Pauvreté et développement humain ; Une approche socio ...

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196 Pauvreté et développement humain ; Une approche socio-économétrique de l’INDH en milieu rural marocain MEKKAOUI ALAOUI. YOUNES, Chercheur en développement humain et territorial ; ZOUITEN. MOUNIR, Enseignant chercheur, Facultés des Sciences juridiques, économiques et sociale Suissi, Université Mohammed V de Rabat Résumé : Le présent article essayera d’approcher socio-économétriquement le développement humain et la pauvreté au Maroc, à travers l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Il s’agit d’un grand projet de lutte contre les formes de la pauvreté, et qui a mobilisé des ressources d’ordre financier, humain et institutionnel importantes depuis son lancement en 2005. L’objectif est de calculer le contrefactuel du programme via la méthode des Doubles Différences sur un panel de 1228 communes à caractère rural contenant les communes bénéficiaires et non-bénéficiaires dudit programme. Une analyse comparative et critique sera abordée sur la base des résultats et des problèmes structurels tant institutionnels que sociogéographiques affrontant le milieu rural. Mots clés : Pauvreté, Développement humain, Monde rural, INDH, Tissu coopératif et associatif. خبسىقثخ سىسخ : يقبسشخ انجشتن انفقش و ان.غشثخ ثبنعبنى انقشوي انشخ انجشهتنخ نىطنجبدسح ان نه ملخص : ينظىسك ينخ، و رنشخ انجشهتنخ نىطنجبدسح انل انغشة، ين خخ ثبنشخ انجشتن انفقش و انقبل انعهقبسة هزا ان قهب سنخز انطجبدسح، ينزه انذف ه. تهبسىق سىس5002 كبل انفقش و ، يحبسثخ كم أشخش و رنك ثتعجئخ يىاسد يبن انتهخ.خ يهسبتخ و يؤسش و ثششذح و انغستفبعبد ان انجنست انفقش ث عجش يقبسنخ تطىس نشنبيجضبفخ نهزا انجخ انخ حسبة انقاسزه انذسخى هتى تمنخ تش نعشنبيج انجذح ين يستف8551 تى انخ، سقبستبئج ان ضىء ن انقشوي. عهىخ ثبنعبنىبع ج يعم نقذيبو ثتحه نق ينهبعبن خ، انتخ و انتشاثغشافىدىسخ و انسقتصبدثعبد اخ، راد اىجنشبكم انعتجبس يختهف انن اخذ ثع انغشة. انعبنى انقشوي ثبنعىي. و انجتعبونج اننسخ، انعبنى انقشوي، انشخ انجشتنح : انفقش، انفبتبد ان انكهPoverty and human development: A socio-econometric approach of the NIHD in Moroccan rural areas Abstract : This article tries to approach socio-econometrically human development and poverty in Morocco through the National Initiative for Human Development (NIHD). It’s about a big

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Pauvreté et développement humain ; Une approche socio-économétrique de l’INDH en

milieu rural marocain

MEKKAOUI ALAOUI. YOUNES, Chercheur en développement humain et territorial ;

ZOUITEN. MOUNIR, Enseignant chercheur, Facultés des Sciences juridiques, économiques

et sociale – Suissi, Université Mohammed V de Rabat

Résumé :

Le présent article essayera d’approcher socio-économétriquement le développement humain

et la pauvreté au Maroc, à travers l’Initiative Nationale pour le Développement Humain

(INDH). Il s’agit d’un grand projet de lutte contre les formes de la pauvreté, et qui a mobilisé

des ressources d’ordre financier, humain et institutionnel importantes depuis son lancement en

2005.

L’objectif est de calculer le contrefactuel du programme via la méthode des Doubles

Différences sur un panel de 1228 communes à caractère rural contenant les communes

bénéficiaires et non-bénéficiaires dudit programme. Une analyse comparative et critique sera

abordée sur la base des résultats et des problèmes structurels tant institutionnels que

sociogéographiques affrontant le milieu rural.

Mots clés : Pauvreté, Développement humain, Monde rural, INDH, Tissu coopératif et

associatif.

نهجبدسح انىطنخ نهتنخ انجششخ ثبنعبنى انقشوي انغشث.انفقش و انتنخ انجششخ : يقبسثخ سىسىقبسخ

ملخص :

قبسة هزا انقبل انعه انفقش و انتنخ انجششخ ثبنغشة، ين خلال انجبدسح انىطنخ نهتنخ انجششخ، و رنك ين ينظىس

انتهش و رنك ثتعجئخ يىاسد يبنخ ، يحبسثخ كم أشكبل انفقش و 5002سىسىقبس. تهذف هزه انجبدسح، ينز انطلاقهب سنخ

و ثششخ و يؤسسبتخ يهخ.

