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GRAND ORIENT DE FRANCE
GRAND COLLÈGE DES RITES
SUPRÊME CONSEIL POUR LA FRANCE ET LES COLONIES
1936
BULLETIN N° 15 DES ATELIERS SUPÉRIEURS
ANNEXES
Recommandations
LES MEMBRES DES ATELIERS SUPERIEURS SONT INVITES A REPANDRE
AU SEIN DES ATELIERS SYMBOLIQUES LES RESULTATS DES TRAVAUX
PHILOSOPHIQUES CONTENUS DANS LE PRESENT BULLETIN.
II est recommandé aux Présidents et Chanceliers des Ateliers Supérieurs, de bien
vouloir se conformer aux observations présentées par le Grand Commandeur dans son
compte rendu moral du dernier Grand Chapitre : soit pour les changements
d'adresses, décès, démissions, affiliations, radiations qui doivent être notifiés sans
retard au Secrétariat du Grand Collège, soit pour les envois du Procès-verbal des
Elections Générales, Tableaux annuels et Rapports divers dans les délais prescrits,
soit pour les demandes d'Imprimés.
D'autre part, les Trésoriers sont invités à régler avant le 15 décembre prochain,
dernier délai, les sommes dues depuis le 1er janvier 1935 et qui auraient dû être déjà
versées avant le 1er juillet. Prière d'utiliser toujours le Compte Chèque Postal n° 796-
21, au nom de M. Louis Chartier, 16, rue Cadet, à Paris (9e), en ayant soin d'indiquer
au talon l'objet du versement.
Tout retard apporté à ces règlements de compte entraînera les sanctions prévues
par les circulaires en vigueur et le Règlement des Ateliers supérieurs (article 62).
Activité des Ateliers Supérieurs. — II résulte des renseignements qui lui sont
parvenus au cours d'une enquête qu'un certain nombre d'Ateliers Supérieurs ne se
réunissent qu'une ou deux fols par an, ce qui rend impossible tout travail maçonnique.
Les Présidents sont invités à se conformer aux prescriptions édictées par les
articles 132 et 143 du Règlement Général des Ateliers Supérieurs qui stipulent que les
Chapitres doivent tenir au moins cinq séances et les Conseils au moins quatre
séances par an.
Pour les demandes de Brefs et Patentes, les Elections des Officiers, les initiations
aux 18e et 30e Degrés, les Taxes et Redevances, la délivrance des Titres maçonniques
et des Imprimés, les Présidents et Chanceliers sont invités à consulter les précédents
Bulletins.
Quant aux Brochures et Ouvrages maçonniques, leur nomenclature figure au
dernier Bulletin n° 13.
Toutefois, il y a lieu d'ajouter :
Etude symbolique sur les grades maçonniques du 4° au 18° degré
.................................... 5 fr.
Etude symbolique sur les grades maçonniques du 19° au 30°degré
................................... 5 fr.
Cahiers des 31°, 32° et 33°degrés, l'exemplaire
.................................................................. 3 fr.
Nota. — Les demandes de Brefs et Patentes doivent toujours être accompagnées
des Obligations et des Fiches.
MEMENTO
Pour faciliter le travail des Chanceliers et Trésoriers de nos Chapitres et Conseils,
nous publions ci-après un mémento où sont rappelées leurs principales obligations au
cours de l'année maçonnique.
Janvier. — Envoi Tableau T récapitulatif des Travaux de l'année précédente.
(Circulaire du 24 décembre 1931.)
Février. — Règlement des Comptes dus au Grand Collège. (Article 62 du
Règlement général des Ateliers Supérieurs.
Mars. — Envoi avant le 1er mars des Rapports destinés au Grand Chapitre de Mars
et des noms des délégués.
Avril. — Envoi par Ies Conseils des Propositions pour le 31e Degré (Modèle N).
Mai. — Envoi des Rapports sur les questions mises à l'étude pour les Grandes
Tenues de septembre avant le 31 mai.
Juin. — Envoi avant le 15 juin des vœux à soumettre aux Grandes Tenues.
Juillet. — Règlement des taxes et redevances dues par les Ateliers Sup.".
Envoi des noms des délégués aux Grandes Tenues de septembre.
Novembre. — Elections générales. Notification (Modèle D).
Décembre. — Dernier délai pour règlement des taxes et redevances.-
NOTA. — Chaque mois, envoi au Secrétariat des fiches concernant tous les
changements d'adresses et notification des décès, radiations, honorariat, affiliations,
etc.
DATES DES GRANDES TENUES POUR 1936
Nota. — IL NE SERA PAS ENVOYE DE CONVOCATIONS INDIVIDUELLES pour
les Grandes Tenues prochaines, le présent Bulletin en tenant lieu.
Toutefois, les Présidents des Ateliers Supérieurs sont invités à s'entendre en
temps utile avec les FF... Chev... délégués aux Grandes Tenues de mars et
septembre 1936.
Le Grand Collège des Rites se réunira en Tenue Solennelles dans l'Hôtel du Grand
Orient de France aux dates ci-après indiquées :
DIMANCHE 29 MARS 1936
14 heures : GRAND CHAPITRE (Temple n° 1)
Ouverture des Travaux au 18e Degré ;
Communications du Grand Commandeur ;
Examen de la question par les FF... composant le Grand Chapitre ;
"Rendre le bien pour le mal" est-il toujours conforme à la justice ? Le Bien
individuel ou social n'exige-t-il pas de sanctions ?
Nota. —Cette question sera étudiée par les Chapitres et Conseils Philosophiques :
les Rapports devront parvenir au Grand Collège des Rites avant le 1er mars 1936.
Discours du Grand Orateur ;
Suspension des Travaux ;
SAMEDI 6 SEPTEMBRE 1936 (Temple n° 1)
10 heures : Tenue du Grand Collège des Rites en son sanctuaire.
15 heures : Suprême Conseil (33e degré) ;
Ouverture des Travaux au 33e Degré ;
Communications du Grand Commandeur et des FF... composant le S... C....
15 heures 30 : Grand Consistoire ;
Ouverture des Travaux au 32e Degré:
Communications du Grand Commandeur et des FF... composant le Grand
Consistoire
Clôture des travaux ;
16 heures : Souverain Tribunal :
Ouverture des Travaux au 31e Degré;
Communications du Grand Commandeur et des FF... composant le Souverain
Tribunal.
Clôture des Travaux.
NOTA. — A toutes ces Tenues du Samedi 6 septembre, il sera procédé aux
initiations et instructions des 33e, 32e et 33e Degrés des FF... promus par le Grand
Collège des Rites. Les FF... déjà promus aux Hauts Grades antérieurement et non
encore initiés, sont invités à faire connaître au Secrétariat avant le 1er juin prochain,
s'ils désirent être convoqués aux Tenues d'initiation de Septembre. A défaut par ces
FF... non encore initiés aux grades supérieurs de se présenter aux Grandes Tenues
prochaines ou d'avoir fait connaître au Grand Collège les raisons motivées de leur
empêchement, leur promotion pourra être considérée comme nulle et non avenue par
le Grand Collège.
DIMANCHE 6 SEPTEMBRE 1936 (Temple n° 1)
15 heures : GRAND CONSEIL PHILOSOPHIQUE :
Ouverture des Travaux au 30e Degré sous la direction du Grand Collège des Rites ;
Communications du Grand Commandeur et des FF... composant le Grand
Consistoire
Clôture des Travaux.
15 heures 30 : GRAND CHAPITRE (Temple n°1) :
Ouverture des Travaux au 18e Degré sous la direction du Grand Collège des Rites ;
Communications du Grand Commandeur et des FF... composant le Ouverture des
Travaux au Gand Chapitre ;
Rapports et discussion sur les questions envoyées à l'Étude des Conseils ou
Chapitres et sur celles portées à l'ordre du jour :
Y a-t-il des civilisations supérieures et des civilisations inférieures? N'y en
aurait-il pas d'équivalentes ? Suivant les peuples et les temps ? Pourquoi et
comment ?
CONSEILS PHILOSOPHIQUES :
Est-il maçonnique de ne pas résister au mal? La doctrine chrétienne de
Tolstoï n'offre-t-elle pas des dangers ? La légende d'Hiram n'aboutit-elle pas
logiquement au châtiment des coupables ? Le grade de 30e est-il vengeance ou
justice et ne montrerait-il pas la vraie règle ?
Nota. — Les Rapports des Conseils et Chapitres concernant l'étude de ces
questions devront être envoyés au Grand Collège des Rites avant le 1er juin 1936
dernier délai.
Le Grand Collège des Rites espère que la présente communication déjà faite par la
Circulaire du 15 septembre 1935, permettra aux Chapitres et Conseils Philosophiques
de faire parvenir leurs rapports dans les délais prévus afin de faciliter l'examen de ces
travaux par les FF... chargés d'établir le Rapport Général présenté aux Grandes
Tenues et publié au Bulletin.
Discours du Chevalier d'Eloquence
Suspension des Travaux.
NOTA. — II est rappelé aux FF... Chev... des Ateliers Supérieurs du Grand Orient
de France qu'ils ont le devoir impérieux de participer aux Assises de la Franc-
Maçonnerie Rosicrucienne. Les FF... porteurs des Hauts Grades, (31e, 32e et 33e
Degrés) doivent aussi fréquenter sans défaillance les Grandes Tenues de Mars et de
Septembre et montrer, en ces circonstances, leur fidélité au Grand Collège des Rites.
En cas d'empêchement, ils voudront bien s'excuser avec obole.
AVERTISSEMENT
La présence des Délégués des Chapitres et Conseils Philosophiques est
obligatoire aux Tenues. Elle est constatée, à chaque réunion, par une carte
personnelle spécialement mise à la disposition des délégués à leur entrée dans les
parvis du 1er étage, sur présentation d'un titre maçonnique régulier (Bref ou Patente
suivant le grade). Cette carte, remplie et signée par l'intéressé, sera remise au
Contrôle placé à l'entrée du Temple du 2e étage.
GRAND CHAPITRE
DU DIMANCHE 8 SEPTEMBRE 1935
Le dimanche 8 septembre 1935, le Grand Chapitre, auquel avaient été convoqués
tous les FF... porteurs du 18 degré, s'est réuni au Grand Orient de France. Temple n°1,
en tenue solennelle, sous la présidence du T... P... S... Grand Commandeur, le T... Ill...
