Regards sur la Droite n° 18 - 24 avril 2013

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    roite

    24 avril 2013 - n 18

    Lettre ditepar la cellule Veille et Ripostedu Parti socialiste

    dito

    NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L EXTRME-DROITE 1

    Dmocratie et lacit

    Il est tout fait clair que des mouvements dextrme-droite tentent de tirer parti des opposi-tions la loi sur le mariage pour tous pour faire driver les manifestations par des actes

    de violence. Cela a t presque toujours le cas lorsque la gauche arrive au pouvoir, en 1936,en 1956, avec le poujadisme , aprs 1981-1982. Mais l nest pas le plus important mmesil faut marquer la plus grande fermet contre ce qui devient une agitation factieuse.

    Ce qui doit interroger en effet, est dabord, la complaisance de lUMP qui ne condamne pasclairement ces actes violents, et, ensuite - et surtout - sa volont dencourager ces manifesta-tions pour contester, au-del de la loi en cause, lensemble de la politique mene depuis mai2012. Il y a bien-sr leffet dune surenchre interne au sein de lUMP, qua cre labsence dun leadership assur, pour recueillir les faveurs du peuple de droite . Il suffit de voir lesexpressions de Jean-Franois Cop et de Laurent Wauquiez, deux rivaux pour la future lectiondu prsident ! Mais ce qui est le plus grave, cest la remise en cause de la lgitimit du Parle-ment, une fois que les dbats normaux ont eu lieu et que le vote a t prononc. Cest une

    lourde responsabilit qui remet en cause un fondement de la dmocratie librale, dont lUMPse rclame par ailleurs Cest ne pas prendre en compte non plus que cette radicalisation ai-dera plutt le Front national, qui, pour le moment veille ne pas prsenter son virage le plusdur pour recueillir ceux qui ne manqueront pas dtre dus par la droite. La porosit recherche nira pas dans le sens o le pensent une partie des dirigeants de lUMP.

    Un second sujet de proccupations tient dans les positions qui sont celles de la hirarchiecatholique dans ce moment. Il y a videmment une diffrence de philosophies entre nous surla dfinition et la place du mariage dans notre socit. Nous ne partageons pas cette volontde naturaliser le mariage sous une seule forme, en ignorant volontairement les volutionsquil a dj connues et quil connaitra. Cest sans doute une erreur historique de lEglise ca-tholique de vouloir sidentifier absolument une institution qui a dj chang et le fera encore.Mais, cest sa vision. Et, elle a le droit de le dire dans le dbat social et politique. Cependant,contribuer fortement organiser des mobilisations qui sont vite devenues trs politiques nepeut que poser un problme. Et quand le cardinal Andr Vingt-Trois dclare : Nous ne devons

    plus attendre des lois civiles quelles dfendent notre vision de lhomme (Discours devant laconfrence des Evques de France, 16 avril), cela questionne un principe clef de la lacit, celuide la sparation des pouvoirs. Un risque, dans ces positions et ces pratiques, est, en effet, deconcevoir lEglise catholique comme sinon un pouvoir part, du moins comme une minoritconstitue qui se figerait dans la socit. Ce nest pas quoi, dailleurs, aspirent beaucoup decatholiques. La lacit rpublicaine favorise le dialogue avec tous les mouvements spirituelset philosophiques, mais consacre lindpendance du pouvoir civil.

    Dans une priode o rgne une certaine confusion sur les principes rpublicains, c est nousdexpliquer clairement ce que nous devons la dmocratie et la lacit.

    Alain BERGOUNIOUX

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    Une drive qui vient de loinTout commence par lamorce du dbat sur

    lidentit nationale, chec majeur du prcdentquinquennat dans un premier temps, et le dis-cours de Grenoble de la fin juillet 2010. Une miseen scne de boucs missaires. ce moment, Nicolas Sarkozy fait clairement lechoix de se reprsenter llection prsiden-tielle. En mobilisant llectorat de droite sur desrflexes traditionnels droite, sur des principes identitaires , ractionnaires au sens tymo-logique du terme.

    La droite dveloppe la stra-tgie des boucs missaires,les Franais de souche contre les trangers, les

    fonctionnaires contre les producteurs , etc Le dnide dmocratie est claire-

    ment affich.Quelles sont les arrtes de ce discours ? Lamal-game entre immigration, violence et inscurit ;la tentation du repli individualiste dans une so-cit perdant ses repres solidaires, une formede fuite en avant dans la critique de ltat. Enfait, lancien Chef de lEtat convoque le peuplefranais pour une forme de revanche sur tousles acquis sociaux et du Conseil national de larsistance, le CNR :

    - stigmatisation des corps interm-diaires, syndicats et associations ;

    - restauration dun ordre social ingali-taire, avec en toile de fond, un discours marqupar culpabilisation de catgories entires de lapopulation.

