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OUTREAU : le meurtre de la petite fille Une histoire très sérieuse Lors du procès d'Outreau à Rennes, le cas "Daniel Legrand mineur" est resté la plupart du temps en arrière-plan d'un débat qui a porté comme l'on pouvait s'y attendre sur l'ensemble des questions relatives à l'affaire. Ce fut le procès des enquêteurs, de l'instruction, des services sociaux, des défenseurs mêmes de la partie civile, tous les rouages dont les torts cumulés pouvaient servir à argumenter en faveur de l'innocence aussi bien de l'accusé présent dans le box que des personnes qui jadis furent inquiétées. Les débats furent intéressants même s'ils ne semblent pas avoir eu beaucoup d'influence sur le réquisitoire auquel on pouvait s'attendre. La question du meurtre d'une petite fille est revenue à de nombreuses reprises tout au long du procès. À cette occasion, des pièces très importantes du dossier ont été lues et ont livré le côté effroyable de l'affaire auquel une partie du public présent ne s'attendait pas. La lecture de ces pièces était cependant nécessaire pour débattre de manière contradictoire autour de la ligne de défense de Daniel Legrand qui consistait à dire que les révélations qui ont été faites lors de l'instruction du procès de Saint-Omer étaient pure invention. Les faits : le meurtre d'une petite fille a été révélé par une lettre de Daniel Legrand au début de l'année 2002. Cette nouvelle, publiée dans les médias à partir du 10 janvier, a suscité une vive émotion. A cette date, Daniel Legrand tout comme Myriam Badaoui sont en détention. Leurs fils sont en famille d'accueil, Jonathan à Outreau, Dimitri à Samer. Des recherches ont été rapidement entreprises, mais rapidement abandonnées. L'instruction de cette affaire a donné lieu à un non-lieu en 2005. 4 janvier 2002 : Daniel Legrand, en détention à la prison de Loos, écrit une lettre ou il dit avoir été témoin du meurtre d'une fillette Voir la lettre Cette lettre est adressée à France 3 et au juge d'instruction Fabrice Burgaud qui la reçoit le 9 janvier 9 janvier : Fabrice Burgaud, en présence du greffier P. Duval interroge Daniel Legrand assisté de son avocat Me Rangeon . Daniel Legrand donne des détails précis. Lors du procès de Rennes, Daniel Legrand dira qu'il a tout inventé, qu'il a dit n'importe quoi. 9 janvier : Fabrice Burgaud, en présence du greffier P. Duval interroge Myriam Badaoui assistée de son avocate Me Pouille-Deldicque. Myriam Badaoui donne des détails précis Lors du procès de Rennes, Myriam Badaoui clamera le fait d'avoir menti, d'avoir dit n'importe quoi A ce stade, il est intéressant de comparer les détails de ces deux "n'importe quoi" 11 janvier : Audition de Dimitri par le juge Fabrice Burgaud en présence de P. Duval, greffier, Mme Bernard, assistante maternelle de Dimitri, Me Normand, avocat de la partie civile Suite à une question ouverte, Dimitri décrit spontanément le meurtre d'un bébé Une scène bien différente de celle que raconte son frère, et tout à fait différente de ce dont les médias commencent à parler. -> Ce n'est donc pas l'effervescence médiatique qui l'aurait influencé. -> Ce n'est pas une autre version du meurtre, mais l'évocation d'un autre meurtre De plus, Dimitri parle AUSSI du meurtre de la fillette en précisant qu'il ne l'a pas vu. Voir le témoignage de Dimitri 10 janvier : l'information paraît dans la presse et à la radio Jonathan réagit immédiatement auprès de sa "Tata" : « je le sais cela, ça s'est passé à la maison. Il y avait tout le monde (noms... ) et maman disait que c'était la fête. Il y en a qui disent que c'est mon père qui a tué la petite fille, mais c'est le père de Daniel XXXXX qui l'a tuée avec le bâton de mon père. Elle a été tuée parce qu'elle se débattait. Il y avait plein de sang partout. C'était une petite fille de 4 ans. J'ai des images dans ma tête. » 11 janvier : Audition de Jonathan par le juge Fabrice Burgaud en présence de P. Duval, greffier, Mme Bernard, assistante maternelle de Dimitri, Me Normand, avocat de la partie civile Voir le témoignage de Jonathan 18 janvier : Daniel Legrand est examiné par le psychologue Michel Emirzé auquel il confirme avoir été témoin du meurtre d'une fillette et donne des éléments précis sur son propre comportement. Il parle de Myriam et Thierry Delay qu'il connaît. Cette pièce montre l'audace de la ligne de défense de Daniel Legrand qui a répété à Rennes qu'il ne connaissait pas les Delay avant d'avoir été arrêté par erreur. Voir l'extrait du rapport de l'expert Michel Emirzé Conclusion : Il n'y a pas eu à Outreau des témoignages divergents sur un meurtre imaginaire fondé sur une invention "pour piéger Myriam". Cette construction d'une ligne de défense était à la fois abracadabrantesque et peu risquée dans la mesure où elle devait être prise en compte avec complaisance. Il y a eu des témoignages précis, corroborés sur au moins un meurtre. Compte tenu du délai très court entre la réception de la lettre de dénonciation et les auditions, et du fait de l'éloignement des personnes entendues, la "contamination" ne peut être envisagée sérieusement.

