RAPPORT DE STAGE MASTER - paris-malaquais.archi.fr

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RAPPORT DE STAGE MASTER QUATORZE CLAIRE PRÉVOT ENSA Paris-Malaquais, 2018

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RAPPORT DE STAGE MASTER

Q U AT O R Z E

CLAIRE PRÉVOT

ENSA Paris-Malaquais, 2018

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Romain, merci pour m’avoir montré qu’il y a mille façons d’exercer le métier d’architecte.

Caroline, merci pour ta confiance, ta gagne et tes mots.

Nancy, merci pour nos discussions et pour m’avoir appris sur moi-même.

Maïté, merci pour ta douceur et ta patience.

Marième, merci pour ton rire et ta gentillesse.

Damien, merci pour ton aide toujours avisée et ton savoir-faire.

Ruben, merci pour ta disponibilité et tous les plats partagés.

Dany, merci pour ta joie et ton enthousiasme.

Alice et Leïla, merci pour votre douce et folle complicité.

Mathilde, merci pour tous nos petits échanges.

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MOTIVATIONS DU STAGE

Mon séjour à Calais en 2015, dans le cadre d’un intensif, a marqué un tournant dans mon parcours d’étudiante et dans ma réflexion quant à l’architecte que je souhaiterais être. Depuis, mes réflexions se tournent vers le social et le po-litique, questionnant les notions d’intégration, de mixité sociale, de gestion et d’amélioration des conditions de vie des plus démunis, ou encore d’accueil et d’hospitalité. Si, à travers les cours de recherche proposé à l’ENSAPM, je me suis tou-jours intéressée à la politique migratoire, j’ai traité d’autres sujets dans mes cours de projets, m’ame-nant dans un quartier très démuni de Santiago au Chili, dans un petit village du Fujian en Chine et à Addis Abeba en Ethiopie.

Ma volonté était d’inscrire ce stage de six mois en continuité de ces réflexions et, dans le même temps, en rupture avec les pratiques que je connaissais. Je souhaitais, avant la fin de mes études, découvrir, expérimenter une autre ma-nière de faire et de penser le métier d’architecte.

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L’ASSOCIATION QUATORZE

Organisation Membres actifs Locaux Moyens matériels Fonctionnement Architecture sociale et solidaire

LES PROJETS

Dans les locaux :

IMBY Concours CAUE 94 Place des Fêtes L’Hermitage

Sur le terrain

Chantier du Rêv Café Workshop dans le bidon-ville des mûrs à pèche à Montrueil Workshop au Fab City Summit à La Villette Diagnostic social et spatial de l’accueil des exilés à Briançon

STRATÉGIES

Diversité des activités et champs d’action de l’architecte Communication Gestion Recherche de marchés

BILAN

BIBLIOGRAPHIE

p 8

p 13

p 25

p 35

p 45

p 49

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L’ASSOCIATION

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CRÉATION

L’association est créée en 2007 par quatre étudiants à la suite d’un travail de mémoire de recherche commun sur les actions inter-discipli-naires en architecture. À ses débuts, Quatorze organise surtout des workshops, intervient dans des cours ou des ateliers de co-conception dans le cadre de partenariats avec différentes écoles comme l’ENSAPB, l’ENSAPV ou encore le centre de formation Pierre et Marie Curie. L’association se professionnalise en 2013, après la réception d’une première subvention.

ORGANISATION

Comme toute association, et conformé-ment à la loi, Quatorze a un bureau composé d’une présidente, d’un secrétaire et d’un tréso-rier, auxquels s’ajoutent deux administrateurs. Aucun d’entre eux n’est rémunéré par l’associa-tion. Chaque trimestre, le conseil de direction doit établir un rapport de gestion dans le but d’être évalué et validé par les membres du bu-reau. Ces derniers prennent également les dé-cisions concernant les ressources humaines et la pérennité de la structure. Parallèlement à ce bureau, une équipe active est composée d’une dizaine de membres (variant en fonction des arrivées et des départs de stagiaires et services civiques). Jusqu’à peu, la hiérarchie était pyramidale avec un directeur général en tête. Aujourd’hui, suite à une volon-té d’horizontaliser la direction selon un modèle d’holacratie1, il y a quatre co-directeurs. Les be-soins de gestion ont été divisés en quatre pôles : finance, développement, communication et res-sources humaines. Les quatre co-directeurs, en binômes, gèrent chacun deux de ces pôles.

MEMBRES ACTIFS

L’équipe est composée de quatre salariés, quatre prestataires auto-entrepreneurs, de sta-

1 L’holacratie est un modèle de gouvernance basé sur la mise en œuvre de l’intelligence collective. Cela se concré-tise par des systèmes de prise de décision répartis à travers diverses équipes auto-organisées.

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CRÉATION

L’association est créée en 2007 par quatre étudiants à la suite d’un travail de mémoire de recherche commun sur les actions inter-discipli-naires en architecture. À ses débuts, Quatorze organise surtout des workshops, intervient dans des cours ou des ateliers de co-conception dans le cadre de partenariats avec différentes écoles comme l’ENSAPB, l’ENSAPV ou encore le centre de formation Pierre et Marie Curie. L’association se professionnalise en 2013, après la réception d’une première subvention.

ORGANISATION

Comme toute association, et conformé-ment à la loi, Quatorze a un bureau composé d’une présidente, d’un secrétaire et d’un tréso-rier, auxquels s’ajoutent deux administrateurs. Aucun d’entre eux n’est rémunéré par l’associa-tion. Chaque trimestre, le conseil de direction doit établir un rapport de gestion dans le but d’être évalué et validé par les membres du bu-reau. Ces derniers prennent également les dé-cisions concernant les ressources humaines et la pérennité de la structure. Parallèlement à ce bureau, une équipe active est composée d’une dizaine de membres (variant en fonction des arrivées et des départs de stagiaires et services civiques). Jusqu’à peu, la hiérarchie était pyramidale avec un directeur général en tête. Aujourd’hui, suite à une volon-té d’horizontaliser la direction selon un modèle d’holacratie1, il y a quatre co-directeurs. Les be-soins de gestion ont été divisés en quatre pôles : finance, développement, communication et res-sources humaines. Les quatre co-directeurs, en binômes, gèrent chacun deux de ces pôles.

MEMBRES ACTIFS

L’équipe est composée de quatre salariés, quatre prestataires auto-entrepreneurs, de sta-

1 L’holacratie est un modèle de gouvernance basé sur la mise en œuvre de l’intelligence collective. Cela se concré-tise par des systèmes de prise de décision répartis à travers diverses équipes auto-organisées.

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giaires et de services civiques. Les quatre presta-taires travaillent exclusivement pour l’association.

- Romain Minod : architecte DE, co-fonda-teur de Quatorze, ancien directeur général et au-jourd’hui co-directeur finance et développement, salarié. - Nancy Ottaviano : architecte DE, docteur en aménagement de l’espace et en urbanisme, co-directrice communication et ressources hu-maines, prestataire, auto-entrepreneuse. - Ruben Salvador Torres : architecte DPLG, co-directeur finance et développement, salarié. - Damien Beslot : architecte DE, co-fonda-teur de Quatorze, co-directeur communication et ressources humaines, prestataire, auto-entrepre-neur. - Caroline Monrat : architecte DE, presta-taire, auto-entrepreneuse. - Marième Faye : administratrice, salariée. - Maïté Pinchon : urbaniste, salariée. - Daniel Millor Vela : architecte DPLG, prestataire, auto-entrepreneur.

Lors de mon arrivée étaient présentes deux services civiques et lors de mon départ, deux autres stagiaires.

- Alice Bardou : étudiante en design so-cial, service civique. - Leïla Cabiac: étudiante en sciences poli-tiques, service civique. Mathilde Hérault : designer d’espace, stagiaire - Antoine Aparicio: étudiant en ingénierie génie civil, stagiaire chez Léon Grosse et chez Quatorze un jour par semaine via Vendredi2.

LOCAUX

Le Square, situé au 3 Passage Saint Pierre Amelot, dans le 11ème arrondissement de Paris, est un ancien garage Renault. Tout juste racheté, il est aujourd’hui en attente de travaux de réha-bilitation et est donc utilisé comme espace de co-working par une quinzaine d’entreprises, soit

2 Vendredi est une entreprise qui permet aux grosses entre-prises de laisser leurs stagiaires à une plus petite un jour par semaine, généralement le vendredi.

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environ 150 personnes. L’espace comprend un parking, dont une partie est utilisée comme ate-lier de construction, des espaces ouverts structu-rés par des étagères pour chaque entreprise, des salles fermées, des salles de siestes, des espaces avec des canapés, une cuisine construite par Qua-torze et un espace pour manger. Une fois par se-maine, des représentants de chaque entreprise se réunissent pendant une heure pour parler du lieu. Une fois par mois, un déjeuner collaboratif est or-ganisé entre tous les résidents et des apéritifs ont lieu régulièrement.

MOYENS MATÉRIELS

Quatorze possède un ordinateur, utilisé par l’administratrice. Tous les autres membres doivent travailler sur leur propre ordinateur. L’association possède néanmoins deux imprimantes, une 2D et une 3D, ainsi que de nombreux outils de chantier : scies circulaires, visseuses, perceuses, ponceuses, soudeuse, marteaux, vis… Les logiciels les plus fréquemment utilisés sont Autocad et Sketchup. Archicad et Rhino le sont ponctuellement. Néan-moins, le fait de travailler avec diverses entre-prises et personnes nécessite d’avoir beaucoup plus de logiciels sous la main et d’être capable de les utiliser et/ou de les appréhender rapidement. Avoir ses bureaux dans un endroit tel que Le Square est un avantage pour Quatorze. En plus d’être l’occasion d’agrandir son réseau, de trouver de potentiels nouveaux clients, cela per-met d’être proche d’entreprises avec des compé-tences complémentaires à celles de l’association. Par exemple, NOD-A est une start-up du faire. Ainsi, elle possède, entre autres, une laser-cut fré-quemment utilisée par l’équipe de Quatorze pour ses maquettes.

