Refaire Surface - Centre d’art Le LAIT · 3 Artistes participants : Invitée par le Centre d'art...

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Dossier enseignants Service des publics [email protected] 09 63 03 98 98 - 06 27 40 10 86 Refaire Surface Suspended spaces Moulins Albigeois – 41 rue Porta – 81000 Albi Du mercredi au dimanche de 1 4h à 19h Renseignements : 05 63 38 35 91 / 09 63 03 98 84 Du 1er juillet au 22 octobre 2017 Vernissage le vendredi 30 juin à 18h30 Une proposition de : Valérie Jouve, Daniel Lê, Françoise Parfait, Eric Valette et Jackie-Ruth Meyer Refaire Surface, Suspended spaces, Centre d'art Le LAIT, 2017, droits réservés

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Dossier

enseignants

Service des [email protected]

09 63 03 98 98 - 06 27 40 10 86

Refaire SurfaceSuspended spaces

Moulins Albigeois – 41 rue Porta – 81000 AlbiDu mercredi au dimanche de 14h à 19h

Renseignements : 05 63 38 35 91 / 09 63 03 98 84

Du 1er juillet au 22 octobre 2017Vernissage le vendredi 30 juin à 18h30

Une proposition de :Valérie Jouve, Daniel Lê, Françoise Parfait,Eric Valette et Jackie-Ruth Meyer

Refaire Surface, Suspended spaces,Centre d'art Le LAIT, 2017, droits réservés

Sommaire

1ère partie - Extraits du dossier de presse.1/ Présentation du projet et des artistes pp.3-10

2/Quelques pistes de prolongation en classe p.11

2ème Partie - Et après avec une classe,d'Anna Dos Santos, professeure chargée de mission pas le Rectorat

Une brève histoire de la photographie pp.12-24

Au dos : Informations pratiques et avenir du Centre d'art,

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Artistes participants :

Invitée par le Centre d'art Le LAIT aux Moulins Albigeois, Valérie Jouve a sollicité le collectifSuspended spaces au sein duquel elle est engagée depuis plusieurs années. Avec trois membres ducollectif, Daniel Lê, Françoise Parfait et Eric Valette, ils ont imaginé, en collaboration avec Jackie-RuthMeyer, directrice du Centre d’Art, une exposition : Refaire Surface.

Suspended spaces est un collectif d'artistes et de chercheurs réuni depuis 2007 autour d'un projetorganique, arborescent et évolutif, qui a comme méthode de travail le déplacement, géographiquemais surtout artistique, culturel et intellectuel.

Pour Albi, le collectif a réalisé une collecte d'images auprès d'une cinquantaine d'artistes, auxquels il aété proposé de donner cinq photographies faisant écho au titre, Refaire Surface.

Le fonds de photographies constitué devient la matière d'une pièce collective, envahissant les murs duCentre d'art. En résulte une vaste exposition sous forme d'affiches collées, anonymes, une associationd'images qui dessine des connexions, organise des relations, suggère des narrations, invente des échanges.Refaire surface, c’est surgir pour reprendre de l’air. Il s’agit métaphoriquement de résister, chercher unnouveau souffle et imaginer des alternatives aux tournants artistique, politique, social, économique etculturel actuels.

À l'heure de la dernière exposition du Centre d'art Le LAIT aux Moulins Albigeois, le titre suggère dessouvenirs d'images et de moments qui resurgissent de la mémoire des lieux. Il s'agit une dernière foisd'investir un espace régulièrement inondé par les crues du Tarn, de travailler avec des archives d'artistes,issues des mémoires individuelles et collectives, en recouvrant les murs du Centre d’art par les visionssensibles de cinquante six artistes.Refaire surface est plus littéralement aussi une question de plans, d’espaces, d'étendues et de textures,qu’il s’agit de mettre en jeu pour inventer d'autres modalités d'exposition.C’est enfin expérimenter une nouvelle manière de penser nos rapports à l'image, par un parti prispoétique et politique, où dialoguent et s'entrechoquent réalité, rêve, humour et beauté.

Pilar Albarracín - Ziad Antar - Vasco Araújo - Pierre Ardouvin - Oreet Ashery - Bertille Bak - FrançoisBellenger – Alain Bernardini - Filip Berte - Véronique Boudier - Thierry Boyer - François Curlet - NicolasDaubanes - Marcel Dinahet – Yasmine Eid-Sabbagh - Malachi Farrell - Luciana Fina - Maïder Fortuné -Michel François - Véronique Hubert - Pravdoliub Ivanov – Valérie Jouve - Deana Kolencíková - Jan Kopp -Chourouk Hriech - Frédérique Lagny - Lia Lapithi Shukuroglou - Bertrand Lamarche - Florence Lazar -Daniel Lê - Claude Lévêque - Jennis Li Cheng Tien - Nathalia Lopez - Eric Madeleine - Roberto Martinez- Phoebé Meyer – Jean-Luc Moulène - Frédéric Nauczyciel – André Parente - Françoise Parfait - LaurentPernel - Pratchaya Phinthong - Abraham Poincheval - Paul Pouvreau - Hugues Reip - Tania Ruiz - AvelinoSala - Paola Salerno - Mira Sanders - Larissa Sansour - Susana de Sousa Dias - Stéphane Thidet - MariaTsagkari - Niek Van de Steeg – Eric Valette - Christophe Viart - Luciano Vinhosa

Suspended SpacesRefaire Surface

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Suspended SpacesLe collectif

http://www.suspendedspaces.net

Créé en 2007, Suspended Spaces est un collectif indépendant basé à Paris. Il est né de la rencontreentre artistes et chercheurs avec un lieu spécifique, Varosha, quartier balnéaire moderne de la villechypriote de Famagusta, un grand quartier moderne chypriote grec saisi par l’armée turque lors del’offensive de 1974, depuis vidé de ses habitants et maintenu vide. Suite à cette expérience forte etsingulière, un groupe d’artistes, théoriciens et commissaires a décidé d’amorcer une recherche communesur cet espace fantôme, et d’envisager cette ville comme un lieu de pensée sensible et critique, d’enproduire une représentation afin de lui donner une visibilité.

Le collectif réunit aujourd’hui des chercheurs, des artistes et théoriciens, autour d'espaces fragiles etsensibles, abandonnés pas la modernité. C'est avant tout le désir de travailler ensemble qui les réunitautour de différents projets.

Un peu partout dans le monde, il y a des lieux abandonnés, des promesses de modernité que l'histoire,l'économie ou la politique ont brisées. Le collectif Suspended Spaces a entrepris de projeter le regardd'artistes contemporains sur ces espaces fantomatiques dans l'esprit de ce qui les a réunis.Le collectif est composé d’une trentaine de chercheurs et artistes, autour d’une équipe restreinte : JanKopp, Jacinto Lageira, Daniel Lê, Françoise Parfait, Eric Valette mais aussi de Kader Attia, Marcel Dinahet,Maïder Fortuné et Valérie Jouve.

