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Écomanagement - Filières 6 environnement & stratégie n° 151 mercredi 12 octobre 2005 6 5,5 millions d’hectares de forêts certifiés FSC La plus grande surface de forêts FSC au monde se trouve au Canada. Rainforest Alliance (voir ES n° 150 p. 8) a annoncé avoir inclus à son programme d’éco- certification Smartwood, accré- dité par le Forest Stewardship Council, la société Alberta-Pa- cific Forest Industries (Al-Pac), qui exploite 5,5 millions d’hec- tares autour d’Athabasca. Cette certification place le Canada en tête du palmarès des forêts FSC, avec 22,8 % des 28 millions d’hec- tares certifiés au monde. Al-Pac indique que cette démarche entreprise en 2000 participe de la politique de management du risque : « Nous pensons qu’à l’avenir, tous les acteurs du bois et du papier auront besoin d’être certifiés pour survivre. » Transports Van Hecke Iso 14001 Cela fait pratiquement quinze ans que Guy Van Hecke verse une prime à ses chauffeurs sur la consommation de carburant, pour les inciter à rouler en sou- plesse (27 à 28 litres aux 100 km au lieu de 31). Avec à la clé une usure moindre de la méca- nique entraînant d’autres économies. Cet engagement en faveur de l’environnement s’est étendu à d’autres postes comme le bruit, la gestion des déchets, la prévention des pollu- tions, mais aussi l’optimisation des chargements. Après avoir obtenu la certification Iso 9002 en 2001, la PME a été certifiée Iso 14001 version 2004 par l’Afaq en septembre dernier. Cette spécialiste du transport de matières dangereuses basée à Aubergenville (78) compte parmi ses clients Onyx et Séché. www.tvh.fr L’Iso 26000 se précise Le projet de norme Iso 26000 sur la responsabilité sociale commence à prendre forme (voir ES n° 133 p. 6). Le 5 oc- tobre à Bangkok, la deuxième réunion du groupe de travail sur la responsabilité sociale de l’ISO, où étaient conviés des représentants de 54 pays, s’est accordée sur l’architec- ture du document et sur le calendrier : la version préli- minaire du texte est prévue pour novembre ou décembre 2007, la version définitive étant attendue pour octobre 2008. www.iso.org/sr Étude Labels textiles : la nouvelle collection États, industries, distributeurs, ONG, certificateurs : chacun appose son label textile développement durable, alors que le marché français peine à décoller. Passés au crible, plus de soixante labels révèlent leurs stratégies. Tendances des prochaines saisons. Leur nombre a doublé en deux ans. Au moins 62 labels santé, environnement ou équitables s’attachent désormais aux étiquettes des vêtements, selon l’inventaire international réalisé par le bureau d’études Ecoeff pour l’Ademe. Pourtant, si le textile écologique est connu de 22 % des Français, sa part de marché ne dépasse pas 5 %. Et 31 % des Français pensent que le textile ne nuit pas à l’environnement. Des chiffres qui révèlent le manque de sensibilité hexagonale. En Scandinavie, Suisse ou Allemagne, le textile labellisé développement durable (DD) est valorisé par des consommateurs plus avertis. « Là-bas, les gammes de produits sont présentes toute l’année et pas seulement pour des opérations “coup de pub” », analyse Philippe Schiesser, l’auteur de l’étude. En Allemagne, l’aspect santé (voir encadré) est le troisième critère d’achat. Pas éton- nant dès lors qu’Öko-Tex 100, un label santé regroupant 4 200 entreprises, s’octroie la plus grande part de marché. En revanche, dans les cabines d’essayage – en Alle- magne comme ailleurs – peu importe le « made in ». Pour le social, parent pauvre des étiquettes, seul l’équitable part en éclaireur avec le label Bioré et le nouveau coton Max Havelaar. Pourtant, d’après le collectif De l’éthique sur l’étiquette, la prise en compte des critères sociaux est loin du minimum requis. L’environnement est, lui, assez présent, mais les entreprises ne retiennent souvent qu’un seul de ses aspects (comme la coloration écologique) alors que les labels officiels sont multicritères. Le conflit label-marque Finalement, « les labels textiles évoluent dans un univers multipolaire ». Et là, chacun sa stratégie, à commencer par les ONG et associations qui axent leur démarche vers les fibres naturelles ou le commerce équitable. Pour leur part, les labels « gouverne- mentaux » comme l’Écolabel européen (60 entreprises) ou Nordic Swan voudraient toucher 20 % du marché, donc optent pour des critères larges et englobent aussi le synthétique. Avantage : ces labels officiels jouent la transparence des cahiers des charges. Les organismes certificateurs (le Bio pour la culture des fibres, Öko-Tex pour la santé) assurent des critères stricts. Les regroupements d’entreprises, tels Naturtextil (90 entreprises) et Bioré (400 000 références), donnent du poids à des démarches qui se distinguent par leur traçabilité et leur capacité à prendre en compte toute la chaîne de production. Mais les plus dynamiques sont les labels d’entreprises autodéclarés, tel PCR pour le polyester recyclé de Patagonia. Malgré leur manque de transparence, leur ambition dépasse celle des labels officiels. La liste serait incom- plète sans les labels DD des distributeurs : Les Trois Suisses, Quelle, Monoprix, Cora (linge de lit), C&A, Muji. Car les marques ont intérêt… à se démarquer. Par ailleurs, de nouvelles entreprises distribuées dans les boutiques écolo-chic placent le DD au cœur de leur conception, le tout bénéficiant d’une bonne couverture médiatique. Créé en 2002, Ideo joue par exemple la carte du bio-équitable. Et four- nit en tee-shirts la Mairie d’Angers, un gros acheteur qui commence à intégrer le DD dans ses appels d’offres, tout comme La Poste avec Armor-Lux ou les hôtels du groupe Accor pour les draps. On voit aussi certaines filières reprendre vie, comme le chanvre ou la laine d’Ardelaine, en Ardèche. Vu la profusion des labels, on est tenté de conclure qu’au lieu de les collectionner les professionnels devraient les étoffer, remplaçant le nombre par la qualité. R. H. Résidus chimiques Aujourd’hui, les teneurs limites en résidus chimiques sont les principaux déterminants environnement et santé des labels textiles DD. Parmi eux, les pesticides liés à la production de coton, les métaux lourds issus des encres d’impression, les colorants, cancérigènes, les ignifugeants, les détergents, les formaldéhydes utilisés pour rendre les vêtements infroissables, le chlore pour le blanchiment et le PVC pour la souplesse. Avec les risques d’allergie et les campagnes sur les toxiques, les critères liés aux résidus chimiques pourraient bien prendre de l’ampleur sur les étiquettes. ISONEWS