FONCTIONNEMENT

Tous les lundis, à 11h, a lieu une réunion d’équipe. Elle commence systématiquement par un « tour d’inclusion », où chaque participant ex-prime son état moral. Puis est établi, par tous, un ordre du jour, en fonction de ce que chacun a à dire sur les projets ou l’association. Les stagiaires

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ou services civiques ne prennent généralement pas la parole – bien que rien ne les en empêche – et ce sont généralement les chefs de projet qui choisissent ou non s’il est nécessaire d’évoquer le projet en question. Une fois le plan établi dans un document auquel chacun peut avoir accès en temps réel grâce à un serveur, l’administratrice débute le déroulement par un point finance. L’ordre du jour précédemment énoncé est res-pecté. C’est le moment où l’équipe se tient infor-mée des projets en cours, des projets à venir. Cela peut aussi être un moment de prise de décision collective. La réunion se clôt en général au bout d’une heure ou deux par un « tour d’exclusion » lors duquel chacun résume la façon dont il envi-sage sa semaine. À ces réunions hebdomadaires, s’ajoutent des réunions régulières avec le Conseil d’Admi-nistration, entre les co-directeurs, en binômes ou à quatre, et des réunions de projet, soit entre les personnes travaillant sur un même projet (in-ter-quatorze) soit avec des acteurs extérieurs ac-tifs sur le projet3 pour discuter de ce dernier.

Les co-directeurs ont des fichiers de ges-tion pour les finances, les plans de charges, les ressources humaines. Je n’ai vu ces documents qu’une fois, lors d’une réunion d’équipe où était fait un bilan de fin d’année. Néanmoins, chaque membre actif de Quatorze doit chaque mois rem-plir un calendrier précis de ses journées dans le but de tenir à jour un fichier RH général résumant les heures que chacun a passé sur tel projet, les heures à récupérer, les jours de vacances etc. Ces emplois du temps étant reliés aux adresses mails, ils permettent d’avoir accès aux calendriers des autres (sous condition d’autorisation de leur part) et facilitent ainsi parfois l’organisation.

Le suivi des projets par tous est égale-ment possible grâce à un serveur de discussion dans lequel chaque projet a son canal. C’est là qu’ont lieu toutes les discussions en différé entre

3 Ces acteurs extérieurs, actifs sur les projets, peuvent être par exemple le charpentier Nicolas Boussereau avec qui Quatorze travaille beaucoup, notamment sur IMBY, ou d’autres associations ou entreprises comme Yes We Camp ou REI avec qui Quatorze s’est associé pour faire le café Rêv ,ou Article 13 d’Emmaüs Solidarité co-participant au projet de Briançon.

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les membres de Quatorze et où les rendus et dif-férents documents sont postés. Chacun pouvant avoir accès à ces canaux, cela permet à tous de se tenir informés sur tout.

Ces canaux et réunions hebdomadaires m’ont été d’une grande aide lorsqu’en fin de stage j’ai dû travailler sur des projets en cours. Cela m’a permis d’avoir déjà en tête un certain nombre de connaissances et de trouver facile-ment les informations dont j’avais besoin.

ARCHITECTURE SOCIALE ET SOLIDAIRE

Quatorze se définit comme une association faisant de l’architecture « sociale et solidaire pour une ville agile et résiliente »4. Tous les membres de l’équipe sont donc réunis autours d’une même idée et orientent leurs projets vers une même di-rection. L’idée est de chercher à travers le faire une équité sociale, conciliée aux activités écono-miques du milieu, le tout dans le respect de l’en-vironnement et des envies et besoins de chacun des concernés. En suivant ce principe Quatorze veut croire à une certaine agilité et capacité de résilience des villes.

4 Quatorze, Petit Précis Quatorzien, document imprimé à l’occasion des 10 ans de l’association.

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LES PROJETS

Dans les locaux

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IMBY (IN MY BACKYARD)

Historique, financements et partenaires :

IMBY nait de l’association de Quatorze et de D.A.T Pangea dans le cadre d’un concours or-ganisé par un muséum d’architecture finlandais in-titulé : « From Border to Home ». Leurs réflexions autours de l’architecture sociale et solidaire ainsi que leurs idées, les mènent au dessin d’une pre-mière tiny-house5. Il leur fait remporter le premier prix d’honneur du concours et sera exposé à la biennale d’architecture de Venise en 2016. Le projet est par la suite développé en France, par Quatorze grâce à un partenariat avec le SAMU Social de Paris et leur programme ELAN6. Les financements pour le développement du pro-jet, la conception et l’installation des tiny-houses viennent de subventions ou de dons de parti-culiers. Ce mode de financement est dû au fait que le projet génère sa propre commande. Tout comme il doit trouver ses propres clients pour exister et ses propres bénéficiaires, il doit trouver son propre modèle économique.

Ambitions :

L’ambition du projet IMBY est importante. Vitrine de l’association, il véhicule son leitmotiv : « développer une approche de l’architecture so-ciale et solidaire, pour une ville agile et résiliente »7. Ce projet de longue haleine se concentre d’abord en Île-de-France mais est rêvé à échelle nationale, voire internationale. Avec le développement du projet, l’ambi-tion est d’abord, constructive. En multipliant les tiny-houses, il est possible de commencer à les penser, à les concevoir et à les fabriquer, comme un objet industriel, à la chaîne. Ce changement

5 La tiny-house est, littéralement, une petite maison. Ce concept architectural s’est notamment développé aux Etats-Unis ces dernières années.6 ELAN est un programme mis en place par le Samu So-cial de Paris dans le but d’accompagner et de sécuriser les démarches d’accueil de personnes réfugiées chez des par-ticuliers.7 Quatorze, https://www.imby.fr

IMBY nait de l’association de Quatorze et de D.A.T Pangea dans le cadre d’un concours or-ganisé par un muséum d’architecture finlandais intitulé : «From Border to Home». Leurs réflexions autour de l’architecture sociale et solidaire ainsi que que leurs idées les mènent au dessin d’une première tiny-house5. Il leur fait remporter le pre-mier prix d’honneur du concours et sera exposé à la biennale d’architecture de Venise en 2016.

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IMBY (IN MY BACKYARD)

Historique, financements et partenaires :

IMBY nait de l’association de Quatorze et de D.A.T Pangea dans le cadre d’un concours or-ganisé par un muséum d’architecture finlandais in-titulé : « From Border to Home ». Leurs réflexions autours de l’architecture sociale et solidaire ainsi que leurs idées, les mènent au dessin d’une pre-mière tiny-house5. Il leur fait remporter le premier prix d’honneur du concours et sera exposé à la biennale d’architecture de Venise en 2016. Le projet est par la suite développé en France, par Quatorze grâce à un partenariat avec le SAMU Social de Paris et leur programme ELAN6. Les financements pour le développement du pro-jet, la conception et l’installation des tiny-houses viennent de subventions ou de dons de parti-culiers. Ce mode de financement est dû au fait que le projet génère sa propre commande. Tout comme il doit trouver ses propres clients pour exister et ses propres bénéficiaires, il doit trouver son propre modèle économique.

Ambitions :

L’ambition du projet IMBY est importante. Vitrine de l’association, il véhicule son leitmotiv : « développer une approche de l’architecture so-ciale et solidaire, pour une ville agile et résiliente »7. Ce projet de longue haleine se concentre d’abord en Île-de-France mais est rêvé à échelle nationale, voire internationale. Avec le développement du projet, l’ambi-tion est d’abord, constructive. En multipliant les tiny-houses, il est possible de commencer à les penser, à les concevoir et à les fabriquer, comme un objet industriel, à la chaîne. Ce changement

5 La tiny-house est, littéralement, une petite maison. Ce concept architectural s’est notamment développé aux Etats-Unis ces dernières années.6 ELAN est un programme mis en place par le Samu So-cial de Paris dans le but d’accompagner et de sécuriser les démarches d’accueil de personnes réfugiées chez des par-ticuliers.7 Quatorze, https://www.imby.fr

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impliquerait la mise en œuvre de nouveaux sa-voir-faire, voire de nouvelles technologies. Outre l’apport qualificatif, Quatorze proposerait sur le marché un nouveau modèle d’habitat allant de paire avec un nouveau modèle constructif. Enfin, l’ambition ultime d’IMBY fait appel aux vieilles interrogations et croyances des fonda-teurs de l’association, aux raisons pour lesquelles Quatorze a été créée. L’architecture peut géné-rer sa propre commande et partant de là, mettre en place, autours d’elle, un système économique stable et circulaire. La recherche de ce système est aujourd’hui toujours en cours allant des de-mandes de subventions à la pré-vente des mai-sons. Mais, quelque soit le modèle envisagé, une constante persiste : la volonté de se servir du pro-jet pour proposer des formations. Bien que cela ne soit pas suffisant à faire tourner l’économie du projet et produire les tiny-houses, cela génèrerait une nouvelle commande. L’architecture, après avoir généré sa propre commande, en entraine-rait une autre à son tour.

Un projet politique :

En proposant une solution d’hébergement pour des personnes sans-abris et, de surcroit, ré-fugiées, IMBY est fondamentalement contempo-rain et politique. Cette caractéristique constitue la plus grande difficulté à son développement. L’implantation du projet fonctionnant sur du volontariat, puis sur une sélection géogra-phique et spatiale (proximité des transports en commun et/où de Paris, taille du jardin, etc), la maisonnette peut se retrouver dans n’importe quelle commune, quelque soit les revendications politiques de sa Mairie. Le problème réside alors dans le fait qu’il faille déposer une déclaration préalable puis un permis de construire pour ins-taller la tiny-house. Les Mairies s’opposant politi-quement au projet n’ont ainsi aucun mal à empê-cher son installation. Pourtant, avec ce projet, Quatorze prend place sur la scène publique et se positionne, contrairement à d’autres associations ou archi-tectes, avec le système. IMBY est réservé aux personnes ayant déjà obtenu le statut de réfu-gié - écartant ainsi le débat politique sur les « mi-grants » économiques ou demandeurs d’asile - et

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Enfin, l’ambition ultime d’IMBY fait appel aux vieilles interrogations et croyances des fonda-teurs de l’association, aux raisons pour lesquelles Quatorze a été créée. L’architecture peut géné-rer sa propre commande et partant de là, mettre en place, autour d’elle, un système économique stable et circulaire. La recherche de ce système est aujourd’hui toujours en cours allant des de-mandes de subventions à la pré-vente des mai-sons. Mais, quelque soit le modèle envisagé, une constante persiste : la volonté de se servir du pro-jet pour proposer des formations. Bien que cela ne soit pas suffisant à faire tourner l’économie du projet et produire les tiny-houses, cela génèrerait une nouvelle commande. L’architecture, après avoir généré sa propre commande, en entraine-rait une autre à son tour.