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OUTREAU : le meurtre de la petite filleUne histoire très sérieuse

Lors du procès d'Outreau à Rennes, le cas "Daniel Legrand mineur" est resté la plupart du temps en arrière-plan d'un débat qui a porté comme l'on pouvait s'y attendre sur l'ensemble des questions relatives à l'affaire. Ce fut le procès des enquêteurs,de l'instruction, des services sociaux, des défenseurs mêmes de la partie civile, tous les rouages dont les torts cumulés pouvaient servir à argumenter en faveur de l'innocence aussi bien de l'accusé présent dans le box que des personnes qui jadis furent inquiétées. Les débats furent intéressants même s'ils ne semblent pas avoir eu beaucoup d'influence sur le réquisitoire auquel on pouvait s'attendre.

La question du meurtre d'une petite fille est revenue à de nombreuses reprises tout au long du procès. À cette occasion, des pièces très importantes du dossier ont été lues et ont livré le côté effroyable de l'affaire auquel une partie du public présent ne s'attendait pas. La lecture de ces pièces était cependant nécessaire pour débattre de manière contradictoire autour de la ligne de défense de Daniel Legrand qui consistait à dire que les révélations qui ont été faites lors de l'instruction du procès de Saint-Omer étaient pure invention.

Les faits : le meurtre d'une petite fille a été révélé par une lettre de Daniel Legrand au début de l'année 2002. Cette nouvelle, publiée dans les médias à partir du 10 janvier, a suscité une vive émotion. A cette date, Daniel Legrand tout comme Myriam Badaoui sont en détention. Leurs fils sont en famille d'accueil, Jonathan à Outreau, Dimitri à Samer.

Des recherches ont été rapidement entreprises, mais rapidement abandonnées. L'instruction de cette affaire a donné lieu à un non-lieu en 2005.

4 janvier 2002 : Daniel Legrand, en détention à la prison de Loos, écrit une lettre ou il dit avoir été témoin du meurtre d'une fillette Voir la lettre

Cette lettre est adressée à France 3 et au juge d'instruction Fabrice Burgaud qui la reçoit le 9 janvier

9 janvier : Fabrice Burgaud, en présence du greffier P. Duval interroge Daniel Legrand assisté de son avocat Me Rangeon .

Daniel Legrand donne des détails précis.

Lors du procès de Rennes, Daniel Legrand dira qu'il a tout inventé, qu'il a dit n'importe quoi.

9 janvier : Fabrice Burgaud, en présence du greffier P. Duval interroge Myriam Badaoui assistée de son avocate Me Pouille-Deldicque.Myriam Badaoui donne des détails précis Lors du procès de Rennes, Myriam Badaoui clamera le fait d'avoir menti, d'avoir dit n'importe quoi

A ce stade, il est intéressant de comparer les détails de ces deux "n'importe quoi"

11 janvier : Audition de Dimitri par le juge Fabrice Burgaud en présence de P. Duval, greffier, Mme Bernard, assistante maternelle de Dimitri, Me Normand, avocat de la partie civile

Suite à une question ouverte, Dimitri décrit spontanément le meurtre d'un bébé

Une scène bien différente de celle que raconte son frère, et tout à fait différente de ce dont les médias commencent à parler. -> Ce n'est donc pas l'effervescence médiatique qui l'aurait influencé.-> Ce n'est pas une autre version du meurtre, mais l'évocation d'un autre meurtre

De plus, Dimitri parle AUSSI du meurtre de la fillette en précisant qu'il ne l'a pas vu.

