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    1/19

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    Le songe d'une potique philosophique (Les rves de Descartes)

    Author(s): Gilbert BossSource: Dialectica, Vol. 47, No. 2/3 (1993), pp. 199-216Published by: WileyStable URL: http://www.jstor.org/stable/42971458Accessed: 17-02-2016 03:11 UTC

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    2/19

    Le

    songe

    d une

    potique

    philosophique

    (Les

    rves de

    Descartes)

    Gilbertoss*

    Summary

    This

    aper

    nthe

    hilosophical

    oetics

    f

    Descartes

    as he

    ollowing

    ections:

    1. The

    paradox

    f

    philosophical

    reation.

    2. The

    place

    f

    Olympica

    n

    Descartes

    ork.

    3. The hree

    reams.

    4.

    Knowledge,

    reamnd

    reality.

    5.

    Science,

    oetry

    ndwisdom.

    6. Scholastic

    hilosophy

    nd

    poetical

    hilosophy.

    7. Thephilosophicalalue fDescartes reams.8. Themethodfmethod.

    9. Who reamed?

    1

    Il

    y

    a

    dans l histoire e

    la

    philosophie uelques figures

    e

    philosophes

    out

    fait

    remarquables

    our

    leur

    capacit

    d inaugurer

    e

    nouveaux

    mondes o

    toute a

    pense

    va

    dsormais

    e

    dployer

    naturellement.

    insi furent

    laton,

    Descartes

    et

    Wittgenstein.

    ls ouvrentdes

    poques

    de

    la

    pense,

    mobilisent

    aussitt attention u

    monde

    philosophique,

    uscitent a

    controverse t im-

    posent

    leurs

    adversairesmme une

    certainemanire

    nhabituelle e

    poser

    les

    questions.

    ur eur

    doctrine,

    l

    se fonde

    des coles

    qui

    les

    dforment,

    es fi-

    gent,

    utant

    qu elles

    diffusenteur

    enseignement.

    est surtout n

    proposant

    un

    style

    dans

    la

    faon

    de

    poser

    et

    d aborder es

    problmes

    ue

    ces

    penseurs

    orientent

    a

    philosophie.

    Or

    leur

    personnalit

    quelque

    chose

    de

    paradoxal.

    D un

    ct,

    ce sontdes

    esprits igoureux,

    rs

    habiles

    ogiciens

    ou

    mathmaticiens,

    pris

    de clart t

    de

    prcision,

    dversaires arouches

    e touteforme

    obscurantisme. e l au-

    *

    Universit

    aval,

    acult

    e

    Philosophie,

    av.

    .-

    .

    Savard,

    ubec, .Q.,

    G1K

    7P4,

    Canada

    Dialctica

    Vol.

    7,

    N

    2-3

    (1993)

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    200

    Gilbertoss

    tre,

    ls sont

    emports

    par

    un enthousiasme

    ui parat

    es conduire l extrme

    oppos

    de ce

    premier

    rait e leur caractre. ls se laissent nflammer

    une

    inspiration

    enue

    d ailleurs,

    transgressant

    n

    apparence

    la

    progression

    i-

    nairedu

    discours,

    ui

    se

    dpasse

    dans

    un

    silence,

    abme dans un

    paradoxe,

    tourdit a

    logique

    et

    l emporte

    dans son

    vertige.

    Pour rendre

    hommage

    la mmoire

    e FernandBrunner ans

    un numro

    de

    Dialctica,

    une rflexion

    ur ce

    paradoxe

    me

    parat approprie,puisque

    notre mi avait un

    intrt

    assionn pour

    ce double

    aspect

    de la

    pense

    philo-

    sophique,

    notamment

    ans la

    grande

    tradition e Platon.

    Or,

    que

    la

    passion

    du

    mtaphysicien

    uisse

    s allier l amour de la

    rigueur

    discursive,

    ue

    les

    deux

    exigences

    s impliquent

    mme,

    c est ce

    que

    les initiateurs e ce

    numro

    doivent voir voulu

    manifester.

    Des

    trois

    philosophes

    que

    j ai

    cits comme

    modles des

    grands

    naugura-

    teursde

    la

    pense,

    un d entre

    ux,

    Descartes,

    passe

    dans le

    langage

    courant

    pour reprsenter

    moins

    directement

    opposition

    ntime es

    deux traits e ca-

    ractre

    upposs

    leur tre communs.

    Alors

    que

    l enthousiasmede

    l inspira-

    tion

    fait ans conteste

    partie

    de

    l image

    de

    Platon;

    l abme

    dans

    l impossible

    silence,

    de

    la

    figure

    e

    Wittgenstein;

    n retient

    urtout ous

    l adjectif

    cart-

    sien l ide de clartet de

    distinction,

    a

    rigueurmathmatique,

    a froideur

    purement

    ationnelle

    u

    calculatrice.

    Certes,

    es lecteurs

    e Descartes

    savent

    que

    les

    figures

    u

    fou,

    du

    rveur,

    es

    gnies

    bons ou

    mauvais,

    raversentes

    uvres,

    mme

    si c est

    pour y

    tre xorcises

    u

    profit

    e

    la marche ssure

    et

    continue

    du raisonnement

    mathmatique.

    Apprenons

    donc de

    lui comment

    la

    rigueur

    e la

    dialectique philosophique

    s apparente

    ou non

    l inspiration

    potique.

    2

    Pour

    des raisons

    ui

    doivent

    paratre

    ifficilement

    ondables

    aux

    partisans

    de la

    pure

    rationalit

    bstraite,

    escartes

    a tenu

    prsenter

    es

    grandes

    u-

    vres ous

    la formede

    genses

    travers

    ne histoire.

    Ainsi,

    e

    Discours

    de la

    Mthodefait

    prcder

    es essais de

    cettemthode

    d une

    histoire u

    fablebio-

    graphique,

    l on voit e

    philosophe

    cheminer

    entement

    ers

    acquisition

    e

    la matrise

    ationnelle.

    t dans

    les

    Mditations,

    est encore

    un

    itinraire,

    lus

    condens,

    de six

    ours

    qui

    peuvent

    e dtendre

    n

    six

    semaines,

    ix mois

    .

    .)

    que

    l auteurnous

    prsente

    t nous

    propose.

    La raison

    parat

    donc

    devoir

    tre

    acquise

    dans un

    parcours ui

    ne lui devient

    pas

    indiffrentt ne s en dtache

    jamais

    totalement.

    Si

    le

    plus

    haut

    achvement

    e

    la

    philosophie

    conserve

    a

    trace du

    chemin

    qui y

    conduit,

    n ne s tonnera

    as

    que

    Descartes

    ait

    gard

    dans ses

    papiers

    es

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    Le

    songe

    une

    otiquehilosophique

    201

    vestiges

    es

    tapes

    dterminantes e son

    proprevoyage

    philosophique.

    Or,

    parmi

    ceux-ci,

    es

    premires

    xpriences

    dcisives

    qui

    marquent

    a

    dcou-

    verte

    heureusedes voies de la

    philosophie

    nt

    un

    intrt out

    particulier our

    notre

    ujet.

    Et il se

    trouve

    ue

    Descartes a not

    ustement

    vnement

    ui

    re-

    prsente

    ses

    yeux

    illumination

    naugurale,

    oudroyante,

    ont

    clair

    pro-

    jet

    sa lumire ur

    a

    carrire

    u

    philosophe.

    En

    effet,

    ans un

    manuscrit e

    jeunesse,

    es

    Olympiques,

    l

    raconte

    a nuit

    naugurale

    sa vrit

    ui

    est

    ap-

    parue,

    et dont a

    description

    ous est conserve

    par

    la

    paraphrase pparem-

    ment

    rs

    directe t fidlede Baillet.

    Ou bien,faut-il roire

    que

    Descartes n aurait

    pas

    conservces tmoi-

    gnages

    de son nitiation

    hilosophique

    cause de la valeur

    horique u il

    eur

    accordait,

    mais

    seulement

    our

    des raisons

    entimentales?

    ar

    il

    peut y

    avoir

    des

    garements

    eureux,

    u

    simplement

    ouchants.

    Voire,

    on

    peut

    conserver

    le

    tmoind une erreur n

    guise

    d avertissement.

    ans cette

    hypothse,

    es

    crits auraient t

    destins

    u l usage

    tout fait

    riv

    de

    Descartes,

    t

    alors

    on

    concevraitmal

    que

    cet auteur

    oucieux de la

    maniredont l se

    prsentait

    en

    public,plus

    secret

    ue ngligent

    e

    laisservoir es

    brouillons,

    ait

    pas pris

    garde

    de n en

    rien aisser

    paratre.

    r,

    non

    seulement l

    ne les dtruit

    as

    avant

    demourir,mais lmentionne vnement ans sa

    premire

    ublication

    hilo-

    sophique,

    en

    marquant

    dans

    le rcitdu

    Discours de la

    Mthode de

    presque

    vingt

    ns

    postrieur,

    a

    date

    dcisive du

    sjour

    dans

    son

    pole.

    La

    vraisemblance e nous

    interdit

    onc

    pas

    de

    considrer

    e rcit

    omme

    s agrgeant

    gitimement

    u

    corpus

    philosophique

    de

    Descartes,

    u

    mme ti-

    tre

    ue

    d autresuvres

    posthumes,

    elles

    que

    les

    importantes

    glespour

    la

    Direction e

    l Esprit

    a

    Recherche e la

    Vrit u

    les

    Entretiens vec Burman.

    Il

    y

    a d ailleurs

    une

    relation e

    symtrie

    vec ces

    derniers,

    un

    de ces

    textes

    anticipant

    a

    philosophie

    cartsienne,

    autre a

    reparcourant

    trospective-

    ment.