F... Chartier, 33e, remplissant les fonctions de T... S... Athirsata.
Les autres Offices étaient remplis, pour le poste de Premier Grand Gardien par le
T... Ill... F... Charruault ; Deuxième Grand Gardien par le T... Ill... F... Duphand ; Chev...
d'Eloquence, par le T... Ill... F... Calmel ; Chancelier par le T... Ill... F... Navoizat ;
Trésorier, par le T... Ill... F... Pouriau, tous membres du Grand Collège des Rites.
Avaient, pris place à l'Orient, les TT. . ILL... FF... Groussier, Abadie, Baldet, Estèbe,
Court, Bouty, Buisson, Mille, Bernardin, Radouan, Bédarride, Laffont, tous membres du
Grand Collège des Rites et les FF... Court, Schiltges membres du Conseil de l'Ordre.
Excusés les FF... Roret, Rosier, Cros, Juvanon, Eissen et Rigal.
L'Assemblée comprenait 280 Chev... et d'après le registre de présence, les 72
Chapitres suivants étaient représentés.
S'étaient excusé les Chapitres : La Savoie, Vall... de Chambéry ; Les Frères
Réunis, Vall... de Strasbourg ; La Fraternité Internationale Ecossaise, Vall... de Nice.
AGEN. — La Vraie Fraternité.
ALGER. — Bélisaire.
AMIENS. — Picardie.
ANGERS — Tendre Accueil.
ANGOULÊME. — Les Amis de la Paix.
ANGERS. — Tendre Accueil.
ARRAS. — Conscience.
AUXERRE. — Le Réveil de l'Yonne.
AVIGNON. — Sincère Union
BAYONNE. — Idéal Humain.
BESANÇON. — Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié Réunies.
BEAUVAIS — Etoile de l'Espérance.
BÉZIERS. — Réunion des Amis Choisis.
BÔNE. — Hippone.
BORDEAUX. — Espérance Bordelaise, Française d'Aquitaine.
BOULOGNE SUR MER. — Amitié.
BREST. — Les Disciples de Sully.
CAEN. — Thémis.
CANNES. — Science et Solidarité.
CASABLANCA. — Le Phare de la Chaouïa.
CHAUMONT. — Etoile de la Haute-Marne.
CLERMONT-FERRAND. — Les Enfants de Gergovie.
CONSTANTINE. — Cirta.
DIJON. — Solidarité et Progrès.
EPINAL. — Fraternité Vosgienne.
GENÈVE. — La Fraternité.
GRENOBLE. — Le Dauphinois.
HANOÏ. — Fraternité Tonkinoise.
LAON. — Les Frères du Mont-Laonnois.
LE HAVRE. — Les 3 H.
LE MANS. — Les Amis du Progrès.
LILLE. — La Lumière du Nord:
LIMOGES. — Artisans Réunis.
LONDRES. — Hiram.
LYON. — La Vallée de Lyon:
MANTES. — Liberté par le Travail.
MARSEILLE. — Parfaite Sincérité et Réunion des Amis Choisis.
METZ. — Les Amis de la Vérité.
MONTLUÇON. — Union et Solidarité.
MONTPELLIER. — Les vrais Fidèles.
NANCY. — La Vallée de Nancy.
NANTES. — Paix et Union.
NEUILLY SUR SEINE. — La Lumière.
NICE. — France Démocratique.
NÎMES. — Echo du Grand Orient.
ORAN. — Union de l'Oranie.
ORLÉANS. — Etienne Dolet.
PÉRIGUEUX. — Les Amis Persévérants.
LE PERREUX. — Vallée de la Marne.
RABAT. — Fraternité Marocaine.
REIMS. — Sincérité.
RENNES. — Vallée de Rouen.
ROCHEFORT. — La Démocratie.
ROCHE SUR YON (LA). — Fraternité Vendéenne.
RODEZ. — Parfaite Union.
ROUEN. — La Vallée de Neustrie.
ST ETIENNE. — Les Elus.
TOULON. — La Réunion.
TOULOUSE. — Cœurs Réunis, Encyclopédique.
TOURS. — Les Démophiles.
TUNIS. — La Nouvelle Carthage:
VERSAILLES. — Amis Philanthropes.
PARIS. — Les Amis Bienfaisants, l'Avenir, Art, Science, Action ; Clémente Amitié, L'Effort,
l'Etoile Polaire, l'Etoile du Nord, L'Unité Maçonnique, les Zélés Philanthropes.
NOTA. — De cette énumération, il résulte que sur les 91 Chapitres de la Fédération, 72
étaient représentés, 3 excusés, 15 absents non excusés. Total : 91, égal au nombre des
Chapitres.
SOUHAITS DE BIENVENU'E. — Avant de commencer les travaux, le Grand
Commandeur adresse à tous les FF... Chevaliers présents, au nom du Grand Collège
des Rites, l'expression de la plus fraternelle et cordiale bienvenue.
Il rappelle que le compte rendu des travaux du Grand Chapitre précédent, du 31
mars 1935 a été publie dans le Bulletin n° 14 envoyé à tous les membres des
Chapitres qui ont pu ainsi en prendre connaissance.
Dans ces conditions, si des FF... ont des observations à présenter sur ce compte
rendu, la parole leur sera donnée. Les Colonnes étant muettes, le compte rendu de la
tenue du Grand Chapitre du 31 mars, après conclusions favorables du Grand Orateur,
est adopté sans observations.
Suivant l'usage et les traditions, le Grand Commandeur rend hommage à la
mémoire des FF... de nos Ateliers Supérieurs qui nous ont quittés pour l'Orient Eternel
au cours de l'année maçonnique 1934-1935.
DECES
Grand Collège des Rites :
FF... Van Raalte Paris: Dupré, Béziers.
Suprême Conseil (33e) :
Dequis, Paris ; Grassien, Chambéry ; Peyres, Paris ; Orrillard, Tours ; Laborde,
Strasbourg ; Bollard, Boulogne sur Mer ; Alibert, Marseille ; Dulberger, Paris.
Grand Consistoire (32e) :
Romeis, Besançon ; Gassenc, Béziers, Réquiem, Lyon , Abouchard, Noman,
Damas ; Haftemayer, Chaumont, Grenier, Besançon.
Souverain Tribunal (31e) :
Philippini, Corte ; Sadoux, Thonon ; René, Compiègne.
Chevalier Kadosch (30e) :
Claverie, Toulouse ; Bigot, Tunis ; Tersac, Tunis ; Unsworth, Nantes ; Jayet,
Grenoble ; Domée, Tananarive ; Guyard, Nancy ; Persat, Toulouse, Marie, Toulouse ;
Senelle, Bordeaux ; Minot, Paris ; Pommiery, Paris ; Dreyfus-Schmitt, Besançon ; Van
den Bussche, Lille ; Winston, Basse Terre ; Roux, Rabat ; Hanus, Nancy ; Viala, Nîmes
; Ollivier, Nantes ; Paulin, Toulouse ; Gruet, Besançon ; Paquelin, Boulogne ;
Raboisson, Bordeaux ; Thierry, Soissons.
Chevaliers Rose-croix 18e :
Paulin, Grenoble ; Urset, Tunis ; Roux, Caen; Pinet, Toulouse: Beauséjour,
Tananarive ; Monier, Paris : Fontaine, Genève ; Chauve, Cannes : Dessaigne, Alger :
Gelineau, Le Mans ; Torchet, Le Mans ; Rengalle, Meaux ; Mathieu, Châlons-sur-
saône ; Barrot, Clermont-Ferrand ; Duffart, Mantes ; Seratzky, Paris ; Basilaire, Rouen
: Retrouven, Besançon ; Aberoun, Béziers ; Boyer, Béziers ; Billières, Toulouse ;
Bernard, Paris ; Fernand David, Genève ; Moret, Laon ; Le Corre, Brest : Lagorge,
Neuilly-sur-Seine ; Chatinel, Clermont-Ferrand ; Bonnet, Limoges ; Vuillemier,
Besançon ; Astruc, Bayonne ; Koechlin, Paris ; Schoeneck, Mulhouse ; Minot,
Périgueux ; Schauenberg, Mulhouse ; Tavet, Limoges ; Venet, Paris.
Le Grand Commandeur :
— Debout et à l'ordre, en tenue de deuil, mes FF... Chev... je vous invite à vous
joindre à moi pour observer une minute de silence et conserver la mémoire de nos
FF... disparus, en y joignant ceux de nos FF... dont les noms ne nous seraient pas
encore parvenus.
(Minute de silence).
— J'ai maintenant à signaler les événements heureux qui sont survenus depuis le
précédent. Grand Chapitre de septembre 1934.
Toul d'abord, je dois adresser nos félicitations à notre T... Ill... F..., le Général
Hauser, 33°, promu Commandeur de la Légion d'honneur ; les FF... Jacquet, 33°, du
Puy: Sainte-Luce Banchelin, 33e, Marque, promus Officiers de la Légion d'honneur ; les
FF... Charrière, 33°. Paris Rouen ; Noguès, 31e Toulouse ; Brenier, 30°, Grenoble et
Delnomdedieu, 30° Agen, promus Chevaliers de la Légion d'honneur.
MEDAILLE DU CINQUANTENAIRE. — Nos FF... Groussier. Labeyrie, Alexandre
Perrin et Emile Baudon vont recevoir cette année à la Tenue Solennelle de Clôture du
Convent, la Médaille des Vieux Maçons qui comptent cinquante années d'activité
maçonnique ininterrompue.
Par la lecture du Bulletin n° 14, vous avez eu connaissance des circonstances qui
ont provoqué la démission du Grand Orient de France de notre T... Ill... F... Dr Camille
Savoire, Grand Commandeur, des FF... Machon, Grand Chancelier, Wibaux et Corbin,
membres du Grand Collège des Rites.
Vous connaissez les motifs invoqués.
Le T... Ill... F... André Lebey, Grand Orateur du Grand Collège des Rites, a donné
sa démission du Grand Collège.
Nous regrettons sincèrement la résolution prise par nos bien aimés FF... qui, par
les services éminents qu'ils ont rendus à l'Ordre et plus particulièrement lors de la
réorganisation des Ateliers Supérieurs, avaient conquis une sympathie unanime bien
méritée.
Personnellement, j'avais et j'ai conservé intacte une affection très grande pour
notre F... Savoire. C'était et c'est un ami de quarante ans, et j'étais heureux de lui
donner ma bien modeste collaboration.