Le Manifeste (Extraits)

QUI SOMMES-NOUS ?Un collectif indépendant, mobile bien que basé à Paris, avant tout réuni par le désir de travaillerensemble et avec d’autres artistes et chercheurs internationaux. Notre fonctionnement n’est nihiérarchique ni centralisé, mais plutôt organique et arborescent. Nous recherchons les rencontresfortuites et les croisements d’intérêts et de passions.

SUSPENDED SPACES QU’EST-CE QUE C’EST ?Nous posons l’hypothèse qu’il existe des objets, ou plus précisément des espaces, que nous avonsbaptisés « suspended spaces » (espaces en suspend et en suspens), qui méritent le déplacement.(...) Ces suspended spaces sont des espaces dont le devenir a été empêché pour des raisons de conflitspolitiques, économiques, historiques. Ils sont des espaces sensibles, fragiles, provisoires, et de ce faitrendent le regard artistique nécessaire, pertinent, légitime ; ils nous concernent tous.

ÉCONOMIENous travaillons avec les budgets que nous obtenons. (...) Nous ne sommes pas sous tutelleéconomique, nous sommes autant que possible indépendants du marché et des institutions.Nul n’est forcé au résultat immédiat. (...)

POUR FAIRE QUOI ?Produire des oeuvres et des textes, réunir des artistes et chercheurs, organiser des résidences, des tablesrondes et colloques, des projections, réaliser des expositions, des livres, des événements.Nous envisageons les artistes comme des chercheurs et croyons à l’importance du regard et desdiscours artistiques et philosophiques sur le monde contemporain

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DÉPLACEMENTSNous croyons à la nécessité du déplacement comme méthode, à la décentration du regard. Se décentrersymboliquement mais aussi géographiquement. Une approche liée à une situation réelle, uneconfrontation physique et une expérience commune, partagée sur le terrain.

TEMPONous prenons le temps de faire évoluer les idées et construire des relations, (...) Notre projet s’inscrit surla durée, et s’il est ponctué par des événements publics, il n’en est pas l’esclave.

Refaire Surface

Le projet pensé pour le Centre d'art Le LAIT et les Moulins Albigeois à Albi s'appuie sur le contextearchitectural, historique, social et politique du lieu et de la structure.

"Le Centre d'art le LAIT fait partie des centres d'art historiques créés au début des années 80. Il occupele site des Moulins Albigeois depuis 1989. Les bâtiments vont être vendus en 2018 et le Centre d'artfermera définitivement ses portes à cet endroit, avant de réapparaître dans un ailleurs encoreindéterminé. Les Moulins ont reçu de nombreux artistes, connus ou émergents, dont les œuvres ontcontinuellement transformé le site par leurs expositions et expérimentations.Des questions de société, les contextes politique, économique et humain d'aujourd'hui y ont étéexplorés, sans oublier l'approche poétique et les pensées visuelles déployées. Le site a inspiré les artistespour la production d’œuvres inédites, induit des scénographies d'expositions particulières en réponse à uncontexte architectural, naturel et historique singuliers. Il a souvent suscité l'exploration de voiesartistiques nouvelles, cristallisé des démarches, affirmé des expériences.

La proposition de Valérie Jouve et de Suspended Spaces, relier des images d'origine diverses entre elles,composer une « partition visuelle » et envahir les espaces du site par une scénographie construite àplusieurs, a beaucoup de sens dans le contexte de notre départ mais aussi plus généralement danscelui de la société actuelle. C'est pour moi à la fois une forme de résistance et une sorte decélébration de toutes les images qui y ont été données à voir.

Dans le contexte économique et politique actuel, créer une exposition basée sur le don, le partage, laconfiance collective est un symbole fort. J'aimerais (...) créer un ensemble de subjectivités fortes, deréels de tous horizons et de fictions potentielles. Raconter encore une fois une histoire composite etinoubliable dans ces lieux".

Jackie-Ruth Meyer, Directrice du Centre d'art le LAIT.

Depuis quelques années, le collectif Suspended spaces s’est engagé dans une série d’expositions, qui sesont révélées être pour nous des expériences de recherche importantes. Dans chacune d’elles, laprésentation des œuvres devait s’adapter aux conditions matérielles, à l’histoire des lieux et aussi à ladimension collective de nos projets. L’exposition Refaire Surface au Centre d’art Le LAIT ouvre unenouvelle expérience pour Suspended spaces, qui prolongera nos réflexions sur l’exposition mais aussisur l’élaboration collective.

Valérie Jouve pour le collectif Suspended Spaces

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Les initiateurs du projet Refaire Surface

Valérie Jouvewww.valeriejouve.comNée en 1964 à Saint-Étienne ; vit et travaille à ParisValérie Jouve est une photographe de la scène de l’art contemporainfrançais, vidéaste et réalisatrice. Ses photographies relèvent égalementdes domaines de l'anthropologie, de la sociologie, de la représentationdu monde d'aujourd'hui. Par la mise en scène photographique demoments grâce à des « images jouées » ou « performées », elledécrypte notre société et ses aspects de théâtralité quotidienne.

Daniel LêNé en 1961 à Levallois-Perret ; vit et travaille à Paris.Il est artiste et enseigne les arts plastiques à l'Université d’Amiens. Ilpoursuit un travail artistique qui ne se signale pas par un « style », maisréside dans un phrasé personnel, se saisissant aussi bien de la photo,de la vidéo, du film, que du dessin, de la sculpture, des installations etde la performance. Il adopte des principes de travail différents àl’occasion de chaque nouveau projet.

Françoise ParfaitVit et travaille à Paris.Françoise Parfait est professeur en arts plastiques et nouveaux médiasà l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et artiste. Elle a publié denombreux textes sur la vidéo et les images temporelles et leurréception.

Eric Valettewww.ericvalette.netNé en 1969 à Lyon ; vit et travaille à ParisArtiste et enseignant chercheur en arts plastiques à l’Universitéd’Amiens, il a travaillé sur la question de la représentation, et plusparticulièrement sur la perspective et le rapport au réel. Son travailplastique utilise la vidéo montrée en installation, mais aussi le dessinet la performance.

Jackie-Ruth MeyerCo-fondatrice et directrice du Centre d'art Le LAIT depuis 1982. Elle aparticulièrment exploré la dimension intime et l'espace public, lesquestions de société, dont les liens entre art, économie et politique,avec une présence forte des installations et de la vidéo.