Voir le témoignage de Dimitri

10 janvier : l'information paraît dans la presse et à la radio Jonathan réagit immédiatement auprès de sa "Tata" :« je le sais cela, ça s'est passé à la maison. Il y avait tout le monde (noms... ) et maman disait que c'était la fête. Il y en a qui disent que c'est mon père qui a tué la petite fille, mais c'est le père de Daniel XXXXX qui l'a tuée avec le bâton de mon père. Elle a été tuée parce qu'elle se débattait. Il y avait plein de sang partout. C'était une petite fille de 4 ans. J'ai des images dans ma tête. »

11 janvier : Audition de Jonathan par le juge Fabrice Burgaud en présence de P. Duval, greffier, Mme Bernard, assistante maternelle de Dimitri, Me Normand, avocat de la partie civile

Voir le témoignage de Jonathan

18 janvier : Daniel Legrand est examiné par le psychologue Michel Emirzé auquel il confirme avoir été témoin du meurtre d'une fillette et donne des éléments précis sur son propre comportement. Il parle de Myriam et Thierry Delay qu'il connaît. Cettepièce montre l'audace de la ligne de défense de Daniel Legrand qui a répété à Rennes qu'il ne connaissait pas les Delay avant d'avoir été arrêté par erreur. Voir l'extrait du rapport de l'expert Michel Emirzé

Conclusion : Il n'y a pas eu à Outreau des témoignages divergents sur un meurtre imaginaire fondé sur une invention "pour piéger Myriam".Cette construction d'une ligne de défense était à la fois abracadabrantesque et peu risquée dans la mesure où elle devait être prise en compte avec complaisance. Il y a eu des témoignages précis, corroborés sur au moins un meurtre. Compte tenu du délai très court entre la réception de la lettre de dénonciation et les auditions, et du fait de l'éloignement des personnes entendues, la "contamination" ne peut être envisagée sérieusement.

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La lettre de Daniel Legrand fils, datée du 4 janvier 2002

et adressée à France 3 et au juge Burgaud

Transcription :

Monsieur,

Je vous fait part de ce courrier, pour vous faire de nouvelles révélations conçernant cette affaire. Je vais faire

ces révélations car je ne supporte plus de garder cela au fond de moi. Mais je ne voudrais pas endosser la mort

d'une fillette, alors que je n'ai été que simple témoin. En effet en 99, je me trouvais chez les Delayes, quand

Thierry Delaye et un vieux messieur sont arrivés accompagnés d'une petite fille de 5 à 6 ans, et sois disant

belge d'après Thierry. Je crois que le vieil homme aussi belge et connaissait l'enfant, car elle lui tenait la main.

Le vieil homme à abusé de la petite, mais la petite a hurhé, et c'est là que Thierry la battue à mort à la tête. Il

avait même filmait, mais après ce drame il a débobine la bande de la cassette, et la détruit.

Thierry m'a fait des menaces de mort. J'avais peur qu'il s'en prenne à ma famille. J'avais peur de ceux que

j'avais vu.

Thierry et le vieil homme ont emmené la gamine le soir très tard mais moi j'étais rentré chez moi. Le reste

Thierry s'expliquera avec la justice. Je ne peux vous en dire plus, mais sachait qu'après avoir été perturbé par

cela, je me porterais mieux soulagé d'avoir parlé. Je ne demande qu'une chose que la justice protège ma

famille et j'espère un jour pouvoir me reconstruire.

Dans l'attente de vous voir, sachais que plus rien ne sera cachais dans cette affaire. Recevais mes respects

Legrand

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Extrait de l'interrogatoire de Daniel Legrand fils le 9 janvier 2002Présents : F. Burgaud, juge d'instruction, P. Duval, greffier, Me Rangeon, avocat

Transcription :

QUESTION : vous ayez écrit une lettre au magistrat instructeur aux termes de laquelle vous révélez que Thierry DELAY

aurait battu à mort une petite fille. Confirmez-vous vos révélations ?

REPONSE : Oui.

QUESTION : Pourriez-vous nous expliquer ce qui s’est précisément passé ?

REPONSE : Ca s'est passé chez Thierry et Myriam DELAY à OUTREAU, dans leur appartement. Il y avait Myriam,

Thierry revenait de Belgique et un vieux qui était un de ses copains. Je ne sais pas exactement si la petite était de la famille

du vieux monsieur mais il la tenait par la main lorsqu’ils sont entrés chez Thierry et ils avaient l’air de bien se connaître. Le

vieux monsieur devait être belge.

