L'Observateur FT - 4 octobre 2012

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ANALYSE ESPAGNE Un processus inachevé Par Tony Barber Economie internationale. Syndication FINANCIAL TIMES Berlin et Paris d’accord pour EADS Par Hugh Carnegy à Paris, Gerrit Wiesmann à Berlin et Carola Hoyos à Londres Madrid dévoile son plan d’austérité Par Miles Johnson à Madrid et Peter Spiegel à Bruxelles P. 6 P. 9 P. 8 CHINE - ÉTATS-UNIS Une firme chinoise attaque obama Par Ed Crooks à New York AVEC LE SOUTIEN DE LA BANQUE POPULAIRE Traduction Jamila Arif FTN°44.indd 1 FTN°44.indd 1 04/10/12 02:17 04/10/12 02:17

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L'Observateur FT - parution du 4 octobre 2012 Espagne un processus inachevé Madrid dévoile son plan d'austérité Berlin et Paris sont d'accord pour EADS Chine - Etats-Unis : Une firme chinoise attaque Obama

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ANALYSE ESPAGNE Un processus inachevé Par Tony Barber

Economie internationale. Syndication FINANCIAL TIMES

Berlin et Paris d’accord pour EADSPar Hugh Carnegy à Paris, Gerrit Wiesmann à Berlin et Carola Hoyos à Londres

Madrid dévoile son plan d’austérité Par Miles Johnson à Madrid et Peter Spiegel à Bruxelles

P. 6

P. 9

P. 8

CHINE - ÉTATS-UNIS Une fi rme chinoise attaque obama

Par Ed Crooks à New York

AVEC LE SOUTIEN DE LA BANQUE POPULAIRE

Traduction Jamila Arif

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L’effort est seulement un ef-fort quand il commence à faire mal ». José Ortega y Gasset, philosophe espag-

nol (1883-1955)Quand Santiago Carrillo, figure phare du communisme espagnol du XXe siècle, est décédé le mardi 25 septembre à l’âge de 97 ans, l’une des premières person-nalités à rendre hommage au politicien défunt dans son domicile madrilène fût le roi Juan Carlos. « Une personne fondamentale pour le renforcement de la démocratie », a déclaré le monarque.Des propos très élogieux pour Carrillo,

dont l’implication dans la guerre civile sanglante de 1936-39 l’a longtemps balafré aux yeux de la droite espagnole.

Ce fut également une tentative de la part du roi de convaincre les Espag-nols que les divisions douloureuses de la Guerre civile et les 36 ans suivantes de la dictature franquiste appartiennent bien à l’histoire de la nation et impor-tent moins que les valeurs communes de l’Espagne moderne, démocratique.Mais comme le gouvernement assiégé de Mariano Rajoy est proche d’une de-mande d’aide financière internationale d’urgence, rejoignant ainsi la Grèce,

l’Irlande et le Portugal dans l’unité eu-ropéenne des soins intensifs, les vieilles plaies espagnoles suppurent de nouveau

Les vieilles plaies espagnoles suppurent de nouveau et de nouvelles sources de tensions politiques et sociales émergent.

ANALYSE

ESPAGNE Un processus inaPar Tony Barber

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et de nouvelles sources de tensions politiques et sociales émergent. C’est un moment de vérité pour l’Espagne et pour la cause post-1945 de l’unité européenne, mais les répercussions potentielles s’étendent au-delà de l’Europe vers le reste du monde.L’Espagne est la quatrième plus grande économie des 17 nations de la zone euro. A peu près cinq fois su-périeure à l’économie de la Grèce. Elle est classée 13e sur le plan mon-dial. Un manquement de la part des di-rigeants européens à aider l’Espagne à surmonter ses difficultés, et un échec de la part de l’Espagne elle-même dans l’exécution de ses plans ambitieux de réformes économiques, pourraient détruire l’union monétaire de l’Europe et déstabiliser le système financier mondial.Les défis les plus visibles de l’Espagne sont d’ordre financier et économique : des banques dévas-tées par l’éclatement d’une bulle économique de 15 ans, la hausse de la dette publique, un fort déficit bud-gétaire, des rendements obligataires publics élevés et potentiellement in-soutenables, une profonde récession et un sérieux problème de chômage. Collectivement, ces défis expliquent pourquoi le système bancaire esp-agnol se serait effondré cette année sans le soutien de la Banque centrale européenne. Pourquoi la croissance économique ne pourrait-elle repren-

