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n°11 Ort ÉDUCATION ET FORMATION 2013-2014 Quand l’Ort forme à l’expertise comptable Ouverture au monde, un impératif pédagogique REVUE ANNUELLE D’ORT-FRANCE PARIS 10, villa d’Eylau 75116 Paris Tél. 01 44 17 30 80 CFA- École de Travail 4bis rue des Rosiers 75004 Paris Tél. 01 44 54 31 80 CHOISY-LE-ROI 50, rue du Four 94600 Choisy-le-Roi Tél. 01 45 12 10 80 LYON 133, rue Marius Berliet 69008 Lyon Tél. 04 72 78 09 09 MARSEILLE 9, rue des Forges 13010 Marseille Tél. 04 91 29 61 33 MONTREUIL 43, rue Raspail 93100 Montreuil Tél. 01 49 88 46 50 STRASBOURG 14, rue Sellénick 67000 Strasbourg Tél. 03 88 76 74 76 TOULOUSE 14, rue Étienne Collongues 31770 Colomiers Tél. 05 61 15 92 60 VILLIERS-LE-BEL 32, avenue de Choiseul 95400 Villiers -Le-Bel Tél. 01 39 87 71 40 www.ort.asso.fr

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n°11OrtÉDUCATION ET FORMATION

2013-2014

Quand l’Ort formeà l’expertise comptable

Ouverture au monde,un impératif pédagogique

R E V U E A N N U E L L E D ’ O R T - F R A N C E

PARIS10, villa d’Eylau 75116 ParisTél. 01 44 17 30 80

CFA- École de Travail4bis rue des Rosiers75004 ParisTél. 01 44 54 31 80

CHOISY-LE-ROI50, rue du Four 94600 Choisy-le-Roi Tél. 01 45 12 10 80

LYON133, rue Marius Berliet 69008 Lyon Tél. 04 72 78 09 09

MARSEILLE9, rue des Forges13010 MarseilleTél. 04 91 29 61 33

MONTREUIL43, rue Raspail93100 MontreuilTél. 01 49 88 46 50

STRASBOURG14, rue Sellénick 67000 Strasbourg Tél. 03 88 76 74 76

TOULOUSE14, rue Étienne Collongues 31770 Colomiers Tél. 05 61 15 92 60

VILLIERS-LE-BEL32, avenue de Choiseul95400 Villiers -Le-BelTél. 01 39 87 71 40

www.ort.asso.fr

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J Si l’on parle beaucoup de mondialisation, peu de genssont à même de dire ce que cela signifie en matière d’édu-cation.Avec l’un des dossiers de la revue annuelle de l’ORT,nous avons tenté d’illustrer ce qu’on peut appeler notreouverture au monde. C’est une des dimensions de nosenseignements à laquelle je tiens beaucoup, tant pour lanécessité où sont nos élèves et étudiants d’être confrontésà l’environnement international émergent que par les pers-pectives que cette ouverture nous procure.L’an dernier nous avons parlé de l’enseignement des lan-gues,en particulier de l’anglais, un enseignement qui s’ap-puie sur les derniers acquis des technologies de l’informa-tion. Cette année, ce sont nos actions pédagogiquestournées vers le monde que nous avons voulu mettre envaleur (Cf. page 14). Des voyages linguistiques ou dedécouvertes aux jumelages avec des lycées, en Israël en par-ticulier, des échanges pédagogiques, dans le cadre de l’ORT-mondiale à l’accueil de délégations étrangères, comme cesresponsables d’écoles de Corée du sud au lycée DanielMayer récemment, sans oublier les voyages de la mémoireen Pologne… la liste est longue ! Elle s’allongera encore aufil des ans, rendant les cours et diplômes préparés à l’ORTencore plus en phase avec les besoins professionnels et civi-ques des générations d’adultes à venir.Parmi les diplômes proposés dans nos établissements, deplus en plus le sont dans le cadre de l’enseignement supé-rieur. Ce niveau concerne plus d’un tiers des 3 500 jeunesqui fréquentent nos écoles. Contrairement à une idée deplus en plus battue en brèche à l’ORT, il ne s’agit pas quede BTS, c’est-à-dire des filières à bac + 2. Désormais, et deplus en plus, ce sont des niveaux bac+3, bac+4, voire bac+5– soit, selon la nomenclature européenne, licence et mas-ter 1 et 2 – que les étudiants peuvent préparer et obtenirchez nous. Ainsi, en va-t-il par exemple du diplôme decomptabilité et de gestion auquel se sont attachés nos éta-blissements de Lyon et de Montreuil. Et nous sommes fiersde l’ouverture pour la rentrée 2013/2014 de sections depréparation au diplôme supérieur de comptabilité et degestion ouvrant au beau mais exigeant métier d’expert-comptable (cf page 17). Cette évolution témoigne de ce

que nous appelons « la montée en gamme » de notreoffre éducative, une des grandes ambitions de nos admi-nistrateurs et de nos directeurs.Autre grande aspiration devenue programme en cours deréalisation : l’enseignement des matières juives dans noscollèges et lycées. Il y a deux ans, ici même, je vous annon-çais le lancement de la réforme que j’ai présentée, en accordavec notre directeur général, comme « une impérieuse exi-gence » à tous nos responsables. Depuis les choses ont pro-gressé, l’encadrement a été mis en place, des rencontres etformations ont débuté, un programme est élaboré, dessupports pédagogiques, dont une plate-forme numérique,seront bientôt à la disposition de nos professeurs d’hébreu,d’histoire et de culture juives. Ceux-ci seront égalementsoumis à des évaluations, comme le sont leurs collèguesdes matières d’enseignement général. Mais pour ces disci-plines qui touchent à notre identité, à l’âme de l’ORT - laloi parle de « caractère propre » -, il fallait une sortede référence obligée. Elle a pris la forme d’une « Charte del’enseignement de l’histoire et de la culture juives » (cf page10). Cette charte qui s’impose à tous dessine le cadre detravail de nos professeurs et responsables pédagogiques,en cette matière où l’enseignement de chaque section nedoit souffrir d’aucun particularisme sous peine de semerla confusion.Nous avons voulu rendre cette Charte publique car, pourla première fois peut-être, elle explicite notre façon detransmettre la spécificité de l’être-juif dans l’histoire etdans ce monde.C’est ainsi qu’en toutes choses, nous tâchons de traduirenotre volonté en actes pour le plus grand bénéfice de nosélèves. J

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é d i t o

Le monde, l’évolution de nos formations et notre identité

Par Lucien Kalfon, président d’ORT-France

s o m m a i r e

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J L’ORT est une institution juive d’éducation et de for-mation à caractère privé.

J Ouverte à tous, elle accueille élèves et étudiants quiacceptent son caractère propre et le règlement inté-rieur de ses établissements.

J Ses collèges et ses lycées sous contrat d’associationavec l’État, ses instituts d’enseignement supérieur, sescentres de formation continue forment un réseauimplanté à Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg et enRégion parisienne (Paris, Montreuil, Villiers-Le-Bel,Choisy-le-Roi).

J Élèves, étudiants et stagiaires préparent à l’ORT desdiplômes de l’enseignement général, technologiqueou professionnel : du brevet des collèges au bacca-lauréat, pour l’enseignement secondaire, du BTS àla Licence et au Master pour l’enseignement supé-rieur.

J Les adultes trouvent à l’ORT des formations orien-tées sur l’accès ou le retour à l’emploi. Des stagesde formation continue permettent aux salariés dedévelopper leur employabilité.

J L’ORT est aussi le seul établissement juif en Franceoù existent des classes préparatoires aux grandesécoles d’ingénieurs comme Polytechnique, les Minesou Centrale.

Éditorial de Lucien Kalfon, Président d’ORT France

Focus ORT-France

4 Le Comité féminin et l’internat de Toulouse 4 L’histoire de l’ORT en BD 5 Innovation et pédagogie

En direct des collèges et lycées

6 Choisy-le-Roi : Programme 2013-2014 6 Lyon : Conférence débat avec l’Imam Chalghoumi 7 Marseille : Etudier à l’Institut ORT-Bramson de New York 8 Montreuil : Rencontres intergénérationnelles avec la Fondation Casip-Cojasor 8 Strasbourg : des élèves de seconde en Chine 9 Toulouse : Calligraphie hébraïque, poésie et mémoire 9 Villiers-le-Bel : les élèves de sixième enquêtent sur les droits de l’enfant

Dossiers 10 La Charte ORT-France de l’enseignement de l’histoire et de la culture juives14 L’ouverture au monde, un impératif pédagogique17 Quand l’ORT forme à l’expertise-comptable

Réseau mondial

21 La France et les enfants de Samara

Figures

22 Jacques Garih, un patron à Choisy23 Dalia Nakache, une prof et ses élèves

ORT REVUE ANNUELLE 2013/2014 DIRECTEUR DE PUBLICATION Marc Timsit assisté de Rachel Allal RÉDACTEUR EN CHEF Raphaël Elmaleh CRÉATION GRAPHIQUE Sandrine Rondard

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ORT Innovation et pédagogieJ Les nouvelles technologies et l’esprit d’innovation ontfondamentalement changé notre approche del’apprentissage. Depuis plusieurs années, ORT Innovations’engage, aux côtés de ses établissements ainsi que du pôleformation continue, sur nombre d’initiatives clés pourque l’innovation numérique dans l’éducation et laformation dépende avant tout des individus et deséquipes, principale source de créativité et detransformation.Initiative-phare : notre participation en tant quepartenaire stratégique dans le projet EAST(Environnements d’Apprentissage Scientifiques etTechniques). Il est basé sur le développementd’environnements immersifs 3D et jeux sérieux associéspour les cursus scientifiques et technologiques de l’ORTet de son partenaire, l’Académie de Créteil, avec dessessions de formation continue ORT. Ce programme qui a remporté l’appel à projet e-éducation 2, a été retenucomme un des programmes d’investissement d’avenir de l’État. Le consortium chargé de sa mise en œuvre estcomposé outre ORT et l’Académie de Créteil, de DassaultSystems, du CESI, de l’INSA Rouen, de GDF Suez,de l’AFPA.Une seconde initiative est réalisée pour le programmeinternational de formation de professeurs innovants dansle cadre des projets « School of Tomorrow ». Cetteinitiative en partenariat avec Microsoft et l’Unesco(Partners in Learning) consiste à accompagner lesenseignants dans l’apprentissage des nouveauxfondamentaux du numérique avec une certification en finde parcours, et pour conséquence d’accompagner lesfuturs élèves dans l’acquisition des compétences du 21èmesiècle liées au numérique, les 4C soit : Communication,Collaboration, esprit Critique, Créativité.Ce programme fait suite à l’audit des centres ORT, en lienavec Microsoft, sur les usages des TIC dans nos collèges,lycées et écoles.Ces initiatives sont confortées par notre participation auprojet Européen de R&D « Gala » basé sur l’intégration

des jeux sérieux dans les apprentissages et sur l’étude deleur impact sur les interactions savoir/société.Un autre projet en cours « Play Serious », labellisé par lepôle numérique Cap Digital en charge de l’éducation etde la formation numériques au niveau interministériel,permet de travailler sur les nouveaux modèlespédagogiques de l’apprenant joueur et de bâtir deux jeuxsérieux dont un en cours, sur le thème de l’entrepreneuriat.ORT a participé à la convention Futur-en-Seine organisépar Cap digital, avec la Région Île-de-France, mettant enavant l’écosystème de l’innovation numérique dont unepart importante dédiée à l’éducation et la formation, enprésence du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault et laMinistre en charge de l’économie numérique, FleurPellerin.

