Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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MÉDIÉVALES
Langue
Textes Histoire
Revue semestrielle
publiéepar
es Presses
Universitaires
e
Vincennes-Paris
III
avec le concours u
CentreNational
u Livre
et du Centre
e
la
Recherche
cientifique
fondée
ar
François-J.
eaussart,
ernard
erquiglini,
rlando
e
Rudder,
François
Jacquesson,
laude
Jean,
dile
Redon
Directeure la publicationOdileREDON
Comité
de
rédaction
Simonne
ABRAHAM-THISSE
Patrick OUCHERON
Alain
BOUREAU
Monique
BOURIN
Geneviève ÜHRER-THIERRY
Lada
HORDYNSKY-CAILLAT
Bruno
AURIOUX
DidierLETTLaurenceMOULINIER
Danièle SANSY
Conseil
scientifique
Jérôme
aschet,
Chiara
Frugoni,
Allen J.
Grieco,
Christine
apostolle,
Michel
Pastoureau,
Danielle
Régnier-Bohler,
Bernard
Rosenberger,
Barbara
Rosenwein,
imone
Roux,
Françoise
Sabban,
Thomas
Szabó,
Elisabeth
adora-Rio
© PUV, Saint-Denis, 996
Couverture
dessinde
Michel
Pastoureau
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MÉDIÉVALES 31 AUTOMNE 1996
LA
MORT
DES
GRANDS
HOMMAGE
À
JEAN
DEVISSE
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SOMMAIRE N° 31 AUTOMNE 1996
LA
MORT
DES GRANDS
(ve-xir siècles)
A JeanDevisse
Odile
REDON
5
La mort
es
grands
ans e
premierMoyen
Âge
Stéphane
EBECQ
7
Sépultures
cclésiastiques
t
sénatoriales ans la
vallée du
Rhône
(400-600)
Ian
WOOD
13
Saint-Germain-des-Prés,
remière
écropole
es rois de
France
Patrick ÉRIN 29
La
mort,
es funérailles
t la tombe
u roi
Pépin
e Bref
768)
Alain
DIERKENS
37
La
mort e
Charles
e
Chauve
Janet
ELSON
53
Le
«
sépulcre
es
pères
et les
«
ancêtres . Notes
sur e cultedes
défunts
l âge
seigneurial
Michel
LAUWERS
67
Des morts rès péciaux ux morts rdinairesla pastorale unéraire
clunisienne
xie-xiie
.)
Dominique
OGNA-PRAT
79
Chronique
e
quelques
morts nnoncées les
saints bbés
clunisiens
(xe-xne )
Patrick ENRIET
93
ESSAIS
ET
RECHERCHES
L Arcadiechrétiennee
VenanceFortunat.
n
projet
ulturel,
piri-
tuelet
social dans a
Gaule
mérovingienne
Anne
ROLET
109
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4 SOMMAIRE
« La
pierre
t a
porte
,unemésaventure
gnorée
nouvelle
pproche
des huitains CV
et
XCVI
du Testamente
Villon
Pierre
ÉLAMME
129
Notesde lecture
147
Pierre
Riché,
Petite vie de saint
Grégoire
le Grand
(B.
Judic)
Régine
e
Jan,
amille t
pouvoir
ans e
monde
franc
G.
Bührer-Thierry)
Martine
storero,
«
Folâtrer
avec les démons
.
Sabbat
et chasse
aux sorciers
Vevey
(F.
Cardini).
Livresreçus 155
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Médiévales1, utomne996,p. -6
Odile REDON
À
JEAN
DEVISSE
Jean
evisse,
né e 14
novembre
923,
stdécédé e mercredi 7
uillet
1996.
Depuisplusieurs
nnées a mort tait a
compagne,
ffrontée,oublée,
trompée
ar
'art du
Scorpion, oujours
amilière.
l
a dû enfin
rendre
e
temps
e
mourir,
enonçant
ux
pages qu'il
n'avait
pas
encore
crites,
ais-
sant
es thèses
u'il
devait ncore
ire,
uand
es
collègues
t es
élèves sont
ailleurs,
endant
es
«
vacances . Ultimemalice.
Ni l'hommeni son œuvrene tiendraientn deux
pages
(ni
en
cent).
Est-il
nécessaire
e
rappeler 'exceptionnel arcours
e
Jean
De visse le
changemente cap avec la « découverte de l'Afrique n 1958, prèsplu-
sieurs
nnées
d'enseignement
n France t de recherche
ppliquée
l'his-
toire u Haut
MoyenÂge européen
La fidélité
ussi,
ar e choix fricain
n'a
pas signifié
bandon
la thèse urHincmar e Reims mûri n
Afrique
et a été
publiée
n
1976
les élèves médiévistes 'ont
pas perdu
eurmaître.
Fidélité u mémoire
il
partait
ans abandonner.
l
a
quitté
'université
de
Vincennes
qui
est devenue arisVIII
-
mais
l
est resté
rès
de nous.
En histoire
a
pensée
a reliédes lieux et des
temps ui
semblaientes uns
aux autres
trangers
ais
qu'il
soumettaitu même
mpérieux uestionne-
ment. es amis
ontdonc
pu
sans
extravagance
ui dédier n
ouvrage
ntitulé
Les assises du
pouvoir Temps
médiévauxterritoires
fricains
PUV,
Saint-
Denis,1994.
Les
questions
taient
osées
aux
écrits,
ux
pierres,
la mémoire
sur
quoi
se fonde
'exercicedu
pouvoir
Comment
ne culture 'invente-t-elle
en un
ieu,
'impose-t-elle
ci ou
ailleurs,
urvit-elleu meurt-elleOù finit
le
Semblable,
ù commence 'Autre
Réponses
constammentemises
l'épreuve
es
enquêtes istoriques
t
archéologiques
trouvées ans e
sel,
l'or et l'eau commedans es
rapports
e solidarité
amiliale u tribale u
dans es formes u
politique
t du
religieux.
J'ai relu 'article
ntitulé
«
Que
faire u
MoyenAge
?
>'que
Jean
Devisse
avait
crit n
1984
pour
e
n°
7 de Médiévales
Moyen
Age,
mode
ď
emploi.
ortde la diversificatione
ses^
oints
e
vue,
l
mettait
n
cause
la pertinence e la « découpe Moyen Âge, ve-xveiècles , mêmepour
l'Europe
occidentale
ui
l'a
fabriquée
u
xvnr iècle. l
démontrait
ue
la
conception
u
temps
ourant 'une
origine
u création ers e
progrès
u
le
Jugement
st
plus
chrétiennet occidentale
ue
strictement édiévale.
Ramenant'attention
ur e
point
lémentairet
capital
des
subsistances,
t
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6 O.
REDON
de là sur es rapportse force ntre es producteurst les possesseurs u
sol et sur
es
phases
de la
capitalisation,
l
rappelait ue
les
processus
e
transformationn ce
domaine ont
ongs,
écalés,
mpossibles
maîtriser
l'intérieur'un
«
Moyen
Âge
».
Il
montraita
permanence
n
Occident
u
modèle
monarchiquemposé par
le
christianisme
epuis
e
vir
siècle. Il
voyait
u xine
iècle
a
naissance u sentimente
supériorité
es
Occiden-
taux,
ustifié
'abord
par
e choix de
Dieu,
puis
conforté
ar
es réussites
économiques,echniques,cientifiques,
t
étayé ar
'idée de
progrès.
Sans
aucun
doute, oncluait-il,
ette onscience e
supérioritéue
rienne
ustifie
constitue-t-elleotre
rincipal roblème
ulturelt
politique,
ace ux autres
mondes,
n
cette
indu xxe
iècle». Constatant
ue
«
le
MoyenÂge
est e
lieu d'enracinementhronologiquee la plupart es traditionsontnous
(les
Occidentaux)
ivons ncore
,
il
appelait
un
«
effort
ritique
relatif
à ces
héritages,ndispensable
elon ui
pour
ibérer otre
nalyse
u monde
actuel. 'écho de cet
appel
trouve ne certaine
onorité,
eludans
es
ours
étonnants
e
la
commémorationu
baptême
e Clovis.
Charge
ontrees idées
reçues, alayagemagistral
es
champs
e l'his-
toire
t des
temps
de
l'humanité,
onscience
politique,
ans une cité
qui
avait
pour
ui
la
dimension
u
monde,
ord
t
sud. Ses amis reconnaissent
dans cet articlebref 'homme
qu'ils
ont connu.Comme d'autres
grands
«
ancêtres
(il
assumait
e
«
titre
)
il
a renouvelé a
preuve ue
la
plus
exigeante
ruditionoin
d'empêcher taye 'engagement
ans es combats
humains.
Nous avons souhaité édier JeanDevisse
ce
numéro e Médiévales
qui
au hasarddes dates mais
non
des
sujets
a été
pensé
par
ses
élèves,
Stéphane ebecq
et
Régine
Le Jan
«
La mort es
grands pour
a mort
d'un
grand
notre mi.
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Médiévales1, utomne996,p. -11
Stéphane
LEBECQ
LA
MORT DES GRANDS DANS
LE PREMIER
MOYEN
ÂGE*
La mort
pprivoisée
c'est ainsi
que Philippe
Ariès
qualifié
es rela-
tions
ue
l'Occident
hristianisé^
ntretenuesvec la mort u
long
de ce
qu'il appelle
e
premier
MoyenÂge,
c'est-à-dire
ne
période ui
se serait
étendue
epuis
es
tempspaléochrétiensusqu'au
xir
siècle1.Assurément
les
sept
études
qu'on
va lire s'inscrivent ans ce cadre
temporel
elles
conduisenteur ecteur u
Ve
u
xne
iècle)
et
spatial
leur
champ
ouvre
globalement
n
espace qui
va de la France du Nord au vaste bassin du
Rhône,
vec des arrêts
marqués
ans les monastères e Saint-Denis t de
Cluny, ui,chacun n sontemps t à sa manière,ouèrent nrôleessentiel
dans l'histoire es relations ntre e mondedes vivants t le mondedes
morts).
ar
pour
es
hommes
e ce
temps,
ommeditPatrick
eary2,
les
morts e cessaient
as
de faire
artie
e la communauté umaine la
mort
marquait
ne
transition,
n
changement
e statut t nonune
fin
n soi les
vivants ontinuaiente devoir ux morts ertaines
bligations,
a
plus mpor-
tante 'entre llesétanta memoria e souvenir. t
pas
seulemente souvenir
liturgique
ntretenu
ar
es
prières
u les messes
qui
leurétaient
ffertes,
mais
aussi
la
préservation
u
nom,
de la famille t des hauts-faitses dis-
parus
. Par où l'on entrevoit
ue
l'art
d'apprivoiser
a mort "surtoutté e
faitdes élites
ociales,
u'elles
fussent
aïques
ou
ecclésiastiques.
Il n'était as question our es grands e ce monde, u pour euxqui
en ont
perpétué
e
souvenir,
e nier es dures éalités e la maladie t de
la
mort ce sont
naturellement
es sourcesdu
temps ui
ont
permis
Janet
L.
Nelson3,
dans le
remarquable
xercicede
démographie istorique ui
ouvre on
propos,
e chiffrera
précarité
e
l'espérance
e vie des
mâles
*
Deux
emarques
réliminaires'imposent.
'une
art,e
dois emercier
égine
e
Jan,
vec
laquelle
e
présent
uméro
été
onçu,
t
ui
m'a idé rassembleres ontributions
u'on
ira
ci-dessous.'autre
art,
ettentroductiontait
éjà
ous
resseuand'ai appris
a morteJean
Devisse.vant
'enseigner
ux niversitéseParis III t aris
,
Jeanvaitait n
éjour
e
inq
annéesLille.
l
y
étémon
rofesseur
vanteme aire'honneure on mitié.'estuinon
seulement
ui
orientéa ie e ravailtderechercheers'histoireu rès aut
oyen
ge
occidental,
aisussi
ui
ouvertes
eux
ures éalitésemondes
ointains
ui
me ont
oujours
chers.em'associeoncvec utantereconnaissanceue e ristessel'hommageuea revueMédiévaleseutui endretraversenuméro.
1. Ph.
Ariès,
ssaisur 'histoiree a mortnOccidentu
Moyenge
nos
ours
Paris,
1975,
n.
art.
.
17
et 'hommeevanta mort
Paris,
977,
n
art.
.
13.
2. P.J.
Geary,
iving
ithhe ead n he iddle
ges,
thaca-New
ork-Londres,
994,
n
part..
.
3. Par illeursuteureCharles
he
ald
Londres,
992traduction
rançaise,
harlese
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8 S.
LEBECQ
de la famille arolingienne.omme e montrent'historienneritannique
d'après
es annalistes u
IXe
iècle,
ou encorePatrick enriet4
'après
une
lettre crite
ar
es moines u
prieuré
lunisien e
Souvigny,
e roi Charles
le
Chauve
comme
'abbé Odilon
de
Cluny
ont
morts,
'un en
877,
l'autre
en
1049,
dans d'atroces ouffrances.ouffrancesu
corps
bien
sûr,
mais
aussi de
l'âme,
même hez ce
perfectionniste
e la mort
monastiqueue
fut
Odilon.
Notons
ependant ue
son
hagiographe,
e moine
Jotsald,
endit
occulter es souffrancesur
lesquelles
es moinesde
Souvigny,
émoins
directs
u
trépas
u saint
bbé,
s'étaient ttardés ans eur ettre
il
fallait
offrirux lecteurs e la Vita Odonis
un modèle
de
mort
hrétienneans
lequel
'homme
e Dieu
triomphait
lorieusement
u
démon.
Odilonfaisait
assurémentartie e ceuxquePeterBrown urait ppelés des défuntsrès
spéciaux
5,
c'est-à-dire e ces saintshommes
ui,
d'emblée,
'est-à-dire
dès leur
passage
dans 'autre
monde,
méritaiente devenir
es
ntercesseurs
à la différenceu
plus grand
nombre
ui
avait
besoin
de leur ntercession
pour
méritere salut.
Les
pratiques
hrétiennes
e la mort
taient
n effet rès iées au
culte
des saints dès les
tempspaléochrétiens
'était
exprimé
e
souci,
d'abord
parmi
es
élites,
nfin ans e commun es
mortels,
'être nterréd sanctos
ou,
à
partir
u moment ù il
y
eutosmose ntre
épulture
énérée t ieu de
culte,
pud
ecclesiam.Cette
pratique
e dut
rien
ux
élites
pirituelles
u
premier
hristianisme,ar,
comme le
rappelle
Michel
Lauwers6,
aint
Augustinonsidéraitu'il convenait e « déspatialiser le cultedes mortsnul besoin de lieu de
sépulture
i de tombe
particulière,
uisque,
uivant
son De cura
pro
mortuis
erenda
c'est
l'Eglise
toute
ntière
ui
devait
prendre
n
charge
es
membres
écédésde la communautéhrétienne.
Les élites ocialesdes
temps aléochrétiens
'eurent urede cet aver-
tissement
dignes
éritièreses aristocraties
mpériales,
lles
gardèrent
ans
la mort omme ans a vie e
soucidu
paraître. eprenant
a réflexion enée
par
es
participants
'un
colloque
tenu
Créteil n 1984
surL'inhumation
privilégiée
u
iv
au
vnv
iècle
en
Occident
,
Ian Wood8 attire 'attention
sur
a
très
iche
ocumentation,
ant crite
u'archéologique,
oncernantes
sépultures
es élites énatorialest
ecclésiastiques,
outes ncore
d'origine
gallo-romaine,
e la vallée
du Rhône ux ve-vieiècles contrairementla
prescriptionugustinienne,es sarcophagestaient aits our trevus et es
Chauve,aris,994,
.L. elsonnnoncen rticleur
Carolingianoyal
unerals
,
à
paraître
dans owernd
ociety
n
he
arly
iddle
ges
F.Theuws
d.,
eiden.
4.
Auteure
plusieurs
rticles
ura mort
onastique,
n
articulier
Saint dilonevanta
mort.ur
uelques
onnées
mplicites
u entiment
eligieux
u
xr
iècle
,
Le
Moyenge
96, 990,
p.
27-244
«
Les
paroles
e a mort
ans
'hagiographieonastique
es ie txir iècles
,
dans
Moinestmoniales
ace
la
mort,
ctesu
olloque
e
Lille,
istoireédiévalet
rchéologie
6,
1993,
.
1-109et Silentium
sque
d
mortem
ervaret.a
cènee
a
morthezes rmitestaliens
du r
iècle
,
dans
élanges
eV cole
rançaise
e
Rome,
oyenge-Temps
odernes1993.
5. Ainsians ecultees aints.on ssor
t
a
fonction
ans
a chrétienté
atine,
rad,
ar
Aline
ousselle,aris,984,
.
5
et ans a ociétét e acré ans
'Antiquité
ardive,
rad,
ar
Aline
ousselle,aris,985,.
173.
6. Auteur'unehèse,paraîtrerèsrochainement,ur amémoireesncêtres,e ouciesmorts.onctiontusagesu ulteesmortsans ccidentédiévaldiocèseeLiège,r-xnr
siècles).
1. Editéous etitre
ar
.Duval tJ.-Ch.
icard,aris,
986.
8. Avante
publier
on
uvrage
rès ovateurur he
erovingian
ingdoms
450-751),
on-
dres,
ew
ork,994,
anWood
vaitonsacréne hèsetde rès ombreuxrticlesl'histoire
politique,
ocialet ulturellee aGaule u ud-Estu
pouvoir
es
urgondes.
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10 S.
LEBECQ
Pépinvoulut tre nhumé l'entrée e l'égliseet facecontreerre,vecpour
seul mobilier ne croix ur
aquelle
sa bouche erait
lacée. Magnifique
t
très stentatoireumilité Tout
pèlerin
entrantans
'église
verraite tom-
beau du roi et serait nvité
prier our
on âme. Semblablemodèled'inhu-
mation nte imina cclesiae
emprunté quelques
saints
ersonnages
t
à
quelques vêques
de
Rome,
erait ransmis
arPépin
d'autres
rinces
e la
maison
arolingienne.
aroù l'on entrevoit
ue
les
princes
ervirentouvent
de diffuseurs
armi
es
grands
es modèles réés
par
es élites léricales.
Dans
le cas ici
présenté
e
Charles e
Chauve,
a
plusgrande
ouveauté
-
qui
en fait emonte
lus
haut
dans
e IXe
iècle,
peut-être
u testamente
Charlemagne
vint ans doutede la
multiplication
n même
emps ue
de
la singularitéesdispositions rises, arfois rès ôt, our ssureron salut
et celui de ses
parents
pas
tant a donation Saint-Denis e la villa de
Senlis,
ui
s'inscrit
ansune tradition
éjà
ancienne e donations
ro
reme-
dio animae
que
l'affectation
xplicite
de ses revenus
l'éclairage
de
l'Église,
à des
banquets
ommémoratifst
à l'assistance ux
pauvres,
ans
compter
e nombreuses
ondations e
prières
t de messes.Ce
modèle-là,
qui
voudrait
u'un
don substantieloitfait
l'église auprès
de
laquelle
on
élit
sépulture
t
que
le
produit
e ce don soit ffecté
u
luminaire
u redis-
tribué ux
pauvres,
llait
s'imposer
urablementans 'aristocratie.
insi,
comme e montreMichel
Lauwers,
un véritable
acte
ia les familles ei-
gneuriales
es
xie-xiie
iècles ux nstitutions
cclésiastiques,
ventuellement
fondées arelles,auprès esquelles lles avaient lu sépultureéchange e
services
multiples
t solidarité
pirituelle
t sociale d'une
part
entre es
vivants t es
morts,
'autre
art
ntre es laïcs et es
clercs,
ans des lieux
saintsdevenusvéritables aveaux de famille
ans la mesure
ù,
toujours
contre es
prescriptions
e saint
Augustin
mais à l'instar es
patriarches
e
l'Ancien
Testament,
l
convenait
'être nhumén
sepulcro
atrům
uorum.
Les monastères
éformateurses xe-xieiècles ont
oué
un rôle déter-
minant ans
la
pratique
e commémoraisones morts établissemente
listes
nécrologiques,
'abord imitées ux moines t
peu
à
peu
ouvertes
ux
laïcs,
récitationse
prières pécialespour
es morts insi
répertoriés,
ccueil
de
sépultures.
n
ce
domaine,
luny
'illustra
lus que
les autres. omme
nous
e
rappellentominique ogna-Prat
t Patrick
enriet,
'est
l'abbayebourguignonneui instituaa fête e tous es défuntse 2 novembre c'est
elle
qui, par
'intermédiaire
e ses
propres
outumierst de sa
production
hagiographique,mposa
«
un modèle clunisien
de
mort
monastique,
e
préférence
ur
e ciliceet es cendres t au milieu
e la
communauté
éunie
et
c'est
elle
qui,
sans
doute,
provoqua, uprès
de familles
ristocratiques
autant
oucieusesde
la
reconnaissance
e leur dentité ociale
que
de
la
commémoratione leurs
défunts,
e
plus
de donations d
sepulturam
t
d'élections
e
sépulture,
t
le
plus
de fondations e
prières
t de messes
anniversaires.
Tout
paraît
ndiquer ue
dans
les milieux
ristocratiques
es
xie-xne
siècles comme
peut-être
éjà
dans e milieude la famille
arolingienne
u
IXe iècle,uneapproche omptable u salutdans 'au-delà a commencé e
diplomatique
t
historiographique
e a
grandebbayeourguignonne.
l a en
articulier
critLes
morts
ansa
comptabilité
élestees lunisiense 'an
mil
,
dans
eligion
t ultureutoure
l'anmil.
oyaume
apétien
t
otharingie.
. ogna-Prat
tJ.-Ch.icard
ir.,
aris
990,
.
5-69.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 20/164
LA MORTDES
GRANDS
ANSLE PREMIERMOYENÂGE 11
s'exprimer.es grands vaient eau cherchere réconfort'une sépulture
familiale ans un lieu et un milieuoù s'élevait a
prière
erpétuelle,
ls
avaient eau
compter
ur
a solidarité e leurs
parents
t des hommes
e
prière,
ls tendirent
multiplier
es assurances ur
'au-delà.
Déjà
à
la fin
du
XIe
t au début u xir siècle des voix s'en
émurent,
ui
s'élevèrentantôt
au sein de la tradition
onastique
ainsi
les
premiers
isterciens
t char-
treux),
our
dénoncer
es droits 'inhumationt a
pastorale
unéraire,
antôt
en
dehorsd'elle et
beaucoupplus
violemment
ainsi
dans
le
mouvement
déviant e Pierre e
Bruis)
pour
dénoncera vanité es
offrandes,
rières,
aumônes t autresmesses
pour
es
morts,
eux-cine devant
ompter our
leur alut
ue
sur es mérites es vivants
u'ils
avaient té. Pierre e Véné-
rableeutbeauréagir, t les Cisterciens e la deuxième u de la troisième
génération
evenir n
arrière,
l
est clair
que,
pour
une
partie
des élites
spirituelles
u débutdu XIIe
iècle,
a
mort,
éjà,
avait cessé d'être
ppri-
voisée.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 21/164
Médiévales1, utomne996,p. 3-27
Ian WOOD
SÉPULTURES
ECCLÉSIASTIQUES
ET
SÉNATORIALES
DANS
LA
VALLÉE DU
RHÔNE
(400-600)
Apollinaris, rand-père
e Sidoine
Apollinaire,
ut nterréur e bord
de
la route
ui
menait e
Lyon
à
Clermont. a famille aissa la tombe e
délabrer un
point
el
que
des
fossoyeurs
ommencèrentn
our
à la défon-
cer. Sidoine ntervint
temps,
aisant
ouetteres
responsables,
t,
de
façon
plus
constructive,
ntreprenant
écrire ne
épitaphe
our
on
grand-père1.
D une manière
lus dramatique,
nnode,
rovençal
e naissance
même
il
devint ar a suite vêquede Pavie,se hâtad écrire neépitaphe our a
parente ynégia orsque
on fantômeui eut
apparu2.
ien
que
ces deux
anecdotes
aissent ntendre
ue
les
familles étaient
as toujours
nclines
à
commanderes
épitaphes our
eurs
arents
écédés,
étaient es
proches
qui
commandaientes
épitaphes,
u alors es nouveaux
vêques
et abbés
pour
eurs
rédécesseurs
ur es
sièges piscopaux
u abbatiaux de
fait,
es
épitaphes évêques
constituentne source substantielle e l histoire
e
l Eglise
des ve-vie
iècles3.Jevoudrais ans et rticle onsidérerrièvement
les
épitaphes
t les
sarcophages
es milieux
cclésiastiques
t
sénatoriaux,
essentiellement ais
pas
exclusivementans a vallée du Rhône ux ve-vr
siècles
puis poser
a
question
e savoir e
qui
était
placé
à côté du
corps
-
si
du moins
était
e cas
-
dans les tombes
es
élites
aïques
et ecclé-
siastiques, n recourant otamment unrapport e fouillesméconnu ui
fut
publié
Genèveen
1893
; enfin,
irer
uelques
conclusions
énérales
sur e
caractère e l inhumationes élites hrétiennesans a Gaule du sud
et du
centre
l époque post-romaine.
il
peutparaître
allacieux étudier
conjointement
es échelons
upérieurs
e
l Église
et de l aristocratieéna-
toriale,
es
correspondances
e
Sidoine
Apollinaire,
Avitus
e
Vienne,
e
Ruricius e
Limoges
t ď
Ennodede
Pavie suffisent
montrer
quel point
les deux
groupes
e confondaient la
fin
du
Ve
t au débutdu
vie
iècle,
confusion
ue
le
témoignage
es
inscriptions
urales t funérairesemble
1.
Sidoine
pollinaire,
p.
II
12,
.Loyen
d.,
aris,
960-1970.ur idoinet on
rand-
pèreoir,lus écemment,.Harries,idoniuspollinarisnd he all fRomeOxford,994,p. 6-29.
2.
Ennode,
CCLXIt
CCCLXII,
.
Vogel
d.,
MGH,
uctores
ntiquissimi
t.
VII, erlin,
1885.
3. Voir .
Heinzelmann,
ischofsherrschaft
nGallien
Munich,
976.
4. L
importance
e e exteété elevee
ar
.
Bonnet,
es
remiersdifices
hretiense a
Madeleine
Genève,enève,977,
.
106.
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14
I.
WOOD
devoir onfirmer5.n outre es écrits e Grégoire e Tours t de Venance
Fortunat
montrent
quel point
es élites séculières t
ecclésiastiques
nt
continué
e former n
groupehomogèneusqu à
la findu VIe
iècle.
Sarcophages
et
épitaphes
Les
sarcophages
e Gaule ont été attentivementtudiés
depuis
des
années6.
Beaucoup
sont
dépourvus
e décoret ne nous
renseignentuère
sur es
individus
ui y
ont
été
inhumés. autres sont
oliment
écorés t
portent
ventuellement
es
inscriptions
dans ce cas ils constituentans e
moindre outedes sépulturesppartenantu monde es élites7. ans quel-
ques
cimetières,
ommedans celui
-
exceptionnel
de Civaux en
Poitou,
des
sarcophages
relativement
imples pouvaientreposer
sur
plusieurs
niveaux
de
profondeur.
l
pouvait
même e faire
u un sarcophage
bon-
damment écoréfût nterré8. ais dans a
plupart
es
cas,
il
est
probable
que
les
sarcophages
e haut tatutocial étaient aits
our
tre us.
Grégoire
de Tours
visitait élibérémentes cimetièresrbains t es
grandes asiliques
des saints
ourregarder
es tombes. l
pouvait
dentifiera
pierre
e Paros
dans
laquelle
es
plus
beaux
sarcophages
taient aillés t
il
était
apable
d interpréter,
u moins en
partie,
eur
conographie
t leurs
nscriptions.
Dans
la
crypte
e saintHelius de
Lyon,
l
admira a
tombe u
saint Dans
l églisede Saint-Vénéranduse Clermont,l fut rappé arune tombe n
marbre e Paros
qu il
identifia omme
chrétienne
u fait
des scènes de
miracles u Christ t des
apôtres ui y
avaient té
sculptées
0
;
dans celle
de
Saint-Cassius
e
la
même
ité,
l nota
unetombe
abriquée
ans a même
pierre11.
l releva
ussi
que
le
sarcophage
e saintLusor de
Déols était n
marbre e Paros et
oliment culpté12. Dijon,
il
vit
dans
la tombedu
sénateur
élarius,
n marbre e Paros
sculpté,
ne
ndication,
suivant es
critères e ce monde
,
du statut ocial du saint13. ien
que
les
sarcophages
en
question
ient
disparu,
l
est aisé de
comparer
es commentairese
Gré-
goire
vec
les
exemples ui
sont
parvenususqu à
nous.
Les
occupants
e nombre e
sarcophages
nt
pu
être
dentifiés
râce
aux inscriptionsravées ur eurcouvercle u sur eursflancs. arfois es
inscriptionseuvent ésigner
es seconds
occupants
es tombes14.
uand
5. Sur
identité
ntreristocratie
cclésiastique
t
ristocratie
éculièreansa
Gaule u
ve
siècle,
oir.
James,
The istoricalnd
rchaeological
ontextf heouth-westallic
arcophagi
,
Antiquité
ardive
1,1993,
.
6.Voir
lus énéralement
.
Mathisen,
cclesiasticalactionalism
and
eligiousontroversy
n
ifth-centuryaul,Washington.C.,
989.
6.
Voir,
out
écemment,
ntiquité
ardive
1,
1993Les
arcophagesAquitaine.
7. N.
Duval,
La
notion
e
arcophage
t on ôle
ans
Antiquité
ardive
,
Antiquité
ar-
dive
1,1993,
.
4 J.-P.
aillet,
Les
arcophages
hrétiensnProvence
nr-vciècle)
,
bid.
p.
127.
8. J.-P.
aillet,
Les
arcophages
hrétiensn rovence
,
oc.
it.,
.
130.
9. Grégoiree
Tours,
ibern
Gloria
onfessorum,
1,
B.Krusch
d.,
MGH,
criptores
Rerum
erovingicarum,
.
2),
Hanovre,
885.
10. bid.,4.11.GrégoireeTours,ecernibri istoriarum,V,12.B.KruschtW. evisond.,
MGH,
criptores
erum
erovingicarum,
.
1),
Hanovre,
951.
12.
Grégoire
e
Tours,
iber
n
Gloria
onfessorum,
0.
13.
bid.,
1.
14.
C.
Metzger,
Les
arcophages
u
ud-oueste a Gaulendehorse eur
égion
e
production
,
Antiquité
ardive,,
1993,
.
2
X.Barral
Altet,
Ledestin édiévales arco-
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 23/164
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 24/164
16 I.
WOOD
semble voirétéajoutéeau Xe u au XIe iècle26. e sarcophageui-même
présente
intéressantesffinitésvec celui de Francoveus Autun t celui
d Andochede
Saulieu27
si c est à
juste
titre
u Andoche
st associé à ce
sarcophage
e
Saulieu,
c est un
témoignage
mportant
urun culte
qui
vit
son
mportance
roîtreux ve-vie
iècles28. n autre
arcophage emarquable
de
l église
Saint-Pierree Vienne stceluide
Mamertus,
vêque
du
ve
iècle
d origine
énatoriale t
instigateur
es
grandes
rocessions
es
Rogations.
Une
fois
de
plus cependant,
andis
ue
le
sarcophage eut
bien êtredu
Ve
siècle,
inscription
embledaterdu Xe29. ien
que,
par
leur
style
t leur
décor,
es deux
arcophages
e Saint-Pierreiffèrent
adicalementes beaux
sarcophages
omains ardifs e
Provence30,
eluide Léonianus
este
mpres-
sionnantarses dimensionstpar a délicatesse e sa décorationncisée31.
Voulant
épasser analyse
es
sarcophages
tde leurs
nscriptionsour
mieux
omprendre
es
pratiques
unéraireses élites ans a
Gaule
des
Ve-
r
siècles,
historiene trouve onfrontédes
problèmes
un
autre rdre. eu
de
sarcophages
ont ans eur
osition
nitiale32c est
pourquoi
eur ontexte
archéologique
st
particulièrementauvre33. eaucoup
ont été
réutilisés,
peut-êtrelus
d une
fois34.l n est
donc
pas
étonnant
ue peu d objets igni-
ficatifs ient
été retrouvés ans les tombes
gallo-romaines
es
ve-vie
iè-
cles35
par onséquent
n a souvent onsidéré
ue
ces
sarcophages
e conte-
naient ucun
dépôt
funérairee valeur36.
Comme e matériel
rchéologique
st
pauvre,
l
est
nécessaire,
i l on
veut ntrevoire quiétait lacédans es sarcophages,e se tournerers essources crites en
premier
ieu es textes e
lois,
comme e Liber Consti-
tutionumes
Burgondes ui
était n
vigueur
ans a
plus
grande
artie
e
la
vallée du Rhône au cours du
vie
siècle37.Un homme
pouvait
divorcer
d une femme i elle s étaitrendue
oupable
d un
viol de
sépulture38.
a
même
tipulationpparaît
ans a
Lex
Romana
Burgundionum
où il estfait
26.
E.
Chatel,
bid.,
.
,
p.
7-49.
27.E.
Chatel,bid.,
.
,
p.
9.
28.Voir.
N
Wood,
Constructing
ultsn
arly
edievalrancesaintsnd hurchesn
Burgundy
nd he
uvergne
400-1000
,
ous
resse.
29.E.
Chatel,
p.
it.,
.
,
p.
6-47.
30.Pourachronologie,oir .-P.aillet,Les arcophageshrétiensnProvence, oc.cit.,.134-135pourachronologiee a ériequitaine,oir .Christern-Briesenick,Der es-
tandn
üdwestgallischenarkophagen
eit 962
,
Antiquité
ardive,,1993,
.
6-57D.
Cazes,
«
Les
arcophagesculptés
eToulouse
,
bid.,
.
1
J.
abanot,
Sarcophages
t
hapiteaux
e
marbrenGaule
, bid.,.
116.
31.E.
Chatel,
ecueil
énéral,p.
it.,
.
,
pl.
XXVII.
32.N.
Duval,
Lanotione
arcophage...
,
oc.
it.,
.
0.
Voir,
our
es écouvertes
xcep-
tionnellese
Trinquetaille
t
our
n
arcophage
e aint-Victore
Marseille,aillet,
Les arco-
phages
hrétiens
n rovence
,
oc.
it.,
.
130.
33.N.
Duval,
La notione
arcophage...
,
oc.
it.,
.
1.
34.C.
Metzger,
Les
arcophages
u ud-oueste a Gaule
,
oc.
it.,
.
2 X.Barral
Altet,
Ledestinédiévales
arcophages
,
oc.
it.,
.
161-162
J.-P.
aillet,
Les
arcophages
chrétiensn rovence
,
oc.
it.,
.
127-128.
35.E.
James,
The
istorical
nd
rchaeological
ontext...
,
oc.
it.,
.
6.
36.J.-P.
aillet,
Les
arcophages
hrétiensnProvence
,
oc. it.
.
130,
ien
ue
oit
notéeaprésenceuneetiteroixansn arcophagee aint-VictoreMarseille.37. . N.Wood,Ethnicityndhethnogenesisf he urgundians,dans .Wolframt
W. ohl
d.,
ypen
er
thnogenese
nteresonderer
erücksichtigung
er
ayern,
.
,Vienne,
1990,
.
1-63.
38.Liber
onstitutionum,
XXI
3,
L.R.deSalin
d.,
eges
urgundionum,
GH,
eges,
t. I
1),
Hanovre,
892. oure
point
evue e a
égislationranque
ureviol es
épultures,
oir
P
ctus
egis
alicae,
IV
-10 t
V
,
K.A.Eckhardt
d.,MGH,
eges,
.
V
1),
Hanovre,
962.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 25/164
SÉPULTURES
CCLÉSIASTIQUES
T
SÉNATORIALES 17
référence la législationuCode Théodosien39.ette oi ayant té édictée
par
Constantin,
lle était
pplicable
la
population allo-romaine
e
la val-
lée du Rhône ussi bien avant
u après
a mise en
place
du
royaume
ur-
gonde.
Comme a violation
e
sépulture
st associée à l adultère t à la
sorcellerie
armi
es causes de
divorces,
l
estvraisemblable
ue
ce
qui
était
visé
dans
e
LiberConstitutionumtait vant out
e vol
destiné ux
pratiques
nécromanciennes. ais
il
y
a dans le Code Théodosien ne autre oi
qui
place
la
profanation
es
sépultures
ans
un contexte
lus large
ceux
qui
s en rendaient
oupables
ommettaientn crime i terrible
u au
même
itre
que
les
sorciers,
es
magiciens,
es
adultères,
es
violeurs
t es
assassins,
ls
ne
pouvaient spérer
ucun
pardon
Pâques40.
l
arrivait
ependant ue
la
profanationes sépultures inscrivît ans un contexte lusprosaïque ue
la
pratique
e la nécromancie.
l
existait ne
égislation lusgénérale
ontre
la destructiones tombes u contre a vente e monumentsunérairesans
le
but d en
récupérer
a chaux41.
est sans aucun doute ces articles e
loi
que pensait
idoine
Apollinaire uand
l fit ouetteres
profanateurs
e
la tombe e son
grand-père42.
Les
profanateursnopinés
e la tombe
Apollinaris
une
part
t les
nécromanciens autre
part eprésentent
es deux cas les
plus
extrêmes e
violation e
sépultures.
ntre es
deux,
l
y
avait es
simples
voleurs. ls
apparaissent
ans e
Code
Théodosien
uand
celui-ci
égifère
ontre eux
qui prenaient
es
objets
dans es
tombes t
les emmenaient
hez eux43. e
pillagedes tombes pparaîtnpleine umière ans œuvrede Grégoire eTours l histoirea
plus explicite, ui
vient u nordde la
Gaule,
concerne
la famille u Franc
Gontran
oson une
parente
e sa femme vait été
enterréeans
une
église
de
Metz,
vec
quantité
or et de
oyaux.
Quelques
jours plus
tard,
es serviteurse
Gontran
inrent
épouiller
e
corps,
mais
furent
nterrompus.
ls
s échappèrent
vec es
trésors,
ais,
ffrayés
l idée
de ce
qui pourrait
eur
rriver,
ls
revinrent
lacer
eurbutin ur
autel de
l église,
prétendant
ue
c était
Gontran
oson
qui
les avait
nvoyés
ccom-
plir
e forfait44.a tombe ite
d Arnegonde
Saint-Denis
eut
donner
ne
idée de la
richesse
e celle de la
parente
e
Gontran
oson.
Dans l œuvrede
Grégoire,
évocation u
pillage
des
sépultures
e se
limite
as
aux tombes
ranques
u nordde la Gaule.
l
y
est aussi
questiond un miracle ui s estproduite ouroù un voleur ssayadepillera tombe
de saintHélius le saintmort
grippa
e criminel t ne le lâcha
pas
avant
le
lendemainmatin45. n
y
lit
aussi une affaire
e vol
d anneauxet de
colliers or dansunetombe e
eune
fille ans
église
de Saint-Vénérandus
de
Clermont46.i on
peut
voirdes doutes ur a sainteté e
la
jeune
fille,
le fait
u elle
était
nterréeansun
sarcophage
écoré e scènesde miracles
39.
Lex
omana
urgundionum,
XI
,
.R.de alin
d.,
egesurgundionum,
GH,
eges
t.
I
1),
Hanovre,
892Codex
heodosianus,
II
16
1),
.
Mommsen
d., erlin,
905. oirussi
D.A.
Bullough,Burial,
ommunity
nd elief
n
he
arly
edieval
est
,
dans
.Wormald
éd.,
deal
nd
eality
n rankishnd
nglo-Saxonociety
Oxford,983,
.
187.
40.Codex
heodosianus,
X
38,
et .
41.Codex heodosianusX 17,1-5.Voir ussies Novella alentinianiXXIII, -5,P.M.Meyerd., egesovellaedTheodosianumertinentesBerlin,905.
42.Sidoine
pollinaire,
d. II 12.
43.Codex
heodosianus,
X
17,
.
44.Grégoiree
Tours,
ecernibri
istoriarum,
III 1.
45.Grégoire
e
Tours,
ibernGloria
onfessorum,
1.
46.
bid.,
4.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 26/164
18
I.WOOD
du Christ tdesApôtresmontre l évidence u elle était hrétienne,u du
moins
qu elle
avait été enterrée
l époque
chrétienne. e
même,
bien
qu Hélius
semble voirété
évêque
de
Lyon
au
iip
siècle,
une
époque
où
les rites unérairesifféraient
eut-être
e ce
qu ils
deviendraient
lus
tard,
le récit e
Grégoire uggère
ue
pour
ui il
n y
avaitriende
surprenant
ce
qu une
tombeď
évêque
contînt
es
dépôts
funéraires.
l
est donc clair
que
des
objets
de valeur taient
éposés
dans es tombes es chrétiens
allo-
romains. lus
oin,
Grégoire
elate ne entative
e
vol dans a tombe
Agri-
cola et Vitalis
Bologne, ui
fut
nterrompueuand
e couvercle u sarco-
phagecoinça,
n
retombant,
a
tête
du voleur47. aul Diacre raconte n fait
plus
miraculeuxncore urvenu ans Italie
du VIIe
iècle
quand
un voleur
essayadepillera tombe u roi ombard othari Monza oupeut-êtreavie,
saintJean
Baptiste
ui
apparut,
t
il
fut hassé
de
l oratoire48.
n
réalité,
l absence de mobilier
récieux
ans es
rapports
e fouilles es
sépultures
de l aristocratieénatoriale
t
du haut
lergé
ans a
Gaule des
ve-vie
iècles
reflètea
fréquence
u
pillage
t
du
réemploi
es
sarcophages lutôt u une
quelconque épugnance
enterreru mobilier vec les morts.
Un mobilier
funéraire mal connu
Il
nous faut
maintenant
ssayer
de savoirce
qui
était
placé
dans les
tombes es chrétiensallo-romains.n peut upposer ue le levier ue le
prêtre
Anastasea découvert lors
qu il
avait été enfermé
ar
Cautinde
Clermont
ans un
sarcophage
e la
crypte
e la
basilique
de
Saint-Cassius,
avait été oublié à
par
erreur49.n
peut
aussi
supposer ue
le versement
d un trésor n
or dans la tombed une femme vare étaitune
procédure
inhabituelle
e condamnationituelle50.
uand,
n
une
occasion,
Grégoire
nousdonne e détail
un
dépôt
unéraire,
l
s agit
de colliers t d anneaux51.
Il
nous faut
onc,
nvers t contre
out,
evenir u
témoignage
es
fouilles,
tout énu t faussé
u il
soitdu fait u
pillage
t du
réemploi
es
sarcopha-
ges.
En
réalité,
l
existe,
malgré
a
fragilité
es
témoignages,
es
preuves
d inhumations
allo-romaines
otées d un richemobilier c est le cas à
Marseille, tpeut-êtreurtout Genève.Parmi es
sépultures
ouillées ans la
chapelle
Saint-Andrée Saint-
Victor e
Marseille,
e trouvaitelle d une
eune
femme nterréevec
un
bel anneau or
filigrané.
es vêtementstaient e
soie
décorée e
fils or52.
Plus
frappant
ncoreest le contenu un
sarcophage
écoré
de diverses
scènes
Bibliques
ont e sacrifice
Isaac,
qui
fut écouvert ans a nefde
l église
haute de Saint-Victorn 1970.
Y
reposait
e
corps
d une
jeune
femme,
ncore
arfaitement
onservé. es
vêtements,
ousde
soie,
compre-
naient ne
tunique olychrome
écorée
e fils
d or,
d origine
pparemment
47.Grégoiree
Tours,
iber
n
Gloria
artyrům,
3,
.Krusch
d.,
MGH,
criptores
erum
Merovingicarum,
(2),
Hanovre,
885.
48.PaulDiacre, istoriaangobardorumIV47,G.Waitzd.,MGH,criptoreserumGermanicarumnusumcholarumeparatimditi48,Hanovre,878.
49.
Grégoire
e
Tours,
ecernibri
istoriarum,
V 12.
50.Grégoire
e
Tours,
ibern
Gloria
artyrům
105.
51.Grégoire
e
Tours,
ibern
Gloria
onfessorum
34.
52.R.Boyert
ollaborateurs,
ie tmortMarseillela
in
e
Antiquité,
arseille,
987,
p.
7-44.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 27/164
SÉPULTURES
CCLÉSIASTIQUES
T
SÉNATORIALES
19
copte, t unvoilecourtmaphorium)osésur a tête,e tout tantnveloppé
dans
une
palla.
Une croixd or était
posée
sur
e
front.
e
corps
vaitété
recouvert
ar
une ubstance ansdoute estinée retardera
décomposition,
et la tête
reposait
ur un lit de fleurs. es
bouquets
insi
qu un
flaconde
parfum
n verre vaient
té
disposés
dans e
sarcophage53.
inhumation
été datéede la
fin
du
Ve
u du débutdu VIe iècle. l
s agissait
ssurément
d une riche
épulture,as
tant u fait e la
croix
d or
que
du
fait es vête-
ments n soie de Chine.
La deuxième
glise
construite ans le
quartier
e La Madeleinede
Genève
été datéede la fin
vr
ou du vif siècle54. ssocié à cette
tructure
se trouvait n
sarcophage
ontenantes restes un
clerc
vêtu
de vêtements
élaborés. eux-ci e sontmalheureusementulvérisésvant u onaitpu es
photographier
u les
dessiner
mais on a
eu le
temps
de constater
u ils
étaient
emblables ceux
qu on
a retrouvésansune
tombe
e
Saint-Pierre-
ès-Liens e
Genève,
ui
ont té
dessinés t
publiés ar
H. J.Gosse en
1893,
et
qui
semblent evoir emonterux ve-vie
iècles55.
ien
que
ces
vêtements
se soient ussi
décomposés eu après
a
fouille,
a
description
t
es
gravures
qu en
a données
Gosse
restent n
témoignage
nique
qui
mérite être
reconnu sa
juste
valeur56.
À
Saint-Pierre,
e
corps
tait
nveloppé
ans trois u
quatre
paisseurs
de vêtements.e
plus uperficiel,
e soie
pourpre,
ans
manches,
escendant
jusqu aux genoux
du
mort,
été
dentifié
ar
Gosse commeune
chape.
En
dessous e trouvait ne chasuble e soie doubléed un tissude chanvre,lleaussi
dépourvue
e
manches,
écoréed un
galon
ornéde
petits ctogones
en
fil
d or,
et d un autre
alon
descendant es
épaules
à traversa
poitrine
et brodé ui aussi
de
fils
d or.
En
dessous e trouvaient
pparemment
eux
tuniques
e
lin,
dotéesde
manches
t
plus longues ue
la
chasuble,
ont
Gosse
se dit
ncapable
e
détermineril
s agissait
de
dalmatiques
u
non.
Enfin été
retrouvée ne bande de tissudécoré
qui
semble voirété une
étole. En
conclusion,
osse estimait
ue
les matériaux ont vaitété faits
ces
vêtements
enaient e
Constantinople
u d Alexandrie57.
Les
vêtements bservés
par
Gosse étaientnaturellementeux d un
ecclésiastique
e haut
ang
du
Ve u
du
VIe
iècle.
l
n y
avait
pparemment
pas
de
dépôt
funéraire,
n termes e
oaillerie
u
d armes,
mais a
quantitéobservée e soie etdefilsd orfait ssurémente cette épulturene tombe
riche. n
peut magineru elle
aurait oulevé a
désapprobation
es
évêques
rassemblés Clermont
n
535,
qui
ont
ondamné inhumation
u
clergé
n
pallia
ou
en vêtements58.
e semblables
rohibitions
nt été
édictées
53.
bid.,
.
5-93Premiers
emps
hrétiensn
Gaule éridionale
Antiquité
ardivethaut
Moyenge
iir-vmeiècles),
atalogueexposition
dité
ar
.A.Févriert .
Leyge,
yon,
986,
p.
9-84
S.
Lebecq,
es
rigines
ranques
v-iîc
iècle),
aris,990,
.
1
Nouvelleistoire
e
a
France
édiévale,
.
1)
J.-P.
aillet,
Les
arcophages
hrétiensn rovence
,
oc.
it.,
.
130.
54.C.
Bonnet,
es
remiersdifices
hrétienseLaMadeleine
Genève,p. it., .
2.
55.
bid.,
.
106.
56.C est ourquoin rouveraerapporteGossen nnexeu résentrticle.57.H.J.Gosse,ontributionl étudees dificesui ntrécédééglisee aint-Pierre-
ès-Liens
Genève,
aint-PierrencienneathédraleeGenève.ublicatione Association
our
a
restauration
e
aint-Pierre,
ascicule
,Genève,893,
.
5-45.
58.ConcileeClermonte
35,
.
3,
J.Gaudemett
.
Basdevant
d.,
es anonses onci-
les
mérovingiens
vr-viriècles),
.
1,Paris,
989
Sources
hrétiennes
53).
oir .
Bullough,
«
Burial,
ommunity
nd elief
,
oc.
it.,
.
188-189.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 28/164
20
I. WOOD
l occasiondu synode iocésaind Auxerre enu ntre 61 et 60559.Que de
telles nhumationsient
té condamnées
lusieurs
ois n un siècle
suggère
qu elles
n étaient
as
inhabituelles.
ar
contre,
uand
Grégoire
e
Tours
raconte
ue
le
pieux
Salvius
d Albi s est
préparé
la mort n enfilant
a
vestis
on entrevoit
u il
s agissait
d un
vêtement n
peu plus
ascétique60.
Dans
l Angleterre
nglo-saxonne
u
vif
siècle,
cependant,
n n avait
pas
les mêmes
scrupules
suivant on
premier
agiographe,
uthbert
été
enterrévec ses vêtements61.
t si les vêtementsu
saintn ont
pas
survécu,
ceux
qui
ont été
mis dans son cercueil
u
Xe
iècle avec
un
remarquable
souci de reconstitution
ont
parvenus
usqu à
nous,
u même
itre
ue
son
autel
portatif,
on
peigne
iturgique
t sa croix
pectorale
ui,
es uns et les
autres, aisaientartie udépôt unéraire62.ichementrodés unon, l est
clair
que
les vêtements
ans
esquels
un
corps
étaithabillé
taient hoisis
d une
façon
délibérée,
t cela
aussi biendans e
cas de femmes
aïquesque
d ecclésiastiques.
régoire
e Tours
nterprétait
es
robesde soie
blanche
de la
eune
fille nterrée
Saint-Vénérandus
e Clermont
omme
igne ue
sa mort tait urvenue
eu
après
on
baptême63.
joutons
u il pensait ue
la
eune
fille vait té
embaumée ce
qui
mérite être
approché
e l inhu-
mation e la
jeune
fille Saint-Victor
e Marseille64.
Toute
tentative identifier
e clerc nterré Saint-Pierre
erait
ange-
reusement
endancieuse,
ntre utres
u faitde la découverte
une tombe
apparemment
emblable
La Madeleine.
Mais la
sépulture
st à n en
pas
douter elled uncontemporainroche Avitus e Vienne u de Maximus
de Genève
c est
pourquoi
n
peut
e
reporter
la collection e lettres u
premier ourcomprendre
e milieu
uquel
le
mort
ppartenait65.
eut-être
plus
ntéressantncore
st ce
passage
du troisième es
grands
oèmes pi-
ques
d Avitus,
e De
Sententia
ei
dans
equel,
relatant
a
parabole
van-
gélique
du
Riche t du
pauvre
azare
Luc
XVI
19-31),
évêque
de
Vienne
donneune dée de
ce
qu étaient
es funéraillesénatoriales
la
findu
ve
et
au débutdu
VIe iècle
Mais,
sur es
entrefaites,
a
mort
menaçante
int
rapper
galement
un
et
l autre,
our
ommencer
e
Riche,
ui
n y
avait
amais
cru.Peu de
temps près
e
Pauvre itvenir
a mort ant
ttendue,
t sortit ictorieux
de ses maux tde ses douleurs. eluiquiavaitnaguère rospéréur es
cîmes levées
ut
orté
u tombeaun
un
ortège
unèbre
tipato
unere)
accompagné
ar
es lamentations
fietibus
,
et ses
restes nfermés
n un
59.
Synode
Auxerre
561-605),
.13,
.Gaudemett
P.Basdevant
d.,
p.
it.,
.
,Paris,
1989
Sources
hrétiennes
54).
60.GREGOIRE
E
ours,
ecernibri istoriarum
VII1
61. Vita uthberti
ar
Anonyme,
V
13,
.Colgrave
d.,
wo ives
f
aint
uthbert,
Cambridge,
940voir .Bullough
Burial,
ommunity
nd elief
,
oc.
it.,
.
188.
62.C.F.
Battiscombe,
he elies
f
aint
uthbert,
xford956
G.
Bonner,
.Rollason
et
C.Stancliffe
d.,
aint
uthbert,
is ult
nd is
ommunity
o
AD
1200,
Woodbridge,
989,
spécialement
es
hapitresédigésar
.
Coatsworth,
.
Granger-Taylor,
.Higginst
A.Muthe-
sius,
.
87-366.
63.GrégoireeTours,ibernGloriaonfessorum,4.64.PremiersempshrétiensnGaule éridionale,p. it.,. 2.
65.Voir ndernier
ieu .
N.
Wood,
Lettersnd etterollections
rom
ntiquity
o he
Middle
ges
the
rose
orksfAvitusf
Vienne
,
dans
.A.Meyer
d.,
he ulture
f
hris-
tendom,ondres,993,
.
9-43
ou ncore.N.
Wood,
The udiencef rchitecture
n
ost-Roman
Gaul
,
dans .
A.
.
Butler n
R.K.
Morris,
he
nglo-Saxon
hurch,ondres,
986,
.
4-79
(Council
or ritish
rchaeologyeport
0).
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 29/164
SÉPULTURES
CCLÉSIASTIQUES
T
SÉNATORIALES 21
sépulcre oré aurato epulchro) ontde précieusesenturespretiosa
lintea)
ecouvraiente marbrelancé
marmorlatum)66.
Si Avitus
résente
es funéraillese
l homme iche e la
parabole
ans
les termes es funérailles
ristocratiques
e son
temps,
es tombes
gallo-
romaines
ouvaient
ien voir té dorées t
couvertes e
précieuses arures.
A
l intérieur,
e
corps
pouvait
ien ui
aussi avoir té uxueusement
êtu,
i
l on en
uge par
es découvertes e
Saint-
ictor
e Marseille t de Saint-
Pierre e
Genève.
L importance
es
parures récieuses
la fois l intérieur
de la tombe
si
l on se réfère
l archéologie)
t à l extérieur
si
l on
se
réfère
Avitus,
u
encore ux
descriptions
es
sarcophages
es saints ans
l œuvrede Grégoire e Tours) ndiquequelquechose d ostentatoireans
les
rituels
unérairese la Gaule du sud
qui
est
trop
ouvent
égligé.
Que
quelques
sarcophages
ientété couverts e
métal
précieux
st
également
attesté
u vír
siècle,
dans le cas des châsses des saints67 de tels trésors
pouvaient
tre isément
mportés ar
des
voleurs.Un autre
spect
du rituel
qui apparaît
hez
Avitus,
t
qui
est
évidemmentbsentdu
témoignage
archéologique,
st la
place
de la lamentation68.
i elle est
fréquemment
attestée l occasionde
la
mort t
de l enterrementes
saints,
lle
peut
bien
avoir té
répandue armi
es autres
atégories
e
la
population
e
l époque
romaine ardive.
Des
funéraillesostentatoires
Le
statut e l élite
gallo-romaine,u elle
fût
aïque
ou
ecclésiastique,
s exprimait
onc ncore
ux ve-vieièclesdans es
sarcophages,
eur ontenu
et leurs
parures,
oireà l occasion dans
l embaumementes
corps69.
es
rites
hrétiens
e
la mort
e
s étaient
pparemmentas
encore
pleinement
développés70,
t,
selon toute
probabilité,
es attitudes evant
a
mortde
l énorme
majorité
e la
population
avaient
as
été
complètement
hristia-
nisées. A ce
propos
a
législation
e Valentinien
II
est
particulièrement
éclairante.
ans
le
préambule
e sa
novelle e 447 sur e viol de
sépultures,
l empereurnterroge
Qui
ignore ue
les
ombres
aisibles
es morts ont
perturbéesar
une
audacemortellet
qu une
horrible
iolence e
développe
ur es cendres
66.
Avitus,
oem.
II,
vers
46-254,
.Peiper
d.,MGH,
uetores
ntiquissimi
t.VI
2),
Berlin,
883.l
revient
ure
thèmees unéraillesanse
poème,
vers02-307.
67. Vita
ligii,
I
32, 1,
.Krusch
d.,
MGH,
criptores
erum
erovingicarum,
.
V,
Hano-
vre,
902. ur a datatione a Vita
ligii
voir
.
Banniard,
Latint ommunicationralen
Gaule
ranque
le
témoignage
e a Vita
ligii
,
dans . ontainetJ.N.
Hillgarth,
e
eptième
siècle
changements
t ontinuités
Londres,992,
.
8-79.
68.
Avitus,
oem.
II,
ers52
V,
vers
03.
69.
Grégoire
e
Tours,
ibernGloria
onfessorum
34 ouPremiers
emps
hrétiensn
Gaule
éridionale,p. it., .
2.
70.F.Paxton,hristianizingeaththaca,990,. 2-55.oirussi.Bullough,Burial,Communitynd elief, oc. it.,.192. oures extesiturgiquesui euventvoirté tilisés
l occasiones unéraillesans
ahautealléeu
Rhône,
ansa
région
umonastèree aint-Maurice
d Agaune,
l époque érovingienne,
oir he obbio issala Gallican
ass-Book,
.A.Lowe
éd.,
he
enry
radshaw
ociety,
VIII,
920,
.
160-161Lictionesn
epositione
acerdotis),
.
161
(
Missa acerdotis
efuncti),
.
162 Lictiones
ro
defunctis),
.
162-163Missa
rodefunctis),
p.
163-164
Orationes
d
defunctum).
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 30/164
22 i.
wood
desmortsDes tombesont étruitesugrandour t, ndépit e inter-
ditde la
religion,
ne
présomption
acrilège
st devenue
monnaie ou-
rante. ucune
in
n estdonnée ux tourmentses
morts,
uisqu en
lus
de leurs ouffrancesls doiventndurere démantèlement
e eur
itoya-
ble demeure. ar Nous savons en cela Notre oin est
pas
vaine
que
les âmes
qui
ont té ibérées e leur
orps prouvent
es sensations
t
que l esprit
éleste
evient
sa source
riginelle.
e fait st attesté
ar
les
anciens
ivres e
sagesse
t
par
es
mystères
e la
religion ue
Nous
vénéronst adorons. ien
que l esprit
ivinne subisse
as
la nécessité
de la
mort,
es âmes imenta
demeure
es
corps u elle
ont
uittés,
t
pour
ne
mystérieuse
aison lles iment
ouir
e honneure eur
ombe.
On garde traverses sièclesun tel soucipour es tombes ue Nous
voyons
es métaux
récieux
es
montagnes
nvestis n elles d une
manière
xcessivement
épensière,
t
d imposants
onuments
rigés
u
détrimentes
patrimoines.
l
est certain
ue
la
sagacité
es hommes
prévoyants
evrait
efuser
e telles
pérations
ils
croyaientu il
n y
avait ien
près
a mort71.
Cet extraordinaire
iscours urait
u
viser es offrandest les monu-
ments
unéraireses
païens, u ils
fussent omains u barbares
cependant
il
est e
produit
e la cour
mpériale
ui
est
chrétienneu milieu u
Ve
iècle.
Il n est
donc
guère urprenantue
l aristocratieénatoriale t le
plus
haut
clergé
e la vallée du Rhône ient té nhumés vec
beaucoup
d ostentation
au temps Avitus eVienne,même i le débat ntre laudianusMamertus
et
Faustusde Riez sur a nature e l âme
suggère u une
approche lus
théologique
u
problème
u lieu
de
séjour
de l âme
après
a mort vait
davantage
oursdans es citésdu Bassin
du Rhône
u à
la cour
mpériale72.
Qu Ennode
fut
oussé composer
ne
épitaphe ourCynégia ar
on
propre
fantômemontre
ue
les aristocratese milieu
énatorial
t
ecclésiastique
e
Provence t d Italie du Nord
partageaient
e
point
e
vue
de Valentinien73.
Le souci social
pour
es morts st naturellementout fait
ompatible
vec
la doctrinehrétiennee la résurrectiones
corps
dans e Misselde
Bobbio,
la lecture
our
es funérailles es
prêtres
tait iréede
l Évangile
de
Jean,
et
renvoyaitpécialement
ux morts n
monumentis14
L importance
ccor-
déepar es hommes esve-vieièclesaux lieuxd inhumatione reflèteur-tout ans e cultedes saints. n outre n doitnoter
ue
les aristocratese
la Gaule des
Ve-
r
siècles
se
rappelaient
eurs
morts une manière ssez
peu spontanée
c est une vision
ui
a
poussé
Ennode
écrire ne
épitaphe
pourCynégia,
e même
ue
c est un acte
sacrilège ui
a
rappelé
Sidoine
que
la tombe e son
grand-père
tait
dépourvue
e
toute
nscription75.
es
vivants taient out fait
apables
d oublier eursdevoirs nvers es
morts.
Très
proche
du cercle de Claudianus
Mamertus,
pollinaris
e
Valence,
frère Avitus e
Vienne,
ui
peut
bienavoir
té
élève de
Claudianus,
ut
71.Novellaalentiniani,XIII .
72.E.L.
Fortin,
hristianismet ulture
hilosophique
u
v
siècle
Paris,
959.
73.
Ennode,
CCLXItCCCLXIL
74.
The obbio issalLictionesn
epositione
acerdotis,
ictioancii
evangeli
ecundum
Iohannem,
.
160-161,
après
ean
24-29.
75.
Sidoine,
p.
II 12.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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SÉPULTURES
CCLÉSIASTIQUES
T SÉNATORIALES
23
perturbéar a visiond une colomberouge-sange jouroù il négligeade
commémoreres funéraillese sa sœur76.
On considère
epuis
un certain
emps ue
les
dépôts
unérairese
peu-
vent tre
regardés
omme ndicateurs e
paganisme
u
de
christianisme,
saufdans
quelques
as
spécifiques77.
e
que suggèrent
es sources es
ve-vie
siècles,
dans la vallée du Rhôneen
particulier
t en
Occident
n
général,
c est
que
d une certainemanièrees coutumes
unéraireses
élites
n avaient
que peu changé epuis
a christianisatione
l Empire
ous
Constantin
t ses
successeurs u
IVe iècle. l
y
avait
sûrement ne
liturgie
hrétiennet de
nouvelles endances ans
la
rhétorique
es
épitaphes
il
y
avait aussi un
développement
e formes
inhumations
lus simples, eut-êtrelus
ascé-
tiques.Mais pour essentiel l n y avait eu aucunerupturevec le rituel
ostentatoire
el
que
ValentinienII
l évoque
dans
sa
novelle e 447 à
propos
des monumentsunéraires
t tel
que
le dévoilentes
plusélégants arcopha-
ges.
Surtout,
andis
que
les
théologiens
hrétiens
ercevaient
es morts
comme n attente e résurrectionans eurs
ombes,
ttandis
ue l empereur
pensait ue
les âmes entretenaientvec les tombes n lien
particulier,
es
funérailles t l élévation
des
monuments unéraires emblent voir été
vécues commedes
pratiques
ociales
plutôt ue théologiques78.
Vues sous cet
angle,
es
pratiques
unéraireses élites
gallo-romaines
des
ve-vie
iècles ne sont
guère
faciles
distinguer
e celles des nouveaux
venus
burgondes
u francs. e
typed objets placés
dans une tombe u le
styleprécisde celle-ci sarcophage u cercueil pouvaient ien différer
suivantes
préférences
un
groupe
mais e caractère stentatoirees funé-
raillesconcernait
importe uel
membre
es élites
de
la Gaule romaine
tardive ussi bien
que
de la Francia
mérovingienne,
ême il se
peut ue
les Gallo-Romains
y
soientmoins donnés
ue
les aristocrates
urgondes
ou francs.l est
par
illeurs
mportant
e
rappeler
u une
bonne
art
u faste
des funéraillesénatoriales este nvisible ux
yeux
de
l archéologue
les
lamentations
apparaissentas
à
la
fouille,
t es
soieries,
ui peuvent
voir
eu
plus
de valeur
ue
les
armes
t les
plaques-boucles
t étaient ûrement
plus exotiques uisqu elles
venaient e
Constantinople
t
par
à de
Chine,
n ont
ue
rarementurvécu. n a eu
trop
endance sous-estimere carac-
tère
ostentatoire
ue
les
élites
gallo-romaines
onnaient leurs
façons
de
mourirt d enterrereursmorts, our a pureet simpleraisonqu ils les
ensevelissaient ans des
sarcophages ui
étaient
rop
acilement
illés
ou
réutilisés,
t à cause
de
l importanceu ils
accordaient
ux étoffes
récieu-
ses
plutôt u aux bijoux
et aux armes79.
Traduit e
l anglaispar Stéphane ebecq
76.
Avitus,
d.13-14.
77.D.
Bullough,Burial,
ommunity
and
elief
,
oc.
it.,
.
189 A.
Dierkens,
Cime-
tières
érovingiens
thistoire
uhaut
oyenge. hronologie,
ociété,
eligion
,
dans istoiret
Méthode.
ruxelles,
981
Acta
istórica
ruxellensia,
.
V),
.
15-70;
d.,
Les urvivancesu
paganisme
,
dans .
Perin
t
.
C.
Feffer
d.,
aNeustrieles
ays
unorde aLoiree
Dagobert
à
Charles
e
Chauve
vir-
Xeiècles
,
Rouen,985,
.
144 d.
Quelques
éflexionsur
implantation
du hristianismenpaysmosanuhaut oyenge,dans hristianisationtdéchristianisationAngers,986,. 0-51PublicationuCentreerecherchesHistoireeligieusetd histoirees
idées,
.
X).
78.D.
Bullough,Burial,
ommunity
nd elief
,
oc.
it.,
.
187
«
Burials matterf
public
oncern
n
efencef
rivate
r
kinright,
ot f
heologicalrinciple
.
79.Je
emercie
téphaneebecq
t
imon
osebyour
eurs
nformations,
n
articulier
ur
les ouilleseMarseille.
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24 I. WOOD
Annexe
H.J.
osse,
ontribution
l étude es
difices
ui
ont
récédééglise
eSaint-
Pierre-ès-LiensGenève
op.
cit.
note 7),
p.35-45.
esnotes
ccompagnant
e
texte e Gosse
ontci
reproduites
notes 0-90).
«
Au-dessousesdalles tait e a terre
égétale,
ans
aquelle
ndécouvrit
n
tombeau
...).
l
fut uverte
18octobre
869,
quatre
eurese
après-midi,
n
présence
eMM.
e
docteur
iguière,
embreuConseildministratif
Haering,
organiste
Pélissier,
ontre-maître
Mornal,
uvrier,
tdu
docteurosse.
Ce
tombeau,
n forme
auge, résentait
ne
ongueur
xtérieuree 2 m25 et
intérieure
e 2 m
07,
une
argeur
xtérieuree0
m
0 et ntérieuree0 m53 à la
tête,
xtérieure
e
0
m
57
et ntérieuree 0 m37 aux
pieds.
l était ecouverte
deux alles nies
ar
du
mortier,
rienté
ers a
partie
édianee l abside t
présentaitneégèrenclinaisonlapartieupérieureu ombeau,orrespondantà la
tête,
tait 1 m70 du olde
église
ctuelle,
andis
ue
a
partie
nférieure,
correspondant
ux
ieds,
e trouvait
m20
plus
as.
auge
st
aite une
ierre
blanchâtre,endre,
ont ous
e
onnaissons
oint analogue
ans
os
nvirons80.
Extérieurement,
e tombeau
résente
esornements
éométriques,egments
e
cercles,tc.,
racésvidemment
our
a
plupart
vec n nstrumentel
u un
om-
pas.
Cette rnementatione
retrouve
réquemment
ans es tombeauxe cette
époque,
ten
particulier
ans e
Midi e a France. ous ndonneronsomme
exemple
extrémité
une
uge
écouverteans
es
fouilles
ue ai
faitesSaint-
Pierree
Mouillères,
rles
...).
A
sa
partie
édiane
t
nférieure
e voit ne uvertureirculaireenviron
m 5
de
diamètre,
uipour
ous st estée
ncompréhensible.
