Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

7

Click here to load reader

Transcript of Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

Page 1: Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

Progrès en urologie (2013) 23, 899—905

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

UROLOGIE PÉDIATRIQUE

Proposition de « profils types » des calculs urinairesdans une population pédiatrique bretonne�

Suggestion of a classification for urinary calculi in a pediatric population fromBrittany

D. Luque Paza, A. Meskara,b, H. Kersperna,b,A. Bordronb, J.-L. Carréa,∗,b

a Département de biochimie et pharmaco-toxicologie, hôpital de la Cavale-Blanche, CHRU deBrest, 29609 Brest cedex, Franceb EA 4685, laboratoire de neurosciences de Brest, faculté de médecine, 22, avenueCamille-Desmoulins, 29200 Brest, France

Recu le 3 fevrier 2013 ; accepté le 12 mars 2013

MOTS CLÉSLithiase urinaire ;Composition descalculs ;Populationpédiatrique bretonne

RésuméIntroduction. — La lithiase urinaire chez l’enfant est relativement rare en France comme dansles pays industrialisés. Déterminer son étiologie à partir de sa composition pourrait orienterrapidement le traitement.Méthode. — Cent huit calculs urinaires d’enfants bretons âgés entre six mois et 18 ans ont étéanalysés par spectrophotométrie afin d’établir leur composition. Six groupes ont été définispar une analyse multidimensionnelle basée sur l’identification des composants représentant aumoins 5 % de la composition globale du calcul.Résultats. — Les enfants les plus jeunes ayant une lithiase urinaire étaient principalement desgarcons et le sex-ratio s’inversait vers 12,5 ans. Le nombre de calculs augmentait dans les deuxsexes après 14 ans. La composition des calculs variait selon le sexe et leur localisation selonl’âge. Enfin, il existait dans notre étude une corrélation entre infection urinaire et compositiondu calcul.Conclusion. — La répartition des calculs en six groupes basés sur les composants majoritaires etminoritaires, en association avec les informations cliniques et les études morphologiques descalculs, a démontré son importance étiologique. L’ensemble de ces données concourt à mieux

comprendre le type de calcul susceptible d’être observé et leur mécanisme physiopathologiqueen fonction de l’âge et du sexe.© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

� Niveau de preuve : 5.∗ Auteur correspondant.

Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (J.-L. Carré).

1166-7087/$ — see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2013.03.010

Page 2: Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

900 D. Luque Paz et al.

KEYWORDSUrinary lithiasis;Calculus composition;Pediatric populationfrom Brittany

SummaryIntroduction. — Urinary lithiasis in children is relatively seldom in France as in industrializedcountries. The determination of their etiology based on their composition may lead to a bettertreatment.Method. — One hundred and eight urinary calculi from 6 months through 18-year-old childrenwere analyzed by using spectrophotometry, in order to specify their structure. Six groups wereevidenced through a multidimensional analysis based on the presence of components weighingat least 5% of the total.Results. — The youngest children affected were mostly boys, and the sex ratio switched after12.5 years. Above 14 years of age, the number of calculi significantly raised. Their composi-tion varied with the gender, and their localization with the age. Finally a correlation betweeninfection and composition of the calculus was shown in our study.Conclusion. — The classification of calculi among six groups according to their composition,along with clinical informations and morphologic studies, has proven its value in determiningthe etiology of the lithiasis. These data help to better understand the kind of lithiasis that maybe observed and the physiopathology of the mechanism explaining it from the gender and age.© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

I

Lledrd

aed

dccearlen

P

Pij(vhdopste

â

jelpsltf

ustdpialsscpprg

vdLemcdldp

ntroduction

a lithiase urinaire évolue avec le niveau de vie des popu-ations. Dans les pays industrialisés, comme la France, ellest rare chez l’enfant [1], généralement due à des infectionses voies urinaires et à des maladies métaboliques, contrai-ement à celle de l’adulte, dont les principales causes sont’ordre nutritionnel [2].

