Polémique novembre 2014

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Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 1 CHRONIQUES 6 EXPAT 9 CULTURE & HUMOUR 14 POLEMIQUE DU MOIS 10 Journal étudiant du département de Science Politique Le Polemique POLÉMIQUE DU MOIS LA TORTURE DOSSIER L’AUSTÉRITÉ & LES COUPURES EXPAT LE LIBAN

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Page 1: Polémique novembre 2014

Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 1

CHRONIQUES6

EXPAT9

CULTURE & HUMOUR14

POLEMIQUE DU MOIS10

Journal étudiant du département de Science Politique

Le Polemique

POLÉMIQUE DU MOIS

LA TORTURE

DOSSIER L’AUSTÉRITÉ & LES COUPURES

EXPAT LE LIBAN

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Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 12

EDITORIAL

Équipe du Journal

Rédaction en chef : Mohammad MerhiMise en page : Émilie Brisson, Clara Déry Coordonnateur à la correction: Alexia Ludwig Correction : Alexia Ludwig, Lara Bouvet, Kenza Bezzaz, Clara Déry, Camille Bertin, Mehdi Debagha Impression: Service d'impression de l'Université de MontréalIllustration : Lydia Képinski, Charles Justice Journalistes : Antony Marcoux, Jade Karim, Sihem Attalah, François Durand, Alexis Guénel, Elizabeth MacDonal, Lara Bouvet, Alexis Guénel, Anaïs Boisdron, Nicolas Toutant Youssef Benzouine, Sami Chauvet, Xavier Delisle,

Pour nous joindre: [email protected]

M’ennuyant dans un atelier sur les relations Nord-Sud, j’écoute les interventions banales de cha-cun jusqu’à ce qu’un collègue

lance «Pourquoi le Nord aiderait le Sud?». Consternation. Il a commis le pêché; il est allé à contresens. Il a viré à droite dans un sens unique qui indique gauche seulement.

Ce n’est pas tant l’idéologie qui a capté mon attention, mais plutôt le fait qu’il ait émis son opinion perçue comme controversée. La diver-gence d’opinions est maitresse au Polémique; certaines personnes prendront des positions impopulaires, que ce soit sur la torture ou sur la grève étudiante, mais il n’y a rien de mieux que de relancer un débat, de créer une saine rivalité et de trouver des solutions novatrices. Comme dirait John Locke, «la tolérance, c’est cesser de combattre ce qu’on ne peut changer». La pluralité des idées est un fait; elle est là pour rester. Toutes les opinions ne se valent, mais les défenseurs d’un idéal de liberté diront : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ». Bref, la liberté d’expression est le plus beau legs du Siècle des Lumières,

après la musique baroque et l’invention de la chasse d’eau.

Cela dit, nous avons apporté une nouveauté qui ferait jubiler Rabelais, expert de la parodie et de la satire, permettant ainsi de diversifier ce journal étudiant afin qu’il représente bien sa communauté d’intellectuels fêlés. La section humour ajoutera un caractère ludique et ori-ginal. En fait, après avoir consulté les archives du journal dans les années 80-90, j'ai constaté que c'est un retour aux sources; les étudiants dans le temps était aussi fêlés et polémique-ment corrects.

En ce qui a trait au dossier du mois, il se place dans un contexte qui nous était familier en 2012. Les cicatrices sont encore perceptibles, mais cela n’empêchera pas le premier ministre Couillard de s’occuper des «vraies affaires». Le contexte n'est toutefois pas seulement étu-diant, il s'inscrit dans un débat national sur l'austérité.

La question se pose: est-ce que l'austérité peut être considérée comme une mesure de

relance? À cela, le FMI a admis, en 2012, avoir sous-estimé les effets négatifs de l'austérité sur l'emploi et l'économie. Les répercussions ne sont jamais seulement économiques, elles touchent directement le bien-être de la popu-lation. Elle a ruiné autant de vies qu'un virus. C'est un vrai danger à la santé publique.

Bref, les mesures du gouvernement libéral ont rouvert un débat qui est d’une importance capitale pour les membres de l’AESPEIUM : devra-t-on sacrifier la pizza aux assemblées générales? Ce qui est le plus alarmant, c'est que l'AESPEIUM n'a pas eu le quorum pour son assemblée générale de grève. Est-ce une tendance qui s'annonce? Voltaire doit se retourner dans son tombe sachant que la pizza attire autant les gens à des assemblées que ses discours inspirateurs pour la liberté d'expres-sion et de pensée.

* Il est à noter que le masculin est utilisé de façon générale afin d’alléger le texte, et qu'il relève du choix de l'auteur-e. Le féminin est, bien sûr, implicite.

DOSSIER

Mohammad MerhiRetour aux sources

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3Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 1

DOSSIER

Austérité: «efforts d'optimisation»

Avouons que l'austérité dans les programmes gouvernementaux sont d'actualités, notamment avec les politiques des conservateurs au

pallier fédéral. Depuis plusieurs années ces compressions financières idéologiques ont touchés plus particulièrement le DGE, des programmes de protection de l'environne-ment, les deux grands diffuseurs médiatiques publiques, la recherche fondamentale et Poste Canada et beaucoups d'autres. Ce sont des décisions qui ont de grandes répercussions à long terme, mais moins sur les services à la population. Autrement, il y a eu une privatisa-tion des services de santé jugés non-essentiels dans les années 1980. D'ailleurs qui aurait be-soin d'un dentiste ou d'un optométriste? Peu d'entre nous se souviennent du déficit zéro

de Lucien Bouchard dans les années 1990. Le gouvernement a atteint l'équilibre budgé-taire à coups de mise à pied et de fermeture d'institutions publiques, notamment neuf hôpitaux seront fermés à Montréal. C'était une stratégie pour dévaloriser le système de santé publique, pour s'orienter vers le privé.

Globalement le gouvernement Couillard s'est donné pour mission de sabrer le budget pro-vincial de 2,7 milliards cette année et de 2,4 milliards l'an prochain, et ce sur un budget annuel d'environ 70 milliards. Le gouver-nement provincial tente de justifier que les compressions n'auront pas d'impacts sur les services aux citoyens. Depuis quelques mois, les ministres lancent des ballons dans la mêlée et par la suite tâtent le pouls de la population. En voici un exemple, en septembre dernier, le gouvernement annonce la fin du programme « L'allocation de fréquentation » qui offrait 4 $ de prestation par jour à des personnes ayant des déficiances intellectuelles faisant du bénévolat. Après de vive critiques au sein de la population, le gouvernement à renoncé à cette nouvelle mesure qui touchait les plus

vulnérables pour des économies de quelques millions de dollars. Et encore, le ministre de l'éducation qui a affirmé que les écoles avaient juste à ne pas acheter de livres pour faire des économies, « Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça [...] » avait-il affirmé sur la place publique. Il s'est finalement excusé pour ses propos en ajoutant avoir lui-même été sou-mis à la lecture étant jeune.

Des compressions tout azimutes dans les budgets des institutions de l'État ont été an-noncé par le gouvernement Couillard lors de la déposition du budget en avril dernier. Ces compressions toucheront les secteurs de la santé et des services sociaux, de l'éducation, de la culture et des régimes de retraites. Cette opsession pour l'équilibre budgetaire a pour solution une cure d'amaigrissement de l'État. Le gouvernement a même appelé la popu-lation à trouver des idées pour «réduire les dépenses publiques ». On y voit une monopo-lisation du débat, le gouvernement demande « où faut-il couper? » plutôt que « pourquoi faut-il couper? »

Antony Marcoux

«J’aime mieux qu’elles achètent moins de livres. Nos bibliothèques sont déjà bien équipées» - Ministre Bolduc. «L'effort d'optimisation doit être fait sans toucher aux services» - Ministre Barrette.

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Vovembre 2014 Volume 33 - Numéro 14

DOSSIER

Pour résoudre le problème d’une dette qui augmente à vue d’œil, une solu-tion semble faire consensus : l’austé-rité. Elle vise à réduire les symptômes

de la récession et consiste à diminuer les dépenses de l’État en matière de couverture médicale, d’assistance aux chômeurs, d’aide au logement, d’environnement, d’éducation, de culture et j’en passe !