Aumoment
e ouvertureu
arcophage
ous
perçûmes
notre
rand
tonne-
mente
corps
un
cclésiastique,arfaitement
onservét
présentant
esformes
qu il vait u momentù lfut éposé ans a tombe. ansun eul ointonvoyaitesos, était la tête.neffet,umomente ouvertureu arcophage,
quelques ragments
e
gravier
tant
ombés,
a
figure
vait
isparu.
ans ette
circonstance
ccidentelle,
ous
urions
u
nous endre
ompte
e a
physionomie
dudéfunt.
Ce fait e a
conservationesformesun adavrenhumé
epuis
i
ongtemps
été onstaté
ar
moi deux
eprises
l une ans es tombeauxe a
Balme,
n
Savoie,
t autreansecas
présent.
ais a conservatione elui
ui
nous
ccupe
était
ncomparable,
autant
lus ue
e vêtementont
l
était xtérieurement
revêtu,
ous
pparut
vec a
couleur,
iolet
ntense,
raiment
agnifique.
ette
colorationubsista
uelques
inutest
disparut
lors
our
aire
lace
une
einte
d un run
ouge
oncé.
Le
corps,ong
e
m90,
taittenduur
e
dos,
a
tête
égèrement
nclinéeur e
côté roitt esbras
roisésur abdomen.e
sommetu râne était
u à
0m06
de a
partieupérieure
e
auge,
t es
pieds,
ecouverts
e
haussures,
ouchaient
lapartienférieure.esvêtementsedescendaientu un eu u-dessousugenou,
laissantes
ambes
isibles.
elles-ci,
ssez
cartées,
taientecouvertesune
étoffeoiren
aine,
erréeontrea
ambe u elle
essinaittmontaitu moins
jusqu au enou correspondant
ce
que
Fr.Bockit ans onHistoireesvête-
ments
iturgiques
...).
Cette
toffeété
désignée
ar
esdifférentsuteurs
ous
le nom e tibíala
...).
Après
voir ait n
roquis
...)
représentant
a
position
u
orps
elle
ue
nous a
constations,
ous oulûmes
oucheres
vêtements,
ais cet nstant êmea
forme
xtérieureu
corps
isparut.
Touteses
hairstaientéduitesl état
e
poussière
oirâtret esvêtements
n
grandeartie
étruits.es tissus
omposant
es vêtements
ue
nous vons
u
conserver,
ont
une riabilitéxcessivet eurs
ibresont omme
arbonisées,
80.Danses echerchesltérieuresue aieu occasionefaire,esuis rrivédéterminerque etteierrevaitû trextraitees arrièrese aint-Remirès Arles,ui nt té n entre
de abrication
norme
our
es ombeauxe ette
poque.
n evaiteuraireemonter
eRhôneur
les
arques,uisque
ousn
vons
onstaté
rès
u
pont
aint-Esprit
outn
hargementisant
u
fondu it u leuve.on e
oit,
u
este,
as
ublier
ue
Genève
ut,
u
point
e ue
cclésiastique,
jusqu en
50,
ousa
dépendance
Arles,
t
ue
en est
ue
epuis
ette
poqueue
Vienneevint
notre
utorité
étropolitaine
...).
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SÉPULTURES
CCLÉSIASTIQUES
T SÉNATORIALES 25
aussi est-ceu àgrandeeine uenous vonsssayé e esdistingueresuns
des utres
td obteniresdonnéesxactes
ur eurs ormest esdétails
ui
es
caractérisaient.
Nous n vons onstatérois
u
quatre,
uperposés
es
uns ur es utres
1. Un
vêtementxtérieurn oievioletteans
manches,
ecouvrantesbras t
es
mains,
escendaitn
eu
u-dessous
u
genou.
n urlet
yant
m
07
de
argeur,
fait une toffeemême
ature
ue
e reste u
vêtement,
près
voir aite tour
du
col,
descend
erpendiculairement
la
partie
édianee a
poitrine.
omme
vêtement
iturgique,
l me emble
ue
e ne
peut
tre
u une hape,
t ela
pour
lesraisonsuivantes
sa
forme,
a
place u iloccupe,
nce sens
u il
recouvre
touses utres
parce ue
a
chape
ientn
ang
levé anse costumeacerdotal
qu elle
emonte
l origine
ême e
église
soit
nfin
arce ue
la Francet
lescontrées
eptentrionales
e
Europe
onservèrent
endant
e
ongues
nnées
l usage
e a
dalmatique
tdu
pluvial
81. e fait
u il
st n oie iolette
e
peutêtrelléguéommebjectioncettettribution,orsqueous oyonsierreia-
cre,
ans a
chronique
u
Mont-Cassin,
ire
u Alexis,mpereur
eConstantino-
ple, nvoya
saint enoît nmanteaue
pourpre
ont
abbé uMont-Cassinit
un
pluvial.
Pallium
urpureum
ptimum
e
quo
bbas
luvialeaciens
82. u
reste,
ien
vant,
ès
e vr
siècle,
a couleur
ourpre
était
ntroduiteans e
vestiaire
iturgique,
otamment
our
a confectiones
hapes
tdes
hasubles
3,
et est insi
ue
les
mosaïques
e
Saint-Georges
Thessalonique,
u
Ve
iècle,
figurent
es
rêtreséjà
habillésu
phelonion,
êtement
iolet
,
soit ne
spèce
de chasuble.
2. Unvêtementn oie
ui
nenous
pas
emblévoir e
manchestdescendait
jusqu au-dessus
es
genoux.
l était oublé
comme
ela e
remarqueuelquefois)
par
n issu ntoile e chanvre.
n
galon
e 0
m
1 de
argeur,résentant
ous
les
cinq
entimètresn rnement
ctogone
issé nfil
or,
rnaite tour u ou
etdescendaitur
e
devante
a
poitrine
sa
partie
édiane,
usqu à
a hauteur
de a ceinture...).
Un
galon, artant
e a
partie
upérieure
es
paules,
escendait
bliquement
ur
la
poitrine
our
e
rejoindre
ersa
partie
nféneureu ternum.e
galon
n
oie,
de deux
argeurs
ifférentes,
e 0
m
029 et de 0
m
2,
présente
esornements
brochésn
fils
or.
e dessin ecesornements
arie,
t
nous n vons
u
recon-
naîtreu
moinsrois
ypesrincipaux,
esquels
e
répètent.
eux entreux
ont
des
roix,
es
quatrefeuilles
u des ettresont ous avons
u
préciser
e sens
(...).
En
revanche,
etroisième
...)
nous
spécialement
rappé.
l offrene ertaine
analogie
vec unde ceux
ue
onvoit ur es
galons
e
a chasublee Saint-
Thomas
e
Cantorbéry
Tournai
...),
t
e
rapproche,
un utre
ôté,
normé-
ment e ceux
ue
on constatésur es toffese
soiebrochéeesu
ve
tvr
siècles,
rouvéeses dernièresnnées
Achmin85.
n étudiant
pécialement
es
dernières
toffes86,
n finit
ar
e rendre
n
comptearfaitement
xact
ue
e
dessin
ui
nous
ccupe
est
ue
a
dégénérescence
une
eprésentation
uvase
eucharistique,où ort ne ige epampreortantes euillestdes aisins,ujet
représenté
i souventn Orientur esvêtements,ais ue on trouveussi
fréquemment
ans es
monuments
eligieux.
A
appui
enotre anièreevoir
e oins
cidesdessinseces
toffes,
ris
ans
le travaile
M.
Gerspach
...),
dans
esquels
n
pourra
onstateracilement
a
transformation
ece
motif,
ui,
u
reste,
eut,
n
e
complétant,rendre
n éve-
loppement
rès
emarquable.
en onnerai
omme
xemple
...)
e
coin
un in-
ceul
opte,
onservé
u musée
rchéologique
e
Genève,
ans
equel
nvoit es
oiseaux
enir
oire ans
e vase
acré,
où ortent
es ameauxe
vigne
hargés
de
raisins,
ntourant
enfantésus
...).
Ce
sujet
pparaît,
u
reste,
ussi ux
ve
et
VIe
iècles,
ans
es
pays ui
nous
nvironnent,
insi la cathédrale
e
Vaison,
81.C. de
Linas,
nciensêtements
2e
érie,.
0.
82.RohaulteFleury,mMesseVIII, . .83. d.VIII. . 8.
84.
d,
VII,
.
117.
85.
Forrer,
ömischend
riechische
eidentextilien,
lanche
V,
ig.
,
p.
.
Gerspach,
Les
Tapisseriesoptesfig.
34,
43.
86.
Forrer,
p.
it.,
ig.
,
.
16,
lanche
,
ig.
.
Gerspach,
p.
it,
ig.
9,
8. Rohault
de
Fleury,,
planches
VI, XV, XIV,
XVII.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 34/164
26
I.
WOOD
àAuriol,Saint-VictoreMarseille,Faverierès Aix. absenceemanche,
le
mode
ornementation,
esorfrois
or,
oiventous aireonsidéreres issus
dont
e
viens e
parler
omme
yant
ait
artie
une
hasuble,
tviennentinsi
corroborer
opinionue
nous vons
mise,
ue
e vêtement
e
plus
xtérieurtait
bien
n
pluvial.
3.
Deux
issus une
rande
inesse,
ui
paraissent
voir téfaits vecdu
in,
superposés,aperçoivent
u-dessousu vêtement
récédent.eprésentent-ils
deux êtementsistinctsC est e
qu il
nous été
mpossible
e
déterminer.
ls
présentent
ous
eux
esmanchesssez
mples
tdescendentur es
ambes
u
moins
m
15
plus
as
que
a chasuble.ls
étaient
errés
utoure
a
taille
ar
une ande étoffeervant
eceinture.e sont
videmment
eux
unicelles,
ais
rien enous
ndique
ue
on
puisse
es
ualifier
e
dalmatique
u
d aube,
enant
ainsi onfirmer
opinion
e
M.
Rohault
e
Fleury,orsqu il
it
«
Il n est
as
isé
à
l origine
e
distingueraube,
est-à-direa
tunique
ntérieure
ue
nous errons
plus arda recouvrirans a cacherntièrement»87.en en i pasconstaté
gauche,
ais
e
ne
puis as
dire
u il
n en it
pas
xisté,
u état
es
fragments
dans ette
artie.
Si
l on
vait etrouvé
es laves u desborduresur esmanchesuvêtemente
plus uperficiel,
n aurait
u
admettrene
almatique
mais ous avons ien
remarqué
ur
es
manches,
tnous avonsonstaté
u une
ande étofferochée
sur a
partie
ntérieuree a
poitrine
tun
eu
droite88,
t ncore
était-elle
as
attenantel étoffe
ous-jacente
...).
Cette
ande,
ont a
largeureut
aner,
mesure
n
moyenne
m 6 et
présente
ommernementationesdessins
éomé-
triquesuirappellent
n
peu
ous e
rapport
orfroiucollet e a chasublee
Saint-Regnobert
Bayeux89.
l une e sesextrémitése trouvene
range
e
0 m 3 de
longueur.
ette
range
eut
aire
upposer
ue
ce tissu fait
artie
d une tole nous
oserions
affirmer,
uoique
e ne oit
ointmpossible.
où
proviennent
esétoffesLa
réponseour
moine
peut
tre
outeuse,
t es na-
logies ue ai signaléesvec autresissusndiquentuffisammentu ellesnt
une
origine
rientale,
ans
ue
on
puisse
ire i ellesont té
mportées
e
Constantinople
u d Alexandrie.
Nous vons
ndiquélus
aute vêtement
ui
recouvraites
ambes,
l nous
este
à dire
uelques
ots e a chaussure.elle-citait ormée
unmorceaue
cuir,
faisante tour u
pied
t
ousu ur e bord
nterne,
etelle orte
ue
ette
nique
pièce
onstituea
semelle,
empeigne
t
escôtés. ette
andale,
ointue
son
extrémité,
avait i ontrefort
i
uartier.empeigne
vait té enduesa
partie
médianeur ne
ongueur
e 0
m
8,
tcette ente été
garniear
nmorceau
de cuir
eplié,equel
dhérait
u reste e a sandale
ar
ne outure.a
sandale,
depuis
on xtrémité
usqu au
alon,
esure
m 17.Des deux
ôtés
e a fente
de
empeigne,
on onstateeux rous
ui
ervaientu
passage
e deux
acets
en
cuir,
yant
m25 de
longueur
t devantoit étrécira
fente,
oit eliera
sandaleu basde a
ambe90.
Ian
Wood,
School
of
History, niversity
f
Leeds,
Leeds LS2
9JT,
Royaume
Uni
Sépultures
cclésiastiques
t sénatoriales ans la
vallée
du
Rhône
(400-600)
Cet article eut clairer
es
conditions
e l inhumationes élites hré-
tiennes ans e bassindu Rhône
ux ve-vie
iècles. ont
mises contri-
87.RohaulteFleury,II, . 1.88.Je enipas onstatégauche,aisene uis as ireu il enit as xisté,u état
des
ragments
ansette
artie.
89.Rohaulte
Fleury,II,
.
141,
lanche
LXXVI1.
90.Nousvons
ignalelus
aut
ue
ors e
1
uverturee a
tomben
eu
e
gravier
tait
tombéura têtet vait étruitette
artie
c est
our
etteaison
ue
e
ne
puis
onnerucun
indice
e
acoiffure
ui
evait
ertainementxister.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 35/164
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Médiévales1, utomne996,p. 9-36
Patrick
PÉRIN
SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS,
PREMIÈRE
NÉCROPOLE
DES ROIS
DE
FRANCE
En
558 Childebert
er,
'un des
quatre
fils de
Clovis,
fonde Paris
l'église
Sainte-Croix-et-Saint-Vincent
plus
tard
ppelée
Saint-Germain-
des-Prés. ette ondation
naugure
hez es
Mérovingiens
n nouveaumode
de
sépulture,ui
sera désormais elui des rois de France1.
Des funéraillespaïennes aux funérailleschrétiennes
Roi francmais ussi administrateure la
province
e
Belgique
econde
pour
e
compte
e l'autorité omaine
n
Gaule,
Childéric
er
f
en
481
ou
482),
père
de
Clovis,
tout n
ayant
manifesté es
sympathies
our
'Eglise
comme
n
témoignent
es relations
u'il
entretint
vec sainte
Geneviève2,
était
ncore
païen.
l futdonc enseveli uivant
'usage
des élitesbarbares
de
son
temps,
omme e montrea
tombe,
écouverteortuitementTournai
en
1653
et
soigneusement
ubliée par Jean-Jacques
hiflet3,
t diverses
trouvailles
ontemporaines4.
evêtude la tenue
'apparat ui empruntait
la
fois celle des officiers
upérieurs
omains
notamment
e
paludamentum
et la fibule ruciformen or) et à celle des chefsbarbaresbracelet n ormassif,
pée
et scramasaxe e
parade,
insi
que
des accessoires estimen-
taires décors 'orfèvrerie
loisonnée),
t
accompagné
e divers
bjets er-
sonnels
restant
e son
armement,
arnais e son
cheval),
l
fut raisembla-
blement
éposé
dans
une chambre unéraireaite e madrierst surmontée
d'un vastetumulus. la
périphérie
e celui-cifurentreusées rois osses
dans
lesquelles
on enterraes chevauxde l'écurie
royale,
battus
our
a
circonstance5.hildéric
ut e dernier oi franc bénéficier 'un tel faste
1 A.
Erlande-Brandenburg,
eroi stmort.tudeures
unérailles,
es
épultures
t
es
tombeauxes ois eFrance
usqu'à
a
fin
u
ur
iècle
Paris,
975.
2. M.HeinzelmantJ.-C.
oulin,
esvies nciennese ainte enevièvee
Paris.
tudes
critiques,aris,986.3. J.-J.hiflet,nastasishilderici.Francorumegisive hesaurusepulchralis,ornaci
Nerviorum
ffossus
t ommentario
llustratus,nvers,
655.
4. M.KazanskitP.
Périn,
Le mobilierunéraire
e a tombeeChildéricer. tat e a
question
t
erspectives
,
Revue
rchéologique
e
Picardie,-4, 988,
.
13-38.
5.
R.
Brulett
l.,
es
ouilles
u
uartier
aint-BriceTournai.'environnement
unéraire
de a
sépulture
e
Childéric,vol., ouvain-la-Neuve,
990t1991.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 37/164
30
P. PÉRIN
funéraire.a conversion t le baptême e son filsClovis ervers496/499)
allaient n effet
rovoquer
n
changement
adicaldes coutumes unéraires
de la
dynastie,
ont es lieuxde
sépulture
eraient ésormaisndissociables
des
églises.
Au lendemain e
son
triomphe
Tours
508),
Clovis
prit
aris
pour
capitale
t
décida
d'y
construiren mausolée
dynastique u'il
édifia vec
Clotilde
sur
la
tombede sainte
Geneviève
t
502)
et dédia aux
Saints-
Apôtres6.
'est
effectivementn ce lieu
que,
devenu oi des
Francs,
l fut
enterrén
511,
non
pas
dans a
confession
britante
sarcophage
e sainte
Geneviève,
omme e veut une traditionenace et
erronée,
mais dans
le
sacrarium e
l'édifice,
'est-à-dire ans une annexe
dont a
première
ha-
pellerayonnanteord e l'ancienne gliseSainte-Geneviève7pu reprendre
le
plan,
sinon même es fondations. a tombe
royale
n'ayant
ait
'objet
d'aucune
description
vant
a
disparition
u
sacrarium
accomplie
u
plus
tard
u XIe
iècle
ors de
l'agrandissement
e
l'église
Sainte-Geneviève,
n
ne
peut
e livrer
son
propos u'à
des
conjecturesue
les données rchéo-
logiques
ne
permettent
as
actuellemente confirmer.n est
cependant
n
droitde se demander
i le roi des
Francs,
déjà
considéré e son vivant
comme n nouveau
onstantin8,
e fut
as
amené
par
on
entourage
lérical
et savant
adopter,
n même
emps ue
d'autres
sages,
e modede
sépul-
ture
ui
était lors elui
des
empereurs
yzantins,
'est à diredes
sarcopha-
ges placés
à même e sol
(ou
dans des
arcosolia)
d'une annexe
funéraire,
comme vaient té ensevelis onstantint ses successeurs uxSaints-Apô-
tres e
Constantinople9.
n aurait
ar
a suite
perdu
oute race e la tombe
de
Clovis,
détruite
orsdes
raids
vikings
u IXe
iècle,
nfouie ur
place
ors
de
l'agrandissement
u sanctuaire u transféréeans celui-ci
cette cca-
sion
0.
Malgré
e souhait e
Clovis,
es
Saints-Apôtres
e Paris ne servirent
pas
de mausolée
la
dynastiemérovingienne
seuls deux de ses
petits-fils,
une
de ses filles t Clotilde
t 544)
y
furentnsevelis.
uivant
e modèle
de leur
père,
au moinsdeux des fils de Clovis
choisirent e
placer
eur
sépulture
ans
es
églisesqu'eux-mêmes
vaient ondées. e
sarcophage
e
Childebert
er
51
1-558),
ut nfoui ans e sous-sol
u sanctuaire e
Sainte-
Croix-et-Saint-
incent e
Paris,
tceluide Clotaire
er
51
1-561)
de a même
manière Saint-Médarde Soissons11. ourautant u'on en puisse uger
par
des sources
istoriques
t
archéologiquesarcimonieuses
2,
eule
Sainte-
Croix-et-Saint-Vincent
evint ne véritable
écropole
oyale,
tilisée
épi-
sodiquement)
u
moins
usqu'en
675
par
es rois de
Neustrie,
ien
qu'elle
ait été en
partie
elayée ar
Saint-Denis
partir
e
Dagobert
er
628-639).
En
revanche,
aint-Médard
e
Soissons,
ù fut ncore nhumé
igebert
er
6. P.
Périn,
vec
acoll. eP.
Velay
t
.
Renou,
ollections
érovingiennes
Paris,
mpri-
merie
unicipale,
985
Catalogues
'Artt 'Histoire
uMusée arnavalett.
I), .
148
q.
7. P.
PérinLa tombeeClovis
,
dansMedia
nFrancia.ecueile
mélangesfferts
Karl-Ferdinand
ernerl'occasion
e on 5e nniversaire
ar
es mis t
ollèguesrançais,
Maulévrier,
érault,989,
.
63-378.
8. Ceparallèlestoulignéar régoireeTours,ibriistoriarum, .KruschtW. evi-son d., anovre,936-1951MGH,RM,1), I,31.
9. Cf.
érin,
occit. ote
,
p.
66
q.
10.Voir
es iverses
ypotheses,
bid.,
.
71
q.
1 K.-H.
rüger,
önigsgrabkirchen
er
ranken,
ngelsachsen
nd
angobarden
is
ur
Mitte
es .
Jahrhunderts.
in
istorischer
atalog,
unich,
971.
12.
bid.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 38/164
ST-GERMAIN-DES-PRÉS,
REMIÈRE ÉCROPOLE ES ROIS 3
1
(t 575), filsde Clotaire, e s'imposapas par a suite, ans doute n raison
de sa situationn Neustrie. i
plusieurs
ouverains ustrasiens
urentnter-
rés
Metz,
eur
apitale,
es
autres,
e même
ue
les rois
burgondes,
'eurent
apparemment
as
de lieu de
sépulture ynastique.
'est
en ce sens
que
la
nécropolemérovingienne
e Sainte-Croix-et-Saint-Vincent
e Paris
ffre n
intérêt ocumentaire
xceptionnel
3.
De Sainte-Croix-et-Saint-Vincent Saint-Germain-des-Prés
On a
longtemps
dmis
ue
l'ancienne
asiliquemérovingienne
ainte-
Croix-et-Saint-Vincentvait té fondée arChildeberter511-558/559)u
retour e son
expédition
e 542
contre es
Wisigoths
4
:
il
aurait
lors
rap-
porté 'Espagne
deux
reliques
restigieuses,
a
tunique
e saintVincent
e
Saragosse
t unecroixd'orfèvreriee
Tolède
renfermant
eut-être
n
frag-
ment e bois de la Vraie
Croix).
Cette
radition,
elatée
ar
e Liberhistoriae
Francorum
5,
'est n fait
tayée ar
ucune
ource ûre 6.
uant
Grégoire
de
Tours,
ontemporain
es
faits,
l est en la matière ort
aconique
ans es
Dix livres 'histoires
t
indique
eulement
ue
Childebert
ut nterré ans
la
basilique qu'il
avaitconstruiteui-même
17.
Comme
on a
pu
établir
ue
le
précepte
e fondation e
la
basilique
Sainte-Croix-et-Saint-Vincent,
atédu 6 décembre 58
18,
'est
pas
un
faux,
mais seulementa copiemaladroite,u Xe iècle,d'un acteauthentique,n
peut
admettre
ue
la
basilique
futfondée l'initiative
e saintGermain
(évêque
de Paris
depuis
556),
sur
un terrain aisant
artie
u fisc
d'Issy,
t
qu'elle
n'était
as
achevée
la fin e
558. C'est
pourquoi
hildebert,
entant
sa fin
pprocher,rit
oin
de faire onation e ce fisc
l'église,
fin 'assu-
rer
'entretiene son
clergé.
Ceci est
confirmé
ar
a Viede Droctovée
fin
du
XIe
iècle)19
ont
'auteur,Gislemar,
it avoir u
connaissance 'un
pri-
vilège
d'immunitée
Clotaire
er
n datedu 23 décembre 58
(ou
559),
qui
signalait
a coïncidence ntre a mort e Childebert
t la dédicace de
la
basilique
Saint-Vincent.
cettemêmedate
saint
Germain,
ui
avait
placé
son
disciple
Droctovée
la têtede la nouvelle ommunauté
onastique20,
fit onfirmerarClotaireer tpar esévêquesprésentse privilège 'immu-nité dontdevait
ouir
la
basilique
Saint- incent
afin
surtout 'éviter a
13.
PÉRIN,
p.
it. ote
,
p.
68 t
q.
14.Cf. ntreutres .
Vieillard-Troiekouroff,
.
Fossard,
.Chatel t
Ç.
Lamy-Las-
salle
«
Les nciennes
glises
uburbaines
eParis
ivc-xeiècles)
,
dans
aris t
le-de-France,
Mémoires
e
a
Fédérationes ociétés
istoriques
t
rchéologiques
eParist e
V
le-de-France,
t.
XI,
960,
.
0.
15.Liberistoriae
rancorum,
rusch
d., anovre,
888MGH
SRM,
I),
hap.
6,
.
84.
C'est
Abbon,
e
iège
e aris
ar
esNormands
Waquet
d.,
aris,
942),
.
01-302
t
08-309,
p.
8,
ue
'on
oit
uelquesrécisions
uracroix'orfèvrerie.
16.Cela été émontré
ar
.DérensLes
rigines
eSaint-Germain-des-Présnouvelle
étude
ur esdeux
lus
ncienneshartese
'abbaye
,
Journales avants
anvier-mars
973,
p.
8-60.
17.GrégoireeToursp. it. ote, II, 9.18.R.deLasteyrie,artulaireénéraleParis1. 528-180),aris,mprimerieationale,
1887
Histoire
énérale
e
Paris),
°
,
p.
-5.
19.
Gislemar,
ita roctroevi
bbatis
arisiensis,
rusch
d., anovre,
888
MGH,
RM,
VII),
hap.
I,
12.
20.Saint-Vincenttantinsi
'un
es
lus
nciens onastèreseParis.
f.H.
Atsma,
Les
monastèresrbains
u orde a
paule
,
Revue'Histoiree
'Église
e
rance,
.
2,
976,
.
173.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 39/164
32
P. PÉRIN
nominationes abbéspar es évêquesde Paris).On peut ncore nférere
ce
privilège ue
la
basilique
tait e
plan
ruciforme,
nedonnée
mportante
pour
on histoire rchitecturale.aintGermain
oua
ainsi un rôle essentiel
dans a fondation e la
basilique
Sainte-Croix-et-Saint-
incent.
Quelques
années
près
es funérailles
e
Childebert,
aint
Germain
t
576)
fut nhumé ans un
portique
porticus)
u sanctuairet de nombreux
miracles e
produisirent
ur on tombeau21.
n
comprend
onc
que
le voca-
ble de saint
Germain
it
progressivementemplacé partir
u
vif
siècle
celui de saintVincent
ui,
néanmoins,
st encore ttesté
usqu'au
xne iè-
cle22.
La
nécropole royale mérovingienne
La
basilique
de
Saint-
incent,
e même
ue
les
basiliques arisiennes
des
Saints-Apôtres
t de
Saint-Denis,
ut 'une des
principales écropoles
de la
dynastiemérovingienne
t,
de
558
à
675,
elle
reçut
es
sépultures
e
la
plupart
es roisde Neustrietd'un
grand
ombre e leurs
roches,
omme
l'attestentes sources crites23Childebert
t
558)
et sans
doute
a femme
Ultrogothe,hilpéric
er
t
584),
sa femme
rédégonde
t
618/619)
t
deux,
sinon rois
e leurs
fils
Clovis,
Mérovée t
peut-être
hierry),
lotaire
I
(t
629)
et sa femme
Bertrude,
hildéric
I
(t
675),
Bilihilde
t
leur fils
Dagobert.
L'approche rchéologique
u monumentu Haut
MoyenÂge
ne
peut-
être issociéede celle de la
nécropole
ui
lui est
associée,
u'il s'agisse
des
sépultures oyalesmérovingiennes
u des innombrablesnhumationsd
sanctos
ui
s'accumulèrentutour u sanctuaire u à l'intérieur.
Jusqu'aux
ravaux e
1656,
des
gisants
emontant
l'époque gothique
marquaient
ans le chœurde Saint-Germain-des-Prés
'emplacement
es
tombes e Childebert
er,
Ultrogothe,
e
Chilpéric
er,
e
Frédégonde,
e
Clotaire
I,
de
Bertrude,
e Childéric
I,
de
Bilihilde t de leurfils
Dago-
bert24. e
l'époque mérovingienne
ux
transformationsu XIIe
iècle,
on
semblait onc avoir conservé e
souvenir,
ue
l'on estimait
récis,
de la
21.En émoignentes écitsontemporainseGrégoireeTourst eFortunat,uteure a
Vita
.
GermaniGrégoiree
ours,
iber
n
loriaonfessorum
Krusch
d., anovre,
885
MGH
SRM,,
2),
8 Venance
ortunat,
ita.
Germani,
piscopiarisiaci,
rusch
d., anovre,
920
{MGH,
RM,
II),
.
72-418.
n
eut
oter
ue,
andis
ueGrégoire
eToursonne
l'église
a
seuleitulatureaint incent
Libern
loriaonfessorum,
8 Libri istoriarum
,
p.
it. ote
,
IV, 0,VI, 6,VIII,
0 t
33),
ortunate imitecelle eSainteroix
Vita.
Germani,LII,
p.
98).
e
martyrologe
'Usuard
ixeiècle)
onfirme
ependant
a doubleitulature
rimitive:
Usuardi
artyrologium,
ans igne
L,
.
CXIV,
ol.
30. elle-ci
pparaît
galement
anse es-
tament'Erminethrude
Lasteyrie,
artulaire...,
p.
it. ote
8,
°
4,
.
1
voir
ans
érin,
ol-
lections
érovingiennes,p.
it. ote
,
p.
18
q.,
a dernièreditione et
cte
ar
.Atsmat
J.
ezin).
22.
Lasteyrie,
artulaire...,
p.
it. ote
8,
°
2,
.
18 n°
5,
.
2 n°
2,
.
9 R.Pou-
pardin,
ecueiles hartese
'abbaye
e
aint-Germain-des-Prés
es
rigines
udébutu uriè-
cle, aris,
909
Société
e 'HistoireeParistde
'Île-de-France),
°
X,
.
13 t
X,
p.
15,
n e
qui oncerne'associatione a titulatureaint ermaincelle e aint incentès e vif ièclen° ,p. 9, I,p. 0 tLU, . 2, n equi oncernea survivancee a titulatureaint incent
jusqu'aux
r-xiriècles.
23.L'étate
plus
omplet
e a
questionigure
ans
rüger,
p.
it. ote
1,
.
103
q.
24.Dom .
ouillart,
istoireeV
bbayeoyale
e aint-Germaines
rez,aris,
724
Dom .
Ruinart,
e
regali
bbatiaancti
ermani
pratis,
699
à
a uitee 'éditionesŒuvres
de
Grégoire
e
Tours),
ééd.
igne,L,
.
XXI,
ol. 94.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 40/164
ST-GERMAIN-DES-PRÉS,
REMIÈRE ÉCROPOLE ES ROIS 33
disposition rimitive es sarcophages oyaux.Des travaux xécutésen
1645-1646
dans e
chœur
e
l'abbatiale,
l'occasion de la constructionu
nouveau
maître-autel,
ntraînèrenta réfectionu
pavement
t a découverte
de
plusieurs épultures.
n
1656
de nouveaux
ravaux urentffectuésans
le chœur
our aménager
es
stalles on crut onstater
ue
les
sépultures
découvertes ix ans
plus
tôt vaient té alorsbouleversées
ar
es ouvriers
cette
ois
es
«
tombeaux
(c'est-à-dire
es
gisants othiques)
es souverains
mérovingiens
urent
éplacés,
insi
que
les
sarcophages ous-jacents ui
étaient ensés eur
correspondre,
t
notamment
eux de
Childéric
I et de
Bilihilde,
andis
ue
d'autres
arcophages
e
pierre
t
de
plâtre
taient
mis
au
our.
Ces diverses rouvailles
'ayant as
fait
'objet,
emble-t-il,
e
pro-
cès-verbauxontemporains,n ne les connaît ue par a relation e Dom
Bouillait,
argementostérieure
1724),
mais
fort
récieuse
ar elle
paraît
reposer
ur a transmissionrale
de
témoignages25.
La tombe de Childéric
II
(f
675)
Selon Dom
Bouillait,
e contenu e
plusieurs
es
sarcophages
uverts
en 1656 était ntact t on
y
observades
corps enveloppés
e suairesou
encorehabillés
sans
que
l'on
signale
es accessoires estimentaires
u
des
objets
mobiliers).
'autres
ombes,
u
contraire,
vaient té
violées,
notam-
ment ellesde ChildéricI et de Bilihilde ue l'oncroyaitvoir ues ntactes
en 1645.
A
cette
ate,
n
effet,
es témoins onfessèrent
u'ils
«... avoient
vu sur a têtedu
Roy
un
grand assement
'or
en
forme
e
couronne,
n
morceau e toiled'or
qui
lui couvroite
visage,
des
éperons
t
que
sa cein-
ture,
ui paroissoit
ntière t d'un
pouce
de
largeur,
toit nrichie
'espace
en
espace
de
quelques
boucles et ornements
'argent...
26.
Or,
en
1656,
l'inventaire
résumé
e
la même
épulture,
onsidérée omme
violée,
om-
portait
«...
Un
grand
âton e coudre t une cannefort
ongue,
ousdeux
de la
longueur
u tombeau
une
épée rompile ar
a
poignée
t
mangée
e
roüille la boucle
du baudrier
omposée
e trois
ièces
de
fin
r
quelques
petites laques d'argent
ortminces 'une
figure uarrée,
ù étoit
ravé
un
serpent mphibène,'est à direqui a deuxtêtes, tqui mord ar a tête t
par
a
queue
ces
plaques
voient
chaqueangle
ou coin un
petit
lou
pour
les attacher la ceinture u
baudrier...
quelques
morceaux e
liège
et de
cuir,
ont es bottes toient
omposées,
t
un
grand
ase de
gros
verre assé
par
e
bas du
col,
où
restoient
uelques
parfums...
27.
Ces
deux
témoignages
e nous semblent
as
suffisants
our
ccréditer
la thèsede la
violation u
sarcophage
e Childéric
I
entre 645 et 1656 et
paraissent lutôt orrespondre
u contenu e deuxtombes
ifférentes,
'une
et 'autre ntactesorsde leur uverture.e commentairee
Dom
Bouillait
25.
Dom
ouillart,p.
it. ote
récédente,.
51 a.
26. bid.,. 52.27. bid. ucunes bjetsobiliersentionnés'a téonservé,ienue es rouvaillesient
sans outeté
éposées
anse
«
cabinetde
'abbaye,
omme'autres
ntiquités
dont
'existence
nous st onnue
ar
es
uvrages
eDom
Montfaucon,
'Antiquité
xpliquée
t
représentée
n
figures,
aris,
719,
.
II,
l.
XXII,
tDom
Martin,
a
Religion
es
Gaulois
iréees
lus ures
sourcese
Antiquité,
aris,727,
.
I,
pl.
4,
.
50).
'une es
ppliques
décornimalierété
reproduitear
om
Montfaucon,
es
Monumense amonarchie
rançoise,
aris,729,
.
1,
.
174.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 41/164
34 P. PÉRIN
reflète 'ailleurs ien es incertitudesui existaientlorsquant l'identifi-
cationdes
sépultures,
ont a relation
irecte vec
les
gisants
n'était
pas
toujours
vidente. n ne
put
insi attribuer
Childéric
I le
sarcophage
u
richemobilier
unéraire
asculin vant e
découvrir,
râce
u
nettoyage
u
tombeau,
l'emplacement
e la
tête,
'inscriptionravée
CHILDR REX2*.
Les autres
tombes
royales
Les observationsoncernanta tombe ttribuée la reine ilihilde em-
blent
lus
convaincantes
uisqu'il
est ndiscutable
ue
la
sépulture
uverte
en 1656était otalementouleversée tpillée, e qui n'était as le cas du
tombeau ttribué n
1645
à
l'épouse
de
Childéric
I
: «... Bilihilde voit
encore ses habits
royaux
et un coussin
d'herbes
odoriférantesous la
tête... »29.
Dom
Bouillaitdemeure
ussi
imprécis
n ce
qui
concerne es autres
tombes
royales,
ne
signalant
i mobiliers
unéraires
i
violations.
l
est
cependant
iencertain
ue
les très iches
épultures
e
plusieurs
ouverains
mérovingiens
t de leurs
proches
urent iolées entre
645
et
1656,
ainsi
qu'en témoigne
om Bernard
e
Montfaucon30.
l
relate,
n
effet,
u'un
religieux
e
l'abbaye
confessa
ur on
itde mort voir
négocié
u
poids
du
métal
récieux
es
objets
découverts ans es
tombes,
emettantson
supé-
rieur n« reliquat de 13 000 livres ui servit,n 1664,à la construction
des
orgues
de l'abbatiale
D'autresdécouvertes
nciennes,
galement
ffectuées l'intérieur
e
l'église,
méritent ncore
d'être
signalées,
même
si leur identification
demeure
onjecturale.
n
1643,
on mit u
jour
deux
sarcophages
e
pierre
à
proximité
e la
porte
u
cloître,
u nordde l'édifice31. 'un d'entre ux
portait'inscription
ILPERICUS
gravée
l'extérieur e la cuve et
peinte
en
vermillon
l'intérieur
son mobilier e
comportait
u'une petite ampe
de
cuivre
laquelle
était
uspendue
ne croix
portant
a
représentation
u
Christ. es donnéesne suffisent
videmment
as
à attribuera
sépulture
Chilpéric
er,
ont n sait
qu'il
fut nhumé Saint-Germain-des-Présn 584.
Ondécouvritncore n 1704, orsde nouveaux ravaux l'emplacementumaître-autel,n
sarcophage
ont a cuve de
pierre
lanche,
ravée
la tête
de
quatre
roix,
taitfermée
ar
un couvercle ectiforme
e
marbre ux
extrémitésbattues32.
e
dernier,
ujourd'hui
onservé
u muséedu
Louvre,
était rnéd'imbrications
vec,
en réserve ur 'une des
faces,
un cartouche
rectangulaireortant
a
représentationlassique
du
ceps
de
vigne
sortant
d'un
vase,
bel
exemple
de
sculpture
unérairee
l'Antiquité
ardive ssue
des ateliers u sud-ouest e
la
Gaule.
D'abord attribuéu roi
Caribert,
e
monumentut nsuite onsidéré omme elui
de l'abbé
Morard,
es
argu-
28.Dom
ouillart,
d. it. ote
4, .
53.
29. bid.. . 52.30.DomMontfaucon,esMonumense amonarchierançaise,p. it. ote7, . , .174.
31.
bid.,
.
175
Dom
uinart,
p.
it. ote4.
32.Dom
ouillart,
p.
it. ote
4,
.
5 Laissén
place,
e
sarcophage
ut nouveau
exhumé
ar egrand
'Aussy
n1799. 'est lors
ue
ecouvercleut
éposé
urécentuséees
Monuments
rançais,uis
Saint-Denis
t nfinuLouvrecf. ieillard-Troiekourofft
l.,
p.
cit.,
.
105-106.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 42/164
ST-GERMAIN-DES-PRÉS,
REMIÈRE
ÉCROPOLE ES ROIS 35
mentsllégués ansun sens omme ans 'autre epouvant pporterucune
certitude33.
es travaux
ntrepris
n 1854 dans e collatéral
méridional e
l'église
révélèrent
ncore
ne
grande uantité
e
sarcophages
e
plâtre
moulé
et de
pierre,
rois e ces derniers
ortant
n décor
gravé
de croix
multiples
sur eur
panneau
de
tête34.
ompte
enude
leur
situation,
es tombes e
trouvaientrèsvraisemblablement
ans le sous-sol
mêmede la
basilique
Saint- incent telles
devaient
briter,
omme ux
Saints-
pôtres
e Paris
5,
la
dépouille
des
grands ui
avaient u le
privilège
e
reposer
u
plus près
des saintes
eliques.
La nécropolemérovingienne xtra muros
D'autres
ravaux,
xécutés
epuis
e milieu
u siècle dernierutour e
Saint-Germain-des-Prés,
nt
par
ailleurs
permis
de circonscriree vaste
champ
de
sépultures
d sanctos de
type
out
fait
lassique pour
Paris,
rassemblées
utour
u tombeau e
saint
Germain
t sans doute ussi des
tombes
royalesmérovingiennes36.
u
nord,
a
nécropole
'étendait insi
jusqu'à
la rive
eptentrionale
e la rue de
l'Abbaye
à
l'est,
elle
atteignait
la rue
de
l'Échaudé au
sud,
elle se
développait
u moins
usqu'au
milieu
du boulevard aint-Germain
à
l'ouest, nfin,
lle a été reconnue
usqu'à
l'extrémitéccidentale
e la
place
Saint-Germain-des-Prés
c'est-à-dire
l'emplacemente l'ancienpassageSaint-Benoît).
Cependant
a
nécropole oyalemérovingienne
e
Sainte-Croix-et-Saint-
Vincent,
ui
paraît
onc avoircoïncidé
vec le chœur e l'actuelle
glise
Saint-Germain-des-Prés,
emeure
ncore fort
mal
connue
et on ne
peut
qu'espérer,
omme
à
Saint-Denis37,
'exécution ans l'avenir
de fouilles
méthodiques
ans les
secteurs u monument ont
e sous-soln'a
pas
été
bouleversé
ar
es travauxmodernes38.
33.Ces
ttributions
eposaient
n ffetla
fois
ura
tradition,
ort
mprécise
ommen 'a
vu,
insi
ue
ur
'interprétation
u
lan
eDom
ouillait
op.
it. ote
4),
vrai ire
chématique
en
e
qui
oncernait
'emplacement
ffectifes ombes
oyales,esquelles
e oïncidaient
as
éces-
sairementveces
isants
ensés
eur
orrespondre.
34.
A.-P.-M.
ilbert,
Mémoireur es nciennes
tnouvelles
éparations
e
'église
e
l'abbaye
e
Saint-Germain-des-Prés»,
evue
rchéologique,
854-1855,
.
31-543;
. de Guil-
hermy,
otesures
monuments
eligieux
e
Paris,
°
98
BnF,
s. .a.fr.
119,
.
I).
Les essins
des rois
anneaux
e
arcophages
e
pierre
rnése roix
ultiples
ont
eproduits,'après
ilbert,
dans ieillard-Troiekouroff
t
l,
p.
it. ote
4,
ig.
4,
.
33.
35.
PÉRIN,
p.
it. ote
,
p.
148
q.
36.On rouvera'inventaireétaillée es rouvaillesansérin,p. it. ote,p. 78 q.37.P.Périn,Quelquesonsidérationsurabasiliquee aint-Denist anécropole'épo-
que
mérovingienne
,
dans illest
ampagnes
ans
'Occidentédiéval.
élangeseorgesespy,
Liège,
991,
.
99-624.
38.Les ravauxffectués
n1854 ansecollatéralud e aint-Germain-des-Prés
nt insi
mis n vidence'existence
'une
mportante
one e
arcophages
érovingiens
ncore
n
lace,
f.
Gilbert,
p.
it. ote4.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 43/164
36 P.
PÉRIN
PatrickPérin,Musée desAntiquités ationales, hâteau B.P. 30,
F-78103
Saint-Germain-en-Laye
edex
Saint-Germain-des-Prés,
remièrenécropole
des rois de France
Édifiés
par
Clovis et Clotilde u
lendemain
e la
victoire e Vouillé
(507),
les
Saints-Apôtres
e Paris
(devenus Sainte-Geneviève)
n'eurent
as
la destinée 'un
mausolée
dynastique.
n
revanche,
a
basilique
ainte-Croix-et-Saint-Vincent
devenue
aint-Germain-des-
Prés),
fondée la
génération
uivante
ar
Childebert
er,
'imposa
comme
nécropole oyale
uprès
de
la
plupart
es
Neustriens e
558
jusqu'en
675,
tout n étant n
partie elayée ar
Saint-Denis
partir
deDagobert628-639).De leur ôté, es rois ustrasienstburgondes
ne semblent
as
avoir
disposé
de lieuxde
sépulture
ynastiques.
ieu
de
sépulturerivilégié
es rois
mérovingiens,
aint-Germain-des-Prés
a fait
'objet
d'une sériede
découvertes
rchéologiques
u
xvne
iècle
à nos
ours.
l est ainsi
permis
'avoir une certaine
onnaissance e
la
nécropole oyale
t de son
environnement.
Archéologie
unéraire
Mérovingiens nécropole
Paris
-
Saint-
Germain-des-Prés
Saint-Germain-des-Prés,
he First
Necropolis
of the
Kings
of
France
Erected
y
Clovis
and
Clotilda
oon after he
victory
fVouillé
507),
the
aints-
pôtres
f Paris
subsequently
enamed
ainte-Geneviève)
werenotdestined o become
dynastic
mausoleum.t was ratherhe
Parisian basilica of Sainte-Croix-et-Saint-Vincent
renamed
Saint-Germain-des-Prés),
ounded
n the
following eneration ar
Childebert
,
which sserted
tself s the
oyalnecropolis
f theNeus-
trians rom
58
to
675
;
Saint-Denis
ecame an
alternative
urial
place
from
hetime f
Dagobert' reign
628-639).
As
for he
Aus-
trasian nd the
Burgundian
ings, hey
o
not eemto
have
disposed
of
specific ynasticurial-grounds.
aint-Germain-des-Prés,
he
placeofburialfavored ytheMerovingian ings,has been the site of a
series of
archaeological
indsfrom he seventeenth
entury
o our
times,
hus
providing
dditional
nowledge
f the
royalnecropolis
and
ts environment.
Funeraryrchaeology Merovingians
necropolis
Paris
-
Saint-
Germain-des-Prés
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 44/164
Médiévales1, utomne996,p. 7-51
Alain
DIERKENS
LA
MORT,
LES FUNÉRAILLES
ET LA
TOMBE
DU ROI PÉPIN
LE BREF
(768)
Un récent éléfilm
1993)
consacré u
règne
de
Charlemagne
e son
avènement son couronnement
mpérial
ouvre ur évocation
e la
mort,
à
l abbaye
de Saint-Denis e
24
septembre
68,
du
roi
Pépin
e Bref1.Au
débutde
cette
«
grandefresque
élévisuelle
2,
on
peut
ainsi voir
Pépin
procéder
ur cartemurale u
partage
e son
royaume
ntre
es deux
fils,
Charles t
Carloman,
rononcer,
evant a femme
erthe,
uelquesparoles
d une rare rescience olitique, uismourir lesyeuxouverts...), comme
il
a
vécu,
commeun roi
»
3.
Certes,
e film
comme
e livre
ui
en contient
le
texte)
ne se veut
pas
strictement
istorique
MarcelJullian e reculeni
devant
es
invraisemblances,
i
devant es anachronismes... aison ne
peut
s empêcher
e
penser ue
ce
que
l on
saitde la
mort,
es
funéraillest de
la
tombede
Pépin dépasse
de loin en
intérêt
et
mêmeen
pathos
ou en
possibles
ffets
isuels)
œuvre
rtistique
t
que
la réalité
pparaît
omme
singulièrementlus percutanteue
le scénario.
Il
y
a
près
de dix ans
que Stéphane ebecq
me
parlait
our
a
première
foisde son idée d écrire ne
biographie cientifique
e
Pépin
e Bref4 ce
1.Co-productionathéélévision,rance,France,RaiUno,ux pa tBeta ilm.cé-
narioJack
usselt
Marcelullian.éalisationClive onner.oirussie ivre
«
romanumul-
tueux
)
tiré
u ilm
ar
M.
Jullian,
harlemagne
u
a
eunesse
u
monde,aris,
993.
2. Ce n est
as
e ieu u e moment
our rocéder
une
ritiqueistorique
ou,
mieux,
idéologique)
u ilmt u ivrevéritables
laidoyersour
ne
urope
hrétienne.es ontre-vérités
et es rreursbondentles
rgumentspolitiques
me emblentienouvent
ernicieux
tnon
fondés...oir .-L.
üpper,
Le
Charlemagne
eMarcelullian
,
CahierseClio
n°
20,
iver
1994,
.
89-92.
3. Le fait emourir
es
yeux
uverts
,
belle
mage
our
n
oman,
aa
1
ncontree
l humilité
e
a
mort
hrétiennelors
roposée
n
xemple
voir,otamment,
e
témoignage
e a
première
itaancii
uberti,
uasimentontemporaine
e a
mort
e
Pépinpuisqu
ubert,
vêque
deMaastricht
Liège),
eurtn 27 t
ue
aVitast
édigée
eu
près
43).
ur e
point
r.
aix,
«
Saint ubert.a
mort,
a
anonisation,
es
eliques
,
dans tudesur histoireu
ays
mosanu
Moyenge. élanges
élix
ousseau,ruxelles,958,
.
1-80.
4. On
manque
n ffetruellementuneonne
iographie
ur
épin.
lfaut
ecourir,
our
es
faits,L.Ölsner,ahrbücheres ränkischeneichesnterönigippin41-768,eipzig,871,ou,
our
a
période
onsécutiveu
coup
Étate751, J.-F.öhmer,
egestamperii,
. Die
Re
esten
es
Kaiserreiches
nteren
arolingern
51-918,
eu earbeiteton .Mühlbachernd
J.
echner,
ouvelledition
ous a dir. eC.Brühl tH.H.
Kaminsky,ildesheim,
966. n
dispose
ussi e
rèsbondantes
ynthèses
ures
Carolingiens,
ans
esquelles
enombreuses
ages
sontonsacrées
Pépinpar xemple
.
Riché,
es
Carolingiens.
ne
amille
ui
it
Europe,
aris,
1983R.
McKitterick,
he rankish
ingdoms
nderhe
arolingians,
51-987,
ondres-New
ork,
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 45/164
38
A.
DIERKENS
livre urait ommencéet- je l espère commencera)ar e récit e l enter-
rement e
Pépin,
nhumé ace contre erre
ous le
porche
de
l église
de
l abbaye
de Saint-Denis ux destinées e
laquelle
présidait
lors son ami
Fulrad le caractère fficiel es funérailles aurait
ontrastéortementvec
la volontéd humilité
marquéepar Pépin
ui-même t
le
contraste urait
encore té renforcé
ar
le fait
ue l église
abbatiale
tait lors en
pleins
travaux
agrandissements
t
d embellissements,
ntrepris
l initiative u
défunt oi.
Le scénariste t hommede lettres
aurait-il
as
eu intérêt
prendre
ontact vec l historienmédiéviste
Dans ce bref
rticle,
examinerai
uccessivemente
que
l on sait
ou
croit
avoir)
de la mort t de la tombe
de
Pépin,
e choix
de
Saint-Denis
comme ieu de sépulture,a significationunenterrementnte imina asi-
licae et es
apports
e
l archéologie
n
la
matière,
a nature e
Yaugmentum
que Charlemagne
fait onstruireur a
tombe e son
père
t, nfin,
e sort
des restes u
premier
oi
carolingien5.
La
mort et les funérailles
de
Pépin
le Bref
Les sources
crites onservées ont
aconiques
ur
a mort e
Pépin
les Continuations
u livre
V des
Chroniques
e
Frédégaire
u les Annales
Mettenses
riores
textes
crits,
n
le
sait,
ans
entourage
irect e
Pépin
ou de Charlemagnet donc bien informésur ce point rapportentue
Pépin,
ombémalade
Saintes,
vait
mmédiatement
écidéde se rendre
Saint-Denis,
n
passant
ar
Poitiers
t
par
abbaye
de Saint-Martine Tours
qu il
combla
de
largesses.
Arrivé
Saint-Denis
vec sa femme t
ses
deux
fils,
yant ris
onscience
e l imminence e
sa
mort,
l
convoqua
es
grands
du
regnum
rancorum
tant aïcs
qu ecclésiastiques,
t eur it
pprouver
n
partage
u
royaume
ntre
Charles
t Carloman6.
l
décéda
peu
de
temps
après,
e 8
des kalendes
octobre
24
septembre
68)
et,
comme
l
l avait
voulu
ut
pse
voluti
,
il fut nterré Saint-Denis
ar
ses deuxfils l enter-
rement ut ieu
cum
magno
ou
summo)
onore1
On
a,
par
ailleurs,
onservé
uatre
hartes
dont
rois n
original)
e
Pépindonnées n faveur e Saint-Denis n 768. Trois d entre lles sontdatéesde la veillede sa mortle 9 deskalendes octobre) t a
quatrième
de
septembre
68
sans
plus
de
précision
on
y
lit es dernières
écisions
politiques
u souverain
t,
notamment,
ne
précision
uant
sa
sépulture
donatum
n
perpetuum
ro
animae
nostrae
emediumeu
et
propter
ocum
sepulturae
orporis
mei ad eundem
anctum
ocum sse volumus
.
1983
St.
ebecq,
ouvelleistoire
e aFrance édiévale
1. Les
rigines
ranques,
IXe
iècle,
Paris,
990R.
chieffer,
ie
Karolinger,tuttgart-Berlin-Cologne,
992
etc. e ravaillectuel-
lement
une
ynthèse
uremaireu
alais
arloman,
rère
e
Pépin
eBref.
5. raut-ilire
uee
decheette odeste
tude
Mepnane
eoecq
n
émoignage
amitié...
et vec
espoiru elle
incite
rédiger
on
épin
e
Bref.
6.
Ce
partage
eprend
elui
ui
vaitte
onclun
42 Vieux-Poitiersntre
épin
eBrei
t
son rèrearlomancf. .J. chüssler,Die ränkischeeichsteilungon ieux-Poitiers742),Francia,3, 985,. 7-112.
7.
Voir,
n
articulier,
nnalesettenses
riores,
r. e
imson
d.,
anovre-Leipzig,
905
(MGH,
Srerum
ermanicarum
n sum
cholarum),
768,
.
5-56
tContinuationes
ibri
uarti
Fredegarii
hronicorum,
.
M.Wallace-Hadrill
d.,
ondres,
960,
hap.
3,
.
120-121.
8. Ed.
A.
Dopsch,
.
echnertM.
Tangl,
evue
ar
.
Mühlbacher,
GH
DD
Karol.,
.
,
Hanovre,906,
K
25-28,
.
4-40
u,
our
es
riginaux,
.AtsmatJ.
ezin
d.,
hartaeatinae
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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LA
MORT
T
LES FUNÉRAILLES
E PÉPIN E BREF
39
Le 13 anvier769, dansun acte datéd Aix-la-Chapellet, ui aussi,
conservé n
original, harlemagne
mettaite souhait être nhumé Saint-
Denis où
reposait
on
père
...ubi...domnus
t
genitor
oste
Pippinus
ex
requiescere
idetur
t nos si Domino
lacueritsepelire
sic
pour
epeliri-
cupimus)9.
uelques
années
plus
tard,
n
783,
il
fit,
n
outre,
ransférer
Saint-Denis
e
corps
de
sa mère
Berthe,
morte
Choisy, our
y
ensevelir
aux côtés de
Pépin
iuxta
epulchrum
iri
ui
gloriosi ipiniregis
i0.
De
plus amplesprécisions
ur a tombe
e
Pépin
ont
ournies
ar
trois
textes
ostérieurs
une lettre
e Louis le Pieux à
Hilduin,
bbé de
Saint-
Denis
(vers835),
un
passage
du mémoire
ue
l abbé
Suger
onsacra son
administratione Saint-Denis
1
145-1
49)
etune ddition u xne iècledans
un manuscrit e la Chronique Huguesde Fleury11.ans la lettre atée
des environs e
835
et surtoutonsacrée
des écrits
recs
t atins onservés
dansY rmarium e
l abbaye12,
ouis
parle
de son
père
Charles,
uis
de son
grand-pèreépin
dont l
évoque
e sacrede 754
(in
regem
rancorum nc-
tus)
devant auteldédié saint enis
il
ajoute ue
le titulus
u
conditorium
de
Pépin
pprend
vec
quelle
humilité13e
roi,
la finde sa
vie,
a ordonné
d être nterrénte imina asilicae anctorum
artyrům14.
ans le
traité
e
Suger15,
n
peut
ire
u en
1
137,
abbé avait ommencé es
grands
ravaux
à
l église
abbatiale
ar
a
façade
occidentale,
lus précisémentar
entrée
(ad
priorem
alvarum
ntroitum),
en démolissant n
appendice
augmen-
tum)
onstruit
ar Charlemagne our
un motif ssez
respectable
en effet
sonpère empereurimperator)épins étaitfait nsevelir evant entrée
(extra
n introitu alvarum
,
non
pas
sur e dos mais la face contre erre
(prostratum
on
upinum
,
pour
xpier
es
péchés
de son
propre ère
Charles
Martel 16.
nfin,
n manuscrite Saint-Maur-des-Fossésontenante texte
Antiquiores
désormaishLA),
.15
FranceII
Dietikon-Zurich,986,
.
4-50,
°
02-604;
es
préambules
e es ocumentsontrent
a onscience
u avaitépin
e a
proximité
e on
répas.
ces
uatre
hartes
our
aint-Denis,
n
joutera
n
iplôme
e
uillet
68
our
aint-Hilairee oitiers
(Dopsch
t l.
d.,
K
24,
.
2-34)
ui
donc û treonnéors u
oyage
e
Pépin
e aintes
Saint-Denis.
9. Dopscht l.
éd.,
MGH,
D
Karol.,
.
op.
it.),
K
55,
.
1-82uAtsma-Vezin
d.,
ChLA
t.
15,
.
3-65,
°608.ur et
cte,
oir,
ndernier
ieu,
.
toclet,
utoureFulrade
Saint-Denis
v
710-784),
aris-Genève,993,
.
3-97.
10.Annalesettensesriores,p. it.,° 83, . 1. ureci, .Erlande-Brandenburg,eroi stmort.tudeures unérailles,es épulturest es ombeauxes ois eFranceusquà la
fin
u
XIIIe
iècle,enève,975,
.
2
u
K.H.
Krüger,
önigsrabkirchen
er
ranken,
ngelsach-
sen nd
angobarden
is
ur
Mittees . ahrhunderts.inhistorisches
atalog,
unich,971,
p.
182-183.
11.
K.
H.Krüger,
bid.,
.
182
A.Erlande-Brandenburg,
eroi st
mort,
p.
it.,
.
1-72.
12.E. Dümmler
d.,
MGH,
p.,
.
V
=
Epistolae
arolini
evi,
.
II),
Berlin,898-1899,
p.
25-327,
°
9.
13.L insistanceur humilitase
Pépin
oitvidemmenttre ise
n
apport
irect
veca
pénitenceui
ut
mposée
LouisePieux
n 33 Saint-Médarde
oissons,
uis
nnuléeSaint-
Denise 1er ars34. ur ette
uestion,
oire
remarquable
rticleeM.de
Jong,
Powernd
Humility
n
Carolingianociety
the
ublicenancef ouishe ious
,
Early
edieval
urope,
1,
1992,
.
9-52.
14.C
est eliberement
ue e
ne raduis
as
ci es ermesatins
itulus,
onditoriumt nte
liminaasilicae
y
reviendrai
lus
oin.
15. uger,ibere ebusn dministrationeua estis,.Lecoye aMarched., uvrescomplèteseSuger,aris,867Sociétée histoireeFrance,. 9), .151-209,lap.187
(chap.
5).
istees ditions
t
ommentaire
énéral
ans
.
Bur,
uger,
bbé
e
aint-Denis,
égent
deFrance
Paris,991,
otamment
.
20-322.
16.Je
eprends
ci a traduction
eMichelur ans
uger,
a Geste
eLouis I t
utres
œuvres,
aris,994,
.
47
e
ne rois
as
xacte raduire
rior
ntroitus
alvarum
ar grand
portail
.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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40
A. DIERKENS
de la Chronique eHuguesdeFleury joute ue Pépinfut nterrérostrata
facie
17.
Pourquoi
Saint-Denis ?
La
premièreuestion
ui
se
pose
est de savoir
pourquoi
est à
Saint-
Denis
que Pépin
e Bref a souhaité
treenterré. es
réponses
ossibles,
complémentaires,
bondent.On connaît
es
liens
étroits ntre
Pépin
et
l abbaye
il
y
fut
duqué18
l abbé
Fulrad,
remier
es
chapelains oyaux,
estun des hommes
es
plusproches
e
lui,
t
cela,
bien vant e
coup
d Etat
de75119; le second acre oyalceluique le papeÉtienne I conféra Pépin
et à ses deux
fils, Saint-Denis,
n
uillet
54)
revêt
our
Pépin
uneextraor-
dinaire
mportance20
les nombreuses onations e
Pépin
Saint-Denis21
y compris our
e Trésor e
l abbaye22
révèlent
n
attachement
our
Denis
explicitementouligné
ans
es
préambules
es chartes
édigées
ces occa-
sions,
tc.
À ces
arguments,
l
faut videmment
jouter
ue
c est à Saint-
Denis
que
le
père
de
Pépin,
Charles
Martel,
vait té enterré
n 741
23,
ue
celui-ci vait
également émoigné
ne dévotion
marquée our
Denis,
Rus-
tique
et Eleuthère24
t
qu en
768,
rares taient eux
qui
mettaientn cause
sa
politique,
même
religieuse25.
nfin,
e
dirai
plus
loin
pourquoi e
crois
que
les travaux
ue
Fulradfitfaire l abbatiale
de
Saint-Denis
nt été
entreprisès les années750 etqu ils doivent eaucoup la générositét à
l appui
de
Pépin.
17.
Fragmenta
istoriae
ossatensis,
.
Waitz
d.,
MGH,
S,
.
, Hanovre,851,
.
72
(Bernensis
24 manuscrite a
fin u ir
iècle).
18.Par x.A.
Stoclet,
utoure
Fulrad,p. it.,
.
9,
. .
19. urtout
.
toclet,
assim.
20.Pour e
as rossir
nutilementa
bibliographie
e et
rticle,
e
renvoiel étude
onda-
mentaleA. .
toclet,
LaClausula
eunctione
ippini
egis
misesu
point
tnouvelles
ypo-
thèses
,
Francia,,1980,
.
1-42. reliren enant
ompte
es
ypothèses,
ue e
crois
ondées,
de
M.
Becher,
Drogo
nd ie
Königserhebungippins
,
Frühmittelalterliche
tudien,
3, 989,
p.
131-153.
21.
Plus u
ierses hartesonservéest ntitulées
u
nom e
Pépin
ont es onationsu
des onfirmationsebienst edroitsn aveure aint-Denis.22.K.Hoffmann,Zur ntstehungesKönigsportalsn amt-Denis,Zeitschriftür unst-
geschichte,
8,
985,
.
9-38,
ux
.
0-31
D.
Gaborit-Chopin,
Le
Trésoruhaut
oyen
ge.
Dagobert
tCharleseChauve
,
LeTrésore aint-Denis
Catalogue
exposition
aris,
uséeu
Louvre,
ars-juin
991),
aris,991,
.
9-54,
ux
.
4-45.
23.
K.H.
Krüger,
önigsgrabkirchen,p.
it.,
.
181 A.
Erlande-Brandenburg,
eroi
st
mort,
p.
it.,
.
0-71.
24.
On
appellera
ue
adernièreharte
onservéeeCharlesartelst atéee
Quierzy,
e
17
eptembre
41
un
moisnviron
vanta
mort),
u elle
st estinéeSaint-Denis
t
u elleorte
les
igna
e a
femme,wanahilde,
tdu
dernier
ils, rifón,
eCharlessur ette
harte,
oir
I.
Heidrich,
Titulaturnd rkundener
rnulfingischen
ausmeier
,
Archiv
ür iplomatik,
1-12,
1965-1966,
.
1-279,
urtout
.
34
t 42
A 12)
t,
ndernier
ieu,
.
Heidrich,
DieUrkunden
Pippins
.
M.
und arl
artells.
eobachtungen
u hrereitlichennd
äumlichen
treuung
,
Karl
Martelln
einerzeit,
.
arnut,
.Nonnt
M.Richter
d.,
igmaringen,
994
Beihefte
er
rancia,
37), .
3-33,
ux
.
1-32
avec ibliogr.ompl.).
25.Suresraisonse a mauvaiseéputation,ardive,eCharlest edéveloppementeslégendeseconcernant,oir iversestudes U.Nonn,urtoutDasBildKarlMartellsnden
lateinischen
uellen
ornehmliches .
und .Jahrhunderts
,
Frühmittelalterliche
tudien,,1970,
p.
0-137t
DasBild arl artells
mmittelalterlichen
uellen
,
KarlMartell
n einer
eit,
p.
cit.,
.
-21.
our
uelques
as
récis,
oir
.
Dierkens,
Carolus onasteriorumultorum
versor
et cclesiasticarum
ecuniarum
n sus
roprios
ommutator
Notesura
politiqueonastique
u
maireu
alais
harlesartel
, bid.,
.
77-294.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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LA
MORT
T LES
FUNÉRAILLES
E PÉPIN
E
BREF
41
Une inhumation nte liminabasilicae
Si le choixde Saint-Denis e
pose
donc aucunedifficulté
articulière,
l endroit
récis ue Pépin
retenu
our
a tombe
mérite
attention,
urtout
si l on
sait
que
la
tombede
Charles
Martel
vait, lle,
été
placée
dans e
chœur,
rès
de
l autel,
du côté
gauche
(c est-à-dire
u
Nord)26.
i l on
en croit
Louis le Pieux
qui
se réfère u titulus
lacé
sur a tombede
son
grand-père,
est
Pépin
ui-même
ui
a souhaité
l inscription
iraitmême
«
a ordonné
(preceperit)
être nterrénte imina asilicae.Un tel
mpla-
cement
mplique
ne
volonté
humilité,
ien sûr d autres
xemples,
nté-
rieurs
celui-ci,
e montrentsuffisance.
De manière énérale27,e porche e l église, e narthex,tait onsidéré
comme
emplacement
éservé ux
pénitents
u à ceux
qui
attendaientne
purification
vant
d avoir e droit
d entrer
ans
l église
proprement
ite.
D un
point
e vue
théologique,
omme l existeune
correspondance
ntre
l ci-baset la
topographie
e
l au-delà,
un enterrementnte limina
u in
porticu
cclesiae
préfigure
attente evant es
portes
u Paradis
on
trouve
d ailleurs es
attestations
xplicites
assimilation e
l église
à la Jérusalem
céleste. arvoie de
conséquence,
n enterrement
ansune
église
st ouvent
considéré ommeune
préfiguration
e la sainteté
t,
même i des
déroga-
tions
ont
prévues28,
inhumationn ecclesia
n apparaît
ès lors comme
recommandable
ue
si des
signes
ncontestablesnt manifestéa volonté
divine.
De nombreuses itae
montrentinsi e saintd abord enterré ans le
porche
u le
portique
une
église
avant
u un
miracle u
qu une
visionne
justifie
neélévation es
reliques
t unetranslation
u
corpsprès
de l autel
le cas de la Vitade saint
Aimé
de Remiremont
mort
ers
628
;
texte e la
fin
du
VIIe
iècle)29
st d autant
lus
ntéressant
ue
les termes tilisés ont
proches,
oire
dentiques
ceux
qui
concernent
épin.
À
l approche
e sa
mort,
e
saint,
s estimant
ndigne
d un ensevelissement
ans
l église,
demande e
préparer
a
sépulture
evant
entrée
e
la basilica et
rédige
lui-même n titulusnsistantur on statut e
pénitentquelques
ours près
26.Sur emplacementxacte atombeeCharlesartelSaint-Denis,n isposeurtoutd une entionu iriècle,ans n extenonymeabituellementonnuommebbreviatiohro-
nicae,
enealogiae
thistoriae
egum
rancorum
G.
Waitz
d.,
rchiv
ür
ltereeutschenes-
chichtsforschung,
, 858,
.
87 sinistra
anu)
t e
enseignementslus
ardifs
1274),
iréses
Grandes
hroniques
eFrance
J.
iard
d.,
esGrandes
hroniques
eFrancet.2 De Clotaire
II à
Pépin
e
Bref,
aris,
922,
.
36-237mis
u
n osté umaistre
utel,
n
un ichearcuel
d alabaustre
,
dont .
Erlande-Brandenburg
défenduabonnenformationur e
point
Le
oi st
mort
op.
it.,
.
1
t
n.
0).
uravaleure ette
ource,
oir
.
Guenée,
Les
Grandes
hroniques
deFrance.eRomanux
oys
1274-1518)
,
Les ieux
e
mémoire,
.Nora
d.,
. La
Nation,
vol.
, aris,986,
.
189-214,
urtout
.
191-192.
27.Sur etteifficile
uestion,e m appuieargement
ur article
A.
Angenendt,
n
or-
ticucclesiae
epultus.
in
eispiel
on immlisch-irdischer
piegelung
,
conologia
acra.
ythos
Bildkunstnd
ichtung
n er
eligions
und
ozialgeschichtelteuropas.estschrift
ür
arl auch
H.Keller tN. taubach
d.,
erlin-New
ork,
994,
.
8-80.
28.Sur e
point,e
me ontentee
renvoyer
une
ynthèse
écenteJ.
helini,
aube u
Moyenge. aissancee a chrétientéccidentale.a vie eligieusees aïcs ansEuropearo-lingienne750-900),aris,991,. 81-494.
