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HEBDOMADAIRE — 4 FEVRIER 2008 — N°309 — ISSN 1241 — 0497 Samedi La réussite manque de temps Carte scolaire Des dotations pas girondes Toilettes L’ONS tire l’alarme LA BATAILLE DU LIVRE DOSSIER ( ) fenêtres sur . cours ( ) f e n ê t r e s sur . cours Fédération Syndicale Unitaire SNUipp

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SamediLa réussitemanque detemps

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LA BATAILLE

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SNUippFédération Syndicale Unitaire

SNUipp

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( fenêtres sur cours )Hebdomadaire du Syndicat NationalUnitairedes instituteurs, professeurs des écoles etPEGC — 128 Bd Blanqui — 75013ParisTél : 01.44.08.69.30 — [email protected]

• Directeur de la publication : GillesSarotte • Rédaction : Marianne Baby,Renaud Bousquet, Lydie Buguet,Michèle Frémont, Daniel Labaquère,Pierre Magnetto, Arnaud Malaisé, GillesMoindrot, Jacques Mucchielli, SébastienSihr • Impression SIEP — Bois-le-Roi •Régie publicité : MISTRAL MEDIA, 365rue Vaugirard 75015 PARIS Tél :01.40.02.99.00 • Prix du numéro :1 euro — Abonnement 23 euros • ISSN1241 — 0497 • CPPAP 0410 S 07284 •Adhérent du Syndicat de la PresseSociale

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Un outil quiaccompagneles institu-teurs et lesprofesseursdes écolesdans toutesleurs questionsadministratives.

w w w . s n u i p p . f r

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près le 20 novembre, la grèvedu 24 janvier a fortement mo-bilisé. Pour exiger le rattrapa-

ge du pouvoir d’achat, dénoncerles mesures programmées surl’école, les suppressions massivesde postes dans l’Education, et exi-ger les moyens de la réussite detous.Pour seule réponse, le ministre an-nonce une entrave à l’exercice dudroit de grève!Dans les écoles, il confirme, àmarche forcée, la feuille de routeprésidentielle. Evaluation des en-seignants selon les progrès desélèves, publication des résultatsécole par école, programmes re-centrés sur les fondamentaux,baisse du temps de classe pour lamajorité des élèves soulèvent defortes inquiétudes.Les cartes scolaires s’annoncentdouloureuses dans les départe-ments. L’exigence de moyens sup-plémentaires pour baisser les ef-fectifs, développer le temps deconcertation, le travail en équipe,la formation doit s’amplifier.Pour l’école et la réussite de tous,pour nos salaires, le SNUipp et laFSU appellent à de nouvelles mo-bilisations dans les jours et les se-maines qui viennent, et dans l’uni-té la plus large!

Renaud Bousquet

N° 309 4 février 2008

A

Dossier

Réflexions

Actu

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( )fenêtressur . cours( )fenêtressur . cours Edi t

MétierORNE:les films de fictionau service del’enseignementde l’histoirePORTRAIT:enseignantet maire à la fois

CARTE SCOLAIRE: la Gironde à secHEURES DU SAMEDI: zoom sur lesorientations ministérielles et l’avis desenseignants ayant répondu au questionnaire duSNUipp

LE LIVRE EN CONQUÊTE:la littérature est présente àl’école par plusieurs biais.Elle participe à la constructiond’une culture commune.

LEUR AVIS:des contrats de travail flexibles?INTERVIEW: Michel Averousregarde le bilan de l’enquête sur lessanitaires scolaires

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Le 6 février, votre associationregroupant les AVS lance unejournée d’action. De quois’agit-il?Nous souhaitons interpeler lesRecteurs et, dans certaines aca-démies, les préfets et les dépu-tés, afin de leur remettre ce jourun document (1) en faveur de lacréation d’un métier d’accom-pagnant des enfants en situa-tion de handicap en milieu or-dinaire. En même temps, unelettre ouverte avec les organi-sations syndicales donty leSNUipp, sous forme de péti-tion, sera adressée au Premier ministre.Ensemble, nous demandons que s’engagentde réelles discussions sur la concrétisation desmissions AVS en un véritable métier et sur lapérennisation de ce personnel. De plus, desmesures d’urgence pour les personnels arri-vant en fin de contrat doivent être prises.

Quelle est la situation de ces personnels?Ces personnels sont employés en toute préca-rité, sans reconnaissance de leur travail.Plusieurs statuts se confondent: des assistantsd’éducation recrutés par deux fois trois ansmaximums aux Emplois vie scolaire dont lescontrats peuvent être de six à vingt-quatremois. Chaque année, certains quittent leursfonctions sans perspectives, et sans pouvoirréinvestir les compétences acquises. La fin de

milliards d’euros per-dus par la Société générale, çareprésente un an de RMI enFrance pour deux millions depersonnes, ou encore la sommeque réclame sans succès l’ONUpour parvenir à l’éducation pri-maire universelle.

ces contrats intervient parfoisen milieu d’année sans queles Académies pourvoient àleur remplacement. Ces rup-tures sont dommageablespour l’accompagnement desélèves en situation de handi-cap. Sans parler des salaires(20 heures imposées payéesentre 500 et 700 euros), dumanque de formation pour

exercer les missions convena-blement.

Vous évoquez la nécessité de re-connaître un nouveau métier?

Aujourd’hui, 16000 personnes exercent dansles écoles auprès des élèves en situation dehandicap. Cette fonction n’a cessé de se dé-velopper et répond à un besoin réel. Leursmissions sont essentielles: permettre à desmilliers d’enfants de suivre une scolarité enmilieu ordinaire, en les accompagnant dansleur accès à l’autonomie. C’est un métier àpart entière qui nécessite une formation préa-lable de qualité et un recrutement à la hauteurdes besoins, bon nombre d’élèves handicapésétant encore sans accompagnement à ce jour(malgré des notifications MDPH) et leurnombre va forcément aller en augmentant.

Propos recueillispar Sébastien Sihr

(1) http://www.unaisse.fr

L ’ IE FETE SES 15 ANSL’internationale de l’éducation a fêté le

26 janvier dernier sa quinzième annéed’existence. Née de la jonction de deux

confédérations mondiales, l’IE regroupesur 171 pays 394 organisations qui totali-

se 30 millions de membres. Son action estparticulièrement orientée sur l’éducation

pour tous les enfants, les droits desfemmes et des filles, la lutte contre le tra-vail des enfants, les droits syndicaux et la

prévention du Sida.

Dans son rapport annuel, la HALDE (hauteautorité de lutte contre les discriminationset pour l’égalité) s’inquiète des discrimina-tions à l’école, par exemple sur la scolari-sation des enfants handicapés en milieu or-dinaire ou encore sur les enfants de gens devoyage, rappellant que les refus de de-mandes de scolarisation sont illégaux etdiscriminatoires.Elle demande aussi que la formation desmaîtres et des inspecteurs intègre « la non-discrimination et le respect desdifférences » et que soient éliminés les sté-réotypes dans les manuels scolaires, luttercontre les préjugés, « l’éducation nationale

devrait rapidement engager un travail sys-tématique de sensibilisation aux discrimi-nations ». Ce travail doit inclure la luttecontre l’homophobie, « une des causesprincipales de suicide chez les adoles-cents ». Dans ce cadre la France devrait re-connaître la journée mondiale de luttecontre l’homophobie du 17 mai.Enfin, concernant l’accès aux cantines desenfants souffrant d’allergies alimentaires,la Halde rappelle que le refus de « l’amé-nagement raisonnable » opposé à l’enfant« est une discrimination fondée sur l’étatde santé passible de sanctions. »

Daniel Labaquère

L ’ UNICEF PISTELA MORTALITÉ INFANTILE« Chaque jour, plus de 26000 enfants de

moins de 5 ans meurent dans le monde, decauses qui, pour la plupart, auraient pu

être prévenues ». Dans son rapport 2008,l’UNICEF tire le signal d’alarme sur « lasituation des enfants dans le monde ». Si

la mortalité infantile a régressé de 25 % en15 ans, le rythme reste insuffisant. Des

pistes simples peuvent y remédier. L’UNI-CEF appelle à soutenir les systèmes de

soin même rudimentaires, intégrer la santéet la nutrition des mères et des enfants

dans une stratégie globale.

Actu

Mireille Jennequin,vice-présidente del’Unaïsse (Union na-tionale pour l’avenirde l’inclusion scolaire,sociale et éducative)

« Concrétiser les missions AVSen un véritable métier »

4,9La Halde au rapport

GAZA : SITUATIONTRÈS PRÉOCCUPANTE

Avant le blocus complet de la bande deGaza, l’Unicef estimait que le niveau desélèves gazaouis, représentant la moitié dela population de ce territoire, avait forte-ment chuté. Le nombre de salles insuffi-

sant, la peur et la faim, 80 % des famillesdépendent de l’aide humanitaire, expli-

quent cette « entrave à l’éducation ».Après une respiration de courte durée

suite à la brèche de la frontière égyptien-ne, la situation humanitaire reste extrême-

ment préoccupante.

5

Actu

a phrase a fait mal. Disons mêmequ’elle énerve : « dans la transmis-

sion des valeurs et dans l’apprentissagede la différence entre le bien et le mal,l’instituteur ne pourra jamais remplacerle pasteur ou le curé, parce qu’il luimanquera toujours la radicalité du sa-crifice de sa vie et le charisme d’un en-gagement porteur d’espérance ». Dansun communiqué commun initié par laLigue de l’enseignement, des organisa-tions syndicales et des associations* rap-pellent l’article 1er de la constitution quifait de la France « une république indivi-sible, démocratique, laïque et sociale.Ces quatre termes indissociables définissent desprincipes qui s’imposent à tous, au premier rangdesquels le Président de la République ». Ellesnotent que « les déclarations récentes deMonsieur Sarkozy […] portent atteinte à la laï-cité de la république ».Elles rappellent une fois de plus que « la laïcitépermet l’émancipation de tous en favorisant lelibre accès au savoir et à la culture et le discer-nement de chacun pour un libre choix de vie, par

une démarche rationnelle et critique faisanttoute leur place au doute, à l’imagination et à lacréativité ». J.M.

*Cahiers Pédagogiques, CAEDEL, CEMEA, ComitéLaïcité et République, CNAFAL, CNAL, DDEN,EEDF, EGALE, FCPE, FGPEP, Francas, FSU (avecSNEP, SNES et SNUIPP), Grand Orient de France,JPA, Le chevalier de la Barre Libre Pensée, Ligue del’enseignement, Ligue des Droits de l’Homme,Mission Laïque, SGEN-CFDT, Solidarité Laïque,UFAL, Union Rationaliste, UNSA-Education

LAICITE : ADRESSE AU PRESIDENTL

816 500 BEBES EN 2007

IMMIGRATION ILLEGALE :NON A LA DIRECTIVE

La France reste en pointe de l’Union eu-

ropéenne, pour la fécondité. Les

chiffres de l’INSEE concernant le bilan

démographique du pays indiquent qu’en

2007 816 500 naissances ont été en-

registrées ce qui équivaut à un indica-

teur conjoncturel de fécondité de 198

enfants pour 100 femmes. Un record

quand on sait qu’en Allemagne il est de

1,3 enfant par femme et de 1,4 en

Europe du Sud et Est.

526 500 décès ayant été enregistrés,

le solde naturel s’élève à + 290 000 sur

l ’année, auquel il faut ajouter un solde

migratoire de +71 000. Au 1er janvier

2008, la population de la France métro-

politaine et des départements d’outre-

mer est estimée à 63, 8 millions d’ha-

bitants.

Une pétition lancée par la CI-MADE avec 14 autres asso-ciations européennes dénoncele projet de directive euro-péenne sur l’enfermement etle renvoi des étrangers en si-tuation irrégulière. Cette di-rective harmoniserait par lebas les normes en vigueurdans les différents Etatsmembres en prévoyant une ré-tention pouvant atteindre 18mois. Elle porterait gravementatteinte aux droits del’Homme en banalisant leprincipe de l’enfermementdes personnes comme modede gestion des migrants. LaFSU est signataire de cette pé-tition.

http://www.directivedelahonte.org

Année Naissancesvivantes Décès Solde naturel

Soldemigratoire

évalué

2000 808,2 540,7 +267,5 +71

2001 804,1 541,2 +262,9 +87

2002 793,6 545,4 +248,3 +97

2003 793,9 562,6 +231,3 +102

2004 800,2 519,6 +280,6 +105

2005 807,8 538,2 +269,6 +92

2006 830,3 527,0 +303,3 +90

2007 (p) 816,5 526,5 +290,0 +71

en milliers

(p) Résultats provisoires.Sources : Insee, statistiques de l’état civil et « enquête Villes ».

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REVUE DE PRESSE

Petit tour d’horizon de l’état des mobilisationslors de la journée du 24 janvier.

Dans les rues de Nice, lerassemblement intersyn-dical a mobilisé près de4000 personnes. Nice-matin note que dans lecortège « rythmé à sou-hait, compact et détermi-

né, fleurissait surtout des revendications liées aupouvoir d’achat et à la défense du service public ».Christa Canquouet, psychologue scolairetémoigne : « je suis sur quatre écoles par jour etn’ai guère de temps entre midi et deux. C’est tra-vailler toujours plus pour gagner moins… »

« Près de 1000 manifes-tants ont défilé àAurillac » souligne LaMontagne. Parmi les re-vendications, la haussegénérale des salaires, laquestion des retraitespour les salariés du pu-blic et du privé. Le mot d’ordre de grève a été biensuivi dans le premier degré. 74 % des enseignantsétatient en grève dans les écoles.

« A Poitiers, la manifes-tation départementalecalme mais déterminée arassemblé plus de 2000personnes » note LaNouvelle République. Entête, les enseignants

étaient particulièrement nombreux. Présents égale-ment « les personnels de santé se détachant du lotgrâce à leurs oriflammes et banderoles tout commedes fonctionnaires des services sociaux, des im-pôts, de la ville de Poitiers, des retraités, des éluset des salariés du secteur public ».

