L'Observateur de l'OCDE n° 295 T2 2013
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N° 295 T2 2013 www.observateurocde.org
Plan d’action concernant l’érosion de la base fiscale et le transfert de bénéfices
Croissance durable, équité et équilibre budgétaire :ce que font les ministres des Finances
Michael Noonan et la présidence irlandaise de l’UE
eBay et l’essor des micro-multinationales
La Chine sur orbite
Développement : la révolution des données
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Construire la confiance,agir pour une croissance pérenneComment construire un monde qui fonctionne mieux ?
Nous partons du monde qui vous importe le plus.
Celui de votre entreprise, vos clients, votre carrière, votre communauté, votre famille.
Les choses qui vous impactent et celles sur lesquelles vous avez de l’impact.
Étape par étape.
Idée après idée.
Parce que, lorsque l’économie va mieux, le monde va mieux.
Comment pouvons-nous contribuer à cette amélioration ?
En inspirant confiance aux marchés financiers et en les aidant à rester fluides.
En travaillant avec les gouvernements et les entreprises pour favoriser une croissance durable à long terme.
Une croissance continue.
En encourageant l’épanouissement de personnes qui sont, ou seront, les concepteurs, les acteurs et les bâtisseurs de demain.
Notre mission est d’aider à construire un monde qui fonctionne mieux.
En commençant par le vôtre.
L’amélioration commence ici :Ey.com/betterworkingworld# betterworkingworld
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Construire la confiance,agir pour une croissance pérenneComment construire un monde qui fonctionne mieux ?
Nous partons du monde qui vous importe le plus.
Celui de votre entreprise, vos clients, votre carrière, votre communauté, votre famille.
Les choses qui vous impactent et celles sur lesquelles vous avez de l’impact.
Étape par étape.
Idée après idée.
Parce que, lorsque l’économie va mieux, le monde va mieux.
Comment pouvons-nous contribuer à cette amélioration ?
En inspirant confiance aux marchés financiers et en les aidant à rester fluides.
En travaillant avec les gouvernements et les entreprises pour favoriser une croissance durable à long terme.
Une croissance continue.
En encourageant l’épanouissement de personnes qui sont, ou seront, les concepteurs, les acteurs et les bâtisseurs de demain.
Notre mission est d’aider à construire un monde qui fonctionne mieux.
En commençant par le vôtre.
L’amélioration commence ici :Ey.com/betterworkingworld# betterworkingworld
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ÉDITORIAL2 Vers une reprise durable plus équitable Angel Gurría
POINTS DE VUE3 Mauvaise gestion bancaire ; Rêve de classe
moyenne
PODIUM4 La croissance et l’emploi avant tout : L’OCDE au
sommet du G20 de Saint-Pétersbourg Gabriela Ramos6 La croissance et l’emploi avant tout : Priorités et
résultats de la présidence russe du G20 Xenia Youdaeva, Sherpa pour le G20, Fédération de
Russie
EN BREF8 Les dépenses d’éducation s’essoufflent et les
créations d’entreprises stagnent ; Verbatim ; Économie ; Pays en bref ; Lancement d’une action fiscale ; Le mobile en hausse ; Aide commerciale ; Best of : Mathématiques
ÉCONOMIE12-14 Croissance durable, équité et équilibre budgétaire :
ce que font les ministres des Finances Anton Siluanov, Fédération de Russie ; Jutta Urpilainen,
Finlande ; Pravin Gordhan, Afrique du Sud ; George Osborne, Royaume-Uni
15 Une cicatrice profonde16 Pas de précipitation Entretien avec John Evans, Secrétaire général de la
Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC)
17 Troubles émergents : Brésil Horacio Levy
FISCALITÉ INTERNATIONALE20 Réaménager la fiscalité internationale Plan d’action de l’OCDE concernant l’érosion de la
base d’imposition et le transfert de bénéfices : un résumé
22 Taxer les multinationales : le prix juste24 Faciliter la transparence et la fiscalité internationale
UNION EUROPÉENNE30 Présidence irlandaise de l’UE : vers la stabilité,
l’emploi et la croissance Michael Noonan, ministre des Finances, Irlande
32 La crise bancaire : leçons chypriotes Adrian Blundell-Wignall
COMMERCE34 Bénéficier des échanges en valeur ajoutée36 eBay et l’essor des micro-multinationales Pierre-Louis Vézina, Chercheur, Université d’Oxford,
et Hanne Melin, Conseillère stratégique politiques publiques, EMEA eBay Inc.
TECHNOLOGIE39 La Chine en orbite Claire Jolly
SOCIÉTÉ41 Apprentissage : le nouveau diplôme ?44 Immigration : balayer une idée recue
ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT46 Énergie : les défis mondiaux Ulrich Benterbusch, Directeur de la Politique
énérgétique mondiale, Agence internationale de l’énergie
48 Une criminalité plombée
DÉVELOPPEMENT50 Mesurer les objectifs pour le développement : La
révolution des données Johannes Jütting, Directeur, PARIS21
OCDE.ORG53 La dignité et les individus Son Altesse royale le Prince héritier Haakon de Norvège54 Forum de l’OCDE 2013 : Croissance, confiance,
durabilité56 Réunion du Conseil au niveau des ministres :
l’humain avant tout57 Discours récents d’Angel Gurría58 Programme des conférences ; Frankie.org
LIVRES59 Énergie propre aux Pays-Bas : une réussite fiscale ? Repenser les rémunérations du secteur public60 Nouvelles publications64 Une aide fragile BON DE COMMANDE
BANQUE DE DONNÉES65 Un bon investissement ; Sans gènes ?66 Principaux indicateurs économiques68 Le coût des licenciements ; Une vie de soins
Publié en français et en anglais par l’OCDE RÉDACTEUR EN CHEF : Rory J. ClarkeRÉDACTEUR PRINCIPAL : Ricardo TejadaREDACTEUR EN CHEF ADJOINT : Loïc VerdierJOURNALISTES : Gerri Chanel, Lyndon ThompsonCOORDINATRICE ÉDITORIALE: Ileana EpsztajnASSISTANTS ÉDITORIAUX : Mikaela D’AngeloMISE EN PAGE : Design Factory, IrlandeILLUSTRATIONS : Charlotte Moreau, David Rooney, StikRECHERCHE PHOTOGRAPHIQUE : Rory Clarke, Loïc VerdierRESPONSABLE PUBLICITÉ : Aleksandra Sawicka
Les demandes de reproduction ou de traduction totales ou partielles des articles de L’Observateur de l’OCDE doivent être adressées au chef des éditions de l’OCDE, 2 rue André-Pascal, 75775 Paris, cedex 16, France.
Les articles signés expriment l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle de l’OCDE.
Les articles reproduits ou traduits doivent être accompagnés de la mention « Reproduit (ou traduit) de L’Observateur de l’OCDE » et de la date du numéro. Les articles signés ne peuvent être reproduits ou traduits qu’avec leur signature. Deux exemplaires significatifs doivent être envoyés au rédacteur en chef. Toute correspondance doit être adressée au rédacteur en chef. La rédaction n’est pas tenue de rendre les manuscrits non sollicités.
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
www.observateurocde.org©OCDE août 2013
ISSN 0304-3398Tél. : +33 (0) 1 45 24 80 66Fax : +33 (0) 1 45 24 82 [email protected]
Créé en 1962, le magazine de l’Organisation de coopération et de développement économiques
Les éditions de l’OCDE, 2 rue André-Pascal75775 Paris cedex 16, [email protected]
N° 295 T2 2013
SOMMAIRE
Présidence irlandaise de l’UE page 30
Finance mondiale et transparence page 24
Brésil : classe moyenne en colère page 17
Les préjugés sur l’immigration page 44

2
ÉDITORIAL
Vers une reprise durable plus équitable
Un optimisme prudent et de bon aloi se dessine à l’occasion des
préparatifs du Sommet du G20 à Saint-Pétersbourg en septembre,
incitant les gouvernants à s’attacher de nouveau à coordonner leurs
programmes d’action nationaux pour relever des défis mondiaux
urgents.
La reprise économique s’installe peut-être enfin, même si nous
restons confrontés aux suites de la pire crise du siècle. Il est
maintenant urgent de se fixer un cap et de cibler notre action pour
relancer l’emploi et affronter les conséquences sociales de la crise.
La situation n’est pas sans risques. Les économies avancées,
notamment les États-Unis, le Japon et plusieurs pays de l’UE,
montrent des signes de reprise encourageants, mais les grandes
économies émergentes laissent apparaître certaines fragilités. En
effet, elles ne pouvaient qu’être affectées par l’atonie de la demande
dans les économies avancées, nous rappelant au passage que nous
faisons tous partie de la même économie mondiale.
Les économies avancées doivent au plus vite transformer le
redressement de l’activité en reprise économique durable, en
engageant de vastes réformes. Certes, l’amélioration des perspectives
économiques atténuera les tensions sur les finances publiques et
contribuera à faire reculer un chômage record, mais les séquelles de
la crise sont telles – environ 93 millions de sans-emploi dans les pays
du G20, dont un tiers de chômeurs de longue durée – que nous devons
agir sans relâche.
Quant aux marchés émergents, ils doivent stimuler la demande
intérieure et accélérer les réformes, tout en forgeant le consensus
national et les mécanismes institutionnels nécessaires pour
combattre la pauvreté et les inégalités. Surtout, les États doivent
rassurer, par des politiques d’ouverture et de transparence, des
citoyens redoutant que les acquis sociaux de la dernière décennie
ne soient perdus et les enseignements de la crise, oubliés.
La Russie a fait du rétablissement de la croissance l’axe majeur de
sa présidence du G20. Il faudra pour cela stimuler la croissance
par l’investissement, les échanges et l’amélioration des conditions
d’ensemble, notamment dans le domaine fiscal. La croissance doit
aussi être plus inclusive.
Dans la plupart des pays du G20, les inégalités se creusent. Entre
2007 et 2010, les inégalités de revenus marchands ont augmenté en
moyenne dans la zone OCDE de 1,4 point. Nous devons remédier à
ces disparités par des stratégies pour l’emploi et le retour à l’emploi
et par des aides aux plus vulnérables, tout en assurant une reprise
durable. Compte tenu des dégâts causés au tissu social par la crise,
une croissance sans équité n’est pas envisageable.
L’OCDE et d’autres organisations internationales ont apporté leur
concours au G20 en proposant des stratégies pragmatiques pour aider
les dirigeants à faire avancer le débat sur plusieurs fronts. Je citerai
cinq domaines où une action déterminée contribuerait à rendre la
reprise durable et plus équitable.
Premièrement, il faut favoriser l’intégration et pour cela, valoriser
les compétences, ouvrir les perspectives, améliorer l’accès à
l’emploi et la mobilité des travailleurs, et donc rendre les systèmes
de prélèvements et de prestations plus équitables et favorables
à l’activité, mais aussi investir davantage dans le bien-être des
individus au lieu d’affecter les bénéfices au financement de primes
excessives et de structures de rémunération faussées.
Deuxièmement, il faut améliorer le soutien aux plus vulnérables
– jeunes, femmes, travailleurs peu qualifiés, chômeurs de longue
durée et minorités ethniques – et les aider à trouver des emplois
décents. Il existe quantité de choses à faire : incitations fiscales,
contrats spéciaux ou d’apprentissage et autres dispositifs décrits
dans nos rapports au G20. Les initiatives prises dans les économies
émergentes montrent que des mesures sociales simples, comme
l’allocation pour enfant à charge en Afrique du Sud et la Loi sur la
promotion de l’emploi en Chine, peuvent contribuer à cet objectif.
Troisièmement, nous devons réformer les systèmes bancaires pour
dynamiser le crédit et rétablir la confiance. Il reste du chemin à
parcourir pour renforcer la réglementation du secteur financier,
prévenir les risques de contagion et le risque systémique, séparer
les activités des banques d’affaires et de dépôt et réduire les risques
de défaillance liés aux opérations sur produits dérivés. Compte tenu
de son importance pour la réalisation d’objectifs plus généraux,
l’investissement à long terme, vecteur d’une reprise durable, doit
également être nourri. Dans cette optique, et à la demande de la
présidence russe du G20, nous avons élaboré les premiers Principes
de haut niveau G20/OCDE sur le financement des investissements à
long terme.
Quatrièmement, les pays doivent recourir aux échanges pour acquérir
les connaissances, compétences et technologies nécessaires à une
croissance durable. L’économie mondiale change, et les politiques
traditionnelles d’échanges et d’investissement étranger doivent
évoluer. Nos travaux réalisés avec l’OMC et la CNUCED montrent
que la structure des échanges s’est modifiée, et repose désormais
sur des « chaînes de valeur mondiales » reliant des économies en
développement, émergentes et avancées à travers des processus de
production complexes à plusieurs niveaux. En analysant les échanges
en valeur ajoutée, nous pouvons mettre en évidence l’absurdité du
protectionnisme et montrer que faire obstacle aux importations nuit
aussi aux exportations. À Saint-Pétersbourg, l’OCDE présentera un
Un cap bien défini et une
action ciblée sont aujourd’hui
nécessaires
Angel Gurría
Secrétaire général de l’OCDE

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 3
Points de vue
du secteur bancaire, soit la société dans son ensemble.
Mikaela d’Angelo, Londres, Royaume-Uni
Rêve de classe moyenneParadoxalement, le plus gros défi de la classe moyenne américaine est peut-être de lutter contre la force du « rêve américain » sur le plan international. Le Président Obama a évoqué sans détour cette perspective au cours d’une cérémonie de remise de diplômes. Son public était constitué d’Afro-américains, mais son message était clairement adressé à tous les jeunes Américains qui ont tendance à se trouver des excuses :
« Le temps des excuses est révolu. Non pas parce que l’héritage amer de l’esclavage et de la ségrégation a totalement disparu, car il existe toujours. Non pas parce que le racisme et la discrimination n’existent plus ; ils sont toujours présents. Mais parce que dans un monde hyper connecté et hyper concurrentiel, avec un milliard de jeunes Indiens, Chinois ou Brésiliens qui rejoignent le marché du travail en même temps que vous, personne ne vous donnera quoi que ce soit que vous n’ayez gagné. »
Le « rêve américain » de salaires en constante augmentation partout où arrivaient les familles immigrées était une caricature. Les Américains sensés de toutes générations s’inquiètent pour le futur (le leur, celui de leurs enfants et de leur pays) tout en voulant aller de l’avant.
Les Américains les plus audacieux ont toujours aussi été des calculateurs avisés.
Les Horswill, publié sur www.observateurocde.org
Les commentaires et courriers peuvent être reformulés pour les besoins de la publication. Écrivez-nous sur [email protected] ou sur ces portails : www.observateurocde.org, www.oecdinsights.org, ou sur les autres portails mentionnés sur cette page.
Mauvaise gestion bancaireLa crise économique a mis en avant le laxisme des réglementations économiques dans le secteur bancaire et votre article montre que les tromperies et les pratiques répréhensibles y restent monnaie courante (« Banque, éthique et principes de bonne gestion », L’Observateur de l’OCDE, n°294 T1 2013).
Il est d’autant plus troublant de voir comment dirigeants de banques et gestionnaires de fonds spéculatifs (les 1 % au sommet de l’industrie bancaire) gèrent les investissements et les prêts de leurs clients. Depuis la déréglementation du secteur financier, les gestionnaires de fonds spéculatifs reçoivent des commissions pour gérer l’argent de leurs clients, mais aussi un certain pourcentage des profits réalisés, ce qui les pousse à participer à des projets extrêmement risqués.
Au vu de la crise et d’autres scandales dans le secteur financier (manipulation du Libor, notamment), on s’accorde à dire qu’une réforme des modèles bancaires actuels reste nécessaire. Beaucoup sont d’avis que dans le système actuel, les rémunérations et bonus sont excessifs et attribués à mauvais escient. Certains des acteurs les mieux payés du secteur financier ont peut-être créé des produits de grande valeur, mais le sentiment justifié que leurs salaires dépassent leur apport à l’entreprise, et au reste de l’économie, persiste.
La réponse de l’UE, qui consiste à plafonner les bonus pour dissuader les banquiers de prendre des risques au détriment du contribuable, prendra effet en 2014. Mais des villes comme Londres, Dublin, ou même Paris, vont-elles jouer le jeu et s’y conformer ? Depuis longtemps, l’OCDE fait valoir que les décideurs doivent remédier aux dysfonctionnements du marché. Mais, comme vous l’écrivez, les sociétés du marché financier représentent encore une bonne partie de l’indice Dow Jones des valeurs industrielles. Comme nous l’avons vu, ce n’est plus le seul secteur impliqué : des millions de personnes dépendent de la bonne santé
Votre avis nous intéresse.
Écrivez-nous sur [email protected] ou commentez nos articles sur www.observateurocde.org et www.oecdinsights.org
premier rapport sur les conséquences, en
termes de perspectives et défis pour l’emploi
et le développement, des échanges en valeur
ajoutée. Nous devons comprendre comment
les pays peuvent progresser dans ces
chaînes de valeur et adapter leurs politiques
de développement.
Cinquièmement, nous devons adapter nos
systèmes fiscaux à l’ère du numérique. Les
recettes fiscales sont cruciales pour l’action
publique. Les transferts de bénéfices et la
planification fiscale agressive auxquels se
livrent les multinationales – certes licites en
vertu des dispositions en vigueur – ont érodé
les bases d’imposition dans plusieurs pays
du G20. L’OCDE a donc lancé en juillet 2013
un plan d’action complet et ambitieux de
révision des règles, des normes et du cadre
de la transparence fiscale internationale.
À Saint-Pétersbourg, les dirigeants du
G20 commenteront ce plan d’action et
examineront les progrès accomplis en
termes d’échange automatique de
renseignements à des fins fiscales, au
moment où nous nous acheminons vers une
nouvelle norme internationale unique, plus
stricte. Précurseur dans ce domaine, l’OCDE
a été à l’origine d’avancées importantes,
notamment grâce aux travaux du Forum
mondial sur la transparence fiscale, qui
devraient constituer une base pour la suite.
En 2008, nombre d’entre nous ont trouvé une
consolation dans le vieil adage selon lequel
une crise est trop précieuse pour être gâchée,
mais cela vaut également pour la reprise
économique actuelle. Nous devons travailler
ensemble et ne pas perdre cette occasion
de nous engager sur la voie d’un avenir
meilleur. Nous espérons voir le Sommet du
G20 de Saint-Pétersbourg déboucher sur de
véritables résultats.
www.observateurocde.org/angelgurria
www.oecd.org/fr/apropos/secretairegeneral