La composition des calculs ainsi que le sex-ratio évoluentvec l’âge, avec une prédominance masculine dans la petitenfance et une augmentation du nombre de calcul d’oxalatee calcium avec l’âge [3].

Cette étude épidémiologique comportait la descriptiones calculs d’une population pédiatrique bretonne et saomparaison aux données nationales [3]. L’existence d’unomposant à un taux minimum de 5 % au sein du calculntraînait son inclusion dans la description de la lithiase etinsi nous avons pu définir différents profils de calculs. Enecoupant les informations cliniques et les études morpho-ogiques des calculs, nous avons mis en lumière la relationntre ces profils et les étiologies possibles des lithiases uri-aires dans une population pédiatrique bretonne.

atients et méthodes

our cette analyse rétrospective réalisée sur les calculsnclus au laboratoire de biochimie du CHU de Brest entreanvier 2000 et juin 2011, 108 calculs urinaires d’enfants59 garcons et 49 filles) ont été analysés. Ces calculs pro-enaient de la région Bretagne (laboratoires ou centresospitaliers) ; ils nous ont été adressés soit dans un butiagnostique (lithiase d’origine infectieuse, métaboliqueu nutritionnelle), soit dans le cadre d’un suivi chez desatients récidivants. Les échantillons ont été récupérésoit lors d’un acte chirurgical, soit lors d’une élimina-

ion spontanée par les voies naturelles ou après lithotritiextracorporelle.

Ont donc été retenus pour cette étude tous les patientsgés de moins de 18 ans.

fsés

Pour chaque enfant une fiche de renseignement a étéointe à la demande d’analyse, comportant la localisationt le nombre de calcul(s), les circonstances de découverte,e mode d’élimination ainsi que les éventuels antécédentsersonnels ou familiaux. Certaines circonstances favori-antes étaient également renseignées : une malformation de’arbre urinaire, une infection urinaire documentée, un trai-ement médicamenteux susceptible d’être responsable de laormation de calculs.

L’analyse des calculs était standardisée : elle comportaitn examen morphologique de la surface, de la section et,’il existait, du noyau du calcul, puis une analyse en spec-rophotométrie infrarouge, selon la technique du pastillage,es différentes parties du calcul : surface, section, noyau,uis totalité. L’appareil utilisé était un spectrophotomètrenfrarouge à transformée de Fournier Bruker® Tensor 27,ssocié au logiciel Opus®. Une estimation quantitative dea teneur en chaque constituant était réalisée à partir dupectre obtenu en utilisant les formules définies : le compo-ant majoritaire a été défini pour chaque calcul (un seulalcul était composé principalement de deux composants enroportion équivalente ; pour celui-ci, le composant princi-al a été choisi au hasard). Les autres composants ont étéetenus s’ils représentaient au moins 5 % de la compositionlobale du calcul (rapport poids/poids).

Du fait des faibles effectifs, les analyses univariées entreariables qualitatives ont été faites en utilisant le test exacte Fischer. Un risque de première espèce de 5 % a été retenu.’évolution du sex-ratio en fonction de l’âge a été étudiéen formulant un modèle logistique. Une analyse multidi-ensionnelle de la composition des calculs a été faite. Une

lassification hiérarchique a été établie, basée sur les coor-onnées d’une analyse des correspondances multiples dea présence des composants. Les groupes obtenus ont étéécrits : pour chaque groupe et chaque composant, la pro-ortion de calculs contenant ce composant a été établie ; en

onction de la présence ou de l’absence de chaque compo-ant, les répartitions des calculs dans chaque groupe ontgalement été décrites. L’importance de chaque compo-ant dans la définition du groupe a été soulignée pour les
Page 3: Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

Composition des calculs urinaires pédiatriques en Bretagne 901

Tableau 1 Localisation des calculs en fonction de l’âge et du sexe.