Très à la mode en Europe, l’austérité a ten-dance à masquer les origines de la crise, à savoir, l’effondrement d’institutions finan-cières privées engagées dans de folles spécu-lations. Bien sûr, dans le cas de l’Europe, le sauvetage de ces institutions fut réalisé par leurs gouvernements respectifs, ce qui eut pour conséquence de transformer une dette privée en dette publique, remboursée par les citoyens européens. D’où le raisonnement qui débute par le constat : la dette des États est trop élevée, et qui se termine par : les États vivent au-dessus de leurs moyens. Ils doivent donc réduire leurs dépenses pour éponger la dette et retrouver la voie de la croissance.

Il est toutefois un peu naïf de penser que tous les secteurs d’une économie peuvent épar-gner, cesser de dépenser et interrompre leurs investissements sans que cela ne s’en ressente sur l’activité économique nationale, et donc sur la croissance. Comme l’affirmait John Maynard Keynes, les coupures budgétaires doivent être effectuées en temps de croissance économique, et non pas de crise, sans quoi elles ne font qu’accélérer la récession.

Suite à la crise financière de 2008, les mon-tants des dettes publiques européennes étaient bien trop élevés et les États se sont retrouvés prisonniers de la restructuration, tandis que l’oligarchie européenne, présidée par l’Allemagne, imposait à toute la zone euro des politiques d’austérité dont on pouvait sa-voir, dès 2010, qu’elles seraient peu efficaces.

L’Europe s’est retrouvée dans une situation face à laquelle elle n’était pas préparée et la BCE était seule à pouvoir agir. Elle s’est alors retrouvée sous tension croissante. En délaissant les pays en difficulté, pour les

contraindre à l’ajustement structurel, elle mit en danger l’Union à tel point que l’existence même de la monnaie unique fut menacée. Mais la BCE ne pouvait laisser l’euro s’effon-drer car, comme toute institution, elle aspire à se préserver. C’est pourquoi elle dut faire un compromis entre son désir de survie et ses principes constitutifs. Il était donc nécessaire de trouver un moyen de sauver l’euro et elle avec. En indiquant qu’elle n’acceptait pas les taux d’intérêt trop élevés, la BCE instaura un plancher en dessous duquel la valeur des dettes ne pouvait plus tomber, ce qui canalisa l’euphorie des marchés financiers.

Évidemment, tout aurait été plus facile pour l’Europe si la BCE était intervenue dès le départ pour racheter les dettes souveraines et éviter les envolées faramineuses de taux qui ont précipité certains États, comme la Grèce ou l’Espagne, dans des fossés insurmontables. Mais pour la BCE, « plus facile », c’était trop facile.

Remède incontestable à la crise européenneSihem Attalah

Austérité et les étudiantsJade Karim

Lors de la présentation du budget Leitao, le gouvernement libéral de M. Couillard a annoncé des mesures d’austérité drastiques. Ces dernières

toucheront des secteurs divers tels que : la santé, les plans de retraite, la culture, l’édu-cation pour ne nommer que ceux-là. Les coupures dans l’éducation se traduiront par une compression de 172 millions de dollars du réseau des universités. Pour l’administra-tion de l’Université de Montréal, ces coupures imposent une suppression de 24,6 millions de dollars de leur budget annuel. Afin de pallier cette baisse de fonds, la direction de l’Uni-versité de Montréal compte réduire le budget versé aux auxiliaires d’enseignement, ainsi qu’aux bourses de soutien. Ces changements à la qualité de l’enseignement des étudiants ont été suffisants pour soulever la colère de nombreuses associations étudiantes.

En effet, la position de la FAÉCUM est claire, il n’est pas question de toucher aux budgets destinés aux bourses et aux auxiliaires d’ensei-gnement, comme en témoigne son secrétaire général, Vincent Fournier Gosselin, dans son interview avec la journaliste Laurence

Houde-Roy du quotidien Métro : « On est conscient que le contexte est difficile, qu’il faudra faire des choix, mais les priorités pour nous, ce sont les bourses et les auxiliaires de cours ». D’autres associations étudiantes ont déjà tenu des assemblées générales de grèves en vue de la marche contre l’austérité prévue le 31 octobre à Montréal. Certaines de ces assemblées se sont prononcées en faveur d’une grève d’un jour afin de participer à cette marche.

En tout, on compte déjà une dizaine d’asso-ciations étudiantes, dont l’Association des étudiants en philosophie de l’Université de Montréal (ADÉPUM), ainsi que les asso-ciations des étudiants en anthropologie (AÉAUM), du département de littérature et de langues modernes (AEDLLM), en mu-sique (AEMUM) et en psycho-socio (AÉP-SUM) de l’Université de Montréal. Ce n’est pas que l’Université de Montréal qui verra certaines de ces associations étudiantes aller en grève à l’Halloween, mais aussi l’Université du Québec à Montréal. En effet, l’Association facultaire étudiante des arts (AFÉA), ainsi que l’Association des étudiants de science

politique et droit de l’UQAM participent éga-lement à la marche contre l’austérité.

En ce qui à trait de l’Association des étudiants en science politique et études internationales de l’Université de Montréal (AESPEIUM), elle a voulu s'exprimer sur ce débat social. Cependant, le nombre d’étudiants présents à l’assemblée générale du 28 octobre dernier était insuffisant, l’AESPEIUM était donc dans l’impossibilité de tenir un vote de grève.

Ce mouvement étudiant contre les mesures d’austérités se place dans un contexte poli-tique bien différent de celui contre la hausse des frais de scolarité lors du printemps 2012. En pleine année électorale, le gouvernement en place était plus susceptible de flancher sous la pression du mouvement étudiant. Le gouvernement libéral actuel est ancré dans un gouvernement majoritaire, et ce, pour les trois prochaines années à venir. Il est donc certainement moins vulnérable à une reven-dication étudiante.

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Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 15

S’il faut en croire les plus récentes annonces et actions du cabinet de Monsieur Couillard, le gouvernement libéral semble déterminé à ne pas

rompre avec l’esprit économe régissant les dépenses en culture des derniers ministères, fédéraux ou provinciaux. Madame Hélène David, ministre de la Culture et de la Com-munication (sans omettre la Protection et la promotion de la langue française), repousse catégoriquement toute idée de fermeture des conservatoires de musique et d’art dramatique situés en régions, mais l’horizon financier des institutions semble à tout le moins terne. Et pourtant, les conservatoires ne constituent qu’une seule facette parmi tant d’autres des compressions gouvernementales touchant la culture québécoise.

Maintenant, le retranchement de subventions dans la production de matériel culturel au Québec et au Canada fait malheureusement partie du quotidien politique. Les coupures massives des dernières années, qui visaient tant les subventions faites aux artistes ainsi qu’à l’organisation d’évènements culturels que le domaine culturel public (comprendre : Ra-dio-Canada), avaient conditionné les inter-venants du milieu culturel à œuvrer dans un contexte de parcimonie budgétaire. Depuis leurs élections en avril dernier, les troupes libérales du Premier ministre Philippe Couillard semblent résolues non seulement à poursuivre cette saignée dans l’aide gou-vernementale aux artistes, mais également à

réduire la place de la culture dans le secteur de l’enseignement et de l’éducation.

Une lecture approfondie du dernier budget provincial (exercice passionnant s’il en est) laisse peu de doute quant au sort de nombre de programmes et instances de financement culturel : quoique le budget prévoie la mise sur pied d’un fonds de mécénat pour les arts (dont les balises exactes sont encore brumeuses), la réduction de 20 % des cré-dits d’impôt accordés par le gouvernement provincial aura des effets indéniablement néfastes sur la santé des arts et de la culture au Québec.

Il suffit de prendre en exemple l’industrie de production cinématographique et télévisuelle dont plus de 1400 productions ont pu bénéfi-cier de crédits d’impôt depuis 2010 (chiffres fournis par l’AQTIS): cette industrie génère de trois à cinq fois le montant investi selon l’Association des Réalisateurs et Réalisatrices du Québec, mais la part attribuée à la pro-duction et à la distribution d’œuvres cinéma-tographiques sera réduite au point tel que ses productions se verront retardées, voire mises à terme, sans oublier les pertes d’emplois associées à ces coupures (pertes d’emplois qui s’ajoutent aux tristement célèbres compres-sions touchant Radio-Canada).

