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L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement Situation et stratégies de développement de l’élevage caprin laitier dans la région Tanger - Tétouan Joute J. 1 1 Direction Régionale de l’Agriculture Tanger - Tétouan (Maroc) Résumé. L’élevage caprin occupe une place de choix au niveau de la région Tanger- Tétouan avec l’exploitation d’un effectif de 788.000 têtes, soit 43% du cheptel des ruminants de la région et 15% du cheptel caprin national. Cet élevage joue un rôle socio-économique important et contribue à la valorisation des espaces sylvo-pastoraux et à l’emploi de la main d’œuvre en milieu rural ainsi qu’à la couverture des besoins en protéines animales d’une large population des zones de montagnes. Cette région est pionnière au niveau national dans le développement de l’orientation laitière de l’élevage caprin. Ce secteur a connu un essor important depuis le début des années 90 grâce aux différents projets mis en place par les autorités publiques. Actuellement, l’effectif caprin laitier représente approximativement 30.000 têtes dont 7.000 têtes encadrées (3.000 chèvres). En matière de valorisation du lait de chèvres, la région compte actuellement une fromagerie semi-industrielle de capacité de 360 tonnes/an et 4 fromageries fermières de capacité totale de 35 T/an. A l’horizon 2020, ce secteur connaîtra une mutation profonde grâce aux projets de développement qui seront mis en place dans le cadre du Plan Maroc Vert. Les principaux objectifs pour le développement de la filière caprine lait sont : l’augmentation du nombre de femelles reproductrices encadrées de 3.000 à 15.000 respectivement en 2010 et 2020 ; l’augmentation de la production laitière par UZ de 120 à 300 litres ; l’augmentation du volume total du lait produit par les élevages encadrés de 500.000 litres actuellement à 5.273.000 litres à l’horizon 2020. Ce plan vise le développement de l’agrégation sociale avec l’ANOC et les organisations professionnelles potentielles pour la relance du secteur de l’élevage caprin au niveau de la région Tanger-Tétouan à travers : l’incitation et le soutien à l’organisation professionnelle ; le renforcement de l’encadrement technique des groupements d’éleveurs ; la protection de l’environnement et l’amélioration des ressources alimentaires ; la mise en place d’un programme de sélection de la chèvre locale et la création d’un centre d’insémination artificielle ; la diversification de la gamme des produits caprins laitiers, la valorisation et l’amélioration de la qualité et la labellisation de ces produits ; la mise en œuvre d’un programme de recherche et développement adapté à l’élevage caprin dans le Nord du Maroc. Mots clés : Stratégie, développement, caprin, lait, Tanger, Tétouan. 23

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  • L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développementL’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement

    Situation et stratégies de développement de l’élevage

    caprin laitier dans la région Tanger - Tétouan

    Joute J.1

    1Direction Régionale de l’Agriculture Tanger - Tétouan (Maroc)

    Résumé. L’élevage caprin occupe une place de choix au niveau de la région Tanger-

    Tétouan avec l’exploitation d’un effectif de 788.000 têtes, soit 43% du cheptel des ruminants de la région et 15% du cheptel caprin national. Cet élevage joue un rôle socio-économique

    important et contribue à la valorisation des espaces sylvo-pastoraux et à l’emploi de la main

    d’œuvre en milieu rural ainsi qu’à la couverture des besoins en protéines animales d’une

    large population des zones de montagnes.

    Cette région est pionnière au niveau national dans le développement de l’orientation laitière

    de l’élevage caprin. Ce secteur a connu un essor important depuis le début des années 90

    grâce aux différents projets mis en place par les autorités publiques. Actuellement, l’effectif caprin laitier représente approximativement 30.000 têtes dont 7.000 têtes encadrées (3.000

    chèvres).

    En matière de valorisation du lait de chèvres, la région compte actuellement une fromagerie semi-industrielle de capacité de 360 tonnes/an et 4 fromageries fermières de capacité totale

    de 35 T/an. A l’horizon 2020, ce secteur connaîtra une mutation profonde grâce aux projets

    de développement qui seront mis en place dans le cadre du Plan Maroc Vert. Les principaux

    objectifs pour le développement de la filière caprine lait sont :

    • l’augmentation du nombre de femelles reproductrices encadrées de 3.000 à 15.000 respectivement en 2010 et 2020 ;

    • l’augmentation de la production laitière par UZ de 120 à 300 litres ; • l’augmentation du volume total du lait produit par les élevages encadrés de 500.000

    litres actuellement à 5.273.000 litres à l’horizon 2020.

