REGARDS DOCUMENTAIRES

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Filmographie autour de l’exposition REGARDS DOCUMENTAIRES

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Filmographie autour de l’exposition

REGARDS

DOCUMENTAIRES

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L’EXPOSITION

La BPI et l’association Images en Bibliothèques se sont associées pour coéditer l’exposition :

REGARDS DOCUMENTAIRES

Conception : Jean Breschand (réalisateur, auteur -"Le Documentaire,

l’autre face du cinéma") ; Frédéric Goldbronn (réalisateur -Videadoc,

Images en Bibliothèques) ; coordination : Blandine Benoit (BPI)

Il s’agit de donner quelques repères essentiels dans l’histoire du cinéma documentaire, à travers quelques-unes de ses questions phares. Les titres des films associés à chacune de ces questions donnent un aperçu de la diversité et de la richesse des styles. A l’occasion du mois du film documentaire de novembre 2012, l’exposition fait escale à Fontenay-sous-Bois, car notre médiathèque, adhérente à l’association Images en Bibliothèques, appartient au réseau national des bibliothèques qui diffusent des œuvres appartenant au Catalogue national des films documentaires.

Les titres qui suivent sont disponibles à l’Espace Adultes : vous

pouvez les emprunter ! D’autres sont directement consultables sur

la plateforme ArteVOD & UniversCiné, accessible depuis le site de la

médiathèque.

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"Le documentaire est un premier mouvement du cinéma. Il commence

avec le regard que l’on porte sur le monde autour de soi. Un regard

qui trouve dans le cinéma le moyen de se rendre visible. Il n’est donc

ni un genre en soi, ni le contraire de la fiction ; il est une démarche

esthétique qui s’enracine dans une curiosité initiale."

(Jean Breschand)

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SOMMAIRE

Panneau 1 Le rêve documentaire p. 4

Panneau 2 Le sel de la terre p. 7

Le grouillement du monde vivant en ses multiples métamorphoses. Panneau 3 Et là-bas, quelle heure est-il ? p. 12

Le cinéma, ce "voyage immobile" qui fait découvrir comment vivent les hommes, là-bas, dans les pays lointains. Panneau 4 Les vies détruites p. 17

Comment montrer les heures noires de l’histoire ? Panneau 5 Le passé recomposé p. 23

On regarde toujours le passé à partir de son propre présent. Panneau 6 Les raisins de la colère p. 26

Le cinéma militant, haut lieu de l’expérience documentaire. Panneau 7 Le travail invisible p. 30

Comprendre comment les activités humaines sont liées entre elles. Panneau 8 Les travaux et les jours p. 32

Il arrive que les hommes soient dépossédés de la possibilité d’inventer leur vie. Panneau 9 Franges intérieures p. 37

Le fou inquiète les apparences. Il oblige à s’interroger aussi bien sur la normalité que sur les représentations. Panneau 10 Le souci de soi p. 39

L’émergence d’un cinéma à la première personne qui va de la confession intime à la chronique journalière. Panneau 11 Vivre sa vie p. 42

L’apprentissage relève à la fois de la transmission, de l’héritage, de la réception, d’une quête, d’un effort. Panneau 12 L’art d’aimer p. 46

Que cherchent les cinéastes en filmant les autres arts?

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Panneau 1

LE REVE DOCUMENTAIRE

Nanouk l’esquimau (1922) Robert Flaherty

[suivi de] L’Homme d'Aran ; The Land ; Louisiana Story

Ed. Montparnasse : Le Geste documentaire (DVD 301.72 FLE)

Robert Flaherty était un cinéaste instinctif doublé d'un merveilleux aventurier, cherchant d’abord à reproduire sur l’écran sa propre perception du monde. Dans le grand Nord canadien, (Nanouk l’esquimau), sur une île austère du bout du monde violentée par les tempêtes de l’Atlantique (L’Homme d’Aran) ou dans les bayous de Louisiane, entre décor féerique et perturbations industrielles (Louisiana Story), ses films sont des poèmes épiques contant l’éternelle histoire des rapports entre l’homme et la nature.

« Indispensables chaînons manquants entre documentaire et fiction, entre Lumière et Méliès, entre le réel et sa reconstitution, ces trois classiques de Robert Flaherty, auxquels on a adjoint le plus rare The Land, sont des petites splendeurs. Non seulement parce qu’ils révèlent des mondes, des peuples et des traditions disparus et qu’ils préfigurent l’écologie, illustrant de façon éclatante la symbiose idéale entre l’homme et son environnement, mais aussi parce qu’ils transcendent la narration, le récit, le scénario, pour entrer de plein-pied dans la poésie. Une poésie faite non pas de mots mais de plans, d’éclats de réel couchés directement sur la pellicule ». (Vincent Ostria : Les Inrockuptibles).

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L'Homme à la camera (1929) Dziga Vertov

Ed. Arte vidéo (DVD 791.43 VER)

L’Homme à la caméra s’avance sur une caméra géante. Des plans de la ville apparaissent en contrepoint. Le cameraman pousse le rideau d’un écran de cinéma. La salle est montrée sous différents angles. Un projectionniste place le film dans le projecteur tandis que la salle se remplit. L’orchestre se tient prêt à jouer. L’obscurité se fait. Le film peut commencer…

À l’attention des spectateurs : « Le film que vous allez voir est un essai de diffusion cinématographique de scènes visuelles. Sans recours aux intertitres (le film n’a pas d’intertitres). Sans recours à un scénario (le film n’a pas de scénario). Sans recours au théâtre (le film n’a pas de décor, pas d’acteurs…). Cette œuvre expérimentale a pour but de créer un langage cinématographique absolu et universel complètement libéré du langage théâtral littéraire. »

Pour aller plus loin, le générique du film sur : http://www.cndp.fr/entrepot/baccalaureat-cinema/lhomme-a-la-camera/le-film-et-lauteur/generique-du-film.html

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A propos de Nice (1930) Jean Vigo

Gaumont (DVD 791.43 VIG)

Jean Vigo, pour son premier film, qu'il sous-titre "point de vue documenté", a cherché, avec son ami Boris Kaufman (apparenté au russe Dziga Vertov), à démystifier "l'apparence éphémère, fugitive et que la mort guette, d'une ville de plaisirs". Refusant le pittoresque facile, il construit son film sur des contrastes, des associations d'images-chocs. De l'amas de pellicule enregistrée (près de 4000 m), il retient ce qui lui permet de faire -selon ses propres termes, "le procès d'un certain monde". Son anarchisme, son humour corrosif se déchaînent. Divers influences sont perceptibles dans ce court métrage d'un jeune cinéphile de vingt-quatre ans : celle de Stroheim, celle de Bunuel, celle d’Entract de René Clair. Le film fut présenté en séance privée au Théâtre du Vieux Colombier, précédé d'une causerie de Jean Vigo : "Vers un cinéma social". Son succès critique lui valut d'être distribué commercialement (aux Ursulines) et permit au jeune auteur de tourner un autre documentaire, plus "classique", sur le champion de natation Taris, puis d'entreprendre Zéro de conduite. Pour aller plus loin, à propos du film : http://www.cineclubdecaen.com/realisat/vigo/aproposdenice.htm

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Panneau 2

LE SEL DE LA TERRE Le grouillement du monde vivant et ses multiples métamorphoses…

Jean Painlevé

L’Hippocampe (1933) Les Documents Cinématographiques : BPI (DVD 591 PAI)

(c) Les Documents Cinématographiques

A travers l'observation des amours du seul poisson à se mouvoir verticalement, c'est des rapports amoureux dont Painlevé parle (il disait que derrière le sujet de tous ses films s'en cachait un autre que lui-même ne découvrait souvent qu'une fois le film achevé). Comme tout syngnathe qui se respecte, le mâle hippocampe nourrit les œufs que la femelle a déposés dans une poche patricielle. Emotion quand, avec ses allures de dragon d'Uccelo, l'hippocampe accouche en roulant des yeux en signe de souffrance : encore une des plus belles images de l'histoire du cinéma français, avec celle des accouchements multiples, queues entrelacées... soulignés par une musique inégale de Darius Milhaud. Pour des travellings au fond de l'estuaire de la Garonne, David, l'ingénieur des studios Pathé, avait bricolé une Sept (petite caméra qui ne permettait de charger que sept mètres de pellicule) dans un caisson étanche : la première caméra insubmersible mobile. Faut-il dire que L'Hippocampe a accouché de tout le cinéma de Cousteau... (Hélène Hazéra : Positif, 1990). Sont regroupés sur le même DVD : L’Hippocampe ou le cheval marin ; Le Bernard-

l’Ermite ; Crabes ; Crevettes ; Le Vampire ; Assassins d’eau douce ; Solutions

françaises.