4
La croissance et l’emploi avant toutL’OCDE au sommet du G20 de Saint-Pétersbourg
La tenue du sommet des chefs d’État et de gouvernement à Saint-Pétersbourg les 5 et 6 septembre a marqué le point d’orgue de la présidence russe du G20 – « premier forum de coopération économique internationale ». La Russie a mis à profit la position privilégiée que lui conférait la présidence d’un groupe représentant 80 % du PIB mondial et parfois surnommé le « comité directeur » de l’économie mondiale pour apporter une contribution notable à la reprise de l’économie mondiale.
Le gouvernement russe, sous la conduite
avisée de ses équipes de sherpas et
de financiers, a en effet assumé cette
responsabilité de façon ambitieuse et
novatrice, en élaborant un programme
cohérent avec beaucoup de détermination.
C’est à juste titre qu’il a mis l’accent sur la
promotion de la croissance, compte tenu
des perspectives toujours très incertaines
pour de nombreux pays du G20, des graves
conséquences sociales de la crise et de la
faiblesse du redressement des échanges et
de l’investissement. Les dernières analyses
de l’OCDE concluent que la reprise mondiale
a été particulièrement lente par rapport
aux évolutions passées et que, après cinq
ans de crise, les pays du G20 n’ont toujours
pas rattrapé les niveaux de production
antérieurs.
Partenaire de longue date du G20, notre
organisation a été honorée d’apporter une
contribution active à la présidence russe.
Le thème de la croissance développé par la
présidence avec notre soutien a permis de
définir les grands défis auxquels doit faire
face l’économie mondiale, et d’élaborer des
mesures adaptées et concrètes pour les
relever.
Réformes structurelles, emploi et investissementAvec beaucoup d’efficacité, la présidence
russe a défini plusieurs leviers indispensables
pour remédier aux difficultés nées de la crise
et encourager la croissance. Le premier point
est la nécessité pour toutes les économies du
G20 de procéder à des réformes structurelles.
Depuis quelque temps déjà, l’OCDE a montré
que, compte tenu de la marge d’action
limitée qu’offrent les instruments monétaires
et budgétaires, des réformes structurelles
sont nécessaires pour assurer une croissance
plus forte, plus durable et mieux partagée. En
nous appuyant sur notre publication annuelle
Objectif croissance, nous avons aidé le G20 à
suivre la mise en œuvre des engagements
de réformes structurelles pris par les pays
au sommet de Los Cabos. Nous avons aussi
pris une part active à la mise au point et au
renforcement de la composante politiques
structurelles du nouveau plan d’action de
Saint-Pétersbourg que les chefs d’État et de
gouvernement du G20 s’apprêtent à adopter.
Vient ensuite l’initiative phare de la
présidence russe : le financement des
investissements, qui vise à redynamiser les
investissements, en particulier à long terme,
en exploitant les sources traditionnelles
et nouvelles de financement. L’OCDE a
apporté une contribution décisive à cette
initiative et présentera aux dirigeants du
G20 des principes de haut niveau destinés
à aider les responsables politiques à créer
un environnement incitant les investisseurs
institutionnels à s’engager à plus long terme.
La création d’emplois et le renforcement des
politiques de l’emploi sont également au
cœur des préoccupations de la présidence
russe, ce qui n’est pas surprenant, les pays
du G20 comptant aujourd’hui 93 millions
de chômeurs. Avec nos collègues de
l’Organisation internationale du travail
(OIT), nous avons continué de soutenir les
efforts du G20 dans ce sens, notamment en
formulant des conseils spécifiques sur les
activités de création d’emplois, les mesures
d’activation et le soutien aux populations
les plus vulnérables. Dans ce contexte, nous
avons participé à la quatrième réunion des
ministres du Travail et de l’Emploi du G20 et
à la première réunion conjointe des ministres
du Travail et des Finances, qui se sont tenues
à Moscou en juillet 2013.
Les travaux du G20 sur l’accès aux services
financiers, la protection des consommateurs
de services financiers et l’éducation
financière viennent utilement compléter
la réforme financière, en permettant
aux citoyens de mieux comprendre
des instruments financiers complexes
et les risques auxquels ils s’exposent
en y recourant. L’OCDE a formulé des
recommandations sur l’application efficace
des principes de haut niveau du G20 sur la
protection financière des consommateurs
et sur l’éducation financière, qui ont été
approuvés, respectivement, aux sommets de
Cannes et de Los Cabos. Elle a aussi contribué
activement à l’évaluation (globalement
positive) des trois années de mise en œuvre
Gabriela Ramos, Chef de cabinet du Secrétaire général de l’OCDE et Sherpa pour le G20
OCD
E

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 5
PODIUM
du Plan d’action pluriannuel de Séoul sur
le développement (rapport sur le suivi des
engagements pris par le G20 en faveur du
développement) et à l’élaboration d’une
feuille de route pour les prochains travaux
du G20 dans ce domaine (Stratégie de
développement de Saint-Pétersbourg). Nous
continuons de penser que le G20 a beaucoup
à offrir aux pays à faible revenu en leur
permettant de tirer profit d’une économie
mondiale plus forte et des accords qui
peuvent être conclus dans le cadre du G20.
Créer un environnement réglementaire favorable à la croissanceLa création d’emplois de qualité et le
renforcement des investissements sont
essentiels pour stimuler la croissance, mais il
faut aussi tenir compte des insuffisances de
la réglementation qui ont contribué à la crise,
et créer un environnement réglementaire
favorable à une croissance plus forte mais
durable. Il faut également veiller à ce que
le système financier joue le rôle qui lui est
dévolu, en finançant des activités productives
et en entraînant l’économie. L’OCDE a
formulé à cet égard des propositions très
concrètes sous la présidence russe pour
atteindre son objectif de croissance grâce à
une réglementation efficace.
En matière de réglementation financière,
nous avons souligné la nécessité
d’achever la remise en état du système
financier et de veiller à ce que les banques
jouent de nouveau leur rôle. Nous nous
sommes prononcés pour des réformes
structurelles ambitieuses du secteur
bancaire, en particulier pour la séparation
et le cloisonnement des activités à risques
(produits dérivés) et plus traditionnelles
(activités de détail). Nous avons aussi
recommandé une recapitalisation appropriée
des banques dans les économies avancées,
notamment dans la zone euro, en évaluant
leurs besoins de capitaux frais sur la base
d’un ratio de levier simple. Nous nous
félicitons que ces propositions audacieuses,
déjà anciennes, trouvent progressivement
leur place sur l’agenda des décideurs et des
responsables des réglementations des pays
du G20.
Une autre priorité, sur laquelle les pays
du G20 peuvent influer de façon décisive,
consiste à renforcer la croissance par le
maintien de l’ouverture des marchés aux
échanges et aux investissements. Nous
avons ainsi continué, avec l’OMC et la
CNUCED, d’assurer le suivi des mesures
protectionnistes dans les pays du G20
et de diffuser des analyses soulignant
les avantages, en termes d’emploi et de
croissance, des régimes ouverts aux échanges
et aux investissements. Au cours de la
présidence russe, nos travaux sur les chaînes
de valeur mondiales et les échanges en
valeur ajoutée ont encore davantage confirmé
l’intérêt économique d’une libéralisation
multilatérale plus poussée et de l’avancement
des négociations sur des questions comme la
facilitation des échanges, en montrant que le
protectionnisme était voué à l’échec dans un
monde toujours plus interconnecté.
Restaurer la confianceEnfin, et surtout, nous nous félicitons que
la présidence russe ait mis l’accent sur la
relance de la croissance par la confiance et
la transparence. En effet, la faiblesse de la
reprise en cours s’explique en partie par une
perte de confiance des citoyens et des acteurs
économiques à l’égard des institutions –
pouvoirs publics et marchés – en raison de
la crise.
À la demande des dirigeants du G20, l’OCDE
contribue amplement à cet objectif par
ses travaux sur la transparence fiscale
internationale et les solutions à envisager
face à l’érosion de la base d’imposition et
au transfert de bénéfices. L’optimisation
fiscale agressive, ainsi que l’évasion et la
fraude fiscales, présentent des risques graves,
non seulement pour les recettes fiscales,
mais aussi sur le plan de la souveraineté
et de l’équité fiscales dans tous les pays du
G20. Pour le sommet de Saint-Pétersbourg,
l’OCDE a mis au point en collaboration
avec les membres du G20 un Plan d’action
complet et ambitieux sur l’érosion de la base
d’imposition et le transfert de bénéfices, qui
prévoit de revoir les règles, les normes et la
transparence de la fiscalité internationale,
en particulier la double (non-)imposition et
les prix de transfert. En outre, le G20, avec
le soutien de l’OCDE, s’est engagé à adopter
l’échange automatique de renseignements
à des fins fiscales, que les dirigeants du
G20 vont probablement désigner comme la
nouvelle norme mondiale au sommet de
Saint-Pétersbourg. Les accords conclus entre
pays du G20 en faveur de règles fiscales
plus strictes sont l’une de ses réalisations
majeures, et nous sommes fiers d’avoir joué
un rôle central dans ces négociations.
L’OCDE plus que jamais partenaire naturel du G20
Le crédit et la confiance accordés par
la présidence russe à nos contributions
témoignent non seulement de la
profondeur, de la portée et de la qualité
de nos travaux, mais aussi de sa volonté
de faire véritablement progresser les
objectifs économiques internationaux. Par
sa collaboration étroite avec elle, l’OCDE
a pu contribuer largement aux objectifs
du G20 dans le cadre d’une relation
profitable de part et d’autre. Au-delà de
ces résultats significatifs, nous avons eu le
plaisir de travailler avec une équipe russe
pleine de talent, et je saisis cette occasion
pour féliciter Xenia Youdaeva et Svetlana
Lukach, de l’équipe des sherpas, ainsi que
Sergueï Storchak et Andreï Bokarev, du
groupe Finances, qui ont su concevoir ce
programme de grande qualité en s’appuyant
sur l’excellent travail des experts de l’OCDE.
Du côté de notre Organisation, je voudrais
attirer l’attention sur les travaux de fond et
les contributions de valeur des directions de
l’OCDE dans les domaines de la fiscalité, de
l’emploi, des échanges, de l’investissement,
du développement, de l’environnement, de
la lutte contre la corruption et de l’éducation
financière, sur le rôle moteur de Pier Carlo
Padoan, représentant de l’OCDE auprès du
G20 Finances, Chef économiste et Secrétaire
général adjoint, et sur la coordination et le
soutien assurés par le Bureau du Sherpa,
à savoir Nicholas Pinaud ainsi qu’Andreas
Schaal, devenu chef du Bureau lorsque
Fabrizio Pagani a été nommé Sherpa de
l’Italie et conseiller diplomatique du Premier
ministre Enrico Letta.
Les préparatifs solides et stratégiques du
sommet augurent bien de ses résultats
et nous sommes heureux d’en être partie
prenante.
Voir www.oecd.org/g20

6
La croissance et l’emploi avant toutPriorités et résultats de la présidence russe du G20
La Fédération de Russie a pris la présidence du G20 le 1er décembre 2012, alors que l’ensemble des organisations internationales et des pays avaient revu à la baisse les prévisions de croissance pour l’année suivante. Dans ce contexte, des mesures rapides et coordonnées pour accompagner la reprise s’imposaient, et nous avons décidé de recentrer les travaux du G20 sur la croissance et l’emploi, en visant des actions et des engagements très concrets que les dirigeants du G20 pourraient examiner et éventuellement approuver à Saint-Pétersbourg en septembre 2013. En nous appuyant sur les précédents résultats du G20, nous espérons avoir progressé vers cet objectif durant notre présidence.
Avant tout, nous avons souligné la nécessité
de stimuler la croissance par des emplois
et des investissements de qualité, puisque
le chômage massif et la faiblesse des
investissements des entreprises freinaient
(et freinent toujours) la reprise.
La croissance par la relance des investissementsNous avons donc fait de la relance de
l’investissement une priorité de la présidence
russe du G20. Les faibles perspectives de
croissance ont sans aucun doute ralenti
les investissements des entreprises, mais
les difficultés d’accès à des financements à
long terme, notamment au crédit bancaire,
ont aussi joué un rôle. C’est pourquoi
nous avons réfléchi aux moyens de revoir
l’ensemble du système financier afin de
privilégier le financement de l’économie
réelle, en particulier des investissements
productifs à long terme. Il s’agissait de
redonner leur fonction traditionnelle aux
banques – accorder des prêts – et aux marchés
d’actions. En parallèle, nous avons également
cherché comment exploiter des sources
nouvelles et différentes de financements à
long terme, notamment la masse croissante
d’actifs détenue par les investisseurs
institutionnels –– fonds de pension, fonds
souverains et compagnies d’assurance.
L’OCDE a apporté dans ce domaine une
contribution essentielle, en rédigeant les
« Principes de haut niveau sur le financement
des investissements à long terme par des
investisseurs institutionnels » qui feront
partie d’une série de mesures présentée aux
dirigeants du G20 à Saint-Pétersbourg.
La croissance par l’investissement dans la création d’emploisNous avons placé l’emploi en première ligne,
en étudiant et en soutenant activement
les solutions auxquelles peuvent recourir
les pays du G20 pour remédier à un
chômage record. Pour donner une idée de
la crise actuelle, notons qu’il faudrait créer
67 millions d’emplois dans l’ensemble
des pays pour ramener le ratio emploi/
population à son niveau antérieur.
Avec le soutien des organisations
internationales, notamment de l’OCDE, nous
avons examiné les progrès accomplis par
les membres du G20 dans la concrétisation
de leurs engagements en matière d’emploi,
considéré la création d’emplois sous l’angle
des mesures de politiques monétaire
et budgétaire, et étudié les possibilités
d’activation du marché du travail ciblant
les groupes vulnérables. Nous avons défini
et partagé diverses mesures, expériences et
bonnes pratiques examinés par les ministres
du Travail réunis en juillet à Moscou dans
l’optique de favoriser la création d’emplois
plus nombreux et de meilleure qualité,
notamment en encourageant des réformes
structurelles des marchés des produits et
de l’emploi, propres à stimuler la croissance
en assurant une meilleure coïncidence des
compétences et des opportunités d’emploi,
et en renforçant l’employabilité par un
enseignement de qualité et des programmes
efficaces de formation continue. L’OCDE
a publié dans ce domaine un rapport
important, « Activation Strategies for
Stronger and More Inclusive Labour Markets
in G20 Countries », qui donne des exemples
des bons résultats obtenus au moyen de
mesures d’activation adaptées à des groupes
vulnérables spécifiques dans des pays du
G20 avancés et émergents.
La croissance par l’ouverture des échanges et des investissementsAlors que les responsables des politiques
n’ont plus guère d’instruments budgétaires
et monétaires à leur disposition, nous
sommes convaincus qu’un environnement
réglementaire efficace favoriserait la
croissance. En particulier, une libéralisation
plus poussée des échanges serait un
puissant stimulant de la croissance
économique mondiale, sans peser sur
les finances publiques. C’est pourquoi le
renforcement du commerce multilatéral,
dans le cadre de notre deuxième
objectif général de croissance par une
Xenia Youdaeva, Sherpa pour le G20, Fédération de Russie
G20
Russ
ie 2
013

