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L'équipe "Histoire culturelle de l'Espagne contemporaine" est actuellement composée de:

P. AUBERT (Université de Pau/ Casa de Velázquez),

G. BREY (Lycée Montchapet de Dijon),

J.-F. BOTREL (Univ. de Rennes 2),

J.-M. DESVOIS (Univ. de Pau),

J.-L. GUEREÑA (Univ. de Tours/ Casa de Velázquez),

Y. LISSORGUES (Univ. de Toulouse),

B. MAGNIEN (Univ. de Paris 8),

J. MAURICE (Univ. de Paris 8),

M. RALLE (Univ. de Besançon),

C.-N. ROBIN (Univ. de Besançon),

S. SALAÜN (Univ. de Paris 3),

C.SERRANO (Univ. de Paris 3),

M. VILLAPADIERNA (Univ. de Paris 3).

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1900 EN ESPAGNE

(essai d'histoire culturelle)

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COLLECTION DE LA MAISON DES PAYS IBÉRIQUES 3 6

1900 EN ESPAGNE

(essai d'histoire culturelle)

C. Serrano - S. Salaün éditeurs

Presses Universitaires de Bordeaux 1988

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Ont participé au présent travail: P. AUBERT (Univ. de Pau/Casa de Velázquez), G. BREY (Lycée Montchapet, Dijon), J.-F. BOTREL (Univ. de Rennes 2), J.-M. DESVOIS (Univ. de Pau), J.-L. GUEREÑA (Univ.de Tours/Casa de Velázquez), Y. LISSORGUES (Univ. de Toulouse-Le Mirail), B. MAGNIEN (Univ. de Paris VIII), J. MAURICE (Univ. de Paris VIII), M. RALLE (Univ. de Franche-Comté), C.-N. ROBIN (Univ. de Franche- Comté), S. SALAÜN (Univ. de Paris III), C. SERRANO (Univ. de Paris III), M. VILLAPADIERNA (Univ. de Paris III).

La vignette de couverture est tirée de l'ouvrage de E. TRENC BALLESTER, Las artes gráficas de la época modernista en Barcelona, Barcelone, 1977. Nous remercions l'auteur ainsi que la Direction et le Personnel de l'Hémérothèque Municipale de Madrid et M. Magnien qui, à des titres divers, nous ont permis l'illustration de l'ensemble de l'ouvrage.

Composition et mise en page à la Maison des Pays Ibériques (GS 35 du CNRS) Maquette de couverture: Françoise JARRY Composition: Jacqueline VIVÈS Secrétariat de rédaction: Marie-Madeleine USSELMANN © 1988 - Presses Universitaires de Bordeaux Université de Bordeaux III, 33405 Talence Cedex ISBN - 2-86781-080-9

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LISTE DES ILLUSTRATIONS

1. - Entre le passé et le futur: une revue de 1899, Album-Salón 8

2. - Rapatriement d'homme ou de capitaux: opposition des riches et des pauvres vue par la Campana de Gracia en 1899-1900 15

3. - Les vérités du Capitân Verdades vues par la catalane Campana de G r a c i a 25

4. - La Asociación de la Prensa de Madrid et 1898 39

5. - Le premier ministre de l'Instruction publique, A. García Alix 57 6. - L'augmentation du traitement des instituteurs vue par Blanco y

Negro 59 7. - Un des organes d'expression des intellectuels, Vida Nueva, plaide

en 1900 pour la libération des condamnés de Montjuich 6 8 8. - Une nouvelle image: la femme à vélo 95

9. - Une nouvelle culture graphique: la publicité 101 10. - La zarzuela triomphe en 1900 107

11. - Deux représentations de la femme: l'ex-libris de Ismael Smith et le dessin de Ramón Casas 126

12. - L'appel à des écrivains nouveaux 130

13. - Organe d'une présence intellectuelle accrue de l'Eglise, Razón y fe naît en 1901 .......................................................................... 160

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PRÉAMBULE

Ce volume est le premier résultat public d'un travail collectif sur l'histoire culturelle de l'Espagne contemporaine.

Jalon dans une démarche et ébauche d'une œuvre en devenir, il n'a valeur ni d'échantillon ni de manifeste.

Le champ de l'histoire culturelle dans ses rapports avec les autres histoires est encore largement à définir, mais aussi, dans le cas de l'Espagne des 19e et 20e siècles, à explorer, et la nécessaire coopération de compétences diverses pose de multiples problèmes d'harmonisation et d'écriture.