Présence decalculs : n (%)

p (test deFisher)

Présence decalculs : n (%)

p (test deFisher)

Total

Garcons(n = 47)

Filles(n = 40)

< 12,5 ans(n = 44)

≥ 12,5 ans(n = 43)

Rein 28 (54) 17 (39) ns 33 (73) 12 (24) < 0,05 45 (47)Uretère 15 (29) 18 (41) ns 7 (16) 26 (50) < 0,05 33 (34)Vessie 8 (15) 9 (20) ns 5 (11) 12 (24) ns 17 (18)Urètre 1 (2) 0 ns 0 (0) 1 (2) ns 1 (1)

Total 52 (100) 44 (100) ns 45 (100) 51 (100) 96 (100)

Les sites d’apparition des calculs ont été reportés en nombre total (et en pourcentage calculé sur le total des calculs de la colonnecorrespondante). Le test statistique utilisé était le test exact de Fisher (seuil de significativité : p < 0,05). ns : non significatif. Noterque le total des lithiases (96) était inférieur au nombre de dossiers analysés (108) en raison de l’absence de documentation du sited’apparition des calculs dans 21 dossiers, mais supérieur au nombre d’enfants concernés (87) du fait de calculs de localisations multipleschez huit d’entre eux.

Figure 1. Répartition de l’âge d’apparition des calculs en fonc-tion du sexe.Graphique en barres (axe des ordonnées à gauche) : nombre de cal-culs observés par tranche d’âge selon le sexe ( garcons, filles).Droite pleine (axe des ordonnées à droite) : régression linéaire dusc

rmpvep

Cs

Lul

valeurs-tests supérieures à 3 en valeur absolue. Des asso-ciations entre la classification et le sexe, l’âge, etdes présentations cliniques ont été testées en ana-lyse univariée. Les analyses statistiques ont été réali-sées à l’aide du logiciel Excel-Stat® (Addinsoft, Paris,France).

Les différents profils de composition de calculs identi-fiés ont pu être rattachés à des étiologies particulières.Pour confirmer ces étiologies, nous nous sommes basés surles renseignements cliniques qui figuraient sur la fiche derenseignement ainsi que sur le type morphologique du cal-cul, celui-ci étant corrélé au mécanisme de formation de lalithiase.

Résultats

Répartition selon l’âge et le sexe

Les 108 calculs analysés provenaient de 59 garcons et49 filles âgés de six mois à 18 ans. L’âge moyen au momentdu diagnostic était de 8,57 ± 6,81 ans pour les garcons etde 12,94 ± 5,15 ans pour les filles (moyenne ± écart-type).Trente-cinq enfants lithiasiques avaient moins de cinq ansau moment du diagnostic.

La Fig. 1 représente le nombre de calculs observés selonl’âge dans les deux sexes. Les garcons étaient plus sou-vent atteints que les filles avec un sex-ratio garcons:filles(G:F) global de 1,23. Cette prédominance masculine dimi-nuait significativement avec l’âge puis le risque lithiasiques’inversait à l’âge de 12,5 ans pour concerner d’avantageles filles. On notait également une augmentation signifi-cative du nombre de lithiases dans les deux sexes après14 ans.

Localisation des calculs

Pour 21 calculs étudiés la localisation n’était pas précisée ethuit enfants étaient affectés de calculs de localisations mul-tiples (rein et uretère, uretère et vessie ou rein, uretère etvessie). Au total des localisations documentées, les calculs

s4dp

ex-ratio (garcons/filles) en fonction de l’âge d’apparition des cal-uls.

énaux représentaient 47 % des cas, touchant significative-ent plus les enfants de moins de 12 ans et demi, suiviesar les localisations urétérales (34 %) concernant significati-ement plus les enfants de plus de 12 ans et demi (12,5 ansst le seuil déterminé par l’inversion du sex-ratio, cf. supra)uis vésicales (18 %) (Tableau 1).

omposition globale des calculs en fonction duexe

’analyse générale de la composition des calculs a révéléne prédominance de carbapatite, des protéines et des oxa-ates de calcium (whewellite et weddelite) dans les deuxexes (présence observée respectivement dans 72 %, 54 %,

3 % et 41 % de l’ensemble des calculs) (Tableau 2). Cepen-ant, cette composition variait selon le sexe : carbapatite,rotéines et urates d’ammonium étaient significativement
Page 4: Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

902 D. Luque Paz et al.

Tableau 2 Analyse de la composition des calculs en fonction du sexe et de l’âge.