    En

    soi,

    l

    n y

    urait

    ucun

    inconvnient

    prendre

    u

    srieux

    un

    textede la

    jeunesse

    d un

    philosophe,

    uquel

    on

    retrouve es

    rfrences

    ndirectes ans

    d autres

    uvres

    de la

    maturit,

    i,

    dans

    ce

    cas,

    sa

    nature

    mme

    ne

    paraissait

    devoir

    exclure u

    domaine

    de la

    philosophie.

    l

    s agit

    n

    effet,

    on

    pas

    seule-

    ment e la

    description

    e

    songes,

    ommeon

    pourra

    n

    retrouver es

    esquisses

    dans a

    premire

    Mditation,

    ar

    exemple,

    mais

    d une

    interprtation

    e

    rves

    qui

    parat

    tre

    commande

    par

    ceux-ci,

    de

    l expression

    d un

    moment

    d en-

    thousiasme u

    de

    dlire,

    lutt

    ue

    de

    calme

    rflexion

    ationnelle.

    ref,

    est

    le prjugde la distinctionadicaleentre e rveet a veille, enthousiasme t

    la

    raison,

    a

    posie

    et la

    philosophie,

    es

    chanes

    rassurantes

    u

    discours t

    le

    vertige

    u

    silence,

    qui

    suscite

    ci

    la

    rticence.

    Nanmoins,

    puisque

    nous vou-

    lons

    ustement

    onder a

    justification

    e

    cette

    opposition,

    l

    convient

    de faire

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    5/19

    202

    Gilbertoss

    au contraire

    hypothse

    nversede la

    pertinence ossible

    d une forme en-

    thousiasme

    pour

    la raison

    mme.

    3

    On

    sait

    que,

    au soirde la

    Saint-Martin e

    1619,

    s tant ouch

    aprs

    avoir

    dcouvert es fondements une science

    admirable,

    Descartes fit rois

    ves,

    dont les

    deux

    premiers

    urent es

    cauchemars,

    andis

    que

    le dernier ui

    pr-

    senta aussittune

    perspective grable.

    Dans le

    premier onge,

    on voit Descartesrencontrer ans la rue des fan-

    tmes

    qui l obligent

    marcher

    ench

    sur

    a

    gauche,

    cause d une faiblesse

    qu il prouve

    de leurfait u ct droit.

    Malgr

    sa

    honte,

    l ne

    parvient as

    se

    redresser,

    l

    devient e

    ouet

    du

    vent,

    e

    rfugie

    ans

    un

    collge

    et cherche se

    diriger

    vers

    l glise

    du

    collge.

    Il

    oublie de saluer une connaissance

    qu il

    croise,

    ne

    parvient as

    rparer

    et oubli

    cause du vent

    qui

    le

    pousse.

    Une

    autre

    personne appelle pour

    lui

    remettre

    n

    melon

    apparemment

    enu de

    l tranger.

    autres se

    joignent

    u

    groupe,

    ans subir es influences

    ui

    obli-

    gent

    Descartes se tenir

    ench.

    l se

    rveille,

    ent a douleurau ct

    droit,

    t

    se retourne.

    Aprs

    avoir rflchi ux biens et aux

    maux,

    l

    se rendort t tombedans

    un

    nouveau

    cauchemar,

    un

    coup

    de tonnerre e rveille n sursaut.Ouvrant

    les

    yeux,

    l

    voit

    des tincelles ans sa

    chambre,

    assure

    de bien

    voir,

    t

    s expli-

    que

    le

    phnomne par

    un

    caractre tincelant

    e ses

    yeux

    dans la nuit.

    De nouveau

    calme,

    l se rendort t fait

    un troisime

    ve

    o les livres ont

    jouer

    le rle

    principal.

    l

    commence

    par

    trouver n livre ur sa

    table,

    ans sa-

    voir

    qui l y

    a mis. l l ouvreet se

    rjouit

    de

    voir

    que

    c est un

    dictionnaire,

    ui

    pourra

    ui treutile.Un

    autre ivre

    urgit

    ussitt

    mystrieusement,

    n recueil

    de posies, qu il ouvre u hasardpour y irequelque chose. Il tombe lors sur

    un

    vers

    d Ausone:

    Quod

    vitae ectabor ter?.

    .

    A ce moment

    pparat

    un

    inconnu

    ui

    lui montre

    n

    pome

    commenant ar

    Est etnon

    et e lui vante

    comme excellent.Descartes

    lui dit connatre ette

    autre

    dylle

    d Ausone et

    pouvoir

    a retrouver ans le recueildes

    potes

    qu il

    a remis ur

    a table. A la

    demande de l inconnu oncernant

    a

    provenance

    de ce

    livre,

    l ui

    rpond

    qu il

    n en sait rien

    et

    qu un

    autre tait

    apparu

    et avait

    redisparu

    out

    aussi

    myst-

    rieusement. e dictionnaire

    eparat

    lors

    l autrebout

    de

    la

    table,

    t,

    e feuil-

    letant,

    escartes

    remarque

    u il

    n est

    plus

    entier.

    l

    se

    met lors rechercher

    e

    pome

    Est etnon. .

    ., mais,

    ne

    pouvant

    e retrouver,l

    propose

    d en mon-

    trer son

    visiteur n

    plus

    beau

    encore,

    ommenant

    ar

    Quod

    vitae

    ectabor

    iter

    Tombant alors

    sur des

    gravures,

    l

    remarque ue

    le livre

    st

    beau,

    mais

    n est

    pas

    celui

    qu il pensait

    connatre.A ce

    moment,

    a scne

    disparat

    t le

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    6/19

    Le

    songe

    une

    otique

    hilosophique

    203

    rve e termineans

    que

    Descartes se rveille. l se

    pose

    la

    question

    de savoir

    s il

    s agissait

    un

    songe

    ou

    d une

    vision,

    onclut

    que

    c est

    un

    songe,

    et

    entre-

    prend

    de

    l interprter

    ans

    son

    sommeil:

    e

    dictionnaire

    ignifie

    ensemble

    des

    sciences,

    e

    recueil

    de

    posie,

    l union de

    la

    sagesse

    et de la

    philosophie,

    e

    pome

    Quod

    vitae ectabor ter?.

    .,

    le bon conseil d une

    personne

    age.

    Il se demande alors

    s il

    rve ncore

    ou

    s il

    mdite,

    e rveille t continue es

    yeux

    ouverts on

    interprtation:

    es

    potes

    rassemblsdans le

    recueil

    igni-

    fient a rvlation t l enthousiasme

    qu il

    peut esprer pour

    lui-mme,

    e

    pome

    Est etnon

    ,

    le

    vrai

    et

    e fauxdans

    les scienceshumaines u

    profanes.

    La russite e son

    nterprtation

    e convainc

    que

    l esprit

    e vrit estrvl

    lui.

    Restent

    pourtant

    es

    gravures,

    ui

    trouvent eur

    explication plus

    tard,

    quand

    un

    peintre

    ient ui rendre

    isite t manifeste insi e

    caractre

    roph-

    tique

    de ce dernier

    ve.

    Quant

    aux deux

    premiers

    ves,

    l les

    rapporte

    u

    pass.

    Quoique

    irrpro-

    chable

    aux

    yeux

    des

    hommes,

    l n est

    peut-tre as

    sans dfauts u

    regard

    e

    l esprit

    de

    vrit;

    d o sa

    peur.

    Le

    melon

    signifie

    es

    charmesde la

    solitude,

    mais

    elon des soucis

    trop

    humains,

    e

    vent,

    e

    mauvais

    gniequi

    le

    pousse

    vers

    l glise

    o il

    voulait

    ller,

    mais o

    l entre ui est

    nterdite

    cause de ce mau-

    vais vent.Dans le second

    songe,

    c est la foudrede

    l esprit

    e vrit

    ui

    s abat

    sur ui

    et le terrorise abord.

    4

    Aprs

    cette

    paraphrase

    de la

    paraphrase

    de

    Baillet,

    l

    ne me reste

    qu

    continuer imiter e

    mouvement e ce texte n

    poursuivant

    mon

    tour in-

    terprtation

    t des rves t

    de

    l interprtation

    e

    Descartes,

    dans le

    mme es-

    prit,

    il

    est

    possible,

    u

    risqueque

    cet

    esprit

    e

    soit

    pas

    celui

    de

    vrit

    u a

    cru

    recevoir e rveurmme, tort u raison.Mais, selon notre

    hypothse,

    uel

    qu il

    soit,

    cet

    esprit

    ne doit

    pas

    tre

    refoul

    priori.

    L ordre

    artsien

    voudrait ci

    que

    les

    premiers

    onges

    ne

    soient

    abords

    qu en

    dernier

    ieu,

    la

    cl

    dcisive

    se

    trouvant

    ans le

    troisime.

    Toutefois,

    puisque

    nous avons

    dj

    aperue,

    l

    est

    possible

    de faire

    ussitt

    uelques

    re-

    marques

    sur

    ensemble des

    trois

    rves.

    Ils ont

    videmmentun

    lien

    avec la

    dcouverte

    des

    fondements

    une

    science

    admirable

    e

    jour

    prcdent,

    du

    moins si on

    les

    envisage

    dans

    leur

    suite.

    Lorsque

    Descartes

    se

    dirige

    vers

    glise

    du

    collge pour

    se sauver

    des

    mauvaisgniesqui l assaillent, est dans deux lieuxsociaux

    privilgis

    e la

    vrit

    u il

    cherche

    efuge:

    ensemble

    des

    sciences

    humaines,

    t

    au

    milieuou

    au

    sommetde

    celles-ci,

    a

    science

    divineou

    absolue.

