Mensuerce juin 2014

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Agir ensemble Egalité Solidarité Education populaire Interculturalité Lien social En Route Contre l’Exclusion est une association de loi 1901 formée en 2012 par un groupe d’étudiantes du Master Analyse de crises et action humanitaire de l’Université de Savoie. Initialement formée pour un projet de solidarité franco-indien visant à comprendre les enjeux, les manifestations et les méthodes de lutte contre l’exclusion l’association s’est pérennisée et à maintenant pour but de sensibiliser à la lutte contre toutes les formes d’exclusion et de prôner la solidarité internationale. Le Mensuerce est notre revue de solidarité. Tous les mois il se propose de donner la parole à des gens, des structures ou des jeunes du monde entier afin qu’ils s’expriment sur des thèmes étroitement ou légèrement liés à la solidarité, l’injustice sociale, l’interculturalité, l’égalité et le développement. Le Mensu-ERCE c’est la revue de solidarité d’ERCE mais c’est aussi la vôtre ! Mensu-ERCE Juin 2014 1 Nos actualités En Route Contre l’Exclusion prend la route 2 Exclusion et « petits soldats » au service du trafic de stupéfiants à Rosario 4 Témoignage du Brésil Ne venez pas à la coupe du monde !

description

Voici notre publication de Juin, ce mois-ci l'annonce de notre départ, un article sur Rosario (Argentine) où le trafic de stupéfiants fait de nombreuses victimes et augmente les situations d'exclusion pour les jeunes et un article écrit par une correspondante de Rio de Janeiro qui donne des raisons de ne pas venir à cette Coupe du Monde.

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Agir ensemble Egalité Solidarité Education populaire Interculturalité Lien social

En Route Contre l’Exclusion est une association de loi 1901 formée en 2012 par un groupe d’étudiantes du Master Analyse de crises et action humanitaire de l’Université de Savoie. Initialement formée pour un projet de solidarité franco-indien visant à comprendre les enjeux, les manifestations et les méthodes de lutte contre l’exclusion l’association s’est pérennisée et à maintenant pour but de sensibiliser à la lutte contre toutes les formes d’exclusion et de prôner la solidarité internationale. Le Mensuerce est notre revue de solidarité. Tous les mois il se propose de donner la parole à des gens, des structures ou des jeunes du monde entier afin qu’ils s’expriment sur des thèmes étroitement ou légèrement liés à la solidarité, l’injustice sociale, l’interculturalité, l’égalité et le développement. Le Mensu-ERCE c’est la revue de solidarité d’ERCE mais c’est aussi la vôtre !

Mensu-ERCE Juin 2014

1 Nos actualités En Route Contre l’Exclusion prend la route

2 Exclusion et « petits soldats » au service du trafic de stupéfiants à Rosario 4 Témoignage du Brésil Ne venez pas à la coupe du monde !

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En Route Contre l’Exclusion prend la

route : J-27

Comme nous vous l’annoncions dans le MensuERCE d’avril dernier, Contre l’Exclusion par

l’Education est en marche : nous nous trouvons à présent très proches du grand départ, et

surtout de la grande rencontre avec notre partenaire argentin Educación Para la Paz. C’est en

effet en août de cette année que nous allons pouvoir échanger pendant plus de trois semaines

sur nos sujets de préoccupation communs, à savoir l’exclusion des jeunes, en particulier en

zone périurbaine, et sur les moyens à notre disposition pour y remédier. Ensemble, nous

analyserons la situation actuelle et ce qui se fait déjà dans nos pays respectifs, et nous

définirons notre place commune en tant qu’alliance de forces mobilisées par des objectifs

similaires. Nous commencerons par tracer notre projet sur une année, projet qui visera entre

autres à réunir non seulement l’ensemble des partenaires (actuellement positionnés sur

plusieurs continents) mais aussi à faire se rencontrer des représentants des groupes de jeunes

impliqués dans les projets et activités de chacun. Nous nous déplacerons dans le pays pour

découvrir les diverses actions du partenaire, à Buenos Aires, Rosario, Córdoba et Victoria, et

voir comment intégrer au mieux ce nouveau projet au sein de leur Fondation afin d’obtenir un

réel impact. Enfin, nous proposerons d’initier un travail en réseau à travers des ateliers aux

jeunes argentins déjà intégrés aux projets d’Educación Para la Paz.