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نقبو ثتحهم نقذي يع جبعخ ثبنعبنى انقشوي. عهى ضىء نتبئج انقبسنخ، ستى ا 8551يستفذح ين انجشنبيج نعنخ تشم

انلأخذ ثعن الاعتجبس يختهف انشبكم انجنىخ، راد الأثعبد الاقتصبدخ و انسىسىدغشافخ و انتشاثخ، انت عبن ينهب

انعبنى انقشوي ثبنغشة.

انكهبد انفبتح : انفقش، انتنخ انجششخ، انعبنى انقشوي، اننسج انتعبون و انجعىي.

Poverty and human development: A socio-econometric approach of the NIHD in

Moroccan rural areas

Abstract :

This article tries to approach socio-econometrically human development and poverty in

Morocco through the National Initiative for Human Development (NIHD). It’s about a big

197

project fighting against poverty which mobilizes important financial, human, and institutional

resources since its launch in 2005.

The aim is to calculate the program’s counterfactual via the Difference in Differences Method

on a panel of 1228 rural communes combining beneficiary and non-beneficiary communes of

the program. A comparative and critical analysis will take place in the light of the

econometric results as well as the structural problems facing the rural areas.

Keywords: Poverty, Human development, Rural areas, INDH, Cooperative and associative

networks.

Introduction

Le développement humain constitue, aujourd'hui, une préoccupation majeure à l’échelle

planétaire. Cette importance émane, entre autres, de son impact sur la croissance économique

des pays et le bien-être des populations. Les efforts consentis dans ce sens, et les résultats

contrastés entre pays et territoires, font surgir un faisceau d’interrogations sur l’efficacité et la

pertinence des stratégies et plans initiés.

Dans ce sillage, la mesure du dit développement et l’évaluation de ses programmes et de leurs

impacts notamment sur la pauvreté occupent une place grandissante. Partant de cette

conviction, et vu le retard accusé par le Maroc en la matière surtout en milieu rural, la

présente étude tente de quantifier les efforts du pays dans la lutte contre la pauvreté dans les

zones rurales moyennant l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH).

Celle-ci a été classée, par la Banque Mondiale en 2015, troisième meilleurs programmes

d’intérêt général sur une liste contenant 136 programmes de pays différents1.

Caractérisée par un pouvoir fédérateur marquant, et une nouvelle dynamique de participation,

l’INDH a mobilisé une pléthore d’acteurs (élus, populations, autorités locales, services

extérieurs, bailleurs de fonds, secteur privé, universités, etc.).

Mise à part les partenaires traditionnels de l’État, l’INDH a ouvert un grand chantier en

faveur des associations et coopératives en matière de création et gestion des projets, chose qui

a dynamisé et consolidé le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire au Maroc.

Pour examiner ce grand projet marocain, nous procédons à la mesure et comparaison des

tendances de la pauvreté entre 2007 et 2014 par le biais d’un panel de 1286 communes. Ce

panel contient aussi bien les communes rurales ciblées que non ciblées par le programme de

l’INDH relatif à la lutte contre la pauvreté. La Méthode économétrique des Doubles

Différences sera utilisée pour calculer le contrefactuel du programme. Une analyse des

résultats de ce programme sera effectuée à la lumière de la réalité et la complexité du monde

rural au Maroc.

1Il s’agit de 136 pays à faible et à moyen revenu. L’Inde et l’Ethiopie ont occupé respectivement la première et la deuxième

place, alors que la Russie et le Bangladesh sont classés respectivement derrière le Maroc

198

Afin de traiter cela, cet article comporte trois parties : une première présentera les fondements

et inspirations théoriques, puis une deuxième partie exposera l’INDH et ces réalisations, et

finalement la troisième partie débarquera la méthodologie adoptée, les résultats et leurs

analyses.

1. Fondements et inspirations de l’analyse en termes de développement humain et de la

lutte contre la pauvreté

Nombreux sont les réflexions et analyses qui traitent la problématique du développement

humain et la pauvreté. Dans le présent article, nous nous contentons sur les courants

marquants de ces deux aspects en fonction de la spécificité de cette étude.

