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il est intéressant de constater que le jury du Tri- bunal a reçu la plainte alors qu'il n'a vocation à juger que les entreprises européennes. Cela re- vient à reconnaître implicitement la responsabi- lité des bailleurs de fonds et des actionnaires dans les agissements des multinationales qu'ils financent. Car si l'entreprise est canadienne, de nombreux fonds de pensions sont européens (suédois notamment). C'est une des conséquen- ces de cette forme de mondialisation que de di- luer la responsabilité en multipliant les fonds de pension et les filiales dans de nombreux pays. Ce jugement serait, à ma connaissance, une grande première. Cependant il faut se garder de tout optimisme béat car, si ce procès est un pas important, il ne reste qu'une des nombreuses étapes à parcourir. En effet, le TPP n'a aucune reconnaissance lé- gale et tout jugement prononcé n'aurait qu'une valeur purement symbolique. L'objectif à plus ou moins long terme serait, dans l'idéal, la mise en place d'un tel tribunal par un organisme re- connu comme les Nations unies sur le modèle du Tribunal pénal international (TPI) avec com- pétence pour juger les multinationales. Ainsi ces dernières ne pourraient plus se permettre, au nom du profit, de faire dans les pays du Sud ce que le droit du travail leur interdit sur le sol na- tional, le tout dans le silence complice des diffé- rents gouvernements. La route est encore longue et sinueuse, les obs- tacles nombreux mais cette manifestation à Ma- drid constitue une étape, parmi tant d'autres, dans le combat des populations des peuples lati- no-américains contre le système économique qui les ignore totalement. De son côté le Collectif Guatemala poursuit ses objectifs d'accompagnement des communautés indigènes et de transmission de l'information et Madrid pourrait constituer également un pas im- portant dans cette optique. Pourrait, car pour le moment, la presse ne s'est toujours pas fait écho du rassemblement et le retentissement médiati- que et populaire de l'évènement sera l'un des in- dicateurs majeurs de la puissance du mouve- ment et de la réussite de la manifestation.la n° 189 Mars-Avril 2010 Sommaire Édito p. 1 Goldcorp face au Tribunal permanent des peuples par Thierry Lewden Actualités p. 2 Rénovation du contrat de Perenco : entre mésentente gouvernementale et intérêts privés par Cynthia Benoist « Perenco manque à ses responsabilités et commet des actes qui vont à l'encontre du respect des droits humains » propos recueillis par Cynthia Benoist On demande la suspension immédiate de l’activité minière au Guatemala par Marie Bard Brèves p. 6 Bloc-Notes p. 7 Collectif Guatemala p. 8 Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris - France Tel/Fax : + 33 (0) 1.43.73.49.60 [email protected] http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/ Permanence : mercredi, jeudi, vendredi Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 Ont participé à ce numéro : Marie Bard, Cynthia Benoist, Anne Boucher, Amandine Grandjean, Grégory Lassalle, Thierry Lewden, Isabelle Tauty À Madrid, du 14 au 18 mai 2010, se dé- roulera le Sommet alternatif des Peu- ples à l'appel du réseau bi-régional “Enlazando Alternativas” qui réunira de nombreux mouvements sociaux et associa- tions d'Europe et d'Amérique latine. En parallèle, à Madrid également, lors du som- met politique Europe - Amérique latine- Caraïbes, les représentants des États européens essayeront d'arracher de nouveaux privilèges économiques aux représentants des pays latino- américains, remuant ainsi un peu plus le cou- teau dans les veines déjà trop ouvertes de l'Amérique latine. Leurs objectifs : relancer les négociations sur l'accord d'association politique, le libre-échange et les relations avec ce conti- nent souvent oublié par l'Union européenne. De leur coté, les représentants de plus de trois cents associations tant européennes que latino- américaines tenteront de faire entendre une voix discordante et rappeler la situation réelle des po- pulations oubliées de la grand messe ultra- libérale. Outre les manifestations de rue et les séminaires organisés, ce grand rassemblement verra égale- ment la tenue du Tribunal permanent des peu- ples (TPP). Cet organe a été créé pour juger les crimes commis en toute impunité par les forces armées des États-Unis au Vietnam et par les dictatures d'Amérique latine contre leur propre peuple. Il est aujourd'hui utilisé pour étudier les abus des multinationales européennes perpétrés à l'étranger. Environ trente cas seront ainsi ex- posés au jury composés de juges de pays nom- breux et variés (Honduras, Colombie, États- Unis, France, Italie, Argentine...). Cette année, parmi les cas présentés, on trouve celui de Goldcorp, cité pour ces agissements au Guatemala. Ce cas est intéressant à plusieurs ni- veaux. D'abord parce que c'est un cas sur lequel le Collectif Guatemala est engagé depuis plu- sieurs années avec ses partenaires locaux. Cela représente un pas important dans les combats que l'on mène en France et au Guatemala pour diffuser l'information sur les cas pour lesquels nous travaillons. Ensuite, de manière plus large, 1 Guatem Solidarité Lettre des adhérents du Collectif Guatemala Bimestriel Solidarité Guatemala n°189 mars-avril 2010 Goldcorp face au Tribunal permanent des peuples par Thierry Lewden

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Édito: Goldcorp face au Tribunal permanent des peuples Actualités: Rénovation du contrat Perenco / Rencontre avec Rosa María Chan / On demande la suspension inmédiate de l'activité minière au Guatemala

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il est intéressant de constater que le jury du Tri-bunal a reçu la plainte alors qu'il n'a vocation à juger que les entreprises européennes. Cela re-vient à reconnaître implicitement la responsabi-lité des bailleurs de fonds et des actionnaires dans les agissements des multinationales qu'ils financent. Car si l'entreprise est canadienne, de nombreux fonds de pensions sont européens (suédois notamment). C'est une des conséquen-ces de cette forme de mondialisation que de di-luer la responsabilité en multipliant les fonds de pension et les filiales dans de nombreux pays. Ce jugement serait, à ma connaissance, une grande première.