Une table ronde portant sur Quel écosystème pour ledéveloppement du numérique éducatif ? en présence de Gilles Braun conseiller du ministre de l’éducationnationale, d’éditeurs, industriels, partenaires de l’ORT,a précisé le contour des nouveaux enjeux tout endémontrant la nécessité d’alliances stratégiques et deconvergences des initiatives pour une réussite de la filièreindustrielle au service de l’apprentissage.ORT Innovation a participé à la première édition du

Game for Change Festival aux côtés d’acteurs politiques(Commission européenne, Ministère de l’Education),industriels, start ups du serious game, dont un des thèmesétait : « Comment les jeux peuvent-ils s’adapter auxbesoins individuels des apprenants joueurs, pour unemeilleure intégration sociale ? »Cette démarche préfigure le futur lancement duprogramme Horizon 2020 de la CommissionEuropéenne, avec les nouveaux défis et appels d’offres liésà l’Agenda numérique 2020 pour les citoyens.Enfin, suite au Wingate Seminar organisé par World-ORT, ORT France et ORT Italie mettent en place uneméthodologie spécifique pour aider les élèves endifficulté: le projet « Compiti Amici ». Il s’agit d’un courshebdomadaire pour les élèves âgés de 10 à 14 ans ayantdes besoins particuliers : dyslexie, difficultésd'apprentissage, difficultés intellectuelles... En 2012/2013 a eu lieu la première expérimentation en Italie, et pour ladeuxième, des outils TIC sont mis en place grâce ausavoir-faire du Département d'Innovation de l'ORT-France et avec sa collaboration. J RAPHAËL ATTIAS

DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT INNOVATION & DÉVELOPPEMENT

(AVEC POUR L’ITALIE, GIUSY FIUCCI - CONTACT: [email protected])

étudiants une vie digne et une conditionhonorable. Cette mission, de toutes nosépoques, est celle qui correspond le mieux àl’identité juive et à l’attachement à notreculture spirituelle. Que cette BD voit le jourà l’initiative d’ORT-France, souligne bien ledynamisme et l’imagination de nosdirigeants et de nos enseignants. » Et deremercier pour « ce bel ouvrage » l’équipede l’ORT-Strasbourg dont le directeur,Claude Sabbah, vient, un bonheurn’arrivant jamais seul, d’être fait chevalierde la Légion d’honneur. J

MAZAL, LA BONNE ÉTOILE. L’HISTOIRE DE L’ORT ET DE SA DESTINÉE – ÉDITIONS DU SIGNE –

STRASBOURG. EN VENTE DANS TOUS LES

ÉTABLISSEMENTS D’ORT-FRANCE ET EN LIBRAIRIE 15 €.

J De nombreuses expositions etpublications ont déjà été consacrées àl’histoire de l’ORT, mais jamais jusqu’icisous forme de bande déssinée. C’est faitavec la parution d’un album, résultat dutravail de l’ORT Strasbourg en étroitecollaboration avec les éditions du Signe,en version française et anglaise, signéPhilippe Glogowski (dessins) et LionelCourtot (scénario). L’ouvrage retrace, àsa façon, cette histoire plus quecentenaire avec des dessins et des textesaussi suggestifs que chaleureux. Et si lafamille qui sert de fil conducteur à cettenarration est – à peine – imaginée, toutle reste s’attache à être vrai, depuis la

naissance en Russie à la fin du 19ème

siècle pour « former les populationsjuives aux métiers de l’agriculture et del’industrie » (signification du sigle ORTen russe) jusqu’au premier réseaumondial d’éducation et de formationqu’est devenue l’ORT en ce début de21ème siècle.Dans un avant-propos qu’il partageavec Jean de Gunzburg, président deWorld ORT, le Président d’ORT-France, Lucien Kalfon écrit : « Notreoriginalité : être le seul réseau mondiald’éducation donnant la priorité ausoutien des vocations et à la promotiondes professions qui assurent à nos

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J Depuis plusieurs années, il existe à l’ORT Toulouse uninternat ouvert à des élèves de 14 à 20 ans, venus de toutela France. Traditionnaliste strictement cacher, cet internatbénéficie de la synagogue de l’ORT avec participation auxprières quotidiennes et aux offices de shabbat. Ce jour-là,les élèves et étudiants sont pris en charge. Le dimancheaprès-midi de nombreuses activités leur sont proposées(sortie ski, cinéma, karting…).Du lundi au jeudi, une étude surveillée par un enseignantpermet, de 18 h à 20 h, d’avoir un soutien sur les méthodesde travail ainsi que sur certains points que l’élève a besoinde revoir. Tout est mis en œuvre, dans ce cadre propice àl’étude, pour : l’épanouissement de l’individu dans uneatmosphère sereine ; la réussite scolaire entouréed’enseignants fortement impliqués ; l’apprentissageégalement de la vie en collectivité dans le respect de latradition. Mais l’an dernier, en raison d’une baisse sensibled’effectif, l’internat a failli fermer. Grâce à l’aide du Comitéféminin d’ORT-France cela n’a pas eu lieu.

« On nous demande, et on fait ! » Agnès Plasse, sa présidente, aussi pudique sur son actionque redoutablement efficace, dit ici comment le Comitéet son bureau sont intervenus : « Le président LucienKalfon nous a présenté la situation de l’internat qui allaitfermer. Ceux qui allaient pâtir de cette fermeture, c’était,comme d’habitude, les plus défavorisés. Il nous a doncdemandé d’intervenir financièrement. L’objectif étaitd’accueillir 20 internes. Et il y en a eu 19… ». Et A. Plassede préciser, avec une infinie modestie, son action plusgénérale : « Notre rôle est d’aider les élèves dont les parentsont des difficultés pour payer la cantine, de financer decoûteuses mallettes pédagogiques pour les étudiants enoptique et en prothèse dentaire, de soutenir les voyagescomme ceux des apprentis en électricité de l’Ecole de travailqui se sont rendus à Strasbourg où ils ont visité le camp du Struthof et rencontré l’équipe et les étudiants de l’ORTde la rue Sellénick… On nous demande, et on fait ! »Une bonne partie des fonds de ces généreusesaccompagnatrices de l’ORT, provient de la vente annuelledu Comité féminin qui, cette année, aura lieu les 27 & 28novembre – retenez la date – à la mairie du 16èmearrondissement de Paris. Objectif ? « L’an dernier, on afait une très bonne vente. On espère faire mieux encore cetteannée… ». On n’en saura pas plus, sinon que d’autresévénements de levée de fonds sont prévus, comme desprojections privées de films et documentairesexceptionnelles. « On nous demande, et on fait »… J

AVEC DRORY LÉVY, CONSEILLER PRINCIPAL D’ÉDUCATION

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f o c u s O r t F r a n c e

Le Comité féminin et l’internat de Toulouse

« Mazal, la bonne étoile » L’histoire de l’ORT et de sa destinée en BD

La vente annuelle à la mairie du 16ème arrondissement de Paris

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A l’initiative du CRIF Rhône-Alpes, le lycée ORT deLyon a reçu en mai dernier, Monsieur HassenChalgoumi, Imam de Drancy, accompagné de M.Gassama, Imam de Paris représentant de lacommunauté Sénégalaise de France, ainsi que deMonsieur Mbechezi, Imam de Marseille, représentantde la communauté comorienne.Les difficultés de communication rencontrées par lesenseignants avec les jeunes, surtout dans le domaine del’histoire du fait religieux, sont souvent évoquées.C’est pourquoi le principal objectif de cette réuniondans le cadre de l’ORT était de permettre, au sein d’unétablissement scolaire, une rencontre entre lycéens etenseignants d’horizons variés et les Imams pourinstaurer un dialogue autour de thèmes d’actualitésensibles.

Les débats ont ainsi porté sur les relations entre juifs etmusulmans de France, les problématiques liés à l’islamde France, et le regard des Imams porté sur Israël aprèsles voyages qu’ils y ont effectué.Pour préparer au mieux cette rencontre, deuxenseignants du lycée, professeurs-documentalistes del’établissement Stéphanie Cutrone et Rémy Zerbib ont travaillé avec une soixantaine de lycéens de toutesconfessions, issus de trois classes, à partir dulivre/entretien écrit par l’Imam Chalgoumi et lejournaliste David Pujadas : « Agissons avant qu’il ne soit trop tard » (Cherche-Midi éditions).La salle polyvalente de l’établissement, comble à cetteoccasion, comptait, aux côtés des lycéens, de nombreuxenseignants ainsi que des personnalités politiques,religieuses et associatives invitées.

e n d i r e c t d e s c o l l è g e s e t l y c é e s

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U Lyon Conférence débat avec L’Imam Chalghoumi

U Choisy-le-Roi Programme 2013-2014

A l'issue d'une période de quatreannées qui a permis au Centre deformation d’adultes de vivre de trèsimportants changements structurels,est venu le temps de lancer desprogrammes et des initiatives à lahauteur des ambitions de sesdirigeants Jacques Garih, présidentdu Comité local, et membre duConseil d’administration de l’ORT(Cf. page 22), et de son directeurGeorges Bramli. Parmi ces initiativeset projets :L’exploration de nouveaux secteursPlusieurs formations vont êtrelancées entre 2014 et 2015 dans les

domaines de l'entretien des espacesverts, de la vidéo-surveillance etdu soudage.

La communication Un nouvel outil de référencementsera inauguré début 2014, ce quiaugmentera significativementla visibilité du centre.

L’organigramme Un nouvel adjoint de directionrejoindra l'équipe, afin d'apporter une expertise et une dynamiqued'ouverture vers de nouveaux secteurs.Partenariat Une seconde convention, après cellesignée avec le Syndicat national des

entreprises du froid, d'équipementsde cuisines professionnelles et duconditionnement de l'air, avec unacteur représentatif de l'artisanatrégional, est en cours de finalisation.Donc de nombreux projets et dupain sur la planche pour toutel’équipe de Choisy afin de réussir samutation au service de la formationet de l’emploi des adultes ! J

La Présidente du CRIF Rhône-Alpes, Mme Nicole Bornsteina ouvert le débat par un discours qui présentait le parcoursde l’Imam Chalgoumi.Michel Benoilid, directeur du Lycée, a remercié, au nom de l’ORT, l’Imam de sa présence et a salué son engagement,ses initiatives et ses prises de positions courageuses :« Votre regard lucide sur la problématique de l’Islam de France,vos prises de positions en faveur d’un rapprochement et d’undialogue entre juifs et musulmans, votre vision dépassionnéesur le conflit israélo-palestinien et ses implications en France,votre clairvoyance sur l’exigence du travail de mémoire relatifà la Shoah font que, pour une institution juive telle que lanôtre, il est de notre devoir de vous accueillir ».Tour à tour, M. Gassama, M. Mbechezi et M.Chalgoumi ontpris la parole devant une assemblée captivée par leurs proposde tolérance et d’ouverture, et leur témoignage à leur retourde voyage en Israël et en Cisjordanie. Ils ont largementévoqué leur ressenti après leur périple ainsi que lesréactions des musulmans de France quant à leurs actions.Les élèves ont posé de nombreuses questions relatives àl’efficacité de la prise de position et des actions de ces imamsrassemblés autour de Hassan Chalghoumi.Les discussions ont porté sur les moyens à mettre en œuvrepour améliorer les relations entre les religions et pourfavoriser l’intégration des musulmans en France. Le rôle des parents dans l’éducation a été souligné.Des échanges chaleureux et sincères ont permis de réaliserun réel travail sur les préjugés.Les mots clés retenus après ces débats ont été ceux dedémocratie, importance de la culture pour lutter contre lespréjugés, goût du travail particulièrement remarqué par lesimams lors de leur voyage en Israël, respect des libertés (libre exercice de leur fonction des imams israéliens), rôleimportant de la famille. Un autre symbole très fort a étérelevé, celui du choix d’un tel débat dans un établissementscolaire après « l’affaire de la tuerie de Toulouse »….L’esprit d’ouverture de l’ORT et la très grande diversité deceux qui la fréquentent ont particulièrement interpelé lesintervenants.A l’issue de la conférence-débat, qui a duré deux heures, lesélèves comme les adultes présents dans la salle ont pris desphotos et chaleureusement échangé avec les imams. J