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 7
PODIUM
réglementation efficace, figurait parmi
nos priorités. Sortir de l’impasse des
négociations commerciales du Cycle de
Doha constituait sans doute un objectif
trop ambitieux et lointain pour le G20, mais
nous tenions à ce qu’il adresse, sous notre
présidence, un signal fort à la neuvième
Conférence ministérielle de l’OMC qui se
tiendra à Bali (Indonésie) en décembre 2013.
Je pense que nous avons accompli des
progrès intéressants et je tiens à remercier
l’OCDE et l’OMC qui, par leurs travaux
novateurs sur les chaînes de valeurs
mondiales et les échanges en valeur ajoutée,
ont apporté une contribution décisive aux
débats. En jetant un regard neuf et factuel
sur l’évolution des échanges internationaux,
et en soulignant qu’il importe autant de
pouvoir importer des produits de qualité
que d’exporter pour réussir sur les marchés
internationaux, ces travaux ont confirmé
la nécessité d’intensifier la libéralisation
multilatérale.
D’où l’importance d’assurer la mise en
œuvre intégrale de toutes les mesures
de facilitation des échanges en cours de
négociation dans le cadre du Cycle de
Doha –– résultat jugé « à portée de main »
–– sur lesquelles la conférence de Bali se
concentrera. Selon l’OCDE, ces mesures
permettraient une baisse des coûts
commerciaux pouvant atteindre 10 % dans
les économies avancées, et jusqu’à 16 %
dans les pays en développement.
L’ouverture des marchés s’est effectuée en
grande partie au niveau régional. Les accords
commerciaux régionaux (ACR) doivent être
compatibles avec le système multilatéral et
axés sur les activités de création d’échanges.
Par conséquent, nous avons souligné qu’il
fallait aussi des mesures de renforcement
de la transparence des ACR afin de
mieux comprendre leur structure et leurs
caractéristiques, et d’aider les entreprises à
anticiper et à s’adapter aux changements.
En poursuivant, avec l’OMC et la CNUCED,
ses travaux de suivi des nouvelles mesures
protectionnistes dans les domaines de
l’investissement et des échanges, l’OCDE
permettra aussi aux dirigeants de s’appuyer
sur des bases solides pour renouveler au
Sommet de Saint-Pétersbourg, comme
l’espère la présidence, leur engagement de
combattre le protectionnisme.
La croissance dans un cadre efficace et transparent, et un environnement fiscal performant et juste L’un des objectifs clés de notre présidence
a été de restaurer la confiance dans le
système économique international et
d’encourager la croissance par la confiance
et la transparence. Après cinq ans de crise
et une hausse massive du chômage et de
la pauvreté, le plus urgent est de rétablir
la confiance des citoyens à l’égard des
gouvernements et des marchés. Pour y
parvenir, nous devons en particulier lutter
avec efficacité et intransigeance contre la
corruption, obstacle majeur à la croissance
de l’économie mondiale. Nous devons aussi
remédier à la fraude fiscale et à l’érosion des
bases d’imposition, et veiller à ce que les
riches individus et multinationales paient
leur juste part d’impôt.
La présidence russe s’est employée à
mettre en œuvre le plan d’action 2013–2014
de lutte contre la corruption, adopté il y a un
an. Sous la direction conjointe de la Russie
et du Canada, le Groupe de travail sur la lutte
contre la corruption a élaboré des normes
et des outils pour aider les pays à mettre
en œuvre certains de leurs engagements
essentiels. En particulier, il a adopté des
Principes directeurs sur l’application de
l’infraction de corruption transnationale
ainsi que sur la lutte contre la sollicitation
de pots-de-vin, et des Principes de haut
niveau sur l’assistance juridique mutuelle.
L’OCDE, grâce à ses compétences et à son
expérience du suivi de la Convention
anti-corruption et de ses examens de
l’intégrité, a joué un rôle déterminant
dans l’élaboration de ces trois textes. En
outre, la présidence russe a lancé une
réflexion sur la nature et l’avenir des
objectifs du G20 en matière de lutte
contre la corruption. À son initiative, le
Groupe a adopté un cadre stratégique qui
guide ses travaux à moyen terme, et a pu
examiner les objectifs fondamentaux de
l’engagement du G20 dans cette lutte
en s’appuyant sur un document de
l’OCDE consacré à la corruption et à la
croissance.
Des progrès notables ont également été
accomplis dans le domaine de la fiscalité
internationale. Nul besoin de souligner le
rôle décisif de l’OCDE dans ce domaine !
Nous avons fait un grand pas en avant avec
l’adoption du « Plan d’action G20/OCDE
sur l’érosion de la base d’imposition et le
transfert de bénéfices » qui vise à lutter
contre la planification fiscale agressive et
la double non-imposition des entreprises
multinationales. En matière de fraude
fiscale, nous avons également bien avancé,
le G20 reconnaissant maintenant l’échange
automatique de renseignements à des fins
fiscales comme la nouvelle norme mondiale.
La croissance et le développement inclusifIl importait également d’accentuer les efforts
du G20 en faveur d’une accélération de la
croissance dans les pays en développement.
Comme l’avaient demandé les dirigeants à
Los Cabos (Mexique), nous avons entrepris
une évaluation complète et précise de la
mise en œuvre – presque terminée – du
Plan d’action pluriannuel de Séoul sur le
développement, qui fait partie du rapport du
G20 sur le suivi des engagements en matière
de développement. Nous avons aussi jeté
les bases des travaux à venir du G20 sur le
développement, en formulant la Stratégie de
développement de Saint-Pétersbourg.
Ce n’est qu’un rapide tour d’horizon des
nombreuses initiatives mises en place
par la Fédération de Russie au cours de sa
présidence du G20, mais il témoigne des
multiples facettes de la contribution de
l’OCDE à nos travaux et à nos efforts de
l’année passée. Au nom des autorités russes,
je tiens à remercier de leur aide précieuse
Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE,
Gabriela Ramos, son Sherpa pour le G20, et
tous les agents qui ont pris part aux travaux
du G20.
Voir www.g20.org

8
En brefVerbatim La Colombie a de la classe« Nous sommes entrés dans la meilleure université parce que nous avons réussi tous les examens… Seuls les meilleurs [pays] sont invités [à rejoindre l’OCDE] et la Colombie en fait partie. »
Juan Manuel Santos, Président de la Colombie,
El Tiempo, 30 mai 2013
Le temps fiscal« Réussir une réforme fiscale internationale prend du temps. L’OCDE pourrait prendre trois ans pour rédiger des propositions contre la fraude fiscale. Mais les gouvernements pourraient prendre beaucoup plus de temps, d’abord pour s’entendre sur un nouveau code international des impôts, puis pour l’appliquer. »
Opinion, The Irish Times, 1er août 2013
Reprise fragile« Si on se remet à casser la croissance, qui investira ? Qui, dans notre société, soutiendra encore les réformes ? On peut faire beaucoup de réformes sans affaiblir la conjoncture : sur les retraites, la formation professionnelle, la concurrence dans les services, l’efficacité des services publics... »
Jean Pisani-Ferry, Commissaire général à la stratégie
et à la prospective, Le Monde, 19 août 2013
Les nouveaux médias ne suffisent pas« Les gens renonceront à leur nourriture et à leur toit avant de renoncer à la télévision. »
Chase Carey, directeur de la 21st Century Fox, Financial Times, 8 août 2013
Les dépenses d’éducation s’essoufflent…D’après un rapport, la crise a stoppé la
hausse tendancielle des investissements
dans l’éducation observée depuis les années
90. Ces investissements sont pourtant
considérés comme indispensables à la
croissance à long terme et à la protection
contre le chômage, mais les restrictions
budgétaires, le coût des plans de sauvetage
et le chômage élevé ont eu un effet négatif
sur les dépenses.
En 2009-2010, les dépenses publiques
destinées aux établissements
d’enseignement ont baissé de 1 % du PIB en
moyenne dans la zone OCDE, avec un recul
supérieur à 2 % en Estonie, en Fédération
de Russie, en Hongrie, en Islande et en
Italie, et inférieur ou égal à 2 % en Autriche,
en Espagne, aux États-Unis, en Irlande, en
Norvège, en Nouvelle-Zélande et au Portugal.
Quinze pays de l’OCDE ont réduit leur budget
d’éducation en 2011 et 2012.
Le rapport Regards sur l’éducation montre
que le taux de chômage des diplômés du
supérieur a augmenté, mais reste, dans la
plupart des pays, largement en dessous
de celui des diplômés de l’enseignement
secondaire, surtout pour les 25-34 ans.
Voir les graphiques sur www.oecd.org/fr/
presse/leducation-devient-plus-precieuse-
en-periode-de-crise-mais-linvestissement-
baisse-dans-ce-secteur.htm
www.oecd.org/perspectiveseconomiques
… et les créations d’entreprises stagnentLes taux de création d’entreprises restent
inférieurs aux niveaux d’avant la crise, car
les entrepreneurs souffrent encore du
durcissement des conditions de crédit,
selon la dernière version de Panorama de
l’entrepreneuriat.
Les créations d’entreprises sont
particulièrement peu nombreuses en
Espagne, mais commencent de se redresser
en Australie et au Royaume-Uni. En France,
elles sont favorisées par l’allégement des
formalités requises et les avantages fiscaux
accordés aux auto-entrepreneurs.
Selon ce rapport, le nombre de fermetures
d’entreprises, qui s’était accéléré avec
la crise, ne s’est pas non plus ralenti.
Cependant, les faillites d’entreprises
sont moins stigmatisées et l’opinion est
plus sensible au rôle des entrepreneurs
et à l’intérêt de donner à chacun une
« deuxième chance ».
www.oecd.org/fr/std/stats-entreprises/entrepreneurshipataglance.htm
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Les indicateurs avancés publiés en août
montrent une accélération de la croissance
aux États-Unis, au Japon et dans l’UE, mais
un ralentissement au Brésil, en Chine et en
Russie. En Inde, une reprise fragile semble
s’annoncer. Les indicateurs composites
avancés de l’OCDE reposent notamment
sur les carnets de commande, les permis de
construire et les taux d’intérêt à long terme,
et contribuent à anticiper les tendances
et les points d’inflexion de l’activité
économique.
Le PIB trimestriel de la zone OCDE a
augmenté de 0,5 % au deuxième trimestre
2013 (0,9 % sur un an), contre 0,3 % au
premier trimestre. La plupart des pays du
G7 y ont contribué, avec une croissance de
0,7 % en Allemagne, 0,6 % au Japon et au
Royaume-Uni, 0,5 % en France et 0,4 % aux
États-Unis. L’Italie a subi un repli de 0,2 %.
L’inflation dans la zone OCDE a progressé
de 1,8 % durant l’année précédant juin
2013, contre 1,5% durant l’année précédant
mai 2013. Cette légère poussée reflète la
hausse de 3,4 % des prix de l’énergie et
de l’alimentation, qui ont grimpé de 2,2 %
en juin, contre 1,9 % en mai 2013. Hors
alimentation et énergie, le taux annuel
d’inflation dans la zone OCDE s’est ralenti à
1,4 %, contre 1,5 % en mai.
Le commerce de marchandises a progressé
dans les grandes économies au premier
trimestre 2013. Par rapport au quatrième
trimestre, la valeur des exportations et
des importations de marchandises dans
les pays du G7 et les BRICS s’est accrue
respectivement de 1,3 % et 2,8 %.
Le taux de chômage dans la zone OCDE s’est
établi à 8 % en mai 2013 (soit 48,5 millions
de chômeurs), inchangé pour le troisième
mois consécutif. Il a augmenté de 0,1 point
Économie

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 9
Son Altesse le Prince Haakon de Norvège prononce le discours d’ouverture de la Semaine de l’OCDE, 28 mai 2013, voir p.53
Best of Les mathématiques qui figurent dans les programmes traditionnels de l’enseignement primaire et secondaire datent, pour leur plus grande partie, d’avant 1760. Et pourtant il s’est produit depuis (et singulièrement depuis 1900) une véritable révolution dans la pensée mathématique.Il en résulte que les connaissances de l’élève moyen qui a terminé ses études secondaires reflètent un mode de pensée vieux de 200 ans.
Prof. Howard F. Fehr, « Un enseignement mathématique à la mesure des besoins de demain »,n° 3, mars 1963
EN BREF
Le mobile en hausseLes revenus des services mobiles de données augmentent fortement dans la majorité des pays de l’OCDE et, avec l’essor des abonnements haut débit sans fil, ils favorisent la croissance des opérateurs de réseau. Mais les décideurs et les régulateurs pourraient devoir intervenir pour s’assurer que l’offre est suffisante, d’après les Perspectives des communications, qui appellent à plus de concurrence.
Lancement d’une action fiscaleUne double initiative contre la fraude fiscale a été lancée en juillet. Il s’agit, premièrement, du Plan d’action en 15 points pour lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, visant les lacunes dont tirent parti les multinationales pour réduire leur fiscalité. Élaboré à la demande du G20, ce plan aide les gouvernements à lutter contre la fraude fiscale des entreprises. Il complète la nouvelle plateforme d’échange automatique d’informations destinée à renforcer la transparence et la coopération. Voir les articles pages 20-25. www.oecd.org/fr/fiscalite
de pourcentage aux États-Unis (7,6 %), s’est
stabilisé à au Japon (4,1 %), mais a atteint un
nouveau sommet à 12,2 % dans la zone euro.
Le taux de chômage des jeunes dans la zone
OCDE a diminué de 0,1 point, à 16,3 %, soit
un point de pourcentage de moins que le pic
d’octobre 2009.
Le taux d’emploi dans la zone OCDE est
resté stable par rapport à l’année précédente,
à 65,1 % pour le premier trimestre. Il s’est
maintenu à 67,3 % des personnes d’âge actif
aux États-Unis et à 73,1 % en Allemagne,
et a augmenté de 0,3 point de pourcentage,
à 71,2 %, au Japon.
Pays en brefUn rapport de l’OCDE, Se former au-delà de
l’école, donne de bonnes notes aux États-Unis pour l’enseignement postsecondaire
mais encourage aussi le pays à améliorer la
formation technique et professionnelle pour
faciliter la transition entre études et travail.
L’analyse de l’Autriche loue ses systèmes de
formation professionnelle tout en appelant
à une plus grande diversité. En Allemagne,
la formation professionnelle avancée assure
l’acquisition des compétences recherchées,
mais des normes obligatoires d’enseignement
et de contrôle des connaissances sont
nécessaires, selon le rapport Post-Secondary
Vocational Education and Training in Germany.
La France, pourtant quatrième donneur
du Comité d’aide au développement de
l’OCDE, n’a pas respecté son engagement de
consacrer 0,7 % du revenu national brut à
l’aide, et n’y a consacré que 0,46 %. L’OCDE a
demandé à la France d’atteindre son objectif
dès que possible.
La Norvège pourrait encore améliorer les
mesures pour inciter les travailleurs à
travailler plus longtemps, selon le rapport
Ageing and Employment Policies: Norway 2013,
Working Better with Age.
Au Portugal, l’application des lois contre la
corruption transnationale laisse à désirer,
selon le rapport de phase 3 sur la mise en
œuvre de la Convention de l’OCDE sur la lutte
contre la corruption. Sur 15 allégations de
corruption de fonctionnaires étrangers par
des entreprises portugaises opérant dans des
pays à risque élevé, aucune n’a donné lieu à
des poursuites. Selon un rapport similaire,
OCD
E/He
rve
Corti
nat
le cadre de lutte contre la corruption
transnationale en Pologne reste inadapté
compte tenu de la croissance économique
du pays.
Les statistiques officielles de la Fédération de Russie sont recueillies avec un grand
professionnalisme et ont maintenant une
solide base légale, mais leur portée, leur
actualité et leur comparabilité internationale
doivent encore être améliorées, selon une
évaluation de l’OCDE.
D’après une étude de cas sur son système
de protection civile, le Mexique, qui connaît
régulièrement des tremblements de terre,
des tempêtes tropicales et des inondations,
devrait redoubler d’efforts pour prévenir les
dommages à l’avenir, tout en soutenant un
développement économique durable. Le
pays a néanmoins amélioré sa préparation
institutionnelle et opérationnelle pour faire
face à ces imprévus.
www.oecd.org/fr/presse
Aide commerciale « L’aide au commerce » pourrait aider les pays en développement à réduire encore les coûts commerciaux, améliorer leur performance et rejoindre les chaînes de valeur mondiales, selon un rapport de l’OCDE et de l’OMC.
Depuis 2006, les donneurs ont déboursé plus de 170 milliards de dollars pour l’aide au commerce, et les engagements annuels ont atteint 41,5 milliards de dollars en 2011, 57 % de plus que la moyenne 2002-05.
Indicateurs avancés pour l’OCDE et la Chine
2003
104
102
100
98
96
94
92
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
ChineOCDE
Source : OCDE
www.oecd.org/fr/statistiques

Que vous soyez un décideur, un chef d’entreprise, un politicien, un
journaliste, une administration fiscale ou un simple citoyen, la question
de la fiscalité revêt probablement une grande importance dans votre
quotidien.
Au cours des dernières années, il y a eu un changement fondamental
dans la façon dont les gens considèrent la fiscalité. Aujourd’hui, l’impôt
et la question du paiement de votre quote-part normale est l’un des
domaines les plus examinés par les gouvernements, le public et, dans
une grande mesure, les médias. Tout comme dans les domaines de la
responsabilité des sociétés et de l’environnement, l’image de marque
peut être fortement ternie si les politiques fiscales d’une société sont
jugées trop agressives ou ‘déloyales’.
Etant donné que le public attend des entreprises qu’elles se ‘comportent
correctement’, les demandes pour plus de transparence augmentent.
Les couvertures médiatiques des difficultés à recouvrer l’impôt en Grèce,
des manifestations au Royaume-Uni, du nouvel examen minutieux mené
par les commissions de l’administration aux États-Unis et de l’enquête
sur les affaires fiscales et financières de l’ancien ministre du Budget en
France ont maintenu la fiscalité sous le feu des projecteurs. Et, bien
que ces événements pourraient n’être que des flash d’information, ils
montrent clairement que l’attention portée à la transparence fiscale et
à la moralité n’est pas près de disparaître.
La fiscalité à l’ordre du jour mondialLe débat a eu tendance à se focaliser sur les sociétés et sur les individus
fortunés, mais en réalité, les gouvernements, les autorités fiscales
et les décideurs politiques doivent également endosser une part des
responsabilités. Les régimes fiscaux actuels n’ont en effet pas évolué
de pair avec les évolutions des modèles d’entreprise et des pratiques
du monde des affaires. De plus, il faut admettre que de nombreux pays
utilisent leurs régimes fiscaux comme moyen de concurrence dans la
course aux investissements et aux emplois, et pour accorder un avantage
aux activités que leurs propres multinationales exercent à l’étranger.
Heureusement, la fiscalité est à l’ordre du jour dans de nombreuses
réunions internationales impliquant l’Union européenne, l’OCDE, le G8
et le G20. Certaines de ces réunions vont probablement se concentrer sur
l’évasion fiscale, d’autres sur les règles fiscales internationales. Dans tous
les cas, les chefs d’entreprise peuvent s’attendre à voir d’innombrables
documents d’orientation, projets de discussion et de communiqués au
niveau du pays, du secrétariat et du forum.
Le fond du problème est que, en matière fiscale, les entreprises ont
besoin d’un environnement qui leur garantisse la stabilité et la certitude
des règles fiscales. Dans cette perspective, les entreprises membres du
réseau KPMG dans le monde entier applaudissent et soutiennent le
travail actuel et futur de l’OCDE.
Mettez la transparence fiscale et la moralité à l’ordre du jourGreg WiebeDirecteur mondial de la fiscalité chez [email protected]+1 416 777 3271
Podium