Pour la Marseillaise, « le Sud était aux couleurs dupouvoir d’achat ». Montpellier, Béziers, Sète,Toulon et Marseille ont battu le pavé contre « lacasse des effectifs dans l’Education et les pertes desalaires dans ce secteur ». Le quotidien fait échode la satisfaction des manifestants devant « la fortemobilisation » et« l’échec de la mise enplace du service mini-mun dans les mairiespour l’accueil des en-fants ».

uand en décembre les ensei-gnants de la circonscription dePont-Audemer (Eure) ont reçu

une note de leur IEN leur expliquantqu’ils devaient expérimenter les nou-veaux livrets de compétences du mi-nistère et qu’ils devaient réfléchirpour inventer les exercices d’évalua-tion correspondant pour le 21 dé-cembre… à la surprise a succédé lacolère. « Expérimenter pourquoi pas,mais sur la base du volontariat et avecdu temps pour le faire » c’est en résu-mé ce qu’ont demandé les enseignantset ce que portera le SNUipp 27 lors del’entrevue qu’il a demandé à l’IA le4 février. Cette expérimentation semet en place dans l’urgence sans pou-voir vraiment comprendre ce qui mo-tive cette diligence. Dans chaque cir-conscription concernée, une par aca-démie, la réaction à peu ou prou étaitla même. Des enseignants exaspéréspar ce qui apparaît comme une chargede travail supplémentaire. EnMeurthe-et-Moselle, une lettre inter-syndicale a été envoyée aux écoles surle thème « Exigez du temps de travaillibéré ».Dans l’Orne, l’Eure, la Meurthe etMoselle, le Puy-de-Dôme, parexemple, la réponse de l’Inspection

académique aux demandes de tempsdes enseignants a été de consacrer uneou deux animations pédagogiques à laquestion. Concrètement, commentl’expérimentation va-t-elle se mettreen place ? Lors d’une rencontre avecle SNUipp 61, l’inspectriced’Académie de l’Orne a expliqué qu’ils’agissait pour tous les enseignants dela circonscription de « donner leuravis sur la faisabilité du remplissagedes livrets d’évaluation, sur l’adéqua-tion des demandes en fonction des pa-liers ». Il ne s’agirait donc pas de rem-plir un livret pour chaque enfant maisde discuter du contenu des items(phraséologie, contenus...). A Nancy,les enseignants sont sensés se mettre« en situation réelle », c’est à diredans la situation que chacun seraamené à connaître une fois le livretgénéralisé… Sur la circonscription deRiom, certains enseignants prévoientd’expérimenter à partir de quelquescas d’élèves… Cacophonie générali-sée du côté des académies ? LeSNUipp organise une enquête natio-nale auprès des circonscriptions testspour savoir comment se passe l’expé-rimentation et comment les ensei-gnants apprécient ce nouvel outil.

Lydie Buguet

Q

LIVRET DE COMPETENCESDU TEMPS POUR L’ EXPERIMENTATION

Elections IUFM : la FSU en têteCette année, les modalités des élections sont très disparates d’un Iufm àl’autre. Sur les huit déjà intégrés à une université dès la rentrée celles d’Aix-Marseille, Créteil, Limoges, Lyon, Nantes, Reims et Versailles ont élu pour lapremière fois leur conseil d’école. La FSU devient partout l’organisation syn-dicale majoritaire des usagers en recueillant entre 51% des voix à Créteil et69,7% à Limoges.Les autres Iufm ont élu ou reconduit le conseil d’administration, puis, unefois intégrés, organiseront de nouvelles élections pour constituer leur conseild’école. Là où les élections se sont tenues cette année, la FSU conserve sapremière place comme à Strasbourg (39,8%), Dijon (49,12%), Rouen (61%),Amiens (41,5%).Rompant avec les modalités des années précédentes, la décision des Iufm dene pas organiser de vote par correspondance a entraîné une forte baisse de laparticipation à ces élections.

Une circonscription par académie doit « expérimenter » le li-vret de compétences. Une organisation précipitée qui exasp è-re les enseignants.

Actu

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Actu

A l'appel de la quasi totalité des organisa-tions syndicales (CFDT, CFTC, CGT, FO,FSU, Solidaires et Unsa), la grève du 24janvier pour les salaires et le pouvoird'achat, sur l'emploi et la précarité, a large-ment mobilisé : plus de 500 000 manifes-tants, un fonctionnaire sur 3 en grève, unegrève reçue favorablement par 57% desFrançais. Les enseignants (à plus de 50%dans les écoles primaires et élémentaires)ont réitéré la réussite du 20 novembre. « Travailler plus pour gagner plus »(heures supplémentaires et salaires au méri-te) a un préalable : celui d'être payé de ma-nière juste, selon l'évolution du coût de lavie, et équitable, par la hausse du point d'in-dice. Alors que l'inflation se situe autour de2% par an depuis 2000, les salariés de lafonction publique ont perdu près de 7% deleur pouvoir d'achat sur la même période. Une grève « totalement inutile » pour leministre de la fonction publique, EricWoerth, qui 48 heures avant la grève a an-noncé une discussion sur l'augmentation dupoint d'indice... le 18 février. Difficile de recourir au « dialogue social »quand de surcroît le ministre Darcos profitede cette journée de grève pour installer, àmarche forcée, un « service minimum »dont les modalités devaient être discutéespour la rentrée 2008 ! Finalement FrançoisFillon recevra les organisations syndicaleslundi 4 février et s'engage à faire des propo-sitions chiffrées pour le lendemain. Mais la grève porte aussi d'autres revendi-cations qui s'opposent aux remises en causedu service public, des retraites, des droits dutravail... L'école ne peut pas ignorer les ré-

percussions sur les élèves et sur son fonc-tionnement quand les inégalités se creusent,les solidarités se délitent, la pauvreté croît.Dans l'éducation, la réduction des emplois(11 200 pour 2008) va se poursuivre : 20000 par an jusqu'en 2012. Dans le premierdegré, en plus de la baisse des postes auconcours, la hausse démographique n'estpas accompagnée par des postes en nombresuffisant. Les conséquences sont déjàconnues : hausse des effectifs dans lesclasses, non-remplacement, non scolarisa-tion des 2 ans et formation continue rabou-grie. Le ministre a beau jeu de vouloir pu-blier les résultats des évaluations des élèvesou renforcer l'évaluation des enseignantsquand il ne donne plus ni formation, niconditions de travail acceptables! Aquelques mois de la prochaine rentrée, lesannonces se multiplient sans que personnene sache rien des programmes qui doiventêtre recentrés sur les fondamentaux. Et ilfaudra aussi les adapter au temps d'ensei-gnement réduit à 24 heures. Rien non plusquant aux réelles conditions à venir du fonc-tionnement des écoles. Rien non plus surl'avenir des personnels précaires AVS etEVS : qu'en sera-t-il à la rentrée de l'accom-pagnement des élèves handicapés, de l'aideà la direction d'école ...? C'est le flou total. Et en point d'orgue, après les déclarations deNicolas Sarkozy sur les valeurs du curé su-périeures à celles de l'instituteur, le rapportAttali ramène l'éducation au service del'économie. Normal que les enseignants nes'y retrouvent plus. Sur le terrain déjà lesAVS revendiquent une professionnalisationet les départements commencent à se mobi-

Le succès de la grève a ramené le gouvernement vers la table des discussions sur les salaires. Déjà des actions decarte scolaire démarrent dans les départements en vue de mobilisations plus larges en mars.

La commission Pochard recon-naît que « les conditions d'en-seignement dans le 1er degrésont en revanche parmi lesmoins favorisées d'Europe » :les effectifs moyens par classetout comme l'horaire hebdoma-daire et annuel des instituteurs etPE sont parmi les plus élevésd'Europe.

De même les enseignants du 1erdegré ont raison de demanderd'être reconnus : leur salairemoyen est de 1900 euros (toutcompris). Dans le second degré,il est de 2700 euros.

ET LE PROGRES SOCIAL?

liser sur la carte scolaire comme en témoi-gnent les actions en cours dans les départe-ments. C'est sur la base de ces actions lesplus unitaires possibles que les fédérationsde l'éducation ont décidé de s'appuyer pourencourager et accompagner toutes les initia-tives de mobilisations sur la période descongés de février. La FSU propose une ac-tion à caractère national en mars sur l'édu-cation.

Michelle Frémont

ET LE PROGRES SOCIAL ?

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Actu

cette commune en extension, 2 ouvertures en 6 ans,l’école fait le plein : 31,7 élèves en moyenne à lamaternelle et presque 28 en élémentaire avec unCM1 à 30 et 2 CE1 à 28 ! Les générations qui sui-vent sont aussi nombreuses et la construction d’unlotissement est encore prévue. Brigitte s’accrochequand même pour les 2 ans : « c’est un parti pris del’équipe, c’est une politique d’accueil au cas parcas », pas question d’y renoncer. Mais c’est de plusen plus difficile.Les règles imposées à l’école maternelle sont dras-tiques : ouverture à plus de 32, sans les 2 ans (25 enZEP) et on ferme à 30 ! La hausse des effectifs parclasse limite de fait la scolarisation des moins de 3ans : seuls 2323 enfants sont scolarisés en Gironde,soit 11,4 %, un des taux les plus bas de France. Unesituation préoccupante car elle touche plus encoreles ZEP dont les seuils d’accueil débordent commeà Sainte Terre, une école maternelle de ZEP : 27,7élèves par classe. En fait le mode de calcul globa-lise les effectifs de maternelle et primaire et « celafait 3 ans que l’on passe à côté de l’ouverture »,explique Jean-Luc Pimouguet, le directeur del’école. Et les deux ans ne sont pas du tout scolari-sés cette année !En dépit du report par le ministère des opérationsde carte scolaire, la Gironde s’est quand même lan-cée dans le débat pour faire valoir ses besoins pourla rentrée 2008. Une habitude, diront certains qui

our aider les élèves, les enseignants del’école primaire Henri Bardon à Castillonla bataille pensaient avoir trouvé des ré-

ponses grâce à un poste de soutien à l’apprentissa-ge de la langue française. Dans cette ville de 30000habitants, à l’est de Bordeaux, l’école est classéeen ZEP (59 % de PCS défavorisées).« L’organisation de travail avec un maître de plusque de classes a montré depuis 4 ans de réels ré-sultats positifs, surtout en cycle 2 », expliqueMarie-Thérèse Dominique enseignante en CM.Elle raconte comment, il y a un an, avec toutel’équipe, ils ont choisi de conserver ce poste en sa-crifiant un poste classe. Du coup les effectifs parclasse sont lourds. Comme en élémentaire, « onouvre à 28 et on ferme à 26 »… « la crainte c’estde perdre ce poste, on ne pourra pas continuelle-ment charger les classes pour garder cette façon detravailler », déplore-t-elle.Dans ce coin de Gironde, la préparation de la cartescolaire est déjà dans toutes les têtes. Il faut recon-naître que ce département de l’arc atlantique,connaît un fort et constant essor démographique : letaux d’évolution annuel moyen est de 1,1 % pour lapériode 1999-2006 selon les données de l’INSEE.Les mouvements de population sont donc signifi-catifs et se combinent avec les caractéristiques géo-graphiques et sociales : 35,5 % de professions et ca-tégories sociales défavorisées, 9,5 % de personnesen chômage et 35 allocataires « RMI » pour millehabitants. La population rurale représente seule-ment 14,8 %, plus 6,8 % de rural isolé, mais c’estelle qui concentre une grande part des importantesdifficultés sociales (on connaît plusieurs REP- ex-ZEP- ruraux) face à une très grosse concentrationurbaine sur Bordeaux.Une population en hausse, c’est bien des effectifsen plus dans les écoles et des difficultés en vuepour les ouvertures et fermetures de classes. Et leséquipes des écoles ont le sentiment d’être toujourssur le fil, souvent à 4 ou 5 élèves près. À Vayres,dans le Libournais, l’inquiétude est permanentepour la directrice de l’école, Brigitte Salmon. Dans

La Gironde demande un nouveau plan de rattrapage de 300 postes pour faireface à la hausse démographique.

DES DOTATIONS PAS GIRONDES

P

9

se rappellent la bataille menée en 2003. Ledépartement avait obtenu la mise en oeuvred’un plan de rattrapage à raison de 150postes par an sur 3 ans. Par la suite les dota-tions positives comme les 58 postes en 2007n’ont pu absorber tout le retard pris devantla hausse démographique. Avec un rapportdu nombre de professeurs pour 100 élèves(P/E) de 5,11, la Gironde se classe en 95èmeposition sur les 100 départements. Il fau-drait 300 postes pour rattraper la moyennenationale*. Or, le recteur vient d’attribuer43 postes pour la Gironde avec, pour ambi-

tion, de « maintenir le taux d’encadrement »donc des mêmes difficultés dans les écoles !Sans omettre le fait que discuter de« moyennes » masque le plus souvent uneréalité complexe, lorsqu’il s’agit de la ré-partition des élèves dans les classes.Prendre en compte les paramètres pédago-giques devient une gageure devant la calcu-lette. Comment organiser les ateliers d’in-formatique, de langues étrangères, aider lesélèves? En fait dans la carte scolaire ilrentre bien d’autres paramètres que lesimple rapport élèves/ professeurs ! « Il

n’est pas prouvé que moins d’effectifs parclasse améliorent les résultats des élèves »,diront certains, mais ce qui est sûr, c’est quecela entraîne une dégradation des conditionsde travail pour les élèves comme pour lesenseignants et cela ne permet pas de trouverdes solutions alternatives : au mieux c’est lestatu quo. Qui peut s’en contenter ?

Michelle Frémont*Voir sur le site du SNUipp 33 la pétition dépar-tementale de la FCPE, du SNUipp, du Se, duSGEN et de FO. Voir aussi le courrier adresséaux élus et la motion pour les conseils d’école.

Haute-Alpes

Alpes-de-Haute Provence

AlpesMaritimes

Corse

Bouches-du-Rhône

+39

+29

-39

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+1

+2

+23+6

entre9 et 11

entre2 et 4

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+9

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+6

-9

N.C.

N.C.

N.C.

N.C.

N.C.

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0

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Pas deCalais

SommeAisne

Ardennes

Marne

Seine etMarne

Essonnes

Yvelines

Val d’Oise

OiseSeineMaritime

EureCalvados

Manche

Orne

FinistèreCôtes d’Armor Ile-et-

Vilaine

Morbihan

Mayenne

Loire-Atlantique

Maine-et-Loire

Vendée

Deux-Sèvres

Indre-et-Loire

Vienne

Sarthe

Loir-et-Cher

Eure-et-Loir

Loiret

Territoirede Belfort

Yonne

AubeHauteMarne

Vosges

Meurthe-et-Moselle

Moselle

Hauts-de-Seine

Seine-St-Denis

Val-de-Marne

Paris

MeuseBasRhin

HautRhin

HauteSaône

Doubs

Jura

Haute-SavoieAin

Rhône

Isère

SavoieLoire

Allier

Puy-de-Dôme

Creuse

Haute-VienneCharente

Charente-Maritime

Gironde

Landes

Pyrénées-Atlantique

Hautes-Pyrénées

Gers

Lot-et-Garonne

Lot

Tarn-etGaronne

HauteGaronne

Ariège

Aude

Tarn Aveyron

Hérault

Lozère

Gard

Var

Vaucluse

PyrénéesOrientales

Dordogne

CorrèzeCantal Haute-Loire

Drôme

Ardèche

Côted’Or

Saône-et-Loire

NièvreCher

Indre

Nord

Guyane

Réunion

Martinique

Guadeloupe

Cartes scolaires départementalesLes ouvertures et les fermetures

ne seront annoncées qu’après

les éléctions

municipales.