C’est un projet riche que noussouhaitons voir se réaliser en accord et avec la collaboration de l’institutOrt Bramson à New York.Pour être efficace et mené à bonterme, ce projet doit impliquer unepromotion d’élèves à suivre depuis la seconde jusqu’en terminale.Le but, en étroite relation avecl’institut supérieur Ort Bramson à New York, est d’envoyer dans unpremier temps les élèves de secondeen stage d’été de 3 à 4 semaines ausein de l’établissement pour uneimmersion totale en milieuuniversitaire américain.Le second terme consiste à suivre cesélèves en premières et à les envoyer 4 à 5 semaines avec l’objectif plus francpour qu’il puisse s’orienter enfonction de leurs aspirations vers lescursus qui se préparent au sein deORT Bramson de New York :

- Management et finances- Technologie informatique- Electronique- Technologies numériques- Technologie administrative- Médical et paramédical- Préparation en pharmacie- Anatomie et physiologie- Chimie, biologie- Microbiologie humaine…

Ainsi, en Terminale, un séjour de 2 mois pourrait induire leur choixd’études et provoquer le souhait de lespoursuivre aux Etats Unis.C’est un projet ambitieux certes, maisses perspectives pour nos élèves sonttellement riches et prometteuses quetous nos efforts se porteront à sa miseen place. J

MARCEL BENKIMOUN

RESPONSABLE VIE SCOLAIRE

WWW.BRAMSONORT.EDU

U MarseilleEtudier à l’Institut ORT Bramson de New York

”Le directeur de l’Ort à l’Imam : “ Il est de notre devoir de vous accueillir. ”

Michel Benoilid, les imams et les étudiants

Des locaux entièrement rénovés

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Cette année nous avons eu la joie etl’honneur de recevoir, venant directementde Belgique, le Calligraphe hébraïqueFrank Lalou. Cette calligraphie doublée dela symbolique des lettres et de leur histoirea rendu l’assistance invitée par l’ORT et le centre communautaire Hebraïcaextrêmement attentive.Une conférence de M. Lalou était attenduepar tout le public qui connaît sesmultiples ouvrages de portée poétique.Avec humour et pédagogie, l’artiste nous a conduits, adultes, parents d’élèves,enseignants et élèves de l’internat, dansune rêverie sur les lettres hébraïquesdepuis leur apparition, le protosinaïtique

ou protocananéen(1700-1200 avantl’ère chrétienne) en passant par lepaléohébreu, lephénicien etl’araméen (1000 ans~ cinquième siècleavant l’èrechrétienne) jusqu’àl’hébreu moderne.Et si l’écriture a été

le moyen fabuleux que redoutait Platon,de garder la mémoire du passé, celle-citrouve dans les technologies numériquesun nouvel instrument d’une formidablepuissance. Surtout lorsqu’il s’agit demémoire historique. Illustration : les prixreçus par les élèves de notre lycée auConcours départemental de la Résistanceet de la Déportation dans la catégorie« Nouvelles technologies ». Ont été ainsirécompensés : 1er prix : A. Destieu, A.Peyrot, G. Duprat (seconde) ; 2e prix : M.Groult, L. Muzeau, H. Syed ; 3e Prix : B.Moreno, E. Mengual. Depuis longtemps,nos élèves s’illustrent en s’impliquant avecbeaucoup de dynamisme encadrés parleur professeure qu’on félicite, MmeElisabeth Bilfeld.Nous avons été d’autant plus sensibles àces distinctions que ce concours revêtaitcette année une bien singulièrerésonnance – un an après la tuerie àl’école amie et voisine Ozar Hatorah.Nous n’oublions pas. J DRORY LÉVY

CONSEILLER PRINCIPAL D’EDUCATION

A peine arrivés dans l’Empire du milieu, nous nous sommesvite rendu compte que la Chine est un pays en pleinmouvement. Des immeubles et des routes en constructionont jalonné notre trajet de l’aéroport à l’université deNanjing.Nous avons été accueillis chaleureusement à notre arrivéepar quelques étudiants et leurs responsables. Comme noussommes arrivés pendant des périodes de festivités,l’université nous paraissait quelque peu vide. Très vite nousavons visité des sites et pris quelques cours (Calligraphie,découpage et pliage de papier, Tai Chi, Gong Fu, fabricationde raviolis). Nous avons bien ri et fait connaissance de noshôtes.Les visites de Suzhou et de Shanghai furent pour nous ladécouverte de la Chine actuelle et la rencontre du peuplechinois. Nous avons constaté que le modernisme et latradition peuvent vivre côte à côte. En visitant les différentssites, les élèves se sont retrouvés eux-mêmes être des objetsde curiosité d’une partie de la population chinoise qui les a pris en photo.Nous avons pu visiter des temples, des palais, une fabrique àsoie et des musées de très grande qualité dans le domaine dela culture et de l’art de vivre. Les jours passant, nous noussommes habitués à cette culture et à la nourriture. Le départfût difficile pour certains mais l’envie de revenir pourdécouvrir d’autres aspects de la Chine est présent.Nous espérons bien pouvoir réitérer une telle expérience.Merci encore aux personnes qui ont pu nous permettre de vivre cette aventure. J

ERIC PONCELET

PROFESSEUR DE MATHÉMATIQUES ”8 9

Dans le cadre de la journée internationale des droits de l’enfant qui s’est déroulée en novembre, les élèves de 6ème ont enquêtéauprès des surveillantes éducatrices, du personnel administratif,des professeurs et de la direction pour savoir ce que « les grands »connaissaient des droits de l’enfant. Munis d’un badge qu’ils avaienteux-mêmes confectionné et par lequel, chacun se proclamait« défenseur des droits de l’enfant », ils ont proposé un petit quizqui évoquait les conditions effroyables dans lesquelles vivent desmillions d’enfants sur la planète.La plupart des personnes interrogées ne savaient pas que les États-Unis n’avaient pas ratifié la convention des droits de l’enfant. Tousn’ont pas pu imaginer que 30% des enfants vivaient sous le seuil depauvreté, qu’un enfant sur 20 était victime de violences physiques etun sur 10 de violences psychiques. Les résultats de l’enquête ont étépubliés dans le journal de l’école rédigé par la classe de seconde C.Cette action s’inscrivait dans le projet d’établissement sur ledéveloppement durable. Elle s’est poursuivie au Salon du livrejeunesse de Montreuil où, toujours sur les traces des « Droits del’enfant », les élèves ont acheté des ouvrages qui leur permettaientde poursuivre leur enquête sur la situation des enfants dans lemonde. Les indices de maltraitance étaient nombreux : enfantssoldats, enfants des rues, enfants au travail … Les petits enquêteurssont revenus avec une foule de preuves montrant bien que les droitsde l’enfant ne sont pas respectés dans le monde. Nos fins limiers enont été émus. Ils ont réalisé des diaporamas sur leur enquête pourdénoncer haut et fort ces injustices. Si les livres sont venus enrichirle fonds du CDI, les diaporamas, eux, ont été projetés à d’autresélèves pour les sensibiliser. Les ouvrages utilisés ont également étélus par l’ensemble des élèves de sixième et ont fait l’objet d’un défi-lecture entre les classes concernées. J

CATHERINE GUILLAUME

PROFESSEURE-DOCUMENTALISTE,

U Villiers-le-BelLes sixièmes enquêtent sur les droits de l’enfant.

U Strasbourg Des élèves de seconde en Chine

L’art, le lien entregénérations, les droits de l’enfant… c’est aussi éduquer !

U ToulouseCalligraphie hébraïque,poésie et mémoire

Deux projets sont mis en œuvre à larentrée 2013-2014 :“De bouche à oreille” et “Ben Dori”.Le programme pédagogiqueintergénérationnel, “De bouche àoreille”, s’adresse à des lycéens et a pour objet la transmission desmémoires plurielles. “De bouche àoreille” répond à un double objectif :

- recueillir les mémoires d’hommeset de femmes, juifs, d’originesdiverses, nés avant ou pendant la Seconde Guerre mondiale- retranscrire leurs itinéraires de vie, mais aussi créer du liensocial en mettant en relation des générations très différentes,

puisque les témoins sontinterviewés par des lycéens.

A l’issue de ce travail en commun,les élèves produisent des récits desparcours de vie qui seront édités dansune brochure illustrée de photos.Le programme “Ben Dori” s’adresseà des étudiants et répond à un double objectif :

- développer un lien social entre générations- sortir les personnes âgées de leur isolement.

Les étudiants s’engagent sur uneannée à créer un lien avec un aîné,autour d’activités culturelles,artistiques, littéraires, ludiques,

sportives, manuelles, culinaires,informatiques, ou autres et ilss’engagent à rencontrer leurs aînés :

- 1 fois par trimestre, pourrecueillir les mémoires des aînés- 1 fois par trimestre, pour sortiravec les aînés autour d’uneactivité extérieure- 1 fois par trimestre, rencontrede l’ensemble des acteurs autour d’une activité (Maison desSeniors)- prévoir dans l’année unchabbat en commun. J

ELIO LUMBROSO,DIRECTEUR DU DÉVELOPPEMENT

U MontreuilRencontres intergénérationnelles avec la Fondation CASIP-COJASOR

Salon du livre jeunesse et enfants heureux…

Le directeur René Bendavidavec les lauréats du Concours

de la Résistance et de ladéportation

Découverte de la Chineactuelle et

rencontre avec le peuple chinois,

parfois étonnéde notre présence

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I.1. Un socle de valeurs communes

L’enseignement des matières juives participe de nos valeurs essentielles.

- L’identité juive est la clé de voûte de notre Institution.Un juif conscient de son identité est capable d’assurer,le moment venu, la transmission de l’éthique dujudaïsme, et d’en sauvegarder la richesse.- Les élèves doivent connaitre les principaux repèresd’une histoire qui s’est nourrie d’échanges avec les cul-tures de différentes nations, grâce au déploiement d’unepensée créative et du questionnement permanent quicaractérisent le judaïsme.- Forts de ces convictions, nous voulons former nos élè-ves à la condition de citoyens dont les comportementssont empreints de tolérance, et de compréhensionmutuelle.

I.2. Les partenaires du programme

Pour être efficace et durable, l’enseignement des matières juives requiert l’engagement de tous les acteurs du réseau.

- L’impulsion, les moyens, et la définition des objectifssont du ressort des dirigeants de l’Institution. Présentsà tous les stades qui font appel à leurs compétences, ilssont les garants de la qualité générale de l’enseigne-ment, et de la conduite à bonne fin des projets engagés.- Dans les établissements, les directeurs jouent un rôlemajeur. Ils entretiennent l’impulsion donnée, et assu-rent le maintien du cap. Ils créent un contexte favora-ble à la communication entre les professeurs d’histoireet de culture et leurs élèves, et veillent au développe-ment de relations harmonieuses entre ces professeurset les enseignants des autres matières.- Les professeurs des matières juives sont les chevillesouvrières du processus. Dotés d’un matériel pédagogi-que adéquat, assistés et valorisés dans leur tâche et dansleur rôle, ils sont à même de transmettre aux élèves lesfondements de leur discipline selon les modalités pré-vues par la charte.

I.3. Les axes pédagogiques

Tout élève doit posséder à la fin de sa scolarité les rudimentsde notre histoire et de notre culture. Ces connaissances pri-mordiales déterminent les orientations pédagogiques surla base desquelles sont élaborés les référentiels, les program-mes, et les différents outils.Les orientations sont les suivantes :

Transmission et continuitéNotre patrimoine n’a cessé de s’enrichir au fil des épo-ques, grâce à une chaine de transmission ininterrom-pue : les élèves doivent découvrir cet héritage abondantet varié, dans lequel ils pourront puiser tout au long deleur vie, et qu’ils alimenteront le moment venu, chacunà sa mesure.