Pionniers des recherches sur le bien-être, F. Perroux souligne que l’objectif ultime du

développement et la couverture des « coûts de l’Homme ». Il précise que la couverture de ces

coûts constitue des opérations « tout élémentaires propres à procurer à chacun les “biens de

départ”. Ils ouvrent aux hommes l’accès au rang de personnes et de sociétés pleines de sens »

(Perroux, 1969)2.

L’approche des "besoins de base", quant à elle, a fait couler beaucoup d’encre notamment

dans les années 1970s. Elle s’est axée sur des besoins déterminés et constants : alimentation,

habillement, habitat, accès aux soins, et l’emploi. Cette approche est critiquée pour son aspect

monolithique et paternaliste puisque les individus sont vus comme simple bénéficiaires des

prestations et services dits de base. De plus, cette approche ne traite pas des aspects

immatériels comme la liberté, les droits humains individuels et collectifs, l’estime de soi, et la

créativité. Parmi les principaux auteurs de ce courant on note Gasper qui a travaillé plus sur la

catégorisation des besoins et Maslow dont les travaux se sont concentrés davantage sur la

priorisation des besoins (pyramide de Maslow).

La différence de l’approche des "besoins de base" qui n’accorde pas d’attention aux manières

et moyens de satisfaction des dits besoins, l’approche de SEN parle de la "capabilité" qui

est « une combinaison de fonctionnements (états et actions) et reflète la liberté d’une personne

de choisir entre différents types de vie »3. Dans ce sens, le bien être individuel et collectif ne

dépendent pas seulement des états mais aussi des actions. La première notion englobe les

biens, actifs, et les différentes ressources alors que le deuxième concept examine la manière

de transformation de ces biens, c.à.d les modes de gestion, modification, choix, priorisation,

etc. la condition de liberté, considérée essentiel par Sen, a été soulignée bien avant par

K.Marx qui a insisté sur la nécessité de remplacer la conviction de la « dominance des

circonstances et de la chance sur l’Homme par la dominance de l’être humain sur celles-ci. »4.

Basé sur ses fondements théoriques, le PNUD a forgé sa conception du développement

humain essentiellement sur les travaux de Sen. Selon cet organisme onusien, le

2Perroux F., (1969). Le Pain et la Parole. Paris : Cerf, p.285.

3[Notre traduction] Sen, A. (1989) .“Development as Capabilities Expansion”,Journal of Development Planning,19, p. 44.

4[Notre traduction] Karl Marx and Friedrich Engels, The German Ideology (1846) ;cité par Sen, A. (1989) .«Development as

Capabilities Expansion». Journal of Development Planning,19, p. 44.

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développement humain ne se réduit pas à l’accroissement ou décroissement du revenu

national. Il consiste fondamentalement en la création « d’un environnement dans lequel les

individus puissent développer pleinement leur potentiel et mener une vie productive et

créative, en accord avec leurs besoins et leurs intérêts. La véritable richesse des nations, ce

sont leurs habitants. Le rôle du développement consiste donc à élargir les possibilités, pour

chacun, de choisir la vie qui lui convient.»5 (PNUD, 2001).

Une telle définition met l’Homme au centre des réflexions et préoccupations du

développement humain en lui assurant un champ propice et en augmentant ces choix. Au

début des années 90s, cette orientation était considérée comme révolutionnaire puisqu’elle

remettait en cause l’idée dominante que la croissance économique, au travers l’accumulation

de biens et richesses, est apte seule de garantir le bien-être humain.

De surcroit, le développement humain ne se limite pas à la multiplication des choix mis à

disposition des gens, mais insiste sur la participation des individus dans la détermination de

ces choix. Dès lors, les individus deviennent des acteurs à part entière dans le processus de

développement. Leur engagement citoyen fait d’eux des producteurs et des bénéficiaires des

fruits de développement.

Les approches, ci-dessus résumées, ont beaucoup servit, en empruntant son optique et ses

concepts, pour encadrer les études et recherches sur le phénomène de la pauvreté. Eu égard à

son ampleur, la question de la lutte contre la pauvreté a été placée, par la communauté

internationale comme premier objectif aussi bien pour les Objectifs du Millénaire pour le

Développement en 2000 que pour les Objectifs de Développement Durable en 2015.

Deux approches marquantes pourraient dessiner l’esquisse du phénomène de la pauvreté :

L’approche monétaire : Appelée aussi approche utilitariste, elle a été essentiellement

développée par la Banque Mondiale et tente de mesurer le bien être en termes d’utilité. Elle

part du postulat que le niveau de satisfaction réalisé par un individu suite à la consommation

de biens et services, détermine son bien-être. En outre, puisque l’utilité n’est pas directement

quantifiable, la mesure du bien-être est effectuée par les ressources (revenus ou dépenses).

