«Non à No Billag», le cri -...

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9HRLEMB*jeiaae+[O\A\K\A\D SOPHIE MARENNE Le 4 mars, nous nous prononce- rons sur l’initiative No Billag et, à travers elle, sur le sort d’un secteur artistique florissant: le cinéma d’animation. Sans la SSR, la sur- vie des auteurs, réalisateurs et techniciens suisses est compro- mise. L’audiovisuel public est une source de financement mais aussi un allié solide pour le milieu dans sa quête de diffusion et dans ses négociations de coproduction à l’étranger. A côté des faillites, on pourrait as- sister à une fuite des cerveaux vers des pays où le cinéma d’ani- mation est davantage soutenu par les autorités. Face à cette menace, le GSFA (Groupement Suisse du film d’animation) a invité les studios à réaliser de petits spots pour in- terpeller l’opinion publique. Pour Elie Chapuis, animateur et réalisateur chez Hélium Films, No Billag aurait un effet boule de neige gigantesque dont le public n’a aucun soupçon. «La SSR a in- vesti environ un million de francs dans Ma vie de Courgette. Sans elle, ce film n’aurait simplement pas vu le jour. Ou alors, il n’aurait pas été suisse», affirme-t-il. Récom- pensé par deux Césars en 2017, Courgette a apporté confiance et visibilité au secteur qui se profes- sionnalise et dont l’ambition égale à présent la qualité. PAGE 3 «Non à No Billag », le cri des animateurs romands CINÉMA. Si la redevance radio-télé venait à disparaître, elle emporterait avec elle de nombreux studios d’animation. SMI 9440.01 -0.25% +1.25% DOW JONES 26115.65 9410 9430 9450 9470 25730 25860 25990 26120 MATTEO IANNI Les beaux jours sont à venir dans le canton de Vaud. C’est en tout cas ce que laisse présager les pré- visions de l’Institut d’économie appliquée (Crea) de l’Université de Lausanne, publiées hier par la Banque cantonale vaudoise (BCV), l’Etat de Vaud et la CVCI. En 2018, l’économie vaudoise de- vrait en effet connaître une accé- lération de l’ordre de 2,4%. La bonne dynamique conjonctu- relle dont bénéficie le canton de Vaud s’observe aussi dans les in- dicateurs de l’activité des branches, explique le communi- qué. Comme la Suisse dans son ensemble, l’économie vaudoise semble en passe de surpasser le choc monétaire qui avait suivi l’abandon du cours plancher EUR/CHF en janvier 2015. «La conjoncture vaudoise s’améliore, et cela en raison de plusieurs fac- teurs, par exemple l’appréciation de l’euro face au franc ou des consommateurs plus confiants, commente Jean-Pascal Baechler, responsable de l’Observatoire BCV de l’économie vaudoise. De plus, l’amélioration du contexte international et l’embellie du sec- teur tertiaire contribuent à l’op- timisme des prévisions.» La chi- mie et la pharma ainsi que l’industrie des machines de- vraient conserver, comme l’an dernier, une croissance de plus de 2% cette année. Moins dyna- miques en 2017, les services fi- nanciers, ainsi que la construction devraient voir leur activité se dé- velopper à un rythme marqué en 2018. PAGE 9 L’économie vaudoise voit l’avenir radieux STATISTIQUE. Selon le Crea, le canton de Vaud devrait connaître une accélération de l’ordre de 2,4%. FONDS DE MICROFINANCE BASÉ À GENÈVE BlueOrchard est devenu numéro 1 PAGE 6 PREMIER FONDS DE PLACEMENT EN BITCOIN L’approche pionnière de TOBAM PAGE 13 WAYRAY ÉVEILLE L’INTÉRÊT DU SECTEUR Pare-brise en réalité augmentée PAGE 7 DES VENTES TOTALES DE 28 MILLIARDS Migros porté par l’e-commerce PAGE 4 RÉGLEMENTATIONS FINANCIÈRES La frustration de Sequoia AM PAGE 6 LA CHRONIQUE DE PHILIPPE G MÜLLER Que faire du bénéfice de la BNS? PAGE 2 SAUDI ARAMCO S’ÉVALUE À 2000 MILLIARDS Une IPO vaste et complexe PAGE 15 RÉFORME FISCALE AUX ÉTATS-UNIS Apple va payer 38 milliards PAGE 20 ELSA FLORET François-Paul Journe s’est lancé dans l’horlogerie il y a 45 ans. Sa marque 100% Geneva made fa- brique par an 850 montres mé- caniques compliquées et pas une de plus. Sa clientèle est composée de