Cependant il faut se garder de tout optimisme béat car, si ce procès est un pas important, il ne reste qu'une des nombreuses étapes à parcourir. En effet, le TPP n'a aucune reconnaissance lé-gale et tout jugement prononcé n'aurait qu'une valeur purement symbolique. L'objectif à plus ou moins long terme serait, dans l'idéal, la mise en place d'un tel tribunal par un organisme re-connu comme les Nations unies sur le modèle du Tribunal pénal international (TPI) avec com-pétence pour juger les multinationales. Ainsi ces dernières ne pourraient plus se permettre, au nom du profit, de faire dans les pays du Sud ce que le droit du travail leur interdit sur le sol na-tional, le tout dans le silence complice des diffé-rents gouvernements.

La route est encore longue et sinueuse, les obs-tacles nombreux mais cette manifestation à Ma-drid constitue une étape, parmi tant d'autres, dans le combat des populations des peuples lati-no-américains contre le système économique qui les ignore totalement.

De son côté le Collectif Guatemala poursuit ses objectifs d'accompagnement des communautés indigènes et de transmission de l'information et Madrid pourrait constituer également un pas im-portant dans cette optique. Pourrait, car pour le moment, la presse ne s'est toujours pas fait écho du rassemblement et le retentissement médiati-que et populaire de l'évènement sera l'un des in-dicateurs majeurs de la puissance du mouve-ment et de la réussite de la manifestation.■

la n° 189 Mars-Avril 2010

Sommaire

Édito p. 1

Goldcorp face au Tribunal permanent des peuples par Thierry Lewden Actualités p. 2

Rénovation du contrat de Perenco : entre mésentente gouvernementale et intérêts privés par Cynthia Benoist

« Perenco manque à ses responsabilités et commet des actes qui vont à l'encontre du respect des droits humains » propos recueillis par Cynthia Benoist On demande la suspension immédiate de l’activité minière au Guatemala par Marie Bard Brèves p. 6 Bloc-Notes p. 7 Collectif Guatemala p. 8

Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire

75011 Paris - France Tel/Fax : + 33 (0)

1.43.73.49.60 [email protected]

http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/

Permanence : mercredi, jeudi, vendredi

Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69

Ont participé à ce numéro : Marie Bard, Cynthia Benoist, Anne Boucher, Amandine Grandjean, Grégory Lassalle, Thierry Lewden, Isabelle Tauty

À Madrid, du 14 au 18 mai 2010, se dé-roulera le Sommet alternatif des Peu-ples à l'appel du réseau bi-régional “Enlazando Alternativas” qui réunira

de nombreux mouvements sociaux et associa-tions d'Europe et d'Amérique latine.

En parallèle, à Madrid également, lors du som-met politique Europe - Amérique latine-Caraïbes, les représentants des États européens essayeront d'arracher de nouveaux privilèges économiques aux représentants des pays latino-américains, remuant ainsi un peu plus le cou-teau dans les veines déjà trop ouvertes de l'Amérique latine. Leurs objectifs : relancer les négociations sur l'accord d'association politique, le libre-échange et les relations avec ce conti-nent souvent oublié par l'Union européenne.

De leur coté, les représentants de plus de trois cents associations tant européennes que latino-américaines tenteront de faire entendre une voix discordante et rappeler la situation réelle des po-pulations oubliées de la grand messe ultra-libérale.

Outre les manifestations de rue et les séminaires organisés, ce grand rassemblement verra égale-ment la tenue du Tribunal permanent des peu-ples (TPP). Cet organe a été créé pour juger les crimes commis en toute impunité par les forces armées des États-Unis au Vietnam et par les dictatures d'Amérique latine contre leur propre peuple. Il est aujourd'hui utilisé pour étudier les abus des multinationales européennes perpétrés à l'étranger. Environ trente cas seront ainsi ex-posés au jury composés de juges de pays nom-breux et variés (Honduras, Colombie, États-Unis, France, Italie, Argentine...).

Cette année, parmi les cas présentés, on trouve celui de Goldcorp, cité pour ces agissements au Guatemala. Ce cas est intéressant à plusieurs ni-veaux. D'abord parce que c'est un cas sur lequel le Collectif Guatemala est engagé depuis plu-sieurs années avec ses partenaires locaux. Cela représente un pas important dans les combats que l'on mène en France et au Guatemala pour diffuser l'information sur les cas pour lesquels nous travaillons. Ensuite, de manière plus large,

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Guatem Solidarité

Lettre des adhérents du Collectif Guatemala Bimestriel

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Goldcorp face au Tribunal permanent des peuples par Thierry Lewden

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Actualités

vise ces préoccupations environnementa-les et stipule que la prolongation peut être accordée si « les termes économi-ques sont favorables pour l'État », ce qui n'est pas l'avis général, surtout si l'on considère l'impact de l'exploitation pétro-lière sur l'environnement. En outre, FON-PETROL parle de prolongation de contrat et non d'ampliation. Pourtant, le projet de Perenco est d'ouvrir cinq nou-veaux puits dans la zone de la Laguna del Tigre afin d'augmenter la production de pétrole, en baisse depuis quelques an-nées. L'entreprise promet en outre davan-tage de bénéfices pour l'État, en partie grâce à l'augmentation de la production et à l'hypothétique qualité du pétrole dans les nouveaux puits3.

Face à ces incertitudes juridiques, la dé-cision de Carlos Meany, ministre de l'Énergie et des Mines, a été de signer le contrat d'ampliation du contrat 2-85 de Perenco, en février dernier. Cependant, ce contrat doit également être validé par l'exécutif. Cela n'aurait sans doute pas posé de problème majeur si le ministre de l'Environnement et des Ressources naturelles, Luis Ferraté, n'avait pas élevé la voix pour dénoncer cette prolongation, selon lui illégale.

