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Promotion de la bonne gouvernance dans la politique allemande de développement
Document de stratégie du BMZ
D O C U M E N T D E S T R A T É G I E 0 3 F - 2 0 1 0
2 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
Table des matières
1. Résumé 3
2. Introduction 4
2.1 Pourquoi encourageons-nous la bonne gouvernance ? 42.2 Périmètre du domaine à promouvoir 52.3 De la compréhension de la bonne gouvernance 6
3. Objectif général 8
4. Rapports avec les accords internationaux et la politique européenne de développement 9
5. Principes et champs d’action 10
5.1 Principes applicables à la promotion de la bonne gouvernance 105.2 Niveaux d’action, champs d’action et approches de promotion 11
5.2.1 Triade des obligations : respect, protection et garantie de tous les droits de l’homme 12
5.2.2 Démocratie, État de droit et médias 135.2.3 Égalité des genres 155.2.4 Réforme administrative et décentralisation 155.2.5 Bonne gouvernance fi nancière, transparence dans le secteur des matières
premières et lutte contre la corruption 175.3 Instruments et avantage comparatif de la politique allemande du développement 19
6. Coopération stratégique avec les organisations multilatérales et l’Union européenne 20
7. Évaluation d’impact et contrôle des résultats 21
8. Prospective 21
9. Bibliographie 22
Annexe 1 24
3PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
1. Résumé
Dans la déclaration du Millénaire des Nations unies
(2000), la communauté internationale a affi rmé
que la bonne gouvernance est un facteur clé dans
la lutte contre la pauvreté au niveau mondial. La
présente stratégie contribue à la mise en œuvre de
la déclaration du Millénaire des Nations unies et à
la réalisation des objectifs du Millénaire pour le dé-
veloppement (OMD). Elle présente l’offre que l’Al-
lemagne propose aux pays partenaires en matière
de gouvernance dans le cadre de sa politique de dé-
veloppement. Elle s’applique à la coopération avec
les organisations régionales et à la collaboration
stratégique avec les organisations multilatérales et
l’Union européenne.
Notre conception de la bonne gouvernance re-
pose sur les droits de l’homme. La triade des obli-
gations (respecter, protéger et garantir les droits
de l’homme) attribue à l’État des obligations et aux
personnes, des droits. C’est sur cette base que le
« catalogue de critères du BMZ pour l’évaluation de
l’orientation vers le développement » a défi ni les
éléments essentiels de la bonne gouvernance.1
1 Les cinq critères sont les suivants : politique axée sur la réduction de la pauvreté et la durabilité ; respect, protection et garantie de tous les droits de l’homme ; démocratie et État de droit ; performances et transparence de l’État ainsi que comportement coopératif dans la communauté internationale.
Cette stratégie s’adresse en premier lieu aux pays
partenaires dotés de structures étatiques déve-
loppées. Nous soutenons ces derniers à mettre en
œuvre des réformes de l’État et de l’adminis-
tration ainsi que des réformes sectorielles dans
l’esprit de la déclaration de Paris. La présente
stratégie complète de ce fait une autre stratégie
du BMZ intitulée « Transition orientée vers le dé-
veloppement dans un contexte de fragilité étati-
que et de mauvaise gouvernance ». Cette dernière
s’adresse surtout aux pays partenaires dont les
structures étatiques sont moins développées et où
le renforcement de l’État est un enjeu particulier.
Ces deux stratégies sont complémentaires.
En matière de promotion de la bonne gouver-
nance, notre coopération pour le développement
repose sur les principes suivants :
● renforcer l’appropriation pour une bonne
gouvernance
● mener un dialogue politique en continu et
à long terme
● promouvoir l’État et la société civile
● partir des réalités locales et non de solu-
tions toutes faites et
● ériger la gouvernance en thème clé dans
tous les secteurs.
La promotion de la bonne gouvernance s’effec-
tue dans différents champs d’action, à différents
niveaux et avec différents partenaires de l’appa-
reil d’État et de la société civile. Les principaux
champs d’action sont les suivants :
● triade des obligations : respect, protection
et garantie de tous les droits de l’homme
● démocratie, État de droit et médias
● égalité des genres
● réforme administrative et décentralisation
● bonne gouvernance fi nancière, transpa-
rence dans le secteur des matières premiè-
res et lutte contre la corruption.
4 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
La bonne gouvernance constitue un sujet ambi-
tieux et complexe qu’un document de stratégie
ne peut traiter en totalité. Même si la politique
allemande de développement a accumulé des ex-
périences précieuses dans de nombreux domai-
nes, il faut garder une perspective réaliste quant
aux effets attendus des activités de promotion.
« Une bonne gouvernance constitue peut-être le fac-
teur le plus important pour éradiquer la pauvreté et
favoriser le développement2»
2 Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies devant l’assemblée plénière des Nations unies en 1998.
2. Introduction
2.1 Pourquoi encourageons-nous la bonne
gouvernance ?
Dans la déclaration du Millénaire des Nations
unies (2000), la communauté internationale a
affi rmé que la bonne gouvernance est un fac-
teur clé dans la lutte contre la pauvreté au niveau
mondial. La promotion de la bonne gouvernance
favorise la réalisation des droits de l’homme que
l’État doit respecter, protéger et garantir (triade
des obligations). Quand un État s’efforce d’ap-
pliquer les droits de l’homme, il s’oriente vers le
développemen t. Or, l’orientation vers le dévelop-
pement est fondamentale pour la stabilité des
sociétés. En effet, la prise en compte du dévelop -
pement joue un rôle de premier plan dans l’équi-
libre pacifi que des intérêts au niveau supranatio-
nal et mondial : dans les processus de négociation
et de mise en œuvre, les acteurs tenant compte du
développement assurent d’importantes fonctions
de médiateurs.
La présente stratégie contribue à la mise en
œuvre de la déclaration du Millénaire des Nations
unies et à la réalisation des objectifs du Millénaire
pour le développement (OMD). Elle formule les
prescriptions que le Ministère fédéral allemand
de la Coopération économique et du Développe-
ment (BMZ) a fi xées en matière de promotion de
la bonne gouvernance.3
3 Cette stratégie remplace le document de position « Bonne gouvernance dans la coopération allemande » de 2002.
La bonne gouvernance
constitue un sujet ambitieux et complexe. Même
si la politique allemande de développement a ac-
cumulé des expériences précieuses dans de nom-
breux domaines, il faut garder une perspective
réaliste quant aux effets attendus des activités
de promotion. Cette stratégie s’applique à la co-
opération avec les pays partenaires, les organi-
sations régionales, les organisations multilaté-
rales et l’Union européenne. Elle présente l’offre
que l’Allemagne propose aux pays partenaires en
matière de gouvernance. Elle a force obligatoire
pour les agences publiques de la coopération au
développement ; elle constitue un point de repère
pour les organisations non gouvernementales et
les acteurs du secteur privé. Elle s’applique aux
stratégies régionales, aux programmes nationaux
et aux stratégies prioritaires de la coopération
bilatérale allemande. Elle appuie la prise de déci-
sions portant sur l’identifi cation, la vérifi cation,
la conception, l’exécution, le pilotage et l’éva-
luation de mesures concernant un secteur ou un
sujet particulier.
5PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
2.2 Périmètre du domaine à promouvoir
La bonne gouvernance est encouragée dans le
pôle prioritaire « Démocratie, société civile et ad-
ministration publique » et constitue un sujet clé
dans d’autres secteurs.4
4 L’OCDE a introduit les indicateurs PD/GG 1 et 2 pour les projets dans le domaine du « développement participatif/bonne gouvernance ». L’in-dicateur PD/GG 2 est attribué à un projet/programme qui vise à pro-mouvoir directement le développement participatif, la démocratisa-tion et la bonne gouvernance. L’indicateur PD/GG 1 est attribué quand la bonne gouvernance est encouragée dans un projet/programme.
La forme concrète que
prennent les activités de promotion dépend sur-
tout du niveau de gouvernance et de l’orientation
vers le développement par les pays partenaires.
Dans les pays partenaires qui sont dotés de struc-
tures étatiques développées et dont les acteurs
étatiques s’orientent vers le développement (voir
niveau de gouvernance moyen et élevé dans la
matrice), la politique allemande de développe-
ment vise à soutenir les politiques nationales de
réforme (sectorielle) conformément à la déclara-
tion de Paris sur l’effi cacité de l’aide au développe-
ment (2005).
Les pays partenaires dont les structures éta-
tiques sont moins développées ou fragiles ou
qui ne tiennent pas suffi samment compte du
développement ont des spécifi cités qui sont ap-
Pays à niveau de gouvernance élevé
Engager une action préventive
Pays à niveau de gouvernance moyen
Engager une action préventive
Pays à faible niveau de gouvernance
Protéger les groupes démunis et vulnérables, promouvoir l’auto-assistance et assumer la responsabilité internationale de protéger.
Encourager les change-ments de comportement des gouvernements, renforcer les forces réformatrices et promouvoir les services sociaux de base.
Soutenir les efforts positifs des gouvernements.
Dégradation (-) Stationnaire (0) Amélioration (+)
Tendance de la gouvernance en matière de
développement
Niveau de gouvernance
6 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
profondies dans la stratégie « Transition orientée
vers le développement dans un contexte de fragi-
lité étatique et de mauvaise gouvernance » (2007)
(p. ex. renforcement de l’État).
Les approches de promotion liées à la gouver-
nance dans les situations de crise, de confl it et
de post-confl it sont abordées dans la stratégie du
BMZ « Prévention des crises, gestion des confl its et
promotion de la paix ». Dans ces cas, il faut veiller
à ce que les mesures mises en œuvre ne ravivent
pas des confl its anciens (principe « ne pas nuire »).
2.3 De la compréhension de la bonne
gouvernance
La notion de « gouvernance » se rapporte à la ma-
nière de prendre les décisions et de formuler puis
mettre en œuvre les politiques. Elle englobe aussi
les processus politiques au niveau supranational
et les organisations régionales. Elle porte en pre-
mier lieu sur les normes, institutions et proces-
sus qui régissent l’action des acteurs de l’État,
de la société civile et du secteur privé. D’une
part, il s’agit des normes et valeurs qui guident la
gouvernance et, d’autre part, du contexte institu-
tionnel où elle s’insère. L’on ne peut pas compren-
dre les dimensions normatives et institutionnelles
de la gouvernance sans se référer à son contexte
historique, culturel, social et économique.
Il n’existe pas de défi nition uniforme de la bonne
gouvernance au niveau international. Toutefois,
au cours des dernières décennies, la bonne gouver-
nance est devenue un concept normatif complet
reconnu internationalement. Notre conception
de la bonne gouvernance repose sur les droits
universels de l’homme et les principes qui en dé-
coulent.5
5 Autonomisation, participation, égalité des chances et non-discrimination, transparence et responsabilité
L’idéal poursuivi est celui d’un État qui
respecte les obligations prises au niveau interna-
tional et régional, les met en œuvre progressive-
ment et les garantit. Cet idéal repose sur la triade
des obligations de l’État : respect, protection et
garantie de tous les droits de l’homme. Les ac-
teurs étatiques se voient attribuer des obligations
et les personnes, des droits. La bonne gouvernance
est à la fois un préalable au développement et l’un
de ses objectifs.
Le « catalogue de critères du BMZ pour l’évalua-
tion de l’orientation vers le développement de
pays partenaires » défi nit les éléments essentiels
de la bonne gouvernance.
Nous parlons de bonne gouvernance quand les
acteurs étatiques et les institutions s’efforcent
sérieusement d’orienter la politique sur la satis-
faction des besoins des populations pauvres,
la durabilité et la réalisation des OMD. Il existe
une relation directe entre la bonne gouvernance
et la réduction de la pauvreté. La bonne gouver-
nance permet la création de conditions stables fa-
vorables à une croissance économique à grande
échelle et à la réduction de la pauvreté. Un État
mène une action axée sur le développement
quand il respecte et protège tous les droits de
l’homme et s’efforce sérieusement de les garan-
tir à tout le monde – sans considération de statut,
de genre, d’âge ou d’appartenance ethnique, reli-
gieuse ou culturelle. Son action est guidée par les
principes de la démocratie et de l’État de droit,
principes qui englobent la participation politi-
que de la population, le rôle responsable du parle-
ment ainsi que la légalité de l’action étatique et
une séparation adéquate des pouvoirs. Un tel État
est également capable de régler les confl its de
manière constructive et non violente. Il se carac-
térise par ses performances et la transparence
de l’administration. Son gouvernement est volon-
tariste et en mesure d’imposer ses décisions, son
administration est transparente, performante et
centrée sur les citoyens. Ces derniers aspects revê-
tent aussi une grande importance pour le système
7PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
des fi nances publiques, car ils sont liés à une lutte
effi cace contre la corruption dans les institutions
étatiques. Compte tenu de l’importance crois-
sante de la coopération régionale et internatio-
nale, un comportement coopératif au sein de
la communauté internationale constitue égale-
ment un critère de prise en compte du développe-
ment.
Catalogue de critères du BMZ pour l’évaluation de l’orientation vers le développement6
6 Le catalogue de critères complet se trouve à l’annexe 1
1. Politique axée sur la réduction de la pauvreté et la durabilité
2. Respect, protection et garantie de tous les droits de l’homme
3. Démocratie et État de droit
4. Performances et transparence de l’État
5. Comportement coopératif dans la communauté internationale
8 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
3. Objectif général
Dans la déclaration du Millénaire, la communauté
internationale s’est engagée à œuvrer dans le sens
d’un développement durable à l’échelle planétaire.
Cet engagement se concrétise dans les OMD, le con-
sensus de la conférence sur le fi nance ment du dé-
veloppement de Monterrey (2002), le sommet mon-
dial sur le développement durable de Johannes-
burg (2002), la déclaration de Paris (2005), les résul-
tats du sommet Millénaire+5 et le « programme
d’action d’Accra » (2008). Pour la mise en œuvre de
ce cadre international, la politique allemande de
développement s’est fi xé quatre objectifs :
● combattre la pauvreté à l’échelle plané-
taire ;
● assurer la paix et réaliser la démocratie ;
● rendre la mondialisation équitable ;
● protéger l’environnement.
Le gouvernement fédéral allemand a dressé le
programme d’action interministériel 2015 pour
formuler sa contribution à la mise en œuvre de la
déclaration du Millénaire et à la réalisation des
OMD. Seule une démarche holistique donne des
gages que tous les projets produiront des effets
positifs sur le développement social, économique,
écologique et politique. La promotion de la bonne
gouvernance s’inscrit dans une telle démarche.
