Solidarité 1/2011

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Suisse Traduire les nuances culturelles El Salvador Parés en cas de catastrophe Le magazine de l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière OSEO Février 1/2011 www.oseo.ch

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Suisse Traduire les nuances culturelles El Salvador Parés en cas de catastrophe Le magazine de l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière OSEO • Février 1/2011 www.oseo.ch

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SuisseTraduire lesnuances culturelles

El SalvadorParés en casde catastrophe

Le magazine de l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière OSEO • Février 1/2011www.oseo.ch

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dit

Or

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19.01.2011 Une «Pierre équitable» pour Onex

Onex a reçu hier la «Pierre équitable», symbole de

son implication contre l’exploitation des travailleurs

dans le monde. C’est la première commune romande

à recevoir la «Pierre équitable» décernée par l’OSEO.

Onex s’est démarquée par «sa stratégie exemplaire

afin d’acheter uniquement des biens produits dans

des conditions de travail décentes», explique Hans-

Jürg Fehr, président de l’OSEO, qui a ensuite remis

la distinction à Carole-Anne Kast, maire d’Onex.

13.12.2010 Le Père Noël est en avance cette année

Depuis trois ans, des récoltes de jouets sont organi-

sées dans les deux grands commerces de Martigny.

Les jouets rassemblés seront acheminés dans les ate-

liers de l’OSEO Valais, à Sion. Ils y seront triés et

réparés par des personnes au chômage. «On a en

moyenne une dizaine de personnes à l’atelier-jouets

qui ont ainsi une activité valorisante, motivante, qui

leur permet par ailleurs de garder le contact avec le

monde du travail», souligne Gérard Moulin, directeur

de l’OSEO Valais.

03.12.2010 «Russie 2018» et «Qatar 2022», marques

déposées

Le comité exécutif de la FIFA a confié, hier à Zurich,

l’organisation des Coupes du monde 2018 et 2022 à

deux hôtes inédits. Ce verdict laissera des traces.

(…) L’OSEO n’a pas tardé à se déclarer «indignée et

scandalisée» par ce résultat en faveur de deux pays

qui «violent systématiquement les droits du travail et

les droits humains». L’organe souligne notamment,

concernant le Qatar, la discrimination envers les

femmes qui ne bénéficient d’«aucune protection con-

tre la violence domestique», et l’absence de «toute

liberté syndicale».

Chère lectrice, cher lecteur,

Cette année, l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière fête ses

75 ans! Fondée par l’Union syndicale suisse et le PS en

1936, soit en pleine crise économique, l’OSEO a eu pour

première tâche de venir en aide aux familles ouvrières

nécessiteuses en Suisse et à l’étranger.

Nous sommes aujourd’hui fiers de ces trois quarts de

siècle d’engagement, en faveur des victimes de la guerre

d’Espagne et des réfugié-e-s en Europe, aux côtés de

mouvements de libération en Amérique latine, dans

l’intérêt des migrant-e-s et des personnes sans emploi en

Suisse, de même que pour les victimes de catastrophes.

Depuis que l’OSEO a vu le jour, certaines choses sont

restées les mêmes, mais beaucoup ont changé:

aujourd’hui encore, nos activités se fondent sur la solidari-

té, une valeur que nous appliquons dans la pratique. Et la

solidarité est aussi nécessaire de nos jours qu’elle l’était

en 1936. Le monde n’est toutefois plus le même qu’il y a

plus de sept décennies. Tout comme les modes de vie, la

solidarité a évolué: il ne s’agit plus d’aide, mais de

coopération entre partenaires.

A l’occasion de notre anniversaire, nous nous offrons

donc un nouveau nom: Solidar Suisse. Dès début avril,

c’est sous nom que nous apparaîtrons, tout en conservant

l’intitulé Œuvre suisse d’entraide ouvrière OSEO, qui

rappelle nos origines et souligne nos liens avec les

associations OSEO régionales, qui conservent leur nom.

Vous en apprendrez plus sur ce changement et sur

l’anniversaire de l’OSEO en lisant les pages 9 à 11.

Le prochain numéro portera déjà les couleurs de Solidar

Suisse et nous espérons pouvoir continuer à compter sur

votre appui et sur votre fidélité.

Ruth Daellenbach, directrice de l’OSEO

Revue de presse

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Editeur: Œuvre suisse d’entraide ouvrière, Quellenstrasse 31, 8031 Zurich, tél. 021 601 21 61, e-mail: [email protected] CP 10-14739-9 Lausanne. www.oseo.ch

Rédaction: Katja Schurter (resp.), rosanna Clarelli, Christian Engeli, Hans Fröhlich, alexandre Mariéthoz, Cyrill rogger

Layout: atelier Binkert, www.atelierbinkert.ch

Traduction: irene Bisang, Ursula Gaillard, Milena Hrdina,Walter rosselli, Peter Schrembs

Correction: angelo Ciampi, Marianne Enckell, Jeannine Horni

Impression et expédition: Unionsdruckerei/subito aG,Platz 8, 8201 SchaffhausenParaît quatre fois par an. tirage 37 000 ex. Le prix de l’abon- nement est compris dans la cotisation (membres individuels 50.– par an minimum, organisations 250.– minimum). imprimé sur papier recyclé

Impressum

SUISSEdes interprètes communautairesfavorisent la compréhension mutuelle 4

CONCOURS 8

POINT DE VUEdepuis 75 ans, l’OSEO s’engagepour une société plus juste 9

ACTUALITESL’OSEO devient Solidar Suisse 10

Les OSEO régionales et Solidar Suisserestent étroitement liés 11

INTERNATIONALEl Salvador: une préparation efficace réduitl’impact des catastrophes naturelles 12

Burkina Faso: la formation et de nouvellesméthodes agricoles améliorent le quotidien 14

DONSOuvrir des perspectives grâce à un testament 17

PORTRAITdavid Valère redonne confianceà des personnes cassées par la vie 18

Page de titre: une traductrice et une participante au cours présentent leur affi-che sur les fêtes religieuses. Photo: Sabine rock. / dernière page: au Salvador, une famille se met à l’abri du danger lors d’inondations. Photo: Mónica Vázquez.

ACTUALITES L’OSEO fête ses 75 ans d’existence et s’offre un nouveau nom. P. 9–11

SUISSE Le projet derman, de l’OSEO Schaffhouse, forme des interprètes communautaires qui favorisent la compréhension entre population suisse et migrant-e-s. P. 4–6

INTERNATIONAL au Salvador, une bonne préparation de la population permet de réduire les conséquences des fréquentes catastrophes naturelles. P. 12–13

INTERNATIONAL au Burkina Faso, des paysan-ne-s apprennent à lire et utilisent de nouvelles méthodes agricoles. ils améliorent ainsi durablement leur quotidien. P. 14–15

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La petite salle de cours est pleine de rires

et de chuchotements. Trois semaines

avant Noël, les participantes au cours

d’information sociale de l’OSEO Schaff-

house se livrent à une activité spéciale:

elles réalisent des panneaux sur les fêtes

de leurs pays d’origine, depuis le ramadan

jusqu’au Nouvel An thaï, en passant par le

Noël russe. Puis, ces 30 femmes de tous

âges se serrent autour des tables pour

prêter une oreille attentive à leurs traduc-

trices respectives.