29.Ladate e a Vita mati
étroitement
iée la Vita
delphi
t la Vita
omarici)
st n
problème
ontroversé.
otammentontrer.Krusch
qui
nfaisaitn exte
arolingien
e
peu
e
valeur),
accepte
ci
argumentation
eN.
Gauthier,
évangélisation
es
ays
e a
Moselle.a
province
omaineePremière
elgique
ntre
ntiquité
t
Moyen
ge
ur-vuriècle),
aris,980,
p.
XXI t 74-276
ui, près
autres,
n
lace
arédaction
eu
vant00.
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 50/164
LA
MORT
T
LES FUNÉRAILLES
E
PÉPIN
E BREF
43
mann36,autant lus magistraleu elle a été faite ansconnaîtree résultat
de recherches
rchéologiquesui
confirment
es
hypothèses37,
établi
ue
la tombe e
Charlemagne
vaitété construiteevant
entrée u
Westwerk
de
l église,
xactementous auteldu
premiertage
t entre
es
portesqui
s ouvraient ers
intérieur)
e ce massif
ccidental.
harlemagne
vait té
enterré,
e
jour
même de sa mort
28
anvier
814),
dans un
sarcophage
romain,
ous un arc doré
un
portrait
t
une
inscription
dont
Eginhard
t
d autres crits
ndépendants
ous donnente
texte)
complétaient
ensem-
ble.
On connaît ien ussi e cas ď
Angilbert,
bbé de
Saint-Riquier
t
gen-
drede
Charlemagne,
ort
uelques ours après
Charlemagne,
e 17 février
814. Angilbert,galement arhumilité,vait ordonné être nterré,ans
son
abbaye,
nte
fores templi
c est-à-dire ous l autel Saint-Sauveur
u
premier
tage
du Westwerk. utour e sa tombe vaitété
gravée
une
ins-
cription
ont e texte stconservé si l on en croitHariulf e
Saint-Riquier,
le lieu de la
sépulture
vait té choisi
proximité
e la
porte
e
façon
ce
que personne
e
puisse
ntrer ans
église
sansfouler ux
pieds
a tombe39.
Parmi es autres
arolingiens ui
auraient ouhaité tre nterrésnte
fores
cclesiae on relèveraa
volonté
e Louis le Pieux
de se faire nhumer
devant
e
porche
e son
abbaye
d Inda/Kornelimiinster40
il en est
proba-
blement41e
même,
n
810,
pour Pépin
d Italie,
fils de
Charlemagne,
Saint-Zénon e Vérone42
t,
n
794,
pour
Fastrade,
emme e
Charlemagne,
à Saint- lbandeMayence. nfin,ai ditplushaut ue - par a volonté e
Charlemagne
la mèrede
Charles,
Berthe,
vait été inhumée n
783
à
Saint-Denis,
côté de son mari.
36.
H.
Beumann,
Grabnd hronarls
es
Grossen
uAachen
,
Karl er rosse.ebens-
werknd achlebent. DasNachleben
Düsseldorf,967,
.
-38.
37.
L.
Hugot,
Baugeschichtliches
um
rab
arls
es
rossen
,
Aachener
unstblätter,
2,
1984,
.
13-28.
38.H.
Hemgesberg,
Gab szuKarlsesGrossenrabtitulusine
orlage
»
dans
rbor
amoenaomis.
estschrift
um
5
ährigen
estehenesMittellateinischeseminar
n Bonn
1965-1990,
.
Könsgen
d.,
tuttgart,
990,
.
5-80.
39.
Hariulf,
hroniconentulenseF.Lot
d.,
hronique
e
abbaye
e
aint-Riquier
v
iè-
cle-
1
4),
aris,894,
.
,
hap.
2,
.
7-78
voir
ussi
.
,
hap.
2,
.
64-266,
urarédecouverte
ultérieureu arcophaged orescclesiae,uo ompererailiumrimoumulatumuisse.outedossierevraittre
epris
la umièrees écentesécouvertes
rchéologiques
Honoréernard
(notamment
elle u
orps
e
Nithard,
ils
Angilbert
t
e
Berthe,
ontn ait
u il
vaitté nterré
danse
arcophage
e on
ère).
40.L.
Hugot,
Baugeschichtliches
,
oc.
it.,
.
2
qui
envoie
otamment,
.
3,
sa
Dis-
sertation
d.,
ornelimünster.
ntersuchung
berie
augeschichtlichentwicklung
er
hemaligen
Benediktinerklosterkirche,
ologne-Graz,
968,
.
103-10. n ait
ue,
inalement,
ouisutnterré
à
Saint-Arnoul
e
Metz,
ans
n
arcophage
omain,
ontes
ragments
ontncoreonservésu
Musée
e
aVille eMetz
bibliographie
ura
question
ans .
Dierkens,
Autoure a ombee
Charlemagne
,
oc.
it.,
.
162,
67-168t
assim.
oir
ussi,
ur
e
point,
es
ropositions
inter-
prétationsymboliques
es
arcophages
e
Charlemagne
t
e
Louise
Pieux,
eJ.
Nelson,
Caro-
lingianoyal
unerals
,
oc. it.
41.L.
Hugot,
Baugeschichtliches
,
oc.
it.,
.
,
ui appuie
ur n ravail
ue
e
n ai
u
consulter
H.
Wismann,
rab
nd rabmalarls esGrossen
Diss.,
eidelberg,
933,
ci
p.
8.
Certaineses onclusions
e
Wismannevraientssurémenttre érifiéesvec ttention.
42.J admetsonc,rovisoirement,uePépinbien té nterréVéronetnon Saint-AmbroiseeMilan.e as st autantlusntéressantue,u ointe uerchitectural,aint-Zénon
deVérone
résente
neaube un
ugmentum
que
Beumannt
Hugotapprochent
Aix tde
Saint-Denis
Beumann,
Grabnd hrone
,
oc.
it.,
.
0 L.
Hugot,
Baugeschichtliches
,
oc.
cit.,
.
1-22).
e
plus,
n conservé
ne
pitaphe
e
Pépinui
evaittre
ravée
ur on ombeau
(Hoc
acet
n
umulo...)
E.Dümmler
d.,MGH,
oet.
at.
MA,
.1
-
Poetaeatinievi
arolini,
1),
Berlin,881,
.
05.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 51/164
44
A.
DIERKENS
Une inhumation face contre terre ?
On l a
vu,
Suger
de Saint-Denis
apporte ue Pépin
fut nterré
ros-
tratus face contre erre le mêmeterme
prostrata acie
se trouve ussi
dans une
nterpolation
Hugues
de
Fleury,
ddition
ui
soitvient irecte-
ment e
Suger,
oitremonte directement
u non
-
à un témoin culaire
de l ouverture e la tombe n
1137.
l
n y
a
évidemmentucuneraison e
mettren doute e
témoignage
e
Suger
ur e
point,
même i
l explication
qu il
en
donne
l expiation
es
péchés
de Charles
Martel)
st la fois nvrai-
semblable t tout fait
nachroniqueour
e vili6 iècle.Les GrandesChro-
niques
de
France
font,
lles
aussi,
mention e la
position
u
corps
face
contre erreadenz mais elles ajoutent ux renseignementsournis ar
Suger
e
fait
u une
croixavait été
posée
sous la face de
Pépin
et
que
la
tête e trouvait
l Orient,
enforçant
insi idée de
prosternation.
omme
ces
Chroniques
nt té
rédigées
n
1274
au
plus
tard
t
que
-
on le verra
la translationéfinitivees restes
e
Pépin
vers
e
transept
ut ieu en
1264,
je
crois
que
ces additions e
Primat
e Saint-Denis
eposent
urdes obser-
vations aites ors de l ouverture
e la
tombe
n
1264
et
qu elles
doivent
être
prises
n considérationla
présence
e la croixn a d ailleurs
u
être
remarquée u au
moment e la
dépose
du
corps43.
La
position
u
corps
facecontre erre st rarement
ttestée44,
ant ans
les textes
u à
l occasionde découvertes
rchéologiques.
ans les
exemples
que relèveÉdouardSalin en 1952,seulsquelques-uns pparaissentûrs
leurdatation emble
lutôt
ardive
our
des
sépultures érovingiennes
fin
vip
siècle
?)
et leur
nterprétation
hrétienneeste
difficile
prouver.
ar
ailleurs,
Esslingen, rieuré
e
Saint-Denis
epuis
abbatiat e
Fulrad,
ne
tombemasculine
?)
du milieu u de
la
secondemoitié u
vine iècle
présente
cettemême
position,
ssociée
à certains
bjets
u
possible
aractère hré-
tien45.
L augmentum
de
Charlemagne
Il reste se demanderù exactement ut nterré épin en d autres
termes,
ù était a
porte
e
l église
en
768)
et ce
que
fut
Vaugmentum
ue
43.Grandes
hroniques
eFranceJ.
iard
d.,
.
,
op.
it.,
.
58-259)
ensepouturezu
en
église
e aint-Denisn rance.
denz
u
ouchiez
u
arcou,
ne
roiz
esoz
a
ace
t e
hief
tornéeversrient.ur a valeure etteourcet a
façon
ont
auteur,
rimat,
onsidérait
on
«
métierhistorien
,
voir
upra
n.
6.
44. l en
st videmment
emême
our
inhumationssise
ue
aucuns
rêtent
Charlema-
gne
cette
ersion,
bsurde
cf.
.
Beumann,
Grabnd hron
,
oc.
it.,
urtout
.
10-14),
expli-
que ar
amauvaise
ompréhension
u erme
olium.ttonII trouvéatombee
Charlemagne
n
solio
egio
c est-à-direousaconstructionnte
imina
ui
britaite rône
oyal
AdémareCha-
bannes,
a
Chronique
e
Novalèse,...
efontécho e raditions
eposant
ur
a
traductione olium
par
rônet
nventant
onca
égende
un nterrement
u
ouverainssis
ur on rône...
45.
Ê.
Salin,
acivilisation
érovingienne
après
es
épultures,
es extest e aboratoire
t. Les épulturesParis,952,. 20-222le as e épin st ité aprèsesGrandeshroniquesdeFrancet stnterprétéommeelui un énitenthrétien).ur sslingen,oir . toclet,
Autoure
Fulrad,
p.
it.,
.
35-239
t e
rapportréliminaire
es ouilles
eG.
Fehring,
Früh-
mittelalterlicheirchenbauten
ntert.
ionysius
u
Essligen
mNeckar
,
Germania
44,
1966,
p.
54-364
à
a
p.
62).
e
rapprochement
veca ombee
épin
st ait
ar
.
toclet,
L abbaye
carolingienne
e ulrad
,
L Ile-de-France,
e
Clovis
Huguesapet,
u au
Xe
iècle,
.
1.
Guiry-
en-Vexin),
993,
.
9-91,
la
p.
9.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 52/164
LA
MORT T LES FUNÉRAILLESE PÉPIN E BREF
45
construisitharlemagneur a tombede son père. l faut, ource faire,
aborder a
question
ontroverséee l architecture
arolingienne
e
Saint-
Denis et de
l église
ditede Fulrad. a difficultéient ssentiellemente ce
que
les
textes,
éjà complexes,
nt urtoutté étudiés vant
ue
des
fouilles
archéologiques
érieuses
ne soient
menées dans l abbatiale
par
Sumner
McKnight
rosby46,ue
les
premières
tudes
renant
n
compte
es
résultats
préliminaires
e ces fouilles47
nt
paru
vant
ue
soitéditée t connue ne
description
e
l abbatiale
édigée
n
799
48,
ue
bien des recherches
osté-
rieures cette dition
1980-1981)
n ont
pu
tenir
ompte
u
rapport
éfinitif
des
fouilles49,
ue
ce
rapport osthume
1987)50
n a
pas
encore té vérita-
blement oumis la
critique
aufen ce
qui
concerne a
période
mérovin-
gienne51,ù l on aboutit des résultatsotalementifférentse ceuxaux-
quels
était rrivé e fouilleur...
n ne m en voudra onc
pas
de m en tenir
ici aux seuls
points
irectementiés à la tombe e
Pépin.
En s en
tenant ux textes
u il
connaissait
c est-à-dire
a
totalité u
dossier
l exception
e la
Descriptio
e
799),
Léon Levillain montré52
e
la
façon
a
plus
nette
ue
les travaux e réfection e
l église
abbatiale e
Saint-Denis
ntcommencé une date
comprise
ntre 49
et
754
:
l église
mérovingienne
ut
rogressivement
étruite
partir
u
chœur,
ù un autel
fut
onsacré n 754.
«
Mais l édificene fut
chevé
que
sous
Charlemagne
le
gros
œuvre tait ssez avancé
quand Pépin
mourut
e
26
septembre
68,
puisqu il
demanda être nterré l entrée
mêmede
l église
...)
;
la consé-
46.En
articulier,
article
mpressionnant
eL.
Levillain,
L église
arolingienne
e aint-
Denis
,
Bulletin
onumental
71, 907,.
1
-262.
47.C estecas
d études
istoriques
comme
elle eK.H.
Krüger,
önigsgrabkirchen,
p.
cit.,
.
171-189)
u
rchéologiques
ainsi,
.
Vieillard-Troïekouroff,
L architecturen
ranceu
temps
e
Charlemagne
dans arl er rosse.ebenswerknd achlebent.
Karolingische
unst
Dusseldorf,965,
.
36-368,
ux
.
36-355C.
Heitz,
architecture
eligieuse
arolingienne.
es
formes
t eurs
onctions,
aris,980,
.
2-23
etc.),
u
de
premiersapports
e fouillese
S.
McK.
rosby,
ommeExcavationsn he
bbey
hurch
f
t.-Denis948. he
açade
f ul-
rad Church
,
Proceedingsf
he merican
hilosophicalociety,
3, 949,
.
47-361.e
urcroît,
les
ropositions
ereconstitutione
église
e
Fulrad
plan,
lévation)
iffèrentadicalementelon
les
rchitectes,
istoriensartu
rchéologuesS.
McK.
rosbv.
.
ormigé,tc.).
48.On
possède
euxditionsu
exte,
hacune
ccompagnée
une
raduction
chronologi-
quement,
a
première
êtreortie
e
resse
st
elle A. toclet ans
atomus,9, 980,
.
191-192,
immédiatementuiviee
d.,
La
descriptio
asilicae
ancii
ionysii.
remiersommentaires
,
Journales avants,980,.103-117la secondest ue B.Bischoff,Eine eschreibungerBasilikaonaint-Denisus em ahre99 ,Kunstchronik,4, 981,
.
7-103,
eprise
ansd.,
Anecdota
ovissima,
tuttgart,
984,
.
12-218.e iteraie texteimultanément
après
toclet
(Journales avantsetBischoffAnecdota).
49.Surtout. ander eulentA.
peer,
ie
ränkische
önigsabtei
aint-Denis.
stanlage
und ult
e
chichte,armstadt,
988
aux
.
179-188,
iscussiont
omparaison
es ditionsitées
supra,
.
8)
tW.
Jacobsen,
DieAbteikircheon
aint-Denis
ls
kunstgeschichtliches
roblem
dans a
Neustrie.
es
ays
u nord
e
a Loire e650 850.
olloqueistorique
nternational,
H.Atsma
d.,
igmaringen,
989
Beihefte
er
rancia,
6),
.
,
p.
151-184.
50.
S.
McK.
rosby,
he
oyal bbeyf
aint-Denis,
rom
ts
eginnings
o
he eath
f
Suger,
75-1151
P.
Z.
Blum
d.),
ew
aven-Londres,
987
pouréglise
eFulradt es
ouilles
à
l oueste
église,.
1-84t 93-314.ien
videmment,
e ivre
emplace,
ur
e rès ombreux
points,
es
récédentesublications
e .
McK.
rosby.
51.
P.
Périn,
Quelques
onsidérationsura
basilique
e aint-Denis
t a
nécropoleépo-
quemérovingienne
dans illest
ampagnes
u
Moyenge. élangeseorges
espy,
.
Dierkens
etJ.-M.uvosqueld., iège,991,. 99-624.52.Je eprendsci,n es implifiant,uelques-unesesonclusionse .Levillain,L église
carolingienne
,
oc.
it.,
.
20-221,
êmei
e n ignore
as u elles
nt
arfois
té
prement
is-
cutéesoireotalementefusées
par
x.
J.
an er
Meulent
A.
peer,
ie
ränkische
önigsabtei,
op.
it.,
.
172-179t
passim
W.Jacobsen,
Die
Abteikirche»,
oc.
it.,
.
180).
ne ouvelle
lecturees hartes
our
aint-DenistdesMiraculaancii
ionysii,
ouventtilisés
ar
evillain,
me embleéanmoinsonfirmeressentieles éductionse illustrehartiste.
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46
A. DIERKENS
crationut ieu e 24février75 »53.Levillain royait ependantuel entrée
de
l église
«
se trouvaitu
Nord,
dans a basse-nef
parceque,
se basant
surun
passage
du Libellusde
consecrationecclesiae Sancii
Dionysii
ue
Suger édigea
n
1
14454,
e
porche
e l accès aux
portes
rincipales,
ntouré
de
deux
tours,
tait itué n anteriori
arte
ab
aquiloni
;
or l convient e
traduire
sur a
façade,
u côté
de
l Aquilon
56,
est-à-dire
a
partie
e la
façade
occidentale u
norddu contre-chœur.
Les
fouillesde S.
McK.
Crosby
n 1948
ont,
n
effet,
évélé
que
la
façade
de
l église
de
Fulrad vait onnu
plusieurs
tapes
de construction
t
qu en particulier
fut
jouté
un chœur
ccidental,
e
plan polygonal
dans
lequel
certains ntd ailleurs
voulu
voir,
ans aucune
preuve,
ne
chapelle
funéraire ans laquellePépinaurait, n unpremieremps, oulu se faire
enterrer)57.
u nord e ce
chœur
artait
n couloir
ui
menait
l extérieur
un
passagesymétrique
u Sud
devait tre
éservé ux moines58.
elon
toute
apparence,
est donc aux
portes
e cet accès
que
fut nterré
épin
les
fouilles
rchéologiques,
ort
ifficiles
l
est
vrai,
ntre a
façade
de
l église
de Fulrad t
celle de
l avant-corps
onsacré
n 1140
n ont
pas permis
e
repérer
ne
tombe
ui
aurait
u
être elui du
roi
Pépin
ou de la reine
Ber-
the59.
Suger apporte
u en
construisant
oncélèbre
riple ortail,
l a démonté
un
ugmentum
u avait
onstruit
harlemagne
tdont n
ne sait ien rchéo-
logiquement
uisque
a
façadegothique
été vraisemblablement
onstruite
surlui et à son emplacement. et augmentumtait-il n simpleporche
recouvranta tombe
uparavant
l air ibre Était-il
lutôt
n
espace
fermé,
identifiablevec
le vestibulum
ont
arlent plusieurs
eprises
es Miracula
sancti
Dionysii
arolingiens60
Était-il
arfois
ésigné
ous e
terme ondi-
torium
1
? Pour
y
voir
plus
clair,
l
faudrait
avoir
uand
exactement
har-
lemagne
it âtir
et
augmentum
à la
mort e
Pépin
en 768
? Au moment
où
il fit ransférer
es restes
e Berthe n 783
?
A
la
finde sa
vie,
après
avoir été couronné
mpereur
C est
ici
qu intervient
a
discussion
ur a
Descriptio
e 799.
Ce
texte
tonnant,
onservé
ans un
manuscrit
arolingien
e
Reiche-
nau
(premier uart
du IXe iècle
?),
est une
brève
descriptioninspirée
e
celle
que Grégoire
e
Tours
donnée e
Saint-Martin
la
fin
du
VIe
iècle)
de la basilicasanctiDionysiiétablie a trentet unième nnéedurègne e
Charlemagne,
onc n
799
;
on
y
donne
urtout
es dimensions
insi
u une
53.L.
Levillain,
L églisearolingienne
,
oc.
it.,
.
21.
54.
Sur e extet es
ditions,
oir .
Bur,
uger
bbé,
p.
it.,
.
321-322.
55.
Suger,
ibellus,
. ecoydela
arche
d.,
uvrese
uger,p.
it.,
hap.
,
.
17-218.
Voirussi
.
Levillain,
L église
arolingienne
,
oc.
it.,
.
29-231
t
ig.
.
56.
Voira traduction
eM.
Bur,
uger.
a
geste
eLouis
I,
p.
it.,
.
193.
f. ussi
S.
McK.
rosby,
he
oyal
bbey,
p.
it.,
.
7.
57.A.
Erlande-Brandenburg,
eroi st
mort,
p.
it.,
.
2
efaitéchoavorable
e elles
hypothèses.
rudenceans
.
Durliat,
esBarbares
l an
Mil,
aris,
985,
.
38-539.
ontra,
par
xemple,
. an erMeulen
tA.
peer,
ie
ränkische
önigsabtei,
p.
it.,
.
167,
. 1.
58.
Premier
apport
erouilles
5>. cK.
rosby,
Excavations
,
oc. it.
oirmaintenant
Id., he oyal bbey,p. it., . 1-73.59.On rouveansa ittératurees entativesidentifierne ombeommeelle ePépin
(ainsi
.
ormigépropos
une
épulture
ansa ontre-abside
ccidentale),
ais
ucunee elles-ci
n apparaît
omme
oncluante.
60.
C est
hypothèsequeje
rois
xacte)
e
.
Levillain,
L église
arolingienne
,
oc.
it.,
p.
30.
61.
C est
hypothèse
e
H.
Beumann,
Grabnd
hron
,
oc.
it.,
.
0
à
propos
Aix).
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 54/164
LA
MORT
T
LES FUNÉRAILLES
E PÉPIN E BREF 47
énumérationu nombre ecolonnes, e luminaires,e fenêtrest deportes.
A
la
fin
de la
description,
ont ités
Dagobert, épin
e
Bref,
harlemagne
et Carloman.
En
ce
qui
concerne
augmentum
un
premier roblème
ient es dimen-
sions
qui y
sont
fournies
our
a
basilica 245
pieds
de
long,
103
pieds
de
large
si
l on
accepte
a valeur
habituelle
u
pied carolingien
environ
33
cm),
on obtiendraitn édifice environ
0m
sur34. Or les fouilles nt
établi
ue l église carolingienne
n
elle-même
evait voir nviron
3
m de
long.
l
n y
a dès
lors
que
deux solutions ou
l on
accepte
e
pied
de
33
cm
et
l
faut
upposer ue,
devant
église
de
Fulrad,
étendait
n
vaste
ortique
comprenant
ventuellement
augmentum
ou l on
part
u
rapportongueur/
largeur245/103, oit2,38) et de la longueur ien attestéerchéologique-
ment
our
e
transept
28m
hors
ď
œuvre),
n
déduit ne
ongueur,
ans ce
cas,
du
pied
à environ 7 cm62 t on restituea
longueur
e la
basilica
à
quelque
66m,
porche
ompris.
In
fine je
l ai
dit,
a
Descriptio
ait ntervenir
uatre
ouverains. a
phrase
st
grammaticalement
oiteuse63t
permet
eux
nterprétations
ota-
lement ifférentes.ourBernard
ischoff,
agoberti
egis
t
Pippinoregi
doivent e
comprendre
omme
deux
génitifs épendant
e
de
argento
ces
deux derniersmotsne
désignant lus uniquement
es deux
portes
mais fai-
sant
ussi allusion
ux
largesses
inancières
e
Dagobert
t de
Pépin
dès
lors,
a mention e
Charlemagne
t Carloman onne
un
terminus
ostquem
pour a constructione l église,commencéeprès a mort e Pépin postmortem
uam)
ur rdre ecelui-ci
«
Pippin
ufdessenBefehl eine
Söhne,
der Herr
Karl
und
Karlmann,
ach
seinemTode diese Kirche errichte-
ten
)M.
Bref,
a constructione
l église
de Fulrad
evrait,
oute
ntière,
tre
datéed entre
68/769
t 77565. ourAlain Stoclet u
contraire,
e membre
de
phrase
ntre
agoberti egis
t Carlomannus oit
e
comprendre
omme
untitulus
édicatoire,
lacé
au-dessus es
portes argent ui
venaient être
décrites il traduit onc
«
Pour le roi
Dagobert
de
bonne
mémoire
ui
construisite
monastère t
pour
Pépin,
roi des
Francs,
ui (érigea)
cette
église,
es fils
Charles,
oiet
seigneur,
t
Carloman
irent
cette
nscription)
après
a mort t à sa demande . Dans cette
hypothèse,ue estimeplus
62.C esthypothèsengénieuseA. . toclet,LaDescriptio, oc. it.,.108-109,ù l
montrees
ariations
onsidérableses aleursu
ied époque
arolingienne
faut-il
appelerue,
d après
ginhard,
harlemagne
esurait
ept ieds,
aille
ui
ne ui emblait
as
xcessive...).
l
faudrait
eprendre
a
question,
n
inspirant
otammentes
echercheseFlorentlrix.
63.
...)
habetliahostiaI
parata
e
rgento
.)
Dagoberto
egis
onememoriae
ui
ale
monasterioonstruxerit
t
Pippinoegi
rancorum
ui
ale cclesia
er
ua ussione
ost
mortem
suam
eceruntìlii
ui omnusex arolustCarlomannus
Stoclet
d.,
.
104-105Bischoff
d.,
p.
15).
64.B.
Bischoff,
Eine
eschreibung
,
oc.
it.,
.
16
avec
iscussion
rammaticale).
oir
aussi .
an er
Meulent
A.
peer,
ie
ränkische
önigsabteiop.
it.,
.
182-185.dire
rai,
les
rgumentsrammaticauxnvoquésar
.
Bischoffe emblent
nutilement
ompliqués
t on
interprétation
u exte
ose lus
e
problèmesu il
en ésout.
65.Cettefourchette
chronologique
st insi
eprise,
ans
uances,
ar
W.
Jacobsen,
Die
Abteikirche
,
oc.
it.,
.
180 u
par
.Heitz,
a France
ré-romane.
rchéologie
t rchitecture
religieuseuHaut oyenge,u v iècle l anMil, aris,987,.132-135udansesnoticesqu il consacréesl abbatialearolingienneanses ataloguesa Neustrie.es aysunorde
laLoiree
Dagobert
Charles
eChauvevir-ixr
iècles),
.PÉRIN
t
.-Ch.
effer
d., ouen,985,
p.
165 tUn
illage
u
temps
e
Charlemagne.
oinest
aysans
e
abbaye
e
aint-Denis,
u
viriècle
l an
Mil, aris,988,
.
0-54.
66.
A.
J.
toclet,
La
Descriptio»,
oc.
it.,
.
105-106t 115-117.lus
écemment,d.,
«
L abbaye
arolingienne
eFulrad
,
oc.
it.,
.
9-91.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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48
A. DIERKENS
convaincanteue celle de B. Bischoff,e titulus urait tégravé n768/769
(et,
peut-être,
emanié
près
a
mort
e Carloman
n
771)
et
implique
ue
l essentiel es travaux
vaitété fait ous le
règne
e
Pépin.
Enfin,
n a
remarqué ue
la
Descriptio
ne faisait ucune allusion
Yaugmentum
certains nt rouvé e silence
urprenant
t ontvoulu
expli-
quer par
une réalisation
ostérieure
799.
Dans ce
sens,
ls
trouvent
ne
confirmationans
quelques
versd une
inscription
arolingienne
e Saint-
Denis,
dont
ls
font
n titulus
lacé
dans
YaugmentumCharlemagne
est
dit
optimus
ugustus
Caesar
ce
qui impliquerait
ne
rédaction
près
Noël
800 . Jene vois
pas pourquoi
ette
nscription
evrait tre
ontemporaine
de la construction
l argument
e semble
faible t
peut
tre
négligé68.
Après xamen ttentifeshypothèsesonte viens esquisseresgran-
des
lignes,e
crois
que
la tombe e
Pépin
été
placée
à l ouestde
l église
de
Fulrad,
evant entrée ituée u
nord u contre-chœur.ouluset
conçus
par
Fulrad t
Pépin
dès les années
750,
les
travaux
vaient
éjà
fortement
progressé69
Charlemagne
t Carloman ntdonc
pu,
sans
difficulté,
espec-
ter
a volonté
xpresse
e leur
père.
augmentum
dû être onstruit
eu
après
68/769
0
;
la constructione
l église
était
chevée n 775
;
un titulus
placé
alors devant a
porte rincipale
et
donc,
non oin de
Yaugmentum)
devait
appeler
a
part répondéranterise
dans
e
développement
e Saint-
Denis
par
e roi
Dagobert
t
parPépin
e Bref. et
augmentum
dont
aspect
est
impossible
déterminervec certitude ais
qui
était
probablement
n
vestibule ermé refféevant entrée roprementite, ontenaita tombe
de
Pépin
et,
depuis
783,
celle de Berthe il devait tre rnéde statues u
de
portraits
effigies
imagines)11
t
comporter
u moins ne
nscription
uné-
raire
ui rappelait
a volonté humilitas
e
Pépin.
Cette
nscription
evait
être ifférentee celle
reprise
ans
a
Descriptio12peut-être
ontenait-elle
les mots ub hoc conditorio13
67.W.Jacobsen,DieAbteikirche, oc. it.,.152-153,ui ebaseur .Hoffmann,ZurEntstehung, oc. it.,. 0.
68.Au
assage,e
fais
emarquerue
JacobsentHoffmann
upra
.
7)
dentifient
rroné-
ment
epitaphiumippini
entionné
lus
aut
n.42)
vec
e itulus
ui
uraitté
ravé
ura
ombe
de
Pépin
eBref
Saint-Denis,
lors
ue
e outevidence
lconcerne
épin
Italie,
ort
n 10.
69.
Voir,urtout,
es
hypothèses
eL. Levillainentionnéesi-dessus.
l me emblevident
que,
ansecas ontraire
les
ravauxauraientommencé
u après
amorte
Pépin),
atombee
Pépin
aurait
u
tre
lacée
nte
imina,
uisque
a
façade
eFulrad
e
eprendas
a
façade
éro-
vingienne
t
ue
ien e
ouvait
ncoreéterminer
emplacement
e a future
orte...
70. l faut
appeler
ci
ue
avolontéanifestée
ar
harlemagne
e efairenterrerSaint-
Denis
qui,
e
plus,
était
as
ansa
pars egni
date e
anvier
69,
uelques
ois
près
a
mort
de on
ère.
ugmentum
u-dessuse a ombee on
ère
ouvaitgalement
voirté
onçuour
abritera
propre
ombe.
71.La
question
es tatuesudes
ortraits
ériteraitn rticle
éparé.
es léments
ajeurs
dediscussionontournis
ar
.
Hoffmann,
Zur
ntstehung
es
Königsportal
,
oc.
it.,
.
9-34.
72.Jeuisci lus etuAlainStoclet«LaDescriptio, oc. it.,.1 6) letitulusontilsupposeexistencee ontientienuratombeePépin,ur humilitasontelui-ciuraitait
montre,
tc.
urun utrensemble
inscriptions
elatives
un ouverain
arolingien,
oir
J.A. chmoll
en.
isenwerth,
DasGrabmalaiser
udwigs
es rommennMetz
,
Aachener
Kunstblätter,
.
5,
974,
.
5-96,
ux
.
7-78.
73.
H.
Beumann,
Grab nd hron
,
oc.
it.,
.
0-31
H.
Hemgesberg,
Gab s... ine
Vorlage
»,
oc.
it.,
.
5-76.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 56/164
LA MORT
T
LES FUNÉRAILLES
E PÉPIN E BREF
49
La tombe de
Pépin après
Suger
Suger
a ouvert
a
tombe
de
Pépin,
dont,
elon toute
pparence,
l
connaissait
emplacement
xact et la nature. n a
parfois upposéqu il
avaitrecueilli
es restes u roi et
qu il
les avait
replacés
illeurs,
oitdans
le
narthex,
oit
près
du chœur.
i
l on
accepte
a valeur es
renseignements
donnés
ur a
position
u
corps
de
Pépin
dans
es
Grandes
Chroniques
e
France
1274)
,
il faut n déduire
ue Suger
a
laissé
la
tombe ntacte75
elle semble tre estée isibledans
es
premières
ravées e la
nef,
evant
l autel dédié à saint
Hippolyte76,
usqu au
transfert
e
1264.
En
1264,
en
effet,
ar
a volonté u
roi Louis
IX,
les
corps
de
Pépin
et de Berthe urentlacésdans e brasSuddutransept,on oinde ceuxde
Clovis
II
et de Charles
Martel77 les
gisants
éalisés
cette ccasion sont
conservés78.es
procès-
erbaux ouverturees
tombes
oyales
n
1793
ne
font ucuneallusion des
restes
ui pourraient
tre dentifiés
ceux des
parents
e
Charlemagne79.
Au terme e ce
rapide
urvol u beau dossier
historico-archéologique
de la tombede
Pépin
le Bref à
Saint-Denis,
l fautbien avouer
que
de
nombreuses
uestions
estent
on
résolues,
n
particulier
elles
qui
touchent
à l architecturee l abbatiale
façade,
ntrée,
ugmentum).
es recherches
ultérieures,
asées tant
ur une nouvelle ecture
ritique
es
rapports
e
fouilles e S. McK.
Crosby
ue
sur un examen ur
place
des
vestiges
mis
au jourlors de ces fouilles, ermettrontrobablementétablir ne bonne
reconstitutione l abbatiale
arolingienne.
l
n en reste
as
moins
ue,
dans
l état ctueldes
choses,
a tombe e
Pépin
st
particulièrement
ntéressante
dans
optique
des liens entre ouverains
t Saint-Denis
c est-à-dire
ussi
74.
Voir
upra
et
.
3).
75.Dansemême
ens,
. .
Wright,
A
Royal
omb
rogram
n
he
eign
f t. ouis
,
The rt
ulletin,6,
974,
.
24-243
à
a
p.
29)
tK.
Hoffmann,
Zur
ntstehung
es
Königs-
portal,
oc.
it., .
0.
76.
Rigorde
aint-Denis,
hronicon
1 96),
.F.Delaborde
d.,
Noticeures
uvrages
et ur a vie e
Rigord,
oineeSaint-Denis
,
Bibliothèque
e Ecole esChartes
45,1884,
p.
85-614,
la
p.
04
Pipinus
ero
epultusuiescit
n adem
cclesianteltareancti
politi
cumertaxoreua. autelaint-Hippolyteetrouvait,usqu en237,ucentrees remièrestravéese anef e églisee uger,un ndroitorrespondantlafaçadee égliseeFulrad
voir
es ndications
e .McK.
rosby,
he
oyalbbey,p.
it.,
.
9 t
59-160,
e
G. .
Wright,
«
A
Royal
omb
rogram
,
oc.
it.,
.
29 t e
K.
Hoffmann,
Zur
ntstehung
es
önigsportal
,
loc.
it.,
.
0. ure
dépacement
e auteln
237,
oires
Annalese aint-DenisE.Berger
d.,
«
Annalese
aint-Denis,
énéralement
onnuesouse itreeChronicon
ancti
ionysii
d
yclos
paschales
,
Bibliothèque
e Ecole
es
Chartes,0, 879,
.
61-295,
la
p.
81 Hoc
nno,
n
Purificatione
eate arie
translatum
uit
um
agnaolempnitate
orpus
ancti
politi
boratorio
quod
iu
uerat
nmedioavi cclesien
novumratoriumn inistra
arte
ovi
peris.
l faudrait
reprendre
a
question
e
a
présentation
e a tomben
parallèle
vec e
que
on ait e elle e
Charlemagneprès
65
Aix,
e elle e
Louis
e
PieuxSaint-rnoule
Metzu
de
elles es
roisnterrésSaint-Remie
Reims,
otamment.
77.Annalesancti
ionysii
troisième
ontinuation,
264-1292),
.Waitz
d.,
MGH,S,
.
13,
Hanovre,881,
.
21,
°
1264Translatiunt
eges
n extro
horo,
cilicet
...)
Karolusartellus
rex,
erta
egina,
xor
ippini,ippinus
ex.ur eci
t ur
emplacement
xactes ombeaux
ans
le ranseptt e hœur,.Erlande-Brandenburg,eroi stmort,p. it.,. 1-82tG. .Wright,«ARoyalombrogram, oc. it.,. 24-243.
78.Sur es
isants,
oirurtout.
Erlande-Brandenburg,
e oi st
mort,
p.
it.,
.
128-129
et149-150
n°
3 t
4).
79.
Dom
.
Poirier,
Rapport
ur exhumation
es
orpsoyaux
Saint-Denisn
1793
dans e
imple
orps
u oi.
impossible
acralité
es ouverains
rançais,
v-xvnr
iècle,
.Bou-
reau
d.,
aris,988,
.
1-91.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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50
A. DIERKENS
de la dévotion oyaleà Denis)80 elle pourraitgalement ermettrene
meilleure
ompréhension
e
la tombed autres
Carolingiens,
omme elle
de
Charlemagne.
Mais,
à mon
ens,
intérêt
ajeur
une étudede la
sépulture
e
Pépin
est
de faire
pparaître
n
exemple
précoce
le
plus
ancien
pour
un roi des
Francs)81
enterrement
nte
imina.
l
y
a là un
parti
humilité onton
pourrait,eut-être,
rouver e lointaines ources ans a traditionamiliale
pippinide
mais
qui
doit
plus
probablement
tremis en
rapport
vec le
sacre
ui
confère
u souverain
arolingien
ne
obligationqui
n existait
as
pour
es rois
mérovingiens)
offrir
n modèle hrétienu
peuple
oumis
son
pouvoir.
n
aurait onc à une
marque upplémentaire
un
phénomène
bien connu celui de la cléricalisationes cadresdirigeantst de la place
croissante e la
morale
hrétienneans
a vie
des
gouvernants
u
regnum
Francorum. e ai
déjà souligné,
humilité
e
Pépin
humiliatio
erson-
nell exaltatio de
la fonction
oyale) présente
n caractère
stentatoire,
puisqu elle
st
explicitement
oulignée ar
une
nscription
lacée
à côté de
la
tombe t
que
l emplacement
êmede la
sépulturemplique
ne
prise
de
conscience
hez toute
ersonne
ui
pénètre
ans abbatiale e
Saint-Denis
elle n en est
pas
moins
éelle83,
omme e révèlent absencede tout
mobilier
funéraire
à
l exception
e la croix
placée
sous le
visage
de
Pépin,qui
l embrasse onc
usqu à
la findes
Temps)
et, surtout,
a
position
u
corps,
prosterné
ers
Est en une
longueproskynèse
ans
l attente u
Juge
du
Dernierour84. ans cette ptique,a démarcheeligieuse ui a présidé ux
funéraillese
Pépin85
est
pas
fondamentalementifférentee celle
qui
a
conduit,
n
747,
le
frère
e
Pépin,
Carloman,
renoncer sa
charge
de
maire u
palais
pour
ntrer ans es ordres Rome avant e devenirmoine
au Mont-Cassin
80.On evrait
crire,
our
aint
enis,
n rticle
imilairePh.
epreux,
Saint emit a
royautéarolingienne
,
Revue
istorique
285, 991,
.
35-260.
81.
l
en st e
même,
ien
ûr,
our
e acre
oyal.
82.
On onnaîtecasde ainteertrudeeNivelles
morte
n
59)
ui
-
rapporte
a Vita
de a econdeoitiéu
ir
iècle
explicitement
emandé
être
nterréeeulementans nmodeste
linceul.e
cas
été, otamment,
is n vidence
ar
.
Young,
Exempleristocratique
tmode
funéraireansa Gaute érovingienne,Annales..S.C,41, 986,. 79-407à ap. 01,l sedemandeen itantdouardalin siPépinpartageaitespritabnégationeGertrude)et,
surtout,
ar
.
Effros,
rom rave
oods
oChristian
pitaphs.
volutionnBurialraditionnd
the
xpressionf
ocial tatus
n
Merovingianociety,
hèse
nédite,
os
Angeles
University
f
California),
994.
83.
Cetteumilité
u ouverainété ientudiée
our
ne
ériode
ltérieurevoir
.Borns-
CHEUER,
iseriae
egum.
ntersuchungen
um
risenund
odesgedanken
n en
errschaftstheo-
logischen
orstellungen
er ttonisch-salischen
eit,erlin,
968
t
G.
Koziol,
egging
ardon
nd
Favour.itualnd oliticalrder
n
arly
edieval
rance,thaca-Londres,
992.
84.K.H.
Krüger,
önigsgrabkirchen,p.
it.,
.
96.
85.En
e
qui
oncernees unérailles
roprement
ites
et
ur
esquelles
es extesonservés
sontotalement
uets),
n
peutupposerue,
même
olennelles,
lles avaientucunaractère
fastueux.ecas e
Charlemagne
enterrement
e
our
mêmee amortt n
absence,
otamment,
de on
ils
t
uccesseur)
e emble
rouver
inexistenceerituels
randioses
ude érémonies
inspirées,ar xemple,
e
modèles
mpériaux
omainsu
byzantins.
oir,otamment,
.
Dierkens,
«Autoure a ombeeCharlemagne, oc. it.,.179-180tJ.Nelson,Carolingianoyalune-rals, oc. it. oures ituelsarolingiense amort,oir,n ernierieu,.S.Paxton,hristia-
nizing
eath.he reation
f
Ritualrocessn
arly
edieval
urope,
thaca-Londres,
990.
86.K.
H.
Krüger,
Königskonversionen
m .Jahrhundert
,
Frühmittelalterliche
tudien,
,
1973,
.
169-222,
urtout
.
183-200
Cl.
tancliffe,
Kings
ho
pted
ut dansdealnd
eality
in rankishnd
nglo-Saxon
ociety.
tudies
o
J.
M.Wallace-Hadrill
P.
Wormald,
.
Bullough
etR.
Collins
d., xford,983,
.
154-176.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 58/164
LA MORT
T
LES FUNÉRAILLES
E PÉPIN E
BREF
5
1
Alain Dierkens, Séminaire Histoiredu MoyenÂge, Faculté de
philosophie
t
ettres,
niversité
ibrede
Bruxelles,
.P.
175/01,
0,
avenueFranklin .
Roosevelt,
-1050
Bruxelles
La
mort,
es funérailles
t la tombedu
roi
Pépin
le
Bref
768)
Dans cet
article,
n examine
e
que
l on sait de la mort
e
Pépin
e
Bref
e 24
septembre
68
et
de
la tombe e celui-ci Saint-Denis.
n
s interroge
ur e choixde Saint-Denis
omme ieu
de
sépulture,
ur
la
signification
un
enterrement
nte imina t es
apports
e archéo-
logie
en a
matière,
ur es raisons une
nhumationace
contre
erre,
sur la
nature
et
la
date)
de
Yaugmentum
ue
Charlemagne
it
construireur a tombe e sonpère, ur e sort es restes upremier
roi
carolingienusqu au
troisième
uart
du
xviir iècle.
En
conclu-
sion,
on insiste
ur
es
implicationsdéologiques
e
l humilité sten-
tatoire,
oulue
par Pépin
et
mise en évidence
ar
ses fils.
Pépin
e Bref Saint-Denis
Fulrad
Suger
Charlemagne
The
Death,
the
Funeral,
and the
Tomb of
King
Pepin
the Short
(768)
In this
paper,
we examine
whatwe
knowof
Pepin
theShort
death
on September4, 768, and of his tomb t Saint-Denis.We explore
such
subjects
s : the hoice of Saint-Denis orhis burial
lace,
the
significance
f
an ante
imina
urial nd the
rchaeological
ontribu-
tions owards
his
uestion,
he easons
why
he
body
was buried
ace
down,
henature
and
the
date)
ofthe
ugmentum
hich
harlemagne
had ordered
o be constructed
n his father s
omb,
nd
thefateof
thefirst
arolingian
ing s
remains
p
to thefirst
uarter
f the
hir-
teenth
entury.
n
conclusion,
we stress he
mportance
f the deo-
logical mplications
f theostentatious
umility
hich
epin
favored
and whichhis sons
consequently
isplayed.
Pepin
the
Short
Saint
Denis
-
Fulrad
Suger
Charlemagne
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 59/164
Médiévales1, utomne996,p. 3-66
Janet
.
NELSON
LA
MORT
DE
CHARLES
LE
CHAUVE
Démographie
et
pathologie
D'après
les
archéologues,'espérance
e vie au
Moyen
Âge
était rès
courte,
e situant utour e 28 ans
pour
es hommes.
our a
royauté
t
l'aristocratie,
ependant,
a duréede
vie
semble voir té notablement
lus
longue1.
harles
e
Chauve
mourut
l'âge
de
54
ans et es sources oncer-
nant es trois
récédentesénérations
e
Carolingiens
ontrent
ue
Charles
avaiteffectivementoutes
es
chances
d'atteindree
que
nous
appellerions
l'âgemûr2. épin e Bref écutprobablement)usqu'à 54 ans.Charlemagne
(probablement)usqu'à
66,
mais
son frère
arloman
usqu'à
20 seulement.
Pour a
génération
uivante,
es filsde
Charlemagne
écurent
usqu'à
42 ans
Pépin
e
Bossu),
38
ans
Charles),
3 ans
Pépin
d'Italie)
et 62 ans
(Louis)
;
ceux
qui
avaient mbrassé a vie
religieuseusqu'à
54 ans
(Dro-
gon), plus
de 40
ans
(Hugues
et
Richbod).
Un
seul fils de
Charlemagne
(Lothaire)
st mort n bas
âge
et a datede décès d'un autre
Thierry)
'est
pas
connue.
La
moyenne
st de 44 ans. De toute ettedescendance
mâle,
seulement eux
fils
périrent
e mort iolente.
Pour a
génération
es
petits
nfants e
Charlemagne,
es chiffresont
de
20
ans
Bernard),
4 ans
Nithard),
lus
de 47 ans
Arnulf),
0
ans
Pépin),
70 ans Louis le Germanique),7 ans Louis,seulreligieux),4 ans Char-
les).
La
moyenne
st de
50
ans. De cette
énération
ussi,
deux
périrent
e
mort iolente.
Mais
la
descendance
mâle de
Charles
e
Chauve
présente
n tableau
tout utre ses fils ontmorts
espectivement
33
ans
Louis),
19 ans
Char-
les),
27 ans
(Carloman),
4
ans
(Lothaire),
0
ans
pour
es deux
umeaux
(Drogon
t
Pépin)
et moinsd'un an
pour
deux
autres
nfants.
a
moyenne
est
de 14 ans.
On
peut
dire
ue
deux sontmorts la suitede violences. e
ses huit
ils,
n seul survécut Charles.
'espérance
e
vie des mâles aro-
1 À
comparer
vec es hiffres
eG.
Duby,
uerriers
t
Paysans,
ur-xriècles.remier
essor e 'économieuropéenneParis,973K.Leyser,ule nd onflictn nEarly edievalSocietyOttonianaxony,ondres,979,. 9-62,2-95H.W. oetz,ebenmMittelalterDarms-
tadt,987,
.
8.
2.
Poures hirtres
uivants,
oires
onnees
e
K.F.
Werner,
DieNachkommenarlses
Grossen
,
dansW. raunfels
ir.,
arl erGrosse.ebenswerknd
achlebent.
,Düsseldorf,
1965,
.
42
q.
vecableau
énéalogique,
t
d.,
tructures
olitiques
umonde
ranc
vr-xir
iècles
,
Londres,979,
hap.
II.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 60/164
54
J. . NELSON
lingiens taitdonc très ncertaine,avantage éduite ar es maladies ue
par
es hasardsmilitaires.
Le
rythme
e
vie d'un
roi
médiéval tait
puisant.
n
été,
uand
'acti-
vité militaire tait
ntense,
l
fallait
eaucoup voyager,
e
plus
souvent
cheval,
ntre es
étapes
ui
étaient ouvent
e courte urée. es conditions
de vie
étaient
partiates.
es
meilleures
echniques
e menuiserie e
proté-
geaient as
contre es courants 'air3.
l
y
avait
certes es
médecins,
mais
leur avoirn'offrait
ue peu
de remèdes
fficaces ontre a maladie.Pour
des
raisons
politiques,
militairest aussi
religieuses,
es rois
carolingiens
étaient ouvent
bligés
d'aller en Italie. Les
contemporains
avaient
ue
pour
es
Européens
u nord es
séjours rolongés
n
Italie
présentaient
es
risques, urtoutn été. C'est sans doute n raison e telles nquiétudesue
les
primores
e
Pépin
e
Bref e montrèrent
i
peu disposés
l'accompagner
quand
l
partit
n Italie n 7564. Si
Charlemagne
choiside commencer
a
campagne
ombarde n hiver
malgré
e difficile
assage
des
Alpes,
c'est
peut-êtreu'il
craignait
e
voir e
prolonger
e
siège
de Pavie et
redoutait
les
conséquences
'un
long séjour
stival. n
836-837,
prèsque
Lothaire
eut
été
contraint
e
quitter
'Italie
par
son
père,
une
épidémie
it
périr
ant
de noblesfrancs
ue
la cour de Louis le Pieux fut
longée
dans
e
deuil5.
Lothaire
I
mourutn talie
d'une
épidémie
emblable vec un
grand
ombre
de ses hommes n
uillet-
oût869
;
«
il
voyait
es cadavres e ses hommes
s'entasser
ar
centaines 6.
Charles e Chauvenepouvait as ignorere danger orsqu'il 'apprêtaà son tour
partir our
'Italie à la finde
875,
bien
que
ce fût 'hiver
dès
le moisde mars 76
il
était
eparti our
a
Francia).
On sait
qu'il
a souffert
de
maladie
grave quatre eprises
ans
sa
vie la
première
n été
858,
la
deuxième n automne
74,
et la
troisième t
quatrième espectivement
n
juillet-août
t
en décembre 76.
Il
est
possible u'il
ait contractéa malaria
pendant
on
séjour
talien e 875-876 en revanche n
ignore
outde
sa
maladiede 8747.
Il
avait deux médecins ans son
entourage
le
premier,
Jean
'Irlandais,
st
ignalé
ans es textes u début e son
règne
le
second,
un Juif ommé
édéchias,
n'apparaît ue
vers a fin8. l est ntéressant
e
noter
ue
Charles,
u début
es
années
850,
attribuaita
guérison
'un mal
de
dent
igu
à l'interventionivine
plutôt u'à
la médecine9.
3.
Pour ébénisterieu
xe
iècle,
oir .
Maccaronet l.
dir.,
La Cattedra
ignea
iS.
PietronVaticano
,
Attiella ontificiaccademiaomanai
Archeologia,
er.
II,
Memorie
,
Cité
u
Vatican,971,
urtoutes rticlese
N.
Gabrielli,
.Coronat .HolsteinP.
Rahtz,
he
SaxonndMedievalalacestCheddar
Oxford,979,
British
rchaeologicaleports,
ritisheries
65),
.
9-107,
74.
4.
Eginhard,
ita
aroli,
h.
,
O.Holder-Egger
d.,
MGH S
Rer.
erm.,anovre,911,
p.
.
5.L'Astronome,ita ludoviciii ch. 6,G.Pertzd.,MGH S I,Berlin,829,. 24.6. Annalesertiniani,.Grat t l. d, aris,965désormaisbrégénAB), .156.
7. Heiric
'Auxerre,
e Miraculis
ancii
ermani
utissiodorensis
ibri
I,
PL 124
AB,
p.196-197,06,
11.
8. G.Tessier
d.,
ecueil
esActese
Charles
I
le
Chauve,.l, aris,944, °75,
.
13
(Jean)
AB,
.
16
Sedechias).
9.
Tessier,ecueil,
.
1,
n°
82,
.
84.
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LA
MORT
E
CHARLES E CHAUVE
55
Mentalités
À l'historien
moderne,
harles
peut
donner
'image
d'un
politicien
pragmatique,
t c'était n effet n
aspect
de
son
caractère.
l
vivait
epen-
dant,
out omme es
contemporains,
ans une forêt e
symboles.
on livre
de
prières
ontenait es textes
énitentiels
estinés sa dévotion
erson-
nelle,
et sur 'un des folios ui même tait
représenté
rosterné
evant
e
Christ n croix.Le David des Psaumes
était
un modèle
particulièrement
approprié
un roi
qui
souffrit
eaucoup
mais
qui triompha
e l'adversité.
Sur
la
couverture
u Psautier e
Charles 'âme de
David
était
eprésentée
sous
l'aspect
d'un
petit
nfant
u'un ange
tient ur es
genoux
.
Charles
s'intéressaituxmartyrsil commanda nmartyrologetenvoyamêmeun
émissaire
Cordoue
our
'informeres
martyrs
ontemporains
il
y
eut n
effet
ans
l'Espagne
des
années
850 une
vague
de
persécutions
ont a
nouvelle raversaussitôtes
Pyrénées)
t
pour
cquérir
es
reliques
I. Char-
les n'était
as dépourvu
'une certaine uriositéntellectuelle
par xemple,
il
cherchait
comprendre
e sens d'un
passage
obscur
du
Cantique
des
cantiques,
t à savoir
quelles iturgies
taient tilisées
Ravenne
ģ
C'est
qu'il
s'intéressaitux
pratiques
ituelles
il
demanda n effet Hincmar e
composer
es ordinēs e consécration
our
a
fille
Judith
n
856
quand
lle
devint eine es Saxons de
l'Ouest,
puis
pour
a femme
rmentrude
n
866
(reine
depuisprès
d'un
quart
de
siècle,
elle avaitrécemment
erdu
ix de
ses huitfils)etpour ui-mêmeussi,en 869, à l'occasion de l'acquisition
de la
Lotharingie.
l institua e son
propre
hefdes cérémonies
iturgiques,
quand
l fit élébrer
ar
des moines t
par
e
clergé
oute ne série
d'anni-
versaires
oyaux,
e
qui
était ans
précédent
n Occident13.lus
qu'aucun
autreroi du Haut
Moyen Âge,
il sut
exploiter
es relations e
parentés
symboliques
u
spirituelles,
urtoute
parrainage,
n tant
ue
métaphores
du
pouvoir14.
eune
oi,
l savait
éjà
utilisere rituel ussibien
pour
ccabler
ses ennemis n leur montranta croix sur
aquelle
«
ils avaient
prêté
es
serments
u'ils
avaient nsuite
ompus
,
que pour
rallier es
propres ar-
tisans utour 'un événementérémoniel
u'il
présentait
omme n miracle
-
l'arrivée
tempspour Pâques
841 des
regalia
d'Aquitaine.
a fêtede
Pâques
était
par
dessus toutun
temps
de consolidation es liens entre e
seigneurt seshommes,ar a distributiones argesses tpar a célébration
10.R.
Deshman,
The xaltedervant
the
uler-theology
f he
rayer-book
f
Charleshe
Bald
,
Viatort.
1
,1980,.
85-417.
11.
J.L.Nelson,
The
ranks,
he
Martyrology
fUsuardnd he
martyrs
f
Cordoba»,
StudiesnChurch
istory
t.
0, 993,
.
7-80.
12.B.
Taeger,
Zum erculumalomonisincmarson eims
,
Deutschesrchivt.
3,
1977,
.
153-167A.
Jacob,
UneettreeCharleseChauveu
lergé
eRavenne
,
Revue
'His-
toire
cclésiastique
t.
7,
972,
.
09-422.
13.VoirM.
Rouchev
Les
repas
efête
l'époquearolingienne»,
ans .Menot
dir.,
Manger
t oire
u
Moyenge,
ctesu
Colloque
e
Nice,
15-17
ctobre
982),
.l
Alimentation
et ociété
Nice, 984,
.
65-296O.G.
exle,
Mahl nd
pende
m
mittelalterlicheotenkult
,
Frühmittelalterliche
tudien,
.
18, 984,
.
01-420
A.
toclet,
Dies
nctionis .noten he
anniversariesf oyalnaugurationsn he arolingianeriod,Frühmittelalterlichetudien,. 0,1986,. 41-548et urtout. taubach,asHerrscherbildarlses ahlen,ünster,982Id.,
Rex hristianus.
ofkultur
nd
errschaftspropaganda
mReich arls es
Kahlen,
eil
I
Die
Grundlegung
er
religion
oyale
,
Cologne,
993.
14.A.
Angenendt,
aiserherrschaft
nd
önigstaufe.
aiser,
önige
nd
äpste
ls
eistliche
Patrone,erlin,
984J.M.
mith,
rovincend
mpire.rittany
nd he
arolingians,
ambridge,
1992,
.
118-15.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 62/164
56 J.
.
NELSON
communautairee la liturgie5. oucieuxde
présenter
ne
mage
favorable
de la
royauté,
harles
a fit
llustrer
ar
des artistest des savants. ar
plus
que
d'autres ouverains e
son
temps
l
aimaitde telles
représentations.
Parmi
es motifs
culptés
ur
es
plaques
d'ivoire
ui
décorenton
trône,
e
trouve n
portrait
u roi
ouronné,
enant
ceptre
t
globe,
tentouré
'anges
portant
es
couronnesô.
Charles
e
présentait
insi comme
rexchristianis-
simus.
Lorsqu'il
devint
mpereur
n
875,
Charles
ffinae rituel.l
fit hanter
des
laudes,
en son honneur
t
en celui
de
l'impératrice,ar
les
évêques
rassemblésu conseilde
Ponthion
n 876
17.
'après
des Annales enues
ar
un Franc
de
l'est hostile
Charles,
il
adopta
des vêtures
ouvelles
t
insolites car l allait l'église e dimanche t les oursde fêtevêtud'une
dalmatique ui
lui tombait
ux
chevilles,
ortant'épée
à la
ceinture,
a tête
enveloppée
'un voile de soie surmonté 'un diadème.
Car,
méprisant
es
coutumes es
rois
francs,
l
préférait
es
gloires
e la
Grèce
18.Mais
Charles
n'avait
pas perdu
a tête.Dans le même
temps
l
créaitde lui-même ne
autre
mage,
elle d'un chef
ialoguant
vec son
peuple,
devisant vec les
minores
amilièrement,
coutant
eurdoléances 19.
Jusqu'à
a fin
Charles
garda
a maîtrise es deux
registres
autorité t consensus.
Memento mori
L'Église
au IXe iècle
ncourageait
es fidèles ne
pas
oublier
ue
la vie
est
fugitive
t
que
la mort st
toujours résente20.
l se
peut ue
Charles
it
ressassé e récit e la mort e son
père
relaté ans un
ouvrage ui
lui avait
sans douteété dédié la vie de Louis le Pieux
rédigéepar
l'Astronome.
L'empereur
estcouché ur on itde mort n
proie
la terreur
«
il
hurlait
dans sa
langue
maternelle,Hutz,
hutz comme 'il voulait hasser es
mauvais
sprits
21.
Trente-quatre
ns
plus
tard,
ouis e
Germanique,
emi-
frère e
Charles,
une
nuit,
it n rêve eur
ère 'empereur
ouis
qui,plongé
dans
a
plusgrande
étresse,
ui adressait es
paroles
n atin
Je
'implore
par
notre
eigneur
ésus hrist t
par
a SainteTrinité e me délivrer e ces
tourmentsont
e pâtis our ueje puisse
nfin tteindrea vie éternelle
22.
Le secours epouvait enir uedesprières esmoines,t Louis e Germani-
que,
«
envoya
donc]
des
lettres tous
les
monastères...eur demandant
d'urgence
'intervenir
ar
eur
prières uprès
du
Seigneur our
ibérer ne
15.
Nithard,
istoirees
ils
e ouisePieux
I, ,8,
P.Lauer
d.,
aris,926,
.
6,
0
voir
.L.Nelson,
he rankish
orld
Londres,996,
.
5-6.
16.
L.
Nees,
Cathedra
etri
,
dans
.T.
ibson
t
J.L.
elson
ir.,
harleshe ald. ourt
and
ingdom
Aldershot,990,
.
40-7,
la
p.
45.
17.
AB,
.
05.
18.Annalesuldenses
F.
Kurze
d.,
MGH S
Rer.
erm.,anovre,
891
désormais
brégés
enAF,p. 6.19.De Ordinealatiic.35.Cf. .L. elson,harleseChauve,rad,rançaise,aris,994,
p.
6-70,
68-71.
20.M.
McLaughlin,
onsorting
ithaints.
rayeror
he ead n
arly
edieval
rance,
Ithaca
.Y.,
994.
21.
L'Astronome,
ita
ludovici,
p.
it.,
.
48.
22.
AF, 74,
.
2.
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LA
MORT
DE
CHARLES
E
CHAUVE 57
âme tourmentée23.Un des destinatairese cetteettre taite conseiller e
Charles,
Hincmar
rchevêque
e Reims
4
,
celui-làmême ans doute
ui
lui
avait nnoncé e sort ouloureux e
son
père
dans 'autremonde.Hincmar
n'arrêtait
as
d'avertir
harles
ue
l'âme
après
a mort
e
trouve nue et
seule,
ans femme
i
enfant,
ans e confort i a chaleur es
proches
t des
vassaux 25.Comme on demi-frèreouis le
Germanique,
harlesne
man-
qua pas
de solliciter'intercession
onastique.
Parailleurs harles ouait ne
grande
évotion saint
Martin,
e
patron
ancestral es
Francs
t aussi
celuide sa
mère,
udith26.l révéraitussi saint
Germain
'Auxerre ce futvers ui
que
Charles e tourna
our
demander
son ntercession
uand
éclata
a crisede l'hiver
58-859,
puisqu'il
ne
pou-
vaitpas se rendre u sanctuaire e saintDenisqu'il considéraitomme on
patron27
t
que
son
père
ui avait
enseigné
vénérer. harles
hérita e lui
les servicesď
Hincmar,
moine de
Saint-Denis,
ui
le
poursuivit
e ses
conseils out u
long
de sa vie. Charles
manifesta
n de
nombreusescca-
sions sa dévotion
our
Denis,
qui
était
honoré omme
patron
u
royaume
des Francs t à
qui
Charlesdevaitvouerun culteex
officio.
Mais
Charles
éprouvait
ussi sans ucundoute nedévotion oute
ersonnelle
son
égard.
Depuis
son
eune âge
il avaitfait e vœu de
protéger
es
reliques
du saint
des
ravages
des
Vikings,
ût-ce u
prix
de
sa
vie.
Plus
tard,
l se rendait
volontiers la tombedu
saint,
urtout
Pâques quand
l le
pouvait.
On
comprend
ès lors
qu'il
ait choisi
Saint-Denis
our
a
sépulture.
Car,commeun nombre roissant e ses contemporainsaïcs,Charlestenait
prendre
es
dispositions
our
es
propres
unéraillest es commé-
morations.e
19
septembre
62,
l fit on
Saint-Denis
'une
villa
à
Senlis
près
de
Paris),
pour
e
repos
des
âmes
de feunotre
eigneur
t
père 'empe-
reur ouis et de notremère
'impératrice
udith,
t de la nôtre . Les revenus
de cette
ropriété
taient estinés
l'éclairage
e
l'église,
cinq
fêtes ffer-
tes à la
communauté,
t à l'assistance ux
pauvres.
es
fêtes
omportaient
des
banquets
n commémoratione l'anniversairee Charles
13
juin)
du
jour
de son sacre
6
juin)
du
our
où,
en
859,
il
avait
repris
n mains e
royaume
15
anvier,
ate
remplacer
ltérieurement
ar
celle
de son enter-
rement)
du
our
de
l'anniversaire
e
mariage
e
Charles
t d'Ermentrude
(13
décembre)
t de l'anniversaire
e naissance 'Ermentrude
27
septem-
bre,date à remplacere moment enuparcelle de sonenterrement).es
frères evaient éciter
uotidiennementinq psaumes
du vivant t
après
a
mort
e
Charles,
evant 'autel
appelé
e
Trésor,
où sera notre
épulture,
si Dieu le veut
(
ubi
sepulturam
ostrani
si
ita Deus
voluerit
disposui-
mus)
de
plus
un
prêtre
evait élébrer
ous
es
ours
a
messe
pour
Charles,
23.
bid.,
oir .
E.Dutton,
he
olitics
f reaming
n he
arolingianmpire
Nebraska,
1994,
.
19-24.
24.
Flodoard,
istoriaemensis
cclesiae
II, 0,
. Heller tG.
Waitz
d.,
MGH
S, 3,
p.
13 cf.
bid.
II, 8, .
10.
25.
Hincmar,
pître
e
Quierzy,
ovembre
58,
W.Hartmann
d.,
MGH
onc.
II,Hanovre,
1984, °41,
.
4
cf.HincmarCharles
e
Chauve,
.Perels
d.,
MGH
p.,
VIII,
erlin,939,
n° 26,. 4.26.Tessier,ecueil,.1,n° 1-63,.173-184,°80, . 23-226,° 67, . 38-442t. ,
n°
39,
.
2-41,
°
40,
.
1-45,
°
07,
.
179-181.
27.
Tessier,
ecueil,
.
1,
n°
00,
.
1
-512
Heiric,
xMiraculis.
Germani,
I, .102,
L
124,
ol. 255G.
Brown,
Politicsnd
atronage
t he
bbey
f t. enis
814-898)
the ise f
a
royalatron
aint
,
thèse
actylographiée,
xford,990,
.
30-410.
28.Translatioanctiermani
arisiensis,
nalecta
ollandiana,
.
,1883,
. 12.
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LA MORTDE
CHARLES E CHAUVE
59
d'Hincmar,maisaussidupeuple, elon 'archevêque34.Si Dieu le ramène
sain et
sauf,
crit
Hincmar,
eut-être
harles e ravisera-t-ilt
reconnaîtra-
t-il
qu'il
fautdonner a
priorité
son
royaume.
Les
critiques
'Hincmar
ne furent
videmment
as
du
goût
de
Charles,
ui
alla
peut-êtreusqu'à
le
soupçonner
e
déloyauté.
n
877,
à
la
veille du
départ our
on
deuxième
voyage
en
Italie,
Charles hoisit
'omettre
e
nom d'Hincmar ur a
liste
des
hommes e confiance
hargés
d'aider et
de conseiller on fils Louis
pendant
on
absence.
Toutefois
harles
rit
oinde s'assurer
u'il n'y
aurait
pas
de
répétition
u désastre e 875. Au moisde
uin,
'assemblée
e
Quierzy
avaitdécidéde
prendre
es
mesures éfensives
ui s'imposaient,
t es nobles
consentirentleur
pplication,
urtoutur e front e
l'est35.
À
la fin
uin,
« emmenantvec lui sa femmeRichilde) t une trèsgrande uantité 'or,
d'argent,
e chevaux t d'autres
meubles
,
Charles
rit
e chemin
e l'Ita-
lie36.
Mais
Charlesne
pouvait gnorer
es
risquesqu'il prenait
n
quittant
son
royaume.
l
prit
oin d'assurer a
situation
conomique
e sa
femme
Richilde
qui
n'était
pas,
on s'en
souvient,
a mèrede
Louis),
en
prenant
des
dispositionsour
e cas où elle lui
survivrait,
age précaution
our
ssu-
rer
'avenir 'une veuve
qui
n'aurait
eut-êtreas
de
progéniture
âle37.l
donna
ussi des instructionsoncernantes
fidèles
ui pourraient
près
a
mort hoisir e se retirer u
monde
pour
se consacrer sa
mémoire38.
l
avait
recommandévec insistance ses
exécuteursestamentaires
eleemo
synariidontHincmar) e respecteres dispositions ui avaient téprises
auparavant
les livres ontenus dans
[son]
trésor
devaient tre
partagés
entre
aint-Denis,
e
palais-église
e
Compiègne
t son fils
Louis39.
l
mon-
trait u mordantt une bonnedose
d'ambiguïté
n déclarant
«
il
faut éci-
der
quelle
partie
e
l'empire
eviendra notre ils i notremort
dvient et
s'il
plaisait
Dieu de nous donner n autre
ils,
uelle partie
oitrevenir
ce
dernier. t si l'un de nos neveux e
montrait
igne,
nous
n
déciderions]
en
fonction e ce
qui
nous semble
bon,
à
nous ou
à
ceux
qui
sont
partie
prenante
e cettedécision .
Charles aissaitdonc Louis dans une
position
précaire,
t d'autresdocuments ussi
témoignent
u
peu
d'affection
u'il
portait
son
unique
ils
urvivant,
e sa méfiance nvers
ui,
t de son souci
de le
placer
ous surveillance
endantu'il partirait
au
service e Dieu
et
de ses saints 40.
D'autres
passages
ncore u
capitulaire
e
Quierzy
montrent
ue
Char-
les avait
bon
espoir
e rentrer
ain
et sauf
d'Italie,
t
qu'il
pensait
anscesse
à sonretour.
ans le cas où des honores esteraientacants
vant
on
retour,
il avait
prévu
es
dispositions rovisoires41.
eux
de ses
fidèles
u'il
avait
laissés en
Francie evaient
arder
e contact vec lui en
dépêchant éguliè-
rement es
messagers
à chevalou à
pied
cursores
edites
,
pour
e tenir
au
courant e tous es événements
ui
adviendraientans e
royaume
de
34.