Les stratégies et documents de position du BMZ ci-dessous conservent leur importance en matière de promo-
tion de la bonne gouvernance :
La stratégie pour une participation équilibrée des femmes et des hommes au processus de déve-
loppement (2001) contient les objectifs et principes ainsi que les expériences et possibilités d’action dans le
domaine de l’égalité.
La stratégie de coopération pour le développement avec les peuples autochtones en Amérique
latine et dans les Caraïbes (2006) a pour objectif d’orienter plus fortement la CD en Amérique latine sur les
droits, intérêts, besoins et processus organisationnels des peuples autochtones.
La stratégie relative aux principes de l’économie de marché sociale et écologique de la politique al-
lemande du développement (2007) applique le principe de la durabilité aux questions d’ordre économique
et souligne qu’il est indispensable de combiner la politique économique et la bonne gouvernance pour obte-
nir une croissance économique à large impacte et durable.
La stratégie relative à la protection sociale (2008) décrit des pistes pour la conception de politiques sociales
qui soient centrées sur les populations les plus défavorisées et contribuent ainsi à la lutte structurelle contre
la pauvreté.
Le plan d’action 2008-2010 pour les droits de l’homme dans la politique de développement (2008)
vise à renforcer la promotion des droits de l’homme et leur prise en compte généralisée dans la coopération
au développement.
Le document de position Pays d’ancrage – partenaires du développement mondial (2004) fait ressortir
que la coopération doit soutenir la réforme et le renforcement des structures étatiques dans ces pays pour qu’il
se crée des structures équitables et pacifi catrices (gouvernance mondiale).
9PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
4. Rapports avec les accords internationaux et la politique européenne de développement
L’exercice responsable du pouvoir étatique est
encadré par des garanties internationales des
droits de l’homme telles que les pactes de 1966
(Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels et Pacte international relatif
aux droits civils et politiques). La Convention des
Nations unies sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW)
de 1979 oblige les acteurs étatiques à éliminer les
discriminations à l’égard des fi lles et des femmes
par des politiques et programmes visant à assurer
une égalité de facto entre les genres. De nombreux
pays partenaires ont ratifi é, entre autres, ces instru-
ments, ont adhéré à des conventions régionales sur
les droits de l’homme et sont membres de conven-
tions, d’initiatives et d’organisations régionales.
Dans le contexte africain, le programme de déve-
loppement « Nouveau partenariat pour le déve lop pe-
ment de l’Afrique » (2001) (NEPAD) revêt une impor-
tance capitale. Il a donné naissance au « mécanis me
africain d’évaluation par les pairs » (MAEP) et en-
gagé un processus d’évaluation réciproque de la
gouvernance dans les pays africains. Dans l’Acte
constitutif de l’Union africaine (2002), les États signa-
taires déclarent que la promotion de la bonne
gouvernance est un objectif majeur ; la révision
de l’Accord de Cotonou (2002) fait de la bonne gou-
vernance un élément fondamental de la coopé-
ration et prévoit la possibilité de suspendre la co-
opération, notamment dans les cas de corruption
grave.
Il existe d’autres initiatives et instruments sui-
vants mis en œuvre par la communauté interna-
tionale favorisant la promotion de la bonne gou-
vernance :
● La Convention des Nations unies contre
la corruption, UNCAC, (2003) prévoit une
large panoplie d’instruments pratiques de
lutte contre la corruption et de mesures
visan t à instaurer la transparence des trans-
actions fi nancières.
● Lors du Sommet mondial des Nations
unies (2005), la bonne gouvernance a été
reconnue comme une condition nécessaire
au développement et à la croissance écono-
mique durable.
● Le Programme d’action d’Accra, adopté
lors du troisième Forum de haut niveau sur
l’effi cacité de l’aide (2008), met en avant le
renforcement du dialogue politique sur les
stratégies de développement, notamment
celles qui concernent la mise en œuvre des
obligations contractées dans les domaines
de l’égalité des genres, des droits de l’homme
et de l’environnement.
Dans le cadre de la politique européenne du
développement, le consensus européen sur
la politique de développement (2006) et les
conclusions du Conseil de l’Union européenne
« L’égalité entre les hommes et les femmes et
l’émancipation des femmes dans la coopéra-
tion au développement » (2007) constituent une
base cruciale pour la promotion de la bonne gou-
vernance.
10 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
5. Principes et champs d’action
5.1 Principes applicables à la promotion de
la bonne gouvernance
La politique allemande du développement vise
à renforcer la transparence, l’obligation de ren-
dre compte et les performances de l’État en se
fondant sur les principes de la démocratie et de
l’État de droit. Cela vaut aussi pour la coopération
avec les organisations régionales. Le but pour-
suivi ici est d’aider les acteurs étatiques légitimes
à exercer leurs fonctions principales et à orga-
niser des processus politiques en impliquant la
société civile. La promotion de la bonne gouver-
nance est généralement un processus complexe
et confl ictuel de longue haleine. La promotion
de la bonne gouvernance est régie par les prin-
cipes suivants :
● Renforcer l’appropriation pour la bonne
gouvernance. Les processus de réforme so-
ciale ne peuvent pas être injectés dans les
sociétés de l’extérieur. Les actions de déve-
loppement ne peuvent que venir en appui
des réformes engagées dans les champs
d’action liés à la bonne gouvernance. La
réussite des mesures de promotion dépend
en premier lieu de la volonté réformatrice
et de la mobilisation des ressources locales.
Par conséquent, la promotion de la bonne
gouvernance doit reposer sur les priorités
et les politiques de réforme des pays parte-
naires.
● Mener le dialogue politique en continu
et à long terme. L’appropriation de la
bonne gouvernance peut être facilitée par
un dialogue politique à long terme entre
les gouvernements partenaires et les dona-
teurs. Ce dialogue devrait impliquer tous
les niveaux politiques dans l’élaboration
des politiques de réforme. Pour encourager
les pays partenaires à s’orienter davantage
vers le développement, il est possible de les
inciter à engager d’autres réformes en évo-
quant la perspective d’instruments de fi -
nancement innovants.7
7 Le fi nancement conjoint de programmes (FCP) est une modalité de fi nancement qui comprend des aides budgétaires générales et secto-rielles ainsi que des fi nancements par pots communs. Ces derniers in-cluent le fi nancement conjoint de programmes de réformes sectoriels, intersectoriels ou macroéconomiques du pays partenaire, ces pro-grammes étant élaborés et pris en charge au niveau national et fi nan-cés par plusieurs donateurs qui s’accordent avec le partenaire sur des objectifs communs et des procédures harmonisées. Le fi nancement bilatéral est assuré par la Coopération fi nancière (CF). En outre, un fi nancement par pot commun peut être assuré par la Coopération technique (CT) dans le cadre de la mise en commun de fonds de la Co opération technique.
Les forums entrant
dans le cadre de fi nancements budgétaires
conviennent particulièrement à un dialo-
gue politique permanent.
● Promouvoir les structures de l’État et la
société civile. Les institutions publiques
ont besoin de la participation et de l’engage-
ment des acteurs de la société civile. Ces
derniers contribuent, notamment par leurs
revendications, à la réalisation des droits
de l’homme, de la démocratie et de l’État
de droit. Ils représentent en particulier les
intérêts des populations défavorisées et vic-
times de discriminations. Par ailleurs, ils
contribuent à la fourniture et au contrôle
de services sociaux de base (p. ex. mise en
œuvre du droit à santé, à l’éducation, à
l’eau et à l’alimentation). Dans tous ces cas,
les acteurs de la société civile sont des inter-
11PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
locuteurs de premier plan, tandis que l’État
se charge d’établir une réglementation (ju-
ridiquement) contraignante. Ainsi, la pro-
motion de la bonne gouvernance concerne
l’État et la société civile et inclut la promo-
tion du parlement.