Dans les cours d’allemand proposés

par l’OSEO Shaffhouse, une leçon sur

trois est consacrée à l’information sociale.

«J’apprends comment les gens se saluent

en Suisse, comment ils mangent, com-

ment ils vivent», explique Thunwa Moser.

«Le système politique suisse n’a rien à voir

avec le nôtre, en Thaïlande, ici, les lois

changent chaque année.» Savoir comment

circuler «est au moins aussi important que

la langue», ajoute Nabila K., qui vit en

Suisse depuis un an et demi. «Au début, je

ne savais pas comment traverser la route,

il n’y a pas de feux ni de passages pour

piétons en Algérie.» C’est dire si les sujets

abordés ici sont variés, ils vont de

l’éducation au mouvement à l’alimentation,

en passant par le logement, l’école et la

santé. «Les pays d’où proviennent ces

femmes ne connaissent pas le conseil»,

raconte Serpil Sahin, la responsable du

cours. «Il ne leur viendrait pas à l’idée de

chercher de l’aide, non pas parce qu’elles

n’en veulent pas, mais parce qu’elles igno-

rent comment ça fonctionne ici.» Elle ac-

corde aussi beaucoup d’importance aux

échanges entre migrantes: «Quand on par-

le du système scolaire, je leur demande de

raconter comment cela se passe dans

leurs pays respectifs et elles comprennent

qu’il y a plusieurs façons de faire.»

Traduire et expliquerC’est le service Derman qui fournit les

traductrices pour l’information sociale

(voir encadré). Som Arias est thaïlandaise.

Elle est arrivée en Suisse en 2004 et elle a

suivi le cours d’allemand et d’information

sociale de l’OSEO à Schaffhouse. Quand

son enseignante lui a demandé si elle

voulait faire une

formation de tra-

ductrice intercultu-

relle, elle a sauté

sur l’occasion: «Je

me disais, si elle

pense que j’en suis

capable, j’essaie.» Elle recevra son diplô-

me d’interprète dans quelques jours et

elle se réjouit beaucoup.

Quand on lui demande ce qui est spé-

cifique à l’interprétariat communautaire,

elle répond: «Je ne me contente pas de

traduire chaque phrase. Je m’arrête pour

expliquer des choses. Dans les services de

psychiatrie, par exemple, j’explique qu’en

Thaïlande il est normal d’être entouré

d’esprits, ou que c’est un signe de respect

de ne pas regarder son vis-à-vis dans les

yeux.» Aux Thaïlandaises, elle explique ce

qu’est une classe d’accueil. C’est pour cela

que les interprètes interculturels doivent

être familiarisés avec les deux cultures.

Comprendre son rôle«L’histoire de Som Arias n’est pas un

cas unique», explique Barbara Acker-

mann, la responsable de Derman. «Nous

pressentons des gens et nous les encoura-

geons à se former à l’interprétariat inter-

culturel.» Nos interprètes sont souvent de-

mandées dans les services scolaires,

hospitaliers et psychiatriques. «Dans le

canton de Schaffhouse, on a compris qu’il

fallait recourir à la traduction intercultu-

relle pour discuter avec les parents, à

l’école. Dans d’autres cantons, il arrive en-

core souvent que ce soient des enfants

qui traduisent, c’est trop leur demander et

cela induit un conflit de loyauté. À Schaff-

house, nous avons un problème avec

l’hôpital, et les assurances sociales partent

du principe que les gens n’ont qu’à se dé-

brouiller pour comprendre les formu-

laires», ajoute Barbara Ackermann. Elle-

même et le délégué cantonal à l’intégration

«Je ne me contente pas de traduire chaque phrase»Derman est un service d’interprétariat interculturel créé par l’OSEO Schaffhouse. Les interprètes communautaires contri-buent grandement à la compréhension entre Suisses-ses et migrant-e-s. Texte: Katja Schurter. Photos: Sabine Rock

«Je n’aurais jamais imaginé qu’il existe un calendrier pour la chambre à lessive.»

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Barbara Ackermann, Serpil Sahin et Michela Gallucci savent à quel point des interprètes communautaires sont importantes pour favoriser une bonne compréhension mutuelle.

Kongjong Yongynd, Thunwa Moser et Som Arias élaborent leur affiche sur le Nouvel An thaï.

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essaient depuis longtemps d’obtenir de

l’hôpital cantonal qu’il engage des inter-

prètes communautaires, car il faut des

gens formés qui soient au fait de leur rôle.

Valoriser les personnes migrantesL’office d’intégration du canton de

Schaffhouse engage 80 fois par an les in-

terprètes de Derman pour mettre en place

des conventions d’intégration. Ces con-

ventions sont obligatoires dans le canton

pour toutes les personnes de «pays tiers»

qui rejoignent en Suisse des membres de

leur famille ayant un permis B ou C. Mi-

chela Gallucci, fonctionnaire de l’office,

considère que cette obligation offre aux

personnes de langue étrangère une aide

pour s’y retrouver dans la jungle des

cours d’allemand. «99 pourcent trouvent

cela positif et apprécient le conseil.» Les

interprètes communautaires permettent

un contact beaucoup plus facile avec les

migrant-e-s. «C’est important que les gens

puissent s’exprimer et être compris. C’est

aussi une forme de valorisation d’engager

des interprètes pour eux, cela leur montre

que nous les prenons au sérieux.»

Qu’en est-il des enfants?Les panneaux sont terminés. Serpil Sa-

hin distribue une feuille sur l’assurance

maladie. Les interprètes l’expliquent aux

femmes dans leur langue respective.

L’éducation des enfants suscite aussi be-

aucoup d’intérêt. Mona R. est Erythréen-

ne, elle aimerait en savoir plus sur nos

méthodes modernes: «Quand on nous de-

mande si les méthodes qui ont cours ici

nous plaisent, la plupart disent non», dit-

elle. Serpil Sahin, la responsable du cours

invite toujours un spécialiste pour rassu-

rer les parents: «Beaucoup de migrant-e-s

pensent que nous élevons nos enfants

tout autrement que dans leur pays

d’origine, et ils en oublient leur rôle de

parents, ce qui me semble une grave er-

reur. C’est bien si une personne compé-

tente leur explique qu’en Suisse non plus,

les enfants n’ont pas le droit de faire tout

ce qu’ils veulent.» L’OSEO a aussi mis sur

pied une garderie pendant les cours

d’allemand pour que les femmes puissent

venir aux cours. Leurs bagages scolaires

sont très différents, il y a les femmes an-

alphabètes et des universitaires. «Les

femmes restent plus ou moins longtemps,

selon leurs antécédents scolaires», ex-

plique Serpil Sahin.