J'ai pour le F... Machon une amitié qui m'est chère.
Quoique nouvellement admis au sein du Grand Collège des Rites, les FF... Wibaux
et Corbin avaient déjà conquis des amitiés.
Quant au F... Lebey, vous le connaissez tous. Grand Orateur très écouté, il ne
ménageait pas son talent et savait opportunément signaler à la méditation de nos FF...
l'attitude agressive de nos adversaires et les moyens de combattre leurs idées.
C'est à la suite de ces démissions, dont vous avez été individuellement informés
par la Circulaire n° 2, qu'ont eu lieu les élections des Officiers du Grand Collège.
J'ai dû céder à la pression affectueuse de nos FF... du Grand Collège des Rites et
accepter, tout au moins provisoirement, la succession du F... Savoire. Par devoir
maçonnique, j'assume un poste délicat que je n'ai jamais ambitionné.
Laissez-moi vous exprimer le désir de maintenir les sentiments de fraternité pure
entre tous nos FF... Chev... de la Fédération, et je compte sur vos qualités
maçonniques pour assurer la paix et l'ordre dans le Grand Orient de France, et cela
grâce à la collaboration parfaite des deux Grands organismes : Conseil de l'Ordre et
Grand Collège des Rites.
RAPPORT MORAL ET FINANCIER. — J'invite notre T... Ill... F... Grand Chancelier,
à donner lecture du compte rendu moral et financier de nos Ateliers Supérieurs
concernant l'année maçonnique qui vient de s'écouler.
Le Grand Chancelier :
TRAVAUX DU GRAND COLLEGE. — L'activité du Grand Collège a été intense. Au
cours de cette année, deux Bulletins, les numéros 13 et 14, ont été envoyés aux
membres de nos Ateliers Supérieurs. Le numéro 14 (excepté la Circulaire n° 2) a été
publié en raison des circonstances particulières nées des incidents que j'ai rappelés
précédemment : il est dû à l'entière initiative du F... Savoire, alors Grand Commandeur.
Le Grand Collège, dans son Bulletin n°13, vous a signalé l'utilité d'une publication
concernant les grades intermédiaires du 4e au 18e degrés et du 19e au 30e degrés.
Cette publication, en cours depuis l'année dernière, est actuellement terminée.
Nous appelons l'attention de nos FF... Chev... sur l'utilité de ces deux brochures
dont la connaissance est indispensable pour tous les Maçons possesseurs des grades
supérieurs. Ces brochures seront remises obligatoirement à chaque nouvel initié du
18° et du 30° degré le jour de leur initiation, en même temps que le Règlement Général
des Ateliers Supérieurs.
Les Chapitres et les Conseils Philosophiques seront débités du coût de ces
brochures, dont le prix dé revient s'élève à :
Frs. cinq (5) pour la brochure des Chapitres ;
Frs. cinq (5) pour la brochure des Conseils Philosophiques.
Une Circulaire sera adressée prochainement aux Présidents des Ateliers
Supérieurs au sujet de ces deux publications qui ont été préparées par notre Grand
Chancelier, avec la précieuse collaboration de nos TT... Ill... FF... Dr Charles Vié, 33e,
pour le texte et Henri Tattegrain, 31e, pour la composition des blasons des différents
grades qui illustreront très artistiquement les deux brochures.
Le Grand Collège adresse ses plus vifs remerciements à ces deux FF..., dont le
concours a permis de réunir des documents indispensables à nos FF..., a quelque
degré supérieur qu'ils appartiennent.
SEANCES DU GRAND COLLEGE COMMISSION MIXTE. — Le Grand Collège a
tenu seize séances au cours de l'année écoulée et ses délégués ont assisté aux
réunions de la Commission Mixte (Conseil de l'Ordre et Grand Collège des Rites). Ces
réunions, nécessaires pour l'unité d'action de nos deux Grands Corps, s'avèrent de
plus en plus utiles pour étudier les différentes questions à résoudre et prendre toutes
décisions concernant leur activité commune et conforme à la Constitution et au
Règlement Général.
Votre Grand Commandeur déclare hautement que les relations les plus fraternelles
se sont établies dès notre premier contact après les élections du 22 mai 1935, et que
des solutions heureuses ont été données aux différentes questions portées à l'ordre du
jour des travaux de la Commission Mixte. Un procès-verbal de chacune de ces
réunions sera dressé et publié dans le Bulletin du Conseil de l'Ordre et dans celui du
Grand Collège.
DELEGATIONS. — Le Grand Collège des Rites a décidé de décliner toute
demande de délégation présentée par les Ateliers Symboliques à moins que le Conseil
de l'Ordre ne manifeste le désir de voir le Grand Collège représenté dans certaines
cérémonies symboliques.
Les délégations du Grand Collège demandées par les Chapitres et les Conseils
Philosophiques seront assurées par ceux de ses membres domicilies ou résidant dans
les régions de ses Ateliers Supérieurs et ce, dans la mesure où ces membres seront
disponibles.
ELECTION DES OFFICIERS DU GRAND COLLEGE DES RITES POUR L'ANNEE
MAÇONNIQUE 1935-1936. — Dans sa Tenue Solennelle du 7 septembre, il a été
procédé aux élections des Officier; pour l'année1935-1936. Ont été élus :
Grand Commandeur ..................................... .................F... CHARTIER
1er Lieutenant Commandeur..................................... ..........F... FACHOT
2' Lieutenant Commandeur ......................... ............ F... CHARRUAULT
Grand Orateur ............................................... .....................F... CALMEL
Grand Chancelier .......................................... ..................F... NAVOIZAT
Grand Trésorier ............................................ ....................F... POURIAU
Grand Maître des Cérémonies................................... .........F... BALDET
Grand Capitaine des Gardes...................................... ..........F... ABADIE
Grand orateur adjoint ......................................... ...............F... BUISSON
Grand Chancelier adjoint ......................................... ............F... LEMIRE
Grand Trésorier adjoint....................................... .............F... RADOUAN
SECRETARIAT ADMINISTRATIF. — Ainsi que vous pourrez en juger, l'activité de
nos Ateliers Supérieurs n'a cesse de grandir et le Grand Collège est heureux de rendre
un affectueux hommage au dévouement incessant de notre F... Charrière qui, de façon
parfaite, avec la collaboration de notre excellent F... Aurousseau et le dévouement de
notre F... Baron, préside au bon fonctionnement de notre Secrétariat Administratif
Afin de faciliter la lourde tâche du Secrétariat, qui, au cours de cette année, a
enregistré 3.120 lettres et expédié 3.715 documents divers aux Chapitres et Conseils,
je crois devoir vous adresser quelques recommandations que je vous demande de
rappeler dans vos Ateliers respectifs.
Il est indispensable que les Présidents et Chanceliers se conforment aux
prescriptions réglementaires contenues dans nos Bulletins antérieurs ; les
changements d'adresses, le tableau annuel, la notification des élections des Officiers,
les demandes de brefs ou de patentes, les présentations aux grades supérieurs,
l'envoi des métaux, doivent être transmis au Secrétariat du Grand Collège dans le plus
bref délai possible.
Si ces notifications ne sont pas faites dans les délais élémentaires, l'oubli se
produit et le Grand Collège déplore le surcroît de travail et de correspondance
onéreuse qui découlent de ces négligences si contraires à la discipline maçonnique.
EXERCICE FINANCIER. — L'an dernier, l'exercice financier était déficitaire. Malgré
l'augmentation de nos dépenses, l'équilibre de notre budget a pu être rétabli en partie
grâce à l'augmentation de la capitation, portée de 10 à 15 francs, par le vote du Grand
Chapitre du 18 mars 1934.
D'après l'examen des comptes de l'exercice 1934-1935, dont le détail a été soumis
à l'approbation du Grand Collège des Rites, une grande partie du déficit de l'exercice
précédent sera comblé, ce qui nous permet d'envisager une amélioration de la
situation financière pour l'exercice 1935-1936.
Les prévisions budgétaires pour l'année prochaine s'établissent ainsi qu'il suit :
Prévision de dépenses.................................................................. Fr. 75.000
Prévision de recettes.................................................................... Fr. 61.000
Prévision de déficit ....................................................................... Fr. 14.000
TAXES ET REDEVANCES. — Les taxes et redevances pour le prochain exercice
n'ont subi aucune modification.
Nous recommandons inlassablement aux Trésoriers de nos Ateliers Supérieurs de
se conformer aux prescriptions et délais prévus par le Règlement Général des Ateliers
Supérieurs pour l'envoi des métaux sans retard au Secrétariat Administratif. Il serait
pénible au Grand Collège d'avoir recours aux sanctions à appliquer aux Ateliers en
retard de paiement.
RAPPORT STATISTIQUE
MOUVEMENT DES ATELIERS SUPERIEURS
___________
CHAPITRES
92 Chapitres groupent 3.612 Chev... Rose-Croix ;
1 Chapitre a été mis en sommeil : Chalon-sur-Saône
1 Chapitre est passé au Suprême Conseil de Turquie : La renaissance Vall...
d'Istambul.
1 Chapitre a été démoli : Le Touquet Paris Plage ;
Par contre, 1 Chapitres ont été réveillés : La Paix Vall... de Point à Pitre ; l'Atlantide,
Vall... de New York.
LOGES DE ST ANDRE (Régime Rectifié)
1 Loge à Bordeaux ;
1 Loge de St André a été démolie : Le Touquet Paris Plage
CONSEILS PHILOSOPHIQUES
45 Conseils groupent 1.373 Chev... Kadosch ;
2 Conseils Philosophiques ont été installés : Reims, La Roche sur Yon.
HAUTS GRADES
Suprême Conseil, 33e ..................................................... 185 membres,
Grand Consistoire, 32e ................................................... 104 membres,
Souverains Tribunal, 31e, ................................................ 140 membres.
Total................................................................................. 429 membres.
GRAND COLLEGE DES RITES
Démissions .......................................................................... 5 membres
Membres d'Honneur : F... Laffont de l'Orient de Toulouse,
ADMISSIONS À L'HONORARIAT
33e FF... Léger, Vall... de paris ; Vitry, v de Toulouse.
31e FF... Brouel, Vall... de Paris ; Poux, Vall... Toulouse.
30e FF... Bourderon, Salles, Selves, Conseil de Bordeaux.
18° F... Lucas, Vall... de Brest.