En proposant une solution d’hébergement pour des personnes sans-abri et, de surcroit, ré-fugiées, IMBY est fondamentalement contempo-rain et politique. Cette caractéristique constitue la plus grande difficulté à son développement. L’implantation du projet fonctionnant sur du volontariat, puis sur une sélection géogra-phique et spatiale (proximité des transports en commun et/ou de Paris, taille du jardin, etc), la maisonnette peut se retrouver dans n’importe quelle commune, quelles que soient les revendi-cations poliitques de sa Mairie. Le problème ré-side alors dans le fait qu’il faille déposer une dé-claration préalable puis un permis de construire pour installer la tiny-house. Les Mairies s’oppo-sant politique au projet n’ont ainsi aucun mal à empécher son installation.

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travaille avec les instances publiques telles que la DIHAL8 ou le Samu Social de Paris.

La place de l’architecte :

Avec IMBY, l’équipe de Quatorze se posi-tionne du côté de l’architecte oeuvrant avec ses outils pour changer la société dans laquelle il vit et dont, in fine, le projet n’est pas matériel mais bien idéologique. Ici, Quatorze donne une place singulière à l’architecte. Il le rend omniprésent et acteur prin-cipal tout au long du processus architectural, de la génération de la commande, en l’occurrence auto-générée, jusqu’au delà de la livraison du bien.

Description de mes tâches et du travail effectué :

J’ai travaillé sur IMBY tout au long de mon stage. J’ai produit les déclarations préalables pour deux tiny-houses. Pour ce faire, mes activités se sont étendues de l’étude des PLUs en vigueur et du dessin des plans, coupes et perspectives à la présentation du projet en Mairie, en passant par les rendez-vous avec les futurs accueillants mais aussi les accueillants et l’accueilli actuels, le remodelage de l’intérieur de la tiny-house, la re-cherche de matériaux et la participation à un sa-lon pour parler du projet.

Outils de travail :

À l’exception des esquisses, réalisées sur mon carnet ou sur calque, j’ai principalement tra-vaillé sur mon ordinateur à l’aide d’internet et des logiciels que je connaissais déjà comme Rhino-céros et la suite Adobe (Photoshop, Indesign et Illustrator)

Retour sur cette expérience :

IMBY m’a appris la patience, le temps long. Même si ce n’est pas un projet que je suis depuis ses prémices, ces six mois m’ont laissé le temps

8 La DIHAL est la Délégation Interministérielle à l’Héberge-ment et à l’Accès au Logement.

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884 600 365 800 355 2400 617

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16631193

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travaille avec les instances publiques telles que la DIHAL8 ou le Samu Social de Paris.

La place de l’architecte :

Avec IMBY, l’équipe de Quatorze se posi-tionne du côté de l’architecte oeuvrant avec ses outils pour changer la société dans laquelle il vit et dont, in fine, le projet n’est pas matériel mais bien idéologique. Ici, Quatorze donne une place singulière à l’architecte. Il le rend omniprésent et acteur prin-cipal tout au long du processus architectural, de la génération de la commande, en l’occurrence auto-générée, jusqu’au delà de la livraison du bien.

Description de mes tâches et du travail effectué :

J’ai travaillé sur IMBY tout au long de mon stage. J’ai produit les déclarations préalables pour deux tiny-houses. Pour ce faire, mes activités se sont étendues de l’étude des PLUs en vigueur et du dessin des plans, coupes et perspectives à la présentation du projet en Mairie, en passant par les rendez-vous avec les futurs accueillants mais aussi les accueillants et l’accueilli actuels, le remodelage de l’intérieur de la tiny-house, la re-cherche de matériaux et la participation à un sa-lon pour parler du projet.

Outils de travail :

À l’exception des esquisses, réalisées sur mon carnet ou sur calque, j’ai principalement tra-vaillé sur mon ordinateur à l’aide d’internet et des logiciels que je connaissais déjà comme Rhino-céros et la suite Adobe (Photoshop, Indesign et Illustrator)

Retour sur cette expérience :

IMBY m’a appris la patience, le temps long. Même si ce n’est pas un projet que je suis depuis ses prémices, ces six mois m’ont laissé le temps

8 La DIHAL est la Délégation Interministérielle à l’Héberge-ment et à l’Accès au Logement.

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d’appréhender la lenteur du processus architec-tural. Bien que le projet n’en soit pas à ces débuts, je suis arrivée au moment d’une phase de re-com-mencement. La première maison avait été instal-lée depuis plus d’un an, un bilan était en cours. Il fallait alors reprendre les recherches et demandes de subventions, un travail laborieux et de longue haleine qui mobilise énormément de temps et d’énergie. Il fallait ensuite trouver de nouveaux potentiels accueillants et faire les déclarations préalables, un travail d’aller-retours complexifié par le refus politique de l’une des Mairies concer-nées. J’ai aussi compris qu’il était très important que les rôles soient clairement définis pour tous au sein d’une équipe de travail, afin de faciliter le développement du projet. Cela évite aussi les confusions auprès des interlocuteurs extérieurs à l’entreprise.

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CONCOURS CAUE

Contexte, délais et financements :

Le Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement du Val de Marne, structure investie d’une mission d’intérêt public - à savoir promouvoir la qualité de l’architecture, de l’urba-nisme et de l’environnement dans son départe-ment - souhaite se faire construire une nouvelle vitrine mobile sur le modèle de la tiny-house. Le CAUE 94 contacte donc Quatorze début février pour un rendu de concours mi-Mars, l’idée étant que la tiny-house soit livrée avant la fin de l’année. La première phase de concours est rémunérée par l’organisme et le prix de l’enveloppe totale est également annoncé afin que les propositions soient envisagées en conséquence.

Ré-utilisation d’un autre projet :

Le CAUE 94 n’étant pas un organisme pu-blic, il n’a pas l’obligation d’organiser un concours. Il le fait néanmoins mais présélectionne les quatre équipes participantes. Ainsi, il contacte Quatorze après avoir eu connaissance du projet IMBY. La commande restant un objet similaire, l’équipe dé-cide, pour gagner du temps, de se baser sur la tiny-house existante pour l’aspect extérieur et la forme générale et de ne travailler que l’intérieur pour correspondre aux attentes du concours. Réutiliser les idées et concepts existants permet aussi d’avancer le développement d’IMBY paral-lèlement et de travailler deux projets en un. Le gain de temps est énorme et cela favorise l’opti-misation des plans de charge.

Entre concours et commande :

Alors que le concours n’était sensé se faire qu’en une phase, le jury se retrouve en incapacité de choisir entre deux des quatre équipes, aucun des projets ne le satisfaisant entièrement. Il en-voie alors à chacune une notice extrêmement pré-cise avec les points à garder et les points à chan-ger, aiguillant ces derniers vers les idées qui leur plaisent. L’exercice change alors un peu, passant

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d’une proposition libre sans contraintes esthé-tiques ou formelles à son adaptation aux goûts du client. L’enjeu de cette deuxième phase est alors de trouver le savant mélange entre les volontés formelles du CAUE et l’identité esthétique de Quatorze, aussi éloignées qu’elles puissent l’être.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Pour ce concours, mon travail a été de penser l’aménagement intérieur de la tiny-house et à produire les documents du concours.

Outils de travail :

J’ai utilisé Rhinocéros et la suite Adobe. Il a cependant fallu faire quelques allers-retours avec Autocad et Sketch up, logiciels utilisés par l’archi-tecte avec laquelle je travaillais.

Retour sur cette expérience :

Un concours est toujours un moment sti-mulant, il y a de l’enjeu et il faut être le meilleur. La difficulté principale de la demande, lors de la première phase, était la contrainte de poids pour que l’objet puisse rester mobile. Ce problème ne m’a pas directement concernée car je n’étais pas en charge de faire les calculs, néanmoins cela a posé, entre autres, des questions structurelles auxquelles j’ai du m’intéresser pour pouvoir des-siner. Je ne sais pas si les projets les plus intéres-sants sont les plus contraints, en tous cas cela peut pousser à redoubler d’ingéniosité. Le débat soulevé par la deuxième phase a été intéressant. Tous les architectes de l’association se sont réunis pour discuter du design extérieur de la tiny-house. La question était : quelle image veut-on véhiculer ? Quel type d’architecture souhaitons-nous faire ? Le fait que toute l’association réponde ensemble à ces questions m’a semblé une honorable et belle intention. Tout le monde est concerné par le projet même sans y participer activement. Cela donne à penser une manière différente de consi-dérer et d’éprouver le projet sur lequel on ne tra-vaille pas au sein d’une équipe.

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PLACE DES FÊTES

Contexte et antécédents :

Mi-2015, la Mairie de Paris lance « Réinven-ter les places » dans le but de réaménager sept grandes places de la capitale : Bastille, Nation, Madeleine, Panthéon, Italie, Gambetta et Fêtes. Pour ces deux dernières, Quatorze fait partie du groupement sélectionné, avec 169 Architecture, alors mandataire des deux projets, et Elioth, un atelier d’ingénierie collaborateur de 169. Néan-moins, les deux entreprises délaissent rapidement le projet, estimant les honoraires insuffisants. Par avenant au contrat initial, Quatorze reprend alors la mission de maîtrise d’œuvre, tandis que 169 et Elioth doivent se charger des études techniques.