Éviter les malentendusSabreen Habeeb est irakienne. Elle est

en Suisse depuis huit mois et va bientôt

accoucher d’une fille. Elle se réjouit.

«J’avais peur de me rendre seule à l’hôpital,

mais grâce à l’information sociale, j’arrive

à me débrouiller maintenant. Remplir un

formulaire par exemple, ou m’intéresser à

la politique.» Les informations sur les usa-

ges locatifs suisses lui ont aussi été d’un

grand secours: «Quand je voulais faire la

lessive et que mon voisin me disait non, je

pensais qu’il était raciste. Je n’aurais ja-

mais imaginé qu’il existe un calendrier

pour la chambre à lessive.»

DermanDerman est un service d’interprétariat communautaire mis sur pied par l’OSEO Schaff- house, qui forme et met à disposition des interprètes. Ces personnes peuvent faire un diplôme et suivre une procédure d’équivalence pour acquérir le certificat suisse pour les interprètes communautaires depuis 2009 (www.interpret.ch). Le service dis-pose d’un réservoir de 150 à 200 personnes formées, dont 40 à 60 travaillent régu-lièrement, et couvre 60 langues et dialectes. derman répond à environ 3000 appels par année, principalement de la part des écoles, du secteur de la santé, des services sociaux et du bureau de l’intégration. Les institutions paient derman pour ces interven-tions, les interprètes sont engagés par derman, la structure elle-même est cofinancée par le canton et la Confédération.

Hanadi El Kasti, Sareen Habeeb et d’autres partici-pant-e-s de langue arabe sont fières de leur affiche sur la fête du sacrifice Aïd.

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Des droits pour les employé-e-s de maison

Le travail domestique et la garde des membres dépendants de la famille forment un gigantesque secteur économique où règne l’arbitraire le plus total. Il était urgent d’en réglementer les conditions de travail, car la demande de main-d’œuvre «bon marché» est en forte augmentation, de même que l’offre venant de migrantes du Sud et d’Europe orientale. Les nouveaux barèmes salariaux des employé-e-s domestiques fixés par le Conseil fédéral sont entrés en vigueur le 1er janvier. Et une convention pour les employé-e-s de maison devrait être signée lors de la Conférence de l’OIT, en juin. Mais cela ne suffira pas: il faudra que les person-nes concernées s’organisent pour faire valoir leurs droits.L’OSEO, UNIA et le réseau Denknetz organisent une journée de réflexion à ce sujet, le 2 avril, à Berne: www.oseo.ch/agenda

«Pierre équitable» pour Onex

Le 18 janvier, Hans-Jürg Fehr, président de l’OSEO, a remis une «Pierre équita-ble» à la commune d’Onex. Cette distinction récompense les communes qui ont défini une stratégie exemplaire afin d’acheter uniquement des biens produits dans des conditions décentes.Suite à une motion du PS acceptée en mai 2010 par le Conseil municipal, le Conseil administratif d’Onex a rapidement décidé de compléter sa pratique actuelle afin de mettre sur pied une politique d’achats durable et équitable. Onex est la première commu-ne genevoise à prendre une telle décision, suite à une motion déposée dans le cadre de la campagne de l’OSEO «Non à l’exploitation grâce à nos impôts!». Depuis son lancement, plus de 50 communes romandes (dont une quinzaine dans le seul canton de Genève) se sont engagées sur la voie d’achats publics équitables. www.oseo.ch/news

Valais: mise en œuvre du SeVal

Depuis janvier 2011, le SeVal (semestre d’évaluation) a ouvert ses portes à Sion.Ce projet de l’OSEO Valais accueille des jeunes, à la recherche d’une solution professionnelle, pour lesquels un accompagnement spécifique au niveau pédagogique et social est indispensable. Quatorze jeunes bénéficient d’un accompagnement personnalisé. L’accent est mis sur l’apprentissage des compor-tements et des attitudes à adopter face à un futur employeur. Des techniques de recherche d’emploi sont également dispensées. Cette mesure se différencie du Semestre de motivation (SeMo) déjà existant par la durée du contrat (12 mois à la place de six), ce qui permet au jeune de mieux appréhender les règles de base nécessaires à son insertion dans le monde du travail. www.oseo-vs.ch

Une antenne pour les sans-papiers à Lucerne

Plusieurs organisations et des particuliers ont créé une association pour l’ouverture d’une antenne pour les sans-papiers à Lucerne, le 12 novembre 2010.L’OSEO de Suisse centrale a contribué à sa mise sur pied et elle en est membre. L’initiative vient des milieux ecclésiastiques et syndicaux. Comme dans d’autres villes de Suisse, les personnes sans titre de séjour disposeront désormais à Lucerne d’un espace où trouver conseil, aide et soutien.Marcel Budmiger (comité de l’OSEO de Suisse centrale) représente l’Union syndi-cale lucernoise au comité de l’association. Pour devenir membre individuel ou collectif de l’association, s’adresser à: [email protected]

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Le mot caché de l’OSEO Résultat du baromètreCO

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Envoyez la solution à l’OSEO via le talon-réponse ci-joint, sur une carte postale,

ou par e-mail à [email protected], sujet «mot caché». toutes les réponses correctes participent

au tirage au sort.

Ces prix sont amicalement offerts par l’atelier de l’OSEO Bâle.La date limite d’envoi est le 14 mars 2011. Le nom du gagnant ou de la gagnante sera publié dans Solidarité 2/2011. Le concours ne donne lieu à aucune correspondance, ni à aucun recours. Le personnel de l’OSEO et de ses associations régionales n’a pas le droit d’y participer.

La solution de l’énigme de Solidarité 4/2010 était «teste ta commune». Le gagnant a été tiré au sort: Marcellin aubry, de Porrentruy, a gagné un bon d’achat de 50.- auprès de l’enseigne Outlet du Coq Sportif. Ce prix est amicalement offert par Cooqpit. Nous remercions tou-te-s les participant-e-s, ainsi que Cooqpit pour le bon offert.

1. Beaucoup de tailleurs de pierre chinois en souffrent.2. Si l’Oit la ratifie en juin 2011, les conditions de travail des employé-e-s de maison s’amélioreront.3. Ce riz pousse sur terrain sec.4. Ces îles ont été frappées par le récent tsunami.5. Un projet de l’OSEO Schaffhouse qui contribue à atténuer les malentendus.6. La FiFa a choisi ce pays pour organiser le Mondial 2022, même si la situation des femmes y est désastreuse.7. Est souvent détruite par les tempêtes qui frappent le Salvador.8. L’association burkinabèe addi en distribue souvent.9. Un centre de contact pour sans-papiers vient d’ouvrir dans cette ville.10. avec de telles pierres, l’OSEO récompense les communes qui veillent scrupuleusement

à la dimension sociale de leurs achats.11. Par ce biais, vous pouvez soutenir l’OSEO de manière efficace.12. Nom d’un nouveau projet de l’OSEO Valais.13. david Valère utilise cette méthode dans le cadre du projet ParcourS de l’OSEO Genève.

