Résumé du Rapport Final -...
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République de Guinée
-------------
Présidence de la République
----------------
Ministère à la Présidence chargé du Contrôle Economique et Financier
Juin 2005
Résumé du Rapport Final
Enquête Nationale sur la Corruption et la Gouvernance en Guinée
(ENACOG/2003)
Agence Nationale de Lutte contre la Corruption et de Moralisation des Activités
Economiques et Financières (ANLC)
TABLE DES MATIERES PAGES
LISTE DES ACRONYMES 3
REMERCIEMENTS 6 RESUME EXECUTIF 7 CHAPITRE I : INTRODUCTION 25 1.1. Contexte et Justification 25 1.2. Objectifs de l’enquête 27 1.3. Méthodologie 28 1.4. Collecte des données 31
1.5. Traitement et analyse des données 32 1.6. Contrôle de qualité 32
1.7. Difficultés et limites de l’étude 32 1.8. Profil des enquêtés 33
CHAPITRE II : PERCEPTION SUR LA SITUATION ACTUELLE DU PAYS 36 2.1. Perception des Ménages et des Fonctionnaires 36 2.2. Perception des opérateurs économiques sur l’évolution de leurs entreprises 37 CHAPITRE III : ANALYSE DE LA GOUVERNANCE 38
3.1. Performance et intégrité des organisations publiques 38 3.2. Gestion du personnel 41 3.3. Gestion du budget 44 3.4. Réformes du secteur public 45 CHAPITRE IV : QUALITE, INTEGRITE ET REFORME DU SECTEUR PUBLIC 46 4.1. Appréciation des services publics 46 4.2. Appréciation du Système Judiciaire 51 4.3. Education 53 4.4. Santé 54 4.5. Autres services publics 55 CHAPITRE V : CORRUPTION, FACTEURS AFFECTANT LES AFFAIRES ET DENONCIATION DE LA CORRUPTION 57 5.1. Causes de la corruption 57 5.2. Pratique de la corruption dans l’administration publique 57 5.3. Facteurs divers affectant les affaires 59 5.4. Système de dénonciation de la corruption 61 5.5. Influence/contrôle des décisions gouvernementales et lutte contre la corruption 62 5.6. Secteur financier et direction du secteur commercial 64 ANNEXES 65
LISTE DES ACRONYMES
ANLC : Agence Nationale de Lutte Contre la Corruption et de moralisation
des
Activités Economiques et Financières
APEAE : Association des Parents d’élèves et Amis de L’Ecole
ATS : Agent Technique de Santé
BCRG : Banque Centrale de la République de Guinée
BG : Basse Guinée
BM : Banque Mondiale
BNR : Bureau National du Recensement
BPI: The Bribe Payers Index
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CNLC : Comité National de Lutte contre la Corruption et de moralisation
des
Activités Economiques et Financières
CNSS : Caisse Nationale de Sécurité Sociale
CPI : The Corruption Perceptions Index CRD : Communauté Rurale de Développement
CTS : Comité Technique de Suivi
EDG : Electricité de Guinée
EDS : Enquête Démographique et de Santé
EIBEP : Enquête Intégrale sur le Bien-Etre de la Population
ENACOG : Enquête Nationale sur la Corruption et la Gouvernance en Guinée
ESSIDAGUI : Enquête sur la Séroprévalence du VIH/SIDA en Guinée
FMI: Fonds Monétaire International
GF : Guinée Forestière
GNF : Franc Guinéen
HG : Haute Guinée
IDH : Indice de Développement Humain
IEC : Information, Education et Communication
IOV : Indicateur Objectivement Vérifiable
IPC : Indice de Perception sur la Corruption
MEPU-EC : Ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Education
Civique
METFP : Ministère de l’Enseignement Technique et Formation
Professionnelle
MG : Moyenne Guinée
MPCEF : Ministère à la Présidence chargé du Contrôle Economique et
Financier
NIS : National Integrity System
NU : Nations Unies
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PDG: Président Directeur Général
PMA : Pays Moins Avancés
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
SEG : Service des Eaux de Guinée
SEM : Son Excellence Monsieur
SGS : Société Générale de Surveillance
SIDA : Syndrome d’Immuno Déficience Acquise
SOTELGUI : Société des Télécommunications de Guinée
SVI: STAT VIEW International
TI: Transparency International
TP: Travaux Publics
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UNDESA: Public Service Ethics in Africa
UNICRI: The International Crime Victime Survey
USA: United States of America (Etats Unis d’Amérique)
USAID: United States Agency for International Development
REMERCIEMENTS
L’Enquête Nationale sur la Corruption et la Gouvernance en Guinée
(ENACOG/2003) est une initiative du Gouvernement à travers l’Agence Nationale de
Lutte contre la Corruption et de Moralisation des activités Economiques et
Financières (ANLC). Son financement a été assuré par la Banque Mondiale. Elle a été
réalisée par STAT VIEW International (SVI) qui a bénéficié de l’appui technique de
Francesca RECANATINI, Juanita RIANO, Susana CARRILLO et Luigi GIOVINE
fonctionnaires du siège de la Banque Mondiale (Washington, USA) et du personnel
de la mission résidente. Que le Gouvernement, le Ministère à la Présidence chargé du
Contrôle Economique et Financier, l’ANLC, les autorités politiques et administratives
à tous les niveaux, la Banque Mondiale ainsi que les autres partenaires au
développement en soient sincèrement remerciés.
Nos remerciements s’adressent tout d’abord à son Excellence Monsieur le Président
de la République, le Général Lansana CONTE et son Gouvernement. Que leurs
Excellences Monsieur le Premier Ministre et Monsieur le Ministre à la Présidence
chargé du Contrôle Economique et Financier trouvent ici l’expression de notre
sincère reconnaissance.