Hincmar,
e
fide
arlo
egi
ervanda
PL
125,
ol. 79-980.
35.
Capitulaire
e
Quierzy,
.Boretius
d.,
MGH
apit.,
I,
n°
81,
.
15,
.
59.
36.AB, . 00.37.CapitulaireeQuierzy,GH apit.,I,n° 81,.5,p. 57 f. .6, u ujetes illese
Charles,
t urtouta
parvuladia,
othild.
38.
bid.,
.
10,
.
58.
39.
bid.,
.
12-13,.
58-359.
40.
bid.,
c.
12-15,1-22,5,
2-33,
.
59-361.
41.
bid.,
.
8,
p.
58.
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60
J.
.
NELSON
Francia et dont l n'aurait aseu connaissance42. urtout,achant 'expé-
rience
ue
la faussenouvellede la mort u roi
pouvait
e
répandre,
l les
miten
garde
«
si
par
malchance a nouvellede ma mort
arvenait
ux
oreillesde
nos
fideles
il
ne faut
pas
la croire
trop]
acilement43.
Plus
révélateurncore st 'ordre ntimé Louis
de se tenir
rêt
«
quand
avec
l'aide de Dieu nous serons e
retour,
l devra tre
prêt partir our
Rome
et là il devraœuvrer
u
service
e Dieu et de ses
apôtres
ussi
longtemps
qu'il
sera
nécessaire,
t se faire ouronner
oi si
Dieu le veut ̂ .
Ainsi l
est clair
que
Charles
vait a fermententione
régner
omme
mpereur
n
Francie t
d'y
résider,
omme 'avait fait on
propre ère,
andis
ue
Louis
deviendraitoi
d'Italie,
t
y
demeureraitomme
'avait
fait
e
plus
souvent
Lothaire,e frère e Charles, ntre 20 et 83045.À proposdes fonctions
respectives
u
père
t
du
fils,
harles
uggère
euxrôlesmilitaires
istincts,
l'un dévolu u roi
«jeune
»
et
l'autre
u
roi
«
vieux
. Sans douteCharles
pensait-il
sa
propreeunesse orsqu'il
recommanda
«
puisque,
grâce
à
Dieu,
notre ils stun homme
eune,
l ne
devrait
as imposer
e
trop
ourds
services
tous
nos hommes idèles
il
devrait
u
contraire,
ommenous
l'avons souvent
aitdans e
passé,
choisir vec
l'aide
de
Dieu
parmi
ous
nos
fideles
un
[petit
ontingent]
'hommes
igoureux our 'accompagner
et
puis
l
devrait
ttaquer
osennemis
ar urprise
inimicis
ostris
nsperate
superveniat)
t
es
frapper
e terreur
ar
force irile 46.Virilité
perte
rere,
voilà a
technique
militaire
ppropriée
ux
eunes.
l
était
ous-entendu
ue
Charles ui-mêmeurait tilisédes forces luspuissantest les tactiques
plus
réfléchies e l'hommemûr. e ton ci n'est
pas
vraiment
ostalgique
mais un rien ondescendant.harles
avait
pertinemmentue
la
politique
italienne
laquelle
l destinait ouis n'était
u'un
leurre son but en 877
n'était
ue
de colmater
uelques
brèches
il
laissait es vrais
problèmes
son
fils.
D'après
Hincmar
e
Reims,
harles e
trompait
ur a situation
olitique
en Francie.
Les renforts
u'il
attendait
endant
a
campagne
talienne e
vinrent
amais
et
un
groupe
e ses
magnates
usque-là
es
plus oyaux
dont
Boson,
frère e
la reineRichilde fomentèrentne
conspiration
ontreui47.
Mais,
pour
des raisons
éjà évoquées,
l faut
rendre
e
témoignage
'Hinc-
mar
avec
prudence.
ucune utre ource
ontemporaine
e mentionnen
complot, t seul l'auteurdes Annalesde Saint-Vaast ffirmeue Charles
partit
n
Italie
contrea volonté e ses hommes
48.Et même 'il
y
eutun
complot,
incmar e toute vidence
n
exagère 'importance
t
déplace
es
motivations.
ar,
comme l le laisse entendre
ui-même,
es
comploteurs
s'inquiétaient
n
premier
ieude 'absencede Charles tsouhaitaient
e rame-
ner n Francie ussivite
ue possible arce u'ils
se méfiaiente Louis
qui,
on se
souvient,
'était
as
le neveu
de
Boson).
Sans les renforts
scomptés,
42.
bid.,
.
25,
.
60.
43.
bid.,
.
11, .
58.
44.
bid.,
.
15, .
59.
45.J. arnut,Ludwigerromme,othar,und asRegnumtaliae,dans .GodmantR.Collins ir.,harlemagnes Heir. ew erspectivesn he eignf ouis he ious,xford,
1990,
.
49-262.
46.
Capitulaire
e
Quierzy,
.
16,
.
59.
47.
AB,
.
16.
48.Annales
edastini,
.
von
imson
d.,
MGH S Rer.
erm.,anovre,
909
désormais
abrégés
n
AV),
.
2.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 67/164
LA
MORT
DE
CHARLES
E
CHAUVE 61
la situatione Charles n taliedevenaitntenable. a menace e l'avancede
son
neveu t
rival
Carloman
e Bavière vait
déjà
contraintharles aban-
donner
avie
pour
Tortone49.à il
prit
es
dispositions ourque
le
pape
vienne acrer
mpératrice
ichilde mère e la
progéniturempériale
venir
-
,
puis
l
l'envoya
n Maurienne
ar
e
Mont-Cenis,
ù
elle devait 'attendre
«
avec
e
trésor .
À la
mi-septembre,
arloman
ntrait Pavie
-
et,
oujours
d'après
Hincmar,
harles
pprenait
n même
emps u'une conspiration
e
tramait
ontre ui. Même s'il ne faut
as
prendre
la
lettree déroulement
chronologiqueroposé ar
Hincmar,
nechose st ertaine dès a troisième
semaine e
septembre,
harles ut e
résigner quitter
a Lombardie. e
pape
était
éjà reparti
n hâte
our
Rome,
mportant
ncrucifixn ormassif ffert
parCharles Saint-Pierree Rome.Quant Charles,l reprit son tour a
route u nord sur es
pas
de Richilde .
Il
était ésormais
rop
ard
our u'il
fût
résent
Saint-Denise
our
de la fête e son saint
atron,
e 9 octobre.
Les rites et les
droits de la mort
Charles vait
toujours
ouhaité
tre nterré Saint-Denis i ita Deus
voluerit.Mais
Dieu ne le voulut
pas.
Hincmar aconte 'histoire ans
les
Annalesde Saint-Bertin
Charles, rappé e fièvrele 25 septembre),utunepoudre ueZédé-
chias,
on médecin
uif,qu'il
aimait t en
qui
il
avaitune confiance
excessive,
ui vait onnée
our uérir
on
mal.Mais l avait uun
poison
contre
equel
l
n'y
avait
pas
d'antidote.
ransporté
dos
d'homme,
l
traversae col du Mont-Cenist arriva n
un
ieu
appelé
Brios.De
là il
envoya
hercher ichilde
ui
se trouvait
n
Maurienne,
ui demandant
de venir e
rejoindre,
e
qu'elle
fit. e 6
octobre,
e onzième
ouraprès
avoirbu le
poison,
l
rendit'âme
dansune misérable
etite
utte. es
hommesuvrirenton
orps,
etirèrentes
ntestins,
ersèrentl'intérieur
le
vin
et les aromates
ont ls
disposaient,lacèrent
e
corps
ur une
civière t se mirentn route
our
aint-Denis
ù
il
avait emandé être
enterré. ais à cause de l'odeur nfecte
qui
se
dégageait
u
corps],
ls
nepurentllerplus oin alors ls le placèrentans un tonneauu'ils
avaient
uparavant
nduit e
poix
l'intérieur
t à l'extérieurt entouré
de
peaux,
mais
tout ela ne réussissait
as
à atténuer'odeur.
À
grand
peine
ls arrivèrent
Nantua,
n
petit
monastère
e la
province
e
Lyon,
et à ils ensevelirente
corps
vec e tonneau.
Quelques
ignesplus
loin,
Hincmar
joute que
Charles
ur son lit de
mort vait onfié es
regalia
la
couronne,
'épée
et e
sceptre
à la reine
pourqu'elle
les transmetteson
beau-fils,
'héritier
ouis le
Bègue50.
Le texte e tire
as
a morale e
l'histoire,
ais
l
donne ne
xplication
scientifique
e l'odeur
fétide. otons
u'un chroniqueur
n
peu plus
tardif,
Réginon
e
Prüm,ui
écrivait
u début u
Xe
iècle,
eprend
'histoire
fama
49.
AB, .
15.
50.
AB,
.
16-217.e raitee es ituels
'une
açonlus énérale
ans
Carolingianoyal
funerals
,
dans
.Theuws
ir.,
ituals
f
ower
rom
ate
ntiquity
o he
arly
iddle
ges,
eyde,
à
paraître
n1997.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 68/164
62
J. . NELSON
du médecinuifetajoute ue c'étaitun mposteurtqu'il égaraitesesprits
par
des ruseset
des
sortilèges51.éginon araphrasait
eut-être
incmar,
en
ajoutant uelques
touchesfantaisistes
u,
plus probablement,
ous es
deux
'inspiraient
es
témoignages
raux
apportésprès
a mort
e Charles.
Quoi
qu'il
en
soit,
ous
exprimaient
e rationalisme
arolingien52,
ci teinté
d'antisémitisme.n
autre nnaliste
igoureusement
ontemporain,
'auteur
des
Annalesde Fulda
explique
ui aussi la
nécessité 'ensevelir Nantua
le cadavre
rop
ite
décomposé
t nauséabond
(Charles)
ttrapa
a
dysenterie
t
périt
ans
de
grandes
ouffrances.
lors
que
ses
gardes
u
corps
voulaient
orter
e cadavre u
sépulcre
u'il
s'était ait réparerSaint-Denis,lsfurentorcés e l'ensevelir ansun
monastèren
Bourgogne
cause de la
terrible
uanteurégagée ar
e
cadavre
utride,
evenue
nsupportable
our
'armée53.
Quant
l'auteur
es Annales e Saint-Vaast
lui aussi
contemporain,
l
mentionnee médecin
uif
de
Charles
t
sa
«
potion
sans faire llusion
u
poison.
l
n'offre ucune
xplication
e
l'enterremente Charles
Nantua
et confirme
aconiquementue
le
corps
de Charles
ut
lacé
dansune
sépul-
ture
emporaire
n attendant
'être
ransporté
n
Francie. 'annaliste
joute
tout e même
ue
ce
transfertut ieu
«
plus
tard 54.
Ces
quatre
sources
ne montrentvidemmentucun
esprit
ritique.
Néanmoins,
errière
'histoire
du cadavre
putréfié ue rapportent
rois
d'entre lles,toute ersonneonnaissanta Vulgatepouvait econnaîtree
macabre
écitde la
mort 'Antiochos
piphane
elle
qu'elle
est
évoquée
dans e Deuxième
ivredes
Macchabées,
X. 8-28.
Antiochos,
yran rgueil-
leux et
persécuteur
es
Juifs,
ut
rappé
e maladie
ubite,
uis gravement
blessé en tombant e
son char.
l
devait
tre
porté
dans
une
litière,
t
il
souffrit
n sort
pouvantable
la
putréfaction
vif
«
des vers ortaient
n
grouillant
u
corps
e
l'homme
mpie,
t sa chair e
dissolvait ansd'atroces
douleurs
lors
qu'il
était
ncore n vie l'odeur
et la
pestilence
n
affli-
geaient
'armée
odore
etiam llius et
foetore
xercitus
ravaretur).
elui
qui,
hier
ncore,
ensait ouvoir
oucheres étoiles
du ciel était
présent
l'homme
ue personne
e réussissait
porter
cause de l'intolérable
uan-
teur (... eumnemo oteraipropterntolerantiamoetoris, ortare).Deux
des
quatre
ources
ui parlent
u sortdu
corps
de
Charles
font cho
aux
paroles
de
la
Vulgate55.
'abord,
es Annales
de
Fulda
«
corpus...ropter
foetorem
imium
utridi
adaveris
quo
gravabatur
xercitus
in
Burgun-
dia...sepelierunt...
. Ce
qui
n'a rien
d'étonnant,
ar ce textede Francie
orientale e montre
ortementt
systématiquement
ostile Charles
out u
long
de la décennie 70.
Il est
plus surprenant
n revanche
'en trouver
l'écho dans es Annales
de
Saint-Bertin
Hincmar
quempro
fetore
non
valentes
ortare...,
uisque
Hincmar tait
un Franc
de
l'Ouest,
familier
t
51.
Réginon,hronicon,
.Kurze
d.,
MGH S
Rer.
erm.,
anovre,
890,
.
113.
52.Voir .Liebeschutz,Wesennd renzenes arolingischenationalismus,Archivfür ulturgeschichte,. 3, 950,.17-14.
53.
AF, .
0.
54.
AV,
.
2.
55.Peut-êtreussi
ans
éginon,
hronicon,
.
1
3
quiafoetor
ntollerabilis
x
utretudine
cadaveris
aiulantes
ravabat,ompulsi
untlluderrae andare.
e iensremercier
hilippe
ue
pour
es
emarques
rès
uggestives
u
ujet
u raitement
e a mortanses extes.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 69/164
LA
MORT
DE
CHARLES
E
CHAUVE 63
ancien onseiller e Charles.De toute vidence es annalistes u IXe iècle
pouvaient ompter
ur eurs ecteurs
our
ire entre es
lignes
t saisir
es
critiques
issimulées n d'obscures éférences. e
tellesallusions vaient
déjà
été à l'occasion
adressées
utrefois
Charles
ui-même
ar
Hincmar.
On
en
trouve eux
exemples
ans es Annalesde
Saint-Bertin
ù Hincmar
profère
es
critiques
n utilisante
que 'ai appelé
ailleurs e
«
code
diony-
sien :
je
veux
dire
que par
des allusions
peine
voilées à saint
Denis,
Hincmar
xprime
a condamnatione la conduite
oyale.
La clé en est le
jour
de la fêtede saint
Denis,
e 9 octobre.Ainsi à l'année
869,
Hincmar
attire'attentionur e fait
ue
Charles vait
nvoyé
hercher
ne
nouvelle
épouse
trois
ours
à
peine près
a mort e sa
première
emme rmentrude
le 6 octobre etencore n 876,Hincmar étaille es moments e la défaite
de Charles Andernache
8
octobre,
t note
ue
Richilde
pprit
e désastre
le
9
octobre56.e
récit e la
mort e
Charles st
un
troisième
xemple
e
cette
ritique
odée.La
date
du
6
octobre tait
ussi elle de a mort 'Ermen-
trude n
869.
La reine
ui
se trouvaitu chevet
du
mourant tait
elle-là
même
u'il
avait
nvoyé
herchervec une hâte
nconvenante
uit
ns
plus
tôt
ourpour our.
L'insinuation et d'ailleurs
Hincmar 'avait
guère
esoin
d'être
plus explicite
est a suivante l'enterremente Charles
Nantua,
qui
eut
peut-être
ieu le
9
octobre,
nsiste
ur
a
séparation
ntre e
roi
et
son saint
atron.
'étaitCharles
ui-même
ui, par
sa
conduite,
vait
perdu
sa chanced'être nterré Saint-Denis omme
l
l'avait
depuis
ongtemps
souhaité tsoigneusementréparé. incmar e ditpas queCharles utunedeuxième hance.C'est
Réginon ui
décrit 'exhumatione ses
ossements,
«
après uelques
années
,
et
l'ensevelissement,
ette ois
enfin
onorifice,
à Saint-Denis57.
Hincmar onned'autres nformationsncore ur
a
mort e
Charles.
Lui seul de tous es annalistes évèle
que
la reine
tait
présente
u
chevet
du roi mourantt
que
les
regalia
furentransférés'une manière orrecte.
Ce
qui
signifie
ue
la
royauté
e Charles ranscendaites faiblesses
erson-
nelles t
que
la fonction
urvivait l'homme.D'autresdétails uivent. es
hommes e Charles
qui
cum o erant cf.
Réginon
baiulantes
AF
: satel-
lites)
firentout e
qu'ils pouvaient ourporter
on
corps
à
Saint-Denis
sur e
point
es récits e
Réginon,
es
Annales e Fulda et ď
Hincmar ont
concordants.'est untémoignageloquent u dévouementes hommes e
Charles leur
eigneur,
t nous avons
déjà
eu
l'occasionde
remarquerue
Charles vait 'artd'entretenire lien58. ien ne
suggère
ue
la mortmisé-
rablede
Charles
it nui
à
son
prestige.
Nantua,
'éloge
flatteur'un
poète
orna
sa tombe.
Après
son
transfert
Saint-Denis,
harlesfutenterré
l'endroit
même
u'il
avait
hoisi,
ntre es autelsdu Trésor t de la Trinité.
Il
reposait,
omme
l
en avaitfait e
projet,
ans e
sarcophage
e marbre
rouge.
On
peut upposer
ue
ses secondes
unérailles
urent
ccompagnées
de
cérémoniauxlaborés bien
que
l'existence e tels rites unérairesoit
controversée
our
es
premiers
arolingiens,
es
indices
uggèrentu'il
ont
pu
exister
partir
u IXe iècle. Les cérémonies
unéraires'un
grand
ite
56.Cf.
.L.Nelson,
History-writing
t he ourts
f
ouishe iousnd harleshe ald
,
dans . charert
G.
cheibelreiter
ir.,
istoriographie
m
rühen
ittelalter
Vienne,994,
p.
35-442.
57.
Réginon,
hronicon
p.
113. f.
V
p.
2.
58.J.L.
elson,
harleseChauve
op.
it.,
.
3,
41.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 70/164
64 J. . NELSON
cultuel ommeLorsch,où Louis le Jeune itenterreron
père
Louis le
Germanique
n
876,
ou
de
Saint- mbroise e
Milan,
ù Louis I
fut nseveli
en
875,
se conformaientertainementdes rituels
ppropriés.
l
est
probable
que
Charlesn'eut
pas
en
877
ce
qu' Eginhard ppelle, propos
de la mort
de
Charlemagne,
e mos ollemnis la toilettet a
préparation
e a
dépouille
mortelle. ais l'histoire
'Hincmar
uggère
ne certaine
onnaissance es
techniques
'embaumement,
ussi bâclées
qu'elles
aient
u
être ans e
cas
de
Charles.On
ne sait
pas qui
eut 'idée de
l'embaumement
les
acolytes
italiens,
a
reine,
u
peut-être
ême e
médecin
uif
mais l
s'ouvrait
insi
de nouvelles
erspectivesour
a
prolongation
rtificiellee la
«
vie
»
poli-
tique
du roi. Les
premières
unérailles e Charlesfurentans doute
xpé-
diées en hâte.Les Nantuais ardèrentependanta mémoire 'une cérémo-
niehonorable. ommenous
' avons
vu,
e
second nterrementSaint-Denis
fut onduit elon es volontés e Charles.
La commémoration
es
anniversaires'était
as
la
prérogative
xclu-
sive des rois
les abbés
et es
évêques,
insi
que
l'aristocratie
aïque,
taient
aussi commémorés. ais
les
dispositions
e Charles taient officielles
,
attestantne imitatio
mperii
ui,
dans ses dernières
nnées,
taitdevenue
pour
ui une
quasi-obsession.
harles vait faitde
grands rojets our
a
création 'une
nécropole ynastique
n
l'église
de Saint-Denis. 'est là
qu'avait
été enterréeon
épouse
Ermentruden 869. Là aussi
que
furent
ensevelis es deux
fils,
morts n bas
âge
au
début
des années
870,
années
qui ustementurent arquées arune certainembiguïtéesrapportsntre
le mausoléeet le
siège
de
l'Empire.
Dès
869,
Charles
spérait
mettrea
main ur
Aix-la-Chapellelorsqu'il
ui fallut bandonneret
espoir,
n
876,
il
se mit construire
Compiègne
n
«
Aix
»
des Francsde
l'Ouest,
un
«
Aix
»
de substitution sa
Carlopolis
lui. C'est là
que
fut nterréon
successeur ouis e
Bègue
en
avril
79. Pourtant
ien
n'indique ue
Charles
ait u l'intentione faire e
Compiègne
e mausolée es Francs ccidentaux.
C'est
au contraire saintDenis
qu'il porta
ne dévotion onstanteout u
long
de sa vie et à l'heurede sa mort. ien
que, par
a force es
choses,
d'autres ieux aient ervide
sépulture oyale,
ux xip et
xme
iècles
Saint-
Denis s'affirmae nouveau n devenanta
nécropole
oyale
e
France,
râce
notammentu zèle de l'abbé
Suger,
avi d'avoir
pour
ainsi
dire dans ses
registres n Charlesempereurmais aussi grâce au zèle de Charles e
Chauve,
récompensé
nfin
longue
échéance,
à sa dévotionfidèle et
constante,
ses dons
somptueux
u
sanctuaire,
t enfin
ce
qui
n'est
pas
négligeable)
la
présence
e ses ossements.
AlainDierkens
suggéré
écemment
ue
ce
qui
distinguait
es
obsèques
des souverains ccidentaux
e ceux des souverains
e
l'Est étaitune
série
de
manques
à l'ouest es rites unéraires'étaient
as sophistiqués,
l
n'y
avait
pas
d'église
faisant onction e
sépulture ynastique,
i
de
somptueux
tombeaux,
as
de
moyens
e conservera
dépouille oyale
ni
d'utilisation
des
insignes oyaux
ans les cérémonaux unéraires59.
uels
qu'aient
été
les rites unéraireses
plus
anciens
Carolingiens,
'est à Charles e Chauve
que reviente mérite 'avoir laboréun rituel tdésigné neégliseservant
de
sépulture
oyale
il a
probablement
ussi
conçu
es
plans
de sa tombe
59.A.
Dierkens,
Letombeau
e
Charlemagne
,
Byzantion
t.
1, 991,
.
156-180,
n
ar-
ticulier
.
179.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 71/164
LA
MORT
DE
CHARLES
E
CHAUVE 65
de marbre. es effortsurentaits our mbaumeroncorps.Les insignes
royaux
urentransmis
oigneusement
son successeur. e
dernier
oint
une
ignificationarticulière,ui
nous mène inalement
comprendre
om-
ment a mort e Charles ut
erçuepar
es
contemporains.
l
y
a une diffé-
rence ntre a
description
e la mort e
Charles,
articulièrement
ans
e
récit
'Hincmar,
t celle de la mort u
tyran iblique
Antiochos ans e livre
des Macchabées.La
putréfaction
u
corps
ď Antiochos
récéda
a
mort,
tandis
ue
celle du
corps
de
Charles a suivit. es deux récits
portent
e
même
message
la
tyrannie
st un mal. Mais Antiochos
t
Charlesfurent
des
tyrans
rès
différents,
ont
es caractères
espectifs
arquent
a diffé-
rence ntre
es
Séleucides
de la Bible et les
Carolingiens
'Hincmar. es
souverains éfiéspar les Macchabées étaientmauvaispardéfinition;ls
n'avaient ucun droit
régner
Jérusalem,
ls
profanaient
a ville sainte.
Charles,
u
contraire,
'avait
pas toujours
té
fautif,
l
avait
reçu
de Dieu le
pouvoir
oyal.
La
passation
es
insignes oyaux
u filsde Charles uthen-
tifiaita
légitimité
e la succession e
Louis,
et en même
emps oulignait
la continuitéranscendante
e la fonction
oyale,
istincte e son titulaire
temporaire.
incmar
e
manque as
de
souligner
ette
ontinuité,
i
d'expli-
quer
e sensde sa
fonction,
ans
Y
ordode consécration
u'il composepour
l'intronisation
oyale
du successeur e Charles e 8 décembre 77
;
rituel
dontHincmar aconta
n détail es
préliminaires
ans es Annales e Saint-
Bertin
0.
Ainsi dans e texte 'Hincmar elatanta mort e Charles, t dans e
contexte
lus
arge
de son
œuvre,
st
exposée
d'une manière
ramatique
a
dissolution u lien
temporaire
ntre 'homme t la
fonction,
ntre a chair
et e
royaume,
ntre es deux
corps
du roi
Hincmar
'utilise
as
encore es
mots,
mais
l
a
compris
e
sens).
La
putréfaction
u
corps
e Charles
ignifie
la chutedu
tyran,
a
punition
ancée
par
Dieu surun
simple
mortel
rappé
dans son
orgueil.
Mais en
même
emps
n
peut
n faire ne autre lecture
-
la
putréfaction
ymbolise
a
séparation
u
corpspublic
t du
corpsprivé61.
Les
insignes oyaux l'épée,
les
robes,
a couronne t e
sceptre)
ransmis
sonfils
ar
es mains e
Richilde t
par
ordre fficiel
preceptum)
e Charles
sur on it de
mort,
eprésentent
a continuité
u
royaume.
e roi
meurt,
e
royaume
st
mmortel.
Traduit e
l'anglaispar
Lada
Hordynsky-Caillat
t
Odile
Redon
60.
AB,
.
19-221voir
.
Jackson,
rdinēsoronationis
ranciae,
ol.
,
Philadelphie,
1995,
.
110-23.
61.Cf.
E.H.
antorowicz,
esdeux
orps
u
roi
(1957)
rad,
rançaise,
aris,990;
G.
Koziol,
egging
ardonnd
avour.itualnd oliticalrdern
arly
edieval
rancethaca-
New
ork,
992.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 72/164
66 J. .
NELSON
JanetL. Nelson, School of Humanities, epartmentf History,
King's College,
Strand,
ondon,
WC2R 2LS
Royaume
Uni
La mortde
Charles
le
Chauve
Charles
e
Chauvemourut
n
877 à 54 ans.
Son
souci de donner ne
image
favorable e la
royauté
'amena
prendre
es
dispositionsour
ses
propres
unéraillest es
commémorationsSaint-Denis.Mais il
mourut
ans les
Alpes françaises.
es
chroniqueurs
ontemporains
ont décrit 'état de
putrescence
rématurée
t l'odeur
nsupportable
de son cadavre.
Après
un embaumement
anqué,
es
hommesde
Charles,
ésolus
porter
on
corps usqu'à
Saint-Denis,
urentorcés
de l'enterrerNantua. e texte esAnnales e Saint-Bertinait cho
aux Macchabées I
ix,
où le
corpspourrissant
vifď Antiochos
pi-
phanedésigne
e
sort
éservé u
tyran.
'est ainsi
qu'Hincmar,
uteur
des Annales et conseiller
oyal, exprime
a condamnation
e la
conduite e Charles.Mais Hincmar écrit ussi comment
harles ur
son lit de mort ransmites
insignes oyaux
l'héritier. e
corps
de
Charles
pourrissait
le
royaume
ontinuaite vivre.
Charles
e
Chauve
-
enterrement
commémorationSaint-Denis
insignes
oyaux
The death of Charles the Bald
Charles heBald died
at
54
in
877. Charles' nterest
n
the
represen-
tation f
royalty
xtended
o
the careful
lanning
f
his
own burial
and
commemoration
t
St. Denis.
In
the
event,
Charles died
in
a
remote
pot
n theFrench
Alps. Contemporary
hroniclersescribed
the
prematureutrescence
nd
unbearable tench f Charle'
corpse.
After botched
mbalming,
is
followers,
ntentn
carrying
he
body
to
St.
Denis,
had to
bury
t
nstead t Nantua.The Annals
f
St.
Ber-
tins
wording
choed I Maccabees
x,
where he
rottingody
of the
still-living
ntiochus
piphanes ignalled
he
yrant's
ate. husHinc-
mar,
uthor f theAnnalsand
longtimeoyal
ounsellor,
ntimated
his own criticism f Charles.Yet Hincmar lso described harles'
death-bedransmission
f the
royal nsignia
o his
heir.Charles'own
body
rotted
the
body
of therealm ived on.
Charles
heBald
-
burial commemorationSt. Denis
-
insignia
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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Médiévales1, utomne996,p. 7-78
Michel LAUWERS
LE
«
SÉPULCRE DES PÈRES
»
ET
LES
«
ANCÊTRES ».
NOTES SUR
LE
CULTE DES DÉFUNTS
À
L ÂGE SEIGNEURIAL
Le
christianisme
péra
une
rupture
rèsnette
arrapport
ux
croyances
et
aux
usages
qui
avaient
prévalu
dans la
société
antique
oncernant
es
défunts.
Rome,
en
effet,
es morts
e
trouvaiente
repos,
t les vivants
la
tranquillité,u à
la
condition
ue
les
corps
des défunts ussent ncrés
dansun
sol,
établis n un ieu de
sépulture
Les vivants
vaient
autre
art
l obligation e s occuper e leursdéfunts,est-à-dire esmembres e leur
parenté. réquemment,
es
morts taient nsevelis ansuntombeau
amilial,
dans e
«
sépulcre
e leurs
pères
(sepulcrum atrium).
es auteurs hré-
tiensde
l Antiquité
ardive,
n
particulier ugustin
t 430),
qui composa
un
traité sur es soins dus aux
morts
(De
cura
pro
mortuis
erenda)2,
s employèrent
u contraire
«
déspatialiser
le cultedes
défunts,
t à
subs-
tituer
ux
liensde
parenté
harnelle ntre es
vivants t les
morts es liens
spirituels,
onstitutifse la nouvelle
ommunautéhrétienne.
our
évêque
d Hippone,
e
lieu d ensevelissementt
la
tomben avaient ucune
mpor-
tance
«
Les fidèles e
perdent
ien
être
rivés
e la
sépulture
omme es
infidèles e
gagnent
ien la recevoir 3. C est
que
les soins accordés ux
funéraillest à la sépulture4,usaged inhumeres morts ans e sepulcrum
patrium
ne
servaient
n
rien
e
salut des âmes.
En
outre,
l
revenait
1.
F.
de
Visscher,
e
Droit
es ombeaux
omains
Milan,963,
.
2-60.
2.
Augustin,
eCura
ro
mortuis
erenda,
. ycha
d.
Corpuscriptorum
cclesiasticorum
Latinorumdésormais.S.E.L.t.
1),
900,
.
21-660.e traitést
édigé
ers21-422.ur e
traitét es
utrescrits
Augustin
elatifsu
ultees éfunts
V.
axer,
orts,
artyrs,
eliques
en
Afrique
hrétienneux
remiers
iècles.es
émoignages
e
Tertullien,
yprien
t
Augustin
la
lumièree
archéologiefricaine,
aris,980,
assim.
3.
..
nec
liquid
best
ìdelibusegata
orum
orporibusepultura
ec
liquid,
i
exhibeatur
infidelibus,
rode
t..
(De
Cura
X,
1,
.
39).
4.
Désignésar ugustin
ouses ermese uratio
uneris,
onditio
epulturae,ompa
xse-
quiarum
notamment
anseDe
Cura,
I,
,
p.
26).
5. C estpropose amorte amèreu Augustinffirmeinutilitée ejoindree epulcrumpatriumConfessionumiberX, 6, .Verhelfend.Corpushristianorum.eriesatinadésor-
mais .C. er.
at.,
.
7),
981,
.
153. es
Confessions
nt té
édigées
ntre97 t 01. e ce
point
e
vue,
ugustinompt
vec ne radition
ue eprésente
ncorembroise
t 397)
pour
e
dernier,
n
ffet,
out
ombeauoit
écessairement
trenracinén n ieu
récis
t ié ux
elations
de
parenté
voir
otamment
eDe
Abraham,
ib.
,
.
9,80,
.
Schenkld.
C.S.E.L.,
.
2),
897,
p.
53-554,
insi
ue
es raisonsunèbres
Ambroise).
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 74/164
68
M.
LAUWERS
l Église,
«
pieuse
mère , de
prendre
ncharge ous es membres éfunts e
la communauté
hrétienne,
emplaçant
ans cette tâche les
parents
es
morts6. our
Augustin,
eul
mportait
onc e salutdes
âmes,
nvisagé
ans
une
perspective
cclésiale.
Or,
l
n y
avait
que
troismanières
e
contribuer
au salutdes
défunts
prier,
élébrer eucharistie t faire aumôneà leur
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raisond être.
Rompant
vec es
traditions
ntiques,
es dées
d Augustin éloignaient
également
es
croyances
t
des
pratiques
écrites ans la Bible. Selon
l Ancien
Testament,
a
privation
e
sépulture
st
en effet n châtiment
effroyable,
ont es
prophètes
menacent
arfois
es
impies.
Le mourant
e
souhaitait
ien
d autre
ue
d être
«
réuni son
peuple
ou de
«
coucher
avec ses pères . L ensevelissementtait e devoirparexcellencedes fils
du défunt. es soins
accordés
par Joseph
Arimathie t
par
les saintes
femmes u
corps
u Christ
éfunt
ttestent
ailleurs
u à l époque
de
Jésus,
les
usages
anciensn avaient
as disparu8.
En
dépit
de la doctrine éfinie
ar
Augustin,
ont
«
autorité allait
pourtant
tre ans cesse réaffirmée
u coursdu
MoyenAge9,
es
chrétiens,
comme les
Anciens,
se soucièrent
eaucoup
de l ensevelissement es
défunts.
es
archéologues
t les historiensnt
notamment is en évidence
la
pratique
e
la
sépulture privilégiée
,
à
l intérieur un édifice
eligieux
ou à
proximité
un
corps
aint10.
eut-être,
our
beaucoup,
a résurrection
de
la
chair
pparaissait-elle
liée à
l intégrité
es
corps
morts
réservée
dansetpar a tombe n. Sans doute ussides considérationsordre ocial,
sinon
politique,
motivèrentes
puissants
se
distinguer
es
gens
ordinaires
par
des rites unéraires
lus
solennels
t des tombeaux
mposants
2.
La memoria des
Carolingiens
Entre e vir et le
IXe
iècle,
a
pratique
e l inhumation
rivilégiée
ut
intégrée
ans un
complexe
ituel
lus
vaste,
fondé ur a
«
mémoire
,
et
6.Augustin,eCura,V, ,p. 31.7. EntreutresAugustin,eCuraXVIII,2, . 58.
8. Toutesesréférences
cripturaires
ont onnées
ar
H.
Lesetre,
rt.
Sépulture
,
dans
F.Vigouroux
ir.,
ictionnaire
e a Biblet.
/2,aris,
912,
ol. 666-1669.
9. SureFortlebenes
ropositionsugustiniennes
outu
ong
u
Moyenge,e
me
ermets
de
renvoyer
u
hap,réliminaire
ema hèseedoctoratLa mémoirees
ncêtres,
e
ouci es
morts.onction
t
usages
u ulteesmortsans Occident
édiéval
diocèse
e
Liège,
r-xur
siècles),
aris,992,
paraître,
ans ne ersion
emaniée,
ux ditionseauchesne
n1997.
10.Les
remiers
émoignages
e
épulture
d
anctos,
n
Afrique
t
Rome,
emontentla
fin
u
IIe
iècle.ans
adeuxièmeoitiéu iècle
uivant,
es nhumations
uprès
es
orps
aints
se
multiplient.
uis,
partir
u
VIe
iècle,
esmausoléesd
anctos,
ui
solentatériellement
uelques
tombes
uprès
unieu
onsacré,
endent
disparaître
n ant
u édifices
urement
unéraires
les
sépultures
ntrent
lors anses
glises
Y.
Duval,
uprès
es
aints,
orps
t me. inhumation
«
ad anctosdansachrétientéOrient
t
Occident
u r u
vir
iècle
Paris,988,
.
1,
7-98).
Cf.
galement
.
Duval
tJ.-Ch.icard
d.,
Inhumation
rivilégiée
u v u vnrièclenOcci-
dent,Actesu olloqueenuCréteil,6-18 ars984),aris,986.11.Y.Duval, uprèses aints,orpst me...,p. it.,.VII, ui ote,plusieurseposes,
lecontrastexistantntrees onsidérations
Augustin
t es
ratiques
unéraires
e es
ontempo-
rains.
12.
Voires rticles
e .Wood tde
P.Perin
ans
enumeroe
Medievales,
insi
ue
es
remarques
eR. e
Jan,
amille
t
ouvoir
ansemonde
ranc
vir
Xe
iècles).
ssai
anthropologie
sociale,
aris,995,
.
5-52.
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70 M.
LAUWERS
profitere tous es bénéfices ue pouvait eurprocurera commémoraison
des
morts. e
plus
en
plus
d aristocratesherchaientussi à être nhumés
à
l intérieures
églises, proximité
es autels tdes
reliquaires
la
sépulture
privilégiée
tait ssurément
age
de
prestige
ocial.
Le
pacte seigneurial
Dans la société
eigneuriale
es XIe
t
XIIe
iècles,
es
nouveaux éten-
teurs u
pouvoir doptèrent
es
pratiques
unéraires
t
commémorativesnau-
gurées l époque carolingienne18.
es
«
nobles
,
les
potentats
ocauxrécla-
mèrentour ux,pour eursparents éfunts tpour eurs ancêtres, les
services
iturgiques
es communautés
cclésiastiques.
lercs t moines eur
ont lors
assuré a memoria
consignant
eursnomsdans des
nécrologes
9,
et
les
ont
accueillis
dans leurs
imetières.
insi,
une sorte e
pacte
ia,
à
propos
des
«
soins dus
aux morts
,
les
seigneurs
aïcs et les
institutions
ecclésiastiques.
Les chartes t es récits
omposés
dans es ateliers écrituremonasti-
ques témoignent
e ce
pacte
social. Prenons eux
exemples,
hoisis
parmi
biend autres.
omposée
u milieudu
xip
siècle,
a
Chronique
e
l abbaye
de Waulsort
diocèse
de
Liège)
raconte
ue
le comte
Eilbert,
ondateure
l abbaye
au début
du siècle
précédent,
vait fait
préparer
hez les moines
unvaste aveau, ù il fit ransporterescorpsde ses ancêtres,es « hommes
nobles
de
sa souche
,
ainsi
que
les
dépouilles
e
son
père,
de sa
mère,
e
son
fils
et
de
son frère la tombe tait
galement
estinée accueillir a
sépulture,
elle
de
ses
proches
t de ses amis20.
ien
que légendaire,
e récit
renvoie des
pratiques
ien enracinées
l abbaye
de nombreuxctes du
cartulaire e Waulsort
onsignent,epuis
e XIe
iècle,
es
aumônes e
sei-
gneurs
ocaux
qui
réclamaientux
moines,
n
échange
de leurs
dons,
une
sépultureuprès
e
leurs ancêtres au seinde la maison
eligieuse.
elon
une charte atéede
1087,
retouchée
inon
orgée
u milieudu xir
siècle,
l époque
où était
omposée
a
Chronique
bbatiale,
e
seigneur
rnoul e
Florennes,
ui prétendait
escendre
Éilbert,
vait
mêmeversé
l abbaye
une rentedestinée l entretienu luminaire evant e tombeaude son
nich,
Gebetsgedenken
ndnianische
eform
Beobachtungen
uden
erbrüderungsbeziehungen
der btem eich
udwigs
es
rommen
,
dans
onastische
eformen
m .und 0.
ahrhundert...,
op.
it.,
.
9-106.
18.
Pour
ne émonstration
rgumentée,
ocuments
1
ppui,
e e
ui
uit,
oira
premiere
partie
emontudeur a mémoire
es
ncêtres,
e ouci esmortscitéei-dessus.a
gestion
u
cultees
éfunts
Cluny,
ans n ontexte
eigneurial,
st
voquée
ans
enuméro
eMédiévales
par
. ogna-Prat.
19.Les
echniques
ituellesont
isposaient
esmoines
our
commémoreres éfunts
ont
présentéesar
.-L.
emaître,
ourirSaint-Martial.acommémorationes
mortst es bituaires
à
Saint-Martiale
Limoges
u r uxnriècle
Paris,
989.
20.Deinde...alciodorensicclesiae
requentendo
dhaesit
t
epulturam
n a
uorumfami-
liariumt
idelium
micorum
um
aximo
tudio
reparauit.pse amque
b
ngressu
hori
sque
ad ltareurriserramperiens,amqueffodiens,uosn a murosonstruxitt atitudinemtro-rumquedmensuramuorumubitorumt atitudinemnmensuraniust imidiiubitiomposuit.
Ibi
rgo
obiliumirorum
orpora
x
prosapia
ua um
âtre
tmatret
ilio
ernerot
ratre
Bosoneterum
onorificeepeliuit,
a uidelicet
uae er
um
locis,
n
uibus
ntea
epulta,
b
dilectionis
eruorem
t
mutuae
onsanguininatis
ropinquitatem
ua irtute
tqueignitate
ranslata
suntChroniconalciodorense
rédigéeu près
152,
h.
1,
G.
Waitz
d.,
MGH
S,
.
14,
883,
p.
20.
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LE
«
SÉPULCRE
ES PÈRES ET
LES
«
ANCÊTRES 7
1
« ancêtre Eilbert21.ésormais, entretiene la mémoirencestrale,atta-
chementux
«
pères
et a
sépultureuprès
es
parents,
evenus occasion
d échanges
ntre es
laïcs
et les
ecclésiastiques,
e trouvaientalorisés
ar
l Église.
Rédigée
au débutdu XIIe iècle à
l abbaye
de
Saint-Claude,
ans le
Jura,
a Viede Simonde
Crépy-en-
alois est un des
premiers
écits
agio-
graphiques
célébrera sainteté un
seigneur
aïc.
Après
voirdéfendu
ar
les armes
intégrité
enacéede son
comté22,
imon étaitretiré Saint-
Claude,
poury
vivre
armi
es
moines.
a
chasteté bservée
ar
Simon,
a
«
conversion à
la vie
monastique
onstituentes éléments
majeurs
de
l idéal de sainteté
laïque
»
qu il
incarne23. ais
la Vie
de
Simonne tait
pas que celui-ci ut galementnguerrieroucieux upatrimoinencestral
et du salutde son
père
le comteSimon se désolaitdu sortde son
père,
Raoul de
Crépy
t
1072),
mort xcommunié n
raison
d une
union nces-
tueuseet de
nombreuses
surpations.
aoul
s était fait nhumer ans le
château e
Montdidier,
u il
avait
njustement
nlevé son maître.
éplo-
rant ne
telle
usurpation
t
craignant
our
e
sort e son
père
dans
au-delà,
Simon
onsulta e
pape Grégoire
II,
qui
lui
conseilla d enlever
le
corps
de
son
père]
du lieu
qu il
avait
njustement
avi,
puis
de faire élébrer es
messes t de
multiplier
es aumônes
our
le
salut
de]
son âme ».
Ayant
ait
exhumera
dépouille aternelle
u
château e
Montdidier,
imonfit
orter
le
corps
u château e
Crépy,
erceau
ncestral,
ans
église
Saint-Arnoul,
qu il avait ransforméenabbaye t donnée uxClunisiens. imondemanda
aux
religieux y
réciter
rières
t messes
pour
e salut de son
père,
et
distribua es aumônes24. e récit
omposé
par
es moinesde
Saint-Claude
est confirmé
ar
une
charte,
atée de
1077,
par
aquelle
Simon
ustifie
e
transfertu
corps
de son
père
Moi,Simon,
omte
ar
a
grâce
e
Dieu,
pour
e salut e mon
me,
mais
bien
pluspour
elle de mon
père,
e vénérableomte
Raoul,
regardant
vers e futur
...),
ai
fait
ransporter
on
père,
e susdit
aoul,
depuis
21.L actest dité
ar
.
Despy,
es hartese
abbaye
eWaulsort.tude
iplomatique
t
édition
ritique
t.
1
946-1199),
ruxelles,957, °20,
.
49. es rtifices
aresquels
ilbertst
rattachéafamillees lorennesontémontésar .Dierkens,bbayest hapitresntreambreetMeusevir-xriècles).ontributionl histoireeligieusees ampagnesuhaut oyenge
Sigmaringen,
985,
.
176-186.
22.
Sur et
spect
es ctivitése
imon,
ien
résent
ansa Vie
P.
Feuchère,
Une en-
tative
anquee
e oncentrationerritorialentreommet einela
principauté
Amiens-alois
auXIeiècle.tudee
éographie
istorique
,
Le
Moyenge
60, 954,
.
1-37M.
Bur,
a
ormation
du omtée
Champagne,
. 50-v.150
Nancy,
977,
.
11-217.
23.Sur a Vie eSimon:
.
ogna-Prat,
Gallia u
ud,
30-1130:
II.
Archevêchése
Besançon
t e
Lyon
,
dans
.Philippart
ir.,
agiographies.
istoirenternationalee a ittéra-
ture
agiographique
atine
t vernaculairen Occidentes
origines
1550
Turnhout,994,
p.
31-332.
24.Ecce nterot
lagellaositus,
ellorum
egotiismpeditus,
amen
atri
ondolensam
defuncto,uippeuem,
umdhuc
iueret,
imisaecularibusntentumundi
upiditatibus
ouerat
grauiter
rretitum,
astellum
uoddam,uo
ibi
epulturae
ocum
raeparauerat,
ius
ossessori
i
surripuisse
t elut
roprium
etinuisse
eminerat,
omanům
ontificem
uid
uper
oc ctutus
sset,
et uomodoatriic efunctoubuenireotuisset,er unciumonsulit.apa ero regorius,uiHildebrandusietusst,b o uemniustebstuleratocoenitusollendum,t ronima issarum
solemnia,
leemosynarumque
argitatem
eo
uppliciter
fferendo,
ie
madareurauit.imonero
benigne
andatum
useipiens,
nomnibus
uae
ibi
roposuerat
btemperauitcorpus
cilicet
remouens,
t
cclesiam
uae
.
Arnulfl
icitur
pud rispiniacum
astrum,
bi ranslatum
st,
e
faculte
ropria
argissime
otauit...
Dom
ouquet,
ecueilesHistoriense a Gaule tde
a
France
t.
14,
.
8 cf. ussi A.SS.
ept.,
,
44-751).
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72
M.
LAUWERS
Montdidier,ù il gisait epuis a mort,l y a trois ns, usqu à l église
de Saint-
rnoul,
ui
a été fondée
ar
ui et ses ancêtres
ab
antecesso-
ribus)
ans e
château
e
Crépy,
ù il
a été
baptisé.
e ai fait
lacer,
la
manière
es Anciens
more
ntiquorum
,
à
côté du
sépulcre
e ma
mère,
a
femme,
tde nos ncêtres
predecessorum
ostrorum),
vecdes
psaumes
t des
prières,
ansun caveaudouble
in
spelunca uplici)25.
In
spelunca uplici
réminiscencee l Écriture
ainte,
e
«
caveaudou-
ble
»
des ancêtres e
Simon
renvoie la
sépulture
es
Patriarches
voquée
dans a Genèse.Abraham vait té en effetnhumé vec
Sara,
son
épouse,
dans une
sépulture u il
avait achetée t
préparée
Hébron,
n
spelunca
duplici Gen.25, 8-10).Ce fut galemente lieu de sépulture Isaac etde
Rebecca
Gen.
35,
28-29),
de
Jacob
ui,
à la
veille
de sa
mort,
n
Egypte,
avait
demandé
être nseveli avec
ses
pères
in
speluncaduplici
Gen.
49,
29-31),
t
pour
ertains
elle de
Joseph,
galement
mortoin
de la Terre
Promise,
ui
avait
exprimé
e désird êtreramené
uprès
des siens
Gen.
50,
23-25).
Les
passages
de
l Écriture
elatifs la
sépulture
es
Patriarches,
abondammentités u cours
du
MoyenÂge, permirent
ux
ecclésiastiques
de
ustifier
es
soins ccordés
la
sépulture
es
défunts
t même
institution
de
nécropoles
amiliales.
est
doncen référence la mort t à la
sépulture
de ces
«
grands qu étaient our
es
hommes u
MoyenÂge
les Patriarches
que
furent
ustifiés,
alorisés,
malgré
«
autorité
d Augustin,
es rites uné-
raires t commémoratifs26.
Sepulcrumpatrium
Alors
que
durante trèshaut
MoyenÂge,
les familles
ristocratiques
avaient
pris
habitude inhumeres membres e leur
parenté
ur leurs
terres
in
agris
suis
écrivait
évêque
Jonas
Orléans,
843)27,
es monas-
tères
«
privés
,
puis
«
impériaux
),
fondés t dotés
par
es soinsdes mem-
bresde
l aristocratie,
e mirent ientôt accueillir t
à
entretenir
ans
eur
enceinte es tombes amiliales28.ès
lors,
partir
u
IXe
iècle,
mais
plus
encore
l âge seigneurial,
andis
ue
se diffusaiente telles
pratiques,
es
clercs ustifièrenta sépulturees défuntsuprèsde leurs pères ou de
leurs ancêtres
,
présentée
ommeun
acte
«
religieux
.
Selon
une
règle
établie n
816
par
e
pape
Léon
III,
les défunts
ui
n avaient
as exprimé
d autre hoix devaient tre
nsevelisdans la tombede leurs ncêtres in
maiorumuorum
epulcris.
éon III avait
ustifié
et
usage
en
évoquant
es
«institutions es
pères»
(institūta
maiorum
atrum)
et
l exemple
des
Patriarchese l Écriture
ut
patriarcharum
xitus
ocet)29.
ers
1142,
dans
le
Décret,
près
avoir cité
-
par
l intermédiairee Burchard
e
Worms
(t
1025)
et d Yves de
Chartres
t
11
16)
-
Augustin
la
femme uit
on
mari
25.Recueiles ctes
u
ègne
e
Philippeer,
.Prou
d.,
aris,908,
°
8,
.
29-230.
26.Sur etteuestion,oir . auwers,La épulturees atriarches.odèlescripturaireset ratiquesocialesuMoyenge, paraîtreanstudi edievali.
27.Jonas
Orléans,
e nstitutioneaicali
II,
5, L,
.
106,
ol.
63.
28.Sur inhumationomaniale
R.Le
Jan,
amillet
ouvoir...,p.
it.,
.
7-48,
ui
ait
ensuite
emarqueru à image
es
igenklöster,
es
Reichsklöster
assèrent,algré
a
protection
royale,
ans orbitees
roupes
e
arenté
ui
n
ssuraient
adirectiont efonctionnement
p.
0).
29.Friedberg
d.,
.
,
Leipzig,
881,
48.
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LE
«
SÉPULCRE ES PÈRES ET LES
«
ANCÊTRES 73
dans la mort ommedans la vie) et Grégoiree Grand la sœurde saint
Benoîtfut nhumée ans a même ombe
ue
son
frère)30,
ratien ait tat
des différents
assages
de l Écriture elatifs la
sépulture
es Patriarches
«
Mourant n
Egypte,Joseph
emanda ses frères
u ils emportent
es
ossements
vec eux et
es
placent
ans e
sépulcre
e ses
pères
n
sepulcro
patrům
uorum)...
31.
Dans la
première
moitié u xiie
iècle,
Rupert
e
Deutz
oppose
ense-
velissementes
défunts,
onsidéré ommeune
«
bénédiction
,
à
l absence
de
sépulture,igne
de
«
malédiction. Autant e termes
ui
avaient,
ans
la
société
eigneuriale,
ne résonnance ociale les clercs
vaient n effet
le
pouvoir
e faire
t de
défaire a mémoire es
morts,
accueillir u de
maudire es corpsdes défunts t de leursparents,es excluant arfois es
espaces
funérairese la
communautéhrétienne32.
près
voir
évoqué
ce
roi dont e
prophète
érémie
it
qu il reçut
a
«
sépulture
e
l âne,
c est-
à-dire ucune
sépulture
(Jer.
2,
19)
-
une
expression réquente,
ux
xr
et
xiie
iècles,
ans es formules e
malédictiont d anathème
,
Rupert
ite
«
les saints t
les
grands ères
ou
patriarchesui
se
sont
préoccupés
e la
sépulture
t du transfert
e
leur
corps
,
et
qui
ont veillé à être nsevelis
«
non
pas
n importe
ù,
mais
dans
es
sépulcres
e leurs
pères
in
sepulcris
patrum
uorum)
33.
C est
à la même
poquequ Arnoul
e Florennes ccor-
daittous
ses soins au
sépulcre
e son
«
ancêtre
Eilbert,
t
que
Simonde
Crépy
amenaite
corps
de son
père
dans
a tombe
ncestrale. es chartes
qui furentlorsrédigées ont arfois tatde la volontédes seigneurs e
rejoindre,près
eur
mort,
e «
sépulcre
e leurs
ères (sepulcrumatrium)
ou
«
de leurs ncêtres
(antecessorum)24
30.
Chez urchard
eWormst
Yves e
Chartres,
e renvoila
sépulture
es
atriarches,
ainsi
u aux
extes
Augustin
t
de
Grégoire,
ert
ustifier
inhumationes
poux
ansa même
tombe.
31
Item
oseph,
oriens
n
gypto,ogauiîratres
uos,
t
empore
uae isitationis
ssa
ua
secům
ef
rrent,
t n
epulcro
atrum
uoruma collocarent....i esPatriarches
xprimèrent
e
désir êtreéunis
leurs
ères,
ratienite
outefois
lusieurs
as
ui
ttestent
u il
en ut
as
ainsi
our
ous.
inhumation
n
epulcris
atrum
uorumconclut
ratien,
est
as
ne
bligation
ilne
agitas
une
oi
tem,
ue
egibusijfinita
unt utareonicet.
ue
utem
egibusxpressa
nonuntrbitriumecunturumanaeoluntatis.e aisant
objet
aucune
oi,
e
ieu e a
épulture
estaisséu hoixe eluiui oittrenhuméUbi tiamuisqueumulandusit,egibusxpressůmnonst,tdeon oluntateumulandionsistitGratien,ecretiarsa, .XIII,.2, .3, riedberg
éd.,
.
1,
eipzig,
879,
21-722).
e
pape
nnocent
II
llait
ependant
ondamnereux
ui
élaissent
la
épulture
es ancêtres
-
ce
qui
st
contrairelacoutumees
ères
e Ancienestament
-
pour
n ieu moins
eligieux
(Friedberg
d.,
.
,
Leipzig,
881,
49).
e outera
epris
ans
lesDécrétales
1234)
u
ape
régoire
X
1.
ll,
it.
XVIII
de
epulturis,
.
1
et .
3,
Friedberg
éd.,
.
,
Leipzig,
881,
48-549).
32.Sur es
uestions,
oir.K.
ittle,
enedictinealedictions.
iturgicalursing
n oma-
nesque
rancethaca
Londres,
993.
33.Nonne ortuis
ars
enedictionisst
epeliri,
t contraaledictionis
epultura
arere
moresini Sicute
uodam
ege
erribiliterictumst
rout
ratmeritus
Sepultura
sini,
d
st,
sepultura
ulla,
epelietur.
onneanciit
magniatres
iue
atriarchae
e
epeliendis
el tiam
transferendisorporibus
uis
iligenter
andauerunt,
t
ro
magno
lis
uit
epeliri,
t
non
antum
ubicumque
ed n
epulcrisatrum
uorum
Rupert
e
Deutz,
e anctarinitatet
peribus
ius
1.
8
In
Deuteronomium
I,
6,
R. Haacke
d.,
orpus
hristianorum.ontinuatioedievalis
désormais.C. ont.ed.,. 2, urnhout,972,.1020). êmeommentaireanses ommentarioin uangeliumanciiohannis,3, .Haacked., .C. ont. ed.,. ,Turnhout,969,. 47-748.
34.
Voir,
ar xemple,
es ctese1028
référence
la
epultura
ntecessorum
,
1062
réfé-
renceu
epulcrum
ntecessorum)
t 1070
référence
u
sepulchrum
atrium
du
artulaire,
éjà
évoqué,
e
abbaye
e
Waulsort,
.
Despy
d.,
eschartese
abbaye
e
Waulsort...,
°8,
p.
33-334
n°
2,
.
38
n°
3,
.
39.Mais ncoreaut-il
ue
es
lauses,
ui
envoyaient
des
pratiques
ociales
récises,
ient
té
etranscritesanses artulaires.
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74 M.
LAUWERS
Sepulcrumatrium les hommes uMoyenAgerenouaient-ils,algré
les recommandations
Augustin,
vec
le
vocabulaire,
es institutions
t
es
croyances
e
l Antiquité
Certes,
ans
e
traité
u il
rédige
ontrees
«
héré-
tiques
partisans
e Pierre e
Bruys, ui
niaient efficacité es
suffrages
pour
es
défunts,
abbé de
Cluny
Pierre e Vénérable
t 1156)
cite,
par
l intermédiaire
Ambroise,
lusieurs assages
de YÉnéidede
Virgile, ui
illustrenta
piété
filiale
t
l importance, ar
delà
la
mort,
es solidarités
familiales35. ais
plus que
les auteurs
ntiques
t autant
ue
les récits e
la Genèse relatifs la
sépulture
es
Patriarches,
est-ce
pas
le deuxième
livre es Maccabées
qui nspira
es rédacteurs
es
chartes tdes
chroniques
Selon ce texte
2
Mcc
12,
38-44),
près
voirdécouvert es
objets
dolâtri-
ques sur es corpsde ses soldats ués u combat, udasMaccabéeorganisa
une collecte
pour
faireun
«
sacrifice destiné
effacer
e
péché
commis
par
es défunts
il
s agit
du seul
passage
de la
Vulgate ui
mentionnee
manière
xplicite
ne
«
prière our
es morts
(v.
44).
Invoquépar
tous es
défenseurs es
suffrages our
es
défunts,
écité
uotidiennement
ans la
liturgie
unéraire,
argement
iffusét même
raduit,
partir
es
Xe
t
xr
siè-
cles,
en raison e l identificationes
guerriers
u
personnage
e
Judas
Mac-
cabée36,
e deuxième ivredes Maccabées faisait éférence deux
reprises
au
«
sépulcre
es
pères
37
.
L esprit du don
L établissemente
nécropoles
amiliales u seindes maisons
eligieu-
ses et
organisation
e
prières
u de célébrations
iturgiquesour
es mem-
bresdécédésd un
groupe
e
parenté upposaient
u au
préalable
es biens
-
tels
qu une
terre,
ne
rente
u des
droits fussentédés aux communautés
ecclésiastiques hargées
d assurer a memoria
es
défunts. u
reste,
a
majeure artie
es actesconservés ans es cartulaires
es institutionseli-
gieuses
des
XIe
t
xir
siècles
consignent
es
dons,
manant es membres
e
l aristocratiet effectués
pour
e
salut
de
l âme
»
de leursauteurs
pro
anima)
et
«
pour
a mémoire e leurs ncêtres
(pro
memoria ntecesso-
rum) . Bien que les concernantn priorité,usage de donner t de faireentretenires tombes t la mémoire e
parents
éfunts e fut
pas partout
réservé ux
seigneurs
nobles
;
il
pouvait agir
d une conduite rdinaire
au sein des
groupes
ominants.
n
outre,
ans certaines
égions,
ont es
structurest les institutions
eposaient eut-être
avantage
ur e droit
ue
35.Pierre
e
Vénérable,
ontra
etrobrusianos
250,
. earns
d.,
.C. ont.
ed.,
.
10,
1968,
.
148.
36.J.
unbabin,
TheMaccabeess
Exemplars
n he enthnd leventhenturies
,
dans
K.
Walsh tD.Wood
d.,
he iblen heMedievalorld.
ssays
n
Memoryf erylmalley,
Oxford,
985,
.
1-41.
37.Allusionu
patrioepulchro
2
Mcc
,
10),
t
propos
es oldats
e
Judas
accabée
uenitumuisudas t
orpora
rostatorum
ollerett
um
arentibusoneret
n
epulchrisaternis
(2Mcc 2, 9).38.Lapratiqueu on faitobjet,anses ernièresnnées,eplusieursravauxux tats-
Unis. n iteraotamment
es tudese
C.B.
ouchard,word,
iternd loister.
obility
nd
the hurchn
Burgundy
980-1198),
thaca-Londres,
987
S.D.
White,
ustoms,
inship
nd
Gifts
toSaints.he
audatioarentumn Westernrance1050-1150
,
Chapel
ill-Londres,
988;
B.H.
osenwein,
o
be the
Neighborf
aint eter. he ocial
MeaningfClunyProperty
(909-1049),
thaca-Londres,
989.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 81/164
LE
«
SÉPULCRE
ES PÈRES ET LES
«
ANCÊTRES
75
sur a coutume, e tellespratiquesoncernèrent oins es seigneurstles
princes
ue
des
communautés
lus marginales39.
est ainsi
qu en
1092,
«
pour
eurs
mes,
pour
eurs
ères
t eurs
mères,
our
e salut e tous eurs
parents
,
les habitants e la communauté
lpine
de
Saorge,
dans a
Haute-
Roya,
des hommes t des femmes ibres
affirmantivre sous la
«
loi
romaine
,
dont es noms
figurent
u début e
l acte,
cédèrent
ne
chapelle
à
l abbaye
de
Lérins,
fin
ue
les moines
y
célébrassenta mémoire e
leurs
morts40.
Pratique eligieuse,
e
don
pro
anima ou
pro
memoria tait n même
temps
ne
pratique
ociale,
dont l convient e saisir a
logique.
Pour arac-
tériser e
type
de
transaction,
es historiens u
Moyen Age évoquent
ré-
quemmente système u « don» et du « contre-don : telseigneur onne
une terre
=
«
don
»
matériel)
fin
ue
les
ecclésiastiques ui
en bénéficient
organisent
es
prières our
son salut et celui de ses
parents
éfunts
=
«
contre-don
spirituel).
n
aurareconnuà une
terminologiempruntée
l anthropologie,
t en
particulier
l œuvrede Marcel Mauss41. a théorie
sous-jacente l usage
de tels
concepts,
elon
aquelle
e don
«
obligerait
le
bénéficiaire,
n vertu e
1 «
esprit
de
la chose
donnée,
répondre ar
un
contre-don,
est
ependant uère pplicable
ux réalitésmédiévales.
u
reste,
l
n est
pas
sûr
que
cette héorie
par laquelle
M. Mauss entendait
rendre
ompte
des
pratiques
e
l échange
chez les
Maoris)
convienne
quelque
ociété
ue
ce soit.
Les
anthropologues
e
pensent
lus aujourd hui
que le don« oblige à rendre la nécessité our e bénéficiaire undond affirmeron
prestige
u de mainteniron
rang
dans a hiérarchieociale
suffit
expliquer
a récurrenceu contre-donans
qu il
soit
besoin
de
pos-
tuler ne
«
obligation
42.
Certains
ntd autre
art
ait
emarquerue
le
eu
du don et du contre-don inscrit
oujours
ans un ensemble
omplexe
e
relationsocialeset
qu il
fait
ntervenir,
u moins ans es sociétés
u avait
étudiéesM.
Mauss,
non
pas
deux,
mais trois
partenaires43.
e tout
eci,
retenons
ue
généralement,
ans es sociétés ans
État,
a
pratique
u don
ne se limite
as
à une
réciprocitéimple,
t
qu il importe
e la
rapporter
aux structurest aux
relations onstitutivese la société.Dans l Occident
médiéval,
e don
«
pour
e salutde l âme
»
constitua élément ssentiel e
processus échanges ui impliquèrent
out la fois es communautéscclé-
siastiques,es donateurs,es défuntst souventmême es pauvres44.
39.
L hypothèse
eraitvidemmentvérifieremanière
ystématique.
40.Cartulairee
abbaye
e
érinsE.DeFlammare
d., ice, 885,
°
65,
.
1 -215.
e
doisa
connaissance
e
et cte
Laurent
ipart.
41.M.
Mauss,
Essai ure
don. ormet aisone
échange
anses ociétés
rchaïques
[1923-1924],
ans
ociologie
t
nthropologie
réédit.,
aris,
950. esnotions
e
«don»
tde
«
contre-don
ontté
doptées
ar
ifférentsistoriens
qui
n ontu estees
sages
ssez
ivers)
voir
ar xemple
.-G.
exle,
Memoriand
Memorialüberlieferung...
,
loc.
it.,
.
7-95
P.J.
eary,
Échanges
t elationsntrees ivantst esmortsans
a ociétéu aut
oyenge
,
Droitt ultures
12, 986,
.
-4.
42.A.
Testart,
esdons
tdes ieux.
nthropologie
eligieuse
t
ociologieomparative,
Paris,993,
n
art..
6.
43.M. ahlins,ge e ierre,ge abondance.économiees ociétésrimitives1972],trad.r. aris,976,n art.h.V «L espritu on).
44.
Au
oncept
e
don
,
certains
nthropologues
emblent
référer
elui «
changes
autant
ue
œuvreeKarl
olanyi,
lfautci iter
important
ravaileC.
Barraud,
.de
Coppet,
A. teanutR.
Jamous,
Des elations
t esmorts.
uatre
ociétésuesous
angle
es
changes
,
dans .-Cl.aley
d.,
ifférences,
aleurs,
iérarchie.
extes
fferts
Louis
umont,
aris,984,
p.
21-520.est outefois
partir
es tudese
K.
Polanyiue
eshistoriense ont
nterrogés
ur
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 82/164
76
M.
LAUWERS
En donnant ux maisons eligieuses nepart e leurspossessions,es
seigneurs
t es
puissants
ssuraienteur alut t celui de leur
parenté
grâce
à l interventiones moines
t des
clercs,
eursbiens
«
terrestresse
trans-
formaient
n biens célestes
,
selon
expression
tilisée
ansde nombreux
actesde donation.Mais la
pratique
u
don eur
permit
urtout affirmert
de
perpétuer
n statut
exception
en
faisant ntretenir
a mémoire e leurs
«
ancêtres et en
s y
associant,
es donateurs
appelaientue
ceux-ci eur
avaient
égué
e
pouvoir u ils
exerçaient.
ls n avaient
uère
autremanière
de
légitimer
eur autorité
transmisu sein de familles
ristocratiques,
e
pouvoir eigneurialupposait ue
fût
ntretenue
a mémoire es
«
ancêtres
.
Quant
ux communautés
cclésiastiques,
lles tirèrente la
pratique
u don
unprofit abordmatériel en s affirmantomme es seuls ntermédiaires
autorisés ntre es vivants t
les
morts,
es seules nstitutions
usceptibles
de transformere matériel n
spirituel,
t
le
spirituel
n
idéologie,
lles
se
virent
galement
econnaîtrenrôle ssentiel
ans a
reproduction
e l ordre
social.
Ainsi es
pratiques
unérairest commémoratives
e trouvaient-elles
étroitementiées aux
structuresautorité.
Une
partie
es dons
légués
aux institutions
eligieuses
taitdestinée
aux
pauvres.
Un
rapport
troit iait es
donateurs écédés et les
pauvres
bénéficiante leur
argesse, ui
devenaienteurs
eprésentants
u leurs ubs-
tituts.
ertains
ondateurséclamaient
ailleurs
u après
eur
écès,
un
pau-
vre soit
perpétuellement
ourri
t vêtu n leurnom.Comme
es liensunis-
sant es donateurs leurs ancêtres, la chariténvers es pauvres assait
par
intermédiaire
es établissements
eligieux, ui
entretenaientt nour-
rissaient
uotidiennement
es démunis.
n
raison
de
l analogiequi
existait
entre es
pauvres
t les
religieux,
onsidérés
ymboliquement
ommedes
pauvres
les
charteses nomment
pauvres
moines
,
«
pauvres
u
Christ
),
l aumône redoublait n
quelque
sorte es
liens
unissant
es communautés
ecclésiastiques
leurs
bienfaiteurs.
Mémoires ancestrales
Les patres les antecessoresu encore espredecessores voquésdansles actesde la
pratique
e sont
amais
définisvec
précision,
icaractérisés
autrement.i le
père
t a
mère,
oire es
grands-parents
es donateursont
parfois
ommés,
es
«
ancêtres
sont
oujours
ollectifs
t
anonymes,
en-
voyant
l ensembledes
membres éfunts e la
parentèle.
Mais comme
l écritAnita
Guerreau-Jalabert,
l indétermination
implique
ullement
n
affaiblissement
e la référenceux
parents,
n
appauvrissement
e leur ôle
social
»45.Les
patres
t es antecessores
u
XIe
t du
xne
iècle
me
paraissent
les
oncepts
e
réciprocité
et «
change
: cf.es ontributionsassemblées
ans nnales.S.C.
29, 974,
.
1309-1380.
propos
u
Moyen
ge, eorgesuby y
emandait
éjà
«
Quels
rin-
cipes
ommandaiente
partage
ntrees
onsommateursEt
parmi
eux-ci
uellelace
ccupaient
lesmorts,ésidantansimmatérielt ependantouventortourmands» p.1367).ne remièreréponseces uestionse embletrea belle tudeeJ. hiffoleau,Pour ne conomiee
F
nstitutioncclésiale
la fin u
Moyenge»,
Mélanges
e École
rançaise
e
Rome-Moyen
Âge-Temps
odernest.
