salut public mars2013

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LE GRAND RETOUR DU SOLIDARISME NUMÉRO 13 - MARS 2013 RIAL O ÉDIT ADIEU VEAUX, VACHES, COCHONS... Décidément le mois de février fut agricole. Il réunit, ce que tout oppose, en un même destin, une mort programmée. D’abord, nos paysans se retrouvent, comme chaque année, au salon de l’agriculture. Paysans ? Où, qui et quoi ? Il est révolu le temps où la France était constituée de paysans, où notre peuple avait les pieds plantés dans la glèbe et les mains plongées si fermement dans la terre qu’il eût fallu les lui couper pour l’en séparer. Cette France là est tombée au champ d’honneur, fauchée par l’industrie de la mort tudesque. Mort, le paysan dont l’étymologie même le poussait à s’occuper de la terre, à gérer en bon père de famille notre patrimoine millénaire. À sa place s’est d’abord substitué l’agriculteur, l’entrepreneur, puis à la fin, et c’est le terrible et exact mot, l’industrie agro-alimentaire. Avec le sens perdu, l’homme a disparu, ce qui fut la France et ses valeurs ne représentent plus qu’1% des Français d’aujourd’hui. Au même moment, le scandale des lasagnes au cheval éclatait dans toute l’Europe. Plus qu’une énième escroquerie, plus qu’un dérèglement de la machine à règlements qu’est devenue l’Europe, c’est la concordance dans le temps de deux destins intimement liés qui m’émeut. En cent ans, à peine, la logique folle du profit a transformé nos élevages, nos animaux, ceux qui étaient animés de vie, les créatures de dieu, en steacks sur pattes. Ceux qui étaient nos partenaires de toujours finissent en farines animales, produites elles mêmes pour nourrir un bétail destiné à nous nourrir. La boucle folle est bouclée. Le capitaliste dans toute sa barbarie n’a pas seulement infligé une mort ignominieuse à nos animaux mais il leur a volé jusqu’à la vie. Pire, nous, débris d’humanité, ne concevons plus la nourriture qu’en barquette, surgelée, sans vie, sans lien avec la nature. L’univers et le destin que nous infligeons à ces êtres qui ne nous ont rien demandé, les bêtes, sont un vaste camp de concentration pour nous et d’extermination pour elles. Il est symptomatique que dans ce monde sans valeur, sans identité et sans racine on perde même l’origine de nos viandes. Le lien qui unit ces deux espèces en voie d’extinction que sont les paysans et les animaux est celui de la vie que l’on nie, que l’on tord, que l’on modèle suivant des théories folles et du profit délirant. Il est temps de retrouver le bon sens paysan, de revenir vers un ordre naturel, humain en somme, sinon notre monde se terminera comme le prophétique film « le soleil vert »: nous finirons par nous dévorer entre les restes de ce que nous fûmes...et vous verrez qu’il y aura toujours un philosophe, un scientifique, un humaniste pour nous soulager de la vie, nous euthanasier pour notre bien et pour leur dîner. JEAN-LOUP IZAMBERT PHILIPPE MILLIAUT SERGE AYOUB FELTIN-TRACOL SOLIDARITÉ RETOUR EN FORCE DU SOLIDARISME INTER-NATIONALE SOLIDARISTE LES BONS CRIMINELS DE L’UMP

Transcript of salut public mars2013

LE GRAND RETOUR DU SOLIDARISMENUMÉRO 13 - MARS 2013

RIALOÉDIT

ADIEU VEAUX, VACHES, COCHONS...

Décidément le mois de février fut agricole. Il réunit, ce que tout oppose, en un même destin, une mort programmée.D’abord, nos paysans se retrouvent, comme chaque année, au salon de l’agriculture. Paysans ? Où, qui et quoi ? Il est révolu le temps où la France était constituée de paysans, où notre peuple avait les pieds plantés dans la glèbe et les mains plongées si fermement dans la terre qu’il eût fallu les lui couper pour l’en séparer. Cette France là est tombée au champ d’honneur, fauchée par l’industrie de la mort tudesque. Mort, le paysan dont l’étymologie même le poussait à s’occuper de la terre, à gérer en bon père de famille notre patrimoine millénaire. À sa place s’est d’abord substitué l’agriculteur, l’entrepreneur, puis à la fin, et c’est le terrible et exact mot, l’industrie agro-alimentaire. Avec le sens perdu, l’homme a disparu, ce qui fut la France et ses valeurs ne représentent plus qu’1% des Français d’aujourd’hui.Au même moment, le scandale des lasagnes au cheval éclatait dans toute l’Europe. Plus qu’une énième escroquerie, plus qu’un dérèglement de la machine à règlements qu’est devenue l’Europe, c’est la concordance dans le temps de deux destins intimement liés qui m’émeut.En cent ans, à peine, la logique folle du profit a transformé nos élevages, nos animaux, ceux qui étaient animés

de vie, les créatures de dieu, en steacks sur pattes. Ceux qui étaient nos partenaires de toujours finissent en farines animales, produites elles mêmes pour nourrir un bétail destiné à nous nourrir. La boucle folle est bouclée. Le capitaliste dans toute sa barbarie n’a pas seulement infligé une mort ignominieuse à nos animaux mais il leur a volé jusqu’à la vie.Pire, nous, débris d’humanité, ne concevons plus la nourriture qu’en barquette, surgelée, sans vie, sans lien avec la nature. L’univers et le destin que nous infligeons à ces êtres qui ne nous ont rien demandé, les bêtes, sont un vaste camp de concentration pour nous et d’extermination pour elles.Il est symptomatique que dans ce monde sans valeur, sans identité et sans racine on perde même l’origine de nos viandes.Le lien qui unit ces deux espèces en voie d’extinction que sont les paysans et les animaux est celui de la vie que l’on nie, que l’on tord, que l’on modèle suivant des théories folles et du profit délirant. Il est temps de retrouver le bon sens paysan, de revenir vers un ordre naturel, humain en somme, sinon notre monde se terminera comme le prophétique film « le soleil vert »: nous finirons par nous dévorer entre les restes de ce que nous fûmes...et vous verrez qu’il y aura toujours un philosophe, un scientifique, un humaniste pour nous soulager de la vie, nous euthanasier pour notre bien et pour leur dîner.

JEAN-LOUP IZAMBERT

PHILIPPE MILLIAUT

S E R G E A Y O U B

F E L T I N - T R A C O L

S O L I D A R I T É

RETOUR EN FORCE DU SOLIDARISME

INTER-NATIONALE SOLIDARISTE

LES BONS CRIMINELS DE L’UMP

Le solidarisme était une notion tombée en déshérence depuis longtemps. En 1896, l’homme politique français, Léon Bourgeois, publia Solidarité qui jetait les bases de la première doctrine solidariste. Responsable radical-socialiste, républicain et laïque farouche, Bourgeois s’inquiétait du succès du socialisme « utopique », du catholicisme social et du marxisme et tâchait d’y répondre. Dès 1907, sur les traces de Bourgeois, Célestin Bouglé écrivait Le solidarisme tandis que le sociologue Émile Durkheim le reprenait à son compte. S’inscrivant dans le grand courant mutualiste, le solidarisme émerge aussi hors de France. Ainsi, préoccupé par le sort des ouvriers, l’ingénieur allemand Rudolf Diesel publie-t-il Solidarismus en 1903. Cependant le mot et sa signification demeurent confinés à des cercles restreints : le solidarisme de Bourgeois ne connut aucune notoriété.

Le mot de « solidarisme » est redécouvert dans les années 1930 en Belgique avec le Flamand Joris van Severen qui anime un mouvement « national-solidariste » lié à la Révolution conservatrice européenne. À la même époque, en Allemagne, en Autriche et en Italie, des militants formés par le catholicisme social et la démocratie chrétienne se disent « solidaristes ». Vers 1930, des étudiants de Belgrade en Yougoslavie issus des milieux de l’émigration russe fondent la N.T.S. (Alliance populaire des travailleurs solidaristes russes) sous le patronage de l’idéalisme, du nationalisme et de l’activisme (1).

Les années 1960 sont propices à une renaissance du terme quand des membres de l’O.A.S. - Métro - Jeunes, animée par Pierre Sergent, lancent le Mouvement Jeune Révolution. Ils rejettent la tutelle des États-Unis et de l’U.R.S.S., récusent les systèmes capitaliste et communiste et prônent une troisième voie. Y militent Alain Boinet, Gérard Bouchet, Jean-Pierre Stirbois ou Bernard Anthony. Très vite apparaissent à la suite de divergences personnelles et de scissions successives un grand nombre de groupuscules solidaristes (Mouvement solidariste français, Groupe Action Jeunesse, Groupe d’action solidariste, etc.). En 1977, tandis que des solidaristes conduits par Stirbois se rallient au Front national et réduisent l’influence de François Duprat, Jean-Gilles Malliarakis, venu du nationalisme-révolutionnaire, rassemble les derniers solidaristes et les associent aux nationalistes-révolutionnaires radicaux au sein d’un Mouvement nationaliste révolutionnaire (M.N.R.). Jeune Nation solidariste en est sa tribune officielle. Dans les années 1980, le M.N.R. devient Troisième Voie et se dote d’une branche dédiés aux jeunes travailleurs, les Jeunesses nationalistes-révolutionnaires (J.N.R.) dirigées par Serge Ayoub. Au début de la décennie 1990, le solidarisme sort du champ idéologique. Seul alors le site Vox N.-R. lancé dès 2002 et animé par Christian Bouchet défend le concept en le liant étroitement au nationalisme révolutionnaire (2).

En août 2009, Emmanuel Leroy, alors membre de la direction du Parti populiste, met en

P.1 ÉDITORIAL ADIEU VEAUX, VACHES, COCHONS... Serge Ayoub

P.2 LE RETOUR EN FORCE DU SOLIDARISME Georges Feltin-Tracol

P.6 LES BONS CRIMINELS DE L’UMP Jean-Loup Izambert

P.8 COHN-BENDIT EST IL BIODÉGRADABLE ? David L’Épée

P.9 SOLIDARITÉ Philippe Milliaud

P.10 BUDGET EUROPÉEN Jean-Yves Dufour

P.11 INTER-NATIONALE SOLIDARISTE Serge Ayoub

P.12 LA MÉMOIRE MEXICAINE CONTRE L’ARROGANCE FRANÇAISE Daniel Besson

P.13 LA GUERRE DU MALI N’A PAS EU LIEU Rubempré

P.14 LES ENFANTS FRANÇAIS VUS PAR CHRISTIANE TAUBIRA Anthonin Lamoureux

P.15 CEUX QU’ON OUBLIE JC Rivière

P.16 LES FRANÇAIS SONT-ILS FEIGNANTS?

Hugo Lesimple

P.18 NOUS ET MARX Nicolas Tandler

P.19 BILLET DE MAUVAISE HUMEUR Louis Lenoble

P.20 VOIX FRANÇAISES Rubempré

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Salut Public : 10 rue Primatice - 75013 ParisDirecteur de la publication : Serge Ayoub

Imprimeur : Imprimerie FANLAC 18, rue du Président Wilson - 24000 Perigueux

Éditeur : WCH 115, rue du Fbg du Temple 75010 Paris

N°CPPAP: 0417 G 91322

L’ équipe de rédaction tient à remercier les auteurs suivants:

Philippe Landeux - Georges Feltin-Tracol JC Rivière - Anthonin Lamoureux

Daniel Besson - David L’ÉpéeHugo Lesimple - Jean-Yves Dufour

Rubempré - Louis LenoblePhilippe Milliaud - Nicolas Tandler

Jean-Loup Izambert

Contactez la rédaction : [email protected]

www.salutpublic.com2

Une histoire française mouvementée

LE RETOUR EN FORCE

D U S O L I D A R I S M E

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ligne sur ce site un article sur « Le solidarisme comme alternative à la crise ». Trois ans plus tard, Serge Ayoub, aujourd’hui à la tête d’un nouveau mouvement Troisième Voie, patron du Local 92 à Paris et directeur du mensuel Salut public, et Hugo Lesimple, son rédacteur en chef, viennent de se le réapproprier dans Doctrine du solidarisme. On doit s’en réjouir, car le mot conserve toujours une riche polysémie historique qui nuit à sa compréhension.

Doctrine du solidarisme se veut pédagogique. Le livre se compose d’une longue introduction de Hugo Lesimple (pp. 3 - 43), du texte proprement dit de Serge Ayoub (pp. 47 - 76) et d’un « Manifeste » (pp. 79 - 86) qui récapitule et synthétise les fondements de ce nouveau solidarisme.

