les heures man-quent pour garantir la qualité des missions auprès desélèves, et notamment celles destinées à la synthèse et àl’articulation de leur action avec celle des autres profes-sionnels et services spécialisés et avec celle des équipespédagogiques. Il faudrait augmenter d’au moins 50 % lenombre d’A.V.S pour satisfaire l’ensemble des besoins.

Auxiliaires de vie scolaire : la circulaire mal appliquée

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Voici une bien belle façon d’entrer dansl’histoire de l’art, que de comparer surchaque double-page les représentationsque des artistes de civilisations etd’époques très différentes ont donné d’unmême animal ! Peintures rupestres, vaseset sculptures grecques, masques africainou Inuit, calligra-phie arabe,œuvres de plasti-ciens contempo-rains se fontécho. En find’ouvrage, desinformations etdes commen-taires passion-nants permettent une interprétation detoutes ces productions et une réflexion surla place de l’art dans l’histoire de l’huma-nité.

L’Art en bazar, U. Wehrli - Milan 2003(14,90 euros) Dès 8 ans C’est un livre d’Art iconoclaste et savou-reux. Chaque double page offre à gaucheune œuvre originale et à droite, une re-création de la toile par U. Wehrli. Or U.Wehrli militep o u r« un art bienrangé ». Alors,il déconstruit etdécoupe joyeu-sement les plusc é l è b r e stableaux desmaîtres, puis assemble dans un rangementméticuleux ce qui lui semble caractéris-tique de l’œuvre : taches de couleur, traitset lignes, personnages ou objets, disposi-tion des éléments selon un ordre croissantou décroissant… Picasso, Bruegel, Magrit-te, Mondrian ou Klee… passent tous à lamoulinette. C’est ainsi qu’il met en valeurle pointillisme de Seurat en métamorpho-sant « Les poseuses »… en un sac deconfettis ; pour notre plus grand plaisir,mais aussi pour une nouvelle compréhen-sion du tableau.

Excellente année !

Marie-Claire Plume

http://www.snuipp.fr/enseignants/frameressources.html : Livres de jeunesse

qu’il les entravait sur la toile pour qu’ils nes’échappent pas. Un soir, un valeureuxguerrier vint frapper à sa porte. Il devaitcombattre le lendemain et lui demanda depeindre pour lui le plus merveilleux descoursiers. Han Gan s’exécuta et cette nuit-là un cheval fougueux sortit de la toile.Mais le guerrier invincible devint si cruelque le cheval, révolté, vint reprendre saplace dans le tableau… L’album est unebelle initiation à l’art asiatique car ChenJiang utilise les techniques anciennes depeinture sur soie. L’ histoire illustre laconception de l’art comme reflet fidèle duréel. C’est la même idée que l’on retrouvedans « L’enfant qui dessinait des chats »(Lévine & F. Clément – Ecole des Loisirs)où un jeune peintre errant acculé dans untemple investi par un rat sorcier, dessined’immenses chats et s’aperçoit à son réveilque le rat a été terrassé par ses images…

Ceci est un livre – A. Louchard & M. Jar-rie – Th. Magnier 2002 (5,95 euros) Dès4 ansDe l’art comme reflet fidèle du réel ?Cette conception n’est partagée ni parMagritte, ni par Louchard et Jarrie qui s’eninspirent dans ce drôle de petit imagiercartonné. Sur la couverture, la fameusepipe est sous-titrée « Ceci est un livre »,page suivante, une autre pipe avec « Cecin’est pas une pipe ». Négations et affir-mations contraires, jeux sur les représenta-tions, jeux sur les mots, les homonymes etles expressions, sur la règle des noms en « ou » les popes, les papes et les papous,allusion à l’art moderne… nous valent dejoyeuses surprises avant la chute !