L’offre financière de plus en plus réduite envers le foisonnement de la production culturelle ne constitue pas une grande nou-

veauté, mais il semble que l’accès à la culture, particulièrement en ce qui a trait à la forma-tion culturelle des artistes de demain, se verra également touchée par la gestion des fonds publics à tout le moins austère. Outre les conservatoires, qui, malgré leur maintien en régions, souffrent d’un déficit de 14 millions $, il ne faut pas oublier le sabrage important auprès des bibliothèques scolaires. Hormis la réduction drastique de bibliothécaires employé(e)s (plus de la moitié dans plusieurs cas), les bibliothèques scolaires vont voir leur budget d’achat et de maintien de livres subir des réductions allant de 50 à 100 %. Dans un même ordre d’idées, la Société des Musées du Québec déplore des coupures totalisant près de 2 millions de dollars dans les subventions accordées aux plus grands musées du Québec.

Le maintien et le foisonnement de la vie culturelle québécoise ne figurent visiblement pas parmi les priorités du présent gouver-nement, malgré des propos (qui se veulent) rassurants de la part des ministres Leitao et David. Bien que la nécessité de financer la production et les évènements de nature artis-tique puisse polariser l’opinion publique, seul le gouvernement libéral semble voir d’un bon œil la réduction importante des crédits et des subventions accordés aux institutions de pré-servation culturelle.

L'austérité et les artsNicolas Toutant

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Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 16

CHRONIQUES

Quand on se regarde, on se désole. Quand on se compare, on se console. Adage très triste quand on y pense.

Comme si les paramètres d'une vie réussie, tels que le bonheur, l'authenticité ou l'auto-accomplissement se définissaient unique-ment en se comparant aux autres. Et de rester dans ce confort relatif en se disant, je n'ai pas fait cela, mais au moins, les autres non plus.

Or, il existe une espèce de moins en moins rare, qui semble utiliser cet adage comme étant la voie à suivre. Heureusement pour les psychanalystes contemporains, mais mal-heureusement pour les citoyens, ce leitmotiv semble s'incarner au sein des élites québé-coises depuis des années. Les mesures d'aus-térité actuelles n'en sont qu'un symptôme.

En effet, le discours ambiant semble révéler des élites politiques qui ne sont plus animées par des projets valorisant l'image qu'un peuple a de lui-même. Au diable la fierté, notre ère semble plutôt motivée par le désir de toujours faire moins avec moins, l'éloge de la médio-crité guidant les politiques publiques.

On se souvient tous, comme cas embléma-tique, du débat sur la hausse des frais de sco-larité, où l'un des arguments principaux de ses tenants était que nos frais sont les plus bas en Amérique du Nord. D'où la nécessité... de les augmenter.

Un cas plus actuel ? Le nouveau ministre Bolduc qui, avec l'avènement des coupes dans le milieu de l'éducation, pousse fortement les commissions scolaires à couper dans l'achat de livres. De toute façon, ça coûte trop cher à un peuple de connaître les mots, en plus de

les comprendre.

Ou bien comment le Ministre Heurtel veut combattre les gaz à effet de serre en permet-tant l'implantation d'une cimenterie à Port-Daniel; qui s'avérerait être la plus grande source de pollution de l'histoire du Québec. Il semblerait que ça coûte trop cher de contester les décisions du gouvernement fédéral. Même si faire cela est en étroite connivence avec nos intérêts provinciaux ainsi qu'avec la préserva-tion de la faune.

Les discours qui entourent les mesures d'austérité, ici comme ailleurs, dégagent un arrière-goût de la Fin de l'Histoire que je souhaite ardemment voir conservé. Qui sait ? Peut-être que, d'ici quelques décennies, les discours des élites d'aujourd'hui pourront faire partie de la section des livres rares de la BLSH.

Éloge de la médiocritéFrançois Robert-Durand

Et si le Parti communiste chinois disparaissait ?Alexis Guénel

Cette chronique mensuelle portera sur quelques faits – média-tisés ou non – qui font avancer la démocratie dans le monde. La pre-

mière portera ainsi sur une brève analyse du mouvement de contestation de ces dernières semaines à Hong Kong.

En 2006, Minxin Pei nous confiait dans China’s Trapped Transition, que la croissance économique fait tendre les pays vers la démo-cratie. Dans le cas de la Chine, il évaluait l’émergence de la démocratie à une échéance de six ou sept ans. À l’échéance de cet agenda, il est difficile de dire que la Chine est démo-cratique. L’idée « d’un pays, deux systèmes » pour qualifier le modèle particulier de la Chine et de Hong Kong n’a plus la même légitimité qu’en 1997, lors de la rétrocession du territoire, des Britanniques à la Chine. En effet, le Parti communiste avait alors évoqué une tendance à la libéralisation politique de la région administrative spéciale de Hong Kong, mais celui-ci a encore décidé de repousser la mise en place d’un système électoral où les candidats seraient libres de se présenter. Progressivement, le système s’est peu à peu

transformé en régime autoritaire, sous un voile démocratique incarné par le suffrage universel.

Ainsi aujourd’hui, le gouvernement chinois peut décider de négocier sachant qu’il peut ainsi succomber à la pression populaire ou alors réprimer les protestations comme en 1989 à la Place Tiananmen et forcément perdre une grande crédibilité à l’internatio-nal. L’autre option est d’attendre que les mani-festations s’effritent. Et comme tout choix politique, celui de la Chine face aux pressions de Hong Kong fera l’Histoire. Avec quelques semaines de recul, c’est bien cette dernière op-tion qui semble se réaliser. Toutefois, malgré cet essoufflement naturel des manifestations, le régime actuel de la Chine reste menacé, tout comme l’Union soviétique de Gorbatchev a subi la dislocation de son bloc amenant à la chute du régime. Le pouvoir essaie donc de mettre en place des réformes économiques et de centraliser encore un peu plus le pouvoir politique. Mais, la Chine actuelle est bien plus développée qu’il y a 25 ans : une large classe moyenne a émergé et a les moyens de voir au-delà de la Grande muraille et se rendre

dans des pays véritablement démocratiques. L’influence de cette classe moyenne, couplée à l’insouciance d’une génération d’étudiants chinois qui n’ont pas connu les tragiques évé-nements de Tiananmen, favorise un climat contestataire.

Contrairement à la légende accordée au Roi Knut II de Danemark, Xi Jinping ne semble pas avoir connaissance des limites de son pouvoir. Quoi qu’il en soit, une société civile s’est formée en Chine et Xi Jinping ne pourra pas empêcher à tout prix qu’elle poursuive son développement et agir comme en 1989, sinon la Chine communiste sera amenée à disparaître, ce qui ne serait pas une mauvaise nouvelle pour ses voisins taïwanais…

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Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 17

CHRONIQUES

En septembre dernier, plus d’une cen-taine de pays ont participé au som-met sur le climat des Nations Unies en espérant élaborer un plan concer-

nant la réduction des gaz à effet de serre. Ne daignant pas se présenter, notre Premier ministre Stephen Harper n’a fait qu’empirer la réputation déjà déplorable que détenait le Canada sur la scène internationale depuis son arrivée au pouvoir. Après tout, au cours de ses huit années de règne, Stephen Harper a fait du développement d’une industrie pétrolière aussi polluante que les sables bitumineux, la priorité de son mandat. En tant qu’environnementaliste et québécoise, ce genre de constat ne peut que me pousser à me questionner sur l’avenir du Québec au sein de l’empire pétrolier qu’est devenu le Canada. Ne devrions-nous pas, au nom de la protection de notre planète et de la sécurité

des citoyens du Québec et du monde, tenter de nous distinguer du reste du Canada par rapport à nos pratiques environnementales ?

