N°18 du magazine 00216 (mai - juin 2012)

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Le magazine des Tunisiens de l'étranger et amis de la Tunisie. Dossier consacré à la relance économique.

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Magazine gratuit

ENQUÊTE

NOS DROITS

objectif relance économique

Hatem Ben Arfa

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ANCEÉDITION FR RANCE

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Désert à TunisEn Tunisie, le temps passe et une crise profonde s’enracine ! Pas

une crise des débouchés comme on la vit en France et en Europe.La Tunisie n’est pas en manque de débouchés ! Notre problèmen° 1 : la pénurie… non pas d’eau, de tomates, de matériaux deconstruction. Nous manquons principalement d’hommes (et defemmes) politiques, gouvernement et opposition réunis, haute-ment qualifiés, dignes et patriotes. Pas un homme politiquecapable d’apporter avec la lucidité due à son rang une vision ambi-tieuse et pragmatique pour le pays ; pas un pour pointer lespriorités du pays et proposer des solutions pertinentes ; pas unpour maintenir l’espérance de tout un peuple !Le préjudice des années de dictature ne doit pas se chiffrer

qu’en milliards de dollars dérobés ou en années de prison endu-rées par des innocents. Héritiers de ce passé qui a fait table rasede nos compétences politiques, nous sommes aujourd’hui dés-armés face à la crise durable qui s’annonce. Dans ce désert, quefaire sinon marcher et s’épauler ?C’est animés de cet état d’esprit que nous avons choisi dans ce

numéro de traiter de la relance économique. Il faut se persuaderque, sans relance économique, le chômage, la pauvreté et leradicalisme religieux ne pourront être réduits durablement !Bonne lecture

Samir [email protected]

ÉDITORIAL DOSSIEROBJECTIF RELANCEÉCONOMIQUEPerspectives Pages 4 à 5Atouts et faiblessesPages 6 à 7Verbatims etTémoignagesPages 8 à 9ITV Mohamed FrikhaPage 10TourismePages 12 à 13Immobilier. ITV Walid ZahegPages 14 à 15L’Argus par villesPage 16

EL KHBAR DU PAYSL’échec des politiquesvécu par les citoyensd’Ettadhamen !Pages 28 à 30L’actualité de ces der-nières semaines au paysPage 31

AGENDAOn y étaitPages 32 à 33A venirPage 34Présidentielle françaisePage 35

BANQUEPage 36

NOS DROITSLes consulats ont-ils les moyens de leurs ambitions nouvelles ?Pages 38 à 40

PRATIQUEPage 42

LES TUNISIENS DE L’ACTUALITÉA la « Une »Pages 18 à 20ITV Hatem Ben ArfaPage 20Les journalistes d’originetunisienne en FrancePages 22 à 23

RETOUR AU SOURCESLa Tunisie, terre berbère(aussi) / Poussez à 360°les portes de la médinaPages 24 à 253 questions à J. Lellouche / Disparition d’« El Habib » ! /Ghriba 2012 : pari réussiPages 25 à 26

Edité par :Tunisiens sans frontières (TSF)Menzah V - TunisTél. : 00 216 71 862710Fax : 00 216 71 862578

Marque déposée par :Samir BOUZIDIConsultant spécialiste de la communauté maghrébine76, rue des Archives75003 [email protected]

Directeur de publication : Samir [email protected]

Réalisation: Caroline [email protected]

Infographies : Khaled [email protected]

Régie publicitaire :France et EuropeSopi96, rue Amelot75011 ParisTel : 01 47 70 13 35Tunisie Tunisiens sans frontières 6, rue Ali Douaggi1004 TunisieTél. : 00 216 71 862710Fax : 00 216 71 862578

Distribution :Liste actualisée de nos distri buteurs sur www.tunisiensdumonde.com Tirage : 100.000 exemplaires

Impression :Imprimerie France Quercy46090 Mercuès - France

Entre nos deux pays, il y a le passé et ce riche patrimoine historique ;il y a le présent avec ces liens économiques et culturels très forts quis’exercent quotidiennement. Et il y a l’avenir, avec nous les Tunisiensde France !

Enfants de Tunisie et citoyens de France.

Les contributeurs :Samir Bouzidi, Myriam Blal, Oualid Dachraoui, Frida Dahmani, Moez Hammami,Mireille Pena. Crédits photos de la couverture : Fotolia

La marque « 00216 » est une marque déposée au nom de Samir BOUZIDI.Toute repré-sentation, reproduction ou traduction, intégrale ou partielle, quels qu’en soient leprocédé, le support ou le média, est strictement interdite sans l’autorisation de l’au-teur ou de ses ayants droits.00216 c’est100 000

exemplaires

Sommaire

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00216. Quelle est la situationéconomique de la Tunisie ?Ezzeddine Saidane. La situa-

tion est pour le moins que l’onpuisse dire difficile, avec desindicateurs au rouge tels que lacroissance, l’emploi, l’inflation,les réserves de change, le déficitde la balance commerciale qui adoublé d’un trimestre à l’autre...La situation de récession del’économie a trop duré – elle aporté sur six semestres – alorsqu’il est rare qu’une économierésiste à plus de deux semestresde recul… La Tunisie est dans lebesoin urgent de redresser sonéconomie, pour maintenir un

niveau de vie, résoudre les pro-blèmes de pauvreté, lutter contrele chômage, mais aussi préserverle processus démocratique. Si larelance économique ne se faitpas, il y aura un effondrementqui entraînera avec lui la transi-tion démocratique. La vulnérabi-lité sociale pourrait produire del’instabilité difficile à gérer.Aujourd’hui, les perspectivessont négatives car la machinetarde à se mettre en route.

Quelles sont les priorités ?On ne fait pas d’affaires dans

l’incertitude. Pour un net redres-sement de l’économie, il faudrait

définir une stratégie de redres-sement que l’on ne retrouve pasdans la loi de finance 2012. Celle-ci comporte des projets et pro-grammes à caractère surtoutsocial, mais ce sont des pro-grammes non productifs derichesse, financés par des créditsqui participent à l’endettementde l’Etat. Il faut savoir que lesdépenses sociales alimentent l’in-flation, dont le niveau est déjàassez inquiétant en ce quiconcerne les produits de base. Ilest essentiel de lancer des projetsviables dans les zones intérieurestels que les grands chantiers d’in-frastructures qui dynamiseraient

le tissu social des régions etgénéreraient des profits. La relance peut se faire par le

biais de l’agriculture, qui a unpotentiel énorme dans chaquegouvernorat. Ce serait créateurde richesses et d’emplois. Larelance et l’augmentation de laproduction permettraient ausside lutter contre l’inflation. Cependant, l’essentiel est la

clarté au niveau de la feuille deroute adoptée pour cette phasede transition. L’environnementglobal est confus, il faut avoir desdates pour l’achèvement de laConstitution, pour les élections.Seule une vision claire peut rame-

« Si l’investissement local n’est pas dynamisé, l’investisseur étranger, qui a toujours besoin d’un partenaire local, ne sera pas rassuré et ne viendra pas ! »

PERSPECTIVES

Propos recueillis par Frida Dahmani

Expert financier et économiste

L’ANALYSE D’EZZEDDINE SAIDANE

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DOSSIER

OBJECTIFRELANCE ÉCONOMIQUE

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Mai - Juin 2012 - 216 le mag - 5

Fin 2008, le pays comptait 2 966 entre-prises étrangères ou à capitaux mixtes.Les flux croissants d’IDE (investisse-

ments directs étrangers) dont il a bénéficié,passant de 347 millions de dinars tunisiens(208 millions d’euros) en 2006 à 485 mil-lions (283 millions d’euros) en 2007, ont per-mis de dynamiser l’industrie. La moitié a étéinvestie dans les industries mécaniques etélectriques, et dans le secteur du textile-habillement. Cette forte attractivité résulte de la consé-

cration par la loi, dès 1994, de la liberté d’in-vestir dans la plupart des secteurs. Elle s'applique aussi bien aux investisseurs

nationaux qu’étrangers, ces derniers pou-vant réaliser leur projet sans nécessairements’associer à un partenaire local. Pour atteindre les objectifs de sa nouvelle

stratégie industrielle, la Tunisie devra totali-ser 1,8 milliard d’euros d’investissementsindustriels d’ici 2016, soit le triple du volumede 2007. Une contribution importante desIDE est attendue.

Le pays cible désormais les projetsà forte valeur ajoutée nécessitantune main-d’œuvre qualifiéeHistoriquement tourné vers les activités à

faible valeur ajoutée et fortement consom-matrices en main-d’œuvre, le pays ciblemaintenant un spectre plus large de projets,et plus particulièrement ceux à forte intensitétechnologique nécessitant une capacité deR&D importante et une main-d’œuvre quali-fiée. Ce nouveau ciblage implique une évo-lution de sa politique vis-à-vis des IDE, davan-tage concentrée sur des mesures liées àl’éducation, la formation, la R&D et l’inno-vation.D’ici 2016, l’objectif est de doubler les

exportations, pour atteindre les 17,5 mil-liards d’euros.

Dans cette perspective, 3 axes de dévelop-pement ont été retenus : – « Faire monter en gamme les secteursindustriels historiques » : textile, habille-ment, cuir et chaussures ; agroalimentaire ;chimie des phosphates ; matériaux deconstruction. – « Diversifier le tissu industriel tunisien etfaire émerger des secteurs nouveaux » :industries électronique, automobile et aéro-nautique (aussi appelées industries méca-niques et électriques, IME) ; plastiques tech-niques ; industrie pharmaceutique etbiotechnologies ; TIC, centres de services etautres services liés à l’industrie. – « Préparer la prochaine vague de sec-teurs et d'entreprises qui régénéreront letissu économique tunisien, en favorisantl'apparition de pépites au croisement fertileentre plusieurs secteurs industriels tuni-siens » : la mécatronique, par exemple.

En recherche d’« entreprises locomotives »

La réussite de cette stratégie nécessite l’im-plantation de grands groupes ou « entrepriseslocomotives ». Pour les attirer, des pôles decompétitivité seront créés dans 4 secteursclés : le textile-habillement, les IME, l’agroa-limentaire, les TIC. D’ici 2016, ils devront accueil-lir 1 000 entreprises et générer 40 000 emplois.Un autre exemple de réussite récente est lacréation d’une activité aéronautique asso-ciant un groupe de sous-traitants ou parte-naires du programme Airbus. En plus des services liés à l’industrie, la

Tunisie souhaite développer le commerce,les activités de loisirs et le tourisme. En diver-sifiant ainsi son économie, elle espère limi-ter sa vulnérabilité aux aléas du contextemondial.

Source : Animaweb.org

Une stratégie de développementorientée vers l’international

Dans la continuité desquarante dernières années,la stratégie tunisienne estorientée vers undéveloppement économiqueà l’export. Or, 80 % desexportations sont le fait desociétés étrangères ou àcapitaux étrangersimplantées en Tunisie.

ner un peu de confiance. Quant àl’investissement, il est nécessairede rassurer l’investisseur local. Sil’investissement local n’est pasdynamisé, l’investisseur étranger,qui a toujours besoin d’un parte-naire local, ne sera pas rassuré etne viendra pas. Le potentiel existe,nous sommes capables de con-tourner ces difficultés s’il y a lavolonté d’amorcer un réel et rapideredressement économique.

Où en sont les relations écono-miques extérieures de la Tunisie ?Le fait est que 80 % des

échanges de la Tunisie se font demanière bilatérale avec l’Europe.Le plus gros de notre contingent detouristes est européen, de nos IDEaussi. La diversification de noséchanges avec d’autres groupes etd’autres pays est tout à fait légi-time. Il est de l’intérêt de la Tunisiede ne pas se limiter et de ne pasdépendre uniquement de l’Europe.Nous voyons aujourd’hui se réper-cuter sur notre pays les effets de la

crise économique que vit l’Europe.Etre connecté aux régions quiconnaissent un dynamisme éco-nomique, diversifier nos parte-naires est important, mais soyonsréalistes, cela n’est jamais immé-diat, c’est une décision stratégiquedont la concrétisation est sur lelong terme. Entre-temps, il fautcapitaliser sur un nouveau rela-tionnel.

Qu’en est-il du développementdes relations économiques inter-arabes ?Il y a eu très peu de réussites en

matière d’échanges entre les paysarabes. Ceux-ci sont restés extrê-mement timides, d’où la faiblessedes investissements interarabes.Généralement, les échanges éco-nomiques, qui servent de test, pré-cèdent les investissements, maiscela n’a pas été le cas. L’acte d’in-vestir est toujours plus structurelque l’acte de l’échange en lui-même.

« Diversifier nos partenairesest une décision stratégiquesur le long terme »

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DOSSIER

Il dévoilait ainsi un déséquili-bre régional important, uneconcentration de la majeure

partie des activités sur le littoralau détriment des régions inté-rieures qui ne bénéficient pasde réelles infrastructures alorsque leur taux de pauvreté atteintles 23 % et d’analphabétismeles 20,3 %.Si ces conditions peu-vent refroidir les intentions d’in-vestissement, il n’en demeurepas moins que le pays peut seprévaloir de compétences etd’une main-d’œuvre, surtoutféminine, bien formée.Cependant, la bonne volonté et

la nécessité de répondre auxdemandes de 800 000 chômeursne suffisent pas à la relance éco-nomique. Le pays, classé 65emon-dial, doit également améliorerson offre en matière de logis-tique pour réaliser des écono-mies d’échelle et répondre auxexigences des entreprises selondes normes internationales. Alorsque gouvernants et dirigeantss’accordent à vouloir revoir leCode des investissements, WidedBouchamaoui, présidente de lacentrale patronale Utica, affirme« qu’il est essentiel pour lesentreprises de bénéficier d'unenvironnement stable, d'avoir dela visibilité et qu’il faut simplifierles procédures commerciales etadministratives ».

Lutter efficacementcontre la corruption

Fortement impactée par la révo-lution et la crise mondiale, l’éco-nomie tunisienne est en panneet peine à négocier sa relanceauprès des investisseurs. Le paysavait compté, pendant de nom-breuses années, sur sa proximitégéographique avec l’Europe, sonéconomie libérale, diversifiée,ouverte sur l’extérieur, des

ATOUTS

Coûts de production (salaires, loyers…) enmoyenne divisés par quatre avec ce qui sepratique en Europe

Fiscalité avantageuse et grandes incitationsà l'investissement, notamment avec lesentreprises exportatrices

Environnement d'affaires assaini

Personnel instruit et adaptable mais àformer

Accès au financement moins compliquéqu'en Europe (notamment dans le casd'amorçage de projets innovants)

Etat moderne des infrastructures

Proximité géographique et culturelle avecl'Europe

Proximité stratégique avec la Libye dont laTunisie est par exemple le premierfournisseur agroalimentaire

FAIBLESSES

Manque de visiblité politique

Imprécisions de la feuille de routeéconomique

Tensions sociales récurrentes

Hyper-formalisme des administrations etpratiques de corruption qui demeurent

Habitudes de travail (séance unique en étéet pendant le ramadan, difficultés pourpasser de la théorie à la pratique ou pourappréhender les enjeux de qualité ou deservice)

Atouts et faiblesses de la Tunisie Le soulèvement populaire qui a conduit à la révolution était né de revendications socialesfortes comme celle du droit au travail et à la dignité. Le fonctionnement économique de laTunisie peut-il répondre aujourd’hui à ces aspirations ?

Par Frida Dahmani

finances équilibrées, un endet-tement raisonnable. Il avait misen avant sa stabilité politique,une croissance autour de 3 %,sa compétitivité et un taux d’in-flation contenu. Face à cesatouts, bien réels, l’investisse-ment, comme tous les autressecteurs en Tunisie avant la révo-lution, souffrait aussi de la cor-ruption, tant administrative quede celle des clans proches dupouvoir. Au lendemain de larévolution, l’activité économiquea subi un net coup de frein, maisc’était aussi l’occasion de repen-ser et revoir les rouages enmatière de transparence finan-cière, de bonne gouvernance et

Atouts et faiblesses de l'économie tunisiennepour l'investisseur étranger

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Activités porteuses sur le marché local et à l'exportationAgroalimentaireTourismeSanté, biotechnologies, pharmacieEau, environnement, énergie Batiment/matériaux de constructionTransports/logistiqueFormation professionnelle et divers services d'expertise auxentreprises

Activités porteuses exlusivement sur le marché localDistribution alimentaire et/ou spécialisée (bricolage, meuble,sports…)Loisirs Biens de consommationImmobilier et infrastructuresSécurité des biens et des personnesAutomobiles et pièces détachées

Activités porteuses exclusivement en offshoreSous-traitance industrielle et de services (électronique,plasturgie, aéronautique, services informatiques, centresd’appels…)

Comment se financer ?A moins d’être un fils de notable et/ou d’avoir de solidesgaranties réelles, il vous sera impossible d’être financépar le système bancaire classique à l’exception de laBFPME (Banque de financement des PME). Pour vosbesoins de financement, les Sicar (les Sociétés d’investis-sement à capital-risque) sont un passage quasi obligé. Dans quel secteur investir ?

de développement économique.Fadhel Abdelkefi, président dela Bourse de Tunis, remarqueque « ce n'est pas le cadre juri-dique approprié qui fait défaut àla Tunisie en matière de bonnegouvernance car le pays disposed'un arsenal de lois contre lesmauvaises pratiques financièreset la corruption, ainsi que d'uneloi fondamentale du marchéfinancier qui n'a rien à envier àcelle des pays développés. C'estl'application de ces lois qui souf-frait d'un ensemble de défail-lances et de dépassements ».La Tunisie a toujours les mêmes

atouts et elle montre une réelleintention de bonne gouvernance.La révolution a été rejointe par lacrise en Europe, premier donneurd’ordre du pays. Aujourd’hui, larecherche d’investissements sefait en direction des pays arabesqui ont tendance à financer dessecteurs comme l’hôtellerie, la

banque et l’immobilier, secteurssaturés en Tunisie où il est urgentde désenclaver les régions parun réseau d’infrastructures.