LE SECRETARIAT A ENREGISTRE :
Démissions................................................. .................................. 34
Rejets de propositions au 18e ...................................... ................. 7
Ajournements................................................ ................................ 12
Radiations .................................................. .................................. 25
TITRES MACONNIQUES DELIVRES AU COURS DE L'ANNEE MAÇONNIQUE
1934-1935
Brefs de Rose-Croix et Diplôme de St André............................. 221
Patentes de Chev... Kadosch ...................................... ................ 78
Grandes Patentes de Hauts Grades ................................. .......... 55
LE GRAND COMMANDEUR. — Avant de passer à l'examen des rapports
présentés par nos FF... Luquet et Bédarride sur les questions soumises l'année
dernière à l'étude des Conseils et Chapitres, j'invite les FF... Chev... qui auraient des
observations à présenter sur le compte rendu à demander la parole.
Aucune demande n'ayant été faite, le compte rendu moral et financier des Ateliers
Supérieurs qui vient d'être porté à la connaissance du Grand Chapitre est adopté sans
observations, après avis favorable du Grand Commandeur.
Notre T... Ill... F... Luquet a la parole pour son rapport sur la question soumise à
l'étude de; Conseils Philosophiques : ENONCER ET ETUDIER LES PRINCIPAUX
CONFLITS QUI PEUVENT SE PRODUIRE ENTRE LES DEVOIRS ENVERS LA
FAMILLE ET LES DEVOIRS ENVERS LA SOCIETE.
RAPPORT DU T... Ill... F... LUQUET
T... P... S... Grand Commandeur, Ill... et P... FF...,
C'est encore moi que vous trouvez devant vous comme rapporteur de la question
proposée à l'étude des Conseils Philosophiques par le Grand Collège des Rites. Je
m'en excuse et vous prie de croire que je n'ai nullement la pensée de m'incruster, si je
puis dire, dans cette fonction non moins délicate qu'honorifique et que tant d'autres
rempliraient aussi bien, sinon mieux. Désireux d'être utile, je ne voudrais pas risquer
de devenir encombrant. Si, pour cette fois, j'ai cru pouvoir passer outre à ce scrupule,
c'est que j'avais à l'égard du problème à examiner une responsabilité toute spéciale.
En effet, c'est à la suite de la suggestion que j'avais présentée avec votre approbation
à la fin de mon rapport au Grand Conseil de septembre dernier, que le Grand Collège
des Rites a soumis cette question à votre étude.
La tâche qui m'incombe s'est d'ailleurs révélée plus ardue encore que je ne l'avais
prévu lorsque je l'ai acceptée. Le sujet semble avoir paru difficile, car il n'a été traité
que par 16 Ateliers, le Chapitre Nouvelle Carthage, Vall... de Tunis et 15 Conseils,
savoir, Bélisaire, Alger ; Le Phare de la Chaouïa et du Maroc, Casablanca ; Les
Enfants de Gergovie, Clermont-Ferrand, Fraternité tonkinoise, Hanoï ; Lumière du
Nord, Lille ; Conseil de Lyon, La Réunion des Amis Choisis, Marseille ; Les Amis de la
Vérité, Metz ; Paix et Union, Nantes ; L'Union africaine, Oran ; L'Avenir, Paris, Etoile
polaire, Paris ; Les Amis persévérants, Périgueux ; Conseil de Rouen ; Les
Démophiles, Tours.
Sans vouloir critiquer la modestie, sans doute exagérée des Aréopages qui n'ont
pas cru pouvoir collaborer efficacement à notre besogne d'instruction mutuelle, je dois
du moins adresser nos remerciements à ceux qui se sont souvenus que, selon nos
principes, l'effort est méritoire par lui-même, quelle que puisse être la valeur de ses
résultats. Les rapports du Conseil de Lyon et du Conseil L'Avenir C... de Paris m'ont
été particulièrement utiles.
Le nombre relativement restreint des rapports particuliers sur lesquels peut
s'appuyer le rapporteur général rend son travail difficile et nuit à la solidité de ses
conclusions. Au lieu de n'avoir qu'à effectuer la synthèse et la conciliation d'opinions et
d'arguments qui lui seraient fournis par les rapports particuliers, il est réduit, dans une
large mesure à sa réflexion individuelle, avec tous les risques d'erreur qu'entraîne cette
indépendance ou, pour mieux dire, cet isolement. Je fais donc appel à votre frat...
indulgence et je compte sur la discussion qui suivra cet exposé pour m'apporter le
secours de vos lumières et séparer le bon grain de l'ivraie dans les idées que je vais
vous soumettre.
Comme l'ont rappelé plusieurs rapports, la question à traiter n'était qu'un cas
particulier du problème général des conflits de devoirs soulevé à la fin de l'étude de la
morale altruiste faite au Grand Conseil de l'an dernier. Vous me permettrez de vous en
rappeler l'énoncé :
"La dualité des principes moraux, et plus encore la multiplicité des collectivités ou
groupements dont l'individu fait simultanément partie, avec l'opposition fréquente des
intérêts de ces divers groupes et de leurs différents membres individuels, obligent
l'individu à sacrifier certains de ses devoirs à d'autres. L'étude de ces conflits de
devoirs constitue la partie la seule vraiment pratique et en même temps la plus difficile
de la morale". Il s'agissait de chercher quels sont les principaux conflits de ce genre qui
peuvent surgir dans la conscience de l'individu entre ses devoirs envers la famille et
ses devoirs envers la société, et après les avoir énoncés, de s'efforcer de les résoudre.
Si le mot famille ne semble, au moins à première vue, présenter aucune ambiguïté,
il n'en est pas de même du mot société, pins une acception très générale, on appelle
ainsi toute collectivité ou groupement d'individus réunis d'une façon plus ou moins
solide et durable pour une raison quelconque ; en ce sens une famille, un syndicat, une
académie ou société savante (l'emploi du mot société dans ce cas est bien
caractéristique du sens qu'on lui attribue), une parti politique, une nation, même
l'humanité méritent également le titre de sociétés. Mais le sujet que nous avons à
examiner oppose à la société la famille, qui est une société au sens large. Par suite il
faut entendre ici société non dans ce sens large, mais dans son sens strict, à savoir, la
collectivité que désigne également, de points de vue partiellement concordants et
partiellement différents, les mots synonymes, en gros, de nation, patrie, Etat. S'il est
bien difficile de donner une définition précise de cette société par opposition à tous les
autres groupements, on peut, du moins constater que pour le nombre des individus qui
la composent, la famille est un groupement moins vaste contenu dans l'Etat ou,
comme on dit souvent, une cellule de cet organisme.
La famille et la société étant ainsi distribuées d'une façon suffisamment nette, il
était superflu de revenir en détail sur les devoirs envers chacune de ces collectivités
considérées isolément. Il n'y avait pas lieu davantage d'insister sur les cas dans
lesquels ces devoirs sont concordants, soit en tant que les intérêts de chacune des
familles contenues dans la nation sont les mêmes que ceux des autres familles et de
l'Etat tout entier soit en tant que la famille est, selon une formule connue, l'école des
vertus sociales. Le sujet se restreignait aux cas où les devoirs envers la famille et les
devoirs envers la société sont antagonistes, réclamant de l'individu les uns de faire, les
autres de ne pas faire telle action déterminée.
Le problème étant ainsi énoncé, on pouvait d'abord lui opposer la question
préalable, l'écarter comme sans intérêt. Bien que les arguments dans ce sens que j'ai
rencontrés dans divers rapports se contredisent mutuellement et qu'il m'ait été parfois
difficile de discerner si ceux qui les présentaient les prenaient à leur compte ou se
bornaient à les signaler sans prendre parti à leur sujet, il n'est pas sans intérêt d'en
examiner la valeur. L'un est, que par suite de la fréquence de ces conflits presque
quotidiens et de la diversité, il est impossible de les envisager et de les résoudre
individuellement. Mais on répondrait sans peine que cette difficulté que présente
l'établissement des règles de conduite ne diffèrent en rien de celle que rencontre la
science pour énoncer ses lois et peut être surmonté de la même façon. Bien qu'il n'y ait
pas deux faits naturels identiques, les lois scientifiques les embrassent tous dans des
formules générales en faisant abstraction de leurs particularités divergentes. De même
la morale pourra envisager des conflits schématiques dans lesquels rentreront comme
cas particuliers les conflits susceptibles de se présenter dans la réalité concrète.
Selon d'autres, le problème est dépourvu d'intérêt, non parce que les conflits dont il
s'agit sont innombrables, mais au contraire parce qu'ils sont inexistants. On se
dispense d'examiner s'il y en a en fait, en soutenant par des arguments a priori qu'il ne
peut pas y en avoir.
Un premier de ces arguments s'exprimerait rigoureusement de la façon suivante :
Le devoir est par définition une action obligatoire. Par conséquent, s'il rentre en conflit
avec un autre devoir, lui aussi obligatoire, il cesse par là même d'être obligatoire, c'est-
à-dire d'être un devoir. Autrement dit, comme il serait contradictoire pour un devoir
d'entrer en conflit avec quelque 'autre, il ne peut y avoir de conflit de devoirs.
Cette argumentation d'une logique presque impeccable, est irréfutable à un point
de vue théorique et abstrait. Mais faute d'envisager d'élément vraiment pratique et
concret du devoir, elle aboutit à une contradiction non moins absolue que celle qu'elle
dénonce. A chaque instant de son existence, l'individu se trouve en face d'une situation
déterminée, à laquelle il est forcé de répondre par une certaine conduite, qui consiste
nécessairement soit à faire telle action, soit à ne pas la faire, puisqu'il est impossible
de faire et de ne pas faire simultanément une même action. Tout problème de conduite
ou problème moral consiste à choisir l'un des deux termes opposés d'une alternative.
L'individu peut bien, par sa décision, choisir l'un ou l'autre, mais il ne peut faire
autrement que de se prononcer pour l'un et par suite contre l'autre. Le devoir ou ce que
l'on appelle encore le bien, l'action bonne, c'est tout simplement le terme de
l'alternative qui vaut mieux que l'autre, celui des deux partis qui se recommande par
des raisons de plus de poids. Il y a conflits de devoirs lorsque de deux conduites
opposées chacune est la meilleure à un point de vue différent.
La conception que nous discutons a donc tort de croire que si deux actions
opposées entrent en conflit, aucune ne peut être un devoir ; il est logiquement
inévitable que l'une des deux en soit un. Plus simplement, peut être, le devoir n'est pas
une conduite absolument bonne, c'est la meilleure, ou si l'on préfère, la moins
mauvaise des deux conduites opposées.