1900 en Espagne est donc, au sens propre, un essai, le plus symphonique possible, sur une problématique et une période limitées: la valeur de la conjoncture en matière d'histoire culturelle, les années 1895-1905 en Espagne. Ses grandes lignes et ses principaux éléments ont été discutés lors de trois réunions à Bordeaux en 1985 et à Paris en 1986 et 1987, mais il est certain que des lacunes demeurent et chacun des auteurs ou des co-auteurs garde in fine la propriété et la responsabilité de ses propos. Soumise à la critique et avec le renfort d'autres chercheurs français et espagnols, cette première contribution pourra, souhaitons-le, être ultérieurement reprise sous d'autres formes, dans la perspective plus globale et plus ambitieuse d'une Histoire culturelle de l'Espagne contemporaine.

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Fig. 1.- Entre le passé et le futur: une revue de 1899, Album-Salón (source: Hémérothèque Municipale, Madrid)

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CHAPITRE I

1 9 0 0 ?

Carlos SERRANO

Les Espagnols ont pris l'habitude de parler de leur "génération [littéraire] de 1898", que certains - de moins en moins nombreux semble-t-il - opposent au "modernisme" esthétique. Conception discutable, appellations contestées: le présent volume tente précisément d'échapper à ces stéréotypes de langage comme de pensée. Sans pourtant ignorer que le tournant du siècle, en Espagne, est pris douloureusement et que la guerre - les guerres, convient-il de dire plutôt - et leurs désastres marquent l'époque. Avec, en toile de fond, un paysage où les effets cumulés d'une politique coloniale en faillite, de difficultés agraires persistantes et de faiblesses industrielles angoissantes - un premier chapitre le rappelle ici - secouent profondément l'opinion, au point que certains croient discerner les signes, désirés ou redoutés, d'un proche effondrement du régime. Le pouvoir, pourtant, surmonte l'épreuve et, au prix de quelques accommodements, assure sa propre transition: en 1898, l'Espagne était au plus bas et semblait toucher le fond; en 1902, la monarchie paraît sûre d'elle-même et met un terme à la régence de Marie-Christine par l'acces- sion au trône de son fils, Alphonse XIII. Dans le même temps les vieux partis se refont une - relative - jeunesse, que favorise la relève des générations et que ne contrarie pas encore cette révolution - "d'en-haut" ou "d'en-bas", comme on le dit alors - que de nombreux intellectuels appelaient de leurs vœux. La crise de 1898: une page blanche, alors? Peut-être pas, car si la domination de ce que Joaquín Costa, en 1901, appelait "l'oligarchie" - le "pouvoir des pires", par contraste avec "l'aristocratie", "pouvoir des meilleurs", précisait-il encore - se survivait ainsi, son combat semblait d'arrière-garde et comme défensif. C'est peut-être alors que son hégémonie (c'est-à-dire, dans une ligne gramscienne, la capacité non plus seulement à dominer mais bien à diriger la société civile et à organiser le consensus idéologique autour de ses objectifs, indispensable à tout pouvoir pour se légitimer comme pouvoir et se perpétuer) était, elle, déjà battue en brèche.

Considérée de ce point de vue, "l'histoire culturelle" est, plus que jamais, au cœur même de l'histoire tout court, puisque c'est à elle que revient, en fin de compte, l'exploration de ce territoire mal balisé où se joue le destin des empires idéologiques et se règlent les enjeux intellectuels de chaque étape

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historique. Qui, à leur tour, ne peuvent s'entendre que dans leurs rapports à la dynamique d'ensemble qui caractérise une période, une crise, un processus par- ticuliers. En ce sens, la question ne pouvait pas ne pas être posée: la crise que connaît l'Espagne à la fin du 1 9 siècle, se manifeste-t-elle aussi par une in- flexion de ses orientations culturelles, par une rupture repérable et analysable dans les pratiques et les aspirations intellectuelles? Ou bien encore: cette crise qui n'est pas directement politique et n'est qu'imparfaitement économique, ne serait-elle pas d'abord et avant tout une crise d'hégémonie, justement, c'est-à- dire une crise culturelle au sens plein de cette expression? C'est autour de cette hypothèse que se construit le présent travail, qui cherche, dès lors, plus à définir des tendances et des rapports qu'à cerner des auteurs ou à analyser des œuvres: "l'histoire culturelle" ne se conçoit que comme histoire des tensions réelles qui structurent à un moment donné le champ culturel d'une société donnée, non comme la simple somme de ses divers ingrédients. Ce qui revient aussi à demander que l'historien sache, à chaque instant, percevoir autant l'innovation qui pointe que la tradition qui se perpétue et soit en mesure de rendre compte - quantitativement mais aussi qualitativement - de l'une comme de l'autre.