● Partir des réalités locales et non de solu-
tions toutes faites. En matière de promo-
tion de la bonne gouvernance, il n’existe
pas de voies toutes tracées pour les réformes.
Il importe en effet de tenir compte dans
tous les cas du contexte historique, culturel,
politique, économique et social ainsi que
des évolutions régionales spécifi ques. De
nombreux pays partenaires conservent des
systèmes traditionnels de gouvernance.
Leurs normes, valeurs et institutions sont
profondément enracinées dans la société et
assurent des fonctions importantes pour la
population. Il faut respecter cette diversité,
faire preuve d’imagination pour la mettre
au service des réformes et encourager la ca-
pacité d’ancrage et la coopération en faveur
du développement social et économique en
intégrant des structures « modernes ». Il
convient de veiller constamment à la com-
patibilité avec les droits de l’homme et les
droits des femmes.
● Ériger la gouvernance en thème clé dans
tous les secteurs. L’intégration de la pro-
motion de la bonne gouvernance dans les
projets sectoriels peut accroître leur effi ca-
cité. Si les droits et intérêts des différentes
populations sont pris en compte lors de la
fourniture des services publics (p. ex. eau
potable, santé et éducation) et si les acteurs
étatiques œuvrent dans le respect des rè-
gles de transparence et de redevabilité, ils
contribuent directement à la réduction de
la pauvreté. La bonne gouvernance est une
condition indispensable à une politique
économique socialement équitable.
5.2 Niveaux d’action, champs d’action et
approches de promotion
Niveaux d’action
Il est possible de promouvoir la bonne gouver-
nance dans différents domaines et à différents ni-
veaux qui sont interconnectés, voire interdépen-
dants. L’approche multi-niveaux permet d’en-
courager de manière cohérente la bonne gouver-
nance à tous les niveaux, notamment au niveau
local. Elle permet la promotion des parlements et
des institutions exécutives au niveau infranatio-
nal ainsi que l’intégration de différents niveaux
d’action politique.
Dans certaines régions ou sous-régions, il est pos-
sible d’appuyer les structures régionales de
gouvernance et les organisations régionales.
Il faut tenir compte des structures existantes en
veillant à renforcer les droits de la société civile
et la participation démocratique. Les stratégies
régionales du BMZ inscrivent la promotion de la
gouvernance au niveau régional. Les organisa-
tions régionales jouent souvent un rôle de cata-
lyseur des réformes de la gouvernance au niveau
continental et national. En Afrique, l’Union afri-
caine, le NEPAD et le MAEP ainsi que les commu-
nautés régionales d’intégration telles que la CE-
DEAO, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et
la Communauté de développement de l’Afrique
australe (SADC) assument une responsabilité ac-
crue pour la paix, la stabilité et le développement.
En approfondissant l’intégration économique,
ces organisations contribuent également à la sta-
bilité régionale et au développement.8
8 Il en va de même des programmes de lutte contre la criminalité organisée transfrontalière, souvent mise en cause dans le trafi c de femmes et d’enfants.
12 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
Champs d’action et approches de promotion
Dans la promotion de la bonne gouvernance, les
différents champs d’action sont fortement liés. Il
faut tenir compte des interdépendances existan-
tes en appliquant des politiques sectorielles co-
hérentes et coordonnées entre elles et en tirant
profi t des effets de synergie. Ainsi, la promotion
exclusive de l’effi cience de la justice risque de
renforcer des structures autocratiques de domi-
nation si des réformes législatives nécessaires à
l’instauration d’un État de droit ne sont pas me-
nées en parallèle. Ces interactions doivent être
considérées lors de la planifi cation et de l’exécu-
tion des programmes. Il convient de procéder à
un arbitrage minutieux entre les différents objec-
tifs sectoriels.
5.2.1 Triade des obligations :
respect, protection et garantie de tous
les droits de l’homme9
9 Étant donné que les droits de l’homme revêtent une importance éminente pour la gouvernance et que la politique allemande de développe ment est systématiquement orientée vers cette dernière, le « Plan d’action pour les droits de l’homme dans la politique de dé-veloppement » pour la période 2008-2010 défi nit, entre autres, les pôles prioritaires « Suppression des causes structurelles de la pauvreté et de l’exclusion », « Consolidation d’un contexte favorable » et « Amé-nagement de la croissance en tenant compte des droits de l’homme ».
Les droits de l’homme défi nissent des droits civils,
politiques, sociaux, économiques et culturels. Ils
contraignent l’État à créer un cadre réglemen-
taire opposable aux acteurs non étatiques (qui
peuvent être des acteurs du marché) pour empê-
cher la violation des droits des individus par des
tiers. La triade des obligations oblige les acteurs
étatiques (administration et gouvernement à tous
les niveaux) de promouvoir aussi les politiques as-
surant un accès équitable aux services sociaux de
base (p. ex. santé, éducation, eau) ainsi qu’aux res-
sources économiques (p. ex. terre, capital, infra-
structures) et politiques. Pour réaliser les droits
de l’homme, il faut que les différentes institutions
joignent leurs efforts aux niveaux centralisé et dé-
centralisé et s’attachent à intégrer les aspects
des droits de l’homme dans les politiques et pro-
grammes. Le groupe cible devrait être formé des
populations victimes de mécanismes de discrimi-
nation, qui sont souvent des groupes et minorités
ethniques.
La mise en œuvre des droits de l’homme ne se
heurte pas seulement aux insuffi sances législati-
ves. Elle est aussi freinée par le manque de capa-
cités fi nancières, humaines, institutionnelles et
infrastructurelles. Il en résulte entre autres que
les violations des droits de l’homme ne sont pas
poursuivies de manière effi cace. Les acteurs éta-
tiques, notamment au niveau local, ne sont sou-
vent pas informés de leurs obligations en matière
de droits de l’homme, ni préparés à leur mise en
œuvre. Cette situation est aggravée par le fait que
l’exclusion et la discrimination de certains grou-
pes (p. ex. les femmes, les personnes handicapées,
les minorités religieuses et ethniques, les jeunes)
sont profondément enracinées dans les sociétés
de nombreux pays partenaires. Il faut donc s’appli-
quer à promouvoir l’adhésion aux droits de
l’homme, notamment à l’égard des groupes dis-
criminés.
Exemples d’approches de promotion :
● promotion des institutions nationales de
défense des droits de l’homme et des orga-
nisations de la société civile et appui à la
mise en réseau de celles-ci (à l’échelon ré-
gional) ;
● appui aux réformes législatives visant à
mettre en œuvre les engagements inter-
nationaux en matière de droits de l’homme
aux niveaux national, régional et local ;
13PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
● promotion de politiques de réforme axées
sur les droits de l’homme concernant les
services sociaux de base et la sécurité ali-
mentaire (p. ex. droit à l’eau, éducation,
santé et nourriture ainsi que réforme fon-
cière) ainsi que l’éducation aux droits de
l’homme.
5.2.2 Démocratie, État de droit et médias
Démocratie
Les principes fondamentaux d’une démocratie
sont une représentation reposant sur des élec-
tions libres et régulières, la participation sociale
aux processus politiques de décision et de mise en
œuvre (même entre les élections), ainsi que l’État
de droit et le respect des droits de l’homme. Pour
qu’une démocratie fonctionne, il faut que les
principes et procédures démocratiques soient an-
crés et institutionnalisés dans la société, ce qui ne
se résume pas à la tenue d’élections formelles.