Du coq à l'âne. Les animaux racontentl'art, C. d'Harcourt - Le Seuil 2002 (25euros) Dès 8 ans

Une balle, une pomme, F.Alessi, E.Battut– Bilboquet 2004 (14 euros) Dès 6 ansPour les petits, la sensibilisation auxœuvres picturales passe souvent par unrécit. Dans cet album, la fillette de la toilede Bonnard : « La petite blanchisseuse »,rencontre l’Eugénie de « Coin de parcavec enfant jouant au ballon » de FélixVallotton. L’histoire s’appuie sur lesgrandes illustrations de Battut associées àchaque double-page à une reproductionjudicieusement choisie. Cf. aussi : ( H.Kérillis - RMN & Magnard) « Un Noëlnoir et blanc » d’après un tableau deMonet « La pie » et « Le Cheval de lanuit » d’après l’œuvre de Gauguin.

Le chat de Gustav Klimt. B. Capatti & O.Monaco – Grasset 2004 (13 euros) 7/8 ans Certains albums s’attachent à l’artiste. Ici,le narrateur, c’est le chat préféré du peintreKlimt. Il évoque la vie de son maître,homme discret qui va s’enflammer lors-qu’il s’agira de défendre l’Art Nouveau.Les illustrations chatoyantes s’inspirentdes œuvres de Klimt dont certaines sontreproduites à la fin de l’album. Cf. aussi « Aux couleurs de Miró » , S. Girardet &N. Salas - RMN 2001 (9 euros) Dès 6 ans.

Le cheval magique de Han Gan, ChenJiang – Ecole des Loisirs 2004 (13 euros).Dès 6 ansPour cet album, Chen Jiang s’inspire d’un

tableau du muséeCernuschi à Paris,i n t i t u l é« Chevaux etPalefreniers ». Lalégende conte qu’ily a 1200 ans,l’illustre Han Gan

peignait avec tant de réalisme ses chevaux

Sur le pont des Arts...Littérature jeunesse

Un certain nombre de livres pour les jeunes sur les Arts plastiquesont comme objectif premier de leur faire connaître les œuvres et lesartistes. Aucune reproduction, aussi bonne soit-elle, ne vaut le ta-bleau ou la sculpture. Néanmoins, elle permet de sensibiliser, éton-ner, donner envie d'aller y voir…

Métier

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La remise en cause des classes à PACque nous dénoncions dans le dernierdossier de Fenêtres sur cours a connu

un rebondissement pendant les fêtes de find’année. Premier acte, le 15 décembre, au cours d’uneconférence de presse organisée parl’A.N.R.A.T (lire ci-contre) au Théâtre duRond Point à Paris, le ministre de la culturedéclare « l’éducation artistique est aussi es-sentielle que l’apprentissage du calcul et dela lecture » ! Dans la salle, une trentaine depersonnalités en profite pour dénoncer le «rôle subalterne » dévolu à l’éducation artis-tique et rendre public un « appel ». L’appelrevendique notamment que « soit inscritdans la nouvelle loi d’orientation (…) ledroit à une pratique artistique et culturellepour tous les élèves de l’école primaire àl’université, sur la base du partenariat entreles enseignants et les artistes. » Dans lemême temps, pour asseoir le statut des inter-mittents du spectacle, l’appel demande qu’ilspuissent voir pris en compte « un minimumde 120 heures » d’intervention dans le cadrescolaire, dans les 507 heures requises pourouvrir droit à l’assurance-chômage. Sensible à ce sujet qui a déjà fait tomber sonprédécesseur, Renaud Donnedieu de Vabres aimmédiatement réagi : « la politique en ma-tière d’éducation artistique et culturelle doitêtre conçue comme l’un des volets du planpour le développement de l’emploi dans lespectacle vivant ». Enhardi, le ministre ajou-te, concernant l’aide aux Directions régio-nales de l’action culturelle et aux établisse-

Soumis à contestation de toute part, le gouvernement multiplie les dé-clarations de bonnes intentions sur l’art à l’école… sans engagementconcret.