La crise, les conflits militaires, ont révélé les faiblesses de l'Espagne vis- à-vis des grandes puissances, anciennes ou nouvelles; aussi, en 1900, le thème de son retard culturel, scientifique, technique, revient-il sur le devant de la scène et la modernité se trouve-t-elle au cœur des débats. La question de l'école et, plus généralement, des "institutions du culturel" - examinée ici au chapitre IV - devient ainsi centrale. Dans l'art, la philosophie, la recherche scientifique ou la querelle religieuse, dans tous les domaines en fait, l'Espagne se compare aux autres, se voit diminuée et cherche à comprendre ce qui lui arrive. Mais, dans le même temps, certains s'interrogent: comment le pays pourrait-il se refaire s'il ne commence pas par se retrouver? De la sorte, la recherche d'un modèle extérieur se double de la quête intérieure d'une identité perdue: parfois pour se complaire dans le culte passéiste d'une grandeur révolue, parfois pour définir l'origine historique des insuffisances présentes, parfois encore pour esquisser comme une "voie espagnole" de développement futur. Dans tous les cas, c'est un débat avec elle-même qu'entreprend alors l'Espagne, sur son histoire ou celle de ses rapports aux autres nations, et d'une vigueur rarement atteinte jusque-là. Tout y vient: les méfaits obscuran- tistes d'une Église inquisitoriale ou l'impact de pernicieuses doctrines, droit venues de l'étranger - de France notamment, et de sa révolution -, l'exaltation des traditions et le culte de la nouveauté. Ainsi, c'est bien le débat, plus sans doute que l'action, qui caractérise ce moment historique en Espagne, ce que beaucoup déplorent, qui souhaitaient des actes et non des paroles: du moins le disaient-ils...

Le contexte, évidemment propre à l'Espagne, dans lequel se joue le chan- gement de siècle, n'est pourtant peut-être pas aussi singulier que beaucoup d'Espagnols l'ont alors pensé: au bout du compte, faut-il parler d'une crise espagnole, ou bien d'une modalité espagnole de la crise européenne de la fin du siècle? L'Espagne est-elle vraiment alors aussi différente que le proclament,

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pour s'en féliciter ou s'en plaindre, nombre de ses intellectuels du moment, dont l'émergence en tant que groupe social spécifique s'affirme - et fait ici l'objet du chapitre V? Ou bien, mais à sa façon, participe-t-elle du grand courant critique qui traverse l'Europe et met en cause les acquis de la révo- lution libérale, avec ses corollaires du rationalisme positiviste, du prosaïsme esthétique et de son ordre bourgeois ? Cette "modernité" se traduit en tout cas par l'affirmation d'une "culture urbaine" - chapitre VI -, certes encore limitée et partielle, mais qui contient en germe un possible renouveau des arts et des spectacles, tiraillés pour l'heure entre tradition et renouveau - chapitre VII. Cette transformation progressive paraît alors conduire, sur le plan esthétique, à des évolutions et une remise en cause d'acquis et d'habitudes: c'est sur une authentique "crise du réalisme" que semble s'achever le siècle (chapitre VIII). En fait, la renaissance, à ce même moment, d'un fort mouvement ouvrier sur sa gauche, la permanence d'un carlisme vivace sur sa droite, sont des indices d'une contestation permanente du système libéral espagnol, qui ne pouvait manquer d'avoir des prolongements intellectuels, et donc artistiques, dès lors que les circonstances s'y prêteraient: Valle-Inclán, pour ne parler que de lui, ne sera-t-il pas alors, pourrait-on dire, "carliste par esthétisme", comme lui- même définissait sa créature, le marquis de Bradomín?

Dans ces conditions, il convient de se demander si l'événement - en l'occurrence, la défaite de 1898 et ses suites - n'ont pas plus précipité et coloré de teintes dramatiques que réellement provoqué des interrogations moins conjoncturelles et plus universelles qu'on ne le dit souvent.