Complexité et alternanceL’approche d’une histoire plurimillénaire est forcémentcomplexe, et protéiforme. Elle doit refléter les diversesfacettes présentées par le judaïsme selon les lieux et lespériodes, et éviter les écueils d’une vision dualiste -mys-tiques versus rationalistes -, toujours caricaturale.L’existence de l’Etat d’Israël, et son développement éco-nomique et militaire, donnent aux yeux de certainsl’image de juifs qui n’auraient besoin de personne. Cetteidée réductrice, ancrée dans l’actualité, élude les apportsdu judaïsme au Moyen-âge, à l’époque moderne, etdans les premiers temps de l’époque contemporaine.Les élèves doivent être instruits de la globalité de l’his-toire du peuple juif, et des acquis associés à chaquepériode.

Pluralisme et diversitéLe judaïsme a toujours été pluriel. Il ne connaît pas lanotion d’orthodoxie, ni donc d’hérésie, contrairementau christianisme. Le terme même de religion juive estdiscutable, tant ce qui la fonde relève non seulementd’une pratique spirituelle, mais aussi d’une éthique.Il existe de multiples façons d’être juif. Le pluralisme etla diversité des idées qui s’expriment dans le Talmudpeuvent parfois nourrir la curiosité de nos élèves. Leschoix spirituels leur appartiennent, mais les cours doi-vent leur permettre de comprendre en quoi le judaïsmeest inclusif, bien plus qu’exclusif, et s’entend bien au-delà du fait religieux.

Croisements avec les civilisationsLe judaïsme a constamment eu des interactions, desdialogues, ou des affrontements avec les cultures envi-ronnantes : Babylone, la Perse, la Grèce, Rome, pour neciter que les civilisations anciennes.Dès l’époque romaine, les cultures ont entretenu desrapports de réciprocité, et le judaïsme a marqué pro-fondément les croyances chrétiennes et musulmanesde son empreinte.La mondialisation renforce ces échanges, et leur donneune nouvelle acuité.

PRÉAMBULE

Une Institution privée, juive, et laïque.ORT France est un réseau privé juif d’enseignement laïc,sous contrat d’association avec l’Etat. Il dispense des for-mations de niveaux collège, secondaire et supérieur, à prèsde trois mille cinq cents élèves et étudiants répartis danssept établissements.Tous nos collèges et lycées proposent des cours d’hébreu,et des cours d’histoire et de culture juives. Ils respectent lecalendrier juif. Leurs cantines et restaurants sont cashers.Ils disposent de lieux de culte pour les élèves qui souhai-tent pratiquer leur religion.

Le « caractère propre » de l’ORT.Nos établissements sont sous contrat d’association avecl’Etat, au titre de la loi du 31 décembre 1959, dite « loiDebré », et de sa jurisprudence. L’enseignement « est sou-mis au contrôle de l’Etat ». Ce contrôle s’exerce dans le res-pect de son « caractère propre ».

Le « caractère propre » d’un établissement d’enseignementprivé est la différence au nom de laquelle il a été créé. Dansnotre cas, il s’agit de son caractère juif non confessionnel.Les enseignants sont « tenus » de « respecter ce caractère pro-pre ».

Une charte acceptée et appliquée par tous.Conscient de son rôle dans la transmission de l’identitéjuive, ORT France établit une charte de l’enseignement del’histoire et de la culture du peuple juif. Celle-ci définit degrands axes pédagogiques, inspirés des valeurs promuespar l’ORT depuis plus d’un siècle. Elle formalise desméthodes de travail, et présente les outils dédiés à leur miseen œuvre.L’objectif, qui réunit les enseignants, les directeurs d’éta-blissements, les consultants, et les dirigeants de l’ORT, estde former des citoyens juifs responsables, ouverts sur lemonde, et instruits des fondements de leur propre histoire.Il impose que les termes de la présente charte soient accep-tés et appliqués de bonne foi par tous ses destinataires.

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d o s s i e r

La Charte ORT-France de l’enseignement de l’Histoire et de la Culture juives

Le document qu’on va lire est important car il commande et définit un enseignement qui fait laspécificité de l’ORT, ce que la loi appelle son « caractère propre ». A ce titre, il s’impose à tous :directions d’établissement, enseignants, élèves et étudiants. Cette Charte, rédigée trèssymboliquement et ès qualité par le président d’ORT-France, Lucien Kalfon, est le résultat desréflexions et travaux d’un groupe de pilotage comprenant, outre leprésident de l’ORT, Marc Timsit, le directeur général, les Professeurs Armand Abécassis et Stéphane Encel, désignés ci-après par le terme « consultants », ainsi que Raphaël Elmaleh,chargé de mission. Le programme défini par cette Charte, avec sescontenus, son encadrement, ses supports pédagogiques, se met progressivement en place dans lescollèges et lycées, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Outre le fait d’êtreune première dans le monde de l’école juive, cette Charte, signée par tous les professeurs concernés,présente un intérêt spirituel et historique allant bien au-delà de sa valeur d’orientation et de cadre normatif scolaire.

”Les professeurs de matières juives, chevilles-ouvrières du processus

I – L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE ET DE LA CULTURE JUIVES

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Points de jonction, points de rupture : une histoire de créativitéL’histoire du peuple juif n’est pas linéaire. Elle est émail-lée de points de jonction, ou de rupture : lors de la des-truction des premier et second Temples, lors de laShoah, à l’époque de la rencontre entre les rites sépha-rade et ashkénaze, avec les tensions qui en découlèrent,à l’occasion aussi de la création de l’Etat d’Israël…Ces chocs ont montré l’extraordinaire vitalité dujudaïsme, qui a su s’adapter aux changements dumonde, en répondant d’urgence à la nécessité de sa pré-servation, et en œuvrant à sa reconstruction avec undynamisme intact.Respect de son humanité et tension créative sont deuxaspects primordiaux de la permanence du judaïsme. Lesélèves doivent les rencontrer au cours de leur parcoursscolaire, pour faciliter leur éveil au monde.

Le QuestionnementLe judaïsme repose sur le Questionnement, et incite àl’interrogation. Notre enseignement doit conduire lesélèves, à chaque niveau d’études et à chaque étape deleur développement, à formuler leurs propres interro-gations, et à tracer leur propre chemin spirituel ou iden-titaire. Il s’agit d’une nécessité et d’un objectif verslequel les équipes éducatives doivent tendre à toutmoment.Cela implique qu’aucune réponse toute faite ne doit êtreimposée aux élèves, et que rien, dans l’attitude ou le pro-pos des professeurs, ne doit laisser croire à l’existenced’une quelconque orthodoxie, qui obstruerait les voiesd’une réflexion libre.

Formation à la citoyennetéLa crise de nos démocraties, qui relativise nos référen-ces, touche également le monde juif, surtout en dias-pora. Comment être juif français, par rapport à Israël,ou vis-à-vis d’une communauté nationale souvent per-çue comme hostile, ou indifférente ? Les tentations de replis identitaires sont très fortes. Desbarrières sont érigées entre le « Nous » et l’« Autre », aunom d’une religiosité aride, et parfois vide de sens.Par notre enseignement, nous avons le devoir de guidernos élèves juifs vers une citoyenneté française assumée,épanouie et où l’esprit critique est toujours de mise.

I.4. Les méthodes de travail

Chacun peut parler de faits historiques, et avancer des juge-ments. Il n’en demeure pas moins que l’histoire est unescience, qui est soumise aux règles d’interprétation des faits,et dispose d’un corpus propre : analyses spécifiques et com-paratives des données, respect des cheminements logiqueset des cohérences internes aux évènements…Il revient à nos professeurs de respecter ces méthodes detravail, régies par des normes éprouvées. Seul le traitementsérieux des sujets permet de produire une pensée solide.

L’importance des sourcesL’histoire se fonde sur des sources. Elles servent à éviterles confusions, et les approximations.Elles sont à manier avec prudence, et nécessitent un exa-men attentif : qui est l’auteur de l’ouvrage, quel est sonpositionnement par rapport au sujet étudié, quels sontses éventuels a priori, ou centres d’intérêts, quelle est ladate du document, quel est son lieu d’émission, quel estle contexte de sa rédaction ?...

La hiérarchie des sourcesLes documents idéologiques ou religieux, qui sont lesbases d’un système de pensée ou d’une religion, n’onta priori pas de prééminence sur d’autres documents.Les chroniques babyloniennes sont, par leur contem-poranéité, plus pertinentes pour cerner l’épisode de ladestruction du premier Temple que des sources talmu-diques mises en forme un millénaire plus tard.Des livres écrits par des juifs, mais non incorporés dansle canon toraïque, peuvent avoir un intérêt de premièreimportance. C’est le cas des Livres des Maccabées pourla guerre du même nom, ou du philosophe Philond’Alexandrie, ou encore de l’historien Flavius Josèphe.L’enseignant doit mettre de côté ses sentiments, ses pré-férences, son approche personnelle de la religion ou dela Torah. C’est à cette condition que nos élèves dévelop-peront leur indépendance d’esprit.

Le rôle et l’investissement des professeursPlus que toute autre matière, l’histoire et la culture jui-ves exigent un engagement des professeurs, qui doiventse tenir informés de la marche du monde, et d’unjudaïsme en perpétuelle évolution. Une connaissanceconvenable de l’environnement culturel, social, et poli-tique, en France et à l’étranger, permet d’affiner la com-préhension des évènements, et de créer une interacti-vité entre la salle de classe et la société.Les professeurs ont pour mission de présenter aux élè-ves l’éventail de la diversité du judaïsme depuis ses ori-gines, et de l’inscrire dans le monde présent.Ils sont des garants, des guides dans le foisonnementdes idées et des écrits, des analystes modestes et rigou-reux, des passeurs de témoin…

II – LES OUTILS PEDAGOGIQUES

Pour une application correcte des méthodes décrites pré-cédemment, les enseignants doivent utiliser les outils et lessoutiens mis à leur disposition.Dans le cadre d’un travail d’équipe animé par les consul-tants, ils partagent leurs idées et leurs expériences avec leurscollègues des matières juives.Le judaïsme est un domaine vaste et les enseignants dispo-sent d’une grande variété de sujets à traiter. Par leur apportet leur contribution personnelle, chacun d’entre eux estappelé à être un acteur attentif des directives de cette charte.

II.1. Le référentiel et les programmes

Le programme général est repensé et ajusté en fonction desnouveaux besoins. Il constitue une base de travail indis-pensable à observer durant le parcours pédagogique.Les dirigeants et les consultants proposent aux enseignantsdes formations continues, des conférences dans les écoles,des bilans annuels, des journées de séminaires, des activi-tés culturelles propres à enrichir leur tâche. A charge pourles maîtres de participer sincèrement à la bonne applica-tion des mesures prescrites.

II.2. La plateforme documentaire

Tout document matériel ou non peut devenir un outilpédagogique utile. Dans ce contexte, les consultants instal-leront une plateforme informatique qui proposera desfiches en rapport avec les thèmes étudiés pour chaqueniveau et prévoyant plusieurs degrés de difficultés selon ladiversité des publics.Une bibliographie raisonnée et critique leur permettra d’al-ler à l’essentiel et d’économiser du temps de recherche quise reportera sur la préparation pédagogique.Ces outils seront d’accès libre. Ils excluront l’amateurismeou le dilettantisme qui déformeraient la démarche recom-mandée.