Ce néo-solidarisme exprime sa dette à l’égard du nationalisme français dont il se veut l’héritier, mais pas seulement, parce qu’il « accepte notre histoire en bloc (p. 17) ». « En tant que nationalisme d’émancipation, le solidarisme pose naturellement que le nom de Français n’est pas qu’une imposture verbale (pp. 13 - 14). » Que cela signifie-t-il ? « Formalisation théorique d’un effort profond, celui de lutter contre l’oppression de notre peuple (p. 13) », ce nouveau solidarisme se veut nationaliste et révolutionnaire. En effet, dans le contexte de la mondialisation ultra-libérale, « le nationalisme devient dialectiquement une force de justice sociale anticapitaliste. Anticapitaliste au sens où elle lutte contre la forme actuelle et par suite réelle du capitalisme dominant, financier et mondialisée (p. 26) ». Hugo Lesimple le conçoit même comme « la pensée du Français radical, du Français en guerre pour préserver ce qu’il est et ce qu’il a gagné ou hérité des combats de ses ancêtres. C’est la pensée du Français qui refuse de crever pour rien parce que le monde “ va ainsi ”. C’est la pensée du résistant qui ne croit pas en la grande Allemagne, la pensée du communard qui se moque des magouilles diplomatiques de Thiers, la pensée du poilu, de Cambronne et des sans-culottes (p. 13) ». Pourtant, sans généraliser, cette résistance populaire, voire populiste, se retrouve ailleurs, en Argentine par exemple avec le péronisme ou justicialisme.

Les références revendiquées dans cet ouvrage sont le Conseil national de la Résistance (1943 - 1945), le gaullisme - qu’on pourrait affiner en précisant qu’il s’agit à la

fois du gaullisme d’opposition du temps du R.P.F. (1947 - 1953), du gaullisme de gauche et du gaullisme orthodoxe défendu par la revue L’Appel -, le(s) bonapartisme(s) (3), Georges Sorel, Gustave Hervé et des socialistes nationaux français. On pourrait aussi y inclure les syndicats « jaunes » de la « Belle Époque », Blanqui l’« Insurgé » et Hébert l’« Enragé ». Il ne fait guère de doute que ce néo-solidarisme apprécie le temps de la Convention nationale, du gouvernement révolutionnaire et de la Terreur (1793 - 1794). « Il y a une identité profonde entre le nationalisme émancipateur de la Révolution française (et aussi son avatar napoléonien) et le solidarisme. Le solidarisme est un nationalisme d’émancipation populaire contre une hyper-classe encore plus puissante et parasitaire que sous l’Ancien Régime (p. 18). » Le solidarisme serait-il une émanation industrielle (ou industrialiste) de la « gauche réactionnaire » ? Peut-être (4). L’ancêtre immédiat du solidarisme de cette période ne serait-il pas Patrie et Progrès de Philippe Rossillon (5) ?

Le solidarisme doit « continuer l’histoire de France (p. 14) », ce qui signifie l’appui de l’État, du peuple et de la nation dans une perspective mobilisatrice et unitaire. « Pour un solidariste la société est une union d’êtres conscients qui s’organise au sein d’une communauté (p. 47). » Les auteurs n’opposent pas la société à l’individu; ils préfèrent dépasser ce vieil antagonisme, car « le solidarisme a pour objectif de replacer l’individu à sa juste place dans la société. Les deux concepts d’individu et de société se sont longtemps opposés, le solidarisme a pour finalité de les unir (p. 47) ». Le solidarisme repose donc sur une cohérence sociale interne élevée, car c’« est une théorie morale et sociale fondée sur l’entraide issue de la coresponsabilité. En effet, la responsabilité n’est possible qu’entre hommes libres, capables et égaux en droits (p. 49) ». De là l’importance de la nation considérée comme « une communauté d’hommes consciente de partager un territoire, une histoire et un destin. Rajoutez une superstructure sociale de type étatique et on obtient une nation, c’est-à-dire un peuple capable d’agir comme un seul homme par le biais de ses institutions (p. 35) » ou comme « un peuple composé d’individus solidaires les uns avec les autres (p. 50) ».

Prenant acte qu’une « lutte des classes existe : celle des travailleurs contre l’hyper-

classe mondialiste (p. 84) », le néo-solidarisme désigne clairement que « son ennemi est la Banque, soit l’ensemble des puissances financières parasitant les États et affaiblissant leur puissance pour canaliser le maximum de bénéfices vers les actionnaires de cette économie financière (p. 25) ». Hugo Lesimple estime que « face à cette hyper-classe, le solidarisme est la doctrine des sans-culottes modernes. Il est dans une lutte pour une égalité réelle, concrète, nationale, à mille lieues d’un égalitarisme d’imposture qui permet de payer le travailleur français et l’immigré au même salaire, pour le compte d’un actionnaire cent fois plus riche qu’eux (p. 19) ». Par conséquent, « le solidarisme est républicain, il met la res publica, l’intérêt public, au dessus des intérêts particuliers d’une élite, d’un groupe ou d’une région (p. 19) ».

Les auteurs réclament une res publica originale qu’ils définissent comme une Hyper-République. Cette nouvelle république se veut le contraire de l’actuelle, minable et piteuse, parce que « les intermédiaires entre le pouvoir exécutif et les Français seront limités le plus possible (p. 51) ». La différence est essentielle puisque son principe « est celui de la république du peuple tout entier, l’État-nation. C’est-à-dire la recherche du bonheur pour le peuple par la puissance de la nation (p. 59) ». Sa définition et les références révolutionnaires de 1793 font inévitablement penser au concept voisin de république-site énoncé naguère par Philippe Forget et Gilles Polycarpe dans leur Homme machinal (6).

Le solidarisme duXXIe siècle

Pour l’Hyper-République

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L’Hyper-République néo-solidariste, palingénésie démocratique et populiste, de Sparte, exigera beaucoup de ses citoyens. Le vote sera obligatoire et tous devront « payer l’impôt sans exclusive, quel que soit son montant (p. 52) ». Si sont gardées une Assemblée nationale et une « Chambre du travail » compétente pour les affaires économiques et sociales, les décisions majeures reviennent aux citoyens à l’occasion de référendums qui « seront l’émanation de la volonté d’une génération et ne pourront être remis en cause autrement que par la décision populaire au bout d’une période minimum de trente ans (pp. 64 - 65) ». Le référendum d’initiative populaire ne serait pas que législative (proposer des lois); il devrait être aussi d’initiative populaire abrogatif (pour abolir des lois), d’opposition (un veto à la loi approuvée par le Parlement) et révocatoire (pour renvoyer les responsables politiques). Mais la démocratie directe et participative solidariste irait encore plus loin avec le mandat impératif, le remplacement de l’élection - facteur inévitable de divisions - par le tirage au sort et la suppression des partis politiques (7).

Fidèle à une tradition « républicaine - syndicaliste » qui remonte au Georges Valois des années 1930, Serge Ayoub estime que les syndicats devraient mettre en œuvre dans les entreprises le principe gaullien de la participation qui se réaliserait dans une « économie […] nécessairement régulée, orientée par l’État, voire si c’est nécessaire, dirigée [… Mais] elle sera plutôt incitative que dirigiste et favorisera aussi l’initiative privée (pp. 53 - 54) ». Les « sociétés coopératives et mutualistes […] sont les structures de base par excellence de l’économie solidariste (p. 56) ». Mais comment alors répondre aux firmes transnationales ou aux grandes entreprises ?

Le solidarisme envisage par ailleurs la réforme profonde des relations sociales au sein de l’entreprise. Outre l’établissement d’un protectionnisme national, voire d’une authentique autarcie (la France, deuxième domaine maritime au monde, dispose d’un Outre-mer peu exploité), il paraît

indispensable de transformer les modes de production en délaissant le taylorisme, le fordisme et le toyotisme, et d’assurer un temps de travail minimal (trente heures par semaine) afin de permettre l’emploi de tous. La relocalisation des activités agricoles et industrielles nécessiterait une main-d’œuvre abondante provenant d’un tertiaire hypertrophié. La grande révolution solidariste consisterait à abattre le salariat au profit d’une co-gestion entre travailleurs tous pairs du destin de leur entreprise parce que « l’individu n’est que l’usufruitier de la civilisation qui est la sienne. Il a en charge de la conserver, de la pérenniser, de l’améliorer avant de la restituer aux générations suivantes (p. 74) ». Le solidarisme aurait tout intérêt à s’inspirer de l’action de Marcel Barbu (8) et des écrits de Hyacinthe Dubreuil (9) et de Jacob Sher (10). C’est par des propositions sociales novatrices que le solidarisme pourra se faire comprendre du monde du travail violenté par la crise et l’arrogance oligarchique.

Favorable à la « rémigration » des populations étrangères extra-européennes, le solidarisme soutient l’indépendance nationale et condamne l’actuelle politogénèse européenne. « La France a sa place dans l’Europe, mais dans un autre Europe, celle des nations. Une Europe nouvelle, une Europe culturelle et une Europe puissance sont à bâtir sur les ruines de la sinistre Union européenne (p. 85) » en partenariat étroit avec la Russie !

Outre ses aspects social et national, le solidarisme présente aussi une dimension internationale. Pour lui, « tous les peuples du monde ont le droit et le devoir de protéger leur histoire, que tous ont le droit à un gouvernement souverain qui œuvre pour le bien de son peuple et non pour une multinationale opportuniste, que tous les peuples du monde ont le droit de ne pas se mélanger aux autres et de conserver leurs particularités propres. Le solidarisme est l’universalisme des nations en lutte pour leur survie, leur bonheur et l’émancipation

de leurs peuples, contre l’universalisme de l’indistinction et du métissage, contre l’individualisme standardisé en vue d’un consumérisme global (pp. 20 - 21) ». Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes constitue un point fondamental de sa réflexion. On peut même le préciser avec le combat francitaire naguère encouragé par Philippe Rossillon et Paul Sérant. Il s’agit de soutenir la lutte méconnue des peuples d’ethnie française en Amérique et en Europe (Québécois, Acadiens, Cajuns, Francos, Métis de l’Ouest canadien, Valdôtains, Wallons, Jurassiens…). La francité est plus que jamais ce cercle d’appartenance manquant entre la France et une francophonie un peu trop mondialiste.

Le caractère francitaire du solidarisme s’inscrit dans la sauvegarde de l’esprit français qui « est d’abord un effort continu vers l’unité politique et territoriale du pays (p. 15) ». Or cette unité est désormais achevée et il serait bon - comme l’avait annoncé Charles de Gaulle lors d’un discours à Rennes en 1969 - de retrouver les racines populaires et vernaculaires de la France. Or, pour Hugo Lesimple, « le solidarisme est un nationalisme, un nationalisme unitaire et de sensibilité centraliste, parce que tel est l’esprit français, et que tels furent les moteurs politiques et civilisationnels de la grandeur française. Le solidarisme revendique la démocratie directe parce que la France est une nation, c’est-à-dire l’émanation d’un peuple historiquement constitué comme tel (p. 16) ». La France serait donc une entéléchie réussie. Or la Post-Modernité en cours fait muter les cadres existants et ce, à rebours du solidarisme qui reste « une aptitude à la modernité. Il n’est pas une simple mise à jour du nationalisme. Il est le nationalisme tel que les conditions actuelles imposent qu’il soit conçu et formulé (pp. 5 - 6) ». Logique quand on sait que le nationalisme est un individualisme collectif de l’ère moderne, mais il ne faut pas perdre de vue que la France, sous un carcan étatique homogène certain, a bénéficié d’une grande diversité culturelle dont seuls quelques éléments sont parvenus à atteindre ce début de XXIe siècle. À l’heure où se déchaîne le Titan

Des facettes inattendues

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planétaire de l’arrasement de toutes les singularités, établir des solidarités tangibles avec tous ceux qui luttent pour le maintien de leurs identités est une priorité. « La Troisième Voie en est l’application concrète (p. 6) », car, derrière ce centralisme « jacobin » et moderne, Troisième Voie s’est entendu avec le Mouvement national-bolchevik français, les Cellules solidaires anarcho-royalistes (C.S.A.R. - clin d’œil à la fameuse Cagoule ?), éditrice de l’original Lys noir, et le Réseau-Identités qui réunit des mouvements identitaires attachés à l’enracinement régionaliste et européen. Cette coopération intelligente, cette mise en commun de bonnes volontés, change des groupes aux professions de foi fédéraliste et aux pratiques centralisatrices et ultra-parisiennes… L’unicité d’action et l’unité de réflexions s’imposent quand il s’agit de « détruire cet ancien monde, ce monde mesquin, ce monde de marchands, et construire un avenir d’hommes libres (p. 86) » parce que « nous sommes des révolutionnaires, mais des révolutionnaires conservateurs (p. 22) ».

Saluons donc l’initiative de Serge Ayoub et de Hugo Lesimple de relancer le « solidarisme » en lui donnant via cet ouvrage une formulation plus rigoureuse. Pour notre part, le solidarisme remplace excellemment les concepts confus

de « socialisme européen » et de « socialisme révolutionnaire » qui risquent de provoquer de nombreux quiproquos. Bien sûr, « solidarisme » est connu des spécialistes, mais force est de constater qu’il conserve une fraîcheur lexicale intacte auprès de l’opinion publique qui l’ignore même. Parler de « solidarisme » et non de « socialisme » auprès des populations en lutte témoignerait d’une détermination farouche d’opposition et de suggestions radicales. Pourquoi alors s’en priver ?