10

Actu

Pages réalisées parArnaud Malaisé,

Sébastien Sihr

Des mesuresmal orientées

Négociations en fin de parcours? Après 6réunions avec le ministère sur l’utilisationdes heures libérées par la suppression dusamedi matin, la dernière en date qui s’esttenue le 25 janvier dernier devait tenir lieude conclusion. Faisant suite à la concerta-tion bilatérale de la veille, qui avait vu leSNUipp rappeler dans une adresse sesexigences sur ce dossier important (voirci-dessous), les trois organisationsSNUipp, SGEN et SE engagées dans lesdiscussions ont pris connaissance desorientations ministérielles sur ce qui pour-rait être la nouvelle organisation du servi-ce des enseignants. À l’heure où nousbouclons, les propositions finales ne sontpas encore connues.Les 108 heures annuelles libérées pour-raient être utilisées selon plusieurs moda-lités. Sans changement, 6 heures de-vraient toujours être consacrées au conseild’école et 12 heures aux animations péda-gogiques. Par contre, le ministère aug-mente de 4 heures par an le temps pour letravail des équipes enseignantes consacréau conseil des maîtres ou de cycle quipasse de 18 à 22 heures annuelles. Faisantoeuvre de générosite, le ministère n’ou-blie pas d' ajouter une nouvelle missionsans pour autant dégager un temps suffi-sant : les relations avec les parents affi-chées dans les obligations de service.Mais la grande nouveauté, avancée parXavier Darcos depuis Octobre, est letemps en dehors de la classe dévolu à laprise en charge des enfants en difficulté« prenant la forme d’un PPRE » dans un« maximum de deux heures hebdoma-daires ». Après avoir avancé le chiffre de54 heures annuelles, ce serait finalement68 heures sous forme d’aides directes quidevraient concerner ces élèves. Très flou,le ministère précise que si les actions nemobilisent pas ces heures, elles pourraientêtre dédiées à un temps de formation quireste à définir. Le tout après les 24 heuresd’enseignement. C’est « le conseil desmaîtres qui devrait définir le reparagedes élèves, les modalités d’aides, l’éva-luation de leurs effets ». L’IEN devrait en-suite « valider les décisions prises et as-surer la régulation ».

Suivre l’information au jour le jour:www.snuipp.fr

HEURES DU SAMEDI : LA REUSSITES’ELOIGNE PAR MANQUE DE TEMPS

constituent des propositions inacceptables,en l’état, pour le SNUipp. Sans compter,toutes les prescriptions ministérielles (pro-grammes, b2i, sécurité routière, EDD) qu’ilfaut continuer de mettre en oeuvre avecmoins de temps d’enseignement pour tous.Bernard Laporte, secrétaire d’état au sport aannoncé sa volonté de voir une quatrièmeheure d’EPS en primaire. Les enseignantsde maternelle concernés par le dispositifd’aide directe seront appelés à prendre encharge certains enfants sur la maîtrise de lalangue orale. Ils pourraient intervenir enélémentaire avec des enfants de cycle II.Qui en décidera? Comment se concerteravec l’enseignant d’élémentaire ? Pourquels frais de déplacement?À travers ce dossier et les autres mesuresavancées, c’est toute la politique éducativedu ministère qui est interrogée. Dans uncadre budgétaire contraint, celui-ci renvoiela prise en charge de la difficulté scolaire endehors du temps de classe. Pour ces mêmesélèves, Xavier Darcos annonce des stagesd’une semaine de remise à niveau lors descongés de printemps 2008. Il prévoit lamise en ligne des résultats des élèves auxévaluations CE1 et CM2. Enfin, le ministredemande un nouveau mode d’évaluationdes enseignants réorienté vers les acquis etles progrès des élèves. Sur tous ces points,le SNUipp interpelle à nouveau le ministre.La réussite de tous appelle d’autres ré-ponses : du temps, plus de maîtres que declasses, une réaffirmation de la maternelle,de la formation.

24 + 3. Tout au long des discussions enga-gées avec le ministère depuis octobre, leSNUipp a réitéré fermement sa revendica-tion sur la nécessité de temps pour leséquipes enseignantes. Du temps pour tra-vailler en équipe, se concerter, réfléchir afind’élaborer ensemble les réponses adaptéesà la diversité de la difficulté scolaire sur letemps de classe. Du temps pour absorberune charge de travail qui n’a cessé des’alourdir ces dernières années. À l’éviden-ce, la décision du ministère de supprimer,de manière unilatérale, deux heures de clas-se par semaine pour tous les élèves n’ouvreaucune perspective pour commencer àtransformer l’école pour la réussite de tous.Et pourtant, les marges de manoeuvre exis-taient. Le volume horaire dégagé aurait puprendre en compte la complexité des mis-sions assignées à l’école qui nécessite pour-tant d’être appréhendée et maîtrisée dansl’exercice du métier d’enseignant (équipeséducatives, réunions avec les parents, PAI,PPRE, PPS, conseil des maîtres, évaluation,scolarisation des enfants en situation dehandicap…). Le SNUipp a pointé lesrisques qui pèsent sur les RASED et sur laformation continue.Au final, les orientations ministérielles(voir ci-contre) n’aident pas à mieuxprendre en charge ces exigences. Elles necorrespondent pas non plus aux nom-breuses réponses du questionnaire lancé parle SNUipp auprès des enseignants (voirp.11). Elles n’apportent pas une réponsepertinente à la question de la difficulté sco-laire. « 68 heures consacrées à des actionsdirectes auprès des élèves concernés » et4 heures pour préparer ces interventions

Pas totalement finalisées, les

orientations ministérielles ne

dégageraient que très peu de

temps supplémentaires pour

les équipes enseignantes. Un

rendez-vous manqué qui met

en lumière une politique édu-

cative éloignée de l’exigence

de réussite.

11

LES ENSEIGNANTS DONNENT LEUR AVIS

Doivent-elles être affectées ex-clusivement à de l’enseigne-ment ?

Doivent-elles être affectéesdans leur totalité au travaild’équipe et au temps deconcertation ?

Doivent-elles être affectées enpartie au travail avec les élèveset pour une autre partie au tra-vail en équipe ?

Le ministère annonce que les heures dégagées seront affectées à la prise en charge des élèvesrencontrant des difficultés.

Selon vous, à quoi devraient être affectées cesheures dégagées ? (classements des réponses parordre de priorité)

1. Le travail en équipe au sein de l’école(conseil des maîtres, de cycles, équipe éducative…)2. La prise en compte de l’accroissement de la charge detravail3. La mise en place de dispositifs (plus de maîtres que declasses…)4. Le soutien individualisé ou en groupe des élèves endifficulté5. La formation des enseignants6. Les relations avec les parents d’élèves

Pour vous, qui doit déciderde l’utilisation et de l’orga-nisation de ces heures ?

En quelques jours, plus de 15000enseignants ont répondu au ques-tionnaire du SNuipp sur la sup-pression du « samedi matin ».Prioritairement, les enseignantsdemandent du temps pour tra-vailler en équipe et pour recon-naître le travail déjà accompli horsde la classe. S’ ils portent globale-ment une opinion favorable surcette suppression (61,72%), leurvolonté d’utilisation de ces heureslibérées diffère de celle préconiséepar le ministre (voir ci-contre). Le« soutien » ne recueille que7,37 % d’opinion très favorable et18,46 % d’opinion favorable. Bienmoins, les 23,8 % d’opinion trèsfavorable et 40,05 % d’opinion fa-vorable pour « le partenariat, laconcertation et les relations avecles parents ». Le « soutien » n’ar-rive qu’en quatrième vœu d’affec-tation de ces heures, loin derrièrela prise en compte de l’accroisse-ment de la charge de travail.Les enseignants seraient prêts à in-tervenir également dans un autrecycle à raison de deux fois par se-maine, mais paradoxalement nilors de la pause méridienne(68,7 % d’opposition), ni le soiraprès la classe (58,6 %), ni le mer-credi matin (77,8 %). Ils sont par-tagés concernant l’intervention surun autre cycle (48,52% contre43,50%) mais majoritairement dé-favorables pour changer d’école(79,12%) ou de commune(85,82%).L’efficacité de ce type deprise en charge ne recueille pasune approbation majoritaire(42,84 % contre 53,32%). Pour au-tant, celle-ci n’est pas rejetée parles enseignants. Toutefois à la lec-ture des résultats de l’enquête,cette prise en charge des élèves nedoit pas rajouter une nouvellecharge de travail. Insoluble ren-contre entre une idée théorique etsa mise en place sur le terrain…

Si les 2 heures dégagéesétaient affectées au dévelop-pement du partenariat, de laconcertation, des relationsavec les parents…, seriez-vous :

La prise en charge desélèves hors du temps de clas-se peut-il, selon vous, consti-tuer une réponse efficaceaux difficultés d’apprentis-sage ?

Quelle opinion portez-vous surl’annonce de la suppression declasse du samedi matin et de sesconséquences pour les élèves et lesenseignants?

« NOS ENFANTS SONT FICHÉS,NE NOUS EN FICHONS PAS »a mise en place de la « Base élèves »dans les écoles primaires a mis en évi-dence les problèmes éthiques liés aux

fichiers informatiques. Mais les questionsse posent tout autant pour d’autres fichierscomme SCONET qui concernent lesélèves de l’enseignement secondaire oudes fichiers « mairies » déjà en place. Àterme, tous les enfants devraient être « fi-chés » quel que soit leur mode de scolari-sation (publique ou privée, par correspon-dance ou instruction dispensée hors del’école), dès leur entrée à l’école et duranttoute leur scolarité. Ainsi risquent d’êtrecentralisées à l’échelon académique desinformations personnelles qui, jusqu’alors,

Le ministre bricole des stages de rattrapage« Dès les congès de printemps ainsi que du-rant les grandes vacances, des stages de re-mise à niveau seront proposés aux élèves lesplus faibles. Ces derniers seront assurés parles enseignants volontaires payés en heuressupplémentaires ». a déclaré Xavier Darcos,le 28 janvier dernier. A l’évidence, le ministreprivilégie l’annonce à la réflexion. Ce dispo-sitif n’a fait l’objet d’aucune discussion etd’aucune information en direction des ensei-gnants, des municipalités et des parents.Les élèves les plus faibles seront-ils privés devacances ? La difficulté scolaire peut-elletrouver réponse avec des « devoirs de va-cances »? Le SNUipp met en doute forte-ment « l’efficacité » d’une telle mesure etévoque « un faux rattrapage mais un vraibricolage ».

L’histoire des arts rentrera àl ’ école en 2009Les ministres de l’Education et de la Cultureont annoncé l’intégration de l’histoire desarts aux programmes de l’école primaire à larentrée 2009. Cette annonce fait suite au rap-port d’Eric Gross, l’inspecteur général del’Education nationale, présentant une série depropositions afin de développer l’éducationartistique et culturelle. Pour les enseignants,l’accès aux musées et monuments nationauxdépendant des ministères de la Culture et del’Enseignement supérieur sera gratuit à larentrée 2008. Mais, pour l’instant aucune me-sure de gratuité n’est avancée pour les élèves,payer l’entrée du musée lors d’une sortie sco-laire favorise-t-il le développement de l’édu-cation artistique et culturelle ?

Conseillers pédagogiques :vers une nouvelle circulaireDes missions nouvelles, des fonctions deplus en complexes, l’insuffisance des rému-nérations et des frais de déplacements… au-tant de questions qui étaient portées par uneintersyndicale (SNUipp, Se, Sgen, Snudi-FO) et l’association nationale des conseillerspédagogiques (ANCP) lors d’une audienceau Ministère. Ce dernier envisage de revoir,d’ici juin 2008, la circulaire de 1996 en lienavec la réforme du Cafipemf. Les organisa-tions ont insisté sur les rémunérations, lesfrais de déplacement et sur la reconnaissanceuniversitaire des qualifications desconseillers pédagogiques.

12

Actu

L ne sortaient pas des établissements sco-laires.Une pétition, que le SNUipp appelle à si-gner, a été rédigée par les associations etsyndicats* pour demander une remise àplat de l’ensemble des dispositifs existantsavec les garanties que toutes possibilitésde centralisation, d’interconnexion et departageabilité des données nominativessoient exclues.www.snuipp.fr

*CEMEA, CGT, Confédération syndicale desfamilles (CSF), FERC-CGT, FSU, Ligue del’enseignement, Ligue des droits de l’Homme,SNES, SNUIpp, Sud Education, Sundep-Solidaires, Union Syndicale Solidaires,UNSEN CGT.

elon le ministère,2 023 communes,sur plus de 20000

possédant une école, au-raient expérimenté le« service minimumd’accueil » lors de lagrève du 24 janvier. Cesmunicipalités, essentiel-lement rurales, ont tentéd’organiser un accueildes élèves. La volontéd’affichage exagéré auregard de la réalité a en-traîné des situationsubuesques comme àCambrai où les 5 ani-mateurs affectés par lemaire ont accueilli 3 en-fants le matin et un seul l’après-midi…Pour le SNUipp, plutôt que de vouloirmettre en place un service de garde mini-mum qui remet en cause le droit de grève,le gouvernement ferait mieux d’assurer unservice public d’éducation de qualité auquotidien, notamment en assurant les rem-placements tout au long de l’année.Dans certains départements, comme leCantal, les services académiques ont anti-

cipé la volonté ministé-rielle. Ils ont fait parve-nir dans les écoles uneenquête où les ensei-gnants devaient rensei-gner leur participation àla grève dès le vendredi18 janvier. les ensei-gnants previennent lesparents au moins 2jours avant la grève etnon l’administration,qui doit faire, seule et aposteriori, la preuve dela participation des en-seignants aux grèves.Provocations supplé-mentaires, le ministreprévoit d’affecter les

fonds issus des retenues sur salaires desgrévistes à l’indemnisation des com-munes.Le SNUipp continuera à s’opposer avecforce à cette obligation de se déclarer gré-viste à l’avance, voulue dorénavant par leministre dans une conception étrange dudialogue social où la menace prime surtoute discussion.

Arnaud Malaisé

SERVICE MINIMUM D’ACCUEILAPRES LE FLOP DES MENACES

S

14

Dossier

upport de littérature et fier de ce privi-lège, le livre n’arrête plus ses ambi-tions, exigeant au sein même de l’écoleune place de choix. Lui qui jadis prenaitmajoritairement la forme

de manuel est devenu au fil destemps complice des apprentis-sages, des progressions, desprojets d’école et des rêvesaussi. Enfermé qu’il était sur lesrayonnages, le voilà qui s’invi-te au voyage, circulant dans lescartables des enfants, s’intallantà leur domicile, mangeant etdormant avec eux: peu de ma-tériels utilisés en classe peuvents’enorgueillir d’une telle com-plicité avec l’élève.Le livre n’entend pas se canton-ner à l’école, il veut sa part dans la réussite detous et prétend même occuper dans les quar-tiers jadis trop pauvres pour s’offrir lemoindre opuscule un rôle intégrateur et,osons le mot, républicain. Il est assez malinpour avoir compris que s’il gagnait l’élèvedans la classe, il s’octroierait des chancesplus importantes pour ses autres vies, dansles bibliothèques et les librairies, les halls degare et tous les moments intimes propres auxlecteurs.