La possibilité de conflits entre les devoirs envers la famille et les devoirs envers la
société a encore été niée en vertu d'un autre argument plus rapproché des conditions
concrètes que le précédent. Les devoirs d'un individu envers une autre personne,
individuelle ou collective, sont toujours la soumission du premier aux intérêts de la
seconde. Il ne peut donc y avoir conflit entre les devoirs de l'individu à l'égard de
personnes différentes que si les intérêts de celles-ci sont discordants. Or, nous affirme-
t-on, tel n'est point le cas. La famille n'étant qu'un élément, ou. Comme on dit encore,
qu'une cellule de l'organisme plus complexe qu'est la société, les intérêts de l'individu,
de la famille et de la société, sont forcement concordants, de sorte que tout devoir
envers la ramille est devoir envers la société et réciproquement. En somme, cet
argument se réduit à soutenir qu'il ne peut y avoir opposition d'intérêts entre un
ensemble et une partie de cet ensemble.
Mais cette affirmation est manifestement contredite par l'expérience. Même dans le
domaine biologique, évoqué par les mots de cellule et d'organisme, le développement
des cellules cancéreuses est funeste à l'organisme dont elles font partie. A un point de
vue pus général, si les intérêts du tout et ceux de la partie étaient toujours et forcément
d'accord, les intérêts de l'individu ne pourraient jamais entrer en conflit avec ceux des
diverses collectivités auxquelles il appartient, autrement dit, ces derniers intérêts ne
réclameraient jamais de lui aucun sacrifice il n'y aurait point de place en morale pour le
dévouement. De même, les intérêts des différentes parties d'un ensemble, concordant
par hypothèse chacun de leur côté avec les intérêts de cet ensemble, concorderaient
forcément entre eux. Les démentis opposés par les faits à ces conséquences logiques
du principe interdisent de la conserver. L'harmonie supposée par divers moralistes et
économistes entre l'intérêt d'un groupe et celui des membres individuels ou collectifs
de ce groupe, symbolisé par l'apologue traditionnel des membres et de l'estomac,
traduit un optimisme injustifié qui repose sur une confusion, entre la solidarité et
l'identité d'intérêts. De ce que par exemple les acheteurs et les vendeurs ne peuvent
se passer les uns des autres, il n'en résulte nullement que la hausse des prix soit
conforme aux intérêts de l'acheteur comme à ceux du vendeur.
Certains, plus respectueux des faits, ne contestent pas que telle ou telle
conscience individuelle sente certains conflits entre les intérêts de la famille et ceux de
la société et, par suite, entre ses devoirs envers l'une et envers l'autre ; mais ce serait
uniquement, à leur avis, l'effet d'une conception fausse qu'ils se font des véritables
intérêts de la famille. Il n'est pas question d'individus qui, désireux de sacrifier leurs
devoirs envers la société à leur intérêt individuel sans paraître purement égoïstes,
décoreraient du titre fallacieux de subordination aux intérêts de leur famille, l'unique
souci de leur intérêt propre ; de tels sophismes moraux intéressent le psychologue qui
les constate, non la morale qui ne peut que les dénoncer. Il s'agit des consciences
loyales qui, en toute bonne foi, croient apercevoir un antagonisme qui, en réalité,
n'existe pas entre leurs devoirs envers la société et leurs devoirs envers la famille,
parce qu'ils se font de celle-ci une conception erronée.
Il serait évidemment déplacé ici d'envisager les multiples conceptions de la famille
que nous révèle l'histoire, sans parler de l'ethnologie. Nous devons nous borner à
celles que l'on peut constater dans notre société actuelle, en les présentant d'ailleurs
sous forme schématique, c'est-à-dire en laissant de côté les emprunts que leur
coexistence les amène à se faire mutuellement, au détriment de leur cohérence
logique interne, et en les réduisant aux traits par lesquels elles s'opposent.
L'une, sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure, vient du passé et ne s'est
conservée avec une pureté relative que dans une classe sociale restreinte. Malgré de
faibles survivances dans les mœurs et dans la loi, elle semble presque entièrement
remplacée, pour des raisons que ce n'est pas ici le lieu d'examiner, par une seconde
conception selon laquelle la famille est un groupement qu'on ne pourrait appeler
domestique sans équivoque, puisque dans la conception opposée les mots famille et
maison sont synonymes (par exemple la maison de France pour dire la famille royale).
En fait, ce groupement est celui d'individus vivant ensemble autour du même foyer,
dans le même logement, où d'ailleurs, par suite des nécessités de l'existence, ils
peuvent ne se trouver réunis que par intermittences, et qui comprend essentiellement
tantôt avec des annexes, tantôt au contraire confondus en une seule pièce, la cuisine
et le dortoir. Les membres de la famille ainsi entendue sont en nombre très limité. Ils
ne comprennent guère que le couple conjugal et leurs enfants non établis, auxquels
peuvent s'ajouter exceptionnellement des proches parents de l'un ou de l'autre époux.
Les personnes apparentées par le sang ou l'alliance à cette famille restreinte, mais
n'habitant pas avec elle, font bien partie de la famille en théorie, mais ne sont guère
considérées et traitées que comme des connaissances, tout au plus comme des amis.
Les deux époux qui, par leur mariage ont fondé une nouvelle famille, ne conservent
avec celles dont ils descendent respectivement par le sang, que des liens assez
lâches. Ils vivent presque exclusivement l'un pour l'autre et pour les enfants nés de leur
union. Dans cette association, les époux sont placés sur un pied d'égalité, avec une
simple différence d'attributions résultant beaucoup moins de leur sexe que du rôle que
leur constitution individuelle leur permet de remplir dans les conditions où se trouve le
ménage. Les enfants ont les mêmes relations avec l'un et l'autre des deux époux : ils
reçoivent d'eux les mêmes soins matériels et spirituels et leur en doivent une égale
reconnaissance : ils sont, à titre égal, malgré leurs différences de sexe et d'âge, les
enfants de leurs deux parents. La famille ainsi conçue n'a pas d'intérêts propres,
distincts de ceux de ses membres, de sorte que chacun de ceux-ci n'a d'autres devoirs
de famille que ses devoirs envers les autres membres de la famille considérés
individuellement.
L'autre conception, au contraire; voit dans la famille une réalité indépendante du
groupement dont nous venons de parler et supérieure à chacun de ses membres. En
se mariant, l'époux ne fonde pas une nouvelle famille, il continue la sienne propre, et
sa femme n'est qu'un auxiliaire imposé par les nécessites biologiques pour cette
continuation ; elle se détache de sa famille pour entrer dans celle de son mari et doit
se subordonner aux intérêts de celle-ci. Il en est de même des enfants et, par suite, il
n'existe entre eux aucune égalité. Les filles, d'abord, sont inférieures aux garçons,
puisqu'elles ne pourront jamais continuer la famille mais, tout au plus, en entrant dans
une autre, établir entre celle-ci et celle dont elles proviennent un lien avantageux pour
la leur. Quant aux garçons, il n'y en a qu'un, en principe l'aîné, qui pourra continuer la
famille : les autres formeront tout au plus le point de départ de branches cadettes
susceptibles de remplacer la branche aînée si elle venait à s'éteindre. En résumé, la
famille est une monarchie : à chaque moment du temps, elle s'incarne dans le père
pour qui l'autorité absolue en tous les domaines n'est pas seulement un droit, mais un
devoir et qui prépare son fils aîné à lui succéder. L'un comme l'autre, le premier pour le
présent, le second pour le proche avenir, ne sont que les serviteurs de la famille
constituée par la lignée ou série successive des ancêtres masculins en ligne
paternelle. Ils en ont reçu en dépôt tout l'héritage : le sang, les biens, les traditions, et
leurs devoirs se résument à maintenir ce patrimoine, symbolisé par le nom qu'ils
portent, en accroissant si possible la fortune matérielle et, d'une façon plus générale, la
puissance de la famille, mais surtout en en perpétuant intact l'esprit par l'exemple et
l'éducation. La famille constitue ainsi un système clos et figé qui a ses intérêts propres,
au regard desquels les intérêts individuels de ses différents membres n'ont de valeur
que dans la mesure où ils y contribuent. Par suite, à la rigueur, chaque individu de la
famille n'a d'autres devoirs envers ses autres membres actuels que de les aider ou, au
besoin, les contraindre à se subordonner aux intérêts de la famille. En somme, dans
cette conception, les devoirs familiaux consistent à vivre, non comme dans l'autre pour
des vivants, mais pour des morts : ils sont orientés non vers le présent qui prépare
l'avenir, mais vers un passé qu'il faut perpétuer immuable.
L'opposition de ces deux conceptions de la famille a son reflet exact dans ce
qu'elles entendent respectivement par l'honneur de la famille et le respect du nom qui
en est le symbole. Pour l'une, c'est I'attribut de reconnaissance payé aux ascendants
de tout sexe, venus de familles diverses, qui ont abouti au groupe familial actuel, et
maintenir l'honneur de ce nom c'est, comme eux-mêmes l'ont fait en leur temps, vivre
en accord avec les règles morales du milieu social ambiant et travailler à les
perfectionner. Dans l'autre, honorer le nom de la famille, c'est s'identifier au plus
lointain ancêtre paterne, penser et agir aujourd'hui exactement comme il le faisait il y a
des siècles, puisqu'une famille est d'autant plus noble qu'elle peut faire remonter à une
plus haute antiquité son origine connue ou inventée.
Cette conception de la famille, par les qualités de dévouement qu'elle exige, est
loin de manquer de noblesse et a sans doute joué un rôle bienfaisant dans l'évolution
morale. Mais l'analyse que nous venons d'en esquisser suffit à montrer combien peu
elle correspond tant aux conditions sociales présentes qu'à l'idée qu'on se tait
généralement aujourd'hui de la famille. Son culte de la famille, comme on l'a appelé
avec raison, est à vrai dire une idolâtrie. Aussi ne lui avons-nous consacré quelques
développements que pour faire sentir combien elle est archaïque et périmée. En fait,
ses partisans sont bien obligés, pour l'adapter en quelque mesure aux idées morales
actuelles, de faire dans les devoirs familiaux, à côté des devoirs envers la famille
comme entité, une place aux devoirs envers les membres actuels de la famille, qui
dérivent de l'autre conception de la famille, mais s'accordent mal avec la leur.