Dans cette optique, la pauvreté est une situation caractérisée par un revenu bas ou un faible

pouvoir d’achat et reflète une insatisfaction des besoins de base (nutrition, soins, logement,

etc) et un accès très limité aux différents moyens matériels et immatériels (terre, ressources

financières, revenu, infrastructure physique sociale, protection sociale)6. Selon cette approche,

la distinction des pauvres et non-pauvres, passe par la fixation d’un seuil de pauvreté

composite contenant une composante alimentaire et une autre non-alimentaire7.

L’approche non-monétaire : Cette approche est intimement liée au concept de

développement humain apparut dans les années 90s sur la base des travaux de Sen. Selon

5Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). (2001). “ Rapport mondial sur le développement humain ”,

p.9. 6Banque Mondiale, 1990, 1993 ; Ravallion, 1992.

7Le calcul d’un tel seuil sera détaillé ultérieurement.

200

cette approche, adoptée par le PNUD, la pauvreté est « la négation des opportunités et des

perspectives fondamentales sur lesquelles repose tout développement humain, telles que la

chance de vivre une vie longue, saine, constructive, et de jouir d'un niveau de vie décent, ainsi

que la liberté, la dignité, le respect de soi-même et d'autrui. » (PNUD, 1997)8.

2. L’INDH au Maroc : Contexte, mécanismes et réalisations

Depuis plus de deux décennies, le Maroc s’est lancé résolument dans un processus de

développement social visant la réduction de la pauvreté et des disparités sociales et spatiales

dans le pays.

Suite à des politiques économiques libérales engagées dès l’indépendance, et aggravées par le

Programme d’Ajustement Structurel (PAS) dans les années 80s, le Maroc a accumulé un

déficit social notable qui s’est traduit par la prolifération de la pauvreté et les différentes

facettes d’inégalité. En 2001, le pays affichait un taux de pauvreté de l’ordre de 15,3% ; pire

encore, ce taux atteignait 25,1% dans le monde rural.

Pour faire face aux dits déficits sociaux et écarts territoriaux, le Maroc a lancé en 2005

l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Cette initiative touche un

faisceau de domaines ; l’appui aux infrastructures de base, la formation et la capacitation,

l’animation socioculturelle et sportive, ainsi que les Activités Génératrices de Revenus

(AGRs).

Privilégiant l'approche partenariale et contractuelle avec l’ensemble des acteurs impliqués

dans le développement humain, l’INDH a permis la mobilisation et la dynamisation de

différents acteurs; les collectivités territoriales, les services déconcentrés de l’État, le secteur

privé, et surtout les associations et coopératives.

Il est à noter que la participation des acteurs de la société civile a permis de tripler le nombre

de coopératives, passant de 4.985 à 15.730 entre 2005 et 2015. Le nombre d’associations a

connu également une grande augmentation et effervescence9. Durant la même période, les

coopératives et leurs groupements ont porté plus de 2.500AGRs (presque la moitié du nombre

total des AGRs). Quant aux associations, plus de 17 mille projets et actions ont été initiés

pour environ 13 mille associations (soit 38% du portefeuille des projets INDH). Cette hausse

s’est accompagnée d’une part de l’émergence d’associations à dominance féminine (environ

34 % des associations porteuses des projets INDH), et d’autre part d’une concentration en

milieu rural (48% des associations sont actives en milieu rural)10

.

Basée sur une démarche participative et inclusive, et un mode de gouvernance démocratique,

l’INDH cherche l’implication des bénéficiaires, acteurs, et décideurs locaux et régionaux dans

8 Programme des Nations Unies pour le Développement. (1997). “ Rapport mondial sur le développement humain”, p.16. 9Plus de 120 mille associations selon le Rapport gouvernemental annuel sur le partenariat entre l'Etat et les associations et

organisations de la société civile. 10

Plus de 120 mille associations selon le Rapport gouvernemental annuel sur le partenariat entre l'Etat et les associations et

organisations de la société civile.

201

les différents cycles de projets afin de garantir leur performance et pérennité ainsi que la

confiance et la dignité des populations ciblées.

Cette initiative comporte quatre programmes :

Le Programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural qui cible 702 communes

rurales dont le taux de pauvreté est supérieur ou égal à 14%.

Le Programme de lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain qui concerne 532

quartiers urbains comprenant plus de 20.000 habitants.