Une décision politique

« L'affaire Perenco » a commencé à prendre de l'importance suite à la publi-cation, le 7 mars, de deux colonnes d'opi-nion : l'une de Luis Ferraté, contre la prolongation du contrat et l'autre de Car-los Meany, défendant la rénovation par des arguments économiques. En outre, Luis Ferraté a présenté sa démission au président Colom si le contrat avec Peren-co venait à être prolongé. Depuis lors, la presse ne cesse d'exposer les arguments à faveur et contre l'exploitation pétrolière, en même temps que plusieurs organisa-tions de défense de l'environnement dé-

veloppent différentes stratégies afin d'in-fluencer l'exécutif dans sa décision.

En outre, plusieurs municipalités du Pe-tén ont publié des encarts payants dans la presse dans lesquels ils défendent la ré-novation du contrat, arguant les bénéfi-ces financiers de l'exploitation pétrolière et comment ces bénéfices sont employés à des fins sociales ou d'utilité commune (construction de routes, d'écoles, etc.). Néanmoins, à en croire d'autres sources et notamment les personnes des commu-nautés du Petén, ces projets ne sont pas si visibles que ça et les maires, peu à même de fournir les preuves concrètes des dépenses... Plusieurs communautés de La Libertad, la municipalité la plus proche du puits Xan, ont ainsi rédigé un contre communiqué dans lequel elles s'opposent clairement à l'exploitation pé-trolière.

Pour contrer cela, les organisations envi-ronnementales tentent de montrer les ef-fets désastreux de l'exploitation pétro-lière dans le Petén. En effet, l'activité pétrolière est accusée de polluer l'air et les sources d'eau, et de provoquer des pluies acides4. Cependant, faute d'études sérieuses et indépendantes, ce sont les études faites par la propre entreprise qui sont prises en compte. Au-delà de ces impacts environnementaux, des consé-quences sur la santé humaine ont été re-levées. Un autre problème est l'ouverture de chemins par l'entreprise, ce qui a faci-lité la colonisation des terres adjacentes et a fait reculer la frontière agricole à l'intérieur de la zone protégée.

Un contexte compliqué.

Cette colonisation est également utilisée comme argument, comme quoi ce sont les colons qui détériorent le Parc de la Laguna del Tigre. Cet argument n'est pas dénué de fondement. Effectivement, l'in-vasion du Parc est réelle et favorise le

L e puits Xan est situé dans le nord du Petén, au cœur de la réserve naturelle Laguna del Tigre et est exploité sous le

contrat numéro 2-85, signé en 1985 avec l'entreprise Basic Resources. Perenco commence à exploiter le puits en 2002, au moment du rachat de Basic par l'en-treprise française. Signé pour une durée de 25 ans, le contrat devait donc norma-lement prendre fin cette année. Mais à la fin de l'an passé, Perenco demande au ministère de l'Énergie et des Mines que soit prolongé le contrat pour une durée de 15 ans.

Incohérences et contradictions des lois.

Pour ce faire, Perenco s'appuie sur la loi dite «FONPETROL»1, existante depuis 2008. Cette loi a pour objectif de réguler de manière plus claire les bénéfices liés à l'exploitation du pétrole. Cependant, elle comporte aussi différents éléments qui contredisent d'autres lois et principes lé-gislatifs, autorisant notamment que soit reconduit un contrat d'exploitation pétro-lière pour 15 ans.

La Laguna del Tigre est la plus grande zone humide (« humedal ») d'Amérique centrale et la seconde plus importante dans toute l'Amérique latine après le Pantanal, au Brésil. En outre, le Guate-mala est signataire de la convention in-ternationale RAMSAR, sur la protection des zones humides2.

Or, le puits Xan se trouvant au cœur de la Laguna del Tigre, le principe de cette prolongation de contrat devrait se baser sur la Loi sur les zones protégées, entrée en vigueur en 1989. La Laguna del Tigre fait également partie de la biosphère maya et à ce titre, devrait disposer de conditions de conservation particulière-ment strictes.

Néanmoins, la loi FONPETROL relati-

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Rénovation du contrat de Perenco : entre mésentente gouvernementale et intérêts privés par Cynthia Benoist

Depuis maintenant plusieurs mois, le thème de l'exploitation pétrolière fait la une des journaux. En effet, la question de la réno-vation et prolongation du contrat d'exploitation de l'entreprise française Perenco, qui prend fin en août prochain, a soulevé un débat et révélé des discordes entre différents ministères. Cette prolongation signifie de fait le non-respect de différentes législa-tions en matière de protection des zones naturelles protégées.

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quant à l'évaluation de ces impacts. Les évaluations qui existent sont financées par l'entreprise qui publie ce qu'elle veut. Et personne ne dit rien.

Que penses-tu de ceux qui affirment que les dommages de la Laguna del Tigre sont provoqués par la présence humaine ?

Différentes activités sont en-dehors de toute gouvernabilité dans la Laguna del Tigre. Mais je crois qu'il faut différencier d'une part la pollution et d'autre part, la dégradation. Ce sont deux aspects qui se complètent. Oui, il y a eu des invasions dans cette zone mais cela a aussi été en-couragé d'une certaine manière. La Lagu-na del Tigre est la plus grande source d'eau douce du Petén, c'est la zone hu-mide la plus importante d'Amérique cen-trale. Or, toutes les communautés humai-nes cherchent l'eau. Mais dans cette la-gune, il n'y a pas seulement des invasions de communautés qui viennent par besoin de terres. Il existe également une spécula-tion sur les terres, par les finqueros qui veulent faire de l'élevage, sans compter la présence importante du narcotrafic.

l'air, à cause du dioxyde de carbone pro-duits au cours du processus d'exploita-tion. Ainsi, aux alentours de la raffinerie, on respire toujours cette odeur, à cause de la mèche d'où sortent les gaz. Cela provoque également des pluies acides. Actuellement, bien que cela n'ait pas été étudié, les pluies acides provoquent de la corrosion sur les toits en zinc. Si cela abîme le zinc, quelles sont les consé-quences sur la faune, la flore, l'être hu-main ? C'est un impact de taille pour l'environnement et la santé humaine.