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Méditerranée (1963) Jean-Daniel Pollet

C.M.S ; Les Films Pollet : BPI (DVD 938 POL)

Jean-Luc Godard écrivait dans Les Cahiers du cinéma (n°187) en 1967 :

« Que savons-nous de la Grèce aujourd’hui... Que savons-nous des pieds agiles d’Atalante... Des discours de Périclès... A quoi pensait Timon d’Athènes en grimpant au forum... Et cet écolier de Sparte pendant que le renard mangeait son ventre. Elargissons le débat... Que savons-nous de nous-mêmes, hormis que nous sommes nés là il y a des milliers d’années... Que savons-nous donc de cette minute superbe où quelques hommes, comment dire, au lieu de ramener le monde à eux comme un quelconque Darius ou Gengis Khan, se sont sentis solidaires de lui, solidaires de la lumière non pas envoyée par les dieux mais réfléchie par eux, solidaires du soleil, solidaires de la mer... De cet instant à la fois décisif et naturel, le film de Jean-Daniel Pollet nous livre sinon le trousseau complet, du moins les clés les plus importantes... les plus fragiles aussi... Dans cette banale série d’images en 16 sur lesquelles souffle l’extraordinaire esprit du 70, à nous maintenant de savoir trouver l’espace que seul le cinéma sait transformer en temps perdu... Ou plutôt le contraire... Car voici des plans lisses et ronds abandonnés sur l’écran comme un galet sur le rivage... Puis, comme une vague, chaque collure vient y imprimer et effacer le mot souvenir, le mot bonheur, le mot femme, le mot ciel... La mort aussi puisque Pollet, plus courageux qu’Orphée, s’est retourné plusieurs fois sur cet Angel Face dans l’hôpital de je ne sais quel Damas... »

Sont regroupés sur le même DVD : Bassae et Méditerranée

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Le Territoire des autres (1970) Gérard Vienne, François Bel

Les Films du Paradoxe (DVD 591.5 VIE)

Sept ans de tournage pour aboutir à une symphonie visuelle et musicale. Lois, moeurs et coutumes du monde animal : un grand classique du cinéma documentaire. Musique de Michel Fano.

« Le Territoire des autres est un trésor qui doit être chéri par les générations de cinéphiles à venir comme par ceux de la génération d'aujourd'hui qui retrouvent en lui son expression propre. Tous ceux qui le verront seront touchés et y trouveront la présence d'une magie. » (Orson Welles)

* * *

Les Saisons (1972) Artavazd Péléchian

Studios Erévan : BPI (DVD 956.62 PEL)

« Vremena goda (35’) est un poème où sont évoqués, en une vaste parabole, les moments déterminants de l'histoire arménienne, depuis les origines volcaniques jusqu'à la période industrielle. Mais au-delà de cette symbolique où l'on peut lire aussi l'histoire des migrations du peuple arménien, demeurent des séquences étonnantes et inoubliables : l'inertie lente et aventureuse d'une transhumance, des corps en apesanteur comme passant, infiniment par-dessus les terres ou par-dessus les flots, méprisant tous les ancrages ; une vision ludique, apaisée, de la moisson et de la fenaison, et ce rythme, surtout, ce rythme qui nourrit l'émotion, sans discours et sans commentaire, et qui fait de toute épreuve le témoignage d'un humanisme salutaire et sublime. » (voir le site mentionné ci-après)

Pour aller plus loin, les films de Artavazd Péléchian : http://www.artavazd-pelechian.net/filmo/filmo.htm

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Farrebique (1946)

Georges Rouquier Les Films Etienne Lallier : BPI (DVD 307.72 ROU)

Chronique d'une année dans une ferme du Rouergue, le film a été réalisé avec des acteurs non professionnels : la famille Rouquier et les habitants de Goutrens (Aveyron). Il a reçu notamment le Grand prix de la Critique internationale à Cannes, en 1946, et la Médaille d'or, à Venise en 1948. Jean-Georges Auriol, dans La Revue du cinéma n° 4 de janvier 1947, écrivait:

« Les quatre saisons à Farrebique ; autrement dit : une année de l'existence d'une ferme du Rouergue. Que s'y passe-t-il? Rien, rien que le quotidien, jour après jour, si vous appelez rien de pétrir le pain du ménage, de rentrer le foin, de faire des enfants, la moisson, les vendanges, de décider la construction d'une grange, de partager le bien familial, d'enterrer le grand-père, de marier le cadet. Rien, mais considérez, de nos jours où l'on franchit la Manche en quelques minutes et où l'on installe un port en quelques jours, que la marche normale du travail de ces fermiers rouergats est celle de leurs boeufs. Rouquier a exploré son propre pays et, si je ne me trompe, son propre village, avec à la fois la connaissance profonde de son sujet et la faculté d'étonnement de l'explorateur : frappé, amusé, ému, admiratif. Le résultat, dans le champ de la poésie pastorale est magnifique : à tel point qu'une bombe apocalyptique peut raser l'Europe occidentale, les cinémathèques qui auront acquis arrebique possèderont dans leurs archives, en plus de la symphonie bucolique, un document ethnographique incomparable sur la vie rustique française. » (Images en

bibliothèque)

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Panneau 3

ET LA BAS, QUELLE HEURE EST-IL ? Le cinéma, ce voyage immobile qui fait découvrir comment vivent les hommes, là-bas, dans

les pays lointains…

Les Maîtres fous (1955)

Jean Rouch

Ed. Montparnasse (DVD 301.72 ROU)

Titre du DVD : Jean Rouch -Ciné-Transe ; Ciné-Conte ; Ciné-Plaisir ; Ciné-Rencontre; Ciné-Rouch

Archives uniques sur l’Afrique, trésors de l’histoire du cinéma, les films de Jean Rouch sont aussi et avant tout des contes universels. Des immigrés pauvres d’Accra au Ghana constitués en une secte religieuse Hauka pratiquent la transe -incarnation des figures de la colonisation (le conducteur de locomotive, le gouverneur, la femme du capitaine…). Rituels où s’organisent confessions publiques et sacrifices d’animaux. Un jeu violent qui n’est que le reflet de notre civilisation, selon Jean Rouch.

Voir aussi dans les collections de la médiathèque :

> La Chasse au lion à l'arc (DVD 301.72 ROU) > Le Dama d'Ambara (DVD 301.72 ROU) > Musée du quai Branly / Les Dogon, chronique d'une passion

(DVD 708.4 BRA) > Cocorico Monsieur Poulet (DVD 791.43 ROU) > Livre : Alors le Noir et le Blanc seront amis : carnets de mission (1947-

1951) (966 ROU)

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Route one USA (1989) Robert Kramer

Montparnasse : Le Geste cinématographique (DVD 973.92 KRA)

Après dix ans d’exil volontaire mis à profit pour faire des films en Europe, Robert Kramer revient aux Etats-Unis, pays dont il fut naguère une figure majeure de la contre-culture. Pendant six mois, en 1987 et 1988, caméra à l’épaule, il entreprend un étonnant retour aux sources, descendant la route numéro 1 qui, sur 5000 kilomètres, longe la côte Atlantique de la frontière canadienne jusqu’à la pointe de la Floride, là où se condensent toutes les strates de l’histoire américaine.

« En 1936, c'était la route la plus utilisée dans le monde. En 1989, elle court le long d'immenses autoroutes et traverse les banlieues, fine bande de macadam qui traverse les vieux rêves du pays. Quand j'ai filmé pendant cinq mois le long de cette route, je n'ai pas eu l'impression de traverser le passé mais plutôt de révéler le présent. À l'ombre des échangeurs, les centres-villes de verre et d'acier se découpaient à l'horizon, comme des décors de studio. Nous étions dans le Présent, affrontant des temps difficiles. » (Robert Kramer)

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Terre sans pain (1932)

Luis Bunuel Sceren (DVD 946.081 BUN)

Une œuvre majeure de l’histoire du cinéma documentaire, censurée et oubliée, puis restaurée et réhabilitée. En 1932, Buñuel filme et décrit le quotidien des habitants de Las Hurdes, la région la plus misérable et la plus arriérée d'Espagne et la détresse qui émane de leurs conditions de vie. Un morceau du monde où le pain est inconnu des enfants. Version censurée de 1936. Version complète et restaurée de 1965. Outils d’analyse.