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Suspended SpacesSélection de projets antérieurs

Suspended spaces#1 – Famagusta, Chypre - 2007-2010Exposition

Ziad Antar / Katerina Attalides, Christian Barani, Bertrand Gauguet / François Bellenger / Berger & Berger /Filip Berte / Antoine Boutet / Victor Burgin / Nikos Charalambides / Marcel Dinahet / Köken Ergun /Maïder Fortuné / Elizabeth Hoak Doering / Pravdoliub Ivanov / Jan Kopp / Yiannis Kyriakides / Lia Lapithi /Daniel Lê, Eric Valette / Armin Linke (en collaboration avec Aristide Antonas et Serap Kanay) / PanayiotisMichael / Adrian Paci / Françoise Parfait / Denis Pondruel / Sophie Ristelhueber / Mira Sanders / YiannisToumazis / Stephanos Tsivopoulos / Nasan Tur / Christophe Viart / Mehmet Yashin.

Commissaire général : Brent KlinkumCoordination générale des expositions : Daniel Lê, Françoise Parfait, Éric Valette

Une co-production du Centre de Recherches en Arts de l’Université de Picardie Jules Verne, TransatVidéo, Centre d’Art de Nicosie et de la Maison de la Culture. Projet aidé par le programme européenCulture 2007-2013, la Région Picardie, la DRAC, la communauté urbaine d’Amiens.

Première manifestation publique d’un projet issu d’un collectif regroupé autour d’artistes et de chercheursde l’Université de Picardie qui a réuni petit à petit un groupe de plus d’une trentaine d’artistesinternationaux, Suspended Spaces#1 s’est construit à partir d’une question sensible liée à une situationréelle : un quartier Varosha, abandonné par ses habitants forcés de partir d’une ville chypriote, Famagusta,occupée par une armée qui en interdit l’accès depuis 1974. Véritable parenthèse spatiale, à la foismonument et no man’s land, cette ville fantôme interroge nos histoires et notre histoire, celle des échecsdes politiques qui ont mené les hommes au désastre qu’une certaine modernité n’a pas su éviter.

À partir de l’expérience commune des lieux et résolument tournée du côté du sensible et desreprésentations symboliques, l’exposition Suspended Spaces #1 présente des productions inédites quiprennent leur inspiration, de près ou de loin, dans cet espace suspendu particulier, dont la puissanced’impact mais aussi la mélancolie qui s’en dégagent ont été expérimentées avec une grande émotion partous les acteurs de ce projet quelque peu utopique.

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Conversation PiecesExposition du 6 novembre au 20 décembre 2013 - Galerie Art & Essai, RennesA l’invitation de Denis Briand et Marion Hohlfeldt

"L’exposition de Rennes a été l’occasion de marquer une nouvelle étape de ce projet itinérant à l’économie ajustée,dont un des moteurs sont les conversations qui se nouent sans cesse entre les participants, et qui se prolongentdans le travail et l’expérimentation de nouvelles formes artistiques. Les artistes ont construit l’exposition àdistance, peu à peu, et celle-ci a pris la forme d’un work in progress : suivant un scénario ponctué par desréalisations, des dépôts de documents, des performances et des projections ponctuelles, etc.

La Galerie était principalement occupée par deux éléments qui ont articulé le scénario de l’exposition à venir : unetrès grande table qui traverse la galerie, semblable à une table de banquet, et un film réalisé par le collectif selonun protocole d’entretiens réalisés à distance par Skype en septembre 2013, avec chacun des artistes.

La table reprend la forme de celle qui accueillit les invités pendant la semaine de résidence de Suspended spaces àBeyrouth, à Mansion. (...) Cette table a joué tout comme celle de Mansion un rôle central, point d’ancrage et dedistribution des échanges. Au fur et à mesure de l’avancée du scénario, entre le 6 novembre et le 20 décembre2013, la table a été de plus en plus occupée.

Le « film » réalisé par le collectif Suspended spaces était diffusé dès l’ouverture de l’exposition et en constituaitune sorte de préface. Véritable modus operandi du projet, les conversations menées par les membres du collectifavec chacun des 10 artistes de l’exposition, portent sur cette notion de suspended spaces, son interprétation et sarésonance par rapport au travail artistique et au contexte géopolitique de chacun.

Le « vernissage » de l’exposition a eu lieu le 12 décembre, soit plus d’un mois après son ouverture au public. Lasemaine précédente (du 9 au 12 décembre), les artistes sont venus à Rennes, pour terminer l’accrochage, finaliserleur projet, organiser des performances et poursuivre la conversation autour de la longue table.

L’exposition aura tenté de rendre perceptible le processus même du projet Suspended spaces, basé sur la confianceet l’échange, le goût de l’expérimentation, la force et le risque du collectif."

Suspended Spaces

Conversation PiecesExposition du 6 novembre au 20 décembre 2013 - Galerie Art & Essai, RennesA l’invitation de Denis Briand et Marion Hohlfeldt

"L’exposition de Rennes a été l’occasion de marquer une nouvelle étape de ce projet itinérant à l’économie ajustée,dont un des moteurs sont les conversations qui se nouent sans cesse entre les participants, et qui se prolongentdans le travail et l’expérimentation de nouvelles formes artistiques. Les artistes ont construit l’exposition àdistance, peu à peu, et celle-ci a pris la forme d’un work in progress : suivant un scénario ponctué par desréalisations, des dépôts de documents, des performances et des projections ponctuelles, etc.

La Galerie était principalement occupée par deux éléments qui ont articulé le scénario de l’exposition à venir : unetrès grande table qui traverse la galerie, semblable à une table de banquet, et un film réalisé par le collectif selonun protocole d’entretiens réalisés à distance par Skype en septembre 2013, avec chacun des artistes.

La table reprend la forme de celle qui accueillit les invités pendant la semaine de résidence de Suspended spaces àBeyrouth, à Mansion. (...) Cette table a joué tout comme celle de Mansion un rôle central, point d’ancrage et dedistribution des échanges. Au fur et à mesure de l’avancée du scénario, entre le 6 novembre et le 20 décembre2013, la table a été de plus en plus occupée.

Le « film » réalisé par le collectif Suspended spaces était diffusé dès l’ouverture de l’exposition et en constituaitune sorte de préface. Véritable modus operandi du projet, les conversations menées par les membres du collectifavec chacun des 10 artistes de l’exposition, portent sur cette notion de suspended spaces, son interprétation et sarésonance par rapport au travail artistique et au contexte géopolitique de chacun.

Le « vernissage » de l’exposition a eu lieu le 12 décembre, soit plus d’un mois après son ouverture au public. Lasemaine précédente (du 9 au 12 décembre), les artistes sont venus à Rennes, pour terminer l’accrochage, finaliserleur projet, organiser des performances et poursuivre la conversation autour de la longue table.