Composants présents àplus de 5 % : n (%)

p (test deFisher)

Composants présents àplus de 5 % : n (%)

p (test deFisher)

Total(n = 108)

Garcons(n = 59)

Filles(n = 49)

< 12,5 ans(n = 51)

≥ 12,5 ans(n = 57)

Oxalate de calciumWhewellite 18 (31) 28 (57) < 0,05 16 (31) 30 (53) < 0,05 46 (43)Weddelite 19 (32) 25 (51) ns 14 (27) 30 (53) < 0,05 44 (41)

PhosphateCarbapatite 48 (81) 30 (61) < 0,05 39 (76) 39 (68) < 0,05 78 (72)Whitlockite 6 (10) 4 (8) ns 9 (18) 1 (2) < 0,05 10 (9)Struvite 17 (29) 7 (14) ns 16 (31) 8 (14) ns 24 (22)PACC 7 (12) 4 (8) ns 9 (18) 2 (4) ns 11 (10)Brushite 5 (8) 1 (2) ns 3 (6) 3 (5) < 0,05 6 (6)Phos. Octo. 3 (5) 1 (2) ns 2 (4) 2 (4) < 0,05 4 (4)

AutresURAM 12 (20) 3 (6) < 0,05 10 (20) 5 (9) ns 15 (14)Protéines 40 (68) 18 (37) < 0,05 36 (71) 22 (39) ns 58 (54)Cystéine 3 (5) 6 (12) ns 3 (6) 6 (11) ns 9 (8)Triglycérides 3 (5) 0 (0) ns 2 (4) 1 (2) ns 3 (3)

Les composants représentant plus de 5 % du poids des calculs ont été reportés en nombre total de calculs les contenant (et en pour-centage calculé sur le total des calculs de la colonne correspondante). Le test statistique utilisé était le test exact de Fisher (seuil designificativité : p < 0,05). ns : non significatif.Whewellite : oxalate de calcium monohydraté ; Weddellite : oxalate de calcium dihydraté ; Carbapatite : orthophosphate de calciumcarbonaté cristallisé ; Whitlockite : phosphate de calcium et de magnésium hydraté ; Struvite : phosphate ammoniacomagnésien hexa-hydraté ; PACC : phosphate amorphe de calcium carbonaté ; Brushite : phosphate acide de calcium dihydraté ; Phos. Octo : phosphateoctocalcique ; URAM : urate d’ammonium.Noter que le total des composants répertoriés était très supérieur au nombre de dossiers analysés (108) en raison de nombreux calculsregroupant plusieurs composants présents à plus de 5 %.

pq

Cl

Lc(dcpp

Id

Lcl

(c2Lté

s4e6ccpd

Rd

Ldddlld4gâ

lus fréquents chez les garcons, à l’inverse de la whewelliteui prédominait chez les filles (p < 0,05).

omposition globale des calculs en fonction de’âge

a structure des calculs analysés était majoritairementomposée d’oxalate de calcium après l’âge de 12,5 ansTableau 2). En revanche, chez les enfants de moinse 12 ans et demi, on notait une prédominance signifi-ative des phosphates de calcium (whitlockite, struvite,hosphate amorphe de calcium carbonaté [PACC]) et desrotéines.

dentification de profils de calculs par analysee l’ensemble des composants

’analyse multidimensionnelle de la composition des cal-uls a permis d’établir des groupes, ou profils, décrits sura Fig. 2.

Le groupe 1, dont l’effectif était le plus importantn = 48), était majoritairement constitué d’oxalates de cal-ium (weddelite et whewellite) et de carbapatite. Le groupe

n’était constitué que de calculs contenant de la cystine.es groupes 3 et 4 étaient caractérisés par l’existence cons-ante de protéines dans leurs calculs et par la mise envidence de phosphates différents selon les deux groupes :

C

Ls

truvite pour le groupe 3, brushite et PACC pour le groupe. Le groupe 5 était, quant à lui, caractérisé son contenun protéines et le plus souvent de whitlockite. Le groupe, à l’effectif faible (n = 4), représentait un groupe dealculs rares caractérisé par la présence de phosphate octo-alcique. On remarque que la carbapatite était toujoursrésente dans les groupes 4, 5 et 6 ; et très souvent présenteans le groupe 3.