Que l’honorable Saïkou Yaya BALDE, Ex-Coordinateur du CNLC, les anciens
membres dudit Comité et les membres de la nouvelle Agence soient sincèrement
remerciés pour leur implication personnelle et l’attention qu’ils ont bien voulues
accorder à la mise en œuvre de cette délicate enquête. Les remerciements s’adressent
particulièrement aux membres du comité technique de suivi de l’enquête notamment
El Hadj Mamadou Bhoye BALDE, Président du comité ; Mr Mohamed Lamine
CAMARA, vice président du comité et Secrétaire Général du MPCEF, Mr Mohamed
François FALCONE, Secrétaire Exécutif de l’ANLC et Mr Sékou Mohamed SYLLA
Secrétaire Permanent chargé de l’IEC.
Toute notre gratitude aux ménages, opérateurs économiques, fonctionnaires des
différents départements ministériels et cadres des organisations de la société civile et
du secteur privé ainsi que les médias publics et privés pour leur franche collaboration
sans laquelle cette enquête ne pouvait réussir.
Enfin, nos félicitations et encouragements s’adressent à l’ensemble du personnel de
l’ENACOG/2003 qui, durant plusieurs mois, s’est investi pour la réussite de cette
importante mission. Que le Directeur Général de SVI, Monsieur Aliou BARRY et son
staff soient particulièrement remerciés pour avoir conduit avec succès cette enquête
si délicate et utile.
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
L’Enquête nationale sur la corruption et la gouvernance en Guinée (ENACOG/2003) est
une étude en profondeur qui synthétise les résultats de trois enquêtes nationales. Il s’agit
d’une initiative gouvernementale, dirigée par l’Agence nationale de Lutte contre la
Corruption et pour la moralisation des activités économiques et financières (ANLC) et
placée sous l’égide du Ministère à la Présidence chargé du Contrôle Economique et
financier (MPCEF).
Le Gouvernement est conscient du fait que la bonne gouvernance constitue une aspiration
forte des populations guinéennes. Il la considère d’ailleurs comme une condition
essentielle pour la mise en place d’un climat propice à l’investissement privé et à la
gestion efficace de l’administration publique. C’est justement pour cerner les
préoccupations des citoyens en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption,
qu’il a initié la présente étude.
Des milliers de citoyens, de personnes du monde des affaires et des fonctionnaires ont été
interrogés dans le cadre de ces trois enquêtes. La collecte et l’analyse des données ont été
réalisées par STAT VIEW International, une ONG guinéenne de recherche, avec
l’assistance technique de l’Institut de la Banque Mondiale. Sélectionnés sans pression
politique ni commerciale, les citoyens qui ont participé aux trois enquêtes incluaient des
ménages (n=1838), des fonctionnaires de l’administration publique, des employés
d’ONG nationales et étrangères (n=751), et des opérateurs économiques des secteurs
formels et informels (n=298). Chaque groupe cible devait répondre à un questionnaire
détaillé et approfondi.
Cette étude avait pour objectif principal la collecte d’informations sur les expériences des
citoyens dans leurs rapports avec le Gouvernement et l’administration publique pour
l’obtention de services spécifiques. Ce travail de diagnostic en profondeur visait en
particulier à :
ü documenter les expériences des citoyens (ménages, opérateurs économiques et
fonctionnaires) liées à la corruption et la mauvaise gouvernance dans les secteurs
public et privé
ü analyser le phénomène de la mauvaise gouvernance en Guinée, son importance et
son coût pour les citoyens
ü renseigner le Gouvernement sur les mesures à entreprendre pour lutter contre la
corruption et améliorer la Gouvernance
ü produire une banque de données sur la qualité de la gouvernance et des
institutions en Guinée, afin de suivre la progression et l’accomplissement de la
lutte contre ce phénomène dans les prochaines années.
La méthodologie de l’enquête, utilisée dans plusieurs autres pays, permet une estimation
plus objective des différents déterminants de la gouvernance. Les données recueillies
constituent une évaluation des services fournis et facilitent la distinction entre les
différents problèmes relatifs à la gouvernance, par agence publique, par région
géographique et par type de problème. Les conclusions clés de cette étude, seront
présentées aux citoyens aussi bien à Conakry que dans les régions et serviront à la
révision de la stratégie anti-corruption de la Guinée.
Les milliers de Guinéens qui ont participé à ce travail ont fourni des informations riches
et détaillées sur l’état de la gouvernance et la qualité des institutions dans le pays. Les
principales conclusions de cette étude montrent que :
La corruption a une prévalence élevée en Guinée. L’indice de la corruption
générale 1 est de 37 sur une échelle de 100. Le phénomène touche tout le pays et
1 A titre de comparaison, cet indice est de 32% en Sierra Leone et de 28% en Zambie.
même des secteurs stratégiques de l’Etat. En effet, selon les fonctionnaires, les
ministères les plus concernés par la corruption sont l’Urbanisme et l’Habitat, la
Fonction Publique, la Jeunesse et des Sports, l’Intérieur et la Décentralisation, la
Sécurité, la Justice et les Finances. Les principales pratiques de corruption
sont, par ordre d’importance, les pots-de-vin pour contourner les règles ou
corrompre les décisions légales, les pots-de-vin dans le processus d’un contrat, la
corruption dans la gestion du budget et du personnel. La corruption dans la
gestion du personnel touche principalement la Ligue Islamique Nationale. Les
pots-de-vin dans le processus d’un contrat concernent principalement
l’Urbanisme, les Sports et l’Energie. Les pots-de-vin pour contourner les règles
ou corrompre les décisions légales sont plus fréquents à l’Urbanisme et à la
Justice.
Dans la gestion du budget, la corruption touche principalement l’Urbanisme, les
Affaires Sociales, la Fonction Publique, la Jeunesse et les Finances. Les ONG, la
Présidence de la République et les Institutions Républicaines sont considérées par
les fonctionnaires comme étant les structures les moins corrompues.
la mauvaise gouvernance est aujourd’hui une question grave pour le pays. Les
citoyens rapportent que la corruption est très étendue et représente l’un des trois
problèmes majeurs du pays. Celle-ci se traduit pas des services de piètre qualité.