L’exposition aura tenté de rendre perceptible le processus même du projet Suspended spaces, basé sur la confianceet l’échange, le goût de l’expérimentation, la force et le risque du collectif."

Suspended Spaces

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Sortir du LivreExposition à Mains d’Œuvres du jeudi 3 septembre au 11 octobre 2015

Basma Alsharif / Ziad Antar / Leonor Antunes / Marwa Arsanios / Kader Attia / Bertille Bak / FrançoisBellenger / Filip Berte / Marcel Dinahet / Yasmine Eid-Sabbagh / Maïder Fortuné / Lamia Joreige / ValérieJouve / Jan Kopp / Yannis Kyriakides / Bertrand Lamarche / Lia Lapithi / Daniel Lê / Armin Linke / AndréParente / Françoise Parfait / Sophie Ristelhueber / Tania Ruiz / Mira Sanders / Stéphane Thidet / EricValette / Christophe Viart / Mehmet Yashin

"L'exposition à Mains d’Œuvres revient pour la première fois, sur l’ensemble des travaux artistiquesproduits dans le cadre du projet Suspended spaces depuis 2007.(...) L’exposition Sortir du livre n’est pas unbilan de nos activités, mais une nouvelle manière de les présenter, de les mette en relation, avec distanceet curiosité. Une expérimentation qui tisse des lignes entre les œuvres, dessine des axes et articule desperspectives. Pour cela, nous nous efforçons de changer d’échelle, changer de format.

Des œuvres produites au fil des expositions passées sont présentées à une échelle réduite, proche de lamaquette. Certaines réalisations artistiques imprimées dans les livres (portfolios), sont «développées »,soit en présentant les originaux, soit en proposant une version « exposée », agrandie, reformulée, enrichie.

Nous proposons ainsi de sortir du livre pour insister sur les œuvres ; sortir du livre pour prolonger ourejouer les pages confiées aux artistes dans nos publications ; sortir du livre pour exposer autrement larecherche. Ce changement d’échelle invite à une expérience inédite des productions artistiques par deslectures, des confrontations, des connexions nouvelles.

Sortir du livre, c’est aussi faire des trois publications le fil conducteur de l’exposition. L’espace de lagalerie sera divisé en trois territoires géographiques : Chypre, le Liban, le Brésil.

Nous avons invité aussi quelques nouveaux artistes dont le travail fait écho à nos recherches."Suspended Spaces

Exposition Switch On!27-30 avril 2016, Palácio Pombal, Lisbonne

Ziad Antar - Vasco Araújo - François Bellenger Filip Berte - Marcel Dinahet - Yasmine Eid-SabbaghÂngela Ferreira – Maïder Fortuné - Lamia Joreige Valérie Jouve - Yannis Kyriakides - Jan Kopp BertrandLamarche - Lia Lapithi - Daniel Lê Françoise Parfait - Sophie Ristelhueber - Mira Sanders - StéphaneThidet - Eric Valette Christophe Viart - Mehmet Yashin

"Suspended spaces est un projet de recherche qui organise des résidences, des expositions, produit desœuvres et des publications. A chacune des étapes (Chypre, Liban, Brésil), nous avons été invités à partageravec nos hôtes l’expérience de lieux particulièrement fragiles ; c’est dans cette perspective que nousavons pensé cette exposition au Palácio Pombal, bâtiment très emblématique de l’histoire de Lisbonne etdu Portugal, en suspens lui aussi.

Cette exposition éphémère active des œuvres, des projections et des gestes dans ce lieu considérécomme un suspended space. Les œuvres sont choisies par le collectif parmi celles déjà produites dans lecadre du projet ou spécialement imaginées pour l’occasion. La lumière, le dialogue entre les œuvres et lebâtiment ont fait l’objet d’une attention particulière."Suspended Spaces

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Publications

Suspended spaces n°1 - FamagustaEditions BlackJack2012 /deux éditions (française / anglaise)15 x 21 cm, 328 p. (ill. coul.)Distribution : les presses du réel

Suspended spaces n°2 – Une expérience collective / ouvrage collectifEdition BlackJack2012 / édition bilingue (français / anglais)15 x 21 cm272 p. (ill. n&b)Graphiste : Jean-Claude ChianaleDistribution : les presses du réel

Suspended spaces n°3 – Inachever la modernité / ouvrage collectifBeaux Arts de Paris éditions2014 / français21 x 27 cm335 p. (ill. couleur)

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Refaire SurfacePistes à poursuivre en classe

L'exposition Refaire surface met en jeu plus de 250 photographies généreusement envoyées par 56 artistes,collectées, imprimées, et affichées par Valérie Jouve, Daniel Lê, Françoise Parfait, Eric Valette et Jackie-RuthMeyer.

L'occasion de vérifier que les images nous parlent - chaque image compte (son cadrage, sa composition, sa lumière,son contraste, sa couleur, sa netteté, etc.) - et que nos perceptions d'elles diffèrent selon les individus, mais seressemblent aussi.

Refaire surface représente non seulement l'apparition de sens par les images qui émergent à la surface des murs,mais aussi une histoire de regards pluriels, échangés et partagés, sensibles dans la mise en scène des images.La taille des images, leur répartition dans les salles, leur disposition sur chaque mur, leur superposition, a faitl'objet d'un choix collectif, et chaque mur est une composition, un discours en soi..

Vous trouverez ci-dessous le dossier pédagogique d'Anna Dos Santos sur la photographie.

L'exploration peut être prolongée en classe sous l'angle de

LA PHOTOGRAPHIE- Vous trouverez ci-dessous le dossier pédagogique d'Anna Dos Santos sur la photographie

LA COLLECTION D'IMAGES- Constituer un corpus individuel ou collectif d'images recueillies dans l'environnement familial, de la classe, duquartier, de la ville.

LA NAISSANCE DE LA NARRATION- Choisir quelques images et faire un lien entre elle. Expliquer lequel et donner un titre à ce nouveau corpus.

SCENOGRAPHIE / PRESENTATION DES IMAGES- Trouver comment les montrer. Une même série d'images peut trouver plusieurs monstrations : dans un livre(quelle mise en page?), par paires ou en triptyque, vidéoprojetée une image après l'autre, affichées groupée sur unou plusieurs murs d'images...

GÉNÉROSITÉ ET INTELLIGENCE COLLECTIVE- proposer aux élèves de donner au groupe un objet, une image, qui fera l'objet d'une composition collective(réfléchir au droit d'auteur, aux réticences que cela peut représenter de voir sa "propriété" investie et utilisée parles autres),- leur proposer d'exposer cette collecition et discuter ensemble du projet d'accrochage des objets ou imagescollectés. Faire des essais et prendre une décision collective argumentée : il peut y avoir plusieurs choix possibles("pas de bonne réponse"), en comprendre les nuances.