© 2013 KPMG International Cooperative («KPMG International»). KPMG International est une entité de droit suisse qui ne fournit aucun service aux clients et auprès de laquelle les cabinets indépendants membres du réseau KPMG sont affiliés.
Beaucoup de progrès déjà été réalisés au niveau mondial au cours des
dernières décennies pour régler un certain nombre de questions fiscales.
Mais une collaboration entre les pays et les autorités compétentes est plus
que jamais essentielle. Il sera difficile d’y parvenir et des effets inattendus
risquent fortement de se produire. Toutefois, les entreprises membres du
réseau KPMG estiment que des résolutions peuvent être prises grâce à
un dialogue, une communication et une ouverture d’esprit appropriés.
Un sujet fondamental pour les entreprisesIl est certain que ce débat et cet environnement fiscal en mouvement
permanent génèrent des complications importantes. Du fait de leur
réputation et des relations qu’ils entretiennent dans leur secteur, les
chefs d’entreprise vont assurément avoir besoin de veiller à ce que leurs
organisations agissent de manière responsable aux yeux des parties
prenantes, mais également à ce qu’elles renforcent leur capacité à
respecter des obligations de déclaration dans l’avenir.
En ma qualité de Directeur mondial de la fiscalité chez KPMG, je me
suis associé à un grand nombre de mes collègues, professionnels de
la fiscalité, dans le monde entier pour discuter de ces questions avec
les chefs d’entreprise, les autorités fiscales et les autres personnes
influentes. Sur la base de ces discussions et des informations obtenues,
nous considérons qu’il y a quatre actions essentielles que les chefs
d’entreprise des sociétés cotées en bourse, leurs comités de direction
et leurs dirigeants, doivent prendre au sérieux et gérer dès maintenant,
quel que soit le secteur d’activité ou le secteur géographique :
1 Assurez-vous que vous êtes bien informés : tenez-vous au courant des
évolutions aux niveaux local et international. Examinez les conséquences
de ces évolutions sur les situations et les prévisions fiscales de votre
société.
2 Préparez les discussions publiques et élaborez un texte sur la fiscalité :
soyez prêt à expliquer votre activité commerciale et fiscale à tout moment
(c’est particulièrement important à l’époque des médias sociaux).
Assurez-vous que les membres du conseil d’administration, les
membres du comité de direction et l’équipe responsable de la fiscalité
sont informés des questions et des défis possibles qui pourraient
provenir des parties prenantes : autorités de régulation, investisseurs,
médias et public en général.
3 Pensez aux risques pour votre réputation : assurez-vous que les
décisions concernant la fiscalité sont prises en tenant en compte des
risques éventuels pour votre réputation et pas seulement par rapport
au respect du droit fiscal dans les différents États.
4 Évaluez votre relation avec les autorités fiscales : assurez-vous que
les relations avec les autorités fiscales locales sont appropriées,
ouvertes et respectueuses dans tous les États où vous intervenez.
Assurez-vous de mettre en place des procédures pour soutenir les
discussions avec les autorités fiscales et de diposer notamment
des documents correspondants et des réseaux de communication
appropriés. En bref, les coûts d’une bonne préparation ont tendance
à être bien plus faibles que ceux résultant d’un conflit et d’un long
procès.
Tous les signaux laissent penser que la pression en faveur d’une plus
grande transparence entre les contribuables et les autorités fiscales et
de plus de communication de la part des sociétés sur le montant et le
lieu des impôts payés va continuer à augmenter.
Au final, les chefs d’entreprise, les autorités fiscales et les décideurs
politiques devront se rappeler que le monde change et que l’on peut soit
résister au changement, soit s’y rallier. Dans le premier cas, on risque de
se retrouver loin derrière les autres. Ne soyez pas inactif : le problème
ne va pas disparaître de lui-même.
Pour plus d’informations, venez consulter notre site
www.kpmg.com/tax
KPMG est un réseau mondial de professionnels qui proposent des prestations de services dans les domaines de l’audit, de la fiscalité et du conseil. L’ensemble des cabinets affiliés au réseau KPMG compte 152 000 personnes dans 156 pays. Les membres du réseau KPMG sont des cabinets indépendants affiliés auprès de KPMG International Cooperative («KPMG International»), une entité de droit suisse. Chaque cabinet de KPMG est une entité juridiquement distincte qui se présente comme telle.
Parrainé par

12
Si l’on croit sans doute davantage aujourd’hui aux chances d’une reprise, la crise mondiale a laissé des traces profondes et soumis toutes les économies à rude épreuve. Assurer une croissance à long terme inclusive est un objectif majeur des pays de l’OCDE et une préoccupation centrale de la présidence russe du G20. Des réformes sont indispensables pour atteindre cet objectif, mais d’autres mesures, budgétaires par exemple, peuvent également être utiles.
Lors de la 11e table ronde de L’Observateur de l’OCDE, nous avons posé aux ministres des Finances russe, finlandais, sud-africain et britannique la question suivante :
« Quelles mesures budgétaires adoptez-vous pour assurer une croissance durable, tout en améliorant l’équité et en équilibrant vos finances publiques ? »
Croissance durable, équité et équilibre budgétaire
Fédération de RussiePrivilégier la rationalitéAnton Siluanov, ministre des Finances
Après la crise de 2008-2009, la Russie,
comme beaucoup d’autres, s’est retrouvée
confrontée à un double impératif : rétablir
la croissance économique et assainir les
finances publiques. Ces deux tâches ont
été menées à bien puisque, dès 2011, le
pays enregistrait de nouveau un excédent
budgétaire avec un taux de croissance du
PIB de 4,5 % environ, en même temps qu’il
réduisait ses dépenses, montrant ainsi
qu’une politique budgétaire responsable
peut être compatible avec la croissance
économique, et même la favoriser.
Cependant, surmonter la crise de la dette
exige beaucoup de temps et de ressources.
Dans ce contexte, la présidence russe du
G20 a proposé de réfléchir aux politiques
budgétaires et aux mesures de gestion de
la dette comme conditions requises pour
permettre une croissance économique
durable. Notre gouvernement s'est
également fixé un autre objectif :
créer les conditions institutionnelles
indispensables à la prévention des risques
budgétaires et au maintien de la stabilité
macroéconomique. Les règles budgétaires
ont été actualisées cette année, notamment
pour définir le montant marginal des
dépenses publiques en fonction du prix
moyen à long terme du pétrole (et non du
prix nominal prévu). Par ailleurs, la capacité
nette d’emprunt de l’administration fédérale
a été limitée à 1 % du PIB.
Face aux sévères restrictions, il a fallu
accroître l’efficacité des dépenses et les
réorienter vers les domaines prioritaires,
notamment les grandes réformes
structurelles. À partir de l’année prochaine,
le budget fédéral sera établi à l’aide d’un
logiciel permettant de relier les dépenses
aux paramètres cibles du développement
socio-économique. L’adoption du budget
triennal sera aussi étendue à l’échelon
régional. Dès cette année, une stratégie
budgétaire à long terme sera élaborée au
niveau fédéral, pour assurer la coordination
entre les plafonds de dépenses pour
certains projets et le montant total prévu
des recettes. Renforcer le système de
passation des marchés publics, le réseau
des institutions budgétaires et le nombre
d’agents publics et mieux cibler le système
de protection sociale devraient contribuer à
accroître l’efficacité des dépenses publiques.
Des instruments financiers et budgétaires
sont simultanément utilisés pour encourager
la croissance économique. Le paiement
des impôts est facilité : à cet égard, la Russie
a gagné 31 places en seulement un an dans
le classement de l’Indice de la facilité de
faire des affaires de la Banque mondiale.
Pour attirer les investissements, les biens
personnels et les machines et installations
économes en énergie sont exonérés
d’impôts, et le mécanisme de prime
d’amortissement a été rationalisé. Des
efforts sont toujours menés pour freiner
la création de sociétés offshore et réduire
le secteur informel de l’économie – les
conventions fiscales internationales
sont améliorées et des restrictions sur
les transactions en espèces vont être
introduites. En outre, le cadre réglementaire
pour les partenariats public-privé est
modernisé (avec notamment l’investissement
de ressources du Fonds souverain). Les
autorités ont pris les décisions pour faciliter
l’accès des entreprises étrangères au marché
des capitaux russe et instituer un
« méga-régulateur » de ce marché, rattaché
à la Banque de Russie.
Nous sommes persuadés que ces nouveaux
principes de politique budgétaire jetteront
les bases d’un développement économique
durable.
Voir www.minfin.ru/en
OCD
E
Table ronde de L’Observateur de l’OCDE
Saint-Pétersbourg accueille le Sommet des dirigeants du G20 en 2013

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 13
ÉCONOMIE
FinlandeTénacité et persévéranceJutta Urpilainen, ministre des Finances
La Finlande s’emploie à améliorer la
viabilité des finances publiques par trois
moyens : augmenter le potentiel de
croissance, prolonger la durée de la vie
active et réduire le ratio de la dette au PIB en
appliquant les mesures budgétaires requises.
La Finlande a été l’un des premiers pays
à recourir aux réductions d’impôt sur les
revenus d’activités pour favoriser l’emploi.
Les politiques de valorisation du travail
ont été au centre du développement des
systèmes de prélèvements et de transferts
au sortir de la récession précédente. Les
gouvernements successifs ont accru et
étendu les réductions d’impôt sur le revenu
depuis leur instauration. Des centaines de
milliers d’emplois ont certes été créés, mais
il semble difficile, malgré les recherches, de
déterminer le rôle effectif de cet instrument
dans la progression de l’emploi.
En Finlande, les impôts sur le revenu ont
toujours été élevés. D’un côté, c’est une
bonne chose, puisque cet impôt dépend de
la capacité à payer et ne creuse donc pas les
inégalités de revenu. À l’inverse, la TVA et les
autres impôts sur la consommation (qui sont
aussi en fait des impôts sur le travail) sont
régressifs par nature et tendent, à terme,
à accentuer ces inégalités.
Il importe que les inégalités de revenu
restent faibles pour maintenir la cohésion
sociale, qui favorise la coopération, et donc
le bien-être et la confiance. Même une
petite nation peut obtenir de bons résultats
économiques et sociaux si sa population est
unie.
Je suis le ministre des Finances d’un
gouvernement qui doit travailler dans une
situation économique extrêmement difficile.
Il ne reste pas beaucoup d’instruments
utilisables sur le plan fiscal, alors même que
nous avons besoin de toutes nos recettes
pour maintenir la société à flot et qu’il ne
n’y a pratiquement plus de ressources pour
stimuler l’économie. Nous avons cependant
réussi à faire quelques miracles : pour
aider les entreprises en ces temps difficiles,
l’impôt sur le revenu des sociétés a été
réduit de 4,5 points de pourcentage et des
allégements fiscaux sont octroyés pour les
investissements en R-D. Ces mesures visent
à promouvoir une croissance durable. Nous
savons que d’autres ont pris des mesures
semblables, mais nous restons persuadés
que notre Sisu – terme finnois désignant la
ténacité et la persévérance – joue un rôle
prépondérant.
Voir www.vm.fi/english
Afrique du SudRéduire le coût de la viePravin Gordhan, ministre des Finances
L’Afrique du Sud s’emploie à assurer le
développement national, la croissance
économique et la viabilité financière. Le
secteur public joue un rôle essentiel pour
garantir une croissance inclusive. Face à la
crise mondiale, nous avons veillé à assurer
la pérennité des services publics tout en
améliorant la compétitivité du pays pour
une croissance plus rapide et solidaire.
Le Plan national de développement
définit les grandes priorités de la politique
publique : éliminer la pauvreté et réduire
les inégalités en faisant baisser le coût de
la vie et de l’activité d’entreprise, accroître
les exportations, créer plus d’emplois et
rendre la croissance économique plus
inclusive. L’intensification du dialogue et
de la coopération entre le gouvernement, le
secteur privé, les syndicats et la société civile
est indispensable pour concrétiser ce plan.
Le cadre budgétaire vise à atteindre les
grands objectifs suivants :
• Faciliterleredressementéconomique.
Depuis la récession de 2008, le budget
soutient l’activité. Les dépenses sociales
continuent d’augmenter en termes réels
et des allégements fiscaux modérés ont
été octroyés, notamment aux petites
entreprises. Mais les augmentations de
dépenses les plus rapides concernent le
soutien à la croissance, en particulier les
projets d’infrastructure et de créations
d’emplois, et la compétitivité de l’industrie
manufacturière.
• Assurerlaviabilitéfinancière.Laréponse
budgétaire de l’Afrique du Sud à la crise
a été ambitieuse et soutenue sur une
longue période. La marge de manœuvre
est restreinte mais les dépenses devraient
s’accroître à un rythme modéré en phase
avec l’augmentation de la production
potentielle. Pour stabiliser la dette,
les mesures contracycliques à court
terme doivent s’accompagner d’un
assainissement plus marqué des finances
publiques à moyen terme. La nécessité
de rétablir la viabilité financière requiert
également la prise en compte du volet
« recettes » du budget. L’examen actuel de
la politique budgétaire évaluera si cette
politique favorise la viabilité financière à
long terme.
• Salairesocial.LePlannational
reconnaît que la réduction du coût de
la vie est indispensable pour améliorer
la participation à l’économie et
éliminer la pauvreté. Parallèlement
au « salaire économique » issu du
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14
travail, le « salaire social » versé par
l’État, en constante augmentation, est
une contribution à l’amélioration des
conditions de vie des actifs et de leurs
familles.
La meilleure façon de générer des recettes
pour mettre en œuvre la stratégie nationale
est de dynamiser plus rapidement la
croissance. Mais les temps sont durs. Un
cadre budgétaire judicieux favorise le
fi nancement durable des dépenses publiques,
tandis qu’un alignement progressif des
budgets ministériels sur les objectifs du Plan
national de développement renforcera la
contribution publique au développement.
Voir www.treasury.gov.za
Royaume-UniS’engager pour l’équitéGeorge Osborne, ministre des Finances
L’économie britannique se remet de la
plus grave crise fi nancière que le pays ait
connue depuis des générations, après dix
années d’une croissance alimentée par une
dette non soutenable. Le niveau d’emprunt
historiquement élevé compromet l’équité,
la croissance et la stabilité économique.
Ma stratégie économique vise à retrouver
une croissance forte, durable et équilibrée
tout en rétablissant la viabilité des fi nances
publiques.
Le gouvernement met en œuvre un
programme ambitieux de réformes
propices à la croissance pour soutenir un
redressement durable. Notre programme est
axé sur la concurrence fi scale, la croissance
des entreprises, le renforcement des
compétences et un rééquilibrage au profi t
des investissements et des exportations.
Conformément à ces objectifs, nous
privilégions les investissements à long terme
dans l’infrastructure en nous engageant à
fi nancer publiquement plusieurs projets
spécifi ques d’une valeur de plus de 100
milliards GBP (plus de 150 milliards USD)
d’ici à 2020. La part de l’investissement
public dans le PIB sera ainsi plus élevée
en moyenne sous cette législature et la
suivante réunies que sous le gouvernement
précédent.
La stratégie économique repose sur un
engagement envers l’équité. Nos politiques
veillent à ce que ceux qui en ont les moyens
participent le plus à l’assainissement
budgétaire. Les analyses montrent que les
ménages situés dans le quintile supérieur
des revenus sont ceux qui contribueront le
plus à la réduction du défi cit budgétaire.
Nous voulons soutenir ceux qui aspirent à
travailler dur pour aider leur famille et faire
fructifi er leur entreprise. Le gouvernement
met en œuvre son engagement de ne pas
imposer les premières 10 000 GBP de revenu.
D’ici à avril 2014, 2,7 millions des moins de
65 ans disposant de faibles revenus seront
entièrement exemptés de l’impôt sur le
revenu.
Nous stimulons en outre l’investissement et
la compétitivité via un grand programme de
réforme de l’impôt sur les sociétés, visant
notamment à ramener le taux principal de
cet impôt de 28 % à 20 % entre 2010 et 2015.
Le Royaume-Uni a joué un rôle majeur
dans le projet de l’OCDE pour lutter contre
l’érosion de la base d’imposition et le
transfert de bénéfi ces, qui représente
une stratégie concertée et globale pour
réformer les règles fi scales internationales
et instaurer des conditions équitables pour
tous. Pour encourager la transparence, nous
nous engageons avec d’autres à mettre au
point une nouvelle norme mondiale pour
l’échange automatique de renseignements à
des fi ns fi scales.
Comme beaucoup d’autres pays, le
Royaume-Uni a dû faire des choix diffi ciles
pour encourager la croissance, tout en
s’employant de manière responsable à
assurer la viabilité des fi nances publiques.
Notre stratégie économique s’est révélée
effi cace. Les emprunts nets du secteur public
ont diminué d’un tiers en pourcentage du
PIB depuis 2009-2010. Plus de 1,3 million
d’emplois ont été créés dans le secteur privé
depuis 2010. La croissance du PIB au dernier
trimestre se situait au niveau tendanciel
moyen. Le chemin est encore long, mais le
Royaume-Uni est sur la bonne voie.
Voir www.hm-treasury.gov.uk
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Table ronde de L’Observateur de l’OCDE
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L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 15
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ÉCONOMIE
Une cicatrice profonde
La Grande récession − la crise fi nancière, économique et sociale qui
a éclaté fi n 2007 – a été l’une des plus longues et des plus profondes
des cinquante dernières années. Rien de surprenant, donc, à ce que
l’annonce d’une reprise ait été accueillie avec un tel enthousiasme.
Mais cette reprise sera-t-elle assez solide pour permettre aux
économies de l’OCDE de retrouver toute leur puissance ?
Il est possible que cela ne soit pas le cas, selon les calculs présentés
dans la dernière édition des Perspectives économiques de l’OCDE. La
crise a atteint une telle ampleur que la plupart des pays de l’OCDE
risquent de ne jamais retrouver leur niveau de production potentielle.
Même avec une reprise durable, le PIB pourrait ne pas revenir sur sa
trajectoire antérieure.
L’importance de ces pertes est très incertaine, selon le rapport, car
certaines réformes pourraient avoir amplifi é les effets de la crise, et
d’autres facteurs inconnus entrent en jeu. Mais si l’on compare les
estimations actuelles de la production potentielle par personne d’âge
actif et une extrapolation de sa tendance préalable à la crise (de 2000
à 2007), en tenant compte des facteurs démographiques, la production
potentielle globale de la zone OCDE a probablement chuté de presque
3 % sous l’effet de la crise.
Il s’agit d’une estimation globale, qui ne refl ète pas les écarts entre
pays. L’effet estimé sur le pays de l’OCDE médian est environ deux
fois supérieur à l’effet sur l’ensemble de la zone, ce qui montre que
les petits pays ont généralement été touchés beaucoup plus durement
que les grands (voir graphique). L’effet de la crise sur la production
potentielle a donc été peu important au Japon et en Allemagne, et
a réduit le niveau de production de moins de 2,5 % aux États-Unis.
La crise a également eu un impact limité en Autriche, en Australie,
en Israël, au Mexique et en Suisse. Mais, selon les estimations, la
réduction de la production potentielle en 2014 atteindra plus de
10 % en République tchèque, en Hongrie, en Irlande, en Islande, en
Slovénie, en Estonie, en Grèce et au Luxembourg. Il pourrait s’agir
d’une sous-estimation dans le cas de certains pays comme l’Irlande
et l’Espagne, où la croissance de la population d’âge actif a connu un
ralentissement particulièrement sensible. Cela s’explique sans doute
en partie par le recul marqué des fl ux nets d’immigration, qui n’a
pas été pris en compte dans les calculs des Perspectives économiques de
l’OCDE. Si cela avait été le cas, l’impact de la crise sur la production
potentielle dans ces pays aurait peut-être été encore plus signifi catif.
Perspectives économiques de l’OCDE n° 93, mai 2013. Voir www.oecd.org/fr/economie
Estimation des eff ets de la crise sur la production potentielle des pays de l’OCDEBaisse de la production potentielle par rapport à la tendance pré-crise, en pourcentage
Source : Perspectives économique de l’OCDE n° 93, base de données à long terme. http://dx.doi.org/10.1787/888932836658
2007
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-142008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Total OCDE
Pays OCDE médian
Quartiles supérieur/inférieur
%
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16
Pas de précipitationEntretien avec John Evans, Secrétaire général du TUAC
Les derniers mois ont été
marqués par une modeste
embellie économique, avec
des signes de reprise dans
l’UE en particulier. Mais
des problèmes subsistent.
John Evans, Secrétaire
général de la Commission
syndicale consultative
auprès de l’OCDE (TUAC),
reste prudent. Il explique
pourquoi à L’Observateur
de l’OCDE.
L’Observateur de l’OCDE : Êtes-vous optimiste ou pessimiste quant à la situation économique mondiale actuelle ? John Evans : Les tendances sont très inquiétantes. Les prévisions
de croissance de l’OCDE et du FMI ont été revues à la baisse à six
reprises depuis 2010. Les chefs d’État et de gouvernement du G20
réunis à Saint-Pétersbourg doivent affronter plusieurs enjeux
majeurs : croissance en berne ou en baisse, montée du chômage,
creusement des inégalités de revenu, progrès insuffi sants en matière
de réglementation fi nancière, érosion de la base d’imposition
et changement climatique continu. La faiblesse de la demande
mondiale est aggravée par un manque de confi ance, près de 60 % de
la population déclarant que leur revenu n’a pas suivi le coût de la vie
au cours des deux dernières années. La confi ance est mise à mal, alors
que 50 % des familles qui travaillent ont été directement touchées par
les pertes d’emplois ou la réduction du temps de travail.
Comment les gouvernements du G20 s’attaquent-ils aux causes de la crise d’un point de vue social ?Le G20 n’a pas œuvré suffi samment pour s’attaquer aux causes de
la crise. Au lieu de renforcer les institutions du marché du travail et
la protection sociale, de nombreux gouvernements ont paniqué face
aux marchés de capitaux et ont fait le choix de l’austérité, qui ne fait
qu’aggraver la crise et causer une récession. Le G20 a donc perdu du
terrain et de la crédibilité dans son aptitude à coordonner les mesures
nécessaires pour sortir de la crise, car les engagements ne semblent
pas être suivis d’actions. La population se sent abandonnée par les
pouvoirs publics, 80 % des individus déclarant que leur gouvernement
n’est pas parvenu à enrayer le chômage, contre 13 % seulement qui
estiment que leur gouvernement agit dans l’intérêt des travailleurs.
Quels conseils donneriez-vous ?Lors du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, les décideurs ont la
possibilité, en s’appuyant sur les conclusions conjointes des ministres
du Travail et des Finances de juillet, de restaurer la confi ance
dans la coordination des politiques économiques mondiales. Les
gouvernements du G20 devraient prendre des mesures coordonnées
pour accélérer la reprise afi n de renouer avec une croissance centrée
sur l’emploi, inclusive, verte et durable. Ils doivent se montrer à la
hauteur des engagements pris pour soutenir la demande intérieure
en investissant dans l’éducation, l’innovation et les infrastructures.
L’objectif est de réduire les inégalités de revenu et de créer des emplois
de qualité.
Références
ITUC Global Poll, 2013 ; disponible sur www.ituc-csi.org/ituc-global-poll-2013-prepared-for
« The fi rst ever G20 Finance and Labour Ministers’ Meeting was held in Moscow », Informations et communiqués de presse du G20, 19 juillet 2013,http://en.g20russia.ru/news/20130719/781660747.html
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L’Observateur de l’OCDE N° 292 T3 2012 1
N° 292 T3 2012 www.observateurocde.org
Incontournables « business angels »
La Stratégie de l’OCDE pour le
développement
Le défi jeunes de l’Afrique
Croissance et inégalités
La ville compacte
Baisse des dépenses de santé
Le retour de
l’industrie ?Le retour de
l’industrie ?
L’Observateur de l’OCDE a 50 ans
N° 293 T4 2012 www.observateurocde.org
L’emploi des femmes en Norvège
Zone euro : solidarité nécessaire
Israël affiche des progrès
Dossier spécial :
Gouvernement et révolution de l’information