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Louons maintenant les grands hommes (2004) Michel Viotte

France 5 : Néria : BPI (DVD 973.91 VIO)

Hommage au chef d'œuvre Louons maintenant les grands hommes -Let Us Now

Praise Famous Men, de James Agee et Walker Evans.

Le magazine économique Fortune, soucieux de démontrer la nécessité d'entreprendre des réformes dans le secteur agricole, commande à l'un de ses jeunes journalistes, James Agee, alors âgé de 26 ans, une série d'articles sur les métayers blancs du sud des États-Unis. Accompagné de Walker Evans, photographe dont il admire le travail, il va sillonner l’Alabama afin de réaliser une enquête sur les cultivateurs de coton, simples métayers qui subissent de plein fouet les conséquences de la Grande dépression. Entièrement dépendants des propriétaires terriens qui les emploient, ces métayers mènent avec leurs familles une existence misérable. Agee et Evans vont gagner la confiance de trois de ces familles et partager leur vie un mois durant. De retour chez eux, ils immortaliseront leur aventure dans une œuvre commune, puissante et originale, aujourd'hui mondialement connue. Le film documentaire de Michel Viotte retrace la genèse de ce livre-culte. Les témoignages de l’universitaire Michael E. Lofaro, des écrivains Norman McMillan et Bruce Jackson, du pasteur Thomas Terry ou du fermier Bill Chandler, en alternance avec les images de l’Alabama, les longs extraits du texte d’Agee et les sublimes portraits d’Evans, nous offrent une vision remarquablement documentée de l’Amérique de Steinbeck. (Images en bibliothèques)

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Le livre :

Louons maintenant les grands hommes

Alabama : trois familles de métayers en 1936

James Agee, Walker Evans Trad. de l'anglais par Jean Queval ; postface de Bruce Jackson

Terre humaine : Pocket, 2003 (973.91 AGE)

« Dans un roman, une maison ou une personne tient entièrement sa signification, son existence même, de l’écrivain. Ici, une maison ou une personne ne tient de moi que sa signification la plus restreinte : sa vraie signification est bien plus grande, gigantesque. Elle est d’exister ici et maintenant, comme vous et moi, et comme aucun personnage d'imagination ne peut exister. Son immense poids, son mystère et sa dignité tiennent en ce fait. Quant à moi, je peux vous en dire seulement ce que j'en ai vu, seulement selon les moyens de la seule exactitude dont me voici capable : et ceci à son tour tient sa valeur cardinale, non de mes aptitudes, mais du fait que j'existe moi aussi, non à la façon d’un ouvrage de fiction, mais comme être humain. Parce que la densité d’une existence vraie ne se mesure pas, et ainsi de la mienne, tout mot que je peux dire de cette personne, de cette maison, reçoit inévitablement une manière d’immédiateté, une manière de signification, non du tout nécessairement supérieures à celles de l'imagination, mais en essences si différentes qu'un ouvrage de l'imagination (pour intensément même qu'il puise à la vie) ne saurait au mieux qu'en imiter chétivement la moindre substance. » (James Agee)

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Panneau 4

LES VIES DETRUITES Comment montrer les heures noires de l’histoire?

Nuit et brouillard (1955) Alain Resnais

Argos Films (DVD 940.5472 RES)

« Nuit et Brouillard, commandé par le Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale pour le dixième anniversaire de la libération des camps de concentration, film admirable et nécessaire, obtient son visa d’exploitation au prix d’une altération d’un document photographique de 1941, où l’on voyait le képi d’un gendarme français au camp de rassemblement des futurs déportés de Pithiviers. » (Jacques Siclier : Histoires de peurs et de pudeurs, Cinéma et

Libertés -N° spécial du Monde, mai 1989.)

« À la veille du passage du film en commission de censure, Resnais est prié de supprimer un plan (…). On lui promet, en échange, de ne rien couper à la dernière bobine” -donc à l’ouverture du film sur le présent. Son refus de s’autocensurer bloque le film jusqu’au jour où Resnais consent à “mettre une poutre à la gouache sur le képi du gendarme” tout en maintenant la référence orale à Pithiviers dans le commentaire (…). » (Joseph Daniel : Guerre et

Cinéma, Armand Colin et Fondation nationale des sciences politiques, 1972).

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Shoah (1985) Claude Lanzmann

Aleph : CNC (DVD 940.5472 LAN)

Shoah de Claude Lanzmann initie en 1985 un tournant radical dans l'histoire des représentations du génocide. Construit uniquement à partir de témoignages, le film exclut pratiquement tout recours à la fiction, reconstructions ou encore utilisation d'images d'archives, radicalisant plus encore le travail de documentariste qu'avait initié, en 1971, Marcel Ophüls dans Le Chagrin et la pitié pour éclairer la période de l'Occupation en France. Il se veut un outil d'élucidation. Mais comment représenter l'inimaginable? Comment nommer l'indicible? Seule ici la parole filmée tente de relater, avec parfois ses limites, la monstruosité du dispositif. Shoah est conçu comme une enquête en deux parties, menée essentiellement sur les lieux du génocide. La première partie montre le processus d'acheminement, les convois et l'arrivée aux camps. La seconde est consacrée au processus d'extermination. Dix années de recherches et d'enquêtes, près de 350 heures de tournage ont été nécessaires pour réaliser ce film de plus de 9h20. L'enquête préparatoire a duré quatre ans dans quatorze pays, avant la dizaine de tournages, entre 1976 et 1981, sur les lieux mêmes du génocide. (Universalis)

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Récits d’Ellis Island (1979), Robert Bober, Georges Perec

INA (DVD 973.91 BOB)

Recit composé de deux parties. La premiere "Traces" évoque l'arrivee des émigrés de 1892 à 1930 à Ellis Island. La seconde "Mémoire" est un temoignage filmé à New York, sur les émigrants juifs et italiens entrés aux Etats-Unis par Ellis Island.

Récits d'Ellis Island explore le passé. Seuls restent quelques objets, dans des ruines : pillés pour récupérer le métal, les bâtiments d'Ellis Island sont dépouillés. Ils sont devenus un lieu de visite, de commémoration, mais "que voyons-nous à Ellis Island de ce qui y a lieu? que nous disent du passé les lieux présents?" se demandent sans cesse les réalisateurs. Fidèle aux inventaires à la Perec, le film commence par la dimension la plus concrète, exhaustive : le nombre de migrants de chaque pays d'origine, les noms des bateaux, les objets encore visibles. Il nous fait suivre la visite d'un guide touristique qui débite les informations, nous montre des photos d'époque au milieu des ruines. Connaissance par traces. Qui n'a jamais ressenti, lors d'une visite d'un lieu chargé d'histoire, la difficulté à aller au-delà des apparences et des faits pour retrouver le vécu de ceux qui y sont passés autrefois? (Archives Courrier international –Le meilleur des mondes, blog) Pour aller plus loin : http://lemeilleurdesmondes.blogs.courrierinternational.com/archive/2007/11/25/souvenirs-d-ellis-island.html

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S21, la machine de mort khmère rouge (2004) Rithy Panh

Ed. Montparnasse (DVD 959.6 PAN)

A la suite de rencontres effectuées sur le tournage de Bophana, une

tragédie cambodgienne, Rithy Panh filme bourreaux et rescapés du fameux S 21, un centre d’extermination situé au cœur de Phnom Penh, où périrent 17.000 hommes, femmes et enfants. Rithy Panh a voulu que ce film ne soit ni un réquisitoire ni une reconstitution, mais la restitution de la mémoire de son peuple.

« L’enjeu est surtout de préserver les générations qui viennent. Pour avancer, il faut des réponses aux questions. Nous ne pouvons pas laisser à nos enfants un trou béant dans notre mémoire collective » (Rithy Panh)

Le coffret contient aussi : Site 2; Bophana, une tragédie cambodgienne ; La Terre

des âmes errantes. Livres :

> L'Elimination / Rithy Panh. Grasset, 2012. (L PAN)

> Le Papier ne peut pas envelopper la braise / Rithy Panh. Grasset, 2007 (305.409 PAN)

Disponible sur le médiabus.