Les ménages et les opérateurs économiques signalent la mauvaise qualité de
nombreux services
(Graphique n° X1).
En outre, plus de 40
pour cent des ménages
ont déclaré avoir eu à
payer des pots-de-vin
pour obtenir des
services publics. La
qualité des services
Qualité des services publics selon les ménages et les entreprenneurs
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%
Electricite de Guinée (EDG)
Justice
Services de Transport
Police judiciaire
Douanes
SOTELGUI (Compagnies de téléphone etc.)
Societé des Eaux de Guinée (SEG)
Taxes et Impôts
Service de santé/Hôpital
Institutions de crédit (Crédit rural)
Conseils municipaux et de districts
Service de l'Education/Ecole
% des repondants qui ont déclaré tres pauvre qualité
Ménages Entreprises
publics fournis par l’administration publique guinéenne varie extrêmement suivant
les agences publiques et les préfectures concernées.
L’environnement des affaires est aussi grandement affecté par la mauvaise
gouvernance. Plus de 40 pour cent des opérateurs économiques rapportent qu’ils
doivent payer des pots-de-vin pour obtenir licences ou permis.
Ils sont plus de la moitié à répondre qu’ils versent des pots-de-vin pour obtenir
des contrats publics.
La mauvaise gouvernance aggrave l’inégalité des revenus et accentue les
inégalités de l’accès aux services. Proportionnellement, la part de revenus
consacrée au paiement de pots-de-vin pour l’obtention de services est plus
importante pour les citoyens à faibles revenus que pour les plus riches.
Le fonctionnement du secteur public et la gestion des ressources publiques sont
également très affectés par la mauvaise gouvernance. Environ 40 pour cent des
fonctionnaires indiquent que les pots-de-vin servent souvent à influencer des
décisions de justice. Près du tiers des fonctionnaires déclarent qu’il est très
courant que l’on « achète » son poste dans la fonction publique guinéenne, alors
qu’un cinquième d’entre eux signalent que la mauvaise gestion des fonds publics
est chose fréquente.
Une perspective internationale Le graphique ci-dessous décrit l’évolution des six indicateurs de gouvernance entre 1998
et 2002. Si l’on constate, dans le pays, une amélioration dans les domaines de la règle de
droit et du contrôle de la corruption, la situation s’est nettement détériorée pour ce qui
concerne la « voix et responsabilité (accountability) », la « stabilité politique »,
l’ « efficacité gouvernementale » et la « qualité des réglementations ». Cette détérioration
est particulièrement frappante en matière de qualité du cadre réglementaire et d’efficacité
du gouvernement.
Indicateurs de la gouvernance en Guinée (1998 et 2002)
0 10 20 30 40 50 60
Contrôle de la Corruption
Règle de droit
Qualité desreglèmentations
Efficacitégouvernementale
Stabilité politique
Voix et responsabilité
% des pays où l'indicateur est inferieur
Le graphique ci-dessus présente le classement par pourcentage de chaque indicateur de gouvernance. Le
rang en pourcentage indique le pourcentage des pays dans le monde qui est inférieur au pays ciblé (sujet à
une marge d’erreur). Le comparateur sélectionné (le cas échéant) est représenté par la barre inférieure pour
chaque indicateur de gouvernance. Sur le graphique à barres, la valeur statistiquement possible de
l’indicateur de gouvernance est représentée par un trait noir fin. Par exemple, une barre d’une longueur de
75% avec des traits noirs fins qui en dépassent, allant de 60% à 85%, s’interprète de la manière suivante :
l’on estime que 75% des pays sont moins bien classés et que 25% des pays ont un meilleur classement que
le pays ciblé. Cependant, à un niveau de confiance de 90%, seulement 60% des pays sont moins bien
classés, alors que seulement 15% des pays ont un meilleur classement. Des valeurs plus élevées impliquent
de meilleures valeurs de gouvernance.
Les indicateurs de gouvernance présentés ici reflètent une compilation statistique des réponses à une
enquête sur la qualité de la gouvernance, données par un grand nombre d’entreprises, de citoyens, et de
répondants experts aux enquêtes dans les pays industriels et en voie de développement, tels que rapportés
par plusieurs instituts d’enquête, think -tanks, organisations non gouvernementales et internationales. Les
totaux des indicateurs ne reflètent aucunement la position officielle de la Banque Mondiale, de ses
administrateurs ou des pays qu’ils représentent. Comme cela est expliqué en détail dans les documents
annexes, les positions relatives des pays sur ces indicateurs sont sujettes à des marges d’erreur qui sont
clairement indiquées. Par conséquent, ces données ne permettent pas de déduire le classement des pays, de
manière précise.
Source : Indicateurs de recherche sur la gouvernance, basés sur les données présentées dans “Governance
Matters III: Updated Indicators for 2002” de D. Kaufmann, A. Kray, et M. Mastruzzi.
De plus, la comparaison des performances de gouvernance en Guinée avec la moyenne
des pays d’Afrique sub-saharienne (Figure ci-dessus) fait ressortir certains des problèmes
auxquels le pays est confronté, particulièrement en termes de « voix et responsabilité » et
de « qualité des réglementations ».
Les principales conclusions de l’enquête Le graphique nº 1 montre que la corruption est l’un des trois problèmes majeurs
en Guinée, conjointement avec le coût de la vie élevé et les détournements de
fonds et biens publics. Quelle que soit la situation géographique des répondants,
les principaux problèmes pour les ménages restent pratiquement les mêmes, à
savoir : l’inflation ou le coût de la vie élevé, le chômage et la corruption2.