Le Programme de lutte contre la précarité cible 10 catégories de population: les jeunes

sans abri et les enfants des rues, les ex-détenus sans ressources, les enfants abandonnés,

les malades mentaux sans-abri, les femmes en situation de grande précarité sans

ressources, les personnes en situation d’handicap, les mendiants et vagabonds, les

personnes âgées démunies, les personnes atteintes du VIH/SIDA et les toxicomanes11

.

Le Programme transversal : destiné à accompagner des actions à fort impact,

particulièrement dans les communes rurales et les quartiers urbains défavorisés et non

ciblés, selon une procédure d'appel à projet ouverte aux collectivités locales, aux

chambres professionnelles, aux associations et autres groupements d'acteurs de

développement humain (coopératives, GIE12

, etc). Pour la deuxième phase, l’accent a été

mis davantage sur les activités génératrices de revenu et d’emploi.

Ceci étant, il s’avère clairement que l’INDH combine deux ciblages ; un ciblage territorial

moyennant les deux premiers programmes, et un ciblage catégoriel au travers le programme

de la lutte contre la précarité. Quant au programme transversal, il permet de rectifier le tir et

agir là où le besoin se fait sentir hors les zones territorialement ciblées.

La mise en œuvre de l’INDH, à travers ces quatre programmes s’est traduite, au titre de la

période 2005-2014, par l’initiation de 38.341 projets et 8.294 actions, pour un investissement

global de 29,1 Milliards de DH, dont la part de l’INDH s’élève à 17,2 Milliards DH13

.

3. Etude économétrique en milieu rural

Le monde rural marocain a accusé pour longtemps un véritable retard en matière d’accès aux

services sociaux de base ; notamment la santé, l’éducation et l’adduction en eau potable.

L’enclavement ainsi que la dépendance aux aléas climatiques ont aggravé la situation dans

plusieurs zones rurales et montagneuses. Ainsi, l’évaluation des politiques publiques menées

dans ces zones revêt une extrême importance pour répondre aux soucis d’efficacité et

d’efficience. Dans cette section, nous allons présenter la méthode utilisée, le champ de

l’étude, ainsi que les résultats obtenus.

3.1. La Méthodologie

Dans cette étude, nous allons essayer d’approcher les résultats de l’INDH et son impact sur

l’évolution de la pauvreté dans les zones rurales marocaines, et ce via la méthode des Doubles

11

Les deux dernières catégories ont été rajoutées à partir de 2011. 12 Groupement d’Intérêt Économique. 13

Selon le « Bilan global de l’INDH 2005-2014 » publié par la Coordination Nationale de l’INDH en Mai 2015.

202

Différences ; une méthode empirique fréquemment optée par les statisticiens et les

économètres notamment dans les évaluations Ex post.

3.1.1. La Méthode des Doubles Différences

La Méthode des Doubles Différences est l’une des méthodes économétriques les plus utilisées

dans l’évaluation d’impact des programmes et politiques publiques. Elle compare, au fil du

temps, les différences de résultats entre une population participante à un programme (le

groupe de traitement) et une autre non-participante (le groupe de comparaison ou de contrôle).

Pour appliquer cette méthode, il faut mesurer les résultats du groupe de participants et ceux du

groupe de non participants tant avant qu’après la mise en œuvre du programme. « Le principe

de la méthode est d’éliminer les effets fixes et temporels à l’aide de deux différences

successives. La première différence permet d’éliminer les effets fixes….La deuxième

différence élimine les effets temporels communs » (Fougère, 2010)14

.

Le graphe ci-dessous, illustre ladite méthode :

Figure N°1 : Méthode des Doubles Différences

Source : Banque mondiale.2011. L’évaluation d’impact en pratique, p. 97

Selon le graphe, pour le groupe de traitement (bénéficiaire du programme), les valeurs passent

de C avant la mise en œuvre du programme à D après son application. Quant au groupe de

comparaison, n’ayant pas bénéficié du programme, les valeurs sont respectivement A et B.

La méthode des DD, détermine dans un premier temps la différence des résultats avant-après

pour le groupe de traitement que pour le groupe de contrôle.

Ceci étant, l’Impact du Programme (IP) est calculé comme la différence des deux différences,

soit : IP = (D − C) − (B − A) = (D − E)

14 Fougère, D. (2010). « Les méthodes économétriques d'évaluation », Revue française des affaires sociales, 1, p.119.

203

Ces résultats peuvent être illustrés sous forme du tableau suivant :

Tableau N°1 : Calcul de l’impact par la Méthode des Doubles Différences

Après Avant Différence

Groupe de traitement D C D – C

Groupe de comparaison B A B – A

Différence D – B C – A DD = (D - C) - (B - A)

Source : Banque mondiale, 2011, L’évaluation d’impact en pratique, p. 98

Cette méthode combine deux comparaisons (comparaison avant-après et comparaison avec-

sans entre les participants et les non participants, d’où son appellation " Doubles

Différences ").