La tragédie du Lac-Mégantic qui s’est produit l’été dernier aurait dû alarmer bien des politi-ciens québécois, notamment face aux risques environnementaux associés à l’exploitation et l’utilisation de ressources non renouvelables comme le pétrole. Et pourtant, à peine un an après l’accident, nous-voilà en train d’effec-tuer des activités de forage pour mesurer le potentiel pétrolier sur l’île d’Anticosti avant d’avoir soumis le projet au bureau d’audience publique sur l’environnement. En évaluant lui-même le potentiel économique du projet avec ces forages, le gouvernement n’est-il pas en train d’empiéter sur le mandat même du BAPE, qui est de fournir de l’information indépendante sur l’ensemble des impacts de tels projets ?

Le dépôt récent du projet de loi sur la société du Plan Nord est un autre projet inquiétant du point de vue environnemental. Alors qu’il se dit incapable de maintenir les budgets pour notre système de santé ou pour nos universi-tés, le gouvernement libéral semble pourtant prêt à débloquer les fonds nécessaires à la remise sur pied de son contradictoire projet de développement minier. Pendant ce temps, du côté du port pétrolier à Cacouna, les tra-vaux de forages à peine entamés menacent déjà clairement notre écosystème…

Prenant tous ces facteurs en considération, je me demande sérieusement de quelle manière le gouvernement prévoit réduire les gaz à effet de serre du Québec de 20 % d’ici 2020 comme promis. Sinon, en guise de consola-tion, nous pouvons au moins nous contenter de la présence du Premier ministre Couillard au sommet mondial sur le climat…

Elizabeth MacDonald

Le Québec: une nation distincte au niveau environnemental?

Crédit photo: Huffington Post

Page 8: Polémique novembre 2014

Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 18

Au sein du budget du gouvernement péquiste de Pauline Marois, la présentation du budget de l'ancien ministre des Finances, Nicolas Marceau, prévoyait de supprimer les exemp-tions des frais de scolarité pour les étudiants français au Québec. Malgré le changement du gouvernement québécois le 23 avril dernier, les libéraux gardent la même position concer-nant l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants français.

Comme les péquistes, les libéraux jugent que le Québec a un déficit budgétaire trop impor-tant. Afin de réduire ce déficit public, ils esti-ment que les étudiants français ne doivent plus bénéficier de la chance de payer leurs études au même tarif que les Québécois. Cependant, ce choix va à l’encontre de l’accord bilatéral de 1978 entre la France et le Québec.

Avant d’entrer dans le vif du sujet sur la hausse des frais de scolarité des étudiants français au Québec, qu’est-ce que cela fait d’avoir des res-ponsabilités politiques en étant aussi jeune ?

Michael Pilater: Il est important que lorsque nous avons des idées que nous voulons les défendre, peu importe son âge, nous puissions nous engager en politique. Je ne cache pas être le plus jeune des élus, mais c'est essentiel que toutes les catégories d'âges soient représentées, et je suis donc fier de pouvoir représenter l'inté-rêt des étudiants.

La politique a besoin d'une impulsion et d'une énergie nouvelle que les jeunes peuvent appor-ter si on leur fait confiance. Les électeurs m'ont confié une importante responsabilité, et durant mon mandat j'aurai à cœur de ne pas les déce-voir.

Qu’est-ce que le collectif contre la hausse des frais de scolarité a-t-il effectué et qu’a-t-il per-mis?

M. P: Le collectif a permis de mettre en lumière l’inquiétude des étudiants français vis-à-vis de la hausse des frais de scolarité. De nombreux médias français et québécois ont mis en évi-

dence ce sujet également. La pétition que j’ai lancée au mois de mars dernier a récolté près de 3800 signatures, symbole d'une vraie incer-titude sur cette question.

Comment qualifieriez-vous la démarche du gou-vernement québécois de vouloir augmenter les frais de scolarité des étudiants français?

M. P: La démarche du gouvernement Couillard d’augmenter les frais de scolarité est contrastée. Le Québec gagnera plus de fonds en gardant le système en place, car l’augmentation des frais de scolarité va faire gagner de l’argent au Québec sans tenir compte des retombées éco-nomiques liées aux capitaux étrangers apportés par les étudiants français lors de leur scolarité. Notez qu'une bonne partie de ces étudiants décident de rester vivre au Québec après leurs études.

L’entente de 1978 favorise l’économie du Qué-bec. Aujourd’hui l'essentiel des entreprises qui souhaitent s’implanter en Amérique du Nord passe par le Québec. À l’heure de la mondialisa-tion, où l’Union européenne et le Canada vont signer un important accord de libre-échange, est-ce qu’il serait judicieux de mettre un frein aux liens qui unissent la France et le Québec?

Qu’est-ce que l’entente de 1978 entre la France et le Québec?

M.P: C’est un accord bilatéral signé entre la France et le Québec en 1978. Il permet aux étu-diants français de payer les mêmes frais de sco-larité que les étudiants québécois au Québec, et réciproquement pour les étudiants québécois en France. On compte désormais près de 15 000 étudiants français dans la Belle Province.

En 2012, au sein des universités québécoises, 52% des étudiants étrangers étaient issus de la francophonie et 37% étaient des Français. La part des étudiants venus de l’Hexagone est en constante augmentation et elle a même doublé entre 2006 et 2014.

Donc c’est seulement sur un aspect économique que la communauté française conteste cette hausse?

M.P: Non, il y a également un aspect culturel. Quand le Premier ministre annonce durant sa campagne qu’il souhaite développer la langue française, l’immigration française participe à l’enrichissement et au développement de celle-ci.

Est-ce que le collectif envisage de faire des mani-festations contre la hausse?

M.P: Non, la mobilisation des étudiants fran-çais est un esprit de négociations. Le but est de mettre l'accent sur les aspects économiques et culturels.

Quelle est la situation actuelle au sujet de la hausse des frais de scolarité des étudiants fran-çais?

M.P: Le gouvernement québécois écoute nos demandes. Pour preuve, des discussions sont en cours entre le Quai d’Orsay et le gouvernement québécois. Les négociations devraient aboutir à un accord pour la rentrée de l'automne 2015.

Vraisemblablement, si une hausse est annon-cée, elle ne touchera pas les étudiants français déjà inscrits dans des programmes universi-taires. Enfin, les frais des étudiants français risquent fortement d'être au même niveau que celui des Canadiens hors-Québec, soit 7 000 dollars canadiens, ce qui correspond à trois fois plus que le montant actuel.

Frais de scolarité français

Propos recueillis par Sami Chauvet

La politique d’austérité du gouvernement québécois touche non seulement les Québécois mais également les étudiants français au Québec. L’équipe du Polémique a rencontré Michael Pilater. À seulement 22 ans, ce jeune homme est conseiller consulaire et élu à l'Assemblée des Français de l’étranger dans la circonscription électorale du Canada, attaché parlementaire du député UMP des Français d’Amérique du Nord Frédéric Lefebvre. Il est aussi le

fondateur du collectif d’étudiants français contre la hausse des frais de scolarité.

ENTREVUE

Page 9: Polémique novembre 2014

Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 19

EXPAT

Chaque mois, Le Polémique vous présente un article à saveur politique d'un-e étudiant-e du département en échange dans une université étrangère. Cette édition-ci, nous vous proposons le Liban.

Le Liban est un rêve à mes yeux d’expatriée de cet ennui occidental. Un monde où se multiplient ces petits chocs culturels qui tour à

tour nous effraient et nous émerveillent. De ces questions constantes sur la religion, à l’im-portance qu’ils donnent au nom de famille les reliant à un quelconque passé glorieux (réellement glorieux parfois, romanesque souvent). « Bonjour, je suis un Gemayel maronite des montagnes du Mont-Liban », « Non, non je ne suis pas arabe, je suis phé-nicien », etc. Nous les entendons souvent, ces phrases qui cherchent à lier tout un chacun à un Liban mythique. Chaque détail de son histoire est sujet à débat, chaque hé-ros est un traitre et chaque traitre, un héros.