2 Pour plus de détails, se reporter au tableau nº 1 dans l’annexe.
La corruption est un phénomène très fréquent en Guinée. Les ménages et les
opérateurs
économiques
rapportent que le
paiement de pots-de-
vin pour mettre à jour
des situations fiscales,
obtenir des contrats
publics et demander
des services publics
est une pratique très
répandue (voir
graphique n°2). Pour
63 pour cent des
opérateurs économiques interrogés, la forme de corruption la plus fréquente est le
versement de pots-de-vin pour la mise à jour de la situation fiscale, suivi par le
versement de pots-de-vin pour l’obtention de contrats publics (59%). En outre, 85
pour cent des entrepreneurs qui ont contacté la direction des Impôts et taxes pour
solliciter sa bienveillance ont eu à payer des pots-de-vin. Pour les fonctionnaires, la
forme de corruption la plus répandue est le versement de pots-de-vin pour obtenir des
contrats du gouvernement (49%).
Les deux catégories de répondants sont d’accord pour dire que le paiement de pots-de-vin
pour obtenir des services publics est une pratique courante dans le pays.
82%
84%
83%
82%
78%
94%
99%
91%
80%
95%
97%95%
0% 20% 40% 60% 80% 100% 120%
Inflation
Corruption
Insécurité
Infrastructures
Ménages (n=1838) Fonctionnaires (n=751) Entreprises (n=298)
Principaux problèmes en Guinée
La Guinée est affectée par différents types de corruption, présentés à la figure
2.3 Les principales
formes de corruption
signalées en Guinée
visent à :
ü corrompre les
décisions de
justice ;
ü décrocher des
contrats publics ;
ü obtenir des
services publics ;
ü obtenir des
licences et permis;
ü mettre à jour une situation fiscale;
ü engager des poursuites en justice;
ü influer sur la gestion du budget et du personnel dans le secteur public.4
Les formes de corruption les plus répandues en Guinée sont les pots-de-vin payés lors
de la négociation de contrats ou pour l’obtention de services publics. Ces formes de
corruption affectent tous les citoyens. Près de la moitié des foyers interrogés précisent
que les pots-de-vin sont demandés lors de tractations avec l’administration publique
pour obtenir des services publics, des licences ou des permis. Dans le monde des
affaires, la corruption est plutôt liée aux contrats publics et à la nécessité d’obtenir des
licences et permis.
Le coût de la corruption est élevé pour les entreprises. L’enquête indique que
lorsqu’un responsable d’entreprise traite avec l’État, il paie l’équivalent de 20%
3 Pour évaluer l’étendue de la corruption, l’équipe chargée de l’enquête a conçu les indicateurs suivants : corruption dans la gestion du personnel ; corruption dans la gestion du budget ; pots-de-vin pour l’attribution de contrats ; pots-de-vin pour contourner les règlements ou influencer des décisions juridiques. 4 Pour plus de détails, se reporter aux tableaux nº 3, nº 14 et nº 15 dans l’annexe.
62%
59%
56%
53%
49%
42%
38%
37%
29%
24%
13%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%
Irrégularités dans l'utilisation des fonds (% fonct.)
Gestion budget influencée par pots-de-vin (% fonct.)
Achat des postes dans le secteur public (% fonct.)
Services publics (% fonct.)
Corrompre décisions légales (% fonct.)
Licences et permis (% entrep.)
Dans contrats du gouvernement (% fonct.)
Procédures légales en justice (% entrep.)
Service public (% entrep.)
Contrats publics (% entrep.)
Mise à jour situation fiscale (% entrep.)
% des répondants qui ont rapporté ce type de corruption
Pratiques des pots-de-vin ''répandues'' selon les répondants
de la valeur du contrat en pots-de-vin. Par ailleurs, 29% des contrats
d’approvisionnement s’accompagnent de dessous de table. De plus, les montants
payés sous forme de pots-de-vin varient suivant la taille de l’entreprise : les
petites entreprises paient 18% de la valeur du contrat sous forme de pot-de-vin,
alors que pour les moyennes et grandes entreprises, les pots-de-vin s’élèvent à
21%. Douze pour cent des dirigeants d’entreprise interrogés rapportent qu’ils ont
eu à payer des dessous de table pour obtenir des contrats. De nombreuses
entreprises renoncent à environ 12% du montant facturé pour en recevoir le
paiement.
Les agences publiques sont affectées différemment par la mauvaise
gouvernance. Les opérateurs économiques signalent qu’ils doivent fréquemment
verser des dessous de table au service des Impôts et des taxes, à la direction des
Douanes et à la Justice. Dans le cas de l’administration des Douanes, et d’après
les opérateurs économiques, les coûts officiels et officieux s’élèvent
respectivement à 25% et 6% du prix total des produits importés.
Les problèmes de gouvernance diffèrent suivant les régions. D’après les
résultats des enquêtes auprès des ménages et les opérateurs économiques, il est
clair que les types de corruption et la fréquence des pots-de-vin varient suivant les
régions. Les ménages interrogés signalent, qu’en Basse Guinée, des pots-de-vin
sont très fréquemment versés à la compagnie d’électricité, ainsi qu’à des
fonctionnaires du Ministère de la Justice, pour l’obtention des services. Ce sont
les pots-de-vin versés au personnel de l’administration des Douanes qui
représentent le plus gros problème à Conakry et en Moyenne Guinée. Pour obtenir
des attentions bienveillantes dans le domaine de l’Enseignement, c’est en Guinée
Forestière et en Haute Guinée que les pots-de-vin sont les plus fréquents. D’après
les opérateurs économiques, il est plus fréquent de payer des pots-de-vin pour
engager des poursuites judiciaires à Conakry et en Guinée forestière. Pour les
opérateurs économiques cherchant à obtenir divers services publics, la Police
routière et l’administration des Impôts et taxes dans la région de Conakry sont la
source des plus gros problèmes, alors que pour leurs homologues de Basse
Guinée, Moyenne Guinée et Guinée forestière, c’est plutot les services des
Douanes.
La perception de la corruption varie également suivant les régions. En Haute
Guinée, les pots-de-vin payés pour contourner les règles (70%) ou dans le processus
d’un contrat public (52%) sont considérés comme les problèmes les plus sérieux. À
Conakry, le problème principal est le paiement de pots-de-vin dans le processus d’un
contrat (49%) ou pour contourner les règles (40%). En Moyenne Guinée, les
fonctionnaires sont préoccupés par la corruption dans la gestion du personnel (56%)
et l’acceptation de pots-de-vin pour contourner les règles (36%) ou dans le processus
d’un contrat (31%). En Guinée Forestière, les préoccupations sont relatives à la
corruption dans la gestion du personnel (46%) ou pour contourner les règles (41%)..