En outre, des impacts sur la santé sont apparus : des tâches sur la peau, problè-mes de vue, de gorge, des cancers. Les personnes vivant à proximité de la raffi-nerie ont des maux de tête, des nausées. À l'hôpital de Sayaxche, des avortements avec des fœtus déformés ont été notés. Le médecin donnait comme possible ex-plication la pollution de l'air due au pé-trole. Mais cela n'a pas été étudié en tant que tel, bien que les preuves existent.

Le problème est qu'il n'y a pas eu d'étude d'impact socio-environnemental de la zone, il n'y a pas de suivi des institutions

Q uels sont les impacts socio-environnementaux de l'ex-ploitation pétrolière ?

Il y en a plusieurs. Déjà, l'ou-verture de chemins, la construction de routes. Bien que l'entreprise assure ne pas ouvrir de routes, elle a en fait élargi les chemins qui étaient utilisés aupara-vant par les camions faisant du trafic illé-gal de bois. Et pour élargir une route, il faut déboiser. Ça c'est un premier im-pact.

Un deuxième impact, prouvé par des étu-des de recherche biologique, est l'utilisa-tion par l'entreprise de l'eau qui couvre la zone afin d'alimenter leur infrastructure. Or, cette eau sale retourne telle quelle dans la zone humide. C'est une pollution importante car ce sont les déchets de l'extraction pétrolière, avec la présence de produits chimiques. Une étude a été menée au milieu des années 90 qui rele-vait déjà des changements à la faune et la flore, notamment la mutation des pois-sons dans la lagune Xan, où se trouve le puits Xan de Perenco.

Un autre impact est la contamination de

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« Perenco manque à ses responsabilités et com-met des actes qui vont à l'encontre du respect des droits humains » Propos recueillis par Cynthia Benoist

Rosa María Chan est la directrice de la fondation ProPetén, une organisation qui promeut la conservation naturelle de la région mais également, le respect des popu-lations vivant sur ces territoires. Comme membre du Conseil départemental de déve-loppement, elle a également pu se rendre compte de la façon dont le thème de Peren-co a été traité.

ment du pays5. Néanmoins, les différents litiges auxquels s'est confrontée l'entre-prise laisse penser que sa charte éthique n'est pas la première de ses préoccupa-tions6. En outre, le litige avec l'Équateur a montré que le gouvernement français était toujours prêt à défendre les intérêts de ses entreprises.

La décision est donc entre les mains de Álvaro Colom. Cependant, par les décla-rations de ce dernier à la presse, on peut sérieusement douter qu'il s'oppose à la rénovation du contrat. On murmure qu'il serait en fait en train de négocier cette rénovation contre l'acceptation de sa ré-forme fiscale au sein du Congrès de la République. ■

déboisement et la destruction de la zone humide. En outre, le Petén et la région de la Laguna del Tigre en particulier est re-connue pour être un refuge de nombreux narcotrafiquants et de « narco-fincas », grandes exploitations de terres utilisées pour l'élevage mais aussi pour le trafic de drogues (pistes d'atterrissage privées). Il est donc certain que l'exploitation pétro-lière n'est pas l'unique problème de la région, néanmoins, il s'agit de distinguer détérioration due à la présence humaine et pollution provoquée par l'activité pé-trolière.

Perenco quant à elle tente de défendre sa présence sur le territoire guatémaltèque, arguant qu'elle œuvre pour le développe-

1 Voir : http://www.mem.gob.gt/portal/memdocuments/informatica/PublicadoReglamento.pdf pour plus de dé-tails sur FONPETROL 2 Pour plus d'information sur la convention RAMSAR, voir le site officiel: www.ramsar.org 3 En effet, les bénéfices versés à l'État sont calculés en fonction du degré API du pétrole, ainsi que de la quantité de barils produits. 4 Voir l'entrevue avec Rosa María Chan, de la Fondation ProPetén 5 http://www.perenco.com/operations/latin-america/guatemala.html 6 Concernant le litige entre Perenco et l'Équateur, voir par exemple : http://www.rfi.fr/actues/articles/115/article_12335.asp. Sur la présence contestée de Perenco au Pérou, voir : http://www.elmundo.es/elmundo/2009/06/30/solidaridad/1246379222.html. En-fin, un exemple africain serait la RDC, où Perenco semble également contestée par une partie de la population, voir par exemple : http://www.lepotentiel.com///afficher_article_archivphpid_article=90459&id_edition= 4870&yearID=2009&monthID=12&dayID=28

Rosa María Chan

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lière est une menace pour la conservation. Faire cela, c'est interférer dans un proces-sus qui a été mené de manière participa-tive. Comment est-ce possible que l'entre-prise dise au gouvernement ce qu'il doit faire ?

Que réponds-tu à ceux qui disent que l'activité pétrolière favorise le dévelop-pement des communautés ?

Si l'entreprise avait appuyé le développe-ment de cette zone, il n'y aurait pas tant de pauvreté là-bas ni de personnes mala-des, il y aurait de l'emploi et l'accès à une meilleure éducation. Ce qu'il y a eu un peu, il y a des années, c'est la construc-tion d'infrastructures. Les gens ont fait pression et l'entreprise a construit une route d'asphalte, bien que cela aussi a été une tromperie car ce n'est pas de l'as-phalte, juste un simple imperméabilisant.

Il faudrait donc voir réellement si cela favorise le développement. Ce que je vois, c'est qu'ils appuient des projets d'in-frastructures “grises”1, ce qui permet aux politiques d'avoir l'air de faire quelque chose.

Il faut se poser la question : Qu'est-ce qui a vraiment été fait avec les impôts du pé-trole ces dernières années? Où est l'ar-gent, où a-t-il été investi? Ça, ils ne te le disent jamais. Mais il faut voir les coûts et les bénéfices et ce que l'activité pétro-lière favorise réellement. Est-ce que cela en vaut la peine, si l'on compare avec les impacts négatifs qu'elle produit ? De mon point de vue, si l'on compare, le Guate-mala et les Guatémaltèques sont perdants.