    Ce plan vise le développement de l’agrégation sociale avec l’ANOC et les organisations professionnelles potentielles pour la relance du secteur de l’élevage caprin au niveau de la

    région Tanger-Tétouan à travers :

    • l’incitation et le soutien à l’organisation professionnelle ; • le renforcement de l’encadrement technique des groupements d’éleveurs ; • la protection de l’environnement et l’amélioration des ressources alimentaires ; • la mise en place d’un programme de sélection de la chèvre locale et la création d’un

    centre d’insémination artificielle ;

    • la diversification de la gamme des produits caprins laitiers, la valorisation et l’amélioration de la qualité et la labellisation de ces produits ;

    • la mise en œuvre d’un programme de recherche et développement adapté à l’élevage caprin dans le Nord du Maroc.

    Mots clés : Stratégie, développement, caprin, lait, Tanger, Tétouan.

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  • ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

    I- Contexte

    L’élevage joue un rôle économique essentiel dans la région Tanger-Tétouan, du fait de son potentiel agro-climatique en ressources fourragères. L’élevage caprin est le plus exploité dans la montagne alors que l’élevage bovin domine dans les plaines de Loukkos et du Tangérois. Cependant les conditions du relief, d’isolement, de micropropriété, de morcellement et de large couverture forestière ne peuvent favoriser que localement un élevage caprin intensif.

    Le troupeau caprin de la région Tanger- Tétouan compte environ 788.900 têtes, soit 43% du cheptel des ruminants de la région et 15% du cheptel caprin national. Cet élevage joue un rôle socio-économique important et contribue en large mesure à la formation du revenu et à la couverture des besoins en protéines animales d’une large population des zones de montagnes.

    Cette importance socioéconomique, l’aptitude laitière des caprins locaux et le savoir-faire de la population rurale locale en matière de production et de valorisation du lait de chèvre ont motivé la mise en œuvre d’un programme de développement de l’élevage caprin qui vise l’émergence d’une filière laitière caprine compétitive et permettant l’amélioration des revenus des producteurs. Pour atteindre cet objectif, plusieurs mesures ont été mises en place :

    • La diffusion des races exotique, notamment l’Alpine et Murciana Granadina, par la distribution des reproducteurs des deux races et l’insémination artificielle;

    • La promotion de la mise en place de l’infrastructure pour la valorisation et la transformation du lait de chèvre ; actuellement la région dispose de 6 fromageries fermières et une semi- industrielle;

    • Le développement d’organisations professionnelles : 4 groupements de l’Association Nationale Ovine et Caprine et des associations professionnelles régionales ont été créés ;

    • L’Organisation des foires et concours régionaux : 9 foires caprines ont été organisées depuis 1991.

    Cependant, ces mesures n’ont pas eu les résultats escomptés, la filière laitière peine à se mettre en place et l’élevage caprin dans la région demeure largement un élevage de subsistance dont l’objectif principal est la production de viande. Ainsi deux systèmes de production se côtoient dans la région, des élevages à production de lait et de viande, qui restent minoritaires, et des élevages à production de viande qui dominent le secteur.

    Ainsi, dans le cadre du Plan Maroc Vert, la mise en œuvre d’un programme de développement de la filière caprine laitière dans le Nord du Maroc s’avère prioritaire. A cet effet les enseignements sont tirés des succès mais aussi des échecs qu’ont connu les programmes de développement mis en œuvre auparavant. Le but étant d’élaborer et de mettre en œuvre des projets de développement répondant aux besoins spécifiques du secteur et aux attentes des producteurs et aux quels contribueront l’ensemble des intervenants dont les organismes de développement, de recherche et les associations de producteurs.

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    II- Situation actuelle de l’élevage caprin

    1. Effectifs et répartition

    Le cheptel caprin dans la région est estimé à 788.000 têtes, soit 43% du cheptel des ruminants de la région (Bovins, ovins et caprins). Ce pourcentage est nettement plus élevé dans les régions de montagne puisqu’il atteint 80% dans les provinces de Chefchaouen et Tétouan. Alors que, les ovins, bovins et équins sont surtout présents dans les régions de Tanger et de Larache où les conditions du milieu favorisent une activité agricole plus ou moins intense.