C’était quelqu’un d’assez grand, peut-être 1 mètre 80 avec des cheveux gris un peu dégarnis. Il avait la soixantaine à peu

près. Il ne portait pas de lunettes ni de moustache. Je n’ai pas entendu son nom ou son prénom et je ne sais pas s’il avait un

surnom. Je ne pourrais pas vous dire s’il filmait. Moi même j‘avais fumé du shit ce jour-là. L.a petite fille était âgée de

cinq, six ans. Elle était brune. Elle avait des cheveux frisés assez courts, le teint bronzé. Je ne pourrais pas vous dire si elle

portait des bijoux ou autre chose sur elle. Je n.‘ai pas entendu prononcé son prénom. Elle était habillée d’un ensemble de

pyjama de couleur bleu ciel. Elle avait des petites baskets blanches. Elle avait une petite culotte de couleur blanche et je me

rappelle que quand le vieux l’a pénétrée elle a saigné. Quand elle est arrivée, je sais ,qu’elle était assez sale. Elle avait

comme de la boue sur ses vêtements. D’après Thierry elle est belge comme le vieux monsieur. C’était la première fois que

je la voyais. Ca s’est passé dans le salon. 11 y avait encore des copains à Thierry qui étaient présents. Eux aussi étaient

méchants et violents. Il y avait François XXXXX qui était présent. Il a assisté, pareil que moi. Il y avait beaucoup de têtes

que je n’ai aperçues dans les albums que vous m’avez montré.

Au départ il y avait les enfants à Myriam mais elle les a sortis quand ça s’est passé. Ca s’est passé au soir, en début de

soirée vers 7 ou 8 heures. Moi, il y avait peu de temps que j’étais arrivé lorsque Thierry DELAY, le vieil homme et la petite

fille sont également arrivés chez Myriam. Quand je suis arrivé, il y avait déjà pas mal de monde mais moins que d’habitude.

Thierry DELAY et le vieil homme sont arrivés en voiture, avec une voiture noire, une grosse voiture un break ou quelque

chose comme ça. La voiture était immatriculée en Belgique je pense. Le vieil homme a déshabillé la petite fille entièrement

et a enlevé son pantalon et son caleçon entièrement. Je me souviens qu’il avait gardé le haut. Après avoir déshabillé la petite

fille, il l’a pénétrée avec son sexe pendant que Thierry DELAY filmait avec un caméscope. Le vieil homme était plutôt bien

habillé, il avait un pantalon en toile de couleur noire avec des chaussures de ville de couleur marron je crois, un caleçon. il

avait un pull dont je me souviens plus la couleur et une veste qui allait avec le pantalon. Je ne souviens plus s’il avait une

chemise sous son pufl. 11 avait retiré sa veste mais gardé son pull pour pénétrer la petite fille. La petite fiIle-hurlait. Quand

ils sont arrivés elle hurlait déjà. Thierry ne supportait pas qu’elIe hurle et lui disait de se taire. Il lui mettait déjà des petites

claques. C’était dans le salon de M. et Madame DELAY. Moi, je me rappelle, j’étais assis dans le canapé. Il faisait ça par

terre sur la couverture. Pendant que le vieil homme violait la petite fille, Thierry DELAY, après avoir posé son caméscope

par terre, s’est jet& sur la petite et l’a frappé avec ses mains au visage et sur la tête. Je me rappelle quand elle est morte, elle

est devenue toute bleue. Elle saignait de la tête, près de l’oreille et un peu partout, elie saignait de l’oreille, du nez et d’un

peu partout. II l’a frappée tellement violemment quand elle est morte juste après. A la fin Thierry lui mettait des gifles et

elle ne bougeait plus. Thierry s’allongeait si elle était encore vivante et si elle respirait mais, rien à faire, il s’apercevait bien

qu’il était trop tard et qu’elle était morte. Quand Thierry a frappé violemment la petite fille le vieil homme s’est arrêté et

s’est demandé ce qu’il se passait. Il s’est tapé l’embrouille avec Thierry. I1s étaient prêts à en venir aux mains mais le vieux

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a laissé tomber car il voyait bien qu'il ne faisait pas le poids face à Thierry. Ils se sont échangés des mots, mais ils ne se

sont pas battus. Tout le monde pétait les plombs et Thierry DELAY s’acharnait sur tout le monde en disant de ne pas le dire

et menaçait tout le monde de mort. Il me disait que j’avais intérêt à oublier ce que j’avais vu sans quoi sinon il m’aurait tué,

il m’aurait fait la peau. C’est là qu’il a dît que ca serait dangereux pour moi si je parlais mais je ne dors plus à ma

conscience tranquille et maintenant je me sens protégé de lui vu que je suis en prison. Myriam quand c’est arrivé a traité

Thierry de tous les noms. Elle lui a dit “qu’est ce que t’as fait ? T’es pas cinglai ?“. Elle lui a également dit plein de gros

mots comme “gros bâtard, espèce d’enculé.“ Thierry insultait pareil mais commençait peut-être à réaliser ce qu’il avait fait.