dre qu’en 2014 ? Et pourquoi les banquiers à Madrid pensent que M. Rajoy n’a probablement pas d’autre choix que de demander à ses alliés européens, dès le mois prochain, un programme de sauvetage formel ?Pourtant, ces défis dissimulent une crise plus profonde de l’Etat espag-nol. Une crise qui exige une refonte substantielle des structures mises en place pendant la transition postfran-quiste vers la démocratie dans les années 1970. Le drame national de l’Espagne n’est pas uniquement celui des banques et des rendements obli-gataires. Il est politique, institutionnel et régional.La dimension politique de la crise a été captée dans un essai excoriant pub-lié ce mois-ci dans El País, le journal libéral principal d’Espagne. L’auteur de l’essai n’est que César Molinas, un ancien banquier d’investissement qui a également travaillé au sein du gouvernement. En quelques jours,

l’article a généré un buzz dans toute l’Espagne. « Ma fille dit que le sujet a fait la Une sur Twitter », déclare l’auteur joyeusement.M. Molinas a fustigé la classe politique espagnole. Il l’a quali-fiée d’élite fermée, sourde aux de-mandes de la société et aveugle à l’intérêt général de la nation en raison d’un système électoral dans lequel les dirigeants des partis limi-tent le choix des électeurs entre

les listes de candidats établies par les dirigeants eux-mêmes. Dans de telles circonstances, il n’est donc pas surprenant de voir que les princi-paux partis – le Partido Popular (ou «parti du peuple» de centre-droit de Rajoy) et les socialistes de l’opposition – n’avaient pas de straté-gie crédible pour sortir l’Espagne de la crise, soutient M. Molinas.Le fossé entre les politiciens et la so-ciété est, cependant, une malforma-tion de la vie publique espagnole, qui date des premières années post-Fran-co. Les libertés civiques et politiques ayant été réprimées sous le dictateur, les pères fondateurs de la démocratie espagnole moderne ont été détermi-nés à favoriser des partis politiques forts. Ils ont garanti divers privilèges au profit des partis, y compris l’accès à des fonds publics. Ils ont aussi mis au point un système électoral qui mi-nimise l’influence des électeurs sur les dirigeants des partis.

Le fossé entre les politiciens et la société est, cependant, une malformation de la vie publique espagnole qui date des premières annéespost-Franco.

nachevé

Le roi Juan Carlos et Santiago CarrilloJose Ortega y Gasset

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Les innovations étaient bien intention-nées, et l’Espagne à maints égards s’est établie dans la famille des démocrat-ies européennes. Mais les effets à long terme furent plus pernicieux. M. Moli-nas, un penseur de gauche, compare la jeune démocratie au docteur Franken-stein, créant sans le vouloir une classe politique monstrueuse.En tenant cette élite directement re-sponsable d’une bulle immobilière dés-astreuse, M. Molinas est maintenant d’avis qu’une réforme électorale est es-sentielle à la production d’une classe dirigeante qui sera moins égoïste et plus consciente de ses responsabilités envers la nation. Mais les critiques de droite ne sont pas moins acerbes sur certains as-pects de la vie publique. Luis María An-son, ancien rédacteur en chef de l’ABC, un support monarchiste conservateur, dit que la politique au niveau national, ré-gional, provincial et local est beaucoup trop coûteuse en raison de la prolifération des asesores – conseillers politiques ou consultants – depuis les années 1970.« Les asesores, comme chacun sait, sont une pure invention de la classe politique et de la caste syndicale pour procurer des emplois confortables à leurs proches, leurs copains et aux mercenaires ». M. Anson en a déclenché une polémique il y