Parmi les points forts de cette méthode, comme on l’a vu, est sa capacité d’annuler les

caractéristiques individuelles fixes dans le temps (période d’étude) ; le calcul de la différence

des résultats avant et après le programme pour une unité statistique annule l’effet de ses

caractéristiques intrinsèques et celles inchangeable lors de la période d’étude.

Pourtant, cette méthode ne tient pas compte des caractéristiques variables dans le temps qui

peuvent influencer le résultat. De surcroit, elle exige la détermination d’un groupe de contrôle

qui n’a pas bénéficié de la mesure objet de calcul et pour lequel les évolutions « sont les

mêmes que celles qu’auraient connues les bénéficiaires de la mesure en l’absence de cette

dernière. » (Givord, 2014)15

. A noter que dans une telle étude nous supposons qu’en l’absence

du programme objet d’étude les tendances seraient parallèles entre les deux groupes durant la

période d’évaluation.

3.1.2. Champs d’étude

L’objectif de l’étude est de mesurer l’impact de l’INDH dans le monde rural du pays. Le

Programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural est le programme consacré aux zones

rurales manifestant un déficit socio-économique notoire. Comme susmentionné, ce

programme concerne les communes rurales affichant un taux de pauvreté supérieur à 14%.

Pratiquement, 702 communes rurale sont bénéficié dudit programme contre 596 communes

rurales non-bénéficiaires. L’évaluation de l’impact du programme traitera la période 2007-

2014, les deux années pour lesquelles les données statistiques officielles sur la pauvreté sont

disponibles16

.

Ces données sont sous formes de taux de pauvreté monétaire par commune estimés sur la base

des données des enquêtes nationale sur la consommation et les dépenses des ménages

15Givord, P.(2014).“Méthodes économétriques pour l’évaluation de politiques publiques”, Economie & prévision 2014/1

,204-205, p. 10. 16Ces données fournies par le Haut-commissariat aux comptes (HCP) l’institution marocaine indépendante en charge de la

statistique.

204

(ENCDM) réalisées en 2007 et 2014. Ses estimations sont calculées conformément aux

normes internationales en vigueur.

L'approche monétaire de la pauvreté utilise le revenu ou les dépenses de consommation

comme indicateur de niveau de vie. Pourtant, le revenu présente une myriade de limites dans

un pays comme le Maroc où dominent le secteur informel et l’irrégularité des revenus. Ceci

étant, les dépenses de consommation restent une alternative pouvant approcher monétairement

le niveau de vie.

Dans ce sillage, le Haut-Commissariat au Plan calcule le seuil de la pauvreté monétaire en se

basant sur deux composantes ; une composante alimentaire selon les normes de la FAO-OMS,

et une composante non-alimentaire conçue par la Banque Mondiale. Le seuil de la première

composante est le coût d’un panier de biens et services alimentaires garantissant l’ingestion

calorique minimale requise par la norme recommandée par les deux organismes précités. Le

minimum requis en calories par individu et par jour a été établi en appliquant la table des

besoins énergétiques recommandés (Recommanded Daily allowance, FAO-OMS) à la

structure de la population selon le sexe, l’âge et la situation des femmes vis-à-vis de la

grossesse et de l’allaitement.

En 2014, le seuil de la pauvreté monétaire s’est fixé, par personne et par an, à 4312 DH dans

le milieu rural ; l’équivalent de 2,4 $ US PPA par jour et par personne en milieu rural (1 $ US

PPA = 4,88 DH). Dans le milieu urbain, ce seuil est de 4667 DH par personne et par an ; il

vaut, en moyenne 2,6 $ US PPA par jour et par personne pour la même année.

Selon cette approche, un ménage est considéré dans une situation de pauvreté quand ses

dépenses de consommation sont en dessous du seuil de pauvreté monétaire ; à titre d’exemple,

un ménage de taille moyenne de 5 membres est pauvre s’il réalise une dépense mensuelle de

moins de 1797 DH en milieu rural (HCP, 2016)17

.