Pensez-vous que la coopération au développement ne s’attaque pas suffisamment aux causes de la pauvreté?

oui

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pas de réponse

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La Suisse devrait-elle octroyer plus d’argent à l’aide au développement?

oui

non

pas de réponse

Quelles devraient être les priorités de la coopération au développement?

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La formation

La lutte contre la corruption et l’évasion fiscale

Le respect du droit du travail

La construction d’infrastructures

La participation de la société civile

1er prix: une sacoche

2e prix: un petit sac en soie

3e prix: un étui

Commentaire de Barbara Burri, responsable de la coopération au développementNous sommes ravis qu’autant de personnes soient favorables à ce que le financement de l’aide au développement soit augmenté. La pauvreté ne peut être vaincue qu’en augmen- tant les fonds sur le plan global. Cependant, il est clair qu’au vu des énormes différences dans les flux financiers destinés à la politique économique et à la coopération au dévelop- pement, cette dernière ne peut pas faire face toute seule aux causes de la pauvreté. Pour l’OSEO, il n’est pas question de se limiter à soigner les symptômes. Nous nous engageons en faveur du respect des droits du travail pour vaincre la pauvreté.

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L’OSEO a 75 ans! C’est en effet en 1936,

en pleine crise économique, que l’Union

syndicale suisse (USS) et le Parti socialiste

(PS) ont fondé cette œuvre solidaire afin

de venir en aide aux familles ouvrières en

Suisse et à l’étranger. Avec leurs sections

et leurs groupements locaux, l’USS et le

PS sont aujourd’hui encore les parrains de

l’OSEO.

Au fil du temps, ces liens sont quelque

peu tombés dans l’oubli. Les changements

survenus ces dernières années au sein de

l’OSEO, des syndicats et du socialisme les

ont à nouveau resserrés.

L’idéal d’une société équitable et juste

A l’instar des syndicats et du PS,

l’OSEO a de tout temps défendu l’idée

d’une société juste sur les plans écono-

mique et social. Cet idéal reste d’actualité.

Pour se rendre compte de l’ampleur de la

lutte à mener, à l’échelle mondiale, afin de

faire respecter les normes fondamentales

du travail, il suffit de considérer quelques

chiffres: la moitié environ de la main-

d’œuvre mondiale gagne moins de deux

dollars par jour. C’est dire que quelque

1,5 milliard de personnes ont certes un

travail, mais qu’elles ne peuvent pas en

vivre. De plus, 80% des salarié-e-s sont

dépourvus d’une protection sociale suffi-

sante. Pire encore: malgré tous les efforts

consentis de par le monde ces deux der-

nières décennies, le fossé entre riches et

pauvres, entre Nord et Sud, entre ga-

gnants et perdants de la mondialisation

ne s’est pas rétréci, ne cessant au con-

traire de se creuser.

Normes du travail en point de mireVoilà pourquoi l’OSEO s’est attachée

ces dernières années à défendre les nor-

mes du travail. Les effets que la mondiali-

sation a produits montrent clairement à

quoi mène le capitalisme sauvage: les iné-

galités se creusent, on bafoue les normes

du travail et l’équité des salaires, l’égalité

des sexes et l’égalité des chances sont loin

de devenir réalité, aussi bien dans les

pays du Sud que chez nous. Au contraire,

la précarité qui mine des couches entières

de la main-d’œuvre ne se limite plus aux

pays du Sud et de l’Est. Il y a belle lurette

qu’elle touche aussi le monde industriali-

sé, où un nombre croissant de personnes

ne parviennent pas à se nourrir et à nour-

rir leur famille avec le revenu de leur tra-

vail.

Penser global – agir localL’OSEO déploie surtout ses activités en

Afrique, en Amérique latine et en Europe

du Sud-Est, afin de lutter contre la pau-

vreté, faire respecter les droits de la per-

sonne humaine et les normes du travail, et

promouvoir la participation démocra-

tique. Pour réaliser ces objectifs, il impor-

te aussi de changer la politique et les réa-

lités sociales en Suisse. L’OSEO s’y attache

par son travail de sensibilisation, telle la

campagne «Non à l’exploitation grâce à

nos impôts!» Ce sont ces efforts qui font

de l’OSEO un organisme solidaire indis-

pensable pour les syndicats et le PS. Car

cette lutte, il faut la mener aussi bien chez

nous que partout dans le monde.

L’OSEO a de l’avenirIl y a 75 ans que l’OSEO œuvre pour une société juste sur les plans économique et social. Ce faisant, elle se distingue par son engagement pour le respect des normes du travail, une lutte plus cruciale que jamais. Texte: André Daguet

ANDRé DAGuETConseilller national PS et syndicaliste à unia

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Notre nouveau nom marque à la fois la

continuité et le changement: tout en res-

tant fidèles à nos origines et à la solidari-

té, notre valeur fondamentale, nous nous

ouvrons à de nouvelles perspectives.

Fondée en 1936 par le PS Suisse et par

l’Union syndicale, l’OSEO a eu pour tâche

première d’apporter une aide concrète à

des familles ouvrières en situation pré-

caire. Au niveau international, l’OSEO a

appuyé les victimes de la guerre civile es-

pagnole, puis l’aide aux réfugiés a prédo-

miné après la Seconde Guerre mondiale.

Par son soutien, l’OSEO exprimait sa soli-

darité et prenait position en faveur de la

justice sociale, et contre l’exploitation et

le fascisme.

Les valeurs fondamentales que sont la

solidarité, la démocratie et la justice conti-

nueront à sous-tendre le travail de Solidar

Suisse. La désignation Œuvre suisse

d’entraide ouvrière OSEO, qui figurera

sous notre logo, rappellera notre lien avec

nos origines et les associations OSEO ré-

gionales, qui conservent le nom actuel.

La solidarité internationale aujourd’hui

L’OSEO a compté parmi les premières

organisations suisses à pratiquer l’aide au

développement. Avec le temps, la notion

de développement a évolué: il ne s’agit

plus de fournir une «aide directe»; par delà

les pays, les régions et les continents,

nous coopérons avec des partenaires, à

savoir des personnes et des organismes

qui œuvrent contre la pauvreté, pour la

justice sociale, la démocratie, les droits de

la personne humaine et les normes du tra-

vail. Notre nouveau nom, Solidar, reflète

cette évolution de la notion de développe-

ment.

Les activités de Solidar SuisseDans les pays émergents et en déve-

loppement, nous collaborons avec des

partenaires locaux (groupements de

femmes, syndicats, organisations sociales,

etc.). En Europe, nous participons active-

ment à des campagnes et des projets du

réseau Solidar*. En Suisse, nous menons

en collaboration avec nos parrains des

campagnes pour demander une politique

en faveur d’un développement solidaire.