6, 984,
.
47-279,
t n
art..
67.
45.A.
Guerreau-Jalabert,
La
désignation
es elations
tdes
roupes
e
parenté
n atin
médiéval
,A.L.M.A.,
.
6-47,
988,
.
9.Et
par
illeurs,
l
n est
as
ertain
ue
anonymat
es
«
ancêtres
témoigne
e absence
e
profondeur
e amemoria.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 83/164
LE
«
SÉPULCRE
ES PÈRES ET LES
«
ANCÊTRES 77
avoirparticipé unsystème autorité ondé ur a coutume. ar endépit
de
l emprise
roissante e
l Église
sur es modèles ociaux et
malgré
es
références l ordre
ublic
t au droit omain
ui parsèment
es documents
écrits,
es sociétésdu
MoyenÂge
sont
ongtemps
emeurées es sociétés
coutumières
régies par
des
règles
de conduitenon
écrites,
ondées
ur
l usage.
La
référenceux
«
ancêtres
,
nécessairementollectifs t indiffé-
renciés,
constituaitne valeur
ui s imposait
tous.
La valorisation u
sepulcrum atrium
qu autorisaient
es
Ecritures,
ut donc à
l époque
sei-
gneuriale
n sens trèsdifférente celui
qu il
revêtait Rome.
L institution
cclésiale est
adaptée,
mais s est en même
emps
ffor-
cée de contrôlert d infléchires structurest es normes ociales.Telle fut
la version occidentaledu culte des ancêtres pour les évoquer, pour
s appuyer
ur
eux,
il futnécessaire en
passerpar
les institutionst les
rites
cclésiastiques.
r
a memoria
iturgique
ssurée
ar
es
clercs
ne
coïn-
cidait
que partiellement
vec la mémoire
raditionnelle,
nonyme
t
indif-
férenciée,
ui portait
a coutume. out
d abord,
dans les
nécrologes
es
communautés
cclésiastiques
t au cours es services
iturgiques,
es défunts
étaient
ommés,
tdonc ndividualisés. autre
part,
a vénération
ui
entou-
rait es saints t la manière
articulièrement
olennelle ont tait élébrée
la mémoire e certains
éfunts,
vêques,
abbés ou
seigneurs
obles
tels
Eilbert e Florennes t Raoul de
Crépy),
dont es
sépultures
t les
corps
faisaient
objet
de soins
particuliers,
avorisaient
émergence
e
figures
emblématiques. ependant,e caractèreoujours mplicite es notions e
patres
antecessores u
predecessores
avorisaes
compromis
ntre es dif-
férentes
onceptions
es
«
soinsdus
aux
morts et entre es deux
versants,
laïc et
ecclésiastique,
e la classe dominante.
Michel
Lauwers,
Université
e
Nice-Sophia-Antipolis,épartement
d Histoire, 8,
boulevard douard
Herriot,
P
209,
F-06204
Nice
Cédex 03
Le « sépulcredes pères» et les « ancêtres . Notes ur le cultedes
défunts
l âge seigneurial
Bien
que jugés
inutiles u
regard
e la
foi,
es rites unérairest la
sépulture
es défunts
urent
ris
n
charge ar
institution
cclésiale
et
insérés,
n
particulier
partir
e
l époque carolingienne,
ans un
vaste
omplexe
ituel
ondé ur a
«
mémoire . Aux XIe t XIIe
iècles,
la rencontrentre es idées attestées out la
fois dans
la
culture
antique
t dans a
Bible,
des
usagespropres
ux sociétés outumières
et des
pratiques
iées à l affirmationes
pouvoirs eigneuriaux
avo-
risa un véritable cultedes ancêtres
,
ainsi
que
la constitutione
sépulcres amiliaux.ndissociables e certaines ormes échanges,les rites unérairest commémoratifse l âge seigneurialémoignent
de
l existence une sorte e
«
pacte
social entre
es
deux
versants,
laïc et
ecclésiastique,
e la classe dominante.
Rituel
sépulcre
mémoire
pouvoir eigneurial
Cluny
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 84/164
78
M. LAUWERS
TheSepulchre ftheFathers nd theAncestors.Noteson theCult
of the Dead
in
the Feudal
Age
Although
udged
useless s
regards
aith,
uneral
ites nd
the
burials
of thedeceasedwere
part
f
theChurch ffice
nd became
ncorpo-
rated,
specially
ince the
Carolingian eriod,
n
an extensive
nd
complex
ritualfounded
n
«
memory
.
During
the eleventh nd
twelfthenturieshe
onverging
f deas asserted
oth n the ncient
culture nd in the
Bible,
uses
particular
o
customary
ocieties,
nd
practices
inked o the ssertion f feudal
owers ave
riseto a veri-
table
«
ancestors ult
,
as well as theconstitutionf familial
epul-
chres. ndissociable rom ome forms fexchange, uneral nd com-memorativeites f thefeudal
ge
are testimonieso the xistencef
a kind f social
«
covenant
between he wo sides
-
lay
and eccle-
siastical of the
ruling
lass.
Ritual
sepulchre
Memory
Feudal
powers
Cluny
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 85/164
Médiévales1, utomne996,p. 9-91
Dominique
IOGNA-PRAT
DES MORTS TRÈS
SPÉCIAUX AUX MORTS ORDINAIRES :
LA
PASTORALE
FUNÉRAIRE
CLUNISIENNE
(xr-xir siècles)*
Suivant a
répartition
onctionnellees tâches
odifiée
l'époque
caro-
lingienne,
l revient ux moinesde
prier
our
es hommes u siècle et
de
prendre
n
charge
a mémoire es défunts1.idèle à la traditione Benoît
d'Aniane,
Cluny
ntretient,
ès
sa
fondation
ar
e
duc Guillaume
'Aqui-
taine
910),
un
rapport rivilégié
vec es
morts
t
'Au-delà2.
ans
le cadre
de ce numéro e Médiévales onsacré la « mort es grands , je mepro-
pose
d'étudiere
système 'exploitation
e la mort ans e cadrede l'univers
seigneurial ue
constitue Ecclesia cluniacensis ux
xr-xne
iècles3.
*
Je iensremercier.Lauwers'avoir
ris
a
peine
erelirene
remière
ersione e
textetde 'avoirnrichiee es
emarquesritiques.
bréviations
tiliséesBHL
Bibliotheca
Hagiographica
atina.OC BullariumacrirdinisluniacensisP.Simon
d.,
yon,
680. LU
Recueiles hartese
'abbaye
e
Cluny,
.BernardtA.Bruel
d., vol., aris,
876-1903
(Collection
edocumentsnéditsur'histoiree
France)le
n°
e a
pièce
st ité vec envoiu
tomet a
page
ans'édition
u
Recueiltmentione a
date].
P
Pierree
Vénérable,
ontra
Petrobrusianosereticos,. earnsd., urnhout,968Corpushristianorumontinuatioediae-
valis
10).
M Pierree
Vénérable,
eMiraculisibriuoD.Bouthillier
d., urnhout,
988
(
Corpus
hristianorumontinuatio
ediaevalis,
3)
trad.,
.-P.
orrell,
.
Bouthillier,
aris/
Fribourg,
992
Pensée
ntique
t
médiévale).
p.
The etters
f
eterhe enerableG.Constable
éd.,
vol.,
ambridge
Mass.),
967
Harvard
istorical
tudies,
8).
L
Patrologia
atinaccur-
rante.-P. igne.T
Liberramitisevi
dilonis,
.
Dinter
d.,
iegburg,
980
Corpus
onsue-
tudinum
onasticarum,
0).
1.
Excellenteue avalièrees onctionsumonachismeanseHaut
oyenge
ans
tude
d'O.G.
Oexle,
Lesmoines
'Occidentt
a vie
olitique
t ocialeanse haut
oyen
ge
,
Revue
énédictine
1993,
.
55-272,
péc. .
67
q.pour
es
roblèmes
e
memoria.
2. On
emontera
efil e a
bibliographie
ur
luny
t esmortsabondante
epuis
'étudee
W.
Jorden,
as
cluniazensische
otengedächtniswesen
ornehmlich
nteren
rei rstenbten
Berno,
do nd
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Münsterische
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heologie,
5)
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grâce
J.
Wollasch,
Lesmoinest amémoireesmortsetD.
ogna-Prat,
Lesmortsans
la
comptabilité
élesteesClunisiense 'an
Mil»,
ans
eligion
t
ultureutoure 'anMil.
RoyaumeapétientLotharingie,. ogna-PrattJ.-Ch.icardd., aris,990. uguesapet987-1987.aFrancee 'anMil, ), espectivement. 7-54t 5-69.
3. Par
cclesialuniacensis
terme
u'il
onvient
'employer
e
préférence
celui '«ordre
de
Cluny,
vantes
nnées
200),
n ntenda
congrégationui
e
constitue,
partir
e 'abbatiat
ď Odilon
994-1049),
ousa forme'un
orps
rticulantne ête
le
monasterium
apitaleCluny
même)
t es
membres.
oir .
Poeck,
ie
Klösterer luniacensis
cclesia,
abilitationsschrift,
2
vol.
act.,
ünster.
W.,
987.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 86/164
80
D. IOGNA-PRAT
Le
système
clunisien
d'exploitation
seigneurialede la mort
Dans les
années
1030, Odilon,
cinquième
abbé du monastère
(994-1049),
nstaure
a fête e tous es
défunts,
e
2
novembre,
u lendemain
de la Toussaint4. e décret oncerne
luny
t
es établissements
épendants.
Mais le
préambule
u texte
aitmention e 1'«
Eglise
universelle
. De
fait,
la constitutionOdilon
st,
partir
es
années
1050,
progressivement
dop-
tée
par
'ensemble e la Chrétientéatine. e trait
'universalismelunisien
vaut
plus
tard Odilon
a
paternité,
ssez
douteuse,
e l'instauration'une
commémoraison
ebdomadairees morts e lundi5.
L'institutione la fête es
morts 'est
qu'une
mesure
ntégrée
ansun
vaste nsemble églementairerganisanta vie duconvent,odifiée ans e
Libertramitisevi Odilonis
deuxièmes outumes
u
monastère,
ui
consa-
crent ne
place importante
u service es défunts6.
'y
trouvent inutieu-
sement
omptabilisés
es services ssurés
prières,
messes,
nscription
u
nécrologe,
ntretiene
pauvres)
t
définises différentsercles e
l'horizon
mémorial e la communauté
profès
«
frères d'autresétablissements
monastiques
tcanoniauxiés à
Cluny ar
une
ssociation e
prières parents
des
profès
lunisiens mémoires
articulières
e bienfaiteursu de
grands,
laïcs et
ecclésiastiques,
ntrés ans la fraternitélunisienne
ensemble e
la
chrétienté).
ugues
de Semur
1049-1
09)
poursuit
a
politique
unéraire
de son
prédécesseur.
l instaure e nouvelles ommémoraisons
ollectives
des défunts ans le calendrierlunisien7,uvre argementa societas et
fraternitas
u
monastèret
multiplie
es
prises
n
charge
e mémoires
ndi-
viduelles
n faveur e
grands,
ienfaiteursu monastère.
Tout
au
long
du
XIe
iècle,
Cluny
devient insi un
espace
funérairee
premièremportance.
luny
I,
le monastère
Odilon,
omporte
eux ime-
tières,
n
pour
es
frèrest un autre
our
es laïcs8.
Au-delà,
'étend a zone
à
l'intérieur
e
laquelle
es Clunisiens
rennent
n
charge
es
dépouilles
e
laïcs
bienfaiteursccueillis
u cimetière9.
n
ne
sait
pas
si cette
one,
aux
contours
mprécis,
orrespond
u
«
sacréban
»
instauré
n
1095
par
e
pape
4. LT
126,
.
186-187
t
138,
.
199.
5.
Epistola
urchardi,
.Mabillon
d.,
loge istorique
Odilon,
L
142,
ol. 78 -879
cetteettreigureansems aris,nFat. 296 ,f° 7°ajout'une aine afin ir-débutnrsiècle,lacé a uitee aVitaanciidilonis,HL 281).uraquestione a eriaecunda,oir
M.- .Polo
e
Beaulieu,
Recueils
exempla
éridionauxt ultees
mes u
urgatoire
,
dans
La
Papauté'Avignon
t e
Languedoc,
316-1342,
ahierse
Fanjeaux,
6, 991,
.
57-278.
6. On rouvera
ne rèventroductionu
problème
es outumeslunisiennesans
. ogna-
Prat,
Les outumest tatuts
lunisiensommeources
istoriques
,
Revue
abillon,.s.,,1992,
p.
3-48,
ue
omplète
t
orrigepour
es outumes
ontemporaines
e
'abbatiat
'Hugues
e
emur),
J.
Wollasch,
Zur
Verschriftlichung
er
lösterlichen
ebensgewohnheiten
nterbt
ugo
on
Cluny
,
Frühmittelalterliche
tudien,
7,
993,
.
17-349.
7. Bon ésumées
nitiatives
'Hugues
eSemur
nmatièreunéraire
ar
A.
Kohnle,
bt
Hugo
on
luny
1049-1109),
igmaringen,
993
Beihefte
er
rancia,
2),
.
6
q.
commémo-
raison
péciale
es éfunts
nterrésanse imetière
e
Cluny,
e undiuivant
a
fête
e aTrinité
commémoraison
énérale
es
rofès
lunisiens
e31
anvier.
8. Le imetièrees
aïcs
populare
imeterium)
stmentionné
ar
e
Liber
ramitis
142,
.
06
200,
.
80
206,
.
84).
ar
onjecture,
.J.
onant,
luny.
es
glises
t amaisonu
hef
'ordre,
Mâcon,968,I,pl. , ituee imetièreunord,ccolé 'égliseeClunyI.Ce imetièreisparaîtcurieusementes lansesrchéologuesvec lunyII adocumentationiplomatiqueousnseigne
pourtant
ue
'on ontinuait
inhumeres aïcs
Cluny
la
fin uXIeiècle.
9. CLU
25
I,
.
82-583),
ars43 ..et
bicumque
go
itam
iniero,orpus
eum
onachi
requirant,
t
n
odemluniense
onasterio
epulture
radantCLU 199
II,
.
81-282,
onservé
en
riginal),
vril66 ..et
ost
iscessum
eum,
d
amdictum
ocum
corpus
eum]
erveniate
CLU 471
II,
.
24-526),
cte efévrier79 ans
equel
e
donateur,obert,
ègle
a
sépulture
e
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 87/164
DES MORTS RÈS
SPÉCIAUX UXMORTSORDINAIRES 81
clunisien rbainI,quidélimitees frontièrese la seigneurielunisienne0.
Cet
espace
est
centré
ur es
reliques
de Pierre t de Paul
rapportées
e
Rome dans es
années980 n. Les laïcs demandant être nhumés
Cluny
recherchentonc a
compagnie
es
princes
es
apôtres,
ans
'espoir
d'en
faire,
ar
leurs
dons,
des
obligés,
bons avoués le
jour
du
Jugement12.
a
justice spirituelle
e Pierre aitde
Cluny
un
espace
de
réconciliation.
n
1024,
e
pape
Jean
XIX définitinsi e
monastère
ans e
second
privilège
d'exemption
élivré
Cluny
Que
le
justey
trouve
n
espace
et
qu'on
ne
repousse as
l'injuste ui
veut faire
pénitence.
ue
l'on
offre ux innocentsa charité 'une
mutuelleraternitétqu'onne refuseas 'espoir u salut ceux uiont
offensé.i celui
qui
est
frappé
'anathème
agne
e lieu
poury
trouver
sépulture,
recevoira
grâce
du
salut u
tout
utre
ien,
u'on
ne lui
refuse
as
le
pardon
t la miséricorde
ttendue,
u'on
l'accueille u
contrairevec bienveillancen lui
accordante réconforte soins alu-
taires.
l
est
uste,
n
effet,
ue
dans a maison e la bonté
domus
ie-
tatis
,
au
uste
on offre'amour 'une sainte raternitét au
pécheur
n
quête
de
pardon
n ne refuse
as
le médicamente
l'indulgence
t du
salut.
3
La
domus
ietatis
antichambree l'Au-delà offerteux
pécheurs
n
quête
de
réconciliation,
st alors
limitée
Cluny
même.
Mais,
en
1097,
Urbain I, reprenante passagede la bullede JeanXIX, en étend 'appli-
cation l'ensemble e
Y
Ecclesia cluniacensis 4. e
singulare
monasterium
devient insi un immense sile
ecclésiastique.
Les morts
eprésentent
a
pompe
de l'économie
seigneuriale
luni-
sienne
presqu'
xclusivementasée sur e don. Dietrich oeck a suivi e
mouvementes donations aites
Cluny
depuis
a fondation
usqu'à
la fin
de l'abbatiat
'Hugues
de
Semur,
n
1109
. Le cartulaire e Maieul
abbé
sa
femme,
alburge,
..ut
redictam
onjugem
eam
epeliant,
imorta
uerit
ivenCastello
ovo,
siven
alioco
roximo
x
uo
ossibilitas
itmonachisllam luniacoonducereCLU
938
IV,
p.
139-140,
onservén
original),
.
1040. e Liberramitis
203,
.
82)
écrita cérémoniee
transfertu
orps
'un éfunt
aïc
usqu'au
imetièreumonastère.
'histoire
e a
pratique
e
l'enlèvementesorpsestinésux imetièresonastiquesestencoreécrireon rouverauelquesindicationsomplémentairesans .Treffort,enèseu imetièrehrétien.tudeur ccompa-
gnement
u
mourant,
es
unérailles,
acommémorationes
éfunts
t es ieux'inhumation
l'épo-
que arolingienne
Entreoiret
Rhin,
ilieu
ur
début
r
iècle),
hèsee
doctorat,
vol.
act.,
Université
umière-Lyon
I,1994,
ol.
,
p.
75
q.
10.
BOC,
.
5.
1
Selone
témoignage
araitivre
ar
a
ettre
Hugues
e
uournay
Fons
e
Melgueil,
H.E.J.
owdrey
d.,
Two
tudiesnCluniac
istory
049-1126»,
tudi
regoriani,
1, 978,
p.
13-298
ici
.
116-117).
12.Par
xemple,
LU 999
III,
.
12),
cte
assé
ntre93 t1048
..facientes
ostrios
debitores
uos
eraciter
ovimust n
resentiarum
aluti
orporum
onsulere,
t n
uturoudices
fore
nimarumon
mbigimus
CLU 831
IV,
.
4-35),
.1021CLU 350
IV,
.
46-447),
v.1055CLU 404
IV,
.
07-510),
oût 065.
13.H.
Zimmermann,
apsturkunden
96-1046,
I,
Wien,984,
°
58,
.
1053-1054Obtineat
in o ocum
ustus,
ec
epellaturoenitere
olens
niquus.
rebeaturnnocentibus
aritas
utue
fraternitatisec egeturffensispesalutistndulgentiaietatis.t i liquisuiuscunquebligātusanathemateundemocumxpetieritivero orporisepulturaeu lteriusue tilitatist alutis
pro
ratia,
inimeveniat blata isericordia
xcludatur,
ed leomedicamentialutaris
ovendus
benigniterolligatur.
uia
t ustumic
st,
t n omo
ietatis
t usto
rebeatur
ilectioanctae
fraternitatis
t dveniam
onfugientieccatori
on
egetur
edicamentum
ndulgentie
t alutis.
14.
BOC,
.
0-31.
15.u.
rOECK,
Laienbegrabnisse
n
luny
,
ruhmittelalterliche
tudien,5, 9öl,
.
o-l 9.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 88/164
82
D. IOGNA-PRAT
entre 54 et 994) enregistre37 donations, ont72 ad sepulturamsous
l'abbatiat
'Odilon,
e mouvement
'amplifie
1018
actes,
704
donations
dont
124
ad
sepulturampuis
es chiffreshutent
ous 'abbatiat
'Hugues
de Semur 898
actes,
654
donations ont73 ad
sepulturam.
es
données
font
lairement
pparaître
a croissance u
flux es
donations,
pécialement
ad
sepulturam
sous l'abbatiat
'Odilon,
promoteur
'une active
politique
funéraire.a chutenotéedans
e cartulaire
'Hugues
de Semur
orrespond
en
bonne
partie
une réorientationes flux.
Le
tropisme
xercé
par
le
cimetière es laïcs
du
monastère
agne
es membres e
Y
Ecclesia clunia-
censis en
1097,
quand
e
pape
Urbain
I reconnaît ux frères
es
dépen-
dances clunisiennese droit 'inhumer16.
es
nécrologes
e ces établisse-
mentsnregistrentlors, armiesfamiliers,es nomsdes aristocratesona-
teurs t es actes
recopiés
ans es cartulaireses
dispositionsieuses ui
ne
peuvent
manquer
e leur
gagner
ne
place
dans 'Au-delà.Dès les années
1060-1080,
es tâchesfunérairese
révèlent tre insi un
puissant
acteur
d'intégration
es
abbayes
t
prieurés
elevant
e
Cluny
dans eur nviron-
nement
égional
t un terme ssentiel ans
les
échanges
vec la
petite
t
moyenne
ristocratie.
Les
échanges
n contexte unéraireont
ouvent
résentés
ous a forme
du don et du contre-don.ette
notion,
mpruntée
Marcel
Mauss,
semble
répondre
la
parole
de Luc
(6,38)
répétée
l'envi dans es actes Date et
dabitur obis
. Les moines
eçoivent
insides offrandese la
part
e fidèles
préoccupés es finsdernièresuxquels ls assurent n retour es services
spirituelsprières,
messes,
nhumationsu
cimetière,
nscriptions
u nécro-
loge...).
Ce cadre
d'analyse
st à la fois
trop
estreintt
trop
tatique our
être satisfaisant.
l
présente
'inconvénient e
retenir eux acteursde
l'échange
les
fidèles
t les
moines)
t d'en exclure
n
troisième
les
pau-
vres).
De
surcroît,
e modèle
du don et du contre-don e
permet as
de
rendre
ompte
e la
«
transformationdes
biens
qui s'opère
dans a tran-
saction
visée funéraire.e vocabulaire
mployé
ans es actes mutatio
commutatio,
ransmutatio)
une coloration
ettement
ucharistique.
es
moines-prêtres,uxquels
sont
délégués
es
biens,
ne sont
pas simplement
des intermédiaires
ndispensables,
ais aussi et surtout
es transformateurs
efficaces ans e sacrifice e l'autel.
l ne
s'agitpas
tant,
n
effet,
e donner
pour ecevoirued'offrirn vue d'une transformationespersonnest des
biens en
quelque
chose de mieux
(in
melius
ransmutare)™
Dans le
cas
16.Bulle u
17
vril
097,
ans
OC,
.
8. ur e
point,
oir .
Kohnle,
bt
ugo
on
Clunyop.
it. .
),
p.
4 t
01-302.
17.
M.
Mauss,
ssai uredondans
ociologie
t
Anthropologie,
aris,
e
d.,
968,
.
143
sq.
Avant .
Mauss,
. chreiber
parlé
es edevances
cclésiastiques
édiévalesn ermee
«
Gabe/Gegengabe
,
«
Leistung/Gegenleistung
,
censées
orrespondre
des
rincipes
u roit
er-
manique
G.
chreiber,
Kirchliches
bgabenwesen
loc.
it.
.
0),
.
65
lanotione Gabe/
Gegengabe
a été tiliséeans
edomainelunisien
ar
W.
Jorden,
as
luniazensische
otenge-
dächtniswesen
op.
it.,
.
),
p.
4
sq.
Sur 'utilisation
u
concept
e don/contre-donans
a
médiévistique,
oir.
Grierson,
Commerce
n he ark
ges
A
Critique
f he
vidence
,
Tran-
sactionsf he oyalistoricalociety,e érie,,1959,.123-140,.Duby,uerrierst aysans,vir-xiriècles.remierssore 'économieuropéenne,aris,973,. 0 q. tO.G. exle,Memo-
riaund
Memorialüberlieferung
m
rüheren
ittelalter
,
Frühmittelalterliche
tudien,0, 976,
p.
0-95.
18.Pour
eprendre,
elle
uelle,'expression
'un cte
onservén
riginal
CLU 301
IV,
p.
96-397),
assé
ous'abbatiat
'Hugues
e emur
1049-109)
bon
xemple
e commutation
personnelle
tmatérielleans n
cte e
1081,
LU 585
IV,
.
32-734,
ci
p.
32)
...dono
t
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 89/164
DES MORTS
RÈSSPÉCIAUX UXMORTSORDINAIRES 83
de l'offrande espersonnesoblation 'enfants tconversion)e processus
de
transformation
ar régénération
st
simple
saisir.Cela
revient,
omme
disait
'apôtre
Paul
(II
Cor
5,17),
à
passer
avec le Christ
de l'homme
ancien l'hommenouveau .
Plus
complexe
st a
question
e la transfor-
mation es biens.
Cédés
à
Cluny
t
devenanta
propriété
acréede
Pierre,
ceux-ci
hangent
e nature.
a
delegado
ad altare
«
convertit
,
en
effet,
les biens
temporels
temporalia)
n biens
spirituels
spiritualia).
La mort au monastère comme
«
marqueur
social
»
Parunparadoxe uin'est u'apparent,es transactionsunérairesepré-
sentent ne modalité
rivilégiée
'affirmatione l'identitéci-bas.Aux
XIe-
xiie
iècles,
es
pouvoirs eigneuriaux
'enracinent
ans une terre
t,
ce fai-
sant,
e définissentes
«
topo-lignées
19
;
dans ce
contexte,
e monastère
représente
n entre-deuxù les laïcs en
quête
de
miséricorde
écapitulent
leurs lliances
t leursrelations e
parentés,
harnelle
t
spirituelle20.
es
actesdu chartrier
e
Cluny
ontentinsi
parfragments
es
gestes
amiliales
couvrant ouvent
lusieurs
énérations,
u
fil d'allers et retours es biens
qui peuvent
tre etenus n
usufruit,
econcédés n
précaire
u
donateur
u
à ses
héritiers,
rrachés
ar
un
parent
ndélicat, edonnés,
econfirmés...21
Acte
par
acte,
es cartulaires
e
Cluny
ervent e mémorial ù nombre
e
familles,urtoutristocratiquestprincières,oient nregistrée'histoire e
leurs
biens,
de leurs titres
t des
gestes
de dévotion onstitutifs
e leur
identité22.renons n
exemple armi
mille
possibles.
Vers
1082,
Geoffroy,
comte u
Perche,
t son
épouse
Béatrice oncèdente monastèreaint-Denis
de
Nogent-le-RotrouCluny.
eux actes ntérieurs
nregistrant
a fondation
de l'établissement
ar
e
grand-père
omonyme
e
Geoffroy,uis
a confir-
mation e cette ondation
ar
Rotrou,
ilsdu
premier eoffroy
t
père
du
second,
ont
ntégrés
ans
e cartulairee
Cluny.
et
ensemble
e trois ctes
permet
e retracer'histoire e
la famille omtale u Perche ur rois
éné-
rations,
ixée u momentdéal du sacrifice es
biens
par equel
es
puissants,
faisant eur
a
parole
de
l'apôtre
Paul
(I
Cor
6,10),
acceptent
e
«
ne rien
avoirpour out osséder .A une
époque
(les
xie-xir
iècles)
où l'ordre,
uel qu'il
soit
sacré,
commuto
ive
ransfundo
emet
psum
um
mnibusebust
ossessionibus
t niversis
ue
abere
possum...
19.
L'expression
st 'A.
Guerreau-Jalabert,
El
ystema
e
parentesco
edievalsus or-
mas
real/spiritual)
u
dependencia
on
especto
la
organización
el
spacio
,
dans elaciones
de
poder,
e
producción
parentesco
n a EdadMedia Moderna
R.Pastor
d.,
Madrid,990,
p.
5-105.
20.Par
xemple
LU 694
II,
.
18-719),
cte e
uillet
84
ui nregistre
adonation
'une
vignero
emedionimaee a
part
'un ertainende
enus,
our
ui-même,
on
ère,
a
mère,
on
oncle
omonyme
t a
femme,dila,
e
ui
ltienta
vigne
t
ui
ontes
arrain
tmarraine
eo
quod
e
acris
ontibus
e
usceperunt).
21.Sur a société
ui
'instaure
ntreesClunisienst es voisinse aint
ierre»,
oir
B.H. osenwein,o eNeighborf ainteter.heocial eaningf luny'Property09-1049Ithaca,989.
22.Sur a définition'une onscience
ristocratique
t
princière
anses ctes
lunisiens,
attentifs
enregistrer
es itrest définires
ouvoirs,
lrestemenerne tudeu
ype
e
elle
de
W.
Goez,
Mathildaei
gratia
i
quid
st. ie
Urkunden-Unterfertigung
er
urgherrin
on
Canossa
,
Deutschesrchiv
47, 991,
.
79-394.
23.CLU 858
IV,
.
7,
mention),
.
1031CLU 517
IV,
.
33-638)
CLU 563
IV,
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 90/164
84
D. IOGNA-PRAT
princier,eigneurial),e spatialise,'entrée ans a sociétémonastique des
fins unérairesevient
gagner
n
«
espace
"hors
space"
»24
poury
nscrire
puissamment
es
signes
de son identité. e monastère
eprésenteymboli-
quement
'Au-delà.Comme
e disent ertains
ctes,
'est un
parvulum
abi-
taculum
ro
remedio nimae
le
locusfutur e
l'âme,
'endroit ù se confon-
dent e
présent
es
espérances
t le futur e
leur
ccomplissement25.
ais
on aurait ort e
penser ue
cette
nticipation
e
marque ar
une dissolution
des
signes 'appartenance.
ien au
contraire.
ouis Dumont
t
ses
disciples
ontmontré
ue,
dans es sociétésholistes
et
la société éodale n est
une),
le
rapport
ntre ivants
t morts 'est
«
pas
faitd'interactionntre eux
entités u unitésdifférentes
,
mais
«
est la manifestation
rimordiale
e
l'ordreglobalde la société et implicitemente l'univers»26. ans cette
perceptionlobale
de 1'« ordre
,
on
comprend
u'il
estessentiel e
rappeler
qui
l'on est au moment e mourir. es actes
passés
à
fin
de mort e man-
quent
onc
pas d'enregistrer
e titre u donateurce sont 'ailleurs e
pareils
textes
ui
ont
permis
GeorgesDuby
de faire 'histoire u titremilesdans
le Mâconnais2
Ces
actes assurent ne mémoire un défunt
ui
conserve
toute on
«
épaisseur
ociale
»
passée.
Les
pièces enregistrées
ans es car-
tulaires u monastèrentune doublefonction e
marqueur
'identité t de
fixationmémoriale. e ce dernier
oint
de
vue,
l convient e noter
ue
cartulairet
nécrologe
e
répondent
t
que
les
gestespieuxreprésentent
e
premier emps
de la
liturgie
unéraire28.l n'est ainsi
pas
rarede voir es
donateurs emander être raités avec honneur29.Pour es laïcsquimeu-
rent ommemoines d succurrendum
il
peut
s'agir
du
«
train e mort
sollicité,
elui d'un frère oired'un abbé . Plus
généralement,
a mention
p.
98-702).
acitationePaul e rouveans
e
préambule
ommunux
rois
ctes.
ur
'entréee
Saint-Denise
Nogent-le-Rotrou
ans cclesia
luniacensis,
oir .
Kohnle,
bt
ugo
on
luny
(op.
it.
.
),
p.
184 t 15.
24.J
mprunte
ette
xpression
A.
Guerreau,
Quelques
aracteres
pécifiques
e
space
féodal
uropéen»,
ans 'Étatu e roi. es
ondations
e a modernité
onarchique
nFrance
(xiv-xviriècles),
.
Bulst,
.
Descimon,
.
Guerreau
d., aris,996,
.
5-101
ici
.
6
q).
25.CLU 3508
IV,
p.
25-626)
diplôme'Alphonse
I de Castille-León
22-5-1077),
conservén
riginal.
LU
746,
.1100
V,
p.
100-101),
galement
onservén
riginal.
et cte
offre'intéressantesariations
uretermeocusoù emonastère
locus
luniacensis)
econfond
avec'Au-delà
ocus)
Nam
rocul
ubioonstat
uia
ost
mortem
orporis
ullusocus enieni-
mabusonceditur,isillisuin oc eculoositilemosinist eterisisericordieperibusnsudareconantur...] ntemortemeamuendamansumro emedionimaeee t ro orporismei]
sepultura
oco
luniacensi
radidi,
ta t
bsquealumpnia
el
nquietudine
ujuslibet
ersoneost
mortemeam
refatus
ocusn
erpetuum
abeat.
26.C.
Barraud,
.de
Coppet,
.
teanu,
.
Jamous,
Desrelationstdesmorts.
uatre
sociétésuesous
'angle
es
changes
,
dans
ifférences,
aleurs,
iérdrchies.extes
fferts
Louis
DumontJ.-C. alley
d., aris,984,
.
21-520
ici
.
10).
27.
G.
Duby,
a
ociété
ux r-xirièclesansa
région
âconnaise,aris,
e
d.,
971.
28.Par
xemple,
LU 765
V,
.
1 8-1
9),
.1 00
Ego
Grimaldus
iles
signum]queratur
hoc
ignum
n
memorialebi
aniturotidie issa atutinalisum omine
jus),
ono...
29.CLU 316
IV,
.
10),
.
1050,
onservén
riginal
...eo enoret
onvenientia,
t i
quis
xnobisribus
bierit,
i
uerit
ui
luniaco
os
éférât,
enioresoci os
onorificeepeliant,
etDominum
eprecenturro
nimabusostris.
30.CLU 806
V,
.
153-155),
.
1100
..eti n
aycali
ita
biret,
elatusluniaco
ono-
rabiliter
epeliretur,
t
ebitum
issarum,
t
rationum,
t
lemosinarum,
icut
ro
nomonachota
et roo bomnibusersolvereturCLU 279V, . 44-647,ci . 46), 80-181Missamtiamunamotidianam,ro psot ntecessoribusiusiveuccessoribusiconcesserunt,t n ineuo
tantum
ro
o
ìet,
uantum
olet
ieriro
omnobbateluniacensi.
oir .
chreiber,
Kirchli-
ches
bgabenwesen
n ranzösischen
igenkirchen
usAnlasson rdalien
,
Zeitschrift
er avi-
gny-Stiftungür echtsgeschichte,
anonistische
bteilung,
6,1915,
.
14-483,
ci
p.
42,
.
(repris
ans
emeinschaften
esMittelalters.echtnd
erfassung.
ult nd
römmigkeit,
ünster
i.
W.,
948
Gesammelte
bhandlungen,
],
p.
151-212).
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 91/164
DES MORTS
RÈSSPÉCIAUX UXMORTS
ORDINAIRES 85
« avechonneur fait llusion ux soinsparticuliersntourantne mémoire
peu
ordinaire.
insiPierre e Vénérable
it-il
rendre
nvers n
«
grand
mi
et bienfaiteur
,
le
comtede
Vermandois,
aoul de
Péronne,
eveudu
roi
Philippe
er,
n
engagement
mémorial
xceptionnel
...quo
raro cuilibet
conceditur)31
Du commun
l'exceptionnel,
a
liturgie
lunisienne
ffreux
laïcs deux
types
e traitement
ropres
refléteres nuances
e
l'inscription
sociale.
Au
chapitre
u transfert
es
corps
vers e cimetière
u
monastère,
le Libertramitisevi Odilonis
révoit
n rituel tandard
our
tout aïc
»
;
mais
e cas des mediocres st
aissé à
l'appréciation
u
prieur,
e
qui
veut
dire
que
sous la
première
mention
aliquis
laicus)
se cache en faittout
bienfaiteure
quelque
importance32.
e
chapitre
ontenant n modèle
de
nécrologe istinguees différentsypesd'inscriptionsprofèsmonachus
nostrae
ongre ationis)
t
«
amis
»
laïcs
porteurs
e leurs itres
roi,
duc,
comte)33.
u sommet es
mémoires
aïques,
rône a
figure
e
1'«
auguste
empereur
enri
I,
«
ami très her
de notre ociété t fraternité34.Sur
ce
modèle,
Hugues
de Semur
rend
'initiative 'honorer
'empereur
enri
II,
les roisde Castille-León
erdinandt
Alphonse
I,
tributairesu
monastère,
ainsi
que
les
épouses
d'Henri
II
et
d'Alphonse
VI,
l'impératrice
gnès
et
la reine
Constance,
lacées
dans
'illustre
illage
de
l'impératrice
délaïde,
grande
ienfaitriceu
Cluny
de
l'an Mil35.
Pierre le Vénérable et le rappel des solidarités constitutives e la
société chrétienne
Dans son De Miraculis
Pierre e Vénérable
appelle,
ien des années
plus
tard,
e
«
zèle
»
d'Alphonse
VI
qui
«
lui
acquit,
près
son
royaume
temporel,
n autre
oyaume
éternel n
peut
e croire
3
. L'abbé de
Cluny
insiste 'autant
lus
surcet
exemple
ameux
u'à
son
époque
1122-1156)
le
système
lunisien
'exploitation
eigneuriale
e la mort st en crise.Si
les défuntsssurent
es
revenus,
ls
représentent
n retour ne ourde
harge.
Joachim
Wollasch calculé
qu'au
débutdu
xir
siècle
e convent e
Cluny
comptait
ntre
00
et 400
moines,
mais
que
10 000
prébendes
taient is-
tribuées 10 000 pauvres, ubstitutses défunts37.a charge std'autant
31.CLU 070
V,
.
21-422),
.1140.
32.
LT
06,
.
84-285.
33.
LT
08,
.
86 sur emodèle
nscription
u
necrologe,
oir .
Wollasch,
Zur atie-
rung
es iberramitisus arfa
nhandon ersonennd
ersonengruppen
,
dans erson
nd
Gemeinschaft
m
Mittelalter.arl chmid
um
ünfundsechzigsten
eburstag
G.
Althoff,
.Geue-
nich,
.G.Oexle
d., iemaringen,988,.
37-255.
34.
LT
07, .
85.
35.
Bernard,
rdo
luniacensis
M.Hergott
d., aris,726,
, 1,
.
46 e tatutn aveur
d'Alphonse
I
a été dité
ar
.E.J.
owdrey,
Two tudies»
loc.
it.
.
1),
.
159-160;
ur
l'engagementiturgique
es lunisiensnvers
es ouverains
astillo-léonais,
oir h. .
ishko,
Fer-
nando
and he
rigins
f he
eonese-Castilian
lliance
ith
luny
et
d.,
Liturgical
ntercession
at
Cluny
orhe
ing-Emperors
f eón
,
dans
panish
nd
ortuguese
onastic
istory
00-1200
London,984Variorumeprints),°II tn°VIII. ur afiguree 'impératricedélaïde,ntimedesbbés aieultOdilon,uteure on pitaphe,oir. ogna-Prat,gnimmaculati.echerches
sur
es
ources
agiographiques
elatives
saint aieule
Cluny
954-994),
aris,
988,
.
68
q.
et
.
Corbet,
es aintsttoniens.ainteté
ynastique,
ainteté
oyale
t
ainteté
éminine
utoure
l'anMil
Sigmaringen,
986
Beihefte
er
rancia,
5),
.
9
q.
36.
DM
,28,
.
2
trad.
.
184].
37.J.
Wollasch,
Lesmoinest amémoire
esmorts
(loc.
it.
.
),
p.
2.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 92/164
86 D.
IOGNA-PRAT
plus lourdeque, dès les années1120-1130, e marché grégorien»des
restitutions
'églises
«
sature
38
t
que
les
flux
e donations e diversifient
avec
'apparition
e
fraternitésouvelles. ierre e Vénérable e
plaint,
ans
une
lettre u roi
Roger
de
Sicile,
de cette
désaffection,
lors
même
que
Cluny
st
exploité
omme e
«
trésor
ublic
de la
république
hrétienne39.
Pareille ésaffectionient
ourpartie
la remise n
cause,
au
tournant
des années
1100,
des idéaux à la base du
système
lunisien
'exploitation
seigneuriale
e la mort. 'est une
époque
de
polémique
utour es
spiri-
tualia revenus iés à la
gestion
u
spirituel40.
rmites t nouveaux
moines,
sous
prétexte
e ne
pas
«
voler es
prêtres
-
c'est-à-diree
clergé
éculier
-,
renoncent la
possession 'églises,
d'autels,
de droits
'inhumationu
dedîmes, ontraire la puretémonastique. ans ses Coutumesau chapitre
de la
pauvreté, uigues
er
e Chartreux
'oppose
à toute
astorale
unéraire.
Il refuse e
rentrerans e cerclevicieuxde l'économiedu don
quête
et
porte
porte
détournante
la
contemplation
il
convient,
xplique-t-il,
d'échapper
l'arbitraire
e
celui
qui
fournita
nourriture,
'est-à-dire ux
contraintese l'alliance41.
uant
u nécessaire evoir e miséricorde
nvers
les
pauvres,
n
peut
'en
acquitter
isément n redistribuantes
surplus
ans
les
villages
itués n dehors es
«
limites chartreuses.
À
court
erme,
ertains es nouveaux
urs
renoncent renoncer
ussi
systématiquement
ux
spiritualia
après
1150,
nhumations
t fondations
anniversairese sont insi
pas
raresdans les
établissementsisterciens42.
Pourtanta critique e l'économiemonastiqueudon,formuléel'occasion
de cette
olémique,
st suffisammentérieuse
our ue
Pierre
e Vénérable
s'efforce out la fois de défendre t
d'aménager
e modèle
clunisien.
l
revoit la baisse es
charges
u service
unéraire,
amenant
50
le
nombre
des
prébendes uotidiennes43,
t
réorganise,
vec un succès
mitigé,
'éco-
nomie
clunisienne,
tructurellement
épendante
es
dons,
en
stimulanta
production
omaniale44.
Sur e front es
déaux,
ierre
'emploie
e
façon
out
ussi déterminée
à
justifier
es solidarités
unéraires
onstitutivese la société hrétienne
l'âge
féodal.En
1152/1153,
l
intervient
uprès
du
pape Eugène
II
pour
aider e comte
Guy
de Domène
régler
es
problèmes
matrimoniaux.
'abbé
de
Cluny,
ncien
prieur
e
Domène,
présente
ette ffaire omme
propreetdomestique ; les bienfaits e Guyet de ses ancêtres nverse prieuré
tout la
foisétablissementlunisien t
nécropole
amiliale es Domène
en
font,
ux
yeux
de
Pierre,
es
«
nôtres
,
des
membres
e
la
familia*5.
38.
L'expression
st
e
D.
Barthélemy,
'ordre
eigneurial
r-xir
iècle
Paris,
990
Nou-
velle istoire
e
a
France
édiévale,
),p.
170.
39.
Ep.
31,,
p.
30-333
ici
.
32).
40.G.
Constable,
Monastic
ossession
f hurches
nd
spiritualia"
n he
ge
f eform
,
dansImonachesimoa
riforma
cclesiastica
1049-1122).
ttiella
uarta
ettimana
nternazionale
di
tudio,endola,
2-29
gosto
968
Milano,
971
Miscellanea
el entroiStudi
edioevali,
6),p.
04-331
ici .
26
q.).
41.
Guigues
er,
outumes
e
Chartreuse,aris,
984
Sources
hrétiennes,
13),
1,
.
47.
42.G.Constable,Monasticossessionfchurches»loc. it.n. 0),p. 30, . 54J. ubois,Les rdreseligieuxuxneiècle'aprèsa urieomaine,Revueénédictine78, 968,
p.
83-309
ici
.
84).
43.Statut
2,
G.Constable
d.,
975
Corpus
onsuetudinum
onasticarum,
),
p.
6-67.
44.G.
Duby,
Le
budget
e
Cluny
ntre
080t 55
,
dans ommest tructuresu
Moyen
Âge
Paris/La
aye,
973,
.
1-82
ici
.
3
q.).
45.
Ep.
89,,
.
38-439
ici
.
38)
Nosterst
more,
ostert
enere,
ostert
eneficio.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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DES MORTS RÈSSPÉCIAUX UXMORTSORDINAIRES
87
Pareille rise ncharge es affaires 'un aristocratellié de Cluny stpar-
faitementévélatrice e l'active
politique
'inclusion es laïcs au sein de
Y
Ecclesia
cluniacensis
dont
'expression
ittérairea
plus
achevée e trouve
dans e
De Miraculis. ette
œuvre entrale e Pierree Vénérable
eprésente,
dans a
production agiographique
lunisienne,
n tournantont es
impli-
cations
déologiques
ont
e
premièremportance.
e
De Miraculis
marque,
en
effet,
e
passage
de
morts
rès
péciaux
saints
bbés
ou membres e
Y
Ecclesia cluniacensis les moines
Gérard, enoît,
Alger
de
Liège,
Mat-
thieu
d'Albano)
à des morts
rdinaires,
es
laïcs,
dont 'histoire
unéraire,
jusque-là
contenue ans les notices
téréotypées
u
chartrier,
ournita
matière un nouveau
ype
e récits
xemplaires.
'initiative e Pierre oit
être ppréciée sa justemesure. 'intégratione petits écitsmettantn
scène des laïcs ne
répond
aucunenécessité littéraire
. Dans
les années
1137-1200,
es moinesde Marmoutier
omposent
insi une
collection e
Miracles
usage
strictement
nterne,
xcluant out
xemple
d'aristocrates
laïques46.
Pourquoi
ierre 'intéresse-t-ilant des morts rdinaires On
peuty
voir,
de
façongénérale,
a manifestation'une
logique
ecclésiale
typique-
ment lunisienne. e monachisme
raditionnel,
ont
Cluny
st sans aucun
doute e
paradigme, ense
a communauté
onastique
ommeune société
de
parfaits ui
offre ux hommes u siècle un
refuge.
Au coursdes
XIe
t
xiie
iècles,
'acception
e ce
refuge
st devenue elle
ue
Y
Ecclesia clunia-
censisenvient se confondre,ous la plumede Pierre e Vénérable,vecla «
république
e
l'Église
chrétienne . La communautéllie cénobitisme
et
pratique
ccasionnelle e l'érémitismeun réclusoire st offertux fem-
mes
Marcigny-sur-Loire)
et,
proximité
e ce
petit
ome,
volue out n
monde
'assistés
pauvres, énitents,èlerins
t,
plus
argement,
out idèle
et
son
ignage réoccupés
e
disposer
'une mémoirendividuellet fami-
liale.
L'intérêt e Pierre e Vénérable
pour
les défunts
aïques
est aussi
conjoncturel.
oine de choc sachant e
placer
ux
avant-postesour
défen-
dre
'Église
universelle e ses adversaires xtérieurs
juifs
t
Sarrasins)
t
la
purger
e ses
déviants,
'abbé de
Cluny compose,
dans les années
1
130-1
40,
un traité
ourrépondre
ux
erreurs
e Pierre e Bruis t de ses
disciples48.i l'on en croitPierre e Vénérable, otre eule source n la
matière,
es Pétrobrusienséfutaient
inq types
de médiations cclésiales
le
baptême
es
enfants,
ous
prétexte ue
c'est la foi
qui
sauve et
qu'un
jeune
enfant e saurait tre uffisammentonscient
our
croire les lieux
consacrés,
'Église
de Dieu ne consistant
as
en un
assemblage
e
pierres
mais en une réalité
lus spirituelle,
a communauté es fidèles la
Croix,
objet
détestable,
nstrumente torturetde souffranceu
Christ
le sacrifice
eucharistique
enfin,
a
liturgie
unéraireans onensemble
offrandes,
riè-
46.J.-Cl.chmitt,es evenants.esvivantst esmortsansa société édiévaleParis,1994BibliothèqueesHistoires),. 8-90.
47.
Ep.
31,1,
.
30-333
ici
;
32).
ura
onception
niverselle
ue
ierree ait
e
'Église
clunisienne,
oir .-P.
orrell,
L'Église
ans'œuvret a
vie ePierree Vénérable
,
Revue
Thomiste
77,
977,
.
57-392
t
58-591.
48.J.
earns,
Peteron
ruys
nd ie
eligiöseewegung
es 2.Jahrhunderts
,
Archiv
für
ulturgeschichte,
8, 966,
.
11-355.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 94/164
88
D.
IOGNA-PRAT
res,messes, umônes),e mort epouvant ien spérer 'autre ue ce qu'il
a obtenu ui-même e son vivant
Particulièrement
ouché
par
cette dernière
uestion, ui
trouble
es
«
fidèles
atholiques
eux-mêmes,
ierree Vénérable
ompose
ne
réponse
en deux volets.Dans le
Contra etrobrusianos
il
s'attache,
ur a base de
dossiers
cripturaires,atristiques
t
hagiographiques,
défendrea
quadru-
ple
utilité e la caritas vivants
our
es
vivants,
morts
our
es
morts,
vivants
our
es
morts t morts
our
es vivants50.e son
côté,
e De
Mira-
culis
offre
n réservoir e
«
miracles vidents
(aperta
miracula)
ontem-
porains ui
confirment
a doctrinemiseen forme ans e
Contra
etrobru-
sianos et la
prolongent
e considérations
e
premièremportance
ur es
implicationsociologiques e la pastorale unéraire.
L'Au-delà féodal st
conçu
à l'aune de la communion
es saints. a
topique
du don
pro
remedio nimae
enregistrée
ans es
cartulairesluni-
siens
xprime oujours
'acte volontaire 'un individu
éféré sa
parenté
t
aux
figures
lliéesdans
'espoir
d'une
ouissance
uturen
commune51.'est
pourquoi
a
pastorale
unéraire ise en forme
ar
Pierre e Vénérable st
ancrée ans e
rappel
nsistantu
«
devoir e
miséricorde
contraignant
e
fils à aider son
père
défunt
uquel
il
manque
ncore
beaucouppour
être
sauvé,
e frère se
préoccuper
e son
frère,
e
filleul,
e son
parrain
u de
sa
marraine,
e
serviteur,
e son
maître,
e
fidèle,
u
seigneur uquel
il
a
prêté ommage,
t inversement.
Au chapitre es solidarités es vivants our es morts,voquéesaucoursdela
cinquième roposition
u Contra etrobrusianosPierre ollicite
le
témoignage
'Ambroise e Milan52
le De Obitu Theodosii t le De
consolatione alentiniani
ui
permettent
e renouervec a traditionomaine
de
piété
familiale
nvers
es ancêtresmise
en
forme ans YÉnéide
(6,
883-885 s. et
9,
446
s.).
Fin
connaisseur es modalités e christianisation
de la
mort,
ierre e Vénérable
uit,
râce
u De
cura
gerenda
ro
mortuis
d'Augustin,
e
passage
de la
pietas
familiale omaine ux soinsde
l'Église,
métaphoriquement
ère,
nvers
es
fils,
qu'elle
«
enveloppe,
même sans
connaîtreeur
nom,
dans sa commémoraison
énérale
53.
Sur
ce fonds
atristique,
e Haut
Moyen
Age systématise
a notion e
parenté
e substitutionu
parenté pirituelle54.
ierre e Vénérable ttentif
à distingueres différentsorizons e la solidaritéunéraireffre,uchapitre
23
du
premier
ivre u De Miraculis un excellent
xemple
e
passage
d'une
parenté
l'autre. l
s'agit
de l'édifiante istoire 'un chevalier
éfunt
ui
apparaît
e
façon
nsistante un
prêtre,
énommé tienne.
Guy,
hevalier
49.Pierreait n ésumé'ensemblees rreurses étrobrusiensansa ettrentroductive
au raité
CP, -8,
.
-5.
50.
CP,
11-272,
.
126-161.
51.Par
xemple
LU
21
I,
p.
74-776),
ars52
don
ro
emedionimaeu
donateur,
de es
arents
t es
idèlesivantst
morts,
t uncîisn ommune
roficiat.
52.
CP, 50,
.
148-149.
53.Decura
V,
cité n
CP, 53,
.
150,
.18-21.
54.Sur esproblèmeseparentéuMoyenge,n ereporterauxmportantsravauxd'A.Guerreau-Jalabert,Sures tructureseparentéans'Europeédiévale,Annales.S.C.
36,
981,
.
1028-1049
Ead.,
La dénominationes elationstdes
roupes
e
parenté
n atin
médiéval
,
Archivůmatinitatisedii
Evi,
6-47,988,
.
5-108
Ead.,
La
parenté
ans
'Europe
médiévaletmoderne.
propos
'une
ynthèse
écente
, L'Homme,09, 989,
.
9-92
Ead.,
«
Les ormes
pirituelles
e a
parenté
ansa société édiévale
(à
paraître)
voirussii-dessus
n.
9.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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DES MORTS RÈSSPÉCIAUX UX
MORTSORDINAIRES
89
du châteaude Moras dans a Drôme, été blessé à mort ans un combat.
L'archevêque
de
Vienne,
on
homonyme uy
le
futur
ape
Callixte
I),
venurendre isite u
mourant,
'exhorte confesser es
péchés.
Le
prêtre
Étienne st
présent.
l est e recteur e
l'église
de
Manthes,
ont
elève
Guy
de
Moras,
t
qui
est
une
église
prieurale
ans a
uridiction
e
Cluny.Après
Guy,
la
charge
de l'âme du chevalier evient
onc,
par
l'intermédiaire
d'Etienne,
YEcclesia cluniacensis.Nous avons
là
un bon
exemple
de
l'implication
lunisienne ans e réseau
paroissial
t de la finalité
ratique
de la
pastorale
unéraire ise n forme ans e
De Miraculis. a confession
de
Guy
de Moras ne suffit
ourtant as,
et de
beaucoup.
l
apparaît
son
«
père spirituel (parrain
u
simplepasteur),
tienne,
t lui fait
part
des
cruels ourmentsont l souffreournepas avoir onfessé euxpéchés, e
viol d'un
cimetièret a
perception'injustes
axes.
Guy
demande Étienne
de se rendre
uprès
de son
«
frère harnel
, Anselme,
t de
l'implorer
n
son nom
de restituer sa
place
es
choses volées et d'indemniserous eux
auxquels
il a
pu
porter réjudice.
Mais
Anselme refuse
d'obtempérer.
L'argument u'il
met n avant
pour ustifier
on refus une curieuse olo-
ration
étrobrusienne
Que
m'importe
'âme
de mon rère Il a
oui
de ses
biens ussi
ongtemps
qu'il
a vécu.
Pourquoi
'a-t-il
as réparé
ui-mêmees
injusticesu'il
a
commises C'est son affairePour
moi,
e
ne veux
pas
faire
énitence
pour
es
péchés.55
Aussiest-ce inalemente
«
père pirituel
qui s'acquitte
u
nécessaire
devoir amilial e
miséricorde.
La
conception
u
«
devoir e miséricorde
,
chère
Pierre e
Vénéra-
ble,
est
particulièrement
ien llustréeu
chapitre
7 du
premier
ivre u De
Miraculis consacré
l'apparition
'un chevalier éfunt Humbert
II,
sire
de
Beaujeu.
Avec cet
épisode,
nous
sortons e la
familia
u sens strict u
terme,
'est-à-dire e la
parenté ar
e
sang.
Nous sortonsmême e la
parenté
spirituelle,
ncore
ue
les relations e fidélité
'y apparentent
ort omme
l'enseigne 'exemplaire
istoire u sirede
Beaujeu.
On
rentreci dans 'uni-
versde la
familia
eigneuriale,
mboîtemente trois ercles
parenté
har-
nelle,univers omestique56,éseaudes fidèles.
Humbertst e filsde Guichard
II,
grand
hâtelain
ui,
après
voir a
vie durant tissé à
grand
eine
riend'autre
ue
des
toiles
d'araignée
57,.
est venumourir
Cluny
ommemoine d
succurendum.
a suitede l'his-
toire
rouve u'il
lui
manque
ncore
beaucoup.
Mais son
fils
Humbert e
se
préoccupe uère
de ce
manque.
Combattant n
our
en Forez avec la
troupe
e ses
fidèles,
e sirede
Beaujeu
perd
un de ses
chevaliers,
eoffroy
d'Oingt.
Deux mois
plus
tard,
e
défunt
pparaît
un autre
hevalier,
ilon
d'Anse,
parceque
dans e siècle
«
il
lui était ié tant
ar
'amitié
ue par
a
fidélité 58.
Geoffroymplore
Milond'intervenir
uprès
Humbert
our
ui
rappeler
a dette son
égard
il
estmort
our
ui
et,
irconstance
ggravante,
55.DM
,
23,
.
1,
. 9-92
trad..
156-1571.
56.Commeemontre
'épisode
uivant
DM
,
28,
.
7-92)
ui
metn cènen
omestique,
Sanchee
Burgos,ui pparaît
sonmaître
our
ui éclameres
ages.
57.DM
,27,
.
3,
. 1-22.
58.
bid.,
.
4,
. 9-50.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 96/164
90
D.
IOGNA-PRAT
pourune causequi n'« étaitpas assez uste». Cette ngratitude« l'égard
de ses services
n'a,
poursuit-il,'égale que
l'absencede sollicitude 'Hum-
bert nvers
on
père
défunt.
verti,
umbert ontrei
peu d'empressement
que Geoffroy
ui
apparaît
irectement
ançant
e
«
débiteur
de
«
sa vie
sacrifiée 59.
Humbert
init
ar
s'exécuter
t
se
fait
emplier.
n
conclusion,
Pierre e Vénérable estine ette orte istoire ceux
qui,
hérétiques
u
dans
l'erreur,
mettentn cause l'utilité u secours ux défunts
preuve ue
le
propos
du De Miraculis st très xactemente même
que
celui du
Contra
Petrobrusianos.l s'en
prend
vec une
égale
vivacité
deux extrêmes la
«
pernicieuse
rreur des
hérétiques
t
1'«
apathie
de ceux
qui
remettent
leur salut entièrementans le
«
secours
dçs
autres 60. La vérité st
au
milieu il convient our oi-même e faire ujourd'huie « nécessaire et
de s'en remettreux autres
emain
our
e
«
suffisant.
La
lecture u De Miraculis ffre 'inestimablentérêt e se focaliser
sur es
«
autres
,
qui
demeurentndistinctsans e Contra etrobrusianos.
L'histoire
Humbert,
desseinofferte
n
exemple
ux
hérétiques
t aux
catholiques
ans le
doute,
donneune
réponse
d'ensemble.
Ces
«
autres
sont la fois es
fidèles,
es amis et es
parents.
l est nutile e revenir
ur
la
place
des
parents
t sur 'attachementu mos maiorum ans e lointain
prolongement
e la
pietas
romaine
il
convient n revanche e bien souli-
gner
'importance
u rôle ttribuéux fidèles n matière unéraire.
'histoire
ď Humberttteste
ue
dans une société
régulée
uivant a force
'engage-
ment éciproquees liensde fidélité,'Au-delàne saurait tre ntemps e
rupture
es solidaritésu un
espace
« désocialisé 61.Ce
petit
écit
montre,
au
contraire,
ommentel
point
e
doctrine,
mprunté
u vieuxfonds e la
réflexion es
Pères,
tructurees relations
les
liens de
fidélité)
erçues
priori
omme trictement
laïques
». La caritas st une vertu
eigneuriale.
La
remarque
uffira-t-elleconvaincrees historiens u féodalisme
u'au
MoyenAge Église
et société
ont
des notions oextensives
Dominique
Iogna-Prat,
Centre 'Études médiévales
UMR
5605
CNRS/Universitée
Bourgogne),
,
place
du Coche
d'eau,
F-89000
Auxerre
Des morts rès
péciaux
aux morts rdinaires la
pastorale
funé-
raire clunisienne
xr-xir
siècles)
Tout au
long
des
xie-xiie
iècles,
Cluny
t ses
dépendances
ffrentn
espace
funérairee
premièremportance,
n asile
que
recherchentes
laïcs en
quête
de réconciliationt d'un bon
avoué
-
saintPierre à
l'heure e a
mort. Ecclesia cluniacensisses cimetièrestses nécro-
loges
ont insi e lieude constitution'une
«
fraternitéoù se mêlent
moines t aïcs et où se réalise 'intricatione
deux ristocraties.
ette
étude onsacrée
la
pastorale
unéraire destinationes
grands
ente
59.
bid.,
.
5,
. 7-98.
60.
bid.,
.87,
. 40
q.
61.Sur
e
point,
oir
.-Cl.
chmitt,
es evenants
op.
it.
.
6),
.
20,
ui
eretere
n
partie
u
De
Miraculise
PierreeVénérable.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 97/164
DES MORTS RÈSSPÉCIAUX
UXMORTSORDINAIRES
91
d'explorer es tenants t les aboutissants u système lunisien
d'exploitation
eigneuriale
e la mort.
Cluny
inhumation
fête
es défunts solidarité
pauvres
From
the
VerySpecial
to the
Ordinary
Dead: The
Pastoral Fune-
rary
Observances t
Cluny
Eleventh-Twelfthenturies)
Throughout
he leventh nd twelfth
enturies,
luny
nd ts
depen-
dencies ffered
funerarypace
ofthe irst
mportance,
havenmuch
sought-aftery laymen eeking
econciliationnd a
good
avocate
SaintPeter at thehour f death. heEcclesia cluniacensiswith ts
cemeteriesnd
necrologies,
hus
favored heconstitutionf a
«
fra-
ternity
wheremonks nd
laymen
were
brought ogether
nd two
aristocraties ixed.
This
study
reating
f the
pastoral unerary
unc-
tionsdestined or he
great
ttemps
o
explore
n
all its
aspects
he
Clunisian
ystem
f
seigneurial
xploitation
f
death.
Cluny
inhumation fete or hedeceased
solidarity
the
poor
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 98/164
Médiévales1, utomne996,p. 3-108
PatrickHENRIET
CHRONIQUE
DE
QUELQUES
MORTS ANNONCÉES
:
LES SAINTS ABBÉS CLUNISIENS
(Xe-XIIe SIÈCLES)
Voici trois istoires
irées e
l'hagiographie
lunisienne,
ont a
rédac-
tion oit tre
ituée,
elon
e
cas,
entre
049
et es années
1
120. Toutes rois
mettentn scène a
prièremonastique.
a
première
ous
transporte
ans
une île au
large
de
la
Sicile,
à
proximité
'un lieu où les
morts
ndurent
d'insupportables
ourments.
e moine
Jotsald,
ui rapporte
'histoire u
milieu u
XIe
iècle,
raconte
u'un
ermite
expliqua
un
our
à un
pèlerin
e
la région e Rodezque les prières lunisiennesouvaient,mieux ue toute
autre,
auver es âmes en
peine.Repris ar
Pierre
amien
puis parJacques
de
Voragine,
et
épisode
a
beaucoup
fait
pour
a
réputation
e
Cluny
n
matière e
prière
unéraire1.
a
deuxième
istoire
apporte
n miracle
péré
par
'abbé
Hugues
de Semur
t 1109)
lorsd'un
voyage
Paris.Un
paraly-
tique
nomméRobert
spérait eaucoup
de la
visite
'Hugues.
De
fait,
en-
dant a messe célébrée
Sainte-Geneviève,
e saintbrandit
ne
chasuble
ayant ppartenu
saint
Pierre t se tourna ers e malade
en
chantant
es
paroles
d'Actes,9,
33-34,
adaptéespour
a circonstance
«
l'apôtre
Pierre
dit u
paralytique
Robert,
otre
eigneur
ésus
hrist e
guérit.
ève-toi
t
arrange
on
it . Le malade
guérit
La
troisième
istoire st encorede
Jotsald,
t se trouve
ans e récit e la mort e l'abbé Odilon
t 1049).
Nous
yvoyons e démon 'approcherumourant,ui le renvoie ardes crisde
contradictiot surtout
ar
des
«
paroles
mpérieuses qui prennent
a forme
d'un
credo3.
L'histoire u
pèlerin
e Rodez
témoigne
'une volonté
e
prouver
e
rôle éminent
e
Cluny
dans le salut
des
défunts.
elle du
paralytique
e
Parisveutmontrera
puissance
haumaturgique
'un
grand
bbé
qui
s'iden-
1.
Jotsald,
ita dilonis
Bibliotheca
agiographica
atina B.H.L.
281),
1,13,
L
142,
col. 26-27
PierreamienVita dilonis
B.H.L.
282),
L
144,
ol. 35-937
Jacques
eVora-
gine,
égende
orée
T.deWyzewa
rad.,
I, aris,
900,
.
194.
f. .
ogna-Prat,
Lesmortsans
la
comptabilité
élestees lunisiense 'an
Mil
,
dans
eligion
t ultureutour
e 'anMil.
Royaumeapétien
t
Lotharingie
D. ogna-PrattJ.-Ch.icard
d., aris,990,
.
5-56
avec
traductionu exteeJotsald),insiue'étuderésentéeci-mêmearet uteur.2.Gilon, ita ugonis,, 24, d.E.H.J.owdrey,Memorialsf bbotughfCluny
(1049-1109)
,
Studi
regoriani,
I,
978,
.
2.
'épisode
st
eprisar
euxutres
agiographes
clunisiens,
aisussi
ar
e istercien
onrad'Eberbachu ébutu
XIIIeiècleExordium
agnum,
cap.
).
3.
Jotsald,
ita dilonis
,
14,
L
142,
ol. 10
,
puis
11 .Paroles
mpérieuses
«
mpe-
rialibuserbis.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 99/164
94
P. HENRIET
tifie ui-même Pierre, remier es apôtres t patron e Cluny.La mort
ď
Odilon, nfin,
st
placée
sous le
signe
d'une oraison ontinue
ui
ouvre
les
portes
u ciel
et
repousse
es démons.Dans
les
lignes
qui
suivent,
e
voudrais
uggérer
ue
nous avons là
troismanifestations'une seule et
même
prière, ui
ont
n
partage
ommun'efficacité e
la
parole.
A
Cluny
comme
ans
beaucoup
d'autres
bbayes,
avoir
prier
'est savoir tiliser
a
prière.
r s'il
est
un
moment ù la sciencede l'oraisondevient
itale,
'est
bien celui des derniersnstants.
Passé le tournant
u
premier
millénaire,
ivers ndices
onfirmente
rôle
grandissant
e
Cluny
dans 'économie
hrétiennee la mort4. ès
les
années
1030,
Odilon
nstaure ne fête
our
a commémorationes
défunts
(2 novembre),ont n saitqu'elle se répand nsuite ans tout 'Occident5.
Vers a même
poque
e souvenir es morts
'organise
ans des
nécrologes
dont elui de
Cluny, isparu
mais reconstitué6.râce
à
Joachim
Wollasch
et aux historiens
ui
ont débroussaillé e
dossier
omplexe,
nous savons
qu'il s'agissait
de
«
la
plus grande
radition
écrologique
u
Moyen Âge
créée
par
un
groupe
7.
A
ce
dossier
'ajoutent
es donations
onsignées
dans
plusieurs
milliers
e
chartes,
onations
lus
ou
moins
xplicitement
effectuées
pro
remedio nimae 8.
Clunyperfectionne
onc au XIe iècle
un
système
unéraire
ssentiel u bon fonctionnement
e la société éodale.
L'abbaye bourguignonne
arantit
e salutdes
grands aïques proches
'elle
et,
plus généralement,
e tous
es chrétiens.
Ces quelquesrappels, ussi ndispensablesoient-ilsour omprendre
le rôle social du
monachisme,
e nous disent
ien
uant
la mort es Clu-
nisiens ux-mêmes. r
si l'on veut
spérer
aisir
une
conception
u monde
selon
laquelle
le
trépas
st
toujours
mminent9,
l fautbien se demander
comment
'éteignent
es moinesclunisiens t
plus particulièrement
eurs
abbés,
qui
sontun
condensé e vertus
monastiques.
uelle
place
la
prière
individuelle
ccupe-t-elle
ans e
systèmeiturgique
isen
place pour
au-
ver a societas
hrétienneSeule
l'hagiographieermet
e
répondre
cette
question.
Nous
avons donc choisi
de
présenter
ans un
premier emps
es
différentsextes
arratifs
ui
nous décrivent
a mort es abbés clunisiens
le récitdes derniers
nstants evient n
effet,
ers
e milieudu
xr
siècle,
4. Cf.
ote
.
5. Le
Statutum
. Odilonis
e
efunctis
st
ncorpore
u
Liberramitis
désormais
T),
.Din-
ter
d.,
ans
orpus
onsuetudinum
onasticarum
CCM)
,
iegburg,
980,
.
199. f. .G.
Mar-
timort,
'Église
n
rière,
V, aris,993,
.
133.
6. La
reconstitution
pu
treffectuée
râce
la confrontation
es
écrologes
'autres
ta-
blissementslunisienscf.
W.D.
eim,
.
Mehne,
.
Neiske,
.
Poeck,
ynopse
er
luniacensischen
Necrologien,
.Wollasch
d., vols., unich,
982.