    Dans

    cette

    perspective,

    le

    second

    rve,

    o

    la

    foudre

    est le seul

    acteur,

    s interprte

    aturellement

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    7/19

    204

    Gilbertoss

    comme

    apparition

    blouissantede la lumire a

    plus

    vivede la connaissance.

    Enfin,

    nous

    savons

    que

    le monde

    des livres u troisime

    ve

    reprsente

    elui

    des

    sciences,

    de

    la

    sagesse

    et de la

    philosophie.

    Si

    un mme

    thmerassemble es

    rves,

    une autre tructureeur est com-

    mune

    galement.

    Dans les trois

    as,

    il

    y

    a un

    prolongement

    u

    rve

    dans la

    ralit.C est d abord

    la

    faiblesse

    hysique

    ause

    par

    es fantmes

    ui

    se

    pro-

    longe

    dans une douleur

    correspondante

    u

    rveil.

    Puis

    e

    coup

    de

    tonnerre

    u

    second

    rve,

    n rveillant

    escartes,

    ui

    aisse voir effet e la foudredans

    sa

    chambre.

    nfin,

    ans e dernier

    onge,

    e

    rveil

    st

    comme ddoubl:

    le

    songe

    se termine abord

    pour

    aisser

    place

    l activit

    interprtation,ar aquelle

    le dormeur e distancie

    dj

    de

    son

    rve ans se

    rveiller,

    uis

    Descartes se

    r-

    veille finalement

    ans

    interrompre

    a

    mditation ommence dans

    une sorte

    de rve

    mditatif.

    Ce

    rapport

    entre

    e

    rve et

    la ralit fait

    chaque

    fois

    objet

    d une

    r-

    flexion

    articulire.

    ans le

    premier

    as,

    des

    deux

    possibilits,

    oit

    que

    la

    dou-

    leur relle

    explique

    e

    rve,

    oit

    que

    le

    rverende

    compte

    de

    la

    douleur,

    Des-

    carteschoisit

    ussitt

    a

    seconde,

    sans

    mme

    envisager pparemment

    a

    pre-

    mire,

    ui

    ne

    pouvait

    pourtant as

    lui

    chapper.

    l

    se retourne

    ertes,

    oulant

    ainsi

    supprimer

    a

    douleur,

    de sorte

    que

    sonaction

    parat

    dmentiron inter-

    prtation.

    Mais

    il

    faut

    noter aussi

    que

    c est

    pour passer

    du ct

    gauche

    au

    droit, est--dire,

    ymboliquement,

    u

    mauvais au

    bon,

    et

    que

    l action

    n a

    donc

    pas

    uniquement

    une raison

    physique.

    Aprs

    le

    second

    rve,

    Descartes

    s assure

    qu il

    est bien

    rveill,

    n ouvrant

    et refermant

    lternativement

    es

    yeux

    et

    en examinant a chambre

    our

    voir i

    les

    objets

    sont

    bien ceux

    qu il

    sait

    s y

    trouver.

    on

    principal

    ouci

    ne semble

    pas

    trede savoir

    il

    a bien vu

    les

    tincelles,

    mais

    de dterminer

    il es a

    per-

    ues

    tant ndormi

    u veill. Ce

    statut

    arat

    donc

    lui

    importer

    n

    tant

    ue

    tel. On peutremarquer u icigalement, escartesnechoisit as d expliquer

    son rve

    n

    supposant

    impact

    rel de

    la foudre ur a maison

    ou

    dans

    e voisi-

    nage,

    bien

    qu il

    se soit

    assur

    qu il

    avait

    effectivement

    u les tincelles

    tant

    veill,

    mais

    qu il

    l explique

    au contraire omme

    un mouvementvenant

    de

    l intrieur e son

    tre

    et se

    projetant

    l extrieur,

    ans

    la

    ralit,

    a lumire

    sortant e

    ses

    yeux.

    La foudre

    parat

    donc

    le traverser

    our

    arriver

    ans

    sa

    chambre,

    enant

    du

    rve,

    et non de

    l extrieur.

    Enfin,

    dans

    le dernier

    onge,

    a

    question

    de

    l tat

    de

    sommeil,

    de

    rve ou

    d veil

    se

    pose par

    deux

    fois.

    D abord,

    il

    s agit

    de reconnatre

    e

    songe

    comme

    teldans le sommeil

    mme,

    la finde la scne. Ensuite, u rveil, a

    question

    de savoir

    si

    l interprtation

    ommence

    en

    dormant

    st

    songe

    ou

    mditation

    n est

    pas

    rsolue,

    mais cette

    ndtermination

    empchepas

    la

    poursuite

    e

    la

    mditation. est

    donc

    la mditation

    ui

    fait

    ci e lien

    entre

    e rve

    et a rali-

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    8/19

    Le

    songe

    une

    otique hilosophique

    205

    t,

    en tant

    qu elle

    trouve on

    origine

    dans le

    premier our

    passer

    dans la se-

    conde.

    Il fautd ailleurs

    remarquer

    n autre

    rapport

    cisif

    ntre e

    songe

    et

    e

    rel,

    savoir annonce

    chiffre e

    la venue

    du

    peintrepar

    les

    gravures

    u

    livre.

    Or,

    non

    seulement

    a

    direction a

    nouveau du rve

    la

    ralit,

    mais,

    par

    la

    distance

    emporelle lus

    grande,

    e dernier rait uthentifie

    ussi

    l in-

    terprtation

    pontane

    des

    deux

    premiers

    vesdans leur

    rapport

    u

    rel,

    vu

    qu ici,

    e dlai

    met en vidence ce mouvement u

    songe

    la

    ralit.

    Il est vrai

    que, pour

    l instant,

    mme si

    Descartes assure

    qu il

    n avait

    pas

    particip

    ux

    beuveries

    de la

    Saint-Martin,

    i

    mme bu de

    vin

    depuis

    des

    mois,ces rves t leur nterprtationont faits ans l enthousiasme e sa d-

    couverte,

    ont Baillet

    nous dit

    qu il

    dura encore

    quelques jours.

    Or cet en-

    thousiasme

    n est-il

    as jusqu ici

    la

    seule

    ustification

    e

    l trange

    de d attri-

    buer u rve a

    priorit

    ur a

    ralit,

    lutt ue

    l inverse?De toute

    manire,

    a

    signification

    horique

    est encore

    bien

    mince,

    et l on ne voit

    pas

    ce

    que

    ces

    rves

    peuvent ignifier

    autre

    qu une

    sorte de

    signe

    trs

    personnel

    dans le-

    quel

    Descartes

    lit

    son destinde

    philosophe.

    5

    Or,

    si cette

    mportance

    du rve

    pour

    le

    philosophe

    est

    signifie

    ans

    les

    rves

    eux-mmes,

    l

    fautrevenir leur

    contenu

    pour

    en

    dcouvrir e sens.

    Le

    premier

    onge

    dj

    met Descartes

    dans une situation

    trangepar

    rap-

    port

    ux

    autres

    personnages.

    l

    constate

    ui-mme

    et c est un des

    aspects

    ef-

    frayants

    e ce

    qu il y

    vit la

    diffrence e condition

    ntre

    ui

    et

    es autres.Tous

    ses

    mouvements ont commands

    par

    la

    rencontre

    esprits,

    manifestes

    ussi

    sous la

    forme e

    vents,

    ui l obligent

    marcher

    ench,

    e

    poussent,

    ui

    font

    faire es

    pirouettes,

    e

    prcipitent

    t e

    retiennent

    o les autres

    marchent

    t

    se tiennent ranquillementebout,continuent eurvie normale, ndiffrents

    aux

    dchanements lments

    ubtils

    ui

    emportent

    e

    rveur.

    ourtant,

    es-

    cartes

    st au curde la

    ville,

    dans les

    rues,

    puis

    dans e

    collge,

    devant

    glise.

    Pourquoi

    ce

    qui

    l effraiee

    plus

    n est-il

    pas

    la

    prsence

    d esprits

    dans ce

    lieu

    familier,

    ais

    au contrairee fait

    u il

    est

    seul les

    percevoir

    t en

    tre

    ffec-

    t?

    Peut-tre es

    esprits

    ne sont-ils

    pas

    trangers

    u

    lieu,

    aux

    yeux

    de

    Des-

    cartes,

    de sorte

    que l tranget

    st bien

    l indiffrencevec

    laquelle

    les

    autres

    vivent

    armi

    eux

    sans

    inconvnient

    pparent.

    Or il

    s agit

    de

    science,

    nous le

    savons.Les

    esprits

    u

    faux

    ne

    s arrtent

    as

    pourtant

    ux

    portes

    du

    collge,

    ls

    y accompagnent escartes dansce domaine des sciences, anstreperuspar

    les

    gens

    du

    lieu. En

    outre,

    esprit ui

    blesse

    Descartes dans le

    songe

    l atteint

    dans son

    corps

    rel aussi

    bien,

    et le

    songe

    lui-mme ui

    vientdes

    esprits,

    u

    bon ou du

    mauvais,

    i

    bien

    que

    l inventeur

    es

    fondements e la

    science admi-

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    9/19

    206

    Gilbertoss

    rabie

    parat

    e trouver ufait e cettedcouverte

    mport

    ans un monde au-

    quel

    les

    autres ne

    participent lus.

    Il se trouve enferm

    eul dans un rve

    comme dans

    un melon aux

    charmesdouteux.