Solidar Suisse continuera de se con-

centrer sur les priorités suivantes: travail

dans la dignité et normes du travail, dé-

mocratie et droits de la personne humaine

et aide humanitaire après une catastro-

phe. Comme ces dernières années, nous

accorderons une place croissante aux

conditions de travail décentes.

Nouvelles perspectivesPour ce qui est des normes du travail,

nous allons innover en menant également

des activités en Chine. En adoptant le

nom Solidar Suisse, nous soulignons

notre appartenance au réseau européen.

En Suisse, le recours aux nouveaux médi-

as nous permettra d’atteindre davantage

les jeunes, dont nous aimerions attirer

l’attention sur les activités de Solidar Suis-

se. De plus, le terme Solidar est universel-

lement connu, que ce soit en Suisse, en

Amérique latine, en Afrique ou en Europe

de l’Est.

L’OSEO devient Solidar SuisseLe 14 janvier, l’Assemblée générale de l’OSEO a décidé de franchir un pas vers l’avenir: l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière OSEO devient Solidar Suisse. Texte: Ruth Daellenbach. Cartoon: Anna Sommer

Baromètre de la solidarité

Êtes-vous en faveur du changement de nom de Œuvre suisse d’entraide ouvrière OSEO en Solidar Suisse?

Le nouveau nom exprime-t-il nos valeurs et objectifs?

répondez à notre sondage au moyen du talon-réponse joint à ce numéro.

* Au sein du réseau européen Solidar, l’OSEO est asso-ciée à quelque 53 œuvres d’entraide issues du mouve-ment ouvrier, des syndicats et de la social-démocratie.

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Invitation

Assemblée générale de Solidar Suisse/OSEO

Vendredi 27 mai 2011, dès 16 heures

Volkshaus Zurich

Stauffacherstrasse 60, Zurich

Programme*

16 heures: Assemblée statutaire

tou-te-s les membres de Solidar Suisse/

OSEO sont invités. Prière de vous annoncer

d’ici au 8 avril au moyen du talon ci-joint, par

courriel ([email protected]) ou par téléphone

(044 444 19 19).

17 h 30: Assemblée publique

Y a-t-il matière à célébrer?

L’aide publique suisse au développement a

50 ans. Solidar Suisse (anciennement Œuvre

suisse d’entraide ouvrière OSEO) a 75 ans.

Un bilan.

Quels sont les effets de la coopération suisse

au développement? Sans notre engagement,

le monde serait-il (encore) plus injuste? Notre

aide aux habitant-e-s du Sud a-t-elle ouvert

de nouvelles perspectives? Pourquoi la situa-

tion de pays comme le Burkina Faso, l’un des

pays les plus pauvres du monde, ne s’est-elle

guère améliorée ces dernières années malgré

l’aide internationale? Ou alors s’est-elle amé-

liorée? Micheline Calmy-rey, présidente de la

Confédération, et Odile Bonkoungou, minis-

tre de l’Enseignement de Base et de l’alpha-

bétisation du Burkina Faso, débattront des

succès, revers et perspectives de la coopéra-

tion au développement.

La fête d’anniversaire aura lieu ensuite et

comprendra une exposition sur les projets de

Solidar en présence des coordinatrices et

des coordinateurs nationaux.

* Sous réserve de modification. Programme définitif: www.oseo.ch/agenda

L’OSEO devient Solidar Suisse, les asso-ciations OSEO régionales conservent leur nom. Nous restons étroitement liés. Texte: directions des associations OSEO régionales

Depuis la réorganisation de 2005, dix as-

sociations OSEO régionales indépendan-

tes assurent les activités de l’Œuvre suisse

d’entraide ouvrière en Suisse: elles four-

nissent une aide variée (formation, con-

seils et programmes d’occupation) à ceux

qui ont besoin d’un soutien pour assurer

de manière autonome leur intégration

professionnelle et sociale.

L’Œuvre suisse d’entraide ouvrière est

synonyme d’engagement durable et réso-

lu aux côtés de ceux qui traversent une

situation sociale et économique difficile.

Cette réputation vaut aux associations

OSEO régionales d’être régulièrement

mandatées par les pouvoirs publics pour

concevoir des programmes novateurs et

réaliser de nouveaux projets.

Le mouvement entamé en 2009 par la

création d’un secrétariat national se pour-

suivra en 2011 par la constitution d’une

organisation faîtière pour le réseau des dix

associations OSEO régionales. Ces associ-

ations – qui comptent quelque 500 colla-

boratrices et collaborateurs dans toute la

Suisse et constituent le plus gros fournis-

seur de programmes de réintégration ou

pour chômeurs – vont ainsi renforcer leur

position dans l’acquisition de mandats na-

tionaux et se doter de structures qui leur

permettront de mettre en commun leurs

ressources et leur savoir-faire.

De Schaffhouse à Chiasso, de Genève à

Zurich, les associations OSEO régionales

sont bien ancrées dans les trois régions

linguistiques de la Suisse et continueront

de porter le nom OSEO au-delà de 2011.

Nous souhaitons à Solidar Suisse plein

succès dans son travail international. Nés

du même idéal, partageant une même his-

toire et des valeurs identiques, nous reste-

rons étroitement liés à l’avenir. Que ce

soit les OSEO régionales en Suisse ou So-

lidar Suisse à l’étranger: la solidarité est

indivisible!

Nouveau lookAlors que l’OSEO change de nom, le magazine Solidarité se présentera sous un jour nouveau dès le prochain numéro. Les OSEO régionales conti-nueront d’y rendre compte de leurs ac-tivités dans la rubrique «réseau»

Deux noms – une solidarité

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Le changement climatique et l’action hu-

maine font du Salvador un pays très expo-

sé aux catastrophes naturelles. Il est régu-

lièrement touché par des séismes, des

tornades, des inondations, des éruptions

volcaniques qui font des morts, des bles-

sés et des sans-abri.

La vaste commune de Zacatecoluca par

exemple: sa zone côtière méridionale

connaît souvent des inondations et sa

zone septentrionale, au voisinage du

volcan Chinchontepeque, est menacée de

glissements de terrain, et toute la région

est très exposée aux séismes. A la fin

2009, l’ouragan Ida y a provoqué de gra-

ves inondations et des glissements de ter-

rain. Il a détruit une grande partie des ré-

coltes, beaucoup de gens ont perdu leurs

biens et leur bétail. «Nous avons réalisé

que tout était inondé seulement une fois

que l’eau était dans nos maisons et que

nous avons dû nous sauver», se souvient

Carmen Cruz, qui a rejoint un comité de

protection civile depuis lors.

Évaluer les dangersLes catastrophes naturelles risquent de

se multiplier. L’OSEO a donc décidé de

préparer la population. Elle a constitué

des comités de défense civile et les a re-

liés à l’échelle nationale en collaboration

avec l’armée, les pompiers et les organisa-

tions de base locales. La mise sur pied de

ce type de structure doit partir de la base.