Relation architecte/ingénieurs :

Sur ce projet, la relation entre les archi-tectes de Quatorze et les ingénieurs est particu-lièrement compliquée à cause du problème bud-gétaire. Jugé insuffisant par les ingénieurs, ils ne produisent pas les études qu’ils sont sensés four-nir à Quatorze pour que le projet avance. La diffi-culté est encore accrue par les relations humaines et les comportements parfois peu louables et peu professionnels de certains, qu’il faut néanmoins savoir gérer.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Les ingénieurs utilisant Rhinocéros, mon travail a consisté en reprendre la modélisation sketch up de l’existant et du projet, et à redes-siner la structure en l’ajustant en fonction des contraintes structurelles et sécuritaires. Les dis-cussions avec les ingénieurs évoluant peu à peu, la modélisation a dû être modifiée et refaite plu-sieurs fois.

Retour sur cette expérience :

Bien que je n’aie pas beaucoup participé à l’élaboration de la structure, le travail étant déjà

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PLACE DES FÊTES

Contexte et antécédents :

Mi-2015, la Mairie de Paris lance « Réinven-ter les places » dans le but de réaménager sept grandes places de la capitale : Bastille, Nation, Madeleine, Panthéon, Italie, Gambetta et Fêtes. Pour ces deux dernières, Quatorze fait partie du groupement sélectionné, avec 169 Architecture, alors mandataire des deux projets, et Elioth, un atelier d’ingénierie collaborateur de 169. Néan-moins, les deux entreprises délaissent rapidement le projet, estimant les honoraires insuffisants. Par avenant au contrat initial, Quatorze reprend alors la mission de maîtrise d’œuvre, tandis que 169 et Elioth doivent se charger des études techniques.

Relation architecte/ingénieurs :

Sur ce projet, la relation entre les archi-tectes de Quatorze et les ingénieurs est particu-lièrement compliquée à cause du problème bud-gétaire. Jugé insuffisant par les ingénieurs, ils ne produisent pas les études qu’ils sont sensés four-nir à Quatorze pour que le projet avance. La diffi-culté est encore accrue par les relations humaines et les comportements parfois peu louables et peu professionnels de certains, qu’il faut néanmoins savoir gérer.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Les ingénieurs utilisant Rhinocéros, mon travail a consisté en reprendre la modélisation sketch up de l’existant et du projet, et à redes-siner la structure en l’ajustant en fonction des contraintes structurelles et sécuritaires. Les dis-cussions avec les ingénieurs évoluant peu à peu, la modélisation a dû être modifiée et refaite plu-sieurs fois.

Retour sur cette expérience :

Bien que je n’aie pas beaucoup participé à l’élaboration de la structure, le travail étant déjà

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bien avancé lorsqu’il m’a été demandé de la mo-déliser sur Rhino, l’exercice est resté très intuitif. J’ai été surprise de constater que les ingénieurs ne prenaient pas part au dessin de la structure mais avaient une mission de bureau de contrôle.J’ai également eu un petit aperçu de la difficul-té de travailler face aux pouvoirs publics et de la pression que cela représente pour l’architecte responsable. Enfin, cela m’a appris l’importance d’avoir un réseau de confiance, comportant différents corps de métier, afin de pouvoir rebondir le plus rapidement possible en cas de nécessité ou d’abandon de collaborateurs.

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L’HERMITAGE

Contexte et souhaits :

L’Hermitage est un domaine de trente hectares, situé dans l’Oise à Autrêches. Siège de l’ONG Centre International de Développement et de Recherche (CIDR) depuis 1950, il est mis en vente en 2016. Un réseau de particuliers et d’as-sociations se met alors en place pour reprendre le lieu et le transformer en accord avec des pro-blématiques du XXIème siècle et une envie d’ex-périmenter un habiter-mieux éco-responsable. La volonté finale est de créer un lieu d’émulation au-tours de la transition énergétique, de l’agro-éco-logie, du hacking citoyen et du vivre ensemble. Aujourd’hui le lieu accueille déjà un public diversifié, dans différents types d’habitats et pour différentes activités. Ce projet d’éco-rénovation est souhaité en plusieurs temps. Sur les vingt-et-un bâtiments du site, seuls deux sont concernés par la première phase. Elle a pour but d’ancrer le projet dans une dynamique d’empreinte écologique limitée, en accord avec les contraintes opérationnelles régle-mentaires et usuelles.

Place de l’architecte :

Quand Quatorze est appelé, une entreprise et un architecte ont déjà effectué un diagnostic des deux bâtiments concernés et des plans ont été produits. L’association est contactée pour ses compétences en architecture participative avec pour objectif l’organisation d’un atelier participa-tif sur la rénovation des deux bâtiments.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Après avoir pris connaissance du diagnos-tique, phasage et cahier des charges fourni par le réseau associatif de l’Hermitage, mon premier travail a été d’assembler les différents plans en notre possession afin de comprendre l’espace et l’organisation des étages sur lesquels il fallait in-tervenir. Cette étape - finalement plus laborieuse

L’Hermitage est un domaine de trente hectares, situé dans l’Oise à Autrêches. Siège de l’ONG Centre International de Développement et de Recherche (CIDR) depuis 1950, il est mis en vente en 2016. Un réseau de particuliers et d’as-sociations se met alors en place pour reprendre le lieu et le transformer en accord avec des pro-blématiques du XXIème siècle et une envie d’ex-périmenter un habiter-mieux éco-responsable. La volonté finale est de créer un lieu d’émulation au-tour de la transition énergétique, de l’agro-écolo-gie, du hacking citoyen et du vivre ensemble.

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L’HERMITAGE

Contexte et souhaits :

L’Hermitage est un domaine de trente hectares, situé dans l’Oise à Autrêches. Siège de l’ONG Centre International de Développement et de Recherche (CIDR) depuis 1950, il est mis en vente en 2016. Un réseau de particuliers et d’as-sociations se met alors en place pour reprendre le lieu et le transformer en accord avec des pro-blématiques du XXIème siècle et une envie d’ex-périmenter un habiter-mieux éco-responsable. La volonté finale est de créer un lieu d’émulation au-tours de la transition énergétique, de l’agro-éco-logie, du hacking citoyen et du vivre ensemble. Aujourd’hui le lieu accueille déjà un public diversifié, dans différents types d’habitats et pour différentes activités. Ce projet d’éco-rénovation est souhaité en plusieurs temps. Sur les vingt-et-un bâtiments du site, seuls deux sont concernés par la première phase. Elle a pour but d’ancrer le projet dans une dynamique d’empreinte écologique limitée, en accord avec les contraintes opérationnelles régle-mentaires et usuelles.

Place de l’architecte :

Quand Quatorze est appelé, une entreprise et un architecte ont déjà effectué un diagnostic des deux bâtiments concernés et des plans ont été produits. L’association est contactée pour ses compétences en architecture participative avec pour objectif l’organisation d’un atelier participa-tif sur la rénovation des deux bâtiments.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Après avoir pris connaissance du diagnos-tique, phasage et cahier des charges fourni par le réseau associatif de l’Hermitage, mon premier travail a été d’assembler les différents plans en notre possession afin de comprendre l’espace et l’organisation des étages sur lesquels il fallait in-tervenir. Cette étape - finalement plus laborieuse

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que prévu - accomplie, le jeu a pu commencer. En respectant le cahier des charges, j’ai dû remo-deler l’espace pour l’optimiser et répondre aux attentes (nombre de couchages, de toilettes et douches, places en salon et salle à manger, etc…)

Retour sur cette expérience :

Sur le temps court de ce travail, j’ai fait face à deux petites difficultés. La première a été celle du logiciel. Habituée à Rhinocéros depuis quatre années, j’ai du me refamiliariser à Autocad. Je pense qu’il est primordial pour un architecte de pouvoir facilement travailler sur différents logi-ciels. Cela limite la perte de temps que génère l’adaptation et permet une communication plus facile avec les autres acteurs d’un projet. La deuxième a été celle de devoir s’ap-proprier un projet sans l’avoir visité et sans avoir accès à des photos, ou presque. Cette difficulté a été accrue par le fait que les plans des étages des deux bâtiments n’étaient pas joints, contrai-rement à la réalité, et que j’avais accès à plusieurs plans différents du même étage sans savoir lequel correspondait à l’état actuel. J’ai cependant été amusée et sidérée des aberrations que sont capables de dessiner cer-tains architectes et cela m’encourage dans la ri-gueur de mon travail.

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LES PROJETS

Sur le terrain

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CHANTIER DU RÊV CAFÉ

Projet et acteurs :

Toujours selon l’idée et la volonté de rendre l’architecte actif du début à la fin du projet d’ar-chitecture, les membres de Quatorze participent et organisent eux-mêmes certains des chantiers de leurs projets. Rêv est un café associatif et solidaire, dessi-né, construit puis géré avec une autre association d’architectes, Yes We Camp, et une entreprise de designers/constructeurs bois : REI.

Un chantier participatif :

L’intégralité du chantier est réalisée par les trois équipes à l’exception du traitement du sol en béton, qui sera délégué à une entreprise ex-térieure, et de la pose d’un faux plafond éco-res-ponsable laissée à l’entreprise qui produit le ma-tériau. Pour le reste, le chantier est divisé en trois parties : une œuvre en bois designée et réalisée par REI, le bar et la cuisine nécessitant de travail-ler le métal réalisés par Yes We Camp et l’espace de consommation et de détente par Quatorze. Comme beaucoup de chantiers organisés par l’association celui-ci a vocation à être partici-patif. Les réseaux sociaux sont vivement mobilisés pour trouver des bénévoles le temps d’une se-maine de chantier. Cela permet d’avoir de la main d’œuvre gratuite sur un chantier où une grosse partie du travail ne demande pas d’expertise : poncer puis mettre des couches de fond dur et de vernis sur des pièces en bois. Les trois équipes travaillant en même temps sur le site, le chantier doit être bien pré-paré et bien organisé. Sur place, les différents es-paces de travail sont partitionnés, avec une atten-tion particulière pour l’espace dédié au vernis afin de limiter son exposition à la poussière.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Etant totalement novice sur un site de construction, je me suis d’abord prêtée aux tâches les plus simples à savoir le ponçage et la pose de

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CHANTIER DU RÊV CAFÉ

Projet et acteurs :

Toujours selon l’idée et la volonté de rendre l’architecte actif du début à la fin du projet d’ar-chitecture, les membres de Quatorze participent et organisent eux-mêmes certains des chantiers de leurs projets. Rêv est un café associatif et solidaire, dessi-né, construit puis géré avec une autre association d’architectes, Yes We Camp, et une entreprise de designers/constructeurs bois : REI.