Leur avis

Jacques Chirac« Je souhaite ardemment que le gou-vernement et en particulier les minis-tères de l’éducation nationale et de laculture s’engagent pleinement pourporter une nouvelle ambition en matiè-re d’éducation artistique à l’école. Lesprogrès réalisés depuis 20 ans sont en-core insuffisants. Il faut aller plusloin… Je considère qu’il s’agit là d’unenjeu prioritaire. »

Conseil Economique et Social, février 2004« Notre assemblée souhaite quechaque élève puisse suivre une classeà PAC ou un projet transversal danschacun des trois cycles de l’école pri-maire. Chaque enfant pourrait ainsi bé-néficier de trois classes à PAC aucours de sa scolarité primaire. (…) Lasensibilisation aux disciplines artis-tiques et l’éducation artistique devraitfaire l’objet de programmes précis etdisposer d’un volume horaire obliga-toire, inclus dans l’emploi du temps. »

Extraits de l’Appel de l’A.N.R.A.T(Association nationale se recherche etd’action théâtrale) signé par J.Doillon, JC Grumberg, J. Lasalle, A.Mnouchkine, D. Podalydès, R.Renucci, J.-M. Ribes, B. Tavernier, P.Torreton et de nombreuses personna-lités et organisations…« On continue d’opposer, de manièreimplicite et parfois même explicite-ment, activités artistiques et culturelleset “ apprentissages fondamentaux ”de l’école, centrés — à juste titre —sur les savoirs et les notions à acquérir,alors qu’en réalité elles en constituentl’un des meilleurs chemins d’accès ».« Le droit fondamental à une pratiqueartistique et culturelle (…) doit êtreinscrit dans la loi d’orientation ».Le SNUipp est aussi signataire de cetappel.

Réflexion

ment publics nationaux pour leur politique enmatière d’éducation artistique, que « lesbudgets 2005 seront arbitrés à la haussedans les prochains jours (…) et les sommesaugmentées à 39 millions d’euros ».Deuxième acte, le 3 janvier, François Fillonremet les points sur les i : « il y a ces der-niers temps une polémique sur les classes àPAC qui ne concernent que 3 % des élèves,alors qu’il faut assurer l’égalité des chancesentre tous les élèves ». Puis déclare avec soncollègue de la culture « le principe desclasses à PAC est maintenu, même si leurnombre est en légère diminution (sic !) ».Leur évolution « est dès lors tributaire de lamasse globale des crédits disponibles et desautres priorités pédagogiques dans l’acadé-mie ». Le message de leur circulaire com-mune aux académies est clair « valoriser laqualité des projets plutôt que la quantité » etn’évoque aucune enveloppe de crédits nou-velle pour cette « relance de la politiqueéducative et culturelle » qui se contented’inciter au développement de chorales et departenariats… La régression semble doncbien confirmée. La montagne accouched’une souris. Les intermittents obtiennent néanmoins queles 120 heures d’intervention dans les classessoient comptabilisées dans le cadre du fondtransitoire mis en place par le ministère de laculture. Mais ce fond devrait prendre fin cou-rant 2005, ces heures seront donc à renégo-cier.

Céline Lallemand

De l’artpour

l’école

De l’artpour

l’école

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Réflexions

aussi mis en évidence une corrélation entre leniveau de résultats scolaires et le statut socio-économique des élèves. C’est pourquoil’UNESCO préconise la prise en compte dela résolution de ces inégalités entre les élèvesdans les politiques éducatives. Par ailleurs le rapport a recensé les facteursindispensables à une amélioration de l’édu-cation. Il faut prendre en compte les condi-tions de vie (guerres, famines, modes de vie)et les besoins des apprenants (santé, alimen-tation…). Débuter les apprentissages dans lalangue d’origine améliore considérablementles résultats et la maîtrise de la lecture est pri-mordiale. Des études ayant mis en évidencele lien entre le niveau des acquis et le tempsde classe, des pays ont amélioré leurs résul-tats en augmentant le temps annuel d’appren-tissage entre 850 et 1000 heures (Chili,Colombie). Un certain nombre d’expériencesont aussi fait la preuve de la réussite de pra-tiques pédagogiques d’autant plus structuréesque le public est en difficulté, mais ces péda-gogies doivent être souples, « centrée surl’enfant, offrant des possibilités de découver-te individuelle » : les méthodes « construc-tivistes » sont préconisées. L’UNESCO in-siste également sur un bon environnementscolaire (construction de salles de classe, eausalubre, sanitaires, cantine) et la fourniture de