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[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

Document pédagogique – septembre 2017]

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Et après, avec une classe ?

Réflexions et pistes pédagogiques pour le collège et lycée autour de l'exposition collective de Suspended spaces « Refaire surface » du 1 juillet au 22 octobre 2017. Ce dossier pédagogique présente des réflexions sur les notions d’image et de représentation en lien avec des œuvres artistiques dans l'histoire de la photographie.

INTRODUCTION

Le titre de cette exposition « Refaire surface » interroge directement la question de la mémoire et de sa représentation. L’image se présente telle une reconstitution du souvenir. Elle ressurgit de la mémoire des lieux comme un souvenir révélé grâce à la photographie. Personne aujourd’hui ne saurait contester le fait que la photographie, sous de multiples formes, s’affirme de plus en plus comme un mode d’expression, d’information et de communication à part entière. On la voit partout et on la pratique pour garder le souvenir d’évènements pour illustrer sa propre histoire. En tant que témoignage artistique ou journalistique, elle continue d’accompagner l’homme dans ses diverses activités et déplacements, engendrant une pratique de plus en plus spontanée.

« Nous croyons à la nécessité du déplacement comme méthode, à la décentration du regard. Se décentrer symboliquement mais aussi géographiquement. » Collectif Suspended Spaces.

Cette exposition du collectif «Suspended Spaces»sous la direction de Valérie Jouve, propose une nouvelle manière de penser nos rapports à l’image, notion centrale dans le champ des arts plastiques au collège et au lycée. Elle introduit les questions de l’exposition et du point de vue (Représentation / présentation).

Suspended spaces#1 – Famagusta, Chypre - 2007-2010

Suspended spaces #2 Experience collective

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

Document pédagogique – septembre 2017]

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Cette exposition collective présentée aux Moulins Albigeois du LAIT permet d’aborder avec les élèves les questions relatives à la représentation (images / réalité / fiction) à la matérialité de l’œuvre (numérique) et à l’espace (expérience sensible de l’espace).

QUESTIONNEMENTS autour de l’image : Ressemblance : rapport au réel et la valeur expressive de l’écart Dispositif de représentation : espace à deux dimensions / différence entre

organisation et composition / intervention sur le lieu Narration visuelle : mouvement / temporalité suggérés ou réels/ durée /

rythme Création, Matérialité, statut et signification des images : compréhension

de la diversité des images/ différences d’intention entre expression artistique et communication visuelle

Conception, production et diffusion de l’œuvre plastique à l’ère numérique : incidences du numérique, pratique plastique/ codes et outils numériques.

Le numérique en tant que processus et matériau artistique : appropriation et langages numériques destinés à la pratique artistique / métissages entre arts plastiques et technologies numériques.

Relation du corps à la production plastique : traces / performances / évènements / captations.

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

Document pédagogique – septembre 2017]

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BREVE HISTOIRE de la PHOTOGRAPHIE (sélective en lien avec l’exposition)

1 - UNE INVENTION QUI RÉVOLUTIONNE L’HISTOIRE DES IMAGES

L’histoire de la photographie est en partie fondée sur l’évolution de trois données techniques fondamentales : la lumière, le support sur lequel se matérialise l’image et le format servant de base à la composition de cette même image. C’est en 1826 que Nicéphore Niépce réalise ce qu’il est convenu d’appeler la première photographie.

Dans sa maison de Saint Loup de Varennes, le scientifique Nicéphore Niépce (1765-1833) enduit une plaque d’étain de bitume de Judée, un produit chimique qui change d’aspect si on l’expose à la lumière. Il réalise la première photographie connue au monde. Il a laissé son appareil sur un trépied pendant plusieurs dizaines d’heures pour obtenir cette image : une vue depuis la fenêtre de sa chambre.

Il baptise son invention « héliographie » qui signifie en grec « écriture par le soleil ». Le mot photographie, « écriture par la lumière » apparaît un peu plus tard, à partir des années 1830.

Nicéphore Niépce, Héliographie, 1926

Le principe de la chambre noire ou camera obscura est connu depuis l’antiquité. Dans une pièce ou une boîte fermée, on perce une ouverture minuscule (sténopé) pour faire pénétrer la lumière du jour. L’image de l’extérieur se reflète alors à l’envers sur le mur du fond.

Au cours de la renaissance, ce système connaît des améliorations : un miroir permet de redresser l’image

à l’endroit et une lentille située à l’orifice améliore la netteté. Toutes les conditions sont réunies pour concevoir un appareil photo, mais il reste un problème : l’image au fond de la camera obscura est une projection éphémère, personne n’arrive encore à la retenir sans avoir recours au dessin. Pour réaliser une photographie, il faudra trouver un moyen de fixer l’image sur un support avec des réactifs chimiques.

Chambre noire, boîte noire percée d’un trou qui renvoie l’image renversée de l’extérieur (ancêtre de l’appareil photo)

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

Document pédagogique – septembre 2017]

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Louis Daguerre (1787-1851) met au point un procédé à partir de 1837 qui donne des images plus nettes et plus précises : le daguerréotype.

Le photographe enduit une plaque de cuivre d’une fine couche d’argent et la soumet à des vapeurs d’iode. Cette plaque est exposée à la lumière dans une chambre noire. L’image apparaît grâce à des produits chimiques. Elle est ensuite protégée dans un sous verre car elle est fragile. Elle reste unique et ne peut être reproduite.

Le temps de pose est encore long (10 à 15 mn) : une telle durée ne permet de figer les mouvements, et tous les passants présents sur l’image ci-dessus se retrouvent effacés de l’image. Seuls sur le trottoir apparaissent un cireur de chaussures et son client, restés fixes suffisamment longtemps pour impressionner la plaque photographique...Ce sont les recherches de Daguerre qui vont contribuer à rendre officielle l’invention de la photographie car il trouve le moyen de fixer l’image positive durablement.

William Henry Fox Talbot (1800-1877) inventera le calotype (« belle image » en grec), procédé de négatif sur papier qui permet de réaliser un tirage positif. C’est une nouvelle révolution : on peut ainsi réaliser autant de tirages que l’on veut.

Le temps de pose s’est réduit : 1 à 15 minutes selon les cas.

Daguerre, Boulevard du Temple, 1837 William H.F. Talbot, Calotype, 1843-44

A la même époque, l’Américain George Eastman va remplacer les plaques de verre par un support souple transparent qui sera chargé dans un petit appareil qu’il désigne sous le nom de KODAK en 1888. Le monde de la photographie va désormais pouvoir s’ouvrir aux amateurs. La société Kodak s’occupe de toutes les manipulations techniques (développement du film, rechargement) et invite le client à se consacrer seulement de l’image : « Appuyez sur le bouton, nous ferons le reste ».