Le parlementarisme démocratique tire sa sub-
stance d’une société civile informée et capable de
s’exprimer ainsi que d’une participation active
aux processus de sensibilisation politique et de
prise de décision à tous les niveaux. Les technolo-
gies de l’information et de la communication (p.
ex. l’e-gouvernance) peuvent servir à renforcer ces
aspects et à accroître la transparence, notamment
en matière d’utilisation des ressources publiques.
Dans de nombreuses démocraties formelles, cer-
taines populations sont en réalité exclues des dé-
cisions politiques. Il convient donc de soutenir
particulièrement les populations défavorisées et
discriminées (autonomisation) pour leur donner
accès aux processus politiques de décision et de
mise en œuvre. Une attention particulière doit
être accordée aux jeunes qui constituent générale-
ment la majorité de la population et représentent
une proportion importante des électeurs.
Exemples d’approches de promotion :
● renforcement des performances du système
politique (p. ex. des parlements -y compris
régionaux- dans leurs fonctions législatives
et leur rôle de contrôle et de représentation ;
appui à la préparation et à la tenue d’élec-
tions)
● renforcement des institutions légitimées
démocratiquement à tous les niveaux
(p. ex. décentralisation politique)
● promotion de la participation institution-
nalisée de la société civile au processus
politique de décision et de mi se en œuvre
(participation politique des femmes, des
jeunes, des personnes handicapées, des mi-
norités et groupes religieux et ethniques).
État de droit
Le droit et la loi constituent le cadre d’une inter-
action libre et ordonnée de tous les acteurs so-
ciaux et sont indispensables au fonctionnement
de sociétés démocratiques. Le droit est un ins-
trument de pilotage des processus sociétaux, po-
litiques et économiques. Notre conception de
l’État de droit se caractérise par l’interdépen-
dance entre démocratie, État de droit et État so-
cial. Les caractéristiques d’un État de droit sont le
monopole de la violence légitime, la séparation
des pouvoirs (qui implique une justice indépen-
dante), une administration conforme au principe
de légalité ainsi que le respect, la protection et la
garantie de tous les droits de l’homme. La combi-
naison entre l’obligation pour l’autorité publique
de respecter la légalité et les modalités d’organi-
sation de l’État (p. ex. la séparation des pouvoirs)
est particulièrement importante quand il s’agit
des processus de développement de l’État dans de
nombreux pays partenaires.
En outre, le droit protège l’individu de l’arbitraire
étatique.
14 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
La sécurité juridique contribue aussi à instaurer
un climat propice aux investissements et favo-
rise une croissance économique à grande échelle
(croissance pro-pauvres).10
10 Voir BMZ Konzept 157 : Grundsätze der sozialen und ökologischen Markt-wirtschaft in der deutschen Entwicklungspolitik (2007). [Principes de l’économie de marché sociale et écologique dans la politique allemande du développement (2007)].
Dans de nombreux pays partenaires, les fonde-
ments juridiques d’un État de droit démocrati-
que existent, mais leur mise en œuvre est sou-
vent insuffi sante, malgré les réformes engagées.
Souvent, la sécurité juridique et la justice sont li-
mitées par un manque d’indépendance, de pro-
fessionnalisme et de neutralité de la justice. En
outre, les populations défavorisées et discrimi-
nées, notamment les femmes et les jeunes, n’ont
pas accès à la justice, car ils ne connaissent pas
leurs droits et n’ont pas les moyens fi nanciers de
se faire assister d’un conseil juridique et de faire
valoir leurs droits.
La promotion de l’État de droit vise à renforcer le
rôle du droit en tant qu’instrument de pilotage
dans la société et de protection des individus. Elle
ne doit pas se limiter à la promotion du droit et
de la justice, mais appuyer aussi l’application des
principes de l’État de droit dans d’autres domai-
nes de la bonne gouvernance.
Exemples d’approches de promotion :
● renforcement de l’organisation du sys-
tème judiciaire (p. ex. décentralisation de
la justice) et professionnalisation des ac-
teurs du secteur de la justice (p. ex. procu-
reurs, juges, défenseurs et fonctionnaires
de justice)
● appui à l’élaboration, la mise en œuvre et
l’application de lois dans le respect des droits
de l’homme (droit public, droit civil, droit
pénal, p. ex. légalité de l’administration)
● promotion de l’accès au droit et éventuelle-
ment à la médiation pour toutes les popu-
lations (p. ex. par la diffusion du droit et
l’éducation juridique ; relation entre droit
traditionnel et moderne).
Médias
La participation démocratique reste lettre morte
sans la liberté de la presse, des médias indépen-
dants et un paysage médiatique diversifi é. Élevé
au rang de « quatrième pouvoir », un paysage
médiatique libre remplit des fonctions démocra-
tiques de premier plan : il constitue une plate-
forme pour le dialogue social et contribue à la dif-
fusion d’informations nécessaires à la sensibilisa-
tion politique. En outre, il joue le rôle d’un chien
de garde attentif aux infractions commises par
les acteurs étatiques (p. ex. corruption, abus de
pouvoir et violation des droits de l’homme). L’in-
fl uence politique, la censure et les intérêts éco-
nomiques empêchent le développement d’un
paysage médiatique dynamique et indépendant.
L’instauration du pluralisme et d’une culture de la
tolérance repose en grande partie sur l’existence
de médias indépendants et critiques. Les médias
indépendants apportent une contribution vitale
à la promotion des processus sociaux d’appren-
tissage. L’Internet en particulier permet la libre
circulation des informations. Il est essentiel d’en-
courager des conditions où un paysage médiati-
que pluraliste puisse s’épanouir et où les profes-
sionnels des médias puissent travailler sans avoir
à craindre de représailles. Il faut en même temps
garantir le droit des utilisateurs aux informations.
Exemples d’approches de promotion :
● renforcement de l’indépendance de mé-
dias libres (contexte juridique et fi nancier)
15PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
● promotion de la formation professionnelle
initiale et continue des journalistes
● promotion de l’accès aux technologies de
l’information et de la communication dans
le contexte de la participation politique et
de la transparence.
5.2.3 Égalité des genres
Préoccupation essentielle de la politique alle-
mande du développement, l’égalité des sexes est
l’une des facettes de la bonne gouvernance. Mal-
gré de nombreux accords et initiatives internatio-
naux et régionaux, sa mise en œuvre souffre de
graves lacunes dans la plupart des pays partenai-
res. Les politiques publiques produisent des effets
différents sur les femmes et les hommes. Les insti-
tutions et politiques qui reposent sur des valeurs
et normes patriarcales sont responsables en par-
tie de l’inégalité des chances. À cause de la discri-
mination sexospécifi que, les femmes ont plus dif-
fi cilement accès aux services publics, aux mar-
chés et aux ressources économiques (terre, capi-
tal, conseil, formation, information). L’intégra-
tion des femmes aux processus de marché sur un
pied d’égalité (l’autonomisation économique des
femmes) est un facteur de développement écono-
mique.
Nous souhaitons aider les pays partenaires à ré-
former leurs institutions et politiques de façon à
ce que les femmes et les hommes soient à la fois
les acteurs et les bénéfi ciaires du développement
politique, économique, social et culturel sur un
pied d’égalité (autonomisation et intégration des
questions de parité). Les institutions doivent viser
à instaurer l’égalité des sexes et permettre la re-
présentation équitable des femmes.