Il a fallu attendre l’entrée en fonction du

gouvernement de gauche, en juin 2009,

pour avoir des appuis. Le projet consiste à

introduire des systèmes d’alerte précoce,

à élaborer des plans d’évacuation et pré-

voir des abris de fortune. La population

L’ouragan a tout ravagé le jour après les semaillesLe Salvador est souvent touché par des catastrophes naturelles aux conséquences fatales. Leur incidence peut être moins dramatique si les gens sont préparés. Texte et photos: Mónica Vázquez

Au Salvador, l’OSEO met sur pied des structures afin d’éviter que la population soit prise au dépourvu par des catastrophes naturelles.

Atténuer les effets des catastrophes naturelles À Zacatecoluca, l’OSEO a suscité la mise sur pied d’un système d’alarme pré-coce et de sauvegarde des bases existentielles de la population au début de l’année 2010, afin d’enrayer les conséquences des désastres. Grâce à une formation ad hoc, à la sensibilisation de la population et à l’établissement de plans d’évacuation, les acteurs locaux ont les moyens de réagir avant, pendant et après une catastrophe. Mónica Vázquez dirige le projet ainsi qu’une équipe de huit personnes. depuis le dé-but octobre 2010, cette action est soutenue par le service d’aide humanitaire de la commission européenne, dont un volet est consacré à la préparation aux catastrophes (dipecho). www.oseo.ch/elsalvador

Page 13: Solidarité 1/2011

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apprend à observer les précipitations, à

évaluer la hauteur des rivières pour re-

connaître à temps les risques d’inondation.

Elle consigne les données, elle repère les

zones dangereuses et les endroits où

s’abriter. «En établissant ces plans, nous

apprenons à mieux connaître notre com-

mune et donc à trouver des solutions»,

estime Teodoro González après un cours

de formation ad hoc.

Des comités locaux préparent des ani-

mations théâtrales, réalisent des peintures

murales et autres activités pour sensibili-

ser les villageois-es à l’existence du sys-

tème d’alarme précoce et leur montrer

comment réagir en cas d’urgence.

Éviter les récoltes perduesAu Salvador, la saison des ouragans

coïncide avec la récolte du maïs et des

haricots, ce qui a valu d’importantes per-

tes à Ida. La radio informera à l’avenir les

familles paysannes des intempéries et de

la sécheresse susceptibles de menacer les

récoltes. En étant averties de l’imminence

d’un ouragan, elles pourront récolter plus

tôt ou semer plus tard et sauver ainsi une

partie de la production. Ce qu’a vécu Car-

men Cruz ne devrait pas se reproduire:

«J’ai planté du maïs un jeudi du mois de

juin et l’ouragan Alex s’est abattu sur nous

le vendredi. Il a tout emporté, les semen-

ces et les engrais que je venais de répan-

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Victoire d’étape

D’ici à 2015, la Suisse augmentera son

aide publique au développement (APD)

pour la faire passer à 0,5% du produit

national brut (PNB). Telle est la décision

prise par le Conseil des Etats lors de sa

session de décembre. Le Conseil national

a, quant à lui, augmenté le budget 2011 de

l’APD de 120 millions de francs consacrés

à des projets dans les domaines de l’eau

et du climat. Sa commission de politique

extérieure a par ailleurs confirmé, début

janvier, son soutien à une hausse de l’aide

au développement à 0,5% du PNB.

Beaucoup d’efforts ont été nécessaires

pour en arriver là: une pétition munie de

200 000 signatures, une initiative cantonale

(du canton de Berne), une majorité

parlementaire allant à l’encontre de la

volonté du Conseil fédéral et des partis de

droite. C’est finalement une subtile

manœuvre qui a mené au but: faire

dépendre l’approbation des nouveaux

crédits destinés au Fonds monétaire

international (FMI) de la hausse des

dépenses de l’APD. Ce fut donc donnant-

donnant: les crédits du FMI pour les pays

émergents et les Etats européens en crise,

l’argent de la coopération pour les régions

souffrant d’une pauvreté criante.

Même si nous pouvons nous réjouir de

cette victoire d’étape, elle laisse un arrière-

goût amer. Le 0,5% est fort loin du 0,7%

que la Suisse, comme nombre d’autres

Etats au sein de l’ONu, s’est engagée à

consacrer à l’APD afin de réduire de moitié

la pauvreté extrême. Parmi ces pays, rares

sont ceux qui ont tenu leur promesse et la

Suisse, qui compte parmi les plus riches

du monde, n’en fait hélas pas partie.

Affaire à suivre!

HANS-JüRG FEHRPrésident de l’OSEO et conseiller national PS

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dre dans mon champ. Nous ne récolte-

rons rien, et je n’ai pas d’argent pour

racheter des semences et des engrais.»

Se protégerLes gens simulent un état d’urgence.

L’exercice permet de vérifier si les plans

d’intervention tiennent la route. C’est un

véritable événement, auquel participent

tous les gens du village: «Je suis content

de la participation, les femmes et les en-

fants aussi sont venus, ainsi nous serons

plus nombreux à savoir quoi faire en cas

de catastrophe», commente Teodoro Gon-

zález.

Le système d’information et les plans

d’évacuation ont servi pour la première

fois en septembre de l’année dernière lors

du passage de la tornade Matthew. Ils ont

prouvé leur efficacité: les gens ont su

comment se protéger et il n’y a pratique-

ment pas eu de blessés ni de bétail perdu.

Grâce à des plans d’évacuation, les habitant-e-s des villages peuvent se mettre rapidement à l’abri.

Page 14: Solidarité 1/2011

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Pascaline Zomodo se tient à la lisière de

son champ de riz, sa houe à la main, son

bébé sur le dos. Au Burkina, le millet est

l’aliment de base, car l’eau fait le plus sou-

vent défaut pour cultiver du riz. Le riz plu-

vial constitue une exception: il pousse en

terrain sec, se contentant de l’eau des

pluies. Pascaline est fière de son champ.

La jeune femme de 29 ans et les cinq

membres de sa famille vivent à Nomgana,

un village sis à 45 kilomètres de la capita-

le Ouagadougou. Elle a dû quitter l’école

au bout de deux ans, car ses parents

n’avaient pas les moyens de payer sa sco-

larisation. «A 13 ans, grâce au cours

d’alphabétisation de l’Association Maneg-

dbzanga, j’ai enfin appris à lire et à écrire.

Il y a quelques années, j’ai aussi pu suivre

une formation en culture maraîchère», ra-

conte-t-elle. «Au début, ça a été dur. J’ai

semé des oignons, mais la récolte fut

mauvaise.» En optant pour le riz pluvial,

elle a fait le bon choix. Sa première récol-

te fut si abondante qu’elle a pu s’acheter

un vélo avec l’argent gagné. «A présent,

les trajets sont plus faciles et je me rends

rapidement de la maison au champ et au

marché», se réjouit Pascaline Zomodo. La

situation financière

de sa famille ayant

évolué, ses deux aî-

nés peuvent aller à

l’école: «Je ne vou-

drais pas que mes

enfants restent aus-

si ignorants que

moi!»