"L'histoire culturelle", par sa nature, n'a pas un objet unique et ne se déroule pas sur un seul plan. Examinant des œuvres, analysant des auteurs ou des publics, elle prend en charge également les conditions matérielles de la production et de la diffusion des produits culturels. Par cet aspect, elle touche alors à d'autres domaines, celui de l'innovation technologique par exemple ou même du développement industriel qui détermine à bien des égards ce que l'histoire littéraire par exemple désigne comme "création". A mi-chemin entre l'étude de la croissance économique et du développement social, l'examen de ces "conditions de la production culturelle" donc exigeait une place à part, dans ce chapitre III qui assure ici la transition entre une synthèse de toute la période historique et l'analyse des enjeux culturels qui la caractérisent.

La diversité même du domaine ainsi assigné à "l'histoire culturelle" pose un problème: les instances prises pour objet d'étude subissent-elles une même évolution dans le même temps? Ou bien, autonomes, dépendent-elles de chronologies propres à chacune? S'interroger sur la portée de cette fin de siècle en Espagne, n'est-ce pas alors, précisément, tenter d'articuler en un tout cohérent les effets diversifiés de temporalités diverses, les produits multiples de déterminations multiples ? Bref, l'ambition - sans doute grande et peut-être excessive - est bien de construire un objet, le 1900 culturel espagnol. Tournant? Evolution, rupture? C'est à répondre à ces questions et à juger surtout de leur pertinence, qu'est consacré le présent ouvrage.

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CHAPITRE II

L'APRES-98: LE REPLI

Jacques MAURICE

Les années 1900 voient s'aiguiser les rivalités économiques entre grandes puissances. Pour écouler leurs marchandises, pour placer leurs capitaux, celles-ci se disputent les marchés et se taillent des zones d'influence. Elles cherchent également à s'assurer le contrôle de matières premières absentes de leur territoire et mènent, pour ce faire, une politique d'expansion colo- niale, notamment en Afrique. Ces rivalités économiques débouchent de plus en plus fréquemment sur des tensions et des crises politiques: en 1898, l'incident de Fachoda oppose la France et l'Angleterre à propos du contrôle du haut-Nil; en 1905, la volonté du "parti colonial" français d' imposer rapidement au Maroc son protectorat provoque une contre-offensive allemande (discours de Guillaume II à Tanger et démission de Delcassé). Ce n'est pas un hasard si le mot et la notion d'impérialisme apparaissent dans les premières années du 20e siècle pour désigner la politique extérieure correspondant au capitalisme parvenu dans les pays industrialisés à un haut degré de concen- tration financière (Bouvier, 1972).

Tel est, sommairement caractérisé, le contexte international dans lequel se produit la liquidation des restes de l'empire colonial espagnol. Dans son duel inégal avec les États-Unis d'Amérique, l'Espagne se retrouve complète- ment isolée (Jover, 1984). Elle n'a pas réussi à s'intégrer réellement dans la Triple Alliance voulue et dominée par Bismarck. Elle constitue elle-même une zone d'influence pour les firmes étrangères - françaises, anglaises, belges, allemandes - qui, depuis un demi-siècle, se sont emparées de nombreux sec- teurs de son économie (Broder, 1983, 71-78). L'annexion des Philippines et de Puerto Rico par les États-Unis, leur protectorat de fait sur Cuba n'étaient, après tout, qu'un épisode parmi d'autres du partage du monde entre im- périalismes rivaux.

Amère défaite pour une opinion mal informée, 1898 ne fut pas, cependant, comme on put le croire sur le moment, le Sedan de la monarchie restaurée. La perte de Cuba n'entraîna pas, ainsi que le redoutait le patronat catalan, la débâcle de l'économie nationale, abusivement réduite à la seule industrie

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textile. Contrairement aux espoirs des régénérationnistes, le système cano- viste de domination survécut à la disparition accidentelle de son fondateur, assassiné en août 1897 par un anarchiste italien. Mieux encore, malgré sa politique de guerre à outrance, ce fut le parti conservateur qui sut le mieux traduire la nécessité de changements conservatoires de l'ordre établi.