1 : Ana Pouvreau, Une troisième voie pour la Russie, L’Harmattan, coll. « Aujourd’hui l’Europe », Paris, 1996.

2 : L’histoire du solidarisme en France (à distinguer du nationalisme-révolutionnaire) reste à faire. Malgré un apport théorique quelque peu négligeable, il sut se faire une place parmi les « marginalités » politiques au moyen d’un activisme souvent viril.

3 : Sur l’histoire politique du bonapartisme, cf. Georges Feltin-Tracol, « Le bonapartisme. Examen d’une pensée politique évanouie » mis en ligne sur Europe Maxima, le 14 août 2005, repris par Le Magazine national des Seniors, n° 9, mai 2010, puis par L’Aigle, les Abeilles et les Léopards. Bulletin normand de Mémoires d’Empires, n° 3, septembre 2010, pp. 2 - 7.

4 : Marc Crapez, La Gauche réactionnaire. Mythes de la plèbe et de la race, Berg International Éditeurs, coll. « pensée politique et sciences sociales », Paris, 1997.

5 : À la fin des années 1950 et au cours de la guerre d’Algérie, un groupe de jeunes hauts-fonctionnaires (dont Jean-Pierre Chevènement) regroupés autour de Philippe Rossillon fonde le Cercle Patrie et Progrès dont la vision s’inspire à la fois du gaullisme de gauche, du nationalisme barrésien, d’un socialisme technocratique et d’influences kémalistes et nassériennes.

6 : Philippe Forget et Gilles Polycarpe, L’homme machinal. technique et progrès : anatomie d’une trahison, Syros - Alternatives, Paris, 1990.

7 : Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques, Climats, Paris, 2006 (1950 pour la première parution).

8 : On a oublié que Marcel Barbu, cantonné comme un candidat « folklorique » à l’élection présidentielle de 1965, proposait le référendum d’initiative populaire et forma pendant l’Occupation une communauté de travail près de Valence dans la Drôme qui voulait dépasser à la fois le capitalisme, le communisme et le néo-corporatisme de l’État français.

9 : Sur Hyacinthe Dubreuil, lire Comité Hyacinthe-Dubreuil, Pour la connaissance de Hyacinthe Dubreuil. Ouvrier - syndicaliste - sociologue, Paris, 1971.

10 : Jacob Sher, Changer les idées. Ergonisme contre socialisme et capitalisme, Nouvelles Éditions Rupture, Paris, 1982.

• Serge Ayoub, Doctrine du solidarisme, introduction de Hugo Lesimple, Éditions du Pont d’Arcole (10, rue Primatice 75013 Paris), 2012, 89 p., 15 €.

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Georges Feltin-Tracol

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LE LOCAL ASSOCIATION À BUT NON CONSENSUEL

92, rue de Javel 75015 Parisvous accueille du mardi au jeudi

de 18h à minuitle vendredi et le samedi

de 18h à 5h du matinConférences chaque jeudi

à partir de 19h30

PLANNING DES CONFÉRENCES

Jeudi 7 Mars : Nicolas Tandler,“ Nous et Marx ”

Jeudi 14 Mars : Jean-Loup Izambert,

” Crimes sans châtiment ”

Jeudi 21 Mars : Guillaume Faye,

” Propos achéofuturistes ”

Jeudi 28 Mars : Rodolphe Crevel,

” Poujade, réactionnaire ou visionnaire ”

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Salut Public : Vous citez dans votre enquête les noms de plusieurs dirigeants politiques et du renseignement français impliqués dans la protection et le soutien à des criminels ou à des groupes proches du terrorisme. Quel est intérêt de protéger des criminels ?

Jean-Loup Izambert : La bourgeoisie, de droite comme de gauche, a toujours cherché à diviser les peuples pour maintenir son système d’exploitation et piller leurs richesses. Aujourd’hui, avec la crise engendrée par la concentration du Capital, elle ne peut plus supporter la moindre parcelle de démocratie. Comme je l’explique en suivant les événements et leurs protagonistes depuis les années quatre-vingt dix, avec l’aggravation de la crise les liens entre capitalisme et terrorisme se sont amplifiés. Pour préserver les intérêts des pactes d’actionnaires propriétaires privés des grands moyens de production, de financement et d’échange, la bourgeoisie a dû s’attaquer à la Nation dans son idée même. Aussi, s’efforce-t-elle d’éclater les frontières et les Etats par tous les moyens. C’est l’une des conditions nécessaire à la déréglementation, la privatisation et la financiarisation de l’économie. L’intérêt de la bourgeoisie s’inscrit à la fois dans le court terme - par exemple en utilisant les Frères musulmans comme relais dans la déstabilisation et la colonisation économique et militaire des régions les plus riches de l’Afrique et du monde arabe - et dans le moyen terme puisqu’il lui faut à tout prix retarder l’implosion de son système. C’est une question de survie pour les privilégiés.

Comme vous avez pu le lire, je montre, par exemple, comment dans l’Afghanistan sous contrôle de l’OTAN, la CIA travaille main dans la main avec les principaux chefs islamistes narco-trafiquants afin de renflouer ses « caisses noires » pour financer ses opérations contre les pays d’Asie centrale. A son stade suprême, le capitalisme ne peut plus maîtriser sa nature criminelle, inhumaine et antisociale qui apparet au grand jour.

S.P. : Dans un chapitre sur l’Europe et l’aggravation de la crise vous placez la crise économique comme terreau de la violence politique. Selon vous, il n’y aurait pas d’autre issue à la crise

que la guerre qui perdure et monte en puissance ?

J-L.I. : Les conflits économiques et les guerres qui s’enchainent depuis plus de deux décennies en témoignent : il ne peut y avoir d’autre issue dans le cadre du système capitaliste. Les français ne semblent pas encore avoir compris que le Parti socialiste n’est rien d’autre que la roue de secours de la bourgeoisie dont il gère les affaires lorsque ses représentants politiques sont trop discrédités. Dans tous les pays où un parti socialiste a été au pouvoir la crise a continué de s’aggraver et la bourgeoise est revenue aux affaires après avoir lessivé ses cadres politiques. Regardez la situation dramatique de la Grèce ! Les dirigeants des grandes banques centrales d’Europe occidentale, tous bourgeois et conservateurs, ont été les premiers rédacteurs du traité de Maastricht afin de redonner de l’élan à l’appétit du capitalisme financier, prédateur d’emploi et parasite d’Etat, sur la zone Europe occidentale. De même, les plans actuels du Pentagone cherchent à éclater les Etats arabes en une succession de micro-provinces et de califats pour satisfaire les mêmes objectifs financiers des transnationales. Tous ces plans visent à la disparition de l’Etat régulateur, laïc, démocratique et solidariste au service de l’intérêt général pour faire place aux intérêts privés égoïstes des grands capitalistes des transnationales. Le pillage des caisses de l’Etat par les dirigeants des sociétés du CAC40 en est une illustration que je développe. Seule une révolution

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Révélations dans Crimes sans châtiment, le livre document du journaliste d’investigation Jean-Loup Izambert qui paraît ce mois-ci aux Editions 20 coeurs : Depuis les années quatre-vingt dix, des dirigeants politiques français protègent des criminels et soutiennent des officines qui ne sont que les vitrines de groupes terroristes des Frères musulmans. Entretien.

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Abattre l’État laïc et solidariste

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Jean-Loup Izambert

nationale, progressiste et radicale poussant le pays hors des ornières du capitalisme et de la soumission au « parti de l’étranger » peut permettre de changer de cap. Mais cela est un autre débat.

S.P. : Vous évoquez précisément le rôle joué par les Frères musulmans. Pourtant ceux-ci n’apparaissent pas vraiment dans ces conflits. Pourquoi ?

J-L.I. : Du Maroc à la République arabe syrienne, les Frères musulmans sont le relais de toutes les guerres occidentales contre les peuples et les nations du monde arabe et perse. Ils se tiennent en retrait mais agissent en sous-main pour tenter de s’emparer du pouvoir et imposer leur dictature religieuse. L’exemple de la Tunisie auquel je m’attache est révélateur de leur double jeu. Cette confrérie religieuse s’est organisée, plus ou moins fortement, dans la quasi-totalité des pays arabes dans les années 1920-1940. Derrière son discours sur la charité et les droits de l’Homme, elle rêve de construire le « grand califat mondial » et a toujours été le serviteur zélé des exploiteurs des peuples arabes. Leurs principaux bailleurs de fonds sont les dictatures pétro-religieuses d’Arabie Saoudite et du Qatar. Il ne faut donc pas s’étonner de les retrouver ensemble aux avant-postes des guerres contre les peuples arabes avec la Saint-Alliance Washington-Londres-Paris.

S.P. : Vous exposez dans un chapitre leur plan de subversion qu’un spécialiste qualifie de « stratégie de l’immeuble enterré ». Qu’en est-il en quelques mots ?

J-L.I. : Cette stratégie que décrit notamment Abdallah Amami, spécialiste de l’organisation des Frères musulmans, sert de scénario dans chaque conflit qu’ils provoquent. Si vous comparez leur organisation à un immeuble, dans les étages supérieurs vous trouvez les hommes qui ont en charge la communication, de donner aux politiciens et aux médias une image de « libérateurs » et de « gentils opposants » aux groupes terroristes qu’ils instrumentalisent sur le terrain. Plus vous descendez vers les étages inférieurs et le sous-sol, plus vous trouvez ceux qui s’affairent à la guerre et aux basses œuvres (trafic de drogue, blanchiment

d’argent, armes). Les cas de l’organisation tunisienne Ennahdha, du Conseil national de transition libyen ou des Amis de la Syrie et du Conseil national syrien que je cite dans mon enquête avec les interventions de professionnels de divers milieux sont édifiants. Sur le plan tactique, ils alternent des « journées blanches », journées de petites manifestations sporadiques et de saccages sans victimes, avec des « journées rouges », journées d’assassinats avec des « martyrs » dans le but de provoquer la répression et appeler à l’intervention étrangère.

S.P. : Vous accusez plusieurs dirigeants de l’Etat français, de gauche comme de droite, dans le soutien apporté aux membres d’organisations terroristes. Qu’en est-il avec le gouvernement Ayrault ?

J-L.I. : Lors de la passation de pouvoir, le 17 mai 2012, entre Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères du gouvernement UMP, et Laurent Fabius, celui du gouvernement « socialiste », ce dernier a déclaré à son prédécesseur : « Sur les questions majeures, je sais que nous nous retrouverons.» On ne peut être plus clair ! Le gouvernement Ayrault soutient à Paris les faux-nez des groupes terroristes qui, depuis l’étranger, administrent et sèment la mort en République arabe syrienne mais combat ces mêmes « opposants » au Mali au prétexte qu’ils sont « terroristes ». Il est vrai que dans ce dernier cas les « opposants » qu’ils ont armés contre la Libye et la Syrie dérangent les affaires de la Françafrique en matière de pillage de pétrole, d’or et d’uranium.

S.P. : Quelles peuvent être les conséquences de la situation actuelle ?

J-L.I. : Il est encore trop tôt pour le dire. Mais, sans la politique de paix déterminée de Moscou et de Pékin, le monde serait sans doute au bord d’une guerre totale. Concernant la France, une chose est sûre : A partir du moment où, comme le gouvernement français, vous violez vos propres principes républicains, le droit international, la Charte et les résolutions de l’ONU pour soutenir des groupes criminels vous ne pouvez plus être considéré comme un partenaire loyal avec les conséquences qui en

découleront. Les analyses apportées dans mon travail par le politologue Jean-Paul Pougala et le philosophe Alain de Benoist sur les vraies raisons des guerres actuelles donnent un aperçu du conflit majeur vers lequel les Etats-Unis entraînent le monde. Sur un plan moral, lorsque l’on se prétend socialiste comme le président français on devrait œuvrer à une politique économique, de défense et de paix tous azimuts, de rupture avec le capitalisme et non continuer de servir comme un valet les guerres de Washington. Aussi, je trouve que les paroles de Georges Bernanos dans son Scandale de la vérité sied fort bien à ce gouvernement: « Tromper les simples, c’est tromper deux fois, voler ce qu’il y a de plus cher : la croyance, la confidence, la confiance. »

1. Crimes sans châtiment, par Jean-Loup Izambert, Ed. 20coeurs, www.20coeurs.fr

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Les collabos de Washington

La tromperie socialiste

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L’heure du départ, c’est l’heure du bilan. Qui fut au juste l’agent Cohn-Bendit, fidèle apôtre de la féodalité européiste, qui s’est vu qualifier tantôt de rouge (par une géné-ralisation erronée de la part d’une bour-geoisie gaulliste quelque peu daltonienne), de noir (par sa proximité avec l’idéologie libertaire), de vert (par son opportunisme au moment du boom de l’écologie poli-tique) et même d’orange (suite à son rap-prochement avec le Modem de Bayrou) ? Surfant sur une vague libérale de plus en plus proche de l’UMP, l’aurait-on appelé demain Dany le bleu s’il n’avait pas eu la bonne idée de tirer sa révérence ?