C’est pourquoi l’enseignant est devenu sacible. En quelques années, après avoir forcé àla création des BCD (voir page 18), il a coupsur coup emporté des crédits, obtenu la mul-tiplication des achats, et même une liste de

référence d’abord en cycle trois puis en cycledeux.Et ça ne lui suffit pas, il veut encore accroîtreson rayonnement.« Nous proposons aux enseignants une ana-

lyse du récit, des parcours delecture avec des activités au-tour des ouvrages, des aidesindividuelles à apporter auxélèves… » explique FrançoiseVigneau qui, en tant queconseillère pédagogique, aprésidé à la constructiond’une véritable mallette péda-gogique autour du livre (voirpage 16/17). Voilà donc lelivre qui occupe l’espace au-tour de lui et obtient de véri-

tables parcours dont il est le centre.

Les bibliothécaires ont initié le mouvement,ravis de constater que les « traditionnels em-prunts simplement consommateurs delivres » ne sont plus du goût des écoles,comme le note Brigitte Hue-Sellier (voirpage 18). Ils savaient déjà qu’à la biblio-thèque, « l’enfant n’est pas sous le regard desa capacité à lire ou à déchiffrer ». Et voilàque cette nouvelle dimension est égalementprise en compte par l’école qui, à voir agir etmettre en scène les livres comme savent lefaire les bibliothécaires, s’est prise au jeu. Lesenseignants ont en effet trouvé là matière àrepousser un peu plus l’échec scolaire, à in-viter des élèves culturellement si éloignés del’objet livre à s’y intéresser. Et également à

Le livre aengrangé

conquête surconquête à

l’école. Récitd’une bataille

menée sanscoup férir où

les enseignantsont pris leur

part.

« Le livre n’entend pas se

cantonner à l’école, il veut sa

part dans la réussite de tous

et prétend même occuper

dans les quartiers jadis trop

pauvres pour s’offrir le

moindre opuscule un rôle in-

tégrateur et, osons le mot,

républicain »

LA BATAILLEDU LIVRE

Dossier réalisé parLydie Buguet, Michelle Frémont,

Jacques Mucchielli, Sébastien Sihr

S

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unir un peu plus la classe sur des voyagesextraordinaires qui, semés de plaisir, favori-sent les apprentissages.

Le livre a donc gagné des batailles. YvanneChenouf, qui l’observe depuis son poste deprofesseur de Français à l’Iufm de Créteil,est là pour en témoigner: « Faut-il rappelerla bataille pour dire qu’un enfant qui ne sa-vait pas lire avait droit à des livres? » (voirpage 19). Ou encore une plus récente, en2002: « Alors que l’Education nationale nefaisait pas de la littérature sa priorité, denombreux acteurs de terrain œuvraientpour dire l’importance des livres […] Aprèsles premiers débordements des banlieues, lecaractère fédérateur de la langue, le besoinde faire culture commune ont aussi été desmoteurs pour que finalement le ministèrereprenne tout ce travail en le formalisantdans les programmes de 2002 ».

L’école n’a pas hésité à faire entrer les au-teurs, les accueillant à l’occasion des mul-tiples salons du livre pour qu’ils répondentavec malice aux questions nombreuses des

enfants qui s’y sont préparés (voir page 16).Mais le livre n’a pas gagné la guerre. Uneguerre, comme il le sait bien pour l’avoirtant de fois écrit, ne se gagne jamais vrai-ment. Il tient surtout à ses batailles. Et se

prend déjà à fomenter des plans pourcontrer un nouvel ennemi: la consomma-tion multimédiatique qui le ferait sortir de lavie des enfants.

LITTERATURE AU PROGRAMMELes programmes de 95 avaient encouragé la fréquentation des coins bibliothèques et BCD:lire des textes « riches de sens pour les enfants » (maternelle), utiliser des « textes littérairestrès simples » (CII), réserver « une part accrue, dans la perspective du collège, à la littéra-ture de jeunesse et aux textes littéraires » (CIII). La littérature fait réellement son entrée dansles programmes de 2002(1) avec la notion de « parcours de lecture » avec des « oeuvresfortes » et « classiques » ou nouvelles dès la maternelle. Les modifications apportées en 2007(2) ont réduit d’une heure la part réservée à cet enseignement au cycle 3 au profit de l’étudede la langue. « La fréquentation de la littérature d’expression française est un instrument ma-jeur des acquisitions nécessaires à la maîtrise de la langue française » est-il précisé au débutde la définition des compétences du socle commun: mémoriser et réciter des textes littéraires,lire des oeuvres littéraires intégrales… Nécessaire aussi pour maîtriser un autre pilier celuide la culture humaniste. Le ministère a annoncé une révision totale des programmes pour lesadapter à la diminution des horaires d’enseignement en particulier....

(1) BO H-S n° 1 du 14 février 2002.(2) BO n° 5 du 12 avril 2007

16

Dossier

n ce vendredi, les élèves de la classe deCM2 de l’école Paul Eluard 2 située enREP à Argenteuil entament leur troisiè-me séance de lecture sur l’album « Les

trois clés d’or » de Peter Sis. « Sortez votrecahier de lecture » demande l’enseignante,Elodie Girondin, à ses élèves tout en leur dis-tribuant un album pour deux. « Aujourd’hui,nous n’allons pas beaucoup avancer dans lalecture », révèle-t-elle. La séance sera consa-crée à une double page qui montre un plan dePrague, ville où se situe l’histoire de ce livre.Ce plan adapté par l’auteur imite la silhouet-te d’un chat. Pour tout texte, quelques lignessur une colonne qui laissent supposer que lenarrateur connaît bien Prague : « Tout ici merappelle mon enfance… »« C’est la quatrième oeuvre que nous étu-dions depuis le début de l’année », expliqueElodie qui fonctionne en module de deux àtrois semaines, pour lire des livres completsavec sa classe. L’année scolaire a débuté aufil des pages de « Madlenka » autre album dePeter Sis puis les élèves ont lu « une in-croyable histoire » roman policier deWilliam Irish. Ils ont fini le 1er trimestreavec une pièce de théâtre de Nathalie Papin« Le pays de rien ». Et revoilà Peter Sis avec

E

LA CLASÀ l’école Paul Eluardd’Argenteuil, Elodie Girondinpropose à ses élèves de CM2des parcours de lecture dans lalittérature de jeunesse. Uneapproche initiée par PatrickJoole qui allie plaisir de lalecture et lecture distanciéegrâce à des activités autourdes oeuvres.

Thomas Scotto intervient dans les classes pour discuter deses livres, carte d’identité de cet auteur jeunesse.

vrages de Thomas. « Les enfants compren-nent alors que mes livres sont ma carted’identité d’auteur ». Les ateliers d’écriturepermettent eux de saisir les étapes de lacréation. Avoir des idées bien sûr mais aussifaire des choix pour atteindre une cohéren-ce et accepter la frustation de laisser cer-taines de côté. Comprendre qu’un permierjet n’est pas suffisant. « Le rôle de l’ensei-gnant est primordial. Les classes travaillententre chaque rencontre. Moi j’intervienspour les relancer. » Thomas ajoute que sansles médiateurs que sont les enseignants etles bibliothécaires, ses livres auraient moinsd’audience. La littérature de jeunesse se dy-namise et se nourrit de l’exigence de seslecteurs qui deviendront grands.

*Bibliographie sélective : « La dentriste »,Thierry Magnier, 2006; « Le baiser du ser-pent », Syros (souris noire), 2004; « Sablesémouvants », Milan, 2001; La rentrée de la peti-te sorcière, Bayard, 2000; Comptines au longdes rues, Actes Sud Junior, 1998

Accueillir un auteur dans une classe est tou-jours un événement. Pour les élèvesd’abord qui souvent ont travaillé en amont,visité un univers particulier et sont dansl’attente de la rencontre. C’est aussi unefête pour l’auteur qui part à la découvertede ses lecteurs. Pour Thomas Scotto, auteurde comptines, d’albums et de romans*, cesrencontres sont même devenues indispen-sables. « Dans les classes, on atteint l’es-sentiel de l’émotion. Les enfants sont spon-tanés et disent quand ils aiment ou qu’ilsn’aiment pas » raconte-t-il. Alors à l’occa-sion des salons du livre, il se déplace dansles écoles pour démystifier les auteurs maissurtout pour montrer du dedans un travaild’écriture. « Je pars systématiquement dusouhait de l’enseignant, de ce que les en-fants ont fait en classe pour les amener àautre chose. Quand je quitte la classe, untravail d’écriture (au minimum poésie oujeux de mots) est lancé. » À l’enseignant deprolonger l’aventure. Thomas intervientaussi dans des classes pour des ateliersd’écriture plus ré-guliers. Cetteannée, il travailleavec deux classesde CM1/CM2 deMarseille sur uneseule histoire. Uneséance d’écritured’une classe rebon-dissant sur celle del’autre. Les ensei-gnants des deuxclasses ont mêmeorganisé un défilecture sur les ou-

À la rencontre d’un auteur…

17

cet album sur ses origines tchèques, témoi-gnage pour sa fille Madeleine… la Madlenkadéjà rencontrée.Si Elodie a choisi Peter Sis, c’est qu’elle l’adécouvert grâce à une mallette pédagogiqueréalisée par l’équipe de circonscription au-tour de l’inspectrice Marie-Claude Monsérié,les maîtres REP et avec l’aide de PatrickJoole* alors professeur à l’IUFM deVersailles. « Avec ces mallettes nous propo-sons aux enseignants une analyse du récit,des parcours de lecture avec des activités au-tour des ouvrages, des aides individuelles àapporter aux élèves… Des documents quepourraient faire les enseignants eux-mêmesmais qui leur demanderaient un investisse-ment énorme », explique Françoise Vigneau,conseillère pédagogique.Mais si Elodie a choisi PeterSis, c’est d’abord parce qu’elleaime l’univers de l’auteur.« Mon propre enthousiasmecontamine la classe ! » dit-elledans un sourire. À la façondont les élèves s’engagent dans

les activités du jour, on le croit volontiers. Laséance d’une heure et demie est découpée entrois activités différentes. Trois activités quireposent sur des difficultés inhérentes à lalecture littéraire répertoriées par PatrickJoole comme ici « les composantes del’énonciation » : le cadre spatio-temporel qui

peut être très éloigné de celuidu lecteur, l’identification duou des narrateurs mais aussil’importance de la lecture in-férentielle et intertextuelle quidemande à se confronter àd’autres textes. Ce vendredi, àla lecture silencieuse desquelques lignes du texte suc-cède une lecture orale del’illustration qui donne lieu àune série d’hypothèses sur lesens de cette double page, dece plan en forme de labyrinthequi pourrait bien mener le nar-rateur jusqu’à sa maison familiale citée dansles pages précédentes. Elodie propose alors àses élèves une lecture de la légende de

Dédale et Icare, mythefondateur au centre du-quel est présent unautre labyrinthe. Aprèsune reprise à l’oral desprincipaux éléments dutexte, les enfants sont

chargés d’écrire un résumé sur leur cahier delecteur. Pour les aider, l’enseignante fournitune fiche avec des aides sous la forme de vi-gnettes qui reprennent les étapes de la légen-de. Après cette activité individuelle, Elodiepropose aux enfants de revenir au labyrinthede Peter Sis. Les hypothèses pleuvent sur laprésence de la silhouette du chat dans leplan. « Peut-être que le chat a un rapportavec le passé de la ville ? », « Peut-être qu’ilexiste une légende des chats et que Peter Sisveut la faire apparaître dans son livre ? »,« Peut-être que les chats ont des indices surla présence des trois clés (référence au titre)dans la ville ? »… En relisant le bref texte,en « observant les pronoms » comme leconseille Elodie, les hypothèses se précisentsur l’identité du narrateur qui parle à la 1èrepersonne et qui s’adresse à Madeleine dès lapremière page de l’album : « Les person-

nages de l’album « Madlenka » ne vivaientpas à Prague, alors c’est peut-être Peter Sisqui parle ». Tout ici me rappelle mon enfan-ce, dit le narrateur. « Peut-être que Peter Sisse rappelle son enfance à Prague et qu’ilavait un chat… »Pour l’enseignante, ces mises au point oralespermettent à tous les élèves d’avancer et deprendre de la distance par rapport à l’histoi-re. Car pour Patrick Joole, amener les élèvesà prendre de la distance, c’est faire avec euxle constat des difficultés et surmonter lesobstacles à la compréhension par des activi-tés spécifiques. Un équilibre à trouver entreune lecture distanciée et le plaisir de la lectu-re… Pour Elodie le plaisir vient d’abord dela beauté, de la richesse du texte. Elle se re-fuse à donner des questionnaires systéma-tiques de lecture, « ce que je ne supporteraipas moi-même en tant que lectrice ». Ellepermet surtout d’autres lectures gratuites,des emprunts dans la BCD, la fiche de lectu-re ayant alors pour unique objectif de rendrecompte du plaisir ou non éprouvé. « Aux va-cances de Noël, je leur ai demandé de lire unlivre, certains ont largement dépassé la com-mande ! »

*auteur de « Lire des recits longs », Retz, 2006

SE AU FIL DES LECTURES

« Un équilibre à trouver entre

une lecture distanciée et le plai-

sir de la lecture… »

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omment le partenariat Biblio et école a-t-il évolué ?

Il existe de plus en plus des coopérations au-tour de rencontres et de projets précis élabo-rés dans le cadre de conventions avec lesécoles et montées avec les enseignants.Celles-ci ont l’intérêt de définir précisémentle rôle de chacun. Ces fonctionnements sesubstituent de plus en plus aux traditionnelsemprunts simplement consommateurs delivres. Mais chacun a encore beaucoup à pro-gresser. Les bibliothécaires sont souvent enrecherche de légitimité par rapport à ce qu’ilspeuvent apporter à l’école et aux ensei-gnants. Car si les bibliothèques peuventvenir se greffer au projet d’école, elles peu-vent aussi être parfois en coopération à sonélaboration quand celui-ci touche à la littéra-ture.

À ce titre, qu’est ce qu’une collaboration ef-ficace ?Un travail de qualité avec les écoles supposeun positionnement précis du bibliothécaire etconstruit en complémentarité avec l’ensei-gnant. Ainsi le bibliothécaire est le spécialis-te de la littérature jeunesse. Il va pouvoirproposer un savoir faire, des compétences, etune connaissance du milieu d’édition. Ilconnaît des techniques d’animation commecelle de mettre en lecture ou en scène unlivre, de jouer avec l’image dans un album,d’animer et de faire vivre une histoire.D’ailleurs, ce sont des techniques qui ont pé-nétré l’école aujourd’hui. Ainsi, le bibliothé-caire va travailler autour d’objectifs non pé-dagogiques liés à la « lecture plaisir ».