Un chantier participatif :

L’intégralité du chantier est réalisée par les trois équipes à l’exception du traitement du sol en béton, qui sera délégué à une entreprise ex-térieure, et de la pose d’un faux plafond éco-res-ponsable laissée à l’entreprise qui produit le ma-tériau. Pour le reste, le chantier est divisé en trois parties : une œuvre en bois designée et réalisée par REI, le bar et la cuisine nécessitant de travail-ler le métal réalisés par Yes We Camp et l’espace de consommation et de détente par Quatorze. Comme beaucoup de chantiers organisés par l’association celui-ci a vocation à être partici-patif. Les réseaux sociaux sont vivement mobilisés pour trouver des bénévoles le temps d’une se-maine de chantier. Cela permet d’avoir de la main d’œuvre gratuite sur un chantier où une grosse partie du travail ne demande pas d’expertise : poncer puis mettre des couches de fond dur et de vernis sur des pièces en bois. Les trois équipes travaillant en même temps sur le site, le chantier doit être bien pré-paré et bien organisé. Sur place, les différents es-paces de travail sont partitionnés, avec une atten-tion particulière pour l’espace dédié au vernis afin de limiter son exposition à la poussière.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Etant totalement novice sur un site de construction, je me suis d’abord prêtée aux tâches les plus simples à savoir le ponçage et la pose de

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fond dur/vernis. Je me suis ensuite essayée à la découpe de larges pièces en bois et au montage d’estrades et d’étagères in situ.

Retour sur cette expérience :

Les chantiers, sont des phases soigneuse-ment préparées et pourtant pleines d’imprévus. Ces derniers proviennent des différents acteurs auxquels il faut s’associer pour travailler et qui ne font pas toujours ce qui demandé comme il est demandé de le faire, mais également de mau-vaises estimations sur les temps d’exécution, sur les quantités ou exactitudes des matériaux. L’ar-chitecte en charge doit pouvoir se montrer très attentif, au courant de ce qu’il se passe et surtout réactif. Il doit s’avoir s’imposer, même auprès des fournisseurs. Travailler avec des organismes et per-sonnes déjà connus aide au bon déroulement des évènements, ne serait-ce que parce que cela per-met d’appréhender un peu mieux les conditions et la façon dont le travail peut être accompli. J’ai compris que pour se faire respecter et pouvoir s’imposer, il est primordial d’être savant sur un chantier. Il faut avoir le vocabulaire adapté, pour les matériaux, les outils, de la plus grosse ma-chine à la plus petite vis. Savoir un peu construire et manipuler les outils est aussi un avantage. Cela peut permettre de résoudre certains problèmes, mais aussi de montrer que l’on sait aussi. Enfin, être capable de dessiner, de la perspective en quelques traits au détail constructif, reste un atout majeur. Ces trois points permettent, selon mes observations, d’ancrer la communication avec les constructeurs dans un respect mutuel, de rendre l’échange plus équitable, ne serait-ce que dans les esprits. Mais cela sert surtout à comprendre et à se faire comprendre plus facilement.

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WORKSHOP DANS UN BIDON-VILLE DES MÛRS À PÈCHES À MONTREUIL

Contexte :

Depuis plusieurs années maintenant, Qua-torze accompagne un bidon-ville situé dans les mûrs à pèches9 de Montreuil où habitent sept fa-milles Roms. Cet accompagnement passe, entre autres, par la construction de maisonnettes plus durables, l’organisation de nouveaux espaces et la sensibilisation des habitants à la propreté du terrain. Un des derniers chantiers a consisté en la construction d’un lot de trois toilettes et de deux douches. Si cela partait d’un réel besoin et a été fait soigneusement et avec une belle intention, cela a fini par créer des problèmes et des tensions entre les différentes familles qui doivent se les partager.

Place de l’architecte :

Dans un tel projet, l’architecte porte plu-sieurs casquettes et doit pouvoir les assumer. Il est celui qui aide à vivre mieux et à habiter, il est donc aussi porteur d’espoir. Il résout des pro-blèmes, aide à apaiser certaines tensions. Avec le temps, et pour arriver à tout cela, une relation de confiance/ d’amitié se créer. Il est donc primor-dial d’avoir un arc de compétences plus large que celles apprises à l’école ou derrière l’ordinateur d’une agence. Il faut savoir gérer un chantier et avoir un minimum de savoir-faire, comme réparer une douche ou savoir identifier pourquoi elle ne fonctionne plus, par exemple. Il faut également savoir communiquer avec des personnes qui, non seulement ne peuvent pas lire un plan ou une coupe, mais qui, en plus, ont du mal à parler ou comprendre la langue et à rester concentrées. Enfin, il faut être capable d’écouter, très attenti-vement, afin d’identifier les réels besoins et d’y répondre. Et les réponses à ces besoins ne sont pas toujours de l’architecture10.

9 Les murs à pèches de Montreuil représentent une tren-taine d’hectares de jardins anciennement utilisés pour culti-ver des pèches.

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WORKSHOP DANS UN BIDON-VILLE DES MÛRS À PÈCHES À MONTREUIL

Contexte :

Depuis plusieurs années maintenant, Qua-torze accompagne un bidon-ville situé dans les mûrs à pèches9 de Montreuil où habitent sept fa-milles Roms. Cet accompagnement passe, entre autres, par la construction de maisonnettes plus durables, l’organisation de nouveaux espaces et la sensibilisation des habitants à la propreté du terrain. Un des derniers chantiers a consisté en la construction d’un lot de trois toilettes et de deux douches. Si cela partait d’un réel besoin et a été fait soigneusement et avec une belle intention, cela a fini par créer des problèmes et des tensions entre les différentes familles qui doivent se les partager.

Place de l’architecte :

Dans un tel projet, l’architecte porte plu-sieurs casquettes et doit pouvoir les assumer. Il est celui qui aide à vivre mieux et à habiter, il est donc aussi porteur d’espoir. Il résout des pro-blèmes, aide à apaiser certaines tensions. Avec le temps, et pour arriver à tout cela, une relation de confiance/ d’amitié se créer. Il est donc primor-dial d’avoir un arc de compétences plus large que celles apprises à l’école ou derrière l’ordinateur d’une agence. Il faut savoir gérer un chantier et avoir un minimum de savoir-faire, comme réparer une douche ou savoir identifier pourquoi elle ne fonctionne plus, par exemple. Il faut également savoir communiquer avec des personnes qui, non seulement ne peuvent pas lire un plan ou une coupe, mais qui, en plus, ont du mal à parler ou comprendre la langue et à rester concentrées. Enfin, il faut être capable d’écouter, très attenti-vement, afin d’identifier les réels besoins et d’y répondre. Et les réponses à ces besoins ne sont pas toujours de l’architecture10.

9 Les murs à pèches de Montreuil représentent une tren-taine d’hectares de jardins anciennement utilisés pour culti-ver des pèches.

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Description de mes tâches et du travail effectué :

Lors de ce travail, je me suis surtout posi-tionnée en tant qu’observatrice puisque totale-ment étrangère au travail qui se déroulait là. Mon rôle a ensuite été d’aider à la communication et à la compréhension de la situation avant de m’oc-cuper de remplir avec les habitants des fiches pro-duites par l’architecte.

Retour sur cette expérience :

Le but de cette après-midi d’atelier était de travailler avec les habitants pour comprendre le problème, proposer une solution et sensibili-ser afin que, la solution étant établie avec eux, le problème ne survienne pas à nouveau. La princi-pale difficulté est la communication. En effet, les mères de famille présentes cette après-midi là ne parlent et ne comprennent que peu le français. Il faut donc redoubler de patience, répéter, en-core et encore si nécessaire, montrer sur le ter-rain, dessiner, et endosser un rôle de médiateur parfois, lorsque les tensions montent.

10 Cette après-midi là, l’architecte avait préparé le workshop en imprimant des plans dessinés du terrain et des fiches à remplir. Sur le plan, laissé en plusieurs exemplaires à chaque famille et rempli une première fois avec notre aide par les mères et les enfants, il fallait entourer toutes les zones où il y a des déchets. L’exercice est à répéter chaque semaine. Parallèlement la fiche comporte des questions simples sur l’état de santé de la personne qui le remplit : mal à la tete, mal aux yeux, aux oreilles, au ventre, bien être général etc… L’idée est, après un peu de temps, de montrer une corréla-tion entre l’état de santé et la présence des déchets et ainsi sensibiliser les habitants.

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WORKSHOP AU FAB CITY SUMMIT À LA VILLETTE

Contexte :

À l’occasion du festival Fab City Summit, organisé à la Villette, Quatorze se voit proposer d’intervenir sous différentes formes et sur diffé-rents sujets. L’un d’eux est un workshop de deux heures organisé autours d’IMBY, lors duquel les participants sont amenés à réfléchir aux formes d’habitations qui peuvent être déployées dans différents milieux pour répondre à une même problématique.

Préparation :

Le plus gros du travail a consisté en la préparation du workshop. Le sujet défini par le festival restant très libre, il a fallu le préciser puis comprendre comment amener les gens à réfléchir : de quelles informations ont-ils besoin ? De quels supports ? Quelle mise en situation pour quels ré-sultats ? Jusqu’à quel point les aiguille-t-on vers la direction souhaitée ? Autant de questions pé-dagogiques à résoudre en peu de temps, pour un public inconnu, avant de produire le scénario et les documents nécessaires.

Donnant-donnant et place de l’architecte :

Lors d’un tel travail, l’architecte se place en tant que pédagogue. Les participants s’inscrivent au workshop car la réflexion qui va leur être pré-sentée les intéresse, parce qu’ils sont convaincus que d’une manière où d’une autre, ils y appren-dront quelque chose. Parallèlement, l’exercice a été pensé de manière à ce que l’architecte ap-prenne également des participants. L’exercice proposé sert ses propres intérêts et nourrit sa propre recherche.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Mes tâches ont été de participer à l’éla-boration de l’exercice proposé, les recherches et

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productions de documents-supports, puis à l’ani-mation du workshop face aux participants.