Inversement, si l'on admet avec nous que la famille a comme fondement moral non le
fait purement physiologique de l'hérédité masculine et, si j'ose dire, de la descendance
d'un spermatozoïde, mais l'union de deux époux par libre consentement mutuel, les
devoirs de la famille, indépendamment des devoirs envers chacun de ses membres
actuellement vivants, ne sont qu'un mot qui ne recouvre aucune réalité.
Nous voici parvenus à une délimitation précise de la question qui nous occupe.
Selon nous, tandis que les devoirs sociaux de l'individu sont de deux sortes les uns
envers ses concitoyens pris individuellement, les autres envers la société dans son
ensemble, autrement dit envers I'Etat, ses devoirs familiaux consistent uniquement
dans ses devoirs envers les autres membres de sa famille. Ces devoirs ne diffèrent en
rien de ses obligations envers des êtres humains quelconques : ils se résument à
favoriser dans la mesure du possible leur bien-être matériel et leur progrès spirituel. Ils
sont simplement plus impérieux en ce qu'ils reposent, non sur la simple bonté ou tout
au plus sur une solidarité assez imprécise, mais sur la justice. En effet, ils répondent,
pour les époux, à un engagement explicite contracté au moment du mariage et à
l'assistance que chacun a continuellement reçue de l'autre ,au cours de leur vie
conjugale ; pour les enfants, aux services que leurs parents ne cessent de leur rendre
pour les amener à l'indépendance de l'âge adulte, pour les parents à l'obligation qu'ils
ont contractée envers leurs enfants en les appelant à la vie, de faire que cette
existence ne soit pas pour eux un fardeau.
C'est de ces devoirs familiaux qu'il nous reste chercher comment peuvent être
résolus leurs conflits avec les devoirs envers la société, et tout d'abord s'il existe de
tels conflits.
Les devoirs civiques ont été énoncés de la façon suivante dans l'article XI de la
Déclaration des devoirs du Grand Chapitre de l'an dernier : "Le citoyen doit à la fois
contribuer à provoquer par les voies légales l'amélioration des lois existantes et les
respecter tant qu'elles restent l'expression de la volonté générale". Cette formule, qui
n'a rencontré aucune objection et qui a même été reprise par divers rapports, réunit
deux sortes de devoirs du citoyen qui correspondent respectivement aux deux besoins
fondamentaux de la société réunis dans la formule d'A. Comte : ordre et progrès.
Chacune des lois en vigueur dans une société, un moment donné, a de multiples
raisons d'être imparfaite, et cela est si évident que dans n'importe quelle société il
existe un pouvoir législatif qui a pour fonction de modifier la législation existante. Dans
une société démocratique, où le pouvoir législatif est dévolu à la nation tout entière, et
même délégué à des représentants, appartient à titre égal à tous les citoyens, c'est un
devoir pour chacun de contribuer à cette tache par les voie; légales, dont la première
est de militer pour amener la réalisation des mesures législatives qu'après mûre
réflexion, il estime avantageuse pour l'intérêt général. Mais d'autre part, chaque loi,
même reconnue imparfaite, existe en fait. Ce qu'elle ordonne aujourd'hui sera peut-être
interdit demain ; mais tant qu'elle est la loi, chaque citoyen lui doit une obéissance
absolue.
Il importait de distinguer nettement ces deux devoirs essentiels du citoyen ; mais il
n'importe pas moins de marquer qu'il n'y a entre eux aucun antagonisme. En effet, si
l'un et l'autre concernent la loi, ce n'est pas au même point de vue ; l'un est relatif à sa
matière ou contenu, à la conduite qu'elle exige, l'autre à sa forme, à sa qualité de
prescription sociale. Si la loi d'aujourd'hui était remplacée demain par une loi contraire,
ces lois, opposées par leur matière, n'en seraient pas moins l'une et l'autre, à un
moment différent, la loi par leur forme.
Cela étant, les conflits entre devoirs familiaux et devoirs civiques se divisent en
deux catégories faciles à distinguer selon que le devoir civique envisagé est celui
d'obéissance à la loi ou de contribution au progrès social.
Voici d'abord les conflits de la première catégorie que j'ai trouvés signalés dans
divers rapports.
Au point de vue matériel, l'individu doit user de la fortune qu'il possède pour
assurer pendant sa vie, et même après sa mort par l'héritage, le bien-être de sa
famille. La contribution exigée de lui par la société sous la forme d'impôts divers est
mathématiquement soustraite à sa famille en même temps qu'à lui-même. La fraude
fiscale pourrait donc être considérée comme un devoir envers la famille, et l'on sait
qu'en fait, elle rencontre beaucoup plus d'indulgence en France qu'en Angleterre, où
elle est tenue pour indigne d'un gentleman.
Une autre sorte de fraude peut encore se considérer comme un devoir familial. Le
devoir de contribuer à améliorer la condition des membres de sa famille peut sembler
avoir comme corollaire celui d'utiliser pour leur procurer une situation avantageuse,
même en l'absence de mérite personnel, soit l'autorité crue l'on délient soi-même, ce
qui constitue le népotisme, soit les appuis dont on peut disposer et l'on a alors les
recommandations ou familièrement le piston. Par contre, c'est un devoir social de ne
pas faire obtenir de faveur injustifiée à un membre de sa famille plus qu'à quiconque,
puisque l'intérêt général exige que toutes les fonctions publiques soient confiées au
plus digne ; selon les termes de l'article premier de la Déclaration des Droits de
l'Homme de 1789, "les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité
commune".
Le service militaire est, comme l'impôt, une prescription légale. Non seulement
cette exigence sociale expose l'individu, en temps de guerre, au sacrifice de sa vie et
par suite au renoncement définitif à tous ses devoirs familiaux, mais encore pour tout le
temps qu'il passe sous les drapeaux pendant la paix comme pendant la guerre, elle lui
fait un devoir, selon la forte expression du Conseil d'Oran, de l'abandon de famille,
l'empêche de subvenir aux besoins matériels et spirituels de celle-ci.
Il ne serait pas difficile, en examinant individuellement chacun de ces trois conflits,
de démontrer par des raisons convaincantes l'obligation de sacrifier dans chacun d'eux
l'intérêt de la famille à celui de la société. Mais il sera plus court et tout aussi décisif de
s'en tenir à leur caractère commun, qui est de mettre en balance des intérêts de la
famille avec la soumission à la loi.
Tout d'abord, en fait, cette soumission est considérée en régime démocratique
comme le devoir civique essentiel. Des Déclarations révolutionnaires, charte de la
démocratie, les deux premières, de 1789 et 1793, préoccupées surtout des droits de
l'homme et du citoyen, n'ont guère traité de ses devoirs envers la société ou l'Etat. Il
est cependant manifeste qu'elles résumaient implicitement ces devoirs dans celui
d'obéissance à la loi. En effet, parmi les trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire,
comme ce dernier a pour rôle d'établir et de sanctionner les violations de la loi par les
citoyens, c'est principalement avec lui que ceux-ci se trouvent en rapport. Or, le devoir
de soumission à la loi dans ce cas particulier, mais spécialement important, est énoncé
de la façon la plus nette dans l'article 7 de la Déclaration de 1789, repris textuellement
par l'article 10 de la Déclaration de 1793 : "Tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la
loi doit obéir à l'instant ; il se rend coupable par la résistance".
La Déclaration de 1795 a tenu à ajouter aux 22 articles dans lesquels elle énonce
les droits du citoyen, 9 articles relatifs à ses devoirs. De ces 9 articles, 5 (les articles 3,
5, 6, 7, 9) résument les devoirs du citoyen dans celui d'obéissance à la loi, avec une
insistance qui prouve l'importance qu'on y attachait. Nous ne rappellerons que les deux
plus essentiels : celui qui viole ouvertement les lois se déclare en état de guerre contre
la société (art. 8), celui qui, sans enfreindre les lois, les élude par ruse ou par adresse,
blesse les intérêts de tous et se rend indigne de leur bienveillance et de leur estime
(art. 7).
Et cette exigence de la soumission sans réserve à la loi n'est pas dans une société
démocratique un simple fait brut ; elle se légitime par des raisons faciles à apercevoir.
En effet, dans ce régime où les privilèges sont supprimés, cette obéissance est requise
également de tous les individus. Les limitations qu'elle impose à la liberté de chacun à
l'égard des libertés concurrentes de tous les autres, elle les impose, exactement les
mêmes, à la liberté de tous les autres à l'égard de la sienne. A l'état de guerre,
résultant de l'anarchie, dans laquelle tous les individus n'obéissent qu'à leur bon plaisir,
elle substitue la paix résultant de l'égale soumission de toutes les libertés aux mêmes
restrictions ; et en même temps qu'elle prive chaque individu d'une part de sa liberté,
elle lui assure l'exercice de celle qu'elle lui laisse.
La loi sociale ne peut donc être acceptée de tous les membres de la société que si
chacun estime la part de liberté qu'elle lui garantit, supérieure à celle qu'elle lui retire.
Or, il est pour tous les individus, une exigence primordiale, qui domine toutes les
autres parce qu'elle en est fa condition indispensable, à savoir celle de la conservation
de l'existence et de l'intégrité biologique, ce que les Déclarations des Droits appellent
la sûreté. La loi qui, dans les limites du possible assure à l'individu sa sûreté contre les
entreprises éventuelles de tous les autres, est pour lui un bienfait inappréciable,
quelques sacrifices qu'elle puisse exiger de lui en échange, et qui se réduisent en
somme à s'interdire à l'égard des autres la conduite qu'il veut leur voir interdite envers
lui. S'attribuer le droit de désobéir à la loi, c'est-à-dire de faire prévaloir, sur un point
quelconque et pour quelque raison que ce soit, sa volonté personnelle sur les
prescriptions légales, c'est par là même reconnaître le même droit aux autres
individus. Par conséquent, comme n'importe lequel peut toujours vouloir vous enlever
la vie, non seulement par intérêt, mais même simplement par caprice, c'est se
condamner soi-même à mort. La police est le devoir et par suite le droit essentiel de la
société, et en fait les expressions nations policées et nations civilisées sont employées
comme synonymes. La société, quand bien même elle ne ferait rien de plus que de
proclamer sacrée l'existence de chacun de ses membres, tient objectivement à l'égard
de tous le rôle d'une providence. La preuve en est dans la condition à laquelle sont
réduits ceux dont elle écarte sa main tutélaire, dont elle se désintéresse officiellement
en les mettant hors la loi. Sans aller chercher des exemples chez les sauvages, il suffit
de rappeler l'excommunie dans l'Eglise ou la mort civile sous la Restauration, peines
plus terribles peut être pour ceux qui en étaient frappés que la peine de mort, puisque,
sans les tuer, elles leur retiraient, en les privant de tout droit, la possibilité de vivre.