> La Machine khmere rouge : Monti Santésok S-21 / Rithy Panh. Flammarion, 2003 (959.6 PAN)

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Susana de Sousa Dias K-Top-Kintop : BPI (DVD 946.9 SOU)

Quarante-huit, c'est le nombre d'années qu’a duré la dictature de Salazar au Portugal. Pour évoquer cette période (1926-1974) la réalisatrice a choisi de recueillir les paroles des opposants au régime, incarcérés et torturés dans les prisons par la PIDE - Polícia Internacional e de Defesa do Estado (Police Internationale et de défense de l'Etat) -, la police politique. Tous les souvenirs sont diffusés en voix off, tandis que se détachent sur le noir de l'écran (comme une mémoire déchirée) les photographies anthropométriques de la police. Ce que nous disent ces hommes et ces femmes, c’est ce que leur image tait. Les visages, le plus souvent figés et inexpressifs, ne retrouvent un semblant de vie qu’à travers l'évocation, les mots qui témoignent des peurs, des humiliations, des tortures, des années de prison. Entre les visages et les paroles se dessine la trace de l'horreur vécue. Parfois le manque de photos (fichiers perdus, détruits) laisse la place au plan nocturne d'un arbre ou d'une clôture, signe que le bourreau a définitivement anéanti sa victime. Le film est construit selon le mouvement uniforme d'apparition et de disparition des photos en noir et blanc, tandis que les voix parlent, hésitent, font lien avec l'image, s'articulent au souvenir ou scandent la perte. (Images

en bibliothèque) Voir aussi :

Gens du salto = Gente do salto / réalisé par José Vieira

(DVD 304.8 VIE)

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Mourir à Madrid (1963) Frédéric Rossif

Ed. Montparnasse (DVD 946.081 ROS)

L'Espagne de 1931 reste un état socialement peu évolué. Les élections municipales consacrent la défaite du parti monarchiste, le roi Alphonse XIII laisse la place à une République conservatrice, qui elle-même, en 1936, est vaincue par la coalition de gauche du Frente Popular. Le pays glisse dans l'anarchie. Les meurtres, les incendies d'églises ne se comptent plus et le leader de la droite, Calvo Sotelo, qui proteste violemment contre cet état de choses, est assassiné. Un complot des généraux Franco, Queipo de Llano, Mola, Yague soulève le pays ; c'est la guerre civile, devant laquelle les puissances démocratiques restent passives. Après les premiers mois, la lutte se stabilise au siège de Madrid. Franco, devenu chef de l'Etat, doit sa puissance matérielle aux Italiens et à la légion Kondor allemande. Les Républicains sont appuyés par les volontaires des Brigades Internationales. Et le calvaire de l'Espagne continue : Guernica, conquête du pays basque par les Franquistes, prises de Brunete, Belcite et Teruel. Succès sans lendemain pour les Républicains dont le territoire fond comme la peau de chagrin du romancier. En dépit des sacrifices, les Républicains espagnols sont balayés et, le 27 Mars 1939, le Caudillo entre solennellement dans Madrid. (© Les fiches du cinéma 2001 -BIFI)

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LE PASSE RECOMPOSE On regarde toujours le passé à partir de son propre présent…

Images du monde et inscription de la guerre (1988)

Harun Farocki Ed. Survivance (DVD 302.22 FAR)

« Ma voie, c'est d'aller à la recherche d'un sens enseveli, de déblayer les décombres

qui obstruent les images… »

C'est ainsi que le réalisateur allemand Harun Farocki décrit son cinéma. Une quête de sens qui est à l'oeuvre dans Images du monde et inscription de la

guerre et En sursis. Avec ces deux films-phares, Harun Farocki s'arrête sur deux corpus d'images de la Shoah et nous les rend lisibles grâce à deux stratégies de reprise. Un dialogue entre deux films s'instaure à 20 ans d'intervalle sur la question des conditions d'une lisibilité des images, du "voir" et du "savoir". A travers une oeuvre considérable, Harun Farocki ne cesse d'influencer le cinéma et l'art contemporain. Contient : "Images du monde et inscription de la guerre" (1988, 75') "En sursis" (2007, 40').

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Veillées d’armes : histoire du journalisme en temps de guerre (1990)

Marcel Ophuls Visionnez ce film en ligne sur ArteVOD & UniversCiné (dans nos rayons : DVD 302.23 OPH)

Ce documentaire polyphonique dresse le portrait d’un métier, celui des reporters, photographes et autres envoyés spéciaux et de ce qu’ils estiment être leur rôle et leur devoir, par le biais d’un moment précis (le siège de Sarajevo en 1992) correspondant à celui où le film a été tourné. Ophuls effectue certains détours par d’autres périodes de l’Histoire (la montée du nazisme et la seconde guerre mondiale, le déclenchement de la première avec l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand) ou d’autres évènements liés à l’actualité (la première guerre du Golfe). Il utilise également des extraits de films hollywoodiens et ceux issus des films de son père. Sous la technique d’investigation et l’accumulation des documents et témoignages, il s’agit d’une interrogation sur le traitement de l'information par les médias et sur l'éthique de la profession. (Arte) Voir aussi :

> Propaganda : Un siècle de propagande / réalisé par François Porcile, Pierre Beuchot, Philippe Collin (DVD 303.375 PRO)

> Propaganda : Mensonges et messages ; l'image et son pouvoir

(DVD 303.375 PRO)

> Propaganda : le théâtre des hostilités

(DVD 303.375 PRO)

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Free Fall (1996) Peter Forgacs

MTV Dokumentum Budapest : BPI (DVD 943.905 FOR)

Free Fall -Az örveny, titre que l’on peut traduire par chute libre, est le dixième film d’une série réalisée à partir d’archives privées par le réalisateur hongrois Péter Forgàcs. A partir des images du cinéaste amateur György Petö qui a filmé sa famille entre 1937 et 1944 dans la ville de Szeged, Péter Forgàcs met en parallèle l’histoire privée et l’histoire collective. La vie de cette famille, la législation anti-juive et sa progression inexorable au cours de ces années. D’autres éléments interviennent dans la construction du film, notamment une bande son complexe, formée de voix et de musique, qui plongent le spectateur dans une sorte de fascination proche de la rêverie. L’identification à cette famille juive hongroise, obtenue par une technique cinématographique parfaitement maîtrisée, conduit à une identification plus générale aux victimes, à une réelle perception, de l’intérieur, de cette chute dans le maelström de l'histoire. (Images en

bibliothèques) Voir aussi :

> Le Blues du yiddish / réalisé par Sylvie-Anne Goldberg et Alex Szalat

(DVD 305.8925 GOL)

> Odessa, Odessa ! / réalisé par Michale Boganim

(DVD 909.08924 BOG)

> Shtetls / réalisé par Arnold Schwartzman (DVD 909.08924 SCH)

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LA FUREUR DE VIVRE Les raisins de la colère : le cinéma militant, haut lieu de l’expérience

documentaire…

La Bataille du Chili (1975) Patricio Guzman

Ed. Montparnasse (DVD 983 GUZ)

Le film, démarré neuf mois avant le coup d'état militaire au Chili, est la preuve cinématographique, jour après jour, de l’agonie d’une expérience révolutionnaire qui touche le monde entier parce qu’elle se présente comme une expérience pacifique du passage au socialisme. Primé en Europe et en Amérique latine. Contient : L'Insurrection de la bourgeoisie ; Le Coup d'état, 1975 ; Le Pouvoir

populaire ; Patricio Guzman, une histoire chilienne, 1977 ; Le Cas Pinochet.

Voir aussi :

La Quemadura / réalisé par René Ballesteros (DVD 983 BAL)

Je me souviens du 11 septembre 1973… / réalisé par Patricio Guzman (DVD 983 GUZ)

Nostalgie de la lumière /réalisé par Patricio Guzman (DVD 983 GUZ)

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Le Tombeau d’Alexandre (1994) Chris Marker

Visionnez ce film en ligne sur ArteVOD & UniversCiné (dans nos rayons : DVD 791.43 MED) Images du Bonheur,d’Alexandre Medvekine

« Alexandre Ivanovitch Medvedkine est un cinéaste russe né en 1900. Ces entailles que les pères de famille font au chambranle des portes pour mesurer la croissance de leur progéniture, le siècle les a tracées sur sa vie : il avait 17 ans, c'était l'insurrection d'octobre -20 ans, la guerre civile, et lui dans la cavalerie rouge, avec Isaac Babel -38 ans, les procès staliniens… et son meilleur film : Le Bonheur attaqué pour "boukharinisme"'. A 41 ans, la guerre, et lui en première ligne, caméra au poing -et quand il meurt en 1989 c'est dans l'euphorie de la perestroïka, convaincu que cette cause du communisme à laquelle il avait consacré sa vie trouvait enfin là son aboutissement. ». (Chris Marker) Contient aussi : Le Bonheur (1934) de Medvedkine.