En effet, à peine revenu au pouvoir, qu'il avait brièvement occupé en 1904, Antonio Maura s'affirme à la fois comme le successeur de Cánovas del Castillo et comme le protecteur déterminé de la production nationale (loi du 14 février 1907) avant de faire approuver une loi électorale (8 août 1907) dont l'objectif déclaré était "d'extirper le caciquisme". Cette révolution conserva- trice s'effectue au détriment de la cause que prétendaient incarner les libéraux, de démocratisation du régime et de modernisation de la société. Lorsqu'ils gouvernent, leurs leaders, Montero Ríos et Moret, prennent ou avalisent des décisions contraires à leurs orientations premières. Eux qui étaient les cham- pions intransigeants du libre-échangisme parrainent, en mars 1906, le renfor- cement du protectionnisme douanier. Plus grave encore, au même moment, ils cèdent aux pressions du haut commandement et du roi Alphonse XIII en acceptant de déférer devant les tribunaux militaires les auteurs de délits d'opinion contre l'Armée (ley de jurisdicciones, 20 mars 1906): décision lourde de conséquences que Sagasta avait refusé de prendre onze ans au- paravant. Bientôt, grâce à la complaisance de la France, qui en octobre 1904 a signé un premier accord avec l'Espagne, l'Armée va trouver un nouveau terrain d'intervention au Maroc et s'ériger petit à petit en arbitre du destin de la nation. Cela compromet très vite le redressement financier ébauché au len- demain de 1898 et, au-delà, les chances d'un développement capitaliste autonome. A terme, surtout, cela menace gravement une paix civile d'autant plus fragile que les bases, sociales et politiques, de la monarchie constitu- tionnelle demeurent étroites.

Naturellement, il n'est pas question de nier que le coût du conflit cubain ait été élevé. Mais peut-être le fut-il davantage en vies humaines (100 000 vic- times environ) qu'en argent (de 2,5 à 3 milliards de pesetas). Dans le domaine économique comme dans le domaine idéologique, la guerre coloniale ne fait que révéler, en les accentuant, des problèmes anciens. Ainsi en est-il de la dépréciation de la monnaie, continuelle depuis 1881, et de l'augmentation consécutive de la circulation fiduciaire destinée à compenser l'hémorragie d'or. Aussi, une fois acquise la fin des hostilités, ce problème ne pouvait-il plus être éludé car c'eût été asphyxier une économie largement tributaire de l'étranger. La politique déflationniste inaugurée par Fernández Villaverde et poursuivie par ses successeurs permit, en maintenant le budget de l'État en équilibre jusqu'en 1909, la revalorisation de la peseta qui retrouvait alors son taux de change de 1890 avec la.livre sterling (Vicens Vives, 1971, 104-105). Mais ce fut au détriment des dépenses de développement - équipement et enseignement -, les premières frappées par les compressions budgétaires.

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Fig. 2.- Rapatriement d'hommes ou de capitaux: opposition des riches et des pauvres vus par la Campana de Gracia en 1899-1900.

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La perte du marché cubain aurait pu être des plus préjudiciables pour l'éco- nomie catalane dont 60% du commerce d'exportation se faisait avec la perle des Antilles (Carr, 1969, 382). Or, l'importation de coton brut augmenta jusqu'en 1903 et, dans le même temps, l'exportation de tissus se maintint à un bon niveau. Il n'y eut donc pas dans la principale industrie de biens de consommation du pays de crise brusque, mais simplement la réapparition d'un problème structurel de décalage entre l'offre et la demande intérieure dès que la production de blé se remit à baisser, la récolte étant particulièrement mauvaise en 1905 (Nadal, 1975, 218). En revanche, pour les betteraviers d'Aragon et d'Andalousie orientale la perte de Cuba fut une aubaine; intégrées dès 1903 au sein de la General Azucarera, les raffineries de sucre furent néanmoins confrontées très vite, comme le textile catalan, à un problème de surpro- duction (Carr, 1969, 386).

Au reste, considérée globalement, l'évolution du commerce extérieur suggère que les échanges de l'Espagne avec l'étranger dépendaient davantage de la conjoncture internationale, favorable à partir de 1896, que des péripéties de la vie politique. Il convient, certes, de ne pas en surestimer le poids: comparé à celui de la France, l'un de ses principaux clients, le commerce extérieur de l'Espagne par habitant n'en aurait représenté que le quart (Carr, 1969, 384). Il faut tenir compte aussi du fait que la chute de la peseta à partir de 1895 mas- que, selon Vicens Vives, chiffres et indices de la production et du commerce. Il est toutefois intéressant de relever une nette reprise des importations à partir de 1899 et des exportations à partir de 1901 alors que, depuis 1890, les unes et les autres diminuaient régulièrement. Leur évolution structurelle entre 1893 et 1903 fait apparaître, par ailleurs, l'amorce de modifications significatives. L'Espagne importe plus de fibres textiles et de charbon, moins de produits alimentaires et de biens d'équipement; elle exporte aussi moins de vin et de tissus. En revanche, les ventes d'huile et d'oranges enregistrent de sensibles progrès et, surtout, la part des minerais monte à près de 36% selon les sta- tistiques officielles (Vicens Vives, 1972, 215-220). En ce début de 20e siècle, l'Espagne achève de se vider de son cuivre, de son plomb, de son fer, minerais dont l'exploitation est contrôlée pour l'essentiel par les capitaux étrangers.