L’économie tunisiennereste encore très réglementée et les réformes se font lentement Les autorités tunisiennes ont

tendance à freiner toute initia-tive risquant de remettre encause leur contrôle étroit sur desleviers essentiels de l’économie. Fragmenté, insuffisamment

modernisé et encore dominé parles banques publiques, le sec-teur bancaire demeure confrontéà des conditions d’exploitationdifficiles, malgré une améliora-tion observée depuis quelquesannées. En outre, l’épargne àlong terme ne bénéficie pasd’une rémunération adaptée.

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En Tunisie, ces sociétés sont au nombre de quarante et serépartissent entre Sicar bancaires (filiales de banques), lesplus nombreuses, Sicar de groupes (filiales de groupesindustriels) et Sicar régionales (publiques). Moyennant uneparticipation au capital, elles vous prêtent les sommesnécessaires et conviennent à l’avance d’une rémunérationet des conditions de leur sortie programmée au minimum aubout de cinq ans. Dans la pratique, il n’est pas rare qu’uneSicar s’installe dans le capital de façon indéterminée.La plupart de ces sociétés restent assez frileuses à l’idée

de financer des projets innovants, mais certaines tendentvraiment à se démarquer. C’est le cas de Tuninvest, seuleSicar cotée à la Bourse de Tunis et disposant par exemple defonds dédiés aux projets innovants (nouvelles technolo-gies…). Globalement, à cause d’un mauvais sourcing de pro-jets (pas assez de remontées de projets qualitatifs), le tauxd’investissement des fonds alloués par ces Sicar dépasserarement 50 %, c’est dire que les opportunités pour êtrefinancé sont réelles. A noter qu’en Tunisie, il vous sera moinscompliqué qu’en France de financer un amorçage (finance-ment du démarrage).

CONTACTAssociation tunisienne des investisseurs en capital55, avenue Kheireddine Pacha – 1002 TunisTél. : (216) 71 282 778. E-mail : [email protected]

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DOSSIER

VERBATIMS

Officiels, investisseurs et financiers…ce qu’ils en disent !Mustapha KamelNabli, gouverneur dela Banque centralede Tunisie (BCT)« Les changementséconomiques doivents'accompagner d'une réformede l'administration, de la miseen place d'une justice neutre etéquitable, et du respect desdroits de l'investisseur, qui doit,à son tour, respecter sesobligations. Le développementde l'investissement interarabevers les nouveaux secteurs telsque l'industrie, les services desanté, l'ingéniorat et la finance,aura un grand impact sur ledéveloppement. »

WidedBouchamaoui,présidente de l’Utica« La Tunisie a aujourd’huibesoin d’investissements,principalement dans les régionsde l’intérieur. La plupart desprojets proposés auxinvestisseurs représentent desopportunités effectives, pour lesopérateurs arabes, deconsolider leur positionnementen Tunisie et de nous aider àréussir cette phase transitoire. »

Aziz Mbarek, cofondateur etdirecteur général deTuninvest« Le capital investissement peutêtre un véritable moteur pour lacroissance économique et ledéveloppement durable àtravers la contribution à lacréation d'emplois, aufinancement de projets promuspar une nouvelle générationd'entrepreneurs tunisiens d'un

standard international, àl'attraction d'investisseursétrangers, au transfert de knowhow, au financement desprivatisations, à l'améliorationde la transparence et de labonne gouvernance desentreprises tunisiennes, et à lastimulation des exportations. »

Ann ElizabethWyman, experte enfinanceinternationale,Maxula Gestion« Il est important, aujourd’hui,dans ces pays et notamment enTunisie, de faire savoir quelle estla place de la religion dans lapolitique et, par extension, dansl’économie. C’est une questionqui est à ce jour au centre desintérêts des investisseursétrangers. »

Mohamed Frikha, PDG de Syphax « Le projet de Syphax Airlinesest conçu pour participer à larelance du tourisme etréhabiliter l’investissement.Nous voulons montrer auxinvestisseurs étrangers que laTunisie est en bonne santé etque les investissements dansnotre région ont déjà repris. »

Claude Tétard, président de l’Unionfrançaise desindustries del’habillement« Même si la Tunisie est trèsproche, les industriels françaisne viendront pas s’ils netrouvent pas une compétitivitéqui leur soit favorable. »

Francesco Lucci, directeur général deschaussures desécurité Rossi« La Tunisie doit se mettre auxnormes internationales pourêtre vraiment attractive,particulièrement au niveau descircuits administratifs et de cequi relève de la formationprofessionnelle en matière derendement. »

Radhi Meddeb,économiste et PDGde Cometeengineering « L'économie nationale est"simple". En effet, elle reposesur un nombre limité desecteurs, à savoir les mines etphosphates, le tourisme etquelques activités exportatrices.En 2011, le premier secteur n'afonctionné qu'à la moitié de sacapacité, malgré uneconjoncture internationaleexceptionnellement porteuse.Le deuxième est toutsimplement en panne et lesexportations souffrent de lamorosité des marchés extérieurset de la crise de la majorité des

pays européens. Face à cettesituation, la relance del'économie évoluera au rythmedes investissements. Pour cefaire, il est primordial demaintenir l'ordre et de garantirun climat des affaires sain afinde restaurer la confiance despromoteurs. A cet égard, il fautdéplorer certainesmanifestations des groupes desalafistes qui ont étérapportées, voire amplifiées,par les médias étrangers. Cequi est de nature à découragertout investisseur et touttouriste qui croient fort en leursmédias. »

Pier Luigi d’Agata, directeur générald’Assafrica &Mediterraneo« Ce Printemps tunisien est unprintemps d’opportunités.Certes, les événements qui ontsuivi et la situation actuelleengendrée par lesrevendications sociales –légitimes et sans précédent –sont inquiétants, mais lesopérateurs misent sur le gain deconfiance et le rétablissement,rapide et durable, de la sécuritéet de la stabilité socio-économique. » Cr

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TÉMOIGNAGES

Ils sont Tunisiens de l’étranger et ont décidé d’investir au pays

Sarah Toumi, 24 ans, entrepreneur socialDu haut de ses 24 ans, Sarah est cofondatrice et présidente de Dream.Entrepreneur social, elle a gagné le prix Ashoka Youth – Changemakers à l’âgede 19 ans et voyagé dans le monde entier alors qu’elle travaillait pourTakingITGlobal, un réseau international de jeunes engagés. Actuellement, elleest étudiante en Master 2 à Paris IV. Spécialisée en littérature du voyage, elletravaille sur les aventurières françaises qui ont parcouru l’Afrique du Nord au19e siècle.Sarah Toumi est dans le milieu associatif depuis l’âge de 11 ans. Elle a travailléen Tunisie avec son père dans l’association ACPE, puis pour l’organisationinternationale TakingITGlobal, avant de créer Dream.

En Tunisie, elle démarre Acacias for all, une initiative pour lutter contre la désertification et la pauvretédans le sud du pays. Acacias for all est le fruit d'une collaboration entre 5 agriculteurs tunisiens, 483femmes du village de Bir Salah et 4 jeunes Tunisiens en France. Ce projet a déjà été primé par Ashoka(organisation internationale qui soutient les entrepreneurs sociaux).Avec la plantation de 10 000 acacias par an, Sarah espère venir en aide annuellement à 1 000 familles enagissant sur ces trois fléaux :• la mauvaise qualité des sols (l'acacia nourrit les sols en azote et puise l'eau jusqu'à 100 m deprofondeur, facilitant la culture maraîchère)• la pauvreté (notamment due aux mauvaises récoltes résultant de la sécheresse et de la désertification)en proposant une culture alternative et adaptée aux nouvelles conditions climatiques• l'inégalité hommes/femmes (en faisant des femmes les porteuses de projets, en leur donnant une voiximportante au sein de leur village, en les émancipant financièrement et en les formant).Pour financer ce projet, l’association a mis notamment en place un système de financement participatif àpartir de 10 euros. Pour plus d’infos : [email protected]

Contacts

Agence de promotion del’investissement extérieur (Apie)Rue Salaheddine El Ammami, centreUrbain Nord – 1004 Tunis Tél. : (216) 71 703 140 Fax : (216) 71 702 600 [email protected] /www.investintunisia.tn

Union tunisienne de l'Industrie, duCommerce et de l'Artisanat (Utica)Cité administrative, Lot 7, Cité Elkhadhra – 1003 TunisTél. : (216) 71 142 000Fax : (216) 71 142 100

Banque centrale de Tunisie (BCT)25, rue Hédi Nouira BP 777 – 1080 TunisTél. : (216) 71 254 000Fax : (216) 71 354 [email protected] / www.bct.gov.tn

Agence de promotion desinvestissements agricoles (Apia)62, rue Alain Savary – 1003 TunisTél. : (216) 71 771 300Fax : (216) 71 796 [email protected] /www.tunisie.com/Apia/

Centre de promotion desexportations (Cepex)Centre urbain Nord –BP 225 –1080 Tunis CedexTél. : (216) 71 234 200Fax : (216) 71 237 [email protected] /http://www.cepex.nat.tn/

Confédération des entreprisescitoyennes de Tunisie (Conect)8, rue Imem Ibn Hanibal – Menzah I– 1004 Tunis Tél. : (216) 71 231 422 / 71 231 402 /71 231 [email protected] /www.conect.org.tn

Ubifrance Tunisie1, place de l'Indépendance –1000 TunisTél : (216) 71 105 080Fax : (216) 71 105 091 ou 71 105 092

Chambre tuniso-francaise decommerce et d’industrie39, avenue du Japon – BP 25 – 1073 Tunis Montplaisir Tél. : (216) 71 844 310Fax : (216) 71 845 962

Issam Hakimi, 30 ans, entrepreneur ITNé en France, très tôt passionné par l’informatique et l’électronique, IssamHakimi écume les réseaux informatiques depuis son plus jeune âge. Dès1996, sous le pseudonyme de Killix, il développe des solutions de sécuritéautour des logiciels libres et d’Internet. Devenu un entrepreneur autonome etcomplet à 30 ans, il décide de franchir le pas, après avoir été l’un des acteursdu Web francophone avec l’opérateur Transnode.Aujourd’hui, Issam Hakimi déploie ses compétences initiales dans la sécuritédes systèmes d’information et le social engineering, ou ingénierie sociale. Ases temps perdus, il continue de collaborer à de nombreux projets « opensource », toujours dans la communauté du logiciel libre. Après la chute de l’ex-

président tunisien, Zine el-Abidine Ben Ali, et dans la foulée du Printemps arabe et de ses révolutions, il apesé le pour et le contre. D’origine tunisienne, son cœur a flanché pour l’autre côté de la Méditerranée. « La Tunisie et le courage des Tunisiens méritent que toutes les personnes se sentant proches de cepeuple apportent leurs compétences afin de soutenir cette transition démocratique. »Depuis un an, il est installé à Tunis où sa femme vient de le rejoindre. Son nouveau credo : faire germerauprès des jeunes Tunisiens (et Tunisiens de l’étranger) de nouveaux projets technologiques à fortevaleur ajoutée pour ensuite les aider à se développer à l’international. Il a conscience que son activitéd’incubateur n’est pas aisée. « Nous dépensons beaucoup d’énergie dans le sourcing de projets et jedois avouer que nous nous heurtons à un manque de projets à potentiel. Maintenant, nous explorons lafilière des entrepreneurs tunisiens de l’étranger intéressés pour venir lancer leur projet depuis la Tunisie.Les premiers résultats sont prometteurs ! » Avis aux promoteurs ! Pour plus d’infos : [email protected]

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00216. On connaissait le chefd’entreprise en réussite dans lestélécommunications, on vousdécouvre dans l’aérien, commentest née cette démarche ?Mohamed Frikha. L’étincelle,

c’est l’ambition d’entreprendre,d’apporter un plus à l’offre exis-tante et de servir l’intérêt général.Ensuite, c’est une belle série decirconstances heureuses. Primo, ily a eu la réussite de l’entrée enBourse de ma société Telnet, quim’a apporté les liquidités suffi-santes pour lancer le projet.Secundo, en septembre dernier,nous avons eu l’opportunité d’ac-

quérir à de très bonnes conditionsdeux A319 auprès de la compa-gnie Air Berlin. Néanmoins, je vaisêtre sincère avec vous. Il y a un an,j’étais encore à mille lieux de pen-ser que je relierais un jour Paris àbord de mes propres avions (rire).

A l’image de ce qui s’est passé le29 avril, qui a vu les salariés deTunisair Handling entraver lespremiers vols internationaux dela compagnie, le lancement deSyphax dérange en Tunisie… Aqui faites-vous peur ?C’est un épisode regrettable et

très préjudiciable à la compagnie.Aujourd’hui encore, nous ensubissons les désagrémentsmême si, paradoxalement, cettecrise a suscité un élan de sympa-thie, notamment de la part desTunisiens de l’étranger.

Suite à ce qui s’est passé dansles aéroports de Tunis et Djerbadans la journée du 29 avril, j’aidécidé de suspendre le pro-gramme de vols, le temps deremettre tout à plat avec les auto-rités de l’aviation civile et Tunisair.Soyons clairs, comment peut-on

nous reprocher de concurrencerdéloyalement Tunisair avec uneflotte de deux avions ? Nousvisons 5 % de part de marché surle trafic franco-tunisien et, pouratteindre ces objectifs, nous allonsattaquer frontalement Transavia,Aigle Azur, Air Méditerranée, etnon pas Tunisair.

Reste que cette mésaventureme laisse un goût amer. Cefameux dimanche noir (29 avril),j’ai crié ma résignation car j’ai eule sentiment insupportable detrahir mes clients et mes sala-riés. Avec le recul, j’ai la convic-tion que Tunisair et les salariésde Tunisair Handling sont davan-tage des éléments orchestrés auservice d’une stratégie de fos-soyage. Par qui et pour quellesfins, je me le demande !

Qu’avez-vous à dire aux passa-gers troublés par les péripétiesdu lancement ?J’aimerais m’excuser auprès

d’eux. Ils ont été les premiers ànous faire confiance et, au lieude les choyer, on les a perturbéset pénalisés. J’ai chargé mondirecteur clients de prévoir très

vite de faire un geste commercialà leur intention. La compagnie vadésormais de l’avant et je vou-drais dire à ces clients qu’ils n’ontplus aucune crainte ni appréhen-sion à avoir à bord de nos avions.Le passé est révolu !

Quels sont votre stratégie et posi-tionnement de marché ?Depuis l’étranger, nous avons

une plus grande liberté sur lesprix pratiqués et nous comptonsbien en profiter. Nous maîtrisonsnos coûts, ce qui nous permet deproposer des tarifs compétitifssans pour autant brader le ser-

vice à bord (catering…).Dans cette logique, nousallons miser sur la ventedirecte par Internet. Notresite (www.flysyphax.com)est d’ailleurs en cours de

refonte et sera disponible danssa version finale sous un mois.A titre d’exemple, nous avons

été capables de proposer sur nosvols inauguraux le Paris/Tunis/Paris au prix TTC de 179 euros.Nous allons nous fixer pour objec-tif d’être autour du prix psycholo-gique de 300 euros TTC pour unParis/Tunis/Paris en pleine sai-son estivale.

Les Tunisiens de l’étranger sontau cœur de votre stratégie. Quelssont vos arguments pour conqué-rir cette cible hypersensible auprix ? Effectivement, nous nourrissons

de hautes ambitions autour desTunisiens de l’étranger. Nous avons étudié assez fine-

ment leurs besoins, que nousavons la prétention d’avoir bien

identifiés. Au niveau tarifaire, pourles achats depuis l’étranger, nousnous engageons à leur faire pro-fiter régulièrement des prix lesplus bas en vols réguliers. Par ail-leurs, nous étudions actuellementla possibilité de ventes « lastminute et low cost », disponiblesexclusivement via notre siteInternet.

Allez-vous vous concentrer sur lemarché français, ou ouvrir d’au-tres dessertes internationales ?Effectivement, le trafic franco-

tunisien est important, mais nousmisons également beaucoup surd’autres destinations : Turquie,Maroc et Libye. Actuellement,nous desservons Paris à raisonde 3 jours par semaine et nouspasserons en service quotidien àpartir du 1er juillet prochain. Nousprévoyons l’ouverture des vols deDjerba fin mai et suivront très rapi-dement l’ouverture des lignes versLyon et Marseille.

L’absence d’alcool à bord n’est-elle pas pénalisante pour la clien-tèle business et non communau-taire ?J’ai assez peu apprécié cette

polémique née d’un article depresse nous présentant commeune compagnie « halal ». On nousfait un faux procès d’intentionalors que la réalité est ailleurs. Je suis issu d’un environnement

conservateur et, au nom de cetteéducation, j’ai choisi de ne pasintégrer la vente d’alcool à bord.Maintenant, nous prendrons letemps d’étudier sereinement l’im-pact de cette mesure auprès denotre clientèle.