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6environnement & stratégie n° 151 mercredi 12 octobre 2005

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5,5 millions d’hectares de forêts certifiés FSCLa plus grande surface de forêts FSC au monde se trouve au Canada. Rainforest Alliance (voir ES n° 150 p. 8) a annoncé avoir inclus à son programme d’éco-certification Smartwood, accré-dité par le Forest Stewardship Council, la société Alberta-Pa-cific Forest Industries (Al-Pac), qui exploite 5,5 millions d’hec-tares autour d’Athabasca. Cette certification place le Canada en tête du palmarès des forêts FSC, avec 22,8 % des 28 millions d’hec-tares certifiés au monde. Al-Pac indique que cette démarche entreprise en 2000 participe de la politique de management du risque : « Nous pensons qu’à l’avenir, tous les acteurs du bois et du papier auront besoin d’être certifiés pour survivre. »

Transports Van Hecke Iso 14001Cela fait pratiquement quinze ans que Guy Van Hecke verse une prime à ses chauffeurs sur la consommation de carburant, pour les inciter à rouler en sou-plesse (27 à 28 litres aux 100 kmau lieu de 31). Avec à la clé une usure moindre de la méca-nique entraînant d’autres économies. Cet engagement en faveur de l’environnement s’est étendu à d’autres postes comme le bruit, la gestion des déchets, la prévention des pollu-tions, mais aussi l’optimisation des chargements. Après avoir obtenu la certification Iso 9002 en 2001, la PME a été certifiée Iso 14001 version 2004 par l’Afaq en septembre dernier. Cette spécialiste du transport de matières dangereuses basée à Aubergenville (78) compte parmi ses clients Onyx et Séché.www.tvh.fr

L’Iso 26000 se préciseLe projet de norme Iso 26000 sur la responsabilité sociale commence à prendre forme (voir ES n° 133 p. 6). Le 5 oc-tobre à Bangkok, la deuxième réunion du groupe de travail sur la responsabilité sociale de l’ISO, où étaient conviés des représentants de 54 pays, s’est accordée sur l’architec-ture du document et sur le calendrier : la version préli-minaire du texte est prévue pour novembre ou décembre 2007, la version définitive étant attendue pour octobre 2008. ■www.iso.org/sr

Étude

Labels textiles : la nouvelle collection

États, industries, distributeurs, ONG, certificateurs : chacun appose son label textile développement durable, alors que le marché

français peine à décoller. Passés au crible, plus de soixante labels révèlent leurs stratégies. Tendances des prochaines saisons.