Il est toutefois une contrée, la Biscaye, où les richesses du sous-sol, le minerai de fer en l'occurrence, n'échappent pas totalement au capital autoch- tone. Propriétaires de mines et de terrains se font verser des loyers élevés par les compagnies britanniques exploitantes, auxquelles s'associent les plus puissants: les Ibarra, les Châvarri. En 1900, au bout d'un quart de siècle, ils auront perçu plus de la moitié des bénéfices, que l'exploitation à ciel ouvert, puis la dépréciation de la peseta, rendaient des plus substantiels: ainsi la Orconera, dont Ibarra était l'un des principaux actionnaires, put-elle répartir des dividendes oscillant de 40 à 45% du capital! Il est vrai aussi qu'une part infime, environ 10% du minerai, était transformée sur place. Mais, après avoir fondé la Bourse de Bilbao, la bourgeoisie basque réagit au fléchissement que traversent exportation et production au début des années 1890. Elle

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s'organise, crée en 1894 la Liga vizcaína de productores et, deux ans après, obtient de Cânovas la taxation du matériel de chemin de fer importé (24 sep- tembre 1896). L'affirmation de sa puissance économique et financière se trouve, au reste, favorisée par la reprise des exportations dans les toutes dernières années du 19e siècle, le maximum étant atteint en 1899 (Gonzalez Portilla, 1974; Harrison, 1978).

Un autre élément intervient au lendemain de la perte des territoires d'outre- mer: c'est le rapatriement des capitaux cubains dont le montant total a été estimé par Sardá à un milliard de pesetas. L'afflux de ces capitaux est, semble- t-il, particulièrement important dans tout le nord cantabrique si l'on en juge par le nombre de sociétés créées comme par le montant des investissements effectués dans les premières années du 20e siècle à Oviedo et à Bilbao (Nadal, 1975, 119; Harrisson, 1978; García Delgado, 1981). L'abondance des capitaux est telle que les possibilités de placement traditionnel se réduisent de plus en plus. En ce qui concerne les placements publics les mesures prises en 1898 et 1901 rendent moins intéressant le rachat de la dette extérieure et les émissions nouvelles de dette intérieure ne suffisent plus à absorber les capitaux dis- ponibles (Chastagnaret, 1985, 1107-1108). Quant à la sidérurgie, bien que son essor soit récent, elle ne peut plus constituer un pôle d'attraction car la fusion des principales entreprises - Duro Felguera, 1900; Altos Hornos de Vizcaya, 1902 - conduit rapidement, sur un marché stagnant, à une situation de cartel: Central siderúrgica de ventas, 1907 (Tuñón de Lara, 1972, 377).

Si paradoxale soit-elle, cette suraccumulation de capital aurait rendu nécessaire la création de nouveaux outils de placement (Chastagnaret, 1985, 1108-1109). Et, de fait, les premières années du 20e siècle se caractérisent- elles à la fois par la fondation de nombreux établissements bancaires - notamment le Vizcaya et l'Hispano-Americano en 1901, l'Español de crédito en 1902 - et la diversification des placements. Toutefois, l'efficacité économique des nouveaux investissements se révèle rapidement très inégale. La constitution d'un trust du papier-journal - la Papelera española -, l'im- pulsion nouvelle donnée à la production d'électricité correspondent l'une et l'autre à des besoins réels de la société: presse, édition, éclairage public, énergie. En revanche, le développement de la construction navale exige l'octroi de fonds publics que la ténacité d'un groupe de pression influent, la Liga marítima, finit par obtenir de Maura en 1907 pour la reconstruction de la marine de guerre. La Sociedad española de construcción naval peut alors être créée, associant grandes firmes sidérurgiques et groupes bancaires basques (Harrison, 1978).

