la vengeance du seigneurThierry

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La vengeance du Seigneur Thierry Auteurs : Les élèves de CM1 Lyon 9ème école Les Fougères

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La vengeance du Seigneur Thierry Auteurs : Les élèves de CM1 Lyon 9ème école Les Fougères

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La vengeance du Seigneur Thierry

Auteurs :Les élèves de CM1

Lyon 9ème école Les Fougères

Chapitre 1

Le soleil se levait sur le château du comte Guillaume et de la comtesse Anne. Tout était calme et silencieux. Le blé couvrait les prés, les raisins mûris-saient dans les vignes. Le comté était en paix.

Mais, là-haut dans la tour du châ-teau, la comtesse était anéantie. Elle venait de découvrir une ter-rible vérité en triant ses vêtements d’enfant dans les vieux coffres de la chambre : elle n’était pas Anne, la fille du comte Hugues, elle n’était donc pas la comtesse de ce château.Son ami Olérius, le médecin du château depuis plus de 20 ans, connaissait ce secret, mais n’avait jamais voulu le divulguer. Il savait que la vraie petite comtesse boitait,

et qu’elle était morte lors de la ter-rible épidémie de 1031.Alors qu’Olérius et Anne s’entre-tenaient tous deux, un serviteur apporta un peu d’hypocras à Anne. Elle le remercia et lui dit de quitter la pièce. Mais le serviteur ne partit pas vraiment. Il gagna un passage secret sur la pointe des pieds et se dissimula derrière une grande tapisserie, respirant sans bruit. Il entendit alors Anne s’écrier : - Quelle catastrophe ! Je ne suis que la fille de dame Hersende, la nourrice, je ne suis pas la comtesse ! Que faire ? Il faut dire la vérité au peuple.- Pourquoi ? répondit Olérius. Crois-moi, personne ne doit connaître ce secret. - Mais c’est une trahison, je dois rendre sa place et son château à Thierry. C’est lui l’héritier légitime

du château car il est le neveu du dernier comte. - Thierry est avare, violent. Il vaut mieux pour ce comté que ce soit toi qui le gouvernes. Retenant son souffle, le serviteur ne perdait pas un mot de la conver-sation. Il ne perdit pas de temps. Dès le lendemain, il prétendit que sa mère était malade et demanda à Anne l’autorisation d’aller la voir. Mais c’est chez Thierry qu’il se rendit, pour révéler ce qu’il venait d’apprendre. En effet, le seigneur Thierry lui donnait cent deniers chaque mois pour lui servir d’es-pion dans le château d’Anne et de Guillaume.

Thierry se retourna en entendant appeler : - Seigneur, Seigneur !

- Qu’il y a-t-il Thomas ? - Je viens d’apprendre une nouvelle qui va vous réjouir. Jehanne n’est pas la vraie comtesse. La petite Anne boitait, j’en ai vu la preuve : elle avait un soulier avec une se-melle plus épaisse ! Et j’ai enten-du la comtesse pleurer. Seigneur Thierry, vous êtes l’héritier légitime de ce château et de ses terres. Il faut que vous repreniez votre héri-tage. - Je le savais ! Je le savais ! Le châ-teau est à moi ! Je vais rassembler une armée et enlever cette fausse comtesse. Il me faut des capitaines, des guerriers, des hommes et beaucoup d’armes !- Je suis avec vous Seigneur, nous allons nous battre et vous allez re-prendre le comté !

Chapitre 2

Deux gardes discutaient sur le che-min de ronde du château quand ils aperçurent de la poussière au loin. Ils se regardèrent avec inquiétude. - Qu’est-ce que c’est ? Une horde de sangliers ? Interrogea le premier.- Non, s’exclama l’autre, ce sont des soldats ! Sonne l’alarme, sonne l’alarme ! Mais il était déjà trop tard.C’était l’armée de Thierry qui arri-vait au grand galop. Les gardes appelèrent tous les renforts et la bataille s’engagea. Il pleuvait des flèches. Les hommes se battaient farouchement à coup d’épée et même de hache. Chaque guerrier luttait avec courage. Les deux ar-mées souffraient terriblement. On entendait des coups et des cris. Un flot de sang coulait, bu par la terre

de la cour.La bataille était terrible, beaucoup de soldats mouraient. Il fallait en finir !