    Si c est

    un

    gnie

    malin

    ui

    l habite,

    lors

    son rven est

    u un

    dlire

    par rap-

    port

    la ralitdes

    autres,

    t il convientde subordonner

    e rve l vidence

    relle.

    Sinon,

    si c est

    l esprit

    de vrit

    qui

    se

    manifeste,

    lors

    son rve doit

    commander a ralit.

    Or le deuxime

    songe

    rvle

    que

    la lumire uthenti-

    que

    vient

    de l intrieur

    our

    se

    rpandre

    ur es

    objets

    du monde rel.

    Seule-

    ment,

    usqu ici,

    cette affirmation

    u

    songe

    est

    effrayante,arce

    qu elle

    ren-

    verse e

    rapport

    du rve la ralit ans

    ustification.

    C est le

    troisime ve

    ui apporte

    nfin

    explication.

    out

    y

    devient

    xpli-

    cite trs directement.

    e

    songe apporte

    au savant

    es outils habituels

    de la

    science,

    savoir

    es livres. t

    plus

    encore,

    l

    ui

    offre es

    livres u second

    degr

    en

    quelque

    sorte:

    des

    recueils,

    es rsumsdu

    monde des

    livres,

    es livres-bi-

    bliothques.

    D abord

    un

    dictionnaire,

    sumdes

    sciences,

    ondens

    de tous

    les

    livres

    avants,

    ymbole

    de la science

    profane.

    C est

    le

    collge qui

    rap-

    parat,disponible,

    utile,

    utilisable,

    rt

    s ouvrir t

    livrer on

    explication.

    Ensuite un recueil

    de

    posies,

    rassemblant

    es

    potes,

    e monde de la

    fiction,

    mais aussi de la

    philosophie

    t de la

    sagesse.

    C est

    l glise qui

    s ouvremainte-

    nant,

    n tant

    que

    demeure

    de

    la

    Sagesse.

    Et Descartes

    agit

    d ailleurscomme

    on le fait vec

    les livres acrs

    quand

    on veut

    es

    interroger

    ans une situation

    incertaine:

    l

    l ouvre u hasard

    pour

    y

    ire

    e

    que

    le livre

    ui dira. Et il

    y

    trouve

    en

    effet n conseil

    de

    sagesse:

    quel

    chemin

    uivre ans a

    vie? A vrai

    dire,

    est

    mme

    plutt

    a

    propre

    question,

    emble-t-il,

    u il y

    voit reflte.

    Tout

    promet

    onc de

    se

    rconcilier;

    escartes est

    maintenant

    nstall hez

    lui,

    es livres

    iennent

    lui et

    ui

    rpondent.

    t le visiteur nconnu

    ui

    apporte

    encore

    un

    texte,

    ans troubler

    escartes,

    qui

    se

    sent dans un environnement

    familier: l saito retrouverepomede l inconnu. l n estplus penchsous le

    souffle es

    esprits

    malins

    pendant ue

    les

    autres e tiennent

    roits,

    mais

    l

    est

    l aise

    maintenant ans

    e monde

    o

    l invite autre.Cette

    harmonie

    n est

    pour-

    tant

    pas

    entire.

    L inconnu,

    qui

    surgit

    e

    nulle

    part,

    demande d o

    vient

    e

    livre

    ue

    le rveur

    a feuilleter.

    l est

    apparu

    sans

    origine

    onnue,

    nous le

    sa-

    vons.

    Et Descartes

    ne s est

    pas

    pos

    de

    question

    cet

    gard,

    l a

    simplement

    constat

    e

    fait,

    omme

    si cette

    condition

    tait assez

    naturelle ux

    livres.

    Au

    contraire

    e visiteur

    arat

    venir un

    monde

    o l on estime

    normal

    d indiquer

    la

    provenance

    des

    livres.Or

    cette diffrence

    e

    statut u

    livre

    pour

    les deux

    personnages

    va affectereurrelation.Descartesne

    parvient

    amais lui mon-

    trer

    u il possde

    bien dans

    ses livres

    e

    qu il

    prtend

    avoir rouv

    u

    pouvoir

    y

    trouver.

    Non seulement

    es

    livres

    isparaissent

    t

    reviennent,

    ais ls se

    mo-

    difient

    ans

    l intervalle. est

    toute

    a

    bibliothque

    ui

    devient

    mouvante

    t

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    10/19

    Le

    songe

    une

    otique

    hilosophique

    207

    donc

    peu

    fiable

    pour

    le

    rveur,

    orsqu il

    veut utiliser ommeune rfrence

    commune

    vec son interlocuteur.

    ar

    l,

    d une

    maniremoins

    dramatique,

    a

    rupture

    ntre e rveur t es autres e

    reproduit

    ans

    ce

    songe.

    Malgr

    es

    pre-

    mires

    pparences,

    l

    n y

    peut-tre lus

    de

    science

    commune ux

    deux

    per-

    sonnages.

    Pourtant,

    l reste ne forme e

    dialogue

    entre ux. Descartes

    vient e trou-

    ver e

    pome

    rvlateur

    orsque

    l inconnu

    apparat

    et lui

    prsente

    un

    autre

    pome. Apparemment,

    l

    y

    a

    accord entre

    ux,

    ils ont

    es mmes

    rfrences,

    mme

    si,

    nous l avons

    vu,

    cela ne se vrifie

    as

    entirement.

    est en effet n

    pome

    du mme

    pote que

    lui

    apporte

    et uivante

    inconnu,

    ommeuncom-

    plment

    sa

    premire

    couverte.

    Poursuivant e

    mme

    eu,

    aprs

    chec de

    la

    recherche e ce

    pome,

    Descartes revient

    sa

    premire

    couverte

    t,

    mi-

    tant on

    interlocuteur,

    ffirmeon

    propre

    pome

    plus

    beau

    encore. Ce

    com-

    paratif

    met

    insi en

    lumire n

    moment e

    concurrence

    ous-jacent.

    L incon-

    nu

    apparat

    comme

    tentant

    e substituer

    la

    pice

    dcouverte

    par

    Descartes

    une

    autre,

    u il

    lui

    vante,

    t

    Descartes

    revient la

    sienne,

    qu il persiste

    esti-

    mer

    suprieure.

    Mais

    pas

    plus

    qu il

    n est

    parvenu

    montrer

    omment e

    pome prfr

    e son interlocuteure

    trouvait

    ans

    son

    livre,

    l

    ne

    russit lui

    fairevoir e sien

    propre.

    Quelle

    est donc la

    complmentarit

    u

    l opposition

    ntre es

    deux

    textes?

    La

    prfrence

    e

    Descartes va une

    question,

    t en un

    sens,

    la

    question

    par

    excellence,

    u moins

    pour

    celui

    qui

    recherchea

    sagesse.

    Quelle

    voie suivre n

    la

    vie? N est-ce

    point

    a

    question

    qui

    conditionne outes es

    autres?

    Quant

    au

    oui

    et non de son

    nterlocuteur,

    est une

    forme

    e

    rponse

    trange,

    ui pa-

    rat

    omporter premire

    ue le

    mme

    lment

    d hsitation

    ue

    la

    question.

    Ou

    plutt,

    est

    la

    forme a

    plus

    condense

    de

    l affirmationt de la

    ngation,

    c est--dire

    e la

    rponse.

    Comme la

    question

    de

    Descartes est a

    question

    s-

    sentielle,e oui et non de son visiteur

    arat

    tre a formemmede la r-

    ponse,

    son

    schma,

    a

    rponse

    pour

    elle-mme.

    Dans

    ce

    cas,

    on

    comprend

    ue

    la

    question

    pose

    par

    Descartes

    amne une

    rponse,

    t

    qu

    la

    question

    par

    excellence

    fasse cho

    la

    rponse

    pure.

    l

    est

    normal

    ussi

    que

    l inconnu

    vante on

    texte,

    ar

    n est-ce

    pas

    progresser

    ue

    de

    passer

    de la

    question

    la

    rponse?

    Seulement, nsuite,

    e

    eu

    parat

    e

    dfaire.

    Au lieu

    de

    retrouvera

    rponse

    dans son

    propre

    exte,

    Descartes finit

    ar

    en

    revenir sa

    question

    t

    sa

    prfrence

    riginelle

    our

    a

    question

    par

    rapport

    la

    rponse.

    l

    n est

    pas

    tonnant

    ue

    l non

    plus,

    l

    ne

    russisse

    as

    convain-

    cre on nterlocuteurt luimontreron

    pome.

    Contrairementl insistance

    sur

    a

    rponse,

    a

    prfrence

    our

    la

    question

    ne

    parat

    pas

    consolider

    es

    li-

    vresou la

    bibliothque.

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    11/19

    208

    Gilbertoss

    Il faut vouer

    que

    ce

    got pour

    a

    question

    est

    trange,

    ar a recherche e

    la

    science

    parat

    tre elle des

    solutions,

    e telle orte

    ue

    les

    problmes

    oient

    en vue des

    solutions,

    t

    non

    d abord

    pour

    eux-mmes.

    Or

    prcisment,

    il

    y

    a

    dans ce rve

    un

    eu

    entredeux

    pomes,

    l

    y

    en a un autre

    ussi entre

    deux li-

    vres.

    Et de mme

    que

    les deux formules

    ymbolisent

    eux formes e discours

    ou d attitudes e

    l esprit,

    e mme

    es

    deux

    livres

    ymbolisent

    eux formes e

    connaissance:

    es sciences

    profanes,

    une

    part,

    t la

    sagesse

    avec la

    philoso-

    phie,

    de

    l autre.