Le succès par la formationIdrissa Ouedraogo, 46 ans, a aussi bé-

néficié de l’appui de Manegdbzanga, dont

on ne devient membre que si l’on est prêt

à apprendre à lire et à écrire. Après avoir

travaillé pendant des années comme

chauffeur de poids lourds, Idrissa a déci-

dé, il y a cinq ans, de retourner vivre dans

son village natal, Nabigtenga, à quelque

50 kilomètres de Ouagadougou. Illettré, il

n’a cependant pas trouvé de travail. En

2007, après avoir suivi un cours

d’alphabétisation, il a reçu deux coqs et

vingt poules de l’association Maneg-

dbdzanga et s’est lancé avec enthousias-

me dans l’élevage.

Pour rejoindre la ferme d’Idrissa Oued-

raogo, il faut emprunter une route pous-

siéreuse creusée de nids-de-poule. Les

vingt-cinq membres de sa famille vivent

ici dans plusieurs cases en bois. «J’ai eu

tant de succès avec l’élevage de poules

que j’élève désormais aussi des moutons,

des bœufs et des chèvres», explique-t-il.

«Tout cela, je le dois à l’aide initiale de

«Je veux que mes enfants en apprennent plus que moi!»Au Burkina Faso, l’OSEO permet aux pauvres de suivre des cours d’alphabétisation et de formation en agriculture pour qu’ils puissent améliorer leurs conditions de vie. Texte et photos: Rosanna Clarelli

«Le revenu de mon mari ne suffisait pas à nourrir la famille. Mes six enfants mouraient de faim.»

Claire Quedraogo reçoit des commandes de légumes sur son portable.

Page 15: Solidarité 1/2011

Manegdbzanga.» Tout n’a pourtant pas

toujours été rose, puisqu’une maladie a

pratiquement décimé toutes ses poules il

y a deux ans. Refusant de baisser les bras,

Idrissa Ouedraogo a tenu bon. Au-

jourd’hui, il fait figure d’exemple dans le

village et transmet son savoir à ses voi-

sins.

La téléphonie mobile pour livrer à la capitale

A Ipelcé, le marché a lieu trois fois par

semaine. C’est le lieu de rencontre des ha-

meaux environnants: des cinémas (tentes

obscurcies alimentées par une génératri-

ce) projettent des matchs de la Ligue des

Champions ou des films de kung-fu, plus

d’une centaine de stands proposent des

légumes de la région et des marchandises

d’Inde et de Chine, on peut recharger son

portable et se sustenter auprès des stands

de boissons et des cuisines ambulantes.

C’est ici que Claire Quedraogo vend, sur

un étal artistement arrangé, les tomates,

La formation contre la pauvretéAu Burkina Faso, près de 80% des habitants vivent à la campagne et la misère est leur lot quotidien. Les partenaires de l’OSEO, l’association Manegdbzanga et l’association pour le développement du département d’ipelcé, organisent des cours d’alpha - bétisation et des ateliers pour amé-liorer les méthodes appliquées dans l’agriculture et l’élevage. Grâce à la formation et à une aide initiale, les pay-sannes et les paysans sont à même d’améliorer durablement leur situation. www.oseo.ch/burkinafaso

les aubergines, les courgettes, les poi-

vrons et les choux de son jardin.

Il n’en a pas toujours été ainsi. «Le re-

venu de mon mari ne suffisait pas à nour-

rir la famille. Mes six enfants mouraient

de faim», se souvient-elle. L’Association

pour le développement du département

d’Ipelcé, un groupement paysan, lui a

fourni des semences et lui a permis de

suivre des cours. Les légumes qu’elle cul-

tive à présent assurent non seulement une

nourriture équilibrée à sa famille, mais

elle peut aussi en vendre une partie au

marché. Plutôt sceptique au départ, son

mari est aujourd’hui fier de ce succès. De-

puis un an, Claire Quedraogo possède

aussi un portable. Ipelcé ne se trouvant

qu’à une heure de route (goudronnée) de

la capitale, elle peut ainsi livrer ses pro-

duits à Ouagadougou: «Je reçois des com-

mandes de restaurants par téléphone.» La

productrice ne compte d’ailleurs pas en

rester là. Elle entend quadrupler sa pro-

duction de légumes et assurer un avenir

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meilleur à ses enfants: «Je veux que mes

enfants en apprennent plus que moi!»

une formation continue a permis à Idrissa Ouedraogo d’élever du bétail et à Pascaline Zomodo de cultiver du riz qui pousse en terrain sec.

Page 16: Solidarité 1/2011

Droits humains – un mot inconnu à la FIFA

Le 2 décembre 2010, la FIFA a attribué les Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Deux pays dans lesquels la situation des droits humains est absolument catastrophique. Le gouvernement russe adopte un style de gouvernement de plus en plus autori-taire: la liberté d’expression est forte-ment réprimée, la violence contre les membres des syndicats et les personnes qui défendent les droits humains est fréquente. Au Qatar, les femmes sont considérées comme des êtres humains de deuxième catégorie. Elles sont discriminées sur le plan légal et ne bénéficient pratiquement d’aucune protection contre la violence domesti-que. L’homosexualité y est punissable pénalement, les syndicats libres inexis-tants. On trouvera plus de renseigne-ments quant aux droits humains et du travail dans ces deux pays sur: www.oseo.ch/fifaSi la FIFA souhaite que des Coupes du Monde se déroulent dans ces États, elle doit s’engager sur place en faveur d’une véritable amélioration sur le plan des droits humains. L’OSEO fera tout afin que la FIFA prenne enfin ses responsabi-lités.

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Défendre le personnel de maison en Afrique du Sud

Le syndicat sud-africain du personnel de maison (SADSAWU) éveille l’attention de l’opinion publique avec une campa-gne sur les droits des employé-e-s de maison. En Afrique du Sud, ces derniers sont parmi les employé-e-s les plus mal payés et les moins protégés juridique-ment. Leur degré d’organisation syndicale est faible. Il s’agit pour la plupart de femmes en situation précaire, gagnant leur vie dans des conditions tout aussi précaires.En juin 2011, l’Organisation internatio-nale du travail (OIT) établira une convention afin d’améliorer la protection sociale et juridique du personnel de maison. Ensuite, cette dernière devra être ratifiée par les différents pays. Le SADSAWU veut profiter de l’occasion pour renforcer les structures d’organisation et améliorer les condi-tions de travail de ces domestic workers. www.oseo.ch/afriquedusud

Aide d’urgence aux victimes du tsunami à Sumatra

Fin octobre, l’archipel des Mentawai, au sud-ouest de Sumatra, a été inondé suite à un tsunami. On y déplore 450 morts et beaucoup de personnes blessées. L’OSEO a aidé les villages de Purourougat, Muntei Besar et Maonei, entièrement détruits pas la vague mortelle, en leur fournissant des biens de première nécessité: denrées alimen-taires et eau potable. La mer agitée et le déferlement des vagues ont d’abord posé d’énormes problèmes à l’acheminement de l’aide aux personnes frappées par la catastrophe. Presque tous les bateaux de pêche avaient été détruits; il n’y avait plus de ponton d’accostage et des villages entiers avaient simplement disparu. Juste après la catastrophe, le village de Maonai n’était plus atteignable qu’à la nage. L’OSEO a distribué des articles de ménage et d’hygiène comme des casseroles, des assiettes, du savon et de la poudre à lessive.