L’enseignant va lui pouvoir exploiter cessupports pour des apprentissages.

Quelles actions de formation sont alorsmises en place ?Celles-ci sont avant tout axées sur la défini-tion des conditions d’un partenariat entre bi-bliothèques et écoles. Il s’agit de former lesbibliothécaires à une réflexion communeavec les enseignants sur les méthodes, lesmoyens nécessaires pour proposer un accueildes classes de qualité. Cela tourne égalementautour de la communication avec les ensei-gnants : comment les rencontrer, seconnaître, maîtriser les programmes, lescontraintes scolaires, organiser et planifierdes projets.

Comment défineriez vous la spécificité pourles enfants de lire en bibliothèque ?C’est la découverte d’un autre lieu. C’est unespace de sociabilité, de débat, d’échange, departage autour la littérature. Mais c’est éga-lement un temps où il peut se passer deschoses enrichissantes qui transforment l’en-fant. À l’inverse de la classe, l’enfant n’estpas sous le regard de sa capacité à lire ou àdéchiffrer. C’est pour ces raisons que j’insis-te sur les lectures à haute voix. Il s’agit dedésacraliser l’accès aux livres. L’ambition dela coopération entre l’école et les biblio-thèques est d’amener progressivement tousles enfants à emprunter des livres en dehorsde la classe. C’est un enjeu de démocratisa-tion d’accès à la culture littéraire pour tousles enfants et notamment ceux des milieuxdéfavorisés.

Dossier

C

Les Pyrénées,du côté des BCD

« Avec la BCD, on a essayé de partagerles richesses de chacun ». Chantal

Manet, directrice de l’école du Fronton àNay dans les Pyrénées Atlantiques met

en lumière l’un des problèmes fréquem-ment rencontrés dans les écoles: com-ment articuler l’existence des fonds de

classe et avec une BCD commune àl’ensemble de l’école? Le problème a

été résolu par une réflexion de l’équipepédagogique et l’aide du groupe de pilo-

tage départemental pour le développe-ment des BCD qui a constitué un cahier

des charges. Le lieu a alors été complète-ment réaménagé avec des étagères, des

bacs, des espaces adaptés pour travailleren groupe ou lire tranquillement sur unebanquette. Il est investi à tour de rôle, au

moins une fois par semaine, par les 9classes de l’école. Chantal qui enseigneen CE1 a utilisé la BCD pour son projetautour du conte. Les élèves recherchent

sur l’ordinateur qui gère le fond docu-mentaire des histoires de fées. Ils lisentet écoutent dans un autre univers que la

salle de classe des contes riches et va-riés. Pour que le lieu vive, Chantal esti-

me « qu’il faut renouveler et enrichirconstament le fond de ressource ».

L’école bénéficie d’un budget spécifiquede la municipalité. Et puis, la gestion dulieu demande du temps. L’emploi de viescolaire est précieuse: entretien et cou-verture des livres, tenue du logiciel degestion des livres, présence lors de la

venue de la classe entière… Dommagequ’elle ne soit pas appelée à rester.

L’équipe enseignante continue sa ré-flexion. Le lieu aurait besoin d’évoluer,

vers plus de petits coins, avec plus debanquettes. Pour plus de voyages en lec-

ture.

« La bibliothèque, un lieu de partageautour de la littérature »

Brigitte Hue-Sellier, formatrice conseil pourles bibliothèques, raconte l’évolution desrapports entre l’école et les bibliothèques.

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« DES VRAIS TEXTES POUR APPRENDRE »Un véritable apprentissage se construit dans la complexité et la lecture s’apprend avec des vrais textes littéraires.

La lecture littéraire est-elle une choserécente à l’école primaire ?Elle a toujours eu une place importante,même si elle figurait plutôt comme unsupplément d’âme. Dans les écoles deJules Ferry, il y a toujours eu des biblio-thèques de classe dont les livres étaientprêtés, y compris aux parents. Car la litté-rature a accompagné l’entreprise de laïci-sation en substituant les valeurs reli-gieuses par des valeurs républicainescontenues dans les grands textes commeceux de Hugo ou Péguy. Il y avait aussil’idée de permettre au peuple de jouir dupatrimoine littéraire : ça passait par les ré-citations, les dictées, les lectures par lesmaîtres. Remplaçant la ferveur religieuse,la littérature créait un ferment entre lesécoliers de Bretagne et de Provence.D’ailleurs aujourd’hui la littérature neremplace-t-elle pas parfois les feues le-çons de morale, tant les les livres de litté-rature de jeunesse sont remplis de bonssentiments. C’est à partir des années 70que l’édition pour la jeunesse s’est déve-loppée, la littérature devenant une disci-pline.

Pour quels motifs rentre-t-elle explicite-ment dans les programmes de 2002 ?Ce fut un saut très net qui résulte de laconjonction de raisons très différentes.Alors que l’éducation nationale ne faisaitpas de la littérature sa priorité, de nom-breux acteurs de terrain oeuvraient pourdire l’importance des livres : les mouve-ments pédagogiques (mouvementFreinet, GFEN…), des enseignants sensi-bilisés, mais aussi des inspecteurs del’éducation nationale, des professeurs del’école normale, sans oublier les mouve-ments d’éducation populaire et les biblio-thécaires qui ont promu la lecture dansles écoles, dans les quartiers. Faut-il rap-peler la bataille pour dire qu’un enfantqui ne savait pas lire avait droit à deslivres !Et puis l’Association française pour lalecture a pointé l’absolue nécessité de liretout de suite des textes écrits et non pas

transcrits de l’oral. La traduction designes écrits pour retrouver la logique dela parole ne fait pas des lecteurs car cettedémarche ne donne pas les stratégies dela lecture. Pour Jean Foucambert,Evelyne Charmeux et d’autres, on ap-prend à lire avec de vrais textes (littératu-re, poésie, théâtre, presse, documentaires,correspondance…). Enfin après les pre-miers débordements des banlieues, le ca-ractère fédérateur de la langue, le besoinde faire culture commune ont aussi étédes moteurs pour que finalement le mi-nistère reprenne tout ce travail en le for-malisant dans les programmes de 2002.

Mais ce travail reste difficile à mettre enplace…La formation des enseignants est nette-ment insuffisante pour connaître leslivres (7 000 titres et 9 % de hausse paran), s’approprier les objectifs, mettre aupoint les dispositifs pédagogiques qui ai-dent les élèves à produire leur proprecompréhension des textes, c’est-à-dire àdevenir des lecteurs singuliers. On dit quela littérature, c’est trop dur pour lesélèves qui n’ont pas les compétences etles références nécessaires. De fait on neles outille pas pour lire des textes dont lesens ne s’obtient pas par déchiffrement etqui ne sont pas écrits comme on parle. Lerisque sur le plan pédagogique est defaire de la lecture expliquée et de rendrecette lecture inintéressante. C’est compli-qué. Il faut créer des collectifs de lecturetout en formant des lecteurs singuliers :chacun a sa lecture. Or former la « liber-té » à l’école, on n’est pas très habitués.

Comment les élèves en difficulté de lec-ture peuvent-ils aborder la littérature ?Dans l’ensemble, les jeunes sont alphabé-tisés mais ne sont pas forcément lecteurs.Certains pensent que face à une littératu-re trop sophistiquée, avec des références,des complications d’écriture, ce sont lesenfants des milieux populaires qui « trin-quent ». D’où cette idée d’installer desbases en premier. Mais la réalité, c’est

qu’on ne va pas du simple au compliquéet qu’il y a des stratégies à acquérir. Lesconseils de cycle doivent établir des par-cours de lecture pour les élèves, formerdes réseaux de lecture. Le problème vientde ce que les élèves n’ont pas abordé cestextes assez tôt et assez systématique-ment. Dès la maternelle, il leur faut deslivres qui offrent des points de vue surleur expérience, leur vie… et qui concer-nent leurs sentiments, leurs émotions, devraies questions sur des choses com-plexes de la vie et de la mort. Et pourceux qui sont en difficulté, c’est encoreplus nécessaire. Les réponses sont dans lalittérature et pas dans des textes insipides.Ainsi le travail de Claude Ponti n’est passimple et pourtant il est adoré par les en-fants.

Professeur de français à l’IUFMde Livry-Gargan-Créteil etmembre de l’AFL(www.lecture.org),auteure de « Claude Ponti encoreet encore », collectionBoit’a’zoutils, édition Etre

Yvanne Chenouf

Entretien avec

20

Métier

Avis de beau temps sur l’écoleMarguerite Aujard de La chapelleAchard en Vendée. La classe de CP-CE1 et son enseignante ServaneKleiber viennent de recevoir le prixBrichambaut décerné par MétéoFrance. Les élèves ont en effet misen place une véritable station météoen plein cœur de leur école. « Audépart, notre projet d’école basésur les sciences se devait d’aborderle travail autour des élémentscomme l’air et l’eau » expliqueServane. Et de poursuivre : « de là,est née l’idée de construire des ins-truments de mesure météorolo-

gique ». Tout d’abord, les 23 élèvesont mené beaucoup d’expériences.Dans une démarche scientifique et àpartir d’observations, il s’agissaitde proposer des plans des instru-ments, de les expérimenter et de vé-rifier leur efficacité. Puis, ils sontpassés à la phase de conception :construction d’un thermomètre etd’un pluviomètre à partir de bou-teilles en plastique, élaborationd’une girouette avec du polystyrè-ne. Chaque matin, les petits scienti-fiques relevaient les données avantde les rentrer dans l’ordinateur. À lafin de chaque mois, une fiche bilansous forme de graphique et de cour-be était éditée. Un travail qui a per-mis aux élèves de valider certainséléments du B2i. De plus, l’ensei-gnante a créé un livre sonore et in-teractif qui reprend toute la dé-marche de son projet. Le scénarioest d’ailleurs disponible surPrimTICE (1). Cette année, le blogde l’école(2) met en ligne de nom-breuses informations dont la pagemétéo quotidienne avec les com-mentaires des enfants.

Sébastien Sihr

(1)http://primtice.education.fr(2)http://ec-aujard-85.ac-nantes.fr

STATION METEO PRIMEE

SCIENCES

Le festival international de la bandedessinée et le CDDP de la Charente or-ganisent le concours de la Bande dessi-née scolaire. Ce concours est ouvert àtous les établissements scolaires selondeux catégories : « A l’école de la BD »pour les classes du primaire et « Espoirjeune talent » pour le collège et lycée.Les réalisations peuvent être collectivesou individuelles. La date limite de remi-se des travaux est le lundi 3 mars.

http://www.bdangouleme.com/actualite-44-concours-de--la-bd-scolaire

CONCOURS

A L’ ECOLE DE LA BDDeux en un. Les « enfants de la Zique » opération or-ganisée dans le cadre des Francofolies s’associe auScéren/cndp et propose aux enseignants un outil res-source sur la chanson. L’idée étant toujours de « fa-voriser la découverte de la chanson en classe et sonapproche par le chant et ses résonances culturelles etartistiques ». Un livret/CD de 15 titres est édité à40000 exemplaires sur le thème de l’imaginaire.Juliette Gréco et son « petit poisson » y croiseraClarika avec « A quoi rêvent les patineurs? » ainsique Jacques Higelin et sa « croisade des enfants ». Cedisque est adressé gratuitement aux enseignants quien font la demande.Voir le site www.francopholies.frou appeler le 05 46 28 28 28

MUSIQUE

LES ENFANTS DE LA ZIQUE ET LAFÊTE DE LA MUSIQUE FUSIONNENT

Le SCÉRÉN-CRDP de l’académie deCréteil en partenariat avec le Centre de liai-son de l’enseignement et les moyens d’in-formation (CLEMI) et l’Agence France-presse (AFP) propose pour sa 15 éme édi-tion le concours des Unes. Le 18 mars, ils’agit de concevoir à partir de dépêches etd’images numériques, la Une d’un journalimprimé. Les écoles recevront ce jour parmail les mêmes documents et auront jusqu’à16 heures pour transmettre leur productionjournalistique. Un accompagnement enligne est proposé sous forme de conseils etde ressources, ainsi que par des courriersélectroniques adressés aux concurrents. Lesélèves pourront également valider certainsdomaines inscrits au B2I. Les inscriptionssont ouvertes dès maintenant.

http://www.crdp.ac-creteil.fr

CONCOURS DE UNES

MEDIAS

« Il faut aider les jeunes violents à identifier leurs

émotions, à sortir d’une forme de « coupure

émotionnelle ». C’est le déni d’un sentiment de

faiblesse qui amène à rechercher du pouvoir sur

les autres. »

Daniel Favre, docteur en neurosciences etdocteur en sciences de l’éducation

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in de partie? Gérard Reymond, l’actuel maire deLissac, petite commune près du Puy-en-Velay enHaute-Loire, termine son deuxième mandat… et

ne se représente pas. « Depuis 1995, je ne peux pascompter le temps que j’y ai passé! ». Les mercredis,les samedis, la permanence du dimanche matin, çafait beaucoup et Gérard a maintenant besoin de se li-bérer. Il sature d’autant plus qu’il mène de front lamairie et son activité professionnelle, enseignant àplein-temps sur un poste d’adjoint, le CM1 de l’éco-le de Chadrac, à une vingtaine de kilomètres de là.Gérard a toujours été clair : « Mon travail d’ensei-gnant c’est la priorité, je n’ai jamais eu de déchar-ge ni utilisé d’autorisation d’absence pour mes fonc-tions municipales. » Même s’il estime normal delaisser la place et de faire jouer le renouvellement,Gérard admet que dans d’autres conditions il auraitpu continuer, par exemple si financièrement il avaitpu travailler à mi-temps.Mais l’indemnité est bien loin de représenter undemi-salaire.Quel bilan tirer de ces 12 ans à la tête de sa commu-ne de 252 habitants? « Très enrichissant au niveaupersonnel », reconnaît Gérard quiadmet s’être pris au jeu et avoirapprécié la possibilité de lancerdes projets, de les voir avancer etaboutir, « même si la commune nedispose pas de beaucoup demoyens ». Un exemple de satis-faction, avoir réussi à rénovercomplètement le réseau d’eau potable, « la commu-ne sera tranquille pour au moins 40 ans! »Mais Gérard reconnaît aussi que la fonction n’estpas de tout repos, que les ennuis sont nombreux etles petits problèmes à régler incessants et souventusants : « les querelles de voisinage, il y a plus inté-ressant dans la vie ». C’est un numéro d’équilibris-te, faire attention que « les désagréments ne l’em-portent pas sur les satisfactions ». Alors, après lesélections? Ce sera une nouvelle page…

Daniel Labaquère

Gérard Reymond estprofesseur des écoleset maire de la com-mune de Lissac enHaute-Loire.

Gérard mène defront sa fonctionde maire et celled’enseignant deCM1 à temps plein.