L’un des soldats de Thierry lança une flèche enflammée dans la cour du château. Elle atteignit une meule de foin. Il n’en fallait pas plus pour que le feu prenne. Il se propagea de meule de foin en meule de foin si vite qu’il gagna les écuries. Les chevaux se mirent à hennir de ter-

reur et se cabrèrent de tous côtés. Le feu dévorait la paille et le bois. Les hommes de Guillaume se ras-semblèrent rapidement et firent une chaine jusqu’au puits pour éteindre le feu. Pendant ce temps, la comtesse Anne cherchait un moyen de sauver ses quatre enfants.

Chapitre 3

Le château était en feu. Les animaux de la basse-cour s’agitaient, terri-fiés. Les vilains couraient en portant des seaux pour essayer de stopper l’incendie, mais en vain. Jehanne et Guillaume ne ménageaient pas leur peine pour essayer de sauver leur château. Ils voyaient l’armée de Thierry escalader les remparts et

s’approcher, ils se savaient perdus. - Vite, les enfants, dirent-ils à leurs fils. Il ne faut pas que Thierry vous attrape. Il faut aller vous réfugier dans les environs, hors des rem-parts et loin du village. - Suivez-moi ! Ajouta Anne.

Et elle les emmena en longeant les murs jusqu’à une petite porte secrète, une poterne qui donnait

sur les douves. La comtesse les fit sortir, puis elle dit : - Allez-y, les enfants, traversez les douves à la nage et courez vous réfugier chez Martin, notre fermier.Romaric, qui n’avait que cinq ans, eut peur de l’eau sale et glacée des douves et surtout de se noyer. C’est Olivier, l’aîné, qui l’aida à rejoindre l’autre rive. Les deux autres frères suivirent. Trempés, essoufflés, les quatre garçons arrivèrent enfin chez Mar-tin qui accepta avec bonté de les recueillir. Il les connaissait bien et aimait la famille de la comtesse. Sa femme leur fit une bonne soupe, et ils allèrent se coucher, épuisés, dans le foin de l’écurie. Il fallait maintenant qu’ils réfléchissent à la façon de sauver leurs parents.

Chapitre 4

Le lendemain, quand les enfants apprirent ce qui s’était passé au château, Romaric pleura :- Nos parents sont prisonniers ! Le Seigneur Thierry et son armée les ont jetés au cachot.Son frère aîné le serra contre lui. - Ne t’en fais pas, on va trouver une idée pour les libérer. Ils réfléchirent et, à la nuit tombée, les quatre frères avaient trouvé une solution. Ils se faufilèrent derrière les arbres jusqu’au château.La cour, qui avait brûlé, fumait en-core, et une terrible odeur de roussi envahissait l’air. Heureusement, à part une petite tour du côté des écu-ries, l’ensemble du château avait été épargné par les flammes. Les garçons savaient que leurs parents

se trouvaient dans les cachots sou-terrains.

Quelle chance pour eux, les gardes avaient beaucoup bu pour fêter leur victoire de la veille, et les quelques hommes qui étaient posté au pont-levis dormaient, complètement ivres. Les quatre frères montèrent alors très discrètement par l’es-calier de service jusqu’à la salle des gardes. Olivier, le plus grand, trouva facilement des vêtements de garde dans un grand coffre. Il mit un casque sur la tête de Romaric et hissa l’enfant sur ses épaules. Enveloppés dans une cape, ils res-semblaient vraiment à un garde. Ils se faufilèrent à pas de loup jusqu’au cachot.En bas, dans le souterrain, ils se retrouvèrent face à trois gardes.- Halte là ! Qui va là ?