L'agriculture, qui emploie encore deux tiers des actifs - soit 4 400 000 indi- vidus de sexe masculin -, n'est guère touchée par les amorces de progrès technique. La mécanisation est peu développée, même sur les grandes exploi- tations des campagnes andalouses: au reste, les rares faucheuses qu'on y dénombre sont importées des États-Unis ou de Grande-Bretagne (Maurice, 1985, 201-205). Tout au plus voit-on apparaître ici et là des charrues à la place de l'araire. Les engrais chimiques sont à peine utilisés: bientôt, la

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Pas espagnol 120 Paso (Antonio) 106, 109 Patronato de buenas lecturas 41 Pays basque 19, 28, 30, 31, 32, 71, 77,

78, 162 Paz en la guerra 87, 137, 156 Paz y Melià (A.) 42 Pedraza Jiménez (Felipe B.) 132 Pedrell (Felipe) 119, 120 Pel i ploma 127, 148 Pelayo 96 Peña y Goñi (Antonio) 118 Peñas arriba 163 Pepita Jiménez 120 Pereda (José María de) 132, 140, 156, 163 Pérez (Joseph) 155 Pérez de la Dehesa (Rafael) 69, 81, 131,

141, 142 Pérez Galdós (Benito) 36, 38, 41, 73, 80,

108, 114, 115, 132, 133, 137, 138, 139, 140, 141, 142, 143, 146, 156

Pérez Girones 38 Pérez Goyena (Juan) 36 Pérez Ledesma (Manuel) 79 Perico de los Palotes 121 Perlado, Páez y Cía 41 Perrin (Guillermo) 110 Petersen 129 Petrarca 120 Philippines 13, 24 Picarol 108, 120 Picasso (Pablo Ruiz) 93, 116, 124, 125,

127, 128, 157 Picavea (Rafel) 28 Picavea voir Macías Picavea (Ricardo) Picón (Jacinto Octavio) 132 Pidal (Alejandro) 161 Pinazo (José) 128 Piquer (José) 115 Pirineos (los) 119 Pitxot (Ramón) 128 Plan Castro 89 Plan Cerda 97 Plan Cortâzar 89 Plan Gasset 18 Plan Granés 90 Pobre (el) Valbuena 122 Poetas líricos castellanos 161 Polîtica y enseñanza 47 Posada (Adolfo) 47, 48, 50, 53, 55, 56,

64, 77, 79, 80, 81, 83 Pous i Pagès (Josep) 114 Pradilla (Francisco) 123 Prague 120 Prat de la Riba (Enrique) 77 Première Guerre mondiale 45 Première Internationale 20, 78 Prensa española 34

Primera asamblea de la buena prensa 32, 41 Progrès et misère 76 Progreso (el) 24 Prosas profanas 156, 163 Protection et libre-échange 76 Puccini (Giacomo) 110 Pueblo (el) 143 Puerto Rico 13 Puig i Cadalfach 97, 98 Pulga (la) 110 Puñao (el) de rosas 122 Puvis de Chavannes (Pierre) 99 Quatre Evangiles 141 Quatre Gats (els) 127 Querol (Agustin) 116 "Quienes son los intelectuales" 72 Quimera (la) 140 Quintero (Serafín et JoaquÍn Alvarez) voir

Alvarez Quintero Ramón Berenguer III el Grande 115, 116 Ramón y Cajal (Santiago) 69, 75, 76 Ramos Carrión (Miguel) 109, 115 Ramos Ruiz ( M Isabel) 51 Ramos Santana (Alberto) 162 Ravel (Maurice) 119, 120 Razón y fe 41, 159, 160 Real Academia espanola 161 Realidad 137, 138, 139, 140 Redondo (Gonzalo) 28 "Regeneración (la) del teatro español" 114,

163 Regenta (la) 137, 141, 142, 144 Registro de impresores 37 Registro mercantil 41 Regoyos (Darío de) 125, 127, 128 Reina (Manuel) 148 Reine Régente 161 Renacimiento, sociedad anónima editorial

42 Renaissance 97, 103 Renaixença 97 Renault (Marcel) 96 República (la) 89 República (la) de las Letras 38 Rerum novarum 65 Reseña geográfica 50, 53 Revista (la) blanca 21, 35, 79, 113, 146 Revista de archivos, bibliotecas y museos

42 Revista de bellas artes 128 Revista de bibliografía catalana 37 Revista gráfica 100 Revista (la) ibérica de ex-libris 100 Revista (la) nueva 35, 81, 132, 133, 134,