Par différentes stratégies de pression, l'entreprise et le gouvernement par-viennent à intimider les personnes qui ne sont pas d'accord avec eux. Durant ton parcours de militante écologiste, as-tu déjà reçu des menaces ?

Directement, non. Mais durant le dernier gouvernement, j'ai subi beaucoup de pres-sion, notamment ma maison a été forcée quatre fois dans la même semaine. Je vi-vais déjà dans un stress immense mais cela a été la goutte d'eau et j'ai fait un in-farctus dû à ce stress. J'ai eu du mal à m'en remettre et je suis actuellement en psychothérapie à cause de cela. Oui, il existe des pressions, principalement pour détruire l'image d'une personne ou d'une organisation. Car d'une certaine façon, ils nous voient comme un contrepoids, pour

De plus, l'entreprise elle-même provoque de la dégradation quand elle ouvre des chemins, quand elle déboise pour ouvrir des routes et installer ses infrastructures. Donc, la dégradation et la pollution se complètent, c'est pourquoi on ne peut pas accuser seulement l'un ou l'autre des ac-teurs de la destruction de cette zone.

Il ne faut pas oublier non plus que cela n'affecte pas seulement la Laguna del Tigre. Afin de réduire ses coûts de trans-port jusqu'à la Baie de l'Amatique, l'en-treprise a construit un oléoduc avec des prêts de la Banque mondiale dans les an-nées 90. Ils ont ouvert des chemins et déboisé pour l'oléoduc, qui passe au mi-lieu des jardins des personnes des com-munautés, qui ne reçoivent rien en contrepartie. Mais le problème n'est pas tant qu'ils ne paient rien en retour, sinon qu'il puisse y avoir un impact sur la santé et également sur le droit à la propriété.

Concernant la rénovation du contrat de Perenco, quelle est la position de ton organisation et que devrait faire le gouvernement à ton avis ?

À mon avis, nous ne pouvons pas être contre toute exploitation pétrolière car nous utilisons toutes et tous les dérivés du pétrole. Mais nous pensons qu'il de-vrait y avoir une analyse de l'impact so-cial et environnemental avant de refaire un contrat car l'entreprise a la responsa-bilité de remettre la zone qui lui a été concédée dans les mêmes conditions qu'elle l'a reçue. Mais l'impact n'a pas été calculé. Nous ne pouvons pas appuyer la prolongation d'un contrat avec quelqu'un qui s'est montré irresponsable, qui a pol-lué l'environnement et la santé humaine.

Donc, le plus important, ce serait de faire cette analyse d'impacts et de les amortir. Dans ce cas précis, il y a des dommages qui ne peuvent plus être amortis ni évi-tés. On ne peut pas appuyer un processus corrompu, irresponsable, qui va à l'en-contre de l'éthique et qui, d'une certaine manière, manipule les décisions du gou-vernement. Par exemple, la loi de FON-PETROL a été, depuis deux ans, une ma-nipulation pour pouvoir préparer les conditions de la rénovation du contrat de Perenco.

Il y a également eu interférence avec le contenu du plan général de la Laguna del Tigre, il y a de cela deux ans, afin que soit retiré du texte que l'extraction pétro-

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dire ce que nous pensons.

Mais à cause de ce qu'a vécu le Guate-mala durant le conflit, beaucoup de gens ont peur de participer et de parler car ils ont peur d'être tués. Cela fait maintenant tant d'années qu'ont été signés les Ac-cords de Paix mais la peur est toujours là.

Quel rôle devrait jouer la communau-té internationale et plus précisement, le gouvernement français dans le cas de Perenco, entreprise qui a également généré des conflits dans d'autres pays ?

Concernant la coopération internationale, il faudrait appuyer les leaders ou les per-sonnes qui essaient de défendre les droits humains car il s'agit ici de droits hu-mains, du droit environnemental, écono-mique, territorial, etc.

Il faut aider à ouvrir les espaces d'inci-dence et de plaidoyer mais aussi, d'infor-mation à la population. Il reste beaucoup à faire et nous n'avons pas suffisamment de moyens pour pouvoir promouvoir au-près des communautés leur propre déve-loppement.

Il est également nécessaire d'enquêter. Par exemple, analyser l'impact de l'ex-ploitation pétrolière durant 25 ans, dans la Laguna del Tigre. Analyser les effets négatifs et positifs, l'impact socio-économique, environnemental, sur la santé. Cela ne s'est jamais fait et c'est nécessaire. Par exemple, le gouverne-ment n'a jamais appliqué les recomman-dations du rapport d'orientation de RAM-SAR dans les années 90.

Concernant le gouvernement français, étant donné que Perenco est une entre-prise française, il faudrait réaliser une analyse politique, ainsi que des effets générés par l'entreprise. Car Perenco manque à ses responsabilités et commet des actes qui vont à l'encontre du respect des droits humains. Et ce n'est pas seule-ment le cas du Guatemala, la même chose se produit au Pérou par exemple. Il faut poser les questions : Qui est Peren-co ? Quels sont ses mécanismes de pres-sion et quels sont ses intérêts ?■

1 Projets dans lesquels un certain pourcentage des commissions est détourné, ce qui favorise la corruption et les faveurs politiques.

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nisation régionale CSI pour les Améri-ques) et le Conseil des peuples de l’occi-dent intitulé « Le droit des consultations des populations au Guatemala : la rup-ture entre le discours et la pratique ».

Ce rapport propose une enquête couvrant la période de la signature des Accords de paix à nos jours, ou autrement dit, la pé-riode allant de la prise d’engagements précis de l'État jusqu’à la criminalisation du mouvement paysan et indigène d’au-jourd’hui.

Il apparaît nettement que tous les gouver-nements qui se sont succédés depuis 1996 ont développé des politiques pous-sant les communautés touchées par les exploitations minières à prendre des po-sitions de plus en plus radicales pour se faire entendre et exister aux yeux des di-rigeants.