    Et on retrouve ntre ux

    un

    mme

    eu

    d apparitions

    t de dis-

    paritions,

    e

    complmentarit

    t

    de

    concurrence,

    les deux

    livres

    ttirent

    tour tour attention e

    Descartes,

    quoique

    diffremment,

    ar le rveurne

    s intresse

    mmdiatement

    u au

    recueil

    de

    posie.

    Or

    il

    y

    a

    entre es

    deux

    pomes

    et

    es deux

    ivres n ien

    que

    Descartes

    tablit.

    e

    dictionnaire

    ymbo-

    lise la

    science,

    e

    discernement

    u vrai

    et du

    faux,

    c est--dire

    du oui

    et

    du

    non,

    e choix des

    bonnes

    rponses.

    Le recueilde

    posie

    comprend

    es

    ensei-

    gnements

    e

    la

    sagesse,

    et

    prodigue

    comme

    l un

    de ses conseils

    a

    question

    fondamentale

    u

    sujet

    du

    chemin

    suivredans

    la vie. En

    un

    sens,

    l est vrai

    que

    la

    posie

    ne

    rpond

    rien,

    vec

    son mode de discours

    fictif,

    la

    distinc-

    tionentre

    e rel

    et l irrel st

    brouille,

    mpchant

    a

    cristallisation

    u oui

    et

    du

    non,

    et maintenant insi ouverte a

    question.

    Certes,

    e oui

    et non

    est

    prsent

    galementparmi

    es conseilsdu

    recueil

    de

    posie,

    mme

    si Descartes

    ne

    met

    amais

    la

    main

    dessus

    dans les

    exemplaires

    qui

    se

    prsentent

    lui.

    Cependant

    l

    s y

    itue

    un

    rang

    nfrieur

    t l ne se

    pr-

    sente

    pas

    en

    premier

    ieu

    au

    philosophe.

    l est d ailleurs

    ntressant

    ussi

    que

    le

    plaidoyer

    en faveur

    de

    la

    science,

    mme

    de la

    part

    de son

    avocat,

    ne se

    fonde

    pas

    sur

    un article

    u

    dictionnaire,

    mais

    sur

    un

    pome.

    Ainsi

    a subordi-

    nation ntre

    es deux

    pomes

    se

    retrouve-t-elle

    ntirement

    ntre es ivres.

    a

    rponse

    a son

    origine

    dans

    la

    question,

    de mme

    que

    la science

    ne se

    ustifie

    que

    par

    la

    philosophie

    ou la sagesse.

    6

    Malgr quelques

    bizarreries,

    nvitables

    ans

    un

    rve,

    es

    songes

    cartsiens

    offrent

    ne thorie

    plausible

    des

    rapports

    ntre

    a

    question

    et

    la

    rponse,

    a

    philosophie

    t

    a science.

    Mais,

    ustement,

    es

    aspects

    plus

    bizarres ont

    nsis-

    tants.

    il

    fallait onclure

    eulement

    ue

    les

    solutions

    pendent

    de

    la manire

    dont

    on

    pose

    les

    problmes,

    ue

    la science

    a

    son

    origine

    dans des

    rflexions

    philosophiques,

    ui n y

    verrait

    assablement

    de bon sens? En revanche, il

    s agit

    de

    dvelopper

    a

    question

    pour

    elle-mme,

    de

    placer

    a

    philosophie

    du

    ct

    de

    la

    posie

    plutt

    ue

    de

    la

    science,

    a

    proposition

    arat

    moins

    raison-

    nable.

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    12/19

    Le

    songe

    une

    otique

    hilosophique

    209

    Pourtant,

    ans son

    interprtation,

    escartes retient ien ces

    enseigne-

    ments

    u

    rve.

    Commenons

    par

    identificatione la

    posie

    la

    philosophie,

    ou

    plutt,

    omme dit

    Descartes,

    la

    philosophie

    t

    la

    sagesse ointes

    ensem-

    ble. La thse st si

    consciente

    ue

    l opposition

    ntre a

    posie

    et a

    science,

    n-

    tre a

    fiction

    t la

    raison,

    est

    clairement

    eprise

    t

    raffirme. a

    sagesse

    est

    bien du ct des

    potes,

    non

    pas

    en

    tant

    qu ils

    deviendraient

    aisonnables t

    abandonneraient eurs

    imaginations

    pour

    rflchir

    obrement,

    mais

    au

    contraire

    n

    tant

    u ils

    s abandonnent

    l inspiration

    otique

    et

    qu ils

    ne

    font

    mme

    que

    niaiser.

    Ceux-l mme

    formulent es

    sentences

    plus graves,

    plus

    senses,et mieux

    exprimes ue

    celles

    qui

    se trouvent ans lescrits es

    philosophes.

    Il

    y

    a dans

    cette ffirmation

    eux

    points

    tranges:

    d une

    part opposition

    entre es

    philosophes

    t es

    potes

    dans

    une

    proposition

    estine

    expliciter

    a

    thsede l identit ntre

    a

    posie

    et

    a

    philosophie;

    d autre

    part

    attribution

    la

    posie

    des

    proprits

    e

    la

    raison

    (gravit,

    on

    sens,

    clart),

    au

    moment

    mmeo l on

    oppose

    la

    posie

    la

    science

    entendue

    omme

    a

    discipline

    e la

    distinction ette ntre e vrai et le

    faux.

    Pour a

    premire

    ontradiction

    pparente,

    lle

    peut

    se

    rsoudre

    isment.

    Il suffit e

    distinguer

    ntre euxsortesde

    philosophies

    tde

    philosophes.

    l

    y

    a

    d un ct

    ceux

    qui

    s attribuente nom de

    philosophes,

    t

    qui

    ne sont

    que

    des

    savants

    de second

    ordre,

    donns

    la

    discussion

    technique,

    ogique,

    distin-

    guant

    ntre e

    vrai

    t e faux

    dans un

    discours

    cientifique rolifrant,

    endant

    la

    systmatisation

    xtrieure

    u

    dictionnaire,

    mais

    fondamentalement -

    pourvus

    de

    relle

    question

    directrice u

    d inspiration.

    e

    l autre,

    e

    sont

    es

    philosophes-sages,

    ouvent

    masqus

    sous la

    figure

    u

    pote,

    parlant

    travers

    une

    forme e

    dlire,

    de

    plaisanterie,

    e

    jeu

    de

    l imagination,

    onfondant

    p-

    paremment

    e

    vrai t e faux

    dans le

    plaisir

    de

    niaiser,

    e

    feindre,

    t

    remontant

    ainsiaux questionsfondamentales

    u engendrent

    enthousiasme t

    inspira-

    tion.

    Pourquoi

    faudrait-il n effet

    u en

    philosophie,

    l

    n en

    aille

    pas

    comme

    ailleurs,

    n

    mdecine

    par

    exemple,

    o

    ceux

    qui

    se

    prsentent

    omme es

    ma-

    tres e

    l art t en

    usurpent

    e

    nom,

    ne sont

    pas toujours

    eux

    qui

    le

    connaissent

    vraiment?

    ailleurs,

    l inverse,

    acher e

    pote

    sous le

    vulgaire

    hilosophe,

    puis

    le

    sage

    philosophe

    dans

    le

    pote,

    ne

    voil-t-il

    pas

    aussi

    une

    excellente

    manire

    de

    s avancer bien

    cach?

    Quant

    la

    deuxime

    apparence

    de

    contradiction,

    lle

    conduit

    des r-

    flexions

    lus

    complexes,

    quoique,

    en

    un

    premier

    emps,

    on

    claircissement

    puisseprofitere ce que nousvenons de

    remarquer

    u

    sujet

    de la distinction

    entre e

    philosophe

    savant et

    le

    philosophe pote.

    S il

    est

    vrai

    que

    le

    monde

    des

    sciences du

    dictionnaire,

    empli

    de

    distinctions

    rcises

    de

    termes,

    ou-

    cieux

    de

    clart t

    de

    rigueur

    ogiques

    superficielles,

    n se

    rvlant

    tile

    pour

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    13/19

    210

    Gilbertoss

    chercher ans son

    systme

    es

    rponses

    quelconques

    au fur t mesuredes

    besoins,

    ne livre

    pas

    les

    questions qui

    permettraient

    e

    parcourir

    on

    laby-

    rinthe ans

    s ygarer

    t

    sans

    peut-tre

    mme

    oublier

    qu on s y

    est

    perdu,

    lors

    ce monde des

    rponses

    une

    dficience

    e

    sens,

    fautede se

    rfrer

    ux

    vraies

    questions,

    dont

    origine

    ui est

    extrieure,

    ntrieuremme au

    souci

    prosa-

    que

    de

    la

    distinction

    ogique superficielle

    ntre e oui

    et e non.

    Pour homme

    de

    science,

    habitant e la

    bibliothque abyrinthique,

    ous

    es livres

    nt

    une

    provenance

    xacte,

    qui

    se dfinit l intrieur u

    labyrinthe.

    our e

    pote,

    ls

    viennent

    ailleurs,

    ls se

    font

    t se modifient elon

    des

    lois

    qui

    chappent

    ux

    bibliothcaires,

    ux

    copistes,

    ux

    glossateurs,

    our qui l origine

    un livre st

    le

    rayon

    o

    ils

    l ont

    trouv

    pour

    la

    premire

    ois.

    Toutefois,

    e

    philosophe

    ne

    peut

    pas

    renoncer

    implement

    distinguer

    n-

    tre e vrai t e faux.