    La présence d’une végétation naturelle abondante sur des terrains accidentés, combinée avec des exploitations agricoles de faibles tailles, est de nature à privilégier l’élevage extensif des caprins dans la région et plus particulièrement dans les zones de montagnes.

    Tableau 1. Effectif du cheptel caprin par province

    Province Chefchaouen Tétouan Larache Tanger Ouezzane

    Effectif (en têtes) 381.700 235.800 134.000 26.400 11.000

    Taux (%) 48 30 18 3 1

    Il est à noter que la taille moyenne des troupeaux est faible, plus de 80% des élevages ont moins de 20 têtes et se concentrent dans des exploitations enclavées, de taille inférieure à 5 ha. 2. Population et races La population caprine de la région est très hétérogène mais largement dominée par le type local du Nord à potentiel laitier et adaptée aux conditions locales du milieu et plus à même de valoriser les milieux difficiles d’accès et les parcours forestiers.

    Il faut aussi mentionner l’introduction depuis la fin des années 90, de races exotiques laitières notamment l’Alpine et la Murciana Granadina. Cette introduction a été opérée principalement par la rétrocession des reproducteurs mâles et femelles aux éleveurs mais aussi via l’insémination artificielle.

    3. Systèmes de production

    Deux types d’élevage caprin se côtoient dans le Nord du Maroc : • des élevages à production de viande qui dominent largement le secteur. Ces

    élevages sont basés uniquement sur les ressources forestières et se localisent dans les zones les plus enclavées de la région. Les troupeaux passent toute l'année sur les parcours forestiers et aucune supplémentation n'est apportée même dans les périodes de faible productivité des parcours ou des besoins élevés des animaux. Aucune gestion de la reproduction n'est appliquée. Mâles et femelles, jeunes et adultes, évoluent ensemble toute l'année et les saillies sont incontrôlées. Les ventes sont dictées par les besoins du ménage ou de l'exploitation, les réformes et les renouvellements des reproducteurs ne sont pas raisonnés en fonction des performances individuelles ;

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    • des élevages à production de viande et de lait basés sur les ressources forestières et les ressources de l'exploitation qui se localisent dans des zones relativement accessibles. L'objectif de production est double : lait et viande, mais le lait est généralement autoconsommé, de par l’insuffisance des structures de valorisation de la production. On relève dans plusieurs exploitations un savoir-faire artisanal en matière de fabrication du fromage, qui relève généralement de la compétence des femmes. Cette production artisanale trouve son débouché dans les souks hebdomadaires ou au bord des routes. L'alimentation des troupeaux caprins alterne l'utilisation des ressources forestières avec l'utilisation des ressources d'exploitation pendant les périodes de faible production des parcours. Parmi les ressources de l'exploitation, on cite le déprimage de l'orge, la jachère, les résidus du maïs et du sorgho, la paille des céréales et parfois même des cultures fourragères dont le bersim, l'orge et l'avoine. La gestion planifiée de la reproduction n'est pas pratiquée, les luttes sont incontrôlées et la sélection sur la base des performances individuelles n’est pas pratiquée systématiquement.

    4. Forces et faiblesses de l’élevage caprin dans le Nord du Maroc

    Malgré les efforts déployés, le niveau de production des élevages par UZ reste faible et varie de 9 kg de viande et 45 kg lait /chèvre/an dans le système à production de viande à 12 kg de viande et 150 kg lait dans les élevages à production mixte. Cette situation est la résultante de plusieurs contraintes dont :

    • une organisation professionnelle peu développée ;

    • des structures d’encadrement insuffisantes pour couvrir les besoins du secteur ;

    • une conduite technique des élevages (en matière de nutrition, reproduction, sélection et de santé) traditionnelle ne garantissant qu’un faible niveau de production des élevages;

    • l’absence d’un programme d’amélioration génétique permettant la préservation et l’amélioration des caprins locaux ;

    • une production laitière caprine saisonnière et peu diversifiée ;

    • l’insuffisance des structures de collecte et de valorisation du lait de chèvre ;

    • la sous-estimation des problèmes de commercialisation ;

    • la non valorisation des spécificités régionales par la production de produits de terroir à haute valeur ajoutée.