La qualité des
services publics
fournis n’est
pas la même
suivant les
régions et les
services publics.
D’après les
ménages et les
opérateurs
économiques, les
services fournis
par Electricité de
Guinée et le
Ministère de la Justice comptent parmi les trois services les plus mauvais en termes
de qualité. Les ménages considèrent que les services de l’Enseignement et de la Santé
Qualité des services publics par région
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
ConakryBasse Guinée
Moyenne GuinéeHaute Guinée
Guinée ForestiéreConakry
Basse GuinéeMoyenne Guinée
Haute GuinéeGuinée Forestiére
ConakryBasse Guinée
Moyenne GuinéeHaute Guinée
Guinée ForestiéreConakry
Basse GuinéeMoyenne Guinée
Haute GuinéeGuinée Forestiére
ConakryBasse Guinée
Moyenne GuinéeHaute Guinée
Guinée Forestiére
Pol
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etc.
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% des clients qui ont déclaré très pauvre qualité NB : Households= Ménages Business= Entreprises
Households Business
sont de bonne qualité. Pour les opérateurs économiques, l’Office de la Poste de
Guinée (OPG) et les Assurances fournissent les meilleurs services. Cependant, la
qualité des services varie également suivant les régions. Par exemple, alors que 80
pour cent des ménages de Moyenne Guinée signalent que les services fournis par les
compagnies de téléphone sont de piètre qualité, seulement 55 pour cent des ménages
en Basse Guinée et 13 pour cent de ceux qui habitent à Conakry ont le même avis. Si
pour 51% des ménages interrogés en Haute Guinée, la Police judiciaire fournit un
service de mauvaise qualité, ils sont 80 pour cent à être de cet avis en Moyenne
Guinée.
La corruption affecte particulièrement les ménages les plus pauvres et les petites
entreprises. Les ménages dépensent 3 % de leurs revenus en pots-de-vin.
Cependant, les citoyens à faib les revenus et à revenus moyennement bas en dépensent
3,3%. Les ménages à revenus moyens ou élevés dépensent respectivement 2,5 et 2,8
pour cent de leurs revenus.
En cherchant l’attention des fournisseurs des services publics, les ménages dépensent
censément 4 % de leur revenue pour payer pots-de-vin au Société des Eaux de
Guinée (SEG) , 3% en pots-de-vin pour les services d’éducation , et 2% au Taxes et
Impôts, Urbanisme et a l’ Electricité de Guinée (EDG) (Voir Figure 3). Les ménages
à faibles revenus souffrent particulièrement des gratifications qui doivent être versées
aux tribunaux, à la Justice, ainsi qu’à l’Urbanisme et l’Habitat. L’impact régressif de
la corruption touche également les petites entreprises, en particulier lors leurs
relations avec les administrations des douanes, de l’urbanisme et de l’habitat, des
services de santé et du conditionnement.
La corruption a un effet négatif sur l’environnement des affaires. Selon 82%
des entrepreneurs,
la corruption dans
le secteur public
est l’un des
problèmes les plus
sérieux pour le
développement
des affaires en
Guinée. Les
opérateurs
économiques
soulignent qu’ils
ne sont pas
suffisamment
impliqués dans la formulation des lois ou politiques commerciales. De plus, ils
déclarent passer en moyenne 9% de leur temps à traiter avec l’administration
publique, à interpréter les règles politiques qui régissent le monde des affaires.
Plusieurs facteurs vont à l’encontre du développement des affaires en
Guinée. Comme
l’indique le graphique
ci-contre, les
entreprises rapportent
qu’il leur est demandé
d’effectuer plusieurs
paiements pour « faire
avancer les choses ».
Des pots-de-vin sont
systématiquement
exigés pour la mise à
% de temps moyen passé avec l'administration au sujet de l'application et de l'interprétation des lois et réglementation
2418
1412
1111
1088
7666
0 5 10 15 20 25 30
Extraction miniere
Communications
Assurances/Transit
Construction
Electricite, gaz et eau
Peche
Industrie agro-alimentaire
En
trep
rise
s
% de temps moyen passé
% des entreprises qui ont souvent payé des pots-de-vin pour faire avancer les choses
78%
66%
65%
61%
45%
34%
51%
41%
38%
29%
Poursuite légale enjustice
Mise a jour de lasituation fiscale
Contrat avec l'Etat
Procédure desservices publics
Demande de licenceet permis
Entreprises Guinéennes (n=234) Entreprises Etrangères (n=61)
jour des situations fiscales, l’obtention de contrats avec l’État ou la poursuite
d’actions en justice. Ces pratiques affectent non seulement les entreprises
guinéennes mais celles étrangères aussi.
Les exigences en matière d’impôts, taxes et douanes sont les procédures
gouvernementales les plus difficiles à satisfaire selon 90 pour cent des
opérateurs économiques. Les administrations des impôts et des douanes sont
celles qui réclament le plus fréquemment des pots-de-vin, mais ce sont aussi les
services qui offrent la pire qualité de service. D’ailleurs, 54 pour cent des
opérateurs économiques ont déclaré passer le plus de temps avec les
fonctionnaires de l’administration des impôts.
Trente pour cent des entreprises ont déclaré avoir apporté des contributions
à des partis et mouvements politiques pendant les campagnes électorales.
Pour 46 pour cent des opérateurs économiques interrogés, les contributions
politiques sont importantes pour la croissance des entreprises du secteur privé.
Lors des dernières élections présidentielles, leurs contributions auraient atteint
150 millions de Francs guinéens, en moyenne, par entreprise.