    Au

    contraire,

    il

    subordonne e oui et e non la

    question,

    ce n est

    pas pour

    leur refuser oute

    valeur,

    mais

    pour parvenir

    ux

    vritables

    distinctions:

    e choixdu vrai

    chemin,

    e la vraie

    mthode.

    l

    y

    a certesdes dis-

    tinctions

    u il

    vaut mieux

    ne

    pas

    faire,

    i

    au lieu

    d aboutir

    clairer

    e

    pro-

    blme,

    elles

    garent esprit

    dans

    un

    vain travail

    ui

    ne

    conduit

    rien

    d autre

    qu

    la

    prolifration

    latoiredes distinctions.

    Mais

    d autres ont essentielles

    pour

    viter

    ustement

    e rester

    erdu

    dans le

    labyrinthe,

    t notamment elle

    qui

    s tablit ci

    entre es deux sortes

    de

    philosophes.

    Seulement,

    lles naissent

    bien

    diffremmentes

    distinctions

    ngendres

    par

    la

    simpledispute

    colaire

    entre e oui

    et le non.

    Dans le

    eu auquel

    se laisse aller

    e

    rveur vec

    son

    interlocuteur

    propos

    des

    livres,

    l

    s agit

    de

    reprer

    des

    textes,

    de les

    situer,

    de s assurerde

    leur

    place.

    .

    .

    Descartes,

    qui

    se

    croyait

    ussi

    habile

    que

    tout utre

    cet

    exercice,

    y

    choue

    maintenant,

    ans

    gure

    s en

    affliger

    ailleurs. Le seul texte

    u il

    d-

    couvre

    dans

    le

    livre,

    ans le livrede

    sagesse,

    e

    renvoie

    lui-mme n

    lui

    re-

    tournant a

    question,

    u

    que

    c est a questionmme. ln estpas tonnant ans

    ce cas

    que

    l essentiel

    et c est de cela

    qu il s agit

    ne

    se trouve

    lus

    dans es

    i-

    vres. ans doute

    es livres e renvoient-ils

    es

    uns aux

    autres,

    t mme

    e

    recueil

    de

    posie peut

    contenir

    es renvois

    u

    dictionnaire.

    Mais toutcela

    est acces-

    soire

    par rapport

    u mouvement

    ar

    equel

    la vraie

    posie pointe

    vers

    une ori-

    gine

    trangre

    u monde du

    livre.

    Ce

    mcanisme

    de l crit

    potique,

    Descartes

    e reconnat

    arfaitement,

    t

    il

    sait

    e

    dcrire

    rs

    prcisment

    orsqu il

    agit

    d interprter

    on

    songe

    et d ex-

    pliquer

    du

    mme

    coup pourquoi

    c est

    la

    posie plutt

    que

    les

    ouvrages

    sa-

    vants

    ui

    contienta

    sagesse.

    Car,

    affirme-t-il,

    a divinit e l enthousiasme t

    la force

    e

    l imagination

    ont ortir

    es semences

    de

    sagesse

    avec

    plus

    de

    facili-

    t et de

    brillant

    ue

    ne

    peut

    e

    faire

    a raisondes

    philosophes.

    S il

    se

    trouve n

    effet

    ue

    nous avons

    en

    nous les semences

    de

    la

    sagesse,

    important

    st de

    les

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    14/19

    Le

    songe

    une

    otique

    hilosophique

    211

    amener

    germer.

    Que fait e

    philosophe

    savant dans ce but? Il

    analyse

    et

    classe

    les

    graines,

    herche voir

    quelle plante

    chacune

    correspond,

    crit

    ces structures

    gtales.

    . Dire

    que

    tout

    cela

    soit nutile

    erait

    xagr.

    Mais

    une telle activit

    uppose que

    les semences ont

    dj

    germ

    t

    que

    les

    plantes

    sont

    disponibles

    n vue

    de cette

    description.

    nsuite,

    l

    faut

    ncore

    examiner

    si a

    description quelque

    utilit

    our

    faire

    ermer

    nouveau

    les

    graines.

    As-

    surment,

    l

    peut y

    avoir en elle une forme e

    vrit.

    Mme,

    il

    parat

    facile

    premire

    ue

    de

    le

    vrifier,

    uisqu il

    uffit e

    comparer objet

    t sa

    description

    pour

    constater es

    diffrences ventuelles.

    Seulement,

    sait-on

    si

    l objet

    se

    donne

    toujours

    ussi innocemment

    u il

    parat

    se

    prsenter?

    Comment

    agit

    en

    revanche

    a

    posie?

    Peut-tre,

    ar

    la chaleur

    de

    l en-

    thousiasme,

    chauffe-t-elle

    implement

    es semences

    et es conduit-elle insi

    germer.

    n

    effet,

    es

    semences e trouvent ans

    l esprit

    e

    tous es hommes

    comme es tincelles e feu dans les

    cailloux,

    note Descartes.

    On se souvient

    du rvedu

    coup

    de tonnerre.

    l

    semblait

    ue

    la

    foudre vait

    pass par

    e rveur

    pour

    venir

    clairer

    a

    chambre elle d une

    multitude tincelles.

    i

    le

    feuest

    dans

    esprit

    ommedans es

    cailloux,

    prt

    s animer ous

    l actiond un

    frotte-

    ment

    vif,

    n

    comprend ue

    le

    choc

    du

    coup

    de tonnerre it

    fait

    aillir

    es

    tin-

    celles

    que

    Descartes

    peroit

    nsuitedans sa chambre. i telleest

    explication

    du

    phnomne,

    lors l faut

    omprendre ue

    ce n est

    pas

    l clair

    qui

    est

    venu

    d ailleurs dans

    l esprit

    de

    Descartes,

    mais

    que

    c est

    bien le

    terrible ruit

    du

    tonnerre

    ui

    a

    ici

    engendr

    a

    foudre,

    ance

    alors

    par

    l esprit

    mme de Des-

    cartes.

    Un

    grand

    bruit,

    oudain,

    ncomprhensible,

    rovoque

    la

    lumire

    ui

    claire subitemente

    monde familier

    long

    alors

    dans la nuit.

    Remarquons

    de

    plus que

    le

    tonnerre clate dans le

    rve,

    t

    que

    l clair

    aillit

    dans la veille.

    Le tonnerre est

    peut-tre ue

    fictif,

    a

    lumire st relle.

    Ainsi

    agirait

    onc a

    posie,

    par

    une

    force

    d enthousiasme

    et

    d imagination,

    veillant

    ertaines

    forces atentesde l esprit t les menant se manifester.

    Si

    l on

    compare

    cette

    opration

    potique

    au

    travail

    de la

    raison,

    a diff-

    rence

    aute aux

    yeux.

    Ce

    sont

    deux

    mcanismes rs

    diffrents.

    ans le cas de

    la

    raison,

    l

    y

    a

    relative

    omognit

    ntre

    opration

    t

    le

    produit,

    dqua-

    tion

    recherche ntre

    ce

    que

    dit le

    discours

    rationnel

    et

    l objet

    vis. Au

    contraire,

    ans

    l opration

    e la

    posie,

    la

    cause et

    effet

    estent

    trognes.

    Un bruit

    ffrayant,

    ssourdissant,

    roduit

    ne

    lumire

    ui

    fait

    voir.

    Un mou-

    vement ans

    rapport rcis

    vec la

    ralit

    ngendre

    n

    pouvoir

    de

    saisir t de

    reconnatre ette

    dernire.

    Un texte

    qui

    ne dit

    pas

    la

    ralit,

    mais

    se

    voue

    voquerdesniaiseries u fictions,flchita puissancemmede

    l esprit

    t ui

    rvle

    insi e

    monde. Si

    donc les

    potes

    sont

    pleins

    de

    penses

    profondes,

    l

    ne faut

    pas

    entendre

    u ils

    concurrencent

    es

    philosophes

    ur

    e

    terrain

    e

    ce

    qui

    est

    dit,

    implement.

    ls

    ne

    prcisent

    as

    la

    pense

    savante,

    mais

    produisent

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    15/19

    212

    Gilbert

    oss

    un mode de discours

    ui

    dclenche autrementa facultde voir

    propre

    l es-

    prit.

    i

    la

    proposition

    cientifique

    herche ouvent se

    faire

    mage

    exacte de

    l objet,

    e

    propos potique

    ne

    vise

    pas

    cette vraisemblance

    mitative,

    mais,

    sans souci de

    reproduire

    xactement n

    lui a

    ralit,

    l trouve es voies

    suscep-

    tiblesd exciter

    notre

    puissance

    de connatre

    un

    peu

    comme,

    dans l action du

    mot,

    des sons excitent ne

    ide

    qui

    ne leur ressemble

    pourtant

    as).

    C est le

    mme

    rapport

    u on

    trouve ntre a

    question

    et la

    rponse.

    Si

    je

    procde par

    rponses,

    est--dire

    par propositions

    ffirmatives

    t

    ngatives,

    par descriptions

    e

    l objet, e

    ne restecertes

    pas

    sans effet. ar Descartes

    ne

    prtend

    pas que

    le

    pote

    agisse

    l o le

    philosophe

    vulgaire

    este otalement

    impuissant,

    mais seulement

    ue

    le

    pote

    mobilisedes

    nergies lus grandes

    t

    agit plus profondment,

    lus

    vraiment.

    ace aux

    descriptions

    e la

    science,

    l esprit

    voit

    exactement e

    qu elles

    lui

    montrent,

    ritablement u

    fausse-

    ment,

    t l

    ajoute

    eurs

    distinctionses

    unes aux autres

    mesure

    u elles

    se

    pr-

    sentent.

    ertes,

    esprit eut

    se

    dgager

    de la focalisation

    imite e

    l attention

    produite

    par

    ce mode de

    discours,

    mais

    il

    n y

    est

    pas particulirement

    ncit.