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 17
ÉCONOMIE
Troubles émergents
Considéré jusqu’à présent comme un modèle en termes de réduction de la pauvreté et des inégalités, le Brésil a récemment affronté la colère de centaines de milliers de protestataires de tous horizons, en révolte contre l’inflation et exigeant un meilleur accès aux soins de santé, à l’éducation et aux autres services publics. Les explications de Horacio Levy, analyste à l’OCDE.
Le Brésil a accompli des progrès impressionnants dans la réduction
de la pauvreté et des inégalités. Toutefois, en dépit de résultats
prometteurs, il reste beaucoup à faire. Les manifestations montrent
qu’il faut se garder de tout triomphalisme. Le Brésil demeure un
pays où sévit l’inégalité et où la grande majorité de la population n’a
pas accès à des services publics de qualité acceptable, en particulier
dans la santé, l’éducation et les transports. Le malaise résultant des
dépenses engagées par le gouvernement pour la Coupe du monde
de football 2014 et la hausse du prix des tickets de transport est le
signe d’une forte demande pour une meilleure utilisation des deniers
publics, axée sur les besoins de la population.
Pour la classe moyenne émergente, l’enjeu consiste à améliorer
l’accès à des services publics de meilleure qualité. Malgré un pouvoir
d’achat en hausse, il lui est difficile (sinon impossible) d’accéder aux
établissements scolaires et aux hôpitaux (publics et privés) fréquentés
par l’élite. Ayant accédé au statut de classe moyenne, cette population
estime qu’elle peut légitimement exiger l’accès à des services
de qualité.
Depuis peu, le gouvernement brésilien consacre plus de ressources
à ces domaines. Les dépenses d’éducation et de santé, en proportion
du PIB, ont augmenté ces dix dernières années, passant
respectivement de 3,9 % à 5,6 % et de 3 à 4 %, selon les estimations
de la Banque mondiale. Toutefois, la qualité des services demeure
insuffisante. Des ressources supplémentaires et une meilleure gestion
sont nécessaires pour réduire les inefficiences et la corruption.
Voir aussi
•Cesdernièresannées,leBrésilaprogresséenmatièredequalitédeviedesescitoyens,la satisfaction à l’égard de la vie des Brésiliens étant généralement supérieure à la moyenne de l’OCDE, d’après l’indicateur du vivre mieux de l’OCDE pour le Brésil, www.oecdbetterlifeindex.org/fr/countries/bresil-fr.
•Ledynamismeéconomiqueaaidéquelque30millionsdeBrésiliensàaccéderàlaclasse moyenne ces 10 dernières années, le PIB national n’ayant cessé d’augmenter en dépit de la crise internationale. Cesar Cunha Campos, Directeur exécutif de la Fondation FVG, analyse les raisons de l’optimisme brésilien dans « Au Brésil, des vies meilleures », L’Observateur de l’OCDE n° 290-291, T1-T2 2012, www.observateurocde.org.
•LesjeunesdelaclassemoyenneurbaineserévoltentauBrésil,enTurquieetdansd’autres pays à forte croissance. Les manifestations peuvent initialement déstabiliser les gouvernements mais pourraient, à terme, renforcer la démocratie, estime Helmut Reisen, ancien directeur de la recherche au Centre de développement de l’OCDE, dans l’article « Emerging middle-class blues » disponible sur www.OECDInsight.org.
Cet article est paru pour la première fois sur www.oecd.org en juin 2013.
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L’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) a longtemps joué un rôle majeur dans la facilitation des échanges d’informations fiscales par les autorités fiscales. Le 18 juin, la publication d’une proposition de cadre pour le développement d’un modèle multilatéral standardisé d’échange automatique d’informations sur les comptes financiers constitue une autre étape importante dans le domaine de la transparence et de l’échange de renseignements fiscaux.
Le cadre proposé, inspiré du Foreign Account Tax Compliance Act des États-Unis, implique un partenariat mondial entre les intermédiaires financiers et les autorités fiscales de plusieurs pays. Pour la première fois, le secteur privé investirait également des ressources pour aider les administrations fiscales à l’échelle mondiale.
La mise en œuvre de ce cadre exige des modifications importantes des systèmes et processus de la plupart des organismes de services financiers. Elle devra également être examinée rapidement et attentivement par les autorités fiscales, en particulier pour déterminer comment elles pourront utiliser au mieux les informations obtenues via le mécanisme proposé et comment elles pourront réduire la charge imposée aux sociétés de services financiers qui devront leur fournir les informations requises.
Une transparence fiscale renforcée entre les entreprises et les gouvernements peut s’avérer adéquate et productive, en particulier lorsqu’elle donne lieu à une meilleure compréhension mutuelle des besoins des administrateurs fiscaux comme des contribuables. Elle contribue également à créer une approche plus cohérente qui réduit les incertitudes pour toutes les parties.
Les pouvoirs fiscaux doivent connaître les recettes, les dépenses et les taxes payées par une entreprise. Toutefois, l’entreprise peut y gagner si les autorités fiscales comprennent mieux son activité. Cette meilleure compréhension peut aider les autorités à cerner le contexte dans sa totalité pour la prise de décisions en matière de fiscalité.
Les entreprises doivent être ouvertes et réactives envers l’autorité fiscale dont elles
dépendent. Cependant, les plus prudentes ne se contentent pas de réagir, elles déterminent les circonstances dans lesquelles il est pertinent d’agir de manière proactive dans leurs relations avec le fisc. Les entreprises doivent évidemment répondre aux questions des autorités fiscales, mais elles doivent parfois également répondre aux questions que les autorités fiscales ne leur ont pas encore posées.
Par exemple, une entreprise pourrait tirer parti d’une approche plus ouverte et proactive de divulgation et de discussion avec l’administration fiscale à propos de ses arrangements en matière de prix de transfert. Les nouvelles réglementations entraînent souvent des modifications importantes des modèles commerciaux et structures de groupe, et l’incertitude concernant les questions fiscales peut pousser les entreprises à faire des choix professionnels sous-optimaux. Aider les autorités fiscales et les entreprises à mieux comprendre le paysage réglementaire et la manière dont les entreprises sont susceptibles d’évoluer en réaction à ces réglementations conduirait sans doute à des relations plus constructives.
Toute obligation supplémentaire de divulgation publique à grande échelle des informations fiscales desservirait ce dialogue constructif entre les contribuables et les autorités fiscales. La nécessité d’une plus grande transparence et d’informations plus nombreuses sert à créer un dialogue constructif et productif entre les contribuables et les pouvoirs fiscaux, et non pas à étaler des informations sur la place publique.
Le maintien de la confidentialité est essentiel puisque la transparence doit être construite sur la base d’une confiance mutuelle. La crainte de voir certaines informations commerciales sensibles divulguées nuirait à cette confiance.
Il est également important que toute nouvelle obligation en matière de transparence fasse l’objet d’un accord multilatéral ; l’adoption unilatérale d’une obligation spécifique aux usages d’un pays alourdirait davantage le fardeau de conformité pour les entreprises. À cette fin, l’OCDE mérite d’être reconnue pour avoir mis en évidence le besoin d’une action coordonnée et d’une approche multilatérale en matière de partage des informations fiscales.
Le renforcement de la confiance entre les entreprises et les autorités fiscales contribuera à documenter l’actuel débat public autour des questions fiscales et donnera ainsi lieu à une conversation plus productive concernant les choix politiques en matière de fiscalité pour le 21e siècle.
Les entreprises et les autorités fiscales partagent un objectif commun : celui de mettre en place une fiscalité qui soit adaptée à l’économie mondiale en constante évolution, qui rassure les entreprises et qui puisse être administrée par les autorités fiscales dans diverses zones géographiques. La transparence entre les contribuables et les pouvoirs fiscaux peut contribuer à atteindre cet objectif.
Podium
Avec davantage de renseignements fiscaux, les gouvernements doivent faire des efforts pour mieux comprendre les entreprises
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Les budgets publics ont été mis à rude épreuve par la crise
économique mondiale, avec les renflouements d’entreprises
puis la nécessité de répondre aux hausses massives du
chômage. Les décideurs n’ont eu d’autre choix que de réduire
les services publics et d’augmenter les impôts sur le revenu et
la consommation. Il n’était donc guère étonnant de constater
la colère des hommes politiques et des citoyens apprenant que
de grandes entreprises, dont certaines icônes de la nouvelle
économie, ne payaient que très peu ou pas d’impôts, y compris
dans des pays où elles réalisaient des bénéfices considérables.
Les règles de fiscalité internationale, dont beaucoup ont été conçues il y
a plus d’un siècle, n’ont pas suivi les évolutions liées à la mondialisation
et aux changements technologiques. Elles ont récemment révélé des
faiblesses qui permettent aux entreprises de déclarer leurs profits
imposables dans des juridictions à faible fiscalité. Ce transfert de
bénéfices a érodé les bases fiscales souveraines et affaibli les autorités
publiques, déjà en difficulté. Les entreprises sont obligées, envers leurs
actionnaires, de maximiser leurs profits. L’action est donc à entreprendre
du côté des gouvernements, pour amender leurs systèmes fiscaux
et collaborer afin d’élaborer une approche mondiale qui reflète le
monde financier actuel. À la demande des ministres des Finances du
G20, l’OCDE a élaboré un Plan d’action en 15 points pour lutter contre
l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS),
qui contribuera à garantir que les multinationales paient leur juste
part d’impôts.
Les points suivants présentent un résumé du Plan. Pour accéder au texte
complet, remis en juillet 2013, voir www.oecd.org/fr/ctp/beps.htm
ACTION 1 : Relever les défis fiscaux posés par l’économie numérique.
Un groupe de réflexion dédié identifiera les principales difficultés posées
par l’économie numérique et élaborera de potentielles solutions. Il
faudra analyser en détail les différents modèles économiques, examiner
l’environnement des entreprises, en perpétuelle mutation, et mieux
comprendre les mécanismes de création de valeur dans ce secteur, en
tenant compte des aspects relatifs à la fiscalité indirecte.
Réaménager la fiscalité internationalePlan d’action concernant l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices : un résumé
Assurer la cohérence
ACTION 2 : Neutraliser les effets des montages hybrides. Des différences
dans le traitement, par divers pays, d’entités et d’instruments peuvent
permettre aux entreprises de réclamer plusieurs déductions pour la
même dépense ou de faire disparaître un revenu imposable. Cette action
conduira à adopter des dispositions conventionnelles et légales visant à
neutraliser les effets de ces montages.
ACTION 3 : Renforcer les règles relatives aux sociétés étrangères
contrôlées (SEC). L’un des vecteurs du phénomène de BEPS est la
possibilité de créer des filiales non résidentes et d’y faire transiter les
bénéfices d’une entreprise résidente afin d’échapper à l’impôt. Des
règles strictes applicables aux SEC peuvent remédier à ce problème en
comptabilisant les bénéfices de ces filiales non résidentielles dans les
revenus courants de la société mère.
ACTION 4 : Limiter l’érosion de la base d’imposition via les déductions
d’intérêts et autres frais financiers. Certaines entreprises procèdent à
des déductions excessives d’intérêts afin de minorer leurs bénéfices
imposables, ou recourent à l’emprunt (qui génère une déduction des
paiements d’intérêt) pour financer la production d’un revenu exonéré.
Cette action aboutira à formuler des recommandations de pratiques
exemplaires visant à concevoir des règles empêchant l’érosion de la base
d’imposition via les déductions d’intérêts et autres frais financiers.
ACTION 5 : Lutter plus efficacement contre les pratiques fiscales
dommageables. Les pays reconnaissent depuis longtemps qu’une
« course au moins-disant fiscal » conduirait à terme à appliquer des
taux d’imposition nuls sur certaines sources mobiles de revenu pour
l’ensemble des pays, que cela soit ou non l’objectif poursuivi par tel ou
tel pays. S’accorder sur un ensemble de règles communes aidera les pays
à préserver leur souveraineté en matière fiscale, et cette action conduira
à refondre les travaux relatifs aux pratiques fiscales dommageables à
cette fin.
Bien que le but des conventions fiscales soit d’empêcher la double imposition, elles sont parfois utilisées pour générer une double exonération