10 - 216 le mag - Mai - Juin 2012

DOSSIER

« Nous allons attaquer frontalement Transavia,Aigle Azur, Air Méditerranée, et non pas Tunisair »

« Nous nourrissons de hautes ambitions autour des Tunisiens de l’étranger »

PDG de Syphax Airlines, nouvelle compagnie tunisienne

INTERVIEW

MOHAMED FRIKHA

Propos recueillis par Samir Bouzidi

Page 11: N°18 du magazine 00216 (mai - juin 2012)

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EN TUNISIEEN 10 MINUTES

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DOSSIER

TOURISME

Une saison estivale sous haute surveillancePilier du modèle de développement de la Tunisie, le tourisme est fortement impacté par larévolution. Mais, malgré ses problématiques récurrentes, la destination annonce 6 millions detouristes pour la haute saison à venir, soit 15 à 18 % de mieux que l’année précédente : lesprofessionnels se préparent à l’embellie.

Révolution et crise de l’euroont induit, en 2011, uneperte à hauteur de 30 %

des revenus du tourisme enTunisie. Malgré les difficultésconjoncturelles et les défail-lances structurelles, dont l’es-soufflement du produit bal-néaire, le vieillissement desinfrastructures et l’endettementdes hôteliers, le secteur, avec1,8 milliard d'euros de recettesen 2010, 400 000 emplois et 7 %du produit intérieur brut (PIB),couvre 60 % du déficit de labalance commerciale du pays.D’où l’impatience des opéra-teurs à renouer avec la relance.

Les établissements réputés résistent à la crise« Quand on parle de tourisme

pour la Tunisie, on a tendance àévoquer l’hôtellerie, alors quece n’est que le dernier maillonde la chaîne. Les établissementsréputés ont résisté. Nous avonsciblé des niches de produits etcréé de l’événementiel », affirmeMehdi Allani, directeur de l’hôtel

Sultan à Hammamet, qui a fait leplein toutes les fins de semaine,en basse saison, à partir d’ac-tions promotionnelles : gratuitépour les femmes pour la Journéeinternationale de la femme, évé-nements équestres… Autant dethématiques qui ont attiré uneclientèle locale en quête de nou-veauté. Pour sa part, le groupePalm Beach a ciblé l’améliorationde la qualité de service et la for-mation du personnel. Achraf Akri,directeur commercial du groupe,assure que « sur juillet et août, letaux de remplissage est bon,mais au fond, c’est toujours l’ar-gument prix qui compte ».

La haute saison ne serapas mauvaise

La haute saison 2012 ne s’an-nonce pas mauvaise : « Les réser-vations d'été ont bien démarré,surtout pour Djerba, mais on neretrouvera pas les niveaux de2010 cette année », constateRachel Picard, directrice géné-rale de Thomas Cook France. Des prévisions annonçant

jusqu’à 18 % de mieux qu’en

Par Frida Dahmani

2011, une reprise notable dumarché français avec un accrois-sement des séjours de famillesde l’Hexagone et l’arrivée d’uneclientèle russe, démarchée parl’intermédiaire d’agences devoyages turques, infirmentl’alarmisme de certains profes-sionnels. Cependant, le tou-risme local et intermaghrébinsera certainement ralenti par lemois de ramadan, mais jouerales prolongations en arrière sai-son, selon les experts du sec-teur. Le beau temps a ramenéles parasols sur les plages, lesmunicipalités ont coordonné desopérations propreté et les festi-vals affichent leurs programmes.Tout est en place pour le démar-rage de la saison.

Les tarifs du transportaérien en ligne de mire

Si les hôteliers et les presta-taires de services sont fins prêtspour la reprise, reste à Tunisairde contrôler la flambée des prixde l’aérien, Rabeh Jerad, prési-dent-directeur général de Tunisair,justifiant les augmentations par

« 30 % de charges en plus duesau prix du combustible ». UnTunis-Paris au prix d’un Paris-New York, cela reste prohibitif. Elyes Fakhfakh, ministre du

Tourisme, rassure : « Il n'y aura pasde virage concernant le tourismetunisien. Il n'est pas question derevenir sur la typologie habituellede nos touristes, ni sur leur façonde concevoir leurs vacances. »Cependant, tous les opérateursdu secteur sont conscients que lemoindre incident peut réduire ànéant les efforts consentis par unsecteur essentiel au pays. Olivierde Nicolas, président de Fram,résume la situation : « Le meilleurambassadeur de la Tunisie, c’estle client qui rentre. Mieux vautavoir 10 000 clients qui rentrent etqui disent que "c’était vachementbien", qu’en avoir 500, même s’ilsont payé très cher. » Cr

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oto : Fotolia

« Le moindre incident peut réduire à néant lesefforts consentis par un secteur essentiel au pays »

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Paroles de touristesNous avons soumis la question suivante à des touristesactuellement à Djerba : « Avez-vous eu des craintes avantde choisir la Tunisie comme destination de vos vacances ? »Florilège.

« Je découvre, ça me plait. C’est unesemaine de cocooning thalasso. Le prixm’a décidée, mais pas seulement. Je suisvenue avec une amie amoureuse de l’îledepuis vingt ans, je lui ai fait confiance. »(Françoise, 42 ans, La Chapelle-sur-Erdre)

« Le kite-surf ! Djerba est l’endroit idéal :peu de profondeur d’eau, pas de rochersdangereux, le soleil, un paysageparadisiaque, des moniteurs compétents,des tarifs intéressants. C’est monquatrième stage ici, et ma femme s’y estmise hier ! Je ne me suis même pas poséla question, Djerba était une évidencepour ces vacances. » (Alain, 48 ans, Lyon)

« Pas vraiment le prix, car selon laqualité de l’hôtel choisi, ce n’est pas sipeu cher que ça. J’ai d’ailleurs étésurprise, je pensais que la baisse du

tourisme avait fait chuter les tarifs, et cen’est pas le cas. C’est la troisième fois queje viens et c’est toujours un plaisir. »(Mathilde, 37 ans, Bruxelles)

« On a hésité, on craignait les islamisteset l’insécurité. On ne prend pas unesemaine de vacances pour être confrontésà ça. Mais on avait tort, à l’évidence, toutse passe extrêmement bien. Ce n’est passympa pour les Tunisiens de dire ça, maisgrâce à la peur de certains touristes quiont préféré aller ailleurs, l’endroit estvivant, mais moins surchargé ! » (Michel,52 ans, Saint-Quentin-en-Yvelines)

« Un choix sans hésitation et sans regret.S’il y avait eu un souci, le ministère desAffaires étrangères aurait communiquédessus, non ? Par contre, je trouve leshôteliers assez opportunistes. Ils nousdéconseillent de nous promener sans

guide en raison des "événements" pourmieux caser leurs excursions. C’estmoche. » (Chloé, 32 ans, Arles)

« La Tunisie est une démocratie, avec sesaléas, et je préfère passer mes vacancesdans une démocratie que dans un pays dedictature. Alors, pourquoi pas Djerba ? »(Mateo, 39 ans, Gênes)

« On a fait confiance à notre tour-opérateur. Il n’aurait pas proposé unedestination dangereuse. » (Emilien, 64 ans, Lille)

« On est un peu déçus. On pensait voirun pays en mouvement, c’est ce qui nousa décidés, mais c’est un endroittouristique comme un autre. Même sic’est beau et si on y est bien ! Mais Djerban’est peut-être pas représentative dupays. » (Adrian, 26 ans, Rotterdam)

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oto : Fotolia

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DOSSIER

00216. A la tête d’un réseau dehuit agences, vous essayez d’as-sainir un métier historiquementaux mains des « samsars ». Quelsretours d’expérience faites-vousau bout de deux ans d’activité ?Walid Zaheg. Je dois vous

avouer que les us et coutumesont la peau dure. Pour beaucoupde concitoyens, le réflexe pouracheter, vendre ou louer, passeencore par le mandat donné auxsamsars (intermédiaires infor-mels). Nous assistons néanmoinsà une prise de conscience pro-gressive de la part d’une nouvellegénération de propriétaires.Vendre et gérer un bien est uneaffaire de professionnels avec desréférences et des garanties ! En cequi nous concerne, nous avonscréé notre propre institut de for-mation, c’est dire que nousmisons fermement sur la compé-tence de nos équipes.

Quelles sont les grandes ten-dances du marché tunisien del’immobilier depuis l’année der-nière ?Le marché se porte très bien, et

je dirais qu’il ne s’est jamais aussibien porté ! Ses fondamentauxsont positifs, à commencer par lademande, qui est forte et conti-nue depuis la révolution. Cette

dynamique contribue notammentau maintien des prix à un niveauélevé. Il n’y a aucune raison quecette tendance s’inverse dans lesprochains mois !

Avec les banques qui resserrentles crédits, la logique de marchéaurait dû faire baisser lademande et les prix. Or, nousassistons au contraire à unehausse de la demande et à l’en-volement des prix. Commentanalysez-vous cette situation ? Concernant la demande, elle

tient à deux raisons principales.La chute de la Bourse et la faiblerémunération de l’épargne ban-caire ont drainé un flux importantde nouveaux acquéreurs. Nousconstatons que ces nouveauxprofils de clients ont des capaci-tés d’autofinancement supé-rieures à ce que nous avions pourhabitude de voir.Par ailleurs, le départ de la

mafia proche de l’ex-président acontribué à assainir le marché etconsidérablement dopé les trans-actions. Avant, certains proprié-taires n’osaient même pas mettreen vente leur maison de peurd’être spoliés par le clan. Quant au niveau élevé des prix,

il s’explique par la conjonctiondes facteurs suivants :

• Une demande qui dépasse lar-gement l’offre dans certains quar-tiers. • La rareté des terrains construc-

tibles (notamment sur le GrandTunis).• La hausse des cours des maté-

riaux et des coûts de construction.Sur ces deux derniers points,

l’influence négative des spécula-teurs commence à se faire large-ment ressentir. On voit de plusen plus de promoteurs êtrecontraints d’acheter un terrain en« 2e ou 3e main », avec toutes lesconséquences que je vous laisseimaginer sur les prix.

Cette demande élevée seconfirme-t-elle au niveau desTunisiens de l’étranger et desétrangers ?Non, bien au contraire !Concernant les Tunisiens de

l’étranger, les transactions sontquasiment nulles depuis la révo-lution. Nous croyons à une repriseen 2013. C’est dans cet esprit quenous serons présents cette annéeau Sitap pour les accompagnerdans leurs demandes, aussi biendans l’achat que pour la gestionde leurs biens.En revanche, nous avons une

demande soutenue de la part desétrangers installés en Tunisie. Les

quartiers modernes, bien urba-nisés et bien sécurisés, ont leurfaveur. Leur quartier favori : lesBerges du Lac, à Tunis !

Quels conseils donnez-vous àdes clients potentiels ? Faut-ilpar exemple acheter ou vendre ?Il faut surtout prendre son

temps et s’entourer d’avis deprofessionnels, seuls à même defournir un éclairage objectif dumarché. Acheter est un investis-sement et demande donc unecertaine pondération. Je sais queles Tunisiens de l’étranger sontfacilement influencés par leurfamille, ce qui n’est par forcé-ment la meilleure source pouranalyser objectivement uneopportunité.L’immobilier reste un excellent

placement en Tunisie, avec des tauxde rendement locatifs attractifs quipeuvent dépasser 10 % dans cer-tains quartiers (exemple : Bergesdu Lac, à Tunis, La Marsa…). Parmi

« Le marché ne s’estjamais aussi bien porté »

Fondateur de Tecnocasa Tunisie, 1er réseau d’agences immobilières en Tunisie

INTERVIEW

WALID ZAHEG

Le marché immobilier en Tunisie cultive tous les paradoxes. Malgréles perturbations post-révolution et l'encadrement du créditbancaire... le secteur affiche une croissance insolente. Éclairagesavec Walid Zaheg, fondateur du réseau Tecnocasa Tunisie.

« L’immobilier reste un excellent placement en Tunisie, avec destaux de rendement locatifs attractifs »

Propos recueillis par Samir Bouzidi

IMMOBILIER

Page 15: N°18 du magazine 00216 (mai - juin 2012)

les nouvelles tendances, onassiste à une forte poussée de lademande en commerces (voirencadré ci-contre). L’achat d’unerésidence secondaire dansle neuf ou l’ancien s’étu-die avec le même sérieux.Vendre ? Oui, vous pou-

vez espérer réaliser unebelle plus-value si vouspossédez un bien localisédans une zone où lademande est très forte et l’offrepeu abondante. Par exempledans les quartiers de Mutuelle-ville et Menzah à Tunis, ou à LaMarsa et Sidi Bou Saïd en ban-lieue de Tunis.

Le gouvernement a-t-il promul-gué de nouvelles lois ou dispo-sitions dans le secteur ? Quepensez-vous de l’objectif deconstruire 30 000 nouveaux loge-ments par an ?A ce jour, aucun nouveau dis-

positif réglementaire n’est à sou-ligner ! Je dois dire qu’en tant que

professionnel, je regrette de nepas avoir eu de contacts directsavec notre ministre de tutelle.Notre secteur a pourtant le

besoin impérieux d’une vision àmoyen terme. En ce qui nousconcerne, nous avons choisi dene dépendre que de nous-mêmes, d’où notre dernier inves-tissement dans notre institut deformation « maison ».L’objectif de construire et livrer

30 000 nouveaux logements estsimplement irréalisable pour plu-sieurs raisons. Primo, la pénurieen terrains constructibles.Secundo, les procédures admi-

nistratives et les capacitésactuelles de construction ne lepermettent pas !

BON PLAN

Acheter un commerce dans le quartier desBerges du Lac à TunisUne très bonne alternative pour des investisseurs puisque le rendement locatif généré est d'environ 10 % par an, sanstenir compte de la plus-value immobilière !

Eléments clés :• La valeur d'achat des murs de commerces au Lac varieentre 3 000 et 4 000 dinars le m2.• Les fonds de commerce se négocient quant à eux entre 1 500 et 2 000 dinars le m2 en fonction de l'emplacement etdu loyer annuel.• Les loyers des commerces, sans "pas de porte", oscillententre 350 et 400 dinars le m2/an.

« L’objectif de 30 000nouveaux logements estsimplement irréalisable »

Page 16: N°18 du magazine 00216 (mai - juin 2012)

Prix au 1er Mai 2012 calculés par ArgusImmo.tn sur la base des annonces de ventes de biens immobiliers tunisiens publiées sur différents supports (internet, presse,...)

offert par

VILLE PRIX AU M2�en DT (Prix Moyens)

TUNIS Janvier 2012 Mai 2012 %Cité Ezzouhour 650 700 8%El Ouerdia 825 900 9%Sidi El Bechir 850 775 -9%El Kabbaria 875 850 -3%El Omrane Supérieur 900 940 4%Khaznadar 975 960 -2%Le Bardo 1050 1100 5%Tunis Centre 1050 1100 5%Le Kram 1200 1375 15%Cité El Khadra 1175 1150 -2%Cartage Byrsa 1175 1200 2%Cité Bhar Lazreg 1250 1250 0%Cité olympique 1250 1250 0%Salambo 1250 1300 4%El Manar 2 1275 1275 0%El Aouina 1275 1300 2%Ain Zaghouan 1300 1350 4%Tunis Belvédère 1300 1300 0%La Goulette 1350 1425 6%Mutuelleville 1550 1600 3%Zone urbaine Nord 1750 1750 0%La Marsa 1775 1850 4%Jardins de Carthage 1800 1750 -3%Gammarth 1975 1950 -1%Berges du Lac 2150 2200 2%ARIANA Janvier 2012 Mai 2012 %Ettadhamen 650 675 4%Borj Louzir 875 900 3%Mnihla 900 950 6%Raoued 975 900 -8%Ariana 1100 1125 2%La Soukra 1225 1250 2%Nouvelle Ariana 1225 1225 0%El Menzah 1400 1400 0%Cité Ennasr 1500 1475 -2%Jardins d’El Menzah 1425 1425 0%

Tendance nationale Janvier-Mai 2012 : 2%

VILLE PRIX AU M2�en DT (Prix Moyens)

BEN AROUS Janvier 2012 Mai 2012 %Bir El Bey 650 675 4%Ben Arous 775 775 0%Hammam Chatt 800 850 6%El Mourouj 825 850 3%Nouvelle Medina 850 875 3%Hammam Lif 850 850 0%Borj Cedria 925 950 3%Rades 925 925 0%Ezzahra 1125 1150 2%Bou Mhel El Bassatine 1125 1150 2%MANOUBA Janvier 2012 Mai 2012 %Jedaida 450 475 6%Douar Hicher 625 625 0%Oued Ellil 675 675 0%Mornaguia 825 825 0%Denden 850 900 6%Mannouba 900 950 6%CAP BON Janvier 2012 Mai 2012 %Grombalia 525 600 14%El Maamoura 675 700 4%Kelibia 800 850 6%Nabeul 1225 1450 18%El Mrezga 1450 1500 3%Hammamet 1750 1750 0%SOUSSE Janvier 2012 Mai 2012 %Sousse ville 1000 975 -3%Hammam Sousse 1400 1400 0%El Kantaoui 1825 1900 4%JENDOUBA 500 500 0%RAF-RAF PLAGE 650 675 4%SFAX 775 825 6%BIZERTE 875 900 3%MAHDIA 1000 1000 0%TABARKA 1075 1100 2%MONASTIR 1075 1150 7%DJERBA 1625 1575 -3%

DOSSIER

16 - 216 le mag - Mars - Avril 2012

L’ARGUS PAR VILLES

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Aymen AbdennourL’athlétique footballeur du clubde Toulouse Fc est l’objet detoutes les convoitises tant sasaison a été pleine. Il vientd’être distingué cinquièmemeilleur joueur africain de Ligue 1 pour la saison 2011-2012par un collège de journalistes, à l’initiative de RFI et France 24,qui organisaient cette élection.