D’un côté cette volonté politique a pour conséquences une criminalisation et une remilitarisation des campagnes guatémal-tèques, de l’autre, ces divers mouve-ments, réclamations et requêtes témoi-gnent bien de la vaste inquiétude qui se développe dans les zones touchées par les

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exploitations des ressources naturelles.

Des organisations sociales guatémaltè-ques et salvadoriennes ont également tiré la sonnette d’alarme sur la possibilité d’un prochain conflit dans la zone fronta-lière des deux pays à cause du démarrage imminent d’extraction d’or et d’argent par la même compagnie Goldcorp.

Il s’agit du projet minier de l’entreprise Entremares, aussi filiale du groupe cana-dien. Ce projet pourrait endommager une source d’eau fondamentale pour le Sal-vador, le lac Güija et le fleuve Lempa.

Le représentant du Comité d’union paysanne (CUC), Daniel Pascual, a indi-qué qu’en cas d’absence de réponse du gouvernement aux sollicitudes de l’OIT, les diverses organisations indigènes et paysannes prendront les mesures légales nécessaires.

Un nouveau pallier dans la radicalisation des positions antagonistes semble franchi.

Le gouvernement d’Alvaro Colom, à ce jour, semble toujours faire la sourde oreille aux requêtes légales et légitimes de ses citoyens. ■

C ette réclamation organisée et solidaire vient renforcer les demandes répétées des com-munautés indigènes qui déjà

ont réalisé plus de 40 consultations com-munautaires dans les territoires concernés par les activités minières, consultations permettant de chiffrer le nombre d’oppo-sants aux mines à environ 600 000 indivi-dus.

On assiste actuellement dans le pays à une criminalisation du mouvement paysan et indigène qui défend ses terres et ses droits.

Ce n’est pas un cadre légal qui manque aux consultations populaires pour se faire entendre, mais plutôt une absence de vo-lonté politique d’écouter et de reconnaître les engagements que le Guatemala avait pris non seulement avec les Accords de paix mais aussi en ratifiant cette conven-tion internationale protégeant les droits des populations autochtones.

En outre, dans un rapport de 2009, une commission d’experts issue de la conven-tion de l’OIT a demandé au président gua-témaltèque de suspendre les activités minières de deux entreprises sur lesquel-les la commission s’était penchée : la mine Marlin de Montana Exploradora, filiale de Goldcorp.Inc, société cana-dienne, à San Miguel Ixtahuacán dans le département de San Marcos et la mine de Cementeros Progreso à San Juan Sacate-péquez dans le département de Guatemala.

En effet, la commission a exprimé sa pré-occupation puisque rien de nouveau n’a été proposé ou effectué par le gouverne-ment guatémaltèque et que les compa-gnies minières poursuivent leurs activités sans jamais prendre en considération les requêtes des populations locales.

A cela s’ajoute un rapport publié en avril 2010 par la CSI, la Confédération syndi-cale internationale, en partenariat avec le Mouvement syndical indigène et paysan du Guatemala (MSICG), la CSA (l'orga-

On demande la suspension immédiate de l’activité minière au Guatemala par Marie Bard

Le mardi 6 avril 2010 environ 80 organisations de 17 pays ont demandé au président du Guatemala, Alvaro Colom, d’ordonner la suspension de l’activité minière sur le territoire guatémaltèque pour n’avoir pas respecté la convention 169 de l’Organisation internationale du travail qui exige une information et une consultation systématiques des populations autochtones avant, notam-ment, tout procédure d’exploration ou d’exploitation des ressources naturelles.

Manifestation : « Non à l’entreprise minière. Quel est mon avenir ? » / ©James Rodriguez, mimundo.org

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Commémoration de l'assassinat de Monseigneur Gerardi

Douze années ont passé depuis l’assassinat de Monseigneur Juan José Gerardi Conedera, évêque guatémaltèque et défen-seur des droits de l’Homme. Monseigneur Gerardi, qui était le coordinateur de la Oficina de Derechos Humanos del Ar-zobispado de Guatemala (ODHA – Bureau des doits de l’Homme de l’Archevêché) fut assassiné le 26 avril 1998, deux jours après qu’il présenta le rapport Guatemala Nunca Más (Guatemala Plus Jamais). Le 24 avril 1998, Monsei-gneur Gerardi et des membres de l'Église catholique présen-taient à la société les résultats du rapport “Guatemala Nunca Más” pour la Récupération de la mémoire historique. Ce rapport d’investigation (1995-1998) réalisé à partir de mil-liers de témoignages recueillis à travers tout le pays, docu-mente plus de 54 000 violations des droits de l’Homme commises pendant le conflit armé au Guatemala (1960-1996). Il met en évidence que l’armée est responsable de 92 % des exécutions extrajudiciaires, de centaines de disparitions forcées et de violations et, de plus, que les massacres de communautés entières ont fait partie d’une politique d'État. Une commémoration eut lieu à la capitale le 26 avril dernier en souvenir de Monseigneur Gerardi.

Pour ce crime ont été condamnés le sergent Obdulio Villanueva, le prêtre Mario Orantes, le colonel Byron Disrael Lima Estrada et son fils, le capitaine Byron Lima Oliva. Les deux militaires et le religieux ont récemment sollicité leur liberté, dans le cadre du programme de réduction de peines (Villanueva fut tué dans une bagarre dans le centre pénitentiaire où il se trouvait en 2003). Il reste cependant à identifier d’autres responsables de cet assassinat (auteurs intellectuels et matériels).