En définitive, - Il revient aux professeurs d’adhérer à cettecharte, de s’impliquer dans sa mise en œuvre, d’en respec-ter l’esprit et les formes, et d’appliquer scrupuleusementles recommandations et les prescriptions telles qu’elles ontété énoncées. J

J L’histoire et la culture juives ne se réduisent pas seulement auxtextes et récits de la tradition, àl’histoire antique et médiévale, àcelle des Temps modernes, de laRenaissance à la Shoah. L’identité,c’est aussi de savoir où l’on vit etde connaître les liens tissés entreles juifs et la société où ils se sontimplantés. Pas toujours seulementpour leur malheur. Sans cela queferaient encore les Juifs en Franceoù, avec une histoiremultiséculaire, ils forment lapremière communauté d’Europe,la troisième au monde après celle des États-Unis et la population d’Israël ?C’est pour cela qu’ORT-France, à l’initiative de son directeurgénéral, Marc Timsit, a adhéré à l’association Journéeseuropéennes de la culture et du patrimoine juifs de France(JECPJ). L’ORT rejoint ainsi lesinstitutions comme le Consistoire,l’Alliance, le Musée d’art etd’histoire du judaïsme, laFondation du judaïsme français,l’ULIF, des dizaines d’autresassociations culturelles ainsi que des villes et communescomme Paris, Bayonne, Metz dontle maire, Dominique Gros est 1er

vice-président de JECPJ. C’est unedes originalités de JECPJ d’avoirdes élus, car le patrimoine desjuifs de France c’est le patrimoinede la France. L’objet de l’association est desauvegarder, faire connaître etpromouvoir de façon créatrice le riche patrimoine juif de notrepays. JECPJ le fait de deux façons :

- en participant tous les ans, à partir de septembre, auxJournées européennes de laculture juive, organiséessimultanément dans une trentainede pays du continent. Chaqueannée un thème est choisi – en2013 « La nature en héritage » -donnant l’occasion à une série de manifestations (visites de site,expositions, spectacles,conférences, concerts…) danstoutes les régions de France. Au total, en Europe c’est plusieurscentaines de milliers departicipants, juifs et non juifs, à des centaines de manifestations.

- en organisant les Itinéraires du Patrimoine juif de Francepermettant d’effectuer despériples de découverte des sitesmajeurs – il y en a 150 environ –qui racontent la vie juive de

l’Hexagone : de la Maison sublimeà Rouen, plus vieille yeshivad’Europe, à la Villa Kerylos sur laCôte d’Azur, de la synagogue deCarpentras à… l’école ORT de larue des Rosiers à Paris ! Pourguider les visiteurs, uneapplication pour Iphone et Ipad degéolocalisation et d’informationest téléchargeable gratuitement àl’Appstore sous le nom de« Patrimoine juif ». Un lancementofficiel de cette application a lieule 30 septembre à Marseille,Capitale européenne de la culture2013, en présence du sénateur-maire Jean-Claude Gaudin.Grâce à son réseau de collèges,de lycées et d’écoles supérieuresdans les régions, l’adhésiond’ORT-France à JECPJ renforcegrandement l’ambition éducativede l’association. « Celle-ci, nousdit son président RaphaëlElmaleh, se tient à la dispositiondes directeurs et professeurs pourtout projet ou partenariat lié à laconnaissance du patrimoine juif deFrance et à l’échange citoyen qu’ilpeut susciter. Tant par la cultureque par les valeurs, JECPJ se senttrès proche de la grande etnécessaire institution qu’estl’ORT. » J

L’ORT et le patrimoine juif de France

”Présenter le judaïsme

dans sa diversité et l’inscrire dans le monde actuel

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Echanges internationaux :du plus proche au plus lointainLa visite des établissements d’ORT-France par des déléga-tions étrangères est devenue une sorte de rite qui témoi-gne de la notoriété de nos enseignements. Certes, il y a la« famille ORT » avec ses rencontres régulières d'administra-teurs et de directeurs, ses séminaires de recherches pédagogi-ques et ses échanges de professeurs venus du monde entier,avec ses délégations d’ORT-Israël ou des pays appartenantà l’ORT Mondiale accueillies avec la chaleur des retrouvail-les familiales. Ainsi cette délégation du Comité ORT-Belgique venue, en presque voisine, sous la conduite de saprésidente, Charlotte Gutmann, qui a été reçue avec de cha-leureux égards par l’état-major du lycée de Strasbourg. Ladélégation a pu ainsi admirer les réalisations de l’établis-sement, tout en contribuant généreusement à ses œuvressociales.Et puis, il y a les délégations venues de plus loin. Beaucoupplus loin, comme ces représentants du ministère de l’édu-cation de la province de Chungcheongbuk (Corée du Sud)en mission fin mai 2013 au lycée Daniel Mayer qui illustreà leurs yeux les réussites du système scolaire français. Unehabitude ? Cela peut le devenir puisqu’en six mois c’était

la seconde délégation d’éduca-teurs du Pays du matin calmeà faire la visite. Rappelons icique la Corée du Sud dont lesautorités ont fait de l’école unede leurs priorités, est fort bienplacée au classement PISA dessystèmes d’éducation parl’OCDE.Jumelage lointain également,celui du lycée ORT deStrasbourg avec un établisse-ment chinois, dans le cadre de

l’association Alsace-Chine Education. Cette relation se tra-duit par la venue d’étudiants chinois et, inversement, parle voyage en Chine d’enseignants de l’ORT, avec étapes àl’Université de Nanjin et dans des écoles homologues duYang Xhou. Le consul général de RPC à Strasbourg, M.Zang Ghobin a récemment souhaité étendre ces voyages

de découvertes à Nankin et à la futuriste Shanghaï, non sansauparavant, et comme en avant-goût, offrir 200 ouvragesen anglais et en français sur la culture et l’art chinois.Israël, une place à part…Et bien sûr, il y a Israël. Normal pour une école juive, dira-t-on. Certes, mais ce qu’il y a de particulier pour l’ORT, c’estqu’il existe un réseau fort important d’écoles techniques etd’instituts technologiques ORT en Israël,partageant avec lescollèges et lycées d’ORT France,une origine,une culture,descentres d’intérêt communs. En particulier, la vocation deseconde chance et de solidarité qui voit par exemple les éco-les d’ORT Israël accueillir des élèves et étudiants, mais aussides professeurs et des chefs d’établissement appartenant auxminorités arabes et druzes.Alors avec Israël, c’est le coup decœur que traduisent :

• la venue régulière et annuelle de professeurs et chefsd’établissement visitant l’Hexagone, avec étape auMinistère de l’éducation et accueil dans les principalesinstitutions juives françaises ;• les jumelages d’établissements comme celui du collège-lycée Bramson de Marseille avec l’école ORT Bialik(District de Haïfa), réalisé par des profs d’anglais quiavaient organisé un premier contact par mail entre élè-ves.Auparavant déjà, lors du challenge sportif Grynfogelune équipe de basketteurs israéliens invitée avait rompula glace. En 2012, une Marche des vivants (cf. plus bas)s’était poursuivie en Israël,à l’ORT-Bialik justement,pourles jeunes Marseillais.Et puis,cette année,des élèves israé-liens ont été reçus dans les familles françaises,partageantleur bonheur alors que Marseille est Capitale européennede la culture 2013 avec toutes les festivités afférentes.• Le bac blanc bleu,programme de l’Agence juive,ce pro-jet éducatif cherche à susciter chez les impétrants bache-liers français le désir de faire des études supérieures enIsraël.Un millier d’élèves français dont ceux du lycée ORTde Villiers-le-Bel,participent à ce voyage qui est aussi unefaçon de marquer sa solidarité à l’Etat juif.Le lycée DanielMayer a lui participé à huit sessions de ce bac un peu par-ticulier, et 500 élèves ont fait le voyage. Une quinzained’entre eux ont opté pour l’alya ou participé à des pro-grammes d’année sabbatique (oulpan, informatique etmathématiques…). Par ailleurs, Villiers-le-Bel proposedès la 3ème et la 4ème des programmes d’études en Israël.Cet établissement accueille également le salon des étudesproposées dans ce pays.

Et puis, très symboliquement, les établissements d’ORT-France sont souvent un passage obligé, et toujours unmoment agréable semble-t-il, pour les personnalités israé-liennes qui séjournent dans l’Hexagone. Dernier en date : leGrand Rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, reçu avectous les honneurs liés à sa fonction et à sa sagesse,par les res-ponsables et élèves de l’ORT-Lyon.

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d o s s i e r

J Mais soulignons que cette ouverture au monde, par lesvoyages, les échanges et visites d’élèves, d’étudiants et deprofesseurs, les contenus éducatifs, est souhaité et encou-ragé au plus haut niveau de l’institution. Et s’il s’agitaujourd’hui de bien maîtriser les langues vivantes, l’anglaisen tête, il s’agit également d’apprendre à penser « mon-dial » en s’ouvrant aux autres pays et autres cultures, dansl’espace certes mais aussi dans le temps, avec les voyages dela mémoire. Et la géographie rejoint ici l’histoire, en par-ticulier l’histoire juive. Dans tous les cas, il faut soulignerce que cette ouverture au monde doit aux initiatives, sou-vent originales, des professeurs, soutenus par l’encadre-ment pédagogique et la direction générale. Car là, commepour tout en pédagogie, il y a d’abord une idée, souventl’audace de l’innovation, toujours une organisation rigou-reuse.

Séjours linguistiques et de découvertePratiquement tous les collèges et lycées d’ORT-France orga-nisent ce type de séjour : en Angleterre, en Espagne, enAllemagne, voire aux Etats-Unis, et bien sûr en Israël. On ydécouvre le pays dont on apprend la langue.En tête bien sûr,l’Angleterre, pour une semaine comme pour les collégiensde Marseille ou même un seul jour, comme pour ceux deMontreuil ou les 6ème de Villiers-le-Bel. Trop court ?Réponse de Fabienne Texeira, professeure d’anglais au lycéeDaniel Mayer : « De nombreux élèves en classe de seconde neconnaissent pas Londres. Nous devons donc susciter leur curio-sité et que cette journée leur donne envie de retourner enAngleterre pour pratiquer ce qu’ils apprennent ‘’de façon artifi-cielle’’.Car apprendre l’anglais, c’est quoi ? Du vocabulaire,unegrammaire différente certes mais aussi une civilisation quiplonge ses racines dans une histoire qui leur est inconnue. ». Leséjour en famille est la façon qu’ont choisie 53 lycéens deSeconde et de Première STMG de Toulouse pour pratiquerl’anglais entre Londres et Oxford.Et puis : « ils ont réalisé l’im-portance de la langue anglaise dans les échanges au 21ème siè-cle ». Plus original, le voyage au Pays de Galles des élèves deTerminale qui leur a, entre autres, permis de découvrirl’étrange site préhistorique de Stonehenge. Commentaire deDrory Lévy,CPE toulousain : « Ces voyages permettent de tis-ser des liens nouveaux, et favorisent les liens entre les ensei-gnants, les élèves et notre école ».Autre type de voyage linguistique, celui d’étudiantes de BTSDesign de mode du lycée de Strasbourg à Washington à l’oc-casion de l’Assemblée générale d’ORT-Mondiale. Sollicitépour organiser l’événement en coordination avec l’ORT-Moscou, l’établissement de Strasbourg a travaillé en étroitecollaboration avec des responsables israéliens et ceux du siègede World ORT à Londres. L’appartenance à un réseau d’éco-les, de tous niveaux dans le monde entier, permet ce genred’opérations. Commentaire d’une des étudiantes, CamilleGoutard : « Ce défilé a permis aux meilleurs élèves d’ORTFrance et d’ORT Moscou de montrer leur travail… Nous avonsappris à communiquer en anglais sur notre passion… ». Anoter que l’ORT-Mondiale organise également des campsd’été où se rencontrent autour de l’apprentissage de l’anglaiset des sciences des élèves des écoles ORT venus des quatrecoins de la planète,dont les élèves du lycée de Villiers-le-Bel.

