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les communautés. Pourtant le 21 juillet, Rigo- berta Menchú (prix Nobel de la paix maya), Al- varo Ramazzini (archevêque de San Marcos) et des représentants des communautés de San Mi- guel Ixtahuacán présentent un recours en justice (amparo) contre l’exécutif pour le contraindre de suspendre les activités de la mine. Le 28 juillet, les communautés en résistance, par l'intermédiaire des avocats de la COPAE et de la fondation Rigoberta Menchu Tum (FRMT), dé- posent une plainte à l'encontre d'Erick Alvarez Mancilla qui occupe actuellement la fonction de président de la Cour suprême de justice (CSJ) du Guatemala. A l'époque il était conseiller juridi- que de Peridot S.A., l'entreprise écran ayant acheté pour revendre illégalement les terres communautaires de San Miguel Ixtahuacán, en vue de l’exploitation de la mine d'or. Selon le Registre de la propriété de Quetzaltenango, les terres de San Miguel Ixtahuacán sont communa- les. En d'autres termes, elles appartiennent col- lectivement au peuple maya Mam de San Miguel Ixtahuacán, et ce, depuis 1674. Elles ne peuvent donc pas être vendues sans l'accord préalable de l'ensemble des populations des communautés. Alors que le gouvernement s'est vu dans l'obliga- tion d'annoncer la suspension des activités de la mine Marlin, le ministère de l'Énergie et des Mi- nes, explique le report de son application et son éventuelle mise en oeuvre en novembre prochain en raison du temps nécessaire à l'entreprise pour préparer sa défense. Le 25 août, le gouvernement rend un rapport de 600 pages à la CIDH sans pour autant évoquer les mesures contraignantes. Le 10 août, le ministère de l'Énergie et des Mi- nes notifie à Montana S.A. le début du proces- sus administratif de suspension de ses opéra- tions. Mais les choses ne bougent pas. L'entre- prise fait la sourde oreille. Un jour après la noti- fication ministérielle, le 11 août, Montana S.A. commence à déverser les eaux usées du bassin de rétention, où se concentre l'eau cyanurée mé- langée à divers produits chimiques et métaux, fruits du processus industriel d'extraction d'or et d'argent, dans le fleuve Chiviquil, affluent du fleuve guatémaltèco-mexicain Cuilco. Le 28 sep- tembre, Luis Ferraté, ministre de l'Environne- ment, présente au Ministère Public (MP, chargé des poursuites judiciaires) une plainte à l'en- la n° 191 août-octobre 2010 Sommaire Édito p. 1 La mine Marlin coûte deux fois plus qu'elle ne rapporte au Guatemala mais toujours pas de fermeture par Marilyne Griffon Actualités p. 3 Les communautés du Petén en sursis : intérêts privés et militarisation par Cynthia Benoist Causes structurelles de la pauvreté au Guate- mala : lutte paysanne contre intérêts privés et la loi de développement rural intégral par Amandine Grandjean Justice et Terre : une lut- te incessante par Vanessa Gongora Brèves p. 9 Bloc-Notes p. 11 Collectif Guatemala p. 12 Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris - France Tel/Fax : + 33 (0) 1.43.73.49.60 [email protected] http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/ Permanence : Du lundi au vendredi 10h-18h Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 Ont participé à ce numéro : Cynthia Benoist, Anne Boucher, Vanessa Gongora, Amandine Grandjean, Marilyne Griffon, Isabelle Tauty. U n saccage organisé depuis l’époque coloniale Le Guatemala est l’un des pays les plus inégalitaires du continent améri- cain. Depuis la conquête au XVI ème siècle jusqu’à nos jours, la spoliation des terres des peuples au- tochtones se poursuit. Mais ce ne sont plus les rois d’Espagne qui en sont les commanditaires si- non les compagnies multinationales qui épuisent les réserves naturelles du Sud dont les bénéfices vont au Nord. Pourtant, ces mêmes classes domi- nantes, mêlant pouvoir économique, politique et militaire, ont édicté des lois et établi des titres de propriété. Aujourd’hui ces textes servent de base légale au combat que mènent les populations mayas pour défendre leur terre. « Le pouvoir, c’est nous. Ce n’est pas nous qui avons fait les lois, ce n’est pas nous non plus qui avons signé les accords internationaux en matière de droits humains. Mais les recours légaux exis- tent. Il faut s’en servir, faire valoir nos droits, il n’y a pas d’autres moyens. » commente Udiel, l’un des avocats maya Mam de la Commission pastorale Paix et Écologie (COPAE) de San Marcos. Ainsi s’est engagée depuis quelques mois la ré- ponse, par des armes juridiques, au pillage des ressources naturelles du pays, comme l’or, et à la criminalisation des mouvements de résistance des peuples indigènes de San Miguel Ixtahua- cán. Plusieurs recours ont donc été déposés de- vant les institutions nationales et internationales contre Goldcorp Inc. et sa filiale Montana Ex- ploradora de Guatemala S.A. Le 20 mai dernier, la Commission inter- américaine des droits de l'Homme (CIDH), de l'Organisation des États américains (OEA) émet des mesures contraignant le gouvernement gua- témaltèque à organiser la suspension des opéra- tions de la mine Marlin, en raison d'une possible pollution de l'eau et des effets néfastes sur la santé. La CIDH exige également que des mesu- res soient prises afin de protéger la vie des membres des communautés affectées par Marlin de San Miguel Ixtahuacán et Sipakapa 1 . Le gouvernement d'Alvaro Colom crée la sur- prise en annonçant un mois plus tard (le 23 juin) qu'il se pliera à ces mesures et suspendra les opérations minières jusqu'à ce que la CIDH émette un jugement sur la plainte déposée par 1 Guatem Solidarité Lettre des adhérents du Collectif Guatemala Bimestriel Solidarité Guatemala n°191 août-oct. 2010 La mine Marlin coûte deux fois plus qu'elle ne rapporte au Guatemala mais toujours pas de fermeture par Marilyne Griffon

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Édito: Coûts de la mine Marlin. Actualités: Les communautés du Petén en sursis / Causes structurelles de la pauvreté au Guatemala / Justice et terre, une lutte incessante

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les communautés. Pourtant le 21 juillet, Rigo-berta Menchú (prix Nobel de la paix maya), Al-varo Ramazzini (archevêque de San Marcos) et des représentants des communautés de San Mi-guel Ixtahuacán présentent un recours en justice (amparo) contre l’exécutif pour le contraindre de suspendre les activités de la mine. Le 28 juillet, les communautés en résistance, par l'intermédiaire des avocats de la COPAE et de la fondation Rigoberta Menchu Tum (FRMT), dé-posent une plainte à l'encontre d'Erick Alvarez Mancilla qui occupe actuellement la fonction de président de la Cour suprême de justice (CSJ) du Guatemala. A l'époque il était conseiller juridi-que de Peridot S.A., l'entreprise écran ayant acheté pour revendre illégalement les terres communautaires de San Miguel Ixtahuacán, en vue de l’exploitation de la mine d'or. Selon le Registre de la propriété de Quetzaltenango, les terres de San Miguel Ixtahuacán sont communa-les. En d'autres termes, elles appartiennent col-lectivement au peuple maya Mam de San Miguel Ixtahuacán, et ce, depuis 1674. Elles ne peuvent donc pas être vendues sans l'accord préalable de l'ensemble des populations des communautés. Alors que le gouvernement s'est vu dans l'obliga-tion d'annoncer la suspension des activités de la mine Marlin, le ministère de l'Énergie et des Mi-nes, explique le report de son application et son éventuelle mise en œuvre en novembre prochain en raison du temps nécessaire à l'entreprise pour préparer sa défense. Le 25 août, le gouvernement rend un rapport de 600 pages à la CIDH sans pour autant évoquer les mesures contraignantes. Le 10 août, le ministère de l'Énergie et des Mi-nes notifie à Montana S.A. le début du proces-sus administratif de suspension de ses opéra-tions. Mais les choses ne bougent pas. L'entre-prise fait la sourde oreille. Un jour après la noti-fication ministérielle, le 11 août, Montana S.A. commence à déverser les eaux usées du bassin de rétention, où se concentre l'eau cyanurée mé-langée à divers produits chimiques et métaux, fruits du processus industriel d'extraction d'or et d'argent, dans le fleuve Chiviquil, affluent du fleuve guatémaltèco-mexicain Cuilco. Le 28 sep-tembre, Luis Ferraté, ministre de l'Environne-ment, présente au Ministère Public (MP, chargé des poursuites judiciaires) une plainte à l'en-

la n° 191 août-octobre 2010

Sommaire Édito p. 1

La mine Marlin coûte deux fois plus qu'elle ne rapporte au Guatemala mais toujours pas de fermeture par Marilyne Griffon Actualités p. 3

Les communautés du Petén en sursis : intérêts privés et militarisation par Cynthia Benoist

Causes structurelles de la pauvreté au Guate-mala : lutte paysanne contre intérêts privés et la loi de développement rural intégral par Amandine Grandjean

Justice et Terre : une lut-te incessante par Vanessa Gongora Brèves p. 9 Bloc-Notes p. 11 Collectif Guatemala p. 12

Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire

75011 Paris - France Tel/Fax : + 33 (0)

1.43.73.49.60 [email protected]

http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/

Permanence :

Du lundi au vendredi 10h-18h

Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69

Ont participé à ce numéro : Cynthia Benoist, Anne Boucher, Vanessa Gongora, Amandine Grandjean, Marilyne Griffon, Isabelle Tauty.