Toutefois, ce débat sur la nation ne m’est apparu que dans l’enceinte de l’Université américaine où j’étudie, jamais autour d’une bière dans Mar Mikhael ou autour d’un café dans Hamra. C’est qu’ici, la vie est un contraste de légèreté et de pesanteur. Nom-breux sont les Libanais ou les étrangers tra-vaillant en Arabie Saoudite, dans les Émirats arabes unis ou encore au Bahreïn, qui viennent au Liban profiter d’un peu de liberté. Ils appré-cient la vie nocturne, les habits plus légers et la facilité avec laquelle ils peuvent s’exprimer. C’est vrai que le Liban a quelque chose de magnifique; des fêtes constantes, une culture riche, de l’art de rue de Yazan à la haute culture

de la quasi-sainte Fairuz. Un pays à l’hos-pitalité légendaire : il est facile de se lier d’amitié avec un Libanais; tous veulent nous faire visiter leur coin de pays ou nous raconter leur histoire. Le décrivant ainsi, le Liban, semble être pays de la légèreté; les mez-zes en abondance, l’almaza (bière locale) qui coule à flot et des rencontres conviviales. Pays de montagnes et de rivières, de cèdres et de miel. Quel contraste avec l’aspect ter-rifiant de l’environnement qui l’entoure et de cette instabilité interne qui le menace !

Où est ce gouvernement que l’on attend encore ? Toujours pas de président. Services à la population déficients. Ici, l’électricité coupe toutes les trois heures; il n’y a pas d’eau potable dans les maisons, pas de trans-port public et la situation environnementale est une catastrophe. Il n’y a qu’à voir cette mer de bouteilles de plastique flottante sur l’eau de la Méditerranée. Malgré le bonheur apparent de la population libanaise, partout sur la rue, on ressent une pesanteur : je rencontre Maxim, c’est un Syrien de Tartous, il étudie à Beyrouth depuis six ans déjà. Son père a été enlevé l’an dernier par le régime d’As-sad. On s’imagine qu’au Liban, il échappe à cette guerre, mais elle se poursuit pour lui. Il a arrêté de parler en arabe, de peur qu’on le reconnaisse par son accent. Certains disent qu’ils se font battre ou discriminer; il ne veut pas prendre cette chance. Les Libanais

ont une haine contre ces Syriens qui les ont occupés et ont peur que « leur » guerre arrive ici via les réfugiés. Ce flot de réfugiés prend d’ailleurs l’aspect d’un tsunami chaotique.

De plus, les points de contrôle situés par-tout au pays sont autant un rappel de l’ins-tabilité interne. Points de contrôle avant d’en-trer dans le quartier chiite de la banlieue sud de Beyrouth, Danieh, avant d’arriver dans la vallée de Bekaa ou encore avant d’entrer dans ces fameux camps palestiniens où sévit une pauvreté extrême. Ces soldats plantés un peu partout dans Beyrouth avec leur kalachnikov rouillée. À chaque point de contrôle, ce regard incongru sur ces drôles d’étrangers qui ont quitté leur pays pour venir explorer celui-ci. Cependant, les points de contrôle et même les soldats n’ont rien d’effrayants. Je ne m’y connais pas beaucoup en discipline mili-taire, mais il m’apparait étrange de voir deux soldats rirent en fumant des cigarettes assis sur un char d’assaut en sifflant les filles qui passent.

Le Liban est un rêve à mes yeux d’expatriées de cet ennui occidental. Un monde de légè-reté et de pesanteur. Un pays coloré de par sa population multiconfessionnelle. Un pays coloré de par les drapeaux politiques le tapissant. On dira ce que l’on veut du Liban, léger ou pesant, mais il est bien vivant !

Marie-Ève Patry

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Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 110

POLÉEMIQUE DU MOIS

Youssef Benzouine

La torture n’existe pas. Elle n’existe pas pour la simple raison qu’elle ne nous touche pas. Dans nos pays occiden-taux, la torture ressemble à ces loin-

taines sirènes aux cris inaudibles. Le brouil-lard est si épais qu’il fait taire les sons, nous délaissant à nos vies quotidiennes. Des vies sans torture, ou du moins que nous pensons affranchies de la torture. En effet, nous vivons dans un État de droit, qui nous protège ; mais il s’est avéré que cet État a utilisé la torture – ou a obtenu des informations par la torture – à des fins sécuritaires. Sous cette perspective, cette torture si lointaine se rapproche un peu plus de nous.

Par ailleurs, nous pouvons aussi parler d’une autre forme de torture : la torture psycholo-gique. Cette forme de torture qui tourmente une personne inquiète à l’idée d’aller à son travail de peur de devoir faire face à ces col-lègues-tyrans. Torture si répandue mais que tout le monde enterre dans le silence. Que la torture soit le fait de l’État, ou d’individus in-conscients, les séquelles marqueront à vie les victimes, et nous en sommes responsables. Nous détestons les bourreaux, et pourtant nous affûtons leurs armes.

Oui : nous voyons cette torture, elle nous effleure, mais nous continuions de jouer aux dupes. « La torture, c’est chez les autres ». Perpétuelle rengaine censée alléger des consciences bien coupables.

Dans ce billet, mon but n’est pas simplement dénoncer la torture ou de pointer un quel-conque responsable. Il s’agit de dénoncer votre mutisme, de dénoncer vos regards fuyants, de dénoncer votre complicité. Je ne dis pas que je ne suis point à blâmer, loin de là. Je cherche plus à vous pousser à prendre conscience de la portée de vos actes. À réali-ser que, non seulement la torture est proche de nous, mais qu’ensemble, nous pouvons l’arrêter.

Combattre la torture est un devoir citoyen ; devoir qui découle de ce même « contrat social » nous défendant de nous entretuer, faisant de nous une société aspirant à la paix. Certes, ces mots peuvent sembler fantaisistes. Mais, l’accès au droit de vote universel n’était-il pas perçu comme fantaisiste au XIXe siècle ? Et l’accès aux soins, à l’éducation, à l’assu-rance-emploi ? Il ne faut pas oublier que c’est à partir de rêves et des fantaisies que nous

sommes arrivés à notre présente citoyenneté avec tout ce qu’elle incorpore comme droits et devoirs.

Malgré notre ton vindicatif, ici, nous ne cher-chons pas à vous punir mais seulement à vous amener à une prise de conscience, travail des plus difficiles tant nous sommes aseptisés. Et c’est un travail que nous seuls pouvons relever. Toutefois, il ne faut pas oublier que, pendant que nous continuons à espérer, des gens sont en train de goûter à la torture. Au lieu de s’apitoyer inutilement sur leur sort, d’éprouver une empathie tardive, il s’agira d’être proactif, d’aller de l’avant, de sortir, de parler, d’écrire, de dénoncer, de manifester.

En fait, il s’agit de sortir de notre coquille, d’apprendre à se montrer humain en prenant l’Autre en considération. En fin de compte, ce billet est un plaidoyer vous invitant à redé-couvrir votre humanisme pour vous dresser contre la torture.

Rassurez-vous ! Vous ne serez pas seul puisque nous sommes déjà là (membres asso-ciatifs, militants, individus lambda), n’atten-dant que votre engagement.

ContreDeux journalistes, deux points de vues, un sujet. Faites entrer la polémique.Ce mois-ci:

pour ou contre la torture?

Crédit photo: Amnistie Internationale

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Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 111

Pour

En cette ère de conflits avec les grou-puscules armés formant le soi-disant Djihad contre l’Occident, il est iné-luctable que l’épineux débat autour

du châtiment corporel légitimé fera à nou-veau surface. Tout comme lors de la première lutte au terrorisme menée par la cavalerie bushienne en 2001, la place publique se pola-risera, donnant voix tant aux humanistes - et autres âmes sensibles - opposés à l’usage de la torture qu’aux tenants d’une position plus pragmatique sur la conduite d’une guerre (entreprise elle-même foncièrement pragma-tique, diront certains).

Tout citoyen désirant prendre position pren-dra soin (idéalement) de s’informer sur le sujet; nombre de ces gens entameront leur quête d’information auprès d’Amnistie Inter-nationale, principale organisation impliquée dans la lutte à la torture. Résumons (grossiè-rement) les arguments de ceux-ci : la torture est une entreprise dégradante, violente, sca-rifiant sur les plans psychologiques et phy-siques, illégitime, et ceatera.