    Cependant, l’élevage caprin dans la région présente des atouts indéniables qu’il faudrait valoriser afin d’assurer le développement du secteur. Parmi ces atouts, nous citons :

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    • des populations caprines rustiques, adaptées aux conditions topographiques et bioclimatiques du milieu et à aptitude laitière manifeste ;

    • une pluviométrie annuelle importante, permettant ainsi une disponibilité fourragère au niveau des parcours sylvo-pastoraux constituant une ration de base gratuite et garantissant une spécificité régionale à même de doter les produits caprins aussi bien en viande qu’en lait d’une valeur ajoutée élevée ;

    • une main d’œuvre disponible, souvent familiale, dont la femme joue un rôle indéniable ;

    • des produits caprins très appréciés par la population de la région du Nord et qui commencent à percer dans les autres régions du pays;

    • la présence de plusieurs structures d’appui dont des organismes de développement (les DPA de Chefchaouen, Tanger et Tétouan et l’ORMVAL) de recherche (Centre Régional de la recherche Agronomique de Tanger), l’unité Ajbane de production de fromage de chèvre et la ferme caprine de Bellota.

    • la présence de l’ANOC, organisation professionnelle favorisant l’organisation et l’encadrement des éleveurs.

    III- Principales actions réalisées pour le développement de l'élevage caprin dans la région du Nord: interventions – réalisations

    Il est important de signaler que les programmes et projets de développement de l’élevage caprin, en l’occurrence l’élevage caprin laitier n’ont été entamés qu’à partir de 1990. Ainsi, plusieurs actions ont été réalisées dans le cadre de l’assistance technique et financière de l’Etat, des organismes de coopération de pays européens ou d’ONG de tout ordre.

    1. Amélioration pastorale

    Cette action a concerné essentiellement les plantations d'acacia et de prairies permanentes sur une superficie de 1000 ha au niveau des provinces de Chefchaouen et Larache et ce dans le cadre du projet Haut Loukkos. Seuls quelques périmètres plantés à base d’acacia continue à être exploitées.

    2. Construction et aménagement de chèvreries

    Peu d’éleveurs investissent pour la construction de chèvreries modernes dans la région. En effet, les chèvreries construites ou aménagées ont été réalisés principalement dans la région de Chefchaouen dans le cadre du projet ADRAI/ l’ANOC (1992-1996) et des projets pour la promotion de cultures alternatives dans le Rif (2002-2004). Le tableau 2 présente les différentes unités construites ou aménagées ainsi que leur nombre au niveau de la région.

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    Tableau 2. Types de Chèvreries et leur nombre au niveau de la région

    Types de Chèvrerie Nombre Localisation

    Station caprine de Bellota (étatique) 1 Chefchaouen

    Station expérimentale caprine (étatique) 1 CRRA de Tanger

    Chèvreries collectives 2 Coopérative féminine Lahjr à Chaouen

    Association Chefchaouen d'éleveurs caprin (ACEC)

    Fermes de multiplications privées 1 Tétouan

    Chèvreries privées nouvelles ou aménagées 19

    12 à Chefchaouen

    5 à Tétouan

    2 à Tanger

    3. Amélioration génétique

    Dans le but d’améliorer le potentiel génétique des troupeaux caprins au niveau de la région, le MADRPM a opté depuis la fin des années 90 pour l'importation et la diffusion auprès des éleveurs des reproducteurs des races exotiques laitières. Cette voie a été complétée en partie depuis l’année 2000 par la technique de l’insémination artificielle. Il est à signaler que les reproducteurs ont été distribués dans le cadre de projets de développement appuyés par l’Etat dont la contribution des bénéficiaires est de d’ordre de 10% de leurs valeurs. Cependant, nous soulignons l’impact limité qu’ont eu ces actions sur le secteur. Ce résultat est attribué notamment aux manques de mesures parallèles pour le renforcement de l’encadrement technique et sanitaire des élevages bénéficiaires.