Il était agressif avec Myriam. Thiery et Myriam ont enveloppé le corps de la petite tille dans un sac de couchage ou quelque

chose comme ça de couleur rouge. Thierry et le vieux disaient d’attendre qu’il fasse bien nuit. Thierry disait qu’il

connaissait un endroit pour apporter le corps. Je ne sais pas où c’était mais lui pourrait vous le dire. ou bien le vieux. Quand

~ c’est arrivé, peau de temps après je suis parti. C’était à la fin de 1%-m& 1999. après mes faits en Belgique pour mes

chèques? qui ont eu lieu en septembre 1999. C’était peut-être en octobre ou novembre 1999. François XXXXX me

menaçait aussi à mort si je parlais et comme je sais qu’il a une famille violente et très dangereuse, j’avais peur. C’était

violent chez Thierry quand on y allait mais je ne pensais pas qu’on serait arrivé à ce point là.

QUESTION : Savez-vous ce qui est advenu de la couverture sur laquelle le vieux homme belge a emballé la petite fille ?

REPONSE : Non. Ils s’en sont peut-être débarrassés. Elle avait plusieurs couleurs mais je ne sais plus exactement

lesquelles. En fait elle était multicolore. D’ailleurs le sac de couleur rouge avec lequel a été enveloppé la petite fille, je ne

l’ai plus revu. Je pense qu’ils ont dû s’en débarrasser.

QUESTION : Pour quelles raisons n’en avez-vous pas parié à la police ou à la gendarmerie ?

REPONSE : Je ne pouvais pas même si ça n’était pas facile. Je tenais. à ma vie.

QUESTION : Avez-vous parlé de ces faits à d’autres personnes ?

REPONSE : Non: j’ai toujours gardé cela pour moi malgré que ce n’était pas facile. J’y repensais de temps en temps mais

j’avais peur. Il faut savoir que Thierry DELAY connaissait du monde. Il est venu me voir après les faits pour me menacer. Il

m’a déjà interpellé dans la cité lorsqu’il me voyait tout seul pour me dire de ne pas dire un mot et que j’avais parlé ou quoi,

il m’aurait tué.

QUESTION : D’autres personnes vous ont-elles menacé ?

REPONSE : Il y avait Thierry DELAY, François XXXXX et certains de ses copains qui étaient là le jour des faits. Encore

après l’interpellation de Thierry DELAY, ils rôdaient autour de moi. Je sentais bien leur présence. Quand ils me voyaient

tout seul ils me disaient que je n’avais pas intérêt à parler, qu’ils me tueraient et qu’ils me feraient la peau. Il leur est arrivé

de me prendre par la gorge assez violemment. Quand j’étais avec du monde ils ne faisaient rien. Je les apercevais qu’ils

passaient mais ils voyaient bien que j'étais entouré.

QUESTION DE MAÎTRE RANGEON : Vous avez adressé une lettre à un journaliste de France 3 dans laquelle vous

révélez les faits que vous venez de relater. Pour quelle raison avez-vous envoyé une lettre à France 3 ?

REPONSE : Tout simplement parce que je ne veux rien cacher.

SPONTANEMENT LA PERSONNE MISE EN EXAMEN : Je demande la protection de la justice, surtout pour ma famille.

Thierry DELAY connaît encore beaucoup de monde à l’extérieur. Je ne connais pas leur nom mais je pourrais les

reconnaître pour certains d’entre eux.

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Extrait de l'interrogatoire de Myriam BadaouiLe 9 janvier 2002

Présents : F. Burgaud, juge d'instruction, , P. Duval Greffier, Me Pouille, Avocate

Transcription :

QUESTION : Les faits relatés brièvement par M . Daniel LEGRAND fils dans son courrier reçu le 9 janvier 2002 sont-ils

vrais ou ont-ils été inventés ?

REPONSE : C’est la vérité,

QUESTION : Pourriez-vous nous préciser comment se sont déroulés les faits’ ?