Retour sur cette expérience :

Je pense qu’organiser un workshop est toujours une bonne opportunité et que l’archi-tecture est un beau prétexte pour réfléchir mais surtout faire réfléchir sur la société et le monde. C’est un exercice qui m’a beaucoup plus dans sa globalité : enseigner, réfléchir à comment faire ré-fléchir, animer des débats. De plus, ces moments sont toujours particulièrement riches, les partici-pants pouvant venir de milieux, avoir des profes-sions et des expériences très différentes les uns des autres, mais surtout de soi.

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C’est un exercice qui m’a beaucoup plu dans sa globalité : enseigner, réfléchit à comment faire ré-fléchir, animer des débats. De plus, ces moments sont toujours particulièrement riches, les partici-pants pouvant venir de milieux, avoir des profes-sions et des expériences très différentes les uns des autres, mais surtout de soi.

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DIAGNOSTIC SOCIAL ET SPATIAL DE L’ACCUEIL DES EXILÉS À BRIANÇON

Contexte et partenaires :

Briançon, ville proche de la frontière ita-lienne, a toujours été importante sur les routes migratoires européennes. Aujourd’hui encore, elle n’y échappe pas et se retrouve concernée par les questions de premier accueil. Plusieurs collec-tifs se sont emparés de la question et l’un d’eux a fait appel à Article 13, organisation au cœur de la communauté Emmaüs Solidarité, prônant la libre circulation11. Leur demande est d’opérer des travaux d’urgence dans l’un de ses centres d’accueil, dépassé par l’afflux de personnes en cette première moitié d’année. C’est Article 13 qui contacte Quatorze pour qu’ils leur viennent en aide, n’ayant aucune compétence d’architecte dans leur équipe.

Réponse à une commande, financements et place de l’architecte :

Si la commande était d’intervenir spécifi-quement sur un lieu, Quatorze choisit de la dé-tourner et propose de commencer par établir un diagnostic social et spatial de la situation brian-çonnaise sur la question de l’accueil des per-sonnes migrantes. L’architecte se place alors en chercheur sociologue dans le but de comprendre au mieux tous les enjeux présents avant d’agir plus concrètement. Une telle mission a pu recevoir des finance-ments d’autres organisations impliquées dans ces questionnements tels qu’Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre en échange de la production d’un rapport détaillé. Toutes deux y ont leurs intérêts : Article 13 s’étant engagé auprès du centre d’ac-cueil à leurs venir en aide et la Fondation menant de nombreuses études sur le sujet.

11 Article 13 base ses actions sur l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa ré-sidence à l’intérieur d’un Etat » ainsi que « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. ».

Une telle mission a pu recevoir des finance-ments d’autres organisations impliquées dans ces questionnements tels qu’Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre en échange de la production d’un rapport détaillé. Toutes deux y ont leurs intérêts : Article 13 s’étant engagé auprès du centre d’ac-cueil à leu venir en aide et la Fondation menant de nombreuses études sur le sujet.

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Préparation et organisation :

Quatorze fait de ce projet, un moment phare pour l’association et décide que toute l’équipe participera au diagnostic. Si la quantité de travail à effectuer sur le terrain est ambitieuse au vu du temps sur place, c’est aussi l’occasion que tout le monde puisse travailler ensemble et ainsi renforcer les liens d’équipe. Un autre enjeux, peut-être plus tacite, est, comme avec IMBY, l’af-firmation d’une position politique, d’un engage-ment sur la place publique. Il est donc important que l’association entière porte ce choix. Néanmoins, la préparation se fait en équipe plus restreinte. Il s’agit de définir une probléma-tique précise, d’établir la liste de tout ce dont on a besoin de savoir pour pouvoir y répondre et de comment acquérir ces connaissances. La prépa-ration passe également par l’organisation minu-tieuse du temps passé sur place, la création de binômes mixtes (Quatorze/Article 13) et leur ré-partition sur les différentes tâches à accomplir en fonction des compétences et envies de chacun. C’est un travail laborieux qui demande à la fois énormément de rigueur et beaucoup de flexibilité face à tous les imprévus qui seront ren-contrés sur place.

Description de mes tâches et du travail effectué :

Lors de la préparation j’ai participé aux ré-flexions autour de l’organisation sur place, de la problématique et de comment pouvoir y répondre (forme et fond). Mon travail a ensuite consisté en beaucoup de recherches historiques avant de se rendre sur place. Sur le terrain, je me suis retrouvée respon-sable de l’étude de l’un des lieux principaux d’ac-cueil de personnes migrantes de Briançon. Cette étude qui devait être basée sur la production de relevés habités du lieu, est finalement passée par de nombreuses discussions, visites et relevés schématiques, la situation étant trop tendue pour qu’on m’y autorise quelconque dessin précis.

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Quatorze fait de ce projet, un moment phare pour l’association et décide que toute l’équipe participera au diagnostic. Si la quantité de travail à effectuer sur le terrain est ambitieuse au vu du temps sur place, c’est aussi l’occasion que tout le monde puisse travailler ensemble et ainsi renforcer les liens d’équipe. Un autre enjeu, peut-être plus tacite, est, comme avec IMBY, l’af-firmation d’une position politique, d’un engage-ment sur la place publique. Il est donc important que l’association entière porte ce choix.

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Retour sur cette expérience :

Ces deux jours ont probablement été les plus riches de mon stage. J’y ai beaucoup appris, notamment sur moi. J’ai pris conscience du chan-tier qu’était une telle étude mais aussi de l’image que pouvait renvoyer le mot « architecte ». Une image rassurante, presque salvatrice dans ce cas. Malgré cela, l’inconnu est chargé d’imprévus aux-quels il faut faire face et pouvoir s’adapter.

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Retour sur cette expérience :

Ces deux jours ont probablement été les plus riches de mon stage. J’y ai beaucoup appris, notamment sur moi. J’ai pris conscience du chan-tier qu’était une telle étude mais aussi de l’image que pouvait renvoyer le mot « architecte ». Une image rassurante, presque salvatrice dans ce cas. Malgré cela, l’inconnu est chargé d’imprévus aux-quels il faut faire face et pouvoir s’adapter.

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STRATÉGIES

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DIVERSITÉ DES ACTIVITÉS ET CHAMPS D’ACTION DE L’ARCHITECTE

Pratiquer différemment ?

Quatorze se déclare descendant de Patrick Bouchain, fameux architecte français. Ce dernier dans nombreux de ses écrits, dont Construire Au-trement, incarne une nouvelle façon d’exercer le métier et d’envisager l’acte de faire architecture. Si l’association ne suit pas sa doctrine à la lettre, elle s’installe dans le même courant idéologique. Prônant le faire, l’accompagnement du projet au-delà du simple geste architectural, le collectif, l’artisanat et une certaine vision écolo-gique, le résultat est en général une architecture à échelle plus humaine, loin du spectacle grandi-loquent qu’offre celle des hommes en noir. Quatorze se spécialise dans le « co- », im-pliquant dès que possible les acteurs touchés par le projet en cours ou à venir. Co-conception, co-construction sont les mots d’ordre de l’asso-ciation. Sont associés à cela la participation des membres de l’association aux différentes phases d’un projet, avant sa construction, pendant et après elle, mais aussi une sensibilité écologique dans les matériaux, les circuits de production et de mise en place. Le tout inscrit l’association dans un courant de pensée éloigné, voire opposé, aux pratiques des très grandes agences et de leurs archi-stars.

Complémentarité des profils

Quatorze est une association de profils différents, de sensibilités différentes, de compé-tences différentes, réunis autours de préoccupa-tions, réflexions et idées communes. Cette diver-sité permet une complémentarité indispensable, je crois, à la formation de toute équipe. Sur les projets, les groupes de travail changent selon les disponibilités de chacun mais aussi les envies et les savoir-faires. Cela renforce le sentiment global de cohésion et le sentiment individuel d’avoir sa place au sein du groupe. Il est évident que former des équipes dont les membres se complètent est un grand avan-tage en terme d’efficacité de travail et de richesse

Quatorze est une association de profils différents, de sensibilités différentes, de compé-tences différentes, réunis autour de préoccupa-tions, réflexions et idées communes. Cette diver-sité permet une complémentarité indispensable, je crois, à la formation de toute équipe. Sur les projets, les groupes de travail changent selon les disponibilités de chacun mais aussi les envies et les savoir-faire. Cela renforce le sentiment global de cohésion et le sentiment individuel d’avoir sa place au sein du groupe.

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DIVERSITÉ DES ACTIVITÉS ET CHAMPS D’ACTION DE L’ARCHITECTE

Pratiquer différemment ?

Quatorze se déclare descendant de Patrick Bouchain, fameux architecte français. Ce dernier dans nombreux de ses écrits, dont Construire Au-trement, incarne une nouvelle façon d’exercer le métier et d’envisager l’acte de faire architecture. Si l’association ne suit pas sa doctrine à la lettre, elle s’installe dans le même courant idéologique. Prônant le faire, l’accompagnement du projet au-delà du simple geste architectural, le collectif, l’artisanat et une certaine vision écolo-gique, le résultat est en général une architecture à échelle plus humaine, loin du spectacle grandi-loquent qu’offre celle des hommes en noir. Quatorze se spécialise dans le « co- », im-pliquant dès que possible les acteurs touchés par le projet en cours ou à venir. Co-conception, co-construction sont les mots d’ordre de l’asso-ciation. Sont associés à cela la participation des membres de l’association aux différentes phases d’un projet, avant sa construction, pendant et après elle, mais aussi une sensibilité écologique dans les matériaux, les circuits de production et de mise en place. Le tout inscrit l’association dans un courant de pensée éloigné, voire opposé, aux pratiques des très grandes agences et de leurs archi-stars.