    Ds ce moment, la stratgie politique assumerepose sur une porosit implicite entre llecto-

    rat du FN et celui de lUMP. Nicolas Sarkozyespre ainsi, lemporter au final lors du

    deuxime tour de llection prsidentielle grce

    un report massif des voix de lextrme-droite.Cette stratgie a conduit finalement la dfaitelectorale deux reprises, le 6 mai, puis, le 17

    juin 2012, aprs dix ans de gestion ininterrom-pue de lUMP, parce que celle-ci avait chou auplan conomique, financier et social. Pour au-tant, ce discours a t valid par lensemble desdirigeants de la droite. Do la surenchre la fois scuritaire et librale sur le plan cono-mique, la faveur du feuilleton UMP duCongrs de novembre. Plutt que de sinterro-ger sur les causes dun double chec notoire, lescadres dirigeants de lUMP mettent un soin par-ticulier approfondir les discours et les slogansde la campagne prsidentielle. Ainsi, lUMP pro-pose, il y a quelques semaines, au plan cono-mique, une majoration de plus de trois pointsdu taux normal de la TVA, un dmantlementen bonne et due forme du droit du travail, uneaustrit budgtaire renforce, avec 130 mil-liards de dpenses en moins en cinq ans et ledmantlement de ltat dans nombre de ses

    fonctions conomiques, sociales et financires.Depuis des mois, la droite joue sur les crispa-tions identitaires, surfe sur les peurs en particu-lier celles de lautre. Elle dveloppe la stratgiedes boucs missaires, les Franais de souche contre les trangers, les fonctionnaires contreles producteurs , etc Le dni de dmocratieest clairement affich. Les rsultats du 6 mai etdu 17 juin sont nis et le rejet de la dmocratiereprsentative affleure chaque pas. Les votesintervenus au Parlement sont progressivement

    considrs par les tnors de la droite commenuls et non avenus.Lopposition au projet de loi relatif au mariagepour tous, cristallise les lments de fusionentre la droite extrme et lultra-droite, en ges-tation depuis 2010. Il est vrai que ce texteconcentre tous les dfauts pour une droite,qui nadmet pas une nouvelle extension des li-berts et de nouveaux droits pour tous, qui nac-cepte pas la fin des discriminations devant lemariage civil. Le rapprochement stratgique est

    donc en marche mais en lien avec toutes les th-matiques classiques de lextrme-droite :

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    lordre naturel des choses, la dnonciationdes institutions rpublicaines, lhomophobie,la mise en cause de la lacit, lhymne laFrance clricale et immuable en-dehors dutemps et du monde. On peut dailleurs consta-

    ter un dcalage avec les thmatiques officiel-lement affiches par la direction du FN quireste dune grande ambigut vis--vis du pro-

    jet de loi. A moins quil ne sagisse que dunerpartition des rles.

    LUMP est en train de deve-nir un parti de droite ex-trme ordinaire, prt

    toutes les surenchres, toutes les fuites en avant.Certains de ses lus nhsi-tent pas cohabiter, ceintsde leur charpe tricolore,avec les militants du GUDou de Civitas dans les ma-

    nifestations de plus en plusvindicatives.

    En se comportant ainsi, c est--dire en gardantle silence sur les intimidations et les harcle-ments, et tout en attisant les haines, les princi-paux dirigeants de lUMP signent la mort dugaullisme. LUMP est en train de devenir unparti de droite extrme ordinaire, prt aux sur-

    enchres. Certains de ses lus nhsitent pas cohabiter, ceints de leur charpe tricolore, avecles militants du GUD ou de Civitas dans les ma-nifestations de plus en plus vindicatives.Les slogans de ces derniers sont pourtant

    clairs : procs en illgitimit lgard du pou-voir rgulirement lu, antiparlementarismeassum, tactique de lintimidation, recours auxvieux slogans, opposant le pays rel au payslgal . Cette drive mne pour le moins uneforme de poujadisme, tel que nous lavonsconnu au cur des annes 50, notammentface au Front Rpublicain ou au gouverne-ment dirig par Pierre Mends France. Au pire,aux rhtoriques des responsables politiquesde lOAS, au dbut des annes 60 qui refu-

    saient le verdict des urnes et les dcisions duParlement, quand elles proclamaient le droit lauto-dtermination de lAlgrie ou la ratifi-cation des accords dEvian.

    Un sursaut de la droite UMP est-il encore pos-sible pour viter la sortie de route ? Rien nestmoins sr, car la dfaite lectorale de NicolasSarkozy sest transforme, en quelques mois,en victoire politique du Sarkozysme - ce mixte la fois nationaliste, identitaire et ultra-libral

    sur le plan conomique -, sur la droite rpubli-caine. Dautant qu la faveur dun congrsrat, marqu par les tricheries et les tentativesinternes de coups de force, cette droite-l naplus dides propres, plus de leader, et plus derepres. Une chose est sre : le temps o ellefaisait encore spontanment, et collective-ment, le choix de la dmocratie et des libertspubliques pour repousser le discours de la dis-crimination et de la haine, est bel et bienrvolu.

    LUMP et le FN, cte cte

    neuf mois des lections municipales, lidylle se poursuit entre lUMP et le FN. Dernier tmoignage en date, la ma-nifestation des opposants la loi sur le mariage et ladoption par les couples homosexuels, le 21 avril, Paris. Flan-qu du Secrtaire gnral adjoint du FN, Nicolas Bay, Gilbert Collard, dput frontiste du Gard et Secrtaire gnraldu Rassemblement Bleu Marine, sest gliss aux cts de Christine Boutin, connue pour son engagement anti-IVG,et dune palette de dputs UMP, Patrick Ollier, Herv Mariton, Jean-Frdric Poisson, Patrick Balkany, Jean-FranoisLegaret, Philippe Goujon et Henri Guaino, visiblement peu gns lide de partager une banderolle communeavec le FN.Quelques minutes plus tard, ce mme Gilbert Collard et lgrie du mouvement, Frigide Barjot, se flanquaient dunebise, sous lil mdus des photographes, qui ont immortalis la scne. Voisinage malheureux ou prlude dunenouvelle chasse aux sorcires, dont les homosexuels seront les premires victimes ? Aprs le saccage dun bar gay Lille, lagression homophobe de Nice et les gestes rvlateurs de la manifestation de dimanche, on est en droitde sinterroger.