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 21
FISCALITÉ INTERNATIONALE
Réaligner les règles d’imposition sur la substance économique
ACTION 6 : Empêcher l’utilisation abusive des conventions fiscales.
Bien que le but des conventions fiscales soit d’empêcher la double
imposition, elles sont parfois utilisées pour générer une double
exonération, notamment par le recours à des sociétés écrans. Cette
action aboutira à élaborer des dispositions conventionnelles types et
des recommandations visant à concevoir des règles nationales qui
empêchent que les avantages prévus par les conventions puissent être
accordés lorsque les circonstances ne s’y prêtent pas.
ACTION 7 : Empêcher les mesures visant à éviter artificiellement le
statut d’établissement stable. La norme internationale prévoit qu’un
pays ne peut pas taxer les bénéfices commerciaux d’une entreprise
étrangère si celle-ci ne possède pas un établissement stable dans ce
pays. Si l’entreprise n’est pas imposée sur ces bénéfices dans son pays de
résidence, elle bénéficie d’une double exonération. Cette action conduira
à modifier la définition d’un établissement stable de manière à empêcher
l’évitement artificiel du statut d’établissement stable dans l’optique de
l’érosion de la base d’imposition et du transfert de bénéfices.
ACTIONS 8, 9 et 10 : Faire en sorte que les prix de transfert calculés
soient conformes à la création de valeur. Les règles d’établissement des
prix de transfert servent à répartir un bénéfice généré par une entreprise
multinationale entre les pays dans lesquels elle exerce des activités. Il
peut arriver que des multinationales utilisent et/ou détournent ces règles
afin de séparer les bénéfices des activités économiques qui les génèrent.
Ces pratiques s’appuient le plus souvent sur le transfert de biens
incorporels ou d’autres actifs mobiles, la surcapitalisation d’entreprises
du groupe et l’attribution contractuelle du risque. Ces actions conduiront
à établir des règles qui empêchent l’érosion de la base d’imposition et
le transfert de bénéfices par le biais du transfert de biens incorporels,
du transfert de risques ou de l’attribution d’une fraction excessive du
capital, ou à la faveur de transactions dans lesquelles des entreprises
indépendantes ne s’engageraient pas, ou ne s’engageraient que rarement.
Références
OCDE (2013), Plan d’action concernant l’érosion de la base fiscale et le transfert de bénéfices, Éditions OCDEOCDE (2013), Lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, Éditions OCDE
Pour plus d’informations sur le Plan d’action de l’OCDE, contacter Raffaele Russo et Pascal Saint Amans à l’OCDE
Assurer la transparence tout en améliorant la certitude
ACTION 11 : Mettre au point des méthodes permettant de collecter et
d’analyser des données sur le phénomène de BEPS ainsi que sur les
mesures prises pour y remédier. Cette action permettra de cerner les
instruments permettant de suivre et évaluer l’efficacité et l’incidence
économique des mesures prises pour remédier à l’érosion de la base
d’imposition et au transfert de bénéfices.
ACTION 12 : Obliger les contribuables à faire connaître leurs dispositifs
de planification fiscale agressive. L’amélioration des règles de diffusion
d’informations peut aider les administrations fiscales et les pouvoirs
publics à repérer les nouveaux domaines à risque, mais également
contribuer à dissuader les entreprises tentées par une planification
fiscale agressive. Cette action aboutira à élaborer des règles de diffusion
obligatoires qui ciblent ces types de dispositifs.
ACTION 13 : Réexaminer la documentation des prix de transfert.
Bien que les contribuables soient généralement tenus d’établir une
documentation volumineuse concernant leurs pratiques d’établissement
des prix de transfert, bien souvent ces informations ne permettent pas
aux administrations fiscales d’acquérir une vision « globale » des activités
mondiales du contribuable. Cette action conduira à élaborer des règles
applicables à la documentation des prix de transfert afin d’accroître
la transparence pour l’administration fiscale, en tenant compte des
coûts de discipline pour les entreprises. Elle imposera notamment aux
multinationales de communiquer à l’ensemble des pouvoirs publics
concernés les informations requises sur leur répartition mondiale du
revenu, de l’activité économique et des impôts payés dans les différents
pays.
ACTION 14 : Accroître l’efficacité des mécanismes de règlement des
différends. Les mesures engagées pour lutter contre le phénomène de
BEPS doivent être complétées par des dispositions garantes de la certitude
et de la lisibilité nécessaires pour encourager l’investissement dans le
contexte économique actuel. Cette action procurera cette certitude en
trouvant des solutions pour lever les obstacles qui empêchent les pays de
résoudre les différends relatifs aux conventions.
ACTION 15 : Élaborer un instrument multilatéral. Pour être applicables,
les modifications du Modèle de Convention fiscale de l’OCDE nécessitent
une révision des conventions fiscales bilatérales. Un instrument
multilatéral permettant de modifier les conventions bilatérales constitue
une voie prometteuse, et le travail en vue de l’élaboration d’un tel
instrument a débuté afin de pouvoir rapidement mettre en place les
mesures convenues.

22
On s’intéresse toujours de près à la manière
dont les multinationales et leurs entreprises
associées valorisent leurs transactions
internes à des fins fiscales, et plus encore
depuis le début de la crise. La méthode
largement acceptée consiste à comparer
la valeur de ces transactions avec des
transactions analogues sur le marché libre.
Cette approche dite de pleine concurrence
a ses détracteurs et ses méthodes rivales.
En voici les avantages et les inconvénients.
Selon Albert Einstein, la chose au monde la
plus difficile à comprendre est l’impôt sur
le revenu. C’est possible, mais examinons
d’abord l’imposition des multinationales
exerçant leurs activités dans plusieurs pays.
Les entreprises qui font partie de grands
groupes internationaux tels que Volkswagen
ou Apple réalisent des transactions entre
elles, un peu comme des entreprises
indépendantes. Volkswagen Mexique peut
par exemple fabriquer une transmission
dont le brevet est détenu par Volkswagen
Allemagne, puis la vendre à Volkswagen USA
qui assemble et commercialise le véhicule
fini aux États-Unis.
Ces transactions transfrontalières entre
entreprises associées sont considérables :
selon un récent rapport des Nations unies,
elles représenteraient plus de 30 % du total
des transactions internationales et ne
cesseraient d’augmenter. Comme pour les
transactions entre entreprises indépendantes,
les bénéfices issus de ces transactions entre
entreprises associées sont imposables.
Toutefois, le prix attribué à leurs transactions
« internes » ne reflétant pas des conditions
de libre concurrence, il doit être fixé en
fonction des prix observés sur le marché. Ces
« prix de transfert », dont la complexité est
largement reconnue, constituent la base du
modèle défendu par l’OCDE et les Nations
unies pour l’imposition des transactions
transfrontalières entre entreprises associées.
Ces prix de transfert font également
polémique car ils fixent la répartition
du revenu imposable entre différentes
juridictions dans un monde où ni les
pouvoirs publics, ni les entreprises ne
souhaitent perdre d’argent. Les règles de
détermination des prix de transfert suivent
le principe de pleine concurrence : pour une
transaction transfrontalière entre entreprises
associées (au sein d’un même groupe
international, par exemple), les parties
doivent appliquer le prix dont conviendraient
deux entreprises indépendantes pour une
transaction comparable effectuée dans
des circonstances comparables sur le
marché libre. En théorie, ce principe semble
simple, mais il s’avère plus complexe dans
la pratique. Que faire si les prix appliqués
à des transactions comparables sur un
marché local offrant peu de perspectives
sont inférieurs à ceux qui auraient cours au
sein d’un groupe très développé ? D’aucuns
soutiennent que les grandes sociétés et
leurs comptables aguerris tirent profit d’une
telle situation en appliquant des prix de
transfert tantôt trop élevés, tantôt trop bas,
en vue de transférer leurs bénéfices dans
des pays à faible fiscalité. Les autorités
fiscales, notamment des économies en
développement, se sentent parfois obligées
d’accepter les prix fixés par les entreprises,
se privant ainsi d’importantes recettes
fiscales. Certains considèrent que, pour éviter
le transfert de revenus qui résulte d’une
falsification du prix des transactions, le
principe de pleine concurrence devrait être
remplacé par un mécanisme plus simple.
Est-ce le cas ?
« La fixation de prix de transfert de pleine
concurrence n’est pas tant complexe en
théorie qu’elle ne l’est en pratique », déclare
Joe Andrus, Chef de l’Unité des prix de
transfert de l’OCDE. Le principe repose sur
l’identification de transactions comparables
adéquates sur le marché libre, ce qui peut
prendre beaucoup de temps et impliquer
l’analyse de nombreuses données. Parfois,
ces transactions comparables n’existent
tout simplement pas : en effet, certaines
transactions, notamment les transactions
complexes qui font intervenir un savoir-faire
spécialisé et d’autres biens « immatériels »,
ne seraient pas effectuées sur un marché
normal. Par exemple, plutôt que de concéder
le brevet protégeant son produit phare à un
concurrent potentiel, une entreprise choisira
une filiale située dans une juridiction à faible
fiscalité dans le cadre de l’organisation de ses
activités commerciales. Dans ces conditions
et en l’absence de transactions comparables,
il peut être très difficile d’établir le juste prix
de la redevance de licence.
Comprendre et appliquer le principe de
pleine concurrence peut également mobiliser
l’appareil administratif, aspect problématique
dans les pays en développement caractérisés
par une pénurie de vérificateurs possédant
les compétences ou l’expérience requise, des
mécanismes d’exécution insuffisants et une
législation inadaptée – voire inexistante – sur
les prix de transfert, « autant d’obstacles de
taille à surmonter », signale M. Andrus.
Rien d’étonnant à ce que certains détracteurs
veuillent remplacer ce principe par une
méthode plus simple, consistant à répartir
la totalité des revenus d’une multinationale
selon une formule tenant compte de divers
indicateurs tels que le lieu où elle exerce
effectivement ses activités économiques, le
montant de ses bénéfices, les salaires, etc. Le
succès du système de répartition appliqué
par les États américains est souvent cité à
Taxer les multinationalesLe prix justeTaxer les multinationalesLe prix juste

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 23
mécanismes juridiques ou factuels trop
complexes et est très prometteuse dans
des situations spécifiques où l’entreprise
effectue toujours la même activité dans un
pays », indique M. Andrus. Il cite le Vietnam
ou le Costa Rica, dont les industries textiles
naissantes fabriquent des vêtements pour de
grands producteurs des pays industrialisés.
« Toutes ces opérations de couture et les
services correspondants ont généralement
un caractère routinier. En pareil cas, on
devrait pouvoir s’accorder, à partir des
données économiques d’un pays, sur le coût
induit par la prestation des services, majoré
d’une marge de 5 à 10 % par exemple, en
tant que juste prix de ces services, et faire
accepter ce résultat aussi bien par le pays de
production que par le pays d’importation ».
En mai 2013, l’OCDE a publié de nouvelles
orientations sur les régimes de protection.
La formation peut aussi aider, et l’OCDE
organise chaque année des séminaires
de formation pour les administrateurs
fiscaux des pays en développement dans le
monde entier. En outre, un manuel conjoint
de l’OCDE et des Nations unies sur les
prix de transfert à l’intention des pays en
développement a récemment été publié.
Le dialogue est important et, sous les
auspices du Forum mondial sur les prix
de transfert, l’OCDE organise depuis 2012
une conférence annuelle sur les problèmes
relatifs aux prix de transfert, réunissant des
représentants d’administrations fiscales
des pays développés et en développement.
Les problèmes abordés sont très actuels.
l’appui de cette approche. Cependant,
M. Andrus explique que « le système
américain prévoit près de 80 formules pour
50 États et entraîne une double imposition,
ce qui n’est pas un réel problème parce
que les taux d’imposition sont faibles ». Si
chaque pays adoptait sa propre formule, des
problèmes d’imposition multiple seraient
inévitables. Et imposer plusieurs fois les
mêmes bénéfices d’une société fausse les
décisions d’investissement et les flux de
revenus.
Pour y remédier, M. Andrus pense que tous
les pays devraient utiliser la même formule,
« un scénario peu probable vu leurs intérêts
économiques concurrents ». Les pays
devraient également adopter une mesure des
bénéfices comptables cohérente pour servir
de base à cette formule. « Sans cohérence,
la double imposition serait inévitable et les
conflits, impossibles à résoudre », ajoute-t-il.
En revanche, le principe de pleine
concurrence fonctionne efficacement
dans la plupart des cas et constitue la
méthode la plus fiable pour minimiser les
risques de double imposition et de double
exonération. Ainsi, plutôt que de l’écarter,
l’OCDE, les Nations unies et d’autres
organisations réfléchissent aux moyens
de le simplifier dans l’ensemble des pays,
de remédier aux difficultés rencontrées
par les pays plus pauvres et, lorsque ce
principe est difficilement applicable, de
trouver des solutions pratiques acceptables.
Les « régimes de protection » (safe harbour)
constituent une approche prometteuse
dans certaines situations : ils permettent
aux entreprises de déclarer un revenu
minimum dans un pays et de conclure des
accords avec d’autres pays afin d’éviter que
leurs transactions soient imposées deux
fois. « Cette approche n’implique pas de
Par exemple, l’une des principales
recommandations du Plan d’action de l’OCDE
concernant l’érosion de la base d’imposition
et le transfert de bénéfices (BEPS), paru en
juillet, est d’établir un mécanisme plus
cohérent pour notifier à l’ensemble des pays,
le cas échéant, les revenus perçus par une
entreprise et le montant des impôts payés
dans chaque pays.
Cette transparence permettrait aux pays
en développement de mieux connaître les
activités économiques des multinationales
en dehors de leur territoire, donnant ainsi
à leurs administrations fiscales les moyens
de mieux cerner les prix de transfert et de
mieux les comprendre. Albert Einstein ne
s’en plaindrait pas !
Gerri Chanel
Pour plus d’informations sur les prix de transfert, contacter Joe Andrus à l’OCDE.
Références
Neighbour, John (2002), « Prix de transfert : le principe de pleine concurrence », L’Observateur de l’OCDE n° 230, janvier.
OCDE (2013), Section E révisée du chapitre IV des Principes applicables en matière de prix de transfert, relative aux régimes de protection, Éditions OCDE, www.oecd.org/fr/ctp/prix-de-transfert/Section-E-Revisee-Regimes-Protection-Prix-Transfert.pdf.
OCDE (2012), Dealing Effectively with the Challenges of Transfer Pricing, Éditions OCDE.
OCDE (2013), Plan d’action concernant l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, http://dx.doi.org/10.1787/9789264203242-fr.
Nations Unies (2013), United Nations Practical Manual on Transfer Pricing for Developing Countries, Nations Unies, New York.
Voir www.oecd.org/fiscalite
FISCALITÉ INTERNATIONALE
La falsification du prix des transactions favoriserait le transfert de bénéfices dans des pays à faible fiscalité

24
Pour rendre le cadre d’imposition
internationale plus efficace, une plus grande
transparence entre les juridictions sera
indispensable. Une plateforme d’échanges
automatique, renforçant d’autres mesures
destinées à empêcher les fraudeurs de
se cacher derrière les frontières, est en
préparation.
Pendant la majeure partie du siècle dernier, la
transparence fiscale était une notion confuse,
ne donnant lieu qu’à quelques accords
d’échange d’informations dans des traités
bilatéraux autorisant les gouvernements à
suivre des finances qui échappaient en grande
partie à leur contrôle. Peu d’informations
étaient échangées par le biais de ces accords,
qui comportaient souvent d’importantes
restrictions sur les renseignements qui
devaient être échangés. Dans certains cas, ils
n’imposaient pas l’échange de renseignements
bancaires, car le secret bancaire était considéré
comme intangible dans plusieurs pays. De plus,
ils ne prenaient pas suffisamment en compte
certains mécanismes tels que les actions au
porteur, permettant aux propriétaires réels des
entreprises de ne pas voir leur nom révélé.
L’avènement de la mondialisation, des
entreprises multinationales et de la finance
internationale a rapidement exposé les limites
de ce système cloisonné, qui permettait aux
banques mondiales de se cacher derrière les
frontières nationales et de revendiquer le droit
au secret, officiellement dans l’intérêt du client,
et avec des conséquences potentiellement
nocives sur les recettes fiscales. Les autorités
fiscales disposaient tout simplement de trop
peu d’informations pour pouvoir s’assurer que
tous les contribuables acquittaient le montant
d’impôt approprié dans les juridictions du
monde entier.
Une plus grande transparence s’imposait. À
défaut, les contribuables ordinaires seraient
lésés, les bases d’imposition seraient
globalement érodées et la souveraineté fiscale
pourrait même être entamée.
La crise financière et économique actuelle a
eu l’effet d’un électrochoc. L’année 2009 a fait
date dans la lutte contre les paradis fiscaux
et la fraude lorsque le G20 a déclaré que
« le temps du secret bancaire [était] révolu ».
L’une des décisions majeures prises lors du
sommet cette année-là a été de mettre en
place le Forum mondial sur la transparence
et l’échange de renseignements à des fins
fiscales, afin de renforcer la capacité des
pays à coopérer sur les questions de fiscalité
internationale. Comme l’a souligné Monica
Bhatia, qui dirige le Secrétariat du Forum, une
coopération efficace en matière de fiscalité
a permis d’empêcher les pays de se cacher
derrière le secret bancaire pour tromper les
autorités fiscales.
L’OCDE, qui publie le Modèle de convention
fiscale depuis un demi-siècle et mène la lutte
contre les paradis fiscaux illégaux depuis les
années 1990, était tout indiquée pour héberger
le forum.
Le forum a élaboré une norme sur
la transparence et les échanges de
renseignements à des fins fiscales, rapidement
acceptée par le G20, les pays de l’OCDE, les
centres financiers extraterritoriaux et les pays
en développement, notamment. En 2010, la
Banque européenne pour la reconstruction
et le développement a intégré la norme dans
sa politique d’investissement, suivie par
la Banque mondiale en 2011. Cette norme
repose sur trois éléments : la disponibilité
d’informations fiables, l’accès des autorités
fiscales aux renseignements bancaires, et
l’existence d’un fondement juridique pour
l’échange de ces informations, sur demande,
avec les parties concernés, assorti de mesures
de sauvegarde, de règles de confidentialité
strictes applicables aux informations
échangées, et d’échéances.
Dès avril 2013, le nombre de juridictions
s’étant engagées à appliquer la norme et
ayant rejoint le Forum s’élevaient à 119, et
près de 1 100 nouveaux accords bilatéraux
basés sur cette norme avaient été signés. De
plus, le forum avait réalisé 113 examens par
les pairs − les pays s’évaluant mutuellement
dans des rapports − et publié plus de 600
recommandations d’amélioration, dont plus
de 300 avaient fait, ou faisaient alors, l’objet de
mesures.
Les résultats démontrent que rien n’est
éternel, et qu’il n’est désormais plus possible
pour les pays de refuser, en raison de règles
strictes de secret bancaire, d’échanger des
renseignements bancaires à des fins fiscales.
En outre, la norme à conduit les pays à
introduire de nombreux changements à leur
législation nationale, par exemple des mesures
garantissant que les propriétaires d’actions au
porteur puissent être identifiés. La conformité
aux normes internationales est aujourd’hui un
thème récurrent au sein des centres financiers
internationaux, et les examens par les pairs
et le suivi continuent. Les examens par les
pairs montrent également que le volume
d’informations échangées à des fins fiscales
augmente rapidement, et que les délais pour
fournir ces informations diminuent tout aussi
vite, permettant ainsi aux pays une application
bien plus efficace de leur législation.
La prochaine étape du forum sera d’évaluer
la conformité des juridictions à la norme, et
d’identifier celles qui ne sont pas en phase
avec le consensus international. Fin 2013, les
juridictions commenceront à recevoir des
évaluations pour les 10 éléments individuels
Faciliter la transparence et la fiscalité internationale