U n saccage organisé depuis l’époque coloniale Le Guatemala est l’un des pays les plus inégalitaires du continent améri-

cain. Depuis la conquête au XVI ème siècle jusqu’à nos jours, la spoliation des terres des peuples au-tochtones se poursuit. Mais ce ne sont plus les rois d’Espagne qui en sont les commanditaires si-non les compagnies multinationales qui épuisent les réserves naturelles du Sud dont les bénéfices vont au Nord. Pourtant, ces mêmes classes domi-nantes, mêlant pouvoir économique, politique et militaire, ont édicté des lois et établi des titres de propriété. Aujourd’hui ces textes servent de base légale au combat que mènent les populations mayas pour défendre leur terre. « Le pouvoir, c’est nous. Ce n’est pas nous qui avons fait les lois, ce n’est pas nous non plus qui avons signé les accords internationaux en matière de droits humains. Mais les recours légaux exis-tent. Il faut s’en servir, faire valoir nos droits, il n’y a pas d’autres moyens. » commente Udiel, l’un des avocats maya Mam de la Commission pastorale Paix et Écologie (COPAE) de San Marcos. Ainsi s’est engagée depuis quelques mois la ré-ponse, par des armes juridiques, au pillage des ressources naturelles du pays, comme l’or, et à la criminalisation des mouvements de résistance des peuples indigènes de San Miguel Ixtahua-cán. Plusieurs recours ont donc été déposés de-vant les institutions nationales et internationales contre Goldcorp Inc. et sa filiale Montana Ex-ploradora de Guatemala S.A. Le 20 mai dernier, la Commission inter-américaine des droits de l'Homme (CIDH), de l'Organisation des États américains (OEA) émet des mesures contraignant le gouvernement gua-témaltèque à organiser la suspension des opéra-tions de la mine Marlin, en raison d'une possible pollution de l'eau et des effets néfastes sur la santé. La CIDH exige également que des mesu-res soient prises afin de protéger la vie des membres des communautés affectées par Marlin de San Miguel Ixtahuacán et Sipakapa1. Le gouvernement d'Alvaro Colom crée la sur-prise en annonçant un mois plus tard (le 23 juin) qu'il se pliera à ces mesures et suspendra les opérations minières jusqu'à ce que la CIDH émette un jugement sur la plainte déposée par

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Guatem Solidarité

Lettre des adhérents du Collectif Guatemala Bimestriel

Solidarité Guatemala n °19 1 ao û t -o c t . 2 010

La mine Marlin coûte deux fois plus qu'elle ne rapporte au Guatemala mais toujours pas de fermeture

par Marilyne Griffon

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Actualités légale, représente une me-nace pour la vie et la santé des populations environ-nantes, contamine l’eau, détruit la montagne et la forêt, le tout pour voir 86,1% de ses profits s'en-voler loin vers le Nord. Selon les chercheurs de l'ASIES, la mine ne parti-cipe qu’à 1,48% du PIB du pays. ASIES révèle égale-ment que seuls 13,9 % des bénéfices de l’activité minière restent au Guatemala. Si on les additionne, les coûts sociaux, environnementaux et éco-nomiques de la mine d'or dépassent lar-gement les bénéfices pour le pays. En termes purement économiques, Marlin n'a donc aucune justification. Cependant une fois ce constat établi et devant le fait accompli, les solutions comme la fermeture de la mine ne sont pas plus optimistes : l'entreprise partie, les désastres de la pollution seraient pour le Guatemala, sans parler des pertes de quelque 2 000 emplois.

La mine à ciel ouvert Marlin et la lutte contre celle-ci doivent donc servir d'exemples pour prévenir toute autre ex-ploration et exploitation minière. Car une fois installée, il est difficile voire impos-sible de revenir sur les dégâts causés par la présence minière. Le vice-ministre de l'Environnement, Luis Alberto Ferrate, a remarqué la solidité de l’étude et met en cause la loi sur les mines annonçant que le Congrès se pencherait sur une nouvelle loi, lors de la rentrée par-lementaire fin août. A ce jour aucune ini-tiative gouvernementale n'a été prise...

Tournée des défenseures Du 5 au 21 novembre 2010, María Guada-lupe García Hernández et Carmen Mejía, deux femmes maya Mam, qui se battent

pour la défense des ressources naturelles de leur territoire et la reconnaissance de leur identité culturelle en tant que femmes et indigènes, effectueront une tournée en France, Suisse et Belgique. Carmen est l´une des rares femmes enga-gée dans l´association qui mène la lutte contre la mine Marlin, et la plus investie. Son militantisme lui a valu d´être menacée à plusieurs reprises. Son combat est dou-ble car elle doit également lutter au sein du Front de résistance pour que ses idées et analyses soient prises en compte. Maria Guadalupe quant à elle poursuit le travail de sensibilisation des femmes des communautés indigènes du nord du Gua-temala. Elle programme des ateliers d´initiation politique, d´éducation sexuelle, etc. en organisant des cessions pour les femmes uniquement afin qu´elles puissent s´exprimer librement, mais également avec les hommes. Un travail difficile dans un contexte et une culture où le machisme domine. Toutes deux incarnent l’effort de cons-truction de la démocratie guatémaltèque.■

contre de Montana S.A. pour qu'une en-quête soit menée sur ces déversements et alerte le Mexique. Les recours légaux tout comme les étu-des scientifiques s'accumulent et démon-trent toutes les diverses violations du droit national, international en matière de droits humains et environnementaux. Une fois de plus l'impunité et l'injustice s'exercent pleinement. Les recours n'ont pas encore abouti à la suspension des ac-tivités de la mine Marlin. Montana S.A. a même repris les activités qu'elle avait suspendues suite aux affrontements qui avaient conduit à l'incendie de deux voi-tures en 2009 à Saqmuj, une communau-té de San Miguel Ixtahuacán.

La mine Marlin coûte deux fois plus qu'elle ne rapporte à l'État et la socié-té guatémaltèque L'étude coût-bénéfices de la mine Marlin de l'association de recherches et d'études sociales ASIES2 était présentée le 22 juil-let devant une centaine de personnes dont le vice-ministre de l’Environnement Luis Zurite. Elle porte de fin 2005, année d'ou-verture de la mine, à juin 2009. Dans ce laps de temps, 693,84 millions de dollars de bénéfices ont été dégagés pour Monta-na alors que seuls 748,86 millions de quetzals (93 millions de dollars) reve-naient au Guatemala (dessin ci-contre). Cette étude, économique avant tout, n'a rien de révolutionnaire. La problématique est la rentabilité, les facteurs environne-mentaux et humains sont étudiés en toute fin et ramenés en termes financiers : coûts pour reboiser, coûts des conflits so-ciaux, blocus des routes, grèves, etc. Mais les résultats sont sans équivoque, la mine Marlin coûte deux fois plus qu'elle ne rapporte de bénéfices au Guatemala. La mine, en plus d'opérer de manière il-

2 Solidarité Guatemala n °19 1 ao û t -o c t . 2 010

1 http://www.cidh.oas.org/medidas/2010.sp.html 2 http://www.asies.org.gt/ULTIMAS%20PUBLICA CIONES.HTMl

Représentation du partage des bénéfices de Gold-

corp Inc. entre le Canada et Guatemala.

Roble Minería, septembre 2010, COPAE.

Carmen Francisca Mejía Aguilar et María Guadalupe García Hernández

La mine à ciel ouvert Marlin avec le bassin de ré-

tention des eaux usées. Google images

11/11/10 Soirée publi-que à Lyon

Contact : Paola Cail-lat / MAN comiteicp @nonviolence.fr

12/11/10 Soirée publi-que à Pamiers (Ariège)

Contact : Carmen Samayoa / « Regards de femmes » carmen.samayoa @wanadoo.fr /

13/11/10 Soirée publi-que à Tou-louse

Contact : Paola Cail-lat / MAN comiteicp @nonviolence.fr

19/11/10 Projection débat à Paris

Contact : Festival Images mouvemen-tées (voir p11)

ACTIVITÉS PUBLIQUES DE LA TOURNÉE

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Actualités

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Les communautés du Petén en sursis : intérêts privés et militarisation par Cynthia Benoist

Dans le nº189 de la Lettre à l'Adhérent, nous avions mentionné le litige concernant la rénovation du contrat de l'entreprise pétro-lière française Perenco. Depuis lors, les choses ont sensiblement bougé puisque le président Colom a finalement décidé d'approuver le renouvellement de ce contrat pour 15 années supplémentaires, provoquant par la même occasion le mécontentement des commu-nautés de la Lagune du Tigre et des organisations de la société civile pour la défense de l'environnement et des droits de l'Homme.

La mission de deux jours de Ramsar en mai dernier est arrivée aux mêmes conclusions : l'activité pétrolière n'est pas compatible avec le maintien et la sauvegarde d'une zone naturelle proté-gée. Selon l'une des expertes, « l'activité pétrolière a généré des impacts négatifs dans la région. »4

Puis, début juillet, la presse nous appre-nait que le plan général de la Lagune du Tigre, c'est-à-dire le plan de travail que le Conseil national des zones protégées (CONAP) devait utiliser pour gérer le parc entre 2007 et 2011, avait été modifié par le secrétaire exécutif du CONAP5. Ces modifications étaient destinées à dé-montrer que l'activité pétrolière n'était pas une menace pour la région. Parmi d'autres exemples de passages supprimés ou modifiés, le plan original stipulait qu'il « ne serait pas autorisé de nouvelles exploitations pétrolières ». Ce passage a été purement et simplement supprimé avant impression.