Tout d’abord, il paraît important de relever que l’agent Cohn-Bendit fut un soixante-huitard cohérent dans la mesure où il avait sans doute compris dès le début, dès le fameux mois de mai, que la critique de l’ancien système, de l’ancien patronat paternaliste et de la petite bourgeoisie na-tionale aurait pour première conséquence non pas d’enclencher une révolution mais de dérouler un tapis rouge à une nouvelle grande bourgeoisie affairiste, celle de l’internationale néolibérale. Il avait éga-lement compris que la subversion de cer-taines valeurs dites conservatrices, sur le plan culturel et sociétal, allait nécessaire-ment aboutir à faire tomber les dernières barrières morales qui protégeaient encore les hommes de la voracité du marché. Dès 1968, il était l’homme de la croisade moderniste contre les bastions populaires, et notamment ces deux bastions qu’on ap-pelait la tradition et le marxisme. Anticom-muniste viscéral, il n’avait jamais pardonné à Georges Marchais de s’être moqué de son slogan « Nous sommes tous des Juifs allemands ». Il avouait également vomir Proudhon, à cause de sa critique radicale du progressisme.

Ce culte du progrès est d’ailleurs le seul élé-ment qui a pu le lier à la gauche. Pour le reste, il a été à l’avant-garde de tous les dé-mantèlements sociaux, de toutes les offen-sives libérales. Il le déclarait sans ambages : « Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché. »1 Ainsi, on a pu l’entendre s’ex-primer en faveur de la privatisation des re-traites et des services publics ou d’un projet de partenariat entre l’école et des acteurs privés. Il le dit lui-même : il est « un libéral-libertaire écologiste autogestionnaire qui prend la défense de l’économie de mar-ché contre l’idée d’une gestion de l’écono-mie par l’Etat »2. Favorable à la flexibilité du travail, il a défendu l’extension dominicale des horaires d’ouverture des commerces en s’appuyant sur l’argument suivant : « Les parents ont besoin d’être avec leurs enfants mais il ne faut pas réduire les besoins des gens à ceux de la famille traditionnelle. »3 Il a eu le mérite de montrer par l’exemple en quoi un discours gauchiste sur les mœurs et les valeurs pouvait être l’allié idéal des réformes les plus capitalistes. Ce n’est pas pour rien qu’on le retrouve dans le think tank Terra Nova. Michéa n’aurait pu rêver plus bel archétype pour illustrer sa thèse !

Pour le reste, les contradictions ne lui ont jamais fait peur. Hier partisan de l’absten-tion (époque Dany le noir), il est devenu quelques années plus tard la caricature même du député cumulard. Elu sur un pro-gramme écologiste, il a consacré pourtant la grande majorité de ses interventions par-lementaires à des questions internationales sans rapport avec la défense de l’environ-nement. Cet aspect-là de son “engage-ment” est en effet la principale imposture de sa carrière, Dany ayant toujours misé sur la croissance pour résoudre tous les problèmes et n’ayant jamais eu de mots assez durs envers les tenants de l’antipro-

ductivisme. A ce propos, on lira avec intérêt l’ouvrage que lui ont consacré Paul Ariès et Florence Leray, qui écrivent à son sujet : « N’importe quel psychiatre jugerait qu’être canonisé en 1968 à l’âge de 23 ans ne peut qu’avoir des conséquences négatives sur le développement de la personnalité. Recon-naissons-lui une sacrée force de caractère pour ne même pas faire semblant d’y avoir résisté. »4

« Toi, tu seras président de l’Europe ! lui disait Bernard Kouchner il y a quelques années. Tu le mérites. L’Europe en revanche ne te mérite pas encore, elle traîne. »5 Ce vœu, finalement, ne se réalisera pas, et c’est au moins un petit soulagement pour les peuples européens en ces temps de crise. L’écolo-gie nous a appris à mettre les déchets verts dans les composts prévus à cet effet mais je doute que l’agent Cohn-Bendit y trouve sa place, son progressisme à tout crin n’ayant hélas rien de biodégradable.

1 Daniel Cohn-Bendit, “Une envie de poli-tique”, La Découverte, 1998, p.65

2 Daniel Cohn-Bendit & Bernard Kouchner, “Quand tu seras président”, Laffont, 2004, p.54

3 Daniel Cohn-Bendit, “Une envie de poli-tique”, La Découverte, 1998, p.162

4 Paul Ariès & Florence Leray, “Cohn-Ben-dit : l’imposture”, Max Milo, 2012, p.67

5 Daniel Cohn-Bendit & Bernard Kouchner, “Quand tu seras président”, Laffont, 2004, p.12

Quarante-cinq ans après la mise en vente sur le marché politique de ce faux produit bio, il atteint enfin sa date de péremption ! Daniel Cohn-Bendit l’a confirmé il y a quelques jours : il ne se représentera pas aux élections européennes de 2014, il rend enfin son tablier. A Strasbourg, l’heure est donc – comme dans toute multinationale qui se respecte – au pot de départ du retraité.

OHN-BENDITCEST - IL B IODÉGRADABLE ?

L’homme de la croisade moderniste...

Où mettre les déchets verts ?

David L’Épée

S O L I D A R I T ÉPOLITIQUE / POLITIQUE / POLITIQUE / POLITIQUE / POLITIQUE / POLITIQUE / POLITIQUE / POLITIQUE / POLITIQUE

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Dans Seuls les régimes sociaux-démocrates d’Europe de l’Ouest, dans le cadre de la guerre froide et de sociétés alors très homogènes du point de vue ethnoculturel, ont pu conduire de réelles améliorations des conditions de vie des travailleurs. La déroute des régimes communistes à partir de 1989 a provoqué une désillusion totale à l’égard de l’étatisme et de l’égalitarisme, ce qui a permis par réaction l’accroissement considérable de l’audience des théories libérales. Vingt années plus tard, la crise du système libéral étant passée par là, les charmes du libéralisme se sont évanouis au sein des classes moyennes et défavorisées. Seules les classes privilégiées, y compris « socialistes » et « écologistes », qui profitent de la mondialisation libre-échangiste continuent de faire la promotion du modèle libéral.

Il peut sembler étrange que les courants dominants de la gauche se soient ralliés au mondialisme libéral mais comme l’a bien décrit Jacques Julliard dans son dernier ouvrage, les idéologies de gauche reposaient sur trois piliers, l’individualisme, le progressisme et l’égalitarisme; les deux derniers de ces piliers s’étant écroulés, il ne reste donc plus que le pilier individualiste qui est aussi le pilier central du libéralisme. C’est la raison pour laquelle depuis vingt ans, nous assistons au retour des gauches socialistes et écologistes dans le giron du libéralisme qui leur semble être le seul mouvement susceptible de permettre l’uniformisation de l’humanité. La gauche a définitivement abandonné les travailleurs français et européens auxquels elle impose désormais la loi d’airain du libre-échangisme universel, destructeur d’emplois et réducteur des salaires, au nom de son obsession de l’uniformité et de l’arasement de la diversité des communautés et des cultures. Quant au dernier carré des collectivistes, il est plus préoccupé par les intérêts des populations

immigrées que par celui des travailleurs autochtones et il est l’idiot-utile du libéralisme puisqu’il favorise l’immigration de peuplement vivement souhaitée par le grand patronat. La gauche est en train de mourir, mais elle ne le sait pas encore, parce qu’elle ne remplit plus son rôle qui résidait dans la défense des intérêts du peuple laborieux.

Face au triomphe du monde de la finance et des multinationales qui veut unifier l’humanité culturellement et socialement, les syndicats ont rendu les armes et accompagnent le démantèlement de nos industries et de nos régimes sociaux dans une parodie qui ne trompe plus grand monde.

Il nous appartient de prendre le relais des organisations de défense populaire du passé, en intégrant toutes les raisons de leurs échecs de façon à ne pas les reproduire. Ces échecs procèdent essentiellement de la croyance dans une égalité naturelle qui n’a jamais existé et d’un individualisme nécessairement universaliste ; les croyances erronées de Marx dans l’émergence inévitable d’une union internationaliste des prolétaires et d’une révolution mondiale ont fait le reste.

Contrairement à tout ce qu’ont professé les penseurs socialistes et communistes du passé, les luttes pour la défense des travailleurs doivent être envisagées dans le cadre des communautés ethnopolitiques. Comme l’a bien compris le philosophe Jean-Claude Michéa, la solidarité ne peut se concrétiser qu’au sein de communautés anthropologiquement homogènes. Les luttes des travailleurs ne peuvent s’inscrire qu’au sein de communautés enracinées ; c’est donc dans un esprit machiavélien, c’est à dire patriotique, civique et républicain, que le combat éternel du « popolo minuto » pour contenir les excès du « popolo grasso » doit s’exercer. Le grand philosophe florentin de la Renaissance, Nicolas Machiavel, pensait ainsi que ce combat nécessaire n’avait pas de fin mais qu’il était un bien parce qu’il était créateur d’institutions et donc d’identité .

Il ne faut pas que nous nous trompions quant aux aspirations de nos compatriotes qui n’attendent aucun grand soir, qu’il fût rouge, brun, noir ou vert. Comme l’a bien compris le philosophe Vincent Coussedière dans son ouvrage intitulé « Éloge du populisme », la réaction populiste aux changements imposés par la Nouvelle Classe libérale, est une révolte conservatrice contre la « révolution » permanente orchestrée par cette dernière ; c’est à dire que le peuple n’aspire pas à un bouleversement de la société et de sa sociabilité mais tout au contraire, il aspire à un retour à ce qu’il a connu dans un passé récent, à savoir l’époque des trente glorieuses qui a été marquée par la forte solidarité sociale d’une société encore homogène au plan ethnique. Notre peuple a définitivement compris qu’il fallait se méfier de tous les messianismes et s’il se méfie, à juste titre, des messianismes libéral et musulman, il se refuse à recourir à quelque nouveau messianisme que ce soit qui pourrait une fois de plus le bercer d’illusions et l’entraîner vers d’éventuelles catastrophes.Notre projet, qui est celui de la régénération du syndicalisme par le patriotisme, doit coller au plus près des aspirations très conservatrices des travailleurs; telle est la condition de notre réussite .

Cette convergence correspond à peu de choses près à ce qui a pu être un courant dit solidariste. S’il est probable que de nouvelles appellations plus actuelles et ne se terminant pas par ces trop fameux ...ismes restent à trouver, le besoin que le peuple exprime au travers de ses classes moyennes et populaires est grandissant. Au travail !

S O L I D A R I T ÉÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE

Les socialistes des 19ème et 20ème siècles avaient établi un bon diagnostic des maux induits par le libéralisme, à savoir l’exploitation insupportable des travailleurs déracinés et l’accroissement démesuré de la richesse des propriétaires de capital. Ils avaient très justement envisagé de créer une société dans laquelle la répartition des richesses aurait été moins inégale, mais leurs espérances légitimes se sont concrétisées par une longue série d’échecs et par des régimes tyranniques, totalitaires et criminels qui avaient tous pour horizon l’homogénéisation mondiale d’une humanité

constituée d’individus libérés de toutes leurs appartenances.

Philippe Milliaut

La gauche a abandonné les travaillurs français

Les croyances éronnées de Marx

Régénération du syndicalisme

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Mais tout ceci n’est que la conséquence du transfert de souveraineté des États au profit de l’Union européenne puisque ce sont désormais la Commission de Bruxelles, le Conseil de l’Europe et la cour de Luxembourg qui font la loi sur le continent, à coups de règlements, de directives et de jurisprudences. Il est donc assez amusant d’entendre et de lire ces derniers jours, après un accord de compromis entre les vingt-sept gouvernements des pays membres emmenés par le Fonctionnaire Inconnu Herman van Rompuy sur le futur budget européen septennal couvrant la période 2014-2020, que ce budget ne serait pas assez élevé. Il atteint quand même les 960 milliards d’euros, mais le précédent était supérieur de 30 milliards… C’est le kommissaire-en-chef José Manuel Barroso qui n’est pas content. Il faut dire que la plupart des parlementaires européens, euro-béats, ne sont pas contents non plus et menacent même de ne pas le voter. La paix européenne se transforme en guerre larvée : les pays du nord, qui ont notamment des crédits pour développer leur recherche et leurs infrastructures, en ont marre de subventionner les fainéants des pays du sud et de l’est ; ces derniers accusent les Anglais de saboter l’Europe de l’intérieur, ce que dès les années 1960 le général De Gaulle avait compris qu’ils feraient s’ils entraient dans le marché commun institué par le traité de Rome. La « crise », érigée en système de domination par la dette, ne permet plus les grands projets européens, et l’austérité poursuit inexorablement sa percée, tandis que des députés grecs qui manifestent au côté de leur peuple dont ils ne sont que les représentants, se font tabasser démocratiquement par la police d’Athènes. Patience citoyens français, l’abaissement de votre SMIC finira

également par être entériné, les banquiers de Goldman Sachs l’ont déjà proposé.