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 25
performant pour les échanges automatiques
de renseignements : mettre en œuvre une
vaste législation-cadre, définir un fondement
juridique pour ces échanges, déterminer les
informations devant être échangées ainsi que
les procédures connexes, et développer des
normes communes ou compatibles en matière
de technologies de l’information.
Deux considérations majeures se détachent.
Premièrement, l’évasion fiscale étant un
problème mondial, il est nécessaire de
développer un modèle pour les échanges
automatiques de renseignements et de
l’utiliser dans le monde entier, sans quoi on ne
fera que déplacer le problème. Deuxièmement,
le processus doit être standardisé pour une
plus grande efficacité, et pour réduire au
minimum les coûts pour les entreprises et les
gouvernements.
La réalisation de ce modèle, dirigée par le
Groupe de travail n°10 de l’OCDE, progresse
rapidement. L’objectif est d’élaborer un modèle
commun de transmission et d’échange
automatique de certaines informations
bancaires détenues par les institutions
financières, spécifiant les formats de
déclaration, les règles de diligence raisonnable
et les méthodes de transmission sécurisées.
En juillet 2013, les ministres des Finances
du G20 et les gouverneurs de banques
centrales ont demandé au forum d’élaborer
un mécanisme permettant de suivre et
d’examiner la mise en place de la norme
mondiale relative aux échanges automatiques
de renseignements. La réunion du G20 en
septembre 2013 devrait donner lieu à des
directives similaires.
La transparence fiscale est également
pertinente pour le Plan d’action de l’OCDE pour
lutter contre l’érosion de la base d’imposition
de la norme internationale, et une évaluation
globale : « conforme », « conforme pour
l’essentiel », « partiellement conforme » ou
« non conforme ».
Pendant ce temps, les autorités fiscales
continuent à chercher de nouvelles façons
de coopérer. En 2011, après avoir affirmé
son soutien à l’échange automatique de
renseignements à des fins fiscales, le G20 a
demandé à l’OCDE de fournir des analyses sur
les questions soulevées. Lors du sommet du
G20 à Los Cabos (Mexique) en juin 2012, l’OCDE
a ainsi présenté un rapport décrivant ce que
sont les échanges automatiques, la façon dont
ils fonctionnent, leur état d’avancement et les
défis à résoudre.
En avril 2013, les ministres des Finances du
G20 ont adopté l’échange automatique de
renseignements à des fins fiscales comme
nouvelle norme, suivis en juin par le G8 qui
s’est engagé à travailler avec l’OCDE afin de
« développer rapidement un modèle
multilatéral permettant aux gouvernements
de trouver et de punir plus facilement les
fraudeurs ». Le G8 a également recommandé
que les multinationales fournissent aux
autorités fiscales des données sur les revenus
et les impôts par pays, et que les autorités
fiscales aient accès à des informations sur la
propriété des entreprises.
Un rapport de l’OCDE, A Step Change in Tax
Transparency, présenté en juin 2013 lors du
sommet du G8 à Lough Erne (Irlande du Nord),
présente quatre étapes concrètes nécessaires
à la mise en place d’un modèle mondial, sûr et
et le transfert de bénéfices (BEPS), lancé en
juillet 2013 et largement médiatisé. Ce plan en
15 points vise à limiter les possibilités pour les
multinationales de déplacer artificiellement
les profits hors des juridictions où l’activité
a réellement lieu et de les déclarer dans des
pays à faible fiscalité afin de réduire, voire
d’annuler, leurs impôts. Les actions destinées
à lutter contre le transfert de bénéfices vont
de pair avec des mesures visant à améliorer
les méthodes de fixation des prix de transfert
et à clairement divulguer les positions fiscales
agressives. Tout cela sera inefficace si l’on
n’encourage pas la transparence et l’échange
de renseignements à des fins fiscales.
Il s’agit peut-être d’une nouvelle étape
significative du processus continu de partage
d’informations, et l’on peut espérer que
même la fin de la crise ne supprimera pas
cette avancée. « Nous avons assisté ces
dernières années à un progrès fulgurant en
matière de transparence fiscale, selon Monica
Bhatia. Le retour en arrière est impossible et
le partage d’informations deviendra de plus
en plus efficace. Le message est clair pour les
fraudeurs : il est de plus en plus difficile de
cacher de l’argent. »
Gerri Chanel
Pour plus d’informations, contacter Monica Bhatia et Dónal Godfrey à l’OCDE.
OCDE (2013), A Step Change in Tax Transparency, rapport au G8, juin 2013
OCDE (plusieurs rapports de 2010 à 2013), Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales, Rapport d’examen par les pairs, ISSN: 2219-469X (en ligne), ISSN: 2219-4681 (imprimé), DOI: 10.1787/2219469x, disponible sur www.oecd-ilibrary.org/fr
Voir www.oecd.org/fr/fiscalite, « Échange de renseignements »
Désormais, les pays ne peuvent plus refuser d’échanger des renseignements bancaires à des fins fiscales
Faciliter la transparence et la fiscalité internationale
FISCALITÉ INTERNATIONALE

DES POLITIQUES MEILLEURES POUR UNE VIE MEILLEURE
Modèle de Convention fiscale concernant le revenu et la fortune 2010
Commandez la version française (à paraître) sur www.oecd.org/librairie

1 Soutenir les nouvelles recommandations de l’OCDE sur la fiscalité
Depuis la crise financière, les attentes des gouvernements et du public concernant la fiscalité ont changé du tout au tout. Pour éliminer la confusion et l’injustice relatives à la taxation des multinationales, les gouvernements doivent revoir et simplifier la législation fiscale. L’OCDE a fourni une feuille de route aux nations du G20 pour les aider à élaborer des règles fiscales qui reflètent la réalité des technologies modernes et du commerce international. L’implémentation de ces recommandations exigera un leadership national et international solide, mais l’achèvement d’un système fiscal international juste et efficace en vaut largement la peine. Compte tenu du rôle clé qu’ils jouent dans le bon fonctionnement du système fiscal, les comptables
sont une partie de la solution au problème de l’évasion fiscale. Notre profession est prête à travailler avec les nations du G20 et l’OCDE pour garantir le succès des réformes fiscales internationales.
2 Utiliser un ensemble unique de normes
internationales d’information financière de haute qualité
La croissance et le commerce sur le plan international sont décisifs pour mettre fin à la pauvreté et améliorer le niveau de vie. À l’instar des efforts qu’ils déploient pour faire progresser les accords de libre-échange, les gouvernements du G20 doivent aider les entreprises à harmoniser la communication financière mondiale pour les rendre plus transparentes et doper le commerce et les investissements. Cela implique un solide engagement envers l’utilisation d’un ensemble unique de normes internationales d’information financière de haute qualité, plus connues sous le nom de IFRS (International Financial Reporting Standards). Les gouvernements pourraient également tirer parti d’un engagement à utiliser des normes similaires dans le domaine des finances publiques.
3 Encourager les entreprises à agir de manière responsable
La restauration de la confiance nécessite plus de transparence et un changement de mentalité dans le monde des affaires. Les entreprises doivent rendre leurs finances plus transparentes et améliorer leur gestion du risque. L’objectif des entreprises ne doit pas se limiter à dégager des bénéfices pour les actionnaires. Elles doivent être responsables envers les consommateurs, les salariés, les investisseurs et la société dans son ensemble. Le public attend des entreprises qu’elles aient une raison d’être et qu’elles agissent de manière responsable et dans le respect de la loi. Les leaders du G20 sont en droit d’attendre une conduite responsable de la part des dirigeants d’entreprise. Ils doivent également créer un environnement dans lequel des entreprises responsables pourront prospérer dans le futur.En travaillant les uns avec les autres, nous pouvons rétablir la confiance à l’égard des entreprises et construire une société plus juste.
Sponsorisé par l’ICAEW
Selon moi, le plus grand défi du G20 cette année sera de travailler à restaurer la confiance à l’égard des entreprises avec de nouvelles mesures en matière de fiscalité, de commerce et de transparence. La confiance est une composante essentielle d’une économie florissante. Elle est nécessaire pour créer des emplois et construire des sociétés justes. Mais l’évasion fiscale, les salaires excessifs des hauts dirigeants et les allégations de corruption ont contribué à créer un environnement économique toxique ces dernières années.
Comment le G20 peut-il améliorer la confiance et les pratiques commerciales ? Voici trois idées :
Le plus grand défi du G20 : rétablir la confiance à l’égard des entreprises « La réforme fiscale internationale exige un leadership solide de la part des nations et du G20, mais l’achèvement d’un système fiscal juste et efficace en vaut largement la peine. »
1 Soutenir les nouvelles recommandations de l’OCDE sur la fiscalité
2 Utiliser un ensemble unique de normes internationales d’information financière de haute qualité
3 Encourager les entreprises à agir de manière responsable
RECOMMANDATIONS
Michael Izza, Directeur général de l’ICAEW (Institute of Chartered Accountants in England and Wales)
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30
Cette présidence irlandaise est intervenue à
un moment critique de la reprise en Europe,
et nous avons saisi cette opportunité pour
promouvoir des mesures articulées autour de
trois grands axes : la stabilité, l’emploi et la
croissance. J’ai le plaisir de dire aujourd’hui
que sur la croissance économique à long-
terme et la création d’emplois – deux
objectifs essentiels pour la vie quotidienne
des citoyens de l’UE – nous avons accompli
de réels progrès.
J’ai présidé le Conseil des ministres
européens des finances (ECOFIN), qui joue un
rôle de premier plan sur ces dossiers. Notre
but est de sortir de la crise que traverse
l’Union européenne, en particulier la zone
euro, depuis quelques années.
Union bancaire et services financiersLe principal enjeu dans le domaine
économique et financier a été la création
d’une union bancaire. Le besoin s’en
faisait déjà sentir avant la crise. Depuis
l’introduction du marché unique et de
l’euro, l’intégration des marchés financiers
en Europe a beaucoup progressé, mais la
réglementation et le contrôle n’ont pas suivi.
L’avancée de l’union bancaire sous notre
présidence a été facilitée par l’accord
auquel sont parvenus les chefs d’État
et de gouvernement en 2012 sur quatre
piliers essentiels : contrôle bancaire ;
réglementation prudentielle couvrant les
fonds propres, levier financier, liquidité
et gestion des risques ; redressement et
résolution des défaillances bancaires ;
protection des dépôts.
Sur ce dossier, la présidence irlandaise a
obtenu plusieurs résultats : l’accord sur
le mécanisme de surveillance unique et
la modification du règlement instituant
l’Autorité bancaire européenne, l’accord
relatif à la quatrième directive sur
l'adéquation des fonds propres (CRD IV),
indispensable à l’adoption des accords de
Bâle III et au renforcement de la stabilité
des institutions financières au sein de l’UE,
et à la fin de notre mandat, en juin, l’accord
politique sur la directive Redressement et
Résolution des Banques (RRB).
Ces accords décisifs représentent une grande
partie du travail nécessaire à la création
d’une union bancaire. Il reste bien sûr
beaucoup à faire, et nous attendons avec le
plus grand intérêt les discussions qui auront
lieu avec le Parlement européen avant la fin
de 2013 concernant la directive RRB. J’espère
également que le dernier élément de l’union
bancaire – la protection des dépôts – fera
bientôt l’objet d’un accord satisfaisant.
La leçon importante pour tous les décideurs,
dans l’UE et en dehors, est qu’il est possible
de mener à bien des réformes complexes
lorsque toutes les parties s’accordent sur
les objectifs et en perçoivent les avantages
économiques pour les citoyens. La présidence
irlandaise a veillé à ce que les citoyens soient
toujours au cœur des discussions sur l’union
bancaire.
Autre point important, il faut que les
mesures adoptées aient des effets bénéfiques
concrets à court terme. Par exemple, il est
clairement apparu lors de nos discussions
sur l’union bancaire que nous devions mieux
anticiper l’avenir en pensant au financement
des différents secteurs de l’économie.
Surtout à un moment où les ressources
financières publiques sont limitées et où le
désendettement des banques consécutif à la
crise pèse sur l’offre de crédit.
Il est indispensable de réfléchir à la façon
dont nous pouvons utiliser le système
financier – marchés, institutions et
instruments – pour canaliser l'épargne vers
le financement des projets d'infrastructure
et du crédit aux entreprises. Je suis très
content que la réunion informelle de
l’ECOFIN organisée à Dublin ait permis la
création d’un groupe d’experts de haut
niveau sur le financement à long terme des
petites et moyennes entreprises. Grâce au
récent Livre vert sur le financement à long
terme de l’économie européenne, l’Europe va
pouvoir s’inspirer des meilleures pratiques
en matière de crédit non bancaire en vigueur
dans d’autres économies de l’OCDE.
Présidence irlandaise de l’UE Vers la stabilité, l’emploi et la croissanceMichael Noonan, ministre des Finances, Irlande
L’Irlande a assuré la présidence de l’Union européenne pendant la première moitié de 2013. Des progrès importants ont été accomplis dans des domaines clés, tels que l’union bancaire et la gouvernance économique, mais il reste beaucoup à faire pour rétablir la confiance envers l’Union européenne, en particulier celle des citoyens.
Il s’agissait de ma troisième présidence de
l’Union européenne en tant que ministre
depuis 1984. Beaucoup de choses ont changé
depuis : l’Union est passée de 10 à 28 États
membres, et fonctionne aujourd’hui de façon
radicalement différente.
Ce qui n’a pas changé, en revanche, c’est
l’immense privilège de pouvoir prendre
part à la conduite des affaires européennes
dans l’intérêt des citoyens. À ceux qui
remettent en question le système de
présidence tournante de six mois, le succès
de la présidence irlandaise montre que
les petits pays peuvent faire avancer un
programme constructif au plus haut niveau
international, non seulement à Bruxelles
mais également lors des réunions du G20,
de l’OCDE, du FMI et de la Banque mondiale.
Nous y sommes parvenus en proposant des
objectifs ambitieux susceptibles de rallier
le soutien de tous les pays, soutenus par le
travail rigoureux et continu des ministres et
fonctionnaires irlandais pour concrétiser en
détail les accords.
Eric
Pier
mon
t/AFP
En tant que décideurs politiques, nous devons nous assurer de conserver le soutien des citoyens européens

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 31
UNION EUROPÉENNEDe
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Gouvernance économiqueDe gros efforts de coordination économique
et de réforme ont été faits pour améliorer la
stabilité dans la zone euro. L’UE s’est dotée
de règles limitant le déficit global et la dette,
d’un pacte budgétaire signé par 25 États
membres et d’autres dispositions autorisant
davantage de souplesse en cas de crise, et
se montre plus attentive aux problèmes
d’endettement.
Notre présidence a été un succès en termes
de gouvernance économique de l'UE, et elle a
permis de conclure le processus du semestre
européen lors du Conseil européen de juin.
Ce processus consiste en un suivi approfondi
des politiques économiques et budgétaires et
des programmes d’action des États membres,
organisé selon un calendrier précis. Notre
présidence a également vu la conclusion de
l’accord sur le paquet législatif de mesures de
gouvernance économique « two-pack ». Cet
accord permet de renforcer la surveillance
économique pour les pays de la zone euro
qui présentent un niveau élevé de déficit ou
de dette, ou qui connaissent des difficultés en
termes de stabilité financière.
Budget de l’UELe Conseil ECOFIN a largement contribué à
l’avancée des travaux concernant le budget
annuel de l’UE et le prochain cadre financier
pluriannuel 2014-2020. Le budget de l’UE, qui
finance l’agriculture, la science, la technologie
et d’autres domaines, est important pour
tous les pays membres, notamment l’Irlande.
Le cadre financier pluriannuel sert de
référence pour l’établissement des budgets
pendant une période de sept ans et fournit
donc des orientations très utiles pour le
développement économique, la croissance et
l’emploi.
Politique fiscaleDans le domaine de la fiscalité, nous avons
activement soutenu les travaux sur la
lutte contre la fraude et l’évasion fiscales
menés au sein du Conseil ECOFIN, avec des
conclusions adoptées à ce sujet. Des accords
politiques ont également été conclus sur
deux autres dossiers concernant la TVA :
le mécanisme de réaction rapide contre la
fraude et le mécanisme d'autoliquidation.
Ces deux dispositifs ont pour but d’empêcher
les fraudes de type « carrousel » ou autres
dans le domaine de la fiscalité indirecte, et
d’éviter ainsi la perte de recettes nécessaires
pour financer les services publics en Europe.
Je saisis l’occasion pour saluer la publication
du Plan d’action de l’OCDE pour lutter
contre l’érosion de la base d’imposition et
le transfert de bénéfices, et pour rappeler
que l’Irlande participe activement, dans
les groupes concernés, aux travaux dans
ce domaine. L’OCDE a accompli un travail
inestimable en déterminant les domaines
dans lesquels tous les membres sont prêts à
coopérer.
Les États membres de l’UE et les autres
pays savent que le travail n’est pas terminé.
La crise nous a appris que le processus
de réforme, en Europe et dans le monde,
nécessite un engagement permanent, et
qu’aucun État ou institution ne peut se
reposer sur ses lauriers. Je suis convaincu que
pendant sa présidence, la Lituanie poursuivra
les efforts nécessaires pour restaurer la
confiance des autres pays et des marchés
internationaux à l’égard de l’UE.
En tant que décideurs politiques, nous
devons tous nous assurer de conserver le
soutien des citoyens européens pendant cette
période de changement. Le projet de l’UE
est loin d'être achevé, mais je suis certain
qu’il continuera de se développer et de se
renforcer. Création d’emplois, amélioration
du niveau de vie, sécurité de l’emploi, une
plus grande prospérité pour tous : voilà ce
que les citoyens de l’UE attendent et méritent.
Il est essentiel que les responsables publics
expliquent clairement aux citoyens comment
tous les changements actuels vont améliorer
leur vie, maintenant et dans l’avenir.
Voir www.finance.gov.ie