7. J.
Wollasch,
Les
bituaires,
émoinse avie lunisienne
CahierseCivilisation
édié-
vale
22, 979,
.
152-153
miseu
point
écente
ure
ujet,ar
emême
uteur,
Totengedenken
im eformmönchtum
dans onastische
eformen
m .und
0.
ahrhundert
R.KottjetH.Mau-
rer
d.,
igmaringen,
989,
.
147-166.
8. Cf.
.
Rosenwein,
o e he
eighborf
aint
eter,
thaca/London,989,
.
5-48retrace
les ifférentes
nterprétations
e 'acte
edonation
epuis
'étude
lassique
eG.
chreiber,
Kir-
chlichesbgabenwesenn ranzösischenigenkirchenusAnlasson rdalien,dans emeinschaf-ten esMittelaltersRechtnd erfassungKultndrömmigkeit,ünster,948premièred. 915),
p.
151-212.
9. Cf.
.
Gougaud,
Lamortumoine
,
Revue
abillon,9,
.
81-302,
epris
ans
ncien-
nes outumes
laustrales,
igugé,
930,
.
9-95,
luspécialement
.
7 Dictionnairee
piritua-
lité,
.v. Méditation
es ins
ernières
,
col. 59
q.
C.
XODO,
ultura
Pedagogia
elmona-
chesimo
ltomedioevale,
rescia,980,
.
161-162.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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CHRONIQUE
E
QUELQUES
MORTS
ANNONCÉES 95
l'axe central es différentesitaerédigées Cluny.Nouspourronsnsuite
décrire a scène du transitust tenter 'en
dégager
a cohérence10.
Mourir à
Cluny
: coutumes et narrativité
Les sources
ui
nous
permettent
e voir
mourires moines ont e deux
ordres
à côté des récits
hagiographiques,
l
faut n effet aireune
place
aux coutumiers.es
textes,
ui
décriventouvent ans es moindres étails
la vie du
monastère,
pparaissent partir
u
Xe
iècle.
Certains,
es ordinai-
res,
'intéressentxclusivementu déroulemente
l'année
iturgique11.
es
premièresodificationslunisiennesConsuetudinesntiquiores et B1)
relèvent
e
ce
genre
t n'offrent
ucune
description
e
la bonne
mort12.
es
choses
changent
ous l'abbatiat
d'Odilon,
lorsqu'estcomposé
dans les
années
1030
le Liber
tramitis
3.
Cette
fois-ci,
a
description
u
transitus
monastique
st
extrêmement
soignée.
Elle nous
présente uelques temps
orts
ui
se retrouventans a
plupart
es
coutumiers,
lunisiens u non.Le
chapitre
XXII,
premier
'une
série
de textes onsacrés ux malades
t
aux
moribonds,
appelle
u lecteur
que
la
mort
st douce
à
qui
sait
'accepter14.
uivent es recommandations
détaillées ur les lieux où doivent tre menés es moines
ouffrants,
es
prières
réciter,
es rites t les sacrements.es clunisiensmeurent ercés
par la récitation u symbole e Nicée (Credo in unumDeum),ou, s'ils
tardent,
ar
celle du
psautier
donec
anima de
corpore uerit eparata
15.
S'il est horsde
question
'analyser
ci tout e déroulementes cérémonies
pre
et
post
mortemun
point
ui
se retrouve ans tous es coutumiersoit
cependant
tre
ignalé
la mort st communautaireans tous es sens du
terme. lle est en effet
ublique,
'ensemble es moines ssistant elui
qui
part
de là une étroite amiliaritévec
la
mort. outhabitant
u monastère
a vu nombre e ses frèresmourirvant
ui,
oujours
e la
même
açon.
ette
répétitionégulière
t standardiséees derniersnstants e se retrouve
uère,
en tout as à ce
degré, ue
dans es milieux
monastiques.
ais la mort st
aussi
commune,
n ce sens
qu'elle
ne varie
pas
selon a
place
du malade
dans a hiérarchie. es chapitres es coutumierselatifs u transitusom-mencent
oujours ar
des formuleselles
ue
de
infirmisratribus,
e
fratre
infirmo
6,
tc.On mesure insi
e caractère
rremplaçable
es sources
agio-
graphiques.
ans les coutumiersn
effet,
a mort es
grands
st une caté-
10.
Ce
qui mplique
ene
as rendre
etextearratifomme
imple
onfirmationu llus-
tration'une
héologie
e amort
éveloppée
ans 'autresources.
11.G.
Martimort,
es
ordinēs
,
es rdinairest es
érémoniaux,urnhout,
991,
insi
que
e
compte
endu'E.
alazzo,
Les
rdinaires
iturgiques
omme
ource
our
'historienu
Moyenge.
propos'ouvrages
écentsRevue
abillon,
.s.
,1992,
.
33-240.ures outu-
miers
lunisiens,
.
ogna-Prat,
Coutumes
t tatutslunisiensommeources
istoriques
, bid.,
p.
3-48.
12.Consuetudines
ntiquiores,
ans CM
II/2,
.Schmitt
d.,
iegburg,
983,
.
-150.
13.Cf. ote. Sur a date e ompositionuLT,J.Wollasch,Zur atierunger iberTramitison arfanhandon ersonenndersonengruppen,dansersonnd emeinschaftm
Mittelalter.arl chmid
um
5.
Geburtstag,
.
Althoff,
.
Geuenich,
.G.
exle,
.Wollasch
éd.,
igmaringen,
988,
.
37-255.
14.Divina
pera
ulciaunt
olentibus,
maraidentur
olentibus,
T,
XXII,91/1,
.
65.
15.
bid., XXIII,95/1,
.
73.
16.LT
191/1,
.
64 Bernard
Ire
version,
nnees
060-1075)
M.Herrgott
d.,
Vetus
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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96 P. HENRIET
gorienulle tnon venue. eule existe a mort esfrères,t elle est a même
pour
ous,
ar la
liturgie
'est
pas
l'affaire 'un individu. es
distinctions
réapparaissent,
l
est
vrai,
our
'inhumationt a
liturgie ost
mortem
plus
fastueuses
our
es abbés
que pour
es
simples
moines 7.Rien de tel
pour
la mort tricto ensu
rigoureusement
galitaire.
L'hagiographie ccupe
doncun
espace
aissé ibre
ar
es coutumiers
elle décrit ertes
ne mort écessairementonforme la
coutume,
mais
elle
met 'accent ur
'exceptionnel
t
'admirable. a sainteté st à ce
prix.
Cet
écart,
es
ajouts
plus
ou
moins iscrets la
norme,
onfèrentu récit arratif
son caractère
pécifique.
ls sont
par
là
même au cœur des
conceptions
monastiques
elatives la mort.
Le corpushagiographiquelunisien rappe arsonampleur. 'Odon
à Pierre e
Vénérable,
ne
vingtaine
e
vitae ont
omposées
utour es
cinq
figures
majeures
e l'histoire lunisienne
Odon, Maieul, Odilon,
Hugues
et
Pierre e Vénérable18. r
l'importance
u transitus ans e récitn'a
pas
toujours
té a même.
La
première iographie
bbatiale
lunisienne
emonte
u milieudu
Xe
siècle,
orsque
Jeande Salerne
rédige
une vita
Odonis
vita maior)19.
e
récitdes
derniersnstants
u
saint
pose
un
problème ue
les
spécialistes
n'ont
pas
encore totalementésolu.
Jean,
ui
était oin
d'Odon
lorsque
celui-cimourut
Tours,
emble
e
pas
avoir
omposé
e transitusu l'avoir
faitde
façon
peu
satisfaisante.n
effet,
es
plus
anciensmanuscritse la
vitaOdonisne donnentas le texte e l'heureuse in usaint, extemprimédans la
patrologie
atine omme
uthentique.
l faut
pour
e
trouver ller
chercher ne version
brégée
de l'œuvrede
Jean
editiominor)
omposée
par
un
moine
anonyme ontemporain'Hugues, qui
se
désigne
comme
humillimus. la suitede cet humillimus
qui
s'est sans doute
nspiré
'un
poème aujourd'hui
erdu
d'Hildeboldde
Chalon-sur-Saône
milieu
du
Xe
siècle),
es
copistes
uraient
dopté
et
ajout
n
recopiant
e
texte e la vita
maior20.
uoi
qu'il
en
soit,
l existebien un
texte
ntérieur
l'an mille
disciplina
onastica
Paris,726, XIV,
.
190 Ulrich
années
080),
II, 8,
L
149,
ol. 70 .
Hors e
Cluny,
egularis
oncordia
ca. 72),
CM,
IV,
8 t
9,VII/3,
iegburg,
984,
.
141
Aelfrici
bbatis
pistula
dmonachos
gneshamnenses
irecta
après
004),
CM,
VII,
5 t
6,
p.179 Redactioanciimmeranni,xcs.),cm, X, 5 t 6, . 55,tc.17.Courtshapitresonsacresux uneraillese1 bbe anses outumes'Ulrichannées
1080),
L
149,
ap.XXXI,
ol. 76 Deobituominibbatiset e
Bernard,
errgott
d.,
ap.
XV,
p.
199 De
sepeliendo
bbate.ien
videmment,
a
séparation
st
ncore
lus
ettentre
oinest
laïques
dans
e
coutumiereVallombreuse
omposé
vant
106-1107,
e
corps
udéfuntst avé
monachus
monacho,
aicus
laico,
CM
VII/2,
.Hallinger
d., III,
.
70).
n e
ui
oncerne
la
memoriaes
éfunts,
es aintsbbés
euvent
trenscritsirectementu
martyrologe,
esmoines
se contentant
u
nécrologe
cf.
e casde saint
aieul,
tudié
ar
.Neiskeors u
olloque
e
Valensole
rganiséour
emillénaire
e a
morte
Maieul,
paraître).
estenfine
problème
u
traitementréserverux
onvers,
ratres
xteriores
ar pposition
ux
ratres
nteriores.
près
voir
étudiéeuras
pour
irsau,
oachimollaschonclut
une
uasi-égalité
e
raitement
iturgique
après
amort.vant
elle-ci,
es ifférencesemblent
lus
ccentuéesans
'abbaye
llemande
ue
danses tablissements
lunisiens,
e
ui hoque
emoine
lrich,
mi
eGuillaumeHirsaut
uteur
d'un outumier
ortant
on om
il
'en
laint
ans
'epistolauncupatoria).
etteituationonfir-
meraitonce aractère
pécifiquement
nitairee Ecclesialuniacensis.ur e
problèmeomplexe,
J.Wollasch,Àproposes ratresarbatieHirsau,dans élangesffertsG.DUBY,II Lemoine,eclerct eprince,ix-en-Provence,992,. 7-48.
18.D.
ogna-Prat,
Panoramae
l'hagiographie
bbatialelunisienne
v.
40-
v.1
40)
,
dans anuscrits
agiographiques
t ravailes
agiographes,
.Heinzelmann
d.,
Bei-
hefteer
rancia,
4), igmaringen,
992,
.
7-118.
19.PL
133,
ol. 3-86
BHL 292-96).
20.M.L.
ini,
L'editio
inorella ita i
Oddonei
Clunygli
pporti
ell' umillimus.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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98
P.
HENRIET
l'essentiel e son effortittéraire la mort e l'abbé26.Au total, oussom-
mes en
présence
e
cinq
textes,
ont
uatre
e
Jotsald
-
Une lettre crite
ar
les
moines
de
Souvigny
eu
après
e
premier
janvier
104927.
-
Un
planctus
de transitu
ancii
O
dilonis,
dû à
Jotsald,
ui,
en
141
hexamètres,
et n scène
a
Raison,
es filles e Jérusalemt e saint bbé28.
-
Ce
texte st
parfois
ccompagné
e deux
poèmes
n 'honneur
Odi-
lon et de
Souvigny,
ieu de
la
sépulture
u saint29.
-
Une vita ancii Odilonis
composée
n 1049 ou
au
début
es années
1050,
qui
est encore 'œuvre
de
Jotsald30.
'auteur
y reprend'antique
ra-
dition
e
l'épitaphe,
éjà
utilisée
ar
Odilon
dans son
Epitaphium
delhei-
dae imperatricis.l citeJérômeomme a principaleourced'inspiration
(lettre
9 ad Paulam
31.
Or
une
épitaphe
'est
pas
exactement
ne
vita
toute ntière entrée ur a
mort,
lle
comprend
ans
'ordre
un
planctus
une
biographie,
n
catalogue
es
vertus,
n récit es derniersnstants
t une
consolatio .
Le
texte
e
Jotsald
uit et ordre ans un
premier
ivre,
vant
de
rapporter
es miracles n vitadans
un
second
t es miracles
ost
mortem
dans un troisième.
e
plan
tout
fait
riginal
'est
pas repris
ans
'hagio-
graphie
lunisienne ltérieure.
l
témoigne
'un
moment ù la vie n'est
interprétée
u'à
la lumière u transitusles miracles
surtout
e livre
II)
pouvant
tre us
indépendamment
u reste.Le récitdes derniersnstants
proprement
it
quatrième
artie
e
'épitaphe)
st ncontestablemente som-
metde cetteœuvre.De parsa longueur,l marque ussiuneruptureans
l'hagiographie
lunisienne33.
Ces œuvres
ermettent'appréhender
e
qu'est
a mort 'un abbé clu-
nisien ous divers
ngles.
Dans
l'entourage
u
saint,
n décline n effete
transitusurtrois
egistresomplémentaires
ais trèsdifférentsla lettre
des
moines e
Souvigny
ous donne e récit
resque pontané
'une
expé-
rience
ui
nous est
présentée,
ous e
verrons,
e
façon
rès éaliste oire
même ssez crue.La vitade Jotsald
éfinit,
ieux
ue
touteses
biographies
clunisiennes xistant
lors,
e modèle de la
parfaite
mort
monastique.
a
26.Onne onserve
as
'autresuvreseJotsald
ue
ellesi-dessous
entionnées,
aisn
peut
ussiui ttribueres
ermons,
neaus e anctis
atribus
tun raitéontre
érenger,
ous
perduscf. . ogna-Prat,Panorama, oc. it., . 0,n°61.l n'estependantas out faitcertain
u'il 'agisseoujours
umêmeotsald.
27.
PL
142,
ol. 88-891
B.H.L
6280)
il existeussi ne
pistola
e
morteancii aioli
(
B.H.L.
187),
.
Sackur
d.,
eues
rchiv
6, 891,
.
180-181,
ui ourrait
trene
éponse
la
lettreortuaireeMaieul
cf. .
ogna-Prat,
gni
mmaculati,
p.
it.,
.
4-46.
28.F.Ermini
d.,
l Piantoi otsaldo
er
a morteiOdilone
,
Studi edievali
, 1928,
p.
01-405cf. .Von
Moos,
onsolatio.tudien
u
mittellateinischenrostliteratur
beren od
und
um
roblemer hristlichen
rauer,unich,971,,
p.
192-198,
t
I,
p.
126-128.
29.E.
Sackur,
d. Handschriftliches
us rankreichI.Zu otsaldi
ita dilonisnd erse
auf dilo
,
Neues rchiv
5, 890,
.
122-126.e
rytmus
e odem
âtre
st n utre
lanctus,
d'uneactureoins
omplexeue
e
premier.
30.
PL
142,
ol. 97-940
B.H.L.
281)
cf. .
Henriet,
Saint dilon
evanta mort.ur
quelques
onnées
mplicites
u
omportementeligieux
u
XIe
iècle
Le
Moyenge
6,1990,
p.
27-244.
31.PL
142,
ol. 98A.
32.Cf. .Corbet,es aintsttoniens,p. it.,. 2-85.33.Le alculu ourcentageccordéu écite amortar apporta otalitéu exteonne
les ésultatsuivants
our
es
remières
itaelunisiennesVita eraldi6
Vita donis
Jean
e
Sáleme)
0
ou
,5
en
enant
ompte
e
Y
bit
s
ajoutéposteriori)
Vita aioli
Syrus)
4,9
Vita aioli
Odilon)
2,8
Epitaphium
delheidae
10,7
Vita dilonis
Jotsald)
19
en
e
tenant
ompteue
e
'épitapheroprement
ite,
oite ivre
)
ou
en
omptabilisant
e ivre
I,
recueilemiraclesn
ita).
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CHRONIQUE
E
QUELQUES
MORTS
ANNONCÉES
99
visée esttout la fois
cclésiologique, pirituelle
t
déologique.
e planē-
tus
enfin,
ous
transporte
ans
e domaine e la
poésie
sacrée.
Ce
long poème
est
un
beau
témoignage
e la culture
oétique
d'un
moine lunisien u milieudu
XIe
iècle .
Bâti
sur
e modèledu
Cantique
des
Cantiques,
ourri
e
Virgile
e
d'Horace,
l
propose
ne
représentation
quasi
théâtrale u salut35. a
personnification
'abstractions
oétiques
comme a
Raisonou
les filles e
Jérusalem
'accompagne
'une
volonté e
représenter
e
mort,
ssimilé
l'épouse
du
Cantique,
ans un
cadre
paradi-
siaque
non dénué de sensualité. 'événement
majeur u'est
la
disparition
d'Odilon,
décrit
ar
a vitad'un
point
de vue
hagiographico-historique,
e
trouveci
placé
dans
un cadre
osmique36.
errièrees conventions
ittérai-
respropresu genre uplanctusc'estdoncaussi,encore,a vocation ni-
versellede
Clunyqui
s'affirme. 'œuvre
peut
déconcerter,
ar
sa nature
profondément
ittérairee se
prête
as
à un
déchiffrementacile. e
planctus
et la vita n'en
relèvent
as
moins,
l'évidence,
d'une mêmevolonté il
s'agit
d'analyser
ous
tous es
angles
un événement
erçu
omme
apital,
et
par
là même
apte
à définir e
qu'est
le monachisme
lunisien.Nous
sommes onc en
présence
'une sorte e
diptyque
ont es deux
panneaux
se
répondent.
'ensemble
rouve
ue
la
spiritualité
onastique
t
plus spé-
cifiquement
lunisienne,
ouvent
résentée
omme
uelque
peu
désincarnée,
est en fait
partie
ntégrante
'un
système
e
représentation
u monde
ui
gravite
utour
e la
mort.
Trois uarts e siècleaprèsJotsald,e moineGilon,Raynaud e Véze-
lay,
Hildebert
e
Lavardin t
Hugues
de
Gournay omposent lus
ou moins
en même
emps
es
biographies 'Hugues
de Semur
t 1109)37.
Une telle
profusion
eut urprendre
t
n'est
d'ailleurs
as parfaitement
claircie.
On
sait
cependant
ue
les
biographes
'inspirent
es mêmes
extes,
ujourd'hui
perdus,
rès
ertainement
omposés
n vue de la
canonisation u saint38.
34.Sures eux
lanctus
cf.
'étudee
M.
Goullet
qui
m'a imablement
ermis
e onsulter
son
exte),
Planctusescribereles euxamentationsunèbreseJotsaldn 'honneur'Odilon
de
Cluny
,
paraître
ans ahiers
eCivilisation
édiévale
avec
ne ouvelleditiontune ra-
duction.
35.
Théâtralitéccentuée
ar
es ndications
ue
'on
eut
treentée
ualifier
e
céniques.
F.Erminioutint'hypothèsee 'utilisationu lanctusans neara-liturgie,e ui embleouteux.Lafonctionxactees eux
lanctus
'est
as
laire.lle e emble
as
enature
iturgique,
ême
si e
rytmus
e eodem
âtre
'accompagne
e neumesanse manuscrit
aris,
nF at.
8304,
f°
28v-130r.ur
out
ela,
M.
Goullet,
Planctus
escribere
,
oc. it.
36. Je eraihanceler
ujoud'hui
erre,
er,
ontagne
t orêts
/
Quadrupèdes,ipèdes
t
reptiles,
ous
e
es branlerai./
u'ils
éplorent
n
e
our
a
perte
'Odiloneur
ère/
n ne
lainte
saccadée
ue
es
armeseurmeurtrissent
e
cœur,/
t
ue
outes
es
angues
rofèrent
etteom-
plainte
/ v. -1
,
M.Goullet
rad.,
Planctusescribere
,
oc. it.
37.GilonB.H.L.
007)
H.E. . owdrey
d.,
Two tudies luniac
istory,
049-126
,
Studi
regoriani,
1,1978,
.
5-109,
ort
.
6-102;
aynaud
e
Vézelay
B.H.L 008):
R.B.C. uygens
d.,
acris
rudiri,XIII, 978-79,
.
23-551
avec
ie n vers
.
45-553,
B.H.L
009),
ort
.
42-543
HildeberteLavardin
B.H.L.010),
L
159,
ol.
57-894,
ort
col. 87-890Hugues
e
Gournay
B.H.L.012a),
.E.J.owdrey
d.,
Two tudies
,
oc.
it.,
p.
121-139,
ort
.
137.
'entreprise
emble
ébuter
n1120.
38.Cf.
.
Barlow,
The
anonizationnd he
arly
ives
f
Hugh
,
bbotf
luny
,
Ana-
lecta ollandiana8,1980,. 97-334tableaues orrespondancesntreesvitae. 30-34)A.H. redero,Lacanonisatione aintuguest elle e es evanciers,dansegouvernement
d'Hugues
e Semur
Cluny,
luny,
990,
.
149-171
D.
ogna-Prat,Panorama»,
oc.
it.,
p.
7-98.ors
e
on
assage
Cluny,
alixteI
méprise
es
extes
xistant
éjàHugues
e
Gournay,
lettrel'abbé
ons,
.H.J.owdrey
d.,
Two
tudies»,
oc.
it.,
.
115).
ne
remière
ita
aujourd'hui
erdue
ut
eut-être
crite
ar
zelon,
hanoine
iégeois
F.
Barlow,
The anoniza-
tion
,
oc.
it.,
.
07-308.
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100
P. HENRIET
Les vitaedétaillante mieux a mort 'Hugues ont elles deGilon tď Hil-
debert. outes deux confirmentes
grandes ptions
rrêtées
ar
Jotsald
splendeursiturgiques
t continuitée la
prière
e combinent
our
ffrirn
condensé e
perfection
onastique39.
Le
corpushagiographique
lunisien e clôt sous Pierre e Vénérable
(t 1156)
si la
biographie
e ce
dernier,
édigéepar
Raoul de
Sully40,
e
nous
ntéresse
uèrepour
ause
d'inachèvement,
e
qui l'ampute
u tran-
sitas,
nous
disposons
outde mêmede deux œuvres
mportantes.
ans le
de miraculisun
gros
recueil e miracles
ui
oue
un rôlefondamentalans
l'élaboration
e sa doctrine
cclésiologique,
ierre
e
Vénérable
apporte
a
mort
e
divers
moines. elle du cardinal lunisienMathieu 'Albano
ccupe
six chapitresur unevingtaineonsacrés la vie41.Celui qui rapportea
fin
porte
n
titre/programme
loquent,
e
fine psius
miris
nsignibus lo-
rioso42.
Mathieu,
ui
s'étaitfait
déposer
ur e
cilice et les cendres
our
mourir,
st nhumé
evêtu es habits
piscopaux
t
presbytéraux,
ais
ussi
de la coule
monastique43
on ne sort
pas
de V cclesia cluniacensis.
vec
ce
grand ersonnage,
a
présentation
otsaldienne
u transitus
lorieux
e
trouve onfirmée ais aussi
exportée
orsdu monastère. lus intéressant
encore,
ierre
apporte
onguement
a mort e sa
mère
Raingarde,
moniale
à
Marcigny,
ansune
ongue
ettre
ui peut
tre onsidérée omme
n véri-
table exte
agiographique44.
aingarde
'éteint
omme n homme
elle
est
explicitement
attachéeu modèle
martinien)
t commeun bon
moine,
ur
le cilice et les cendres. on transitus 'a rienà envier celui des saintsmasculins t
pourrait
tre eluide tout
rand
bbé. l
impressionne
'ailleurs
les assistants
ar
son
caractère alme et
glorieux
Transivitd Dominum
Testatique
obis
unt
ui affuerunt,
am exanimi
orpore lorificati
ominis
vidisse e
gloriam.
Vultus ius uce clarior
enitebat,
t
quae
inaliis
perimit,
in
ipsa
decorem
morsVitalis dauxit45.
Au termede
cette
présentation,uelques
élémentsde conclusion
s'imposent éjà
:
Io La récitatione
prières ui,
pour
'essentiel,
tructurenta vie
quo-
tidienne,
st une condition ine
qua
non
de la bonnemort. e monde
lu-
nisien emble
tre esté ur
e
point mperméable
ux évolutions
u modèle
de sainteté
erceptibles partir
u
XIe
iècle.
Alors
que
des moines rmites
39.Lamort
'Hugues
e emur ériteraitne
nalyselusrgumentée.
lle
e
ait
ependant
que
onfirmeres
ptions
isesu
pointar
otsald.'est
our
ette
aisonainsi
ue our
'évi-
dentesontraintes
ditoriales
que
ous e ui endons
as leinement
ustice.
40. Vitaetri enerabiiis
B.H.L
6787),
L
189,
ol. 5-28.
a
chronologia
bbatum
igurant
dansecartulairede
Cluny
achevé
anses nnées
190)
ffre
ourtant
n ourtécite a
mort
dePierre
Paris,nF,
s.at.
7716,
°
9
v°.
elui-ci
ollempnitatem
ominici
rtus
um
ngelicis
spiritibus
elebrare
errexit,
e lliusxitu
ngelis
xultantibus....
41.
Demiraculis
D.Bouthillier
d.,
orpus
hristianorum
ontinuatio
edievalis
3,
urn-
hout,
988. ita e
Mathieu'Albanoans
e livre
I,
chap.
V-XXIII,
.
103-139.ortux
chap.
VII-XXII,
.
128-137.
42.
dem,
hap.
XI,
.
133.
43.
..etecundum
uodpse
usserat,
uo
uo umquam
monachoarueratilicio
rius,
e
hinc onachiliuculia
estitur.dduntur
fratribus
acerdotaliael
ontificalia
ndumenta,
this
sacerdost ontifexei, t ignumratrnatur,bid.,XIII,.138.44.Ep. 3,G.Constabled., he ettersf eterhe enerable2vol.,ambodgeMass.),
1967,
,
.
153-173cf. .
Lamma,
Lamadrei ietrolVenerabile
,
Bullettinoell'Istitutotaliano
per
lMediovo
LXXV,963,
.
175-188,
t
P.Von
Moos, onsolatio,
p.
it.,,
p.
24-260.a
lettreate e
uillet-août
135.
45.
Ep.
3,
onstable
d.,
.
170. éférencesaint artin
Sedmirabitur
orte
liquis,
ur
ea
quae
e
magno
artinoicta
unt,
ulieri
ongemparidaptaverim.
uae
i
uis ogitaverit
tc.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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CHRONIQUE
E
QUELQUES
MORTSANNONCÉES 101
passaient udésert la pastoralet mouraientn sermonnanteurs uailles
comme
our
marquer
ne dernière ois eurvolonté e
réformer
a
societas
chrétienne,
es
clunisiens nt
toujours rivilégié
n modèle
éminemment
liturgique46.
2°
Si la thèsed'un idéal clunisien nsensible u
temps
n'a
guère
de
sens
pour
'historien,
l
faut
ependant
dmettre
ue
la
représentation
u
transitusst
caractérisée,
endant
es deux ièclesoù elle
peut
tre
bservée,
par
une
profonde
ohérence. ans doute
e
sentiment
'appartenir
une
ecclesia
modèle,
entiment
ui
se
renforceu même
ythmeue
le
poids
de
la mort
ans es vitae est-il
our eaucoup
ans
cette
omogénéité.
n abbé
clunisien e
peut
mourir ifféremmente ses
prédécesseurs.
3° La bonnemort cquiertvec les annéesunpoidscroissant ans a
définition'une
idéologie
propre
Cluny.
Elle devient e
chapitre
e
plus
soigné
des récits une
époque
où c'est
ustement'hagiographieui
se fait
le véhicule
rivilégié
es
conceptions
lunisiennes.
Le modèle clunisien
Que
le modèle lunisien oitd'essence
monastique
e
surprendraer-
sonne. l convient
ependant
'insister
ur e fait
ue
les abbés clunisiens
ne
s'écartent
n riende la
ligne
fixée
par
les coutumiers.ls ne meurent
donc amaisseuls, out upartie es moineses assistant ans eurs erniers
instants47
Maieul,
sans doute
e
saint lunisien e
plus
enclin la retraite
et
à
la
dévotion
rivée,
bandonne insi a retraitee ses derniers ois
pour
s'éteindre u milieu des frères48.
l
ne
s'agit pourtant as
de discourir.
L'heure st à la
prière,
t Maieul en
fournitncore n bon
exemple
mori-
bond,
l
n'adresse
lus
aucune
parole
son
entourage
mais
ceux
qui
collent
les oreilles ses lèvres
euvent
'entendre éciter
uelques
versets49.réci-
sion moins nodine
u'il n'y paraît
elle fonde n effet n choix
lunisien,
en vertu
uquel
a communicationst à
peu près
exclusivementerticale.
Continues,
es dernières
rières
ermettent
u mourant 'assurer
aisible-
ment,
nsensiblement,
on
passage
vers 'au-delà.
nterrogé
ur es souffran-
ces,Maieul affirmee sentir ucunedouleurmais ouir déjà des bienfaitsde Dieu sur a terre es vivants50. ne mêmeconstance e retrouvehez
Odiloncomme
hez
Hugues.
Le
premier,
éduit
ar
force
u
silence,
mar-
46.P.
Henriet,
La
scène
e
a mort
ans
'hagiographieonastique
es ie-xiriècles
,
dans oinestmoniales
ace
la mort
olloque
eLille
992),
istoireédiévalet
rchéologie
6,1993,
.
5-86.
47.
Les outumese
Bernardnsistentienuranécessité
emourirn
résence
esmoines
à
'infirmerie,
emoribondst ssistée
lusieursamuli
e bitus
jusmprovisus
veniatHerrgott
éd., XIV,
.
191. a uiteu exteecommandeux rères'accourir
n outeâte
haque
ois
ue
retentita tablette
nnonçant
'jmminence
u
écès,
ar
unquam
nimebet
inire
rater,
uin
bi
adsint
mnes...,bid.,
.
193.
rapprocher
'Ulrich
II, 9,
ol. 71 Sed t nnocte
amuli
ui
suntn
omo
nfirmorum,
mnes
iligenter
xcubante bitus
jus
mprovisusossit
venire.ure
caractèreublice amort,.Platelle,Lamortrécieuse.amortesmoines'aprèsuelquessourceses ays as u ud,Revueabillon,0, 982,.154.
48.
Cumquefratribusuissetercontatusreem
ibi ommissum
ui
ommitteret,
alite
os
fuisse
icitur...ita aioli
Syrus),
ogna-Prat
d.,
.
83.
49.
..eosdemque
ersículos
sque
d
xspirationem
nime
epetebat
t
ure
pposita
ix
udiri
possetuod
icebat,
bid.,
.
84.
50. ..videreona
ominin erra
iventium,
bid.,
.
84,
eprenant
s.
6,13.
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102
P. HENRIET
monneusqu'au derniernstant esprières ue sesproches evinentur es
lèvres .
Dans
les
mêmes
irconstances,
ugues
remue a
langue
utconci-
nere
putaretur
52.
Tout concourt onc à donner u lecteur
e sentiment'une
mort
ré-
visible,
aited'un enchaînemente
rites ixésune fois
pour
toutes.Mais
l'absence
d'originalité
e
doit
pas
être
nterprétée
omme 'effet 'une
rhé-
torique
ide de sens. Si
Hugues
meurt e la
même
façon ue
son
prédéces-
seur,
'est sans doute
ar ses
biographes
nt u Jotsald.Mais c'est aussi car
lui-même connuOdilon t admiré a fin.Orientés
ar
es coutumiers'une
part,
es récits
agiographiques
t es
morts ont ls ont té
témoins,
'autre
part,
es abbés clunisiens issent
ne
chaîne
de
correspondances
t de simi-
litudes ui sont u cœurde leurpropre xpérience.
Ces
concordancesont
emporelles,
ituelles
t
spatiales.
lles
permet-
tent e remontere
fil
de l'histoire lunisienne
t d'atteindree
Christ,
out
en retrouvant
u
passage
certaines
igures
ondatrices
u monachisme on
meurt insi
pendant
'octavede la
Saint-Martin,
our
a
Nativité,
a fête e
Jean
e
Baptiste,
a circoncision e Jésus u
à
Pâques53.
oïncidences
lus
ou
moins
miraculeuses
ui, pour
être
fréquentes
ans la littérature
agio-
graphique,
'en relèvent
as
moins
d'un choix une autre
radition,
l est
vrai
minoritaire,
njoignait
ux mourantse ne
pas gâcher
es
grandes
olen-
nités
par
eur
trépas
: recommandation
ui
n'a
plus
aucun sens dès
lors
que
la mort stune
fête,
ès
ors
u'elle
est 'occasiond'une
prière
ontinue
qui abolit oute rontièrentre iel et terre. es rites, e leurcôté,offrent
aussi a
possibilité
e concordances
assurantes.
insi,
partir
Odilon,
es
abbés se
font
déposer
ur e cilice
et les cendres cette
vieille tradition
pénitentielle,
écrite
ar
Sulpice
Sévèreau
débutdu
Ve
iècle et
consignée
dans e Liber tramitis
renvoie irectement
saintMartin e
Tours55.
er-
taines éférencesont
n revanchemoins
nciennes,
mais n'en
permettent
51. ..et
motuabioum
uaedam
ltimaerationiserba
ub ilentio
roferí,
ita
dilonis,
PL
142,
ol. 12A.
52.G.Cowdrey
d.,
.
102
Hildebert
e
Lavardin
réciselus
obrement
loquendi
aculta-
tem
misit,
L
159,
ol.
90B).
amèree ierreeVénérable
arde
es èvres
oigneusement
ollées
aux
ieds
uChrist
eprésenté
urecrucifix
ui
ui été
pporté,
ans oute
our
evoir
nmême
tempsAdhibetri uo ominicamjfigiem,t edesiusinguallembens,ultuiuo otairtute
corporismprimit,
d. onstable,
p.
it.,
.
170
passage
tonnant
ui
emanderaitn ommentaire
plus
étaillé.
rapprocher
e
Jérôme,
p.
08,
,
,
e
ui
montre'influence
ncorerès
rande
es
lettreseJérôme
près
es
pitaphes
u
emps
'Odilon.
f. .Von
Moos,
onsolatio,
p.
it.,I,
644.
53.Octave
e
a
saint-MartinOdonNativité
Pierree Vénérable
saint
ean-Baptiste
Raingarde
circoncision
eJésusOdilon
Pâques
en
ait
uatreoursprès)
Hugues.
ierree
Vénérable
xpliqueue eaucoup
e
moines eurenterse
temps
e
Pâques
ar 'estemoment
oùDieu ait e
préférence
amoissonDemiraculis
,20,
outhillier
d.,
.
1. emêmeierre
a
prié
urantrentens
our
ourire
our
eNoël
Hic nim
er
XX
nnos,
tmihit liismultis
revelaverat,
ieNativitatis
omini
inem
ibi
venirexorabatRaoul
e
ully,
L
189,
ol. 8
B.
54.
P.
Von
Moos,
onsolatio,
p.
it.,,
p.
46-47.
uger,ui
emandeDieu n
épitour
ne
pas
mourir
Noël,
eprésente
ortien etteutre
radition
Qui
ume
circa
atalemomini
diemcriusensisset
rgeri,oepit
nstanter
domino
ostulare
t ius
aulisperifferetur
ransitus,
donee
ciliceties ransisset
esti,
e
ropter
lium
x
estis
onverterenturnmaestos
in
uo
mani-
festeisusst dominoxaudiri,uillaumeeSaint-Denisans uvresomplèteseSugerA.LecoyeLaMarched., aris,867,. 02. utreséférencesonnéesar onMoos,I, .148.
Le hèmeété
eu
tudié.
ingt-cinq
ns
près,
n e
eutue
onner
aison'auteure
Consolatio
qui
'exclamaitn 971
«
ein
eistesgeschichtlich
elevantes
roblemürine
lobale
ntersuchung
historiographischer
nd
agiographischer
terbeberichte
,
bid.
55.Sulpice
évère,
ettre
Bassula,
. ontained. Sourceshrétiennes
33),
.
42. T
195/1,
.
72,
ui récise
icutamnmultis
xemplis
anctorum
xperti
umus.
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CHRONIQUE
E
QUELQUES
MORTSANNONCÉES
103
pasmoinsde situer es nouveaux aints, ès l'heurede leurmort, ans une
compagnie restigieuse
Odilon,
ouligne
on
biographe,
xpire
e même
jourque
son ami
Guillaume e
Volpiano56.
l
semble
ar
illeurs voir
hoisi
de
s'éteindre u
prieuré
e
Souvigny,
ù
Maieul l'avait
précédé
un demi-
siècle
plus
tôt57.
De
fait,
e lieu de la mort 'est
pas
non
plus
'effet u hasard.
ur ce
point, ependant,
a vita
Hugonis
marque
une
évolution
mportante.
don
étaitmort Tours choix
ui
bouclait ne
boucle,
e saint
yant
'abord té
chanoine ans cette
ville,
mais
qui annonçait
ussi un
culte saintMartin
propre Cluny58.
Maieul et Odilon avaient endu
'âme
à
Souvigny,
n
prieuré
ffert Bernon
par
les siresde Bourbon t
particulièrement
her
aux deux hommes59.es choix ne sontpas indifférentsils montrentue
jusqu'au
milieu
u
XIe
iècle,
es
grands
bbés ne ressentent
as
la nécessité
de mourir
Cluny.
Aucund'entre ux ne
disparaît l'improviste,
t tout
montre,
u
contraire,
ne
soigneuse réparation
es
derniersnstants.
l
n'y
a donc
pas
de
hasard. ans
l'esprit
e ses
premiers
bbés,
Cluny
ne constitue
pas
encore,
n tant
ue
lieu,
un horizon
ndépassable
ci-bas. La tête
de
Y
Ecclesia cluniacensis emblemême voirdu mal à rivaliservec des lieux
sanctifiés
ar
des
reliquesprestigieuses
celles de saintMartin
Tours,
celles de Pierre t de Paul à
Rome,
où Maieul et
Odilonvoulaient
nitiale-
ment
emeurer60,
elles de
Maieul, enfin,
Souvigny.
ertes,
'église
de
Cluny
st un ieu
de
pèlerinage
t
possède
des
reliques restigieuses,armi
lesquellesdes ossa PetrietPauli. Ce n'estcependant u'au débutdu XIIe
siècle,
alors
que
ces derniers
ont
dans
l'abbaye depuis plus
de cent
ans,
qu'un
moine,
ugues
de
Gournay,
et u
point
e récit
lus
ou moins
mythi-
que
de leur
ranslatif)e Saint-Paul-hors-les-Murs
Cluny61.
ette
histoire,
rapportée
ans une
ettre
l'abbé
Pons,
doit tre
eplacée
ans un contexte
bien
précis
tout
un
faisceaud'indicesmontre n
effet,
ans
a deuxième
moitié u
XIe
t au débutdu xir
siècle,
une
volonté e recentrerur
Cluny
la
légitimité
postolique
omaine62.
ugues
est en
conséquence
e
premier
abbé clunisien mourir
ans
son
monastère,
'un
point
de vue
hagiogra-
56.Memorans
llius
erfectissimi
iri
omiti illelmibbatisivionensisn adem
ancta
Circumcisione
bitum,
ui ropterea
ademie oronam
ccepit
ivinae
emunerationis...,
L
142,
col. 11 .57.Odilon
appelle
e tatutminente
ouvigny
ansavita aioli,L142,ol. 57. 'est
en e achant
roche
e
amort
u'
dilonvait
uittéluny.
58.Cf. T
p.
190-192.
lrich
,43,
ol. 89
B
Quod
estivitatem
.Martinium
ctavis
celebramus,
oc
rocessifprimo
oci ostribbate
roprio,
cilicetomino
done,
ui
Turonis
ori nds .Martini
lumnus,
t anonicusratbidem.ur
'utilisatione aint artin
ar
don,
B.
Rosenwein,
St.Odo' St.Martin
the
ses
f
model
,
Journal
f
Medieval
istory,
,
1978,
p.
17-331.
59.F.
Larroque,
Souvigny,
es
rigines
u
prieuré
,
Revue
abillon,
40,
970,
.
1-24.
Cf. °48.
60.
Vita
aioli,I,
16
Syrus),
ogna-Prat
d.,
.
35.Vita
dilonis
Jotsald),
ol. 09
le
saint
e
rétablitRomeontra
pem).
61.
Epistola
uiusdamddominumontiůmluniacensem
bbatemontinens
uedam
e eato
Hugone
t lianonnullaelatu
igna,
owdrey
d.,
Two tudies
,
oc.
it.,
.
116-117.
luny
ieu
de
èlerinage
ès
'époque
'OdonRecueiles hartese
'abbaye
e
Cluny,
.
Bernard-A.ruel
éd., aris,876tome),n° 673 uillet28). 'acquisitione eliquesar lunyst e outesaçonsrelativementardiveB.RosenweinroposenexplicationtimulanteansLa uestione 'immu-
nitélunisienne
,
Bulletine a Sociétées
ouilles
rchéologiques
t esmonuments
istoriques
e
l'Yonne
12, 995,
.
1-12la
propriété
lunisienneeraitrès
ite evenuentouchablecar irec-
tement
rotégéear
aintierre
p.
).
Affairesuivre...
62.Nombreusesndicationsans .
ogna-Prat,
La
geste
es
rigines
ans
'hagiographie
clunisiennees ie-xirsièclesRevue
énédictine,02, 992,
.
135-191.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 109/164
104
P. HENRIET
phiques'entend. es biographes,n particulier ilon,sontd'ailleurs rès
conscients e la nécessité 'ancrer
Cluny
cette
égitimité
ouvelle la
prochaine
mort e l'abbé est annoncée un
paysanpar
saint ierre n
per-
sonne,
t tout e début e la deuxième
artie
écrita constructione
Cluny
III
sur des
plans
révélés
par l'apôtre.
Ce
dernier
assage,
essentiel ans
l'œuvre e
Gilon,
récède
ivers
pisodes
xaltant
a fonction
alvifique
u
lieu
clunisien,
esquels
ont uivis
par
e récit es derniers ois
d'Hugues63.
La mort lunisiennee
déroule
onc selonun
système
e
repères
t de
codes aisément échiffrables
ar
es moines.
Que
survienne n
événement
imprévu,
e
biographe
evra
e rendre
ompréhensible
u l'éliminer. e récit
de Jotsald ous
offre n
exemple
ssez étonnant e cette endance faire
rentrer'inédit ansuncadre amilier.a comparaisone ce transitusxem-
plaire
vec la lettre crite
ar
es moines
de Sou
vigny,uste après
a mort
du
saint,
ermet
n
effet
e discerneres choixdu
biographe.
n tel xercice
réserve
uelques surprises.
a lettre
st étonnammentéaliste t ne cache
ni les souffrancesi
même
'anxiété u
moribond. lle
nous
apprend,
ans
un
style
ssez
sec,
qu'Odilon
souffraite terriblesouleurs u ventre t ne
pouvait
bsorber
ue
du
vin
mêlé de
miel,
dont
l
vomissaita
plus grande
partie64
les auteurs e nous cachent
as plus
es difficultésu
moribond
chanter
ue
sa
crainte e
ne
pas
méritere salut65.
nfin
t
surtout,
ls
rapportent
ans e détail e
comportement
ssez incohérent
Odilon,
ui,
placé
sur e cilice et les
cendres,
emande ux moinesde le
retenir,
ans
doutepour chapper ux attaques u démon, t s'emporte orsqu'onne le
comprend as66.
Or
Jotsald,
ans rien
nventer,
limine
oigneusement
ous
ces détails réalistes t tire e
récit
vers une fin
plus glorieuse
Odilon
repousse
e diable
par
des
paroles mpérieuses
t chantemieux
ue amais67.
En mentionnant
eux
fois le combat
ontre
e
démon,
Jotsald 'est sans
doute
fait
plus
ou moins onsciemment'écho d'une
inquiétude,
ouvelle
dans es milieux
lunisiens,
ace à
l'apparition
e courants
érétiques.
et
épisodeappelle
donc un commentaire.
En
soi,
a récitation'un credo st normale
nous
avonsvu
qu'elle
est
recommandée
ar
e Liber tramitis. otsald a
rapporte ependant
vec un
grand
uxe de
détails t l'associe
chaque
fois
à la lutte ontre atan.Pour
bien
comprendre
e
choix,
l
faut avoir
ue
le monachisme
lunisien,
ussi
dynamiqueoit-il n ce milieuduXIe iècle,se sent lors menacé.Depuis
l'an
mil, Orléans,
Monteforte
Piémont)
u
Arras,
ont
pparues
iverses
hérésies68.ans tous es cas
connus,
es
hérétiques
'en
prennent
uncertain
nombre e rites
acramentels,
e
gestes,
'écrits,
'objets
même,
ui
assu-
rent a
communication
hrétiennevec le
monde éleste.
Ainsi
à
Arras,
e
sacrementu
baptême,
a
pénitence,
'eucharistiet
e
cultedes saints ont
63. Vita ueonis
Gilon),
I,1,
Cowdrey
d.,
.
0-92.
64.Solitusolorentrisumnvasitet nvadendo
er
ex ontinuosies
orquere
on estitit
...nonalensltra
uidquam
ibi el
otus
umere,
raeterliquid
ulsi,
uod
tiam
ost
modicum
projiciebat,pistola
onachorum
ilviniacensium,
L
142,
ol. 99A.
65.
bid.,
99B.
66.Quibuslle espondensixitaldepertaoceNunquamoc ixiuodicitis,bid.,90A.Alorsu'Odilon,lacéurecilicet es endres,isaitsesmoinesrahitee,ans outeour
échapper
ux
émons,
es
roches
vaient
ompris
adite e
rasez-moi).
67. Vita
dilonis,
L
142,
ol. 10-911
parolesmpérieusesimperialibus
erbis.
68.Surerenouveaue 'hérésie
près
'an
mille,
f.H.
Taviani,
Durefusudéfiessai
sura
psychologieérétique
udébutu
XIe
ièclenOccident
,
dans
02e
ongrès
at. es oc.
sav.,
imoges,
977,
hilol.
thist.
I,
p.
175-186.
uy
obrichon
par
illeursécouvertans n
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 110/164
CHRONIQUE
E
QUELQUES
MORTS
ANNONCÉES 105
rejetés69. Orléans, n tient es écrits e la traditionhrétienneour des
mensonges
crits ur des
peaux
de bête»70.
Autant 'affirmations
ui,
à
l'évidence,
menacent
e culte
catholique
ans
ce
qu'il
a de
plus
essentiel.
Or
Cluny
e
veut
la têtede
l'Eglise
universelle. a
conception
u
chris-
tianisme
asse par
la
croyance ue
l'homme
n'approche as
Dieu
par
la
seule ascèse
purificatrice,
ais aussi
par
une série
d'indispensables
édia-
tions. armi
elles-ci,
es
sacrements.
'oublions
pas que
Jotsald,
ui rap-
porte
e credo
ď
Odilon,
est vraisemblablement
'auteurd'une réfutation
perdue
e
Bérenger,
e même
Bérenger ui
contestait
a
présence
éelledu
Christ ans
es
espèces71.
lus
généralement,
luny
prie
pour
es
morts,
pour
es
vivants,
our
'obtention
e
miracles
ui
jouenttoujours
n rôle
importantans es vitaeclunisiennes.a répétitione ces prières st sans
doute a
pièce
essentielle 'un
système
ans
equel
es moines e se conten-
tent
as
d'écouter a
parole
de
Dieu mais 'instrumentalisent
our
ui
per-
mettre,
elon es
besoins,
d'accomplir
es
prodiges
u d'ouvrir es
portes
du
ciel. La
récitation
u credo st
donc,
dans
a
vitaOdilonis
une véritable
performance
ui
traduitne
conception
u monde.
A
Arras,
uelques
décen-
nies
plus
tôt,
'est aussi
par
un credo
que l'évêque
Gérard vaitréfuté
es
adversaires. errièrea
christologieui s'exprime
ans a
profession
e foi
ou dans
a volonté e
contempler,
oirede toucher
ne
image
du sauveur
(Raingarde),
'est
une
cosmologie ui
s'affirme,
ondée ur e sentiment
que
le divin 'incarne t se
manifeste,
u
sens
strict,
ans des
objets
t des
mots.Ainsis'explique ans doute ue les vitae lunisiennes, ais elles ne
sont
pas
les
seules,
fassent i rarementllusion
ce
que
nous nommerions
une vie
spirituelle
ntérieure.
Le récitde
Jotsald
st
donc
aussi un
écrit inonde
combat,
out u
moins e défense es valeurs lunisiennes.
'une certaine
açon,
l
annonce
les traités e Pierre e
Vénérable,
ui,
au
débutdu xir
siècle,
établissent
clairemente caractère
iabolique
e l'hérésie72.'œuvrede Pierre
st vant
toutune lutte contre
es
hérétiques,
es
juifs,
es
musulmans,
es
milites
pillards,
es chrétiens
on
respectueux
u
dogme
et des
sacrements,
es
démons
nfin,
ui,
s'ils existent
ffectivement,
'en
sont
pas
moinsune
sorte e
condensé
e tout e
qui
menace
a forteresselunisienne. n
peu
moinsd'un siècle avant
Pierre,
moins onsciemment
eut-être,
dilon
gitdans e même ensen un momentuin'estpas indifférent,elui de la mort.
La force 'une
parole
uthentiquement
hrétienne
st alors
même,
ans
e
prolongement
'une
iturgie ermanente,
e
repousser
e
danger,
'est-à-dire
manuscrit
riginaire
e aint-Germain
'Auxerret ntérieur1050
a ettreumoinerbertur es
hérétiquesérigourdins,
ettre
ue
'on atait
usque-là
e
a
deuxièmeoitiéu
XIIe
iècle
«
Le
clair-obscure 'hérésieudébutu
r
iècle
n
Aquitaine
uneettre'Auxerre
,
dans
ssays
n
the eace
f
God,
h. ead t
R.
Landes
d.,
Waterloo
Ontario),
987,
.
23-444
Saint-Germain
a été éformé
ar
Maieult
on
isciple
eldricanses nnées
87/989).
69.PL
142,
ol. 271-1312.
f. e
commentaire
vec raductionu exte
ans .
Lobrichon,
La
Religion
es
aïques
nOccident,
r-xv
iècles,aris,
994,
.
-18.
70.Cartulairee
'abbaye
e aint-PèreeChartres
M.
Guérard
d., aris,840,
.
,
.
1
4
H.Taviani,Essai, oc. itp.178.71. l est ait ention'un raitéeJotsaldontreérengerans n ataloguelunisienu
XIIe
iècle
«
Les tudes
lunisiennesansouseurstats
,
Revue
abillon,
.s.
,1994,
.
43.
72.
J.-P.orrell
tD.
Bouthillier,
ierree Vénérablet
a visionumonde.
a
vie,
on
œuvre.
'hommet
e
démon,ouvain,986,
.
03-342,
t urtoutes ravauxe
D.
ogna-Prat
ici-mêmet ans
es
ctes
paraître
u
olloque
Les aintst eurs
iraclestravers
'hagiographie
chrétiennet
slamique.
ve-xveiècles
(Paris,
ovembre
995).
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Médiévales1, utomne996,p. 09-127
Anne
ROLET
L'ARCADIE CHRÉTIENNE
DE
VENANCE FORTUNAT.
UN
PROJET
CULTUREL,
SPIRITUEL
ET
SOCIAL
DANS
LA
GAULE
MÉROVINGIENNE1
En
observante recueil
es
Poésies2
de
Fortunat,
n ne
peutmanquer
d'être
rappé ar
'éclectisme e
cette
roduction,ui
mêle
des
descriptions
de
villas,
de
baptistères
t
d'églises
à des
pièces rhétoriques
e
louanges
l'intention
'évêques
aristocrates
allo-romains,
e clercs
et
de leudes
francs,
oiremêmede rois et
reines es
différentesours
mérovingiennes.
S'y ajoutent es épitaphesantôt rèves l'extrême,antôtlargissantux
dimensions u
genre pique
a
déploration
unèbre.es
pièces
de
spiritualité
ne
manquent as
non
plus,
mais
aux côtés de ces
«
grandes
machines
viennent
rendre lace
de
petits
illets e circonstanceleur
ujet
t leurs
destinataires
Radegonde
t
Agnès
nous aissent ntendre
u'ils
sont e
reflet e la vie menée
par
Fortunatu couvent e Sainte-Croix Poitiers
partir
e
567.
Il s'avère
pparemment
ifficile e trouvernevéritable nité
à ces
pièces
disparates, ui
pour
a
plupart
emblent
'avoiren
commun
que d'appartenir
une tradition
hétorique
rès odifiée en
effet,
u
vr
siècle a culture
'expression
atine,
our
fidèle
u'elle
demeure ux écri-
vains
lassiques,
e formalise l'excès sous
'égide
des
grammairiens
t des
rhéteurs.
Cette iversité
ourraitependant
rouveronfondement
ans es
méan-
dres de la vie tumultueuse u
poète.
Ses
pérégrinations
ncessantes,
e
Ravenne ux
Pyrénées
n
passant ar
a
Germanie,
'amènent
côtoyer
ne
multiplicité
e
personnages
grandes igures
ranques
e
lignée oyale,
els
Sigebert
t
Brunehautu bien
sûr
Radegonde, pouse
de Clotaire evenue
moniale
Poitiers,
mais ussi
personnalités
piscopales
auloises,
elsFélix
de
Nantes,
éonce de Bordeaux
t
Grégoire
e
Tours,
uxquels
l
consacre
de véritables
ycles
de
poèmes.
Fortunatui-même urait
oué
le rôle de
poète
de
cour,
doublé
ans douted'un rôle
d'agent
diplomatique3,
vant
e
1. Je iensexprimerci oute a ratitudeM.Lionel ary,aîtree onférencesl'Uni-versitéeNanterre,ui guidé es echerchesntérieurest acceptée evoiretravail.
2. Nous onnonsanset rticleotre
ropre
raductiones
oèmes.
ous
envoyonsour
e
texteatin
livres
à
IV)
l'éditiones oésieseFortunat
ar
M.
Reydellet,aris,.U.F,
994.
Poures utres
ivres,
l
faute
reporter
l'éditione
F.
Leo,
Monumentaermanice
istórica,4,
4.
1,Berlin,
881.
3. Voir .
asel,
ité
ar
M.
Reydellet,
p.
it.,
.
XVII.
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110
A. ROLET
gérer es affaires u Couventde Sainte-Croix Poitiers n 567, d'entrer
dans es ordres n
576,
pour
parvenir
ers 00 au
rang 'évêque
de
Poitiers,
sans avoir outefois enoncé
la
poésie.
Cependant,
i
la
biographie
ustifie
a
diversité e
l'inspiration,
lle
semble treun axe de lecture
nsatisfaisant
our
découvrir'unité
ui
régit
des
piècespoétiques pparemment
isparates.
our
omprendre
e lien
mpli-
cite
qui permet
e
relier,
ar exemple,
a
description
e
villas,
'évocation
de l'activité aritative'un
évêque
ou celle du modede
vie d'un noble
ranc,
certains illets n
apparence
nodinsdédiés à
Agnès
ou
Radegonde,
el
hymne
la
croix,
nous
nous efforcerons'éclairer
'interactione la foi et
de l'activité ocialedansun
projet lobal
ù la
poésie
st
doublement édia-
trice d'unepartvectrice e leçonsde romanitéourunpublicfranc ans
une volonté
'acculturation,
'autre
part
nstrument
ersonnel
e mise en
relation u transcendant
t du
sensible,
râce
au motif
rivilégié
u
«jar-
din».
Ce
dernier,
utre
on rôle
primordial
e fusion
ntre ertains raits
permanents
e la mentalité
eligieuse
omaine t
les
exigences
de la foi
chrétienne,
éveloppe
out u
long
du recueil ne
grande
ichesse
ittéraire
et
déologique
il
apparaît
la fois omme ieu de
perfectionnement,
xem-
ple
de fructification
vergétique
t
intérieure,
ymbole
e vie et
métaphore
du Paradis.
Ascétismechrétienet motifsnaturalistes la poétique de Fortunat
Retraite
t.
humilitéles
fonctions pirituelles
'un
cadre
agreste
Fortunat,
'abord
prêtre
ttaché
l'église
métropolitaine
e Poitiers
partir
e
576,
est
promu
nsuite u
siège épiscopal
vers
600,
à
la mort u
successeur e
Marovée,
laton4.
r,
u seinmême e
ses Poésies
il
semble
possible
de
reconstituer,
l'aide de ces
quelques alons biographiques,
'iti-
néraireraditionnel'un
propositum
sceticum
c'est-à-dire
'un
programme
de réforme
pirituelle
'
appuyant
urune
retraitee
type scétique,
elon
e
terme e
Jacques
Fontaine5. elle-ci
s'inspire
e la retraite
raditionnelle
sur
leurs terres u leurs
domainesde
plaisance
des
grands
ristocrates
romains ropriétaireserriens,e Cicéron t Horaceà Prudence t Paulin
de Noie à la
findu IVe
iècle.
Elle
s'effectue ans une
perspective lus
ou
moins ccentuée e retour
ux valeurs
eligieuses rchaïques
omaines tta-
chées
la vie
rurale,
éactualisées
ar
e christianisme
t ses
options
monas-
tiques.
Cetteretraiteombine
ne vie
humble ondée ur
'exercicede tra-
vaux
quotidiens,
ssentiellement
grestes,
t a
méditation
eligieuse,
outes
deux
scandéeset soutenues
ar
l'écriture
oétique.
Éloignée
des valeurs
profanes,
lle
favorisee recueillement
t a méditationécessaires
l'acqui-
sition e vertus t a constitution
'une véritable
agesse,préparant
u rôle
social de
l'évêque.
Fortunat
met
explicitement
a
poésie
au serviced'un
nouvel
déal,
en
se
qualifiant
ui-même,
u
terme e sa
préface,
Orpheus
nouus Orphéed'un nouveaugenre
4. Voir .
Reydellet,
p.
it.,
.
XXVII.
5. J.
ontaine,
Valeurs
ntiques
tvaleurs
hrétiennes
ans
a
spiritualité
es
rands
ro-
priétaires
erriens
lafin u
v1
iècleccidental
dans tudesura
poésie
atineardive'Ausone
à Prudence
Paris,
980,
.
67-308.
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 116/164
L'ARCADIE HRÉTIENNE
E
VENANCE ORTUNAT
1
1
1
L'inspirationrolifiqueuivient ucœur,a langue travailler,ar ulti-
vée
usqu'à présent
eulement
our
e
goût
mondain,
iennentux ivres
éternels
Il
n'est
pas
question
'abandonner ne
conception
raditionnellee
la
poésie,
mais
plutôt
e lui donner nenouvelle nflexion. e
Virgile,
ortunat
sauvegarde uelques
visions
aractéristiques
t essentielles
loci
amoeni t
pâtres), tylisées
e manière s'accorder vec e naturalisme
iblique.
Ainsi,
tout n
aspect
de la culture
lassique,
u-delàd'une
simplemécanique
hé-
torique,
ert e
projet
e
spiritualité
hrétienne.
Dans cette
erspective,
e secessus n uillam le
«
retraitu domaine
,
estessentiel,t Fortunatnsiste ansplusieurs oèmes urcette évolution
interne
ui peut
'accomplir
u
contact
e la nature.
insi,
dans un
poème
à son ami
Grégoire
e
Tours
Ta
lettreux vers
i
doux,
ictée
ar
ton
mitié,
élèbrema
promotion
par
une voie
généreuse
tu
m'y
as
fait,
e
façon
nodine,
e
prêt
'un
domaine la Vienne umultueuseient riser es eaux sur e
rivage
le
batelier,
mporté
ar
a course
lissante
e la
coque
bombée,
ontemple
les
arpents
ultivés t entonnee
chant es rameurs. ete
remercie,
mon mi débordantu fruit e la
piété, ui,
par
à,
multiplies
a valeur
de ma
charge
omme l convient7.
Par sa prodigalitétpar a naturemême e sondon,Grégoireontribue
à aiderFortunat ans son
apprentissagescétique.
Ce secessus n uillam
pour
transitoire
u'il
soit,
permet
la
promotion
ontvientde bénéficier
notre
oète
l'accès
à
l'évêché de
Poitiers)
'être
ppuyée ar
une réforme
intérieure
ui
en
accroît
a
valeur
multiplicetur)
le terme ecens
ouligne
la concordancetroite ntre
romotion
ociale
et vertus
ntérieures,
ravail-
lées dans e
style
greste.
Par
ailleurs,
ortunat évèle
sa
fascination vidente
our
a retraite
monacale t a
régularité
e ses
humbles
âches
uotidiennes,
insi
que
nous
le laisse entendre ne ettre dressée
Radegonde
D'un cœur évoué,maisdansune angue ustique,'auraisfait ntendreaux oreilles emamère e chant 'une flûte e
berger.
sclavede ses
ordres
out
u
long
du
our,
'épuiserais
mes
membres
t,
'échiné
liée,
servirais
a
maîtresse. es
doigts
e refuseraientucune âche
t,
du
puits rofond,
a main
ui rédige
a
présente
issive
xtrairaites eaux
avec
promptitude,
erait
ousser
es
vignes,mplanterait
es
greffes
ans
les
ardins,
èmerait,ntretiendrait,
t
avec
douceur,
es
égumes.
'était
une
récompense
e brûler
mesmains vec toià la
cuisine,
t de laver a
vaisselle ux eaux
pures
u bassin8.
Le modèlede cette
humilité st
a
moniale
Radegonde
lle-même
Ô toi uiesdouce, xcellente,aisonnable,uiœuvres vectant 'achar-
6.
Appendice
2
fragment).
7.
VIII,
9,
-8.
8.
Appendice
22,
-14.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 117/164
112
A.
ROLET
nementue,pour oi, 'unemodesteraineaillit neplantureuseois-
son,
c'est avec
oie qu'en
cettevie brève u uses tes membres
ar
le
Christe
donnera
e
repos
ternel.
orsque
u
prépares
n sueur es
repas
pour
es
sœurs,
esmains ont antôt
ercées ar
es
eaux,
antôt rûlées
par
es flammes9.
L'humilité t ses
marques
garantissent
ne
adaptation
mmédiate u
modèle de vie
promupar
le couvent. ar ces tâches
rustiques,
t même
serviles,
a chair
reçoit
es
stigmates
ui
attestenta victoire ur
'orgueil.
Par
beaucoupd'aspects,
ette etraite
scétique
ient ssouvir e désird'un
retour la
vie
simple
t
frugale
es
temps rchaïques, roche
e la nature
et de Dieu,où la fatigue ucorps, ui s'est échiné ur a charrue,onne e
prix
de l'abondance es récoltes t
prouve
a nécessité 'un
système igide
de valeurs
préservant'énergie
vitaled'une
dilapidation
ans des
formes
vainesde distractiont de luxe.
Le
poème
comme
iturgie
Mais la
régularité
st aussi e
principe
u calendrier
iturgique
u cou-
vent t des événements
eligieux ui
scandente
passage
du
temps.
ortunat
se fait e chantre e ces
impératifs
nternes la vie de la communauté
fêtes,
retraites,
eûnes,
nniversaires.n nombre ssez
important
e
poèmes
des-
sinent ne sorte
ďephemeris
la
manière u Cathemerinon
e
Prudence.
Certains rouventeur nspirationans le simpledon de produits aturels
qui évoquent
a
frugalité
'une vie
rustique
t
s'apparentent
des actions
de
grâce
miniaturiséesFortunat chante
astoris
alamo
et
rustica
ingua
c'est-à-direur e mode
greste,
ans ses réminiscences
cripturaires
t
vir-
giliennes.
'arcadisme,
out n
jouant
sur
l'ornement
t le
gracieux,
st
cependant
ussi le
signe
d'une méditation
eligieuse,
oired'une
«
haute
inspiration
.
Prenant
our
ppui
'écoulement éeldu
temps
t son ot
quo-
tidien e tâches
égulières,
a
poésie
s'élève
usqu'à
la
conquête
e l'éternel
et de la duréeniée.C'est
ainsi
que
Fortunat
élèbre
e retour e
Radegonde
après
a réclusion
u'elle
s'était
mposée
n vue
de
Pâques,
dans une
petite
pièce
où l'intensité u bonheur uffit fairenaître
a
luxuriance
'un
prin-
tempsntérieurtperpétuel,ui condensea durée éelle
Quoique
es
graines
ommencenteulement
leverdans les
sillons,
aujourd'hui
ù
e
te revois
ci,
'en
fais a moisson. erécolte
éjà
les
épis,
e
lie es
gerbes
mènes. es travaux 'août
nt
ieu
n avril.Même
si les
bourgeons
es
pampres
ont
peine
clos,
'automne
éjà
vient
pour
moi ainsi
que
le
raisin.
e
pommier
t e
poirier ispensent
eurs
parfumsxquis,
t vec eurs
remières
leurs,
ls
m'apportent
ussi eurs
fruits.
uoique
e
champ
ne
porte
ucun
pi,
tout
esplendit
omblé
ton etour10.
Cette
ontractionubite u
temps
ymbolisée ar 'amalgame
es tra-
vauxchampêtresvoquel'iconographiehrétiennees siècles antérieurs
on trouve n effet
es
portraits
e
martyrs
t de
saints,
n
buste,
l'intérieur
9.
Appendice,
8,
-10.
10.
VIII, 0,
-14.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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L'ARCADIE HRÉTIENNE
E
VENANCE
ORTUNAT
113
de médaillons ont e cadre, éalisé l'aide de feuillages eints, orte la
foisdes feuilles t des fruits couronne
riomphale,
ertes,
mais
marquant
en
premier
ieu l'éternitét l'immortalité11.a fusion bstraite es saisons
et de leurs
roduits
boutit
la
négation
u
temps.
r
cette
ampagne
acra-
lisée
qui
connaît es
délices
d'une saison
toujours
lémente st bien
proche
de celle dont
profite
e vieillard e Tárente hez
Virgile,
ù se
retrouvent
simultanémentes fleurs
t
es
fruits12,
u biende celle
qui
voit
'apothéose
de
Daphnis
3
:
la
disposition
ituelledes
produits
aractérisant
haque
période
e
l'année,
urun autel
onsacré,
ait
hommage
l'immortalitéu
dieu.
Mais
en même
temps,
e souvenir u
jardin
de la fiancéedans le
Cantique
es
Cantiques
n'est
pas
loin.Le retour e l'être imé
s'y marque
aussiparunemétamorphosee la nature oute ntière 4. es joies caracté-
risente retour
u
Paradis
ré-adamique,
ous 'ombre
rotectrice
e l'Arbre
de
Vie,
oies
qu'on peut
goûter
nouveau,
elon
Fortunat,
ous a
protection
d'un autre
rbre,
on moins
puissant
Ta fertilitée rend
puissant,
oux et noble
bois,
orsque
es
rameaux
ploient
ous des fruitsi nouveaux Leur
parfum
naccoutuméanime
les
corps
défunts,
eux
qui
ont
péri
reviennent
la vie.
Sous les
fron-
daisons e cet
arbre,
ulne sera
brûlé
ar
a
chaleur,
i cellede la lune
la
nuit,
i celle du soleil u milieu u
our.
Planté u bord 'unruisseau
où couleuneeau
vive,
u
déploies
t faismiroiter
on
feuillage aré
de
fleurs ouvelles.
ntre esbrasune
vigne
'est
enroulée,
'où
s'épancheun vin uave trouge omme e sang .
Dans cet
hymne
la vraie
roix,
éritable
poème
de
circonstance
,
puisqu'il
célèbre l'arrivée à Sainte-Croix 'une
relique
offerte
epuis
Constantinoplear 'impératriceophie
et
Justin
I,
Fortunat ait ésonner
toutes es
harmoniques
utant
irgiliennesue scripturairesue suggère
n
tel
paysage.
Mais,
en même
emps,
e
poème
ui
permet
e méditerur a
nature
même
de
la
relique
le bois de la
croix,
dont a vocation
remière
est
celle d'un nstrument
e
torture,
cquiert
e
pouvoir,
éactualisé
chaque
eucharistie,
e
régénérer,
ertiliser,
uérir16.
ette
fficacité e connaît
as
de limites
emporelles,
i
'alternance
es
ours
luna
nec n
nocte,
ol
neque
meridie) icelle des saisonspuisque 'arbre orte la foisdesfeuilles, es
fleurs t des fruits.