matériels d’apprentissage. Enfin il faut desenseignants plus nombreux, avec un bon ni-veau de formation et de rémunération.En matière de financement, les aides exté-rieures gagneraient en efficacité en étantmoins dispersées, en proposant des projetssectoriels plutôt qu’individuels, avec une ap-proche plus globale (santé, logement) enconcevant des solutions qui permettent uneappropriation locale. Indépendamment descontextes politiques et des niveaux de riches-se, les réussites s’appuient toujours sur la res-ponsabilisation des acteurs, sur la construc-tion de partenariats entre les enseignants etles autres parties prenantes, sur la lutte contrela corruption. La mise en place de codes debonne conduite a permis d’en diminuer leseffets (Chine, Inde, Bengladesh), mais « ladécentralisation, la privatisation et l’exter-nalisation ont suscité de nouvelles occasionsde corruption ». La recherche de l’équitéentre les sexes, les groupes ethniques ou cul-turels est un facteur important de progrès. Endernier ressort, c’est l’engagement des gou-vernements qui peut garantir le succès desprocessus. « L’aide extérieure […] ne sau-rait compenser l’absence de projet de socié-té pour l’amélioration de l’éducation ».

Michelle Frémont

Dans son « Rapport mondial de suivisur l’Education pour tous 2005 »dans plus de 160 pays, l’UNESCO

constate que les objectifs d’une scolarisationtotale et gratuite pour tous les enfants dansl’enseignement primaire ne seront probable-ment pas atteints comme prévu en 2015.Bien qu’en diminution (106,9 millions en1998, 103,5 millions en 2001), le nombred’enfants non scolarisés à ce niveau tend àstagner du fait des scolarisations tardives, dessorties précoces. A ce rythme le taux de sco-larisation actuel de 85 % ne sera que de 87 %en 2015. Les enfants des pays en voie de dé-veloppement et des milieux défavorisés decertains pays industrialisés sont très peu sco-larisés: l’éducation préscolaire dure 0,3année en Afrique subsaharienne contre 2,3années en Amérique du Nord et en Europe.Pour les jeunes et les adultes, il y a eu peu deprogrammes pour l’apprentissage. 70 % des800 millions d’adultes analphabètes résidentpresque tous en Afrique subsaharienne, enInde, en Chine, au Bengladesh et au Pakistan.64 % de ces analphabètes sont des femmes :même si la parité a progressé dans le primai-re (50 % des élèves sont des filles), l’accès ausecondaire (20 %) et au supérieur (environ 3 %) reste problématique.Face à ce bilan, les études font nettement ap-paraître que la réalisation des objectifs estliée à la qualité des systèmes éducatifs, me-surée en termes de maîtrise des programmesd’enseignement, de « développement cognitifdes apprenants », de « promotion des va-leurs et des attitudes liées à une bonne ci-toyenneté ». Les réussites reposent directe-ment sur les efforts en part de PIB de chaquepays pour l’éducation et dans le rapport dunombre d’élèves par enseignant. Ainsi « l’es-pérance de vie scolaire » varie considérable-ment : l’enfant d’Europe occidentale peutrester cinq fois plus longtemps à l’écolequ’un enfant d’Afrique subsaharienne…Mais les études sur la période 1998-2001montrent que la pauvreté des pays n’est pastoujours un obstacle. Les scores aux tests ont

Un rapport, sous l’égide de l’Unesco, analyse le niveau et la qualité de l’éducation dans le monde.Il fait également des propositions pour les politiques éducatives nationales.

Education pour tous : des objectifs difficiles à atteindre

La classe dans unbâtimentbombardé enAngola, en 1997.