135 Revista socialista 79 Ribas (Pedro) 76 Ribes (Demetrio) 99

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Rico (Francisco) 132 Rico (Martín) 125 Rigalt (Antoni) 98 Rimas de sombra 150, 151 Riña en un café 122 Riquer (Alexandre de) 100, 101 Robin (Claire-Nicole) 105 Robles Egea (Antonio) 20 Rocamora 97 Rodin (Auguste) 116 Rodrfguez (fray Teodoro) 164 Rodríguez Cáceres (Milagros) 132 Rodríguez Méndez 64 Rodríguez Serra (Bernardo) 76 Romanones (Alvaro de Figueroa y Torres,

conde de) 47, 55, 56, 58, 60, 61, 62, 63, 91

Rome 116, 123 Romea (Julián) 106 Romero (Leonardo) 73 Romero Maura (Joaquín) 18, 20, 86, 88,

93 Romeu (Pere) 127 Rosales (Eduardo) 123 Rosetti (Gabriel) 135 Rougon-Macquart 141, 144 Rueda (Salvador) 148 Ruiz Zorrilla (Manuel) 56 Rusiñol (Albert) 81 Rusiñol (Santiago) 81, 100, 111, 124,

125, 127, 128, 148, 151, 156 Ruskin (John) 75, 90, 123, 135 Sabadell 97 Sagasta (Práxedes Mateo) 14, 23, 54 Sagnier (Enric) 97 Sagrada Familia 97, 117 Saint-Jacques-de-Compostelle 52 Saint-Pétersbourg 128 Saint-Saëns (Camille) 118 Saint-Sébastien 89 Saint-Sébastien-Madrid 94 Sainz (Casimiro) 125 Sainz de Robles (Federico Carlos) 37 Salamanque 52, 64, 78, 81 Salá (Emilio) 128 Salaün (Serge) 105, 129, 162 Salinas (Pedro) 77 Salon Amaré 128 San Antonio de la Florida 120 San Jerónimo 115 Sánchez Muñoz (Aurora) 51 Santander 88 Santiago (Tily) 162 Santiago de Cuba 164 Saragosse 20, 52, 64, 67, 85, 86, 87, 91,

92 Sardá (Juan) 17 Sargadelos 99

Savigny (Friedrich Karl von) 71 Sawa (Alejandro) 81, 148 Schola Cantorum 119 Schopenhauer (Arthur) 76, 133, 158 Second Empire 90 Seconde République 63, 159 Sedan 13 Ségovie 32 Sela y Sampil (Aniceto) 48, 55, 56, 64, Sellés (Eugenio) 106, 109, 110, 112 "Semaine Tragique" 65 Senador (Julio) 18 Senor (el) feudal 113 Serrano (Carlos) 9, 19, 20, 22, 67, 73, 75,

82, 131, 155, 164 Serrano (José) 106, 109, 118 Seurat (Georges) 125 Séville 19, 21, 30, 31, 32, 35, 41, 52,

64, 85, 86, 88, 91, 99, 103, 116, 159 Sezession 123 Signac (Paul) 125 Silva (José Asunción) 148 Silvela (Francisco) 18, 55 Silverio Lanza voir Lanza Simarro (Luis) 76 Sirinelli (Jean-François) 67 Sitges 124, 127 Smith (Ismael) 127 Sobejano (Gonzalo) 76, 131, 134 Socialismo y reforma social 79, 80 Socialista (el) 35, 79, 80, 82 Sociedad administrativa de la propiedad

intelectual y crédito artístico, S.A. 40 Sociedad anónima Cros 18 Sociedad Crédito de la propiedad intelectual

40 Sociedad de autores espanoles 38, 40, 45,

111, 115 Sociedad de periodistas de Madrid 38 Sociedad de velocipedistas de Barcelone 94 Sociedad denominada cooperativa

intelectual 41 Sociedad editorial de España 35 Sociedad editorial san Francisco de Sales

37 Sociedad española de construcción naval 17 "Sociedad (la) presente como materia

novelable" 139 Société catalane de bibliophiles 100 Société des auteurs et compositeurs 38 Société Ybarra 86 Soirée (la) dans Grenade 120 Sol (el) 28 Solá (Pere) 63, 65 Soledades 149, 151 Solé Tura (Jordi) 77 Solidaridad catalana 18 Solidaridad de obreros vascos 19