    4. Infrastructures pour la valorisation et la transformation de lait de chèvre

    A partir de 1992, une unité de valorisation du lait de chèvre a été créée par la Direction de l’Elevage, dans le cadre de plusieurs programmes de coopération avec la FAO, la Coopération Française et le PAM; elle a commencé ses activités en 1994. Au début, sa gestion a été assurée par une coopérative, avec l’appui de la DPA de Chefchaouen jusqu’au mois de mai 1999, date à laquelle elle a été confiée à l’ANOC dans le cadre d’un contrat de gestion.

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    La fromagerie a pour objectifs la valorisation collective du lait de chèvre et la formation et diffusion du savoir-faire technique en matière de valorisation du lait de chèvre, en particulier la fabrication de fromages. Une cinquantaine d’élevages caprins laitiers (50) livrent la totalité de leurs productions à l’unité. La quantité de lait, annuellement collectée et transformée, est de 100 tonnes. Elle a atteint les 240 tonnes en 2010. L’unité produit 2 types de fromages : le fromage de type lactique frais (80%) et le Fromage affiné de type pâte pressée non cuite et demi cuite (20%). En parallèle, 5 fromageries fermières ont été mises en place au niveau de la région, dans le cadre des projets de développement. Ces unités ont été implantées et encadrées par l'ANOC dans le cadre de projets de coopération et de partenariats avec les organismes nationaux (ORMVAL du Loukoss) et étrangers (coopération française, programme MEDA).

    Tableau 3. Equipement et infrastructures de valorisation de lait de chèvre

    Type d'unité Nombre Localisation

    Unité de transformation collective ‘Ajbane Chefchaouen’ 1 Chefchaouen

    Fromageries fermières 5 2 à Tétouan 1 à Chefchaouen 2 à Larache

    Salles de traite mécanisées 2 1 à Tétouan 1 à Chefchaouen

    5. Actions organisationnelles

    Malgré les efforts déployés par les services extérieurs du Ministère, d'une part et ceux de l'Association Nationale Ovine et Caprine (ANOC) d'autre part, pour l'organisation des éleveurs caprins, celle-ci reste encore limitée au niveau de la zone (Tableau 4).

    Tableau 4. Organisations des éleveurs caprins par zone d'action

    Organisation d'éleveurs

    Nombre Zone d'action Nombre

    d’adhérents

    Coopérative 4 2 à Chefchaouen 2 à Larache

    14 136

    Association 6

    1 à Tétouan 1 à Chefchaouen 4 à Tanger

    40 12 65

    Groupements (ANOC) 4

    1 à Chefchaouen 1 à Ouezzane 1 à Tétouan, 1 à Larache

    45 45 40 90

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    6. Actions sanitaires

    Les interventions sanitaires dans la région ont concerné particulièrement la vaccination contre les entérotoxémies et les traitements antiparasitaires (réalisées en grande partie par l’ANOC chez ses adhérents ou dans le cadre de projets de partenariat conclu avec cette association). Le nombre d'éleveurs touchés est en moyenne de 500 éleveurs, soit 20.000 têtes environ.

    7. Actions de recherche

    Le Centre Régional de la Recherche Agronomique de Tanger (relevant de l’Institut National de la Recherche Agronomique), dispose d’une Unité de Recherche en productions animales dont l’agenda de recherche est consacré à l’élevage caprin dans le Nord du Maroc. Cette Unité de Recherche compte une équipe de chercheurs multidisciplinaire qui s’appuie sur des laboratoires spécialisés et sur une chèvrerie expérimentale pour mener un programme de recherche concerté avec les différents acteurs en élevage caprin dans la région. Jusqu’alors sporadiques et sans continuité dans le temps, les recherches sur l’élevage caprin au Nord du Maroc n’ont pas eu un impact notable sur le développement du secteur. Néanmoins, par son caractère participatif et multidisciplinaire, le projet mené en 2005-2008 par le CRRA de Tanger a permis l’élaboration d’un paquet technologique adapté aux besoins de l’élevage caprin de la région. Les résultats obtenus ne manqueront pas de dynamiser ce secteur et de contribuer à l’émergence de la filière laitière, option stratégique retenue par le Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et des Pêches Maritimes pour le développement de l’élevage caprin dans la région.