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Le cinéaste israélien Amos Gitaï veut évo-quer le parcours de femmes d’Europe del’Est vendues aux enchères par des proxé-nètes agissant entre l’Egypte, le Sinaï etIsraël. Comme Coline Serreau, qui réalisaen 2001 le très beau « Chaos », Gitaï montreavec réalisme et minutie le parcours inhu-main, ou trop humain, des victimes d’un teltrafic. Comme Serreau, il est un polémisteintraitable et humaniste. Mais il est aussi,comme dans tous ses films précédents, unincroyable explorateur des possibilités ducinéma. Terre Promise montre la réalitécomme le rêve de créatures à moitiééveillées, à moitié conscientes, comme unmonde brouillé. Comme les femmes de cefilm ne savent jamais très bien où elles sont,dans quelle région, dans quelle boîte sordi-de, face à quel ennemi, le spectateur lui-même est confronté à un travail constant sur le flou, la demi-obscurité, la confiancepresque donnée et retirée aussitôt. Gitaïmêle des visages inconnus à des apparitionsd’actrices célèbres : Anne Parillaud est ainsiune terrifiante marchande de chair humaine,froide, affairée, affairiste. Et HannahShygulla, en créant un personnage qui faitpenser à Laura Betti, permet de montrer que

Gitaï s’approche parfois du dernier Pasolini.Surtout dans ce traitement à la fois cliniqueet moral du commerce, du trafic qui s’insti-tue autour du corps, du sexe, de la déchéan-ce érotisée. S’il rappelle ainsi parfoisPasolini, il est surtout lui-même, un très ori-ginal et très troublant inventeur de formesmises au service d’un propos bien ancrédans le monde réel et ses horreurs quoti-diennes, paisiblement continuées, parfoisinterrompues par le hasard, ou la révolte.

René Marx

Cinéma Terre promise

Musique Voix lointaines

« Le dessin à l'école »Le musée national de l'éducation deRouen, établissement de l'INRP, organi-se une exposition sur le dessin à l'écolede 1800 à nos jours.Depuis le 15 décembre, à RouenRens : www.inrp.fr/musee

Colloque « accompagner les TICE àl'école »Deux jours de tables rondes et de confé-rences organisées par l'association desformateurs TICE. Les 14 et 15 janvier, au CDDP deBoulogne-Billancourt (92)Rens : http://www.aft-rn.net/

Rencontre et débat « Les enseignantsau cœur des changements scolaires ? »Avec Patrick Rayou, Agnès Van Zanten,Françoise Lantheaume et GeorgesBonnefoy Les intervenants parleront des résultatsdes études qu'ils ont effectuées. Le 27 janvier à 20h30, au CRDP deGrenoblehttp://lamaisondesenseignants.com/

Colloque « éducation et architecture »Organisé par les Ceméa, en vue de fa-voriser la réflexion entre décideurs ar-chitectes et utilisateurs des établisse-ments scolaires.Le 19 janvier à ParisRens : 01.53.26.24.19 ouhttp://www.cemea.asso.fr/agenda.html

Rencontre régionale partenariat artistes/enseignantsSur le thème « En quoi le partenariatartiste/enseignant participe-t-il à la for-mation des jeunes et des adultes ? »Organisé par l'Association nationale derecherche et d'action théâtraleLe 15 janvier au théâtre Gérard Philipede Frouard (Lorraine)Rens : www.anrat.asso.fr

L’ a g e n d a

« Ifni, Ifni » est le dernier né du groupe ber-linois « 17 hippies » après « Berlin style »et « Sirba » . On retrouve la même énergiemusicale, cette volonté de jouer sur plu-sieurs tableaux, linguistiques et mélodiques,

avec des chansons interprétées dans diffé-rentes langues et des influences israé-liennes, turques, klezmers ou macédo-niennes. Les Balkans à la sauce pop. BudaMusique plonge dans son magnifique réper-toire de musique du monde et présente deuxCDrom pour un voyage à travers les voixdes cinq continents. Une grande variété detimbres, et de techniques est ici proposée:chant mandingue voilé, diphonie mongole,polyphonies zoulou, corses ou gênoises,chants de gorge kirghizes... Très riche.