Finalement, comme tous les compromis, ce futur budget ne fait vraiment plaisir à personne (à part peut-être les eurosceptiques britanniques, qui de toute façon ont envie de quitter le navire dès que possible en s’appuyant sur un référendum) : les eurocrates ont la désagréable sensation de perdre un peu de leur pouvoir (qu’ils se rassurent, le Daily Telegraph a déjà révélé qu’il serait utilisé à bon escient, des patrouilles de « trolls » vont être financées pour mentir et encenser sur les réseaux sociaux cette construction européenne destructrice de ce qui a fait la civilisation européenne) mais les souverainistes considèrent ce budget somme toute presque égal au précédent encore beaucoup trop élevé, alors que l’UE au mieux empêche de régler les problèmes au niveau national, et au pire crée de nouveaux problèmes et des dépenses inutiles.

Profitons-en pour dénoncer l’hypocrisie de tous les européistes à la petite semaine. La réduction du budget de la politique agricole commune par exemple (même si elle est plus faible pour la France, avant tout terre agricole, que pour d’autres pays), ne devrait pas être une surprise puisque l’ancienne commissaire européenne à l’agriculture Mariann Fischer Boel avait annoncé fin 2006 la fin de la PAC, en expliquant qu’il faudrait que les agriculteurs se trouvent un salaire d’appoint à partir de 2013 s’ils voulaient survivre. De même, presque tous les eurodéputés se plaignent d’un budget minimal, qui ne permet pas de relancer l’économie et de concurrencer la production des Etats-continents comme les Etats-Unis, l’Inde

et la Chine, alors que ça ne les gêne absolument pas d’interdire toute forme de protectionnisme européen (à l’instar du marché commun original), tout quota, toute taxe aux produits d’importation. Au contraire, ils encouragent le libre-échangisme mondialiste au nom de la liberté de circulation, valable pour les hommes, les marchandises et les capitaux. Nous leur rappellerons le mot de Bossuet : « Dieu rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».

Cette situation n’est pas un choix : l’austérité est nécessaire dans ce paradigme euromondialiste puisqu’aucune décision conséquente n’est prise. Et comme il s’agit d’un cercle vicieux, l’austérité empêchant la croissance, qui entraîne à son tour faillites, licenciements et chômage, la situation se dégradera petit à petit sur tout le continent. Il est prévu de sacrifier les peuples sur l’autel de l’euro, puisqu’il n’est pas question de revenir sur le dogme de la monnaie unique. Heureusement, si les pseudo-dirigeants ont perdu l’esprit, il se trouvera toujours des gens du peuple pour se lever et le leur faire savoir.

B U D G E TE U R O P É E N . . .

Jean-Yves Dufour

ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE

L’actualité enchaîne les gros titres sur la viande de cheval non déclarée, le mariage unisexe, la procréation médicalement assistée, la gestation pour autrui (encore une preuve que socialisme et libéralisme ne sont que les deux faces de la même pièce émise par les banksters d’un système purement matérialiste)…

Un salaire d’appoint pour les agriculteurs !

Le sacrifice des peuples...

ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE/ ÉCONOMIE

La France, moteur de l’Europe...

TOUS UN

IS CONT

RE L’IMP

ÉRIALISM

E I N T E R - N A T I O N A L E S O L I D A R I S T E

Dernier pôle de combat...

Serge Ayoub

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Ce deux février lorsque, face au Panthéon, se termine notre manifestation contre tous les impérialismes, lorsque, devant 800 participants, j’entame mon discours...

J’aurai pu, après le succès évident de cette journée, avoir le sentiment du devoir accompli. Beaucoup se contenteraient de cet instant de victoire, de son effet galvanisant immédiat sur nos militants, certains se suffiraient du « buzz » vidéo sur internet, comme on dit maintenant. Il est vrai que rassembler, en plein Paris, des peuples si différents (syriens, serbes, russes, québécois, belges et français) tous unis contre le même ennemi, le mondialisme, cette machine à écraser les peuples et la liberté relève de la gageure.

Je dois avouer que lancer un tel défi et le gagner suffirait pour crier victoire.

À mes yeux l’important n’est pas là, il dépasse cette magnifique marche des hommes libres contre la tyrannie planétaire de l’argent. Cette journée ne se réduit pas au seul refus de la soumission à un nouvel ordre mondial conçu comme la négation de toute humanité, elle annonce autre chose. En effet, du haut de latribune où je suis installé, je vois plus qu’un millier d’hommes et de femmes décidés, j’aperçois l’avant garde d’un autre monde possible, celle de la grande armée des peuples qui veulent être libres ou le rester.

Dans ce dessein, laFrance joue un rôle majeur, celui qu’elle devrait toujours avoir. Elle se retire de l’Union Européenne non pas pour y renoncer mais pour la refonder. L’Europe sera réorganisée de façon continentale, dans une confédération d’États Nations

unis dans un marché commun avec une fiscalité, un droit social et une monnaie commune, comme l’a conceptualisé l’économiste Maurice Allais.

Un premier pôle économique extra européen sera envisagé sur un axe Paris Berlin Moscou dans une perspective d’un eurasisme bien compris, c’est à dire basé sur des partenariats d’échanges véritables et non pas d’une façon russo-centrée comme l’imagine un peu simplement un de ses initiateurs, le professeur Douguine. Cette recomposition économique et politique assoira l’indépendance de l’Europe et ouvrira le marché de la Russie à notre économie.

Un deuxième pôle francophone se constituera autour de la méditerranée. Le partenariat développera simulta-nément nos génies propres et autorisera un développement commun jamais envisagé jusqu’alors.

La Francafrique sera réactivée dans le sens d’une réorganisation du pôle africain. Les réseaux initiés par Foccart, si critiqués de nos jours, n’auront plus comme objectif d’exploiter l’Afrique et les Africains au seul bénéfice d’une minorité de grands possédants mais de servir les intérêts réciproques de nos pays respectifs. Dans ce cadre la dette inique du tiers monde, qui n’existe que pour mieux asservir les peuples, sera annulée par la France. Des

accords de coopération exclusifs, partout, la remplaceront.

Il est évident que le boum économique, les grands travaux qu’ils induiront et la refondation des relations sur tout ce continent permettront un retour migratoire des travailleurs vers leurs pays d’origine. Que ce soit pour les États, les peuples ou les individus, l’exploitation, la déportation, la soumission et l’humiliation ne seront plus de mise.

Un autre pôle sera constitué avec le Moyen-Orient, lequel est issu d’une longue tradition française, pérennisée par Napoléon III. Les accords d’aides, de partenariats et d’amitiés signés avec le Liban, la Syrie et l’Iran, ouvriront des marchés économiques tout en garantissant une paix durable dans la région.

Un autre pôle incluant la Russie, l’Europe et le Moyen-Orient se développera avec le continent sud américain par l’entremise du Venezuela et de Cuba.Pour finir un dernier pôle de combat, celui là, passera à l’offensive sur les terres mêmes de l’ennemi (wall street et la city) en Amérique du Nord, au Québec, grâce à la francité, cette arme de civilisation au pays de la barbarie de l’argent.

Ainsi les tenants de cet impérialisme global qu’est le mondialisme se retrouveront à leur tour isolés, mais avec cette différence que nous, les combattants du monde libre, n’assiégerons les États-Unis d’Amerique que pour mieux les libérer du système totalitaire marchand qui les opprime depuis trop longtemps.

La France, moteur de la nouvelle Europe, partenaire équitable et solidaire dans un monde multipolaire des peuples libres, reprendra sa place de leader de la liberté, des non alignés au mondialisme, et sera le champion de fait de tous les opprimés.

Voilà ce que j’ai vu du haut de cette tribune ce jour. L’éclaircie qui recouvre d’un coup la manifestation balaie, en même temps que les nuages, mon inquiétude face au travail à accomplir et la remplace d’un rayon de soleil furtif, par l’espoir, qui s’il se réalise, nous permettra, nous l’avant garde solidariste, de dire avec fierté : j’y étais !

Un développement commun...

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On peut aussi regretter que des déclarations, des postures, des haussements de menton des chefs politiques français aient entravé un règlement plus rapide de ce dossier. Ces déclarations malheureuses, certainement faites de bonne foi, sont marquées par l’existence au sein de notre classe politique et de notre corps diplomatique d’une idéologie qui prétend que le monde après la chute du bloc soviétique est entré dans l’ère post-historique fukuyamienne et même l’ère a-historique. Les peuples et les nations n’ont pas de passé et vivent dans le meilleur des mondes droit-de-l’hommiste et consumériste possible, sans passé, dans le présent. Or ce temps occidental atlanto-centré de l’a-histoire n’est pas celui de centaines de millions d’êtres humains et en particulier des Mexicains.

On peut sans trop se tromper marquer le début du « choc des civilisations » franco-mexicain au sujet de l’affaire Florence Cassez au discours effectué par Nicolas Sarkozy devant le Sénat mexicain le 9 mars 2009. L’écrivain Hugues Kéraly affirme ainsi avoir discuté avec un ancien ministre du président Felipe Calderón qui lui aurait déclaré : « Florence Cassez ? On l’aurait bien laissé partir en France avant le printemps 2011, conformément à la convention de Strasbourg que nous avons imprudemment signée. Mais Sarkozy nous insulte. Delanoë nous conspue. Alliot-Marie en rajoute des tonnes face à son Parlement. Ce sont eux et personne d’autre qui vient de condamner la petite Française à perpétuité ! »

Nicolas Sarkozy avait déclaré lors de ce discours que le Mexique devait accepter de payer « le prix du sang de ses soldats » s’il voulait accéder au statut de « grand pays » membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU. En clair, il conditionnait la « grandeur » du Mexique à sa capacité à

participer à des interventions armées hors de ses frontières sous l’égide de l’ONU.

Outre le non-alignement traditionnel de la diplomatie mexicaine, l’allusion à une intervention extérieure a réveillé une plaie des relations franco-mexicaines dont la prégnance dans la mémoire collective mexicaine ne devait même pas être connue des conseillers diplomatiques français : l’intervention des troupes de Napoléon III au Mexique entre 1861 et 1867. Cette « vieille histoire » qui semblait totalement oubliée de notre diplomatie a pourtant servi de fil conducteur à ce qu’il faut bien appeler une propagande anti-française au Mexique à chaque déclaration maladroite de nos chefs politiques : le quotidien La Jornada qualifiait ainsi notre président de Mariscal Sarkozy, par allusion au Maréchal Bazaine, « lançant des charges de cavalerie interventionniste depuis la tribune du Sénat Mexicain ».

L’ « Affaire Cassez » fut donc surtout au delà d’une affaire judiciaire le choc de deux représentations du monde et de conception des relations internationales.

D’un côté - celui de la France - nous avons les déclarations des chefs politiques d’une « puissance arrogante » qui a renoncé depuis les débuts de l’intégration Européenne à prendre en compte le poids de l’histoire dans les relations diplomatiques entre les États pour y intégrer des valeurs globales comme les droits de l’homme. A ces prétendues valeurs, il faut ajouter un salmigondis et un remugle de relents interventionnistes remis au goût du jour par notre ancien MAE Bernard Kouchner sous la dénomination de « droit d’ingérence » ou de « Responsability to protect ». Mais M. Sarkozy et son gouvernement ne furent pas les seuls auteurs de ces déclarations

hautaines ! Les déclarations des principaux responsables politiques socialistes français concernant l’« Affaire Florence Cassez », en particulier Mme Martine Aubry-Delors, M. Benoit Hamon montrent que cette Weltanschauung - vision du monde - globaliste, droit-de-l’hommiste, interventionniste et surtout prétentieuse est largement répandue dans l’établissement politique français.

Face à cette morgue et à cette condescendance des chefs politiques Français il y a ce que l’on nomme la fierté - parfois l’orgueil - de l’État, du peuple et de la nation Mexicaine. Il s’agit tout simplement de la conscience nationale et historique d’un peuple et d’une nation qui ne veulent pas se laisser dicter leur politique intérieure par l’« étranger ».