épartition des profils de calculs en fonctione l’âge et du sexe

e Tableau 3 résume la répartition des calculs, au seines groupes, en fonction du sexe, d’une part, et de l’âge,’autre part. L’étude statistique univariée (Fisher) de ceseux paramètres a montré une différence significative dansa distribution des calculs au sein des six groupes. Danses groupes 1 et 2, une prédominance de filles et d’enfantse plus de 12 ans et demi était observée. Les groupes 3 et

étaient en majorités composés de garcons. Enfin, dans leroupe 3 et le groupe 5 prédominaient les jeunes enfants,gés de moins de 12 ans et demi.

alculs et infections urinaires

a présence ou non d’une infection urinaire a été ren-eignée pour 87 calculs (81 %). Elle était documentée pour

Page 5: Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

Composition des calculs urinaires pédiatriques en Bretagne 903

Figure 2. Identification de différents groupes en fonction des composants présents à plus de 5 % dans les calculs.Graphes en radar dans lesquels pour chaque composant un trait représente la proportion des calculs du groupe contenant ce composant etl’aire grisée l’intervalle de confiance à 95 % de la proportion dans le groupe. En cas de proportion nulle ou égale à un, une flèche le précise(vers le centre : 0 % des calculs du groupe contiennent ce composant, vers la périphérie : 100 % des calculs contiennent ce produit à plus de5 % du poids du calcul). Les composants marqués d’une étoile étaient associés à une valeur-test supérieure à 3 en valeur absolue, ce quimarquait leur importance dans la classification hiérarchique issue de l’analyse factorielle multiple.

lockitstine

rgd(

Discussion

Car : carbapatite ; Whe : whewellite ; Wed : weddelite ; Whi : whitphosphate amorphe de calcium carbonaté ; Pro : protéines ; Cys : cy

29 d’entre eux (33 %), parmi lesquelles 13 étaient à germeuréasique (Proteus). Sur les 29 enfants avec une infectiondocumentée, 13 (45 %) souffraient d’une malformation del’arbre urinaire (cinq méga-uretères et quatre syndromesde la jonction pyélo-urétérale) ; cinq de ces infectionsétaient à germes uréasiques. L’étude du lien entre infec-tion cliniquement documentée et groupes décrits dans les

paragraphes précédents mettait en évidence que les calculsdes groupes 3, 4 et 5 étaient plus souvent liés à une infec-tion urinaire (14 infections sur 17 calculs, 6 sur 9, et 6 sur 8,

Dc

Tableau 3 Répartition des profils de composition des calculs

Répartition en fonctiondu sexe

p (test de Fisher)

Garcons(n = 59)

Filles(n = 49)

Groupe 1 18 (31) 30 (61) < 0,05

Groupe 2 3 (5) 6 (12) < 0,05

Groupe 3 23 (39) 5 (10) < 0,05

Groupe 4 6 (10) 3 (6) < 0,05

Groupe 5 6 (10) 4 (8) ns

Groupe 6 3 (5) 1 (2) ns

Après analyse des différents constituants des calculs, ceux-ci ont été rdes groupes a été analysé en termes d’âge et de sexe des enfants concprésentant cette composition spécifique (et en pourcentage calculé

statistique utilisé était le test exact de Fisher (seuil de significativité :

e ; Str : struvite ; Bru : brushite ; URA : urate d’ammonium ; PAC : ; Oct : phosphate octocalcique ; Tri : triglycérides.

espectivement pour les groupes 3, 4 et 5). Les calculs duroupe 1 étaient, quant à eux, plus souvent liés à l’absence’infection qu’à son existence (six infections sur 34 calculs)données non exposées).

ans les pays industrialisés, la lithiase urinaire est beau-oup moins fréquente chez les enfants que chez les adultes

en fonction du sexe et de l’âge.