Exemples d’approches de promotion :
● adaptation des règles de droit, institutions
et pratiques administratives existantes aux
droits et intérêts des femmes et jeunes fi lles
(p. ex. inscrire l’égalité dans la constitution,
autonomie juridique des femmes, droits
fonciers)
● appui au développement et à la mise en
œuvre de stratégies nationales et de plans
d’action visant à protéger les femmes et
jeunes fi lles de la discrimination et d’autres
violations de leurs droits fondamentaux (p.
ex. prévention et poursuites pénales contre
la violence sexiste)
● promotion de l’abandon de stéréotypes
sexistes par des actions de sensibilisation et
de relations publiques.
5.2.4 Réforme administrative et
décentralisation
Réforme administrative
L’administration publique est le fondement de
tout État de droit démocratique et performant et
la principale interface entre l’État et la société.
Les réformes administratives sont un élément in-
contournable de toute modernisation de l’État
qui prépare l’établissement de la bonne gouver-
nance dans les différents secteurs politiques. Cela
vaut tout autant pour les processus globaux de
réforme que pour les réformes concernant les ad-
ministrations sectorielles et les institutions qui
fournissent des services publics (p. ex. santé, édu-
cation, protection sociale, environnement, éco-
nomie).
Il arrive souvent, dans les pays partenaires, que
des administrations publiques politisées et cen-
tralisées ne soient pas en mesure d’accomplir
leurs missions effi cacement. Leur action n’est
ni axée sur le développement, ni proche des ci-
16 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
toyens. Plombées par des règles et processus hyper-
trophiés et des coûts élevés, elles freinent le dé-
veloppement et créent un terrain favorable à l’in-
formalité et à la corruption. Il est fondamental de
promouvoir l’orientation vers les résultats dans
l’administration publique afi n que celle-ci ne se
contente pas de respecter des règles, mais ob-
tienne les résultats attendus par la population.
Pour ce faire, l’échelon politique doit faire preuve
d’une capacité de pilotage suffi sante. Il faut donc
mettre en place et renforcer les capacités admi-
nistratives correspondantes et le contrôle exercé
par la société civile.
Exemples d’approches de promotion :
● appui aux réformes de l’organisation admi-
nistrative, du service public et des autorités
fi scales et douanières visant à accroître les
performances, la transparence et la dimen-
sion citoyenne
● appui à la réorganisation institutionnelle
des fonctions et attributions politiques à
tous les niveaux politiques
● renforcement de la participation de la po-
pulation et des capacités des acteurs de la
société civile – notamment quand ils repré-
sentent les intérêts de groupes défavorisés
et discriminés – par l’établissement de pro-
cédures tenant compte des mécanismes
traditionnels de participation.
Décentralisation
Dans de nombreux pays partenaires, la décentra-
lisation et l’instauration de l’autonomie locale
constituent un volet important des réformes po-
litiques. Les structures décentralisées de gouver-
nement et d’administration permettent d’amélio-
rer l’effi cacité, la transparence et la proximité des
citoyens et contribuen t ainsi à la démocratisation
et au dynamisme économique au niveau local.
Le principe de subsidiarité joue un rôle détermi-
nant dans la décentralisation qui consiste dans
un premier temps à créer des parlements et des
insti tutions exécutives au niveau infranational et
à pourvoir des postes publics à la suite d’élections
locales (décentralisation politique). Les mesu-
res visent à renforcer la démocratie en conférant
une plus grande légitimité aux représentant(e)s
élu(e)s du peuple et en améliorant les possibili-
tés de participation de la population et des orga-
nisations de la société civile (p. ex. mécanismes
traditionnels de participation). Pour s’acquitter
des missions qui leur sont transférées, les unités
infranationales doivent être dotées de ressour-
ces appropriées. Aussi, la décentralisation fi scale
(dotation en ressources fi nancières ou transfert
de compétences d’imposition à des collectivités
locales) contribue de manière décisive au succès
des processus de décentralisation. Il convient de
promouvoir également le transfert de compéten-
ces aux niveaux administratifs locaux (décentra-
lisation administrative). Les conditions de vie de
la population peuvent s’améliorer durablement
si les services publics sont fournis aux niveaux in-
franationaux en fonction des besoins (décentrali-
sation matérielle). Toutefois, les processus de dé-
centralisation comportent aussi certains risques.
Il peut en effet arriver que la nouvelle répartition
des pouvoirs ou les redistributions de ressources
engendrent ou attisent des confl its.
Exemples d’approches de promotion :
● promotion des institutions et décideurs qui
sont responsables de la défi nition juridi-
que, institutionnelle et administrative des
processus de décentralisation (p. ex. amé-
lioration des processus de coopération,
professionnalisation de la supervision tech-
nique et du contrôle de légalité)
● renforcement des administrations commu-
nales eu égard à l’accomplissement de leurs
missions (p. ex. appui au développement so-
cial, promotion municipale des entreprises
et fonds communaux de développement)
17PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
● appui à la refonte du système budgétaire
et fi nancier, décentralisation fi scale et ges-
tion fi nancière communale en collabora-
tion avec les institutions de contrôle des
comptes.
5.2.5 Bonne gouvernance fi nancière,
transparence dans le secteur des
matières premières et lutte contre la
corruption
Bonne gouvernance fi nancière
La bonne gouvernance fi nancière, tant en ma-
tière de recettes que de dépenses, est un moyen
de promouvoir une action étatique placée sous le
signe de la transparence, de la légitimité et de la
prise en compte du développement. Dans les pays
partenaires, les réformes des fi nances publiques
contribuent à ce que les fonds publics soient gérés
avec plus de transparence et de compétence et
qu’ils soient employés de manière plus responsa-
ble. Les fi nances publiques sont un levier puissant
de pilotage social. Ainsi, la bonne gouvernance
fi nancière peut contribuer à réduire les différen-
ces entre les pauvres et les riches. De nombreux
pays partenaires, ne disposant pas de capacités
d’administration et de gestion suffi santes, ont du
mal à réunir les conditions d’une bonne gouver-
nance fi nancière. Les systèmes fi scaux peuvent
aggraver les inégalités de revenus au lieu de les
atténuer, et il convient d’éviter ces effets pervers.
Les activités de l’État doivent être fi nancées par
les impôts, taxes, droits de douane ou contribu-
tions des citoyens.11
11 Cette idée repose sur le principe « Pas d’impôt sans représentation » qui a fortement infl ué sur le développement des constitutions et démocraties européennes.
C’est le seul moyen de fi nan-
cer le développement de manière durable. Dans
de nombreux pays partenaires, il est nécessaire de
combler le fossé entre le potentiel fi scal et les re-
cettes fi scales et d’encourager la transition entre
des systèmes de recettes fondés sur les droits de
douane et ceux qui reposent sur l’impôt. Un gou-
vernement qui collecte des impôts se voit tenu
de légitimer les besoins fi nanciers, de défi nir les
priorités de leur utilisation et d’en rendre compte.