En résumé, l'obéissance à la loi est une obligation stricte, absolue, sans exception
d'aucune sorte. Quelque soit celui des autres devoirs de l'individu qui lui soit
antagoniste, devoir envers lui-même, envers sa famille, envers son groupe
professionnel ou autre, envers l'humanité, c'est celui-ci qui doit lui être sacrifié. Ce
sacrifice pourra être pénible, même héroïque ; l'individu pourra n'avoir pas la force de
le faire, il n'en sera pas moins le devoir.
De ce principe général découle la solution d'un cas de conscience mentionné par le
Cons... de Périgueux. Si un individu reçoit d'un membre de sa famille auquel il doit
obéissance, par exemple de son père, l'ordre de violer la loi, quel sera son devoir ?
Sans nul doute de lui désobéir tout en donnant à son refus la forme la plus
respectueuse, après avoir essayé de lui faire abandonner cette exigence coupable.
Un dernier conflit, signalé par le Cons... de Tours, et sans doute heureusement
exceptionnel, est véritablement tragique. Quel sera le devoir pour un individu qui aurait
connaissance d'un crime commis par un membre de sa famille ? A mon avis, et sans
prétendre à l'infaillibilité, exactement le même qu'envers un criminel étranger à la
famille. Si la justice fait appel à son témoignage, c'est un devoir strict de révéler ce qu'il
sait, et c'en est un également de le révéler spontanément, sans en être requis, s'il voit
qu'un innocent risque d'être condamné à la place du coupable. Mais, en dehors de ces
conditions, j'hésite peut-être à tort, à voir un devoir social dans la délation d'un criminel,
qu'il appartienne ou non à notre famille, tant qu'elle ne sera pas exigée par la loi.
Reste à envisager la seconde catégorie de conflits, ceux qui peuvent se présenter
entre les devoirs familiaux et celui de contribuer au progrès social. En voici d'abord
l'énumération.
Pour s'éclairer sur les questions sociales, soit par lectures et réflexion individuelle,
soit par échange de vues avec d'autres individus d'opinions semblables ou opposées :
puis, quand sa conviction est faite, pour là propager, l'individu a besoin de temps, et
celui qu'il occupe à cette tâche ne peut être consacré aux intérêts matériels et
spirituels de sa famille. Le rôle de militant entraîne en outre des dépenses, cotisations,
contribution diverses, qui grèvent le budget familial. Par suite, ce n'est pas entièrement
à tort qu'il pourrait s'accuser, comme le faisait dans une réunion d'adieu le secrétaire
général d'une grande association cité par le rapport de Rouen, d'avoir été un mauvais
époux et un mauvais père.
Le conflit avec les intérêts familiaux est encore plus accentué dans le cas signalé
par le Conseil de Clermont-Ferrand et qui, sans être le plus fréquent, n'a rien
d'exceptionnel, où l'organisation sociale que le militant s'efforce de faire prévaloir
comme plus avantageuse pour l'intérêt général entraînerait pour sa propre famille une
situation inférieure à celle qu'elle possède dans le régime actuel.
Dans le cas qui précède, les dommages qui risquent de résulter de l'action du
militant pour les membres de sa famille ne sont qu'une éventualité à échéance plus ou
moins lointaine, dont ils ne seront peut-être plus là pour subir les effets. Mais, dès le
présent, la propagande en faveur de telle ou telle conception sociale suscite chez les
partisans des opinions adverses une opposition qui, fréquemment, ne se borne pas à
une controverse courtoise, mais se manifeste par des actes d'intolérance, parfois par
une véritable persécution qui, non seulement atteint la famille du militant à travers lui,
mais peut être dirigée directement contre elle. Alors s'oppose au devoir social de
propager ses opinions, le devoir familial de les dissimuler et, pour ainsi dire de faire le
mort.
Tels étant ces conflits, quelle en est la solution ? Il faut tout d'abord remarquer que
leur acuité est variable selon la situation de la famille considérée, de sorte que pour
chacune, il s'agit d'un cas d'espèce. Il n'en manque pas pour lesquelles un de ses
membres peut consacrer à des fins étrangères une part plus ou moins importante de
ses biens ou de ses loisirs sans en priver les autres membres, au point de vue tant
matériel que spirituel ou éducatif, du nécessaire qu'il leur doit. Il n'est également pas
rare qu'en fait, comme c'est l'idéal, les différents membres de la famille soient en
entière communion d'idées, de sorte que si l'action sociale de l'un d'eux entraîne pour
les autres des sacrifices, ils les acceptent joyeusement. Dans ces divers cas, le devoir
familial et le devoir social peuvent être accomplis à la fois sas se faire tort l'un à l'autre,
et les conflits signalés plus haut restent purement théoriques. Il suffira donc d'examiner
le cas où le conflit est réellement aigu, c'est-à-dire où, pour des raisons variables,
l'action du militant serait gravement préjudiciable aux intérêts légitimes de sa famille.
Sur ce point encore, je me garderai de dogmatiser. Il me semble toutefois qu'ici, il
convient de prendre comme critère de l'importance ou valeur relative des devoirs en
conflit, leur degré d'urgence, de sorte que ce sont les devoirs envers la famille qui
doivent l'emporter. En effet, les devoirs familiaux d'un individu ne peuvent être remplis
que par lui, car ceux des autres individus concernent leur famille et non la sienne.
D'autre part, c'est dans le présent et à chaque instant qu'il lui faut s'en acquitter. Au
contraire, le succès des efforts pour contribuer au progrès social est toujours incertain,
et tout au moins, à échéance plus ou moins lointaine ; il ne sait quand ses semailles
amèneront une moisson. En outre, cette tâche n'incombe pas seulement à lui, mais au
même titre à tous les citoyens, de sorte que dans cette oeuvre collective, il peut
légitimement laisser la plus large part d'activité et d'initiative à ceux pour qui elle n'est
pas au même degré en conflit avec leurs devoirs familiaux. La lutte pour les
améliorations sociales a besoin à la fois de chefs et de simples soldats, et ce n'est pas
un égal devoir pour tous les citoyens d'être des chefs, parce qu'ils n'en ont pas une
égale possibilité.
Et enfin tous n'en sont pas également capables. Les qualités proprement morales,
bonne volonté, dévouement, ne suffisent pas : la compétence n'est pas moins
nécessaire. Pour déterminer avec quelque solidité les imperfections de l'organisation
sociale actuelle et les remèdes à y apporter, il faut une vaste documentation, de
l'intelligence, de la réflexion, des loisirs qui ne sont pas à la portée du plus grand
nombre. Même chez les spécialistes, théoriciens de cabinet, ou législateurs officiels,
des opinions opposées s'affrontent en invoquant des arguments solides ; les uns
tiennent pour le statu quo, et ceux qui s'accordent sur la nécessité d'un changement se
combattent âprement sur la nature de ce changement. Par suite, si c'est un devoir pour
le citoyen de travailler à améliorer la loi, il doit toujours craindre que les modifications
dont il rêve ne risquent d'entraîner, par des répercussions insoupçonnées, plus
d'inconvénients que d'avantages. Assumer, à quelque degré que ce soit, le rôle de
réformateur social, c'est se charger d'une lourde responsabilité, faire preuve d'une
confiance en soi qui n'est peut-être pas toujours entièrement justifiée. En fait, les
diverses sociétés démocratiques, alors qu'elles font de l'obéissance à la loi un devoir
sans restriction devant lequel tous les autres doivent s'incliner, sont beaucoup moins
exigeantes pour ce qu'on pourrait appeler le devoir législatif. Elles recommandent bien
au citoyen de s'éclairer sur l'intérêt général et elles s'efforcent de l'y aider par
l'instruction, l'éducation, la liberté de propagande par la parole et par la plume ; mais le
pouvoir législatif, bien que reconnu à tous les membres du corps social, doit être
délégué par eux à des représentants spécialisés dans cette tâche, et le vote, qui est
pour l'immense majorité des citoyens leur unique contribution à l'organisation sociale,
est considéré par la loi, au moins actuellement, comme un simple droit, non comme
une obligation.
Pour ces diverses raisons, le devoir de contribuer au progrès social est, à ce qu'il
nous semble, beaucoup moins net et impératif que le devoir familial et doit, en cas de
conflit grave; lui être sacrifié.
Je vous dois des excuses pour la longueur de ces développements, qui ont mis
votre patience à une rude épreuve. Mais, malgré tous mes efforts pour les raccourcir,
je n'y ai rien trouvé dont la suppression ne m'ait semblé nuisible à leur clarté ou à leur
solidité. Du moins, les conclusions qui les résument et qu'il me reste à soumettre à
votre frat... critique seront brèves.
Conclusions. — Les devoirs familiaux se rapportent non à la famille considérée
comme une entité quasi mystique ayant pour essence de perpétuer le plus lointain
ancêtre, mais à un nombre très limité d'individus vivants, en somme les époux et leurs
enfants. Ces désirs consistent pour chacun d'eux à procurer aux autres, le maximum
de satisfactions matérielles et spirituelles.
Ces devoirs familiaux peuvent entrer en conflit avec les devoirs sociaux, qui se
réduisent à deux : soumission à la loi et contribution au progrès social.
La solution de ces conflits n'est pas la même dans les deux cas. Dans le premier,
l'obéissance à la loi est un devoir absolu auquel les désirs envers la famille, comme
n'importe quel autre, doivent être sacrifiés sans hésitation de la raison, quoi qu'il puisse
en coûter au sentiment.
Dans le second cas, les devoirs familiaux étant infiniment plus urgents et plus
nettement définis que le devoir de contribuer aux améliorations sociales, d'ailleurs
inégalement impératif pour les individus selon les conditions particulières de chacun, il
est difficile de poser une règle générale, mais la moins hasardeuse semble de donner
la préférence aux devoirs envers la famille.
J'ai dit – (Applaudissements).