a sept semaines.Ces opinions sont souvent considérées avec suspicion dans les régions péri-phériques de l’Espagne parce qu’elles viennent de la droite, étroitement iden-tifiée dans la tradition politique avec le pouvoir centralisé de Madrid et même de l’autoritarisme. Néanmoins, les indus-triels et les économistes du centre-droit modéré mettent en garde contre le rejet des critiques de M. Anson, et d’autres du même acabit, comme étant vides de substance. Ils disent que le développe-ment de l’autonomie régionale depuis l’adoption de la Constitution de 1978 par l’Espagne est l’une des raisons pour lesquelles les classes politiques du pays, dont les rangs de leurs conseillers et courtisans ont évolué pour devenir une sangsue de plus en plus pesante sur les

deniers publics et qui fait obstacle au changement.Après Franco, l’affaire de l’octroi de l’autonomie au Pays basque, à la Catalogne et dans une moindre mesure à la Galice et à l’Andalousie, était sans réplique. Les deux pre-mières furent le foyer de nationalités qui se voulaient fières et auto-con-scientes.Toutefois, l’autonomie en est venue à être accordée à toutes les 17 ré-gions dans un pacte nommé « café para todos » (« café pour tout le monde »). Par conséquent, les ré-gions ont donné naissance à des par-tis « maison », des administrations et des groupes d’intérêt dont la raison d’être combine l’autoperpétuation avec la dépense des fonds publics alloués au niveau central dont ils ne sont pas responsables devant les électeurs locaux dans la plupart des cas.Les régions et les niveaux inférieurs du gouvernement sont sous la pres-sion de Madrid pour une plus grande autodiscipline budgétaire. Un amen-dement constitutionnel, adopté l’an dernier, oblige les régions à observer des limites strictes de la dette et du déficit. Il oblige également les au-torités locales à présenter des bud-gets équilibrés. Il s’agissait d’une réforme longtemps différée : les déficits budgétaires des régions, privées désormais d’accès aux marchés internationaux de capitaux, ont représenté au premier trimestre de cette année, près de 19 % du dé-ficit des administrations publiques de l’Espagne.Le resserrement de la relation finan-cière entre Madrid et les Régions est toutefois un exercice périlleux. Des centaines de milliers de Catalans ont manifesté la semaine avant dernière à Barcelone, capitale de la Région. Ils ont scandé le slogan « La Catal-ogne : un nouvel état européen ». La manifestation a souligné la rapidité avec laquelle la sécession a frappé l’imagination du public en Catalogne depuis la chute de l’Espagne dans une crise financière aiguë en 2010. A

Les régions et les niveaux inférieurs du gouvernement sont sous la pression de Madrid pour une plus grande autodiscipline budgétaire.

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moins d’une dissolution de l’Etat espag-nol, les Catalans pourraient se contenter à l’heure actuelle d’un « pacte fiscal » leur donnant plus de contrôle sur leurs propres impôts.Mais M. Rajoy, lors d’une réunion avec Artur Mas, leader de la Catalogne, n’a donné aucun motif à cette demande. L’incertitude quant à l’avenir de la Catalogne annonce un problème plus profond avec les compromis de l’après-Franco.Depuis 1978, l’équilibre juridique et politique du pouvoir entre Madrid et les régions a été dans un état de renégocia-tion quasi permanent. La stabilité qui caractérise les systèmes fédéraux des Etats-Unis et de l’Allemagne est absente en Espagne. Une réforme constitution-nelle globale serait utile, mais ce sera difficile tant que la crise économique persiste et que la question catalane reste chargée de tensions.Il existe, en tout cas, d’autres questions institutionnelles qui exigent une atten-tion. D’abord, un système judiciaire espagnol pénétré par des intérêts poli-tiques et qui souffre de la lenteur des tribunaux. (Dans une affaire célèbre, qui a impliqué la mort de centaines de personnes par une huile de cuisson contaminée, il a fallu 15 ans pour que les fonctionnaires du gouvernement soient jugés). Le deuxième problème est celui du système éducatif espagnol qui reste un système inadéquat, même si l’Espagne possède certaines écoles de commerce des mieux classées au monde. La troisième question est celle de la monarchie. Juan Carlos a été ad-miré pour son rôle dans la défaite de la tentative du coup d’Etat militaire en 1981. Mais avec ses 74 ans, il a parfois semblé déconnecté de la réalité. Atta-qué pour avoir fait un voyage de chasse d’éléphant au Botswana en avril, tan-dis que ses compatriotes se débattaient avec des difficultés dans le pays, il a prononcé des excuses publiques.Dans les prochaines semaines, l’accent sera naturellement mis sur le calendrier et les modalités d’une éventuelle opéra-tion de sauvetage européen, sur la santé des banques et sur les perspectives d’une reprise économique. À moyen et