Ouverture sur le monde : un impératif pédagogique

”Au-delà de l’Europe,

l’ouverture, c’estdésormais l’Asie

Ces voyages permettent de tisser des liens nouveaux

entre profs et élèves

Stonehenge et le Pays de Galles, façon originaled’améliorer son anglais

Echanges de présents au lycée D.Mayer entre Elio Lumbroso

et le responsable de la délégationsud-coréenne

Mondialisation… ce mot est devenu un cliché tant il est utilisé, à tort ou à raison. Mais il traduit une réalité à laquelle n’échappe pas le monde éducatif, en France en particulier. Dans les établissements de l’ORT cela se traduit de plusieurs façons que nous allons voir plus en détail.

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J En fait quels sont les ingrédients qui font la renomméed'une institution de formation ? Des filières reconnues etrecherchées; des conditions de travail optimales ; des ensei-gnants non seulement compétents, mais aussi expertsconfirmés dans leur spécialité ; enfin, et sans doute surtout,des étudiants motivés, ambitieux et travaillant dans unesprit de stimulante émulation.Aujourd'hui ces conditionssont réunies à l'ORT avec un BTS certes, comme au lycéede Marseille, mais de plus en plus avec des formations dehaut niveau universitaire comme le Diplôme deComptabilité et Gestion et le Diplôme Supérieur deComptabilité et Gestion qui se mettent progressivementen place dans les établissements de Montreuil et de Lyon.

Lycée Daniel Mayer de Montreuil : DSCG en alternance L’enseignement de comptabilité-gestion démarrait jusque-là en seconde allant jusqu’au Master. Cette année, le BacPro de Comptabilité a cessé d’exister, remplacé par un BacGestion et Administration.Aujourd’hui, les choses sérieu-ses commencent en 1ère dans la filière Sciences et techno-logies du management et de la gestion (STMG). En termi-nale, l’élève a ainsi le choix entre deux spécialités :mercatique ou gestion/finance, enseignement orienté versla comptabilité.Ensuite l’étudiant peut entreprendre un BTS ComptabilitéGestion des Organisations (CGO) en 2 ans. Pour les titu-laires du bac S ou ES, il y la possibilité de se lancer dans unelicence DCG - Diplôme de Comptabilité/Gestion. Un titu-laire du BTS CGO peut entrer en 2ème année de DCG.« Cela rallonge le parcours d’une année, explique IsaacTouitou, le chef d’établissement, mais offre plus de sécurité.Car les étudiants intéressés doivent savoir que cette filièreprestigieuse demande un travail de longue haleine et une trèsforte motivation ». Ces exigences reviendront comme unleitmotiv dans les propos de nos différents interlocuteurs.Ces formations sont très recherchées parce qu’elles offrent,en un temps où l’économie est la clé de tout, à la fois unesécurité professionnelle et des possibilités d’exercice soiten cabinet d’audit, soit en s’installant à son compte. Ainsile DSCG permet-il d’accéder à l’expertise comptable. Cediplôme, DSCG, équivalent de Master 1 et 2 dans la

nomenclature européenne, a pour caractéristique impor-tante à l’ORT-Montreuil de se préparer en alternance, enpartenariat avec le Centre de formation d’apprentis aca-démique de Créteil que dirige Catherine Lohéac. « Et noussommes le seul Master de ce CFA pour les 3 départements dela couronne parisienne », souligne I. Touitou. Apprentis ?s’étonneront certains, pour de tels diplômes ! Aujourd’huien effet l’apprentissage n’est plus réservé aux seuls métiersmanuels. Il concerne de plus en plus les formations d’in-génieurs et de gestionnaires. L’alternance qui permet depréparer son diplôme en « alternant » justement forma-tion théorique en école et formation pratique en entrepriseou en cabinet, confronte très tôt l’étudiant à la réalité dumétier qu’il a choisi, mais elle offre également, bien sou-vent, ce qui est aujourd’hui inestimable, la possibilité detravailler immédiatement une fois le diplôme obtenu là oùon a fait son… apprentissage. Opération gagnant-gagnantet pour l’entreprise et pour l’étudiant !

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Mémoire et rencontre avec de jeunes Polonais Liés à l’identité juive, les voyages de la mémoire – appelésaussi « Marche des vivants » - sont également un des rituelsdes élèves et étudiants d’ORT France. Ici tous les établisse-ments sont concernés, même si le « voyage » - certains par-lent de « pèlerinage » – d’Auschwitz, près de Cracovie enPologne, est un bien singulier « voyage » justement… Va-t-on vraiment en Pologne à cette occasion, ou ne s’agit-ilpas d’abord d’un périple dans le temps, et d’abord et sur-tout en soi ? Une plongée dans l’humanité, ou l’inhuma-nité moderne ? Peut-on encore parler d’ouverture aumonde là ou le monde s’est fermé - absolument ? Et quevont y apprendre nos élèves et étudiants ? Ayant souventlieu au printemps, ces « voyages », comme il se doit, sontminutieusement préparés par les professeurs, car l’émo-tion, heureusement encore inévitable, doit trouver uncontrepoids dans la rationalité pédagogique.Au retour, destextes souvent d’une grande qualité disent ce qu’ont res-senti les « voyageurs de la mémoire ». Marcel Benkimoun,ancien responsable de la Vie – oui, vie… - scolaire àMarseille parle de « leçon d’histoire et de leçon de philoso-phie » pour les classes de seconde et seconde profession-nelle qu’il a accompagnées et qu’il continue à accompagnerbénévolement. Parfois, après 5 jours « passés en Pologne »où l’on raconte « les camps, le judaïsme polonais, leshtetl… », les classes se rendent en Israël « après la Polognepour oublier la destruction et retrouver toutes les raisons d’es-pérer en l’homme ».L’été dernier, à l’initiative de Montreuil, une trentaine d’en-seignants et de responsables d’ORT-France ont participéà un séminaire organisé par l’Ecole internationale pourl’enseignement de la Shoah-Yad Vashem. Surtout, est prévupour mars 2014, dans le cadre d’un partenariat avec leMémorial de la Déportation, un programme inédit de« voyage » où, pour la première fois, des jeunes du lycéeDaniel Mayer, seront avec de jeunes Polonais, juifs et nonjuifs, pour se souvenir, méditer et échanger. Bref, avec cecontact avec la Pologne d’aujourd’hui, il s’agira vraimentd’un voyage. Sans guillemets.

Connaître le monde par la culture et l’artEt d’abord le monde juif, comme pour les collégiens etlycéens de Villiers-le-bel qui, cette année ont pu ou pour-ront, « Bible en main », découvrir Israël « en empruntant leschemins des patriarches » (4ème), visiter la Prague de Kafkaet du Maharal (3ème), parcourir la Barcelone sépharade (2de),aller sur les traces de la Pologne juive (1ère).Cette connaissance n’est pas que le fait des programmes delittératures et de langues vivantes. C’est aussi souvent l’ini-tiative hors programme d’un professeur qui veut aller au-delà du cours.Alors ou bien on va à l’expo, comme ces étu-diants de Mise à niveau en arts appliqués de Strasbourgqui, sous la conduite éclairée de Richard Aboaf, leur pro-fesseur d’arts plastiques, lui-même peintre de talent et his-torien d’art, se rendent de l’autre côté du Rhin, à Karlsruhepour visiter une splendide rétrospective Corot. Ou bien,c’est l’expo qui vient à l’établissement, comme ces photosd’un voyage au Kerala (Indes) réalisées et montrées parNadine Schpigel, psychologue scolaire à Montreuil.Commentaire sous une des photos : « Petite halte à Cochin(sud de l’Inde) pour voir les vestiges coloniaux et la commu-nauté juive en voie de disparition. La rue mène à la synago-gue datant de 1568. C'est au Kerala que s'est établie la toutepremière communauté juive du pays. Après la destruction dusecond temple de Jérusalem, en 70 après JC arrivent ceuxqu'on appellera ‘’les juifs noirs de Cochin’’… On ne peut reve-nir de ce voyage qu'avec plus de tolérance envers autrui et unmental encore plus ouvert" INOUBLIABLE INDIA ! ».Inoubliables comme la plupart de ces moments où l’on aquitté la salle de classe et « déscotché » des écrans omni-présents pour aller à la rencontre du monde réel et de nossemblables, hors réseaux dits sociaux… J

ONT CONTRIBUÉ À CE DOSSIER : RICHARD ABOAF (STRASBOURG),MARCEL BENKIMOUN (MARSEILLE), JACQUES BRAMI (VILLIERS-LE-

BEL) DRORY LÉVY (TOULOUSE), ELIO LUMBROSO (MONTREUIL).

Quand l’ORT forme à l’expertise-comptable

d o s s i e r

Expo photos Kerala : « On ne peut revenir de ce voyage qu’avec plus de tolérance envers autrui

et un mental encore plus ouvert. »

”« Des formations très

recherchées quipermettent d’entrer

dans un cabinet ou decréer le sien… »

Déjà connue pour ses formations supérieures dont ses classes préparatoires aux grandesécoles d'ingénieur, l’ORT est-elle en passe de devenir, au fil des ans et des succès, aussi un

lieu d’excellence d'enseignement de la gestion et de la comptabilité

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Pour cette première promotion de Master I et 2 en compta-bilité-gestion, l’ORT n’a pas lésiné sur l’équipe pédagogi-que, ce qui est l’autre condition, sine qua non,d’une forma-tion de qualité, surtout dans un domaine où la concurrenceest vive, avec des acteurs, universités ou grandes écoles,depuis longtemps installés dans le paysage scolaire.Alors l’équipe d’enseignants se compose d’universitaires- économistes, juristes, fiscalistes, informaticiens…- d’ex-perts, de praticiens, venant des secteurs bancaire et assu-rance, toutes et tous reconnus dans leur branche. I.Touitou : « Ils sont d’ailleurs très occupés, et c’est un privi-lège que chacun nous accorde quelques heures. ». Ajoutonsici que beaucoup d’entre ces « pointures », considèrent leurenseignement à l’ORT comme une sorte d’engagementcommunautaire, à l’instar de Didier Bensadon, professeuret chercheur à Paris-Dauphine (cf. encadré ci-contre).Enfin les étudiants, leur nombre, n’excédant pas la ving-taine, est la garantie d’une attention spéciale accordée àchacun d’eux. Juste contrepartie des efforts demandés, cetraitement individualisé prodigué par les membres del’équipe professorale ressemble beaucoup à ce qui fait laréputation des classes prépas de l’ORT Strasbourg