F

Gérard Reymond

PORTRAITMieux vivre à l’école. Tel est l’ob-jectif du DVD édité par le CNDPdans la collection « Raconte-moi ».Les enseignants trouveront sur cedisque près de trois heuresd’images fixes ou animées dans les-quelles on peut puiser comme dansune banque de données pour imagerou illustrer des séquences prévuesdans les programmes. Ainsi, les en-fants construiront des repères indis-pensables pour qu’ils s’intègrentmieux dans la cité. Ce DVD s’ins-crit dans les domaines « Vivre en-semble » (cycles 1 et 2) et Éduca-tion civique (cycle 3) des pro-grammes (extraits présentés dans le

dossier Laïcité, valeur de l’école ré-publicaine).A partir des pistes pédagogiques,s’appuyant sur des séquences duDVD, les enseignants pourrontmettre en œuvre des activités langa-gières, au service de l’argumenta-tion et du débat.Une création originale « tu veux duciel » montée avec des élèves declasse d’initiation (CLIN) est égale-ment disponible sur ce support ainsiqu’un livret pédagogique d’accom-pagnement.

http://www.cndp.fr/ecole

VIVRE ENSEMBLE

DVD

Le rectorat de Caen a réalisé un sitepour promouvoir l’égalité des genres.Ce site donne des informations sur lasituation comparée entre hommes etfemmes, des références et des textessur l’égalité des chances. Pour les en-seignants, une série d’ouvrages et desupports de référence sont répertoriés.Un DVD a été édité par le CRDP. Cetteannée l’académie de Caen a même or-ganisé un concours régional d’affichesur « le respect mutuel entre les filles etles garçons, les femmes et leshommes ». Les productions auront lieuau mémorial de Caen.

http://www.etab.ac-caen.fr/onisep

EGALITE DES GENRES

FILLES/GARCONS

L’institut national supérieur deformation et de recherche pourl’éducation des jeunes handicapéset les enseignements adaptés (IN-SHEA) réalise une enquête dansle but de mieux connaître les be-soins en formation des personnesintervenant auprès des élèves ensituation de handicap. Il proposeun questionnaire à remplir enligne à l’adresse suivante:http://site.inshea.fr/Sondages/contenu_scolarisation. phpLes résultats permettront àl’Institut d’adapter son offre deformation et de documentation.

ENQUETE SUR LES BESOINS

ASH

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Métierl’école du Pin la Garenne dansl’Orne, on fait de l’histoire en re-gardant des films. Concentrés, lesyeux rivés sur l’écran, les 23élèves de la classe de CP-CE1

s’extasient devant la course de chars quiponctue le célèbre peplum « Ben-Hur » deWilliam Wyler.« On dirait qu’ils sont dans le Colisée » af-firme Dylan.« Mais, non » rétorque Julien « la piste n’estpas ronde, elle est ovale ».« Alors, c’est dans un cirque comme surl’image que tu as collé au tableau » préciseAmandine à Mathieu Dusart, le maître de laclasse.« D’ailleurs », reprend ce dernier, « avez-vous observé l’obélisque que l’on voit aussibien dans le film que sur cette affiche? »Passionné de cinéma et d’histoire, Mathieuest convaincu que la fiction historique estune source informative à part entière que l’onpeut exploiter en classe. Il en a d’ailleurs faitson sujet de mémoire en PE2 et a continué ce

travail l’an dernieravec des cycles III. Ilmet en avant l’intérêtd’une telle démarche.« C’est un support vi-vant qui permet deconstruire des connais-sances historiques,d’illustrer une notion,un événement, de don-ner corps à un person-nage marquant ».Mathieu s’adresse à laclasse : « vous voyez, lafoule enthousiaste etnombreuse autour dela piste montre com-

bien ce spectacle était important dans lemonde romain. C’est ce que l’on avait vu ladernière fois ». Et puis, comme il est précisédans les documents d’accompagnement desprogrammes, le film est une véritable tracecomme l’écrit, l’architecture, la photo… Àcondition d’avoir avec les élèves un espritcritique et « de relever dans les films les réus-sites, les erreurs ou autres invraissem-blances ». Mais cela doit se faire en fin de sé-quence. Distinguer le juste du faux supposeque les élèves maîtrisent quelques connais-sances. Pour ce faire, la maître privilégie lerécit avec des anecdotes ou la mise en scène.De l’attention et beaucoup d’échanges. Lemaître interroge. « Des esclaves qui rament

duction brève et efficace pourpermettre aux élèves unecompréhension totale. Celademande aussi une prépara-tion poussée. « Je dois vision-ner le film et repérer ce quiest exploitable » reconnaîtMathieu. Pour les prochainesséances, le maître a déjà toutprogrammé : le moyen-âgeavec « Jeanne d’Arc » de LucBesson, l’époque moderneavec « Le roi danse » deGérard Corbiau, le XIX èmeavec « Germinal » de ClaudeBerri.Comme une évaluation de

son approche, l’enseignant expose l’ambition« qu’à la fin de l’année, les élèves associentle cirque et la course de chars à l’époque ro-maine. Avec des images bien ancrées surl’architecture, les habits de l’époque ». Leshistoriens eux-mêmes ne définissent-ils pascette période comme la civilisation des jeux?Une première pierre dans la découverte et lerepérage du temps historique.

Sébastien Sihr

sur les galères romaines,est-ce possible? ». Bastienrépond : « Non. Les ra-meurs, ce sont des profes-sionnels, des soldats del’armée ».Pour autant, cette approchen’est pas sans difficulté. Ilva de soi que ce n’est pasl’existence d’un film, fut-ilune oeuvre géniale qui dé-termine l’enseignementd’un fait ou d’une notion.Ainsi, si le choix du film sefait en fonction de ses ob-jectifs, « encore faut-il pos-séder un solide fond de res-sources dans ce domaine » précise Mathieu.De plus, comment adapter ensuite ce film àses objectifs d’apprentissages? L’enseignantest partisan de faire visionner de simples ex-traits courts aux élèves. « C’est source d’uneplus grande attention des enfants et c’est parce biais que peut se faire également l’ap-prentissage d’une réelle distinction entre dé-tails et faits historiques importants ».C’est pour ces raisons que la sélection desimples scènes demande au maître une intro-

« Un casque, unecuirasse en fer, une

lance, une épée et unbouclier… On voit que

c’est un soldat romain.C’est son métier.

Par contre, la personnetorse nu qui se faitfouetter, c’est un

esclave »Océane en CE1,

décryptant une imagedu film.

Dans l’Orne, une classe de cycle II découvre les grandes périodes historiquespar le biais des films de fiction. Zoom sur un projet qui concilie construction desavoirs et formation à l’esprit critique.

« Il estnécessaire

d’entrer au plustôt avec les

élèves dans laréflexion sur

l ’ image. Le petité cran tient une

place très lourdeet est sujet à

bien desmanipulations »Mathieu Dusart

A

ORNELES FILMS SE RACONTENT

UNE HISTOIRE

ORNELES FILMS SE RACONTENT

UNE HISTOIRE

23

Métier

point de l’histoire. L’intérêt est alorsde le confronter à d’autres sourcescomme des documents écrits ou ra-contés par l’enseignant (ou d’autres).Dernier usage, assez rare, le filmcomme support pour évaluer desconnaissances. Il est peu utilisé.D’une part, rien ne pousse l’ensei-gnant à le faire d’un point de vue ins-titutionnel. De plus, c’est une pratiquecomplexe qui demande du temps et dela formation.

Quelles sont les contraintes d’unetelle pratique ?Le travail de préparation est impor-tant et demande du temps. La sélec-tion des scènes que l’on va montreraux enfants nécessite que le maîtredonne des éléments de compréhen-sion simples aux enfants : expliquer lecadre, le contexte de la scène, sa si-tuation dans le film, l’identité des per-sonnages. Il faut également des condi-tions propices pour visionner le film,l’idéal étant dans une salle de cinéma.Mais c’est assez rare. On peut égale-ment se satisfaire d’un vidéo-projec-teur ou d’une salle télé. L’importantest de créer l’événement, d’en faire unmoment particulier. Enfin, la questionde la légalité de l’usage des oeuvresdans la classe interroge les ensei-gnants. Des accords négociés autori-sent son utilisation pour un usage di-dactique que ce soit des extraits enre-gistrés ou des films achetés.

Qu’apporte le film de fiction pourenseigner l’histoire ?Celui-ci développe une approche dif-férente du film documentaire. Certes,ce dernier peut être préféré par les en-seignants, en ce sens qu’il apporte desconnaissances stables, un point de vueplus fiable. Pour autant, le film de fic-tion est un document pour l’historien.Il a l’intérêt de retracer des faits enpartant du postulat que ce qui est ditn’est peut-être pas la vérité au senshistorique. En partant de là, l’ensei-gnant et les élèves seront devant unedifficulté qu’il va falloir éclairer.Qu’est-ce qui est vrai ou non ? Quelleest la part d’exagération ? Comment lecinéaste reconstitue le passé ? Deplus, aborder « la petite histoire par lagrande histoire » est un biais qui peutprocurer du plaisir pour apprendre.Enfin, les élèves vivant dans unmonde d’images de plus en plus com-plexes doivent être formés à leur lec-ture.

Quel peut-être à ce titre le statut dufilm ?Tout est possible. A priori, l’usage leplus fréquent se fait pour illustrer unpoint de l’histoire. Dans ce cas, toutdépend du choix du film. Celui-ci pro-duit alors un effet récurrent qui vientvalider un ou plusieurs aspects de cequi a été vu en amont dans la classe.Autre utilisation, il peut installer uneproblématique en questionnant un

Regards sur le film et sur l’af-

fiche tirée d’une maquette :

comment la fiction reconstitue

le pass é ?

Dominique Briandformateur à l’IUFM de Basse-Normandie

en histoire-géographie

« Le film de fiction

est un document pour

l ’historien »

Entretien

INAJalons pour l’histoire de temps présent60 années d’archives de presse filmée, de radioet de télévision sont rassemblées sur le site del’institut national des archives (INA). Cessources utiles à la compréhension du mondecontemporain sont regroupées en thématiques(seconde guerre mondiale, vie politique françai-se, mutations économiques et sociales, poli-tiques et pratiques culturelles, histoire dessciences et techniques). Chaque document estaccompagné d’une fiche documentaire, de notesconcernant le contexte historique rédigées pardes historiens ainsi que la transcription intégra-le de la bande son.http://www.ina.fr/

France 5Côté profLe site de France 5 propose des pages destinéesaux enseignants, avec une sélection hebdoma-daire des émissions à contenu historique.http://education.france5.fr/

CNDPTélé DocLes émissions de télévision consacrées à l’his-toire sont mises en ligne tous les jours. Plusieurssont accompagnées de pistes de réflexion oud’utilisation avec les élèves, réalisées par desenseignants. Toutes les émissions diffusées surles chaînes hertziennes non-payantes sont dé-sormais libres de droits pour un usage en classe.http://www.cndp.fr/tice/teledoc/

EthnoKidsCe site est un outil pédagogique destiné à sensi-biliser les enseignants et leurs élèves à la diver-sité culturelle. Grâce aux fiches pédagogiquesen ligne (ethnologie de la vie contemporaine),les élèves apprennent à observer et décrire leurvie quotidienne.http://www.ethnokids.net/

Espaces écolesCe site en lien avec le ministère de l’EducationNationale propose de très nombreux sitesd’écoles consacrés à l’histoire, au patrimoine, àl’art et à la culture. Sa visite permet d’accéder àde nombreuses ressources et de trouver desidées pour exploiter un thème ou un sujet avecsa classe.http://www.espace-ecoles.com/

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e n l igne

25

Quel bilan du processus d’intégrationdes IUFM au sein des universités? Troisans après l’adoption de la loi qui modifiele statut des Instituts universitaire de for-mation, le rapport Geoffroy, remis aupremier ministre le 18 janvier dernier,fait le point. Avec un regard positif et desquestions encore en suspens.Dans l’ensemble, l’intégration a réussisa première étape. Et ce, malgré desquestions statutaires, matérielles et fi-nancières à régler ça et là. « Aucun blo-cage majeur n’est venu gravement com-promettre l’ensemble de la démarche quisemble aujourd’hui, dans sa phase for-melle, en bonne voie d’achèvement »précise même le texte. Depuis le 1er jan-vier, seuls les IUFM de Strasbourg, deHaute Corse, de Rennes et des acadé-mies d’outre mer restantes (Guyane,Martinique, Guadeloupe, Pacifique)n’ont pas encore été intégrées. Le pro-cessus devrait intervenir au sein de leursuniversités respectives courant 2008 ou,au plus tard, au 1er janvier 2009.Pour autant, « tout (ou presque) reste àfaire », note le rapporteur. Et ce, sur deuxquestions centrales concernant le métierd’enseignant. Tout d’abord, quel diplô-me sera délivré aux enseignants sta-giaires? Si la loi évoque une reconnais-sance de niveau master, elle ne précisepas sa nature : diplôme sans validationuniversitaire ? Master professionnel

L ’ IUFM RAPPORTESES QUESTIONS

CARTABLEIL FAIT TROP LOURD POUR

TRAVAILLER

« métier de l’enseignement et de l’édu-cation » délivré par l’IUFM ou véritablemaster universitaire « ouvrant toutes lesportes du 3ème cycle, de la recherche etde l’aventure européenne »? De ce pointde vue, le rapport s’évite bien de propo-ser « LA solution » et renvoie la patatechaude à des discussions ultérieures. Ungroupe de travail est d’ailleurs program-mé d’ici fin mars.Autre interrogation: quelle sera la placedu concours au sein du cursus? Là enco-re, le texte trace quelques pistes maissans trancher. Il propose soit « d’avancerle concours d’une année, et faire ainsides étudiants en IUFM des professeursstagiaires sur deux ans », soit au contrai-re de « reculer le concours en fin de mas-ter universitaire » afin de favoriser l’ap-pétit d’un 3ème cycle et former de futurschercheurs.Le chantier semble loin d’être terminé.Le rapport l’exprime même dans saconclusion. « Il sera nécessaire, lorsquetous les IUFM auront été intégrés,qu’une analyse globale des évolutionsinstitutionnelles » s’engage. De plus, « Ilsera indispensable de faire un état com-paratif global des statuts afin que desmodifications soient éventuellement en-visagées si elles peuvent apporter demeilleures réponses aux contextes lo-caux ». Dont acte.

Sébastien Sihr

Bilan d’Etape de l’in-tégration des IUFM àl’université.Le rapport Geoffroymet en lumière lespoints restés en sus-pens.