Le Mexique n’est pas entré dans la post-histoire ou dans l’a-histoire comme la France et le poids du passé, surtout des luttes récentes contre des envahisseurs étrangers, y est encore présent. Le Mexique c’est dans sa grande majorité, mis à part son élite mondialisée de pseudo-intellectuels qui se sont rangés idéologiquement aux côtés de Mme Cassez, une vision barrésienne de l’État et de la Nation, celle de la Memoria de la tierra y los muertos, celle de la Nación de Aztlán. Cette « mémoire de la terre et des morts » est ainsi présente - et même exacerbée - jusqu’au au sein de la population hispanophone de la diaspora chicano résidant aux États-Unis. À la mémoire de ceux qui sont tombés contre l’interventionnisme étranger s’ajoute la mémoire de ceux qui désormais tombent chaque jour dans une autre guerre, celle contre les cartels. Comme lors de la bataille de Puebla, le Mexique combat aujourd’hui le crime organisé - celui auquel de nombreuses preuves semblaient alors

On ne peut que se réjouir de la libération de Florence Cassez par décision de la Cour suprême mexicaine après 7 années de détention mais on ne peut que déplorer le déferlement indécent de triomphalisme des médias français et la récupération de cet événement par les politiques qui ont frôlé l’indécence.

La conscience historique d’une nation

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LORENCE CASSEZFLA MÉMOIRE MEXICAINE CONTRE L’ARROGANCE FRANÇAISE

Une propagande anti-française

La conscience historique d’une nation

La valeur du sang versé

Daniel Besson

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Certes, on nous désigne quelques car-casses de camions incendiés, mais nous sommes loin des scènes de désolations pyromanes de la banlieue de Stras-bourg ou de Lyon une nuit de réveillon.

Il y a bien aussi l’accueil enthousiaste des populations indigènes devant l’arri-vée des chars Français dans les villages, mais il est très possible qu’il s’agisse sim-plement de célébrer la qualification en demi-finale de l’équipe du Mali dans la coupe d’Afrique des Nations ! Les camé-ras traquent encore des quartiers dévas-

tés par des bombardements mais entre nous les images des émeutes de Villiers-le-Bel témoignent davantage d’un vrai champ de bataille. Nous cherchons en vain la guerre du Mali au Mali. Il nous manque des cadavres, des pertes chif-frées, des explosions filmées, des avions en piqué. Il nous manque la guerre dans cette guerre !

Nous croyons voir quelque chose que l’on ne nous montre pas. La guerre du Mali n’a pas eu lieu. Des soldats Français ont bien été envoyés, des islamistes sont passés par là, des populations ont été libérés, mais chacun des belligérants semblent n’avoir fait que se croiser sans jamais concrètement s’affronter. A Gao, on prétend qu’une contre-offensive des islamistes a enflammée la ville. Un témoin évoque un djihadiste isolé avan-çant en direction de l’armée malienne. Un autre témoin brandit un morceau dit de chair humaine que l’on a le droit de prendre pour une chaussure usagée. C’est maigre pour une scène de crime. Il s’agit décidément d’une guerre introu-vable ! Dans le Journal du Dimanche, la France est solennellement mise en garde par le frère du n° 1 d’Al-Qaida. Notre pays aurait déclaré la guerre à l’Islam. Quand on demande

à Mohamed Al-Zawahiri s’il a des nou-velles de son frère Ayman, il a cette réponse exemplaire : « Non. Le peu de nouvelles que j’ai de lui, c’est à travers les sites Internet ou les médias ». Ce cher Mohamed est-il seulement convaincu de l’existence de son propre frère ? Les Etats-Unis et les pays occidentaux qui pour caricaturer nous ont envoyés des barres de céréales et des sacs de cou-chage pour appuyer notre intervention armée, nous semblent aussi septique que nous sur ce qui se passe au Mali. La démonstration de force du président Hollande a tout d’une démonstration de farce.

A trop nous informer et nous prendre par la main, nous en arrivons à douter de tout dans un monde falsifié qui nous fait prendre de la viande de cheval pour du bœuf et l’hiver dans le monde arabe pour le printemps. Nous ne distinguons plus la fiction de la réalité. Et une nou-velle ère d’obscurantisme et de supersti-tions nous menace.

N’A PAS EU LIEU...

LA G

UERR

E DU

MALI

Rubempré

Il nous manque des cadavres...

Un monde falsifié...

rattacher Mme Florence Cassez - pour la pérennité de son intégrité nationale.

C’est ce qui explique bien au delà des considérations de politique intérieure Mexicaine la « réaction disproportionnée » - comme la qualifiait alors M. Juppé - des Mexicains aux rodomontades françaises.

Comment reconstruire aujourd’hui ce champ de ruines que sont devenues en quelques années les relations franco-mexicaines ?

Pendant que les politiques assistés des diplomates se lançaient dans des diatribes contre la « justice mexicaine corrompue » un groupe de Français et de Mexicains ont su maintenir les liens entre les deux peuples. Chaque année entre 2009 et 2013, des civils et des militaires Français et Mexicains ont commémoré le souvenir de la bataille de Camerone entre la Légion étrangère et les partisans de Benito Juarez. Cette commémoration se déroule sans interruption depuis 1965 et a traversé

les vicissitudes des relations franco-mexicaines. Plus que d’autres, ceux qui participent à cette cérémonie connaissent le poids de l’histoire et la valeur du sang versé dans les relations entre les peuples et les nations. C’est sur ces personnes qu’il faut rebâtir les relations franco-mexicaines

et non pas sur la classe politique et la caste diplomatique !

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La dernière en date concerne la facilitation de la reconnaissance des enfants nés à l’étranger dans le cadre de la gestation pour autrui. Bonne nouvelle pour les parents d’origine étrangère qui souhaitent avoir des enfants de femmes restées au pays au prétexte que leur femme ne peut ou ne veut avoir d’enfant.

Il est surprenant de voir une ministre de la justice être en première ligne quant à l’adoption d’enfants étrangers, rôle qu’est censé tenir la ministre de la famille, alors que dans le même temps le gouvernement a donné pour priorité à l’éducation nationale les cours sur la sexualité, développer les moyens de distribution de contraceptifs et donner des moyens supplémentaires pour que l’ IVG soit pratiquée dans un maximum d’hôpitaux.

Est-ce une volonté gouvernementale que de faire chuter les naissances en France dont 31,5% proviennent d’un parent issu de l’Afrique, du Maghreb ou des Antilles ? A moins que cela ne vienne du constat que 60% des naissances en Ile de France provenaient, en 2010, d’un parent issu de l’ Afrique, du Maghreb ou des Antilles ?

Christiane Taubira s’était déjà signalée en 2006 dans un article paru dans l’Express :Christiane Taubira déclare sans ambages qu’il ne faut pas trop évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les « jeunes Arabes » « ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes ».

Pour cette ministre de la justice, les petits gaulois peuvent porter sur leur dos les méfaits de certains esclavagistes mais pas les « jeunes arabes » ou africains dont leurs ancêtres ont vendus les leurs aux européens ?

Le conseil constitutionnel a cependant remis en cause la loi sur pénalisant la négation des génocides au prétexte qu’elle n’est pas conforme à la constitution.

Cette attitude racialiste assumée en 2006 se retrouve aujourd’hui dans les choix politiques d’une ministre qui favorise l’adoption des enfants nés à l’étranger et souhaite vider les prisons dont même les imams reconnaissent qu’elles sont remplies d’immigrés.

Il est très questionnant de voir une politique gouvernementale opposer l’IVG et la sexualité à tout va en France pendant qu’elle encourage les naturalisations et les adoptions d’enfants à l’étranger. Le remplacement ethnique est validé indirectement par les études médicales.

D’un côté, le président de la république va se repentir en Algérie et à Gorée (fausse île aux esclaves), produisant de la rancœur chez un nombre croissant de jeunes issus de l’immigration et d’un autre, il met en œuvre une politique de substitution de population. Quels résultats peuvent arriver avec une telle équation ?

Le cynisme atteint donc son paroxysme avec des français de souche que l’on culpabilise, que l’on encourage à ne plus faire d’enfants et que l’on va opposer à des immigrés que l’on va faire venir en masse avec un système (éducation nationale, médias et gouvernement) qui va les faire grandir dans la haine.

Des peuples élevés dans ces conditions sur le même territoire s’entendront ils ?

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LE PAYS

DU D

ROIT

L’Hexagone, c’est le terme qui remplace désormais la France métropole dans les circulaires signées par notre ministre indépendantiste de la justice.

Anthonin Lamoureux

La chute des naissances, une volonté gouvernementale ?

Le remplacement ethnique validé...

Une politique de substituion de population

les enfants français vusd e s a u t r e s . . .

par chr ist iane taubira

les enfants français vuspar chr ist iane taubira

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Ils sont abandonnés à leur triste sort, seuls n’ayant pour unique protection que ce que la loi a prévu de leur accorder. Victimes de la mondialisation, la plus grande partie d’entre eux sont les victimes collatérales de la chasse aux profits dans un marché presque totalement déréglementé. L’appauvrissement général des peuples aggrave la situation en réduisant la demande intérieure et provoque aussi le dumping économique par la course aux prix les plus bas. Il est loin le temps où Monsieur Ford déclarait qu’il fallait bien payer les ouvriers afin qu’ils puissent acheter les automobiles que ces derniers avaient produit.

La part de l’industrie dans l’économie nationale n’a cessé de décroître depuis des décennies. Dépendant de l’exportation dans un marché totalement ouvert, la crise financière n’a fait qu’amplifier la longue agonie de ce secteur d’activité. Les conséquences sociales sont considérables, car des régions entières ont été saignées, l’emploi perdu n’a plus jamais été retrouvé. Les régions qui ont fortement été marquées par l’empreinte industrielle, avaient par le passé bénéficié d’un apport considérable de populations issues, ( au cours du XIXème siècle et jusqu’en 1914 essentiellement) de l’exode rural, puis au cours du 20ème siècle, l’exode rural se poursuivant, l’immigration a pris une partie du travail que ce soit dans les mines ou dans les usines. Les progrès des sciences et des techniques a permis l’augmentation de la productivité non seulement dans l’industrie mais aussi dans le secteur agricole. La part des emplois agricoles s’est effondrée d’une manière dramatique, provoquant la désertification d’une grande partie du pays et la destruction sèche d’emplois

dans le secteur des services. Des les années soixante le général De Gaulle, anticipant l’augmentation de la productivité et donc la libération d’emplois, avait parlé pour la fin du XXème siècle de l’entrée dans la civilisation des loisirs avec l’augmentation du temps libre pour tous. Le déclin, voire la disparition, des deux secteurs d’activité que sont celui de l’agriculture et des mines et celui de l’industrie de transformation ont accéléré ce phénomène, destructeur d’emplois, mais sans être compensé par les ressources financières nécessaires pour payer ce fameux temps libre. Une solution avait été envisagée dés 1996 par un ancien grand patron de l’entreprise ALCATEL qui avait à l’époque déclaré que l’avenir de la France se trouverait dans la recherche et dans le développement des services. Il ajoutait que la France n’avait plus la vocation à produire des produits manufacturés sur son territoire, car les coûts y sont trop élevés. Cette déclaration n’avait à l’époque suscité aucune réaction particulière, et pour cause personne n’avait mesuré l’impact de l’explosion du capitalisme devenant purement financier, le développement des pays emergeants et pour ce qui concerne l’Europe, l’inféodation du système au dogme de l’économie de marché libre et sans entrave. Rien n’a été anticipé. La prédiction du général De Gaulle s’est aujourd’hui réalisée sauf qu’il s’est trompé en pensant que la France continuerait à produire pour les autres, n’envisageant aucune concurrence possible. Aujourd’hui, le temps libéré se mesure en chômeurs, la belle affaire. Sans bénéfice pour la collectivité, la productivité à été renforcée par la mise en place des 35 heures et ses conséquences directes sur les travailleurs que sont le blocage des salaires et l’annualisation du nombre d’heures

travaillées. Le résultat est qu’en attendant, les nouveaux emplois dans la recherche non pas été créés, faute de moyens et d’investissements. Les comptes sociaux plombent toute marge de manœuvre. Le seul réflexe qu’a eu le gouvernement précédant pour compenser ce retard aura été la stupide idée d’immigration choisie lancée pour attirer les « talents ». Faut-il rappeler que les universités françaises débordent de futurs chômeurs, notre pays subventionne également l’aide au développement en permettant que nos écoles soient accessibles à des étudiants étrangers qui une fois leurs études finies restent ici au lieu d’aider au développement de leur pays ? Les emplois dans les services, comme dans l’aide à la personne voire dans la restauration sont pour la plupart d’entre eux peu valorisants et relativement mal payés. Ce gisement d’emplois est plus une régression sociale pour ceux qui auraient connu autre chose et, de plus, fortement dépendant de l’argent public.

La destruction d’emplois a toujours été compensée par le passé, c’est un phénomène naturel. Depuis 40 ans avec l’apparition du chômage de masse, la mécanique s’est enrayée. Une immigration d’installation et le regroupement familial ont remplacé l’immigration de travail aggravant les comptes sociaux et par la même dégradant le fameux niveau de compétitivité des entreprises. Les reconversions se sont toujours mal passées depuis les années quatre vingt, laissant sur le bord du chemin un nombre de plus en plus important de travailleurs. Leurs reconversions sont d’autant plus difficiles, sauf si le déclassement professionnel devient la norme. Les niveaux de compétences exigés sont de plus en plus

Les plans sociaux se succèdent, et malgré leur importance, ils ne représentent que 4% des destructions d’emplois. La plus grande partie est détruite dans l’anonymat le plus total. Les travailleurs impactés ne bénéficient de l’exposition médiatique, qui leur permettraient de bénéficier de meilleures conditions au moment de leur départ, que s’ils font partie d’entreprises dans lesquelles les syndicats sont présents.

c e ux q u ’ o n o u b l i e

La mécanique s’est enrayée...