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

Document pédagogique – septembre 2017]

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2 – L’INSTANTANE : UNE QUETE DE LA COULEUR …

La première méthode pour accéder à la couleur consista à peindre les photographies à la main.

La recherche de Louis Ducos du Hauron (1837-1920) porta sur une méthode de reproduction photographique des couleurs. Il mit au point en 1869 la théorie de la photo couleur trichromique, qui utilise des filtres pour sélectionner le rouge, le vert et le bleu en trois expositions séparées. Après l’exposition, les 3 négatifs couleurs servent chacun à graver une plaque positive en couleur pour obtenir une épreuve.

Louis Lumière (1864-1948) présente en 1903 l’« autochrome », le premier procédé industriel connu pour réaliser des photos en couleur. Son idée consiste à saupoudrer la surface sensible de grains colorés en rouge, vert et bleu, afin qu’ils filtrent la lumière. Il essaie plusieurs matières (levures, petits émaux écrasés...), mais c’est finalement la fécule de pomme de terre qui montre les meilleurs résultats et qui sera utilisée par la suite.

Il faudra cependant attendre 1950 pour que la photographie couleur se généralise, avec des appareils plus compacts et la mise sur le marché de la pellicule Kodachrome.

La jeune femme et le lilas, autochrome Première guerre mondiale, autochrome

Les relations entre photographes et le monde de l’art seront difficiles. La photographie n’est cependant pas considérée à ses débuts comme un art. Baudelaire dira ainsi que « la photographie n’est pas un art mais un procédé mécanique de reproduction et le refuge des peintres manqués ! » Les photographes se tournent pourtant vers l’art, explorant plusieurs courants :

Imiter l’art pictural (palliatif aux poses nécessairement statiques, travail au niveau des poses et des costumes, éclairage en clair-obscur...)

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

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Référence à la littérature (prise sur le vif des épisodes spontanés de la vie quotidienne, dans un contexte naturel sans artifice et manipulation)

Dès l’invention de la photographie, les peintres se saisissent d’abord de cette technique nouvelle dans le but de s’affranchir des modèles et d’éviter des temps de pose inconfortables ou trop longs.

Le pictorialisme est la toute première école de photographie artistique. Les photographes tentent d’imiter la peinture et l’eau forte, en usant de techniques de retouche en chambre noire, l’emploi de papiers spéciaux, utilisation de filtres. Alfred Stieglitz (1864-1946) a été toute sa vie un défenseur de l’art moderne et a eu un impact sur la démarche artistique de Marcel Duchamp.

Alfred Stieglitz, clichés de New- York, 1890-1917

3 – L’INSTANTANE : UNE QUETE DU MOUVEMENT

Etienne-Jules Marey

(1830-1904) et la chronophotographie: décomposition du mouvement pris en plusieurs étapes. La chronophotographie eût des répercussions dans le monde du travail pendant la période industrielle. En effet, l’homme calcula l’efficacité des gestes à effectuer

lors du travail à la chaîne ou des tâches répétitives. C’est ce qu’on appelle le « taylorisme »: La définition du travail et sa rentabilité sont assurées grâce à l’analyse des techniques de production (gestes, rythmes, cadences), à la définition des tâches (conception) a priori, et au passage du salaire à la tâche au salaire à l’heure..Les sportifs utilisent toujours cette technique pour parfaire leurs mouvements

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[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

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4 – LA PHOTOGRAPHIE : UN ART INDEPENDANT

Karl Blossfeldt (1865-1932) présentera ses photographies de formes végétales dans une optique scientifique, comme un inventaire du monde, des objets d’enseignement, proche de la pratique de l’herbier. La modernité de ses photographies sera immédiatement reconnue. Pour en scruter chaque détail, Blossfeldt multipliera 30 fois la forme réelle de ses sujets.

La photographie documentaire

Il faudrait s’interroger sur le rapport particulier que l’image photographique entretient avec le réel. La photographie atteste l’existence de ce qu’elle montre. Elle n’est pas sans rapport avec le reportage. Aborder cette pratique est l’occasion de rappeler la relation de la photographie avec le temps qui joue un rôle encore plus sensible. C’est dans ce sens que la photographie peut être associée à l’idée de « document ». Elle sert avant tout de témoigner d’une réalité, de la disparition, voire de la mort. La photographie informe visuellement et reconstitue le souvenir (devoir de mémoire).

Robert Capa (1913-1954) est un photographe américain d’origine hongroise, de son vrai nom Endre Friedmann. Son pseudonyme lui permet de bâtir tout un personnage, à base de célébrité et dont l’image de ce soldat fauché par une balle durant la guerre d’Espagne lui assurera une grande célébrité.

L’image de ce combattant républicain fauché par une balle devient une icône de l’anti-fascisme en 1936, une des premières photos gravées dans l’imagerie collective, comme le deviendront celles du débarquement en Normandie. Le crédo de Robert Capa, « au cœur de l’action », le voit prendre beaucoup de risque. Il meurt lors d’un reportage en Indochine en sautant sur une mine.

Si le photojournalisme doit beaucoup à la mise au point d’appareils comme Leica, il n’est pas possible de dissocier le développement de cette pratique de la création de magazines tels que Vu en France (1928), et Life aux Etats Unis (1936). C’est à ce moment là que le métier de reporter a commencé d’exister. Entre les deux guerres, la photographie s’épanouit dans les journaux et les magazines d’actualité.

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

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La photographie humaniste

La photographie va également exceller dans le témoignage social. L’après-guerre voit émerger un mouvement artistique profond, la photographie humaniste.

Dorothea Lange (1895-1965) illustre ainsi la détresse du peuple touché par la crise de 1929.

Quant à Henri Cartier Bresson (1908-2004), il sait saisir l’air du temps de 1968. Co- fondateur de la célèbre agence Magnum (avec Robert Capa entre autre !), il voit dans l’appareil photographique « un carnet de croquis, l’instrument de l’intuition et de la spontanéité, le maître de l’instant qui, en terme visuel, questionne et décide à la fois ».

Henri Cartier-Bresson « En fin de compte, la photo en soi ne m´intéresse absolument pas. La seule chose que je veux, c´est retenir une fraction de seconde de réalité ». Pour Cartier-Bresson, l’image naît d’un instant, d’une rencontre du photographe avec des instants de vie.

Dorothea Lange, 1929 Henri Cartier Bresson, West Berlin 1962

Point d’orgue de la photographie humaniste, The Family of Man dresse un portrait de l’humanité, insistant sur les différences entre les hommes mais aussi leur appartenance à une même communauté.

Cette exposition s’organise autour de 37 thèmes tels que l’amour, la foi en l’homme, la naissance, le travail, la famille, l’éducation, les enfants, la guerre et la paix...