ORT Lyon : une véritable culture de la comptabilité et de la gestion« Nous avons une culture de comptables d’entreprises qui,même si la formation n’existe plus, nous a fait une réputa-tion auprès des experts comptables», ainsi parle PhilippeCohen, responsable de l’enseignement supérieur, à l’ORTLyon. Professeur d’économie et de gestion, il a aujourd’hui48 ans dont 22 dans l’établissement de la rue MariusBerliet. Sous l’autorité de ses directeurs successifs, JackFitoussi puis Michel Benoilid, il a été une des chevillesouvrières du développement des enseignements de comp-tabilité et de gestion. « Je voyais partir vers d’autres établis-sements des élèves qui souhaitaient ces formations. J’ai pré-senté un projet de BTS d’assistant de gestion en alternance.Mon poste a été créée pour la circonstance avec deux respon-sabilités: pédagogique avec les équipes, et relations avec lesentreprises. » Il a donc fallu se structurer, avec des sallesinformatiques dédiées et un service administratif. Toutefoisen raison de la difficulté à trouver des postes en alternance,est créé un BTS en formation initiale. « L’idée était de ne paslaisser “sur le carreau” des jeunes très bien, conformément à

la philosophie de l’ORT qui donne à chacun sa chance. Tousles jeunes ne sont pas faits pour l’alternance qui n’est pas un100 m mais un marathon… », explique P. Cohen. Et puisdes « étudiants brillants » partaient faire une licence ou unmaster dans d’autres établissements. Détectant dans lesentreprises de la région un besoin de gestionnaires de paye,l’équipe de Lyon travaille sur un projet pédagogique à Bac+3 qualifiant. Sont recrutés comme profs des chefs d’en-treprise, des juristes, des consultants, des directeurs deRessources humaines… C’était en 2003. « On était dans lemille: on formait des gens avec taux des placement de 100%.Si nous perdurons, c’est que nous répondons totalement à lademande des entreprises régionales ». Bémol : les étudiantsétaient friands de formation diplômante et pas seulementqualifiante. Grâce à M. Benoilid, un partenariat est nouéavec la FEDE (Fédération européennes des écoles) afin dedélivrer un diplôme de dimension européenne. Pour don-ner une assise plus professionnelle à ce diplôme, un titrecertifié ministère du travail vient compléter cette forma-tion. Ainsi sur une année de formation, les étudiants ontla possibilité de valider deux titres : un titre RH (ressour-ces humaines) et un titre de gestionnaire de paye.Parallèlement, dans la perspective de développement del’enseignement supérieur à l’ORT Lyon et suivant un sou-hait de la communauté, est mis en place un DCG. Là,comme à Montreuil plus tard, est recrutée une équipepédagogique exceptionnelle pour préparer un vrai diplômed’état en 3 ans. A cette fin, l’école fait appel à des expertsvenus pour beaucoup de Lyon 3, l’équivalent de Dauphinedans la cité des gones, avec là encore des universitaires(maîtres de conférence, agrégés) en droit, en manage-ment…, des commissaires aux comptes et experts comp-tables, des avocats et des fiscalistes, des magistrats. « Il fal-lait que, dès l’ouverture de cette formation, nous soyonsreconnus parmi les meilleurs, et cela se traduisait d’aborddans le choix de l’équipe pédagogique ».

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J Professeur agrégéd’économie et gestion,Didier Bensadon aenseigné dix ans enclasse de BTS. Titulaired’un doctorat en sciencesde gestion, il estaujourd’hui maître deconférences en sciencesde gestion à l’universitéParis-Dauphine. Il est responsable pédagogiquede l’unité d’enseignement « Comptabilitégénérale » en première année de licence (800 étudiants) et enseigne la comptabilitéfinancière dans les formations menant àl’expertise-comptable ainsi qu’en M.B.A. Auteur de plusieurs ouvrages, sur les normescomptables internationales et sur l’histoire del’information financière, il vient de participer àla rédaction de la 6ème édition de l’ouvrage« DSCG UE 4 : Comptabilité et Audit » publiéchez Foucher. Ecoutons-le : « J’aime enseigner,j’aime transmettre… Sans négliger la dimensiontechnique, il faut arriver à présenter auxétudiants les enjeux et les idéologies qui secachent derrière les dispositifs comptables etfinanciers. Cette approche rend l’enseignementde la comptabilité beaucoup plus intéressant.Outre la préparation au DSCG, l’idée est aussi deformer de futurs managers à même de prendrede la distance sur la façon de construire uneréalité à travers les chiffres. »Alors autres questions à celui qui trèspédagogiquement ne cesse d’en poser,répondant souvent lui-même avec un « jem’explique… » qui ouvre toujours à de lumineuxdéveloppements qui font regretter de ne pasêtre son étudiant.

La différence entre des étudiants préparant leDSCG à l’ORT et ceux inscrits dans la filièremenant à l’expertise-comptable à Dauphine ?« Les capacités cognitives des étudiants sont lesmêmes : mêmes questions, mêmes difficultés,même rythme. La différence réside dans lecapital culturel des uns et des autres. C’est pourcela qu’à l’ORT, je travaille également sur larédaction, l’analyse, la conceptualisationnotamment grâce à la présentation et à ladiscussion d’articles de recherche en comptabilitéet dans le cadre de l’agrément des mémoires deMaster DSCG. Pour démystifier tout cela j’aid’abord accompagné les étudiants de l’ORT à lasoutenance publique d’une thèse de doctorat encomptabilité à Paris-Dauphine. Ensuite, lesétudiants ont travaillé sur des articles tirés decette thèse, cela sous forme de colle comme en prépa ».

Pourquoi enseigne-t-il à l’ORT ? « C’est une école juive ouverte qui peut donnerégalement une seconde chance et qui valorisel’insertion professionnelle… . J’apprécied’enseigner à ces étudiants courageux car leDSCG est un diplôme très sélectif qui nécessiteun travail important. Pour ces étudiants ladifficulté est double : ils sont confrontés auxexigences d’un diplôme national et doiventconduire des missions dans le cadre del’apprentissage. Je profite d’ailleurs de cettetribune pour demander aux maîtresd’apprentissage de confier aux apprentis de l’ORTdes missions qui puissent permettre dedévelopper leur potentiel et ne pas les cantonnerà des tâches subalternes… ».

Dernière précision, Didier Bensadon estégalement titulaire d’un DEA d’histoire sociale.Il a travaillé sur « Le regard de la police et desparisiens sur les Juifs à Paris au XVIIIe d’après lesarchives de la Bastille » . Ces travaux ont étépubliés dans la revue Archives Juives et ont étéprimés par deux prix l’un décerné par l’Institutdes Hautes Etudes en Sécurité Intérieure(IHESI), l’autre par la Fondation du Judaïsmefrançais… J

Didier Bensadon Professeur à l’Université de Paris-Dauphine et à l’Ort Montreuil

Une promotion ORT de futurs gestionnaires de haut niveau

”L’idée est

aussi de former de futurs managers

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Symbole et acteur de premier plan de cette équipe péda-gogique qu’il a contribué à constituer: Jean-Jack Emsalem.Maitre de conférences associé à la prestigieuse universitéJean-Moulin Lyon 3 et professeur à l’Ecole de Notariat, ins-pecteur des finances publiques, il est également assistantspécialisé au pôle économique et financier du TGI de Lyon.Apparenté à un ancien directeur de l’ORT, J-J Emsalemenseigne en DCG depuis son ouverture en 2010 et enDSCG à partir de septembre 2013. Et il est visiblement heu-

reux de le faire. Ce qu’il apprécie, c’est « la spécificité juivede l’ORT, mais une spécificité œcuménique avec l’accueild’étudiants musulmans, juifs, chrétiens. »J-J Emsalem considère comme optimal le nombre d’unevingtaine d’étudiants par cycle.Au-delà, il y a un problèmede crédibilité. «A la différence de l’université, à l’ORT les élè-ves sont encadrés et suivis » Et de constater : « On a changéde braquet.» Et, après un silence, cette question : « Pourquoipas une prépa HEC à l’ORT ? » J

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d o s s i e r

On le sait, ORT-France appartient à un réseau plus vaste etplus puissant, celui de l'ORT-Mondiale dont le siège est àLondres. Ce réseau forme la plus importante ONG éduca-tive au monde déployant son action sur les 5 continents.Mais il est un domaine où cette action relève autant du sym-bole que de la nécessité. Il s'agit de l'aide apportée d'unepart aux communautés juives renaissantes de l'ex-URSS, et,d'autre part, du soutien donné aux populations défavori-sées en Israël. Dans ces deux domaines, et ce depuis huit ansgrâce à l'engagement de GuySéniak, ex-directeur générald'ORT-France, la Francejoue un rôle remarquable.Longtemps bénéficiaire del'aide de l'ORT-Mondiale, enparticulier de celle venue des Etats-Unis, l'institutionfrançaise est à son tour deve-nue donatrice. Représentantde l'ORT-mondiale dansl'Hexagone, G. Séniak yorganise des levées de fondssoit par le biais de diners dedonateurs, soit par appel àdes institutions juives fran-çaises ou à des philanthropes individuels.Actuellement, deux programmes mobilisent ses efforts.D'abord, dans le cadre du soutien aux Juifs de l'ex-URSS,a été lancé un vaste programme d’intégration d’écolespubliques dans le réseau ORT, dont la caractéristique prin-cipale est la double excellence pédagogique générale, s'ap-puyant fortement sur les technologies numériques, et l'ex-cellence pour les matières juives qui y sont enseignées, àcommencer par l'hébreu. Parmi les trente écoles de ce typeexistant en Russie, en Biélorussie, dans les Pays Baltes et enUkraine, la France soutient tout spécialement l'école deSamara (ex-Kouybychev) non loin de la frontière avec leKazakhstan. Cette école accueille, du primaire au bac, 500élèves dont 50 % de Juifs. Les familles juives veulent à la foisd'excellentes études générales et un niveau élevé d'ensei-gnement juif, deux facteurs d’attraction de l’école en ques-tion. C'est la troisième année de ce parrainage français.L'autre programme-phare de l’ORT Mondiale, mis enœuvre en Israël depuis plusieurs années, a pour objectifl'amélioration du niveau pédagogique et de l’équipementen nouvelles technologies des établissements scolaires deszones et populations défavorisées, y compris ceux desminorités ethniques arabes, druzes et bédouines. Il s'agitlà d’éviter que les disparités ne se creusent avec l'ensemblede la population.

Reste enfin les actions financées à titre individuel par telou tel donateur souhaitant aider une partie d'un pro-gramme ou des projets qui leur tiennent à cœur toujoursdans le domaine de l'éducation.Pour dire leur reconnaissance aux donateurs de leur école,les enfants de Samara ont envoyé à chacun de leurs bien-faiteurs un dessin spécialement réalisé à son intention. Autotal 48 dessins qui sont autant de messages de gratitude.Et de continuité juive... J

SI VOUS SOUHAITEZ PARTICIPER À UNE DE CES ACTIONS, VOUS POUVEZ VOUS ADRESSER À : GUY SÉNIAK, UNION ORT,

[email protected], TÉL : 06 14 73 38 21

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u n r é s e a u m o n d i a l

U La France et les enfants de Samara

”J A 22 ans, il fait partie de la1ère promotion de DSCG de Lyonadmise en septembre dernier. Etn’allez pas dire à Haïm, entré en1ère à l’ORT Lyon, que son écolene l’a pas aidé à trouver sa voieet à y persévérer ! « Au début, je voulais faire de lacommunication, sans en être sûr !Et il y a eu la découverte de lacompta que je me suis mis àaimer. En 1ère année, je n’ai paseu de bonnes notes. J'ai toujoursvoulu tenir bon et croire en mescapacités pour la suite. C'est endébut de terminale que j'ai eu ledéclic. Au départ on touchait auxgrands documents de synthèse(bilan et compte de résultat). Puis,on part sur l'analyse des comptes,et on commence à "faire parler leschiffres". Une prof en compta m'amarqué, Madame Foray, en 1ère eten terminale. Elle était trèsdirecte. Elle a su m'intéresser à lacompta en faisant vivre la matière.En terminale, je trouve un copainpour travailler le bac Compta et

finances des entreprises, MeyerAssayag. Nous avons eu le bacavec mention. A la fin de laterminale, je ne savais pas sij'allais vers le commerce ou lacompta. Je prépare un BTSd’assistant de gestion, voiegénérale qui me permettait derester à l'ORT. Juif pratiquant,c'est important pour moi: cantine,fêtes... Mais il fallait aussi que laformation me convienne. Je n'aifait que la 1ère année de ce BTS,car j'ai senti que j'avais besoind’aller plus loin. J'ai décidé d'allervers la compta. Le commerce ilfaut la tchatche, mais moi j'aimeles chiffres. Et à 20 ans, je décided'entamer un DCG. Je savais quec'était un challenge. Les profsm'ont dit que cette 1ere année deBTS m'a fait mûrir. En DCG, il fautbosser au moins deux heures parjour en plus des cours, et ledimanche 4 heures. Nous sommesportés par un encadrementpédagogique de qualité et lepartenariat avec Lyon 3. On a droità des profs de fac pour une classede 15/20 élèves, avecenvironnement matériel et culturel

favorable. La communication estfacile avec la direction de l'école et du DCG en général.Mon ami Meyer s'engage aussi enDCG, et on travaille ensemble et çanous aide à repousser nos limites.Comme dans le sport... Ce qui m’aplu, c’est l’introduction à lacompta, et la compta approfondie,le droit fiscal, le contrôle degestion et le droit social. Toutes lesmatières où on touche au concret.Il faut un bel esprit de synthèsecar le programme est très vaste.On peut se perdre ! La 1ère annéea été ma plus belle année enterme de travail et de résultats. Apartir de novembre, des étudiantsme disaient : « On voit les cernessur ton visage, un peu comme ungeek...". En troisième année, c'estplus cool. » Comment se voit-il dans 10 ans ?« Je suis expert comptable, à moncompte… ». Conseil aux candidatsau DCG : « Bien réfléchir avant dese lancer, car il faut tenir ! Cen’est pas une formation qu’onchoisit par défaut ». J