Le budget ne remplit pas son rôle d’instrument
politique de pilotage si les décisions de dépense
ne sont pas orientées sur les priorités politiques et
sociales. Souvent les contrôles fi nanciers publics
n’informent pas les parlements de manière suffi -
sante. Or, des contrôles internes et externes effi -
caces sont indispensables pour éviter les abus de
pouvoir et les sources d’erreur dans les systèmes
budgétaires et fi nanciers. Une répartition équili-
brée des missions et des ressources entre le niveau
centralisé et décentralisé contribue notablement
à l’effi cacité des systèmes de fi nancement au sein
de l’État. Il faut renforcer les capacités des citoyens
à contrôler effi cacement leur gouvernement et à
faire respecter l’obligation de rendre compte.
Exemples d’approches de promotion :
● accroissement de l’importance du budget
public comme instrument de pilotage poli-
tique et renforcement des acteurs parti-
cipant au processus budgétaire (établisse-
ment et exécution du budget) au sein du
parlement, du gouvernement et de l’admi-
nistration
● renforcement des contrôles fi nanciers ex-
ternes indépendants et performants (p. ex.
cours des comptes, organisations de la so-
ciété civile)
● amélioration des capacités d’autofi nance-
ment grâce à des réformes dans le domaine
de la politique et de l’administration des
recettes, y compris leur imbrication (p. ex.
promotion de l’équité fi scale, modernisa-
tion douanière)
18 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
● promotion d’approches d’établissement du
budget qui prennent en compte ses consé-
quences sur les groupes cibles (p. ex. inté-
gration de la dimension homme-femme
dans les budgets).
Lutte contre la corruption
La corruption est l’abus de fonctions publiques ou
privées dans le but d’obtenir des avantages indus
– pour soi ou pour des tiers. Elle ne se limite pas au
contexte des recettes publiques liées au secteur
des matières premières, mais affecte aussi les pro-
cessus de répartition publique et existe dans le
secteur privé. La corruption engendre l’insécurité
juridique, provoque un dysfonctionnement de
l’affectation des ressources publiques et privées,
provoque des distorsions de la concurrence et en-
trave la croissance économique et le développe-
ment durable. Elle réduit l’effi cacité et la qualité
de l’administration et induit des inégalités d’accès
aux biens et services publics pour toutes les popu-
lations. Par là, la corruption sape la confi ance de la
population dans l’État. Eu égard à la lutte contre la
corruption, la politique allemande du développe-
ment vise à soutenir les actions préventives et à
renforcer les organes judiciaires et répressifs. Pro-
blème multiforme et complexe, la lutte contre
la corruption est une question transversale qui
est intégrée, de manière implicite ou explicite, à
d’autres champs d’action du BMZ. La Convention
des Nations unies contre la corruption (UNCAC)
est un instrument reconnu internationalement
qui constitue un fondement de tous les projets.
Exemples d’approches de promotion :
● renforcement de l’administration (p. ex.
police, douanes), promotion de codes de
conduite et d’une passation transparente
des marchés publics
● renforcement de la justice (corps judiciaire,
personnel judiciaire) et notamment de sa ca-
pacité de performance et de son intégrité
● appui à des commissions de lutte contre la
corruption, spéciales ou sectorielles, ou à
des unités chargées de la lutte contre la cor-
ruption dans les ministères publics.
Transparence dans le secteur des matières pre-
mières
Dopés par une demande croissante, les prix des
matières premières sont en hausse. Cette hausse,
couplée à un accroissement des investissements,
gonfl e les recettes des pays disposant d’impor-
tantes réserves de matières premières. En inci-
tant à l’appropriation de rentes, l’abondance de
ressources peut favoriser la mauvaise gestion
et la corruption (malédiction des ressources na-
turelles). Le montant et la répartition des recet-
tes publiques restent souvent opaques. La fai-
blesse des institutions, des politiques économi-
ques inappropriées et la corruption expliquent
seulement en partie pourquoi les recettes tirées
de l’extraction des matières premières contri-
buent peu à la réduction de la pauvreté. La cor-
ruption affaiblit les institutions, car elle pousse à
contourner les procédures, processus et mécanis-
mes existants. Les États bénéfi ciant d’une rente
liée aux matières premières ont une moindre pro-
pension à imposer leur population. Du point de
vue des acteurs politiques, le fl ux constant de re-
cettes réduit l’intérêt et la nécessité d’une action
orientée vers le développement. La bonne gouver-
nance fi nancière doit aussi s’appliquer à la ges-
tion des recettes tirées du secteur des matières
premières.
La politique allemande de développement sou-
tient par conséquent les initiatives telles que l’Ini-
tiative pour la transparence du secteur des indus-
tries extractives (ITIE). L’ITIE vise à rendre transpa-
rents les paiements, p. ex. impôts et royalties, que
les entreprises extractrices versent à l’État. L’ins-
tauration de la transparence donne à la popula-
tion le moyen de demander au gouvernement de
rendre compte de l’utilisation des fonds. La stra-
tégie poursuivie par l’ITIE consiste à mener un
19PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
dialogue constructif et institutionnalisé avec le
secteur privé, le gouvernement et la société civile
(approche associant les différentes parties pre-
nantes).
Exemples d’approches de promotion :
● cofi nancement et co-pilotage du fonds
multi-bailleurs de l’ITIE géré par la Banque
mondiale
● appui à la mise en œuvre de l’ITIE dans les
pays partenaires (mise en place de capaci-
tés institutionnelles dans les administra-
tions des fi nances et structures locales de
mise en œuvre).
5.3 Instruments et avantage comparatif de la
politique allemande du développement
La promotion de la bonne gouvernance – en tant
que pôle prioritaire ou thème clé dans d’autres
projets – exige la sélection méticuleuse d’ins-
truments en cohérence avec la capacité de per-
formance et la légitimation des acteurs ainsi
que leur insertion dans le tissu social du pays
concerné. La coopération allemande pour le dé-
veloppement dispose à cet effet d’une large pa-
noplie d’instruments qui constitue un avantage
comparatif de la politique allemande du déve-
loppement.
Si l’on veut utiliser les différents instruments
d’une manière cohérente et adaptée au contexte
et se montrer réactif face aux changements in-
tervenant dans l’environnement politique et so-
cial, il faut procéder à une analyse différenciée de
la situation de gouvernance (« Catalogue de cri-
tères du BMZ pour l’évaluation de l’orientation
vers le développement »). Une importance tout
aussi grande revient à un suivi des impacts tenant
compte de l’incidence sur les confl its et au dialo-
gue politique entre gouvernements. Le dialogue
politique est particulièrement effi cace quand il
est mené en commun avec d’autres bailleurs de
fonds.
Dans les pays bénéfi ciant d’une bonne gouver-
nance, on utilise aussi l’instrument du fi nance-
ment budgétaire dans le cadre du fi nance-
ment conjoint de programmes.12
12 Les participations allemandes aux fi nancements budgétaires sont liées à un niveau minimal de bonne gouvernance, voir la stratégie d’aide budgétaire du BMZ.
Cet instrument
repose sur un dialogue politique conduit en per-
manence avec les partenaires à propos des politi-
ques de réforme menées dans les différents champs
d’action et notamment la gestion des fi nances
publiques dans le cadre de la bonne gouver-
nance fi nancière. Une démarche associant le
fi nancement budgétaire dans le cadre du fi nance-
ment conjoint de programmes aux projets et pro-
grammes de la Coopération technique et fi nan-
cière (CT/CF) engendre des synergies et des effets
de levier.
La politique allemande de développement sou-
tient les efforts internationaux en matière de di-
vision du travail, notamment dans le cadre de
l’Union européenne. Une application logique des
principes de division du travail et de complémen-
tarité peut avoir pour corollaire que la coopéra-
tion allemande pour le développement utilise
les possibilités de « partenariat silencieux » ou
de coopération déléguée en concertation avec
d’autres donateurs.