REPONSE : J’étais attachée et je ne pouvais rien faire. Un monsieur belge et mon mari ont ramené une petite fille. Le

monsieur belge était âgé d’une cinquantaine d’années peut-être. Il avait les cheveux à tirer sur le blanc et il était un peu

dégarni sur le devant. II était plus grand que moi qui mesure 1,58 mètre et il n’était pas gros. Ils ont frappé à la porte et ils

sont entrés avec la petite fille.

Elle était brune avec la peau bronzée. Elle avait deux couettes. Elle était habillée d’un jogging bleu, un haut et un bas. Le

bas était simple et le haut portait un petit lapin blanc. Elle portait des chaussures comme des tennis rouges avec des dessins

fantaisie dessus. Elle n’avait pas de boucles d’oreilles. Elle a été dans la chambre de Dimitri jouer un moment. Après le

monsieur l’a appelée et elle est venue. Il lui a demandé de se déshabiller mais elle ne voulait pas. Il l’a déshabillée avec

mon mari. Mon mari lui a demandé de se mettre à quatre pattes sur le clic-clac. Elle ne voulait pas, alors mon mari l’a

frappée. Il a sodomisé la petite fille. Francois XXXXXX a également pénétré la petite fille par derrière. Mon mari et

François XXXXXX pénétraient la petite fille avec leur sexe et des godemichés. Le monsieur a pénétré la petite fille une fois

et elle hurlait car elle en pouvait plus. Elle saignait au niveau du sexe et elle hurlait et mon mari la frappait. Le belge l’a

pénétrée par derrière et mon mari l’a frappée encore plus. Il y a des choses qu’elle ne voulait pas faire alors mon mari l’a

rouée de coups et elle est tombée par terre. Elle ne voulait pas faire des fellations, elle voulait toujours retournée chez elle et

elle réclamait toujours sa maman. Mon mari lui a donné des coups de pied. Mon mari a. fàit pipi dans la bouche de la petite

fille. Elle hurlait tellement que mon mari l’a rouée de coups au niveau du corps et de la tête. Je lui ai dit d’arrêter mais il

m’a répondu “toi, tu tc tais ou sinon tes enfants y passent aussi”. La petite fille ne bougeait plus; Elle commençait à cracher

du sang par le nez et par la bouche. J’ai voulu appeler le médecin YYYYYY car c’est le médecin qui est impliqué dans les

viols. Mon mari n’a pas voulu qu’on appelle le docteur YYYYYY. Ils se sont disputés. François MOUMAND a dit je ne

Suis pas impliqué dans le meurtre et il n’était pas prévu que Thierry DELAY tape sur la petite. Mon mari a pris un drap à

fleurs de couleur rose avec des petites fleurs violettes dans l’armoire et il a recouvert le corps de la petite fille. Il a enroulé

le corps de la petite fille dans le drap. Mon mari, XXXXXX et le monsieur belge qui était venu avec la petite fille a

demandé à Daniel LEGRAND fils de les aider mais il est parti. M. XXXXXX, le monsieur belge qui avait ramené la petite

fille et mon mari sont partis avec ic corps de la fillette. Je ne sais pas ce que mon mari, M. XXXXXX et le monsieur belge

ont fait du corps. Je n’ai jamais revu le drap avec lequel ils avaient recouvert le corps. Comme je hurlais et je criais mon

mari m’a frappée et m’a menottée dans mon lit avant de partir. Mon mari m’avait menacé de ne jamais parler de ces faits et

que si on en parlait, on pourrait tous y passer les enfants et. moi, qu’il était capable de tout et que ça ne lui faisait pas peur.

C’était en 1999 mais je ne me souviens plus de la date. Je sais que ça s’est passe en soirée. Lorsqu’il est parti, Daniel

LEGRAND fils était tout blanc, il n’était pas bien. Il n’avait même pas le droit de parler.

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Extrait de l'audition de Dimitri DelayLe 11 janvier 2002

Présents : F. Burgaud, juge d'instruction, , P. Duval Greffier, Me Normand, Avocat

Transcription :

QUESTION : Veux-tu me parler de ce qui se passait chez tes parents ?Dimitri DELAY : Je veux bien vous parler de ce qui s’est passé chez moi.

MENTION : Ne donnons pas connaissance à Dimitri DELAY du contenu de l’interrogatoire de Daniel LEGRAND fils en date du 9 janvier 2002 (D1093), ni de l’interrogatoire de Madame DELAY en date du 9 janvier 2002 (D1097).