- Holà, l’ami, dit Olivier en prenant une grosse voix, le seigneur Thierry nous envoie nous occuper des pri-sonniers. Il a besoin de vous dans la cour.Les autres, contents de quitter ces lieux obscurs, ne se firent pas prier : - Bonne chance, les gars ! Les gardes prirent les escaliers pour rejoindre la cour, mais Hugues et Charles avaient tendu un fil invi-sible entre deux marches. Les deux gardes trébuchèrent, s’affalèrent dans les escaliers et, se tapant vio-lemment la tête sur la pierre, s’éva-nouirent. Les garçons n’attendaient que cet instant pour prendre les clés et ouvrir la porte du cachot.Anne et Guillaume serrèrent leurs fils dans leurs bras et, sans traîner, ils filèrent tous dans le souterrain pour quitter le château.

Chapitre 5

L’un des gardes du cachot se réveil-la avec difficulté. Où se trouvait-il ? Pourquoi donc se sentait-il si mal ? Qu’est ce qui cognait si fort dans sa tête ? Il se secoua et se leva avec peine. Et là, en se retournant, il dé-couvrit que le cachot était vide. Il surgit dans la cour en criant : - Messire Thierry, les prisonniers se sont évadés !Thierry, furieux, saisit son épée en jurant. - Nous devons les retrouver. Pen-dant ce temps, j’ai l’intention de dire au peuple que Jehanne n’est pas la comtesse. On verra bien quelle sera sa réaction. Alors, les gardes s’éparpillèrent dans le château et la cour pour

fouiller chaque recoin. Derrière les tapisseries, dans les cuisines, certains parcoururent tous les pas-sages secrets et d’autres allèrent même jusqu’au village voisin. En vain. Pendant ce temps, Thierry avait ras-semblé les villageois sur la place de l’église. Il monta sur la margelle du puits et, très content de lui, d’une voix forte, il dit :- Oyez, oyez braves gens ! Nous venons de découvrir un terrible secret, un véritable scandale ! La femme qui vous gouverne n’est pas la comtesse Anne, elle n’est pas la fille de notre bien-aimé comte Hu-gues. J’en ai la preuve, car nous sa-vons que la vraie petite Anne boitait. Les paysans écoutaient cette décla-ration, très étonnés. Puis, l’un d’eux prit la parole. - En ce moment, dans le comté,

tout le monde est heureux, il n’y a pas de guerre, pas de famine. Alors, nous voulons garder notre com-tesse, peu importe qui elle est, car grâce à elle, nous vivons bien. Les fermiers s’agitaient, criaient et levaient le poing en direction de Thierry. Cet homme, qui revenait au pays après tant d’années d’absence, ne les intéressait pas.Une femme cria : - Il faut chasser ce traître !Les hommes et les femmes sai-sirent leur fourche et les brandirent en direction de Thierry. Quelques-uns de ses gardes s’approchèrent pour l’aider, mais la foule en colère les repoussa en leur jetant les cail-loux du chemin. Les gardes qui n’ai-maient pas beaucoup Thierry, un maître avare et violent, s’enfuirent en courant, le laissant seul au mi-lieu des paysans.

Soudain, le fermier Martin, celui qui avait gardé les enfants de Guil-laume et Anne, cria : - Oyez, mes amis, écoutez-moi. Je protège la comtesse Anne, le comte Guillaume et leurs quatre fils. Puisque vous voulez la comtesse Anne, je vais la ramener au château. Et le peuple s’écria : Oui, oui, vive la comtesse Anne !Quand ils revinrent tous, la com-tesse s’excusa auprès de son peuple de s’être trompée en croyant être la petite Anne. Olérius insista pour dire qu’elle n’en était pas res-ponsable. Ils firent tous une grande fête, toute la nuit. Le seigneur Thierry avait trouvé le moyen de s’enfuir en douce et on n’entendit plus jamais parler de lui dans le comté, qui redevint calme et prospère.