Najoua ArdinNajoua Ardin est la commissairedu Sitap (Salon de l’immobiliertunisien à Paris), qui entame sacinquième édition à partir du 25 mai. Véritable chevilleouvrière du projet depuis sagenèse, elle s’est imposée au fildes éditions comme larégisseuse incontournable.

Iman BassalahIman Bassalah est journaliste etécrivain. Elle vit entre la France,l’Italie et la Tunisie. Son dernierroman, Hôtel Miranda (éditionsCalmann-Lévy), vibred’humanité. « Il se dégage destextes d'Iman Bassalah uneénergie qui est comme un piedde nez au passé », s’est écriée,émue, une libraire parisienne.C’est que l’ouvrage parle deliberté et d’humanité. L’histoire commence à la veille

du 14 juillet 2011, un été avant larévolution tunisienne. Secroisent les itinéraires de deuxfemmes qui se libèrent, l’une del’oppression subie en Tunisiesous le régime de Ben Ali,l’autre de celle de son coupleparisien. Selma a vingt ans,Louise en a quarante. Mais ellesont tout à s’apporter dans cevoyage initiatique qu’ellesentreprennent finalement plusvers elles-mêmes que vers uneautre rive (même si ellesaccompliront un vrai voyage).Sur leur chemin, elles croiserontbien des personnages hauts encouleurs comme Enza, la grand-mère italienne, Osmani, le vieuxchauffeur de taxi, Maman Fanta,la matrone malienne, Warda,réfugiée libanaise spécialistedu bon pain qui a perdu sonfils. Et bien d’autres encore, aumilieu desquels Selma etLouise vont pouvoir sereconstruire.

Leila Chaieb etTaoufik MjayedC’est principalement à ces deuxjournalistes, respectivement àFrance 24 et Al Jazeera, qu’ondoit l’opération Tunithon (ouTunisie Thon). Prévue en juinprochain, cette grande opérationmédiatico-humanitaire vise àpromouvoir le pays ens’appuyant sur la communautétunisienne à l’étranger. Le cœurdu dispositif inclut un appel auxfonds destinés à promouvoir lacréation d'emplois etd'entreprises.

Hatem Ben ArfaSon retour en équipe de Francede football en vue du prochainEuro a déchaîné les passions enFrance et à l’étranger. Joueur àpart, il s’était signalé avec sonclub au cours de la saison pardes exploits venus d’ailleurs. Ilvient de lancer son site officiel(www.hatem-benarfa.com).

Zied BakirCe jeune écrivain de talentinstallé en France depuis six ansest connu de tous du côté deSaint-Germain-des-Prés (Paris)où il vend à la sauvette sespoèmes. En avril dernier, il créele buzz TV et Internet enn’hésitant pas vendre sonpremier roman, On n'est jamaismieux que chez les autres, dansune laverie de Saint-Germain-des-Prés. Une façon pour lui desortir du lot et d'attirerl'attention sur son œuvre.

MarouaneBoulouadhinePrésident de l’associationMosaïc et démissionnaire del’UMP en mars dernier,Marouane Boulouadhine estcandidat aux prochainesélections législatives (10 et 17 juin) sous l’étiquette Modem(le parti de François Bayrou) dansla 3e circonscription de Nice.

Jalel BrickLe célèbre agitateur, qui vit àParis, a été victime d’uneagression fin avril alors qu’il setrouvait attablé à un bar sur lesChamps-Elysées. Selon lapolice, il s’agirait davantaged’une altercation, dont lesmotifs sont encore à établir.

Zied Tarrouche Zied Tarrouche, 43 ans, chef dubureau d’El Jazeera à Paris depuis2010, a remis sa démission débutavril « pour des raisonsstrictement personnelles ». Ilrestera en poste jusqu’à fin mai.C’est une loi des sériesinquiétante pour la chaîneqatarie qui a vu la démission decinq correspondants en moinsd’un an. Il semblerait que lespositions de la chaîne pendantle Printemps arabe et la guerreen Syrie soient à l’origine de cesprises de distance.

Nawel Ben KraiemCette auteur-compositeur etinterprète de talent a donné unconcert très remarqué lors de la9e édition du Festival au Fémininqui s’est déroulé du 1er au 8 mars au cœur du quartier de laGoutte-d'Or (Paris 18e).

Mabrouk El Mechi C’est à ce jeune réalisateur quel’on doit Sans issue, un thrillerde production américaine,actuellement à l’affiche. Lecasting est prestigieux avec,notamment, Henry Cavill, BruceWillis, Sigourney Weaver etRoschdy Zem.

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LES TUNISIENS DE L'ACTUALITÉ

À la « Une » Propos recueillis par Samir Bouzidi

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Patrick ElouarghiLe co-fondateur de Dar-Hi, àNefta, est un hôtelier et créateurcomblé. Après avoir remporté fin2011 les Trophées du tourismeresponsable, il vient de se voirdécerner le prix national EnergyGlobe Award pour son projetd’hôtel écologique. Son prix luisera remis le 23 mai à l’occasiond’une cérémonie dans les salonsde l’ambassade d’Autriche àParis.

Yael Naïm La chanteuse s’estpubliquement engagée auxcôtés de François Hollandependant la récente campagneprésidentielle. Elle s’estnotamment produite sur scène àl’occasion du meeting géant ducandidat à Paris-Bercy.

Mongi GuibaneLe créateur de haute coutureMongi Guibane est une figure dela vie intellectuelle et artistiquelyonnaise. Après avoir étéchercheur en sociologie auprèsde Pierre Bourdieu, il a dirigé unbar lyonnais branché avant des’orienter vers le travail du tissuet en particulier de la soie. C’està lui que l’on doit les 16 robesdu spectacle géant de l’artistejaponaise Chiharu Shiotaactuellement à l’affiche à Lyon.

Razzy HammadiNé à Toulon d’une mèretunisienne et d’un père algérien,Razzy Hammadi est candidat PSaux élections législatives à

Montreuil-Bagnolet (93). Aprèsle décès de son père, il décidede prendre la direction de laterre natale de sa mère : laTunisie. C'est lors de ce séjourqu'il prend conscience de sonengagement politique. Pendantcette année passée dans la citéétudiante de Sfax, il s'engageaux côté des militants de l’Uniongénérale des étudiants tunisiens(Uget) et participe à lamobilisation pour l'améliorationdes conditions d’études etcontre l’arbitraire qui régit leurcursus. C'est à cette périodequ'il rencontre Mustapha BenJaafar, président d'Ettakatol(équivalent du PS), avec qui iln’a jamais cessé de collaborerjusqu’à aujourd’hui.En 1998, de retour en France, iladhère au Parti socialiste.Quelques années plus tard, ilprend la tête du Mouvement desJeunes socialiste avant derejoindre le bureau national duPS où il s'occupe du dossier desservices publics. Après sanomination par lessympathisants socialistescomme candidat à l'électionprésidentielle, FrançoisHollande l’accueille dans sonéquipe de campagne afin de luiconfier le dossier Politique de laville. Aujourd'hui, son premierobjectif est de rejoindrel'Assemblée nationale endevenant l’élu de Montreuil etBagnolet.

MohammedHammami Cet imam âgé de 77 ans, quiofficiait régulièrement à lamosquée Jean-Pierre Timbaud,dans le quartier de Belleville àParis, vient de voir son arrêtd’expulsion cassé par lacommission d'expulsion saisiede l'affaire.

Wahbi KhazriAgé de 21 ans, ce footballeur auSporting de Bastia, avec lequel iltermine champion de Ligue 2,est la grande révélation de lasaison. Surnommé la « pépitecorse », il est approché par degrands clubs espagnols etanglais.

Slaheddine OuertaniCe sans-papiers fait l’actualitémalgré lui. Victime en 2008, àFresnes (Val-de-Marne), d’uneviolente agression de la part deson codétenu qui l'a laisséhandicapé à 80 %, il estactuellement sous la menaced'une reconduite à la frontière.

Samia MaktoufElle est l’avocate franco-tunisienne du sulfureux ZiadTakieddine, marchand d’armeset intermédiaire libanais vivanten France. Cette affaire politico-financière et ses ramificationspourraient déboucher sur leplus grand scandale de laprésidence Sarkozy.

Moez MastouriOriginaire de Kasserine où ilavait tenu à organiser uncombat le 9 avril dernier, il estl’actuel champion d’Afrique deboxe. Il s’entraîne désormais enFrance où il est à ce jourinvaincu en 13 combats.

Myriam MarzoukiLa fille du Président Marzoukiétait la vedette du festival « Places de la démocratie !Culture(s) en Méditerranée »,

qui s’est déroulé du 15 au 31 mars à Cavaillon. L’artistes’est livrée à une lecture-performance d’une séquencehistorique de la Tunisie de BenAli jusqu’aux premiers jours dela Révolution. Une interprétationqui préfigure une œuvrecomplète prévue en 2013, Investin Democracy.

Melik KochbatiCe passionné de cinéma, déjàorganisateur du Festival ducinéma tunisien à Paris, vientd’être élu par ses pairs au seindu tout nouveau syndicat desproducteurs tunisiens decinéma. Comme premier galopd’essai, Melik Kochbati a lalourde tâche d’organiser lepavillon tunisien dans le cadredu Festival de Cannes qui adémarré le 16 mai.

Nadia OunaïsCette scientifique très en vuedans son domaine a exercépendant une quinzained’années comme conservatricede l'aquarium du Muséeocéanographique de Monaco.Aujourd’hui, elle occupe leposte de directeur opérationnelde l'Institut océanographique deParis où elle dirige une équipede quelque vingt-cinqpersonnes.

Jamel Saihi, WissemHmam et Issam TejLe premier est footballeurprofessionnel tandis que lesdeux autres sont handballeursprofessionnels. Ils ont encommun d’être les actuelschampions de France dans leurdiscipline avec leurs clubsrespectifs issus de la même ville :Montpellier.

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Propos recueillis par Samir Bouzidi

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LES TUNISIENS DE L'ACTUALITÉ

Kamel SalihKamel Salih, jeune producteur-tourneur, est à l’origine de lapremière édition du Festival desmusiques « Pop in Djerba », quiaura lieu du 27 août au 1er septembre 2012, à Djerba. Des artistes internationaux seproduiront à cette occasion surLa Grande Scène et La ScènePlage. Un étonnant croisementde musiques pop, rock et électro.

Z, le blogueur et caricaturiste masquéNé en 1979, cet architecte demétier tient à garder sonanonymat. Un des symboles dela révolution tunisienne, il s’estfait connaître en Tunisie par lebiais de son blogdebatunisie.com. Il a été retenuparmi la sélection mondiale desDessinateurs pour la paix.Conçue par le dessinateurfrançais Plantu, « Cartooning forPeace » est une initiative née le16 octobre 2006 au siège del’ONU, à New York. Cetteconférence de deux jours réunit12 des dessinateurs de presseles plus renommés au mondepour « désapprendrel’intolérance ».

Kheireddine SoltaniSa web-série Je suis candidatpour 2012 a été téléchargée descentaines de milliers de fois. Ony voit Zaz, Sofia Essaïdi, Anggunou encore Mickaël Miro et mêmeJack Lang en prof de verlan. Lejeune producteur n’en est pas àson coup d’essai. Il y a un an, ilavait signé l’album de Zaz,récompensé en septembre 2011du prix de la meilleure chansonoriginale de l’année pour sontitre « Je veux ». Ce même titres’est vendu à plus de

1 500 000 exemplaires. Il arécemment écrit des chansonspour Caroline Costa, Tal ouencore Sofia Essaïdi. En avrildernier, il a décidé de lancer sonalbum solo.

Hedi et Ali Thabet Les deux frères danseurs-chorégraphes sont en tournéeen France depuis mars avecRayahzone, un spectaclegestuel qui s’inspire de la danseet de la musique soufie,cadencées sur scène par cinqmusiciens tunisiens. Le succèspopulaire de cette premièrecréation en appellecertainement d’autres !

Atef SedkaouiOriginaire de Bizerte et vivant àToulon, Atef Sedkaoui, 40 ans, atenu en émoi pendant delongues semaines, tous lessamedis soirs, des millions detéléspectateurs de l’émissionculte de TF1 : « The Voice, la plusbelle voix ». Il vientmalheureusement d’être éliminéen demi-finale.

René TrabelsiLe fils du représentant de lacommunauté juive de Djerba estle principal artisan depuis laFrance du pèlerinage judéo-tunisien de la Ghriba qui vientde se dérouler à Djerba. Pourcette édition, René Trabelsi, quidirige l’agence de voyage RoyalFirst Travel, a organisé le voyageet le séjour d’environ 1 000 pèlerins partis de France.

Joueur de Newcastle(Angleterre) et internationalfrançais de football.Sélectionné pour le prochainchampionnat d’Europe desNations en Pologne/Ukraine.Site officiel : www.hatem-benarfa.com

Interviewé par Samir Bouzidi

INTERVIEW

« ICI OU LÀ-BAS » !

HATEMBEN ARFA

Hatem, tu vas en Tunisie… ?❏ Dès qu’il pleut

à Newcastle❏ Uniquement pour le jour

de l’An ❏ Une fois par mois car

c’est mon oxygène ❏ Deux fois par an, mais

j’aimerais plus❏ Tous les cinq ans

Tu es plutôt la Goulette ouHammamet ?La Goulette, le quartierpopulaire et typiquetunisien.

Nom des présidents enFrance et en Tunisie ?Question imprécise ! Tuparles des présidents desfédérations de football oudes présidents de laRépublique ? (rire)

Présidents de laRépublique ?Ils sont tous deux récents au poste… Hollande etMarzouki !

Tu te sens plutôt tunisien enFrance ou français enTunisie ? Je me sens partout françaisde double culture.

Connais-tu un bonrestaurant tunisien à Paris ?Un bon restaurant français« là-bas » ?A part l’adresse de ma mère,shey (rien) ! (rire)

Avec ton steak : moutarde,harissa ou ketchup ? Double dose d’harissa.

Ton plat tunisien préféré ? Barcha (beaucoup) :

macaroni bel salsa,couscous au poisson,gnaouïa, gilbana…spécialement préparés parma mère, sinon je refuse.(rire)

Pour le mariage, tu esplutôt… ?❏ Je fais confiance à ma

mère pour me choisir unefille bien de là-bas

❏ Je laisse faire le maktoub❏ Je la trouverai sur

Facebook❏ Je suis déjà marié avec

mon club

Ton plus beau souvenir « là-bas » ? Les parties de foot dans larue avec mes cousins. Lescouchers de soleil du côtéde Sidi Bou.

Ton occupation favorite et ton endroit préféré « là-bas » ? Le café Sidi Chabaane surles hauteurs de Sidi BouSaïd. Y déguster undélicieux thé au pignon avecune bonne chicha, tout enadmirant au loin le coucherde soleil. Egalement,écouter et danser sur desairs de mezzoued.

Au retour, tes cadeauxsouvenirs, c’est plutôt ?❏ Une salade méchouia

façon « grand mère » ❏ La dernière cuvée de vin

Magon ❏ Une belle lanterne de Sidi

Bou Saïd en cuir étamé ❏ Le dromadaire en

peluche ❏ La cartouche de Marlboro

achetée au duty-free

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LES TUNISIENS DE L'ACTUALITÉ

MICHELLE FITOUSSIOriginaire de Tunis, MichelleFitoussi est journalisteéditorialiste au magazine Elle,auteur de plusieurs romans etscénariste d'un film.

JEAN-PIERRE ALLALIOriginaire de Tunis, Jean-PierreAllali est universitaire, écrivainet journaliste. Auteur d'unevingtaine d'ouvrages portantnotamment sur le judaïsme et leracisme, il a été le rédacteur enchef de Tribune juive.

AMEL ARFAOUIExerce depuis plus de quinzeans, journaliste reporter à TF1rattachée au service Société dela rédaction.

AKRAM BELKAÏDCe spécialiste de l’Algérie esttunisien par sa mère. Ecrivainreconnu et journaliste politiqueet économique pour La Tribuneet Slate.fr.

MARWANE BEN YAHMEDJournaliste et directeur exécutifde la rédaction de Jeune Afriquedepuis que son père Béchir BenYahmed (fondateur du groupe) apris sa retraite en 2007.

JIHANE BENZINAAprès avoir fait ses classes surla chaîne TV France 5, JihaneBenzima travaille désormais à larédaction de France 2.

ALAIN CHOUFFANJournaliste spécialiste desquestions de société au NouvelObservateur.

TAOUFIK MEJAIEDOriginaire de Gabès, TaoufikMejaied est journalisteprésentateur du journalquotidien en arabe sur la chaîneFrance 24.

MICHEL COHEN-SOLALJournaliste culturel (et people)sur RTL.