    Au

    contraire,

    a

    question

    ouvre des

    espaces

    l investigation,

    ans

    y

    dtermi-

    ner encore

    des domaines

    prcis,

    mme si

    chaque

    question

    a son

    propre

    champ.

    Au lieu de se concentrerur es

    dtails,

    esprit

    st

    appel

    parcourir

    cet

    espace

    ouvert

    par

    es

    questions,

    y placer

    toutes es

    hypothses,

    outes

    es

    fictions,

    y produire

    outes

    es divisions

    dont l est

    capable.

    Et de

    plus,

    tandis

    que

    la

    description

    a

    naturellement

    ers e

    dtail,

    vers a restrictionu

    champ

    visuel,

    es

    questions

    endent

    s enchaner

    ans e sens

    nverse,

    ar

    a

    question

    sur

    a

    question,

    usqu

    la

    question

    par

    excellence,

    a

    plus

    profonde

    t la

    plus

    large

    de

    toutes:celle

    qui

    concerne

    es voies

    possibles

    u

    penseur

    u au

    vivant,

    sans restriction.

    l oppos

    de la tendance

    mmdiate

    la

    prcision

    latoire

    du oui

    et

    non,

    a

    question

    end

    replacer

    es distinctions

    ans

    eurcontexte

    t,

    la limite, ansleurrapport l infini

    en

    unsens, a questionretourne u sim-

    ple,

    encore

    ndivis,

    lors

    que

    la science se

    plonge

    dans

    a

    composition

    es divi-

    sions).

    C est

    pourquoi

    il n est

    pas

    tonnant

    que

    la science

    du dictionnaire

    puisse

    tre

    dsigne

    comme

    purement

    umaine

    ou

    profane,

    lors

    que

    la sa-

    gesse potique

    est

    divine,

    olympique.

    7

    Non seulement

    a

    sagesse

    est

    potique,

    elle

    est aussi

    onirique.

    C est

    proba-

    blement a raison

    pour

    aquelle

    Descartes

    nterprte

    ncore e sens du Quod

    vitae

    ectabor

    ter?

    n

    songe,

    tandis

    que

    le

    Est et

    non fait

    objet

    de

    son

    in-

    terprtation

    ne fois

    qu il

    s est

    entirement

    veill.Contrairement

    u

    monde

    du

    rve,

    elui

    de la ralit

    st

    e monde des

    distinctions,

    es

    automatismes,

    es

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    16/19

    Le

    songe

    une

    otique

    hilosophique

    213

    habitudes

    iverses,

    es savoirs

    partiels,

    es

    objets

    discrets.

    l oppos,

    e rve

    prsente

    ne

    certaine ndiffrenciation

    es

    possibilits,

    u

    plutt

    du

    possible

    et de

    l actuel.

    La

    question

    y rgne

    u

    point

    u elle

    ne

    se diffrencie

    lus

    des r-

    ponses.

    Toutes

    es

    possibilits

    e

    prsentent

    vec l inconsistance es

    livres

    u

    troisime

    ve,

    ui apparaissent

    t

    redisparaissent

    ans

    raison,

    e

    modifient,

    e

    coulentdans e

    eu

    du

    sens,

    ortent u nant

    et

    retournent leur

    mystre

    vec

    la mme

    facilit.

    C est

    ce

    qui inquite,

    videmment. oute cette

    rvlation est

    que

    songe.

    En

    ralit,

    ira-t-on,

    est a froide aison

    qui

    seule est

    uge.

    Une

    posie

    qui

    se

    rve

    philosophie

    n est

    pas pour

    autant a solide

    philosophie

    de l homme veil-

    l. Descartes

    a

    certesraison de situer a

    philosophiequestionnante

    t

    poti-

    que

    du

    ct

    du

    rve,

    t

    au

    contraire

    a

    science

    rigoureuse,

    ogique,

    du ct de

    la ralit.

    Rver de dcouvrir

    a

    sagesse,

    ce n est

    pas

    encore

    a

    dcouvrir el-

    lement. t s il faut

    ue

    le rve e

    ralise,

    est

    par

    e

    travail

    rcis

    de la

    raison

    attentive.

    e voil-t-il

    as l enseignement

    ue

    Descartes,

    la

    lumire u

    our,

    devrait irer e

    son

    exprience

    nocturne?

    Oublie-t-il e tenir

    ompte

    de la

    diffrencentre e

    rve et la ralit?

    On

    sait

    que

    la

    difficult tablir

    lairement ette

    distinction intressera

    oujours

    et

    que l argument

    e la confusion

    ossible

    du rveet de la ralit ui

    appara-

    tra

    oujours

    ommeun

    puissant

    moyen

    de

    soutenir e

    scepticisme

    mthodique

    par lequel

    il

    assurera es fondements e sa

    mtaphysique.

    Mais il

    saura aussi

    interprter

    lors ce moment

    comme une

    tape provisoire

    ur le

    chemin

    conduisant

    la

    distinction ssure entre e

    rve et la

    veille.

    Pourtant,

    oin

    de

    ngliger

    e

    problme

    ci,

    Descartes

    y

    revient onstam-

    ment,

    ans

    ses trois

    ves,

    insi

    que

    nous

    l avons

    dj

    not. Et

    nous

    avons

    vu

    que,

    ustement,

    l

    tait

    mportant,

    ans

    le second

    songe,

    de

    savoir ce

    qui ap-

    partenait

    u rve t la

    ralit,

    our

    pouvoir

    irer

    a

    conclusion

    ue

    le tumulte

    durve lluminait ien a ralitmme.L o ladistinctionntre emonde des

    songes

    et a

    ralit

    peut

    tre tablie et

    vrifie,

    ant

    par

    des

    moyens

    physiques

    que par

    des

    raisonnements

    hilosophiques

    car

    Descartes

    recourt

    ces deux

    sortes e

    moyens

    prs

    e

    second

    rve),

    c est du

    mme

    coup

    le

    lien

    effectifn-

    tre es

    deux

    mondes

    qui

    se

    vrifie.

    est d abord

    la raison

    veille

    qui

    dcou-

    vre

    influence u rve sur

    e

    rel,

    avant

    que,

    dans

    le

    troisime

    onge,

    e

    rve

    mme ne

    vienne

    xpliquer

    a

    prcellence

    du

    rve

    par

    rapport

    la

    veille.

    Loin

    donc

    que

    la raison

    doive

    condamner a

    fiction

    octurne,

    lle

    convainc

    d y

    ac-

    corder

    foi.

    Qu on n imagine

    pas

    toutefois

    u il s agisse

    l d une foi

    aveugle.

    Bien au

    contraire,

    nterprtant

    es

    rves,

    Descartes se

    persuade

    de leur

    vrit

    par

    un

    critre

    ogique,

    savoir a

    parfaite

    ohrencede leur

    sens.

    Les

    tincelles

    ui

    permettent

    la

    raison

    de voir ont

    pour

    elle

    au

    plus

    haut

    point

    atisfaisantes,

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    17/19

    214

    Gilbertoss

    comme les

    problmes

    bien

    poss

    comprendront our

    ainsi dire mmdiate-

    ment eurs

    solutions

    pour

    ceux

    qui

    sauront

    diriger

    eur

    esprit

    elon les

    rgles

    de l art.

    D ailleurs,

    nous

    l avons

    not

    aussi,

    a

    question

    de la

    dlimitation u

    songe

    intervient

    eux fois

    u

    cours

    du dernier

    ve t de son

    interprtation.

    abord

    le rveur

    cide en dormant

    u il

    a bien

    rv.

    Quel

    est

    intrt

    e

    rgler

    ette

    question

    alors

    qu en

    un

    sens e rve

    continue?

    C est

    probablement ue

    la

    ra-

    litet e rvene

    s interprtentas

    de la mme

    manire.

    l

    importe

    onc

    l in-

    terprte

    e

    savoir

    qu il

    a affaire un

    songe,

    mme s il est un

    interprte

    on-

    geur.

    Ensuite,

    doutant nouveau s ilrveou s il

    mdite,

    Descartes se rveille

    sans

    rsoudre a

    question,

    t

    continue

    implement

    mditer,

    omme

    si

    pr-

    sent a

    question

    tait ans

    mportance.

    C est d ailleurs

    vrai,

    puisque

    a mdita-

    tion traverse a frontirentre e rve et la

    ralit

    ans solutionde

    continuit,

    sans

    qu il

    naisse aucun

    problme

    de

    cohrence.

    De cette

    capacit qu a

    la mditation e traverser

    ntacte

    a frontirentre

    le

    songe

    et la

    veille,

    l

    rsulte

    deux conclusions.

    Premirement,

    a mditation

    de la veille n a

    aucun

    pouvoir

    d infirmer,

    u seul faitde son

    statut,

    a

    mdita-

    tion

    du

    songe,

    vu

    qu elles

    sont de mme nature.Par

    consquent,

    a raison a-

    borieusedu

    jour

    confirme ncore les raisonnements e la nuit.Deuxime-

    ment,

    oin d tre

    par

    nature

    plus

    douteux

    que

    l exprience

    veille,

    e

    rve

    comporte galement

    e critre

    es

    sciences

    du

    jour.

    Par

    consquent,

    l

    n y

    a

    pas davantage

    de raisonde

    juger

    e rve

    par

    la

    veille

    que

    l inverse.

    a

    rvla-

    tion

    du

    songe

    vaut donc

    pour

    mon

    exprience

    ntire,

    t de mme

    que

    la ra-

    lit

    peut

    avoir

    priorit

    ur le rve dans certaines

    matires,

    e mme

    le

    rve

    peut

    dominer

    gitimement

    a veille dans d autres

    lorsqu il

    agit

    de

    posie,

    de

    philosophie

    t de

    sagesse.