L’impact de l’explosion du capitalisme...

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JC Rivière

Le chômage, la grande faucheuse...

élevés, sans parler de l’apparition de nouveaux critères subjectifs à l’embauche. Non seulement l’entrée sur le marché du travail est de plus en plus tardive, mais les formations scolaires et professionnelles ne suivent pas. Haro sur le travail manuel et sur l’apprentissage. Il n’y a que peu d’adéquation entre les emplois disponibles et la masse de chômeurs. Le résultat est qu’une partie de ces emplois disponibles ne trouvent pas preneurs. Les raisons sont nombreuses, et même la création même de son propre emploi est également hasardeuse. La crainte du chômage et du déclassement décourage la plus grande partie des travailleurs et sclérose toute prise d’initiative. Les seules opportunités offertes aujourd’hui le sont dans le secteur des services, mais personne ne veut avouer que ce secteur est fragile. Il est tributaire de la richesse générale, le plus souvent de l’argent public. La plus grande partie de ce secteur d’activité n’est que de la valeur ajoutée et ne peut survivre que s’il vient en soutient à des activités de production. Le secteur de la construction et celui des transports proposent beaucoup d’emplois

mais sont tous deux très largement dépendants des conditions générales économiques ambiantes. Si ces emplois sont par principe non dé-localisables, une partie d’entre eux peuvent s’exercer depuis l’étranger, comme par exemple dans le secteur de la communication. La réglementation Européenne, en rajoute, en organisant le dumping social dans chaque pays. Des emplois de service ou dans la construction sont occupés légalement par des travailleurs étrangers, soumis à des réglementations sociales moins contraignantes, quand ceux-ci ne sont pas pris par des travailleurs illégaux acceptant de travailler dans n’importe quelles conditions.

Dans ces conditions, quelle est la place du travailleur Français ?

Ceux qui ont la chance d’être bien défendus s’en sortiront peut-être, mais que dire de tous ceux pour qui la perte de l’emploi est sans issue ? Que les autorités ne s’étonnent pas que certains en viennent à des extrémités pour garder leur emploi.

Après les suicides en entreprise, il y a aujourd’hui des suicides de chômeurs sans parler des travailleurs prêts à détruire l’outil de travail, car ils sont dépossédés de ce que l’on appelait jadis le « gagne pain ».

Le grand poète et chanteur Québécois Félix Leclerc avait composé une chanson sur les diverses façons de tuer un homme, après avoir décrit un certain nombre de manières d’arriver à ses fins, l’auteur avec raison concluait que la meilleure solution était de lui ôter le travail. Le travail est souvent une grande souffrance, mais le chômage est la grande faucheuse. La dignité ne s’achète pas avec de simples allocations de chômage. Combien de morts faudra-t-il avant qu’une explosion sociale générale emporte le tout ?

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Premier rappel : l’usine Goodyear tourne au ralenti suite au décision de la direction de diviser le volume de production par dix. Il ne s’agit donc pas d’un débrayage permanent organisé par la CGT, ni d’une « fainéantise » ahurissante qu’auraient développée les ouvriers de l’usine. Ajoutons qu’aucune disposition du code du travail ne protège un salarié qui refuserait manifestement de travailler.

Contrairement à ce que l’on entend depuis la mise en place des 35 heures, les Français travaillent beaucoup. Par rapport aux durées de travail moyennes effectives dans les pays européens, les Français travaillent 38 heures, contre 35,7 en Allemagne, et arrivent en

4ème position derrière la Grèce, ou l’on travail le en moyenne 42,3. De plus les Français sont aussi parmi les peuples les plus compétitifs : le PIB moyen d’une heure travail lée en France s’établissait en 2010 à environ 50 euros, à la troisième position des pays européens quand le coût salarial horaire moyen est d’environ 33 euros.

Selon Maurice « Morry » Taylor Jr., les ouvriers de l’usine Goodyear d’Amiens sont des fainéants, ils ne travailleraient que trois heures par jour, et le syndicat majoritaire, la CGT, est fou. Le PDG de Titan et ancien repreneur potentiel de l’usine a eu le mérite, et c’est bien le seul, d’exprimer avec toute la finesse d’analyse propre à l’esprit yankee un vieux stéréotype économique : « Les Français ne travaillent pas assez ». Qu’en est-il ?

LES FRANÇAIS SONT-ILS

FEIGNANTS ?

Les Français travaillent beaucoup

et travaillent bien

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Par comparaison, le PIB d’une heure travaillée en Hongrie est de 19 euros, ce qui rendrait toute délocalisation dissuasive si le coût salarial horaire ne s’établissait pas à… 7 euros ! Autrement dit, on avec trois hongrois 20% de plus travail en plus qu’avec un Français, et pour 30% moins cher.

En tout cas l’affirmation change : les Français travaillent bien, mais sont trop chers. Car si les milieux d’affaires et la droite, (à laquelle il faut ajouter quasiment l’ensemble du gouvernement, à l’exception utile de M. Montebourg) laissent courir le bruit d’une France qui ne travaille pas, c’est pour mieux faire accepter à notre peuple l’idée qu’il est un feignant et qu’il faudra bien en passer par un ajustement des masses salariales dans les entreprises pour redevenir compétitif au niveau mondial. Ce qui revient ni plus ni moins à condamner notre modèle social, reposant sur une solidarité maximum entre les générations, et qui implique que les actifs paient pour les inactifs (retraités, jeunes et chômeurs).

Défendre le modèle social français impliquerait automatiquement un soutien total à la production domestique, via des mesures de protections douanières ciblées sur les produits en provenance des pays où les coûts salariaux sont les plus faibles. Autrement dit, dire que les Français sont plus chers que x ou y sans réfléchir à la structure de ces coûts

salariaux ni au modèle de politique économique national qu’elle implique est d’emblée une supercherie visant à faire accepter le démantèlement des États providence à l’européenne.

Nos économies méritent qu’on les défende. Le PDG de Goodyear a révélé l’étendue de l’imbécillité économique du grand patronat mondialisé. « J’inonderai le marché français de pneus chinois » déclarait-il au ministre du redressement productif.

Naturellement, ces pneus sont moins chers à l’achat que des pneus « made in France ». Pourtant, sont-ils moins chers à l’usage ? La réponse est non.

Ainsi, d’après le magazine l’Argus, des essais comparatifs ont été réalisés entre 2009 et 2010, soit par des organismes indépendants tels que le TÜV SÜD allemand ou le magazine anglais Autocar. Ceux-ci mettent en évidence qu’un véhicule équipé d’un pneu chinois de marque Linglong mettrait 8 mètres de plus à s’arrêter (soit 40 mètres au lieu de 32) que ce même véhicule équipé d’un pneu de marque Continental (test effectué à une vitesse de 80 km/h sur un revêtement mouillé). Ainsi, à l’endroit où l’auto équipée de Continental se retrouve à l’arrêt, cette même berline, chaussée de pneus Linlong roule encore à 44,7 km/h...

Pour une moto par exemple, un jeu de pneu français coûte environ 185 €, contre 145 pour des pneus chinois… Sauf que les pneus chinois, de performance inférieure, s’usent également plus vite : on ne peut rouler avec ceux-ci que 75% du trajet effectué avec des pneus français.

Ces écarts de qualité peuvent apparaître comme naturels intuitivement. Pourtant ceux-ci ne sont pas pris en compte dans les comparaisons de productivité entre pays. La productivité d’un salaire moyen se mesure, on l’a vu en PIB par heure travaillée. Autrement dit, plus le produit est vendu, plus l’heure de travail est jugée productive, même si cette heure de travail n’a contribuée qu’à produire un produit de qualité inférieure… Si trois pneus chinois se vendent pour un seul pneu français, l’heure de travail chinoise, et le travailleur chinois seront jugés plus productifs quand bien même ils sont incapables de fournir une qualité rivalisant avec la qualité française.

Les bas coûts salariaux sont bons pour les actionnaires, car plus un produit se vend plus ils y gagnent… un paramètre totalement pervers quand il est intégré comme instrument de mesure par les pouvoirs publics européens, qui acceptent ainsi de dévaluer systématiquement la compétitivité des entreprises domestiques.

Hugo Lesimple

Et pourtant... elles ferment !

Moins chers à l’achat,

plus chers à l’usage

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NOUS

E T M A R X . . .

La lecture des textes fondamentaux du marxisme permet de dissiper bien des illusions sur l’utilité de revenir à Marx dans la situation présente. Ainsi nous dit-on qu’il a vu venir le mondia-lisme financier. C’est incontestable, il le définit avec Engels dans le « Manifeste ». Seul petit détail, il ne le condamne en rien, au contraire, il juge cette évolution positive. Il demande néan-moins aux peuples de combattre leur paupérisation en s’unis-sant. Certes, mais en détruisant au passage l’idée même de nation (« Les prolétaires n’ont pas de patrie »). Il signale que les « bourgeois » détruisent les classes moyennes. Oui ; et il s’en félicite, en exprimant le mépris le plus total pour les « petits-bourgeois », les artisans, les « aristocrates ouvriers », en France, de Pierre-Joseph Proudhon, qu’il hait, après l’avoir encensé. En quoi Marx peut-il s’avérer intéressant au point de le ressusciter en ce début du XXIème siècle ? Le prophète des luttes de classe a-t-il vu clair au sujet des conflits dont il fut le contemporain ?

Prussien de nationalité et d’éducation, alors que cet État prenait un essor fantastique au XIXème siècle, Marx a pronostiqué que la révolution éclaterait très vite à Berlin, que toutes les puissances eu-ropéennes se ligueraient contre Bismarck pour l’écraser, qu’en cas de conflit Autriche-Prusse, l’armée prussienne se désintégrerait. Il a estimé en 1870 que la France vaincrait avec facilité son ennemi

d’outre-Rhin. De façon identique, quelques années auparavant, il se déclarait sûr, avec Engels, de la victoire autrichienne sur les ar-mées françaises et italiennes. S’il n’y avait que cela, on devrait déjà se garder de surestimer la validité des méthodes d’analyse marxiste.

Il s’y ajoute les déboires de Marx en tant que chef de parti. Malgré son acharnement, son emploi des procédés les plus divers et de ruses perfides, son organisation, la Ligue des Justes, puis des Communistes, ne devait subsister que quelques an-nées, entre la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et la Prusse. Ses fidèles les plus dévoués finirent, écœurés, par lui tourner le dos. Il se vit contraint de dissoudre sa création. Une autre tentative, poursuivie sur un plus long laps de temps, la prise en main de la direction des luttes sociales à travers l’Europe, et au-delà, des travailleurs du monde entier, par une Internationale animée depuis Londres, sombra après une dizaine d’années, du fait de son hostilité envers Bakounine, l’anarchiste qui l’admirait et le soutenait. Le combat acharné qu’il lui livra afin de l’éliminer, par pure jalousie de diva, provo-qua une grande attention, contribuant à discréditer pour long-temps la solidarité internationale des travailleurs. Les moyens employés contre le Russe lui valurent un discrédit profond.

En Allemagne, il s’efforça de prendre le contrôle du mouvement syndical, puis du parti social-démocrate, qui se référait explici-tement à ses idées. Ses amis occupèrent les postes principaux. Cependant, sa haine viscérale de Lassalle, un de ses disciples et soutien, sema le trouble et la désunion chez les adhérents, amena une scission laissant deux formations d’idéologie semblable face à face, et cela pour plus d’un siècle. Il perdit le contrôle des di-rigeants désignés par lui ; hors d’état de les éliminer, il dut faire semblant de les approuver, tout en les méprisant profondément.

Au total, une série d’échecs impressionnants. Il termina sa vie en 1883, raté politique complet. Engels lui ayant survécu une dou-zaine d’années, parvint à créer les conditions de la survie du marxisme. A sa disparition, en 1895, un Russe inconnu nommé Oulianov, qui prit le surnom de Lénine, avait relevé le flambeau, et l’on sait quel fut son succès, deux décennies plus tard. Il est vrai que ce disciple posthume ne réalisa pas la plus parfaite édi-fication concrète de la pensée du maître. Le meilleur élève se rencontra en Asie, au Cambodge, au XXème siècle, et Pol Pot mérite incontestablement de se voir qualifié de meilleur des pra-ticiens marxistes, n‘en déplaise à ceux qui affectent de ne pas savoir ce qu’il entreprit à l’échelle d’un peuple de 1975 à 1979.