Complémentarité des profils

Quatorze est une association de profils différents, de sensibilités différentes, de compé-tences différentes, réunis autours de préoccupa-tions, réflexions et idées communes. Cette diver-sité permet une complémentarité indispensable, je crois, à la formation de toute équipe. Sur les projets, les groupes de travail changent selon les disponibilités de chacun mais aussi les envies et les savoir-faires. Cela renforce le sentiment global de cohésion et le sentiment individuel d’avoir sa place au sein du groupe. Il est évident que former des équipes dont les membres se complètent est un grand avan-tage en terme d’efficacité de travail et de richesse

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de production. De plus, chacun peut continuel-lement apprendre des savoirs mais aussi des dif-férences des autres, rendant le travail d’équipe d’autant plus stimulant et enrichissant. Les membres du bureau viennent égale-ment enrichir l’équipe y apportant de nouvelles compétences, connaissances ou même réseaux. Cette recherche de complémentarité est aussi engagée dans le recrutement de stagiaires ou de services civiques. Ils sont sélectionnés en fonction de leurs centres d’intérêts, connais-sances sur des sujets traités par Quatorze et/ou compétences. L’échange est alors réciproque : ils apportent à l’association et inversement.

Qu’est-ce qu’être architecte ?

Quelle architecte serai-je ? Voilà la question que je me suis le plus posée depuis mon entrée en master. N’ayant que des morceaux d’idées liés à ce que je sais de moi, j’ai fait le choix de faire ce stage long chez Quatorze précisément dans le but de compléter cette réponse. Rapidement néanmoins, la question s’est décalée, ou plutôt a été précédée par une autre : « qu’est ce qu’un architecte ? » Finalement c’est une question qu’on ne se pose réellement que très peu. On est rem-pli d’aprioris et d’idées, reçus de la pratique de nos études d’architecture, des quelques mises en situations professionnelles que l’on a pu en-treprendre ou encore des images véhiculées par les personnes de notre environnement. Evidem-ment l’architecte est celui qui « conçoit le parti, la réalisation et la décoration de bâtiments de tous ordres, et en dirige l’éxécution »12 mais si on se fie aux pratiques qu’ont les architectes (D.E et/ou HMONP), ils font souvent bien plus, ne serait-ce que pour pouvoir, par la suite, exercer comme dé-fini dans le dictionnaire. Parce qu’il faut des préalables à toute conception, l’architecte peut alors s’improviser chercheur, sociologue, économiste, écologiste, historien, théoricien, etc. Si ce sont autant de choses qu’il a pu appréhender à l’école, cela n’en fait pas un spécialiste. Alors, est-ce une lubie de

12 Le Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/fran-cais/architecte/5072?q=architecte#5047

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penser, comme Quatorze, qu’un architecte peut-être polyvalent et ainsi, être actif sur un projet d’architecture au delà des phases de design et de construction ? In fine, je crois qu’entre aspira-tions personnelles ou collectives, et nécessités, il pourrait y avoir presque autant de définitions du métier que d’individus qui le pratiquent.

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penser, comme Quatorze, qu’un architecte peut-être polyvalent et ainsi, être actif sur un projet d’architecture au delà des phases de design et de construction ? In fine, je crois qu’entre aspira-tions personnelles ou collectives, et nécessités, il pourrait y avoir presque autant de définitions du métier que d’individus qui le pratiquent.

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COMMUNICATION

Image du collectif d’architectes

Les collectifs d’architectes se développent depuis quelques dizaines d’années, probable-ment en quête de la réponse à cette fameuse question « qu’est ce qu’un architecte ? » et cer-tainement en opposition à celle précédemment donnée par les Nouvel, Gehry ou Calatrava. En prenant le contre-pied des fameux ar-chitectes dirigeant de grandes agences, ils ren-voient une image qui y est toute aussi opposée. Parfois dé-considérés par la profession, ils sont souvent vus comme les « hippies » face aux ar-chitectes des grandes agences qui seraient eux en costume. Ces idées sont fondées sur une fa-çon de concevoir et de penser l’architecture et de considérer l’architecte, héritée des siècles passés. Elles placent les collectifs d’architectes dans des croyances qui ne sortent pas de nulle part mais qui ne correspondent pas toujours exactement à la réalité. Néanmoins, la transformation du monde entrepreneurial, le fleurissement de ces associa-tions et l’image qu’elles véhiculent vont certaine-ment faire évoluer la vision globale du métier et de la figure de l’architecte.

Esthétique

Le mouvement se place aussi, bon gré mal gré, dans une esthétique particulière. Peut-être parce que les collectifs comme Quatorze prônent avant tout le faire, construisant eux-mêmes et avec des artisans, les réalisations véhiculent une certaine iconographie. Que l’on y soit sensible ou non, elle est correspond à des philosophies de la pratique auxquelles se rattachent beaucoup de collectifs. Ces questions formelles et esthétiques peuvent être questionnées lors de concours, comme j’ai pu le voir avec le CAUE. Cepen-dant, parce qu’elles correspondent à certaines croyances et états d’esprit des architectes, ils se refusent à changer radicalement leurs réponses, restant donc constamment dans un registre iden-tifiable.

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Elles placent les collectifs d’architectes dans des croyances qui ne sortent pas de nulle part mais qui ne correspondent pas toujours exactement à la réalité. Néanmoins, la transformation du monde entrepreneurial, le fleurissement de ces associa-tions et l’image qu’elles véhiculent vont certaine-ment faire évoluer la vision globale du métiers et de la figure de l’architecte.

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XXIème siècle et réseaux sociaux

Comme de plus en plus d’entreprises, une grande partie de la communication de l’associa-tion se fait sur les réseaux sociaux : Facebook et Instagram principalement. Non seulement Qua-torze a un compte sur les deux réseaux, mais le projet IMBY a également le sien sur Facebook. S’emparer des réseaux sociaux est au-jourd’hui l’un des meilleurs moyens pour se faire connaître du grand public. L’éthique des collec-tifs comme Quatorze implique qu’ils ne fassent généralement pas de maîtrise d’œuvre à grande échelle pour des promoteurs ou d’importants clients du secteur privé ou public. Ainsi les ré-seaux sociaux peuvent s’avérer utiles pour former une communauté, intéresser les gens et se faire connaître dans des milieux où ils pourront/vou-dront intervenir. Se créer un tel réseau permet également de faciliter les campagnes de financement parti-cipatif qu’organise régulièrement Quatorze pour ses projets.

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XXIème siècle et réseaux sociaux

Comme de plus en plus d’entreprises, une grande partie de la communication de l’associa-tion se fait sur les réseaux sociaux : Facebook et Instagram principalement. Non seulement Qua-torze a un compte sur les deux réseaux, mais le projet IMBY a également le sien sur Facebook. S’emparer des réseaux sociaux est au-jourd’hui l’un des meilleurs moyens pour se faire connaître du grand public. L’éthique des collec-tifs comme Quatorze implique qu’ils ne fassent généralement pas de maîtrise d’œuvre à grande échelle pour des promoteurs ou d’importants clients du secteur privé ou public. Ainsi les ré-seaux sociaux peuvent s’avérer utiles pour former une communauté, intéresser les gens et se faire connaître dans des milieux où ils pourront/vou-dront intervenir. Se créer un tel réseau permet également de faciliter les campagnes de financement parti-cipatif qu’organise régulièrement Quatorze pour ses projets.

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RECHERCHE DE MARCHÉS

Bouche-à-oreilles et appels d’offre

La recherche de marchés fonctionne donc beaucoup via les réseaux de l’association. L’équipe a su se composer avec des personnes venant d’horizons un peu différents, bien que tous reliés au secteur du bâtiment, générant un pre-mier nœud de réseaux. Elle le développe avec ses partenaires et collaborateurs, autres organismes ayant des préoccupations communes ou pouvant compléter ses compétences. Enfin le troisième nœud est celui des réseaux sociaux, notamment lorsque les projets sont particulièrement médiati-sés, comme IMBY par exemple. Néanmoins, la taille du réseau n’étant peut-être pour l’instant toujours pas assez impor-tante cela ne suffit pas à nourrir l’entreprise direc-tement. Elle répond alors, comme les agences, à certains appels d’offres et concours. Ces derniers sont d’ailleurs souvent communiqués à Quatorze par des membres de son réseau. Toujours pour des questions éthiques et morales, elle choisit ceux auxquels elle répond.

Architecte commercial

Un architecte est un commerçant. Il vend ses services, son produit. Présenter un projet de-vient alors un art. Maîtriser la rhétorique, savoir raconter des histoires et emporter son public avec soi, comme j’ai pu le voir faire plusieurs architectes comme Patrick Bouchain par exemple, devient primordial. Si cela s’apprend, certains sont plus doués, plus à l’aise que d’autres. Le problème que cela soulève chez Quatorze est que c’est toujours la même personne qui a tendance à être choisie pour présenter les projets lorsque cela de-vient important, même si ce n’est pas elle qui les a travaillés. Cette organisation lui octroie donc de fait, une place singulière au sein de l’équipe mais aussi sur la scène publique. Alors que Quatorze est un collectif, ne voir toujours qu’une personne, ou presque, sur les projets importants et média-tiques, vient en brouiller l’image. Cela a pour conséquence que l’association soit souvent assi-milée à ce seul individu, contrairement à la réalité

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des faits en interne.

En plus de cette capacité, l’architecte se doit d’acquérir des compétences commerciales, économiques, marketings, etc. Autant de choses que l’on n’apprend pas réellement à l’école. Chez Quatorze, un des architectes s’occupe bien plus de gérer ces questions économiques et commer-ciales qu’à faire de l’architecture à proprement parlé. Si cet aspect est, selon moi, absolument fondamental à la pérennité de la structure, la per-sonne prend alors à nouveau une position particu-lière dans l’association. Cela contrarie également les envies d’holacratie de l’équipe, plaçant le concerné au-dessus et, de ce fait, venant recréer un schéma pyramidal malgré lui.