    Autrement

    it,

    non seulement

    a

    fiction

    est

    pas

    interdite ans toutes

    es formes e

    science,

    comme

    l

    va de

    soi,

    mais

    elle

    peut

    tre e lieu

    par

    excellencede la sagesse.

    8

    Il reste

    que

    les rvlations

    du

    rve

    demeurent

    aradoxales,

    mme

    si l on

    convient

    de ne

    plus

    e dvaloriser

    bsolument

    par rapport

    la ralit.

    En ef-

    fet,

    ue

    peut

    gagner

    elui

    qui

    interroge

    e livre acr

    de

    la

    sagesse

    se voir

    im-

    plement

    retourner

    a

    question?

    Comment

    comprendre

    avec

    Descartes

    comme

    le conseil

    d une

    personne

    sage

    cette

    question:

    Quod

    vitae

    ectabor

    iter?

    Assurment,

    a

    question premire

    ui

    se

    pose

    chacun,

    qui

    prcde

    et

    conditionne

    outes es

    autres,

    st

    bien celle de

    la

    voie

    suivre

    ans

    la vie.

    Car,

    par

    exemple,

    toute

    rponse

    de caractre

    cientifique

    mplique

    dj

    qu on

    ait

    choisi a voie de

    la vrit

    cientifique,

    u de

    la

    curiosit.

    ersonne

    n vite

    donc

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    18/19

    Le

    songe

    une

    otique

    hilosophique

    215

    entirementette

    uestion,

    t

    personne

    ne

    paratpouvoir

    a laisser anssolu-

    tion.

    Pour

    vivre,

    l fautdonc

    s engager

    ans

    une

    voie,

    et a

    sagesse

    n a

    pas

    nous

    apprendre

    ette

    banalit,

    ar

    elle

    s imposemalgr

    nous

    si nous ne voulons

    pas

    la reconnatre.

    e conseil

    que

    nous

    attendonsde

    la

    sagesse,

    c est celui

    qui

    nous aidera

    dterminer

    otre hoix

    pour

    une

    voie de

    prfrence

    ux autres.

    Dans ces

    conditions,

    ous

    avons

    dj

    la

    question,

    t

    l nous

    faut

    a

    rponse.

    Le

    bon conseil

    serait

    de l ordre

    u

    Est

    et non: ce

    chemin,

    mais

    pas

    celui-ci

    ou

    celui-l.

    PourtantDescartes semble satisfait, t il considresa nuit

    prophtique

    comme dcisive

    pour

    sa carrire.

    Comment e

    prsente

    onc

    a situation u choix?

    La

    reprsentation

    a

    plus

    courante

    st

    celle

    du

    voyageur

    rriv

    la

    croise

    des

    chemins.

    Arrt

    u

    carre-

    four,

    l

    reste

    n moment

    ndcis,

    ente

    de

    trouver

    uelques

    indices

    qui

    lui

    per-

    mettront e deviner

    a nature t a direction es diverses outes

    ui

    s offrent

    lui.

    S il

    pouvait

    avoir une

    carte,

    un

    guide, nterroger

    n habitu de tous ces

    chemins,

    oil

    ce

    qui

    l aiderait.

    e

    conseil

    d une

    personne

    age,

    ci,

    erait elui

    de

    quelqu un qui

    a

    dj parcouru

    ous es chemins

    prenant

    ce

    carrefour,

    u

    certains entre ux dumoins,

    ui

    pourrait

    n conseiller n et donner es rai-

    sons.

    En

    vrit,

    ette

    reprsentation

    st abstraite t fausse.

    La

    vie

    ne

    s ouvre

    pas

    devant

    nous comme une srie

    de routes

    ui

    nous attendraient

    un

    carrefour.

    D o

    vient

    e

    voyageur ui

    arrive

    u carrefour?l

    est

    dj

    en

    chemin,

    nces-

    sairement. tout

    moment,

    l a choiside continuer ur

    ce

    qui

    lui

    paraissait

    ne

    grande

    route,

    e

    dvier

    urdes sentiers e

    traverse

    eut-tre,

    u de

    prendre

    travers

    hamps,n ayantpour

    sentier

    ue

    la

    trace

    qu il

    laisse derrire ui.

    Il

    a

    rencontr

    robablement

    autres

    voyageurs

    ur

    es mmeschemins

    ue

    lui,

    et

    il a pu leur demandero ils allaientetpar o ils avaientpass. Et peut-tre

    s est-il fforc e suivre

    un

    ou l autred entre

    ux,

    ou

    la

    majorit.

    Mais tous

    avaient

    un

    chemin ussi bien derrire ux

    que

    devant.

    La

    curiosit

    our

    e bon

    cheminn est

    pas

    la

    station u carrefour.

    est

    peut-tre

    errance

    ntre

    ivers

    chemins.La

    rponse

    dtermine u oui

    et

    non,

    consisterait

    figer rcis-

    ment

    e

    cheminement

    un

    moment,

    un

    carrefour,

    t

    dsigner

    une des

    voies

    parmi

    elles

    qui

    sont

    dj

    dessines,

    pertories.

    i ces routesn existent

    pas,

    ou

    ne sont

    pas

    satisfaisantes

    u

    restentmal

    connues,

    voire

    nconnues,

    i

    a

    question

    n est

    pas

    pose

    une

    croisebien

    prcise,

    ette

    rponse

    ne

    convient

    pas. En revanche,e retour e la question, ansdsigner nchemin outdessi-

    n,

    fait

    ependant pparatre

    uelque

    chose

    qu elle

    ne

    dcrit

    as:

    que

    celui

    qui

    pose

    la

    question

    chemine.

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  • 7/24/2019 Poetique Phi Descartes

    19/19

    216

    Gilbertoss

    Qui cherche on

    chemin,

    fait on chemin.Ce n est

    peut-tre as

    le

    plus

    mauvais,

    tout bien considr. Et en

    y

    rflchissant,

    est

    peut-tre

    mme le

    meilleur.

    D autant

    qu alors,

    a rflexion ontribue

    avantage

    encore dter-

    miner a direction. t un tel

    chemin,

    rac

    par

    une

    recherche

    ui

    se

    rflchit,

    c est une mthode.Non

    pas

    une

    science,

    non

    pas

    un

    cours de science

    pour

    un

    lve

    qu on

    conduit de l extrieur la

    science,

    par

    une

    discipline,

    mais

    une

    mthode de recherche e la vrit.

    Cette mthode onduit la

    dcouverte e vrits e toutes

    ortes,mais,

    n

    tant

    qu elle

    suit e conseil de

    l esprit

    de

    vrit,

    lle trouve n mme

    temps

    e

    qu elle

    ne cesse de chercher

    ourtant.

    Non

    pas

    toutes es

    petites

    rits ter-

    mines,

    ui

    ne sont

    pas

    mpriser

    ertes,

    mais a vrit

    ui

    est au fondement

    de

    toutes es

    autres,

    a vrit e la mthode

    mme,

    savoir

    ustement

    elle

    que

    rvle a

    question

    de la

    sagesse.

    C est

    pourquoi

    cettevrit

    otique

    se

    prsente

    omme union de la

    phi-

    losophie

    et de

    la

    sagesse,

    selon

    interprtation

    e Descartes.

    Elle est

    philoso-

    phie,parce qu elle

    est

    question,

    mouret recherche e

    la

    sagesse.

    Elle estaussi

    sagesse, parce qu elle

    est dcouverte rflexive

    e la

    vrit

    qui

    s ouvre dans

    cette

    question,

    en tant

    que

    conditionde toute

    vrit,

    rit

    premire.

    9

    Si

    la

    philosophie

    st

    potique,

    l

    y

    a une tout utremanirede

    la

    pratiquer

    et

    de

    la

    communiquer ue

    celle

    qui

    convient ux sciences

    particulires.

    l

    y

    a

    par exemple

    un

    style,

    es

    techniques

    criture,

    estines faire

    aillir

    es tin-

    celles des cailloux

    qui

    attendent ans notre

    sprit

    e frottement

    dquat.

    Que

    Descartes se soit

    essay

    cette

    criture,

    ui pourrait

    n

    douter,

    prs

    avoirre-

    marqu

    comment l

    prtend

    artout

    aconter es

    fables,

    manier a

    mtaphore

    ou l ironie, ous convier des

    expriences

    eintes u des euxavecdesgnies?

    Il doit donc

    y

    avoir aussi une lecture

    potique

    de ce

    genre

    de

    philosophie.

    Mais

    que m importent

    es

    songes

    de

    Descartes?

    Qu ils

    l aient

    ou non

    convaincu

    de

    l enseignement

    ue j ai

    cru

    y

    dcouvrir,

    est-ce

    pas

    son affaire

    personnelle, rive?

    l ne

    s est

    pas prsent

    u monde comme

    prophte,

    mais

    comme

    philosophe.

    l a voulu convaincre

    par

    les

    arguments

    t la raison.

    Oui,

    mais

    qu est-ce

    que

    la raison? Exclut-elle a

    philosophiepotique

    de

    ses

    songes?

    Exclut-elle

    es fictions e ses uvres

    philosophiques?

    Srement

    non.

    Que

    m importe

    prs

    tout

    que

    ces

    songes

    soientceux de Descartes

    plutt

    que

    les miens?Car

    la

    question

    de savoir

    ui

    a vraiment

    v -t-elle

    n sens ci?

    Dialctica

    Vol.

    7,

    N 2-3

    (1993)