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« Dégagez, ça m’est égal ! » -dit le haut-parleur

Pour un seul de mes deux yeux (2005) Avi Mograbi

Visionnez ce film en ligne sur ArteVOD & UniversCiné (dans nos rayons : DVD 956.940 MOG)

Alors que la seconde Intifada plonge les Israéliens dans la terreur et les Palestiniens dans le dénuement et la frustration, le cinéaste, militant pacifiste, croit pourtant en la force du dialogue avec les Palestiniens assiégés et avec l'armée israélienne omniprésente. Pour s'interroger sur le conflit, il convoque les mythes de Samson et de Massada tout en se mettant en scène selon son habitude.

« Le dernier documentaire du réalisateur israélien Avi Mograbi montre, s’il le fallait, combien les drames de l’histoire, en cours ou ancienne, nécessitent la médiation de l’art. Sombre et déprimant, le ton général du film est cependant une surprise tant Pour un seul de mes deux yeux reste très éloigné de la veine burlesque et humoristique qui caractérisait en partie ses précédents essais, où Mograbi incarnait des personnages issus de son entourage proche (épouse, producteur). Comme le soulignent de nombreuses séquences tournées sur le terrain, le réalisateur, exaspéré, n’a visiblement plus le cœur à rire. Car, avec ses états de tension permanente et ses multiples ramifications, le conflit israélo-palestinien pose un véritable défi à l’entendement comme à la figuration. Pour en mesurer la complexité et permettre de nouvelles visibilités dans une région surexposée, il faut en effet mobiliser des modes de mise en image -cinéma, installations, pratiques photographiques, qui ne relèvent pas

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exclusivement des circuits médiatiques. Si le temps du “direct” ou de l’information continue n’autorise que trop rarement le travail de la pensée, maintenue sur un seul registre émotif souvent anxiogène, le temps du cinéma, en revanche, peut jouer la durée (des plans) contre la vitesse de circulation (des images) et offrir ainsi une distance propice à la réflexion et à la construction du sens ». (Eric Vidal -Etats généraux du Film

documentaire de Lussas). Voir aussi :

> Journal de campagne ; L'Arène du meurtre (1995)/ Amos Gitaï (DVD 956.9405 GIT)

> Wadi 1981-1991 ; Wadi Grand Canyon 2001 / Amos Gitaï (DVD 956.9405 GIT)

> La Maison (1981) ; Une maison à Jérusalem (1998) / Amos Gitaï (DVD 956.9405 GIT)

> Vidéocartographies : Aîda en Palestine (2008) / Till Roeskens (DVD 956.9405 ROE)

> Le Jardin de Jad (2007)/ Georgi Lazarevski (DVD 956.9405 LAZ))

> La Couleur des oliviers (2009)/ Carolina Rivas (DVD 956.9405 RIV)

> Mur (2005)/ Simone Bitton (DVD 956.9405 BIT)

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Le Fond de l’air est rouge (1977)

Chris Marker INA : DOVIDIS : BPI (DVD 909.826 MAR)

Immense fresque des événements révolutionnaires de la décennie 1967-1977, composée d'éléments filmés d'origines multiples (extraits de films, émissions de télévision, chutes de films, coupes de censure...) par laquelle Chris Marker nous livre sa propre réflexion sur l'histoire récente. Il confronte des événements qui l'ont personnellement touché et qu'il a parfois lui-même filmés pour en montrer les limites, les contradictions internes, leur récupération par des puissances adverses, leur échec, mais aussi les transformations qu'ils ont opérées dans les courants politiques et idéologiques. Au cours des dix dernières années, un certain nombre d'hommes et de forces (quelquefois plus instinctives qu'organisées) ont tenté de jouer pour leur compte -fût-ce en renversant les pièces. Tous ont échoué sur les terrains qu'ils avaient choisis. C'est quand même leur passage qui a le plus profondément transformé les données politiques de notre temps. Ce film ne prétend qu'à mettre en évidence quelques étapes de cette transformation. Plan du film : "Les mains fragiles" : 1. Du Viêt-nam à la mort du Che ; 2. Mai 68 et tout ça. / "Les mains coupées" : 1. Du printemps de Prague au Programme commun ; 2. Du Chili à ... quoi, au fait ? (Images en bibliothèques)

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LE TRAVAIL INVISIBLE Comprendre comment les activités humaines sont liées entre elles…

Fabric (2004)

Sergueï Loznitsa Saint Petersburg Documentary Film Studio : BPI (DVD 331.8 LOZ)

Une journée dans une usine… Dans cet essai en deux parties, Loznitsa filme le travail dans une fonderie (Acier) -un univers d'hommes, et dans une usine de briques où sont employées surtout des femmes (Argile). Aucune parole, aucun discours. Des images, des cadres -l’observation patiente des gestes répétitifs du travail, des sons, car, comme dans ses précédents films, le cinéaste réalise un travail remarquable sur la bande son : bruits de la matière en fusion, bruits de pas, bruits des machines, chuchotements des hommes lors de la pause... Lumière et couleurs rappellent l’univers du peintre Vermeer. (Images en bibliothèques).

Pour aller plus loin : http://www.loznitsa.com/en/press.html?num=111

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Goémons (1947) Yannick Bellon

Les Films de l’Equinoxe : BPI (DVD 331.8 BEL)

Dans une ferme ingrate située sur l'île de Béniquet, au large de la pointe du Finistère, vivent un couple avec une petite fille et huit ouvriers agricoles engagés à l'année pour récolter le goémon noir, riche en iode. Yannick Bellon, alors jeune réalisatrice, filme entre 1945 et 47 l'âpreté du travail sur l'île. Elle enregistre les gestes, les trajets de la charrette chargée d'algues glissantes dérapant sur les rochers, s'embourbant dans la vase. Le repas en commun, les hommes écrasés par la fatigue, la misère, l'abrutissement. Le commentaire souligne les conditions de vie très dures des fermiers et dénonce celles, abjectes, des ouvriers. L'un d'eux, que la réalisatrice sort de l'anonymat, interprète sa révolte dans une courte séquence qui le montre cherchant à fuir sans succès cet univers étriqué. En été, des hommes venus de la terre ferme viennent brûler le goémon et vivent sur l'île, le temps de la saison, dans des huttes primitives. D'autres viennent charger sur des bateaux les galets qui servent aux constructions sur le continent. Grand prix du documentaire à la Biennale de Venise en 1948. (Images en bibliothèques) Film restauré par les Archives du film. Voir aussi :

> Mémoires de la mine / Jacques Renard (DVD 331 REN) > Pour mémoire : la forge / Jean-Daniel Pollet (DVD 331.79 POL)

> Les Ouvriers quittent l'usine / Harun Farocki (DVD 331.11 FAR)

> Les Filles de la sardine / Marie Hélia (DVD 331.4 POL) > Morire di lavoro / Daniele Segre (DVD 945.093 SEG) > Le Lion, sa cage et ses ailes / Armand Gatti (DVD 306.3 GAT) > Charbons ardents / Jean-Michel Carré (DVD 942.0858 CAR)

> Moulinex, la mécanique du pire / Gilles Balbastre (DVD 331.8 BAL) > Les Lip : l'imagination au pouvoir / Christian Rouaud (DVD 331.8 LIP)

> C’est pas patron, c’est ouvrier / Giorgio Di Nella (DVD 331.8 DIN)

> Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés / Sophie Bruneau, Marc-

Antoine Roudil (DVD 331.2 BRU)

> Entre nos mains / Mariana Otero (DVD 331.8 OTE)

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LES TRAVAUX ET LES JOURS Il arrive que les hommes soient dépossédés de la possibilité d’inventer leur vie…

Et la vie (1990) Gheerbrant

Montparnasse : Le Geste cinématographique (DVD 306 GHE)