Haïm Dray, étudiant en DSCG à Lyon

Un diplôme exigeant

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J Ce qui frappe chez Jacques Garih,d’emblée, c’est son assuranceéclairée parfois d’un demi-sourire.Une positivité rare par temps decrise, d’avenir bouché et de météogrise. Direct, malgré la réserved’usage chez un homme habitué àjauger l’interlocuteur au-delà desapparences, il a l’aisance du patronqu’il a – presque – toujours été.Mais, comment ne pas relever cettefaçon de parler, avec une pointe degouaille parisienne, typique desashkénazes ou des Juifs turcsimplantés dans l’Est parisien dèsavant la guerre. Malgré le 16ème

arrondissement de Paris où il est né,où il a été élevé, et où il a toujourshabité… Alors ce parler ? « Lafréquentation du monde ouvrier etl’industrie, sans doute… », explique-t-il, faisant allusion à l’usine qu’il acréée et dirigée pendant denombreuses années. On y fabriquaitdes bras de robots industriels, à lapointe de la technologie.Cette tradition industrielleinnovante, Jacques Garih la tient deson père Henri qui dans les années30 crée l’entreprise Safetyproduisant du carbure de tungstène,la seconde au monde à le faire aprèsKrupp. Originaire d’Irak, la famillepaternelle vivait à Istanbul où est néHenri Garih qui a immigré enFrance en 1924 à 17 ans. Là ilépouse Adèle, originaire de Lumza(Pologne). Aisé, le couple habite letrès bourgeois 16ème arrondissement

de Paris. Bonheur de quelquesannées ! Lorsque la guerre éclate,l’usine est délocalisée et« aryanisée » à la Souterraine dansla Creuse. Surviennent lespersécutions, et la famille qui s’estagrandie, avec la naissance du frèreaîné et la sœur de Jacques, seracachée sur les hauteurs de Nice parBerthe et Charles de Lespinasse -des Justes. Commentaire de celuiqui, né après guerre, se sentappartenir à une famille, à unpeuple de survivants : « La France aété le pays où il y a le plus de Juifssauvegardés ».

Faire à fond des gestes…Notre babyboomer est élevé dansun judaïsme aussi discret – l’Unionlibérale de la rue Copernic pourRoch Hashana – que généreux,surtout pour le tout nouvel Etatd’Israël – dons substantiels à l’Appeljuif unifié. Le déclic en la matière,c’est, comme souvent une femmequi va devenir son épouse : Arlette.Appartenant à une famille engagéedans la communauté dite de « stricteobservance » fréquentant lasynagogue de la rue de Montevideoà Paris, celle-ci, psychanalyste, vadonner à son mari, la connaissanceet la pratique du judaïsme, un cadrefamilial heureux avec quatreenfants, deux garçons, deux filles,bref une inscription consciente dansune tradition. La base identitaire etfamiliale étant assurée, J. Garih peutse consacrer à ses trois passions endehors de la chose juive : l’industrie,l’innovation, l’enseignement.L’industrie, c’est l’entreprise derobotique déjà évoquée que crée cetingénieur formé à Metz et à laprestigieuse université de Stanford.L’innovation, c’est la technologie depointe qui sert aussi bien à lafabrication d’objets qu’en médecineou pour la recherche.L’enseignement, c’est l’écoled’ingénieur SupII Mécavenir qu’il

préside et où l’on fait « des étudespar apprentissage », tient-il àpréciser pour souligner la fonction« d’ascenseur social » del’établissement. Et c’est l’ORT.Actuellement, J. Garih est présidentdu Comité local du Centre deformation professionnelle deChoisy-le-Roi. Un vrai challengequand la fin des financementspublics condamnait l’établissementà la fermeture. Grâce au soutien duConseil d’administration d’ORT-France et de son bureau dont J.Garih est un membre éminent etprometteur, grâce à ladétermination du directeur deChoisy, Georges Bramli - « un typeformidable ! », s’exclame sonprésident - un volet important de latradition de l’ORT, la formationprofessionnelle d’adultes, est enpasse d’être maintenu et développé.« Ma mission est le retour àl’équilibre financier » ! Là encore,pas de grands mots, mais unprogramme clair et pragmatique,comme l’est l’homme, ingénieur etpatron qui va à l’essentiel. Ainsi ceresponsable de la très influenteUnion des industries métallurgiqueset minières se dit également« inquiet » pour l’avenir industrielde la France.Et l’ORT ? Réponse là aussiimmédiate : « Je suis pour la montéeen gamme », façon marketing dedire l’évolution vers le supérieur. Etpuis l’ORT est une institution juive.Un judaïsme, comme il l’aime, c’est-à-dire ouvert, accueillant etpluraliste. Credo paradoxal : « Onn’agit pas parce qu’on croit, maisparce qu’on est juif. Le judaïsmeconsiste à faire à fond des gestes… ».Bref, un judaïsme de l’action qui sedoit toutefois d’être conscient etinformé de ses traditions, de saculture, de son histoire.La transmission justement : Arletteet Jacques Garih ont 16 petits-enfants, « Neuf garçons, sept filles ».Mazal tov et plein d’autres encore,avec de belles réussites pour Choisyet pour l’ORT ! J

J Le rendez-vous était fixé à la Villad’Eylau, le siège parisien d’ORT-France. « J’accompagne des élèves dulycée de Villiers-le-Bel qui passent unexamen à Paris ». Professeured’hébreu, d’histoire et de culturejuives, Dalia Nakache enseigne dansun des établissements fleurons del’ORT, près de Sarcelles. En avance,elle attend sagement dans le hall dece petit hôtel particulier qu’elleconnaît. « Je suis venue avec des élèvesde Villiers pour un projetpédagogique ». Notons là encorel’allusion aux élèves. A peinesommes-nous installés pourl’entretien, que passe une jeune fillequi salue chaleureusement« Dalia ! ». L’ancienne élève rayonnede gratitude lorsqu’elle aperçoit sonprof. Le ton est donné : DaliaNakache aime l’enseignement certes,mais d’abord, surtout, elle aime lesélèves. D’un amour exigeant. C’estun vrai plaisir de voir ce beau visageserein et jovial, qui ne se déparejamais – ou presque – d’unsplendide sourire, s’illuminerlittéralement lorsqu’elle parle des« élèves ». « Dans la pédagogie,explique-t-elle, rien ne remplace larelation. Les jeunes restent derrière lesécrans de leur téléphone ou de leurordinateur. Il faut éveiller leurcuriosité. La culture est reléguée ensecond. Comprendre, connaîtres’interroger : la culture c’est cela ».Concrètement, comment traduit-elle cette définition dans sonenseignement des matières juives ?« Je crois que l’histoire juive et l’hébreuvont aider les enfants à construire leuridentité. Nous les juifs avons unehistoire singulière de persécutés quirenaissent, miraculeusement et parchoix, de leurs cendres ».Et les élèves, comment les situer danscette histoire des Juifs de France ?« En seconde, je les interroge sur leurvie aujourd’hui. Je pars de l’histoire del’ORT. On doit partir de la situationdes élèves pour enseigner. Ils sont àl’ORT, en France. Et pour les élèvesnon juifs c’est faire comprendrel’histoire juive au-delà desstéréotypes ». Evoquant la réforme en

cours des enseignements juifs àl’ORT (cf dossier p. 10), elle déclare:« Quand j’ai commencé à enseignerles matières juives, on ne les prenaitpas au sérieux. Mais notre cours forgeune identité, forme des citoyens et des transmetteurs, garantis de notresurvie. Il faut donner toute sa place àcet enseignement. »Directeur du lycée de Villiers-le-Bel,Moïse Tibi parle de Dalia commed’une « prof atypique ». Il dit aussi sa« ferveur à enseigner qui n’a d’égaleque celle des élèves à l’écouter… ».A entendre D. Nakache évoquer son

métier, avec une passion à peineretenue, on peut facilement penser àune jeunesse sans histoire, à unecarrière toute tracée où finalementd’élève à professeur, on ne quittejamais l’école… Eh bien non ! DuMaroc d’où vient sa famille qui faitson alya au milieu des années 60 à latransplantation à Sarcelles en 1978,en passant par une enfance en Israëloù elle est née, la vie de Dalia n’arien du long fleuve tranquille qu’unsplendide regard et une voix doucevous laissent trompeusementimaginer. Son père, styliste, estemporté par un cancer, laissant dansla détresse épouse et enfants, cinqdont Dalia est l’aînée. Elle a alors 20ans. Sa propre scolarité : pas simplenon plus ! A 14 ans, débarquantd’Israël elle ne parle pas un mot defrançais. Le proviseur du collège deSarcelles, M. Karsenty la prend en6ème : « Une rencontre peut changerune vie » ! A force de volonté et detravail, elle passera un Bac B ets’inscrit en fac pour des études

d’anglais, d’hébreu et d’arabe. Maisquand son père disparaît, l’aînée desMellul – son nom de jeune fille –doit travailler pour aider une mèreveuve de 38 ans. Récit : « Je trouveun emploi de secrétaire dans une boîtede soutien scolaire. J’enseignaisl’hébreu, l’anglais et la méthodologie.Je deviens la directrice jusqu’à l’andernier. »

La force que donne l’amour de la vieCertes, il y a les moments heureux :le mariage en 1988, avec Alain,informaticien, professeur à l’ORT ;la naissance des enfants : Charlène,agrégative de maths, Annaëlle,kinésithérapeute, Nathanel-Isaac,en 3ème au collège ORT. « Mes troisenfants ont fait Villiers, et ont eu desbac avec mention ». Quant à sonengagement au lycée de Villiers,écoutons-la : « En 2001, j’avais refuséun poste. Surtout, j’ai une tumeur quientraîne une paralysie du bras droit.Un chirurgien me dit : ‘’Vous neserrerez plus vos enfants dans vosbras’’… ». Multipliant les séances derééducation, avec la force de ceux quiaiment absolument la vie, Daliaregagne « cm par cm » l’usage de sesmembres. En 2007, nouvelleproposition d’un remplacement àl’ORT qui deviendra un postevéritable en 2009.Ultime moteur de Dalia: la famille, leclan faudrait-il dire, car il comprend,outre les proches, les 15 famillesjuives du lotissement où elle habite.Et puis il y a sa « quasi sœur arabe »,Djamila – « Jimmy » - jeuneAlgérienne recueillie par la mère deDalia alors qu’elle fuyait un mariageforcé. « On est plus proche de l’islammodéré que l’on ne veut l’admettre.Il y a des religieux indignes pour desreligions dignes. Je dis parfois à mesélèves qu’il y a des Tibi, des Haddadarabes… » Et quand on lui parle de l’avenir, ellerépond simplement : « Réussirl’éducation de mes enfants… ».Education on le sait maintenant quine consiste pas seulement à faire de« bons élèves » ! J

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f i g u r e s Dalia NAKACHE, une prof et ses élèves

Jacques GARIH, un patron à Choisy