« Le poids du cartable est une question de santépublique pour nos enfants » explique le BOn° 3 du 17 janvier 2008. Au vu des pesées réali-sées en ce début d’année scolaire, le poidsmoyen d’un cartable est encore de 8,5 kg, cequi correspond à environ 20 % du poids de l’en-fant. La FCPE avait d’ailleurs participé en débutd’année scolaire à une campagne « la pesée descartables ». Cette opération menée dans 52 dé-partements avait recueilli près de 40000 don-nées. Elles avaient révélé que 80 % des enfantsde 5ème, 6ème et CM2 avaient un cartable dontle poids exédait 10 % de leur corps, ce qui estnon conforme aux normes de l’Education natio-nale édictées dans la circulaire du 17 octobre1995. Le BO ambitionne de mettre en place« des solutions concrètes afin de diviser, sousbrève échéance, le poids du cartable pardeux ». Premier d’entre elle, le ministère lancepar ce texte officiel le concours « un cartableléger et solide ». Le cahier des charges du car-table précise que saconception et sa réalisation doivent prendre encompte un certain nombre de critères ou de ca-ractéristiques techniques. Il devra être adapté auniveau d’enseignement et à l’âge de l’élève,d’un poids inférieur à 1 kg, robuste, résistantaux chocs, au frottement et au stockage. Cesmatériaux devront privilégier une logique de dé-veloppement durable. Les fiches d’inscriptionssont téléchargeables sur le site du ministère del’éducation nationale à l’adresse suivante :

http://www.education.gouv.fr/concourscartable/

Métier

26

Lu au BO n° 4 du 24 janvier 2008Agrément national d’associations éduca-tives complémentaires de l’enseignementpublic ; inscription sur la liste d’aptitudepour l’accès au grade de personnel de di-rection de 2e classe — année 2008 ; titula-risation des personnels de direction sta-

giaires ; détachement et intégration dans lecorps des personnels de direction — année2008 ; Mutations et listes d’aptitude des di-recteurs d’EREA et d’ERPD pour l’année2008-2009 ; Nominations des médiateurs

académiques et correspondants

Lu au BO n° 3 du 17 janvier 2008Mise en oeuvre du socle commun de

connaissances et de compétences : l’ensei-gnement de la grammaire ; santé des élèves

— poids des cartables ; languesrégionales : complément des programmesde langues régionales pour l’école primai-re ; B2i : référentiels de connaissances et

capacités exigibles pour le brevet informa-tique et internet ; Campagne de la Jeunesse

au plein air.

Justifier de services

valables pour la re-

traiteLe service des pen-

sions admet que, en

cas d’impossibilité

pour l’administration

de fournir les pièces

justificatives prouvant

la réalité des services

valables pour la retrai-

te effectuée par le

fonctionnaire, des at-

testations délivrées par

l’administration, un

supérieur hiérarchique

ou d’anciens collègues

peuvent être admis à

l’exclusion de celles

établies par l’intéressé.

La situation est néan-

moins appréciée au

cas par cas.

Liste d’aptitude per-

sonnels de direction

Les enseignants du

primaire candidats à

l’inscription sur la

liste d’aptitude des

personnels de direc-

tion doivent retirer un

dossier auprès des

services rectoraux.

Les dossiers de can-

didature sont aprèslecture classés parordre de préférenceselon les capacités descandidats à devenirpersonnel de direction.Ces avis doivent no-tamment porter surl’aptitude à conduireune politique pédago-gique et éducatived ’ é t a b l i s s e m e n t ;conduire et animer lagestion de l’ensembledes ressources hu-maines ; assurer lesliens avec l’environne-ment ; administrerl’établissement.

Détachement et inté-gration dans le corpsdes personnels de di-rectionIl est possible parailleurs de demanderun détachement detrois années dans lecorps des personnelsde direction, renouve-lable dans la limite de5 ans. (voir le BO du24 janvier)

Modification et an-nulation d’une de-mande de change-ment de départementDans le cas où les can-didats souhaitent mo-difier sa demande (encas de la naissanced’un enfant, d’une mu-tation imprévisible duconjoint, du partenairedu PACS ou du concu-bin), ou s’ils souhai-tent annuler leur de-mande de participationau mouvement, un for-mulaire téléchargeablesur Iprof est à trans-mettre à l’IA avantle22 février2008.

Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans

Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans

Lu

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le B

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ns le

BO

Lu

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le B

O L

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ns le

La directrice de l’école est en congé maladie. Un ad-joint assure l’intérim. Qui perçoit quoi ?Le directeur perçoit son traitement incluant la bonifica-tion indiciaire. Si le congé dépasse trente jours, il perdl’indemnité de charges administratives. Le collèguechargé de l’intérim perçoit cette indemnité majorée de50 %, mais il ne peut prétendre à la bonification indi-ciaire.

J’ai été inspectée en avril, je n’ai pas encore reçu lerapport. Est-ce normal ?Non. Le rapport d’inspection est adressé à l’enseignantdans le délai d’un mois et les notes sont dans toute la me-sure du possible communiquées aux enseignants dans letrimestre qui suit l’inspection. (Note de service n° 83-S12 du13 décembre 1983)

Que s t ions/Réponse s

Métier infos services

Lu

dans

le

BO

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BO

Lu

dans

le

BO

Lu

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BO

Majoration+ de 11 ans

Majoration+ de 16 ans

1 enfantDOM exclusivement 22,11 € 13,88 € 21,32 €

2 enfants 120,32 € 33,84 € 60,16 €(sauf pour l’ainé)

3 enfants 274,47 € 33,84 € 60,16 €

par enfant en plus 154,15 € 33,84 € 60,16 €

Taux valables jusqu’au 31 décembre 2008

Allocations familiales (nonsoumises à conditions deressources) au 01/01/2008

2727

Métierd’autre qu’une alternance de drames et debonheurs ».

Ma Maman est en Amérique, elle a ren-contré Buffalo Bill – J.Regnaud, ill. É. Bravo —Gallimard 2007 (14 €) Dès8 ansC’est un grand jour pour lepetit Jean, il entre au CP.Mais ça commence mal carla maîtresse, interroge cha-cun sur la profession des parents. À la mai-son, il y a le papa de Jean, « patron d’en-treprise », la gentille Yvette, sa nounougrande spécialiste du chocolat glacé, lepetit frère Paul avec lequel il se castagne.Et puis il a la petite voisine qui vient régu-lièrement lire des cartes postales envoyéespar la maman de Jean, des quatre coins dumonde. Parce que maman n’est plus là. Oùest-elle ? Sans doute en Amérique… Maisque répondre à la maîtresse ? On retrouvele trait et les couleurs d’Emilio Bravo dansces 14 petits chapitres. Tissés d’anecdoteset de détails cocasses, ils évoquent les mo-ments forts de l’année du petit Jean. Maison rôde autour d’un mystère qu’adultes etenfants s’efforcent d’éluder en s’inventantdes histoires, car la réalité est trop dure àaffronter… Cette dimension émouvante,traitée avec tendresse et poésie, élargit lecercle des lecteurs bien au delà des enfantsde 8 ans.

Voir aussi d’excellentes adaptations en BD:« Les jambons d’Ysengrin » et « Le puits »(Roman de Renart) Mathis et T. Martin —Delcourt. Dès 9 ans« Le roman de Renart (T1) :Ysengrin » B. Heitz ;« Harry est fou ! » – P.Rabaté & Dick King-Smith ;tous deux chez Gallimarddans la nouvelle collection :Fétiche 2007 13 €.« Construire un feu » C. Chabouté & J.London) Vent d’Ouest 2007 (17,50 €) Dès10 ans (Liste C3)

Marie-Claire Plume

(http://www.snuipp.fr littérature de jeunesse,rubrique 1162)

trouver un travail s’installer, avant de pou-voir faire venir sa femme et sa petite fille.

Trois ombres, C. Pedrosa — Delcourt,Shampooing 2 007 (17,50 €) Dès 11 ans &pour tousIl était une fois un petit garçon plein degrâce, heureux entre son papa fort commeun Turc et sa tendre maman. Tous trois ha-bitent une ferme isolée au sein d’une natu-re harmonieuse. Un soir, le petit est effrayépar l’apparition de trois ombres, trois ca-valiers, perchés sur la colline en face de laferme. Qui sont-elles ces ombres? Queveulent-elles ? Jour après jour, elles sontlà, silencieuses, se rapprochant inexora-blement… Il devient évident qu’elles vien-nent chercher Joachim. Alors le grandLouis si fort, le père de Joachim, refuse dese résigner à la perte de sonfils. Il s’enfuit très loin pardelà le grand fleuve avec lepetit à l’abri dans sonpoing de géant. C’est unefuite éperdue, épique, fan-tastique devant l’inexo-rable, sur terre comme surmer et au-delà…Parviendra-t-il à le sauver? Ce premierroman graphique de Cyril Pedrosa, est ennoir et blanc, d’un graphisme épuré utili-sant crayon bille et pinceau : 300 pagesd’une quête qui mêle joie de vivre et poi-gnante douleur. Trois ombres est une trèsbelle parabole sur le destin, résignation etdeuil, mais c’est aussi hymne à la vie qui,de la naissance à la mort, « n’est rien

Là où vont nos pères —Shaun Tan — Dargaud2007 (18 €) — Dès 13 ans& pour tousVoici donc la meilleure BD2008, Fauve d’or du festi-val d’Angoulême 2008 !Elle est l’œuvre de Shaun Tan Australiend’origine malaisienne. Aucun dialogue neperturbe le lyrisme de l’album. Shaun Tana choisi le langage universel de l’imagepour cette ode magnifique sur l’immigra-tion. C’est un épais volume dont les vi-gnettes régulières, sans contour, de teintegris foncé parfois nuancées de sépia, necomportent aucune parole. Comme un re-cueil de photos anciennes, qui raconte-raient les bribes du passé d’un hommedont le lecteur ignore tout. Tout, sauf quecet homme anonyme, pour fuir l’oppres-sion — symbolisée par l’ombre de laqueue d’un monstre — est contraint dequitter sa famille et sa terre et d’embarquerà bord d’un navire vers un pays inconnu,vers un monde qu’il espère meilleur.L’histoire qui se tisse de page en page os-cille entre rêve et réalité, passé et présent.Contrairement à d’autres récits très réa-listes sur le thème de l’émigration, notrehéros débarque dans un univers onirique.Il est perdu, il ignore la langue, il neconnaît ni ces aliments, ni ces étrangesanimaux, il ne comprend pas les écrits desaffiches… Pourtant, c’est dans ce paysétrange qu’il doit réapprendre à vivre.Seul, comme des millions d’humains exi-lés comme lui, il va devoir créer des liens,

BD 2008LES BULLES DEAMBULENTLe Festival de la Bande dessinée d’Angoulême, comme les hirondelles,annonce le printemps et le renouveau. Intérêt particulier pour les BDsans texte, de l’innovation dans les styles et les mises en page, créa-tion de collections BD chez de nouveaux éditeurs. En BD jeunesse, adap-tations réussies de textes classiques et des thèmes nouveaux pudique-ment abordés, comme la mort ou les faits de société.

Littérature jeunesse

28

Réflexions

es négociations sur le contrat de travailengagées dès la mi-septembre par lespartenaires sociaux ont trouvé un terme

le 11 janvier. Cet accord entre dans le projetde « modernisation du marché du travail »voulu par le gouvernement qui a pour objec-tif d’atteindre le plein emploi, soit un taux dechômage de 5 % comme promis par lePrésident de la République. Au final, un textesigné par la majorité des partenaires sociauxqui marque pour François Fillon « un pasvers la flexisécurité à la française » autre-ment dit flexibilité du marché du travailcontre sécurisation des parcours profession-nels sur, en théorie, le modèle des pays scan-dinaves. Du côté de la flexibilité, cet accordse solde par trois mesures phares. Désormais,il existe un nouveau mode de rupture diteconventionnelle qui n’est ni un licenciement,ni une démission et qui permet à l’employeurde rompre un contrat sans recours possibledevant le conseil des prud’hommes. Cette sé-paration devra être homologuée par le direc-teur départemental du travail. Cette ruptureouvre droit aux indemnités chômage.Par ailleurs, l’accord prévoit la création d’unCDD pour « objet défini au contrat », réser-vé aux ingénieurs et aux cadres, conclu pourla réalisation d’un projet. Il semble bien queles contrats type Contrat NouvelleEmbauche, jugé contraires au droit interna-

BRECHE DANS LE CONTRAT DETRAVAIL

tional par l’Organisation internationale duTravail, soient définitivement abandonnés.Le projet d’accord rappelle que « tout licen-ciement doit être fondé sur un motif réel etsérieux ». Par contre, la période d’essai pro-fessionnelle est allongée. Elle peut durer de 1à 2 mois pour les ouvriers et de 3 à 4 moispour les cadres.Du côté de la sécurité, les contreparties sontpour le moins réduites et pour la plupart re-portées à des négociations ultérieures.L’indemnisation chômage sera revue lors desnégociations UNEDIC et s’il est proposéqu’une prime soit accordée aux chômeursnon indemnisés de moins de 25 ans, celareste un voeu pieux. L’accord prévoit tout demême que le salarié pourrait en partie main-tenir sa mutuelle et ses droits à la formationquand il sera au chômage ou dans une autreentreprise.Cet accord devra maintenant passer devantles parlementaires qui devront le traduire endispositions législatives. Si, on est loin du« contrat unique » dont parlait NicolasSarkozy, une surenchère libérale de certainsélus pourrait dénaturer un texte dont l’équi-libre reste en faveur des employeurs : beau-coup de flexibilité mais bien peu de sécurité!

Lydie Buguet

Après quatremois de

négociations,patronat et

syndicats ontouvert la porte

à une plusgrande

flexibilité dumarché du

travail.