« Comment filmer l’autre et pourquoi le filmer : deux grandes questions au cœur du cinéma documentaire et qui passent chez Gheerbrant par la notion de contrat : « Et la vie » est le début d’une passionnante et indispensable série de films qui vont, au-delà de leur richesse propre, chercher à définir quelle est la nature du contrat qui s’établit entre le filmeur, le spectateur et celui qui accepte d’être filmé. L’ouverture de ce film, peut-être le plus beau de Denis Gheerbrant, dit tout de son cinéma : Gheerbrant se tient au carrefour d’une petite ville dans le nord de la France. Il filme ce qu’il y a autour de lui, comme s’il cherchait quelque chose, quelqu’un. Un jeune homme qui se tient sur le pas de sa porte lui fait un signe de la main. Gheerbrant s’approche, l’homme lui propose de rentrer. Ils pénètrent dans le salon. La discussion débute timidement et peu à peu la parole se libère et des choses magnifiques sont racontées par cet homme. Voilà : un filmeur aux aguets, quelqu’un qui le remarque, qui rentre lui aussi dans le désir de film, et ce dernier qui s’invente alors. C’est aussi dans le fait que Gheerbrant soit toujours seul au tournage que tient la réussite de ses films : un preneur de son, un assistant en plus et

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jamais ce qui se produit dans ses films ne pourrait advenir. Il y a également dans cette séquence cet autre élément primordial du travail documentaire de Gheerbrant qui est qu’il ne se fait jamais sur une intrusion : il faut qu’il y ait invitation pour qu’il y ait cinéma. Un geste de cinéma avant un film, une rencontre avant un sujet, une invitation et non une intrusion : autant de manières de faire qui montrent la différence entre le travail d’un véritable cinéaste et celui d’un reporter télé (…) » (Olivier Bitoun : TV Classik)

Le coffret contient : L'amour rue de Lappe (1984, 60') ; Questions d'identité (1986, 55') ; Lettre à Johan Van Der Keuken (2001, 31') ; Et la vie (1990, 105') ; Le voyage à

la mer (2001, 84')

* * *

Une vie humble (1997) Alexandre Sokourov

(DVD 791.43 SOK)

Une maison retirée, perdue dans les montagnes, dans le village d’Ask au Japon, où une vieille femme, Umeno Mtshueshi, vit seule. Elle reste silencieuse tout au long du film, cousant des kimonos, cuisinant et mangeant, s’occupant du feu, coiffant ses cheveux, faisant l’aumône… puis, comme une prière finale, elle récite ses haikus sur la vie qui touche à sa fin… Sur une musique traditionnelle japonaise et des mélodies de Tchaïkovski, ce film est un poème en image, évoquant une culture millénaire et une nostalgie du pays natal, la Russie, lors du voyage de Sokourov à travers les villages et cités du Japon. Contient aussi : Oriental elegy ; Dolce

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Le Jour du pain (1998) Sergueï Dvortsevoï

Jane Balfour : BPI (DVD 947.086 DVO)

Une voie ferrée enneigée dans la forêt. Une attente. Un train finit par s’arrêter au milieu de ce no man’s land. Un wagon de bois est détaché du train. Puis, pendant dix longues minutes, un petit groupe de personnes âgées pousse ce wagon lentement sur plusieurs kilomètres. Ce premier plan séquence qui dure plus de dix minutes est littéralement sidérant. On apprendra que, pendant le siège de Leningrad par les Allemands, Jikhanevo, le Village n°3, situé à 80 km de la ville, fournissait aux habitants de la ville la tourbe utilisée comme combustible, transportée à travers le lac Ladoga. Aujourd’hui, le village se retrouve isolé des grands axes de circulation et n’y vivent plus que quelques vieilles personnes. Le pain est transporté de la gare de Zhikharevka jusqu’à un aiguillage au-delà duquel la locomotive ne peut aller car les traverses en bois ont pourri. Les habitants n’ont d’autre alternative que de pousser jusqu’au village ce wagon vétuste laissé après la guerre par les troupes d’occupation allemandes. Et le lendemain matin, ils le poussent à nouveau dans l’autre sens jusqu’à l’aiguillage pour le jour du pain de la semaine suivante. Entre ces deux moments, les treize ou quatorze plans qui composent ce film de 54 minutes sont tout aussi jubilatoires que le premier, que ce soit la distribution du pain ou des scènes de la vie des animaux domestiques du village. Une apparente simplicité obtenue par des choix rigoureux faits au tournage et un montage minutieux des images et des sons. (Images en bibliothèque)

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Public Housing (1997)

Frederick Wiseman Zipporah Films : BPI (DVD 973.93 WIS)

Le film se déroule à Chicago dans un ensemble de logements sociaux nommé Ida B. Wells, en souvenir d’une célèbre militante noire engagée aux côtés des pauvres (...). Le grand ensemble où se situe Ida B. Wells constitue un énorme ghetto noir. Dans la ville, les gens sont noirs, hispaniques ou blancs et partagent la même pauvreté. Découverte du quotidien des habitants et des problèmes auxquels ils se trouvent confrontés : racisme, chômage, problèmes scolaires, illettrisme, santé, nutrition, alcoolisme, toxicomanie, grossesses précoces, dépression et désespoir. Wiseman filme les instances qui tentent d’aider les résidents à prendre en charge leurs conditions de vie, à leur niveau personnel et au niveau de la collectivité. On y découvre le rôle de la police, les actions de prévention contre la toxicomanie, le conseil des locataires, le directeur d’un centre de protection de l’enfance, le représentant local de l’Agence fédérale du logement social et des groupes de discussions organisés par certaines de ces administrations permettant aux résidents d’exprimer leurs revendications. (Images en bibliothèques).

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Les Glaneurs et la glaneuse (2000) Agnès Varda

Ciné Tamaris (DVD 791.43 VAR)

Un peu partout en France, Varda a rencontré et filmé des "glaneurs" et "glaneuses", récupérateurs, ramasseurs, grapilleurs. Par nécessité ou par choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Une "glanure" de notre temps : glanage de pommes de terre une fois terminé le ramassage officiel dans ses champs par le propriétaire, trouvailleurs d'objets hétéroclites, glaneurs des fruits et légumes jetés sur les trottoirs à la fin du marché… Contient aussi : Deux ans après (inédit de 78') ; Petit musée des Glaneuses (peinture). Sur le droit de glaner : informations juridiques. Autour des Glaneuses (Jean-François Millet).

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FRANGES INTERIEURES Le fou inquiète les apparences. Il oblige à s’interroger aussi bien sur la normalité que sur les

représentations…

Seuls (1989)

Thierry Knauff, Olivier Smolders (Vidéo numérisée consultable à la BPI)

De même qu'Abattoirs de Thierry Knauff, ce film de 12’ est un poème visuel, sans parole. Ici, il s'agit d'un essai sur le monde intérieur d'enfants en milieu psychiatrique.

* * *

Titicut Follies (1967)

Frederick Wiseman Zipporah Films : BPI (DVD 365 WIS)

Les conditions de vie dans la prison d’Etat de Bridgewater (Massachussets) réservée aux criminels malades mentaux. Le film montre de quelle façon les détenus sont traités par les gardiens, travailleurs sociaux et psychiatres. Premier film de Wiseman, "Titicut Follies" a été interdit de diffusion aux Etats-Unis pendant 24 ans. Le film est en noir et blanc, magnifiquement cadré et monté, sans commentaire, sans effet, sans compassion, sans concession. D'autant plus impitoyable et bouleversant. (Images en bibliothèques)

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Hospital (1970) Frederick Wiseman

Zipporah Films : BPI (DVD 973.93 WIS)

Hospital constitue un diptyque avec Welfare, réalisé 5 ans plus tard. On retrouve la même population de misérables, le même mal non plus sous l'angle social, mais sous l'angle médical ou psychologique, à travers les corps malades : cardiaques, diabétiques, cancéreux, alcooliques, drogués, dépressifs, suicidés, accidentés et égorgés, qu'on débarque là parce que, cette fois, c'est leur vie même -non plus seulement leur situation sociale, qui est en danger.