OBSERVATIONS DE MAITRE NORMAND : Je n’ai pas donné connaissance du contenu desdits interrogatoires à Dimitri DELAY. QUESTION : Un monsieur déclare qu’un enfant a été frappé par des adultes. As-tu toi déjà vu un enfant qui a été frappé très fort ?REPONSE : Oui le petit bébé. 11 y avait un bébé qui était enfermé dans un placard chez moi. Le placard était dans la chambre de ma mère. Dans le placard, il criait. Un soir, ils ont mis le bébé dans un trou dans le jardin. Le bébé était dans unsac poubelle noir. C'était un grand trou au fond du jardin, dans le coin, 1à où ils ont mis toutes les saletés dessus. Ils ont misle bébé dans un trou. Ils ont mis un coup de pelle dessus et ils ont mis de la terre par dessus. Il y avait celui-là qui avait enfermé le bébé dans le placard chez moi, mon père et d’autres personnes? que des hommes que je ne connais pas. QUESTION : Comment était habillé le bébé ?REP0NSE : I1 était habille d’un maillot blanc. d’un pull noir et d’un pantalon noir. QUESTION : Où était ta maman ?REPONSE : Ma maman était en train de garder Jonathan Dylan chez moi et moi j’étais là avec mon père. QUESTION : Comment était habillé ton père ?REPONSE : Il avait un pantalon bleu foncé, un jean, un maillot noir et des bottes vertes pour le jardin.

QUESTION : As-tu vu ce qu’on a mis dans le sac ?REPONSE : Ben oui c’était le bébé. C’est mon papa qui l’a mis dans le sac. On était dans le jardin où il mettait les légumes. QUESTION : Te rappelles-tu quand c’était ?REPONSE : J’étais déjà chez ma tata. C’était le week-end quand je revenais chez mes parents. QUESTION : As-tu vu à un moment donné que le bébé était frappé ?REPONSE : Non. J’ai vu simplement qu’il était enfermé dans le placard. QUESTION : Sais-tu comment s’appelait ce bébé ou sa maman ?REPONSE : Je ne sais pas son prénom et je ne connais pas sa maman. QUESTION : Le monsieur qui enfermait l’enfant dans le placard était-il son papa ?REPONSE : Non. QUESTION : Est-ce que ce n’est pas quelque chose que tu aurais pu voir à la télévision ?REPONSE : Non, j'étais bien là, j’ai vu avec mes yeux.

SPONTANEMENT MADAME BERNARD : Dimitri ne regarde pas souvent des films à la télévision et nous faisons attention à ce qu’il regarde à la télévision pour qu’il ne regarde pas de films avec de la violence car il fait déjà beaucoup de cauchemars. La plupart du temps il regarde des dessins animes. QUESTION : Est-ce que ce ne serait pas des choses qu’on t’aurait raconté ?REPONSE : Ca là, non. Je répète que j’étais bien là. QUESTION DE MAITRE NORMAND : Est-ce que le petit bébé est venu chez toi alors que tu étais déjà là ?REPONSE : Oui, il est venu avec sa maman et elle est repartie tout de suite. Son papa n’était pas là, il était en bas. QUESTION DE MAITRE NORMAND : Comment était la maman du bébé ?REPONSE : Je ne me souviens plus.

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QUESTION - . Y a-t-il eu d’autres enfants qui ont été frappés très fort ?REPONSE : J’ai su aussi qu’il y avait une petite fille mais je n’étais pas là,quand ça s‘est passé. C‘est plutôt Jonathan qui a vu la petite fille.

QVESTION : Y a-t-il eu d’autres enfants encore qui ont été frappés très fort ?REPONSE : Oui. il y a eu les enfants de Monique, Pépère, les enfants de PPPPP et mon frère Jonathan. QUESTION : Pourquoi les enfants étaient-ils frappés ?REPONSE : Parce qu’ils disaient ” je vais le dire à ma mère” et après ils étaient frappés, QUESTION : Ton papa t’a-t-il menacé de ne pas dire ce qu’il s’était passé avec le bébé ?REPONSE : Il m’avait dit qu’il ne fallait pas le dire. Il m’a dit que si je le disais il me donnerait un coup de bâton et de matraque. Je l’ai dit quand même.

QUESTION : Pourquoi n’en as-tu pas parlé du bébé avant ?REPONSE : Je ne voulais pas le dire avant. QUESTION : Pourquoi l’as-tu dit aujourd’hui ?REPONSE : Parce qu’on parle des bébés qui étaient frappés.