collectionneurs à 70%. Indé- pendant, il a créé F.P.Journe n 1983 financée grâce à un collège d’investisseurs privés, qui l’ac- compagnent depuis le début. F.P.Journe, avec ses 150 collabo- rateurs dont 65 à la manufacture de Genève et 50 à Meyrin, lance un nouveau mouvement par an. Il est présent pour la première année au SIHH avec la marque élégante by F.P.Journe. Il organise cette année la Young Talent Competition avec le sou- tien de la Fondation de la Haute Horlogerie. PAGE 5 F.P.Journe limite sa production depuis 11 ans FRANÇOIS-PAUL JOURNE. «Le marketing est inférieur à 10% du chiffre d’affaires.» «MA VIE DE COURGETTE». Le film helvético-français a représenté la Suisse aux Oscars en 2017. Il n’aurait pas pu exister sans la SSR. KEYSTONE MARINE HUMBERT En 2017, plus de 17,3 millions de personnes ont arpentés les cou- loirs de Genève Aéroport. Soit une augmentation du trafic pas- sager de 4,95% par rapport à 2016. Un chiffre record en nette décor- rélation avec la courbe des mou- vements, qui ,elle, s’est stabilisée de manière encore plus significa- tive qu’en 2016. Sa croissance ne dépasse pas les 1%. Les raisons d’un soubresaut du trafic passager de Genève Aéro- port se situent donc ailleurs: du côté des compagnies aériennes. qui optent pour des avions de plus grande taille, tout en optimisant le taux de remplissage de leurs vols. Pour abriter ces nouveaux mas- todontes, l’Aile-Est de Genève- Aéroport dédiée aux gros-por- teurs, bâtiment devisé à 450 mil- lions de francs, doit être achevée d’ici à 2020. Et ce n’est pas la seule innovation à laquelle André Schneider, direc- teur de Genève Aéroport, a pensé pour que l’aéroport du bout du lac, déja exigu, ne craque pas de toutes ses coutures face à l’aug- mentation des clients. L’été prochain, l’espace de sureté sera étendu et doté de deux nou- veaux scanners plus performants, dans le cadre du projet T1 Boos- ted, qui éviteront aux passagers de sortir liquide et ordinateur de leur valise. Un nouveau terminal pour les vols intercontinentaux verra éga- lement le jour en 2020. PAGE 4 Record de passagers à Genève Aéroport AVIATION. L’optimisation du taux de remplissage par les compagnies aériennes fait décoller le trafic passager. Jeudi 18 janvier 2018 Numéro 12 Prix 4,50 CHF (TVA 2,5% incl.) - 4,50 EUR www.agefi.com - [email protected] Créé en 1950 JA-PP/JOURNAL — CASE POSTALE 61 CH-1026 ECHANDENS-DENGES HANA AL-JALLAF. La fondatrice du Hana Road Music Group veut offrir une plateforme aux jeunes artistes afin que leur musique puisse rayonner dans le monde entier. Logé au sein du J5 Hotels Helvetie Montreux, The Hana Road Studios attire des musiciens de renommée internationale, à l’instar du chanteur de Deep Purple Ian Gillian, de l’irlandais Van Morrison, de Santana ou encore du groupe de Prince. Lancé par la Dubaïote Hana Al-Jallaf, il s’inscrit dans la longue tradition musicale qui fait vibrer la ville depuis plus de 50 ans. «Montreux est la capitale de la musique en Europe», explique cette mélomane, qui considère la Suisse comme «sa deuxième maison». Elle a lancé son pro- pre label il y trois ans, afin de soutenir les jeunes artistes. Pour ce faire, elle s’est alliée avec des poin- tures américaines de l’industrie musicale et du diver- tissement. Parmi elles, Gary Goldstein (producteur de blockbusters tels que Pretty Woman) ou encore Fred Croshal (ancien vice-président des ventes de Sony Music, il a travaillé avec Michael Jackson, Madonna ou encore Bruce Springsteen). «Mais ce n’est pas tout, j’ai également des liens étroits avec l’Australie, l’Inde, le Moyen-Orient, le Royaume-Uni et, bien sûr, la Suisse», souligne-t-elle. «Si vous voulez diffuser la musique dans le monde entier, il est nécessaire de multiplier les collaborations.» Le label est notamment coproducteur du duo suisse de Djs Frik N Chic, dont le single «never give up» est disque d’or sur le territoire helvétique. PAGE 7 Un label qui compose avec les plus grands