Laure Gandebeuf

17 hippies « Ifni Ifni » Buda Musique en tournée enFrance en Février 2005Voix, Distant voices, collection Musique du MondeBuda Musique

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Pourquoi une « approche psychanalytiquedu rapport au savoir » (votre sous-titre) ?Nous (1) parlons de rapport parce que le sa-voir n'est pas un objet neutre et isolé, il s'ins-crit dans une réalité sociale et se construitdans l'action et l'interaction. Il est aussi sin-gulier car changé par la transmission et l'ap-propriation. Une approche psychanalytiquenous aide à comprendre la charge affectiveattachée au savoir et qui peut en rendre l'ac-cès difficile. Cette charge porte sur le lien àla personne qui transmet, sur le rapport à unsavoir donné, notamment à ce qu'il renvoiesur le plan identitaire, et sur le fait-mêmed'apprendre. Toute une fantasmatique, engrande partie inconsciente, se construit. Celapeut être la peur de toucher un tabou, ou dedécevoir, ou de s'éloigner, ou de grandir.C’est l’enfant qui se demande, par exemple,si on va encore lui lire des histoires quand ilou elle saura lire. Parfois, cette fantasma-tique bloque tout. Les affects, l'ambivalenceet les conflits psychiques qu'elle entraînemettent les élèves dans des postures très dif-férentes et contribuent, d’ailleurs, à accen-tuer les inégalités sociales. Le discours surl'égalité des chances a quelque chose de trèshypocrite : ce n'est parce que tout le mondea le droit de jouer que tout le monde a lesmêmes chances de gagner ! Evitons alors deculpabiliser les enfants avec leurs échecs etaidons-les à gérer leurs inquiétudes en lesprenant en compte sans s’y enliser.

Quelle posture l'enseignant ou l'ensei-gnante doit-il ou elle adopter ?Sa posture est en effet décisive. Elle doitd'abord répondre au tout premier des besoinsaffectifs, celui d'être protégé. Une protectionqui peut ensuite permettre de s'aventurer…parce qu'on sent que ce n'est pas trop risqué.Pour l'enseignant ou l'enseignante, il s'agitde faire de la classe un lieu où les angoissespeuvent s'exprimer, où on peut se tromper,où les chemins sont multiples. La seulechose qu’on n’a pas le droit de faire, c'est des'arrêter ! La difficulté, face à un élève qui apeur d'apprendre, c'est de déjouer ses an-goisses ; et réussir à le convaincre n'est pas

une histoire intellectuelle rationnelle, il fauttoucher l'inconscient.

Mais les enseignants ne sont pas des psy-chanalystes et ils ont un groupe classe àgérer !Oui, bien sûr, et la grande erreur c'est decroire qu’il n’y a qu’une démarche thérapeu-tique qui puisse aider à résoudre des conflitspsychiques. Les enseignants ont juste à fairecorrectement leur travail d'enseignant.Comme le dit Claudine Blanchard-Laville,nous n’avons pas à connaître les raisons in-conscientes de chaque enfant, mais simple-ment à accepter qu'il ou elle en ait et à luidonner un lieu où ces conflits inconscientspuissent se travailler. C’est-à-dire avant toutun cadre qui protège, rassure, donneconfiance et aussi qui délimite ce qui est in-terdit et non négociable. Tenir ce cadre, c'estfaire preuve de fermeté. Ce n'est pas lamême chose que l'autorité qui est de prescri-re et de contrôler, pas à pas, la conduite del'autre. Pour apprendre, avancer, dépasser

ses pulsions archaïques et trouver par soi-même sa place dans la société, on a besoinde fermeté, pas d'autorité. Sur ces questions,Gérard Mendel est incontournable !