L’équipe d’ERCE envoyée sur place se composera donc de Kelly, Raphaëlle, Sanae, Audrey

et Laila, étudiante en affaires internationales, qui effectuera un stage à nos côtés. Chacune de

nous sera responsable d’un aspect du projet, dont notamment la rencontre avec les jeunes et

l’animation avec les jeunes, qui deviendront les principaux créateurs d’un guide-outil de lutte

contre l’exclusion, ainsi que de l’exposition photos thématique.

Cette lettre est également l’opportunité pour nous de remercier toutes celles et ceux parmi

vous ayant contribué, soit en donnant soit en ébruitant l’info, à notre campagne de récolte de

fonds. Grâce à vous, la phase terrain de notre projet a pu se concrétiser. Sur place, nous ne

manquerons pas de vous maintenir informés de l’avancée de notre travail via des newsletters,

le MensuERCE et notre page Facebook. Nous vous invitons donc à nous suivre attentivement

au cours de ce mois d’août, et à nous faire part de vos commentaires et ressentis !

Nous avons hâte d’y être pour entamer une coopération pérenne et fructueuse avec notre

partenaire principal, mais aussi pour rencontrer d’autres associations et acteurs de la société

civile argentine qui partagent notre vision d’une société inclusive pour tous, en cohérence

avec les besoins de changement actuels.

A notre retour, nous finaliserons les outils éducatifs, et nous mettrons en place une plate-

forme afin de partager ces outils et les premières conclusions du travail en Argentine entre

tous les partenaires associés au projet global. En outre, nous initierons une série de

conférences et d’interventions en France auxquelles nous vous invitons d’ores et déjà.

Audrey Nicolas, Responsable du projet Contre l’Exclusion Par l’Education

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Exclusion et « petits soldats » au service du

trafic de stupéfiants dans la ville de Rosario.

Peuplée de presque 950 000 habitants, Rosario est la troisième ville d’Argentine. Et sa taille

présente quelques contradictions choquantes. Alors que dans le centre ville, on trouve les bars

et les restaurants à la mode et on peut observer la vie des populations de classes moyenne et

haute, on trouve les bidonvilles et la pauvreté dans les quartiers limitrophes.

Et la vie dans ces quartiers n’a rien de paisible, car le trafic de stupéfiants s’y est installé

depuis quelques années. Cette installation est due à l’emplacement stratégique de Rosario par

rapport à la route de la drogue: via les routes internationales, la cocaïne arrive de Bolivie, la

marijuana du Paraguay, pour ensuite poursuivre son chemin via les grands ports d’Amérique

du Sud et les autres routes internationales. La marchandise va et vient, mais la peur, la

violence, les homicides et les morts perdurent à Rosario.

Sur place, quelques organisations très structurées contrôlent le trafic et se disputent le

territoire de la ville, parmi les plus connues: les Monos et la famille Cantero.

Malheureusement, ceux qui sont en première ligne de cette bataille sont les jeunes, “petits

soldats” comme ils se surnomment, recrutés au début pour “couper” ou vendre les doses dans

les quartiers de la ville, dans les “bunkers” ou “kiosques”, selon le jargon employé ces termes

désignent simplement des édifices abandonnés et réutilisés comme points de vente ou comme

laboratoires pour couper la drogue.

Ces jeunes sont attirés par l’argent facile et le pouvoir même s’il ne leur revient qu’une part

infime des revenus engrangés par le trafic de stupéfiants. C’est pour eux une alternative quand

ils se retrouvent en situation d’échec scolaire ou quand on ne leur propose que des emplois

beaucoup moins bien rémunérés. Malgré leurs gains peu importants et leur rôle de simple

main d’œuvre obéissant aux ordres arrivant d’en-haut, la Police s’en prend à eux, voulant

ainsi prouver qu’elle agit contre le trafic de stupéfiants.