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    DCRYPTAGE & DBATS

    La politique de la droite se limite la dr-gulation, la flexibilit du march du travailet la rduction des avantages sociaux

    Bernard Maris est diplm de l'Insti-tut d'tudes politiques. Agrg et docteur en cono-mie l'Institut d'tudes europennes, il enseigne enFrance et aux Etats-Unis. Son dernier ouvrage, Plai-doyer (impossible) pour les socialistes (Albin Michel,2012), lui vaut de sinterroger sur les politiques mo-ntaires menes depuis un demi sicle.

    Lconomie est-elle une science de droite, commele prtend Elie Cohen ?Oui. Lconomie est une idologie, une idolo-gique librale qui indique comment des indivi-dus laisss eux-mmes peuvent fairefonctionner la socit. Il sagit donc dune prime

    lgosme. Elle est mme anti-cooprative, par na-ture. Tout ce qui est marqu du sceau de lquili-bre et de lefficacit doit tre vu sous le prisme dulibralisme. Ce qui justifie tout un discours sur ladrgulation, la flexibilit ou lexternalisation.

    Quelle doit tre la place du dialogue social et dela ngociation dans la sortie de crise ?La coopration est bien plus efficace que la luttede tous contre tous. Ceci est perceptible en Europeo la guerre conomique svit de toutes parts.Tant et si bien quil ny a que des perdants. Le sys-tme coopratif, est une ide profondment so-cialiste qui peut savrer parfaitement efficace.

    Or, le capitalisme se complait dans la destructionet la ngation de tout lien coopratif. Il est doncdifficile de nouer un dialogue social digne de cenom dans une socit o cette idologie domine.Ce qui vaut certains entrepreneurs peu scrupu-leux de dlocaliser leurs activits pour chercher

    ailleurs la plus-value quils ne trouvent plus dansleur pays. contrario, le dialogue social est une forme ma-

    jeure de coopration et defficacit conomique.De ce point de vue, les grandes entreprises alle-mandes cooprent davantage avec les PME quene le font leurs concurrentes franaises. Danslhexagone, ltat joue ainsi un rle darbitre entrele patronat et les salaris, prenant parti pour lunou lautre, au gr des situations. De cela, il nousfaut retenir que le concept de coopration gnreune conomie efficace et que le dialogue socialest incontournable.

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    La spculation, sous toutes se formes, ne ruine-t-elle pas lconomie relle ?Quest-ce que lconomie relle ? Cest lquilibreentre ce que nous produisons et ce que nousconsommons. Ce qui signifie, en clair, que les

    crises sont lies une surproduction, une sur-consommation ou une sous-consommation debiens. Ds lors quun dsquilibre survient entreproduction et consommation, lconomie estmise mal.Noublions pas le rentier. Une conomie de rente,cest un systme dans lequel une grande partiedu rsultat est capt par des individus qui ne sontpas des crateurs de richesses. Ceci vaut pour lesactionnaires, les retraits - mme si le travailauquel ils se livrent au sein du tissu associatif

    nest pas comptabilis -, ou les propritaires dim-meubles. La spculation se mesure dans la capa-cit chez certains individus privilgier la rentepar rapport la production. Do les dlocalisa-tions, les hedge funds ou les paradis fiscaux .On voit donc bien que la spculation dtruit lco-nomie relle, dans la mesure o elle ne permetpas de produire. Il sagit l dun systme perversqui na rien de bnfique. Il est dailleurs totale-ment illogique quune bonne moiti du rsultatenregistr par les banques soit engendre pardes activits spculatives, et que les 50 % restantsrsultent de la captation des intrts gnrs pardes comptes.

    Jobserve, par ailleurs, que la spculation doit sonexistence limportance accorde la rente.Faute de quoi, les spculateurs, dont lexistenceest consubstantielle au capitalisme, ne seraientpas sur le march de largent. La place des ing-nieurs franais est dans la conception de pro-duits permettant notre conomie de conqurirde nouveaux marchs, et non dans le trading.

    Ce nest malheureusement pas le casNon. Et ce, parce que le systme financier gnredimportants profits. Renault capitalise ainsi au-tant en faisant du crdit quen produisant des voi-tures. Ce nest pas normal. Il faudrait doncrorienter la spculation et la perversit quelleengendre, en ciblant la fabrication de produitsrpondant aux besoins des consommateurs.Il nest pas logique que des ingnieurs de produc-tion peroivent un revenu moyen infrieur de70 % de celui des traders, alors quils sont issus

    des mmes coles. Ce qui nempche pas lesseconds de se livrer des modles mathma-

    tiques absurdes qui conduisent aux subprimes,plutt que de travailler dans des usines !

    La faille que vous dcrivez rsulte-t-elle de linca-pacit de notre pays produire ?Tout est li. Les crateurs ne sont plus en France,mais ailleurs. Mais, revenons sur la dsindustria-lisation. Elle sest opre en trois phases. La pre-mire concide avec le franc fort, qui a valu laFrance de saligner sur lAllemagne, en 1983. Cestle choix dune monnaie forte, dans un contextemarqu par une conomie en berne. La secondedate de 1986. En succdant Pierre Brgovoy,Edouard Balladur a tent, en vain, de faire deParis une plate-forme financire comparable Londres. La troisime phase a t marque par

    la mise en circulation de leuro, en 2002, dans lespays de lUnion europenne. Depuis lors, lcono-mie franaise saccommode mal dun euro fort.Les Allemands fixent les prix, les Franais en su-bissent les consquences. Tant et si bien quenous ne produisons plus de biens intermdiaires.