CGT« L’accord n’est pas parvenu à ceque le centre de la négociation aitpour objectif de favoriser l’emploi

des jeunes et celui des plus decinquante ans, de faire reculer la

précarité et le temps partiel imposé,de créer des droits transférables. »

JEAN-PIERRE WILLEMSCONSULTANT EN DROIT

SOCIAL ET EN RESSOURCESHUMAINES

« La quasi totalité des dispositions del’accord renvoie soit aux pouvoirs

publics, soit aux négociationsinterprofessionnelles à venir

(assurance-chômage, formationprofessionnelle…), soit auxnégociations de branche. »

FORCE OUVRIERE« En matière de contrat de travail

contrairement aux volontéseuropéennes de flexisécurité, le CDI

demeure la norme (pas de contratunique ou de CDI allégé) et tout

licenciement doit avoir un motif réelet sérieux. Cela confirme la fin du

CNE qui nous a aidés pour ladéfinition de périodes d’essai très

éloignées des volontés patronales. »

MEDEF« Si ce projet est validé et transposé

en droit, il clôt une époque et ilouvre une ère nouvelle pour les

relations sociales et pour l’économieen France : il invente la flexisécurité

française. »

Leur avis

L

29

Réflexions L ’AGENDA

Un quidam trouve une montagne de dol-lars au milieu de cadavres de trafiquantsmexicains gisant dans le désert, un tueurfou le prend en chasse, un vieux shérifdésabusé fait ce qu’il peut pour protéger lefugitif devenu insaisissable. On n’en dirapas plus puisque le suspense est ainsi misen place pour les deux heures à venir. Cefilm est un drôle de mélange. Pour une partc’est un film de poursuite assez banal,adroitement construit, qui parvient sanspeine à maintenir l’attention du spectateur.Les frères Coen savent évidemment fabri-quer un film d’action et ont les ressourcesnarratives de professionnels aguerris.Donc on ne s’ennuiera pas. Une bonnepartie est tout de même assez convenue,pas bien surprenante, bien qu’agréable àregarder. « Agréable » est à prendre cumgrano salis car on s’y massacre allègre-ment, mais, bon, le cinéma fait ça depuisplus de cent dix ans. Certaines inventions(l’arme étrange du tueur fou) sont des re-cettes surprises plus habiles que convain-cantes. Ce qui fait le prix de ce film c’estfinalement son désordre… On passe de

moments presque barbants à de vraies ac-célérations qui vous collent au fauteuil,puis à certains moments de poésie pure,notamment dans l’utilisation de l’espace.Par exemple ce jeu stupéfiant autour duposte frontière ou la puissance d’évocationdes scènes de désert. Le désordre dans lerécit aussi puisqu’on passe de scènes trèsexplicites à d’autres totalement elliptiques,avec certains moments-clés expédiés enquelques secondes. Le vieux shérif incarnel’aspect moral du propos, mais on n’a pasde quoi méditer bien longtemps, la philo-sophie de tout cela est assez courte. Ce quidemeure, c’est donc un film inégal traver-sé de quelques coups de génie. Aprèstout…

René MARX

Les critiques de cinéma de Fenêtres sur Cours sontsur www.laviedesfilms.com

C i n é m aNO COUNTRY

FOR OLD MEN

Ana Moura, voix rocailleuse du fado, sortson troisième album « Para Além da sau-dade ». Ce chant populaire mélancoliqueétait autrefois chanté dans les quartiersmal famés. Ana Moura, timbre chaloupé,toute en douceur, est entourée de l’auteur-compositeur Jorge Fernando, accompa-gnateur d’Amalia Rodrigues. Un fado fris-sonnant où la voix colle à cette nostalgie,cette tristesse du petit quotidien. La guita-

re sèche se fait discrète et la voix reine. Lamélancolie s’écoute avec bonheur.

Laure Gandebeuf

Ana Moura : Para Além da saudadeWorld Village Harmonia Mundi

En concert Le 5 février au Café de la Danse àParis

M u s i q u eFADO FRISSONNANT

É ducation et récréation

Journée d’étude organisée parAnne Hénault (Pr. IUFM deParis) et Annie Renonciat (Pr.INRP Rouen-Paris-Diderot). Lesintervenants de cette journéed’étude s’attacheront à la conju-gaison dialectique de l’éducationet de la récréation, dans ses évo-lutions historiques, en mettantl’accent tout à la fois sur la ri-chesse et la variété de ses outils,l’originalité des pratiques éduca-tives qui leur sont associées, et lesreprésentations et contraintes so-ciales dont ils sont éventuelle-ment porteurs.À l’IUFM de Paris, 10, rueMolitor 75016Le mercredi 6 février 2008http://www.aecse.net

Journée de la femme

Le 8 mars

« Etat des lieux des inégalitéshomme/femme au travail, Mai 68,une nouvelle étape vers l’émanci-pation des femmes… »Stage intersyndical FEMMES àl’initiative de la CGT, la FSU etde l’Union syndicale Solidairesavec la participation de RachelSilvera, chercheuse et économis-te, de Josette Tratt et ChristineDelphy, sociologues, MichelaMarzano, philosophe, chercheuseau CNRS…À la bourse du travail de St Denis,métro : Porte de ParisLes 13 et 14 mars 2008

Une école pour tous ?

Le 18ème salon national de péda-gogie Freinet avec notamment laparticipation d’Yves Reuter, àpropos d’une recherche sur uneécole en zone d’éducation priori-taire qui pratique la pédagogieFreinet et Serge Boimare, direc-teur pédagogique du CentreClaude-Bernard à Paris et auteurde « L’enfant et la peur d’ap-prendre ».Les 26 et 27 mars 2008 à Nantes(Hôtel de région des Pays de laLoire)

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Réflexions

nventaire à la Prévert. Le rapport Attali,remis dernièrement au président NicolasSarkozy, avance 314 propositions qui

prétendent « libérer la croissance françai-se ». Point commun que l’on retrouve toutau long de 20 décisions fondamentalespréconisées qui englobent l’ensemble desmesures, la commission privilégie une ap-proche où la dépense publique, le coût dutravail, la protection sociale sont présentéscomme des freins à la croissance dont ilfaudrait réduire la voilure. Toutes ces me-sures déclinées dans le rapport s’articulentautour de 8 priorités, la première d’entre-elle « pour la jeunesse » concerne directe-ment l’éducation.Comme l’a précisé dans sa présentation lepsychanalyste, Borys Cyrulnik, l’un des43 membres de la commission, « la crois-sance dépend à long terme du potentiel dela jeunesse, et de son insertion profession-nelle et personnelle au sein de la société ».Première des 20 décisions fondamentales,le rapport affiche qu’il faut se donner lesmoyens pour que tout élève maîtrise lesconnaissances fondamentales avant la finde la sixième. Pour cela, le rapport préco-nise de repenser le socle commun pour yajouter l’anglais au plus tôt, l’informa-tique, le travail en groupe et l’économie.Les mesures prônant la concurrence sesuccèdent : développer l’autonomie desétablissements avec un recrutement local àl’intérieur d’un vivier établi dans une listede recrutement national, évaluer les ensei-gnants sur leur capacité à faire progresserles élèves, supprimer la carte scolaire enlaissant le libre choix aux parents. Dans lamême veine, la commission recommandeégalement d’ouvrir l’école à la société, endéveloppant des stages d’une semaine enentreprise au collège, les concours d’inno-vation et le service civique.Pour cela, la recette est connue. « LaFrance peut faire beaucoup mieux avec lesmêmes moyens », exorte le rapport. Lepays consacre une part de plus en plus im-portante de sa dépense publique à l’éduca-

tion avec des résultats qui ne sont pas à lahauteur des engagements selon les rappor-teurs. Pour ces derniers, il est donc fonda-mental de développer une prise en chargeprécoce à la crèche ou en garde chez lesassistantes maternelles. À ce titre la com-misision recommande de doubler lenombre d’heures de formation des assis-tantes maternelles de 120 à 240 heures.Une manière de répondre par la négativeaux besoins d’école pour les deux ans.

Enfin, le texte demande « l’implicationforte des enseignants », comme si cettedernière n’existait pas au quotidien actuel-lement au prix d’un fort engagement. À cetitre, la commission insiste sur la mise enplace d’une concertation entre le ministè-re, les syndicats et fédérations de parentsd’élèves prônant des changements de sta-tuts et des carrières totalement individuali-sées. De l’inventaire à l’impasse.

Sébastien Sihr

RETENTION DE SURETEMINORITY REPORT A LA FRANCAISE

ATTALI VEUT FAIRE POUSSER LA CROISSANCE

uite au fait divers tragique d’un petitgarçon victime d’un pédophile récidi-

viste sortant de prison, le président de laRépublique décidait de durcir à nouveau lalégislation sur la récidive, seulement dixjours après la promulgation de la loi instau-rant « les peines planchers ».Actuellement en débat au Parlement, le pro-jet de loi sur « la rétention de sûreté », per-met l’enfermement à vie, à l’issue de lapeine de prison, dans un « centre socio-mé-dico-judiciaire » des condamnés estimésdangereux. Rachida Dati, garde des sceaux,le justifie en estimant qu’« il est déplorabled’attendre un nouveau passage à l’actepour […] enfermer (les criminels, commeles prédateurs sexuels, ndlr) et canalisercette dangerosité ».Cette « rétention » d’un an, renouvelablesans limite, introduit la condamnation à per-pétuité, non plus pour une infraction com-mise mais pour une infraction éventuelle.« Le caractère extrêmement aléatoire de laprédiction du comportement futur » a étédénoncé par un avis de la Commission na-tionale consultative des droits de l’homme.La « rétention de sûreté » s’oppose égale-ment à la conception humaniste du droit qui

S

I

prévaut depuis 1945 et se donne comme ob-jectif la réinsertion au sein de la société detout condamné.Un autre fait divers, la mort d’une jeunefemme tuée par un violeur dans le RER ennovembre, est à l’origine de l’extension dece dispositif, prévu à l’origine pour lescrimes sur des mineurs de moins de 15 ans,à tous les auteurs de crimes aggravéscondamnés à au moins quinze ans de prison.Sa rétroactivité aux condamnés avant 2008,demandée par le président de la Républiqueet contraire aux principes fondamentaux dudroit, est en débat au Sénat car elle pourraitfaire l’objet d’une censure du Conseilconstitutionnel. Les sénateurs proposentune « obligation d’assignation à domicile »avec le port d’un bracelet électronique, quiexiste déjà, mais dans le cadre d’un aména-gement de peine. Une mise en place après lapeine pourrait retomber sous le coup d’unecensure constitutionnelle.La politique de circonstance, en réaction àdes faits divers et destinée à rassurer l’opi-nion publique, se révèle incompatible avecles principes démocratiques et inefficacepour prévenir la récidive des délits.

Arnaud Malaisé

Le rapport Attali prônant la libéralisation de la croissance fait dans l’inventaire. Les mesures concernant lesystème éducatif avancent moins de dépenses et plus de concurrence.

31

Quels troubles urinaires peuvent ren-contrer les enfants?Depuis 20 ans, je vois dans mon servicede plus en plus d’enfants, notamment despetites filles, souffrant de fuites d’urines,d’infections urinaires, d’irritation uro-va-ginales, de constipations… Ces patholo-gies, souvent récidivantes, sont générale-ment dues à des vessies qui ne se videntpas. C’est comme un pot de chambre rem-pli d’urine et maintenu à 37°, au boutd’un moment il commence à s’infecter.Elles sont donc la conséquence d’un mau-vais fonctionnement vésical plutôt qued’une maladie. Même s’il ne faut pas faireun lien trop direct, l’énurésie n’est pasétrangère à cette situation.Pour les filles, les infections génitalesproviennent d’un mauvais positionne-ment sur les toilettes, genoux trop serréset position pas complètement assise.L’urine s’écoule donc aussi dans la cavitévaginale, ce qui crée des culottesmouillées, des inflammations, des irrita-tions…

Pourquoi débutent-ils à l’école élémen-taire ?Un enfant a besoin d’uriner très souvent.En maternelle, les enseignants y sont trèsattentifs mais à l’école élémentaire cetteattention n’est plus de mise. Les enfantspréfèrent jouer lors des récréations et pen-

dant le cours ils n’ont pas toujours la pos-sibilité d’aller aux toilettes, souvent pourdes problèmes de responsabilité.Et vous ne ferez pas faire pipi à unefemme, même petite, si elle ne retrouve niintimité, ni propreté dans les toilettes. Or,plus la scolarité avance, plus les struc-tures sont grandes, plus elles sont loin dessalles de cours, plus l’état des toilettes estrepoussant. Les filles ont beaucoup plusde problème que les garçons car leururètre est courte par rapport à celle desgarçons.

Quel lien peut-on faire entre l’état destoilettes et les troubles urinaires?Il ne faut pas généraliser mais les toilettesscolaires sont volontiers peu ac-cueillantes, sans portes et sans papier. Etsi la vessie n’est pas vidée durant touteune journée, cela entraîne des infections,pathologies fonctionnelles par rapport à lagestion de la vessie. Beaucoup d’enfantsse plaignent des toilettes de l’école et vontdirectement aux toilettes à peine rentrés àla maison.

Quelles solutions mettre en œuvre ?Les enseignants doivent tenir compte dessignes que peuvent émettre les enfantssouhaitant aller aux toilettes, comme letrémoussement sur la chaise. Il faut égale-ment en parler aux enfants afin qu’ilsn’oublient pas de prendre leurs précau-tions les jours suivants. Passer aux toi-lettes doit être intégré à l’emploi du tempspendant la récréation.Ne pas oublier de boire est également im-portant. Une vessie qui se vide souventchez quelqu’un qui boit suffisamment nes’infecte pas.C’est donc une logique de bon sens avecdes pistes toutes simples : faire attention àce que les enfants aillent aux toilettes,leur offrir des toilettes correctes, y séparerles filles des garçons.

Propos recueillis parArnaud Malaisé

TOILETTES SCOLAIRES« VOLONTIERS PEU ACCUEILLANTES »

Michel Averous

Professeur et chef de service

d’urologie infantile du CHU de

Montpellier

Réflexions

Pipi retenu, zizi foutuSuite au rapport de l’Observatoire national de lasécurité sanitaire (ONS) sur les toilettes à l’éco-le, Xavier Darcos a annoncé des discussions« avec les familles et les communes » pour semettre d’accord sur une charte définissant « laqualité et la propreté » des toilettes. De soncôté, le SNUipp estime que « la question destoilettes est l’affaire de tous (parents, enfants,enseignants, mairies) » mais qu’en raison de« la diversité des équipements et des entretiensdes toilettes », « il y a besoin d’un cadrage na-tional, d’une réflexion globale, d’un système depéréquation pour les communes les plus dému-nies, de l’élaboration d’un cahier descharges ». En effet, la situation décrite parl’ONS rejoint l’étude menée en 2001 par le syn-dicat sur l’inégalité des moyens alloués auxécoles selon les communes.La question des toilettes, ce « sujet tabou »,pour Jean-Marie Schléret président de l’obser-vatoire, s’était heurté à des résistances des ins-pections académiques et des mairies lors d’unepremière tentative d’enquête avortée dans deuxdépartements en 2006. Cette fois, l’ONS a pro-cédé par Internet, obtenant près de 30000 ré-ponses provenant de 865 écoles dans 55 dépar-tements.L’enquête pointe des problèmes liés à l’équipe-ment et la perception des toilettes par les en-fants. Si les sanitaires « à la turque » sont deve-nus marginaux (1,8 % des écoles), il reste29,5 % d’écoles sans blocs sanitaires séparéspour les filles et les garçons. Près du tiers desécoles (32,2 %) ne disposent pas de toilettesdans les étages et 10 % ne possèdent pas de ver-rou.Plus de la moitié des élèves jugent les toilettespeu accueillantes: mauvaise odeur pour 72,9 %d’entre eux, absence de chauffage (30 %), lemanque d’éclairage (22 %). 14,4 % ont déjà eupeur aux toilettes en raison de l’absence de ver-rous et des relations avec leurs camarades(voyeurisme, bousculades, moqueries…).Au final, 7,2 % des élèves, dont la moitié mangeà la cantine le midi, n’utilisent jamais les toi-lettes scolaires et 48,5 % les utilisent occasion-nellement « quand ils ne peuvent pas faire au-trement ». Conséquence, près de la moitié desélèves ont déjà eu mal au ventre, 15,1 % souf-frent de constipation aigue ou chronique et21,6 % d’une infection urinaire.