Cela est dû à la corruption de beaucoup de policiers, quelle que soit leur place dans la

hiérarchie, et à leur complicité avec ceux qui se trouvent à la tête du trafic. A cause de cela, il

est à la fois plus facile et plus “rentable” pour les policiers de s’en prendre aux plus petits

plutôt qu’aux véritables responsables. Démanteler un réseau entier reviendrait pour eux à se

priver d’une source de revenus.

Certains de ces “petits soldats” sont armés ce qui provoque parfois des disputes entre des

bandes rivales et bien souvent des assassinats quand les voisins démontent un point de vente,

ou quand une association de militants élève la voix pour dire qu’elle arrête son action dans

une zone. Et par-dessus le marché, les balles perdues sont monnaie courante, faisant beaucoup

de victimes innocentes et touchant des enfants, des jeunes, des mères de famille et des

travailleurs du voisinage coincés au milieu de guerres de territoire.

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Ainsi est la vie dans beaucoup de quartiers de Rosario (comme dans les quartiers de Villa

Moreno, Ludueña ou Nuevo Alberdi) depuis environ 10 ans, avec une alternance de périodes

calmes et de périodes où on déplore beaucoup d’événements tragiques.

Quelques chefs de Police sont tombés, mais le sentiment de peur demeure dans les quartiers,

chez ceux qui continuent de se battre pour qu’on n’oublie pas les victimes, pour la protection

des jeunes et pour que le circuit de la drogue ne passe plus par là.

Audrey Nicolas

Bibliographie

http://www.documedia.com.ar/callesperdidas/

http://www.bbc.co.uk/mundo/noticias/2014/04/140415_rosario_violencia_narco_argentina_irm.shtml

http://www.infobae.com/2014/04/09/1556155-megaoperativo-contra-el-narcotrafico-rosario-24-

detenidos-92-allanamientos-simultaneos

http://noticias.univision.com/article/1917437/2014-04-11/america-latina/argentina/argentina-declara-la-

guerra-al-narcotrafico-en-rosario

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Témoignage : Ne venez pas à la coupe du

monde !

Ne venez pas à la Coupe du Monde. C'est quoi cette Coupe du Monde, c'est quoi ces Jeux

Olympiques où coule le sang de jeunes innocents?. Tous les mois seulement à Rio de

Janeiro et d'après ce que je lis dans les journaux, la Police tue au moins trois personnes,

souvent des noirs habitant dans les banlieues. Dans ce pays que j'aime et qui s'appelle

Brésil, c'est encore la couleur de la peau et le quartier de résidence qui détermine la valeur

de la vie d'un être humain...

Il faut dire qu’ici la Police ne plaisante pas quand elle intervient dans les favelas de la zone

sud, là où les touristes seraient susceptibles de s’aventurer. Il y a peu, les favelas du

complexo da Maré, dans la zone nord, ont été envahies pour être « pacifiées ». Pendant

plusieurs jours hélicoptères, files de blindés, militaires et policiers armés jusqu’aux dents

ont investi la communauté. Le complexo da Maré n’a pas été choisi par hasard pour figurer

sur la liste des favelas « pacifiées » puisqu’il borde l’autoroute qui va à l’Aéroport

International Galeão. Cette autoroute, très fréquentée, est souvent bouchée aux heures de

pointes et de nombreux conducteurs se faisaient agresser alors qu’ils étaient à l’arrêt au

milieu de la favela. Il est aussi arrivé que des tirs éclatent de part et d’autre de l’autoroute

provoquant panique et accidents. A quelques semaines de la Coupe du Monde les autorités

ont pensé que de tels évènements ne pouvaient se produire devant les caméras du monde

entier et ont donc agi en conséquence.