Mauvaise performance du système judiciaire. Du fait de leurs expériences avec
la Justice, 56% des opérateurs économiques ont déclaré qu’il était peu probable
qu’ils engagent de nouvelles actions en justice. Au cours de la période 2000-2003,
les opérateurs économiques ont intenté une moyenne cinq actions en justice, dont
deux ont été réglées avant le procès, une après le début du procès, et deux ont été
jugées. Cependant, une seule affaire a connu l’application d’une décision de
justice.
La corruption et la mauvaise gouvernance limitent l’accès à la justice. Du
graphique ci-
contre, il en
ressort que les
entrepreneurs et
les ménages sont
d’accord pour
dire que la
corruption est la
raison principale
pour ne pas
recourir aux
tribunaux en
Guinée. Quarante pour cent des opérateurs économiques partagent cet avis. Pour
les ménages, ce sont les coûts élevés – les officiels et les officieux – de la justice
qui les tiennent principalement éloignés des tribunaux où ils pourraient résoudre
leurs litiges éventuels. La longueur des procédures est aussi un sérieux obstacle
pour les citoyens.
Le système judiciaire est influencé par les intérêts économiques. Les
opérateurs
économiques en
activité en Guinée
ont eu l’occasion
d’apprécier la
performance du
système judiciaire
du pays. Cinquante
pour cent d’entre
eux estiment que le
pouvoir judiciaire
Graphique nº7: Evaluation de la performance du systeme judiciaire par les entreprises (n=298)
70%
65%
54%
64%
81%
56%
22%
29%
25%
26%
15%
36%
8%
6%
10%
9%
4%
21%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Merite la confiance totale
Totalement indépendant du Gouvernement
Lois appliquées aux riches et pauvres
Est assez juste
Indépendant des intérêts économiques
Moins corruptible dans le Gouvernement
% des entreprises qui ont évalué le systeme judiciaire
Pas d'accordNeutreD'accord
Evaluation de la performance du systè me judiciaire par les entreprises (n=298)
70%
65%
54%
64%
81%
56%
22%
29%
25%
26%
15%
36%
21%
4%
9%
10%
6%
8%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Merite la confiance totale
Totalement indépendant du Gouvernement
Lois appliquées aux riches et pauvres
Est assez juste
Indépendant des intérêts économiques
Moins corruptible dans le Gouvernement
% des entreprises qui ont évalué le systeme judiciaire
Pas d'accord Neutre D'accord
Raisons de non recours aux tribunaux en Guinée (selon les ménages et les entreprises)
17%14%
4%7%
41%
20% 20%
30%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
Décisions influencéespour la corrupt ion
Coûts non of f ic ie lstrop é levés
Procédures t roplongues
Coûts o f f ic ie ls t ropélevés
% des répondants qui ont déclaré ceci comme raison de non recours aux tribunaux
Entreprises Ménages
est moins corrompu que le pouvoir exécutif, et que les lois sont équitablement
appliquées aux riches comme aux pauvres (54%). Cependant, la majorité des
opérateurs économiques pensent que le système judiciaire dépend des intérêts
économiques (81%) et des intérêts gouvernementaux (65%), et par conséquent ne
mérite pas leur entière confiance (70% des entreprises). Pour plus de détails,
conférer tableau nº4 en annexe.
Le principal obstacle pour signaler les cas de corruption est l’ignorance de la
procédure à suivre. Les citoyens (ménages), qui ont été témoin d’un acte de
corruption mais ont décidé de ne pas le signaler, invoquent comme raisons
principales de leur silence le fait de ne pas savoir à qui s’adresser (44%) et
l’absence de preuves (18%), et dans une moindre mesure l’extrême lenteur et la
complexité de la procédure (10%). Parmi les citoyens familiers avec une telle
procédure (24% du total des personnes interrogées), environ 44 pour cent
considèrent que cette procédure les met à l’abri de tout risque de harcèlement
potentiel et 42 pour cent pensent qu’elle est simple, mais seulement 29 pour cent
la jugent efficace.
GOUVERNANCE
Les trois enquêtes qui font l’objet de ce rapport aident à identifier les principales entraves
à l’amélioration de la gouvernance et des institutions. Les fonctionnaires indiquent que
les principaux problèmes de l’administration publique sont le manque de transparence
et l’absence d’ouverture dans le processus de prise de décisions 5.
Les fonctionnaires
estiment que les services
offerts par leurs
5 Nous résumons également plusieurs indicateurs de gouvernance, tels que l’accessibilité des services aux pauvres, les contrôles comptables, la formalisation par écrit et l’accessibilité des procédures de gestion, l’application des procédures, la méritocratie, la non-politisation de la gestion du personnel et du budget, la disponibilité des ressources, la transparence, l’existence d’un mécanisme de feed-back, les plaintes et la satisfaction par rapport aux salaires à travers un indicateur appelé Indice de la bonne gouvernance. Plus cet indice est proche de 100, mieux est la qualité de la gouvernance. L’indice de la Guinée est de 32 au niveau national.
Accessibilité des services aux pauvres et Corruption dans la gestion du budget
0
20
40
60
80
100
0 10 20 30 40 50 60
Accessiblite aux pauvres
Co
rru
pti
on
dan
s la
ges
tio
n
du
bu
dg
et
r=-0,473
institutions sont accessibles aux pauvres. Soixante-douze pour cent des
fonctionnaires interrogés pensent que les services fournis par les institutions
auxquelles ils appartiennent sont accessibles aux pauvres. Toujours selon les
fonctionnaires eux-mêmes, en dehors des services fournis par les ONG et les
Ministères de la Pêche et de l’Enseignement pré-universitaire, les autres
Ministères sont considérés comme quelque peu inaccessibles. Le problème de
l’accessibilité aux services de base est particulièrement accentué à Conakry où,
d’après les fonctionnaires, 23% de la population souffrent d’un manque d’accès
aux services. L’enquête permet d’établir une corrélation claire entre la corruption
dans la gestion du budget par l’administration publique et l’accessibilité aux
services pour les pauvres. Plus le niveau de corruption est élevé, moins les
services sont accessibles.