Schizophrenia (2001) Vita Zelakeviciute

ADR Productions : Arte France : BPI (DVD 947.085 ZEL)

Selon l'Association indépendante des psychiatres de Russie, de 1967 à 1987, plus de deux millions de personnes ont été considérées malades, soumises à des traitements contre leur gré, déchues de leurs droits civiques, et ce, pour des raisons politiques. Le film est construit à partir de témoignages d'anciens dissidents internés en hôpitaux psychiatriques, confrontés à ceux de médecins psychiatres dont certains sont encore en activité. Des documents d'archives et des films de propagande, ainsi que des images filmées dans des hôpitaux actuels, montrant leur état de délabrement, viennent compléter ces témoignages. La plupart des médecins ne semblent pas remettre en question leur pratique d'alors et trouvent des arguments pour la justifier encore aujourd'hui. Les dissidents, inculpés pour "activités anti-soviétiques" et diagnostiqués comme schizophrènes, sont brisés par cinq, dix ou quinze ans d'internement. (Images en bibliothèques)

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LE SOUCI DE SOI L’Emergence d’un cinéma à la première personne qui va de la confession intime à la chronique

journalière…

Histoire d’un secret (2003)

Mariana Otéro Archipel : INA (DVD 305.4 OTE)

La construction du film suit le dévoilement progressif, la découverte de la vérité, retraçant le chemin de la réalisatrice lorsqu'elle a appris la cause réelle de la mort de sa mère : un avortement clandestin. Le film s'ouvre sur d'autres histoires identiques et Joëlle Kaufmann témoigne de façon concise de l'état d'esprit des médecins et de la société des années 60. A l'intérieur de cette mise en scène se produisent des moments d'intense émotion, avec le père et la soeur de la réalisatrice et lorsqu'enfin elle ose s'approcher des tableaux peints par sa mère. (Images en bibliothèques)

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Les Epopées authentiques : Le Rêve de Gabriel

Anne Lévy-Morelle Ed. Cinéart (DVD 910.4 LEV)

Le Rêve de Gabriel… En 1948, quatre familles belges, nombreuses et fortunées, vendent tous leurs biens et embarquent sur de grands navires à destination de l'autre hémisphère, jusqu'en Patagonie chilienne. Un voyage en principe sans retour, à la poursuite d'une autre vie, voulue par un homme qui n'a, en apparence du moins, rien d'un révolutionnaire : Gabriel de Halleux. Voici une histoire épique et vraie, racontée par une conteuse-brodeuse d'archives, de témoignages et de paysages grandioses. (Cinéart)

« Une épopée authentique est un film qui obéit à la loi des conteurs sans trahir celle des historiens. Il y est question de personnes réelles, sans recours à des acteurs. C'est du documentaire. Toutefois, il ne s'agit pas tellement d'informer le spectateur mais plutôt de l'emporter sur la vague du récit : bref, c'et du cinéma. On est ému, on sourit, on en émerge avec le sternum élargi. » (Anne Lévy-Morelle)

Contient aussi :

Sur la pointe du cœur ; Manneken Pis, l’enfant qui pleut

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Voyage en sol majeur (2005)

Georgi Lazarevski Quark Productions : BPI (DVD 305.26 LAZ)

Depuis quarante ans, Aimé projette un grand voyage au Maroc. ll a lu tous les guides, annoté les cartes et pris des notes. Mais sa femme refuse obstinément de l'accompagner. Aimé a 93 ans. Sa vie sage s'est organisée autour de son métier de violoniste dans un grand orchestre. Son petit-fils, le cinéaste, lui propose de réaliser enfin son rêve. Le voyage d'Aimé sur le sol marocain forme la trame de ce film : des premiers kilomètres en voiture jusqu'aux oasis dans le désert, les plans égrènent par petites touches les confidences du grand-père à son petit-fils. Dans un contrepoint musical à l'aventure marocaine, le réalisateur filme sa grand-mère qui commente avec pasion l'écoute de Bach ou de Mendelssohn. A la fois testament d'un homme modeste dont le rêve serait en quittant cette terre d'y déposer quelque chose… et regard plein d'amour du réalisateur sur ses grands-parents, ce beau film d'une grande richesse musicale et sonore a reçu à la fois le Prix des Jeunes et le Prix du Ministère des Affaires étrangères au Festival Cinéma du Réel 2006. (Images en

bibliothèques)

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VIVRE SA VIE L’Apprentissage relève à la fois de la transmission, de l’héritage, de la réception, d’une quête,

d’un devenir, d’un effort.

Chroniques d’un été (1960) Jean Rouch, Hervé Morin

Ed. Arte (DVD 301.72 ROU)

Pendant l’été 1960, Edgar Morin, sociologue, et Jean Rouch vont enquêter sur la vie quotidienne de jeunes parisiens pour tenter de comprendre leur conception du bonheur. Le film-essai suit pendant quelques mois tout à la fois l’enquête elle-même et l’évolution des protagonistes. Très vite, autour de la question initiale "-Comment vis-tu?"ou "-Es-tu heureux?", apparaissent des réponses à des questions plus essentielles : la politique, le désespoir, l’éducation, la famille, l’ennui, la solitude... Puis le groupe interrogé lors de l’enquête se retrouve finalement autour de la première projection du film, en discute, accepte ou rejette l’intimité dévoilée. Les deux auteurs-réalisateurs se retrouvent face à cette expérience cruelle mais passionnante de "cinéma-vérité" dont l’actualité, les engagements, le travail, le quotidien des années soixante émergent.

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Dix minutes de vie (1978) Herz Frank

Studio de Riga : BPI (DVD 155.4 FRA)

Lors d'un spectacle, la caméra scrute en un plan unique de dix minutes les diverses émotions qui se reflètent sur des visages d'enfants...

* * *

Récréations (1992) Claire Simon

Les Films d'Ici : BPI (DVD 372 SIM)

Un pays, très petit, dénommé "la cour", habité deux ou trois fois par jour par un peuple de petite taille -des enfants, cela s'appelle "la récréation"... Sélectionné au Cinéma du réel de 1993, Récréations de Claire Simon est devenu un incontournable et intemporel portrait de l’enfance.

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Etre et avoir (2002)

Nicolas Philibert Studio : Warner Home Vidéo (DVD 372 PHI)

Il existe encore, un peu partout en France, des écoles à classe unique qui regroupent, autour du même maître ou d’une même institutrice, tous les enfants d’un même village, de la maternelle au CM2. Entre replis sur soi et ouverture au monde, ces petites troupes hétéroclites partagent la vie de tous les jours pour le meilleur et pour le pire. C’est dans l’une de ces classes, quelque part au cœur de l’Auvergne, que Nicolas Philibert est venu filmé durant 10 semaines, de décembre 2001 à juin 2002…

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Svyato (2005) Viktor Kossakovsky

Kossakovski Film : BPI (DVD 155.4 KOS)

Dans les années 90, Viktor Kossakovski avait été fasciné lorsque son premier fils avait découvert son propre reflet dans un miroir. Mais, à l'époque, il n'avait pu enregistrer que deux minutes de film. Avec son deuxième fils, Svyato, il a voulu tenter une nouvelle expérience, cette fois soigneusement préparée : jusqu'à ses deux ans, Svyato n’a jamais été confronté à un miroir. Au moment où se tourne le film, le petit garçon découvre donc, pour la toute première fois, son reflet dans un vaste miroir installé dans la salle de jeu. L’enfant est le seul personnage du film à l'exception des dernières minutes où son père le rejoint, face au miroir. Il vit avec intensité cette expérience, durant laquelle il va ressentir successivement, et nous avec lui, de la curiosité, de la colère, de la tristesse, de l’abattement, puis de la joie, lorsqu’il comprend enfin qu’il est lui-même cet « autre » dans le miroir. Le film s'ouvre et se ferme par le même plan : celui d'un adulte, sur un pont de bois, contemplant son reflet dans l’eau d’un étang. Cette découverte de soi renvoie aux questions fondamentales que tout être humain doit affronter dans la solitude. (Images en bibliothèques)

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L’ART D’AIMER Que cherchent les cinéastes en filmant les autres arts?

A la lumière des minotaures…

Le Mystère Picasso (1956) Henri-Georges Clouzot

Visionnez ce film en ligne sur ArteVOD & UniversCiné (dans nos rayons : DVD 710 PIC)

Picasso peint sous nos yeux incrédules. Au gré de son génie, nous suivons sa main qui fait naître l'oeuvre en direct. -Un Prix spécial du jury cannois de 1956, extraordinaire et fascinant, qui s’inscrit dans l’histoire.