ABDELMAJID DABOUSSIJournaliste et fondateur de laradio associativecommunautaire Radio Soleil.

SOPHIE DELASSEINJournaliste au NouvelObservateur chargée de larubrique culture.

ALAIN-GÉRARD SLAMAEcrivain et historien, il estéditorialiste et membre ducomité éditorial du Figaro,chroniqueur au Figaro Magazineet à France Culture.

FRANKLIN DIDICollabore avec Télé 7 Joursdepuis une vingtaine d’années.

NACEUREDDINE ELAFRITEOriginaire de Tunis, cet ancienprésident du groupe marocainCaractères Médias est l’actueldirecteur de publication dumagazine mensuel Le Courrierde l’Atlas, lancé en 2007 enFrance.

ERIC HALPHENL’ex-juge d’instruction (tune parsa mère), qui s’est rendu célèbreavec l’affaire des HLM de Paris(1994), collabore désormaiscomme chroniqueur aumagazine Elle.

HASSANE TLILI Journaliste en charge desquestions politiques à la stationde radio RMC Doualiya.

NEILA LATROUSJournaliste à LCI et TF1. Elle s’estnotamment signalée en cedébut d’année par son livreUMP : un univers impitoyable,co-écrit avec Jean-BaptisteMarteau.

NADIA HATHROUBI SAFSAF Cette « ex » du Bondy Blogexerce aujourd’hui commepigiste pour le magazine LeCourrier de l’Atlas,parallèlement à ses fonctions derédactrice en chef adjointe pourle site Presse & Cité.

Les journalistes d’originetunisienne en FranceSans avoir la prétention d' être exhaustifs, nous avons cherché àlister les journalistes exerçant dans les médias nationaux.

ENQUÊTE

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MOURAD ZEGHIDIJournaliste sportif à Canal +,spécialiste du foot italien.Certainement le professionneltunisien exerçant en France leplus connu en Tunisie. MouradZeghidi a fait ses armes chezCanal Horizon en Tunisie etanimait encore il y a peu, sur lachaîne publique tunisienne, uneémission phare consacrée aufootball.

CORINNE SCEMAMA

Ecrivain et journaliste au serviceéconomie de L'Express,spécialisée dans les secteurs del'immobilier et de l'habitatdurable. Prix du Mot d'Or de lapresse écrite en 2009.

ZIAD LIMAMJournaliste et directeur dumensuel Afrique Magazine.

SONIA MABROUKAprès avoir fait ses armes chezJeune Afrique, elle rejoint en2008 la chaine Public Sénat, oùelle présente le Journal du soir.Elle fut pressentie pourprésenter l'édition nationale du

journal de 19 heures de France 3, poste qui luiéchappera finalement.

TAREK MAMIJournaliste et fondateur de laradio France Maghreb, une radiogénéraliste d'expressionmajoritairement francophonequi s'adresse à la communautéfranco-maghrébine.

ZIED TARROUCHE Depuis 2010, représentant àParis de la chaîne Al-Jazeera. Ilen est démissionnaire depuisdébut avril pour des « raisonspersonnelles ». Il restera enposte jusqu’à fin mai.

SERGE MOATICelui qu’on ne présente plus,l’ex-conseiller de FrédéricMitterrand et journalistepolitique hors pair, préfèredésormais se concentrer sur laproduction (émissions, fictions,documentaires…).

GÉRARD SEBAGAutre grande figure historiquede la presse en France.Journaliste-reporter spécialisteen politique internationale. Il aété directeur adjoint de CanalFrance international (groupeFrance Télévision). GérardSebag exerce aujourd’hui dansle conseil à son propre compteauprès de médias étrangers (TVprincipalement) dans la zonefrancophone.

GUY SITRUK Journaliste-reporter à France-Football.

AMIRA SOUILEMJeune journaliste qui fait partiede l’équipe de rédaction du JTde 20 heures sur TF1.

SAMAH SOULANée à Bizerte et arrivée trèsjeune en France, elle exerceaujourd’hui comme grandreporter pour la chaîne detélévision publique France 2.Elle y couvre les grands conflitsinternationaux. On a pu la voirdernièrement à Beyrouth, Haïti,en Afghanistan et… en Tunisie.Arrivée sur sa terre natale parmiles premiers envoyés spéciauxpour couvrir la révolution,Samah Soula arrive ainsi àtraiter l'événement avec undouble regard, celui dejournaliste et celui deTunisienne.

FAOUZIA ZOUARIEcrivain et chroniqueuse pour lemagazine Jeune Afrique.

AIDA TOUIHRICertainement la plus cathodiquedes journalistes tunisiensexerçant en France, Aida Touihriprésente quotidiennement lejournal de 12h45 sur M6 en plusde ses fonctions de rédacteur enchef et d’animatrice del’émission hebdomadaired’investigation « 66 minutes »,diffusée tous les dimanches surla même chaîne.

FAOUZIA ZOUARIEcrivain et chroniqueuse pour lemagazine Jeune Afrique.

PIERRE HASKIOriginaire de Tunis, cet « ex » del’AFP et du journal Libération estle cofondateur et collaborateurdu site Rue 89.

SARRA GRIRAJournaliste-rédacteurinternational à France 24.

SAFWENE GRIRADe formation juriste, Safweneest journaliste depuis 2010 àFrance 24. Vit entre la Tunisie etla France.

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RETOUR AUX SOURCES

Au VIIIe millénaire av. J.-C., untype d'homme anthropolo-giquement proche des habi-

tants actuels du Maghreb fit sonapparition. Probablement d'ori-gine orientale, cet « Homosapiens » serait l'une des com-posantes de la souche berbère. Ilse serait étendu d'abord aux par-ties orientale et centrale duMaghreb, puis en direction duSahara. Ibn Khaldoun, dans sonHistoire des Berbères, écrivait àpropos du Maghreb : « Depuis lestemps les plus anciens, cette raced’hommes habite le Maghrebdont elle a peuplé les plaines, lesmontagnes, les plateaux, lesrégions maritimes, les campagneset les villes. » Et tous les histo-riens de l’Afrique du Nord s’ac-cordent pour attester que laTunisie est peuplée de Berbèresdepuis les temps les plus anciens.Pourtant, ces Berbères ont dis-

paru de l’Histoire officielle de laTunisie, à croire qu’ils se seraientévaporés sans laisser de traces. Aentendre les historiens officielsdu pays, la Tunisie n’aurait d’au-tre identité que son arabité, dansune confusion entre le fait reli-gieux, les origines, la langue, laculture. Les rapports de l’Etattunisien ne donnent ainsi aucune

précision quant à la compositionethnique de la Tunisie, ni sur leslangues en usage réel dans lasociété. Le rapport (CERD/C/431/Add.4)

réduit les Tunisiens à la seule eth-nie arabe et fait abstraction detout ce qui peut être différent,dans une volonté d’ignorer la pré-sence du peuple le plus anciensur le territoire. Un peuple dont lacivilisation, la culture et la langueont traversé des millénaires, etqui se désigne encore du nomd’Amazigh (Tamazight au fémi-nin, Imazighen au pluriel), quisignifie « hommes libres ».

L’islamisation et l’arabisation

Avant leur islamisation par lesArabes à partir du 7e siècle, ilsétaient de religions juive ou chré-tienne, ou païens adorateurs dusoleil et de la lune, vénérant leursidoles. L'islamisation et la toutepremière arabisation furentd'abord citadines. La religion desconquérants commença dans lesvilles anciennes que visitaient desmissionnaires guerriers puis desdocteurs rompus aux discussionsthéologiques. La création de villesnouvelles, véritables centres reli-

La Tunisie, terre berbère (aussi)

Les Amazighen,musulmans etTunisiens, revendiquentaujourd’hui leur cultureberbère. Des associations contrela discrimination et pour le droit à la cultureamazigh se sont ainsicréées depuis larévolution.

Par Mireille Pena

gieux, comme Kairouan, premièrefondation musulmane (670),contribua à implanter solidementl'Islam. La conversion desBerbères des campagnes se fitplus lentement.L'arabisation suivit d'autres

voies, bien qu'elle fût préparéepar l'obligation de prononcer enarabe les quelques phrasesessentielles d'adhésion à l'Islam.Le Coran ne devant subir aucunealtération, il ne put donc être tra-duit. En conséquence, la langueet l'écriture arabes furent sacra-lisées. Cela contribua grande-ment à l'arabisation linguistique.Un certain nombre de villes ontconservé une langue assez clas-sique, souvenir de cette premièrearabisation renforcée par l'affluxdes Andalous chassés d'Espagneau XVe siècle, qui étaient le plussouvent des Berbères totalementarabisés.

Le temps du déni

Le second point du préambulede la Constitution tunisienne pré-cise que l’Etat appartient à « lafamille arabe ». L’article premierde la même Constitution ajouteque l’arabe est la langue de l’Etattunisien. Force est de constater

qu’aucune place n’est accordée àla langue et la culture berbèresdans les textes fondamentaux del’Etat alors que le berbère est unelangue pratiquée par des dizainesde milliers de Tunisiens, concen-trés notamment sur l’île de Djerba(Guellala, Ajim…) et dans les

régions centrales du sud du pays,autour de Tataouine (Chenini,Douirat), à Matmata (Zraoua etTaouedjout), à l’est de Gafsa(Tamagourt et Senned). Quoi qu’ilen soit, la langue berbère ne dis-pose d’aucun statut officiel.Même si, en Tunisie comme par-tout en Afrique du Nord, elle a purésister aux langues de presquetous les conquérants (Phéniciens,Byzantins, Romains...), il n’existeplus que quelques dizaines demilliers de berbérophones enTunisie. En effet, « sur les treizecommunautés recensées parBasset (1952), neuf étaient entiè-rement berbérophones, une quin-

De religions juive ou chrétienne, ou païens adorateurs du soleil et de la lune

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Comment découvrir la médina de Tunis ? Le mieux est de seperdre avec délice dans le dédale de ses 270 hectares… aurisque de rater bien des merveilles cachées derrière les portescloutées. Car le propre d’une médina est la discrétion… Les pluschanceux auront eu l’opportunité de découvrir certains palaisou maisons privées lors des festivités des Nuits du ramadanou du festival Dream City. C’est pour tous les autres que le pho-tographe Salah Jabeur et l’historienne Jamila Binous ont crééun site Internet qui, à travers des vidéos à 360°, pénètre dansles ateliers des artisans des souks, dans les palais, les grandesdemeures, les mosquées, les medersas et les zaouïas. Pour nous offrir cette balade inédite, Salah Jabeur a arpenté

avec son appareil photo ruelles et passages couverts pendantdeux ans. Quant à Jamila Binous, la « dame de la médina »,comme on l’appelle à Tunis pour ses incontournables visitesqu’elle organise le samedi matin et les soirs de ramadan, ellenous fait partager par ses textes ses connaissances des grandset des petits secrets du lieu. Les deux compères avaient déjà collaboré pour des ouvrages

tels Maisons de la Médina ou Confidences de Tunisie. Avecwww.medinatunis.com, ils nous invitent à un paradoxe réussi :les visites virtuelles de Medinatunis.com, véritable voyagedans l’espace et dans le temps, nous ouvrent la véritablemédina de Tunis !

www.medinatunis.comPhotographie : Salah JabeurTextes : Jamila BinousEdité par la jeune maison d’édition FIL etsoutenu par l’Alesco (Organisation arabepour l’éducation, la culture et les sciences)

Poussez à 360° lesportes de la médina www.medinatunis.com vous invite à unvoyage virtuel dans le cœur historique deTunis. Aux manettes, deux passionnés dupatrimoine tunisien : Salah Jabeur et JamilaBinous.

Par Mireille Pena

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUESTamazgha : Organisation non gouvernementalede défense des droits des Imazighen Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Paris,GeuthnerCh.-A. Julien, Histoire de l’Afrique du Nord, Paris,PayotSalem Chaker, Berbères aujourd’hui, Paris,L’HarmattanAhmed Boukous, Le berbère en Tunisie, Etudes etDocuments Berbères, Aix-en-Provence, EdisudTh.-G. Penchon, La langue berbère en Tunisie et lascolarisation des enfants berbérophones, RevueTunisienne des Sciences SocialesGilbert Granguillaume, Arabisation et politiquelinguistique au Maghreb, Paris, Maisonneuve &LaroseRevue de l’Occident musulman et de laMéditerranée, n° 35, Aix-en-Provence

zaine d’années plus tard six seu-lement le sont encore (Penchon1968). L’aire des populations ber-bérophones de Tunisie se rétrécitainsi comme une peau de cha-grin » (Ahmed Boukous). SalemChaker, dans l’Encyclopédie ber-bère n° XVI (1995) précise : « Aupoint de vue linguistique commeen matière sociolinguistique, il

serait donc urgent de procéder àDjerba (et dans toute la Tunisie) àdes enquêtes de terrain appro-fondies avant que le berbère nesorte complètement de l’usage. »

Revendications affirmées

Un vent nouveau se lève sur laTunisie post-révolutionnaire :celui des revendications. Lesassociations berbères, dontl’Association tunisienne de cul-ture Amazighe, demandent lareconnaissance de leur langue etque l’Etat tunisien consacre unepartie des programmes de sesmédias (radio et télévision) à lalangue et la culture berbères.Elles réclament aussi l’intégra-tion de l’enseignement de lalangue berbère dans les pro-grammes de l’Education natio-nale et la promotion du patri-moine linguistique et culturelberbère en Tunisie. La Tunisie s’est prouvé qu’elle

était une nation : elle n’a plus àcraindre ses différences qui sontsa plus grande richesse.

Pour la reconnaissancede la langue amazigh et son intégration dansl’enseignement

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RETOUR AUX SOURCES

C’est avec un nœud d’amertume que nous avons apprisla fin de l’exploitation fin avril du car-ferry El Habib. Depuissa mise en service l’été 1978, des générations entières etdes millions d’immigrés en France, Italie, Belgique,Allemagne ont gagné à son bord la terre tunisienne. ElHabib a du cœur ! On se souvient ainsi qu’il avait transportéde Libye jusqu’à Sfax des réfugiés tunisiens en février2011 et des Egyptiens à Alexandrie en mars 2011.Après trente-quatre ans de bons et loyaux services, la

Compagnie tunisienne de navigation (CTN) a décidé de lemettre en vente en raison de son grand-âge. En effet,malgré un changement de moteurs en juin 2000 et desréparations en juin 2011 suite à une avarie qui avait bou-leversé le trafic à l’entrée de l’été, El Habib se fait tropvieux pour assurer des longues traversées et des voyagesde nuit. C’est désormais à l’arsenal de Menzel Bourguiba que le

ferry El Habib attend son nouveau propriétaire. La CTNespère pour lui une retraite active puisqu’elle a lancédébut mai un appel d’offres de reprise : « Si El Habib nepeut plus assurer en toute sécurité de grands voyages, ilest encore assez fringant pour des mini-croisières à lajournée, comme par exemple entre les îles grecques »,nous assure Hédi Elloumi, représentant de la CTN. C’esttout le mal qu’on lui souhaite !Ses salariés seront quant à eux transférés sur le Tanit,

nouveau ferry construit par la société coréenne Daewoo.Celui-ci quittera son chantier le 25 mai pour arriver à Tunisle 13 juin. Son voyage inaugural vers Marseille aura lieu le21 juin. Bonne nouvelle : sa plus grande capacité a généréde nouvelles embauches. M. P.

El Habib : 1 440 passagers, 430 véhicules, vitesse de 22 nœuds Tanit : 3 200 passagers, 1 060 véhicules, vitesse de 27,5 nœuds

00216. Présentez-nous Dar el Dhekra.Jacob Lellouche. La première Association culturelle pour la sau-vegarde et la réhabilitation du patrimoine judéo-tunisien existaitdepuis 2005, mais sous droit français. Il était alors très pénible,voir impossible, de créer une association tunisienne de ce type.Le sujet était chasse gardée du pouvoir, instrumentalisé même,nous étions là parce que les autorités « le voulaient bien »… Larévolution s’étant faite au titre de la dignité, nous avons doncmaintenant les mêmes droits que les autres. Dar el Dhekra estdepuis le 28 février 2011 une association tuniso-tunisienne, jecrois même que nous avons été les premiers à déposer les sta-tuts d’une association après la révolution !

Pourquoi avoir appelé ces journées « Histoire d’un plurielinterne » ?Parce que l’art et la culture des juifs de Tunisie font partie

intégrante du patrimoine national. Pour la première fois dans lepays, cette culture est mise à l’honneur à travers la littérature,la musique, la photographie, des objets artisanaux et cultuels.Leur histoire a été volée aux Tunisiens. Que connaît un jeune de25 ans, à part les Phéniciens ? Sait-il que son pays a été une placeforte du judaïsme mondial méditerranéen, qu’il a donné troispapes à la chrétienté ? L’histoire tunisienne est la résultante decette société plurielle. Dar el Dhekra est une association stric-tement culturelle, apolitique et areligieuse, elle travaille sur l’in-terpénétration. Cet événement est celui du carrefour, il est judéo-tunisien et non judéo-juif : 90 % des membres de l’associationsont d’ailleurs tunisiens non juifs car ils considèrent que cepatrimoine est aussi le leur.

Vos projets ?Nous avons de petits moyens. Nous souhaitons pérenniser

ces journées du patrimoine, les développer. Notre objectif leplus ambitieux est de créer un musée sur La Goulette, ville sym-bole de convivialité.