Évidemment, cette révélation ainsi que la plainte déposée à l'encontre de l'ex-secrétaire exécutif du CONAP, Sergio Enrique Véliz Rizzo, a provoqué un vive émoi et a plus que jamais polarisé les po-sitions sur cette question. Yuri Melini, de l'organisation environnementale CALAS, a notamment déclaré que la décision ini-tiale du MEM de prolonger le contrat de-vait être questionnée puisqu'elle s'était basée sur un faux document.

Cependant, le 23 juillet, Colom annonce finalement cette rénovation contre vents et marées, soulignant que l'accord entre l'entreprise et l'État apporteraient des bé-néfices non négligeables pour le pays. Quels sont ces bénéfices ? Dans la réali-té, il est difficile de le dire mais deux chiffres ont marqué les esprits : Perenco donnera 13 millions de dollars afin d'ai-der à la reconstruction suite à l'éruption du Pacaya et à la tempête Agatha et 3 millions de dollars afin de financer les six nouvelles casernes militaires annon-cées par Colom dans le Parc national de

la Lagune du Tigre. Pour ainsi dire, une entreprise français va donc financer l'ar-mée guatémaltèque... Ces casernes servi-ront principalement à l'installation du « Bataillon vert », 250 soldats dont la mission officielle est de protéger la La-gune du Tigre et de lutter contre le nar-cotrafic, très présent dans la région.

Le pétrole oui, les communautés non. La création de ce Bataillon vert a été an-noncé par le président Colom le 20 août dernier durant un discours où il déclarait, « le 15 septembre prochain, j'ai ordonné à l'armée qu'elle entre et prenne la Lagune du Tigre. Au revoir les narcos et leur bé-tail. Ils m'ont menacé mais je n'ai pas peur d'eux. Ils me haïssent mais je ne reculerai pas »6. Ce discours volontariste contre le narcotrafic a cependant été entendu d'une toute autre oreille par les communautés de la Lagune, qui l'ont pris ni plus ni moins pour une menace d'expulsion. En outre, le 29 juillet dernier, Colom avait déjà évo-qué qu'il expulserait les « vaches animales et les vaches humaines »7 du Petén, lors d'un discours à la Colorada, communauté qui sera l'une des premières a être expul-sée, bien que ne se trouvant pas dans la Lagune du Tigre.

Face à cet ultimatum du 15 septembre, les communautés ont décidé de s'organi-ser. Cela a été possible notamment grâce au soutien de la Paroisse de la Libertad, qui a permis la coordination non seule-ment des communautés de la Lagune du Tigre mais également de deux autres par-ties du Petén menacées par les expul-sions : la Route Betel et le Parc national Sierra del Lacandón.

Après une première prise de contacts avec des organisations de la capitale, les représentants de 138 communautés de la Lagune du Tigre, de la route Betel et du Parc Sierra Lacandón se rendent au Congrès de la République le 10 septem-bre dernier, sur invitation du député URNG Héctor Nuila. Ce dernier avait pour l'occasion convoqué différents mi-

U ne décision compliquée pour Colom La décision d'Álvaro Colom quant à la prolongation du

contrat de l'entreprise Perenco s'est faite attendre : le 23 juillet, il a finalement an-noncé que le contrat 2-85 du puits Xan serait renouvelé pour 15 autres années. Et pourtant, les voix qui s'étaient élevées pour s'opposer à ce contrat étaient nom-breuses. Mais les intérêts de la nation ont semble-t-il dépassé les préoccupations mineures telles que la conservation de l'environnement ou la reconnaissance des droits des communautés installées dans la Lagune du Tigre. Reprenons les choses où nous les avions laissées : en avril dernier, quand la lutte entre le MEM et le MARN1 faisait rage et que l'exécutif tentait de garder une pos-ture de neutralité, sur le registre « nous prendrons la décision qui favorise le plus les intérêts de la nation ». Début mai, quatre personnes spécialistes des zones humides (« humedales »), en-voyées par la Convention Ramsar2, se sont rendues au Petén. Déjà en 1997, lors d'une première mission à la Lagune du Tigre3, les experts de Ramsar avaient re-commandé aux autorités « qu'elles res-treignent les licences afin de réaliser des activités pétrolières à l'intérieur du Bio-tope à ce qui est strictement convenu dans le contrat 2-85. Une fois finalisé ce contrat, il est recommandé de ne pas don-ner en concession d'autres zones à l'inté-rieur du Biotope et du Parc national La-gune du Tigre, pour des activités qui ne sont pas mentionnées dans l'article 8 du Règlement de la loi sur les Zones proté-gées (Congrès de la République, 1990). » Bien entendu, l'exploitation pétrolière ne fait pas partie de ces activités autorisées. En outre, cette première étude relevait également les impacts de l'exploitation pétrolière sur l'environnement et notam-ment, les émissions excessives d'oxyde d'azote et d'oxyde de soufre dans l'air, ain-si que la pollution des eaux environnantes.

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Cependant, ce-la a été l'occa-sion pour les communautés de présenter leur manifeste et de montrer leur détermina-tion et leur vo-lonté de ne pas se laisser mani-puler.

Suite à cette réunion et à la demande des communautés, nous nous som-mes rendus avec des repré-sentants de la Convergence pour les droits de l'Homme à la Lagune du Tigre, afin de vérifier les faits et de constater la situation sur place.

Cette mission de seulement quatre jours nous a néanmoins permis de voir la réali-té de la vie si loin de la capitale, la der-nière frontière à conquérir du Guatemala. En plus de l'isolement géographique, les communautés sont loin de disposer des services de base. Certaines disposent d'écoles, souvent payées par les habitants eux-mêmes. D'autres non. Toutes s'accor-dent à dire que Perenco ne respecte pas ses engagements de participer au déve-loppement des communautés et que leur publicité en ce sens est un mensonge. Pour ma part, la seule trace de Perenco que j'ai pu observer sont les quelques pu-pitres en bois de mauvaise qualité offerts par l'entreprise aux écoles existantes.

Et pourtant, l'entreprise est bien présente, tout comme l'armée qui contrôle les en-trées et sorties de la Lagune. En effet, pour y accéder, il faut traverser le río San Pedro grâce avec le ferry mis à disposi-tion et maintenu par du personnel de Pe-renco... et surveillé par l'armée. Or, toutes les communautés visitées nous ont fait part de la difficulté de pouvoir développer leur village à cause de l'interdiction d'ap-porter des matériaux de construction sur le ferry. Pourtant, il semble qu'avec quel-ques connaissances et un peu d'argent, il ne soit pas si difficile de faire venir ce que l'on veut dans la Lagune.

Les communautés se sentent donc prises au piège ou plutôt, encerclées comme si elles subissaient un siège, leur empêchant

Actualités

4 Solidarité Guatemala

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tout développement ou vision à long terme. Pourtant, les ennemis qui les as-siègent cette fois ne sont pas les conquis-tadores espagnols, mais bien les person-nes et les institutions qui auraient pour-tant en charge de les protéger.■

nistères et entités gouvernementales afin que les communautés puissent s'exprimer et tenter d'obtenir des réponses à leurs questions8.

Le conflit dans le Petén ne se centre pas uniquement sur le cas Perenco. En effet, d'autres méga-projets sont également en développement dans la région et repré-sentent autant de menaces réelles pour les populations de la zone. Parmi ces projets, on peut citer notam-ment la construction de plusieurs hydroé-lectriques sur la rivière Usumacinta, ainsi que le méga-projet touristique Cuatro Balam, un immense parc archéologique envisagé pour un tourisme de masse et financé par certaines des grandes famil-les oligarchiques du pays9. Tous ces projets signifient à moyen terme pour les populations un déplace-ment forcé. Ces expulsions sont en outre facilitées par l'incertitude juridique qui entoure la titularisation des terres dans le Petén. De fait, de nombreuses zones (dont l'ensemble de la Lagune du Tigre) étant protégées, il est interdit aux popula-tions de s'y installer. Cependant, dans beaucoup de cas, les familles s'étaient installées avant l'approbation de la loi sur les zones protégées (1989) et de ce fait, disposent -comme Perenco- du droit de s'y maintenir. Les familles qui se sont installées après 1989 sont dans l'illégali-té. Mais là encore, leur statut n'est pas si clair. En effet, certaines communautés ont signé des conventions d'accord avec le CONAP en 1997, leur permettant de rester sur place pour une durée de 20 ans. La Colorada, cette communauté expul-sée, disposait d'un tel accord.

En outre, il est important de souligner qu'avant ou après 1989, beaucoup de fa-milles se sont installées dans le Petén à la recherche d'une terre, pour fuir l'armée, le conflit, les narcotrafiquants... Pour certaines personnes, une expulsion signi-fierait le troisième ou quatrième déplace-ment forcé de leur vie.