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SOPHIE MARENNE

Le 4 mars, nous nous prononce-rons sur l’initiative No Billag et, àtravers elle, sur le sort d’un secteurartistique florissant: le cinémad’animation. Sans la SSR, la sur-vie des auteurs, réalisateurs ettechniciens suisses est compro-mise. L’audiovisuel public est unesource de financement mais aussiun allié solide pour le milieu danssa quête de diffusion et dans sesnégociations de coproduction àl’étranger. A côté des faillites, on pourrait as-sister à une fuite des cerveauxvers des pays où le cinéma d’ani-mation est davantage soutenu parles autorités.

Face à cette menace, le GSFA(Groupement Suisse du filmd’animation) a invité les studiosà réaliser de petits spots pour in-terpeller l’opinion publique. Pour Elie Chapuis, animateur etréalisateur chez Hélium Films,No Billag aurait un effet boule deneige gigantesque dont le publicn’a aucun soupçon. «La SSR a in-vesti environ un million de francsdans Ma vie de Courgette.Sans elle,ce film n’aurait simplement pasvu le jour. Ou alors, il n’aurait pasété suisse», affirme-t-il. Récom-pensé par deux Césars en 2017,Courgette a apporté confiance etvisibilité au secteur qui se profes-sionnalise et dont l’ambition égaleà présent la qualité. PAGE 3

«Non à No Billag», le cri

des animateurs romandsCINÉMA. Si la redevance radio-télé venait à disparaître, elle emporterait avec elle de nombreux studios d’animation.

SMI 9440.01

-0.25% +1.25%

DOW JONES 26115.65

9410

9430

9450

9470

25730

25860

25990

26120

MATTEO IANNI

Les beaux jours sont à venir dansle canton de Vaud. C’est en toutcas ce que laisse présager les pré-visions de l’Institut d’économieappliquée (Crea) de l’Universitéde Lausanne, publiées hier par laBanque cantonale vaudoise(BCV), l’Etat de Vaud et la CVCI.En 2018, l’économie vaudoise de-vrait en effet connaître une accé-lération de l’ordre de 2,4%. La bonne dynamique conjonctu-relle dont bénéficie le canton deVaud s’observe aussi dans les in-dicateurs de l’activité desbranches, explique le communi-qué. Comme la Suisse dans sonensemble, l’économie vaudoisesemble en passe de surpasser lechoc monétaire qui avait suivil’abandon du cours plancher

EUR/CHF en janvier 2015. «Laconjoncture vaudoise s’améliore,et cela en raison de plusieurs fac-teurs, par exemple l’appréciationde l’euro face au franc ou desconsommateurs plus confiants,commente Jean-Pascal Baechler,responsable de l’ObservatoireBCV de l’économie vaudoise. Deplus, l’amélioration du contexteinternational et l’embellie du sec-teur tertiaire contribuent à l’op-timisme des prévisions.» La chi-mie et la pharma ainsi quel’industrie des machines de-vraient conserver, comme l’andernier, une croissance de plus de2% cette année. Moins dyna-miques en 2017, les services fi-nanciers, ainsi que la constructiondevraient voir leur activité se dé-velopper à un rythme marqué en2018. PAGE 9

L’économie vaudoise

voit l’avenir radieux

STATISTIQUE. Selon le Crea, le canton de Vaud

devrait connaître une accélération de l’ordre de 2,4%.

FONDS DE MICROFINANCE BASÉ À GENÈVE

BlueOrchard estdevenu numéro 1

PAGE 6

PREMIER FONDS DE PLACEMENT EN BITCOINL’approche pionnière de TOBAM

PAGE 13

WAYRAY ÉVEILLE L’INTÉRÊT DU SECTEURPare-brise en réalité augmentée

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DES VENTES TOTALES DE 28 MILLIARDSMigros porté par l’e-commerce

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RÉGLEMENTATIONS FINANCIÈRESLa frustration de Sequoia AM

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LA CHRONIQUE DE PHILIPPE G MÜLLER Que faire du bénéfice de la BNS?