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Les Films rêvés (2010) Eric Pauwels

Centre de l’audiovisuel de Bruxelles : BPI (DVD 791.43 PAU)

« Un jour, un homme, un cinéaste, fait un rêve : il rêve qu’il fait un film qui contiendrait tous les films qu’il a rêvé de faire… »

En consacrant un film fleuve et foisonnant aux voyages imaginaires, Éric Pauwels inscrit son œuvre dans une grande tradition littéraire, qui part peut-être d'Homère mais ne s’arrête certes pas à James Joyce. En se retranchant derrière les murs de sa petite maison bleue au fond du jardin, il ouvre tout grand les portes de sa pensée cachée, il libère son intellect qui peut désormais traquer les souvenirs, s’épanouir dans un grand brassage d’actions réelles ou rêvées. Quoi de plus normal, en effet, pour un cinéaste habitué à traduire la vie en images, que de rêver les films qu'il pourrait ou aurait pu faire? Mais quoi de plus singulier que de coucher ces rêves, par essence disparates et évanescents, sur la pellicule? La matière brute très basique (photos jaunies, cartes, journaux, coquillages) qui sert de support à l'évasion est enrichie chez cet émule de Jean Rouch par un intense et minutieux travail sur le montage, ses subtiles combinaisons, ses altérations et ses recompositions. Le cinéma tout entier est revisité, non seulement à travers les traces qu'il a laissées depuis plus de cent ans, mais aussi à travers sa grammaire, son pouvoir de séduction, sa capacité à tout montrer, y compris l’invisible. Fort de ses deux courts métrages, des "lettres" adressées à l’ami Rouch et à sa propre fille, Éric Pauwels a choisi cette fois de dédier ses histoires d’homme solitaire à la communauté des êtres humains.. Prix des bibliothèques, Mention spéciale du Jury des Jeunes -Cinéma du Réel 2010. (Images en bibliothèques)

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Au gré du temps (2006) Dominique Loreau

Cobra Films : BPI (DVD 719 VER)

Dominique Loreau filme trois installations éphémères, végétales, de l’artiste belge Bob Verschueren, depuis leur processus de création (au gré du temps) jusqu’à leur disparition progressive. Elles sont réalisées dans trois lieux différents : l’entrepôt d’une usine désaffectée, une longue plage de la mer du Nord, le préau d’une école maternelle ; par l’alternance des séquences, elles paraissent entrelacées, nous permettant alors de voyager sans cesse de l’une à l’autre. Le film débute par un plan d’herbes folles qui ont envahi un vieux bâtiment : on entend le cri aigu des mouettes, le bruit assourdissant d’une machine. Puis, la caméra suit le travail réfléchi, lent, de Bob Verschueren ; elle en montre aussi la destruction irréversible par la main de l’homme ou par la force de la nature : les roseaux plantés circulairement dans le sable, peu à peu, subissent l’assaut répété des vagues de la marée montante ; les feuilles, inexorablement pourrissent avant que la pelleteuse n’en déblaye le terrain. Les drôles de trognons de pommes que l’artiste avait alignés dans le sens du dallage se recroquevillent. Parallèlement au Work in process de Bob Verschueren, personnel et décalé, la réalisatrice montre le monde extérieur, l’environnement quotidien si présent : les enfants qui croquent à pleines dents dans les pommes, le flux et le reflux de la mer grise, les baigneurs qui jouent sur la plage…

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Cadrées avec recherche, les images sont infiniment poétiques et sensuelles : les ébats d’une rouge coccinelle sur une feuille, un pétale de fleurs accroché à une toile d’araignée, la flaque d’eau reflétant le ciel, les traces de pas dans la boue ou le sable, les nuances colorées des végétaux sous la pluie. D. Loreau privilégie les plans fixes ; aucun commentaire ne les accompagne mais un travail sur le son très élaboré en souligne l’étrangeté. S’inspirant de la démarche de Bob Verschueren, Dominique Loreau exalte son art et en quelque sorte le dépasse. Plus qu’un documentaire sur le Land Art, elle réalise là un véritable essai cinématographique sur le Temps. D’un objet banal elle capte la beauté fugitive qui, par la magie du cinéma, devient éternelle. Son film procède d’un regard singulier sur l’univers : il devient lui-même œuvre d’art, rêverie contemplative, quête philosophique. (Images en

bibliothèques)

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Le Songe de la lumière (2010) Victor Erice

Ed. Carlotta (DVD 701 ERI)

En septembre 1990, Antonio Lopez Garcia entreprend de peindre le cognassier qu'il a planté dans sa maison madrilène. Patiemment, il étudie les rayons du soleil qui jouent avec la couleur des feuilles. Une belle réflexion sur l'art et le temps, teintée d'une poésie lumineuse et qui met tous nos sens en éveil.

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Chagall à la Russie, aux ânes et aux autres (2004) François Lévy-Kuentz

Réunion des Musées Nationaux (DVD 710 CHA)

Un portrait puisé dans des documents familiaux inédits, ainsi que dans la richesse des peintures, dessins et gravures de l'artiste.

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Edward Munch (1973)

Peter Watkins Doriane Films : Project (DVD 791.43 MUN)

Une biographie des jeunes années du peintre norvégien expressionniste Edvard Munch, aux prises avec la société puritaine de son temps. Un film considéré par beaucoup comme la meilleure oeuvre jamais consacrée à l’acte créatif et à la peinture. Un travail de génie selon Ingmar Bergman et un montage audacieux qui revisite les techniques documentaires et narratives.

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La Ville Louvre Nicolas Philibert

Ed. Montparnasse (DVD 708.4 LOU)

A quoi ressemble Le Louvre quand le public n’y est pas ?

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La Grotte des rêves perdus (2011)

Werner Herzog Metropolitan (DVD 930.11 HER)

En 1994, dans le Sud de la France, des scientifiques découvrent une grotte regorgeant de centaines de peintures rupestres, témoignages inouïs créés sous Néandertal. Grâce à des technologies cinématographiques de pointe, Werner Herzog, ayant obtenu le droit de pénétrer le cœur de la Grotte Chauvet, filme de façon splendide ces plus vieilles peintures de l’art pariétal que nous n'avions jamais pu voir.

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Archipels nitrate (2009) Claudio Pazienza

Komplot Films : BPI (DVD 791.430 9 PAZ)

« Combien ça dure ? Je veux dire combien dure cette soudure

entre les cristaux de sel - le nitrate - Et cette surface souple et perforée... »

Portrait intime et personnel d'un lieu : la Cinémathèque royale de Belgique, où l'image joue séance après séance de son pouvoir de séduction sur le spectateur.

" Ce qui soude, lie une image à une autre est imprévisible, archaïque. En nous, ces images -de films, d'époques, d'écritures différentes- se parlent, se regardent, s'échangent du sens. Et qu'on le souhaite ou non, elles parlent toutes de "temps". Etre spectateur, c'est renouveler constamment cette expérience du "temps", c'est "être au présent", celui d'une projection, celui d'une séance. Inutile de le souligner : le laboratoire le plus intriguant pour faire ces expériences "temporelles" est à mes yeux -encore et toujours- une cinémathèque. Pour moi -spectateur assidu, amoureux, fauché- une part congrue d'humanité a transité par là, par des visages, des écritures. Là, des images, des sons ont en grande partie sculpté, façonnné, entretenu un monde." (Claudio

Pazienza)

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Agnès de ci, de là (2012)

Agnès Varda Ed. Arte (DVD 700 VAR)

Une série de chroniques filmées et commentées par Agnès Varda à l'occasion de ses voyages. Elle nous offre aussi, au cours de ses rencontres, des portraits attachants : vendeuses de sauce à Mexico, pêcheurs de Sète, peintres aussi célèbres que Soulages ou Boltanski ou encore Monsieur Bouton de Lyon, Kiki Crèvecoeur de Bruxelles, Manuel de Oliveira au Portugal, une balayeuse avec un bigoudi ou une journaliste chauve… ; un mélange cher à Varda, -de simples gens et d'artistes. Ce sont des voyages dans tous les sens du mot, filmés avec des petites caméras et c'est un cinéma qui fait la part belle à l’art contemporain, s’attardant de ci, de là, dans l’atelier de Chris Marker ou sur l’exposition de Pierrick Sorin au Lieu Unique… Visionnez le film sur votre plateforme ArteVOD & UniversCiné depuis le site de la médiathèque : http://www.mediatheque.fontenay-sous-bois.fr/ressources/video-en-ligne/