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Extrait de l'audition de Jonathan DelayLe 11 janvier 2002

Présents : F. Burgaud, juge d'instruction, , P. Duval Greffier, Me Normand, Avocat

Transcription :

QUESTION : Veux-tu me parler de ce qui se passait chez tes parents ?REPONSE : Oui. MENTION : Ne donnons pas connaissance à Jonathan DELAY du contenu de l’interrogatoire de Daniel LEGRAND fils en date du 9 janvier 2002 (D1093), ni de l’interroga.toire de Madame DELAY en date du 9 janvier 2002 (D 1097) ni de l’interrogatoire de son frère Dimitri.

OBSERVATIONS DE MAITRE NORMAND : Je n’ai pas donné connaissance du contenu desdits interrogatoires de Jonathan DELAY.

QUESTION : Un monsieur déclare qu’un enfant a été frappé par des adultes. As-tu toi déjà vu un enfant qui a été frappé très fort ?REPONSE : Oui, ils frappaient sur les enfants. ils frappaient sur Dimitri, sur moi, Dylan, Kévin et la petite fille qui est morte.

QUESTION : Qui vous frappait ?REPONSE : C’est mon père, ma mere, Dominique, Louis, Docteur LLLLL, Roger , M. MMMMM et Madame MMMMM.

Q U E S T I O N : Avec quoi ifs vous frappaient ? REPONSE : Avec des matraques.

QUESTION : Peux-tu me dire ce qu’est une matraque ?REPONSE : c'est comme les trucs que les policiers ils ont, ils ont un grand bâton

QUESTION : A qui appartenaient les matraques ?REPONSE : A mon père. Les adultes se servaient.

QUESTION : Pourquoi est-ce que les adultes frappaient les enfants ?REPONSE : Je ne sais pas moi. Parce que les enfants voulaient pas faire des manières aux adultes. Quand ils ne voulaient pas, mon père et Daniel LEGRAND, le vieux. les frappaient d’un coup de matraque à la tête, plusieurs coups de matraque àla tête et à la figure.

QUESTION : Peux-tu nous parler de la petite fille qui est morte ?REPONSE : J’ai vu. Je voulais jouer dans ma chambre avec des autos. Puis il i avait plein de sang dans la chambre. La petite fille avait du sang à la figure et aux jambes. Avant elle marchait un peu parce qu’elle avait quatre ans.

QUESTION : Avec qui la petite fille est-elle venue ?REPONSE : Elle est arrivée avec un monsieur.

QUESTION : Comment la petite fille parlait ?REPONSE : Elle pariait le français et une autre langue.

QUESTION : Sais-tu comment cette petite fille s’appelait ?REPONSE : Je ne me rappelle plus de son nom.

QUESTION : Qu’est-il arrivé à la petite fille ?REPONSE : Mon père et le monsieur l’ont battue à mort.

QUESTION : Qui étaient là ?REPONSE : Mon père, ma mère et d’autres personnes.

QUESTION : Pour quelles raisons l’ont-ils battue ?REPONSE : Ils l’ont battue parce qu’elle ne voulait pas faire des manières .

QUESTION : Te souviens-tu quand c’était ?REPONSE : Je n’étais pas chez ma tata.

QUESTION : Qu’est-il arrivé à cette petite fille ?

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REPONSE : Elle ne respirait plus. Elle était complètement morte.

QUESTION : Qu’ont-ils fait de cette petite fille ?REPONSE : Ils l’ont mise dans un trou très profond dans un jardin d’un copain à mon père.

QUESTION : Qui étaient dans le jardin ?REPONSE : 11 y avait mon père, son copain et moi.

QUESTION : N’y avait-il pas tes frères ?REPONSE : Ils étaient couchés dans leur chambre et ma mère était couchée à la maison.

QUESTION : N’as-tu pas vu cette petite fille qui était frappée dans un film ?REPONSE : Non, c’était chez moi.

QUESTION : N’était-ce pas une histoire que quelqu’un aurait pu te raconter ?REPONSE : Non, j’étais la.

QUESTION : Pourquoi n’as-tu pas parlé de cette petite fille avant ?REPONSE : Ma tête, elle était vide. J’en avais assez dit.

QUESTION : Pourquoi en parles-tu aujourd’hui ?REPONSE : L’autre fois je ne m’en rappelais plus. Aujourd’hui, je le raconte.

QUESTION : Est-ce bien la vérité ?REPONSE : Oui. Je n’ai jamais menti sur mon histoire.

QUESTION : N’est-ce pas une histoire que tu aurais inventée ?REPONSE : Non.

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