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SAUDI ARAMCO S’ÉVALUE À 2000 MILLIARDSUne IPO vaste et complexe

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RÉFORME FISCALE AUX ÉTATS-UNISApple va payer 38 milliards

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ELSA FLORET

François-Paul Journe s’est lancédans l’horlogerie il y a 45 ans. Samarque 100% Geneva made fa-brique par an 850 montres mé-caniques compliquées et pas unede plus. Sa clientèle est composée

de collectionneurs à 70%. Indé-pendant, il a créé F.P.Journe n1983 financée grâce à un collèged’investisseurs privés, qui l’ac-compagnent depuis le début.F.P.Journe, avec ses 150 collabo-rateurs dont 65 à la manufacturede Genève et 50 à Meyrin, lance

un nouveau mouvement par an. Il est présent pour la premièreannée au SIHH avec la marqueélégante by F.P.Journe. Il organise cette année la YoungTalent Competition avec le sou-tien de la Fondation de la HauteHorlogerie. PAGE 5

F.P.Journe limite sa

production depuis 11 ans

FRANÇOIS-PAUL JOURNE.«Le marketing est inférieurà 10% du chiffre d’affaires.»

«MA VIE DE COURGETTE». Le film helvético-français a représentéla Suisse aux Oscars en 2017. Il n’aurait pas pu exister sans la SSR.

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MARINE HUMBERT

En 2017, plus de 17,3 millions depersonnes ont arpentés les cou-loirs de Genève Aéroport. Soitune augmentation du trafic pas-sager de 4,95% par rapport à2016. Un chiffre record en nette décor-rélation avec la courbe des mou-vements, qui ,elle, s’est stabiliséede manière encore plus significa-tive qu’en 2016. Sa croissance nedépasse pas les 1%. Les raisons d’un soubresaut dutrafic passager de Genève Aéro-port se situent donc ailleurs: ducôté des compagnies aériennes.qui optent pour des avions de plusgrande taille, tout en optimisantle taux de remplissage de leursvols.Pour abriter ces nouveaux mas-

todontes, l’Aile-Est de Genève-Aéroport dédiée aux gros-por-teurs, bâtiment devisé à 450 mil-lions de francs, doit être achevéed’ici à 2020. Et ce n’est pas la seule innovationà laquelle André Schneider, direc-teur de Genève Aéroport, a pensépour que l’aéroport du bout dulac, déja exigu, ne craque pas detoutes ses coutures face à l’aug-mentation des clients.L’été prochain, l’espace de suretésera étendu et doté de deux nou-veaux scanners plus performants,dans le cadre du projet T1 Boos-ted, qui éviteront aux passagersde sortir liquide et ordinateur deleur valise. Un nouveau terminal pour lesvols intercontinentaux verra éga-lement le jour en 2020.PAGE 4

Record de passagers

à Genève Aéroport

AVIATION. L’optimisation du taux de remplissage par

les compagnies aériennes fait décoller le trafic passager.

Jeudi 18 janvier 2018Numéro 12Prix 4,50 CHF (TVA 2,5% incl.) - 4,50 EUR www.agefi.com - [email protected] Créé en 1950

JA-PP/JOURNAL — CASE POSTALE 61

CH-1026 ECHANDENS-DENGES

HANA AL-JALLAF. La fondatrice du Hana Road MusicGroup veut offrir une plateforme aux jeunes artistes afinque leur musique puisse rayonner dans le monde entier.