Leur nombre a doublé en deux ans. Au moins 62 labels santé, environnement ou équitables s’attachent désormais aux étiquettes des vêtements, selon l’inventaire international réalisé par le bureau d’études Ecoeff pour l’Ademe. Pourtant, si le textile écologique est connu de 22 % des Français, sa part de marché ne dépasse pas 5 %. Et 31 % des Français pensent que le textile ne nuit pas à l’environnement. Des chiffres qui révèlent le manque de sensibilité hexagonale. En Scandinavie, Suisse ou Allemagne, le textile labellisé développement durable (DD) est valorisé par des consommateurs plus avertis. « Là-bas, les gammes de produits sont présentes toute l’année et pas seulement pour des opérations “coup de pub” », analyse Philippe Schiesser, l’auteur de l’étude.En Allemagne, l’aspect santé (voir encadré) est le troisième critère d’achat. Pas éton-nant dès lors qu’Öko-Tex 100, un label santé regroupant 4 200 entreprises, s’octroie la plus grande part de marché. En revanche, dans les cabines d’essayage – en Alle-magne comme ailleurs – peu importe le « made in ». Pour le social, parent pauvre des étiquettes, seul l’équitable part en éclaireur avec le label Bioré et le nouveau coton Max Havelaar. Pourtant, d’après le collectif De l’éthique sur l’étiquette, la prise en compte des critères sociaux est loin du minimum requis. L’environnement est, lui, assez présent, mais les entreprises ne retiennent souvent qu’un seul de ses aspects (comme la coloration écologique) alors que les labels officiels sont multicritères.

Le conflit label-marqueFinalement, « les labels textiles évoluent dans un univers multipolaire ». Et là, chacun sa stratégie, à commencer par les ONG et associations qui axent leur démarche vers les fibres naturelles ou le commerce équitable. Pour leur part, les labels « gouverne-mentaux » comme l’Écolabel européen (60 entreprises) ou Nordic Swan voudraient toucher 20 % du marché, donc optent pour des critères larges et englobent aussi le synthétique. Avantage : ces labels officiels jouent la transparence des cahiers des charges. Les organismes certificateurs (le Bio pour la culture des fibres, Öko-Tex pour la santé) assurent des critères stricts. Les regroupements d’entreprises, tels Naturtextil (90 entreprises) et Bioré (400 000 références), donnent du poids à des démarches qui se distinguent par leur traçabilité et leur capacité à prendre en compte toute la chaîne de production. Mais les plus dynamiques sont les labels d’entreprises autodéclarés, tel PCR pour le polyester recyclé de Patagonia. Malgré leur manque de transparence, leur ambition dépasse celle des labels officiels. La liste serait incom-plète sans les labels DD des distributeurs : Les Trois Suisses, Quelle, Monoprix, Cora (linge de lit), C&A, Muji. Car les marques ont intérêt… à se démarquer.Par ailleurs, de nouvelles entreprises distribuées dans les boutiques écolo-chic placent le DD au cœur de leur conception, le tout bénéficiant d’une bonne couverture médiatique. Créé en 2002, Ideo joue par exemple la carte du bio-équitable. Et four-nit en tee-shirts la Mairie d’Angers, un gros acheteur qui commence à intégrer le DD dans ses appels d’offres, tout comme La Poste avec Armor-Lux ou les hôtels du groupe Accor pour les draps. On voit aussi certaines filières reprendre vie, comme le chanvre ou la laine d’Ardelaine, en Ardèche.Vu la profusion des labels, on est tenté de conclure qu’au lieu de les collectionner les professionnels devraient les étoffer, remplaçant le nombre par la qualité. ■ R. H.

Résidus chimiquesAujourd’hui, les teneurs limites en résidus chimiques sont les principaux déterminants environnement et santé des labels textiles DD. Parmi eux, les pesticides liés à la production de coton, les métaux lourds issus des encres d’impression, les colorants, cancérigènes, les ignifugeants, les détergents, les formaldéhydes utilisés pour rendre les vêtements infroissables, le chlore pour le blanchiment et le PVC pour la souplesse. Avec les risques d’allergie et les campagnes sur les toxiques, les critères liés aux résidus chimiques pourraient bien prendre de l’ampleur sur les étiquettes.

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