Ne pourrait-on pas en dire autant de la guerre elle-même ? La violence et la dégra-dation de la vie humaine ne sont-elles pas monnaie courante d’une opération militaire ? Tous bombardements ou tirs d’artillerie ne laissent-ils pas leur propre lot de cicatrices ? Le principe même de l’invasion territoriale n’est-il pas illégitime en soi ? Pourquoi donc embourber cette entreprise foncièrement vio-lente, dégradante, de fausses considérations humanistes ?

Si la guerre, considérée ici comme déshuma-nisation temporaire de l’entreprise humaine, peut être acceptée comme solution valable à une situation menaçant la pérennité de la démocratie, pourquoi la torture devrait être mise au ban des stratégies possibles pour

vaincre une menace quelconque ? La torture ne constituerait-elle pas une mesure permet-tant de cibler et de menacer avec précision les tenants de l’extrémisme combattu plutôt que les civils victimes de frappes aériennes et déploiements tactiques ? Ne serait-il pas pré-férable que toute pratique visant à conclure un engagement militaire, aussi inhumaine soit-elle, ne soit encadrée par les autorités elles-mêmes ?

Bien qu’elles soient admirables idéologique-ment, toutes prétentions à des valeurs huma-nitaires dans le cadre d’une guerre semblent être d’une hypocrisie superflue. Le but de la guerre restera d’abord et avant tout l’anéantis-sement d’une menace donnée. Aucun moyen ne devrait être rejeté du revers de la main sur la base de fausses considérations altruistes.

Il serait toutefois malhonnête intellectuelle-ment de placer dans un même panier tous les opposants à la torture. Nombre d’entre eux reconnaissent les nécessités de la guerre, s’opposant plutôt à l’emploi de la torture par un État pour des raisons plus réalistes : en ef-fet, selon ceux-ci, toute information recueillie sous la torture est invalide puisqu’une souf-france psychologique ou physique appliquée dans ce but crée systématiquement de fausses confessions. La torture devient donc un acte de violence futile, les informations recher-chées étant fausses par nature.

Bien que la torture comme moyen d’acquisi-tion d’information est une entreprise d’une rigueur effectivement boiteuse, celle-ci constitue néanmoins une stratégie de dissua-sion (déterrence) auprès d’un ennemi donné.

Les groupes terroristes intégristes de la der-nière décennie ont popularisé la technique de l’attentat suicide (une explication de cette technique semble ici superfétatoire). La popularité grandissante de ce type d’attaque rend obsolète la mort comme menace coer-citive. La crainte de l’emprisonnement et de la torture est donc une des dernières mesures dissuasives à toute forme d’attaques contre l’État.

Notons que les guerres se luttent de moins en moins entre différents États, mais opposent plutôt un (ou des) État(s)-cible(s) à un (ou plusieurs) groupuscule(s) terroriste(s), qui mènent des guerres inter-frontières, favori-sant des méthodes de guérilla.

Nombre de tactiques normalement utilisées par les États belligérants, allant des tirs d’artil-lerie aux bombardements, deviennent rapide-ment obsolètes face à la montée de nouvelles techniques de guerre prônées par les cellules terroristes intégristes, dont l’attentat suicide ou le cyber terrorisme. La capture et la tor-ture semblent donc être une méthode efficace pour épurer en quelque sorte les rangs des ennemis.

Tout comme la guerre, la torture semble malheureusement être une caractéristique inhérente au projet humain. Condamner un acte de violence exercé dans le cadre d’une entreprise violente d’envergure plus grande semble contradictoire. La torture permet non seulement de cibler les véritables coupables plutôt que de victimes innocentes (dans un cadre théorique d’information parfaite), mais également de produire un effet dissuasif sur plusieurs soldats qui pourraient être prêts à sacrifier leur vie pour une cause quelconque.

George Meilleur

« Deterrence is the art of producing in the mind of the enemy the fear to attack!» - Dr. Strangelove

POLÉEMIQUE DU MOIS

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Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 112

CHRONIQUES

Les causes de l'austérité

En politique québécoise, les enjeux électoraux centraux ont souvent in-clus la question constitutionnelle, et ce depuis les années 40, tous partis

politiques confondus. Mais depuis au moins deux élections, éviter d'expliquer clairement ses positions constitutionnelles est devenu le sport national en campagne électorale si l’on se fie aux discours des chefs eux-mêmes et aux guides électoraux de la CSQ.

Pourtant des thèmes comme la santé, les finances et les mesures sociales, sont direc-tement liés aux questions constitutionnelles. Notamment celle du mauvais partage des revenus gouvernementaux au Canada, que l'on appelle le déséquilibre fiscal vertical. Une question souvent oubliée alors qu'elle est la principale cause des déficits québécois depuis la fin des années 90. Le Québec n'a pas le choix de s'y attaquer pour redresser les finances publiques. Ce que plusieurs semblent oublier lorsque vient le temps de faire des revendications est que la politique québécoise est complètement subordonnée à cet enjeu. Pour éviter un déséquilibre fiscal au Canada, il faut respecter trois critères. Premièrement, le partage des champs fiscaux dans la fédéra-tion doit permettre aux provinces d’être im-putables, devant leurs citoyens, des décisions prises dans leurs champs de compétence. Le contraire serait une atteinte au principe fédé-ral, et donc aux fondements de notre fédéra-tion, tel que défini par la commission royale Tremblay.

Deuxièmement, il faut que la somme des re-venus des provinces et des transferts fédéraux leur permette de couvrir les dépenses dans l’ensemble de leurs responsabilités constitu-tionnelles. Enfin, l'autonomie des provinces dans leurs pouvoirs constitutionnels ne doit être lésée d'aucune façon par la nature des transferts fédéraux. Bref, il y a déséquilibre si les provinces sont subordonnées à Ottawa par manque d'argent.

Un bon moyen d'illustrer l'ampleur du désé-quilibre au Canada est d'étudier l'histoire des transferts fédéraux en santé. En 1995, le bud-get Martin annonce la refonte des transferts fédéraux en santé et en services sociaux en un seul bloc, le TCSPS. En abaissant les trans-ferts de 15 %, les libéraux continuaient la ten-dance initiée sous Trudeau en 1980 même si toutes les provinces étaient unies contre cela. Par la suite, les transferts ont fait l'objet d'un intense débat politique, toutes les provinces faisant front commun contre Ottawa.

Depuis, le transfert a été revu à la hausse lorsque les provinces s'unissaient, et à la baisse lorsque le fédéral le décidait (sans consulter les provinces). Actuellement, Ottawa compte baisser la croissance annuelle du nouveau transfert bien en deçà de la hausse des coûts en santé dès 2017, ce qui en met beaucoup sur les épaules de plusieurs provinces.

L’histoire du développement des transferts fiscaux en santé est particulièrement perti-nente en tant qu’indicateur du déséquilibre fiscal. Tout d’abord, parce que la santé comp-tait en 2011 pour 35 % des dépenses provin-ciales et territoriales, ce qui est énorme.

Ensuite, parce que couper en santé est un suicide politique pour les provinces, tandis que hausser les taxes risque de créer une compétition fiscale entre provinces. La seule avenue pour les provinces sans pétrole est de, tôt ou tard, couper un peu partout dans les autres programmes pour couper les pertes. Le Québec approche dangereusement ce point critique.

De telles contraintes ne permettent pas aux provinces sans pétrole d’être imputables de-vant leurs citoyens. Bien qu’il existe des trans-ferts fiscaux pour assister ces provinces, elles font l'objet d'une incroyable créativité comp-table en baissant généralement les montants à des fins politiques et partisanes. D'ailleurs, les premiers ministres provinciaux n'ont-ils pas tous dénoncé le déséquilibre fiscal en août dernier lors du sommet de Charlottetown ?