Disparition d’« El Habib » !

« Histoire d’un pluriel interne »3 QUESTIONS À

Jacob LellouchePrésident de l’association Dar el Dhekra

Pour fêter le mois du patrimoinetunisien, Dar el Dhekra, l'asso-ciation culturelle pour la sauve-garde et la promotion du patri-moine judéo-tunisien, a organiséles 11, 12 et 13 mai un événementau club Tahar Haddad, dans lamédina de Tunis. Objectif : faireconnaître aux Tunisiens une par-tie intégrante de leur patrimoine.

Propos recueillis par Mireille Pena

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Les traditionnelles festivités de la Ghriba, sur l’îlede Djerba, ont réuni les 9 et 10 mai derniers près de1 500 pèlerins venus partager deux jours derecueillement et de convivialité.

Ghriba 2012 :pari réussi

Par Mireille Pena

Le pari n’était pas gagné d’avance. « Après l’annulation du pèle-rinage 2011, année exceptionnelle de la révolution tunisienne,nous recommençons à zéro », nous confiait au début du mois

René Trabelsi, organisateur de séjours pour les pèlerins venus del’étranger. Et ce ne sont pas les slogans antisémites lancés dans le payslors de manifestations d’extrémistes islamistes qui pouvaient aider àla communication. Tensions qui avaient amené le Conseil israélien desécurité nationale à « déconseiller fortement » de se rendre en Tunisie,et tout particulièrement à Djerba.Sans compter la rumeur sans aucun fondement qui avait d’abord

annoncé la venue de Mark Zuckerberg en invité d’honneur. Rumeur trèsrapidement démentie par Perez Trabelsi, président du comité de laGhriba : « Mark Zuckerberg a juste dit qu’il aimerait connaître laTunisie en raison du rôle de Facebook durant sa révolution, et qu’ilaimerait tout spécialement venir à Djerba ! Sa visite cette année n’estabsolument pas programmée. On n’en sait pas plus. » Ce qui n’avaitpas empêché les mêmes rumeurs de proclamer que Mark Zuckerbergavait annulé son voyage pour des raisons de sécurité… Faisant fi desvents mauvais, le pèlerinage 2012 a pourtant été maintenu.

« On touche un juif en Tunisie, on touche la Tunisie »

« Oui, nous sommes inquiets des appels aux meurtres des salafistesdans le pays ou de la visite en Tunisie d’un Youssef Karadaoui. Mais,paradoxalement, nous nous sentons mieux en tant que juifs depuis larévolution. Avant, sous prétexte de protection, ma maison étaitconstamment cernée de policiers. Les visiteurs devaient leur montrerleurs papiers. Nous nous sentions surveillés, non protégés. Et surtout,c’était une façon de nous couper de nos amis musulmans. Aujourd’hui,nous faisons confiance au gouvernement provisoire tunisien qui

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affirme garantir la sécurité du pèlerinage, nous confiait Perez Trabelsi.Nous avons été très sensibles à la venue à la Ghriba de MoncefMarzouki pour les dix ans de l’attentat du 11 avril 2002. C’était la pre-mière fois qu’un président se déplaçait officiellement à la Ghriba,jusqu’alors les déplacements officiels n’étant qu’un détour lors d’uneautre visite sur l’île. Cette reconnaissance nous donne confiance enl’avenir. » Moncef Marzouki est en effet venu poser symboliquementune plaque commémorative officielle sur le lieu de l’attentat ce 11 avril2012. Un moment fort pour les familles des victimes qui se sentaientpeu respectées par les autorités tunisiennes, et donc pour toute la com-munauté juive qui a interprété ce geste comme un refus de la bana-lisation antisémite et comme un retour un calme.

La chaleur des retrouvailles

Et la communauté a bien fêté le 33e jour de la Pâque juive dans lamythique synagogue de la Ghriba. Plus d’un millier de personnes, juifsde Tunisie ou venus de France, se sont retrouvées sur le site sacréconsidéré comme le symbole de la fraternité entre juifs et musul-mans. Même si, par mesure de précaution, la traditionnelle processionvers le quartier de la Hara Sghira n’a pu avoir lieu cette année, recueil-lement, prières, vœux, chants, musique, repas et souvenirs partagésont rythmé ces deux jours de festivités.« Le pont du 8 mai a permis aux mordus du pèlerinage de faire le

déplacement de France, explique René Trabelsi. La plupart sont ori-ginaires de Tunisie. Ils se déplacent donc dans tout le pays pourretrouver leurs racines. N’oubliez pas que c’est le premier événementtouristique de Tunisie. En 2000, nous avions reçu 10 000 personnesvenues d’Europe, d’Amérique et Israël, et 8 000 en 2008. Ce pèlerinage2012 a montré que la Tunisie restera toujours un pays de tolérance,c’est un test pour la nouvelle Tunisie. » Test réussi haut la main, sansaucun doute.

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EL KHBAR DU PAYS

L’échec des politiques vécu par les citoyens d’Ettadhamen !De passage à Tunis début avril, j’ai vécu plus durement les images omniprésentes de précarité humaineet d’insalubrité urbaine. J’ai observé des hommes et des femmes marqués par la dureté de leur quotidienet, partout, la même menace sanitaire constituée des amas de déchets ménagers, comme pour nousrappeler l’hostilité du milieu.

Achaque voyage en Tunisie,je vois la détresse socialegrandir. Face à la situation,

nos politiques élus ou pas n’ap-portent ni vision ni réponse. Legouvernement est immobilisé etl’opposition obnubilée par laconstruction d’un nouvel organi-gramme politique. Bizarrement,le débat public occulte cet enjeud’intérêt national. On ne parle pas,ou pas assez, d’égalité deschances, de pouvoir d’achat, delutte contre le chômage, d’emploides jeunes, de relance écono-mique, de sauvegarde des lieuxpublics… Depuis des mois,l’agenda est dicté par les agisse-ments des salafistes et la contre-réaction automatique des laïques,ou vice-versa. Cause ou consé-quence, la question de la charia acannibalisé tous les autres enjeux,allant jusqu’à ériger le clivagelaïques/conservateurs comme lapremière clé de décryptage de lasociété tunisienne.Face à cette imposture, j’ai choisi

d’écouter et de redonner la paroleaux citoyens, habitants de quar-tiers populaires. Deux jours durant,j’ai partagé le quotidien d’hommeset de femmes ordinaires, chô-meurs, commerçants, mères defamille, fonctionnaires… tous habi-tants d’Ettadhamen, un quartierpopulaire de la banlieue de Tunis.Les enseignements politiques

sont édifiants ! J’espère sincère-ment que les quelques lignes quisuivent contribueront à élever ledébat public et raviveront l’actiondes politiques.

En partant de La MarsaCorniche…

Il est 11 h 30 : confortablementinstallé à une terrasse BCBG de LaMarsa Corniche, je prends délica-tement congé de mes hôtes mar-sois : « Je suis en retard, je suisattendu vers midi à Ettadhamen,combien de temps me faut-il envoiture ? » « Trente minutes aumoins », me rétorque Selim tandisqu’Asma, assise à ses cotés, melance avec une pointe d’inquié-tude : « J’espère que tu connais dumonde là-bas, fais gaffe à toi ! »Sur la route, le ciel doux et enso-leillé de La Marsa cède progres-sivement la place à des nuagesmenaçants. Un présage clima-tique pour mieux m’indiquer lechangement de monde ?

Bienvenue à Ettadhamen,une ville dans la ville, 4e concentration urbaine en Tunisie. Une cité qu’on ne visitepas, laissée à ses problèmes et oubliée par des générations degouvernements.12 h 05, j’arrive à Ettadhamen,

avec ses 120 000 habitants etmigrants venus majoritairementde la Tunisie intérieure. Partout,du bruit, des amoncellementsde déchets et la pollution de voi-tures anciennes mal réglées.Dans cette anarchie urbaine quin’est pas sans rappeler cer-taines villes asiatiques, survi-vent dignement des milliers

d’hommes et de femmes. La réa-lité d’Ettadhamen, c’est celle de90 % de la Tunisie !Dans un café tout proche de

la station du terminus du métrod’El Intalaka, je rejoins Ali, atta-blé avec quatre de ses amis.Dans son quartier, Ali est consi-déré comme un nanti car il a unemploi et, de surcroît, un emploide fonctionnaire. Ici, à peine unhabitant sur deux a la chancede pouvoir se réveiller le matinpour aller gagner sa vie. Pour-tant, Ali ne gagne que 410 dinarsnets par mois et, comme environdeux habitants sur trois dansle quartier, il n’est que loca-taire. Humblement, il remerciequotidiennement dieu de luiavoir épargné le sort de sessemblables.

REPORTAGE

Par Samir Bouzidi

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L’échec des politiques vécu par les citoyens d’Ettadhamen !

En guerre contre la chertéde la vie et la chute dupouvoir d’achat

Attablés avec Ali : Marouene,Moez, Mohamed et Montassar.Tous sont ravis de me rencon-trer, moi le Tunisien de l’étrangercar, me disent-ils, c’est grâce àl’aide de leur famille en France eten Italie qu’ils « survivent ». Pourme témoigner leur considéra-tion, mes cinq compagnonsm’invitent en cœur à passercommande au serveur. Après lesprésentations d’usage, jedécoche enfin ma première ques-tion : « Qu’est-ce qui a changépour vous depuis la Révolution ? »Aussitôt, les mines deviennentgraves. D’une seule voix, tousévoquent successivement : lacherté de la vie et la chute dupouvoir d’achat, l’insécurité,l’emploi des jeunes, la faillitedes services publics et de l’au-torité de l’Etat… Personne pourme parler des libertés et de ladignité recouvrée ! « La premièredes dignités, c’est de pouvoirnourrir et soigner sa famille »,m’assène Marwane. Leur argu-mentation se précise : « Je vaist’emmener au souk tout à l’heure.Tu vas voir de tes propres yeux, lekilo de tomates est à 1,4 DT, lekilo de pommes de terre à 0,900DT, celui de piments à 2,5 DT…On n’a jamais vu ça… Les mau-vaises années, le kilo de tomatesne dépassait pas 800 millimes »,fulmine Ali.Cette inflation à deux chiffres a

considérablement déséquilibré lerégime alimentaire des milliersde familles qui vivent dans cesquartiers. La viande, par exem-ple, n’étant plus consomméequ’une à deux fois par semaine.La ménagère ne dispose enmoyenne que d’à peine 10 DTpour trois jours et son panier selimite aux victuailles de base. Autre mal méconnu, les petits

commerçants, eux-mêmes con-frontés à la crise, ne font plus decrédits, ce qui ne manque pasd’affecter directement les famillesles plus pauvres.

L’autorité de l’Etat et lesservices publics en panne

Après deux heures d’échangespassionnés, Ali m’invite à faire letour du quartier à pied pour « voirde mes propres yeux la misèredans lequel nous vivons ». Nousvoilà déambulant sur la principaleartère commerçante d’Ettadhamen.Tous les deux cents mètres, jesuis saisi par les mêmes relentsnauséabonds provenant desamas de déchets. Depuis desmois, les services municipaux deramassage d’ordures passent defaçon irrégulière. Dans ce quartierle plus dense de Tunis, quelquesjours de retard dans le ramassagesuffisent à transformer les tas dedéchets en menace sanitairesérieuse pour la population. « Il ya quelques jours, j’ai vu desenfants jouer dans cette merde.C’est grave ! Tu peux l’écrire, 80 %de nos problèmes, c’est la faillitede l’Etat et des services publics »,s’emporte Ali, avant d’ajouter : « Sila Municipalité faisait son boulot,on n’aurait pas ces déchets par-tout ; si l’Etat contrôlait les prix, onpourrait manger à notre faim ; sil’Etat n’avait pas relâché des dan-gereux prisonniers, on aurait lapaix ; si l’Etat n’avait pas aban-donné nos mosquées, les sala-fistes ne nous interdiraient pasd’aller y prier ; si… »

Le quartier aux mains decaïds

Suivant les dires d’Ali et de lamajorité des habitants rencon-trés, l’insécurité est devenue unepréoccupation commune priori-taire. Tous fustigent la décisiondu Président Marzouki d’amnis-tier, l’année dernière, des milliersde prisonniers parmi les plus dan-gereux. Ici, certains des amnis-tiés d’hier ont pris la tête dejuteux trafics. C’est dans cecontexte que l’arrestation, il y aquelques semaines, d’un caïd dela drogue (un ex-prisonnier amnis-tié) a déclenché une vague de vio-lences alimentée par les autreséléments du réseau. Selon leshabitants, ils seraient aujourd’huiune petite centaine de caïds àexercer la loi dans le quartier. Unpolicier de la place m’a confié,sous couvert d’anonymat, quecette recrudescence du trafic dedrogue est due en partie à la dis-parition du clan Trabelsi qui enavait le monopole. La « démocratisation » du juteux

trafic susciterait de nouvellesvocations chez les jeunes délin-quants, hier dealer d’alcool ouautres marchandises prohibées.Dans ce supermarché de ladrogue en devenir, on trouve detout en vente publique : haschich,médicaments (antidépresseurs…)

et autres cocktails d’acides ami-nés. Les ravages commencent àse faire cruellement ressentir chezles adolescents. La nette recru-descence de la petite délinquanceainsi que la violence dans les éta-blissements scolaires des envi-rons puiseraient leur source dansce monde de dealers et de toxi-comanes. Au grand malheur deshabitants, la police sembledépassée par l’ampleur du phé-nomène !

« Les mosquées ne nousappartiennent plus »

Après une visite au souk princi-pal du quartier, nous sommesrejoints par deux amis d’Ali,Radhouane et Naceur. Tous deuxtravaillent dans le « privé » etexploitent un étal de légumes, leweek-end, au souk du quartier. Cejob d’appoint leur permet degagner 20 à 30 DT par week-end età« mettre des épinards dans notrebeurre », plaisante Radhouane. A proximité du souk, la mosquée

Hamza, fief des extrémistes, autourde laquelle s’alignent deséchoppes de commerçants tenuesprincipalement par des salafistes :« Tu vois, moi je ne peux plus venirprier ici et, pourtant, j’habite àdeux cents mètres… Les salafistesnous l’interdisent si on n’est pasdes leurs. Avant, il y avait un poli-cier devant, pour rétablir l’ordreen cas de besoin. Aujourd’hui, oùest l’Etat ? Nous sommes tous desmusulmans… », s’emporte Naceur.La transition étant bien ame-

née, je m’aventure sur une ques-tion délicate : « Qui sont ces sala-fistes et sont-ils une menace pourvous ? » Ali s’empresse de merépondre : « Ils ne sont pas plusmusulmans que nous. Certes, laplupart de ceux qui vivent ici sontoriginaires du quartier et issusde conditions très modestesmais, avec la religion, ils enten-dent se racheter une notabilitéen s’installant comme rentiers.Regarde, tous ces commercesautour (il me montre des bou-tiques de vêtements, bazar, ali-mentation…) leur appartiennent

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EL KHBAR DU PAYS

alors qu’avant, ils n’avaient queleurs mains pour travailler. »Radhouane et Naceur acquies-cent d’un hochement de tête.Le soir, je suis invité à un repas

familial où sont conviés égale-ment la famille élargie et des voi-sins d’Ali. Le menu n’est pas fes-tif, excepté la viande de moutondont je devine à l’appétit des plusjeunes qu’elle ne doit pas être unmet quotidien. En deuxième par-tie de soirée, des amis nous rejoi-gnent pour partager le thé. Cetteveillée bon enfant illustre la joiede vivre, la fraternité et l’espritde partage qui lient les habitants.Sans ces valeurs, nul doute queleur quotidien serait encore plusdifficile à surmonter !

L’ascenseur social enpanne

Le lendemain matin, j’ai rendez-vous avec Houria et Asma, deuxfilles d’une voisine d’Ali, toutesdeux étudiantes. Quand je leurdemande de me parler de leursconditions de femmes dans lequartier, elles me confient, dubout des lèvres, les pressions

implicites permanentes du voi-sinage et du milieu. Les codesvestimentaires et comporte-mentaux pour les femmes ontchangé et « nous sommes con-traintes de nous y plier tantqu’on vit ici ». Peu à l’aise sur lesujet, elles préfèrent fustiger l’iné-galité des chances qui continue àperdurer dans la société. « Surce point, la révolution n’a rienamené. Je suis étudiante enMaster, mais je suis lucide, si jen’ai pas de piston, je ne décro-cherai pas d’emploi… » Ellesdéplorent également l’absence devie associative et culturelle dansle quartier : « La seule activité spi-rituelle est centrée autour de la

mosquée. Je suis pratiquante,mais j’aimerais également m’ou-vrir davantage sur l’extérieur. »

Pas de question identitaire, mais d’autrespréoccupations majeuresPlus tard, je rejoins un groupe

de jeunes lycéens et étudiantsdans une salle de jeux. Leurspréoccupations premières : lacherté de la vie, l’égalité deschances, l’emploi, la vie culturelledans le quartier, la sécurité…Quand je les soumets à la

même question qu’à leursparents : « Si Dieu le veut, vousavez la possibilité de partir vivre

ailleurs dans un quartier occiden-talisé (Menzah, Manar, Marsa…).Quel serait votre choix ? » Toutcomme leurs parents, ils merépondent à l’unisson que la vieà Ettadhamen n’est pas un choix.Malgré le déracinement relation-nel et familial, ils n’hésiteraientpas une seconde à partir.Mon aventure humaine se ter-

mine sur cette conviction forte :les clivages profonds de la Tunisiene sont pas d’ordre religieux,mais essentiellement écono-mique et social. A aucun moment,les habitants d’Ettadhamen n’ontévoqué devant moi une quel-conque menace de leur identitéarabo-musulmane. Tous revendi-quent également de pouvoir pra-tiquer librement leur foi en dehorsde toute entrave (Cf. passage del’interdiction de certaines mos-quées par les salafistes). Comprendre et accepter cette

réalité, c’est s’employer dèsdemain à résoudre les préoccu-pations réelles de l’écrasantemajorité du peuple tunisien !