    Contrairement Friedman,Keynes tait convaincude lefficacit des systmes

    coopratifs. Cette dichotomiereste plus que jamaisdactualit.

    La droite at-elle une politique alternative celledu gouvernement, sur le plan conomique ?Non. Elle est en panne dides. Sa politique selimite la drgulation, la flexibilit du marchdu travail et la rduction des avantages sociaux.

    Contrairement une ide reue, il ny a pas de po-litique librale. Celle-ci se rsume au laisser-faire,en limitant le poids des contraintes et des en-traves aux lois du march. Elle est anti-coopra-tive, par nature.

    Lopposition entre dfenseurs du modle keyn-sien et partisans de Milton Friedman a-t-elle tou-jours prise dans notre socit ?Oui. Contrairement Friedman, Keynes taitconvaincu de lefficacit des systmes coopratifs.

    Cette dichotomie reste plus que jamais dactua-lit. Le second avait compris que si les produc-

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    teurs de porc se livraient une lutte sans merci,les prix seffondraient, entranant ainsi la filiredans leur chute. Et quil tait donc prfrable derguler le march. Dautres sujets portaient surlavenir, lincertitude ou la spculation. De son

    ct, Friedman fut un partisan acharn du lib-ralisme pur, au nom dune idologie simplistequi est un non sens absolu.

    Les socialistes ont entreprisdes rformes progressistes :

    scurit sociale, retraites,ducation, systmes de

    soins, troisime semainede congs pays, amnage-ment et rduction du tempsde travail, CMU Par ce biais,ils ont octroy du capital ceux qui en sont dpour-vus. Cette politique est la

    fois cooprative et efficace.La monte en puissance du populisme et de laxnophobie ne fait-elle pas contrepoids au prin-cipe dintgration et la ncessit de mettre enuvre des rformes progressistes ?Les socialistes ont entrepris des rformes pro-gressistes : scurit sociale, retraites, ducation,systmes de soins, troisime semaine de congspays, amnagement et rduction du temps detravail, CMU Par ce biais, ils ont octroy du ca-pital ceux qui en sont dpourvus. Cette politiqueest la fois cooprative et efficace.Aujourdhui, il faut se battre en faveur de ltat-providence. Lequel conserve sa singularit, enprservant, mieux que dautres, la socit contreles attaques de la mondialisation. Mais l'cono-mie ne suffit pas. Ainsi, le bilan conomique deLionel Jospin, pour positif quil a t, na pas suffi endiguer le thme de la fracture sociale prnpar Jacques Chirac. Mme si celle-ci na jamais tapplique dans les faits. Dans lesprit du peuple,lmotion supplante la raison. Or, la droite a tou-

    jours surf sur l'motion, comme elle le faitactuellement avec le mariage pour tous. Franois

    Hollande a dailleurs raison de ne pas cder surce point, comme sur beaucoup dautres.

    Je suis convaincu que, fondamentalement, lescatgories les plus modestes sont ractionnaires,souvent juste titre, parce qu'elles sont attaches

    ce quelles possdent. Il ny a rien l de prjudi-ciable, mais elles peroivent a priori dans lespolitiques progressistes un danger, parce quellesles secouent, au nom de la raison.

    Cest pourtant bien ce que fait Franois Hollande,depuis quil a t lu llyse. Nest-il pas lui-mme un progressiste dans lme ?Oui. Je suis dailleurs impressionn par la rigueurde ses discours et sa parfaite connaissancede lconomie. Dnues de dmagogie, ses inter-ventions sont argumentes et quilibres. De cepoint de vue, il fait de lanti-Sarkozy. Il ne plaitnaturellement pas la doxa conomique et aux98 % de libraux qui la composent qui ne man-quent pas une occasion de fustiger sa politique, coups de matraquage mdiatique. Cest assezscandaleux.

    Le capitalisme financier, drgul et totalementfou, dans lequel nous surnageons, nest-il pas entrain de foncer dans le mur, grande vitesse ?Oui. Nous ne sommes dailleurs pas labri dune

    crise majeure. Quon ne se mprenne pas, nousnarriverons pas rembourser la dette. Nosbanques sont encore cet gard dans unegrande prcarit. La droite sen rend parfaitementcompte. Et, faute de croissance, il sera difficile desortir de limpasse dans laquelle nous nous trou-vons. Le seul moyen pour un mnage de rem-bourser ses dettes, cest de pouvoir compter surune hausse de ses revenus. C'est aussi le cas pourune nation. En l'absence de croissance et d'infla-tion, il est impossible de rembourser. Le danger

    guette.

    Le prsident de la Rpublique fait le pari dune re-prise de la croissance dici la fin 2013. Pche-t-ilpar excs doptimisme ?Non. La situation franaise nest pas si mauvaisequon veut bien le dire. Outre-Rhin, linvestisse-ment connat ainsi une baisse de 3 %. Je suisconvaincu que Franois Hollande fait de bonnesrformes. LAccord national interprofessionnel(ANI) en est une. Le crdit impt en est une autre.

    Il est galement parvenu verrouiller les mar-chs internationaux. Il tient la maison. moins

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    dun accident majeur ou dune crise systmique,notre conomie ne peut donc que samliorer.

    La planche de salut de notre conomie ne rside-t-elle pas dans notre capacit dinnovation et lacration de nouvelles sources de richesse ?Lavenir rside principalement dans les nouvellestechnologies et lconomie verte, et non danslindustrie automobile et llectro-mnager. Nousne sommes plus en capacit de produire plus de10 % de voitures par an. Il nous faut trouver unautre mode dexistence, plus attractif et plus intel-ligent, fond sur les biens culturels, architectu-raux, urbanistiques. Avec des circuits plus courtset une mondialisation moins prgnante. Ce quilnous faut, cest une nouvelle croissance.