Vous analysez aussi que le rapport au sa-voir, l'enseignement en particulier, estaussi une affaire de pouvoir…Le savoir n’est pas forcément libérateur ensoi, c’est la façon dont on pourra l’utiliserqui est déterminante. Guizot par exemple,lorsqu’il généralise l’enseignement en 1833,a pour objectif explicite de « domestiquer lepeuple », et de nombreuses luttes ont eu pourbut de mettre à la disposition des travailleursles savoirs dits « de maîtrise ». La questionest donc dans le type de savoirs qu’on trans-met. Sur le plan psychique, cela se traduitpar la possibilité ou non de s’émanciper dece qu’on a appris, de la personne qui vous l’atransmis et de son désir. Là, le rôle de l’en-seignant ou de l’enseignante va être essentielpour replacer l'enseignement dans uncontexte anthropologique, sortir de la rela-tion duelle et rappeler que c'est la société quiexige d'apprendre. C’est difficile parce quela situation d'enseignement est très chargéede fantasmes et d'enjeux narcissiques, dedésir de former l’autre à son image ou àl’image de ce que nous croyons bon. Celanous mène à une illusion de toute-puissancequi peut rendre très fragiles car tout échecdevient très déstabilisant. Il faut donc ap-prendre à se définir ses propres objectifs. Unremaniement identitaire qui demande dutemps et des lieux pour élaborer cela collec-tivement. Pour notre part, nous proposonsdes groupes d’analyse de pratiques, mais cepeut être aussi, sous d’autres modalités, unedes missions d’un syndicat dans des espaceshors des enjeux institutionnels et politiques.Non pour les nier mais au contraire pourmieux y revenir

Propos recueillis parCéline Lallemand

(1) Collectif « Savoirs et rapport au savoir »

« Le rapport au savoirest chargé de fantasmes »

Réflexions

Françoise Hatchuel, maîtresse de conférence enSciences de l’éducation à

l'université Paris X Nanterre vientde publier « Savoir, apprendre,

transmettre », aux éditions La Découverte.

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L’Arctique fond, ça chauffe !

La banquise fond, c'est une certi-tude ! Les spécialistes s'accor-dent sur ces prévisions, seules

les estimations scientifiques en termed'échéances fluctuent à quelques an-nées près. Les plus pessimistes annon-cent la disparition de la moitié de labanquise Arctique d'ici la fin du siècle.La température de l'air dans l'Arctiquea augmenté de 5°C au cours du sièclepassé, la couche de glace permanentene couvre plus que 6 millions de kilo-mètres carrés contre 7 millions en 1980(10 % de diminution par décennie, enmoyenne), et l'épaisseur de la couchede glace durant l'été a diminué de 40 %au cours des trente dernières années.Voilà une des conséquences des émis-sions de gaz à effet de serre. Les réper-cussions sont multiples, mais surtoutinquiétantes: réchauffement de la pla-nète avec les conséquences climatiquesqui en découlent, élévation du niveaudes océans obligeant à des déplace-ments de populations côtières, menacessur les espèces animales et végétales dugrand nord... A l'inverse, d'autres se ré-jouissent des perspectives d'ouverturede nouvelles routes maritimes et d'unefacilitation d'exploitation des richessesminières, au risque d'une modificationde la carte géopolitique.

Les pays industrialisés, conscients de lagravité du phénomène et de leur res-ponsabilité collective, veulent agir.

Mais même les pays signataires n’ap-pliquent pas tous les mesures, sanscompter ceux qui ne veulent pas les si-gner. Pour tenter de réduire - ou plutôtde ralentir - ce phénomène, le protoco-le de Kyoto conclu en 1997 imposaitaux pays industrialisés de réduire leursémissions de gaz à effet de serre de 5,2% en moyenne d'ici à 2012. 55 paysl'ont signé à l'époque, la Russie l'a rati-fié en novembre dernier, maisl'Australie ou les Etats-Unis refusenttoujours d'apposer leur signature sur ledocument. Et ce dernier est le premierpollueur de la planète.

Début décembre, la conférence sur leclimat a réuni les nations unies àBuenos Aires pour renforcer la luttecontre le réchauffementde la planète.L'ambiance sereine des premiers jourss'est pourtant vite transformée en af-frontements diplomatiques. Les pays endéveloppement comme la Chine, l'Inde,le Brésil, la Corée du Sud, le Mexiqueou l'Indonésie étaient cette fois-ci visés(contrairement à Kyoto), mais crai-gnaient qu'un effort de maîtrise surleurs rejets de CO2 ne freine leur crois-sance économique. Peinant à trouver unaccord, les pays ont décidé de se re-trouver en mai prochain à Bonn. En at-tendant, les ours polaires vont devoirs'acheter une peau…

Christelle Mauss