Merci à Ali, à tous ses amis, auxfamilles et à toutes les personnesque j’ai eu le bonheur de rencontrer.

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Manifestation du 25 mars, l’alarme

Ce dimanche matin, sur lesmarches du théâtre municipal,les professionnels du théâtreinvitaient à fêter le 4e art àl’occasion de la Journéemondiale du théâtre. Ce quidevait être une fête a fini enéchauffourées provoquées pardes salafistes autorisés àmanifester dans la partieopposée de l’avenue Bourguiba.Erreur de programmation duministère de l’Intérieur ?Dépassements ? Toujours est-ilque les attaques à la culture ontchoqué l’opinion publique. Lesimages de barbus grimpant surl’horloge de l’avenue pourplanter leurs drapeaux noirs ontfait le tour des médiasinternationaux.

Manifestation du 9 avril,le virage

La violente répression de lamanifestation du 9 avril, quivoulait rendre hommage auxmartyrs de la révolution, asuscité une large réprobationtant nationale qu’internationale.Si le gouvernement a faitmachine arrière en levant

l’interdiction de manifester surl’avenue Bourguiba, à Tunis, nuln’oublie les méthodesemployées qui rappellent cellespratiquées du temps de Ben Ali.

24 avril, levée du sit-indevant la télévisionnationaleConfusion entre médias publicset gouvernementaux. Accusésde tous les maux par despersonnes sans aucunecompétence en la matière, lesmédias publics sont clairementmenacés par le gouvernementqui leur reproche de ne pas sefaire l’écho de ses activités.

Manifestation du 1er mai,le consensus

A l’appel des centralessyndicales, principalement del’Union générale tunisienne du

travail (UGTT), société civile,partis et indépendants ontdéfilé dans les principales villestunisiennes. A Tunis, plus de 80 000 personnes ont entonné,avec un petit air festif, lesmêmes slogans qu’au 14 janvier : « Liberté, travail etdignité nationale ». Grandenouveauté, le parti Ennahda arejoint les manifestants.

11 mai : fonds pour lemariage

Le ministère des Affairesreligieuses a créé un fonds pourle mariage alimenté par lesbiens mal acquis. Legouvernement veut relancerl’institution du mariage, sansprendre en compte lesconséquences démographiqueset sociales dans les vingtprochaines années. Pouralimenter ce fonds, legouvernement compte sur lesdons provenant de la corruptionqui seraient faits spontanémentpar les personnes impliquéesdans des affaires de biens malacquis. Une étrange façond’envisager la justicetransitionnelle…

14 mai : Assembléeconstituante, consensus sur le préambuleEn fonction depuis six mois, les élus de la Constituante ontabouti à un consensus sur lepréambule de la Constitutiontunisienne. L’assemblée devraavoir clôturé la rédaction de cetacte fondateur de la DeuxièmeRépublique le 23 octobre. S’en suivront des électionslégislatives et présidentielles en mars 2013.

15 mai : « Lettre ouverte aux démocratesde mon pays : Chronique d'une défaiteannoncée » Emna Mnif, fondatrice dumouvement citoyen KolnaTounes, lance un cri aussiréaliste qu’alarmant enanalysant la paralysie des forces démocrates face à laconstruction d’un projet globalpour la Tunisie. Un appelbouleversant aux forcesdémocrates pour qu'ellessortent de leur léthargie.

Quelques faits d’actualité de ces dernières semaines au pays

Plus que six moispour clôturer la rédaction de la nouvelle Constitution.

25 mars : l'horloge de l'avenue Bourguiba prised'assaut par un groupe de salafistes.

Le siège de la télévision nationale enfin levé.

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On y était17 au 21 marsLa Tunisie au salon du Livre de ParisUne vingtaine de professionnels du livretunisiens (éditeurs, auteurs, blogueurs,libraires, bibliothécaires) ont participé ausalon du Livre de Paris.

Du 20 au 23 mars« Z » à Bruxelles« Z », « le blogueur masqué », a bousculéle Parlement européen avec sonexposition « La Tunisie face à l’expériencedémocratique ».

Du 24 au 31 mars« Bourguiba, la dernière prison »Après le succès de sa pièce en Tunisie, RajaFarhat est à nouveau rentré dans la peaude Bourguiba au Théâtre Dejazet, à Paris.

25 marsRenconte-débat avec lesdéputés de la ConstituanteUni*T (Union pour la Tunisie) a organiséune rencontre avec les députés del’Assemblée constituante tunisienne élussur les circonscriptions de France-Nord etFrance-Sud afin de permettre aux élus derencontrer les citoyens tunisiens de France.

25 marsSolidaires pour laTunisieMohamed Bhar, Samsa, Kamala,Eyhnix Dream… ont animé le galaorganisé à l’Espace Fraternitéd’Aubervilliers par le collectifSolidaires pour la Tunisie. Lesbénéfices ont été reversés au profit dela région du nord-ouest de la Tunisie,victime de fortes inondations.

14 avrilLe chat de Tunis récompensé par le prixDaumierLe petit félin aux griffes et à la langueacérés a reçu, avec sa créatrice NadiaKhiari, alias Willis of Tunis, le prix Daumier2012 lors des 2e Rencontres internationalesdu dessin de presse organisées auMémorial de Caen par l’associationCartooning for Peace.

21 avril16e édition du Prix Comar Doublé pour les éditions elyzad qui se sontvu attribuer le premier prix du roman enlangue française au théâtre de Tunis. Cen’est pas un Comar d’or, mais bien deux,ex-aequo, qui ont récompensé Jeux derubans d’Emna Belhaj Yahia et Ouatannd’Azza Filali.

22 avrilTunisie en fêteLa soirée, organisée par Harissa Music, aréuni Fatma Boussaha, Samir Loucif… auZénith de Paris pour un grand concert où laTunisie était à l’honneur.

24 avrille raptunisiens’exporteLe groupe de rapbizertin, ArmadaBizerta, a faittrembler la scènedu Centre musicalFleury Goutte-

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AGENDA CULTUREL

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d’Or – Barbara. Organisé par le « Le microde Jasmin », cet événement a permis de(re)découvrir la fougue de la jeunessetunisienne.

Du 3 au 13 mai7e Panorama du cinéma du Maghreb et duMoyen-OrientDix jours de projections, des tables rondes,de rencontres avec des réalisateurs, deconcerts. C’était au cinéma L’Ecran deSaint-Denis et dans ses salles partenaires.Et comme toujours, la chaleur et laconvivialité étaient au rendez-vous.

10 mai 1er championnat d’Ile-de-France de chkobbaLes amateurs de chkobba (et ils sontnombreux !) se sont retrouvé au pied du château de Vincennes (94) pour le 1er championnat d’Ile-de-France de chkobba.Après l’esplanade Bourguiba en 2011, c’estle restaurant Le Méditerranée – les Saveursde Djerba la Douce qui a accueilli cetterencontre haute en convivialité.

13 mai21e édition du Forum Atuge à ParisSous le thème « Nouvelle Tunisie :nouveau contrat social », le Forum 2012 del’Atuge a une nouvelle fois offert

rencontres et débats aux entreprises,étudiants, jeunes diplômés, entrepreneursdésireux de promouvoir leurs talents.

Nous n’y étions pas…La 31e édition du RallyeOilibya saute son tourIl faudra attendre 2013 pour que lacourse mythique retrouve les pistes dugrand Sud. Selon son organisateur, NPO,cette annulation est due à un conflit entreNPO et le National Automobile Club deTunis qui, avec Cyril Neveu (ancienpropriétaire de NPO), a tenté dereprendre à son compte le rallye,pourtant marque déposée à l’INPI.Rendez-vous est donné dans le courantdu mois avec les ministres du Tourisme etdes Sports tunisiens, afin d’établir lesmodalités de réalisation du Rallye Oilibyade Tunisie 2013.

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AGENDA CULTUREL

À venirDu 27 mars au 15 juillet« Le corps découvert »Une grande exposition qui embrasse unsiècle de pratique des arts plastiques arabeset nous fait découvrir un pan méconnu de lareprésentation du corps dans l’art arabe, loindes idées préconçues. Institut du Monde Arabe1, rue des Fossés-Saint-Bernard – Place Mohammed V – Paris 5e

du 16 mai au 29 juin « Tunisie belle et rebelle »Quatre photographes et un journaliste-reporter ont parcouru les rues de Tunis et lesrégions délaissées du pays pour saisir lamarche de tout un peuple vers la démocratie.Hôtel de région : 1, esplanade FrançoisMitterrand – Lyon 2e

Du 16 au 27 maiLe pavillon tunisien au 65e

festival de CannesAprès bien des péripéties et un bras de ferentre le ministère de la Culture tunisien et laChambre syndicale des producteurstunisiens, la Tunisie aura bien son pavillon surla Croisette.

Du 21 au 27 mai Arabesques 2012Le Festival le plus important d'Europeentièrement dédié aux arts du monde Arabe.Depuis sa création il a accueilli près de 40 000 spectateurs autour de concerts, dedébats, d’expositions, de projections de filmset… de gastronomie orientale.Domaine d’O : 178, rue de la Carrierasse –MontpellierTél. : 04 67 10 06 79 ou 04 99 77 00 17

26 maiNouvelle version 100 % Halal L’humoriste Lotfi Abdelli a encore déchaînéles rires au Théâtre-comédie des boulevards,à Paris, avec son nouveau spectacle Made inTunisia 3 ! 100 % halal ! Il sera à Nice le 26 mai.Théâtre de la cité : 3, rue Paganini –Nice 06Vente sur place ou infoline 06 17 03 89 29(Entrée : 25 euros)

25, 26, 27 et 28 mai5e salon de l’Immobilier tunisien à ParisUnique salon spécialisé à l’internationalentièrement dédié à l’immobilier tunisien, àsa promotion et aux services liés, le Sitap estl’événement incontournable avant toutinvestissement en Tunisie. Y sont réunis cetteannée plus de 100 exposants, dont 50 % denouveaux promoteurs, des agences, desbureaux d’études, des architectes, desbanques. C'est l'occasion de découvrir lesnouvelles tendances et de connaître lesdifférents projets, achevés ou en cours,qu'offre la Tunisie.Espace Champerret : porte de Champerret– Paris 17e

De 10 à 20 heures, entrée libre

Du 26 au 30 mai Slam Festival international2012 - Le MaghrebDes scènes ouvertes, un grand tournoi deslam (adultes et jeunesse), une exposition dephotos : les passionnés seront à la fête. Salle Jacques Brel : 21 rue des Merisiers –Mantes-la-Ville (78)Tél. : 01 30 98 55 46

31 mai Destinations Solidaires Cette 2e édition, consacrée aux pays duMaghreb, pose les enjeux du tourismeéquitable et solidaire en alliant temps deréflexion et instants festifs (concert de Nawelet de Big Buddha à 20 heures).Le Petit Bain : 7, port de la gare – Paris 13e

(de 17 h à minuit)

Du 1er au 3 juin 4e salon des Solidarités consacré au MaghrebAvec 180 exposants, plus de 25 conférenceset présentations sur les trois jours, leprogramme s’annonce riche. Pour la Tunisie,ce salon est organisé par LespritCom et MBSMedia, qui se sont associés pour faireconnaître le savoir-faire tunisien. Ils mettronten avant le travail des quelque 300 associations tunisiennes relayées par lesassociations en France qui, ensemble, aurontla plus grande visibilité auprès des bailleursde fonds internationaux.Salon des solidarités : Porte de Versailles, Hall 2.2 – Paris

Du 8 au 10 juinFêtes consulairesLa Fête des Bannières se tiendra le samedi 9 juin avec les associations descommunautés d'origine étrangère lors desFêtes consulaires de Lyon. Place Bellecour – Lyon 2e

21 juin Fête de la musique 2012Dialogue des cultures sur le parvis del’Institut du Monde Arabe avec DJ Malik,Tahtib (danse du bâton égyptienne), DjerbaInternational (groove tunisien), HocineLasnami (‘asri moderne algérien), l’OrchestreAbdelhak Ben Mansour (chaâbi et regadamarocain) et Kader Japonais (raï marocain).Parvis de l’MA – Place Mohammed V – Paris 5e

(à partir de 19 heures)

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Résultats en TunisieCorps électoral français en Tunisie

15 245 personnes étaient inscrites sur les listes élec-torales françaises en Tunisie à la veille du premier tour.6 652 électeurs se sont présentés pour voter ledimanche 22 avril 2012 (37 bulletins nuls et 6 615 suf-frages exprimés), ce qui représente un taux de partici-pation de 43,63 %.7 517 électeurs se sont présentés pour voter ledimanche 6 mai 2012 (86 bulletins nuls et 7 431 suf-frages exprimés), soit un taux de participation de48,74 %.

Résultats du second tour

Résultats rendus publics par le Consulat général deFrance à Tunis et validés par le Conseil constitutionnel5 278 voix pour M. François Hollande (71,03 %) 2 153 voix pour M. Nicolas Sarkozy (28,97 %)

Résultats du premier tour

Candidat Nombre de voix % suffragesexprimés

François Hollande 3 171 47,94 %Nicolas Sarkozy 1 500 22,68 %Jean-Luc Mélenchon 901 13,62 %François Bayrou 486 7,35 %Marine Le Pen 240 3,63 %Eva Joly 174 2,63 %Nicolas Dupont-Aignan 57 0,86 %Philippe Poutou 45 0,68 %Nathalie Arthaud 23 0,35 %Jacques Cheminade 18 0,27 %

PRÉSIDENTIELLE FRANÇAISE

DÉCRYPTAGE

(Source : Ambassade de France en Tunisie)

Ils sont français installés en Tunisie ou tunisiensvivant en France. Ils ont en commun d’avoir voté FNaux dernières élections. Témoignages.

Thomas,35 ans, gérant d’une petite société offshored’agroalimentaire, en Tunisie depuis quatre ans« J’avais déjà voté FN au premier tour des élections de 2002. Un immenseras-le-bol du système. J’avais voté Chirac au second tour. En 2007, j’avaisvoté Sarkozy, mais c’est quelqu’un qui ne tient pas parole. Là, j’ai voté FNparce que je suis contre l’Europe et contre l’euro. L’Europe actuelle est faitede bureaucratie, il faut des gens sur le terrain pour comprendre lesproblèmes, pas à Bruxelles. La gauche fait l’anguille et la droite dupopulisme, seul le FN crée débat en mettant les pieds dans le plat. EnTunisie, si tu ne cotises pas, tu n’as pas la Sécurité sociale, c’est logique. EnFrance, un sans-papier peut se faire soigner gratuitement, vous trouvez çanormal ? Il faut remettre les gens au travail, changer ce système qui ne tientpas la route. Je ne suis pas contre les acquis sociaux, il faut aider les gens,c’est sûr, mais il faut rester sérieux aussi ! Je ne vois aucune contradictionentre le fait de vivre en Tunisie et de voter FN. Je ne suis ni xénophobe niraciste, c’est une position politique que je choisis. Il est impossible demettre des quotas pour l’immigration et de s’y tenir, nous avons besoin decette immigration, mais il faut l’encadrer strictement, mener des enquêtessur la situation réelle des gens tout en restant humains. S’il n’y avait pas eule scandale Dominique Strauss-Kahn, j’aurais voté pour lui, il faut des genscapables, qui ont fait leurs preuves, ou alors dire STOP. C’est ce que j’ai faiten votant Marine Le Pen : dire STOP. Il faut créer un conflit, le chaos, toutcasser pour reconstruire autrement. Je sais que le FN a une partie obscure,mais il a au moins un discours net, sans faux-semblants. Je n’adhère pas àses positions sur l’avortement ou la peine de mort, mais je suis d’accordavec son désir de retour aux valeurs morales et au respect des règles. Je lerépète, créer la crise, le chaos, le réveil, pour mieux repartir. Au deuxièmetour, je ne sais pas si je vais voter blanc ou Sarkozy. Les votes blancs necomptent pas, et je le regrette, ce n’est pas démocratique. »

Fatma,employée de restaurant, en France depuis dix-huit ans « J’élève seule mes deux enfants. Je vis dans une cité en proche banlieue parisienne et travaille commeserveuse dans un restaurant à Paris. Je vis de plus en plus mal mes conditions de vie, pour moi et ma fille.Dans ma cité, la drogue et l’insécurité sont partout. Lorsque je rentre le soir du boulot, j’ai peur de meretrouver nez à nez avec un dealer ou un toxicomane. Ces gens-là ont choisi la facilité plutôt que d’allerchercher un travail honnête. J’ai honte car ce sont tous des arabes et des « blacks ». Ils ont terni notreimage, à nous les honnêtes immigrés, si bien que ça devient très dur pour nous de trouver un boulot, unappartement... Les enfants « dealent » et les parents touchent les allocations familiales et le chômage àne rien faire, pendant que moi je dois me lever tous les matins pour gagner 1 400 euros par mois. Je suismusulmane et je n’ai pas honte d’avoir voté FN car, pour moi, la religion c’est avant tout l’école du respectdes autres. Quand je vois ce qui se passe en Tunisie avec les salafistes qu’on laisse faire, je n’en veuxsurtout pas ici. Depuis des années, J’ai vu passer des maires de droite ou de gauche, avec des promessesqu’ils n’ont pas tenues. Aujourd’hui, je suis convaincue que le changement ne peut venir que du FN. »