Engagement pour les droits du travail en Chine

Beaucoup de pierres taillées et polies qui décorent nos bijoux viennent de Chine. Elles y sont souvent produites dans des conditions de travail épouvantables: salaires de misère, graves périls pour la santé et quasi-absence de prestations sociales. Un grand nombre de travailleurs et travailleuses sont atteints de silicose, car ils ne reçoivent aucun masque de protection. L’organisation Labour Action China s’engage pour une amélioration de leurs conditions de travail. Ainsi, les employé-e-s qui ont contracté la silicose ont déjà obtenu le versement d’une compensation financière. Depuis septembre 2010, l’OSEO, ainsi que le syndicat UNIA, soutiennent Labour Action China dans le conseil juridique et l’organisation des personnes travaillant dans la province de Gouangdon, dans le sud de la Chine.

Page 17: Solidarité 1/2011

Quand je ne serai plus là …

Quand je ne serai plus là, je donnerai aux enfants du Burikina Faso la possibilité d’avoir une bonne formation pour qu’ils aient de meilleures chances dans la vie.

désirez-vous savoir pourquoi il vaut la peine de rédiger un testament ou des renseignements sur des points importants? Vous pouvez commander nos notices ou nous appeler!

Nos notices (que vous pouvez commander au moyen du coupon réponse ci-joint) contiennent desinformations détaillées sur les testaments; vous pouvez également consulter notre site www.oseo.ch/testament ou prendre contact avec notre collaboratrice Frances trezevant au 021 601 21 61 ou [email protected]

J’ai couché l’OSEO sur mon

testament, je sais qu’elle fera

bon usage de cet argent.

Page 18: Solidarité 1/2011

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«Se remettre debout»David Valère travaille comme formateur à l’OSEO Genève. Ce comédien s’emploie à redonner confiance à des personnes cassées par la vie. Texte: Alexandre Mariéthoz. Photo: Robert Hofer

«J’ai longtemps éprouvé une certaine ran-

cœur contre les personnes engagées dans

le social. Pour moi, il fallait surtout comp-

ter sur soi-même. J’ai réalisé plus tard à

quel point cette vision est caricaturale.»

David Valère travaille à l’OSEO Genève,

dans le cadre du programme ParcourS

(voir encadré). Ce comédien très dyna-

mique y enseigne l’expression orale. Il

n’aurait pourtant jamais imaginé, il y a

quelques années, exercer un jour le mé-

tier de formateur dans le domaine social.

Retour sur un parcours singulier.

Trop grand décalageDavid Valère est né à Lille, en mai

1968, dans un milieu ouvrier. Dix ans plus

tard, il s’installe avec sa mère à Genève. Il

obtient sa maturité en 1988, puis enchaîne

les petits boulots. En 1992, il est engagé

comme responsable back-office chez un

gestionnaire de fortune. «A ce moment-là,

j’avais envie de gagner de l’argent. Je me

disais que le fric rend indépendant.»

Trois ans plus tard, il entame une école

de théâtre. Le décalage devient alors trop

grand entre son travail et sa vision du

monde. «Le matin, à l’école de théâtre, je

vivais dans un monde fait de réflexion et

de questionnements. L’après-midi, je tra-

vaillais dans un environnement purement

financier. Et le soir, je lisais des écrits cri-

tiques sur le capitalisme.»

En 1999, David Valère quitte son em-

ploi pour se consacrer exclusivement au

théâtre. Il alterne pièces de théâtre, petits

boulots et périodes de chômage.

Exploiter ses ressourcesEn septembre 2008, nouveau tournant

professionnel. David Valère est viré d’une

pièce de théâtre. «J’ai alors fait un bilan de

compétences, qui a révélé de grandes

aptitudes sociales et pédagogiques.» Peu

après, il apprend que l’OSEO cherche un

comédien pour dispenser un cours. Il

envoie son dossier et est engagé comme

formateur dès mars 2009.

La plupart des participant-e-s au pro-

gramme ParcourS sont peu qualifiés et

d’origine étrangère. «Ils ont souvent été

cassés par la vie, en particulier celles et

ceux qui ont connu la guerre.» David Va-

lère s’emploie à leur redonner confiance

en eux. «Je témoigne d’une grande empa-

thie à leur égard. Cela dit, je ne suis pas là

pour pleurer sur leur sort. Mon rôle

consiste à les aider

à exploiter leurs

propres ressources

pour se relever.»

David Valère accor-

de une grande im-

portance à l’expres-

sion corporelle. Il

intervient fréquemment auprès de ses élè-

ves pour corriger certaines attitudes et

leur apprendre à dégager davantage d’as-

surance.

Parallèlement à son travail à l’OSEO,

David Valère a produit «Un Homme de-

bout». Inspiré d’un poème d’Aimé Césaire,

ce spectacle évoque la trajectoire de Cypa-

ris, un homme martiniquais qui rêve d’un

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Favoriser l’insertion professionnelleLe programme ParcourS de l’OSEO Genève est destiné à un public non francophone faiblement qualifié ou dont les qualifications ne sont pas reconnues en Suisse. il vise à favo-riser une insertion professionnelle à long terme. Le cours dure trois mois, avec possibilité de renouvellement. www.oseo-ge.ch

monde meilleur. Ce descendant d’esclave

appelle son peuple à se redresser et à se

libérer de l’oppression.

Une vision du monde nuancéeDavid Valère est papa de deux jeunes

enfants. Il se sent pleinement épanoui

dans sa vie privée et professionnelle. «A

l’OSEO et dans mes autres activités, je fais

plus de bien qu’en regardant les cours de

la Bourse monter ou descendre.» David

Valère refuse cependant de parler de con-

version lorsqu’il évoque son passage, pro-

gressif, de la gestion de fortune à l’OSEO.

«Mon parcours de vie chaotique, fait de

maturations lentes, m’a doté d’une vision

riche et nuancée du monde. J’ai côtoyé

différents univers. Toutes ces expériences

ont fait de moi un homme debout, en

harmonie avec lui-même.» A l’instar de

Cyparis.

«L’après-midi, je travaillais dans un environ-

nement purement financier.»

Page 19: Solidarité 1/2011

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un parcours chaotique: David Valère est passé de la gestion de fortune à un emploi de formateur à l’OSEO Genève.

Page 20: Solidarité 1/2011

www.oseo.ch

«Auparavant, nous remarquions les inondations une fois que l’eau avait envahi les maisons.»Au Salvador, des systèmes d’alarme aident la population à se protéger.