La méritocratie s’accompagne d’un bas niveau de corruption dans la gestion du
personnel. Seulement 23% des
fonctionnaires ont le sentiment
que la méritocratie est respectée.
La Basse Guinée et la Guinée
forestière sont les deux régions
les plus touchées par le non-
respect de la méritocratie (cela
est exprimé par plus de 85% des
répondants), alors que la
Moyenne Guinée enregistre le
plus gros pourcentage
d’employés du gouvernement qui
déplorent la politisation du
système de gestion du personnel (46%). Les fonctionnaires de la Haute Guinée sont
les plus nombreux, en terme de proportion, à critiquer le manque de procédures pour
la gestion du budget et du personnel (plus de 65%).
Méritocratie et corruption dans la gestion du personnel (basé sur les réponses des fonctionnaires de 28 services)
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
0 5 10 15 20 25 30Méritocratie
Co
rru
pti
on
dan
s la
ges
tio
n d
u
per
son
nel
r=-0,53
Note : Le coefficient de corrélation est significatif à 0,01, p = 0,0029. Chaque point représente une agence publique.
Tous les fonctionnaires estiment que les ressources publiques sont
insuffisantes. Les ressources allouées sont clairement inadaptées aux besoins,
même dans le cas des ONG. Seulement 3% des fonctionnaires sont satisfaits des
montants des ressources allouées à leur Ministère.
La corruption est encore perçue par les élus et les supérieurs hiérarchiques
comme un mal inévitable dû à l’insuffisance des salaires. Les fonctionnaires
interrogés ont déclaré que la corruption dans le gouvernement est devenue plus
une réalité aujourd’hui qu’il y a trois ans. Cependant, les indicateurs de
gouvernance basés sur les réponses des fonctionnaires montrent une faible
corrélation (-0.22)6 entre la corruption globale et la satisfaction des fonctionnaires
concernant leur salaire. (Voir le graphique ci-dessous sur la corruption générale
et les salaires).
Seulement 12% des fonctionnaires trouvent leur salaire satisfaisant.
Toutefois la satisfaction
relative au salaire ne
s’accompagne pas d’un
niveau de corruption
inférieur dans
l’administration publique.
Les salaires satisfont 10% des
fonctionnaires de Conakry où
ceux-ci sont de loin les plus
nombreux. Le plus gros
pourcentage d’employés du
gouvernement contents des
salaires payés a été enregistré
en Basse Guinée (26%).
6 Cette corrélation n’est pas significative d’un point de vue statistique (p=0.33)
Corruption générale et salaires
05
1015202530354045
0 10 20 30 40 50 60 70Salaires
Co
rru
pti
on
gen
eral
e r=-0,22
Note: Le coefficient de correlation n'est pas significatif, p=0,3
Feedback, Plaintes et Bonne Gouvernance (selon les fonctionnaires)
15
20
25
30
35
40
30 50 70 90 110
Feedback
Bonne
Gouve
rnan
ce
r=0,520
Le dépôt de plaintes ou l’échange de feed-back sont possibles partout, pour la
majorité des fonctionnaires, et sont associés à une baisse de la corruption. Les
réponses des opérateurs économiques et des ménages indiquent que les
mécanismes disponibles pour se plaindre des services fournis par les différentes
institutions ne sont pas satisfaisants.
Par exemple, 22 pour cent des ménages rapportent avoir eu une raison de se plaindre
des services fournis par Electricité de Guinée (EDG)7, mais seulement 5 pour cent de
ces usagers se sont effectivement plaints, et leur plainte était restée pratiquement sans
effet. La situation est encore plus dramatique pour les entreprises : 70 pour cent8 des
opérateurs économiques interrogés avaient une raison de se plaindre des services
fournis par SOTELGUI, et sur ceux qui se sont effectivement plaints (38%), seuls 7
pour cent ont précisé que la plainte avait servi à quelque chose.
La transparence existe dans une plus grande mesure dans les provinces qu’à
Conakry, la capitale. La transparence est l’un des facteurs déterminants de la
bonne gouvernance. En effet, l’enquête montre une forte corrélation entre
transparence et bonne gouvernance. La gouvernance doit être améliorée en terme
de transparence dans les diverses activités et transactions au sein de
l’administration publique, dans les processus d’approvisionnement, par
l’application des procédures de gestion du budget, par la garantie de l’accessibilité
des services aux pauvres, la prise en compte de la « voix du citoyen », c’est-à-dire
les plaintes et le feed-back exprimés par les usagers des services publics.
7 Ces pourcentages ont été calculés en fonction des ménages qui ont donné une évaluation de la qualité des services fournis par 34 agences. Sur les 34 fournisseurs de services, le pourcentage des utilisateurs qui ont eu des raisons de se plaindre d’EDG était seulement inférieur au pourcentage signalant la même chose pour la Chambre d’Arbitrage (30%), suivi par le pourcentage des usagers se plaignant des services de transport (16%). Concernant ces services, les pourcentages d’usagers ayant effectivement déposé une plainte étaient respectivement de 3 et 5 pour cent. Pour aucun service, le pourcentage d’usagers ayant déposé une plainte n’a dépassé 5%. 8 Ce pourcentage a été calculé pour les entreprises qui ont donné une évaluation de la qualité des services fournis par 34 agences. Le pourcentage des opérateurs économiques ayant eu des raisons de se plaindre des services offerts par SOTELGUI était suivi par les pourcentages de « Inventaire ou enquête de terrain » (68%) et « Grands projets » (65%).
Des niveaux de corruption plus élevés sont associés à une qualité inférieure
des règles et réglementations
concernant la gestion du
personnel ou du budget et les
décisions relatives aux
contrats. Les agences où ces
recommandations sont écrites
formellement, faciles à
comprendre, et requièrent des
étapes administratives moins
nombreuses, sont celles qui
connaissent des niveaux de
corruption inférieurs. Les
réponses des fonctionnaires ont indiqué une forte corrélation statistique entre ces
deux dimensions.9
L’application des règles et réglementations est un problème en Guinée. Selon
les fonctionnaires, dans 50 pour cent des cas, les décisions concernant la gestion
du budget et du personnel ne sont pas strictement appliquées par leurs services.