Répartition en fonctionde l’âge

p (test de Fisher)

< 12,5 ans(n = 51)

≥ 12,5 ans(n = 57)

13 (25) 35 (61) < 0,053 (6) 6 (11) < 0,05

20 (39) 8 (14) < 0,054 (8) 5 (9) ns9 (18) 1 (2) < 0,052 (4) 2 (4) ns

épartis en groupes répondant à différents profils (Fig. 2). Chacunernés. Les résultats ont été exprimés en nombre total de calculssur le total des calculs de la colonne correspondante). Le test

p < 0,05). ns : non significatif.

Page 6: Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

9

[t(

(lcljdaper(o1cqgm

snllqlip[stou((ss

(vpjqpcdsastédp((q

mga

qcuulc

mcppc•

04

2]. 1,7 % seulement des calculs analysés dans notre labora-oire durant la période de cette étude provenaient d’enfants108 sur un total de 6353 calculs).

Le jeune âge à l’inclusion de la majorité de nos patients33 % étaient en dessous de cinq ans) peut s’expliquer par’amélioration du diagnostic et de la prise en charge desalculs, notamment par des techniques non invasives commea lithotritie extracorporelle, maintenant utilisable chez leseunes enfants [2]. Dans la population pédiatrique atteintee lithiase urinaire en France, une prédominance masculine

été observée [2,5]. Notre étude mettait en évidence cetterédominance (sex-ratio de 1,23), avec des particularitésn fonction de l’âge des enfants (Fig. 1). Chez les nour-issons, les garcons étaient très majoritairement atteints18 garcons pour 1 fille). Cette différence peut avoir deuxrigines : infectieuse ou malformative [2]. En effet sur les8 nourrissons de sexe masculin, 17 avaient une infectionliniquement documentée et le 18e un calcul de struvite,ui signe une infection à germe uréasique. De plus, quatrearcons sur 18 étaient atteints d’une malformation anato-ique de l’appareil urinaire.Le sex-ratio tendait ensuite à diminuer avec l’âge pour

’inverser vers l’âge de 12 ans et demi, c’est cet âge queous avons retenu comme limite séparant deux groupes poures calculs statistiques. Cette inversion est rapportée dansa littérature [5], Daudon et al. ont rapporté par exempleue la tranche d’âge 15—20 ans est la seule classe d’âge oùe rapport homme/femme parmi les enfants lithiasiques estnférieur à 1, illustrant le fait que la femme est, à cetteériode, plus exposée au risque lithiasique que l’homme3,5]. L’augmentation du nombre de calculs dans les deuxexes à partir de 14 ans peut s’expliquer par la modifica-ion des habitudes alimentaires à l’adolescence. De faitn observait, dans le groupe des enfants âgés (≥ 12,5 ans),ne prédominance significative des oxalates de calciump < 0,05) pouvant correspondre à une origine nutritionnelleapports élevés en oxalate et calcium ou diurèse insuffi-ante) ou à une origine métabolique propre (hyperoxalurieecondaire ou hypercalciurie idiopathique).

En ce qui concerne la répartition anatomique des calculsTableau 1), la localisation la plus fréquemment obser-ée était rénale (52 %). Cela évolue en fonction de l’âge,uisque la localisation rénale (75 %) prédominait chez leeune enfant (c’est-à-dire de moins de 12,5 ans) tandisue la localisation urétérale restait faible à cet âge (16 %)our augmenter et devenir la localisation principale (60 %)hez l’enfant plus âgé (au-delà de 12,5 ans). Cette ten-ance n’était pas liée au sexe puisqu’aucune différenceignificative n’a pu être démontrée. Ces résultats sont enccord avec la littérature [5,6], sauf peut-être la locali-ation vésicale (19 %) qui était plus fréquente dans notreravail que ce qui a été habituellement rapporté par lestudes francaises [5]. Néanmoins, en détaillant les 17 calculse notre série de localisation vésicale, nous avons observéour quatre d’entre eux (5 %) un problème anatomiquereflux ou vessie neurologique) et dans quatre autres cas5 %) une localisation urétérale concomitante pouvant expli-uer une éventuelle migration des calculs.