La dernière frontière. La réunion du 10 septembre au Congrès a laissé davantage de doutes et d'inquié-tudes que de réponses. Les ministères se sont renvoyé les responsabilités, le MEM a nié les projets hydroélectriques et le ministre de la Défense a promis de ne pas expulser les gens (alors qu'il y ait obligé s'il en reçoit l'ordre judiciaire).

1 MEM : ministère de l'Énergie et des Mines. MARN: ministère de l'Environnement et des Res-sources naturelles. 2 La Convention sur les zones humides d’impor-tance internationale, appelée Convention de Ram-sar, est un traité intergouvernemental qui sert de cadre à l’action nationale et à la coopération inter-nationale pour la conservation et l’utilisation ra-tionnelle des zones humides et de leurs ressources. 3 En 1997, le puits Xan appartenait encore à l'entre-prise Basic Resources, qui le vendra par la suite à Perenco. -Misión Ramsar de Asesoramiento: Informe nr 38, Laguna del Tigre, Guatemala (1997), disponible en espagnol : http://www.ramsar.org/cda/en/ramsar-documents-rams-mision-ramsar-de-16019/main/ramsar/1-31-112%5E16019_4000_0__ 4 « Petróleo impacta Laguna del Tigre », Prensa Libre, 15-05-2010 : http://www.prensalibre.com/n o t i c i a s / P e t r o l e o - i m p a c t a - L a g u n a -Tigre_0_262173832.html 5 « Alteran plan en favor de petrolera », Prensa Libre, 07/07/10 : http://www.prensalibre.com/noticias/Alteran-plan-favor-petrolera_0_293970629.html 6 « Militares tomarán Laguna del Tigre », Prensa Libre, 21.08.2010 : http://www.prensalibre.com/n o t i c i a s / M i l i t a r e s - t o m a r a n - L a g u n a -Tigre_0_320967920.html 7 Propos rapportés par des habitants de la Colorada ayant assisté au discours. 8 Pour voir les vidéos de cette réunion et accéder au manifeste des communautés du Petén, voir : http://resistenciadlp.webcindario.com/ 9 Ce projet est sous le conseil scientifique de Ri-chard Hansen, archéologue étasunien qui a notam-ment collaboré avec Mel Gibson sur son film « Apocalypto ». Il est également conseiller scienti-fique de l'exposition sur l'art Maya qui sera inaugu-rée au Quai-Branly en juin 2011, exposition finan-cée par Perenco.

Pont sur le río San Pedro, surveillé par l'armé

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humains au Guatemala.” Ainsi, treize années après la signature des Accords de Paix, une importante partie de la population rurale continue de souffrir des inégalités sociales, alors qu’un petit secteur concentre les richesses du pays, parmi lesquelles la plus précieuse : la terre. En plus de n’avoir jamais tenu les engagements signés, les différents gou-vernements ont mis en place des politi-ques qui, loin d’améliorer la situation, ont contribué à générer plus de pauvreté. Selon un représentant du Conseil politi-que du mouvement syndical, indigène et paysan6 (MSICG), “il n’y a pas de chan-gement majeur avec le gouvernement ac-tuel : celui de Berger [2004-2008] était remarquablement patronal et l’actuel, dé-guisé sous ses discours populistes et se prétendant social-démocrate, a les mêmes fins.” En effet, en favorisant l’agriculture d’exportation ainsi que les investisse-ments étrangers, le gouvernement d’Al-varo Colom légitime et soutient les inté-rêts économiques de l’oligarchie et des transnationales et met en danger la souve-raineté nationale. Les traités de libre commerce, et autres politiques de compé-titivité –travaillés pendant le gouverne-ment d’Oscar Berger– favorisent l’expor-tation de l’huile de palme, du pétrole, etc. vers les marchés internationaux. Les or-ganisations sociales en dénoncent les im-pacts : en plus de la destruction environ-nementale, servir ces intérêts privés pro-voque une augmentation de l’accapare-ment des terres et des conflits sociaux7, ainsi que des conditions de travail infra-humaines, notamment dans les fincas8. En zone rurale, ces conditions de pauvre-té et d’exploitation entraînent un manque voire une absence d’éducation qui empê-che de rompre ce cercle de la domination. En parallèle, le gouvernement propose des programmes sociaux qui n’affrontent pas les causes structurelles de la pauvreté et sont qualifiés par le mouvement social de programmes palliatifs voire de straté-gie préélectorale.

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Actualités

Mouvement social paysan promoteur du changement : proposition de loi 4084 Des membres du MSICG, venus de plu-sieurs départements à Guatemala Ciudad, ont profité du 7 octobre, déclarée Journée internationale pour le travail décent par la Confédération syndicale internationale (CSI), pour manifester de nouveau et faire pression sur le Congrès pour l’ap-probation urgente de la proposition de loi 4084 ou loi de Développement rural inté-gral. L’approbation de cette loi comptait aussi parmi les revendications de la mani-festation qui a eu lieu à la capitale le 12 octobre passé, Día de la Hispanidad (Journée de l’hispanité), revendiquée par la population paysanne comme Journée de la Résistance des peuples indigènes. La formulation de cette proposition est le fruit de plus de dix années de travail. Cette loi, issue des besoins des commu-nautés rurales, et promue par l’Alliance pour le développement rural intégral (ADRI)9, a pour objectif d’atteindre un développement humain durable et inté-gral au sein des territoires ruraux, grâce à ses différentes politiques. 1. Les différentes politiques de la loi de Développement rural intégral - Politique agraire : pour la démocratisa-tion de la propriété et de l’usage de la terre. - Politique agricole, d’élevage, forestière et hydro-biologique : pour une production durable. - Politique économique : pour une protec-tion de la production paysanne et une révi-sion des traités et accords commerciaux signés par les gouvernements antérieurs. - Politique sociale : pour l’éradication de la discrimination et pour des services pu-blics de qualité. - Politique de travail : pour développer l’emploi rural, le respect des droits du travail et du salaire minimum. - Politique de participation sociale et de renforcement politique : pour le respect des organisations paysannes, l’accès à l’information sur les problématiques concernant la population, le soutien aux consultations communautaires.

L es intérêts capitalistes et la concentration des terres res-ponsables de l’aggravation de la pauvreté rurale et des conflits sociaux

Le Guatemala commémore ce mois-ci la Révolution du 20 octobre 1944, qui initiait dix années de “Printemps démocratique” et un début de réforme agraire –cause du renversement, soutenu par les États-Unis, du président Jacobo Arbenz en 1954. L’installation de l’exposition intitulée “¡Oh, Revolución! 1944-2010” dans le Pa-lais national, en l’honneur de cet anniver-saire, a été qualifiée de “farce” par le ré-volutionnaire Alfonso Bauer Paiz2. La concentration, voire la re-concentration des terres reste en effet un problème majeur, et la principale origine de la pauvreté : 56,59 % des terres à usage agricole se trouvent concentrées entre les mains de 1,86% de la population. Il existe 47 fincas (grande propriété) de 3 700 hec-tares et au-delà, alors que 90 % des agri-culteurs survivent avec des parcelles d’un hectare, en moyenne3. Selon le rapport de l’Observatoire du droit à l’alimentation et à la nutrition4 (2010), le Guatemala pré-sente non seulement le plus haut taux de malnutrition de l'Amérique latine mais également l'un des plus élevés au monde. Le pays a aussi la plus importante dénu-trition chronique infantile de la région, qui affecte 54,5% des enfants de moins de 5 ans. Une mission internationale d'obser-vation du droit à l’alimentation5 a rappor-té “une pression croissante exercée sur les communautés rurales, en particulier sur les peuples autochtones, les femmes vi-vant en milieu rural et les communautés paysannes, pour tenter de les déposséder de leurs terres dans le but d'exploiter les ressources naturelles locales”, et que “cette pression a un impact direct sur les droits à l'eau et à la terre ainsi que sur l'accès aux territoires traditionnels des communautés”. De plus, le rapport indique une “criminalisation croissante des person-nes qui luttent pour le respect des droits

Causes structurelles de la pauvreté au Guatemala : lutte paysanne contre intérêts privés et la loi de développement rural intégral

par Amandine Grandjean

La concentration des terres entre les mains d’une petite partie de la population, le contrôle de l’oligarchie sur celles-ci ainsi que sur la main d’œuvre que constitue la population rurale, engendrent des conditions de pauvreté et d’exploitation extrêmes dans les campagnes guatémaltèques, où vit majoritairement la population indigène maya. Le mouvement syndical, indigène et paysan (MSICG)1 est fortement engagé dans la lutte pour résoudre ces problèmes structurels, qui comprend la démocratisation de la pos-session de la terre. Une des revendications actuelles, travaillée depuis près de dix années par un ensemble d’organisations socia-les paysannes, est l’approbation de la loi de développement rural intégral.

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l’opinion favorable de la Commission d’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche qui a sollicité au Congrès son approbation d’urgence nationale. Ainsi, les avancées de la proposition de loi ont été beaucoup plus importantes en quelques mois que lors des deux précédents gouvernements.