Le Grand Commandeur remercie le F... Luquet pour son rapport très étudie, dont il
vient de donner lecture, et au nom du Grand Chapitre qui, à l'unanimité, vient
d'applaudir ce travail si consciencieusement exposé.
Après avoir demandé l'avis du Grand Orateur, le rapport, mis aux voix, est adopté à
l'unanimité et sans observation.
La parole est ensuite donnée au F... Bédarride pour son rapport sur la question du
RITUEL DE ROSE-CROIX.
RITUEL DE ROSE-CROIX
RAPPORT DU F... ARMAND BEDARRIDE
Le Grand Collège des Rites m'a fait l'honneur, comme les années précédentes, de
me charger d'établir un rapport général sur la question rituélique renvoyée à l'étude de
nos Chapitres. Il s'agit cette fois, comme vous le savez, du Rituel de Rose-Croix.
C'est avec regret que je dois mentionner ici que 17 Chapitres seulement ont fourni
des réponses, ce sont :
Clémente Amitié, Etoile Polaire et Unité Maçonnique de Paris ;
Et pour le reste de notre Obédience : Beauvais, Béziers, Bône, L'Espérance
Bordelaise, Clermont-Ferrand, Chaumont (2 rapports), le Havre, Hanoï, Lille, Limoges,
Marseille, Metz, Rabat et Tunis.
Il faut bien que je dise, sans commentaires, que ce petit nombre est regrettable :
les consultations des années précédentes, sans réunir tous nos Chapitres dans une
communauté d'activité, avaient donné de bien meilleurs résultats, et il est souhaitable
que cette éclipse momentanée, probablement due aux répercussions de la vie profane
ne se renouvelle pas à l'avenir, car sans cela, tous les efforts depuis 10 ans pour le
réveil des études maçonniques et, disons le mot, de l'Art Royal, seraient mal
récompensés.
D'ailleurs, les Ateliers Supérieurs se doivent à eux-mêmes de donner aux Loges
bleues l'exemple du travail et de la culture.
Le classement et l'analyse des réponses seront donc assez brefs.
Les Ateliers qui nous ont fourni des projets de Rituels complets sont au nombre de
trois :
L'Unité Maçonnique et Clémente Amitié de Paris, ainsi que le Chapitre de Béziers.
Les autres ont fourni des études, parfois très complètes, comme c'est le cas pour
l'Etoile Polaire de Paris, l'Espérance Bordelaise, Marseille, Hippone, Metz et même
Limoges.
Je donnerai d'abord l'analyse de ces rapports avec quelques extraits qui paraissent
intéressants, puis je formulerai quelques observations sur la nature et le but des
Rituels de Rose-Croix, ce qui me permettra d'arriver à une conclusion personnelle au
moins préparatoire, car le petit nombre des réponses reçues ne me permet guère de
présumer quelle est l'opinion générale de nos Chapitres à ce sujet.
ANALYSE DES TRAVAUX
Tout d'abord, je mentionnerai les rapports de Lille, du Havre, d'Hanoï et de Tunis
qui se déclarent partisans du maintien du Rituel actuellement en usage.
Certains Chapitres pencheraient pour le type du Rite Ecossais Ancien et Accepté :
l'Espérance Bordelaise se prononce expressément dans ce sens, dans un rapport très
intéressant, Clermont-Ferrand insiste même sur le maintien des Trois Chambres et les
Loges de Perfection. Limoges, qui s'inspire" des vues de notre F... Gaston Martin dans
sa notice sur les grades intermédiaires, suggère un type intermédiaire avec emplois
simultané des trois ternaires.
Le rapport de Metz conclut d'une manière analogue, désirant conserver la tradition
intégrale de notre Obédience, tout en modernisant les formules. Il veut que le souvenir
de Jésus s'allie à la théorie du "feu" dans l'explication de la Parole Perdue, et voit dans
la Maçonnerie une religion d'Amour noble, profond et désintéressé. On pourrait appeler
sa thèse, un humanisme évangélique.
L'Unité Maçonnique de Paris manifeste également sa sympathie pour le type
Ecossais et désire donner aux Tenues du grade, dans un langage moderne, une
grande solennité. D'ailleurs ce Chapitres s'en remet au Grand Collège pour la
rédaction. Après un exposé intéressant, il reproduit un Rituel de 1818 assez peu
connu.
Le rapport de Marseille peut être rangé, avec ceux de la Clémente Amitié et de
rabat, parmi ceux qui ont le plus développé l'étude de la question. Il donne un résumé
de l'histoire du Rosicrucisme, une analyse détaillée et critique des divers symboles du
Grade qu'il maintien intégralement, adopte les deux ternaires et conclut à un Rituel
analogue à celui des Ecossais. Il voit dans la conservation de notre Tradition, un
moyen de conserver à la civilisation contemporaine, le seul guide qui puisse survivre à
celui du passé pour la formation des consciences.
"Dans le désordre des idées et des moeurs au milieu duquel nous vivons, observe-
t-il, constatant la déficience de la moralité des individus et des nations, il devient
nécessaire de développer au plus haut point la puissance spirituelle de la Franc-
Maçonnerie afin de lutter contre cette décadence".
Le premier rapport de la Fraternité Marocaine nous fournit une intéressante
analyse critique des symboles du Grade. Il montre très bien les deux caractéristiques
de l'enseignement donné : activité et sacrifice. Il maintient tous les symboles du Grade
et réunit les deux ternaires pris dans un sens moral et philosophique ; il contient
certaines références hermétiques et une curieuse explication de l'acclamation
Hoschéa. Il se termine par un canevas tout à fait traditionnel.
Le Chapitre de Chaumont a fait preuve d'une bonne volonté notoire : c'est deux
rapports qu'il nous a fournis, et tous deux très intéressants quoique d'allure différente :
L'un d'eux a fait une analyse comparative du Rituel du G... O... et du Rituel
Ecossais Ancien et Accepté. Il propose de se rapprocher de ce dernier type en
intégrant la tendance scientifique et la tendance spirituelle. En somme, il réclame un
Rituel se rapprochant de celui en usage dans tous les autres pays : la Tradition avec le
bagage et le langage de 1935.
L'autre. traditionnel également. rétLi:;iit l'ancien te:::aire. réclame ileux chambre;-,
l'une noire, l'autre rc';s'e. el précoi;:se le rplour au Rilui'l antérieur a celui i(iic nous
avcr.s nctuullemer-i'.
Je classerai éçalenieni parmi les lraci::lonnels In m: ;.oi*l (.lu Chap.'. l'Avenir, qui
est fort intéressant.
,(e ne m'arréle pas ;iii\ critique.-. o'.i'il formule -:•.;:• If caraclére plus ou moin;
artincie; de' gr.'. inle—iédiaires. car :-'e;t pour moi une considération secondaire : ce
qui ::tr parail im; .";an; dan? ;es alel.'. de Perf.'. c'est l'application qu'er. font nos ff.'.
•::os3.'. pour relier a notre ésotérime la théorie idéo:;s'e de la co".:.^.i:sance ES 'i
relativité de tontes nos notions ; c'es; îussi l'école ïperfectionn-?ineiil des maît.". que
l'on peni const;';er avec 1111 " ..^^hre de -T;'.'. iJiielconqnes. par les al.', sup.'..
Le Rituel de Ciémente Amitié, par uri .arye lierinel;--:r.c; rsotenqu'dr -''r.'. de i(--(..
coiisei've ses symb.'. "i s.i L'oncer' i) du ••i s;iî.";lice i) par l'amour, et inaintieni le
ler;;^.;:'p Fui. K.'pr.'^'.ce el. Charité 1:11 l'expliquant, d'une nirinière psycli'-.'.-rique el,
ni'ir..-;. Ji eontier.i de sérieuses références lierrnéliqiies. E:srimnie il ai.r-'ii a une l-e'
riolable amélioration rin Rituel que ni:;;employons -••••-.é.-.ilemenl.
Le Rituel de Clémente Amitié, par -;?. c;air hern^-.smt-, est n--lemeni lr:idih"nnel et
riinîtiiiei':iit i;:^.e.velle:]le ^'i"; de trav;'] l.'our la revisioi; ii;-(ijelée. Il conserve. ..:: effel.
nos '":nl).". class:ques : Phénix. Pélican, Parole Perdue. -'J'il a inlerprt;:-.; umquemen;
par le •i Feu ,1 pris ;iu i.nini de vue p]iv-.,;'ie. moral c: ^•.irituel, et la liose sur la
C.'oix.sic-ne indélébile di; 'i:'.'.. Il joinl :••';ernaire de;
irois vertus (Ileoloïnies a celui de la d-'.:se Liberté, E^^îiié. Frale'n.iy. C'est un
•'•av.iil 1res sérieux'ei l;-^; -ii-'-ne d'atiei-.-' .n. Je ?is-."alerai plus loin l'adjuiielion que je
voudrs:? y faire.
I^e rapport de l'Kloile Pulaire inc me: :ans le plus -'"-i:id enib.'irraï pLiur l'opinion que
je \'ou':l"ais l'ormiilc" \ son siiiel : -:. pff>-t. il me l'ail le très grand honneiil de fait'e
in'^ralemeni si": r.es les vn-s que j'ai exposé?» dans mon Livre d'Ii.-'".'. au Gr.'. ..:• 1.''",
que j'-ii publié il y il deux ans .' el l'honneur pi':' loni'd enco'.lr sr^c'ére:' que je ^suis tou'
dési-'né pour préparer ^n projet... L-: .•oni'ia.iicr df .-e II.'. Al.-, me rend vraiment confii;.
P.; pour ne pas -,voir l'air de iil'approuver moi-même. JC noie : Ki: :•_•] (•\-p;'im:irl .' -
iéieiiir-iii l,-, Tradition dans ie lamras-e du NX1' siée:-.
Voila pour les traditionnels.
Le rapport de Reine ne peut pas être ::assé parmi ':•nd'.'e:^ai;'r~ de la Tradition,
pinsqu'avfc des consid-rations di.'-ne; d'altention. il tend surtout a améliorer notre
Ritue; -i.;;uel par des rnovens qui combinent le? idées de noire F.'. Gast.'1:: Martin e|
r^'.\^ nidirpi^ùt ))ar notre P.'. Juvanon dans une confér:-:icc en 1°"22. L'exri.'ication de
la Parole Perdu's'y l'ait excliisiveme".' par la théor:" du " Feu ;, " physi(|ue, inora] et