La composition des calculs reflète leurs modes de for-

ation et donc leurs possibles étiologies. D’une manière

énérale, les calculs de phosphates, d’origine infectieuse,tteignaient plus fréquemment les enfants jeunes, tandis

D. Luque Paz et al.

ue les enfants plus âgés étaient d’avantage porteurs de cal-uls oxalocalciques. La struvite signe une infection à germesréasiques ; elle était observée dans 31 % des cas. De mêmen taux de protéines dans le calcul supérieur à 5 %, qua-ifié de « présence de protéines », était rapporté dans lesontextes infectieux [4].

L’étude des groupes de calculs homogènes (Fig. 2) per-et de définir des types de calculs selon la présence de

hacun des composants (définie par un seuil de 5 %). Cesrofils lithiasiques peuvent être rattachés à une étiologie àartir de la clinique et/ou de l’aspect morphologique desalculs :

le groupe 1 mettait en évidence un profil de lithiasesd’origine métabolique. L’étude du type morphologique deces calculs confirme cette origine métabolique et soulignele rôle majeur de l’hypercalciurie dans leur formation(types les plus fréquents : Ia, Ib, IIa dont le IIa est letype majoritaire) [7,8]. La réalisation d’un ionogrammeurinaire chez ces enfants pourrait permettre de cernerl’origine métabolique de formation de ces calculs et lerôle de certains éléments [9—11]. Ce profil de calculsd’étiologie métabolique était significativement prépon-dérant chez les filles et les enfants âgés. Parmi les calculsde ce groupe, un seul était de type Ic, signant une hyper-oxalurie primaire ;le groupe 2 représente les calculs de cystine, il survenaitavec une fréquence significativement plus élevée chezles enfants âgés (l’âge moyen de révélation est celui del’adolescence). Dans notre étude, les filles étaient plustouchées que les garcons, alors qu’habituellement la lit-térature ne mentionne pas de différence entre les deuxsexes [12]. Ce résultat peut être dû au fait que la cysti-nurie se révèle plus précocement chez les filles. Dans cegroupe, la cystine pouvait être associée à d’autres compo-sants comme la carbapatite, les protéines ou la struvite ;possible conséquence d’une complication par une infec-tion urinaire à germes uréasiques ou non ;les groupes 3, 4, et 5 peuvent être considérés, d’après lesrenseignements cliniques fournis, comme des groupes oùl’étiologie des lithiases est en partie infectieuse, mais ilsprésentent néanmoins des différences :◦ dans le groupe 3, 68 % des calculs contenaient de la

struvite et 50 % de l’urate d’ammonium. Il s’agissaitdonc d’un profil d’infection à germes uréasiques avecalcalinisation des urines. Ce groupe de lithiases affectepréférentiellement les garcons, comme il a déjà étédécrit dans la littérature [2,4]. L’étude du typemorphologique des calculs de ce groupe confirmaitl’étiologie infectieuse à germes uréasiques pour cegroupe puisque les types retrouvés sont IVb, IVc, IIId etIVa,

◦ le groupe 4 présente une origine mixte des calculs.Dans 68 % des cas, l’existence de protéines et dePACC orientait vers une origine infectieuse et, dansd’autres cas, l’observation de brushite associée à untype morphologique IVd orientait vers une hypercal-ciurie ou une hyperparathyroïdie primaire. Ces deuxétiologies sont en accord avec l’existence de carba-patite (origine infectieuse et métabolique) et parfois

d’oxalate de calcium (origine métabolique). Cela per-met l’hypothèse que, chez certains patients, un calculd’origine métabolique peut évoluer secondairement
Page 7: Proposition de « profils types » des calculs urinaires dans une population pédiatrique bretonne