Une législation à deux vitesses Cependant, l’opposition –voire la para-noïa– de la part des secteurs privé et pa-tronal conservateurs (Chambre de l’Agro, CACIF14, etc...), n’a pas tardé à se mani-fester, exemple en est la déclaration de Ricardo Villanueva, président de l’Asso-ciation nationale du café (Asociación Na-cional del Café – Anacafé), qui a affirmé, au cours du mois de juillet dernier, que la “proposition de loi de Développement ru-ral intégral en cours d’analyse au Congrès est un pamphlet marxiste des années soixante-dix”15. Bien que soit démontrée l’absence d’inconstitutionnalité, les sec-teurs en désaccord affirment que celle-ci porterait préjudice au droit de propriété. En effet, un des thèmes les plus sensibles mais aussi des plus importants de la loi est l’Article 10 qui établit que l’État agira en faveur de “la déconcentration de la terre”, terme que le secteur patronal définit comme “expropriation”. L’ADRI dénonce que c’est suite aux pressions politiques de ces secteurs conservateurs que la proposi-tion de loi est paralysée au Congrès depuis août 2009. Alors qu’il existe un soutien social majoritaire et que le débat technique sur le contenu de la proposition de loi est clos, celle-ci est figée au sein de la table de dialogue législatif de “Réactivation écono-mique, développement rural et peuples in-digènes”, dans laquelle sont bloquées onze autres lois (parmi lesquelles la loi sur les lieux sacrés et sur les consultations com-munautaires). La dernière stratégie utilisée pour retarder son approbation est la discus-sion du texte législatif article par article, au sein de cette table de dialogue. L’ADRI, qui exige que la loi soit approuvée sans modifications, telle qu’elle a été présentée, a exprimé son inquiétude et son désaccord, considérant ce processus “non nécessaire, dilatoire et de mauvaise foi, en un temps où la crise sociale, productive et alimen-taire ne font que s’aggraver. ”16

Le mouvement social dénonce le pouvoir de veto d’une minorité, à laquelle “il convient de conserver le système actuel d’injustice sociale. ”17

Paradoxalement, la loi d’alliance publi-que-privée18 n’a pas eu tant de difficultés à aboutir : cinq mois après la présentation de la proposition de loi au Congrès, elle a

- Politique culturelle : pour le respect des droits culturels des peuples indigènes, la reconnaissance, le respect et la préserva-tion du patrimoine culturel et le développe-ment culturel, en particulier de la jeunesse. - Politique de réduction de vulnérabilité et gestion des risques : pour affronter et modifier les conditions de vulnérabilité sociale, économique et environnementale. - Politique de souveraineté et sécurité alimentaires : pour une production alimen-taire adaptée aux besoins et aux traditions et l’accès à la terre nécessaire à celle-ci. - Politique socio-environnementale : pour une participation des communautés dans la gestion des biens et services environnemen-taux et une gestion et utilisation durables. La résolution de la problématique agraire et le développement rural faisaient déjà partie des exigences des Accords de Paix10 signés en 1996. Pour répondre à la situa-tion de pauvreté et à la conflictualité en zone rurale, les organisations sociales ont, au cours des gouvernements de Alfonso Portillo et Oscar Berger, participé active-ment aux différentes tables de travail inter-sectorielles pour la discussion d’une Poli-tique nationale et d’une loi de Développe-ment rural intégral. Au début de l’année 2008, s’initiait le dialogue entre le prési-dent Colom et l'ADRI. Deux tables de tra-vail se mettaient en place et donnaient lieu, d’une part, à une Politique de Déve-loppement rural intégral11 –qui reste à ce jour inaccomplie– et, d’autre part, à la pro-position de loi du même nom. 2. A propos de la Politique nationale de Développement rural intégral Quand il lance officiellement la Politique de DRI en avril dernier, Colom intègre son programme de Développement rural (ProRural) au ministère d’Agriculture, d’Élevage et d’Alimentation (MAGA), laissant voir clairement les intentions de ce gouvernement quant à sa vision du dé-veloppement rural : “Prorural est le grand moteur du développement économique du pays” déclarait le président Alvaro Colom à cette occasion12. Le coordina-teur de ProRural, Roberto Dalton, n’est autre que le président du groupe Disagro, principal fournisseur de fertilisants et de matériel agricole du pays et qui appar-tient à l’une des grandes familles qui ac-caparent les marchés productifs du pays.13

La proposition de loi est entrée au Congrès de la République le 27 juillet 2009, avec la signature de 21 députés de sept partis politiques différents. Puis elle a reçu, en septembre de la même année,

Actualités

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été approuvée le 13 de avril 2010, et est entrée en vigueur en août. Cette dernière permet au gouvernement de déclarer d’intérêt public une expropriation pour réaliser des projets d’infrastructure. Une fois de plus, les intérêts des entreprises nationales et étrangères sont servis.■

1 MSICG (Movimiento Sindical Indígena y Campe-sino Guatemalteco) a publié en février 2010 le rap-port “Guatemala Le coût de la liberté syndicale”, à la suite duquel une de ses organisations membres, le Comité Campesino del Altiplano – CCDA (Comité paysan des hautes terres) a reçu de multiples menaces et intimidations. Pour cela, cette organisation bénéfi-cie du projet d’accompagnement international, dont fait partie le Collectif Guatemala. Un second rapport a été publié le 27 septembre 2010. Voir les liens sui-vants (rapports et lettre de dénonciation des menaces au président Colom, par la CSI, en espagnol) : http://www.movimientosicg.org/ (dans Publicaciones) et http://www.ituc-csi.org/IMG/pdf/Actos_de_violencia_ contra_el_Comite_Campesino_del_Altiplano_feb.pdf

2 La Hora, 9 octobre 2010. “¿El tercer gobierno de la Revolución?” http://www.lahora.com.gt/notas.php?key=74578&fch=2010-10-09 3 Institut National de Statistiques, 2004. 4 Voir : http://www.rtfn-watch.org/fr/home/ 5 Voir rapport de mars 2010 (en espagnol) : http://www.omct.org/pdf/omct/2010/Informe_derecho_ali mentacion_Guatemala.pdf?PHPSESSID=7636d6baf2ba902 65f3d273ee92af172 6 Inforpress 1866 du 1er au 8 octobre 2010. “Movimiento sindical en busca de mejores condiciones laborales.” 7 Selon le Secrétariat des affaires agraires, l’aug-mentation des conflits coïncide avec les zones d’ex-pansion des cultures de canne à sucre et de palmiers à huile, et d’exploitations minière et pétrolière. 8 Principalement, monocultures de palmier à huile et de jatropha (pour la fabrication d’agrocombusti-bles), de café, de canne à sucre et de bananeraies. 9 Ensemble d’organisations paysannes, indigènes, de femmes, académiques, ecclésiastiques, environnemen-tales et sociales promouvant des politiques publiques, transformations institutionnelles et réformes légales. 10 Aspects socio-économiques et la situation agraire. 11 Politique approuvée par le Président en Conseil des ministres le 13 juillet 2009 par Accord gouvernemental No. 196-2009 et lancée officiellement le 21 avril 2010. 12http://movimientos.org/show_text.php3?key=17167 13 El Observador, février-avril 2009. “Los actores y los factores de poder en el gobierno de Álvaro Colom y la Unidad Nacional de la Esperanza (UNE)”. http://aselobs.org/design/content-upload/elobservador_17y18.pdf 14 Coordination des associations agricoles, commer-ciales, industrielles et financières. 15 El Periódico, 27 juillet 2010. “La ley de Desarrollo Rural y el retorno del marxismo”. http://www.elperiodico.com.gt/es/20100727/economia/166319

16 Communiqué de l’ADRI, 17 août 2010 : http://chiapas.indymedia.org/local/webcast/uploads/declaracion_politica_a samblea_nacional_adri_17_agosto_2010.pdf 17 Discours d’un représentant du conseil politique de MSCIG, le 4 octobre 2010, lors d’une activité de la Campagne pour un travail décent. 18 Ou loi d’Alliances pour le développement de l’infras-tructure économique. Inforpress 1843 du 23 au 30 avril 2010. “Decreto 16-2010 Una feliz alianza”. Même si, sous un autre nom –loi de Concessions–, le texte avait déjà ses antécédents sous le gouvernement de Berger, et était alors critiqué comme faisant “partie du projet néolibé-ral”, la proposition de ce texte législatif au Congrès vient du gouvernement Colom.

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tif Guatemala et le consultant Mariano Garrido, l’étude productive fut présentée aux familles de Nueva Linda le 28 août dernier, activité précédant la commémo-ration du massacre du 31 août 2004. L’é-tude est structurée en cinq grandes par-ties : données socio-démographiques de la communauté Nueva Linda, pro-gramme d’organisation sociale pour la gestion, programme de développement agraire durable, programme de dévelop-pement urbain et programme de renfor-cement institutionnel.

Les informations à souligner sur la struc-ture sociale sont par exemple le fait que 52% de la communauté a entre 18 et 35 ans, un quart de la population est anal-phabète, et contrairement à la situation nationale les femmes ont un plus haut niveau d’éducation que les hommes. Le revenu moyen mensuel d’une personne s’élèverait à environ 420 quetzales (42€) et l’ensemble des femmes ayant un reve-nu mensuel stable (soit 3% de la popula-

publics. En effet, en rabaissant le profil de l’affaire, ceux-ci éviteraient de dévoi-ler leur manque de diligences dans les affaires concernant le groupe Pro Justi-cia. Le début du procès contre Lázaro est programmé pour le mois de décembre.