    Le modle conomique occidental est-il bout desouffle ?Chaque rvolution industrielle a connu ses spci-ficits. Aujourdhui, nous sommes parvenu unpoint de non retour. Lautomobile nest pas lave-nir des nations. Ce, dautant plus que nous avonsun vrai problme avec lconomie allemande. De-puis la runification, elle fait cavalier seul. Elle pro-duit lEst, assemble lOuest et vend sesproduits aux Franais. La structure et lorganisa-tion de la production, plus la monnaie forte,

    confortent l'conomie allemande. Cest le nuddu problme. Contrairement ce que beaucoupdentre nous ont pu penser, lentre dans leuro nesest pas solde par ladhsion au fdralisme.Cest le contraire qui sest produit. LEurope doittre reconstruite politiquement.

    Ny a-t-il pas urgence repenser de fond en com-ble le rapport entre la qute du bonheur indivi-duel et la marche des socits ?Oui, bien-sr. Il vaut sans doute mieux bien vivre

    sa vie, que de la perdre la gagner. Je pense nan-moins que le capitalisme est profondment per-vers, parce quil joue sur la frustration, la servitudevolontaire et lautocontrle. Il ne rend les gens niheureux, ni malheureux. Cest un systme dunemdiocrit absolue. Il est la fois triste, terne etpervers. Il nous faut donc prserver ltat-provi-dence, en trouvant une nouvelle faon de vivre eten sortant une bonne fois pour toute de la socitdu profit. Les Franais naiment pas largent, ils ontraison ! Cest trs bien ainsi, nen dplaise ladroite.

    Je suis convaincu que Fran-ois Hollande russira sa po-litique conomique. Et, que

    dici trois ans, il aura cr lesconditions propices unebonne reprise. Le chmagediminuera, tandis que lacroissance et lemploi reparti-ront la hausse. Il fait tout cequil faut pour cela.

    Comment envisagez-vous lavenir ?Je suis convaincu que Franois Hollande russirasa politique conomique. Et, que dici trois ans, ilaura cr les conditions propices une bonne re-prise. Le chmage diminuera, tandis que la crois-sance et lemploi repartiront la hausse. Il fait toutce quil faut pour cela.Pour efficace quelle soit, cette politique ne suffiracependant pas forcment le faire rlire, parceque les Franais naiment pas les gens normaux.Ils ont, en revanche, un besoin irrpressible degrandeur. De ce point de vue, le Prsident de laRpublique doit faire de la commmoration ducentenaire de la Grande Guerre, un acte fondateur.En 1914, les Franais ont du redoubler deffortspour combattre lAllemagne qui comptait alorsprs du double dhabitants. Ils sont sortis vain-queurs de cette preuve, grce leur endurance.Cette priode fut synonyme d'preuve et de frater-nit. Il appartient donc au chef de ltat denperptuer le souvenir. Nos concitoyens sont ga-

    lement passionns de culture et il importe de lesconforter dans lide quils sont le produit dunmodle multisculaire. Les socialistes lont com-pris. Dans leur projet, ils prvoient dailleurs de fa-ciliter larrive des lites culturelles, en France.Aprs la chute de Berlin, une formidable opportu-nit sest offerte nous, en Europe de lEst. Nousnavons pas su la saisir. La France doit redevenirce quelle a t : un lieu de brassage. Lconomieseule ne suffira pas. Franois Mitterrand lavaitcompris. Franois Hollande doit perptuer cet

    esprit.

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    Les vieux ressorts du peuple

    de droite Cest peu dire que le mariage pour tous chauffeles esprits de ses dtracteurs. Lesquels font feu detout bois - oprations coup de poing, infiltrationdes manifestations, harclement - pour fustigerun dni de dmocratie . Un comble quand onsait que cette rforme faisait partie des engage-ments de Franois Hollande, quelle a fait lobjetdun large dbat, devant la reprsentation natio-

    nale, aprs des discussions approfondies lAs-semble et au Snat. Sans compter que ce textecre des droits nouveaux pour les couples homo-sexuels sans en enlever, pour autant, aux autresfamilles.

    Pour illgitime quil soit,ce travail de sape exprime

    une tendance de fond chezle peuple de droite qui atoujours jug improbabletoute intrusion de la

    gauche au pouvoir.

    Radicalisation. Ce comportement rvle, sil entait besoin, une forme de drive dangereusepour notre dmocratie. Dautant que le pouvoirde la rue lemporte en lgitimit sur celui duParlement, dans lesprit de ses dtracteurs les plusvhments. Les dirigeants UMP seraient dailleursbien aviss de ne pas attiser le feu, en exploitantla crispation et la fureur, savamment entretenuespar ces groupuscules extrmistes, composs,pour lessentiel, didentitaires et de catholiques in-tgristes. Ceux-l mmes qui sidentifient ladroite ractionnaire et qui font de leur conceptiondu mariage lultime rempart de lordre naturelde la socit contre les drglements de lindivi-dualisme contemporain, dont lhomosexualit

    reste lune des manifestations inacceptables (Le Monde, 16 avril).Rien l de bien nouveau. Pour illgitime quil soit ,ce travail de sape exprime une tendance de fondchez le peuple de droite qui a toujours jug im-probable toute intrusion de la gauche au pou-voir. LUMP se montre dailleurs trs discrte surla dangereuse radicalisation dans laquelle sest

    engag le noyau de manifestants hostiles au mariage pour tous . Lorsque les militants du Printemps franais , cette nbuleuse dextrme-droite, qui mle catholiques intgristes et ultra-ra-dicaux, se livrent des agressions caractrisesou prennent pour cible lessayiste Caroline Fou-rest, ses dirigeants se font dune discrtion exem-plaire. Cop se plait mme mettre de lhuile surle feu, en sommant solennellement le chef deltat de retirer le texte. Dtail croustillant,lorsquon se remmore la tricherie organise lors

    de llection interne lUMP que son prsidentauto-proclam a dvoile au grand jour, faisantpeu de cas du respect des conventions dmocra-tiques, dont il se revendique aujourdhui.