à long terme, les perspectives sont plus brillantes que ce qui est souvent sup-posé, disent certains banquiers de haut niveau à Madrid. L’entreprise espag-nole démontre sa capacité de résistance. Les exportations ont rebondi de 26% de leur creux affiché en 2009. Elles dépas-sent de 7% les hauteurs d’avant-crise, atteints au début de 2008. En deux ans, les entreprises devraient regagner la compétitivité perdue entre 1998 et 2008. Des entreprises qui réussissent notamment Inditex, le chef de file de l’industrie de la mode qui est la seule société européenne à avoir figuré sur la liste Fortune 500 depuis 1975, et Mer-cadona, la plus grande chaîne de super-

marchés et de distribution de produits alimentaires en Espagne, sont savam-ment gérées.Le changement économique structurel fait également des progrès. Les ré-formes du gouvernement Rajoy sur le marché du travail sont plus vastes que les mesures convenues en Italie ou pro-posées en France. Dans les contrats de travail, on a déjà commencé à éroder la pratique de l’indexation automa-tique des salaires sur l’inflation. Avec un niveau de vie réduit, et le chômage qui assombrit les horizons des jeunes, le chemin à parcourir sera long et difficile – comme l’aurait estimé le philosophe libéral José Ortega y Gasset.Mais les manifestations de rue sont ma-joritairement pacifiques, et il n’existe jusqu’à présent aucun signe que les

électeurs se précipiteront vers un parti anti-establishment de la gauche radi-cale, similaire à la Syriza en Grèce. Une telle paix sociale reflète peut-être la proximité des réseaux familiaux en Espagne, mais les pertes d’emploi sont si répandues que certaines familles n’ont aucun soutien de famille. Si la paix sociale tient toujours, c’est probablement dû surtout à la flotta-bilité d’une économie souterraine qui représente jusqu’à 20 % du produit intérieur brut. Les statistiques offici-elles qui estiment le chômage à près de25 % de la main-d’œuvre sont sensible-ment exagérées. Elles ne tiennent pas compte non plus de ceux qui réclament

des allocations chômage tout en travail-lant clandestinement, ou d’autres tra-vailleurs qui, comme leurs employeurs, ne paient pas de cotisations sociales. L’Espagne a toujours besoin d’une aide extérieure à grande échelle pour recap-italiser ses banques et des facilités en vue de surmonter sa crise de la dette. Mais elle est en train de construire une plateforme pour le redressement, et ses populations n’ont pas perdu la foi dans leur vocation européenne. Ce qui reste à faire, c’est la modernisation des structures de la vie publique et du gouvernement qui ont été conçues il ya 35 ans pour une nation qui émergeait à peine des décennies de répression vers la société variée et dynamique qu’elle

Les manifestations de rue sont majoritairement pacifi ques, et il n’existe jusqu’à présent aucun signe que les électeurs se précipiteront vers un parti anti-establishment de la gauche radicale, similaire à la Syriza en Grèce.

Mariano Rajoy

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Madrid dévoile son plan d’austérité Par Miles Johnson à Madrid et Peter Spiegel à Bruxelles