    Brièvement :

    • le potentiel de production laitier des chèvres locales, mis en évidence par des études, indique que l’utilisation de notre patrimoine génétique local dans le développement de la filière caprine laitière représente une réelle alternative à l’introduction de la génétique exotique ;

    • les études sur la physiologie de la reproduction permet dés lors de proposer aux éleveurs une conduite de la reproduction adaptée aux spécificités de la région (pluviométrie, variation des prix…) et des caprins locaux ;

    • l’étude sur la gestation des chèvres locales a permis de montrer la teneur plasmatique en protéines associées à la gestation représente un outil efficace pour le diagnostic précoce de la gestation et pour la discrimination entre la taille de la portée ;

    • les résultats préliminaires sur la diversification de l’offre alimentaire des troupeaux caprins ne manqueront, à terme, d’améliorer le profil alimentaire des troupeaux ;

    • les résultats en termes de valorisation du lait de chèvre ont mis en évidence l’urgence de proposer des procédés de fabrication de fromage alternatif pour améliorer la qualité organoleptique et surtout hygiénique du fromage de chèvre produit dans la région.

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    8. Foires et concours

    Dans le cadre de l’appui au développement de l’élevage caprin dans la région Nord, la DPA de Chefchaouen, en partenariat avec la Direction d’Elevage a organisé depuis 1991, 10 éditions de la Foire Régionale Caprine de Chefchaouen. Cette manifestation se veut une plateforme d’échange et de concertation autour de la promotion de la filière caprine, à laquelle participent les différents intervenants dans le secteur (établissements publics, organisations professionnelles, éleveurs, opérateurs privés et des ONG…).

    III- Plan d’action pour le développement de l’élevage caprin

    Il est clair que du fait de son importance socio-économique dans le Nord du Maroc, la mise en place d’un programme de développement durable de la filière caprine laitière en semi extensif dans cette région s’avère prioritaire. Ce programme s’inscrit dans le cadre du pilier II du Plan Maroc Vert, il aura pour objectif l’émergence d’une filière caprine laitière performante garantissant l’amélioration des revenus des producteurs.

    Les produits de l’élevage caprin laitier permettent une forte valeur ajoutée et font appel à des technologies simples et peu onéreuses. L’élevage caprin et son développement peut aider au désenclavement de cette région. Les activités et les mécanismes qui participent à son développement sont complexes et touchent à plusieurs aspects. Au niveau filière, cela va de l’augmentation des ressources fourragères à l’amélioration génétique mais aussi la qualité du produit et sa commercialisation. Au niveau terroir, cela passe par la formation des éleveurs, leur capacité à s’organiser, à se mobiliser et à devenir des professionnels. La région dispose de trois principales structures d’appui pour le développement du secteur dans la région à savoir le centre technique d’élevage caprin de Bellota et la fromagerie « Ajban Chefchaouen » géré s par l’ANOC depuis 1999 et le Centre Régional de la Recherche Agronomique de Tanger.

    1. Objectifs globaux

    A l’horizon de l’année 2020, le secteur caprin laitier connaîtra une mutation profonde grâce aux projets de développement qui seront mis en place dans le cadre du plan Maroc Vert. Les principaux objectifs du PAR pour le développement de la filière caprine lait sont :

    • l’augmentation du nombre de femelles reproductrices encadrées de 3000 à 16.000 entre 2010 et 2020 ;

    • l’augmentation de la production laitière par UZ de 120 à 300 litres ;

    • l’augmentation du volume total du lait produit par les élevages encadrés de 500.000 litres actuellement à 5.273.000 litres à l’horizon 2020.

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    Les graphiques suivants illustrent les objectifs de production d’ici 2020

    Aussi, les graphiques ci-dessous montrent bien les Objectifs de valorisation de lait de lait chèvres ainsi que les indicateurs économiques d’ici 2020 :

    2. Axes de développement de la filière caprine lait

    Le programme de développement d’élevage caprin laitier s’articule autour de 7 axes à savoir :

    • l’incitation et soutien à l’organisation professionnelle ; • le renforcement de l’encadrement technique des groupements d’éleveurs ; • la protection de l’environnement et amélioration et diversification des ressources alimentaires; • la mise en place d’un programme de sélection et création d’un centre régional d’insémination artificielle; • la diversification de la gamme des produits caprins laitiers, valorisation et amélioration de la qualité, et labellisation de ces produits ; • la mise à niveau du centre technique d’élevage caprin de Bellota ; • la mise en œuvre d’un programme de recherche adapté à l’élevage caprin dans le Nord du Maroc et valorisation des acquis.