Logé au sein du J5 Hotels Helvetie Montreux, TheHana Road Studios attire des musiciens de renomméeinternationale, à l’instar du chanteur de Deep PurpleIan Gillian, de l’irlandais Van Morrison, de Santana ouencore du groupe de Prince. Lancé par la DubaïoteHana Al-Jallaf, il s’inscrit dans la longue traditionmusicale qui fait vibrer la ville depuis plus de 50 ans.«Montreux est la capitale de la musique en Europe»,explique cette mélomane, qui considère la Suissecomme «sa deuxième maison». Elle a lancé son pro-pre label il y trois ans, afin de soutenir les jeunesartistes. Pour ce faire, elle s’est alliée avec des poin-tures américaines de l’industrie musicale et du diver-tissement. Parmi elles, Gary Goldstein (producteur deblockbusters tels que Pretty Woman) ou encore FredCroshal (ancien vice-président des ventes de SonyMusic, il a travaillé avec Michael Jackson, Madonnaou encore Bruce Springsteen). «Mais ce n’est pastout, j’ai également des liens étroits avec l’Australie,l’Inde, le Moyen-Orient, le Royaume-Uni et, bien sûr,la Suisse», souligne-t-elle. «Si vous voulez diffuser lamusique dans le monde entier, il est nécessaire demultiplier les collaborations.» Le label est notammentcoproducteur du duo suisse de Djs Frik N Chic, dont lesingle «never give up» est disque d’or sur le territoirehelvétique. PAGE 7

Un label qui compose

avec les plus grands

jeudi 18 janvier 2018 3SUISSE PAGE

POINT FORT

SOPHIE MARENNE

«En Suisse, il y a une quantité,une qualité et une ambition quisont exponentielles», s’enthou-siasme l’animateur et réalisateurElie Chapuis. Bien que les studiossoient de plus en plus profession-nels, le couperet No Billag fait pla-ner une ombre sur le secteur.«C’est une situation angoissante».

No Billag, entre faillites et fuite des cerveauxEn tant qu’animateur, Elie Cha-puis a travaillé sur de grosses pro-ductions à travers le globe, tellesque Fantastic Mr. Fox de l’Amé-ricain Wes Anderson. En Suisse,il s’est associé à Hélium Films, uncollectif d’auteurs et de techni-ciens concentré principalementsur la création en stop motion,c’est-à-dire l’animation en vo-lume, en marionnettes en pâte àmodeler notamment. «HéliumFilms est une structure assez re-présentative de l’écosystème hel-vète», explique-t-il. «A l’excep-tion de quelques gros studios, lemilieu est composé de petits or-

ganismes à géométrie variablequi engagent – en fonction desmandats – des artistes qui n’en vi-vent pas forcément à l’année».Malgré leur taille réduite, ces stu-dios d’animation regorgent de ta-lents et sont de plus en plus am-bitieux. Historiquement focaliséssur le court métrage pour lesquels

ils bénéficient d’une belle recon-naissance internationale, ils setournent davantage vers le longformat: «Il n’y a jamais eu autantde projets de longs métragesd’animation en gestation enSuisse. Une demi-douzaine, celapeut sembler peu mais c’est uneproportion inédite».

Par ailleurs, les formations ontévolué: la Lucerne School of Artand Design et l’école Ceruleumde Lausanne livrent des étudiantsde mieux en mieux préparés surle marché. La gifle No Billag risque de frap-per de plein fouet un secteur quise dynamise. «Si l’initiative passe,un certain nombre de studios fer-meront. Les artistes, technicienset auteurs présents en Suisse de-vront trouver d’autres solutions.Beaucoup – c’est mon cas person-nellement – envisageront de par-tir à l’étranger», se désole-t-il. L’initiative qui vise à supprimerla redevance réduirait la SSR àpeau de chagrin. Or, depuis la si-gnature du Pacte de l’audiovisuel,la société suisse de radio et télé-vision a investi plus de 400 mil-lions de francs dans la création ci-nématographique nationale et acoproduit plus de 2500 films, té-léfilms, documentaires, courtsmétrages et films d’animation.«C’est bien simple: chez HéliumFilms, toutes nos productionssans exception – même les plusaventureuses – ont été soutenues

par la SSR, parfois jusque 30%de leur budget. Ce financementpermet à nos films d’exister, maisce n’est pas tout. Les films achetésou coproduits par la SRR sont en-suite diffusés par ses chaînes, puispar capillarité par des télévisionsétrangères qui piochent dans soncatalogue. No Billag aurait a uneffet boule de neige gigantesquedont le public n’a pas idée», aver-tit Elie Chapuis.