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Brèves

Confirmation du jugement de Choatalúm, première condamnation pour disparition forcée au Guatemala

Le 6 avril 2010 a été ratifiée la condamnation à 150 ans de prison de l’ancien comissionado militaire Felipe Cusanero, la première personne jugée pour disparition forcée au Guatemala. Cusanero a été condamné le 30 août 2009 par le Tribunal de Chimaltenango pour la disparition forcée de six personnes originaires de la communauté de Choatalúm, San Martín Jilotepeque, département de Chimaltenango, entre 1982 et 1984*, jugement duquel il avait fait appel. Les organisations de droits de l’Homme et les familles des victimes se sont montrées satisfaites de la ratification de la condamnation, cependant, ils restent en attente de savoir où se trouvent les restes de leurs parents disparus afin de leur donner une sépulture digne. Le CALDH (Centre d’action légale pour les droits de l’Homme) et l’organisation des Familles des détenus et disparus au Guatemala considèrent que cette condamnation doit servir d’exemple pour de nombreux cas similaires qui restent sans jugement.

* Voir LA n° 187 (Septembre-Décembre 2009)

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Polémiques autour de la sélection du nouveau Procureur général

Depuis plusieurs semaines, la société civile et les médias suivent de près la sélection du nouveau Procureur général qui devrait prendre son poste le 19 mai, pour une durée de quatre ans. A l’heure de ces lignes, 6 candidats sur 29 ont été retenus par la com-mission chargée de cette élection durant la dernière phase du processus de sélection. Cependant, cette dernière étape a été forte-ment critiquée pour son manque de transparence sur les critères de sélection, ainsi que sur les doutes mis en évidence par la Convergence pour les droits de l’homme (regroupement de 7 organisations guatémaltèques) et l’OACNUDH (Bureau du Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme) quant à l’impartialité et la respectabilité des candidats retenus. Plu-sieurs recours ont été présentés afin d’annuler la dernière étape, voire le processus dans son intégralité. Le recours de la députée Nineth Montenegro, très active dans la lutte pour la transparence de ce processus, a été accepté mais est en cours de discussion à la Cour constitutionnelle. Si le recours de la députée est confirmé, le choix parmi les 29 derniers candidats devrait être rediscuté publiquement. L’OACNUDH, dans son communiqué du 23 avril 2010, rappelle l’importance de réaliser les processus d’élection des fonctionnaires publics, et particulièrement du système judiciaire, selon les normes internationales en la matière, en respectant des critères objectifs dans la discussion et l’évaluation des candidats. La Commission internationale de juristes considère que « cette élection a lieu dans un contexte complexe au Guatemala, où ont été signalés des cas concrets de haut niveau d’impunité et de corruption dans le pays, raisons pour lesquelles il est indispensable d’observer cette élection et de soutenir les efforts de la so-ciété civile pour nommer un Procureur général capable, respectable et indépendant ». Quant à la CICIG (Commission internatio-nale contre l’impunité au Guatemala), elle accompagne le processus et émet des recommandations à la commission chargée de cette élection afin de parvenir à la sélection des meilleurs professionnels de haut rang pour le système judiciaire.

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Assemblée générale, samedi 29 mai 2010, à partir de 10 h

Changement de lieu : 7 chemin de No-gent 78610 Saint Léger en Yvelines

Bloc notes

Des nouvelles du terrain

Après 4 ans à la coordination terrain, Grégory Lassalle termine son contrat de Volontaire de la solidarité interna-tionale le 31 mai. Toute l’équipe du CG lui adresse un très grand merci. Grégory a beaucoup fait pour le déve-loppement d’activités adaptées aux besoins des partenaires locaux. A son retour en France, il réintègrera l’équipe des bénévoles.

Projet ateliers vidéos La session d’ateliers 2009-2010 et l’accompagnement aux journalistes communautaires prennent fin. Un cours de scénario pour les « anciens » sera réalisé à Santa Cruz del Quiché entre le 23 et 25 mai. Une nouvelle phase de formation commencera à partir de septembre 2010 avec de nouvelles et nouveaux participants et se terminera mi 2011. Les responsables de l’équipe pédagogique et du suivi financier des projets seront : Nahuel Vasquez (Cours de scénario et co-coordination du projet), Elvis Vazquez (Cours de prise d’images, de sons et montage) et Cyn-thia Benoist (Co-coordination du projet et responsable financière).

Projet de diffusions communautaires Le CG va réaliser en 2010 et 2011 un programme de diffusions communautaires des documentaires réalisés pen-dant les ateliers vidéos. A noter que ces tournées de projections communautaires sont faites par les journalistes communautaires des ateliers vidéos. Les projections sont réalisées en coordination avec des autorités locales et/ou organisations sociales et sont suivies de débat. Début 2010, certaines tournées ont déjà eu lieu : - L’organisation de femmes de NUTZIJ a présenté ses vidéos sur le racisme et la discrimination dans plusieurs communautés de Solola. - L’organisation de Santa Eulalia, AMOYEB, a réalisé une semaine de projections dans les communautés, sur la thématique des barrages et des projets d’exploitation des ressources naturelles. - A Copala, Alta verapaz, G. Pérez a projeté des courts métrages à des communautés et groupes de jeunes. - Dans le Quiché, Mario Rolando Xiquin, a organisé une semaine de projection dans des communautés proches de Santa Cruz, principalement sur la thématique de l’exploitation minière.

Diffusion du film « Le business de l’or au Guatemala : Chronique d’un conflit annoncé » Le documentaire a été diffusé dans de nombreuses zones du pays dans le but de sensibiliser les communautés rurales sur la thématique de l’exploitation minière et sur les conséquences de celles-ci sur la vie communautaire. Les projections, réalisées en collaboration avec des organisations locales ont eu lieu près de la mine Cerro Blan-co à Jutiapa, dans le Quiché, dans le Huehuetenango, dans le Peten et dans la zone Ixil.

Accompagnement Amandine Grandjean a repris du service dans l'équipe mobile (programme Court terme) après un mois de va-cances en France. Elle sera dans cette équipe jusqu'en octobre prochain. ACOGUATE change de coordinatrice. En effet, Caren Weisabart nous quitte à la fin du mois après 3 ans de dur labeur. Nathalie Mercier, de GSN, est déjà sur place pour assurer la passation avec Caren. Bienvenue à elle!