Profitant du regain d’attention médiati-que3, le groupe Pro Justicia a initié le processus visant à présenter ses affaires à la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), afin de faire valoir leur droit à un procès équitable dans les affaires de la dispara-tion d’Héctor Reyes et du massacre du 31 août, face à l’abandon quasi total du MP. La prochaine étape serait l’audience avec le nouveau commissaire de la CI-CIG, Franciso Dall’Annese.

Présentation du projet productif pour le développement intégral des familles de Nueva Linda Après de longs mois d’échanges entre le groupe Pro Justicia, CODECA, le Collec-

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Actualités

L ’actualité du groupe Pro Justi-cia ce dernier trimestre, ne cesse de nous rappeler les pro-blématiques structurelles aux-

quelles font face l'État guatémaltèque et surtout sa société civile. Dans le cas de nos amis de Nueva Linda tout pourrait être résumé en deux mots : justice et terre.

Le 15 juillet dernier, Lázaro Cruz Sa-mayoa arrivait à l’aéroport de la capitale sous escorte policière, en provenance d’Arizona suite à l’exécution du mandat d’arrêt émis par la justice guatémaltèque en novembre 2004. En effet, en rapport aux évènements violents survenus lors de l’occupation de la Finca Nueva Linda, le Ministère Public (MP) considérait Lázaro coupable de onze chefs d’accusation : meurtre, tentative de meurtre, blessures légères, blessures aggravées, sédition, intimidation publique, incitation à com-mettre un délit, association illicite de per-sonnes armées, attentat, résistance avec violence et désobéissance. Le groupe Pro Justicia ainsi que l’Association des Co-mités de développement paysan (CODECA) dénoncèrent via communiqué de presse l’impunité régnante dans les affaires d’Héctor Reyes et de l’expulsion violente, en rappelant la responsabilité de plusieurs hauts fonctionnaires du gouver-nement de l’époque, présidé par Oscar Berger (voir encadré). Certes Lázaro por-tait une arme lors de l’expulsion, mais son arrestation dénote les contradictions inhérentes au système judiciaire guaté-maltèque, qui a voulu accusé une seule personne des évènements d’août 2004 et qui a fermé les yeux sur les violations des droits humains2 commises par les agents de la Police nationale civile (PNC). De plus, lors de sa première comparution le 19 Juillet dernier devant le Tribunal pénal de première instance du département de Retalhuleu, les chefs d’accusation les plus graves ont été retirés, ce qui selon Mariano Calel dirigeant du groupe Pro Justicia, serait une stratégie des pouvoirs

Justice et Terre : une lutte incessante par Vanessa Gongora

Nos amis du groupe Pro Justicia Nueva Linda ont commémoré, le 28 août dernier le septième anniversaire du massacre perpétré le 31 août 2004 lors de l’expulsion violente de la Finca Nueva Linda1, où neuf membres du groupe perdirent la vie en réclamant que justice soit faite dans l’affaire de la disparition d’Héctor Reyes. Ce fut aussi l’occasion de présenter à toute la communauté l’étude productive financée par l’association genevoise Km.207 et de faire un point avec les dirigeants du groupe sur les consé-quences de la tempête Agatha et l’extradition depuis les États-Unis de Lázaro Cruz Samayoa, membre du groupe Pro Justicia, sous le coup d’un mandat d’arrêt international suite aux évènements d’août 2004.

Présentation du projet productif le 28 août 2010

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Au début du mois d’août, la juge du Tribunal premier de haut ris-que (Tribunal Primero de Alto Riesgo) a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de Carlos Vielmann -ex-ministre de l’Intérieur- et Erwin Sperissen -ancien chef de la PNC- pour leur responsabilité dans les exécutions extrajudiciaires commises au cours de la mutinerie dans le centre pénitentiaire Pavón en 2006. Lors de l’expulsion violente des paysans du groupe Pro Justicia Nueva Linda, Sperissen demanda l’appui de l’armée avec l’ap-probation du ministre Vielmann. Les autorités guatémaltèques ont formulé une demande d’extradition à l’encontre de Sperissen. Cependant ce dernier est citoyen suisse, ce qui rend légalement impossible l’extradition. La section suisse de Amnesty Internatio-nal et TRIAL (Track Impunity Always) ont appelé les autorités suisses à collaborer avec les autorités guatémaltèques6, le procu-reur général du canton de Genève, Daniel Zappeli a ouvert une enquête7.

Le 14 octobre dernier, le juge de l'audience nationale de Madrid, Santiago Pedraz, a placé Vielmann -résidant en Espagne, pays dont il aurait obtenu la citoyenneté fin 2009- en détention pour "risque de fuite et d'obstruction à l'enquête menée à son encontre au Guatemala".

tares, comprenant des habitations, un jar-din d’enfants, des écoles primaires et se-condaires, un centre de santé, une salle polyvalente, une bibliothèque et un centre de formation et apprentissage. Le coût es-timé de ce programme s’élève à 973 000 €.

Selon les commentaires de nos amis, le groupe n’a jamais été aussi près que cette année de voir aboutir le processus de né-gociation pour l’obtention de leurs terres. Cependant la crise économique mondiale a obligé le gouvernement à geler les bud-gets de plusieurs fonds sociaux, y com-pris le Fond de terres (FONTIERRA), or-ganisme qui gère, en partenariat avec le Secrétariat des affaires agraires, l’attribu-tion de terres. Mauro Vay Gonón, diri-geant du CODECA4, reste cependant opti-miste quant aux avancées des négocia-tions puisque le budget alloué au groupe de Nueva Linda aurait été débloqué avant l’annonce du gel des fonds sociaux. Ainsi en attendant l’obtention des terres, et à la demande des membres de la com-munauté, l’atelier d’informatique et l’es-pace de réflexion réservé aux femmes vont se poursuivre grâce au financement de l’association suisse Km.207. Le groupe Pro Justicia a également souhaité mettre en marche le programme d’alphabétisa-tion « Yo si puedo » ("Oui je peux") -qui ne dépend pas de la variable acquisition de la terre comme d’autres chapitres de l’étude- que propose l’ambassade cubaine et qui a déjà fait ses preuves au Guatemala et dans 30 autres pays5. La communauté envisage déjà la construction d’une ca-bane-école au bord de la route pour ac-cueillir les pédagogues cubains.

tion) cumule un revenu moyen mensuel de 800 quetzales (80€).

Le programme d’organisation sociale pour la gestion a pour objectif de favori-ser la gestion sociale et le développe-ment local de la communauté à travers la formation juridico-organisationnelle de dirigeants capables à leur tour de former les jeunes générations. Ce programme est complémentaire de celui du renforce-ment institutionnel qui vise à doter les dirigeants du groupe de tous les outils nécessaires à la gestion associative. Ce chapitre comprend aussi une forma-tion spécifique pour les femmes de la communauté afin de les intégrer active-ment dans la gestion politico-sociale de la communauté mais aussi en leur don-nant l’espace pour développer leurs pro-pres activités productives. Cette partie a été intégrée à l’étude suite à la réalisation d’ateliers pour connaître les préoccupa-tions et attentes des femmes concernant le développement organisationnel et pro-ductif du groupe. Le programme de développement agraire durable contemple la production de maïs, de mangue, de banane et de bétail laitier et ce, en tenant compte des possibles conditions climatiques du futur emplace-ment de la communauté. Ce programme oriente la production en deux sens : celui de la commercialisation et l’entrée dans les circuits du commerce équitable et ce-lui de la garantie de la souveraineté ali-mentaire de l’ensemble des familles. Le programme de développement urbain détaille la matérialisation de la nouvelle communauté sur une extension de 21 hec-

Actualités

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Dernières nouvelles du campement après le passage de la tempête Agatha Grâce à la réponse immédiate de nos ad-hérents suite à l’appel au don du mois de juillet, la somme collectés (1140€) a ser-vi quasi intégralement à l’achat de maté-riaux -notamment du bois- pour la re-construction des cabanes détruites et la consolidation de celles qui avaient résisté au le passage de la tempête. Dans la nuit du 17 août dernier, une ca-bane-cuisine du campement a été incen-diée et le Groupe ne sait pas si cet inci-dent est accidentel ou délibéré.■

1 Le groupe Pro Justicia avait occupé de manière pacifique la Finca Nueva Linda, grande propriété terrienne appartenant à l’espagnol Carlos Vidal Fernández, commanditaire de la disparition d’Héc-tor Reyes le 5 septembre 2003. Suite à l’expulsion violente de 2004, les membres du Groupe Pro Justi-cia se sont installés dans un campement aux abords de l’entrée de la Finca. 2 Violations constatées dans un rapport du Bureau du Procureur des Droits Humains (PDH) et dans le rapport de l’organisation Rights Action « Masacre en Nueva Linda : caso abierto ». http://www.rightsaction.org/Documentos%20en%20Espanol/InformeNuevaLinda-DerechosenAccion.pdf 3 Les médias guatémaltèques, à l’exception du quoti-dien La Hora, ont menés au lendemain de l’extradi-tion, une campagne à l’encontre de Lázaro en publiant des informations biaisées et qui ne mentionnent en aucun cas les raisons de l’occupation de la Finca. 4 CODECA est l’entité qui négocie avec FONTIERRA l’acquisition des terres au nom du groupe Pro Justicia. 5 Así dejamos de ser analfabetas“. http://www.elperiodico.com.gt/es/20100606/domingo/155793/ 6 Appels aux autorités suisses à collaborer avec l’enquête. http://www.amnesty.ch/fr/pays/ameriques/guatemala/docs/2010/ancien-chef-police 7 Ex policier guatémaltèque sous enquête à Genève. http://www.tsr.ch/info/suisse/2438237-ex-policier-guatemalteque-sous-enquete-a-geneve.html

Carlos Vielmann et Sperissen

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¡ La autonomía no se vende, se defiende !