    Rminiscences. Rien de neuf, donc. Et, pas mal desimilitudes avec un pass que lon croyait rvolu.Souvenons-nous. Sous lgide du dput bona-partiste, Pierre Taittinger, les Jeunesses patrioteset les ligues nationalistes semrent lagitationdans le pays, en raction la victoire du Cartel des

    gauches, le 11 mai 1924. Cette haine froce de lex-trme-droite lencontre du pouvoir issu duneunion lectorale du Parti Radical et de la SFIO,prend racine dans la crise conomique mondialequi suit la Grande Guerre, sur fond dendettementet de recours des prts auprs de socits decrdit prives.La politique financire du Cartel inquite, au pointdattiser la colre des lments les plus radicauxqui dnoncent, avec vhmence, la politique derigueur mise en uvre par la gauche. Ce sont lesriches qui manifestent et qui sen prennent verte-ment Edouard Herriot, fraichement investi, en-tranant derrire eux la foule parisienne. Quand le

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    prsident du Conseil prsente son gouvernement la Chambre, plusieurs milliers de manifestantsse rassemblent devant le Palais-Bourbon pourcrier leur hostilit. Les dputs la Seine ! mortHerriot ! La Rpublique la poubelle ! , entend-on. Dj la pression de la rue contre la gauche etles lus de la Nation.

    Fracture politique. Dix annes plus tard, la veilledu 6 fvrier 1934, une partie de la droite parlemen-taire souffle sur les braises pour attiser la colredes ligues dextrme-droite qui aspirent renver-ser la Rpublique. Le lendemain, Edouard Dala-dier prsente la Chambre son nouveau

    gouvernement. Une violente manifestation anti-parlementaire sensuit. Les ligues rassemblentalors des mcontents de tout poil. Elles se sontmultiplies, en marge des partis parlementaires, la faveur de la crise conomique qui traverse lepays, et ne tardent pas se retrouver Paris, placede la Concorde, en face de la Chambre.Au premier rang, figurent les Croix de Feu du lieu-tenant-colonel de La Roque, qui se prtend apoli-tique. Ils constituent le groupe le plus toff, avec, leurs cts, les partisans de lAction franaise, la

    ligue des Jeunesses patriotes et le groupe Solidaritfranaise de lancien commandant, Jean Renaud,financ par le professeur mile Coty, mule deMussolini. Tous rassembls, sur le thme basles voleurs ! Les Croix de feu se dispersent rapi-dement, rendant ainsi caduque toute tentative derenversement du rgime par la force. Place de laConcorde, la manifestation dgnre. Des milliersdhommes marchent sur le Palais-Bourbon, ten-tant de forcer les barrages de la Garde mobile. Lesaffrontements se poursuivent pendant la nuit.

    Seize manifestants et un policier sont tus. Un mil-lier de personnes sont blesses. La gauche netarde pas dnoncer ce qui sapparente une ten-tative de coup dtat. Trois jours plus tard, unecontre-manifestation, laquelle prennent part dessocialistes et des communistes, dgnre sontour et fait neuf victimes.lu dmocratiquement, douard Daladier doitcder la place Gaston Doumergue. Deux annesplus tard, le Front populaire remportera les lec-tions lgislatives de 1936. Mais, auparavant, il luifaudra faire face lascension de la Cagoule, nedans la foule des meutes du 6 fvrier. Compo-

    se, pour lessentiel, danciens royalistes et deligueurs extrmistes, cette organisation - de sonvrai nom Comit secret daction rvolutionnaire(CSAR) - se montrera particulirement active partir de 1935, en raction la monte en puis-sance du Front populaire. Sous lautorit dEugneDeloncle, elle se fixera pour objectif de renverserla Rpublique, en fomentant une rvolution parle haut. Le tout, avec le soutien financier de plu-sieurs industriels, dont Eugne Schueller, fonda-teur de LOral.

    En 2013, les opposants aumariage pour tous se radica-lisent, comme ils le firent endautres circonstances, en selivrant des oprations com-mando de plus en plus mus-cles. La droite parlementaire

    hurle la forfaiture, au dnide dmocratie, condamnemollement les agitateurs.Plutt Hitler que Blum !Un air de dj vu

    Toujours la mme litanie. En 2013, les opposantsau mariage pour tous se radicalisent, comme ilsle firent en dautres circonstances, en se livrant des oprations commando de plus en plus mus-cles. La droite parlementaire hurle la forfaiture,au dni de dmocratie, condamne mollement lesagitateurs. Plutt Hitler que Blum ! Un air de djvu

    Sources : Encyclopdie Universalis, 2013.

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    La promesse 31 du candidat Hollande est enpasse dtre tenue. Aprs de long mois de dis-cussions, de dbats et dauditions, le cheminlgislatif arrive son terme le 23 avril, lors duvote solennel lAssemble. Aprs le vote, enpremire lecture, par les dputs et les sna-teurs, le gouvernement met en uvre les pro-cdures issues de la rforme des institutions de2008, voulue par Nicolas Sarkozy.