D’autres photographes prendront le relai de ce courant de la photographie humaniste. Parmi eux, Raymond Depardon ou Joseph Koudelka : ce dernier, né en Tchécoslovaquie, photographie en 1968 le printemps de Prague. Sa série sur les gitans réalisée dans les années 70 lui assure une renommée mondiale.

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

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N’oublions pas que la photographie se présente pour l’homme comme un moyen exceptionnel de résister à l’œuvre, à la disparition, à la mort. Le temps occupe une place centrale. L’album de famille qui rassemble les images d’une vie procure une émotion spécifique, liée au fait que la photographie permet de revivre mentalement le passé, d’opérer des allers et retours avec le présent. Que se passe t-il alors lorsque le sujet photographié n’est plus une grande figure historique ou appartenant à une certaine société et qu’il devient anonyme ?

La photographie surréaliste

Avec le surréalisme des années 20, la photographie devient un sujet d’investigation à de multiples expérimentations esthétiques. Dans ses mémoires, Man Ray raconte qu’Alice Prin, dite Kiki de Montparnasse, refusait de poser pour lui, parce que, disait-elle, "un photographe n’enregistrait que la réalité". Relatant sa réponse à Kiki, il poursuit : "Pas moi... je photographiais comme je peignais, transformant le sujet comme le ferait un peintre. Comme lui, j’idéalisais ou déformais mon sujet". Le Violon d’Ingres illustre particulièrement ces propos évoquant une photographie à mi-chemin entre la peinture et la reproduction mécanique.

Man Ray, Violon d’Ingres 1924 Man Ray, Rayogramme 1927

Les rayogrammes de l’Américain Man Ray sont l’aboutissement des expériences qu’il a menées durant son enfance pour produire des photogrammes de feuilles à l’aide de la lumière du soleil. Ce type d’image est obtenu en déplaçant une source lumineuse autour d’objets, dont certains peuvent être transparents, disposés sur du papier sensible. Le papier enregistre - avec divers degrés de densité selon le temps de pose - les contours, les ombres et les motifs créés par la réfraction. Avec ses rayogrammes, Man Ray veut faire de la photographie sans appareil photo.

5 – LA PHOTOGRAPHIE : SUJET A LA FICTION

A partir des années 80, la photographie cesse d’être pour les artistes l’instrument d’enregistrement d’actions ou d’interventions dans le paysage pour devenir une œuvre à part entière. La finalité n’est pas uniquement la presse. Le tableau-photographique est né. La photographie est en couleur et destinée à être accrochée au mur. Elle sort de son format habituel 30X40cm pour prendre la forme d’un tableau

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

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comme dans les œuvres de Christian Boltanski, Jeff Wall ou Andres Serrano. Certains se font archéologues du temps présent comme les images des châteaux d’eau et de chevalements de mine d’Hilla et Bernd Becher. Ce sont des images pures dénuées de toute manipulation.

Bernd & Hilla Becher, Tate 1995

Aujourd’hui, la retouche photographique est partout. Lorsque Andreas Gursky photographie 99 cents, qui sera à son époque la photographie la plus chère du monde, il ne se contente pas de mettre en scène son image en plaçant soigneusement des figurants par exemple : il retouche ensuite les couleurs de sa photo, rajoute les poteaux...

Gursky, 99 cents, photographie 1999 Sandy Skoglund, la revanche des poissons,1981

La fiction sera un genre qui se développera avec Cindy Sherman dans ses « Films Stills », Sophie Calle ou encore Sandy Skoglund pour ses mises en scènes. Avec l’invention du numérique, d’autres vont être fascinés par la banalité comme Martin Parr ou Richard Billingham.

Martin Parr, clichés sur le tourisme

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

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Sophie Calle:

Artiste plasticienne, utilise la photographie dans des mises en scènes programmées. Par exemple, elle se fait engager dans un hôtel pour photographier les effets des clients dans leurs chambres et imagine des scenarii autour de photographies des effets personnels des occupants…Elle aime se raconter, raconter la vie des autres : Hervé Guibert lui consacra l’expression « Faiseuse d’histoires » .

L’artiste laisse entrer les chemins de l’aléatoire dans ses productions et peut-être le désir pour l’artiste de vouloir maîtriser l’inconnu tout en l’apprivoisant. C’est le travail du déplacement qui caractérise Sophie Calle.

A partir de 1980, elle joue avec le hasard de rencontres qui n’aboutissent pas. Elle décide de suivre des inconnus et de les photographier à leur insu. Elle note leurs déplacements puis finalement les perd de vue et finit par les oublier. Elle suivra ces inconnus dans la rue à Paris et à Venise. Ces passants lui feront découvrir les villes en imposant leur trajet. « Il fallait trouver quelque chose à faire. J’ai commencé par suivre des gens dans la rue. Je me suis aperçue que cela donnait une direction à mes promenades. C’était une manière de me laisser porter par l’énergie des autres, de les laisser décider les trajets pour moi. Et de ne pas avoir à prendre de décisions, sans pour autant rester cloîtrée chez moi. Circuler, découvrir ma ville. Et aussi errer, comme je l’avais fait durant mes voyages. » Sophie Calle.

6 – LA REVOLUTION NUMERIQUE / PISTES PEDAGOGIQUES

Le passage de l’analogique au digital représente un grand bouleversement pour les différents processus de traitement de l’image et de communication. Le zoom offre des multiples possibilités de cadrage et l’ordinateur intégré dans le boitier libère l’esprit du photographe de différentes contraintes techniques. Mais la révolution numérique avec le développement d’internet n’est pas simplement un bouleversement technique. Elle est aussi une révolution de la diffusion des images.

Il s’agit de la mise à disposition de chacun à la fois d’outils créatifs autrefois difficile d’accès, et également de la possibilité de les diffuser librement et de façon universelle.

Chacun peut être photographe et peut être vu par tous (réseaux sociaux).

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

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Il importe plus que jamais pour les élèves d’apprendre à voir, pour ne pas être submergés comme pour pouvoir faire le tri.

Nous vivons dans un monde en pleine mutation où le numérique prend une place de plus en plus importante chez les élèves. Nombreux sont ceux qui ont un portable, un ordinateur, une tablette avec la possibilité d’accéder à internet et de créer des images avec leur appareil. Cette exposition « Refaire surface » présente multiples visions du monde comme de véritables supports d’analyses d’images en classe (statuts de l’image / fonctions de la photographie : enregistrement du réel ? témoignage ? langage plastique ?) et d’expérimentations pratiques à partir d’images récupérées ou réalisées par les élèves (sur eux même et la société).

Compétences travaillées : Expérimenter / produire / créer

Recourir à des outils numériques de captation et de réalisation à des fins de création artistique.

Exploiter des informations et de la documentation pour servir un projet de création.