Après plusieurs jours de dialogue avec le Conseil supérieur universitaire (CSU), s’est achevé le 1er octobre le blocage de l’Université de San Carlos (USAC) par les Étudiants pour l’autonomie (EPA). L’université publique a été le siège des revendications du col-lectif EPA pendant 52 jours, qui lutte contre la privatisation de la USAC et pour l’édu-cation publique.

Le 8 septembre dernier, les membres d’EPA, accompagnés d’organisations sociales et paysannes, d’enseignants et de travailleurs de la USAC, ont marché depuis la 6ème avenue du centre historique de la capitale, où s’est fait assassiner, le 20 octobre 1978, le dirigeant étudiant Oliverio Castañeda de León, jusqu’à la maison présidentielle. Ils exigeaient du président Colom qu'il alloue à l'USAC les 5% du budget national prévus dans la Constitution, avant de se rendre à la Cour constitutionnelle pour protester contre une décision portant atteinte à l’autonomie universitaire1. Les causes à l’origine du blocage se sont accumulées au cours des années : des discussions avec les autorités de l'USAC avaient déjà abouti à des promesses, jamais tenues. L’EPA proteste égale-ment contre l’augmentation des frais universitaires et la mise en place d’un examen d’entrée, contraires aux principes d’une éducation pour tous.

Malgré le soutien de plusieurs organisations sociales, les grands médias nationaux ont, sans grande surprise, profité de l’occasion pour criminaliser EPA, dans une campagne diffamatoire mettant seulement en avant les préjudices causés par la fermeture de l’uni-versité, et en présentant le CSU et l’Association des étudiants universitaires (AEU) –opposants au blocage– comme les “bons de l’histoire” 2.

Un terrain d’entente a été trouvé avec la création d’une table de travail où se discute-ront le processus des élections universitaires et la représentativité des étudiants. De plus, une assemblée sera organisée pour la récupération de la représentation étudiante, entre les mains des actuels membres de la AEU. Enfin, il n’y aura pas de poursuite juri-dique ou administrative contre les étudiants d’EPA, de la part des autorités de l'USAC.

1 Une décision de la CC de 2007 réduisait les votes des étudiants dans l’élection des Conseils dirigeants de la USAC, avec le soutien du CSU. 2 Voir communiqué EPA du 16 septembre (en español) : http://www.epausac.info/?p=297

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Brèves Le Guatemala face à la crise du néolibéralisme

Le dernier ouvrage du sociologue mexicain Carlos Figueroa Ibarra pu-bliait en juillet dernier, chez FyG Edi-tores, En el umbral del posneolibera-lismo: izquierda y gobierno en Améri-ca Latina (Au seuil du postneolibéra-lisme : gauche et gouvernement en Amérique latine), est composé de trois essais sur le Mexique, le Guate-mala et les pays andins.

La réalité latino-américaine ne peut que contredire les postulats néolibé-raux puisque "16 présidents ont été renversés par des révoltes populaires issues de la mise en marche de politi-ques économiques néolibérales, (…) et les États minés par la corruption ont généré des vides étatiques peuplés de pouvoirs informels pervers".

Le deuxième essai intitulé Álvaro Co-lom, límites e incertidumbres de la socialdemocracia en el Gobierno de Guatemala (Álvaro Colom, limites et incertitudes de la social-démocratie dans le gouvernement du Guatemala) illustre une des manifestations de la crise du néolibéralisme, « non à tra-vers un vigoureux mouvement social mais via le cheminement vers un État en déliquescence ». Figueroa dresse un portrait de Colom, décrit l’envers du décor des élections de 2007 et ana-lyse les alliances conclues par ce der-nier pour arriver au pouvoir. Ces al-liances tissées "à différents niveaux et pas forcément visibles" avec des cer-cles de pouvoirs formels et infor-mels, -patrons de l’agro-exportation non traditionnelle, haut fonctionnaires de gouvernements précédents, militai-res haut gradés de la contre-insurrection réunis dans un groupus-cule connu sous le nom de "La Cofra-día" (La Confrérie) ayant des liens avec le crime organisé- constituent une "corrélation de forces" qui empê-chent la prise de décision du président en toute indépendance et modulent par la même occasion la mise en œu-vre des politiques publiques (mégaprojets, sécurité, réforme fis-cale, développement rural).

Article sur le livre : http://www.lahora.com.gt/notas.php?key=71922&fch=2010-08-18

Le retour de la peine de mort

Les députés ont voté le 5 octobre dernier un décret qui réactive la peine de mort. Tous les partis, à l'exception de l'Union révolutionnaire nationale du Guatemala (URNG), ont en effet approuvé le retour de la grâce présidentielle au 15 janvier 2012, un jour après la prise de fonction du nouveau gouvernement. Il reviendra donc au successeur d'Alva-ro Colom de gracier ou non un condamné dans un délai de 30 jours après le jugement. Si aucune décision n'est prise par le président durant ce laps de temps, le condamné sera de fait exécuté, la loi obligeant un juge à faire appliquer la peine. Réactiver la grâce présidentielle revient donc à rendre possible l'exécution de la peine capitale. Al-varo Colom a déclaré qu'il opposerait son veto. Mais le parlement pourrait toujours le faire passer sans son aval si les deux tiers des députés votent en faveur. Manuel Baldi-zon chef du Parti d'opposition Lider (extrême droite), à l'initiative de la proposition de loi, se félicite : « 89,6% de la population demande la peine de mort et aujourd'hui nous disons au peuple du Guatemala : mission accomplie ». Cette déclaration publiée dans la Prensa Libre du 6 octobre démontre clairement l'ambition électoraliste d'une telle prise de position.

Le code pénal guatémaltèque de 1973 prévoit la peine de mort. Avec Cuba et Les États-Unis, le Guatemala, est l'un des trois seuls États d´Amérique à avoir maintenu la peine capitale. Suspendu en 2001, le parlement avait tenté, sans succès, de le réactiver, en 2008, Alavaro Colom avait opposé son veto. Mais dans un contexte de violences croissantes, en cette année préélectorale propice aux démonstrations de démagogie le couperet risque de tomber.

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CICIG

Le 5 août le costaricien Francisco Dall’Anese prenait officiellement ses fonctions de commissaire pour les 13 mois restant avant la fin du mandat de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG). Le battage médiatique annonçant son ar-rivée n’aura duré qu’une dizaine de jours, ceci répond sans doute, à la volonté de la CICIG d’abaisser son profil médiatique après le scandale qui a accompagné la sortie de Carlos Castresana. Une de ses premières apparitions publiques s’est produite le 10 septembre, lors du troisième anniversaire de la gestion de la CICIG et la présentation du rapport « Changer la culture de la violence par la culture de la vie » élaboré par le Centre international pour la justice transitionnelle, Impunity Watch et la Plateforme Hollandaise. Le rapport retrace la création expéditive de la Commission et fait une description juridique détaillée de son mandat. Quant à sa gestion concrète, le rapport reste très positif dans l’ensemble, rappelant son rôle dans l’enquête de l’affaire Rosenberg et le suivi de l’élection des magistrats de la Cour suprême. Il reflète également le soutien variable des autorités et de la société civile sans lesquelles un changement dans la tradition de l’impunité est impossible. Il semblerait que le gouvernement d’Alvaro Colom se rende bien compte que le chantier du renouvellement de la culture judiciaire du pays est bien trop important pour le réaliser sans l’aide la CICIG, c’est pourquoi il a annoncé -une semaine après la publication du rapport- la mise en marche du processus d’extension de la durée du mandat de la Commission.

http://www.impunitywatch.org/en/publication/72 http://www.ictj.org/images/content/7/5/752.pdf

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Brèves

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Dernières avancées judiciaires dans les affaires Dos Erres et El Jute

A l’aube du 6 décembre 1982, une pa-trouille de 58 kaïbiles (soldats des forces spéciales de l’armée) pénètre dans la communauté de las Dos Erres -département du Petén- et massacre la quasi-totalité de la population, on dé-nombre 251 victimes dont seulement 162 dépouilles ont été retrouvés. Presque 28 ans après les faits, l’enquête judiciaire lancée en 1994 a enfin conclu. Au début du mois d’août les ex-kaïbiles Manuel Pop Sun et Reyes Collin Gualip, ainsi que le lieutenant Carlos Carías López ont été formellement inculpés de meurtre, vol et délit contre les devoirs d’humani-té. Le Ministère Public, la partie civile représentée par l’association de familles de détenus et disparus (FAMDEGUA) et la défense ont présenté leurs preuves de-vant le Tribunal de Première Instance pour les affaires à haut risque. Le procès devrait se tenir au début de l'année 2011. Par ailleurs, dans l’affaire de la dispari-tion forcée de huit personnes de la com-munauté de El Jute -département de Chi-quimula- en octobre 1981, la sentence émise en décembre 2009 mettait en évi-dence la présence d’informations suffi-santes permettant de mener une enquête pour des délits de torture et violation sexuelle commis en décembre 1981. Le Comité de victimes de El Jute et le direc-teur du GAM (Groupe de soutien mutuel) Mario Polanco ont présenté le 30 août dernier la plainte à l’encontre des militai-res haut gradés, responsables de ces faits.