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BANQUEPrincipales offres de credit immobilier en Tunisie

pour les Tunisiens de l'étranger

(Conditions au 15 mai 2012)

* TMM au 16 mai 2012 :3,86 %

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NOS DROITS

Une rédemption difficile

Exit, les infiltrés de l’ex-RCD, tous les consulset agents qui devaient leur nomination auparti du président déchu ont été soit remerciéssoit contraints de fuir dans les premiers joursqui ont suivi la révolution. Quelques mois plustard, les préjugés restent néanmoins tenaces,si bien qu’il ne se passe pas une journée dansun consulat en France sans qu’un fonction-naire ne soit pris à parti, voire se fasse moles-ter par un usager. Si la volonté de rupture idéologique avec le

passé est bien en marche, le processus restenéanmoins fragile. Courant avril, il a suffiqu’une association franco-tunisienne baséeen province fasse coïncider une séance deremise de passeports avec le meeting d’élus dela constituante issus d’un même parti, pourque s’en suive une violente polémique autourde la neutralité des services consulaires et leretour des vieux démons de l’administration. La qualité des services consulaires est éga-

lement dans la ligne de mire. Avec le regaind’activité des deux dernières années (volumeimportant de renouvellements des passeports,accueil des migrants de Lampedusa…), leschoses n’ont pas eu le temps d’évoluer dans cedomaine malgré la bonne volonté affichée parles consuls. En cause, un manque notoire demoyens depuis la révolution. Au niveau deseffectifs, la plupart des fonctionnaires remer-ciés n’ont pas été remplacés en nombre. A

cela, s’ajoutent les tergiversations de l’admi-nistration de tutelle et les pénuries chroniquesen documents administratifs : passeports,livrets de famille… En conséquence, non seu-lement l’amélioration de la qualité du servicea du mal à se concrétiser pour les usagers,mais les griefs s’allongent : mauvais accueiltéléphonique et physique, allongement desdélais de traitement…

La nouvelle équation : mieux satisfaire plus d’usagers avecmoins de moyensEn privé, les consuls considèrent comme

prioritaire l’amélioration des standards dequalité mais ils déplorent tout autant l’insuf-fisance de moyens. « Les consulats en Francesont tous très rentables. Pourquoi ne nousaffecte-t-on pas davantage de moyens pourêtre à même d’assurer le service dont est endroit d’attendre tout Tunisien à l’étranger ? »,s’indigne l’un d’eux. Avec fatalité, tous com-prennent que leurs difficultés du moment sontprovisoires et qu’elles sont dues à la situa-tion exceptionnelle que traverse le pays. Leproblème : l’impatience des usagers qui veu-lent profiter « tawa » des changements !Dans ce contexte, le risque d’erreur est réel

et peut être fatal. On se souvient de la bévuecommise l’année dernière par un fonction-naire du consulat de Pantin, coupable d’avoirdélivré un passeport à Hamadi Touil, homme

de confiance de Belhassen Trabelsi (beau-frère de Ben Ali). Le fonctionnaire incriminé(et renvoyé depuis à Tunis) n’avait pas pris lapeine de croiser avec la liste des personnes enfuite et recherchées en Tunisie. Heureusement,la demande de passeport de Moncef El Materi(père de Sakher El Materi), actuellement enfuite à Paris, a été bloquée à temps !

Quelles solutions ?

Les solutions existent ! Pour faire face à unafflux exceptionnel d’activités, pourquoi nepas faire appel aux contrats locaux (CDD, inté-rim, stages…) qui permettraient à des conci-toyens habitant la circonscription de trouver unemploi en servant leur pays ? Cette formulepossède d’indéniables atouts : réduire le déca-lage relationnel/culturel qui peut exister entrele personnel consulaire et les usagers, faireréaliser des économies à l’Etat tunisien parrapport au coût d’un agent expatrié. « Recruterponctuellement en local peut être une solu-tion car je suis convaincu que les très bonsprofils existent, mais statutairement ça nous estimpossible ! » nous précise un consul à cesujet..Autre solution à envisager, le développement

des services consulaires via Internet. Sur lemodèle de MonConsulat.fr pour les ressortis-sants français, pourquoi ne pas commencerpar mettre en ligne les services qui exigent unniveau de sécurité faible à modéré ?

Les consulats ont-ils les moyens de leurs ambitions nouvelles ?Principales administrationstunisiennes à l’étranger et seulesautorités tunisiennes en contactpermanent avec la communauté, lesconsulats occupent une placestratégique dans la relation avec lepays d’origine, en même temps qu’ilsconstituent, dans l’esprit desconcitoyens, la première vitrine dupays. Honnis hier pour leursconnivences avec le RCD et stigmatiséspour leur qualité de service jugéeinsuffisante, les consulats fontdoucement leur mutation.Par Samir Bouzidi

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Les consulats ont-ils les moyens de leurs ambitions nouvelles ?

Alors que nous bouclons cenuméro, Houcine Jaziri,secrétaire d’Etat àl’immigration et auxTunisiens à l’étranger,annonce, dans une conférencede presse donnée à Tunis, lesnouvelles dispositionssuivantes concernant lesTunisiens de l’étranger.

• Allongement de l’âge exigépour les véhicules importésqui passe de trois à cinq ans.

• Réductions sur les voyagesaériens et maritimes(compagnies publiquesTunisair et CTN).

• Prise en charge par l’Etattunisien sur des critèressociaux des frais desvacances de 1 000 Tunisiensexpatriés à l’étranger.Renseignements etinscription dans les consulatsavant le 20 mai.

• Réduction des taxesdouanières et étude de ladiminution des frais detransfert d’argent.

•Ouverture de nouveauxconsulats en Libye, l’un àMisurata et l’autre à Sebha.Des bureaux d'immigrationseront créés aussi en Grande-Bretagne, au Qatar et auxEmirats arabes unis. A cela,viendra s’ajouter lelancement des procéduresnécessaires pour l’acquisitionde plusieurs locaux quiappartenaient au RCDdissout.

• Ouverture de commissariatsrégionaux en Tunisie pour lesTunisiens résidents àl'étranger.

Source : communiqué officiel

Consulat général de Tunisie à Paris

Consul général :M. Ali AÏDOUDICirconscription consulaire : 35 départementsrépartis sur les régions Nord, Bretagne, Centre,Ouest, Bourgogne, Ile-de-France, Poitou-Charentes190 900 ressortissants tunisiens résident demanière permanente dans la circonscription. La communauté tunisienne compte 62,32 %d'hommes et 37,68 % de femmes.Ouverture au public du lundi au vendredi, de 9 à13 heuresAdresse : 17-19, rue de Lubeck – 75016 ParisTél. : 01 53 70 69 10 – Fax : 01 47 04 27 79Mail : [email protected]

Consulat général de Tunisie à Marseille

Consul général :M. Mohamed Ali CHIHICirconscription consulaire : 8 départements surles régions Provence-Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon82 580 Tunisiens, dont 52 536 hommes et 30 044 femmes, sont immatriculés auprès duconsulat général.Ouverture au public du lundi au vendredi, de 9 à14 heuresAdresse : 8, boulevard d’Athènes – 13001 MarseilleTél. : 04 91 50 28 68 – Fax : 04 91 08 59 69Mail : [email protected]

Consulat général de Tunisie à Lyon

Consul général :M. Abdelwaheb BOUZOUITACirconscription consulaire : 14 départementsdans les régions Bourgogne, Rhône- Alpes,Auvergne, Limousin et Franche-ComtéLa colonie tunisienne immatriculée a atteint, au 30 avril 2010, 68 565 ressortissants, dont 38 384 hommes et 30 181 femmes.Ouverture au public du lundi au vendredi, de 9 à13 h 30Adresse : 14, avenue du Maréchal Foch – 69453Lyon Cedex 06Tél. : 04 78 93 42 87 – Fax : 04 72 44 05 90Mail : [email protected]

Consulat général de Tunisie à Nice

Consul général : M. Ridha AZAIEZCirconscription consulaire : 5 départements dela région Provence-Côte d’Azur et la Corse en susde la Principauté de MonacoLa colonie tunisienne installée dans la régioncompte 77 451 membres, dont 51 875 hommes et25 576 femmes.Ouverture au public du lundi au vendredi, de 9 à13 h 30Adresse : 18, avenue des Fleurs – 06000 Nice

Tél. : 04 93 96 81 81 – Fax : 04 93 37 63 02Mail : [email protected]

Consulat de Tunisie à Pantin

Consul général : Abderrazek BEN FRAJCirconscription consulaire : 5 départements enIle-de-FranceSelon le dernier recensement, 108 774ressortissants tunisiens résident dans la région,dont 68249 hommes et 36088 femmes Ouverture au public du lundi au vendredi, de 9 à13 heures (sauf vendredi : 12 heures) Adresse : 1-3, avenue Jean Lolive – 93500 PantinTél. : 01 48 91 61 00 – Fax : 01 48 91 39 51Mail : [email protected]

Consulat de Tunisie à Grenoble

Consul général :M. Hatem LANDOLSICirconscription consulaire : 5 départementsissus de la région Rhône-AlpesLa communauté tunisienne dans la région estestimée à 40 655 personnes. Elle est composéede 24 013 hommes et 16 642 femmes.Ouverture au public du lundi au samedi, de 9 à 14 heures (fermeture le mercredi) Adresse : 4, rue Alexandre 1er de Yougoslavie –38000 GrenobleTél. : 04 76 43 26 01 – Fax : 04 76 43 25 96Mail : [email protected]

Consulat de Tunisie à Strasbourg

Consul : M. Ridha ZGUIDENCirconscription consulaire : 9 départementscouvrant l’Alsace, la Lorraine et la Franche-ComtéLe nombre des ressortissants tunisiens ayant élurésidence dans la circonscription s'élève à 19 250,dont 11 550 hommes et 7 700 femmes.Ouverture au public du lundi au vendredi, de 9 à 14 h 30Adresse : 6, rue Schiller – 67000 StrasbourgTél. : 03 88 36 52 75 – Fax : 03 88 37 18 71Mail : [email protected]

Consulat de Tunisie à Toulouse

Consul général :M. Khaled FENDRICirconscription consulaire : 15 départementsrépartis sur les régions Midi-Pyrénées, Aquitaineet Poitou-Charentes19 445 ressortissants tunisiens résident dans la région. On recense 11 245 hommes et 11 245 femmes.Ouverture au public du lundi au vendredi, de 9 à17 heuresAdresse : 19, allée Jean-Jaurès – 31000 ToulouseTél. : 05 61 63 61 61 – Fax : 05 61 63 48 00Mail : [email protected]

En bref, les huit consulats tunisiens en FranceINFOSDERNIÈREMINUTE

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NOS DROITS

Tarifs 2012 et délais des opérations consulaires en France*

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42 - 216 le mag - Mai - Juin 2012

PRATIQUE

•Tunis :Dar Zarrouk : village de Sidi Bou Saïd, Tél. : 71 740 591Dar Jeld : 5, rue Dar el Jeld, la Kasba, Tél. : 71 560916Chez Nous : 5, rue de Marseille, Tél. : 71 243043L’Astragale : 17, rue Dauphine (par avenue Charles Nicolle), Tél. : 71 890455Fakhredinne (Libanais) : 34, av de la Liberté 1004Menzah, Tél. : 71 752458El Firma : 58, rue des Fruits - La Soukra, Tél. : 71 863089Le Grand Bleu : Gammarth, Tél. : 71 913900La Falaise : rue sidi Dhrif, Marsa corniche, Tél. : 71747806Le Café Vert : 68, av. Franklin Roosevelt,La Goulette, Tél. : 71 736156Le Bistrot : rue du Lac Tchad – Les Berges du Lac,Tél. : : 71 960859Amphitrite : (snack bord de plage) : av. de l'UnionCarthage Amilcar, Tél. : 71 747591La Vague (snack bord de la plage) : 3, route deRaoued Plage (proche hôtel Karim) Tél. : 71 913312

•Bizerte :Club nautique : quai Tarek ibn Ziad,Tél. : 72 432262La Belle Plage : la Corniche, Tel : 72 4318

•Hammamet :Pomodoro : 6, av. Habib Bourguiba, Tél. : 72 281254Sidi Slim : 156, av du Koweït, Tél. : 72 279124Chez Achour : av. Moncef bey, Tél. : 72 280140Le Berbère : centre commercial (près Médina),Tél. : 72 260827

•Nabeul :Bon Kif : 25, av. Marbella, Tél. : : 72 222783Slovenia : hôtel Les Jasmins, Tél. : 72 285343

•Monastir :Le Pirate : Port de pêche El Ghdir, Tél. : 73 46812

•Kélibia et sa région :El Mansourah : Kélibia Plage, Tél. : 72 295169Les Grottes : route des Grottes (el Haouaria),Tél. : 72 297296/72 269072Pension Anis : av. Mongi Ben Hmida, Kelibia,Tél. : 72 295777/72 273128

Coup de cœur : SIDI BOU, nouvelle boutique d’artisanat tunisien à Paris

L’événement est suffisamment rare pour être souligné, une nouvelle boutique d’artisanat tunisienvient de voir le jour en plein quartier latin à Paris, à deux pas de la prestigieuse place de laSorbonne et du Jardin du Luxembourg. Au « Sidi Bou », Moncef Aya nous promet raffinement etmodernité dans le pur esprit de la tradition tunisienne. Au niveau des produits, on y trouve une largegamme en tissage, poteries, céramique, mosaïque, fer forgé, cuirs, bois d’olivier, bijoux, tableaux,articles de décoration…

Pour marquer l'ouverture de la boutique, une réception publique est prévue le vendredi 1er juin àpartir de 17 heures. Mabrouk et longue vie à « Sidi Bou ».

Adresse : le « Sidi Bou » 44, rue Monsieur le Prince 75006 Paris

Où manger une bonne mloukhia, gnaouïa ou un bon couscous ?

•Paris et Ile de FranceLe Rendez-vous14, avenue de Wagram, 75008 Paris Tél. : 01 42 27 23 57La Boule Rouge1, rue de la Boule Rouge, 75009 ParisBrasserie Niel’s12 av. Niel 75017 Paris Tel : 01 47 70 43 90Le Jasmin de Sousse73, rue des Archives 75003 Paris Tél. : 01 42 77 11 60Chez Léon 11-13, boulevard Beaumarchais, 75004 ParisTél. : 01 42 78 42 55Le Café Vert74, rue Botzaris, 75019 Paris Tél. : 01 42 39 86 18Dar Tunis18, rue Jacques Louvel Tessier 75010 Paris Tél. : 01 42 00 42 85Le Tunisiana4, rue Caulaincourt , 75018 Paris Tél. : 01 44 70 09 00Le Méditerranée14, rue Robert Giraudineau 94300 Vincennes Tél. : 01 43 74 80 56La Mamma (restauration rapide)61, bd de Belleville 75011 Paris

•LyonLa Grillade19, rue Paul Bert, Lyon 3e Tél. : 04 78 62 91 49L’étoile d’Orient31, rue des Remparts, Lyon 2e

Tél. : 04 72 41 07 87Le narguilé gourmand67, Place Voltaire Lyon Tél. : 04 72 60 9265

•MarseilleLa Goulette1, rue Pavillon, Marseille 1er Tél. : 04 91 33 39 90La Kahéna2, rue de la République, Marseille 1er

Tél. : 04 91 90 61 93

•Grenoble et régionL’Amphitryon9, rue Chenoise - Grenoble Tél. : 04 76 51 38 07Le Djerba (restaurant)19, rue Chenoise Tél. : 04 76 51 23 07La Brick Dorée21, rue Chenoise Tél. : 04 38 37 05 49Les Perles del Baya8, rue Lamartine 73100 Aix-les-BainsTél. : 04 79 88 33 16

•NiceLa Marsa18, bd Risso Tél. : 04 93 89 55 32Le Touareg10, rue St Vincent Vieux Nice Tél. : 04 93 13 46 81

•StrasbourgLe Sidi Bou Saïd22, rue du Vieux Marché aux VinsTél. : 03 88 22 17 17Salamboô-Amilkar2, rue de la Croix Tél. : 03 88 35 40 50Le Pacha8, rue de la Fonderie Tél. : 03 88 22 67 22Le Monastir32, rue Oberlin Tél. : 03 88 37 33 22Le Saladin(restaurant / Salon de thé/pâtisserie)41, Grande rue Tél. : 03 88 32 12 32

•ToulouseLe Djerba2, Impasse Saint Géraud, Tél. : 05 61 21 80 12

• RennesDar Jerba 15, Rue Saint-Melaine, Tél. : 02 99 38 75 41La Goulette3, Rue des Dames, Tél. : 02 99 31 57 23

• Saint-NazaireDjerba la Douce5, rue de la Matte 44600 Tél. : 0240667449

TUNISIE FRANCE

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