Le successeur de CourgetteAutre chiffre marquant: la SSR ainvesti environ un million defrancs dans Ma vie de Courgette.«Sans elle, ce film n’aurait sim-plement pas vu le jour. Ou alorsil n’aurait pas été suisse, car pro-duit majoritairement par un stu-dio étranger», commente-t-il. Lefilm aux deux César de ClaudeBarras a germé dans les 150 m2

du studio lausannois d’HéliumFilms. C’est en effet le Valaisanet son ami Cédric Louis qui ontfondé le collectif en 2002. Auteurs-réalisateurs, chefs déco-rateur, modeleurs,... En tout septpersonnes occupent le lieu qui est

l’une des seules structures enSuisse à la maîtriser la techniquestop motion avec ce degré d’ex-pertise et ce rayonnement inter-national. Hélium Films sort enmoyenne un court métrage paran. Le studio réalise aussiquelques films de commande, defaçon sporadique. Ma vie deCourgette était son premier longmétrage et a mobilisé toutes lesressources de l’association de2014 à début 2016. Il ajoute: «En 2017, nous avonssurtout travaillé sur La Femmecanon qui est adapté d’une bandedessinée des genevois Albertineet Germano Zullo». L’agenda dustudio sera bientôt consacré ausuccesseur de Courgette. «ClaudeBarras a déjà terminé la toute pre-mière version du scénario deSauvages! et les mois à venir se-ront consacrés à la phase de dé-veloppement du film: écriture duscénario définitif et conceptionvisuelle des personnages, de la lu-mière ou encore des décors ainsique tournage de la bande-an-nonce qui servira à monter le fi-nancement», raconte-t-il.!

Sans le million investi par la SSR, le succès de

«Ma vie de Courgette» n’aurait pas été suisseANIMATION. En 2018, le collectif Hélium Films planchera sur le développement de Sauvages! de Claude Barras. Mais la vague «No Billag» risque de détruire bien des studios.

L’un voulait faire du cinéma«avec des acteurs», l’autre du des-ign industriel. Ils se sont lancésen animation et n’en sont jamaissortis. Les frères Guillaume, Fré-déric et Samuel, ont fondéCiné3D il y a six ans, suite à lafaillite provoquée par Max & Co.Ils exerçaient avant dans unegrosse boîte à la structure lourdeet ont choisi de se repositionnersur leur cœur de métier en créantl’association la plus légère possi-ble. A la barre, ils ne sont quedeux, mais autour gravitent denombreux intervenants. «En2017, Ciné3D a travaillé avecune vingtaine de collaborateurs:animateurs, menuisiers, peintres,musiciens,... Nous privilégionsl’engagement sur le territoiresuisse, et sporadiquement àl’étranger si les compétences hel-vétiques manquent ou si celapeut amener une plus-value ar-tistique», explique Samuel.

Bouleversement et mutationsInstallé à Villars-sur-Glâne, leduo est actif en longs et courtsmétrages mais aussi en spots decommande, ce qui bénéficied’une visibilité locale grandis-sante. Le canton de Fribourg, leThéâtre des Osses ou encore laPolice cantonale: autant d’insti-tutions dont les noms sont ins-crits sur les pages de leur carnetde commandes. Comme d’autres acteurs du sec-teur, les frères Guillaume sont in-

quiets à la perspective de la vota-tion No Billag. «C’est un pointd’interrogation pour nous», dit-il. «Si l’initiative est acceptée, çane veut pas dire qu’il n’y auraitplus du tout de film d’animationen Suisse. Mais il faudrait revoirle système complet car, à l’heureactuelle, la SSR joue un grandrôle dans le financement de l’ani-mation helvète mais aussi danssa diffusion et dans le soutien decoproductions internationales».Il précise qu’actuellement, la SSRest impliquée sur chacun de leursprojets en animation. «Elle repré-sente de 15 à 20% de notre chiffred’affaires annuel».Au vu des nouvelles technolo-

gies, Samuel Guillaume préditune plus grande hybridation en-tre les techniques. «Les cloisonsentre dessin traditionnel, imagede synthèse et marionnette s’ef-facent». Ciné3D travaille d’ail-leurs sur un film mixte qui mé-lange décors réels (des miniaturesconstruites dans la nature), avecdes personnages modelés puisanimés en images de synthèse.Réalisé par les frères et produitpar la société VFP, Folio d’Alba aété sélectionné pour une présen-tation en mars au Cartoon Mo-vie, la rencontre européenne ducinéma d’animation long mé-trage à laquelle assiste l’ensemblede la profession. – (SM)

Ciné3D, la petite structure

de toutes les libertés de création

FRIBOURG. Les frères cinéastes misent sur le métissage des techniques d’animation.