Le gouvernement espag-nol a annoncé des coupes budgétaires et des hausses d’impôt totalisant 40 mil-

liards d’euros pour l’année prochaine. Ce plan s’inscrit dans le cadre d’une réforme qui pourrait ouvrir la voie à un plan de sauvetage de l’UE et à l’achat de la dette souveraine par la Banque centrale européenne.Luis de Guindos, le ministre des Fi-nances, a déclaré que son gouvernement ne savait pas encore quelles conditions l’UE pourrait imposer en contrepar-tie d’un plan de sauvetage souverain. Celle-ci aurait fi xé une condition pré-alable à l’achat de la dette espagnole, afi n de réduire les coûts d’emprunt pour la quatrième plus grande économie d’Europe.En juin, l’UE a promis d’injecter jusqu’à 100 milliards d’euros dans les banques espagnoles en diffi culté. Les résultats d’un audit indépendant effectué sur les

banques du pays ont été dévoilés pour déterminer le montant que Madrid pourra effectivement retirer. De hauts-fonctionnaires de Madrid et de Brux-elles ont souligné que le programme de réforme annoncé était en ligne avec les recommandations de l’UE émises en juillet. Certains fonctionnaires ont également déclaré que la coordination étroite entre les autorités espagnoles et européennes a fait partie d’une stra-tégie soigneusement calibrée, pour répondre aux conditions susceptibles

d’être exigées par les prêteurs de la zone euro si Mariano Rajoy était con-traint de demander le sauvetage sou-verain de la zone euro.Selon les plans budgétaires révisés de Madrid, les dépenses publiques seront réduites de 8,9 %.Tandis que les recettes fi scales de l’année prochaine devraient bondir de 170 milliards à 175 milliards d’euros, les dépenses publiques vont diminuer d’environ 40 milliards d’euros – soit 0,8 % du PIB.Néanmoins, il n’y a pas de clarté quant au fait de savoir si la réforme sera suffi sante ou non pour convaincre les partenaires de l’Espagne en zone euro qu’un plan de sauvetage sera de mise. Cette détermination sera faite par les membres de la zone euro, notamment l’Allemagne. Berlin a insisté à plus-ieurs reprises sur des échéances ser-rées et des mesures d’austérité draco-niennes en échange de son soutien ❚

Il n’y a pas de clarté quant au fait de savoir si la réforme sera suffi sante ou non pour convaincre les partenaires de l’Espagne en zone euro qu’un plan de sauvetage sera de mise.

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Berlin et Paris d’accord pour EADS Par Hugh Carnegy à Paris, Gerrit Wiesmann à Berlin et Carola Hoyos à Londres

L’Allemagne et la France ont convenu d’une posi-tion commune sur le rap-prochement d’EADS et de

BAE Systems. Les deux gouvernements insistent sur le contrôle des participa-tions importantes dans ce projet géant de l’aéronautique et de la défense qui vaut 34 milliards d’euros. Ils ont, toutefois, indiqué qu’ils renonceraient à certains de leurs droits de veto actuels.Des offi ciels de Berlin et de Paris ont déclaré que les deux Etats avaient for-mulé des termes communs pour accepter un accord qui devrait maintenant être né-gocié avec les entreprises et le gouverne-ment britanniques.Leurs conditions suggèrent de grands obstacles dans le processus.Cependant, les dirigeants de BAE Sys-tems et d’EADS ont averti que les deux Etats ne devaient pas exercer davantage de pouvoir que l’actionnaire moyen sur le groupe.Un haut-fonctionnaire français a déclaré que ni le côté français ni l’allemand

n’était à l’aise avec la valeur proposée, soit 60/40 répartie entre EADS et BAE Systems, indiquant la montée de nou-velles tensions chez les investisseurs BAE déterminés à ne pas céder.Les deux gouvernements veulent main-tenir leur infl uence sur le nouveau groupe en détenant respectivement des participations directes de 9 %. Ils veu-lent aussi que Daimler, le constructeur d’automobile allemand, Dedalus, un consortium de banques allemandes, et Lagardère, la société française de mé-dias, conservent leurs participations et réclament un droit de préemption sur la cession de ces participations.« L’idée française veut que les gouver-nements et Lagardère et Daimler détien-nent 27 % [de la nouvelle société]. Ils auront ainsi le pouvoir d’infl uer sur la prise de décision », a déclaré une per-sonne informée sur la transaction.Les deux pays veulent également une garantie pour une présence al-lemande et française dans le conseil d’administration. Des responsables fran-çais ont ajouté que le maintien du siège