R

Laé

R

[

[

Composition des calculs urinaires pédiatriques en Bretagne

vers une composition d’origine typiquement infec-tieuse. L’apparition d’une lithiase métabolique dansl’arbre urinaire peut aussi favoriser la survenued’une infection urinaire [8]. Cette origine mixte étaitconfirmée par les types morphologiques des calculsretrouvés : IVd, IVa, IIa,

◦ le groupe 5 représentait un autre profil de calculsd’étiologie infectieuse, formés de whitlockite (phos-phate mixte de calcium et de magnésium) [9]. Ilétait significativement plus fréquent chez les jeunesenfants. Les profils 4 et 5 sont donc des profils de cal-culs d’étiologie infectieuse à germes non uréasiquespuisque la struvite était très rarement présente,

◦ le groupe 6 est considéré comme un groupe de calculrare ; ces calculs étaient les seuls qui contenaient duphosphate octocalcique.

Conclusion

Les caractéristiques épidémiologiques (composition et loca-lisation en fonction du sexe et de l’âge) des lithiasesurinaires des enfants en Bretagne étaient semblables àcelles rapportées au niveau national [3]. Notre étudeapporte une suggestion quant à l’analyse statistique de lacomposition des calculs : en effet, l’analyse de la présencedes composants quantitativement mineurs peut s’avérertrès utile pour déterminer le mécanisme lithogène etdonc l’étiologie. L’association entre les composants nousa permis de dégager des types de calculs spécifiquementrattachés à des étiologies particulières. D’autres étudespourront s’attacher à affiner ces groupes, notamment parune investigation étiologique clinico-biologique permettantde confirmer nos résultats (ionogramme urinaire, cristallu-rie, recherche de maladies métaboliques). La déterminationde profils types peut aider le praticien à définir l’étiologie dela lithiase urinaire et donc de la thérapeutique à proposer.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

[

905

emerciements

es auteurs remercient le Dr Marc Carpentier pour sonide concernant l’analyse statistique des résultats de notretude.

éférences

[1] Gagnadoux MF. Lithiase urinaire de l’enfant. EMC Pediatr2004;1(1):51—8.

[2] Traxer O, Lechevallier E, Saussine C. Lithiase urinaire del’enfant. Prog Urol 2008;18(12):1005—14.

[3] Daudon M, Traxer O, Lechevallier E, Saussine C. Épi-démiologie des lithiases urinaires. Prog Urol 2008;18(12):802—14.

[4] Daudon M. L’analyse morphoconstitutionnelle des calculs dansle diagnostic étiologique d’une lithiase urinaire de l’enfant.Arch Pediatr 2000;7(8):855—65.

[5] Daudon M. La lithiase de l’enfant a-t-elle évolué enFrance au cours des vingt dernières années ? Feuill Biol2005;46(267):29—34.

[6] Kalorin CM, Zabinski A, Okpareke I, White M, Kogan BA.Pediatric urinary stone disease — does age matter ? J Urol2009;181(5):2267—71.

[7] Spivacow FR, Negri AL, del Valle EE, Calvino I, Fradin-ger E, Zanchetta JR. Metabolic risk factors in childrenwith kidney stone disease. Pediatr Nephrol 2008;23(7):1129—33.

[8] Karabacak OR, Ipek B, Ozturk U, Demirel F, Saltas H, AltugU. Metabolic evaluation in stone disease metabolic differencesbetween the pediatric and adult patients with stone disease.Urology 2010;76(1):238—41.

[9] Daudon M, Jungers P. Clinical value of crystalluria and quantita-tive morphoconstitutional analysis of urinary calculi. NephronPhysiol 2004;98(2):31—6.

10] Bak M, Ural R, Agin H, Serdaroglu E, Calkavur S. The metabo-lic etiology of urolithiasis in Turkish children. Int Urol Nephrol2009;41(3):453—60.

11] MacDougall L, Taheri S, Crofton P. Biochemical risk factors forstone formation in a Scottish paediatric hospital population.

Ann Clin Biochem 2010;47:125—30.

12] Traxer O, Lechevallier E, Saussine C. Lithiase cystinique :diagnostic et prise en charge thérapeutique. Prog Urol2008;18(12):832—6.