Propositions pédagogiques :

- « Représenter c’est présenter une deuxième fois par la photographie » : choix du cadrage / point de vue / interprétation du réel / trace/ geste de l’artiste

- - « Je garde une trace » / « Je capte » : captation d’un instant, d’un

déplacement en classe, au collège…d’un évènement. Comment ? - - « Je me souviens » : réalisation d’un carnet de voyage à partir de

photographies sur son quotidien / appropriation de documents et d’images documentaires pour reconstituer un souvenir.

- - « Albums de famille » : réalisation d’un livre / succession d’images /

composition / mise en scène de portraits.

[Anna. Dos Santos, Professeure d’arts plastiques chargée de mission au Centre d’Art LE LAIT

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Lexique de l’image

Cadrage : terme photographique et cinématographique qui désigne l’action de cadrer, c’est à dire de choisir ce qui sera ou non dans l’image. Le cadrage est toujours l’expression d’un choix artistique.

Cadre : qui délimite l’image, le champ photographique par rapport aux personnages, au décor.

Champ : partie de l’espace filmée par la caméra et visible à l’écran (surface contenu dans l’espace du cadre)

Contre-champ : montre la partie d’espace diamétralement opposée.

Fondu : enchaînement d’une image à une autre. Généralement utilisé pour marquer la fin (fermeture) et le début (ouverture) d’une nouvelle séquence. Le fondu peut être « enchaîné » : les deux images sont en surimpression pendant un court laps de temps ; ou encore, « au noir » : l’image s’obscurcit progressivement jusqu’à devenir totalement noire.

Hors-champ : espace non visible à l’écran mais pouvant contenir des éléments utiles à la compréhension de l’action. On dit d’un personnage ou d’un objet qu’il est hors champ s’il est situé hors du cadre.

Image : Représentation de quelque chose ou quelqu’un. Elle peut être fixe (dessin, photographie), animée (cinéma, vidéo), matérielle ou immatérielle c’est à dire virtuelle (projection, reflet sur un miroir).

Image de synthèse : image numérique entièrement réalisée avec des calculs informatiques

Image numérique : image scannée, stockée, diffusée ou imprimée par un ordinateur

Plan : Suite ininterrompue d’images enregistrées en une même prise de vue. C’est l’unité de base visuelle classique de la fabrication d’un film.

Plan-séquence : scène filmée en un seul plan et qui est restituée telle quelle dans le film, c’est-à-dire sans montage. Il peut durer de quelques secondes à plusieurs dizaines de minutes. L’action semble ainsi se dérouler dans la même temporalité que celle du spectateur.

Surimpression : terme, d’origine photographique, désigne le fait d’impressionner deux ou plusieurs images sur le même fragment de pellicule. Le résultat de cette opération est une image double, chacune des deux séquences impressionnées, pouvant être vue en même temps que l’autre.

Com

muniqué

depresse

Contact : Murielle Edet 06 72 82 22 78 / 09 63 03 98 [email protected]

www.centredartlelait.com

Centre d'art Le LAIT

Une nouvelle histoire commence !Après le départ des Moulins Albigeois,les perspectives pour 2018 et 2019

Pour rappel, créé en 1982 (anciennement nommé Cimaise et Portique,centre départemenental d'art contemporain), le centre d'art a pourmissions la production, la diffusion et la transmission de l'artcontemporain. Installé aux Moulins albigeois depuis 1989, le Centred'art déménage. Fin octobre il quittera son lieu le plus emblématique,les Moulins Albigeois, ancienne minotterie et vermicellerie, situé dans lepérimètre de la Cité Episcopale d'Albi classé à l'Unesco..

Le Centre d'art Le LAIT (Laboratoire Artistique International du Tarn),avec le soutien de ses partenaires institutionnels permanents, la Villed'Albi, le Département du Tarn, la Région Occitanie et le Ministère de laCulture - DRAC, prévoit son avenir en deux temps.

Après l'exposition Refaire Surface, dernière exposition aux MoulinsAlbigeois, Jackie-Ruth Meyer, fondatrice et directrice du centre d'artprévoit de mener un projet expérimental, à l'image de la programmationqu'elle a développé depuis trois décennies, orientée vers des artistes etdes formes questionnant le monde et la société, inspirés par lescontextes architecturaux et historiques.Participant au programme européen The SPUR (éperon), le Centre d'arts'engage dans un processus de revitalisation urbaine par la penséecréative, et développe un projet collaboratif avec de nombreuxpartenaires locaux et régionaux, pour une mise en œuvre au printemps2018, dans le centre ville. La programmation du centre d'art en 2018prendra donc la forme d'évènements et échanges interdisciplinaires,entre arts visuels, musique, littérature, danse, design, artisanat d'art,science, environnement...

À partir de 2019, la Ville mettra à disposition à titre provisoire lessalles de l'hôtel Rochegude avant d'engager avec l'ensemble despartenaires un lieu durable qui pourra regrouper la musique et les artsvisuels.

Par ailleurs le centre d'art poursuit son action à l'échelle dudépartement en proposant des conférences d'histoire de l'art et tout unpanel d'actions, projets sur mesure menés dans des établissementsscolaires, ou bien de type carcécal ou medico psychologique.

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Lieu d'exposition :Moulins Albigeois41 rue Porta - 81000 Albi

Renseignements :00 33 +5 63 73 33 5000 33 +9 63 03 98 [email protected]

Les Moulins Albigeois - Photo Phoebe Meyer

Exposition Refaire SurfaceSuspended spacesUne proposition de : ValérieJouve, Eric Valette, Daniel Lê,Françoise Parfait et Jackie-Ruth Meyer

Une exposition sous forme departition visuelle, rassemblantles images de 57 artistes, 57regards sur le monde, 57 façonsde refaire surface...

Jusqu'au 22 octobre 2017Du mercredi au dimanchede 14h à 19h

Informations pratiques

Contact presse

CommunicationMurielle EDET(0033)6 72 82 22 78 / (0033) 9 63 03 98 84

Les partenaires institutionnels du Centre d'art le LAIT

Direction Régionale des Affaires Culturelles / Ministère de la Culture et de la Communication, RégionOccitanie, Département du Tarn et la Ville d'Albi.

Lieu d'exposition

Moulins Albigeois – 41 rue Porta – 81000 AlbiDu mercredi au dimanche de 14h à 19hFermé les jours fériésRenseignements : 05 63 38 35 9109 63 03 98 [email protected]

Suspended SpacesRefaire Surface

Du 1 juillet au 22 octobre 2017Vernissage le vendredi 30 juin à 18h30

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En partenariat avec :

Le Centre d'art Le LAIT fait partie des réseaux :

Une proposition de :Valérie Jouve, Daniel Lê, Françoise Parfait, Eric Valette et Jackie-Ruth Meyer