du groupe à Toulouse a été un briseur d’accords [deal breaker].Berlin veut aussi que l’Allemagne ob-tienne l’un des centres décisionnels du nouveau groupe, tandis que la Grande-Bretagne insiste pour que le siège de la défense soit basé à Londres.Entretemps, en des termes qui sem-blent indiquer que la position franco-allemande risque de saboter un accord, le patron de BAE, Ian King, et Tom Enders, P-DG d’EADS, soutiennent dans un article publié dans le Financial Times qu’une combinaison EADS-BAE mettrait fi n au contrôle que Paris et Ber-lin exerçaient sur EADS.Mais il semble qu’il existe des possi-bilités de négociations. Londres est dans une position importante mais sensible. Jusqu’à présent, certains fonctionnaires du gouvernement britannique proches des négociations ont déclaré qu’un pa-quet de blocages de la part des deux au-tres pays serait inacceptable. Ces mêmes sources ont également laissé entendre qu’il y avait encore des moyens de trou-ver un terrain d’entente ❚

Tom Enders et Angela Merkel

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CHINE - ÉTATS-UNIS Une firme cPar Ed Crooks à New York

Une entreprise chinoise, qui a été empêchée de construire des fermes éoliennes près d’un site

d’essai de la marine américaine dans l’Oregon, envisage de poursuivre en justice le président Barack Obama. L’entreprise affirme que son ordre d’arrêter le projet était inconstitution-nel. Ralls, une société détenue par deux dirigeants chinois, estime que le président a violé les garanties consti-tutionnelles sur la propriété et le pro-cessus juridique. La société veut que l’ordonnance initiale soit renversée,

sinon qu’elle soit indemnisée pour ses pertes.Une source proche du dossier a déclaré: « Le président n’est pas au-dessus de la loi, même si la sécurité nationale est en cause ».L’affaire serait le dernier signe de la tension sur l’ouverture US aux in-vestissements chinois, qui a été re-mise en question après la rhétorique de la campagne électorale de Barack Obama et Mitt Romney, son défieur républicain, à propos des relations commerciales avec la Chine. Per-sonne n’a jamais intenté un procès

contre le président américain sur ce type de décision, mais Ralls soutient que M. Obama a outrepassé ses pou-voirs quand il a bloqué le projet sans une justification détaillée.M. Obama a émis une ordonnance obligeant l’entreprise à vendre, dans les 90 jours, quatre sites éoliens dans l’Oregon, et à débarrasser ses équipe-ments et structures dans les 14 jours.Il a également fait valoir le droit d’interroger les salariés et les con-seillers de Ralls et d’inspecter les doc-uments et les dossiers électroniques aux États-Unis, afin de s’assurer que

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chinoise attaque obama

l’ordre avait été exécuté en totalité.La déclaration indique qu’« il y a des preuves crédibles que Ralls [...] pour-rait prendre des mesures qui mena-cent de porter atteinte à la sécurité nationale des États-Unis », sans don-ner plus de détails.La décision fait suite aux ordres du Comité des investissements étrang-ers aux États-Unis, demandant à Ralls d’arrêter les travaux relatifs au projet. Ralls avait contesté ces décisions du CFIUS devant les tribunaux, ce qui a incité le président de rendre une or-donnance de blocage d’un investisse-

ment pour la première fois depuis 1990.L’entreprise Ralls est conseillée par Viet Dinh et Paul Clement de Bancroft, respectivement sous-procureur général et solliciteur général de l’administration du président George W. Bush.

Des avocats non impliqués dans l’affaire disent que Ralls risque de faire face à une bataille difficile, vu que les tribunaux, en général, sont ré-ticents à contester les décisions pré-sidentielles ayant trait à la sécurité nationale. Stephen Mahinka de Mor-gan Lewis & Bockius à Washington, a déclaré : « Du point de vue améric-ain sur l’attraction de l’investissement étranger direct, il est contre-productif d’être aussi non transparent ». Ralls a fait valoir qu’il existe des « scores » d’autres éoliennes qui opèrent déjà dans la région ❚

Barack Obama

Ralls, une société détenue par deux dirigeants chinois, estime que le président a violé les garanties constitutionnelles sur la propriété et le processus juridique.

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