Ce déséquilibre a de graves conséquences. Primo, le financement provincial dépend de plus en plus d'un dialogue fédéral-provincial qui n'est encadré par aucune loi et qui se fait à l'insu de la population. Ce dialogue est peu transparent, brouille les cartes et alimente le cynisme. Deuxio, en profitant de sa position financière supérieure, Ottawa laisse les pro-vinces sans pétrole choisir entre ses condi-tions et des coupes sévères.

En bafouant l'égalité juridique entre les pro-vinces et Ottawa et l'indépendance totale des provinces dans leurs compétences, le fédé-ral bafoue le principe du fédéralisme. Cette situation plaît bien au fédéral car elle lui per-met de faire du nationbuilding en donnant de l'argent aux villes et aux citoyens, là où l’argent provincial finit tôt ou tard par man-quer. La situation actuelle est une atteinte très grave à la démocratie ; même si Ottawa ne touche pas à la constitution, dans les faits, notre pays change radicalement, sans qu'on nous consulte ou qu'on nous explique claire-ment les enjeux.

À Québec, tous les partis parlent de dettes, de déficits et de coupures budgétaires. Pendant ce temps, c'est le silence radio chez les trois gros partis à Ottawa (les libéraux de Trudeau nient l'existence du problème de toute façon).

Alors depuis avril dernier, on charcute à l'aveuglette dans nos ministères mais on ne règle surtout pas la question ; les coûts en santé sont trop massifs et augmentent trop rapidement pour que les compressions soient une solution efficace. Ce qui est effarant dans tout ça c’est que notre propre gouvernement ne peut pas redresser la situation puisqu'il est subordonné aux décisions qu'Ottawa a prises. Quelle sera la prochaine étape lorsqu'on ne pourra plus couper et que l'argent manquera encore ?

Qu'attendent les partis politiques provin-ciaux pour dénoncer tout ça ?

Xavier Delisle Goupil

Page 13: Polémique novembre 2014

AESPEIUM

Exécutif 2014-2015

Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 113

L’AÉSPÉIUM a sa nouvelle équipe d'Avengers. Cette équipe défendra vos intérêts au sein du département de sci-ence politique. Nous sommes 15 volo-

ntaires qui nous investissons pour représenter la communauté étudiante de Science Politique et Études Internationales, et pour renforcer le sentiment d'appartenance à l'aide de plusieurs activités éducatives et festives. Nous avons à coeur votre implication et votre participation aux différents évènements.

Notre local se trouve au C-2175 et est ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 16h00. C’est l'endroit pour prendre une pause-café avec des gens accueillants ou pour partager vos ambi-tions. Voici donc l'exécutif de l'AESPEIUM: Eléonore Duchêne est la raison pour laquelle plusieurs jeunes pensent que les ewoks sont réels ou que Hobbiton existe réellement. Mal-gré sa petitesse, elle est l’officière exécutive en chef de l’association et son porte-parole offi-ciel. Elle est responsable des affaires courantes de l’association, et elle assure un suivi auprès des administrateurs pour maintenir le bon déroulement des activités de l’association.

Alan Volant, vice-président, est à Eléonore ce que Sam était pour Frodon. Il veille au suivi des décisions, aide au maintien des affaires courantes et administratives et rédige les procès-verbaux, en plus de nettoyer le local.

Rosalie Nadeau, trésorière, brise le stéréo-type des roux sans âmes puisqu’elle a octroyé une augmentation au Polémique. Elle excelle dans la gestion des fonds de l’association, en plus de préparer nos budgets et de trouver de bons moy-ens de financement. Elle dégage une sagesse angé-lique, mais les apparences sont trompeuses; elle est aussi fêlée que Van Gogh.

Francis Prévost, délégué aux affaires externes, se démarque non seulement par ses goûts musicaux, mais aussi par sa con-stance et son assiduité. Il se charge de faire des liens avec les organismes et les institutions. Il représente l’association sur les in-

stances de la FAÉCUM, comme le conseil cen-tral ou le comité des affaires socio-politiques.

Chloé Doucet, externe junior, en est à sa pre-mière année, mais par son implication, elle donne l’impression d’une vétérane. Son amour pour son travail est aussi inconditionnel que son amour pour le cours POL2009. Elle épaule l’externe dans ses démarches et dans la représentation de l’association aux différentes instances dont la FAECUM.

Fares Benhamadi et Émile Langlois-Vallières, délégués aux affaires académiques de science politique et études internationales, sont les représentants de l’association en ce qui con-cerne les affaires pédagogiques, que ce soit l’embauche de professeur, les évaluations de mi-session ou les conseils des affaires aca-démiques de la FAÉCUM. Ils font surtout des offres que les profs ne peuvent refuser.

Camille Boulianne, conseillère à la vie étu-diante : festive, est aussi connectée que votre fournisseur de quartier pour vous offrir des fêtes épiques. Sa créativité et son efficacité transparaissent dans les évènements qu’elle organise. Sa joie de vivre est aussi contagieuse qu’un virus africain. Elle est la raison pour laquelle vous regretterez d’avoir pris un cours le lendemain matin.

Charles Justice Rutikara, conseillé à la vie étu-diante : sport, s’occupe du projet-pilote touch-ant les activités sportives de l’association. Son programme sportif est si convaincant que le ministre Gaétan Barrette va se mettre au ré-

gime. Du soccer au hockey, Justice s’assurera de garder les futurs politiciens en forme.

Alex Nguyen et Sophie Coutu sont vos délégués aux communications. Les habiletés artistiques et créatives d’Alex sont aussi mortelles qu’un jet de napalm. Alors qu’Alex est une recrue, So-phie est une ancienne; son sourire et son car-actère conciliateur affectent quotidiennement, de manière positive, l’exécutif. Ils s’occupent de la tournée des classes, effectuent la liaison entre l’exécutif et les membres et gèrent les ré-seaux sociaux et l’envoi de courriels.

Claudia Ondo n’est pas représentante des étudi-ants internationaux pour rien; son leadership et son sens de l’initiative sont très perceptibles. Elle s’assure que l’expérience des nouveaux ar-rivants soit inoubliable. Plusieurs sorties cul-turelles éducatives et amusantes sont à prévoir, que ce soit le voyage à Québec, la tournée des appartements ou la cabane à sucre.

Jean-Francis Thériault, représentant du co-mité des finissants, est dur de l’extérieur, mais au fond tendre comme un agneau, il s’occupe des finissants avec la même efficacité qu’il le fait avec ses initiés à la fraternité. Il se charge de la prise des photos pour les finissants, de l’organisation du bal et du dossier des bagues des finissants.

Nicolas Toutant, conseillé à la vie étudiante: socio-culturel, est l’intellectuel le plus fêlé de Jean-Brillant. Cet être créatif, cultivé et à l’esprit tordu a le rôle d'organiser et de super-vision des activités socio-culturelles.

Il nous fait découvrir des classiques littéraires ou cinématographiques afin d’enrichir notre culture ou pour nous traumatiser à vie.

Mohammad Merhi

Page 14: Polémique novembre 2014

Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 114CULTURE

Peut-être avez-vous eu vent de la dernière polémique culturelle fran-çaise en date ?

Ce fut, cette fois, au sujet de la sculpture de l’artiste Paul McCarthy, érigée sur la place Vendôme dans le cadre de la Fiac (Foire inter-nationale de l’art contemporain à Paris) hors les murs, le 16 octobre dernier. Une œuvre nommée « Tree », dont la forme laisse ou-vertement penser à un plug anal. Une associa-tion qui n’a échappé à personne et a provoqué l’érection de violentes réactions, notamment l’attaque de l’artiste le jour de l’inauguration ainsi que la dégradation de l’œuvre qui eut raison de son installation (l’artiste choisit de ne pas regonfler son œuvre).

Certains, comme le groupe « la Manif pour tous » s’indignèrent de voir une telle forme ainsi exposée sur la place publique, les autres s’exaspérèrent de voir l’esprit réactionnaire s’exhiber à nouveau et vandaliser une œuvre d’art.

La polémique médiatique du « Plug » est-elle typiquement française ? La réaction d’un pays républicain en crise, où le débat et la chicane semblent traditions nationales, bien étrangères à l’esprit de ce côté-ci de l’Atlantique ? Le « plug anal » aurait-il été mieux reçu dans un pays où le mariage pour tous est accepté depuis plus d’une dizaine d’années ? Il est probable que les foules se seraient moins agitées autour de cet arbre de Noël avant l’heure.