http://www.prensalibre.com/noticias/justicia/G A M - p r e s e n t a - d e n u n c i a - m a s a c r e -Jute_0_326367579.html

"Lisandro Guarcax, tu corazón florece"

Le matin du 25 août dernier le corps de Leandro Lisandro Guarcax, âgé de 32 ans, artiste maya kaqchiquel, guide spirituel, professeur et chercheur en art pré-hispanique, a été retrouvé sans vie sur la route panaméricaine (traversant le dépar-tement de Sololá) avec des signes évidents de torture. Lisandro était le coordinateur du Centre culturel Sotz’il Jay de Sololá, faisant le lien entre anciennes et nouvelles générations au travers de la recherche, la récréation et la proposition de danse, mu-sique, poésie et théâtre kaqchiquel. La ré-action de la communauté artistique, des organisations de la société civile et de la population a été immédiate. La Coordina-tion de la Convergence Maya Waqib’kej exprimait sa profonde consternation et préoccupation face à ce crime contre “un défenseur des droits collectifs des peuples autochtones à travers l’art” et la Fondation Rigoberta Menchú rappelait que malheu-reusement cette disparition tragique n’est pas la première dans la famille Guarcax puisqu'en mai 2009, Ernesto et Carlos, cousins de Lisandro, disparaissaient dans les mêmes circonstances. Pour sa part, l’organisation UDEFEGUA (Unité de pro-tection des défenseurs des droits humains) alertait sur la situation de sécurité dans le département de Sololá en proie à une va-gue de crimes à l’encontre des défenseurs des droits humains depuis 2008. Au cou-rant du mois de Septembre la communau-té artistique à rendu un dernier hommage à Lisandro -à Sololá et à la capitale- lors d'un festival intitulé Lisandro Guarcax, tu corazón florece (Lisandro Guarcax, ton coeur fleurit), titre d'un poème de la poé-tesse maya Rosa Chávez.

Interview de Lisandro sur le travail de Sotz’il Jay : http://www.youtube.com/watch?v=XvUhf5Povrc&feature=related

Élection du procureur général

Le 10 juin dernier, l'ensemble du proces-sus de sélection du nouveau procureur général avait été annulé sur décision de la Cour constitutionnelle, suite aux signale-ments à l'encontre de Conrado Reyes qui avait été choisi par Colom comme nou-veau procureur, décision qui avait poussé Carlos Castrasena à quitter son poste de directeur de la CICIG. Depuis une nou-velle « Commission de candidatures » a été reformée, chargée de sélectionner à nouveau des candidats pour le poste. Cette Commission est composée de 12 personnes au total, remplaçantes de la première Commission. En dernière ins-tance, c'est le président de la République qui a le pouvoir de nommer le procureur général parmi une liste de 6 candidats sé-lectionnés par la Commission. Ce procu-reur est élu pour 4 ans, est en charge de l'action publique pénale et est chef du Mi-nistère public (MP). Cette élection est un enjeu majeur pour le système de justice guatémaltèque et c'est ce qui explique les nombreuses luttes de pouvoir qui l'entoure. En effet, c'est le pro-cureur général qui va décider de la ligne d'action du MP quant aux enquêtes à me-ner et à poursuivre, aux arrestations et aux cas à défendre. Autant dire que beaucoup de groupes de pouvoir préfèreraient voir un allié plutôt qu'un ennemi à ce poste. C'est de sa volonté que va dépendre la lutte contre l'impunité au Guatemala, où 98% des crimes restent impunis. Pour l'heure, 40 candidats sont encore en lice pour les entretiens qui auront lieu en novembre. Si tout va comme prévu, le 10 décembre devrait avoir lieu le vote de la liste des 6 derniers candidats, afin de l'en-voyer à l'exécutif pour la décision finale.

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8ème édition du festival Images Mouvementées

Du 17 au 23 novembre La Clef, 21 rue de la Clef 75005 Paris http://imagesmouvementees.org

Bloc notes

Des nouvelles du terrain Amandine Grandjean a de nouveau prolongé son contrat avec Acoguate jusqu'en février prochain dans l'équipe mobile.

Vanessa Gongora a quant à elle décidé de rester jusqu'en juin 2011, au lieu de janvier, également dans l'équipe mobile.

Maryline Griffon arrive déjà à la moitié de son engagement dans la région de Huehuetenango et San Marcos.

Acoguate organise, comme tous les 2 ans, la rencontre de tous les comités membres. Cela se passera du 17 au 22 janvier 2011 et sera l'occasion de partager expériences et idées, ainsi qu'un moment privilégié pour discuter du futur du projet.

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Vendredi 19 novembre– 20h

Projection Le Business de l'or au Guatemala. Chronique d’un conflit annoncé Grégory Lassalle – Documentaire, France, Guatemala, 2009, 54’

Débat « La raison du plus fort », avec : - Grégory Lasalle, réalisateur, président du Collectif Guatémala - Sophie Baillon, porte-parole de Survival - Régis Marzin de Survie Paris Ile-de-France Le concept de « mission civilisatrice » a longtemps justifié l’impérialisme des grandes puissances dont le véritable objectif est l’élargissement des mar-chés – la croissance - nécessaire au système capitaliste. On invoque désor-mais des raisons morales : il faut aider un pays à se développer (avec le « secours » éventuel du FMI ou de la Banque mondiale…), lui donner les moyens d’exploiter ses richesses, voire « le débarrasser d’un dictateur ». Mais loin d’en bénéficier, les populations locales sont souvent les victimes des ap-pétits des multinationales en quête de ressources et de marchés nouveaux.

En présence des 2 défenseures, invitées par le CG, pour une tournée européenne de sensibilisation :

- María Guadalupe García Hernández : femme maya Mam, originaire de la municipalité de Nentón, département de Huehuetenango. Elle a été ré-fugiée au Mexique où elle s’organisa pour améliorer les conditions de vie des femmes. Elle rentra au Guatemala en 1993. Elle est actuellement la coordinatrice régionale de l’organisation de femmes Mama Maquín et fait partie de l’Assemblée départementale pour la défense des ressources na-turelles de Huehuetenango. - Carmen Francisca Mejía Aguilar : Activiste sociale qui fait partie des mouvements de résistance des communautés maya Mam de la municipa-lité de San Miguel Ixtahuacán, face à l’exploitation minière. Elle est ac-tuellement chargée du projet d’organisation communautaire, lancé par l’Association pour le développement intégral de San Miguel Ixtahuacán (ADISMI). Elle fait partie de la commission de mobilisation du Front de Dé-fense de San Miguel Ixtahuacán - FREDEMI et défend les droits humains des femmes indigènes, dans le contexte de l’exploitation minière.

10È ÉDITION DU

FESTIVAL LATINO :

JOURNÉES COLORES

du 23 novembre au 13 décembre 2010 À : Lille et Villeneuve d’ Ascq

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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association 1901 de solidarité internationale. Il est composé d’associations et de particuliers, dont une bonne dizaine de membres actifs, sur lesquels repose la vie de l’association. Depuis octobre 2002, l’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’une permanente à mi-temps. Depuis mars 2006, l’association a ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles)

Les activités du Collectif au Guatemala ● L’accompagnement international √ des populations indigènes victimes du conflit armé impliquées dans des procès contre les responsables de violations massives des droits de l'Homme, √ des personnes menacées du fait de leurs activités militantes.

Comment ?

√ à la demande des groupes ou personnes menacées, √ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au minimum 4 mois sur le terrain.

Pourquoi ?

√ pour établir une présence dissuasive, √ pour avoir un rôle d'observateur, √ pour relayer l'information. Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeurs, de tous hori-zons, désirant s’engager pour une durée minimum de 4 mois. Des ses-sions d’information et de préparation ont lieu en France avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont accueillis et suivis par le Cen-tre d’action légale pour les droits de l’Homme (CALDH).

● L’organisation de voyages pour découvrir le Guatemala autrement √ séjour annuel de 2 semaines √ rencontres avec nos associations partenaires

Les activités du Collectif en France

● L'appui aux organisations de la société civile guatémaltè-que qui luttent pour plus de justice et de démocratie √ en relayant des dénonciations de violations des droits de l'Homme, √ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendica-tions, √ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets, √ en recevant en France et en Europe des représentants de dif-férentes organisations pour leur permettre de rencontrer des décideurs politiques et financiers.

● L’information et la sensibilisation du public français

Sur quoi ?

√ la situation politique et sociale au Guatemala, √ la situation des droits de l'Homme, √ l'action des organisations populaires, indiennes et paysannes.

Comment ?

√ par la diffusion d’une lettre à l’adhérent mensuelle, √ par l'organisation ou la participation à des conférences, dé-bats, réunions, √ par des réunions bimensuelles ouvertes à toute personne inté-ressée.

● Le travail en réseau avec différents types de partenaires présents au Guatemala

√ associatifs, √ institutionnels.

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ADHÉSION / ABONNEMENT Le Collectif Guatemala vous propose plusieurs formules de soutien :

� Adhésion au Collectif , permettant de recevoir la Lettre à l’Adhérent 23 €

� Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif) 15 €

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