    Dni dmocratique. La reprsentation natio-nale a t respecte : dbats plus longs queprvus, report initial de lexamen pour permet-tre ses opposants de disposer de tous lesmoyens lgaux pour dfendre leurs argu-ments. Aujourdhui, lchec de la droite faire

    capoter ladoption de ce texte lentranedans une surenchre anti-dmocratique, voireradicale. Les batailles internes, au sein de lUMP,ont laiss un champ consquent aux mouve-ments intgristes, sectaires et radicaux. Les-

    quels sont devenus les figures de proue ducombat anti-mariage pour tous, les leadersdun mouvement homophobe. Cette drivedont lUMP est lalli passif, puisque dpass,cre en France inquitudes et peurs.Le dni dmocratique, dont lUMP fait son miel,se traduit par la contestation, dune partie de ladroite, de la lgitimit mme du vote rpubli-cain. Vieille litanie, selon laquelle la gauchenest pas lgitime pour gouverner la France (1).Lorsquelle voque, au dtour dune phrase, unetentative de coup dtat (2), elle met directe-ment en cause ce que le gouvernement Fillona mis en place, en 2008, la faveur dune rvi-sion constitutionnelle. Quon adhre ou pas auxprojets prsents par la gauche, nous restonsdans le cadre de la dmocratie, sexclame JeanYves Camus (LHumanit, 15 avril). ChristineBoutin, cratrice dAlliance Vita, associationanti-IVG, est la caricature de cette fuite en avantintgriste. Aprs avoir parl de gazage (3),dont elle se prtend victime, alors quelle sestelle mme mise en situation illgale, elle ap-

    pelle dsormais une rsistance non violente la Gandhi (4). Frigide Barjot, catho mon-

    daine et nouvelle coqueluche des mdias, necompte pas non plus s'arrter au vote de la loi.Elle espre capitaliser sur le mcontentementdu peuple de droite, en rassemblant les mili-tants dans le collectif Pour l'humanit dura-ble , afin de protger l'humain de saconception sa mort.

    Depuis la crise financire

    de 2008, la droite na plusde repre idologique.Son dogme libral stanteffondr la faveur desvnements qui ont secoula plante, sur quelle base

    peut-elle sappuyer ? Son

    crdo : la morale. Un sujetsur lequel elle est incons-quente.

    Porosit. La droite dcouvre, aujourdhui,la force des mouvements revendicatifs, aprsles avoir tant dnigrs, elle les instrumentalise.Disons plutt quelle est tombe dans le pigede linstrumentalisation et quelle parat au-

    jourdhui dpasse par les vnements. NicolasSarkozy ne considrait-il pas que la rue ne de-vait pas dicter sa loi ? Et, que ds lors quunemanifestation se produisait, elle tait invisibleet inaudible ?Depuis la crise financire de 2008, la droite naplus de repre idologique. Son dogme libralstant effondr la faveur des vnements quiont secou la plante, sur quelle base peut-ellesappuyer ? Son crdo : la morale. Un sujet surlequel elle est inconsquente. Ce, dautant plusque les drives anti-dmocratiques quelle a ac-

    compagnes dans un premier temps ont vu lesmouvements extrmistes prendre le dessus.

    Lutra-radicalisationdes anti-mariage pour tous

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    De ce point de vue, elle est complice de ce quise fait, se dit de pire. On est mme fond sedemander si lidologie frontiste na pas pris ledessus, les dclarations de Jean-Franois Cop,rcemment, lors dun meeting en province en

    attestent. Au prix dune radicalisation du dis-cours qui emprunte clairement au registre fron-tiste, sous lgide du trs droitier PatrickBuisson, dont linfluence ne se limite plus ds-ormais au seul Nicolas Sarkozy, mais ses suc-cesseurs.

    On est fond se demandersi lidologie frontiste napas pris le dessus, les dcla-rations de Jean-FranoisCop, rcemment, lors dunmeeting en province enatteste. Au prix dune radi-calisation du discours quiemprunte clairement au

    registre frontiste, souslgide du trs droitierPatrick Buisson, dont lin-

    fluence ne se limite plusdsormais au seul Nicolas

    Sarkozy, mais ses succes-seurs.

    Quels sont au juste ces mouvements radicaux?Cest une nbuleuse assez difficile cerner. Envoici une liste non exhaustive, mais significa-tive : le Bloc identitaire, les Jeunesses nationa-listes, le Renouveau franais et, bien sr,Civitas, auxquels il faut ajouter un mouvementmergent, le Printemps franais , qui sert depasserelle entre lUMP et le Front national.

    Le Bloc identitaire : il sinscrit dans un large pro-cessus de maillage extrmiste de lEurope, avec

    pour leitmotiv lidentit , invoques toutpropos. Ses inspirateurs prnent une vision de

    l'identit charnelle et enracine . Au concept de France des lumires , ils opposent celui de la terre et des morts de Barrs ; ils prnentla haine de lautre, surtout sil est musulman. 73de ses membres sont monts sur le toit de la

    future grande mosque de Poitiers, le 22 octo-bre 2012. Ce mouvement rgionaliste srigecontre lislamisation de lEurope . Il sest faitconnatre par ses apros saucisson-pinard etses soupes populaires. Ce sont les jeunes iden-titaires qui ont investi, en 2010, un fast-foodhalal avec des masques de cochons (5).