Architecte développeur

Une des envies de Quatorze reste de pou-voir travailler sur des projets d’architecture qu’ils génèrent eux-mêmes. Il faut donc avoir des idées, de la vivacité d’esprit et une force analytique et critique pour projeter face à une situation, sans les contraintes imposées d’un client. C’est finale-ment plus ou moins l’exercice du studio de pro-jet pendant les études d’architecture, pratique qui finalement se retrouve peu dans une agence. Développer des idées puis les mettre en place demande énormément de temps et ne rapporte bien souvent pas d’argent. Les étapes avant de lancer une phase de construction de projet - qui n’est pas considérée comme une phase finale pour Quatorze - sont bien nombreuses. Il faut, entres autres, trouver la bonne idée, la concréti-ser dans sa tête, trouver comment la mettre en place, comment l’ancrer dans un système écono-mique pérenne, trouver des fonds permettant de la réaliser, etc. Le projet n’étant pas commandité, tout ce temps de travail n’est rémunéré par per-sonne d’autre que son initiateur, ou l’association en l’occurrence. Cela présuppose donc que cette dernière puisse se permettre d’investir en déve-loppement. C’est un choix qui est fait par Qua-torze, l’un de ses membres ayant ces tâches pour activités principales. Cette philosophie implique également de pouvoir payer des gens à chercher de l’argent. Comme j’ai pu le constater, le financement de tels

Développer des idées puis les mettre en place demande énormément de temps et ne rapporte bien souvent pas d’argent. Les étapes avant de lancer une phase de construction de projet - qui n’est pas considérée comme une phase finale pour Quatorze - sont bien nombreuses. Il faut, entre autres, trouver la bonne idée, la concréti-ser dans sa tête, trouver comment la mettre en place, comment l’ancrer dans un système écono-mique pérenne, trouver des fonds permettant de la réaliser, ect. Le projet n’étant pas commandité, tout ce temps de travail n’est rémunéré par per-sonne d’autre que son initiateur, ou l’association en l’occurrence. Cela présuppose donc que cette dernière puisse se permettre d’investir en déve-loppement. C’est un choix qui est fait par Qua-torze, l’un de ses membres ayant ces tâches pour activités principales.

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projets se fait généralement par subventions ou dons de particuliers. Quelque soit la solution em-ployée, elle demande un temps d’organisation et de travail considérable, temps qui n’est pas ren-tabilisé tant qu’il n’a pas porté ses fruits. Déve-lopper ses propres projets en générant sa propre commande est donc à la fois une merveilleuse ambition et un pari risqué.

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projets se fait généralement par subventions ou dons de particuliers. Quelle que soit la solution employée, elle demande un temps d’organisa-tion et de travail considérable, temps qui n’est pas rentabilisé tant qu’il n’a pas porté ses fruits. Développer ses propres projets en générant sa propre commande est donc à la fois une merveil-leuse ambition et un pari risqué.

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GESTION

Association ou société ?

Quatorze s’est créée sous la forme d’asso-ciation parce que c’est la forme entrepreneuriale avec les modalités juridiques les plus faciles à mettre en place. De plus, à ses débuts, elle n’avait pas d’activité économique et son but n’était pas de faire de la maîtrise d’œuvre mais de question-ner l’éducation architecturale. Aujourd’hui, Quatorze ressemble plus à une agence d’architecture que ce à quoi elle aspi-rait. Bien qu’elle ait une équipe active rémunérée, elle se différencie d’une société car elle n’a pas d’actionnaires, les membres de son bureau étant bénévoles. Cependant, comme une agence, et alors qu’elle n’est pas sensée le faire, elle se re-trouve à faire de la maîtrise d’œuvre, les projets auto-générés ne suffisant pas à faire marcher l’en-treprise.

Habilitation à la Maîtrise d’œuvre

La profession d’architecte est une profes-sion réglementée. La maîtrise d’œuvre se fait dans un cadre bien défini. L’architecte habilité doit être inscrit à l’Ordre des Architectes, ce qui lui octroie une assurance obligatoire pour sa pratique. La loi stipule que toute personne doit recourir à un ar-chitecte pour édifier ou modifier une construction de plus de 150 mètres carrés de surface au sol13. Quatorze a donc, dans son équipe, un architecte habilité et inscrit à l’ordre, donc assuré. De cette manière, il peut signer les projets de maîtrise d’œuvre en son nom propre (et non au nom de l’association). Cela vient questionner à nouveau ce qu’est un architecte, son rôle et l’évolution de son métier. En effet, en l’occurrence l’architecte prend la responsabilité et signe les plans, néan-moins, c’est Quatorze qui dessine et réalise le projet.

13 Décret n°2016-1738 du 14 Décembre 2016, sur l’article 82 de la loi sur la liberté de création, de l’architecture et le pa-trimoine, du 07 Juillet 2016.

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GESTION

Association ou société ?

Quatorze s’est créée sous la forme d’asso-ciation parce que c’est la forme entrepreneuriale avec les modalités juridiques les plus faciles à mettre en place. De plus, à ses débuts, elle n’avait pas d’activité économique et son but n’était pas de faire de la maîtrise d’œuvre mais de question-ner l’éducation architecturale. Aujourd’hui, Quatorze ressemble plus à une agence d’architecture que ce à quoi elle aspi-rait. Bien qu’elle ait une équipe active rémunérée, elle se différencie d’une société car elle n’a pas d’actionnaires, les membres de son bureau étant bénévoles. Cependant, comme une agence, et alors qu’elle n’est pas sensée le faire, elle se re-trouve à faire de la maîtrise d’œuvre, les projets auto-générés ne suffisant pas à faire marcher l’en-treprise.

Habilitation à la Maîtrise d’œuvre

La profession d’architecte est une profes-sion réglementée. La maîtrise d’œuvre se fait dans un cadre bien défini. L’architecte habilité doit être inscrit à l’Ordre des Architectes, ce qui lui octroie une assurance obligatoire pour sa pratique. La loi stipule que toute personne doit recourir à un ar-chitecte pour édifier ou modifier une construction de plus de 150 mètres carrés de surface au sol13. Quatorze a donc, dans son équipe, un architecte habilité et inscrit à l’ordre, donc assuré. De cette manière, il peut signer les projets de maîtrise d’œuvre en son nom propre (et non au nom de l’association). Cela vient questionner à nouveau ce qu’est un architecte, son rôle et l’évolution de son métier. En effet, en l’occurrence l’architecte prend la responsabilité et signe les plans, néan-moins, c’est Quatorze qui dessine et réalise le projet.

13 Décret n°2016-1738 du 14 Décembre 2016, sur l’article 82 de la loi sur la liberté de création, de l’architecture et le pa-trimoine, du 07 Juillet 2016.

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BILAN

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Le bilan de ce stage est selon moi très po-sitif. J’ai passé six mois agréables, intéressants, formateurs et enrichissants. L’équipe dans la-quelle je me suis retrouvée a été particulièrement accueillante, gentille et confiante avec moi. Et je les en remercie de tout mon cœur. Si certains mois ont été moins stimulants que d’autres, je crois que ma pratique lors de ce stage a été extrêmement riche et diversifiée. Cela m’a beaucoup appris, autant sur le travail d’agence que sur le panel des possibles asso-ciés au diplôme que je m’apprête à passer. C’est précisément ce que je cherchais lors de ce stage long.

Lors de mon entretien, il m’a été demandé ce qu’était un stage réussi selon moi. Ma réponse a été que ce serait un stage pendant lequel j’au-rais appris sur moi et sur l’architecte que je sou-haite être. Je peux aujourd’hui affirmer que ce stage a été réussi. Ces six mois et la multitude de projets dif-férents que j’ai pu appréhender, m’ont permis d’identifier ce qui me plaisait et ce qui me plai-sait moins dans la pratique. Bien que je n’aie fait aucune grande découverte sur moi-même, cela a confirmé certaines intuitions. J’ai besoin d’avoir des responsabilités, je suis prête à prendre la pa-role pour défendre le travail sur lequel j’ai travaillé quelque soit les circonstances et l’interlocuteur que j’ai en face, j’aime gérer le déroulement et l’organisation des projets sur lesquels je travaille. Parallèlement à cela, j’aime la recherche, les études de terrain, la sociologie. Je reste passion-née par les questions d’accueil, d’hospitalité, de mixité sociale et je crois que les architectes ont un rôle à jouer dans ces questions sociétales. Ce qui est certain, c’est que je souhaite continuer à m’en emparer dans ma pratique future. Pour cela, je désire continuer à apprendre, à chercher, à construire ma propre pensée. Je souhaite éga-lement acquérir tous les outils possibles sur la responsabilité et la gestion d’agence d’architec-ture. Si je suis incapable de dire aujourd’hui dans quelles mesures précises j’exercerai mon métier, ce stage m’a donné envie de continuer à ajouter des cordes à mon arc pour agrandir les possibles. Je pense donc que cela a confirmé mon envie de continuer avec une formation HMONP et éven-tuellement avec une thèse.

Ces six mois et la multitude de projets dif-férents que j’ai pu appréhender, m’ont permis d’identifier ce qui me plaisait et ce qui me plai-sait moins dans la pratique. Bien que je n’aie fait aucune grande découverte sur moi-même, cela a confirmé certaines intuitions. J’ai besoin d’avoir des responsabilités, je suis prête à prendre la pa-role pour défendre le travail sur lequel j’ai travaillé quelles que soient les circonstances et l’interlo-cuteur que j’ai en face, j’aime la recherche, les études de terrain, la sociologie. Je reste passion-née par les questions d’accueil, d’hospitalité, de mixité sociale et je crois que les architectes ont un rôle à jouer dans ces questions sociétales. Ce qui est certain, c’est que je souhaite continuer à m’en emparer dans ma pratique future. Pour cela, je désire continuer à apprendre, à chercher, à construire ma propre pensée. Je souhaite éga-lement acquérir tous les outils possibles sur la responsabilité et la gestion d’agence d’architec-ture. Si je suis incapable de dire aujourd’hui dans quelles mesures précises j’exercerai mon métier, ce stage m’a donné envie de continuer à ajouter des cordes à mon arc pour agrandir les possibles.

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BIBLIOGRAPHIEOuvrage :

Bouchain, P, Construire autrement, Comment faire ?, Arles, Actes Sud, L’impensé, 2016.

Quatorze, Le Petit Précis, Quatorze, Paris, 2018.

Article internet :

Carlo, A-L, «Les nouveaux architectes jouent collectif», M le magazine du Monde, 27/12/2016, https://abonnes.lemonde.fr/m-styles/article/2016/12/27/les-nouveaux-archi-tectes-jouent-collectif_5054426_4497319.html?, consulté le 23/09/2018.

Textes de loi :

Décret n°2016-1738, 14/12/2016, Article 82, Loi sur la liberté de création, l’architecture et le patri-moine, 07/07/2016

Article 13, Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, 1948.