Le tableau, ci-dessous, présente les seuils de pauvreté alimentaire pour les deux années de

référence dans le milieu rural et urbain :

Tableau N°2 : Seuils de pauvreté monétaire en 2007 et 2014

Milieu

Seuil de

pauvreté

alimentaire

Seuil de pauvreté

monétaire, 2014

En $ /jour/

personne, 2014

Seuil de pauvreté

monétaire, 2007

Rural 2331 DH 4312 DH 2,4 $ US PPA 3569 DH

Urbain 2331 DH 4667 DH 2,6 $ US PPA 3834DH

Source : HCP (2016)18

3.2. Résultats

17Haut Commissariat au Plan. (2016). “Note de synthèse extraite de l’étude «Dynamique des inégalités sociales et territoriales

et de la pauvreté 2001-2014 au Maroc»”,p.3. 18

Idem

205

L’analyse porte sur toutes les communes rurales non-ciblées (596 communes) ainsi que 690

communes ciblées19

. Ceci étant, le traitement concerne un panel de 1286 unités statistiques

dans deux années de références (2007 et 2014). Ces données ont été classées sur un fichier

Excel et traitées sous le Logiciel Stata.

Résultats des variables par année :

Tableau N°3 : Résultats des variables par année

Source : résultat de l’étude

A noter que Y0= 2007 et Y1=2014.

Résultats des variables par groupe

Tableau N°4 : Résultats des variables par groupe

Source : résultat de l’étude20

Selon le dernier tableau ci-haut, le taux de pauvreté a chuté de 5,28 points dans les communes

objets d’étude (ciblées et non ciblées) durant la période 2007-2014. Cette chute a concerné

plus les communes rurales ciblées par le " Programme de lutte contre la pauvreté en milieu

rural " où la baisse a atteint une moyenne de 7,45 points contre 2,78 points dans les

communes rurales non-cibles. Ainsi l’effet du programme durant les sept ans est de l’ordre de

4,66 points.

Il est à noter que ledit programme est toujours en cours et que même les communes rurales

non ciblées peuvent bénéficier du Programme transversal.

En outre, l’étude de la dynamique migratoire montre que c’est notamment les jeunes ruraux,

moins touchés par la pauvreté, qui quittent leurs localités vers les villes ou même l’étranger.

Dans le même ordre d’idées, ce sont les ménages relativement aisés dans le milieu rural qui

19 Parmi les 702 communes bénéficiaires du programme onze communes ont été exclues car elles ont été objet de fusion, ou

de division. 20Au seuil de 5%, le modèle est hautement significatif.

206

ont plus de chance de quitter la compagne et acquérir un toit dans les villes marocaines où le

coût de vie augmente constamment.

Autrement dit, ce sont les plus pauvres qui affrontent plus d’obstacles de s’enfuir de leur sort.

Ceci dit que l’impact du programme, en traitant une population dont la proportion des pauvres

augmente perpétuellement, dépasse le contrefactuel calculé ; d’où l’impact positif marquant

de ce programme.

Toutefois, un arsenal d’obstacles et de contraintes influence la performance ainsi que

l’efficience de ce programme (et l’INDH de manière globale).

Le faible degré voire l’absence de la convergence entre les différents acteurs et aux différents

échelons. Au niveau national, le Comité stratégique constituant la plus haute institution

chargée de l’INDH et comportant les départements ministériels impliqués dans ce plan

national (Education, santé, équipement, agriculture, habitat, eau et électricité) ne se réunit plus

afin d’articuler les visions et surmonter les entraves émergentes. Au niveau local, le niveau de

déconcentration impacte négativement les projets portés ou cofinancés par les services

extérieurs de l’État dans la mesure où ses services ne détiennent pas le pouvoir décisionnel

pour affecter les ressources financières et humaines sur lesquelles ils se sont engagés. Ainsi

un bon nombre de projets non opérationnels est dû au fait que ces partenaires n’honorent pas

leurs engagements, et qui ont fait objet de conventions signées avant le démarrage des projets.

La même remarque concerne beaucoup de collectivités territoriales vis-à-vis des projets mis

en place dans leurs ressorts territoriaux et auxquels elles sont partenaires.

La dispersion de la population et des groupements d’habitats (douars) baisse la rentabilité et

l’utilité sociale des projets initiés. Cette dispersion est aggravée par les logiques électorales et

politiciennes restreintes qui règnent dans quelques communes rurales ; chose qui conduit à un

effritement et une prolifération des microprojets au détriment de projets consistants et intégrés

sur le plan communal. Le résultat est des constructions achevées mais souvent non

opérationnels ou dans les meilleurs cas en deçà des aspirations des bénéficiaires.