SAM ET FRED GUILLAUME. Les jumeaux voient No Billag commeun gros point d’interrogation dans l’avenir de leur domaine.

Avec 30 collaborateurs, NadasdyFilm est le studio d’animation leplus important de Suisse. «Cen’est pas très difficile d’être le plusgros dans ce pays», plaisante Ni-colas Burlet, producteur et admi-nistrateur. Diplômé en économie,sciences politiques, communica-tion et ingénierie, rien ne lui pré-sageait une carrière dans cet uni-vers. Il crée la société en 2001avec son associé Zoltán Horváth.«Et comme je ne savais rien faire,j’ai fait producteur», dit-il.Des séries télévisées comme Hel-veticus qui raconte l’histoire de laSuisse aux enfants, des films telsque Couleur de peau: Miel, ou en-core des courts métrages: le stu-dio a déjà 75 projets à son actif.C’est une réussite sans pareil enSuisse. Nadasdy Film mise surdifférentes techniques comme ledessin animé, les CGI, le stop mo-tion ou encore la rotoscopie.«Dans notre histoire, nous avonsconnu 2000 sélections en festivalet nous avons remporté plus de300 prix», déclare-t-il.

Perspectives assombries En 2017, le chiffre d’affaires del’entreprise du quartier des Aca-cias était de 2 millions de francs.«Mais cette notion est assez vaguevu notre activité atypique de pro-duction, réalisation et fabricationde films d’animation soutenuspar la télévision ou les institu-tions». Situé au carrefour de l’artet de l’industrie, le domaine est

tributaire de la volonté publique.«Le secteur de l’animation estpresque paraétatique. Sans aide,nous n’existons pas, à l’image detout le cinéma suisse». Les re-cettes de Nadasdy Film viennentde quelques “subventionneurs”mais aussi du principal diffuseurde contenu du pays: la SSR. «Ima-ginez notre situation avec uneunique télévision qui risque demourir peu de temps. Les pers-pectives d’évolution de l’entre-prise sont à discuter. Si la SSR dis-paraît, nous aurons de bien plusfaibles chances de survie». Nicolas Burlet précise qu’existersans télévision nationale seraitdifficile, «mais pas uniquementpour une question d’argent. LaSSR représente aussi un diffuseurreconnu et respecté en Europequi nous offre une position de né-gociation plus intéressante dansnos partenariats. Le soutien de latélévision suisse, même faible auniveau monétaire, est intéressant

pour établir des coproductions».Le producteur s’indigne égale-ment la lenteur des politiques cul-turelles. «Depuis quelques an-nées, l’animation helvète a fait sespreuves avec quelques beaux suc-cès. La tendance est positive. Mal-heureusement, il y a un manquede volonté étatique d’agir». Pourlui la Confédération devrait re-garder vers la France ou l’Alle-magne, des pays qui ont instaurédes systèmes de soutien perfor-mants parce qu’ils voient le sec-teur comme une opportunitééconomique.

Des aides culturelles rentablesL’animation est une activité labo-rieuse qui exige de une main-d’œuvre variée. «Certains de nosprojets demandent un directeurartistique, un designer, un scéna-riste, un réalisateur,... et aussi uneéquipe de fabrication de 10 à 30personnes. En comparaison, ausein de grands studios américainscomme Pixar, ils sont parfoisjusqu’à 300». Nicolas Burlet estime donc quel’animation est créatrice d’em-plois. «Le secteur du cinéma et ce-lui de l’animation sont dessphères à forte valeur ajoutée quipermettent de générer une vraieactivité économique. Appuyerces milieux n’est pas qu’un sou-tien culturel, c’est aussi un aideéconomique. Si on fait le calcul,les subventions accordées à l’ani-mation sont rentables.» – (SM)

«Si la SSR disparaît, nous aurons

de plus faibles chances de survie»

GENÈVE. Depuis plus de 15 ans, Nadasdy Film domine le milieu romand de l’animation.

NICOLAS BURLET. Producteurde films, séries et courts mé-trages d’animation.

ELIE CHAPUIS. Adolescent, il s’initiait à l’animation avec unecaméra Super 8, des petites voitures et de la pâte à modeler.

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