La réclusion
scétique
hrétiennee
Fortunat,
hantée
n termes
uco-
liques
et
conçue
ommeune
glorificationerpétuelle
e la
divinité,
emble
répondre
ux
aspirations
u
poète,
ui,
oin de
concevoir ommedéfinitive
sa
retraiteu couvent
e
Sainte-Croix
n
qualité
de
prêtre,
'envisage lutôt
comme
propédeutique
orale la carrière
cclésiastique.
11.Voir .
Grabar,
artyrium,
echercheurecultees
eliques
t
'art
hrétien
ntique
Paris,946,
.
,
p.
4-45.
12.
Géorgiques
V,
42-143.
13.
Bucoliques
V,
4-80.
14. I,1 -13,6 «Car oilà'hiverassé,'en st inies luies,lles ntisparu.ur otreterrees leursemontrent.a saisonientes ais efrains,eroucoulemente atourterelleefait
entendreur otreerre.e
figuier
ormees
premiers
ruitst es
vignes
n
fleursxhalenteurs
parfum.
(La
Bible
eJérusalem
Paris,
987).
15.
I,1,
-18.
16.
Voir
.
Brown,
e
ultees
aints,
on
ssor,
a
fonction
ans
a chrétientéatine
Paris,
1984.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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114 A.
ROLET
Le legs de la tradition topiaire et sagesse dans la civilisation
romaine
Des lieux
privilégiés
les
ardins ďévéque
Parmi es
poèmes
de
Fortunat,
es
ouanges
l'adresse
d'évêques
célè-
brent a
douceur
t la beautéde
certains omaines e
plaisance
de
Gaule,
qualités
ont e mérite evient
l'évêque propriétaire.
es
villas,
ar
exem-
ple
celle de
l'évêque
Léonce de
Bordeaux
époux
de
Placidine,
a
petite-fille
de Sidoine
Apollinaire
t l'arrière
etite-fille
e
l'empereur
vitus),
ont
typiquement
omaines. 'évêché de Bordeaux ait
artie
n fait e ceux
qui
sontmonopolisés epuis lusieurs énérationsardegrandesamilles 'aris-
tocrates
quitains,
ont a
culture omaine st intacte17.e noble Léonce
lui-même,
vant on accession ux
charges
cclésiastiques,
'est llustréux
côtésdu roi
Childebert
n
Espagne
n
531
18.
hez
l'évêque,
Fortunat
oue,
au même itre
ue
les autres ertus
raditionnelleses aristocrates
guer-
rières t morales
,
l'aptitude sauvegarder
e
goût pour
a
retraite
la
campagne,
n
marge
es affaires
iviles,
dans e cadre
mi-naturel,
i-arti-
ficieldu
ardin
romain raditionnel.u
point ue
certaines
vocations
ap-
pellent
'Arcadie
virgilienne,
la
fois nature
pontanée
t véritable erroir
agricole
Le terroirst
rempli
'attraits
orsque
erdoientes
champs
en
lui,
e
charme aturel e la campagne....) Enpelouses erties e fleurs erdis-
sent
es
prairies.
e suet es aborde n sifflantoucement
l'herbe,
our-
bée à
chaque
fois,
oule a
chevelurebouriffée.ar
ci,
dansune utre
sole,
unemoisson ait londires
épis
et une
vigne
ense
mbrage
e sol
nourricier19.
Mais,
par
un
apparent
aradoxe,
ettenature
rofuse
nclut ussi raf-
finements
t
artifices
rbains,
vec
des
eux
d'eau
et des
effets 'architecture
en
trompe-l'œil
La masseélevée de la demeure
epose
urune
triple
rcade à croire
qu'y accourt'eau colorée ugrand arge.Une ondecachée,née d'unmétal ansmélange,aillit n unerafraîchissanteontaine'eaudouce t
intarissable20.
La
précision
es
détails
oncrets ssure
que
ces
descriptions
e sont
pas
des
fictions,
mais 'évocation
oétique
ransformehacunde ces
pay-
sages
de
ardins
n un
ieu
déal,
un
locus amoenus2X la manière e ceux
de
Virgile.
Ainsi,
outre a
végétation
ariée t les murmures'une source
artificielle,
pparaissent
es
bergers,
omme
pour parfaire
'atmosphère
bucolique
t arcadienne es
poèmes
17.Voir artineinzelmann,ischofsherrschaftnGallienZürich-Munich,976.
18.Voir
, 15, -10,
5-16.
19.
,20, -8,
2-16.
20.
, 19,
-12.
21.E.R.
Curtius,
a ittérature
uropéenne
t e
Moyenge
atin
Paris,
956
«
Le
paysage
idéal
,
p.
26-247.
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116
A.
ROLET
deshonneurs ouphilotimia. artin einzelmann28appelle ue les vertus
traditionnelleses
grandes ignées,
élébrées
epuis
es débuts e la Rome
républicaineusqu'au
VIe
iècle en
Gaule
dans les
éloges
funèbres,
ont
mettren relationtroitevec un déal
proprement
scétique.
l
faut ntendre
le
terme 'ascèse
comme exercice e la
vertu mais ussicomme renon-
cement à la
manière
e
Cicéron
u
Sénèque.
Dans
ce
genre
hétorique
e
l'éloge
funèbre,
lus
encore
ue
la richesse
t le
pouvoir onçus
comme
privilèges
atifs,
n
célèbre
es facultésntérieurese
continentia
tde
mode-
ratiode
l'aristocrate,
on
aptitude
faire
n
usage sage
et modéré es res-
sources ont l
ouit
en es consacrant la communauté
ociale,
dans 'éver-
gétisme
icté
par
Y
mor
n omnes
1'«
amour
our
ous .
Or, a nature ffre cette etraiten asile idéal,à connotation orale
mais aussi
religieuse
t sacrée.
Ce
n'est
point
ne nature ointaine
u
exo-
tique,
mais la naturemise en œuvredans les
jardins
de
plaisance
t son
caractère st
complexe,
omme n le
voit
ncore hez
Fortunat. omme e
rappelle
ierre
Grimai29,
epuis
e ir siècle avant
J.-C.,
lors
que
Rome est
en
pleine
hellénisation,
e
ardin
omain 'efforce e
reproduire
es
paysages
typiquementrecs,
u caractère ssentiellement
acré,
mplis
de
temples,
de bois
consacrés,
e
tombeaux,
ar
là-mêmehantés
ar
es
Dieux
et
les
Morts.
Apparaît
lors,
commedans les
villas décrites
ar
Fortunat,
oute
une architectureavante e
grottes,
e
rocailles,
e
thermes,
e
xystes,
e
palestres,
appelant
ertes
'esprit
es
temples
t des tombeaux 'Arcadie
mais aussi touteunetopiquegrecque.Cette radition 'estpas seulementlittérairet aux
jardins
homériques
e
Calypso
et
d'Alcinoos,
répondent
ceux,
historiques,
Académos,
'Épicure,
e
Gélon
t d'Hiéron I en
Sicile,
celui de
Cyrus
Sardesdécrit
ar Xénophon.
t Fortunat conscience e
toute ette
ntertextualité,
i bien
que
certaines e ses
pages
semblent'ins-
crire ans a filiation irecte e Lucrèce30 u de l'évocation es bordsde
l'Ilissos
dans e
Phèdre
de
Platon31,
ù la beautédu cadre ncite l'activité
poétique
t
philosophique
Et si
déjà,par
un
heureux
asard,
n
boisnon oind'ici
répand
onombre
et
que
susurre'onde renouvelée 'une source
raîche,
e
voyageur
'y
précipite,
eureux e s'étendreur
e sol
accueillant,
aignant
es
mem-
bres ans e litde verdure.l a obtenue qu'il souhaitait,e voilàragail-
lardi
ar
es délices
ombinées,ci,
de l'ombre
ui
atténuea
chaleur,à,
de l'eau
qui apaise
a soif.
'il
en
connaît,
l se
remémorees
vers,
n
unediction
ythmée,
ar 'air
plus
clément
'invite
ces
mélodies
pai-
sées,
pour euqu'il
soit amilier
'Homère,
omme es
Athéniens,
u de
Virgile, u'on
it u forum e
Trajan
Rome32.
Consécutivement
cette
hellénisation,
e
jardin
romain a retrouver
quelque peu
la
significationu'il
avait
du
temps
de
Yhortulus
rchaïque,
c'est-à-diree
potager
amilial t sacréoù l'on honoraites divinités ham-
28.M.
Heinzelmann,
p.
it.,
.
188-190.
29.P.
Grimal,
es
ardins
omains
Paris,
969.
30.DeRerumatura
I,
29-33.
31.Phèdre230 -c.
32.
VII, ,
17-26.
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L'ARCADIE
HRÉTIENNE
E VEN
NCE ORTUNAT
1
17
pêtres t primitivesncarnantes cyclesnaturels e fécondité,elleFlore,
Pomone u Vénus.
Ainsi,
a nature ans son caractère
gricole
'harmonise t fusionne
avec un
paysageplus sophistiqué
e
bâtiments,
e courants 'eaux vives
artificiels,
e
bergers
rcadiensmêlant âches
pastorales
t
lyriques.
ette
création
omposite
evient e modèle déal et
proprement
talien e la vie
tranquille
u
ardin,
el
que
le célèbre
Virgile. 'expérience
u
ardin
onsti-
tue donc une
propédeutique
u
détachement,
ù
l'aristocrate
ubordonnea
profusion
atérielle l'excellence
morale t
intérieure.
Christianisation
u
modèle
de vie mixte la
fin
de V
Antiquité
Or ce modèlede vie
mixte,
oin de
disparaître l'époque
chrétienne,
semble u contraire
épondre
arfaitement
ux nouveaux déauxdes nobles
convertis la
religion
hrétienne.
a
religiosité aïenne
du
ardin
romain
s'acclimate
ans
difficulté
u
mysticisme
hrétien.
ertains
léments buco-
liques
»
scripturaires,
els es
bestiaires,
es sources t eaux
vives,
es bons
pasteurs
t brebis
garées,
es
vignes
t
figuiers
es
Évangiles
la terre
ro-
misedes
Psaumes
es
ardins
u
Cantique
es
Cantiques
trouventes échos
si évidents ans le mondedes
jardins
rcadiens
u'il
devient ifficile e
distinguer
ntre es deux sources
d'inspiration.
e
fait,
'art chrétien e
«
convertit
33
à la culture
ntique
t surtout
Virgile
celui-ci,
entonisé
parProba,
modèle
de
l'épopée évangélique
e
Juvencus,nspirateur
es
visions aradisiaques e Prudence t des peinturesunéraireses catacom-
bes,
devientmême e modèle u
poète rypto-chrétien,ar
une ecture hris-
tique
de la
quatrième ucolique
utorisée
ar
Lactance,
uis par Augustin.
Au IVe
iècle,
omme e
rappelle acques
ontaine34,
e retraitradition-
nel
sur
e domaine e
plaisance
evient,
our
un
Prudence
e
Callaguris
u
un Paulinde
Noie,
a conditionmêmed'un
projet pirituel
e réformescé-
tique.
La vie
agreste
e
dominus
illae de
«
maître e maison
comporte
des
impératifs
e
régularité
t d'humilité ictés
par
e labeur
gricole
mais
aussi des
plages
de
temps
ibre éservées la
prière égulière.
n tel
mode
d'existence
eut
devenire
paradigme
'une
vie
de
type
monacal,
n retrait
du monde. 'ascèse du
corpspar
e travail e
la
terre,
ar
a
gestion
'un
domaine tde sa petite ommunauté,âchesnécessaires la survie, répare
l'esprit
la lecture es textes
aints,
ur
e
modecicéronien35e
la
cultura
animi
la
«
culture
e
l'esprit
. Le cœur st mis en contact vec la divinité
et
s'épanche
n
prièreyrique,
éritableultura ordis
6,
culture u cœur .
La retraite ur les
propriétés
e
campagne,
ar
la méditation
eligieuse
intense
u'elle permet,oue
unrôle
préparatoire
t
complémentaire
ux fonc-
tions ocialeset urbaines
u'est
amené
remplir arallèlement
'aristocrate
devenu
vêque.
Si
Fortunatoue
avec
autant e chaleur hez ses
correspondants
'intérêt
pour
e domaine e
plaisance,
'est
qu'en
Gaule le
problème
e la retraite
33.Voir . ontaine,La conversionu hristianismela culturentiquela ecturehré-
tiennee 'univers
ucolique
e
Virgile
dans tudesur
a
poésie
atineardive'Ausone
Pru-
dence,
p.
it.,
.
147-171.
34.
J.
ontaine,
Valeurs
ntiques
t
valeurs
hrétiennes...
,
oc.
it.,
.
67-308.
35.Tusc.
,
5,
13.
36.Voir .
ontaine,
Valeurs
ntiques
tvaleurshrétiennes...
,
oc.
it.,
.
55-257.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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118
A.
ROLET
de
l'évêque
estperçu vecune acuité oute articulière.'idéal traditionnel
de
perfection
scétique
e l'aristocratieomaine
'est
parfaitement
onverti
aux
exigences thiques
u
christianisme,
ais la notionmêmed'ascèse a
cependant
onnu,
partir
e la secondemoitié u IVe
iècle,
une radicalisa-
tion
ui
l'a
éloignée
e
sa
définition
raditionnelle.n
effet,
n
356
37,
mou-
rait
Antoine,
e
plus
célèbre
eprésentant
e
l'érémétisme
riental,
onsidéré
comme
e
légitime
éritiere la uita
postolica.
Ce courant riental
oussait
à l'extrême
es
exigences
e
l'ascétisme,
n
rejetant
oute
ompromission
avec
la
citéet ses
manifestation
ociales,
t faisait e la solitude bsolue u
désert,
u renoncement
tout ienmatérielt de la
pure
vie
contemplative,
les
conditions e
la
perfection.
es
évêques, hargés ar
eur onction ême
de mener ne vie activedans e « monde , se trouvaientpriori xclusde
cet déal de
perfection.
r,
c'est Martin e Tours
qui,
en
Gaule,
concilie a
retraite onacale
au
couvent
e
Marmoutiers)
t a vie actived'un
évêque
(à Tours).
Martin,
élébré
ous a
plume
de
Sulpice-Sévère
n
397,
propose
un modèle ncontestable
'ascétisme
ngagé, ui
va
permettrel'épiscopat
gaulois
de se réclamer ussi
de la
uita
contemplatiua
t de la
perfection
ascétique ui
lui est attachée.
eu à
peu
se dessine 'idée essentielle
ue
le
couvent,
u
n'importe
uel
autre ieu de retraiteoin
du
tumulte t des
préoccupations
u monde
et
par conséquent
a retraiteur es domaines
familiaux
peut
devenir,
on
pas
une réclusion
éfinitive,
ais e domaine
privilégié
ù
s'élabore
'exercice assidu de ce
que
Cassien38
ppelle
es
instrumentse la perfectionnstrumentaerfectionis)eûne,veille,médi-
tation es
écritures,énuement,
rivation
e
toutes es richesses39.e
seces-
sus
in
uillam
devient insi un moment ondamentale
la
spiritualitépis-
copalegauloise, oint
e rencontre
ntrees formesraditionnellese l'ascé-
tisme
ristocratique
t les nouvelles
xigences
hrétiennesous l'influence
du
monachismeriental.
Les racines
spirituelles
d'un modèle social : la
symbolique
naturaliste de la charité
Dans de nombreuses ièces de louange que Fortunat dresseà des
évêques,
l est faitmention es activités
astorales
e
l'évêque, qui rejoi-
gnent
es
impératifs
ociauxde
l'aristocratieraditionnelle.
n
effet,
es aris-
tocrates
arvenus l'épiscopat
etrouvent40t
mobilisent,
ans
a
perspec-
tivede
l'enseignement
iblique
t
apostolique,
es
aptitudes
inancièrest
des
responsabilités
ociales
caractéristiques
e la nobilitas raditionnelle.
Comme
atroni
ils ont a
charge conomique
t
morale e la
plèbe
et eurs
œuvres aritatives
euvent
voir une dimension
udiciaire
t
politique41.
37.M.
Heinzelmann,
p.
it.,
.
194.
38.Coniai.
,
17.
39.
eiunia,
igilia,
editatio
cripturarum,
uditas,
riuatio
mnium
acultatum...
40.Peterrown ontreansaGenèsee 'AntiquitéardivePans, 983,.102-103)qu'aprèserègneesAntoninstdes évères,esgrandsonctionnairese 'empireoienteur
richesset eur
ouvoir
'accroître
e
façonrodigieuse
ntree
Ie
t e
if
iècle,
lors ême
ue
ces
rands
ristocratese
rennentlus
n
harge
es ontraintes
inancièreses ulteses ivinités
poliades,
ontraintes
ui,
xutoire
ocial lafortune
ersonnelle,réservaient
acommunautéocale
des ssautsmbitieux
e
a
philotimia.
41.
On e ouviendrae
1 xistencees ribunaux
piscopaux
u udientiae
piscopales
ui
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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L'ARCADIE
HRÉTIENNE
E VENANCE ORTUNAT
1
19
Fortunat 'ailleurs oue les évêquesselon e modèlerhétoriqueraditionnel
du
panégyrique
ristocratique,
n
soulignant
a noblessede leurs
origines,
l'excellencede leur
loquence
t la
prodigalité
e leur harité.
Or,
de
façon lusremarquable,
e sont es
métaphores
rcadiennes
ui
traduisent
'excellence
e
cette
ie active.L'activité aritative
e
l'évêque,
exprimée ar
des
imagesgéorgiques, rend
xplicitementour
modèle e
jardin
et toutes
es
perfections,
ntérieurest
esthétiques,ui l'accompa-
gnent.
insi,
ortunat
appelle
onstamment
ue
le modèle e la
vie contem-
plative
oit
nformera vie sociale.Chacun
des
motifs,
ocus amoenus
bon
pasteur,
ultura
gri
illustrent
ymboliquement
n
aspect
de
l'action de
l'évêque.
Tous
appartiennent
une double radition
ittérairela fois
crip-
turaire tvirgiliennet Fortunatoue surcette mbivalence.
Le locus amoenus
Le
motif
e
plus
complexe
st sansaucun
doute eluidu ocus moenus
où
prospère
ne nature
uxuriante,
eflet e la
perfection
ntérieure.e cas
le
plus
extrême st celui
du
uir
psefactusparadisus
«
l'hommedevenu
lui-même
aradis
,
incarné
ar
Martin,
vêque
de
Braga
en
Galice,
dans
une lettre n
prose que
Fortunatui adresse
pour
recommander
gnès
et
Radegonde.
a
perfection
st telle
que
l'êtretout ntier
evient n
ardin
sacré,mi-arcadien,
i-édénique,
abité
ar
e créateur
ui-même
Martin,evenuui-mêmenparadis, onserve,ar es liensde sa foi,
les traces u
Rédempteur,ui
estheureux
e se
promener
ans es allées
verdoyantes
e soncœur
impide
t
sous
'ombrage
ourgeonnant
e
ses
bonnes
œuvres,
ue
le
figuier
e couvre
as
mais
que
les fruitsrnent
ainsi,
e n'est
pas pour
n nstant
ue
le bienveillant
réateur anifeste
sa
présence,
ar l
n'y
a
pas
en sa créaturea
moindre
arcelle ui puisse
êtremise
n accusation à travers
es
béatitudes,
omme éduit
ar
es
parfums
élicieux
'un
bocage,
e maître
'attache son
esclave,
t
l'esclave
son maître42.
Le
locus
amoenus
ne se
conçoitpas
chez Fortunat
ans la
figuration
de l'évêque en berger.Nous le constatonsar exempledans un élogede
Grégoire,vêque
de Tours
Qu'il
mène
aître
es brebis ans es
pâturages
acrés,
u'elles
e
repais-
sent es donsdes
herbages aradisiaquesqu'il
protège
es étables ntac-
tesdu
Christ,
u'il
ne es laisse
pas
mettren
piècespar
des
oups
nra-
gés que
sa
vigilance
irige
ansdéfaillance
a
bergerie,
t
que
e
troupeau
dont
l
a la
charge
e souffre'aucunvol
qu'il
abrite ansun enclos
les
agneaux
la
précieuse
oison,
t
qu'il
demeureveillé
our rotéger
leur
ommeil43.
Cette
magereprend
ertes es évocations es
psaumes,
es livres
ro-
confirme
univeaunstitutionnel
erecoursla
uridiction
e
'évêque.
elui-ci
eut
ême
ervir
d'intercesseurace la
usticeoyale,
ommen e
voit
ans
a
pièce
,
14.
42.
V,
.
43.
V, ,
17-24.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 125/164
120
A. ROLET
phétiques44u néo-testamentaires45le pasteur rotecteurassemble, our-
rit,
rotège
on
troupeau,
ur e modèlede l'action
hristique,
ans un sens
à la fois oncret t
spirituel.
ais
ces
tâches
e
vigilance,
e soin t d'entre-
tien
perpétuel ppartiennent
ussi au
long développement
ur es soins au
troupeau
u troisièmeivre es
Géorgiques.
'emploi
des
motifs aturalistes
par
Fortunatestitueette
mbiguïté
ondamentale
ntre
matérialité
t
spi-
ritualité
ar a
qualité
morale e l'être
arantit
a
qualité
e ses dons oncrets.
L'exemplarité
e
l'évêque
et sa
générosité
ont
façonnées
ar
'ascétisme
mais son excellence
morale,
uoique
fondée ur
e
renoncement,
rend
a
figure
e la luxuriance
t
de l'abondance.
La cultura gri
Prochedu
motif u
locus amoenus
le motif e la
cultura
gri
la
«
culture e la terre
,
metbien en évidence
e sens de
l'action
aritative
peine
ente t rude
qui
soutient on effort
ar
'espoir
d'une récolte bon-
dante,
ar
l'évêque
«
cultive ses
fidèles,
ravaille a terre
e
leurcœur
la manière u laboureur.
e butultime e la cultura
gri
estbien a cultura
cordis
la culture es
cœurs,
eur
nitiation une nouvelle
oi,
insi
que
le
laissent
ntendre
es
vers,
onsacrés ncore
une foisà Martin e
Braga
Il a semé es
plantes
e
vie
dans
e sillon térile ù la moissonmûre
enchante
ar
son
abondance. ne seconde
luie
est revenue aire
on
auxépisdes bienfaits'Élie,apportantuxépisdesprésentse rosée,
pour ue
la sécheresse
pargne
es
champs.
our
ue
les terresltérées
ne
gardent as
leurs illons n
achère,
l
coule,
elleune fontaineux
eaux
éternelles
t bienfaisantes.ur es rameaux e
l'hérésie,
l a
greffé
les
bourgeons
acrés e la foi t 'olivier
auvage rospère
t se fortifie
l'arbuste
hétif t sans feuille onnaît nouveau es beautés
'uneflo-
raison,
ui
donnera es fruits.e
figuier
esséché,
ui,
ans
spoir,
oit
finir
ans
'âtre,
répare
es fruits
ans e
secret,
râce l'engrais ui
l'a nourri.
es sarmentse
gonflent
e
grappes
les larcins es oiseaux
vont-ilses
ravager
Grâce à ce bon
gardien,
ucune
n'échappe
u
cuvage.
n
vigneron,
l
a
aligné
es
cepspar
es actes
'apôtre,
etournant
la terre e son
hoyau,
aillantes vrilles
e sa
serpe.
l a
extirpé
u
champ
de Dieu la lambruchemproductive,e raisin emplacee buisson. u
domaine
ivin,
l
arrache'ivraie mère
t fait
urgir
'enchantement
d'unemoisson nie46.
L'action aritative
'épanouit
ans
une
figure omplexe
e culture.
es
travaux e
semailles t
d'irrigationvoquent
n amoenus
ger
où ont ussi
leur
place
des tâches e
greffes
t de
viticulture,
ui
viennentevivifieres
terres u des bois
improductifs.
L'évêque,
nous 'avons
rappelé,
stun
patronus
avec des devoirs
ffec-
tifs t
moraux,
ictés ertes
ar
es
préceptes
vangéliques,
mais ux conso-
nances
argement
icéroniennes.n
effet,
a
notion
lassique
de caritas ési-
44.Voir
ar
xemple
érémie
3,
-4
«
Je assemblerai
oi-mêmeerestee
mes
rebis...
ou
Ézéchiel
4,
2-13
«
Comme
n
asteur'occupe
e es
roupeaux...
ou ncoreacharie
1,
15-16Prends
'équipement
'un
asteur
ansméfiance...
45.Voir ean
0,
-18Matthieu
8,
2-14
Luc
5,
-7.
46.
V, ,
23-42.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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L'ARCADIE HRÉTIENNE
E
VENANCE ORTUNAT 12 1
gne
'affection
our
es
proches
maiscontientussi une extension
olitique
et
sociale
d'« amour u
genre
umain
,
ciment e la communautérbaine47.
Fortunat,
nvoquant
oncas
personnel
e
client,
appelle, oujours
ar
'inter-
médiaire e la
cultura
gri
cette
esponsabilité
ffective
e
l'évêque
Puisque
mon erreauméritae travail e la maindu
père
t
qu'il
s'est
cultivé,
u'il
revienneu coutre
u
fils. ar e
père,
onnu
our
ondoux
amour u monde
ntier,
ous a
gratifiés,
on fils t
moi,
de la même
affection. la
fois
mon
pèrepar
son
sentiment,
a
nourrice
ar
ses
dons,
mon on
maître
ar
es
discours,
l m'a
distingué,
ultivé,
orrigé,
et m'a
enseigné
a vertu.
ieux
t
diligent,
l
a semédans es nouveaux
sillons fais roîtreourmoi esgraines uetonpère répandues48.
Ces extraits
'inspirent
es
paraboles
néo-testamentairesais
rejoi-
gnent
ussi
'esprit
ans
equel Virgile
xalte
e
labeur
aysan, ue
ce soit
les
labours
uxquels
st consacré out e
premier
ivredes
Géorgiques
ou
la viticultureu second ivre49. es finalités ont
dentiques
il
s'agit
de
restaurerans eur
ntégritérimitive
t
par
un
travail charné abor
mpro-
bus)
les vertus
riginelles
'avant
a
Chute,
ngendrée
ci
par
a
faute da-
mique,
à
par
e décret e
Jupiter.
Le travail
éorgique
evient,
hez
Virgile
ommedans es
Évangiles,
le
symbole
'un désirde réconciliationvec le divin
ui
se réalisedans a
profusion
e fruits u de récoltes. 'est cette éconciliation
ue
célèbrent
l'apothéose e Daphnis50u l'épisodedu vieillard e Tárente Le travail
géorgique
evient onc e modèle
ui
doit
présider
toute ction ociale.
L'évêque jardinier
une vocation
thaumaturgique
Nous
avons montré
ue
l'utilisation
ar
Fortunat u
ardin
t de ses
motifs
ucoliques cquiert
n caractère
ymbolique omplexe
ar elle tente
de traduire la fois a richesse 'un ieu cher l'âme
romaine,
a
perfection
intérieure
ue l'évêque peut cquérir
son contact t enfin a
prodigalité
e
l'actioncaritative
ue
ce dernier st
en
mesure 'assurer
près
sa retraite
conçue
omme éforme orale.
r
a
représentation
ême u
ardin
omme
locus amoenus avec sa douceur,es eaux,ses plantes,on caractèredylli-
que
apparaît
ussi comme ne
anticipation
u
paradis
hrétien,
ue l'évêque
a mérité
ar
es belles ctions ociales.
Cette
iliationtait iendans
'esprit
des
cepotaphoi
c'est-à-direes
ardins
funéraires
Rome52,
u des
repré-
sentations 'orants
oulant es
parterres
e fleurs uxuriantsux murs es
catacombes les morts ont
our
insidire
déjà
dans es
prairies lyséennes
ou
édéniques53,
'évêque
est
déjà
au Paradis. Le
«
cycle
du
jardin
se
refermeur
ui-même t
le
poète
est
passé imperceptiblement
es
prairies
terrestres
l'enclos
édénique.
47.
Off.
II,
100. oirussi .
Pétré
CaritasÉtudeurevocabulaireatine a charité
chrétienneParis,946.48. II, 8, -10.
49.
Géorgiques
I,
265-419.
50.
Bucoliques
,
6-80.
51.
GéorgiquesV,
25-148.
52.Voir
.
Grimal,
p.
it.
53.Voir .
Grabar,
p.
it.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 127/164
122 A.
ROLET
L'enjeu idéologique st important.es évêquesaristocratesoublent
leur
upériorité
inancière 'une
supériorité
orale.
'exemplarité
e leur
ascèse modèle
eur
générosité
vergétique
t
par
à-même a met u
service,
non des intérêts
ersonnels,
ais
de la communautéociale. Mais comme
le
rappelle
Martin
einzelmann54,
es
évêques
ntendentien ussi
occuper
les
premières
laces
au Paradis
schatologique,
omme
ignes écompenses
de leur
probité
t de leur
harité.
ortunat
e
fait e héraut
e
cette
oncep-
tion55,
on seulement ans
es
poèmes
où
la
figurationucolique nticipe
singulièrement
ur es
oies promises l'évêque
en
récompense
e ses bon-
nes
actions56,
ais aussi
par
l'évocationdu Paradiscommevaste
Sénat,
métaphoreui
ne
manque as
de
nous
urprendre,
ais
ui,
dans e
contexte,
prend oute a signification
C'est
alors
ue,
sans
précipitation,
a noblesse n
togeprétexte
ait on
apparition,ar
rdre
iérarchique,
fin e s'installerux
places
éservées
aux
patriciens.
...)
Ceux
qui
furent
rivés
e biens
errestres,
iches 'une
fortune
éleste,
espectent
es vœux u
roi,
u milieu es
grands
onsuls.
Partout,
es sénateurs
ccupent
es nombreux
ièges ui
les
distinguent
et,fascinés,
ardent
e silence
endantue
le roi
parle57.
On
constate oncchez Fortunat
ue,
sous es visions
irgiliennes
hris-
tianisées,
'expriment
'idéalitéd'un monde
poétique
élébranta
nature,
mais
aussi,
pparemment
ntactes ans
ce VIe
iècle,
es
conceptions
déolo-
giquesde l'aristocratiempériale omaine. l ne fautpas oublier ue les
destinaires
allo-romains
ttendentu
poète
fficiel
u'il
célèbre
es
valeurs
traditionnelles,
ui
leur
appartiennent
t attestenteur
originalité
ans un
monde
où la
culture
atinede la Gaule s'étiole sous l'influence
ranque,
malgré
a survivanceu
Sud,
usqu'au
milieudu
vir
siècle,
d'une
«
Gaule
romaine
58.
Un modèle
proposé
à l'aristocratie
franque
Du bon
usage
du
panégyrique
Sans doutene faut-il
as
se
figurer
'éliteromaine cindéede
l'aristo-
cratie
ranque
t résistante toutes es
forces une déculturationccélérée.
Fortunat
ous
présente
nmouvementnverse
ù l'aristocratie
auloise
em-
ble exercer ne forme 'assimilation
ulturelle,
u du moinsd'attraitt
de
séduction ur
es nobles
mérovingiens.
ortunat,
n
effet,
élèbre 'action
des noblesfrancs l'aide
de motifs
ucoliques
t leurrôle social
est envi-
sagé,
tout utant
ue
celui des nobles
gaulois,
ommeun
évergétisme
icté
54.
M.
Heinzelmann,
p.
it.
.
08.
55.Cette
onception
'un
alcules hancesans'au-delà
roportionnelles
'investissement
dansavie ociale'estas n urhénomène'imaginationoétique,aisussi n ignedéolo-gique,ommeerappelle. ontaine« ...) etteévotionomainentique,alculatriceusqueans
ses
ntérêts
pirituelss'apparente
n
ait une rechuteanse
uridisme
omaindans
ulpice
SévèreVie e aint artin
Paris,967-1969,
.
1417.
56.Voires
oèmes
Martine
Bragarécédemment
ités.
57.
VIII, ,
179-180t183-186.
58.P.
Riche,
ducationt ultureans'Occident
édiéval,aris,962,
.
56.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 128/164
L'ARCADIE
HRÉTIENNEE VENANCE ORTUNAT
123
parune noblessede cœur nforméear es précepteshrétiens. insi, es
talents
ratoires
t a charité ont out ussi
mportants
ans 'une ou l'autre
des
aristocraties,
t célébrés
n termes
dentiques.
renons
ar exemple
n
éloge
adressé
Gogon,
ristocrate
ranc
aïc,
maire u
palais
sous
Sigebert
Orphée
aisait ourir es
doigts
ur es cordes
lignées
e
la
lyre, ui,
frappée,
aisait ntendrea
musique
bientôt,
râce
ux
accents e
son
instrument,
l émouvait
ar
a douceures
forêts,
t
es
bêtes, harmées,
se
précipitaient
ers e chant e la cithare.
...)
Ainsi,
Gogon,
avi
par
a
douceur,
e
voyageuragne
esdomaines etirés.e
partout
ous iennent
à la
hâte,
lusrapidement
es uns
que
les
autres,
ar ta
parole
es
attire,
autantuela lyre 'Orphée....) Tu arrachesespleurs esaffligést tu
y
plantes
a
oie
;
parpeur u'ils
ne se
dessèchent,
u es abreuves
e la
pluie
de ton
loquence.
on discours
açonne
es
rayons
'où tu ers n
miel
nouveau,
t e nectar e ta
parole
i douce
supplante
'œuvre es
abeilles59.
et
comparons-le
celui adressé
u
patrice
ovinus,
ouverneur
e Provence
et,
d'après
son
nom,
de vieille ouche
gallo-romaine
Écris-moi,
uisque
u s
l'esprit
ibre,
ommunique-moi
es
poèmes
ns-
pirés
t
par
ta
parole, ar
ton
chant,
ultive-moi
omme n
arpent
e
terre. travers a
poitrine,ousse,e
t'en
prie,
a charrue e ton
verbe,
pour ue les sillons uetuouvres n moi oient écondésar aparole,
que
le
champ
e
ma
poitrineegorge 'épis
ourds,
u'il
soit
généreux
et riche n blé nouveau60.
Nous retrouvonsans les deux
poèmes
e motif e
Yamoenus
ger
cultivé
ar
une
parole
démiurgique
t fécondante
ui prend our
insi dire
le relaisdu verbe
divin le uir
pse
f
ctus
paradisus
n'est
plus
a
person-
nificatione l'action
globale
de
l'évêque
mais Fortunat
ui-même,
ravaillé
comme ne
erre,
la
manière ont
ieu
cultive damdans e
Jardin
'Éden.
Pour
présenter
'aristocrate
ranc,
l
combine vec
originalité
eux motifs
celui
d'Orphée
harmant
es animaux t celui du miel.
L'abeille,
en
effet,
participe
'une
essence
divine hez
Virgile61t,
avec le
miel,
ntretientn
rapporttroit vec la mythologieschatologiqueles abeillesfigurentes
âmes des morts ux
ChampsÉlysées62,
e
miel entre omme
composant
essentiel ans es libations ffertes
our
'incantationes morts t dans es
ritesfunéraires.ar
ailleurs,
Orphée
ncarne
ar
excellence a
contiguïté
entremonde es vivants t monde es
morts,
uisqu'il
est e
récepteurri-
vilégié
de la révélation u
divin
epoptia),
ans es cultes
mystères
t
qu'il
symbolise
e
principe
mêmedu rite
nitiatique.
a
quatrième
éorgique
dans
'épisode
de
Cyrène
t
Aristée ù se fait ntendre
e
discours e
Protée,
met
déjà
en
rapport
e motif es abeilleset celui
d'Orphée.
Mais
Fortunat
joue
surtout
e la double
quivalence
es
symboles
près
eur hristianisa-
tion
David,
le
prophète
la
harpe,
st devenuun nouvel
Orphée
chez
59.
VII,
,1-4,
1-14
t
17-20.
60.
VII, 2,
11-116.
61.
Géorgiques
V,
19 Esse
pibusartem
iuinae entis.
62.Aen.
I,
06-709.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 129/164
124 A. ROLET
Hilairede Poitiers,'abeille et le miel sont nterprétésommeautant e
métaphores
u
Christ,
e la
parole prophétique,
u verbe
divin
et de
la
Révélation63.
En
apparence,
ette
utilisation
e motifs
éorgiques
ans
l'éloge
de
noblesfrancs t
a mention
ourGogon
de la
possession
onga regna
attri-
buent certains
obles aïcs
ssus
de l'aristocratie
ranque
n modèlede vie
mixte,
imilaire u
modèle
épiscopal
et
aristocratiqueallo-romain.
l est
vrai
que
certaines onnées
historiques ermettraient
e voir dans cette
conception
e reflet
'une
réalité.
D'une
part,
'administration érovin-
gienne
'est fondue
dans la structuredministrativeomaine la ciuitas
comme
irconscription
cclésiastique asse
directementous e
pouvoir
es
grafiones uisdes comtes64. 'autrepart, 'appartenanceu christianisme
-
Clovis se fait
aptiser
ers
96
-
créeune communauté
déologique
ntre
les deux aristocraties.
nfin,
'aristocratie
uerrière
t
conquérante
es leu-
des,
de
type
militaire ous
Clovis,
se
métamorphoserogressivement,
u
milieu u VIe
iècle,
n aristocratieoncière
laquelle
e souverain
oncède
des terres. a
similitude es conditions
conomiques,
oubléed'une
appar-
tenance
eligieuse
ommune,
end
ossible
e
rapprochement
ocial avec es
grands
ropriétaires
allo-romains
t
'adoption
'un nouvel rtde
vivre65,
idéal de
culture,
e
paix
et d'excellence
açonné
u
contact e
la
nature.
Cependant,
ès la
fin
du
VIe
iècle,
et
plus
argement
u vir
siècle,
a
généralisation
e
l'onomastique
ermanique
t
a
véritable
analphabétisa-
tion des aristocraties,ontrentssez biendansquel senss'esteffectuée
l'acculturation.
n
fait, ortunat,
ans ces
pièces
de
louanges,
emble aire
appel
ux
«
vertus
traditionnellesu
panégyrique,
elles
u'elles
sont
nvi-
sagées
dans es
Panégyriques
atins e
l'Antiquité
ardive u chez Sidoine
Apollinaire. onçu
comme
parénétique,
e
genre
ittérairee la laudatio
exhorte e destinataire se doter e certaines
aleurs
morales,
olitiques,
littérairesu
religieuses,
u à les
confirmer,
n
les
célébrant omme
déjà
acquises66.
a
poésie
de Fortunatévéleraitinsi
un
mouvement
déologique
complexe.
'une
part
lle attesteraita volonté u
poète
de
promouvoir
n
projet
'acculturation,
renant our
ssise
'exemplarité
e
grandes erson-
nalités
piscopales
e
la
Gaule toute
ntière t eur
ptitude
faire
ayonner
le modèleromain
Félix à
Nantes,
Grégoire
Tours,
Léonce à
Bordeaux,
Syagrius Autun, vit Clermont. 'autrepart, llesoulignerait'attirance
d'une fraction e l'aristocratie
ranque
our
ettevision hristianiséee
la
romanisation,
ettefraction e limitant ien entendu
de
petits roupes
minoritairesutour
d'individualités
marquantes,
omme
Radegonde
ou
Gogon.
Une
acculturation
xemplaire
Gogon
Gogon
semble
mener a vie traditionnelle
'un aristocrateranc.
Un
longpoème
nous
e
montre
artageant
on
temps,
elonune alternance
ai-
63.Voir'analyse'A.GoulonansQuelquesspectsu ymbolismee 'abeillet umielà l'époqueatristiquehéritagentiquet nterprétationsouvellesdans e TertullienuxMoza-
rabes,
élangesfferts
J. ontainet.
1,
aris,992,
.
25-536.
64.Voir .
Folz,
A.
Guillou,
.
Musset,
.
Sourdel,
e
Antiquité
u
monde
edieval,
Paris,
992,
.
118.
65. bid
p.
6.
66.Voir
.
Pernot,
a
rhétorique
e
'éloge
ans
emonde
réco-romain
Paris,
993.
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L'ARCADIE HRÉTIENNE
E VENANCE ORTUNAT 125
sonnièreuggérée ar e terme aestiua entre espropriétésla campagne
et une vie de cour où
il a des fonctions
olitiques
t
pédagogiques,
elle
l'instructiones filsde
hauts
personnages
:
Préfère-t-il
arcourir
es
domaines
'été,
es
pâturages
oisés,
antôter-
rassantes
bêtesdans ses
rets,
antôt
es achevant e sa
javeline
Les
Ardennest es
Vosges
etentissent-elleses flèches
ui
viennent
rapper
à morte
chevreuil,'élan,
'auroch
À
moins
u'il
ne
frappe
e
large
front
ui
s'offrentre
es cornes u bison
obuste,
ans
ue
'ours,
'ona-
gre
t e
sanglier 'échappent
la
mort Travaille--il es
terres,
reusant
de
nouveaux illons ans es brûlis
t faisant
émir
ous a charruee
taureau l'échiné olide Se contente-t-ilimplemente rester la cour
royale
ù ses
gardes
ffluent,
'applaudissent,
'aiment t le suivent
Révise-t-il
vec e doux
upus
es
oisde
piété, roduisent-ils,
'un
même
élan,
un miel avoureux
our
assasier
'indigent,
onsoler es
veuves,
pour
ue
le
petit
rouve n
protecteur
t a
détresse,
e l'assistance
68
Cette
vie
mixte,
ous l'avons
dit,
'apparente
rèsfortement
celle
d'un
aristocrate
aulois.Gogon
mène ans es domaines
nevie de dominus
uillae
qui
travaillea
terre t a
fertilise,
aisant enaître
ar
son savoir-faire
quasi-thaumaturgique
a fertilité
à où on la
croyait erdue
ex
usta
se trans-
forme n noualia
.
Cette
vie à la
campagne
st d'abordvivifiante
our
e
corps
uegetet
alute
,
conformémentla fonction
ue
les Romains
ttri-
buaient leursdomaines e plaisance, vec leurs hermes,eurspalestres,
leurs
vergers,
eurs
hamps,
eurs errains e chasse69
mais elle a aussitôt
uneefficacité
sychologique,
oire
morale. es activités
grestes
ntunrôle
formateurt
régulateur,
ui apaisent
t
équilibrent
'âme
(
mente
erenus),
en la sollicitante
façon
modéréemaisévidente
placidis orrigé ar
agit).
L'instillation e ces
qualités
dans l'âme
prend
out on sens
orsque
Fortunat
arle
de
leurmise en
application
ans a uita actiua d'une
part,
la vie
politique
u
palais
d'un
grand
onctionnaire
ux vertus
xemplaires
qui,
malgré
es
marques
videntes
u
pouvoir
t
de la
force,
uscitentussitôt
l'attachement
cui
schola
congrediens
laudis
amore
equax),
d'autre
art,
la vie sociale
d'un
pieux
aïc,
avec
ses devoirs e charité
iura
pietatis)
t
sa conscience e la collégialité, ans aquellen'entre ucunerivalitécumdulci
Lupo, consilioque ari).
Toutes es
qualités
ne sontmentionnées
ue
dans
a
deuxième
artie
u
texte,
ommedécoulant
aturellemente la
vie
rustique
xemplaire voquée
dans la
première artie.
Ainsi,
e
partage
u
temps
ntreville et
campagne
evêt a
fonction
nitiatique.
l révèle un
fondement
ystique
ux valeurs
thiques
t sociales.
Le contact vec
Dieu,
par
a
nature,
ncite un certain
ype
e
vie,
contraignant
t
aborieux,
onc
à une nécessaire
humilité
morale,
ue
ne doivent
as
troubler
es vains
attraits
e la vie urbaine.
a vie
publique
doit
être
gérée
dans
l'esprit
e
strictescèse
qui préside
la
vie
agreste.
67.Voir .
Riché,
ducationt
ulture...,
p.
it.,
.
80-290.
68.
VII,
,
1-30.
69.Voir .
Grimal,
es
ardins
omains,
p.
it.,
.
39.
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126 A. ROLET
Les
enjeux
d'une
poésie propédeutique
Fortunat
rouve
a
fidélité ux lettresatines t son attachement la
poésie
de la
nature,
onçue
comme e
signe
d'une méditation
eligieuse
intense t a condition 'une vie
ascétique.
l se montreensible u
don
du
domaine
ue
lui fait
Grégoire.
l se révèle tre
roche,
ntellectuellement
t
socialement,
u cénacle des
grand vêques
aristocrates
e
Gaule,
souvent
propriétaires
errienst entretientvec eux des liens
épistolaires
olides.
l
ne cesse de célébrer e mode de vie des aristocrates
allo-romains
t leur
excellencemorale. ous ces indices ous
porteraient
confirmer
'hypothèse
d'un Fortunatui-mêmessu du milieu
ristocratique.
utre
on nomcom-
pletcomposédes trianomina
0
(phénomène éjà devenufort are), armi
lesquels igure
enantius
porté ar
de hauts
ersonnages
esVe tVIe
iècles,
et sonéducationittéraire
aractéristique
es fils e bonne
amille71,
ortunat
semble
évéler ans sa
poésie
des
aspirations
t des
préoccupations
arac-
téristiques
e ce milieu.
Dans sa
retraite
onacale
emporaire,
candée
par
une
poésiereligieuse
ux motifs
nvariablement
rcadiens,
t dans on souci
de
perfection
orale,
otre
oète
e fait 'émulede l'aristocrateomain
ui
veut 'extraire e la vie officielle
our
méditer,
ans a solitude t a
nature,
sur 'essencedu
pouvoir
t
de
la
richesse
t sur a nécessité
e la
piétépour
garantir
ondamentalementes vertus
ntérieures,
euls biens
précieux.
e
déraciné talien emble voir rouvé ans a maîtriseittérairen anoblisse-
ment
ui
se substitue
la
richesse t à l'influence
e
notable
u'il
ne
possèdepas.
Mais
parallèlement
l
découvre ur e sol de
la
Gaule
mérovingienne
des
ardins
piscopaux, oyaux72
u
monacaux,
abités
ar
des
personnalités
d'envergure,aïques
ou
religieuses, ropres
réactiverhez ui des tendan-
ces
à l'ascétisme
ristocratique
omain,
u seinmême 'unecarrière e
poète
d'apparat.
'Arcadie
chez
Fortunatst donc
oin
d'être
'appareil
onvenu
d'une culture
clérosée,
uisque
a
poésie
se libère n
partie
e l'érudition
mythologique73.
lle est au contrairee
signe
d'un choix ittérairet idéo-
logique
out fait
riginal
elle manifesteertes a volonté e concilieres
beautés e
Virgile
t cellesdes textes
aints,
mais lle
tente ussi
d'exprimer
l'essentiel
e
l'aspiration
mystique
'une classe
dominante,
ui
veut onti-
nuerd'asseoir sa suprématieinancièretpolitique ur unprestigemoral.
L'Arcadie déalisece mode de
vie,
et constitue
n
paradigme pposé
aux
forces ulturelles
ubversives
ui
menacenta latinité. ans ce
vr
siècle où
l'attrait 'une
puissance
nvisible
st
tout ussi tentant
ue
la richesse
maté-
rielle,
ortunat
ropose
l'aristocratie
ranque
n
complément
sa conver-
sion collective l'accès
individuel ux ressources ivines.
Dans cette
erspective,
eut-être
erait-ilntéressant
'examiner
a
pro-
duction ittéraire
ontemporaine
e
Fortunat,
otammentelle de
Grégoire
70.Venantiusonoriuslementianusortunatus.
71.Voir .
Reydellet,
p.
it.,
.
VIII.
72.VoirepoèmeI, concernante ardine areineltrogothe, pouseeChildebert,roi eParist ilseClovis.
73.
On onstateararetées éférences
ythologiques
hez
ortunat,
ompris
anses
ran-
des
ièces
fficielles,
pithalames
u
panégyriques,
édiées
Sigebert
tBrunehaut
our
eurs
oces
(VI, ),
Charibert
VI,
),
lareineheudechilde
VI, )
par
xemple,iècesue
'on
pposera
celles umême
enreomposéesar
idoine
pollinaire
t
ui
e
signalentar
n
éploiement
mythologique
onsidérable.
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Médiévales1, utomne996,p. 29-145
Pierre
SÉLAMME
«
LA PIERRE
ET LA
PORTE
»,
UNE MÉSAVENTURE IGNORÉE
:
NOUVELLE
APPROCHE DES HUITAINS
XCV
ET
XCVI DU TESTAMENT
DE
VILLON
«
Soyons
éalistes
il
n'estrien e
plus
significatif
qu'un
texte ffirmanton divorce 'avec e sens.
'
«
La
pierre
et la
porte
»
XCV
Item,
maistre ehan
ornu,
990
Autre ouveau
aiz lui vueil
faire,
Car
l m'a
tousjours
ubvenu
A mon
grant esoing
t affaire.
Pour
e,
le
ardin
ui tranffaire 994
Que
maistre ierre
obignon
M'arenta,
n faisant effaire
L'uys
et redreciere
pignon.
XCVI
Par faulte 'un
huys 'y perdiz
998
Ung
grez
t
ung
manche e
houe.
Alors,
uit
aucons,
on
pas
dix,
N'y
eussent
as
prins
ne
aloue
L'ostelest
seur,
mais
qu'on
e
cloue,
1002
Pour
nseigne
mis
ung
havet,
Qui
que
l'ait
prins, oint
e
m'en oue...
Senglante
uyt
t bas chevet
2
1. U.
Eco,
es imitese
'interprétation
Paris,992,
.
18.
2. Touteses eferencesextuelles
ontxtraitese
1
ditionuivante
Le Testament
ulon,
J. ychnertA.
Henry
d., enève,
roz,
974.
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130
P.
SÉLAMME
L'énigme
Meurtrier
'un
prêtre,
rançois
Villon
déjà
dû
s'enfuir ne
première
fois
uand,
in
456,
econde
uite,
l écrit on
Lais
prétendant
evoir
uitter
la très moureuse
rison
ans
aquelle
e maintientnebellerebelle.
'enjeu
du Lais
est
udique,
Villon
e
fait
es
griffes,
ffûtees
pointes.
Mais
lorsque
cinq
ans
plus
tard,
n
1461,
l
annonceun autre
départ,
ien
plus grave
celui-là,
'enjeu
est
autre,
l
s'agit
du
voyage
sans retour
il
rédige
on
Testament.
Il
est définitivementaincu
par
es aléas de la
vie,
né
sous a
mauvaise
étoile,
aturne. a fortune
ui a été
catastrophique
t
il sait
qu'on
ne refait
pas sa vie au MoyenAge la vie esttropbrève, es occasions rop ares.
S'il
n'a
rien
léguer,
l
a des
comptes régler.
l
joue
sur es deux sens du
verbe atin estari
n'oublions
as que
Villon
est,
ou a
été,
clercet
que
le
français
n'est
pas
encore la
langue
officielle)
d'une
part
«
prendre
témoin etd'autre
art
exprimer
es dernièresolontés . Les deux
parties
du
texte
orrespondentrosso
modo cette
oubledémarche
usqu'au
vers
777
il
tente ne
auto-justification,
es
douze centsvers
restants
raitantes
legs
et c'est
presque
exactementu centre u Testament
u'affleure
et
écueil
émantique
edouté,
éritable
nigme
ans
'énigme,
es huitains
CV
et XCVI.
Dès
l'origine
es
16
vers nt
posé
des
problèmes
ux scribes le huitain
XCV offre 2 variantesmanuscritesquant u huitainXCVI - que P. Le
Gentil
ualifiait
obremente
«
strophetrange ui évoque
unemésaventure
ignorée
3
-
il est
supprimé
ans e manuscrite
l'Arsenal,
t
déplacé
dans
celuide
Stockholm
our
aire uite u XCIX.
Ces
deuxhuitainsont
éputés,
à
juste
titre, bscurs,
ans
doute
parceque
les
systèmes
e
brouillage
t de
codage
mis en
place atteignent
eur
plus
redoutable
fficacité,
t
les inter-
prétations
roposées
usqu'à
ce
jour
n'ont
guère
onvaincu dans eur di-
tiondu TestamentJ.
Rychner
t A.
Henry
vouent,
propos
u vers
1004,
se
«
résigner imprimer'incompréhensible
4,
et de son
côté,
e villonien
I.
Siciliano
raille
les
diverses
hypothèses uggérées
mais n'en
propose
aucune5.
J.
Dufournet ait
pour
sa
part
de ces deux
strophes
n
exemple
privilégié d'équivoque
et de destructionu
langage
6
: si le
langage
st
bienun« principe e classification,ne ntroduction'un ordre aturel7,
le détruire'est donc nstaurere chaos. Et Villon va mobiliser outes es
qualités
e
poète,
ous
es
dons
prodigieux
e la
parole,
outes
es ressources
de son humour
évastateur,
t aussi toute a
quérulence
u'il porte
n lui et
les mettreu service
e ce désir e ruines. hétoricien
rillant,
héritiere
la tradition
ongleresque
8,
l
utilise outes es
possibilités
u
langagepour
nous
fourvoyer
ncore.
l en
oue
avec une subtilité
éconcertante
de la
plaisanterie
alace,
u sous-entendu
bscène,
ux
allusions
raveleuses,
ux
ambiguïtés
ntretenues,
ilées
usqu'au
raffinement,
usqu'à
des
eux
de lan-
gue
se
déployant
ans un air raréfié
'initiés,
oired'herméneutes.ace à
3. P.LeGentil,ours'Agrégation,orbonne,967.
4. Le
Testament.
illon
I,
Commentaire
p.
147.
5. 1.
Siciliano,
ésaventures
osthumes
eMaître. Villon
Fans,
973,
.
7.
6.
J.
ufournet,
ouvellesecherches
ur illon
Paris,980,
.
1-63.
7. F.de
Saussure,
ours
e
inguistiqueénérale,
aris,
975,
.
5.
o. J.
ufournet,
p.
it.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 135/164
«
LA
PIERRE
T LA
PORTE
,
UNE
MÉSAVENTUREGNORÉE
131
ce « virtuose e l'indicible il nous fautdonc livrer ci « la batailledu
sens 9.
Un
charivari
?
À
l'origine,
n charivari
lieu communune
topique
thème
écurrent
davantage
ié au
contenu)
0. uis une
explosion
e sens
le
poète
va
libérer,
déchaîner outce
que
cettemanifestationontient e
jeu,
mais aussi de
trouble,
e
virulence,
e
violence11,
e
mascarade,
e
railleries
éroces,
e
dérision.
À la foisugementtrevendication,e charivarianctionnaitublique-
ment
et
cruellement
)
des faits elevant e la vie
privée,
e
l'intimité.lus
particulièrement
eux relatifs la
conjugalité
t à la
sexualité,
arexemple,
un
mari
cocu,
ou une veuve se
remariant,
estreignant
insi
e choix des
futurs
onjoints.
Il ne faut
as
assimiler e
tumulte un
simple
vacarme le charivari
pouvait
tre iolent t durer
lusieursours.
Cette
manifestation
'avait ien
d'innocent t
l'Église
la condamnaitomme
portant
tteinte
u sacrement
du
mariage,
ommeune
résurgence
u
fond
aïen.
l
est
probable u'elle y
voyait
ussi un
empiétement
ur ses
prérogatives
le
contrôle e la vie
privée.
e
concilede
Bayeux
en 1369
précisait,
ne fois
encore,
ue parti-
ciper un charivarimettaitn étatdepéchémortel. t onpeut omprendre
toute
a
charge
motionnelle u dramedu
«
Bal des ardents
,
en
anvier
1393,
uand
e
peuple pprit ue
cettemascarade tait n réalité n
charivari
«
en
l'honneur
d'une Dame
de la reine se remariant
our
a troisième
fois
2
.
Villonrecourt-il la traditionittéraire édiévale Le thème
u cha-
rivari est en effet
réquent
t,
par
bien
des
aspects
t
péripéties,
a
«
san-
glante
uit de
Villon
rappelle
elle décrite
ar
Raoul Chailloude Pestain
(mort
n
1337)
dans e Romande Fauvel
qui
nous montre
auvel,
réature
diabolique,
ictime 'un charivarixtraordinaire.anifesterontre e Dia-
ble ne
pouvait
onstituern
péché
Et la nuit e Fauvelestainsi
gravement
perturbéear e tapaged'énergumènes aniant ntre utres outils14es« havets , et n'hésitant as à briser es portes t à jeterdu bren 4au
visage
des
passants,
out ela au milieude hurlements5.
La malencontreuse
quipée
nocturne e Villon
témoigne
lle aussi de
«
havet et de
«
porte
racturée : si la
portemanque,
'est l'invasion es
forces u
mal,
e monde e délite ans a confusiont e vers
1002
exprime
cette
ngoisse
9. G.
teiner,
éelles
résences
Paris,972,
.
et13.
10.P.
Zumthor,
ssai e
oétique
édiévale,aris,
972,
.
83.
1
Qui ouvaitégénérer
n iol ollectif.
12.F.Autrand,harlesI, aris,992,. 01.13.A.Mary,aFleure apoésierançaisees riginesusqu'àafin u v iècle,aris,
1951,
.
85-488.
14.
Bren,
ran
Io
Son.
°
Partie
rossière
u on. °
Rebut,rdure,
xcrément
,
d'après
A.J.
reimas,
ictionnairee 'ancien
rançaisusqu'au
ilieuu iv
iècle,aris,980,
.
2.
15.Cf.Gervaisu
Bus,
eromane
Fauvel,
.
Lângfors
d.,
ew
ork,
ohnson
eprint,
1968,
. 79-761
e
'interpolation
eChailloue
Pestain,
.
164-167
NdlR).
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 136/164
132
P.
SÉLAMME
Tostel stseur,maisqu'on e cloue « cloue du verbe clore ].
Mais le
texte
it
peut-êtrelus.
À
propos
e
«
hurlements
n'y
aurait-il
pas
un
eu
de
mots
Au vers
97
nous vons a
graphie
ys
au vers uivant
huys
la
présence
u
«
h
»
suggérait-elle
hui
hurlement? Au vers
874
de La Prise
d'Orange,
par exemple,
n
peut
relever
A
sa voixcler
ommença
huichier.
6
Le thème u charivari vait tout
pour
séduire e
poète.
Cette
parade
sauvage
mal
contrôlée,
e désordre e la rue
par
biendes côtés
acrilège
t
sadique si onpeutrisquer etanachronisme),es victimesivrées la vin-
dicte
populaire, resque oujours
es
femmes,
es motifs
resque oujours
d'ordre
exuel,
toutcela ne
pouvaitque
le fasciner.
À ses
humiliations
s'ajoutaient
elles des autres le malheur autrui
ffre, élas,
des consola-
tions.
Du charivari à l'émeute
Bien
qu'interdit
ar
a
loi,
le charivari tait
plus
ou moins oléré ar
ses victimes 'en étaient
uittes
e
plus
souvent
ue pour
des
séquelles
psychologiques.onarrêt tait égociable quelquespièces, uelquesmenus
cadeaux.Les
pouvoirs ouvaient
e considéreromme
un
exutoire.
Mais dansces deuxhuitains n autre
hamp émantique
'ouvre,
utre-
ment
nquiétant
celui
de la mort t de la violence.
Senglante uyt
t bas chevet
Cette
mésaventure
gnorée
apparaît
iolente t
brutale,
onforme
l'époque
comme u
poète.
Périlleuse les
usages
du
temps
aisaient etirer
traversint oreillers
ux moribonds
our
aciliter le
passage
...
«
bas che-
vet
(vers 1005).
Coutume ttestée
arShakespeare
ans Timon
'Athènes
acte
V,
scène
3
:
Pluck toutmen's
pillows
rom elow heir
eads17
L'adjectif
verbal
englante
trèsusitéau
Moyen Âge,
a un sens très
fort
nuit
pourrie
,
«
putain
e nuit
»
J.Dufournet ote
qu'il peut
tre
inséré ans un contexte e
mort
«
mourir e
sanglante age
18.
Nuit
dangereuse
onc
«
à en crever .
Nuitdes
«
longs
outeaux sans
doute le manche e houe sert
'arme,
out
omme e
grès.
C'est
avec une
pierre ue
Villon tenté
vec succès
d'achever,
orsde la rixede
uin
1455,
sonadversaire
hilippe
ermoise. t
que penser
u
«
havet
,
arme e
poing,
instrumenttilisé
our
crocheteres serrures C'est aussi
l'outil
qui sym-
bolise e Diable dans es tableaux e Jérôme osch.
16.Cf. a
prise
'Orange,
aris,
967.
17.The
omplete
orks
f
William
hakespeare
Londres,
978,
.
89.
18.J.
ufournet,
p.
it
,
p.
7.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 137/164
«
LA PIERRE
T LA
PORTE
,
UNEMÉSAVENTUREGNORÉE 133
Poursuivantes travaux e mise à jour,de décryptage,e classement
des archives elatives cette econdemoitié u
xve
iècle,
menés
ar
Marcel
Schwöb et
AugusteLongnon,
ierre
Champion
nous
propose
deux nuits
villoniennes,
'une de
décembre,
'autrede
mai,
qui
à
défaut 'être oman-
tiques
ont éellement
anglantes
9.
Le
6
décembre 452
,
lorsd'une fête es
«
écoliers la
pierre
itedu
«
pet
du diable est ncore ne
fois
déplacée,
t unefois ncore es ncidents
avec les
gardiens
e l'ordre
égénèrent.
a maison
ù s'étaient
éfugiés
es
étudiants
st
prise
d'assaut
l'huis est forcé t
brisé,
n
y
trouve es ensei-
gnes
volées,
des
crochets,
es couteaux t des havets
nsanglantés.
a mai-
son est
pillée,
es
gardiens
e l'ordre
récupèrent
entre utres a literie
Villonyfait-il llusion uand l qualifie ettenuit e « bas chevet ?
La tension este ive entre es
«
écoliers
et es forces
e l'ordre une
trentainee
eunes
gens
restentncarcérés. e
9
mai
suivant,
eux-cimani-
festentne
fois
ncore,
xigeant
a libératione leurs amarades. e recteur
est
invité
négocier
vec le
prévôt
ce dernier
ccepte
de recevoir ne
délégation
'étudiants
ous deuxconditions
qu'ils
se rassemblent
argrou-
pes
de huitmaximum
Alors,
uit
aucons,
on
pas
dix
vers1000)
et
qu'ils
ne soient
as
armés.
La négociationemble boutirmais, u sortir e la maisonduprévôt,la
police
'en
prend
iolemmentux
délégués.
es étudiantsésarmés uient
et courente
réfugier
ans es
«
hôtels et es
«
jardins
alentour.
n
eune
homme st tué.
«
Jardin et
«
hôtel
sont
voqués
aux vers
994
et
1002
la fuite t a recherche
'un
refuge
galement
i l'on
interprète
e la
façon
suivantee vers 1004
Qui
que
l'ait
prins,
oint
e m'en oue
Le
pronom
le
»
pourrait
envoyer
«
ostel
,
et
«
prendre
stel
signifier
se
réfugier
.
Notons
on
emploi
dans a
Nouvelle
omplainte
d'Outremer e
Rutebeuf,
ux vers
54
et
55
:
Quant
'arme eratmisfors
Queil
part orra
le osteil
rendre.
J.Dufournet
n
propose
a traduction
ue
voici
Quand
votre me
en sera
éparée
Où
pourra-t-elle
rouveremeure
Deux autres ccurrencesont relever ans Guillaume e Dole :
19.P.Champion,illon,a vie t on emps,aris,984,. 5-66.
20.Dans on ntroduction
uxœuvrese
Villon,
anlyenseue
a
participation
eVillon
aux roubles
st
lus ue robablep.
V).
21.P.
Zumthor,
aMesureumonde
Pans,
993,
.
1. Maisonthotelsontnterchan-
geables
ans
'usage
ourant,
ais envoient
rincipalement
e
premier
un
âtiment,
e second
l'idée e
éjour
t
e
efuge.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 138/164
134 P. SÉLAMME
Il n'estoit as toz a aprendre
il
ala ainz son ostel
prendre
v.
943-944)
Que
cil
chante
romont,
ez vos vallet ontrement
le
degré, ui
ot Tostel
ris
v.
1368-
370)
2
Et dans
a
fin
du
vers,
point
ne m'en loue
»,
le
pronom
en
»
peut
renvoyer,
n
moyen
rançais,
une
personne.
e loerde :
«
suivre onavis
»,
«
s'en
rapporter
». Le sens
serait
«
Quant
celui
qui
s'est
réfugié
ans
les
ardins,
'étaitun
exemple
ne
pas
suivre .
En outre, i l'on saitque le Bobignon u vers995 étaitprocureurun
avoué,
de
nos
ours)
au Parlement ers
1454,
on ne
peut ue
constater
u'il
y
a,
pour
e
moins,
uelques
similitudes 'ambiance ntre es deux nuits
tumultueusest la
«
sanglante
uit du
XCVF
huitain.
Villon chevalier
Si ces
quelques
versn'étaient
u'une simple
vocation e nuits umul-
tueuses
passées
depuis
ongtemps
eur ntérêt erait ssez limité.De tout
temps, olice
et étudiants
nt
aitmauvais
ménage.
es auditeurs
t es
rares
lecteurs e Villon ttendaienteaucoupplus que le rappel 'aventures ontils avaient té
peut-être
émoins u même
complices.
ardelà le contenu
anecdotique,ar
delà même es railleries éroces u
poète,
ls étaient onviés
à
participer
la machinerie
arodique
urdie
ar
Villon.La
parodie
st une
pratique
extuelle ien
plus
subversive
ue
la raillerie u la satire
ui
ne
s'en
prennentu'à
un
«
objet
.
La
parodieparasite
n discours oit en le
rendant
érisoire,
oit en le
dévoyant
e son sens.
Le choix
d'un discours
d'autorité,
ur
equel
aucune ontestation'est
permise, 'impose
donc.
L'auditoire e ce
temps qui
reste ncore cerner t à définir était
bien
plus
attentif,
ien
plus apte
que
de nos
ours
à
décrypter
e
genre
e
discours
erverti,
ouvent rouillé
ar
mesure e
prudence.
a
contempo-
ranéité
ouait
évidemment
on
rôle,
a vie du texte ans es mémoiresvait
aussi son importance.uelquesannées vant a mise au pointde l'impri-
merie,
illon -t-il écu une
période rivilégiée
urant
aquelle
un texte e
devait a survie
u'à
ceux
qui
le
«
savaient ?
Marot,
e
grand oète
de
la
génération
uivante,
rouvait
éjà
dans e Testament
es obscurités ifficiles
à
percer
mais
l
est
vrai
que
Marotn'était
as
parisien.
La tonalité
majeure
es XCVe et XCVF
huitains u Testamenttait n
tout as annoncée ès le
XIe
huitain u Lais
:
Item,
maistre
tier
Merchant,
Auquel e
me
sens
res
enu,
Laisse
monbranc 'acier
ranchant,
Et a maistre ehane Cornu,
Qui
esten
gaige
detenu
Pour
ung
scot
ept
olz montant
22.Cf. .
enart,
uillaumeeDole u eromane
a
rose,
. ufournet
rad.,aris,
979.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 139/164
«
LA PIERRE T LA
PORTE
,
UNEMÉSAVENTUREGNORÉE
135
Jeveul, elon e contenu,
Qu'on
leur ivre... n le rachetant
L'obscénité u
registre
e
peut
aisser
uère
e doutes la double
ym-
bolique
du
branc/bren
à la fois
phallique
t
scatologique,
ait llusion la
sodomie,
llusionrenforcée
ar
le
«
tenu du vers
82
qui
a un sens très
fort ainsi aux vers
110-111,
e la
Complainte utebeuf
Que
sontmi amidevenu
Que
'avoie
de si
près
enu
queJ.Dufournet'hésite as à traduirear« Quim'étaientiintimes .
Ce
«
branc ranchantévocation érisoire e
la
virilité st
par
ailleurs
un
egs
nsidieux car trenchier aussi e sensde
«
ôter
'usage
de
»,
deve-
nant onc nstrumente castration.
Si
Villonmanie ommenous llons e voir a
parodie,
e n'est
pas pour
autant
u'il
délaisse a raillerie
Jehan e
Cornu
t
Bobignon
ont
des
pré-
noms t des
patronymesui
lui ouvrent e vastes
erspectives23.
ehan,
ean
c'est
le
prénom
raditionneles
imbéciles,
es
prétentieux,
es cocus. Le
«
Jean
ui
veut n remontrerson curé
,
le
«
Gros-Jean
ommedevant
,
le
«
Jean
ui
rit t le Jean
ui pleure
,
«
le chien
de Jeande Nivelle
,
le
«
Jeandes
vignes
-
autant
e
proverbes
u
d'expressions
ui
l'illustrent.