La faiblesse des capacités techniques et managériales de quelques porteurs et/ou gestionnaires

de projets affecte la qualité des prestations fournies, et parfois même la pérennité des projets.

Cette remarque concerne d’avantage les collectivités locales et les associations qui gèrent

notamment les centres multifonctionnels, Dour Talib et Taliba21

, le transport scolaire, et

l’adduction en eau potable, etc.

La non disponibilité de budget de fonctionnement stable et régulier dans la majorité des

projets initiés dans le cadre de l’INDH, remet en cause la qualité de services voire la pérennité

de ces projets. En vertu du cadre général de l’INDH et des conventions des projets, les

charges de fonctionnement sont assurées par les partenaires de l’INDH. Pour y remédier,

l’INDH a autorisé l’allocation de 10% du montant global du projet aux besoins de

fonctionnement pour les premières années de démarrage, pourtant le souci de durabilité

nécessite une réflexion approfondie ainsi qu’une forte implication des partenaires.

21

Centres d’accueil réservés aux étudiants.

207

Concernant les Activités Génératrices de Revenus (AGRs), un nombre important de

coopératives se sont inscrites plus dans une logique d’imitation loin de la créativité et

l’innovation ; le résultat est une production peu diversifiée et moins concurrentielle qui se

heurte aux problèmes de commercialisation voire de viabilité. De surcroit, dans le monde

rural se sont les moins pauvres qui bénéficient de ces projets puisqu’il exige un apport

pécuniaire de 30% du montant global du projet ; un montant qui n’est pas à la portée d’une

large couche des plus pauvres au niveau communal. Loin de la contrainte financière, l’accès

de ces derniers aux AGRs s’affronte à une myriade d’obstacles structurels liés au manque

d’idées, d’estime de soi, et de capacités requises pour le montage et la gestion desdites

activités. Ceci crée davantage d’inégalités au sein même des communes rurales. Pour y faire

face, l’INDH a abaissé l’apport du porteur de projet à 10% dans quelques cas, et une grande

réflexion est en cours pour garantir plus d’accès des plus pauvres aux AGRs.

Conclusion

Le Maroc a déployé dans les dernières années un grand effort pour gagner la bataille contre la

pauvreté, un effort couronné par la réalisation de beaucoup des Objectifs du Millénaire pour le

Développement en 2015, notamment l’objectif de réduction de l'extrême pauvreté et la faim.

De plus, entre 2001 à 2014, la pauvreté monétaire au niveau national a connu une chute

significative de 15,3% à 4,8%.

Quant à l’INDH, elle avait des importants impacts sur le développement humain vu les

moyens financiers, humains et institutionnels qu’elle a mobilisée. Ainsi, elle a permis

l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base et la dynamisation des Activités

Génératrices de Revenus à travers le tissu associatif et coopératif, notamment dans les zones

rurales.

Toutefois, presque un rural sur dix vit toujours en situation de pauvreté et en termes de

développement humain le Maroc occupe la 123ème position, sur 188 pays étudiés dans le

classement du PNUD22

.

Ceci est dû majoritairement à la prévalence de l’analphabétisme qui touche 47,7% de la

population rurale (32% au niveau national), la faible convergence et gouvernance aux

différents niveaux, ainsi que la forte dispersion de la population dans les zones rurales chose

qui réduit la performance et la réalisation des économies d’échelle sur le plan socio-

économique.

Le volet formation doit acquérir une attention particulière afin de combler les lacunes dont

souffrent notamment les associations gestionnaires des centres d’accueil afin d’améliorer

leurs services et mieux répondre aux attentes des bénéficiaires. Le renforcement des capacités

des coopératives et des autres organisations professionnelles porteuses des activités

génératrices de revenus s’avère une nécessité impérieuse pour améliorer la compétitivité et

assurer la durabilité de ses structures de l’économie sociale et solidaire.

22Programme des Nations Unies pour le Développement. (2016). “Rapport sur le développement humain : le développement

humain pour tous”.

208

Par ailleurs, la problématique du budget de fonctionnement nécessite une analyse minutieuse

et une réflexion enrichissante par les différentes parties prenantes afin d’apporter des

solutions pertinentes et pérennes aux soucis de la qualité et de la durabilité.

En guise de conclusions, l’INDH est appelée à consolider ses acquis et résultats ainsi que

doubler les efforts avec ses partenaires pour faire face aux enjeux de l’accessibilité, l’équité,

la performance et la pérennité.

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