20 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
6. Coopération stratégique avec les organisations multilatérales et l’Union européenne
Pour produire des effets durables, la promotion de
la bonne gouvernance doit s’inscrire dans le renfor-
cement de la coopération stratégique avec les orga-
nisations multilatérales, l’Union européenne (UE)
et les organisations régionales (voir en particulier
page 10 ci-dessus). Il faut utiliser et combiner judi-
cieusement les mandats, le potentiel, les avantages
comparatifs et les instruments grâce à une coopé-
ration active dans le cadre de l’Union européenne,
des Nations unies, de la Banque mondiale, des ban-
ques de développement régionales et de l’OCDE.
Les organisations multilatérales et régionales ont
élaboré et renforcé des approches et instruments
dans le domaine de la promotion de la bonne gou-
vernance. La Banque mondiale et les banques ré-
gionales de développement (Banque africaine de
développement, Banque asiatique de développe-
ment, Banque interaméricaine de développement)
ont intensifi é leurs activités en matière de gouver-
nance, notamment dans des domaines tels que les
réformes administratives, la lutte contre la corrup-
tion, la décentralisation et l’intégration régionale.
Il s’agit fondamentalement de donner plus de poids
à nos positions et d’en affermir la cohérence. Les
efforts se révèlent les plus durables quand ils sont
soutenus par une mise en réseau effi cace des ac-
tivités de coopération bilatérale et multilaté-
rale, surtout dans les pays partenaires concernés.
Une tranche incitative liée à la gouvernance a
été décidée au titre du 10e Fonds européen de dé-
veloppement (FED) en 2007.13
13 La tranche incitative repose sur la communication de la Commission européenne « La gouvernance dans le consensus européen pour le développement – Vers une approche harmonisée au sein de l’Union européenne » (2006).
La « tranche incita-
tive » vise explicitement à améliorer la gouver-
nance des pays partenaires. Il convient d’accom-
pagner et de poursuivre cette initiative dans un
esprit constructif.
21PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
7. Évaluation d’impact et contrôle des résultats
Dans la mesure du possible, l’évaluation d’impact
et le contrôle des résultats doivent s’aligner sur
les cycles de planifi cation et les cycles budgétaires
des partenaires. La responsabilité de l’évaluation
d’impact des programmes des donateurs devrait
être établie aussi dans les processus et instruments
nationaux des pays partenaires. Pour piloter les
projets, il est important de procéder à un suivi
permanent des situations de gouvernance, repo-
sant entre autres sur des indicateurs appropriés.
Il est ici impératif que les donateurs se concertent
au niveau international pour réduire les diver-
gences eu égard aux évaluations politiques et li-
miter la volatilité de l’aide. Les processus d’évalua-
tion doivent intégrer les partenaires, car ils don-
nent l’occasion d’attirer l’attention sur les insuffi -
sances constatées.
Le contrôle des résultats n’est possible que si les ré-
sultats sont mesurés à l’aune de critères défi nis à
l’avance. Pour faciliter l’évaluation d’impact et ob-
tenir des résultats aussi bons que possible, les dona-
teurs et tous les acteurs allemands concernés doi-
vent aligner leurs mécanismes d’évaluation et de
contrôle et fi xer des normes communes en matière
d’indicateurs de gouvernance. Les documents de
stratégie pour le pôle prioritaire d’intervention doi-
vent eux aussi spécifi er des objectifs et indicateurs
aussi concrets et vérifi ables que possible.
L’évaluation de l’impact des mesures visant à pro-
mouvoir la bonne gouvernance doit prendre en
compte le fait que les processus de réforme concer-
nés sont longs et complexes et qu’ils ne peuvent pas
produire de résultats à court terme. Souvent, le ni-
veau de gouvernance évolue de manière progres-
sive et ses changements sont diffi ciles à mesurer.
8. Prospective
Les insuffi sances en matière de gouvernance se
répercutent directement sur les conditions de vie
des populations. La promotion de la bonne gou-
vernance peut engendrer un « dividende du dé-
veloppement » qui entraîne une amélioration de
la vie quotidienne à moyen ou long terme. Pour
qu’elle se traduise par des effets durables, il faut
que cette promotion s’inscrive dans des évolu-
tions et politiques interministérielles cohérentes
au niveau mondial. Les stratégies visant à maîtri-
ser les questions d’envergure mondiale telles que
la sécurité énergétique, le changement clima-
tique et la sécurité alimentaire doivent être né-
gociées dans le cadre de la politique structurelle
mondiale et mises en œuvre au niveau national.
Cela vaut aussi pour l’organisation équitable du
commerce mondial sur la base d’engagements
internationaux. En outre, l’environnement immé-
diat de la coopération au développement connaît
une évolution dynamique : les pays émergents
sont devenus des donateurs de poids et le nombre
des acteurs du développement augmente sans
cesse. La coordination et l’harmonisation des ac-
tions en faveur de la bonne gouvernance en de-
viennent plus complexes. Pour obtenir des succès
durables, il faudra que tous les acteurs s’accor-
dent sur une coopération complémentaire et
cohérente.
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24 PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DANS LA POLITIQUE ALLEMANDE DE DÉ VELOPPEMENT
Annexe 1
Catalogue de critères du BMZ pour l’évaluation de l’orientation vers le développement
(En vigueur : depuis janvier 2007)
1. Politique axée sur la réduction de la pauvreté et la durabilité
1.1 Orientation sur les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)
1.2 Politique économique et fi nancière durable et à large impact
1.3 Promotion de la durabilité écologique
2. Respect, protection et garantie de tous les droits de l’homme
2.1 Mise en œuvre des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme
2.2 Reconnaissance et promotion des droits des femmes
2.3 Respect des normes en matière de droits de l’homme par les acteurs étatiques
3. Démocratie et État de droit
3.1 Participation démocratique de la population et rôle responsable du parlement
3.2 Limitation du pouvoir de l’État par le droit et la loi
3.3 Traitement pacifi que des confl its intérieurs
4. Performances et transparence de l’État
4.1 Gouvernement désireux et capable de faire valoir ses objectifs
4.2 Absence de corruption dans les institutions étatiques
4.3 Administration transparente, performante et orientée vers les citoyens
5. Comportement coopératif dans la communauté internationale
5.1 Collaboration constructive dans les mécanismes régionaux de coopération
5.2 Collaboration constructive dans les processus et organismes internationaux
5.3 Orientation pacifi que dans les situations de crise et de confl it
Publié par
Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement
Siège à Bonn Dahlmannstraße 4 53113 BonnALLEMAGNETél. + 49 (0) 228 99 535 - 0Fax + 49 (0) 228 99 535 - 3500
Siège à Berlin Stresemannstraße 9410963 BerlinALLEMAGNETél. + 49 (0) 30 18 535 - 0 Fax + 49 (0) 30 18 535 - 2501
Rédaction Dr. Ludgera Klemp Division 211 Gouvernance; démocratie; Etat de droit
Jutta Wagner Division 114 Information et éducation en matière de politique de développement; CIC
Responsable Hans Wollny Division 211 Gouvernance; démocratie; Etat de droit
Klaus Krämer Division 114 Information et éducation en matière de politique de développement; CIC
Traduction Maxime BoissetLayout et dessin Typo-Druck GmbH, BonnMise à jour Février 2009