(Merci), le Québec reste encore ouvert !

Toutefois, la polémique, si désagréable soit-elle, a pour mérite de faire parler la société civile, de remuer les normes et valeurs cul-turelles et permettre ainsi leur évolution. La plus grande qualité de l’œuvre de McCarthy réside certainement dans sa capacité à inter-roger, à provoquer : elle questionne la société sur son rapport à l’art, à la culture, au sexe, à l’occupation de l’espace public, etc. Mais sur-tout, elle fait parler d’art contemporain !

À quand alors un néo - « plug anal » Place des Arts, pour ramener l’art sur la scène publique de la polémique ?

Culture polémique: une oeuvre gonflée?Lara Bouvet

Calendrier novembre

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

1

2 3 4 5

Bière et politique

6 7 8

9 10

5@9 Salsa et Sangria

11

4@7 AESPEIUM

12

Party à l'Abreuvoir

13

Cabane à sucre

FAECUM 14 15

16

Colloque CERIUM

17 18 19

Planifica-tion de stage

(11h30) 20 21 22

23 24 25 26 27 28 29

30

Page 15: Polémique novembre 2014

Novembre 2014 15 Volume 33 - Numéro 1

HUMOUR

Certaines bonnes choses ne chang-eront jamais, comme la capacité des politiciens à nous divertir. Alors que le mercure chute de manière abys-

sale au Québec, il est un thermomètre enchan-té qui reste au beau fixe toute l’année, celui de l’humour politique. Bien qu’Halloween soit fini, beaucoup refusent de ranger les masques et d’autres s’obstinent dans leur tricks or treats. Encore dans une humeur de dinde farceuse ? Alors, embarquez pour le ghost train de la blague pas drôle.

5. Il ferme le classement du fait d’un humour laissant à désirer, le lauréat qui s’est vraiment payé notre tête, c’est Blaise Compaoré. La mauvaise blague ? Président du Burkina Faso depuis 27 ans, le monsieur qui croit visi-blement au père Noël, a eu le culot de proposer un référendum en vue de se représenter à la présidentielle de 2015. Blaise, ne sais-tu pas que tant va la cruche à l’eau qu’à la fin qu’elle se casse ?

Le tip : Si tu rêves d’être un dictateur démocrate, préfère le Poutine style à celui de Bouteflika, en cette saison c’est moins risqué.

4. Tu as échoué au Burkina Faso ? Viens en Équateur le climat. Fin octobre, le chef d’État Raffael Correa a obtenu la révision de la con-stitution en faveur d’une réélection ad vitam aeternam du président de la République. L’Équateur va-t-il enfanter d’un nouveau dic-tateur ? Réponse du parlement dans neuf mois.

3. On salut l’entrée fracassante de Jim Jong Un sur le podium. Il sera toutefois difficile de vous en dire plus, nous avons perdus contacts avec les envoyés spéciaux.

La joke qui choke : Le gouvernement nord-coréen a annoncé la mise en quarantaine (pour une durée indéterminée) de tous les étrangers présents sur le territoire, qu’ils aient Ebola ou pas. Depuis le début de l’épidémie aucun cas n’a pourtant été recensé en Asie.L’intox : Non, la Corée du Nord n’envisage pas de se faire renommer Étoile noire ou Death star. Non. Pas même « salle des objets perdus » pour les fans de Potter.

La chute : Suite à l’annonce de cette mesure extrême, Kim aurait déclaré « qui a des noix en casse qui n’en a pas s’en passe ». Sacrément osé le bridé. Un message s’adressant à d’autres présidents peut-être ?

2. Pour nous avoir fait rire toute l’année, les Russes méritent leur seconde place. Il s’agit de la grande année de la déconne pour le prési-dent Vladimir Poutine. Après avoir nié toute action agressive envers l’Ukraine*, ce dernier se refuse également tout commentaire quant aux tentatives successives de hacking dont la Maison blanche à fait dernièrement l’objet. Ukraine : pays mythologique comparable à l’Atlantide, plus ou moins déjà impossible à situer sur une carte (demandez à un Améric-ain), bientôt on ne le trouvera plus du tout.

1. Enfin, déjà en tête du peloton pour son rôle dans le Vaudeville incluant Gayet, Trierweiler et l’honneur de la France, on applaudit Fran-çois Hollande. Ayant préféré l’allure de Co-luche à celle de de Gaulle, le président s’est senti l’obligation de néanmoins lui rendre hommage en faisant jaser sur l’hexagone durant la vis-ite qu’il vient d’effectuer au Canada début no-vembre. Combinant culture canadienne et « French touch » il s’est déguisé en clown pour l’Halloween. Des témoins ont affirmé l’avoir vu brandir une pancarte éloquemment décorée de « #saveourclowns, #iamalive » ainsi que d’un « #loveceline ». On ne peut qu’applaudir ce soutien au mouvement « #stopauclownbash-ing », faisant rage sur la tweetoshpère, dont le président semble être la victime.

La vraie blague : François, en manque mani-feste de Pepito, décroche la palme d’or pour sa performance à Ottawa. Alors même qu’il venait de serrer la main du héros national, Kevin Vickers, sans le reconnaitre, Hollande a enchainé avec une allocution sur le terrorisme (adressée aux parlementaires) qu’il débute en ses termes : « Je salue le courage de Kevin Vickers qui est devenu un homme maintenant connu partout dans le monde ». Partout sauf au pays des clowns.

PoliticobuzzAnaïs Boisdron

Je suis étudiante. Je suis en appart. Je paie mes études, je paie mon appart. Je suis hu-maine; je dois bouffer. Bref, je suis pauvre. Je vous entends crier : «Que cette fille fait

pitié, organisons-lui une levée de fonds ; vive-ment les lave-autos!» Nenni, rangez vos seaux et gardez votre p’tit change pour aller vous acheter un café, question de survivre à la fin de session.

Parlant de fin de session, je la sens gronder, la maudite. Mais soyez assurés, que nous, combat-tants de première ligne, allons survivre, et ce, malgré les murs couleur «hôpital Notre-Dame» de la BLSH, le manque de sommeil et la sur-dose de caféine. Nous avancerons, à travers les tranchées de livres inutiles, de lectures et l’océan de Macbooks tels de véritables samouraïs du savoir, prêt à tout pour mériter notre houblon

de lendemain de remise. Et ce n’est qu’après ces souffrances que nous humerons le parfum de la liberté. Soyons forts et unis dans l’adversité.

Revenons à nos moutons : Un truc bien quand on est pauvre, c'est que l'on doit réellement tes-ter constamment nos compétences intellectu-elles et user d'ingéniosité pour se démerder si l’on ne veut pas manger des pâtes (ou tout autre produit du Dollo) tous les soirs… Quoiqu’on connaît tous quelqu’un qui excelle dans l’art de nous servir des pâtes trop cuites après une cuite (tudum tsh). Sans parler du ketchup que ladite personne ajoute par-dessus en guise de sauce tomate.

On en a tous vu de toutes les couleurs, cama-rades. Et puis, il y a ce mec qui nous sert une

pizza congelée comme si c’était le Saint-Graal. Et celui qui nous entraîne dans une épopée vers le Blanche-Neige. (Cela dit, toute soirée épique se termine au Blanche-Neige, c’est de notoriété publique.) Feat. Toutânkhamon

Précision: J'aime bien jouer la carte de la victime de la société mercantile, matérialiste. Bref, la pauvre étudiante fauchée qui fait pitié. Bon, c'est vrai, je suis pauvre, mais faut pas croire que je bouffe pas pour autant; j'ai réellement quelques kilos à perdre alors ça tombe à point!

Allez, joie et allégresse, ma gang de p’tits fous! (À remplacer par fours pendant le temps des fêtes.)

Chronique estudiantineÉmilie Brisson

Page 16: Polémique novembre 2014

16Novembre 2014 Volume 33 - Numéro 1

BANDE DESSINEE

Charles Justice Rutikara