Quant
«
Cornu
,
une
expressionicarde
t
probablement'ailleurs,
n le
dit de l'hommebafoué ui « ne peutrentrerhez lui [car l ne passe plus
sous
la
porte,
cause des
cornes,
ien
entendu].
24
D'où
cette
orte u'il
faut efairet ce
pignon
ui
doit tre
edressé
(vers
996
et
997).
«
Cornu
était u
Moyen Age
connoté
lus
lourdementncore.Le mot renvoie u
diable
rappelons-nous
e
havet)
la
folie,
t
par
dérision
l'impuissance
sexuelle.Démon
châtré,
idicule,
mpuissant,
ocu,
Jehan
e
Cornun'a
plus
qu'à
attendree
prochain
arnaval
our
tre nstallé rebours urun âne et
être xhibéde
par
es rues Châtiment
abituel.
Il
fallait out e même
beaucoup
d'audace,
bien
que
la verve
atirique
autorise ertains
xcès,
pour
s'en
prendre
vec une telle cruauté Jehan
Cornu, inancier,
eceveur es
Aides,
ecrétaire u
Roi
en
1454,
et de
plus
le métamorphosern bon samaritain,idicule e bonnevolonté olant u
secoursd'un
pauvre ongleur.
A-t-il
eulement onnuVillon Mais notre
poète
n'est
pas
un
ngrat,
l
persiste,
e
puissant ersonnage
ecevra n
gage
de reconnaissancene
maison,
ropriété
nous
verrons
u'il
n'en est
rien
)
d'un certain
obignon.
*
Maison
qui
menace uine
«
Bobignon
,
outre 'allusion
ransparente
à
une bosse
«
bignè, uigne
bosse à la tête
)
qui
suggère
es infortunes
conjugales, ermet eut-être
n autre
eu
de mots
bigner
'est
«
s'esqui-
ver
;
il est
grand emps
n effet e fuir ette onstruction
ui
menacede
s'écrouler
Car l m'a tousjoursubvenuA mongrant esoing r affaire.
23.J.
ufournet,
p.
it.,
.
1-63.
24.
bid.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 140/164
136
P. SÉLAMME
Pour e, le ardinui tranffaire...vers 92 à 994)
Les
deuxtermes
affaire et
«
jardin
ouvrent ne autre
erspective,
Villon
uitte
e domaine u sarcasme t de la raillerie
our
ntrer anscelui
de la
parodie.
La chasse
était,
vec
la
guerre,
'activité noble
par
excellence. es
activités
ynégétiques
e traduisaient
ar
deux
argons techniques,
oire
quelquepeu ésotériques
il
fallait n exclure es
manants),
elui de la Véne-
rie et celui de la Fauconnerie. ous
prendrons
e mot
«
jargon
dans le
sens de
«
langue
particulière
arlée
dans certains
roupes
sans
y ajouter
la moindre onnotation
épréciativejargon,
onc,
réservé une élite.
Nous savonsbienque Villon a été,en tant ue créateurmais aussi en
tant
u'homme,
asciné
ar
es
langues,
es
dialectes,
es
argons
latiniste,
il
s'intéresse l'ancien
français,
u
poitevin
t au
jobelin25
domaine
ans
lequel
l
fait
reuve
'une dextériténdéniable
).
Comment
ui,
ravalé
par-
fois au
rang
de
caïman
6
,
n'aurait-il
as
été tenté e
parodier
es
jargons
de chasse réservés l'ordre ominant
De
plus
Villon
oue
au
chevalier,
'occasion
tait elle.
Noblesse,
même
feinte,
blige.
l
ne fautd'ailleurs
pas
attendre'élaboration u Testament
pour
déceler
ette
entation
arodique.
Deux
occurrences,
our
e
moins,
dans e Lais ne laissent
uère
de doute.Voici la
première
JordonnerincipalementQu'onluybaille egierement
Mes
brayes,
stant ux
Trumillieres,
Pour
oyfferlus
honnestement
S'amye
Jehanne
e Millieres ais v.
101-104)
«
Coiffer dans e
argon
de la Vénerie
le
sens,
n
parlant
es
chiens,
de :
«
saisir e
sanglier ar
es oreilles t de
le
porter
terre
.
Ainsi
Villon
lègue
à RobertValee ses
caleçonspour
coiffer
plus
«
décemment son
amie Jeanne.
Et
quand
e
poète,
ux vers
229-232,
du
Lais
auxpijons ui sont nl'essoyne
Enserrésoubz
rappe
oliere
lègue
Mon
miroüerel et
ydoine
Et la
grace
de la
geolliere
Il
y
a là tout n travail
métaphoriquepigeon-prisonnier
cage-cellule
qui
est
évident.
Une
trappe
olière taitune nasse
permettant
la
proie
d'entrer,
mais
non
de sortir.
otons
par
ailleurs
ue
enserrésc'est
«
pris
dans es serres .
Le latin e Villon tait robablementort orrectuisque oncompère
25.Jobelinauxveiècle
angagearticulier
uxmalfaiteurs.
26.Caïmanultimeéchéanceociale.f.
.
Godefroy,
exique
e 'ancien
rançais,
aris,
1990,
.
8
«
Caimanderie,
aimandisemendicitécaimani
mendiant,
uémandeur
.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 141/164
«
LA PIERRE
T LA
PORTE
,
UNEMÉSAVENTUREGNORÉE
137
et compliceTabariedéposedevant a justiceen cette angue e 22 juillet
1458.
Le
poète
ne
pouvait as
ignorer ue
«
geôle
»
a
pour
origine
n mot
latin
avea
qui signifie
ussi
«
cage
»
avec l'allusion
ubrique uasi impo-
sée : la
«
cage
»,
enseigne
e
bordel,
envoyait
u sexe
féminin.
omme
l
n'y
a
pas
si
longtemps
«
panier
,
«
panier
leuri ...
Dans ce
champ émantique,
u
premier
bord,
e motmiroüer étone.
Mais le
lexique
de la
Vénerie
eut
nouséclairer
le
«
miroir c'est a tache
blanche
ue porte,
'hiver,
e derrière u chevreuil.
onc :
«
Je eurmontre
moncul
»
ou
«
Je
m'évade .
Le
vocabulaire
e la Fauconnerie27st
plus
explicite
ncore
puisque
e
«
miroir est la
«
fiente
ue
laisse l'oiseau
».
L'interprétation
erait
«
A
ceux
qui
sontdans
la
merde,
e
leur aisse
la
mienne (etpour e quiest de la « gracede la geolliere onpeut upposer
que
Villon ui
lègue
son
salutou
plus
certainement
u'il
laisse
a
«
vertu
ou
«
les faveurs
de cette harmante
ersonne
ses
compagnons
'infor-
tune).
La demeure infernale
Que
Jehan
cornu soitvoué aux
Enfers,
uoi
de
plus
conformeux
Écritures La bête
ux deux cornes
Apocalypse
13,
11),
celle de la
Terre,
faux
prophète
st destinée
inalementux flammes
ternelles. e
legs
de
Villonn'estpasgratuit,et« hôtel entouré 'un« jardin etquesurmonte
un
«
havet outil du diable ressemble
ort un
autre
ardin,
elui
«
des
délices
peint uelque
50 années
plus
tard
ar
J.
Bosch,
parodie atanique
de
l'Èden,
de la Jérusalem
ecouvrée28.
l
s'agit
bien du
«
mal osté
»,
Portel
seignor...
Qui
si fist
ercier
e costé
Pornous
oster u mal osté
(Rutebeuf,
a
Complainte
'Outremer
vers 7
à
70)
de la demeure
nfernale,
e l'Enfer.
Le
bordel
Puisque
Jehan ornu
st munid'un
branc
«
cadeau
»
de
son
ami,
on
peut supposer
ans
trop
de
risques ue
cet hôtel st un
bordel.Parmi es
éléments évélateurs
e la maison de
tolérance,
n
peut
relever ans
le
tableaude J.
Bosch,
Le
Fils
perdu
outre
'huis
brisé,
e
pignon
n ruines
étranges
imilitudes)
es oiseaux
en
cage,
des
pigeons
ur e
toit,
omme
l'hôtelde Cornu
peuplé
d'alouettes
cf.
p.
139).
Et
quand
Villon
s'inquiète
-
que
de sollicitude
-
de la sécurité e ses
pensionnaires
n recommandant
27.Legrandaroussencyclopédique,d. 964,uxntréeséneriet/ouauconnerieonne
la
quasi
otalitées éfinitions
tiliséesci. 'autres
uvrageseuventompléter
M.
'Yauville,
Traité
eVénerie
Paris,
987
Schlegel,
ermann,
raitée
Fauconnerie,aris,
981 t
Poil t
plume
termes
e
hasset
angue
ourante,énerie,auconnerie,
hasse
tir, aris,
989.
28.Le
Jardin
es
élices,
uséeu
rado, adrid,
t
ngénieux
ommentaireseCh.
rost,
LesChardons
t
a
petite
ortue,aris,
992.
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138 P.
SÉLAMME
de le clore, appelons uec'est encette ériode ue les bordels ommencent
à
êtredes
lieux
fermés
les
futures aisons loses29.
En
ce
«
bordeau
ne
«
tenons
as
notre tat
et
ressortons ans ce
jardin.
Pourquoi éguer
n
ardin
On
peut
'interroger
ur e
legs
inhabi-
tuel.
Parodied'un
genrepoétique
minemment
ristocratique,
elui de la
Chanson courtoise Le thème n est constant la belle est au
«
jardin
d'amour» elle
s'y promène,
êvant,
nsatisfaite.a
jeune
fille st évidem-
ment
oigneusementprotégée
,
le
jardin
st clos. Surviente beau che-
valier
qui
la
presse
bien sûr
«
d'ouvrir 'huis
»,
symbole
lair. Au
jeune
homme
e
se montreronvaincant l'issue du débat st ncertaine ais a
cause de l'amoureuxn'est
pas désespérée.
Un
jardin
à la
porte
d'entrée
brisée, t noussommes n présence 'une chanson ourtoise contrario.
Les
jeunes
fillesne seraient
lus
avares de leur vertu.
Quoi
qu'il
en soit
nous revoilàdans e
champ émantique
u bordel.
Ce
jardin
très accueillant est visité
par
des
faucons,
e
qui
nous
oriente
aturellement
ers e
jargon
de la Fauconnerie. u vers
précédent
nous
avons
signalé affaire
c'est
«
la
plus
ou moins
grande
docilitéde
l'oiseau à
l'affaîtage
(au
dressage).
Villonfait-il llusion
roniquement
sa bonne
volonté,
sa
docilité,
uand
JehanCornu 'aidait Le
sens
de
«jardin
»
est
plus explicite,
c'est la cour où sont
xposés
es oiseaux de
vol,
le
matin,
our
qu'ils
prennent
eurs ébats .
«
Donner e
jardin
à
l'oiseau
»,
c'est le mettre
u
grand
ir.
Il nousvient l'esprit ue ces oiseaux xposéspourraienttre es loin-tains
ugures
e ces
prostituées
nstallées errièreeurvitrine anscertaines
villes. Prostituées u
prostitués
Rien ne
permet
e
reprendre
a vieille
antienne 'un Villon soumis
ux
capricespédérastiques
e
puissants er-
sonnages
ommeMarchant
u
Cornu.On
peut
upposer ependant ue
le
milieuhomosexuel u
temps
tait,
lus que
de
nos
ours,
fragile,
ecret,
menacé.Cette
abomination menait out roit
pour
e menu
euple)30
u
bûcher.Milieu
donc en
proie
toute ne faune
nterlope
e
voyous ui
en
vivait.Villon a-t-il
rempé
ans ce
genre
'affaire
Villon et l'amour
On ne sait
pas trop
omment illon connaissaites heurs t malheurs
de ces
puissants,
mais l est trèsbien
renseigné par
e
bouche oreille
Sûrement
il
n'a
pas
choisi es victimes
n
fonction
eulement es
eux
de
mots
ossibles
ur eurnom u
patronyme)
-t-il 'autres ources
ui
restent
à localiser.Notons n
passant ue
Y. Marchantmourut
élibataire,
ituation
qui,
au
Moyen
Âge,
était
igne
d'un certain
empêchement
.
On a avancé
'hypothèse
'une rivalité moureuse
ui
aurait
approché
les deux rivaux ur e terrain e la mésentente.
ifficile
'admettre
u'une
jeune
fille u
MoyenÂge puisse
voir e choix ntre
n
caïman tun
homme
de
l'entourage
u Roi. Villon avait
sans doutedes
appuis,
l
est vrai la
29.Cf. .
Geremek,
es
Marginaux
arisiens
ux
iv t
xv
iècles
Paris,
976,
.
57 t
notes
.
79.
30.Une izainee odomitestaient
rûlés,
ar
xemple,haque
nnéeVenisecette
poque.
A.
Burguière,
istoiree a
famille,
.
Temps
édiévaux
rient,
ccident
Paris,
986,
.
196.
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«
LA PIERRE T LA
PORTE
,
UNEMÉSAVENTUREGNORÉE
139
L'auberge,
ôtel-bordel
J.
Bosch,
e
Voyageur
u le Fils
perdu
vers
1510
détail),
Musée
Boy
mans- an
Beuningen,
otterdam.
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«
LA PIERRE T LA
PORTE
,
UNE
MÉSAVENTUREGNORÉE 141
« Faire
plaisir
un oiseau»
signifie
lui
permettre
e
plumer
ne
perdrix
u
pour
e moinsde lui donner
uelques
coups
de
bec ». L'alouette
pouvait galement
ervir
'appât.
Constatons
ue
nousrestons iendans e
domaine
émantique
u
«
jardin
.
On
etait
lors
la
plume
u vent devant
le
rapacechargé
e la tuer.
Et
si
l'on
pense
que
c'est
l'épervier
et
non
a
grive qui
«
s'esbat
de
oie
»
nousrestons ans es
argons
ynégétiques
«
joie
»,
«
jouir
.
En
vénerie
'animal
jouit
»
quand
l
est admis
la curée
l'épervier
st auto-
risé à
plumer
a
grive ui
bruyt
crie)
rejoint
ar
son
per
(son
égal)
à
«
la
plume
. En fauconnerie
être ressé la
plumée
se ditd'un
oiseaudonné
en
pâture
u
faucon,
t l'on retrouveette
xpression
u
vers721 du Tes-
tament ù Villondéclare
Car
'ay
mis e
plumail
u vent...
Aux
nterprétations
e
J.
Rychner
t A.
Henry
n
peut jouter
elle-ci
«
les
femmes
ue 'ai
aiméesou
convoitées,
e
les
ette
d'autres .
Mépris,
dépit
le suffixe ail
»
(du
diminutifatin
culus)
le
suggère
t le vers
suivant orrobore
'hypothèse
Or ui suive
ui
a actente.
Fairesuite stun terme e Vénerie u sensévident t e verbe atten-dre peut ussi avoir e sens de « désirer :
N'i
a
empereur
e roi
Ne
seigneur,u'il
est
trespasseiz
Mais attendansa asseiz...
(Rutebeuf,
e Dit de
l'hypocrisie
vers
00)
On
pourrait isquer
ette
nterprétation
«
aux michetons
ui
en
pin-
cent,
eux de
ouer
»
C'est encore ans a
poésie
de Rutebeuf
ue
nous rouveronsne onfir-
mation u
fonctionnement
étaphorique
ardin-hôtel/bordel
faucon-chas-
seur/clientalouette-proie/femmehomme ) soumise34
Vostre
previer
unt
rop lus
donte
Que
vos
n'iestes,
'est veriteiz
Cat teil
a,
quant
e
geteiz,
Seur e
poing porte
'aloe
(La
nouvelle
omplainte
'Outremer,
ers
44-1
7
35)
Traduction
roposée ar
J.Dufournet
Vos
éperviers
ont ienmieux ressés
Que
vousne
l'êtes,
parfaitement,
Car l yen a qui, orsque ous es lâchez,Vous
rapportent
'alouette ansvotremain.
34.
À
propos
u .
1001,
prins
ne loue
,
ne
as
mettre
ue prendrepeut
voire ens
érotique
'aujourd'hui.
f.
aPrise
'Orange
v.
1548 Gel uidai
rendre
t stren eu
reable
.
35.
Rutebeuf,
uvres
omplètes,
ans, 977,
vol.
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 146/164
142
P. SÉLAMME
Villon homme de loi
Certaines ictimes e Villonont té
choisies
arce ue
leur
prénom
u
patronyme
rêtait
e flanc toutes ortes e
plaisanteries
ruelles t
salaces.
Il
est vrai
que
«
SainctAmant au vers
89
du
Lais survient ort
pportu-
nément
prèsque
Villon a
déploré
voir
mourires
«
membres aints
au
vers 8.
L'amantmeurt onc
puceaupuisque,
ans a
langue
cclésiastique,
«
membres
signifie corps
. Le
prénom
atherine,
'une belle rebelle t
cruelle,
ous
rappelle
moins
pportunémentue
le diminutifn est
«
catin .
Mais
quand
Bobignon éapparaît
ans la
mascarade,
u
vers
995,
il
n'est
pas
seulement'hommeberné t
couard
que
nous
savons,
a
petite
histoire ousapprend ienautre hose36.l eutde sérieux émêlés vec la
justice
du
temps, propos,
récisément,
e
rapports
e
ardins
t de
maisons.
Procéduriert
avare,
e
procureur
u
Châtelet e
put
éviter
ue
ses biens
fussent endus à la
criée
(aux
enchères)
n
1454.
Villon
montre insi
qu'il
esttrès ien
renseigné
ur a vie
publique,
ntre
utres,
e ses victimes.
Bobignon,
rocureur
Cornu,
homme
e finance t
d'administration,
elle
occasion
pour
notre
oète
de
parodier
ne autre
angue
d'autorité,
a
langue
juridique.
Ainsi un
autre
ystème
e
significations
a se
superposer
ux
précédents.
Au vers
992,
l'édition
Rychner-Henry
préféré
subvenu au
«
secourru du manuscrite la
Bibliothèque
ationale e
France,
u
nom
d'une plus grande ichesse e la rime vec « cornu . Soit. « Car il m'a
tousjours
ecourru aurait
u marquer
e début
e la
parodie
secors stun
terme e
droit,
'est
«
ce
qui
sert la
défense
uridique
.
Perdu veiz votre abar
C'est a dire
votre ecours
(Rutebeuf,
a
Complainte
u Roi de
Navarrevers
9)
Villon,
oujours lein
de
gratitude,déjà légué
à
ce défenseur
ompé-
tent
au
vers 86 du Lais une
«
ardoisede huit ous ».
Il
ironise,
ous e
savons
bien. D'autant
ue
«
besoin
peut
voirun sens très
ort,
elui de
«
situation
ritique
:
Dieu,
ma force sée en ce besoinme aisse
(Corneille,
Le
Cid
v.
230)
Reste à savoir i
le
poète, ouant
ur e mot affaire
,
cas
judiciaire,
ne renvoie
as
«
besoin
à ce
qui,
en
droit,
tait ne
«
personne chargée
d'avaliserune
ettre e
change,
e la
régler
au besoin .
La reconnaissancee Villonest
népuisable
il va
usqu'à
transférer
Jehan ornuun
ardin
que
lui a
arenté
obignon.Remarquons
n
passant
que
nous
sommes n 1462 et
que Bobignon
vu ses
biens
confisqués
n
1456
Il
est donc fort
robable u'il
ne
possède
plus
ce
jardin.
Le
poète
pousse l'ironiefort vant, ar c'est sur une affaire 'arréragesmontantd'une
rente,
ersé échéances
onvenues)
t de
réparations
e bâtimentst
de clôtures
ue
la
confiscation
ut
ieu.
36.P.
Champion,
p.
it.,
.
5-66.
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«
LA PIERRE
T LA
PORTE
,
UNEMÉSAVENTUREGNORÉE
143
Le vocabulaireuridique emande e la précisionuntransfertst« un
acte
par equel
une
personne
ransmetn droit une autre
,
et arenter
'est
«
donner bail ou à
ferme
,
le locataire '
engageant
cultiveres terres
et/ou
everser ne
partie
es
produits
es bénéfices ur eurvente.Ce
sys-
tème
permettait
ux
propriétaires
'imposer
bien des
exigences.
Dans la
langue
familière,
'expression ça
faitun bail
»
est restée.
Villon
ègue
donc Cornu
e
droit e
payer
es échéances t de cultiver
un
ardin
Cocasse,
le retour
la
terre
e ce
puissant
ersonnage,
urtout
quand
on sait
en
quelle
estime tait enu e vilain D'autant
ue, orsqu'on
connaît
'esprit
etors e
Maître
rançois,
n
peut
e demander'il n'a
pas
en tête e
«
bail à
complant
qui imposait
a culture et ce mot
omplans
au vers31 du Lais autorise outes ortesd'allusions salaces amoureux
insatisfait,
illondécide
Planterme fault 'autres
omplans.
Le
gérondifui
suit
Que
maistre
ierre
obignon
M'arenta,
n faisant effaire
L'uys
et redreciere
pignon
(vers
95 à
997)
a été
compris
omme
yant
aleurde
condition,
s'il
répare
a
porteet epignon . Mêmeconstructionyntaxique, ême ens, oujours propos
du malheureux
ornu,
uand
Villon ui
lègue
son branc
Je
veul,
elon e
contenu,
Qu'on
eur
ivre... n le rachetant
{Lais,
vers 7
et
88)
«
S'il le rachète
est un sens d'autant
lus probable ue l'épée
est
détenue n
gage
et
que
le
pauvre
Jehan
st voué
à
régler
es ardoises.Mais
J.Dufournet
souligné
outes
es
ambiguïtés
e cette orme
yntaxique
hoi-
sie
à
dessein
pour
brouiller
es sens. Le
gérondif également
ne autre
valeur,
elle
de la
simultanéité,
t
e
poète
'utilisenaturellement.
imitons-
nous à deuxemplois
Finablement,
n
escripvant,
J'ouys
a cloche
de Serbonne.
(
Lais vers 73
et
276)
Et dans e Testament
ux vers
98
et 101
En cheminantans
croixne
pille,
Dieu...
Me monstranebonne
ille.
Villon ne joue-t-il as surcette utrevaleur Ce serait lors Pierre
Bobignon ui,
au moment e
1'«
arentage
,
aurait ait
reffaire
'uys
et
redrecier
e
pignon
. On
peut
voirune
vague
ntuition
ur e
que
pourrait
37.J.
ufournet,
p.
it.,
.
1-63.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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144
P. SÉLAMME
« refaire ou « redresser ce propriétairevareet chicanier ce sont e
montant es échéances
ues
par
e locataire.
L'un des sens
de
refaire
n
français
lassique
est
«
redonner e la
vigueur
(on
reposait
es chevaux
our
es
«
refaire
)
et 1'«
uisaige
était
un
impôt
ur es
portes
ui annonçait
elui sur es
portes
t fenêtresmis
«
en
vigueur plus
tard. ierre
obignon
urait-il
oncfait
ugmenter
ette
taxe? Redresser
e
pignon uggère
our
a
part
un
eu
de mots
plus
com-
plexe.
Dresser
est un terme
e
droit,
ui signifie
rédiger
ans es
formes
prescrites
(sens
qui perdure
«
on dresse
ontravention
). Que
peut
donc
«
re-formulerle
propriétaire
Est-ce e
pignoris
apio
droit e
certains
créanciers
e saisir
es biens de leursdébiteurs
t de les retenir
n
gage
?
Ou la vente e cettemaison -t-elle té« pignorative, c'est-à-direue le
vendeur
'est réservé
e droit e
reprendre
a
«
chose
»
dans un délai fixé
L'acquéreur
ayait
videmment
es traites
u
propriétaire
éel ce
procédé
plus
ou
moins
oléré,
ermettait
e contourner
e
prêt
suraire t
était ré-
quemment
tilisé
précisément
en cas de
relocation.
omme
on le
voit
ce
«
transferts'effectue
oncdans
es
pires
onditions
t 'on
imagine
mal
ce
qui pourrait
e rendre
lus
catastrophique
Le chaos
et l'étoile
Tout nsachant,omme e remarquait . Yourcenar,ue « lemystère
se reforme errière
'explication
t demeure
ntact
38,
spérons
ue
notre
essai n'a
pas
été
vain.
Car
au revers
e cette
frénésie élirante u lan-
gage
»,
on décèle
un Villon
maîtrisantout
fait ette
vertigineuse
ita-
nie ». Villon
reprend
n
procédé u'il
a
déjà
utilisé
une mésaventure
er-
sonnelle nsérée ans
une
topique39.
l
transpose
e
charivari n tumultes
beaucoupplus
graves
uxquels
l a sans
doute
participé
t
durant
esquels
il
a dû
risquer
a vie.
Mais ces aveux
ont oilés
puisqu'
ussitôt
e
poète
e dérobe.
e
«
pau-
vre écolier
révolté,
e voici chevalier
uis
homme e
loi
;
et c'est d'une
voix
presque
ienne
u'il
va recourir leur
angage.
Derrièrees
masques
-
et on choisit esmasques on a pudevinera détresse e l'homme. aceà uneréalité raumatisante,elle de son dentité échue t celle d'un monde
impitoyableui
l'a
rejeté,
illon
oppose
un double
déni
il se
veut
insai-
sissable
-
dans tous
es sens du terme
,
dans un
monde
u'il
va rendre
incohérent,
nintelligible.
Démarche estructrice
rès laborée.
a
parodie
mplique
a
question
qui parle
La
perturbation
e la fonction
e
désignation
u
angage
ait
ue
nous ne savons
plus
«
de
quoi
l'on
parle
. Pour nvalider
es
systèmes
référentiels
l
joue
sur deux
registres
la
polysémie
t la
fragilité
e tout
système
ymbolique.
ystème
nstable,
ontradictoire
uisque
sa fonction
est de lui faire
xprimer
utre
hose
que
ce
qu'il
exprime40.
t la finde
xve
38.Lettresses mist quelquesutres,aris,995,.160. etteemarqueépondun
essai ur . osch.
39.
Testament,
.
57
celle e 'amoureux
ossé
,
llusion
robable
une uisante
écon-
venue.
40.Par
xemple,
a rose
symbolise
u
Moyenge
ussi
ien a Sainte
iergeque
e
pucelage
émininle acrét
e
profane.
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 149/164
«
LA
PIERRE T LA PORTE
,
UNEMÉSAVENTURE
GNORÉE 145
siècle estpropice ce genre e démarche le symbolismest en effet ans
une
période
de déclin et laisse
apparaître
es
signes
d'usure nflation-
niste .
Si,
comme e dit
Nietzsche,
il
faut
porter
n soi le
chaos
pour
être
capable
d'enfanterne étoile
43,
e
vouloir
bsent
u
monde e
1'«
insigni-
fiance n'est
pas
sans
risques.
ette ltime
chappatoire,
réatricee
grande
poésie,
n'a sûrement
as
résolu a situation
ngoissante
e
Villon.
Pierre
Sélamme,
8,
place
du Puits
Malescot,
-773 0 Boissise-le-Roi
« La
pierre
et la
porte
,
une mésaventure
gnorée
nouvelle
approche
des
huitains
XCV et XCVI du
Testament
e Villon
Cettenouvelle
pproche
es
45e
t
46e
huitains u Testamente
Villon
se
propose
e suivre a doubledémarche
engeresse
u
poète.
L'évo-
cation
'un monde nversé e
violence t a re/créationu Chaos face
au monde
ui
l'a
rejeté.
Villon charivari émeute
jardin
d'amour bordel chaos
«
The Stone and
the
Doorway
»,
an UnknownMisadventure
A
NewApproachto the 45thand 46thoctetsofVillon's Testament
The
new
approach
o the
45th nd 46thoctets
f
Villon's Testament
proposes
o follow
he
poet'svengeful
ouble
path, voking
he nver-
ted world
of violence nd
the re/creationf Chaos
confronting
he
Worldwhichhas
rejected
t.
Villon charivari
uprising garden
f ove
-
brothel chaos
41.J.
Huizinga,
čDéclinu
Moyenge
Paris,967,
.
1 -223.
42.Par
xemple
anseRetablessenheimeGrünewald
1512),
olmar,
useees
Unter-
linden,
a
Vierge
st
signifiée
10 ois
43.
«
Manmuss och haos
n
ich
aben,
m inenanzenden
tern
ebaren
ukönnen.
,
Also
prach
arathustra
Stuttgart,
.
Kröner,953,
arathustrasorrede
,
p.
13.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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Médiévales1, utomne996,p. 47-153
NOTES
DE
LECTURE
Pierre
iché,
etite iede saint
Grégoire
e Grand
Paris,
esclée
de
Brouwer,
1995,141p.
C est
toujours
n
xercice
ifficilee
présenter
ne
biographie
ssez ourte
d un
grand ersonnage.
. Riché
déjà
eu occasion e
présenter
aint ernard
dans ette ollection es
«
Petites
ies
,
intermédiairentre n article
ency-
clopédie
t
unevraie
iographie.
n saura
ré
l auteur u souci
pédagogique
de cette
résentation
unedizaine e
chapitres
lairement
istingués
de nom-
breux ous-titres
t
des
paragraphes
ourts un ensemble e données
ratiques
très tiles une
chronologie,
n choix
de
quatorze
xtraitses œuvres e Gré-
goire,
ne
rapide
maisutile ntroduction
ibliographique,
eux
artes,
ans
par-
lerd une
conographieriginale
la
statue e saint
Grégoire
u
portail
ud
de
Chartrest
sept
miniatures
e manuscritses xi-xiieièclesmalheureusement
ennoir t blanc auf illustratione couverture).
Le
premier
hapitre voque
a famille e
Grégoire,
on enfance
t
le
contexte
istoriqueénéral.
e futur
ape
estné vers 40
dans
une
famille e
la haute ristocratieénatoriale
omaineiée à
l Eglise
deux
papes,
Félix
II
(483-492)
t
Agapit
535-536)
n étaientssus.
l
faut elevere caractèreris-
tocratique
t romain e ses
originesui permet
e
comprendre
importance
e
la culture
hétorique
t
uridique
ans a formationu
euneGrégoire.
n
autre
aspect
ssentiel
e la
biographie
e
Grégoire pparaît
ans
ce
chapitre
une
enfance Romedans es
années 0 et 50 du
vie
iècle,
nnées urant
esquelles
la
Ville a été à
plusieurs eprises
ssiégée
t
prise
antôt
ar
es
Ostrogoths,
tantôt
ar
es
Byzantins.
n a du malà évaluer e
que pouvaient
tre es mal-
heurs u
temps,
e sentimentun
monde
ui
s écroule cette
xpérience
st
incontestablementondamentalelus ard ans œuvre upape.Aprèse court
répit
e la restauration
ustinienne
ù l auteur itue vec
ustesse
a formation
scolaire e
Grégoirerâce
la restauration
es chaires
enseignement
Rome,
les malheurses
temps
ont
as
cessé,
ormant
insi
arrière-planragique
e
cette
iographie.
eut-être ailleurs
auteur urait-il
u
nsister
avantage
ur
cet
aspect.
Ainsi ne
donne-t-il
as parmi
es extraits
hoisis e texte une
homélie
urEzéchiel
voquant
a
fin
e
Rome, exte,
l est
vrai,
ien onnu.
Après
un
passage
la
préfecture
e la
Ville,
Grégoire
e convertiters
574. La conversion
ignifie
ci un
changement
e
vie,
e renoncementla vie
du siècle u
profit
unevie
monastique.
e monachismeriental était
epuis
longtemps
cclimatén
Occident
râce
n
particulier
Cassien
début
u
Ve
iè-
cle)
qui
exerce ne
grande
nfluence
ur
Grégoire.
n ne
peut
ublier on
plus
la figurenpeumystérieusee Benoît. usqu à neépoquerécente,régoire,
auteur e la
vie
de saint
enoît ans es
Dialogues
était
onsidéréomme n
des
premiers
énédictins,
est-à-direbservanta
règle
bénédictine.
n sait
maintenant
u il
n enestrien
t P. Riché itue ien es
perspectives
ctuelles
grande
iversité e
règles
t
d usages monastiques
u vie
iècle,
commune
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 151/164
148
NOTESDE
LECTURE
influencee Cassien urBenoît tsurGrégoire,résence Rome, u Latran,
de moines
yant
ui a destructionu Mont
Cassin
par
les Lombards
que
P. Riché situevers
585).
La vie
monastique
st
conçue
comme e meilleur
moyen
accéder la
contemplation
e Dieu. Le monachismee
Grégoire
une dimension
mystique.
ependant
es
compétences,
ntellectuelles,
uridi-
ques,
sont
rop
tiles u
pape Pélage
I
qui
le nomme
pocrisiaire
nonce)
Constantinople
ù
il
demeure e 579 à 589
environ,
ié de
près
la cour
mpé-
riale.C est ainsi
qu il entreprend
e commentaireu livre e
Job,
aste om-
mentairen 35
livres,
œuvre
majeure
e l écrivain
régoire,
ource e médi-
tation
our
out
e
MoyenÂge
occidental. es Moralia n Jobveulent ussi
manifesterne
méthode
exégèse
la
lecture e l Ecritureelon es trois
ens,
littéral,llégorique, oral,méthodempruntéeOrigènetque Grégoireontri-bue
puissamment
transmettreuxsiècles uivants.
Quatre
hapitres
ou
même
inq
i l on
compte
e neuvième
hapitre
«
le
premierape uropéen
)
sont onsacrésu
pontificat,
elon ne
gradation
om-
modemais
peut-êtrerop ystématiquel évêque
de
Rome,
e
métropolitain,
e
patriarche
Occident,
e
pape.
C est
qu en
effet activité u
pontife partir
de son
entrée
n fonctionn 590 nous st ssez bien onnue
râce
la conser-
vation
artielle
u
registre
e ses lettres. est là une source
historique
e
premièremportanceui
éclaire
de
nombreux
spects
e
la
fin
du
vie
iècle.
Grégoire
st alors
capable
de
poursuivre
es
aspirationspirituelles
es
plus
hautes,
omme attestentédition es Moralia t es commentaires
ur
e
pre-
mier ivredes
Rois
et sur e
Cantique
es
Cantiques,
e
ouer
pleinement
e
rôled évêque tdeprédicateurans es Homélies ur Evangilet es Homélies
sur
Ezéchiel
d être
ar
a force es chosesun administrateurt même nchef
politique
e
grande nvergure.
n
petit
raité,
a
Règle astorale
rédigé
ès e
début u
pontificat,
ontreommentn
évêque
doit anscesse faire e va-et-
vient ntrees
activités
emporelles
t es
aspirationspirituellesour ouvoir
assurer
leinement
a fonctione
prédicateur.
es
Dialogues
nfin,
écits
it-
toresques
e vies de saints taliens
u vr
siècle
font e lien entre ne
culture
savante
ue
maîtrise
arfaitement
régoire
t une culture
opulaire u il
ne
méprise as.
L auteur
onsacre n
chapitre
«
Grégoire
rophète
,
expression
ienve-
nue
pour
elui
qui
a commentézéchiel
t
tout
pécialement
es
passages
es
plus
difficilesla vision nitiale u char t a
description
inale u
Temple.
e
commentaire,omme oute œuvre eGrégoire,stmarqué aruneforteers-
pective schatologique.
videmmentes malheursu
temps voquésplus
haut
sont l
arrière-plan
e cette
schatologie
t l n est
pas
ndifférenton
plus
de
ce
point
e
vue
que Grégoire
it ommentée livre e Job.
ependant régoire
n est
ni
défaitiste,
i fataliste
puisque
a
fin
st
proche,
l
faut u contraire
hâter a conversion
ersonnelle
t
collective,
l intérieure
Rome,
omme
l extérieur,
ers es
peuples
ncore
aïens.
a volonté e réformetde diffusion
du
message
hrétiene manifesteansune
arge
ision u monde de
la Perse
et de
l Egypte
usqu à l Espagne
t
l Angleterre.
est
précisément
ans
a
conversiones
Anglo-saxonsue
Grégoire
onnaît on succès
posteriori
e
plusfrappant.
et
épisode
aut ienun
hapitre,
ù
on voit
omment
régoire
a voulu
ette
mission t ui a consacré
eaucoup énergie
t
de
moyens.
La missionnglaise,ndeçàde l eschatologie,oulève nproblèmeis-
torique ue
l auteur
voque
peut-être
rop apidement
t
de
façon rop
llusive.
M.
Reydellet magistralement
ontréomment
régoire
st à la source un
grand
asculement
istorique
t
géo-politique
e
la
papauté
omaine
renant
ses distancesvec
Byzance our ouer
a carte es
royaumes
arbares
cciden-
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-31-automne-1996pdf 152/164
NOTES
DE
LECTURE 149
taux.On saitqu au vnieièclece basculemente manifestear étroitesso-
ciation e la
papauté
omainet d une
monarchie
ranque
n
plein
ssor.
Mais
qu en
est-il xactement
la fin u
VIe
iècle
Jusqu à uel point
régoire
-t-il
rompu
vec
Byzance
omme
indiquent
es relationsifficilesvec
empereur
Maurice t
a controverseur e titre
œcuménique
du
patriarche
e Constan-
tinople
Jusqu à uel pointGrégoire
-t-il u conscience
e favoriserascen-
sion
politique
es
royaumes
ccidentaux
n soutenant
eccared,
hildebert
I
ou
EthelbertA-t-il
onçu
ne ertaine
acralité e rois ésormais
atholiques
Ces
questions
ondamentales
bligent reprendre
es textes. ans certains
as-
sagesGrégoire
e
situe
leinement
t otalementans
héritagempérial
omain.
Ailleurs nevision xclusivement
eligieuse
t chrétiennee la
société emble
effaceres catégories ntiques. renons es relations vec les roisfrancsM.
Reydellet
es situedans un contexte e
rupture
vec
Constantinople
ais
on
pourrait
ussi relever
ue
de telles elationsnt té
nouées
par
es
prédé-
cesseurs
e
Grégoire our
épondre
u désir
yzantin
e
prendre
es Lombards
à revers.
régoire
st-il ncore
anscette ontinuité
iplomatiquemplicite
La recherche
une
paix
avec les Lombards t
de leur onversion
ar
inter-
médiaire
e a reine héodelinde
laiderait
u moins
our
ne
nouvelle
oncep-
tion
e
ensemble
es
royaumes
ccidentaux.ur e dernier
oint
elevons ne
erreur
p.
58)
: le
métropolitain
e Milan n est
pas
«
situé
dans e
royaume
lombard même
i
Grégoire
utilise omme
ntermédiaireers
Théodelinde,
car
depuis
72 es
évêques
e Milan ont
éfugiés
Gênes,
n territoire
yzan-
tin.
On noteranfin ue l auteurvoque ustementn« MoyenAge grégo-
rien
pour ualifierampleur
e l influencee
Grégoire
e
Grand,
mal
ppré-
ciée
d ailleurs
usqu à
des travaux écents.
ependant,.
104,
ce ne
sont
as
les
Moraliamais e Pastoral
t les
Dialogues
qu Alfred
e
Grand
it raduire
en vieil
nglais
u
ixe
iècle.
Dernière
emarque.
auteur
prouve
ne
sympathieustifiée
nvers es
aspects
modernes
t
trop ongtemps
éconnus
e la
personnalité
e
Grégoire
un ettré P.
Riché onnaît ien ette
ualité
,
un
pirituel
loigné
u
uridisme
etde uniformitén matière
iturgiquear xemple,
n
précurseur
e 1 « ncul-
turation du christianisme
n
Angleterre.
ette
modernité
e
Grégoire
tait
déjà pressentie
ar Mgr
Batiffol,
uteur
un
Saint
Grégoire
n
1928,
t
qui
participa
ux conversations
e Malines u lendemain e
la Première uerre
mondiale.
BrunoJudic
Régine
e
Jan,
Famille t
pouvoir
ans e monde
ranc
vir
Xe
iècle).
Essai
d anthropologie
ociale
Paris,
ublicationse
la
Sorbonne,
995,
71
p.
Série
Histoire ncienne
t
Médiévale,
3).
Tout e
propos
e
Régine
e
Jan,
ui publie
ci
sa
thèse e doctorat État
soutenue
n
1993,
est de mettre
n relation
es structurese
parenté
t les
structurese pouvoir ans e monde ranc, ansun cadre hronologiqueui
enserrea
période arolingienne
classique
. L auteur e demande
ans
uelle
mesuree
système
e
parenté
soutenu
a montée e l aristocratie
ux vir et
viip
iècles,
il a conforté
u affaibli
ordre
arolingien
u
ixe
iècle,
t
enfin
comment
l a contribué la
mise en
place
d un
«
ordre
nouveau dans e
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150
NOTES
DE
LECTURE
courant u Xe iècle.Pour e faire,lleenvisagees fondementsupouvoires
nobiles
es
mécanismes
e
parenté
insi
ue
es
groupements
e
parenté
omme
structuresencadrementt de
pouvoir
n
questionnant
es sources u
moyen
des outils
raditionnelse
l anthropologie.
insi,
d une
somme onsidérable
d exemples
t d informations
e toutes
atures
ue
l auteur
maîtrise
arfajte-
ment,
oit-on
merger
image
une ociété
ristocratique
u Haut
Moyen
Âge
qui rompt
ouvent vec es idées es
plus
communément
épandues.
La
premièreartie
ente e mieux éfinire
groupe
es nobiles t leurs
pratiques
e
pouvoir.
i cette oblesse stdifficile
saisir,
est
qu elle
estun
concept
mouvant
ui
se fonde ans e
passé,
mais estime ans e
présent.
lle
est
donc e
produit
un
ystème
e
représentationsui s appuie
ur a
mémoire
desancêtres, émoireont es femmesnparticulieront esponsblestdépo-
sitaires. est aussiun
vaste
ystème échanges,
orizontauxt
verticaux,
ui
permet
être econnuomme
oble,
ar
es siens t
par
es autres. es familles
nobles ont onc tructurées
ar
des relations
iérarchiques
omme a
fidélité,
et
non-hiérarchiques
omme a
fraternité,
quoi
s ajoute
appui
des amis ibre-
ment
hoisis,
ussibiendans a
parenté
bien
ouvent
maternelle)
ue
hors e
la
parenté,
ur a base d unerelation
échange galitaire
anctionnée
ar
Y
mi-
citia.Ainsi
haque
ndividu
st-il
ris
dans un
réseau
de relationsù
amitié,
fidélitét
parenté
nterfèrentien ouvent. ous ces
groupements
taient
ério-
diquement
éaffirmés
ar
intermédiairee rituels e
paix,
omme
es
banquets,
et
e
non-respect
es
engagementsris
ces occasions ébouchaitur a vio-
lence
ui prenait
e
plus
ouventa forme e la
faide,
ystème
indicatoire
ui
estfinalementneforme égativee l échange, envers u dond amitié.
La société
ristocratiqueeposait
onc surun
système échanges
ori-
zontaux,
uquel
es
Carolingiens
nt voulu
substituer,
ais sans
y parvenir
complètement,
n ordre
iérarchique
ertical. r cette volution des
réper-
cussions rès
mportantes
ur
encadrement
e
la société
uisque
a
cohésion
internee la société
ristocratique
eposait
n bonne
artie
ur es liens ntre
les nobles. i les rois
arolingiensattaquèrent
touteses solidaritésorizon-
tales est
parce u ils
estimaient
ue
ces relations
ouvaient orter
tteinte
leur
utorité, ais,
e
faisant,
ls détruisirentau moins
artiellement
cette
cohésion nterneu
profit
e la fidélité
iérarchiqueui
devint a
principale
courroie e transmissionu
pouvoir oyal.
Ce
système
onctionnaant
ue
l aristocratietrouva on
compte,
est-à-direant
ue
les
rois
restèrent
is-
pensateurse richessest depouvoirs, ais l accéléra ussi a partitione la
société
ristocratique
n deux
niveaux e
pouvoir
les
proceres
dont e
pouvoir
a été accru ur ensemble
e la
société,
t les autres obiles
qui
restaient
conscients e leur
ualité,
mais
qui
étaient ésormais
rivés
une
partie
es
prérogatives
e commandement
ui
étaient ellesde leurs ncêtres.
La seconde
artie
tudie es
principes
onstitutifs
e la
parenté
ans e
Haut
MoyenÂge.
Le vocabulaire e la
parenté
montre
u on
distingue
ssen-
tiellementn
petit roupe
e
parents
ormant
e
champ
de la
parenté
on-
épousable,
ureste
e
a
parenté,
econnue ais
ointaine,
a limitentre
arents
et
non-parents
tant rès loue ten variationonstante.i le nom stun
«
mar-
queur important
e la
parenté,
l
ne
participeue
médiocrementla trans-
mission e a mémoire
amiliale,
arce u il
est n
général
hoisi ans
un ercle
limitéu 3edegré eparenté.a combinaison élémentsaternelt maternel
pour
ormere nomde l enfant
ui
était
expression
un
système
ortement
bilatéral
ù l enfant
ppartenait
e
plein
droit ux deux
ignées, isparutro-
gressivement
u
profit
e la transmissione noms
ntiers,
uivante modèle
de la famille
oyale.
a dénominationevint lorsun élémenttructurant
es
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NOTES
DE
LECTURE
1 1
groupesefiliation,raduisanta hiérarchisationel aristocratietprivilégiant
aussi
a mémoire
ignagère.
ais ce
que
reflèteette volution e la dénomi-
nation est aussiun
changement
ans
a
transmissionéréditairees droits t
des honores.
l époquemérovingienne,haque
filshérite u droit e tenir n
honormais
pas
de
1
honor ui-même.es
Carolingiens
u
contraireaissèrent
se
développer
ne
certaine érédité es
honores
tendance
ui
se
renforça
jusqu à
aboutir un modede dévolutionirecte t
patrilinéaire.
l
faut
epen-
dant ttendree
Xe
iècle
pour
observer ne véritable
atrimonialisation
es
honoresce
qui exprime importance
randissante
u
couple conjugal
ans
l univers e la
parenté,
t ce
qui permet
association e
l épouse
la
gestion
des honores
Cette romotione la conjugalité,outenuear Eglise, st e faitmar-
quant
e
l époquecarolingienne
t
engendre
e nouvelles ormes e
stratégies
matrimoniales.
n
effet,
n
s
adaptant
ux transformationse la
société,
es
règles
matrimonialesurent
e
plus
n
plus
évères
our
es
fils,
étenteurse
la
puissance
amilialetcontraintse trouveres
épouses
ussinobles
u eux
chaquemariage
ut out la
fois
onfortere
patrimoine
t
égitimer
e
pouvoir
familial.
arallèlement,
e resserremente la famille utour e la
lignée
gna-
tique
endit
lus
nécessaire
ue amais exogamie our
ssurera sécurité u
patrimoine
t es
alliances
vec les
autres
ignages,
e
qui correspondait
en
partie
aux normes
mposées ar Eglise.
La
troisième
artie
xamine ommentes
groupements
e
parenté
nt
accédé
ux
réalités
olitiques
n combinant
e
principe
e
la
descendancevec
celui de l alliance.Régine e Jan nsiste ur e fait ue le couple onjugal
toujours
té a
«
structure
ortante
de a
société,
a domus oble
ayantamais
abrité nefamille
arge
t
polynucléaire
e
type
atriarcal.
n observe n effet
que
le modede résidence
rivilégié
st virilocal dès
qu un
fils e
marie,
l
y
a
segmentation
u
noyau
e
rattachement,
t e
système
e
partage
es
héritages
ainsi
ue
la dilatatio
egni
taient
arfaitement
daptés
ce
type
e résidence.
Mais à
partir
u
Xe
iècle
a mise
n
place
du
systèmeignager
t a
patrimo-
nialisationu
pouvoir
boutirentce
que
la maison
aternelle
t tout honor
familialillent
l aîné,
es cadets
estantoués
Dieu,
u célibat u à la chasse
à la riche éritière
ui
pût
eur
procurer
nedomus
ropre.
ien
sûr,
impor-
tance u
couple onjugal
exclut
as
a
présence
e a
familia
nhérentetoute
domus
noble,
t
constituéen bonne
partie ar
es
compagnons
armes u
maître,a Gefolgschaftqui est un élémentssentiel e sonpouvoir. nfin,
l auteur bserve u sein u
couple
évolutionuconsortiumaritalnvéritable
consortium
onjugal
envisagé
out abord omme association
négale
es
deux
onjoints
ous a
potestas
u
mari,
l
évoluevers neforme association
plus
étroite e
l épouse
Yhonor e son
mari,
robablement
ar
mitation
u
modèle
oyal.
Toutefois,
importance
u
couple onjugal
e doit
pas
conduire sous-
estimerelledes
groupements
e
parenté
ans
esquels
l
s insère.
u vir
iècle,
les
groupementsristocratiques
ont ncore es structuresortement
ognati-
ques
et on
peut
outer
u ils
aient u
une
véritable
tratégieolitique. rogres-
sivement,
ls se transformèrentn structures
lus
hiérarchiséest
plus
verticales,
jusqu à
ce
qu au
Xe
iècle,
des
groupes
e filiations
organisent
utour un
pouvoirerritorialisé.ans ce cadre, nedes clefs e la réussite esPippinides
fut eur
apacité
s organiser
rès
apidement
n
un
groupe
e filiation
atri-
linéaire
t à mener ne
politique
alliances adicalementouvelle
arce
ue
conclue n dehors e toute elation e
parenté. ependant, long
erme,
l est
probable
ue
e caractèretrictement
gnatique
t a fermetureu
ignage
aro-
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152 NOTES
DE LECTURE
lingien
ont
empêché
e consolideres basesfamiliales,
uisque
a
parenté
cognatique
e
pouvait
as
servir e
support
l exercice e leur
ouvoir.
cet
égard,
es Ottoniens
nt u
éviter
etécueil n utilisantouteses ressourcese
leur
parenté.
On saisitdonc
bien dans cette tude interactiones structurese la
parenté
t de celles du
pouvoir, inadéquation
ntree
système
e
parenté
t
le moded exercice e l autorité
usqu à l époque carolingienne
vant e ren-
forcement
es structures
erticalese la
parenté
t celuide la
conjugalité
ux
IXe t Xe iècles.L évolution es
types
e
solidarités
emble
tre u
cœur
es
mutationsla lutte
ontre outes es formes e solidarités orizontales
ui
a
marqué époque arolingienne
contribué
la déstabilisation
es
iens
ogna-
tiques.Mais éclatementesgroupementsarges thorizontaux,morcé uvip
et
accéléré u
ixe
iècle,
ne
marque as
le
passage
d une famille
arge
une
famille
troite,
omme
n
le croit
rop
ouvent
il
marque
n nouveaumode
d insertione la
familia
u seinde la
parenté.
Geneviève ührer-Thierry
Martine
storero,
Folâtrervec es démons . Sabbat tchasse ux sorciers
à
Vevey
1448),
Lausanne,
ahiersLausannois histoire
médiévale, 995,
324
p.
Depuis quelque emps éjà,
un
groupe
e chercheurse l Universitée
Lausanne,
mené
ar
Agostino
aravicini
agliani,
est
engagé
ans a
publi-
cation t étude es documentsoncernantes
premierspisodes
e la
«
chasse
aux
sorciers
attestés ans a Suisse
romande,
égion ui apparaîtujourd hui
parmi
es
foyers
es
plus mportants
t es
plus
précoces
e ce
phénomène.
Dans cet
ouvrage,
Martine
storero
nalyse
t
publie
rois
rocès
ui
se
déroulèrentu cours e l année1448
Vevey,
ocalité u canton e Vaud.Les
témoignages
ocumentairesendent
ossible
ne
nalyse
étaillée es
protago-
nistes,
es accusations
t
du déroulement
es faits.Dans son
introduction,
l auteur
itue on ravail ans a
perspective
estravaux
es
plus
écentst
décrit
brièvement,
ais
fficacement,
e
contexte es
positions
octrinalesu
xive
t
xve iècleconcernanta sorcelleriet le sabbat.Avec e premierhapitre,n
entre n revanche ans e
vif
es événements
urvenusn 1448 Martine sto-
rero
y
décrit
a situation
uridique
e la Suisse
romande,
e
fonctionnement
t
la
composition
u tribunal
nquisitorial
t
présente
a
plupart
es
personnages
qui apparaissent
ans
a documentation.ans les trois
hapitres
uivants,
u
contraire,
ont
ris
n considérationon
pas
les accusations ais
es accusés.
Il
est ntéressante noter
ue,
sur es
trois
rocès
etenust
examinés,
n seul
met
une
femme
n accusation situation
lutôt
rdinaire
our
une Suisse
romandeù a sorcellerie est
as,
oin en
faut,
n
phénomène
xclusivement
féminin.ans les
cinquième
t sixième
hapitres,
nfin,
es
événementsont
replacés
ans eur ontexteocal et
on
s interroge
ur eurnature éelle t sur
leur
onsistance
n les confrontantvec d autres.
e fait aillant
ui
émerge
avec le plusd évidence st e lienqui existe ntre es accusations hérésie,
telles
ue
les siècles
précédents
es ont onnues anscette erre
agnée ar
e
valdéisme,
t es accusations e sorcellerie.
D autre
part,
e lien
qui
unit es deux
phénomènes
ésulte,
ux
yeux
des
théologiens
t des
uristes,
e la
bulle
Super
llius
pecula
de Jean
XXII
en
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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NOTES
DE
LECTURE 1
3
1326,
ui
a assimilé l hérésiees
pratiques
t
croyances agiques,
ermettant
ainsi de leur
ppliquer
a
procédurenquisitoriale
ormale. ans les années
suivantes urent
édigés
es
premiers
anuels
inquisiteurs
nous
pensons
n
particulier
ceux de Bernard ui
et de Nicolas
Eymerich)ui
accordent
ne
large
lace,
côtédes
questions
oncernant
hérésie,
celles
ui
touchentla
magie
t à
la
superstition.
a
plupart
es accusations
encontrées
orsdes trois
procès
e
Vevey promiscuité
exuelle,
encontret
pacte
vec e
démon,
nfan-
ticide t
cannibalisme)
taient
éjà
utilisées,
ans e
passé,
ontre
es cathares
et es
vaudois,
même i l insistancevec
aquelle
llesreviennent
partir
e la
secondemoitié u
xve
iècle
st,
n
grande
artie,
nenouveauté.
La réflexione Martine storeroouche des
problématiques
ondamen-
tales le rôleouépar es vicissitudeses nstitutionsnquisitorialesu de auto-rité
cclésiastique
ocale,
n occurrence
évêque
de Lausanne la nature es
conceptions émonologiques,ui émergent
e la
grille nterprétative
vec
laquelle
es
inquisiteursnterrogent
es accusés t
nterprètent
eurs veux la
possibilité
e recueillira
représentationpopulaire
de
la sorcellerie
la
pré-
sencede conflitsocaux caractères
olitiques
t sociaux
ui engendrent
es
conflits
ux
origines
e la
«
chasse .
Toutefois,
intérête
ouvrage
e Martine storeroientussi sonrefus
de
répondre
e manière éfinitive
t
catégorique
de
telles
uestions. rop
souvent,
n
effet,
hostoriographie
cherché retrouverne
xplicationlobale
à la
«
chasse ux orcières dans esréalitésocales
ui
trouvaientifficilement
à
l accueillir.
est
pour
cette
raison
ue
la
tendance,
armi
es historiens
d aujourd hui,st de mener es recherches des échellesplusrestreintes,
conscients
ue
le
phénomène
e la
sorcellerie,
ongtempsrésenté
omme n
fait
nique
t unitaire
our
oute
Europe
et
également
our Amérique uri-
taine),
connu n réalité es
origines
rès
iverses,
ue
seuls es schémas héo-
logiques
t
démonologiques
tilisés
ar
es
nquisiteursour
es
nterpréter
nt
pu
fondren un
phénomèneénéral
e
«
normalisation
.
Franco ardini
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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Médiévales1, utomne996,p. 55-157
LIVRES
REÇUS
Archivioi Stato i
Firenze
éd. RosaliaManno
Tolu,
Anna
ellinazzi,
Minis-
tero
er
beni ulturali ambientali. fficio entrale
er
beni rchivis-
tici
Fiesole,Nardini,
995
I
tesori
egli
rchivi).
ArrighiVanna
d.,
Ordinamenti
i
giustiziaiorentini.
tudi
n occasione el
VIIcentenarioFlorence, rchivio i Firenze. cuoladi archivistaaleo-
grafia diplomatica,
995.
AscheriMario
d.,
Bucine
la vai d'Ambra el
Dugento.
li
ordini ei
conti
Guidi
édition u texte
ar
M. A.
Ceppari,
.
Jacona,
. Turrini
Sienne,
Il
Leccio,
1995.
Berlioz
Jacques,
e
commentairee documents
n histoiremédiévale
Paris,
Seuil,
1996
Mémo).
Berndt
Rainer
d.,
Andreae
e
Sancto
Victore
pera
t. II :
Turnhout,
repols,
1991
Corpus
hristianorumontinuado
ediaevalis,
UI
B).
Boileau
Abbé,
e
l'abusdesnudités e
gorge
Grenoble,
érôme
ilion,
995
(Petite
ollection
topia).
Boudet
Jean-Patrice,
ouguenheim
ylvain,
Vincent
Catherine,
'Europe
occidentale hrétienneu xnr iècle Paris, EDES, 1995 Regardsur
l'Histoire).
Carniani
Alessandra,
Salimbeni,
uasi
una
ignoria
Tentativii
affermazione
politica
nellaSiena
del
300,
préface
e Gabrielle
iccinni
Sienne,
ro-
tagon
ditori
oscani,
995.
Carnot Benoît
dir.,
L'infrajudiciaire
u
MoyenAge
à
l'époque contempo-
raine
EUD,
1996.
Cassagnes
Sylvie,
elporte
Christian,
iroux
Georges,
urrel
Denise,
e
commentairee document
conographique
n histoire
Paris,
Ellipses,
1996.
Catastrophes
Les)
naturellesans
'Europe
médiévalestmoderne
Bartolomé
Bennassar
éd.,
Actes des
xve
Journées
nternationales'Histoire
e
l'Abbaye e Fiaran10-12 eptembre993) Toulouse, ressesUniversi-
taires
u
Mirail,
996.
Chatillon
Jean,
e
mouvementanonial
u
Moyen ge.Réforme
e
l'Église,
spiritualité
t culture
études éunies
ar
Patrice icard
Turnhout,
re-
pols,
1993
Bibliotheca
ictorina,
II).
Clio. Histoire
femmes
t sociétés
2,
Femmes t
religions
1995.
Coste
Jean d.
critique,
ntroductiont
notes),
oniface
IIIen
procès.
Articles
d'accusation t
dépositions
e témoins
1303-131
)
:
Rome,
cole Fran-
çaise
de
Rome,
1995
Fundazione
amillo
Caetani).
Couleurs
e la
Nature,
evue u
Palais de la Découverte
numéro
pécial,
4,
octobre 994.
Dani
Alessandro
d.,
l comunemedievale i
Piancastagnaio
i suoi
statuti
transcriptionse DanielaGuerrini,arte e SivlioMambriniSienne,l
Leccio,
1996.
De Visser-Van erwisga
Marijke
d
,
Histoire
ncienne
usqu'à
Jules ésar.
Estoires
Rogier,
ome :
Orléans,
aradigme,
995
Medievalia,
extes
du
Moyen
Age).
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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156 LIVRES
REÇUS
DesportesPierre, illet Hélène, asti ecclesiaeGallicanae.Répertoirero-
sopographique
es
évêques,dignitaires
t chanoines es diocèses de
France
de 1200 à 1500
1,
Diocèse d'Amiens
Turnhout,
repols,
996.
Francesco
di Matteo
Castellani,
Ricordanze
II,
Quaternuccio
giornale
(
1459-1485
,
éd. Giovanni
iappelli,
Florence, lschki,
995
(Istituto
nazionale
i studi ul
Rinascimento,
tudi
testi
6).
Franco
Junior
ilario,
Eva Bardade.Ensaiosde
Mitologia
medieval São
Paulo,
Universidade
e São
Paulo,
1996.
Golinelli
Paolo,
Città e culto dei santi nel Medioevo taliano
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CLUEB,
1996
Bibliotheca
i Storia rbana
medievale,
bis).
Hardarson
Gunnar,
ittératuret
piritualité
nScandinavie édiévaleTurn-
hout, repols, 995 Bibliotheca ictorina,).HildegardedeBingen, civias. Sache esvoies ou Livre es visions
prés,
et trad. ierre
Monat
Paris, erf,
996
Sagesses
hrétiennes).
Huon
de
Mery,
Le tournoi e
l'Antéchrist,
exte
tabli
par Georg
Wimmer,
présenté,
raduitt annoté
ar
Stéphanie
rgeur
Orléans,
aradigme,
1994
Medievalia,
extes u
MoyenAge).
Lanconelli
Angela,
a terra uona
Produzione
techniche
rapporti
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nell'agro
iterbese
ra
Due e Trecento
Bologne,
LUEB,
1994.
Levi
Giovanni,
chmitt
ean-Claude,ir.,
Histoire es
eunes
n
Occident.
e
l'antiquité l'époque
modernetomes et
2,
Paris, euil,
1996.
Louis
XI,
Lettres hoisies
introduction,
otices t notesde HenriDubois
Paris,
e
livre e
poche,
996
Lettres
othiques).
Milagros Cárcel OrtiM., La Ensenanza e la paleografia diplomatica.
Centros
euros
Valence,
Universitäte
Valencia,
996.
Merlo Grado
Giovanni,
ontro
li
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Bologne,
l
Mulino,
996
Saggi,
443).
Micati
Edardo,
oesch Gajano
Sofia,
remi
luoghi upestri
Pescara, arsa,
1996.
Mikhailova
Milena,
e
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e Marie
introduction
arRoger ragonetti
Paris,
iderot,
rts t
Sciences,
996
Mémoire).
Mucciarelli
Roberta,
Tolomeibanchieri i
Siena.
La
parabola
di uncasato
nel
xur-xiv
ecolo
préface
e
Giuliano
into
Sienne,
rotagon
ditori
toscani,
995.
Pinto
Giuliano,
ittà
spazi
conomici ell'Italia
omunale
Bologne,
LUEB
1996 Biblioteca i storia rbanamedievale,).
Pricoco Salvatore
d.,
l demonio i suoi
Complici.
ottrine
credenze
emo-
nologiche
ella TardaAntichità
Messine,Rubettino,
995
Armarium.
Biblioteca
i storia cultura
eligiosa,
).
Pucci Silvio
d.,
Una
comunitàella Valdelsa
nelMedioevo
Poggibonsi
il
suo statuto el
1332 texte ntroductife Ch. M. de la Roncière
Poggi-
bonsi, alli,
1995.
Put ll az
François-Xavier,
nsolenteiberté. ontroversest condamnations
au xiir iècle
Fribourg
Paris,
Éd. Universitaires
e
Fribourg,
995
(Essai.
Pensée
ntique
t
médiévale).
Ranft
Michaël,
e masticatione
ortuorumntumulis
Grenoble,
érôme
il-
Ion,
1995
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ollection
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Ribémonternardir., e la chrétientél'EuropeActes ucolloqueOrléans-
Mai
1993)
Orléans,
aradigme,
995
Medievalia,
érie extes u
Moyen
Âge).
Riché
Pierre,
e
Charlemagne
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ulture
t
religion
Orléans,
Paradigme,
995
Medievalia,
extes u
MoyenAge).
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LIVRES
REÇUS
157
Sabate Flocel,Lo Senyr Rei es mort : Lleida,UniversitäteLleida,1994.
Sensi
Mario,
torie
i
bizzoche
ra
Umbria
Marche
préface
e Romana
Guar-
nieri
Rome,
Edizioni i storia
letteratura,
995
Raccolta
i Studie
Testi,
92).
Structures
'approvisionnement
Paris
et
à
Londres
u
Moyen ge
Journal
of
theBritishnstituten Paris
n°
20,
Franco-British
tudies,
utomne
1995.
Theis
Laurent,
e
Baptême
e
Clóvis
de la réalité u
mythe
Bruxelles,
om-
plexe,
1996.
Van Den Abeele
Baudoin,
a
fauconnerie
u
Moyen ge
Paris,Klincksieck,
1994
Sapience).
VauchezAndré ir., a religionivique V poquemédiévaletmodernechré-tienté t slam) Rome, cole
Française
e Rome 1995 coll.de l'Ecole
Française
e
Rome,
13).
Verhulst
Adriaan,
anschap
en Landbouw n
Middeleeuws
Vlaanderen
Gemeentekrediet,
995.
Vivoli Carlo
éd.,
Dagli
archivi ll'Archivio.
ppunti
i storia
degli
archivi
fiorentini
Florence Archivio i Stato i
Firenze,
991
Scuola
di archi-
vistica
aleografia diplomatica,
).
Wickham
hris,
omunità clientele
ella Toscanadel
XII
secolo.Le
origini
del
comune urale
ellaPiana di Lucca
Rome,
Viella,
1995.
Würzburger
edizinhistorische
itteilungen
Band
13,
hrsg.
MichaelHoller
undGundolf eil :
Würzburg,önigshausen
Neumann,
995.
ZinkMichel, e MoyenAge et ses chansons u un Passé en trompe-Vœil
Paris,
e
Fallois,
1996.
8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf
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p/n
i/europe des humanistes
z
g
XIVe XVIIe
SIECLES
h-
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Répertoire
établi
par
J. F.
MAILLARD,
Ë-i
J. KECSKEMÉTI et
M. PORTALER
CollectionDocuments,tudes trépertoires
(Jj
Ce
épertoire
e 350
rudits,
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aux
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d'un
des
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érudits
de
ériodes
ancien.
la umière
diverses
Lespécialistes
de
de
leurs
prendre
intérêts
de'époque
en
ompte
les
humaniste
anciens.
lemaillon
pourront
humaniste,
enfin
parfois
mieux
unique,
apprécier
de
la
la
traditionextuelle'unuteurncien.espécialistese'époqueumanisteourrontnfinieuxppréciera
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Prologue
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Moyenge.
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Entretien troubadours
Michel
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La
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L'exception
édiévale.
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Etudes
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ENVOI
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Moyen
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BIBLIOGRAPHIE
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1
10
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20
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partir
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n° 24 :
80
F
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et Fax 33-20
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Numéros
parus
1
Mass-media
et
MoyenÂge
(1982).
Épuisé
2
Gautier
de Coinci le
texte
u Miracle
1982).
Épuisé
3
Trajectoires
du sens
1983)
4
Ordres
t désordres.
tudes édiées
Jacques
e
Goff
1983).
Épuisé
5 Nourritures1983). Épuisé^
6
Au
pays^ď
Arthur
1984).
Épuisé
7
Moyen Âge,
mode
d'emploi
1984).
Épuisé
8
Le souci
du
corps
1985).
Épuisé
9
LanguesÄ(1985).
puisé
10
Moyen
Âge
et
histoire
politique.
Mots, modes,
ymboles,
truc-
tures.
Avant-propos
e
Georges
Duby
1986).
Épuisé
11 À
l'école de la
lettre
1986)
12
Tous
les
chemins
mènent
Byzance.
Études dédiées
à Michel
Mollat
1987)
13
Apprendre
e
Moyen Âge
aujourd'hui
1987).
Épuisé
14
La culture
ur le marché
1988)15 Le premierMoyenÂge (1988)
16/17
lantes,
mets t mots
dialogues
avec A.-G. Haudricourt
1989)
18
Espaces
du
Moyen Âge
(1990)
19
Liens
de famille.
Vivre et
choisir
a
parenté
1990)
20
Sagas
et
chroniques
du Nord
1991)
21
L'an
mil
rythmes
t acteurs
d'une croissance
1991)
22/23Pour
l'image
1992)
24
La
renommée
1993)
25 La
voix
et
l'écriture
1993)
26 Savoirs
d'anciens
1994)
27
Du bon
usage
de la
souffrance
1994)
28 Le choixde la solitude 1 95)
29
L'étoffe t le vêtement
1
95
30
Les
dépendances
u
travail
1996)
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SOMMAIRE N° 31
AUTOMNE
1996
LA
MORT
DES GRANDS
À JeanDevisse
Odile
REDON
5
La
mort es
grands
ans
e
premier oyen
Âge
Stéphane
EBECQ
7
Sépultures cclésiastiques
t sénatoriales ans la
vallée
du Rhône
(400-600)
Ian WOOD
13
Saint-Germain-des-Prés,
remière
écropole
es roisde France
Patrick ÉRIN 29
La
mort,
es
funérailles
t a tombe u
roi
Pépin
e
Bref
768)
Alain
DIERKENS
37
La mort
e
Charles
e
Chauve
Janet .
NELSON
53
Le
«
sépulcre
es
pères
et les
«
ancêtres
.
Notes
sur e
cultedes
défunts
l'âge seigneurial
Michel
AUWERS
67
Des morts rès
ux morts
rdinaires
la
unéraire