Enfin, notons l’enthousiasme présent des partisans de la finance mondialiste pour Marx. En France, nous ne citerons, car ils suffisent en soi, que Jacques Attali et Alain Minc parmi les admirateurs dé-clarés de Karl Marx. N’est-ce pas suffisamment édifiant ? Vouloir dans ces conditions « récupérer » Marx pour le camp des résistants à la mondialisation impérialiste, c’est se placer sous la bannière de l’ennemi, semer la confusion chez soi et non pas chez l’ennemi.

De divers côtés, on nous suggère que la lecture de Marx, coauteur avec Engels du « Manifeste Communiste » et du « Capital », constituerait une excellente chose, susceptible de nous aider dans la lutte contre la finance mondialiste et ses bras armés. Les sirènes tentatrices du marxisme, on les trouve au P.C., toujours là et qui vient de tenir son congrès, de même que dans les milieux anarcho-marxistes (pourtant, dans les termes, une contradiction absolue), et parmi des nationalistes-révolutionnaires, croyant ainsi s’attirer la sympathie d’éléments d’extrême-gauche, susceptibles de les rejoindre.

Nicolas Tandler

Une pure jalousie de diva...

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Raté politique complet

Un emploi de ruses perfides

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Si la pire chose qu’on pouvait reprocher à Caroline Fourest était sa coupe de cheveux déplorable, le Monde serait un endroit meilleur... Caro, qu’on ne présente plus, est depuis des années à l’affût du moindre espace médiatique à occuper, tant pour promouvoir une vision du monde qui filerait des hémorroïdes à une plante verte, que dans le but de combler un égo semble-t-il démesuré. Probablement aussi pour prendre un maximum de pognon, mais ça, c’est déjà plus trivial…

Revenons à son égo pantagruélique, qui doit se porter ces temps-ci comme un charme, vu que sa propriétaire était la vedette d’une série de quatre documentaires commandités par France 5, traitant des Réseaux de l’Extrême (et Dieu sait qu’en tant que pote de BHL, elle s’y connaît, en réseau). Des épisodes d’environ une heure se concluant par une « discussion-confrontation » avec un interlocuteur censé lui porter la contradiction. Au programme, et dans l’ordre s’il vous plaît: conspirationnistes, islamistes*, fascistes**, et pour conclure, anti et pro-sionistes. Ce qui choque d’emblée, et nous renvoie encore et toujours à l’égo de notre sympathique « journaliste », c’est l’angle privilégié : Il n’y en a que pour elle. Et je vous passe les plans dans lesquels, histoire de ponctuer deux séquences, l’on a le déplaisir teinté d’incompréhension de la voir flâner, fureter, se balader pépère dans les rues de Paname, toujours en arborant la même trogne de fouine constipée…

Passons sur le contenu des reportages, forcément peu objectifs, vous vous en doutez, mais également incroyablement creux. Non, non, sérieusement; si d’habitude ce genre de reportage à la con ne sert pas à grand-chose, là, on tutoie véritablement le Néant:

survol hâtif des tenants et des aboutissants, présentation sommaire des personnages-clefs, mise en scène nazebroque. Du grand pseudo-journalisme. Trois trucs m’ont cependant bien fait marrer. Sa fausse bienveillance à l’égard des mahométans, du genre : « Certes, je suis une lesbienne hystérique, une intégriste laïque, et je vomis la religion, mais ce sont les musulmans intégristes que je dénonce : vous, comme vous n’aboyez pas trop, et qu’en tant que militante antiraciste, dans mon paradigme, toutes les minorités sont opprimées et doivent donc être défendues: je suis forcée de vous aimer quand-même un peu, ou en tout cas de faire semblant ». Bizarrement, on sent tout de suite moins de sollicitude de sa part vis-à-vis des catholiques, même modernistes. Ensuite, cette fois-ci dans le segment sur les Identitaires, la façon dont la petite bougresse relate de façon incroyablement objective l’agression « subie » par les Femen lors de la manif’ de Civitas contre le mariage inverti ; où elle était venue avec ses copines exhibitionnistes gazer des familles... Mauvaise idée. Ce jour-là, à défaut de brouter du gazon, Caroline a mordu la poussière… Ce qui ne l’a pas empêché de parader le lendemain (et sans un bleu) sur le plateau du Grand Journal.

Le dernier grand moment, toujours dans le même segment, est son entretien avec celui que j’ai tout d’abord pris pour un guitariste de hard rock sous Lexomil, mais qui s’est avéré être un politologue gauchiste ahurissant de connerie, tentant de sérieusement nous expliquer - affirmations vaseuses à l’appui - qu’il n’y avait non pas 10 millions (chiffre certainement le plus proche de la réalité), ni même 6 millions (chiffre qu’on nous rabâche officiellement depuis 15 piges), mais moins de 2 ,5 millions (chiffre risible) de musulmans dans

notre beau pays. Je ne prendrai même pas la peine de retranscrire les arguments surréalistes du type : si vous n’avez pas vu le reportage, allez mater ça sur le net, ça vaut son pesant de grains de semoule… Je ne peux en revanche pas m’empêcher d’expliquer à ce guignol qu’il n’y a pas besoin de croire en Allah pour être musulman, ne serait-ce que culturellement et sociologiquement.

Le truc particulièrement irritant, avec cette série de reportages, ce n’est pas tant le fait que ce soit de la merde, mais plutôt que ce soit sur le service public. Donc financé avec nos deniers. Alors que c’aurait parfaitement eu sa place sur Canal. Quand on pense que Caroline est parvenue à placer sa gonzesse en tant que « conseillère éditoriale ». Je suis méchant... D’ailleurs, j’ai toujours soupçonné Fiammetta d’être la seule fille du couple à réellement bosser, se morfondant amoureusement dans l’ombre en contemplant sa nana récolter gloire et lauriers... Caroline et Fiammetta. Y’a un côté Tintin et Milou (bien que Fiammetta relève plus de l’hippopotame que du petit chien).

Pour conclure, je ne peux qu’encourager Caroline à poursuivre sa croisade contre l’intolérance et le communautarisme, en se mettant à cibler, je ne sais pas, moi: certains gays, par exemple... A ce titre, j’en profite pour l’orienter vers un article de Libération datant du 24 Juin 2000...

* Elle les abhorre... Sauf en Libye, et désormais en Syrie.** L’épisode parle des «Enragés de l’identité», et cible principalement le Bloc.

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« Trogne de fouine constipée »

Caroline a mordu la poussière...

Financé avec nos deniers ...

Louis Lenoble

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Les chanteurs ont toujours de la voix. Mais ce n’est plus exactement ce qu’on leur demande aujourd’hui. Un chanteur, c’était simple. Il s’avan-çait devant la scène dans ce petit costume fait sur mesure « chez un tailleur qui était du dernier cri », ainsi que nous le décrit Charles Aznavour dans « J’me voyais déjà ». Il se pointait avec son foutu trac, face au public, devant un drôle de micro jamais à bonne hauteur. Il n’avait be-soin de rien d’autre. Derrière eux, il n’y avait pas encore cette cohorte de danseurs bondissant dans tous les sens avec une chorégraphie aussi échevelée que confuse, en survêtements et baskets pour les garçons, en mini-jupe et bottes pour les filles, chargés de rendre la chanson moins statique, moins longue, moins ennuyeuse. Les musiciens étaient discrets, parfois un simple piano, une guitare, dans un music-hall prestigieux, à la rigueur, le grand orchestre de Ray Ventura. Leurs chansons étaient des autoportraits. Elles ne renvoyaient qu’à eux-mêmes. Ils étaient les seuls à pouvoir les interpréter avec une vérité poignante.

La chanson a d’abord été la véritable vedette. Au début du XXème siècle, la chanson réaliste était à elle-seule un petit théâtre des âmes blessées. Des filles de la rue chantaient la misère des quartiers, les amours refroidis, la dureté des « julots », des histoires de terrains vagues qui se finissent toujours mal. Fréhel, Damia, Berthe Sylva et Yvette Guilbert ont été ces femmes endolories, mal aimées, qui sortaient de leurs tripes ces romans-photos d’une noirceur tétanisante. Les hommes qui s’en sortent toujours mieux occupaient le registre du comique-troupier, entre les per-missions de sortie du bidasse et le rendez-vous galant avec une « môme » qui n’a pas froid aux yeux, croisée sur un quai de gare. On campait un personnage enchâssé dans des décors lugubres ou primesautiers.

Edith Piaf et Maurice Chevalier sont les grands héritiers de cette tradition. Ils sont insurpassables. Des esquisses passées, ils sont les deux tableaux achevés et accomplis. Ce sont les deux chefs d’œuvre, les deux mythes, orthographiés au féminin et au masculin. Edith est une petite femme chétive qui a poussé entre deux pavés de Paris. Elle voudrait tout donné à son homme, mais il n’en veut pas. Jacques Lacan l’a bien compris : « L’amour c’est vouloir donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veux pas » ! Elle ne demande pas grand chose pourtant, un peu de tendresse, et se blottir entre les bras de son « vainqueur ». Tous

ses brefs moments d’extase sont chèrement payés. Elle est celle que le malheur ne lâchera pas. Que la foule emporte et lui retire dans un reflux

son amoureux. Sa vie est une chanson. Les choses de sa vie des refrains. Sa voix incomparable est une douleur, une plainte, une prière qui n’est jamais entendue. Si rien ne lui a été donné, elle a tout conquis : le pu-blic, la gloire, la fortune, les hommes. Car elle sait leur commander aux hommes, et peu ont résisté à ses œillades incendiaires. Mais il n’y a rien à faire : ils s’en vont, quand pour Marcel Cerdan, le destin s’en occupe. Elle n’est pas douée pour le bonheur. Elle ne sait pas le reconnaître. Edith vieillit plus vite que les autres, en fait elle s’use. Elle court après sa voix qui voudrait lui échapper et la laisser définitivement solitaire. C’est affreux, mais seul le malheur lui va bien. Elle boit beaucoup, se drogue, s’abime. Elle se plie à son destin, se soumet à sa tragédie intime, aide la mort à venir la chercher, hélée comme un taxi dans la rue. Jusqu’au bout, elle s’entête à vouloir aimer et être aimé. Les deux, chez elle, sont inconci-liables. A la toute fin de sa vie, malade, tremblante, les pieds tuméfiés dans des chaussons, toute blanche dans sa robe noire qui porte son propre deuil, elle se présente une dernière fois sur la scène de l’Olym-pia devant son public. C’est un spectre. Avant même qu’elle n’ait pu articuler un mot, elle reçoit l’ovation mémorable d’une salle debout et bouleversée, enveloppant sa silhouette indistincte, en train de s’effacer, de la chaude couverture d’applaudissements qui résonnent comme une oraison funèbre.

Depuis, si l’on excepte Dalida et Catherine Ringer, les chanteuses ont cessé de souffrir. Elles n’ont plus rien à chanter que des saynètes narcis-siques, des petites histoires sans lendemain, des amours murmurés. Les femmes se portent mieux aussi, les hommes ne sont pas tout, et c’est tant mieux. La chanson réaliste n’est plus, car le malheur n’est plus là.

Maurice Chevalier, c’est vraiment un type épatant, un gars de « Menil-muche» à qui on ne la fait pas, et qui vous promet que « dans la vie faut pas s’en faire ». C’est un parigot, un titi avec accent, né curieusement dans le Nord de la France dont il a emporté dans ses valises la chaleur humaine. Il est tellement français avec sa canne et son canotier, ses pas de danse appris dans des bouges, une manière faubourienne de rouler des épaules, et de relever le menton comme on tire un trait à la ligne. C’est le gars du peuple, simple et pas « bégueule », mais qui sait s’habiller en costard « prince de Galles », et rouler dans des belles voitures. Sur scène, il est inégalable, seul peut-être Yves Montand…Il chante, il danse, il mime, il fait rire. Avec lui, c’est comme ca, tout prête à rire, quand il s’exprime dans un anglais en « version française », quand il tourne avec Ernst Lubitsch, c’est la « Veuve joyeuse », sous l’occupa-tion, ca vire à l’éclat de rire quand il interpréte : « Et tout ca, ca fait d’excellents français ! ». Maurice Chevalier nous a convaincu de notre nature heureuse, des misères qui ne sont que passagères, qu’il nous faut savoir vivre avec ce qu’on a, du moment qu’on vit en France, rien de grave ne peut nous arriver. Il n’y a pas mieux que d’être français, faut pas chercher plus loin. Avec lui s’éteint un homme-orchestre, notre pays joyeux, un « représentant du peuple » qui ne sera plus jamais représenté par personne. Edith et Maurice, avec leur prénom qui se prennent pas la main, leur silhouette familière qui hantent les rues d’un Paris mécon-naissable, l’une tragique, l’autre vaudevillesque, ce couple en chanson, nous a laissé orphelin d’une petite histoire de France populaire écrite avec des mots de tous les jours.

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Le petit théatre des âmes blessées

Rubempré

Et tout ça fait d’excellents français !Deux tableaux achevés et accomplis

V O I X F R A N Ç A I S E S . . .