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AGENDA

12ÈME ÉDITION DE LA LA SUDESTADA, CINÉMA ET CULTURE ARGENTINS À PARIS / 11 - 21 MAI OEUVRE DE GUSTAVO FON-TÁN ET SÉLECTIONS RÉCEN-TES. MAISON D'ARGENTINE DE LA CITÉ U DE PARIS, 27A BD JOURDAN 75014 PA-RIS / MAISON DE L'AMÉRI-QUE LATINE 217 BD SAINT GERMAIN PARIS 7. ENTRÉE L I B R E / T É L : 01.46.64.70.71

3ÈME ÉDITION DU FESTI-VAL DE L'ECO CITOYEN-NETÉ À BASTIA / 28-30 MAI GRANDS ENJEUX PLANÉTAI-RES ET SOLUTIONS EXIS-TANTES. WWW.TERRE-ET-NATURE.COM TÉL. : 06.18.54.55.95

« LA RÉVOLUTION MEXI-CAINE, MIROIR DU XXEME SIÈCLE LATINO-AMÉRICAIN » À PARIS / 2 JUIN À 17H30 CÉLÉBRATION DU BICENTE-NAIRE DES INDÉPENDANCES DES PAYS LATINOAMÉRI-

CAINS ET DES CARAÏBES CONFÉRENCE D’ANNICK LEMPÉRIÈRE (45’) / MAI-

SON DE L'AMÉRIQUE LA-

TINE 217, BD SAINT GER-MAIN PARIS 7 WWW.MAL217.ORG

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Perfectionnement en Espagnol

Tous les jeudis de 18h30 à 20h30 dans les locaux de France Amérique Latine à Paris (http://www.franceameriquelatine.org). FAL propose toutes les semaines 2 heures de discus-sions en groupe animées par un professeur hispanophone. Pour tous renseignements : 01 45 88 27 04 ou 01 45 88 22 74

Forum d’été du Mouvement pour une Alternative non-violente du 25 au 30 juillet 2010 : « La non-violence en 2010 : penser, résister, construire »

Le Forum alterne les témoignages, les apports théoriques et les ateliers interactifs. Les thèmes par journée permettront de structurer nos réflexions et faciliteront le repérage pour les personnes qui souhaitent ne s’inscrire qu’à une partie.

Au programme : 25 juillet : Accueil 26 juillet : Pouvoir dire non, oser la désobéissance / L’action non-violente dans les luttes actuelles 27 juillet : Penser globalement, agir dès maintenant / La cohérence entre la fin et les moyens dans la vie politique 28 juillet : Vivre le conflit / Utilité du conflit, pas de paix sans justice 29 juillet : Vivre simplement / Vivre simplement pour que les autres puissent simplement vivre 30 juillet : Vivre en mouvement / Se donner les moyens de penser, résister, construire

Hébergement au Centre International de Séjours (CIS) de Bois-le-Roi (77) à 35 minutes de Paris en train. Les inscriptions sont ouver-tes, il est possible de réserver une chambre sur place ou au camping de Samois-sur-Seine (à 5 minutes en voiture du CIS). Inscription au Forum 5 jours : 35 € / Inscription au Forum 1 journée : 10 € Hébergement pension complète au CIS 5 jours : 225€ / Hébergement demi-pension au CIS 5 jours : 187€ / Hébergement pension com-plète au camping 5 jours: 170€ / Hébergement demi-pension au camping 5 jours : 130€

Inscrivez-vous impérativement avant le 5 juillet, les demandes seront traitées par ordre d’arrivée. Contact : Caroline Carpentier / [email protected] / www.nonviolence.fr / Tél. : 01.45.44.48.25

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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association 1901 de solidarité internationale. Il est composé d’associations et de particuliers, dont une bonne dizaine de membres actifs, sur lesquels repose la vie de l’association. Depuis octobre 2002, l’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’une permanente à mi-temps. Depuis mars 2006, l’association a ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles)

Les activités du Collectif au Guatemala ● L’accompagnement international √ des populations indigènes victimes du conflit armé impliquées dans des procès contre les responsables de violations massives des droits de l'Homme, √ des personnes menacées du fait de leurs activités militantes.

Comment ?

√ à la demande des groupes ou personnes menacées, √ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au minimum 4 mois sur le terrain.

Pourquoi ?

√ pour établir une présence dissuasive, √ pour avoir un rôle d'observateur, √ pour relayer l'information. Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeurs, de tous hori-zons, désirant s’engager pour une durée minimum de 4 mois. Des ses-sions d’information et de préparation ont lieu en France avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont accueillis et suivis par le Cen-tre d’action légale pour les droits de l’Homme (CALDH).

● L’organisation de voyages pour découvrir le Guatemala autrement √ séjour annuel de 2 semaines √ rencontres avec nos associations partenaires

Les activités du Collectif en France

● L'appui aux organisations de la société civile guatémaltè-que qui luttent pour plus de justice et de démocratie √ en relayant des dénonciations de violations des droits de l'Homme, √ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendica-tions, √ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets, √ en recevant en France et en Europe des représentants de dif-férentes organisations pour leur permettre de rencontrer des décideurs politiques et financiers.

● L’information et la sensibilisation du public français

Sur quoi ?

√ la situation politique et sociale au Guatemala, √ la situation des droits de l'Homme, √ l'action des organisations populaires, indiennes et paysannes.

Comment ?

√ par la diffusion d’une lettre à l’adhérent mensuelle, √ par l'organisation ou la participation à des conférences, dé-bats, réunions, √ par des réunions bimensuelles ouvertes à toute personne inté-ressée.

● Le travail en réseau avec différents types de partenaires présents au Guatemala

√ associatifs, √ institutionnels.

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ADHÉSION / ABONNEMENT Le Collectif Guatemala vous propose plusieurs formules de soutien :

� Adhésion au Collectif , permettant de recevoir la Lettre à l’Adhérent 23 €

� Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif) 15 €

� Don , un soutien supplémentaire pour nos activités ………

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Les dons et cotisations peuvent être déductibles pour moitié des impôts. Un reçu fiscal vous sera adressé sur demande.