    Les Jeunes nationalistes : cette organisation estrgie par une charte qui reprend tous les ca-nons des mouvements racistes et sectaires. Cedocument est un crit solennel dans lequelsont consigns les grands principes du mouve-ment. Il doit tre lu et approuv par toutes lespersonnes souhaitant rejoindre les Jeunessesnationalistes. Larticle 1 prcise que la nation estla ralisation collective dun destin particulier ;cest un sol, un peuple, une langue et une civili-sation, rendus unis par lhistoire. Cest le passvcu ensemble et la certitude de vivre un avenircommun. Larticle 10 souligne que tout natio-naliste est rvolutionnaire, en ce sens quil nereconnat pas la lgitimit du prsent ordre d-

    mocratique et mondialiste. Lun de ses diri-geants, proche de Bruno Gollnish, a t excludu FN pour stre livr au salut nazi. Le mouve-ment sest fait remarqu plusieurs reprisespar des dgradations de locaux du PS (6).

    Le Renouveau franais : cette organisation na-tionaliste a t fonde en 2005. Elle s'appuie surune communaut importante et soude de mi-litants. Son nationalisme est d'inspirationcontre-rvolutionnaire et catholique. Il vise d-

    fendre les intrts de la France et des Franais,dans tous les domaines. Il se nourrit galementde lidologie de Barrs. Un de ses slogan estclair : La France, une terre chrtienne. Ni islam,ni lacit ! . Ses membres ont envahi le local de Femen . Cette premire action est une d-claration de guerre la btise et la hainequincarnent les Femen (sic) (7).

    Civitas : ce mouvement politique est inspir parle droit naturel et la doctrine sociale de l'glise,

    regroupant des lacs catholiques engags danslinstauration de la Royaut sociale du Christ

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    sur les nations et les peuples, en gnral, sur laFrance et les Franais, en particulier. Il sest faitremarquer, en 2011, Paris, en manifestant plu-sieurs soirs de suite en opposition des picesde thtre notamment celle de Romeo Castel-

    lucci, Sur le concept du visage du fils de Dieuprsente au thtre de la Ville, mais aussi de-vant le thtre du Rond-Point o se jouait lapice de thtre Golgota Picninc de RodrigoGarcia qu'il jugeait blasphmatoire. Civitas d-nonce ce qu'il appelle la christianophobie etorganise alors une manifestation plus impor-tante, le 29 octobre 2011 (8).

    GUD :ce mouvement a t cr en dcembre1968 : au centre juridique de la rue d'Assas, en

    octobre 1969, il participe la cration du mouve-ment Ordre nouveau avec Jean-Marie Le Pen.Il sinscrit dans la continuit du mouvement Oc-cident. Certains de ses membres historiques ontt des ministres de Nicolas Sarkozy : GrardLonguet, la Dfense, et Patrick Devedjian, laRelance. Sa doctrine sappuie sur le rgionalismeeuropen, la clbration des gurillas anti-im-prialistes, la violence anti-amricanisme, unantisionisme affirm - conduisant des heurtsviolents avec les groupes de l'extrme-droite

    juive - et un no-paganisme prononc. Le dbutdes annes 2000 est marqu par une monteen puissance imprvue d'lments catholiquestraditionalistes et insolites, tels que la GardeFranque.Sur Facebook, le GUD Paris rassemble prsde 900 amis . Il sen prend, tour tour, auxFemen et lessayiste, Caroline Fourest. La ma-nifestation du 24 mars a mis en lumire ces gudards , dont beaucoup dclarent avoirt lorigine des chauffoures avec la police.Sur Twitter, les empoignades muscles ont

    conduit un certain nombre de drapages, leGUD de Lyon, appelant notamment casserla gueule des PD qui font du proslytisme .Ambiance (9)

    Le Printemps franais : les mots sont lourds desens. La fabrication de ce groupuscule fait bienvidemment rfrence aux printemps arabe.On y retrouve des militants d'extrme-droite etdes catholiques traditionalistes.Leur doctrine : Quand la justice nest plus tra-

    duite dans la loi, il faut rejeter la loi. Le droit desenfants avoir un pre et une mre est un droit

    inalinable. Nous proclamons notre devoir libreet dtermin daffronter ce projet de loi par tousles moyens qui en rendront le cot politique in-

    supportable pour le rgime en place. Noussommes le printemps de la rsistance ! Nous

    sommes le printemps de la justice ! (10)

    Tous ces mouvements par-ticipent activement la ten-tative de dstabilisationde la Rpublique, par leursagressions sur des lus etdes intellectuels, la dgra-dation de locaux socialistes,en surfant sur la montedes inquitudes et lhomo-

    phobie, et en multipliantles agressions.

    Tous ces mouvements participent activement la tentative de dstabilisation de la Rpu-

    blique, par leurs agressions sur des lus et desintellectuels, la dgradation de locaux socia-listes, en surfant sur la monte des inquitudeset lhomophobie, et en multipliant les agres-sions. Les appels, hypocrites, des diffrents ani-mateurs du mouvement anti-mariage pourtous rendent, de ce point de vue, peu probable,toute espce de recadrage pour faire cesserces actions coup de poing spontanes. Lessen-tiel est ailleurs : en finir, une bonne fois pourtoute, avec lla gauche et un gouvernement

    arriv au pouvoir par effraction . Toutchange, rien ne change !

    Sources :

    (1) Jean-Yves Camus,20 minutes, 20 avril.(2) Herv Mariton,AFP, 15 avril.(3) BFM, 24 mars.(4) Le Parisien, 13 avril.(5) blocidentitaire.com(6) jeunesses-nationalistes.fr(7) renouveaufrancais.com(8) civitas-institut.com

    (9) Wikipdia(10) printempsfrancais.fr