Pour l’instant la plupart des favelas de la zone sud et quelques favelas de la zone nord

possèdent une UPP (Unité de Police Pacificatrice). A chaque fois, lorsqu’une favela est

envahie les policiers font en sorte d’arrêter quelques trafiquants pour montrer les résultats

de toute cette violence. Evidemment, quand une pacification est annoncée les trafiquants

s’organisent pour que leur réseau quitte la favela et se délocalise. Pour l’instant le plus gros

du trafic de drogue à Rio a simplement été repoussé vers le nord, loin de la zone sud et du

centre. A São Gonçalo la violence a considérablement augmenté depuis l’année dernière et

chaque quartier est tenu par un « comando ». Parmi les habitants du quartier où je travaille

tous ont été victime ou ont assisté à un « assalto », quand une voiture arrive en trombe avec

des hommes armés qui vous demande votre argent et vos objets de valeur avant de repartir

aussi vite qu’ils sont arrivés.

En ce moment il y a une vraie préoccupation et une vraie discussion sur La Coupe du

Monde de la Fifa qui doit avoir lieu dans 12 villes brésiliennes à partir du 12 juin prochain.

Beaucoup de villes n’ont absolument pas fini les travaux pour accueillir l’évènement [...]

La plupart des villes hôtes ne disposent pas des infrastructures suffisantes pour supporter

un tel évènement, la vie cette année devient de plus en plus compliquée et l’inflation a

explosé. Le collectif « Não vai ter Copa » : « La Coupe du Monde n’aura pas lieu », mène

des actions dans les villes brésiliennes et on peut lire cette phrase sur de nombreux

bâtiments de la ville de Rio […] Niveau sécurité les angoisses montent notamment chez les

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délégations étrangères. Les anglais sont de plus en plus inquiets car ils ont choisi de résider

à São Conrado, le quartier le plus huppé de Rio de Janeiro. Problème auquel ils n’avaient

pas pensé et que les brésiliens ont oublié de mentionner : ce quartier se trouve au pied de la

« Rocinha », la plus grande favela d’Amérique du Sud […]. Malgré tous ses problèmes on

peut toujours compter sur le peuple brésilien pour voir le bon côté des choses et la grande

réjouissance du moment c’est le fait de pouvoir louer son appartement quelques jours à un

« gringo » venu assister à la Coupe du Monde pour une petite fortune. Des familles

entières se préparent à quitter leur maison pour quelques jours afin de la louer et empocher

plusieurs milliers de dollars. La grande discussion du moment c’est le prix auquel on va

louer son propre appartement et le prix exorbitant auquel le voisin, le frère, le cousin,

l’oncle ou le beau-frère va louer le sien.

Extrait de la newsleter de mai d’Helene Manche, ancienne élève du Master Analyse de

crises et action humanitaire de l’Université de Savoie actuellement en poste à Rio de

Janeiro au sein de l’ONG Campo.

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Envoyez-nous vos témoignages, vos écrits et/ou réflexions à [email protected]. Nous les publierons dans notre Mensu-ERCE et/ou sur nos plateformes de sensibilisation. Ce que vous avez à dire nous intéresse, et c’est ensemble que nous lutterons contre les exclusions. Vous pouvez également nous inviter à assister et/ou à participer à des évènements de solidarité et de lutte contre les exclusions. Enfin, vous pouvez nous aider à gagner en visibilité en parlant de nous autour de vous et en nous suivant sur nos différentes plateformes.

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A Lire : Le Parlement des invisibles, Pierre Ronsavallon (Professeur du collège de France, spécialiste de l’Histoire de la démocratie)

« La démocratie est minée par le

caractère inaudible de toutes les voix de faible ampleur, par la négligence des existences ordinaires, par le dédain des vies jugées sans relief, par l’absence de reconnaissances des initiatives laissées dans l’ombre. Or, une vie que l’on ne reconnait pas et une vie qui ne compte pas »

Pour en savoir plus :

www.raconterlavie.fr

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