Cependant, le degré d’application des règles varie suivant les institutions. Le
problème est plus grand dans les services comme le Ministère de la Fonction
Publique et les services sous-préfectoraux. A l’inverse, le Ministère des
Finances a de bons résultats dans ce domaine.
Les mécanismes de contrôle améliorent la gouvernance. Une analyse simple de
corrélation des réponses des fonctionnaires montre que les détournements de
fonds et la pratique des pots-de-vin pour influencer les décisions budgétaires sont
moins fréquents lorsque celles-ci sont soumises à des audits internes et externes10.
(Pou plus de détails, conférer tableau nº6 en annexe)
9 La corrélation est significative d’un point de vue statistique (p<0.01) 10 La corrélation est estimée à 0.41 et elle est significative à partir de 19 %
r=0,613
Transparence et Bonne Gouvernance
15
20
25
30
35
40
5 15 25 35 45
TransparenceB
on
ne
Go
uve
rnan
ce
r=0,613
Les fonctionnaires rapportent que les relations personnelles avec leurs
supérieurs sont aussi
importantes pour leur
carrière que le mérite. Les
contacts personnels
(politiques ou non) et
l’ancienneté comme le
montre le graphique ci-
contre, sont également pris en
considération lors des
décisions relatives à la
promotion, aux
augmentations de salaires ou
au recrutement. D’autre part, les fonctionnaires précisent que le genre de
l’employé et les dessous de table influencent rarement les décisions concernant le
personnel. Les répondants ont indiqué que la pratique de l’achat des postes existe
bien dans l’administration guinéenne. Cette pratique est plus fréquente parmi
leurs supérieurs.
Le niveau de la corruption
et le degré de politisation en
matière de gestion du
personnel semblent
étroitement liés. Les services
où les liens politiques ont une
influence sur les décisions
concernant le personnel
connaissent des niveaux de
Politisation et corruption dans la gestion du personnel
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
0 20 40 60 80Corruption dans la gestion du personnel
Po
litis
atio
n d
es d
ecis
ion
s d
u
per
son
nel
r=0,23
Note: Le coefficient de correlation est significatif a 0,23
Critères importants dans la gestion du personnel
71%
65%
53%
40%
39%
24%
18%
0% 20% 40% 60% 80%
Mérite
Relation
Ancienneté
Contacts non politiques
Contacts Politiques
Genre de l’employé
Cadeaux
Les lignes de conduite, règles et réglementations concernant la gestion du
budget et du personnel sont formalisées par écrit, d’après un fonctionnaire
sur cinq. Les décisions portant sur la gestion du personnel ne requièrent pas un
nombre excessif d’étapes officielles. Les employés du gouvernement sont évalués
par écrit et sont informés des critères de leur dernière évaluation. Ces procédures
font l’objet de politisation dans la gestion du personnel (selon 39% des
fonctionnaires) et dans la gestion du budget (21%).
Les décisions liées à la gestion du personnel ne sont pas toujours annoncées et
elles ne font pas l’objet d’un suivi/contrôle par une agence extérieure. En ce
qui concerne les possibilités de recrutement, promotion et formation, les
personnes les plus qualifiées n’obtiennent pas toujours ce qu’elles méritent du fait
d’interférences politiques et régionales. Ceci explique pourquoi tous les employés
de l’administration publique n’ont pas forcément les compétences requises pour
leur poste.
L’administration publique est globalement considérée comme non
performante. De l’avis des opérateurs économiques, et même des fonctionnaires,
les services publics pèchent par le manque de probité et d’intégrité. Parmi les
ministères, trois sont néanmoins considérés comme performants : la Défense
nationale, l’Enseignement Pré universitaire (MEPU-EC) et l’Enseignement
technique et la Formation professionnelle (METFP). Pour ce qui concerne les
services publics, les moins « performants » sont : Électricité de Guinée (EDG), les
Services des Eaux de Guinée (SEG), la Caisse Nationale de Sécurité Sociale
(CNSS), le Ministère public, l’Inspection Générale du Travail, la SOTELGUI, les
tribunaux, les autorités fiscales, l’État civil, le Trésor public et les Douanes.
Les exigences administratives constituent un obstacle majeur au
développement des affaires. D’après les opérateurs économiques, il faut en
moyenne 9 mois pour inscrire son entreprise à la Chambre de commerce. De
même, un minimum de 17 jours est requis pour que les marchandises soient
dédouanées au point d’entrée (port et aéroport). Les opérateurs économiques sont
soumis à une compétition déloyale de la part d’entreprises fictives créées par les
fonctionnaires responsables de la passation des marchés publics et la contrebande.
Pour ces raisons, la proportion des entreprises d’import-export a diminué de 2%
au cours des trois dernières années.
De l’espoir En dépit des problèmes
majeurs auxquels ils sont
confrontés en matière de
corruption et de
gouvernance, les citoyens
guinéens (ménages,
entrepreneurs et
fonctionnaires)
continuent d’espérer et
sont déterminés à associer
leurs efforts à ceux du
gouvernement pour
améliorer la situation de
la gouvernance dans le pays.
Ces trois catégories de la
population seraient prêtes
à payer au moins 10% de
leurs revenus pour
contribuer à la lutte
contre la corruption dans
le pays. Les ménages
croient que le
Pourcentage des revenus que les citoyens sont prets a payer pour combattre la corruption
10%
18%17%
0%2%4%6%8%
10%12%14%16%18%20%
Menages (n=838) Fonctionnaires(n=750)
Affaires (n=298)
Pourcentage des ménages qui:
59%
38%
20%
19%
10%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%
Sont prêts à dénoncer la corruption
Approuvent les stratégies
Croient en la sincérité du Gouvernement
Apprécient l'assistance des partenaires
Croient en la volonté du Gouvernement
Pourcentage des ménages