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    3. Projets de développement de la filière caprine

    Pour l’atteinte des objectifs du Plan Agricole Régional pour le développement de l’élevage caprin laitier, 5 grands projets ont été proposés en 2008 et dont l’investissement global s’élève à 104 MDH dont 86 % sera supporté par l’Etat.

    Tableau 5. Projets prévus pour le développement de la filière caprine laitière

    Pilier I Intitulé du projet Localisation

    Effectif chèvres agrégé

    Effectif des

    agrégés Agrégateurs

    Développement et organisation de la filière caprine laitière

    région 15.000

    Mise à niveau du centre technique d’élevage caprin de Bellota

    Chefchaouen 1

    800 ANOC

    Développement de l’élevage caprin laitier Tanger 800 80

    Associations : 9

    Développement et valorisation de la production laitière caprine

    Tetouan - Larache 600 150

    Union des coopératives

    Pilie

    r II

    Développement et amélioration de la productivité de la viande caprine

    Chefchaouen-Tetouan

    2000 têtes/an 400 ANOC

    IV- Projets caprins en cours d’exécution

    Dans le cadre de la mise en œuvre du plan agricole régional pour le développement de l’élevage caprin, quatre projets sont lancés depuis 2010 et ils sont en cours d’exécution à savoir :

    • Le projet de mise à niveau du centre technique d’élevage caprin de Bellota géré par l’ANOC au niveau de la province de Chefchaouen (2010-2011) ;

    • Le projet de développement de l’élevage caprin laitier au profit de deux coopératives relevant de la province de Larache (peuplement de deux chèvreries, construction et équipement de deux fromageries semi-industrielles, assistance technique et encadrement) pour la période : 2010-2014 ;

    • Le projet caprin de création d’un groupement ANOC au niveau de la DPA de Tanger (2011-2012) ;

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  • ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

    • Le projet caprin laitier au niveau de la province Chefchaouen renforcement des groupements d’élevage caprins et appui à la fromagerie Ajbane Chefchaouen gérée par l’ANOC pour la période 2011-2014.

    La consistance ainsi que l’état d’avancement des projets en question sont présentés dans le tableau 7. Tableau 7. Projets caprins en cours d’exécution depuis 2010 au niveau de la DRA

    Tanger - Tétouan

    Intitulé du projet Localisation (année) Consistance Bénéficiaires

    Budget total (KDH)

    Etat d’avancement

    Mise à niveau du Centre technique d’élevage caprin de Bellota (2 ans) Chefchaouen-

    Ouezane (2010)

    - Aménagement et équipement des bâtiments pédagogiques d’élevage et du centre de formation - Mise en place d’un système d’irrigation - Acquisition de 50 chèvres et 10 boucs

    ANOC et ses groupements

    3042 dont 2042ANOC

    2 conventions conclues avec l’ANOC et dont 65% des actions prévues sont réalisées

    Projet de développement et valorisation de la production laitière caprine (4 ans)

    ORMVA Loukkos (2010)

    - Peuplement de 2 chevreries (528) reproducteurs caprins) -Construction et Equipement de 2 fromageries semi industrielles - Acquisition de 2 véhicules frigorifiques pour la collecte du lait et la distribution des produits - Assistance technique

    Coopérative Sidi Ahmed Jbari et Amgadi (136 adhérents)

    1250

    - Construction d’une chèvrerie et son peuplement par 264 reproducteurs de race Murcianna - Lancement des travaux de construction de 2 fromageries

    Développement de la production laitière caprine caprin laitier (4 ans)

    Chefchaouen (2011)

    - Acquisition de 1200 reproducteurs de race pure - Renforcement de la fromagerie Ajbane Chefchaouen - Renforcement des capacités techniques des éleveurs

    200 éleveurs groupement ANOC caprin Chefchaouen- Ouezzane

    8800

    - Distribution de reproducteurs caprins de race Murcianna - Formation et encadrement des éleveurs

    Développement de l’élevage caprin (2 ans) Tanger

    (2011)

    - Création d’un groupement ANOC - Achat de géniteurs caprins - Actions d’appui et d’encadrement

    200 éleveurs Futur groupement caprin ANOC Tanger

    1800

    - Prospection et visite de 250 éleveurs caprins par l’ANOC

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