32
sont majoritairement russes : le cœur du rôle
de centre offshore de Chypre.
Les retraits importants de fonds
électroniques ont été suspendus et les
virements électroniques vers l’étranger
arrêtés. Les banques sont fermées pour une
semaine.
Une faillite bancaire obligerait à payer
environ 68 milliards d’euros d’assurances
sur les dépôts (dont au moins un tiers hors
de la zone euro), un montant beaucoup plus
important que le PIB de l’île (inférieur à 18
milliards d’euros) − un scénario inimaginable.
Des rapports ont avancé l’idée que la Troïka
pourrait tarir le soutien en liquidité de la BCE
(poussant ainsi les banques à la faillite), mais
la BCE, responsable de telles décisions, ne l’a
pas fait et continue de soutenir les banques.
L'une des principales erreurs commises à
Chypre est de ne pas avoir agi plus tôt. Les
titres hybrides et obligations non garanties
devraient être les premiers (après les fonds
propres) visés par la répartition des charges
dans la résolution des défaillances bancaires.
Des obligataires ont été impliqués dans la
répartition des charges dans d’autres pays
européens et des garanties implicites de
dette bancaire refusés. Ceci a fait chuter
notablement le nombre d’obligations non
garanties des banques chypriotes en 2012 (il
ne reste que 1,2 milliard d’euros d’obligations
subordonnées !), mais la Troïka ne s’est pas
occupée correctement des banques ; c’est
pourquoi la majorité du passif est constituée
de dépôts. Une action rapide aurait réduit
les coûts.
La responsabilité est partagée. À l’absence
d’action rapide, on peut ajouter : les
pertes des banques chypriotes venant
principalement de la possession d’obligations
d’État grecques, dont les politiciens
européens successifs avaient assuré qu’elles
ne seraient jamais défaillantes ; la politique
monétaire uniforme ; l’échec de la mise en
place et du suivi du pacte budgétaire de
Maastricht, ainsi que la permission donnée à
Chypre de rejoindre la zone euro.
Le programme de la Troïka se résume à
une confiscation des dépôts. L’exemple le
plus récent de ce genre de mesure est le
Zimbabwe en 2008, avec la confiscation de
comptes en devises (mystérieusement, le
FMI avait critiqué cela à l’époque). Il y a eu
d’autres exemples dans des situations de
crise extrêmes en Europe et en Amérique
latine, qui n’ont fait qu’empirer les choses
et créé une profonde méfiance envers les
banques pour des générations.
Ce programme a surpris même les critiques
les plus virulents de l’euro. Ne pas contribuer
à la panique bancaire est l’enseignement
le plus important de centaines d’années de
décisions financières en temps de crise. Il ne
semble pas avoir été assimilé par la Troïka.
Toutes les implications de l’annonce de cette
décision européenne sont difficiles à évaluer,
mais les décideurs doivent rapidement la
repenser. […]
Les États n’ont pas ménagé leur peine pour
mettre en place de nouveaux plafonds
d’assurance des dépôts en Europe. Ils sont
harmonisés au sein de l’UE (et de l’AELE) et
visent à redonner confiance aux déposants,
tout en essayant de limiter les risques d’aléa
moral. Des efforts considérables ont été
déployés par les assureurs des dépôts pour
sensibiliser à ces plafonds. Toute mesure qui
réduit la crédibilité de ces derniers risque de
créer une panique bancaire dans d’autres
pays dont les secteurs bancaires sont en
difficulté et les crédits souverains, mal notés.
Le processus de Bâle tente de réduire le
recours au refinancement interbancaire à
court terme au bénéfice du financement
de détail, dans le but d’améliorer les
perspectives de stabilité financière. Les
dépôts sont actuellement très recherchés.
Ainsi, la stabilité relative du secteur bancaire
italien reflète en partie la capacité des
banques italiennes à augmenter leur base
de financement par la collecte de dépôts
La crise bancaire : leçons chypriotes*
Adrian Blundell-Wignall, Conseiller spécial des marchés financiers au Cabinet du Secrétaire général de l’OCDE
La crise chypriote est la conséquence de décisions erronées et d’un échec de la responsabilité collective, ainsi qu’une illustration des dégâts que peut causer une action politique inappropriée si elle n’est pas corrigée. Il est maintenant trop tard pour prendre des mesures plus simples qui auraient pu prévenir les problèmes actuels, mais il existe des alternatives au programme à courte vue et mal conçu de la Troïka (le comité dirigé par la Commission européenne avec la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, qui négocie des prêts pour les États les plus touchés par la crise de la dette souveraine).
Si tous les dépôts jusqu’à 100 000 euros
sont censés être garantis, ceux supérieurs
à ce montant devaient être taxés à 9,9 % et
ceux inférieurs, à 6,75 % ; assez pour réunir
environ 7 milliards d’euros, afin d’atteindre
les 17 milliards jugés nécessaires pour sauver
les banques chypriotes (étant donné qu’une
limite de 10 milliards d’euros a été imposée
pour les prêts de sauvetage de la Troïka). La
taxe sur les dépôts a (naturellement) été
rejetée par le Parlement chypriote.
Les déposants « de plus de 100 000 euros »
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Il est naturel que l’approche chypriote soit utilisée comme indicateur de ce qui pourrait arriver ailleurs : la confiscation des dépôts

OECD Observer No 294 Q1 2013 33
UNION EUROPÉENNE
L’OGBL, premier syndicat du Luxembourg
Avec 67000 membres, la Confédération syndicale indépendante du Luxembourg (OGBL) s’est affirmée comme défenseur du modèle social luxembourgeois où la paix sociale est gage d’une économie performante.
Le Grand-Duché compte un taux de syndicalisation très élevé. Syndicat majoritaire dans les différents secteurs d’activités marchands et non marchands, l’OGBL détient la majorité absolue au sein de la plénière de la Chambre des salariés (CSL) avec 60% des sièges.
La mission de l’OGBL est de défendre les acquis, les droits et les intérêts professionnels, sociaux et économiques de ses adhérents et des salariés en général qu’ils soient actifs ou pensionnés. L’OGBL privilégie pour cela le dialogue social et la négociation tant avec lesemployeurs qu’avec les représentants de l’Etat. En contribuant au fondement de réels acquis sociaux et d’un tissu social solide, la négociationa permis de contribuer à la lutte contre la pauvreté au Luxembourg.
Le système légal d’adaptation automatique des salaires et des pensions à l’inflation, unique en Europe, constitue un élément important de la justice et de la paix sociale au Luxembourg.
L’OGBL aspire – dans le cadre d’une démocratie parlementaire – à créer un ordre économique et social dans lequel l’individu et son bien-être passent au premier plan et dans lequel l’exploitation de l’homme par l’homme est rendue impossible. Ainsi, la politique tarifaire offensivede l’OGBL est au service du progrès social.
www.ogbl.lufacebook.com/ogbl.lu twitter.com/OGBL_Luxembourg
au niveau national. Pénaliser les petits
déposants va à l’encontre de ces efforts.
Les restrictions de flux de capitaux
perpétuent les déséquilibres de la balance
des paiements, sapent la confiance des
acteurs et peuvent provoquer et encourager
des mesures similaires dans d’autres pays.
De sérieux problèmes avec les bilans des
banques dans certains grands États de l’UE
existent, et pourraient justifier un recours à
un règlement ordonné à l’avenir. Il est naturel
que l’approche chypriote soit utilisée comme
indicateur de ce qui pourrait arriver ailleurs :
la confiscation des dépôts. C’est primordial,
car parmi les obstacles au projet d’union
bancaire, il y a la nature même de
l'assurance-dépôt et la question de qui
doit en assumer les coûts. Le précédent
créé ici rendra la réalisation de ce projet
encore plus difficile. La confiance dans le
système financier repose sur les concepts
élémentaires de caveat emptor pour les
acteurs avertis, et de protection pour
les autres. Les politiciens européens
soutiennent fortement les efforts de l’OCDE
pour améliorer l’éducation financière et la
protection des consommateurs. Pourtant, le
programme pour Chypre montre que l’Europe
est prête à s’attaquer aux petits déposants,
peu avertis, clients de banques qu’ils
pensaient sûres.
Les banques d’importance systémique
mondiale n’ont pas été restructurées pour
séparer les instruments dérivés et les
activités de marché et de titres, où devrait
s’appliquer le principe caveat emptor, des
activités traditionnelles de dépôt et de
prêt, où les mesures de protection sont
nombreuses. Davantage de volatilité peut
mettre les grandes banques en danger par
le biais d’appels de marge et de garanties,
contaminant ensuite les activités bancaires
traditionnelles si la crise venait à empirer. […]
*Ceci est un extrait de l’article « Cyprus: Further compressing the coiled spring » précédemment publié sur le blog OECD Insights, le 21 mars 2013, et disponible sur www.oecdinsights.org. Les opinions exprimées ici sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l’OCDE ou de ses pays membres. Pour plus de détails, contacter Adrian Blundell-Wignall à l’OCDE.

34
Bénéficier des échanges en valeur ajoutée
De plus en plus complexe, l’économie repose sur des chaînes de valeur mondiales et sur une myriade d’interconnexions entre les producteurs de tous les continents. Ceci influe sur les politiques commerciales et d’investissement mais aussi sur le développement, et montre les limites des outils classiques de mesure des échanges.
Comme l’expliquait David Hume, philosophe
et historien écossais du XVIIIe siècle, il était
interdit d’exporter des figues dans la Grèce
antique, ce fruit étant considéré comme
trop exquis pour le palais des barbares.
« Il est aisé de voir, écrivait Hume, que
tous les calculs concernant la balance
commerciale reposent sur des suppositions
et des faits très incertains. »
Une telle restriction serait probablement
peu suivie de nos jours, mais les notions
erronées sur le commerce persistent. Prenons
l’iPhone d’Apple : la plupart des gens pensent
probablement qu’il est fabriqué en Chine
et que ce pays tire un profit considérable
de son exportation. En 2010, un iPhone
coûtait à peine plus de 187 USD en sortie
d’usine, répartis comme suit : 80,05 USD de
composants pour la Corée, 20,75 USD pour le
Taipei chinois, 22,88 USD pour les États-Unis
et 16,08 USD pour l’Allemagne. La Chine
intervient en bout de chaîne : en se limitant
à assembler les parties et les composants,
les travailleurs chinois ne contribuent qu’à
hauteur de 6,5 USD à chaque iPhone.
Alors qui produit réellement les iPhones ?
La Banque asiatique de développement
estime qu’ils creusent le déficit commercial
américain avec la Chine de 1,9 milliard USD,
mais que si l’on mesure la vraie « valeur
ajoutée », ce chiffre chute à 73,5 millions USD.
Le biais statistique induit par l’attribution
de l’origine d’un produit au dernier pays de
la chaîne de production déforme la réalité
économique et fournit un argument crédible
aux protectionnistes.
Les statistiques actuelles des échanges
révèlent peu de la valeur ajoutée à un produit
à chaque étape du processus. De plus, celle-ci
est souvent considérée comme uniquement
dépendante des composants : la mémoire,
l’écran tactile et le processeur (dans le cas
d’un iPhone) plutôt que la logistique, la R-D,
le marketing et la marque.
En fait, tous ces éléments font partie d’une
chaîne de valeur mondiale (CVM), qui
partage des liens insoupçonnés avec d’autres
chaînes. Les données de l’OCDE montrent
que la valeur ajoutée de ces « intrants
intermédiaires » représente plus de 50 %
de la valeur des échanges de biens et plus
de 70 % pour les services. On peut donc
raisonnablement se demander si le système
historique de mesure des échanges reste
pertinent.
Pour évaluer les coûts réels de production,
il faut remonter à la source des intrants,
ce qui n’est pas le cas pour le moment. Si
ça l’était, le monde serait quelque peu
différent. Le problème découle d’une erreur
arithmétique. Les droits nominaux sur les
exportations brutes ne sont pas révélateurs
des dommages causés par les droits de
douane et d’autres mesures protectionnistes
qui augmentent les coûts de production.
Les droits de douane dont un pays doit
s’acquitter pour vendre ses voitures à un
autre peuvent être faibles, mais si le fabricant
dépend fortement d’intrants intermédiaires
étrangers, tout droit de douane se reporte sur
le coût de production. Il est donc essentiel
de maintenir des droits bas à la fois sur les
produits intermédiaires et sur les produits
finaux.
Prenons une filière de production : un pays
(s’étant acquitté des droits de douane)
exporte une puce d’ordinateur pour qu’elle
soit assemblée sur un circuit imprimé. Le
deuxième pays, après avoir installé la puce
(et s’être acquitté des droits de douane),
envoie le circuit imprimé vers un troisième
pays où la puce (maintenant considérée
comme un « circuit imprimé ») est intégrée
à l’ordinateur de bord d’une voiture. Enfin, la
puce (maintenant sous sa forme définitive de
« voiture ») est exportée vers un quatrième
pays où elle est commercialisée. La puce
n’est pas comptée une, mais bien trois fois, à
chaque fois comme partie d’un élément plus
large.
L’effet cumulatif occulte le coût réel d’un
produit et fausse les décisions des pouvoirs
publics. Ainsi, les mesures protectionnistes
à l’encontre des intrants intermédiaires
sont vouées à l’échec puisque la hausse du
coût de ces importations est dommageable
aux exportations du pays. Les efforts des
gouvernements pour réduire les coûts de
Les ÉVA établissent les bases des négociations commerciales multilatérales
Chris
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isius
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L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 35
COMMERCE
production en intervenant sur la monnaie
ne sont d’aucune aide : tout avantage
concurrentiel obtenu par une monnaie
plus faible est perdu car les intrants
intermédiaires achetés à l’étranger sont
plus chers.
Pour dissiper toute confusion et fournir
une description plus précise des échanges,
fondée sur la complexité des mesures de
la valeur ajoutée des intrants, l’OCDE et
l’OMC ont publié la base de données sur les
échanges en valeur ajoutée (ÉVA) en janvier
2013. Cette base de données, mise à jour en
mai, couvre 18 secteurs dans 57 pays. L’OCDE
a aussi publié un ensemble d’indicateurs
de facilitation des échanges pour 133 pays.
Ils révèlent les coûts inattendus induits
par les droits de douane et les mesures
protectionnistes et établissent les bases
pour faire progresser les négociations
commerciales multilatérales
Cette base de données est précieuse, car
dans un monde de CVM, les décideurs sont
prompts à oublier que le succès d’un pays sur
les marchés mondiaux dépend autant de sa
capacité à importer des intrants de qualité
qu’à en exporter. Il est contre-productif que
des pays paient des droits de douane sur
leurs exportations à valeur ajoutée cinq fois
supérieurs au taux nominal. L’industrie de
transformation de composants n’est pas la
seule perdante. Les droits de douane sur les
produits agricoles sont en moyenne trois
fois plus élevés que ceux sur les produits
manufacturés. Les décideurs doivent non
seulement baisser ou éliminer ces droits,
mais aussi restreindre les mesures non
tarifaires et s’intéresser sérieusement
aux services.
Le secteur des services est celui qui connaît
la plus forte croissance à l’échelon mondial,
en partie grâce à l’essor des technologies
de l’information. Mis à part les composants
d’un ordinateur ou d’un smartphone, la
plupart des échanges de ce secteur sont
intangibles. La création de logiciels, l’achat
de brevets et le transfert de données ne
nécessitent pas un porte-conteneur, mais un
cadre libéralisé des télécommunications et
des réglementations claires sur les droits de
propriété intellectuelle. L’idée même de
« logistique » évolue : en Suède, la distribution
numérique de musique, de jeux vidéo et
autres dépasse la distribution traditionnelle
des détaillants. Des entreprises, notamment
des PME, soulignent que la distribution
numérique facilite l’accès à des marchés plus
importants et l’adaptation des stratégies
de marketing, et attire de nouveaux modes
de financement comme le crowdfunding ou
crowdsourcing, fréquents dans l’industrie des
jeux vidéo. Mais l’un des aspects les plus
frappants des CVM dans les services est
que la plus forte valeur ajoutée réside aux
extrémités de la chaîne : dans l’innovation
initiale et le marketing final, par exemple.
La plupart des pays voudront, à juste raison,
gravir les échelons de la chaîne de valeur.
Pour les aider, des mesures destinées à
cultiver les talents et développer de nouvelles
compétences seront essentielles, car il s’agit
d’intrants intermédiaires apportant de la
valeur ajoutée. Les visas et permis de travail
trop restrictifs, de même que les restrictions
sur les droits de propriété intellectuelle et
l’acquisition de brevets peuvent, au contraire,
museler l’innovation. Les pouvoirs publics
doivent aussi faciliter la reconversion des
travailleurs des secteurs dépassés.
Il est plus facile de changer les pratiques que
de vaincre les préjugés. Mais si les cartes
étaient redessinées pour montrer la position
réelle des pays en termes d’échanges en
valeur ajoutée, les tensions géopolitiques sur
les déficits et les excédents commerciaux
s'en trouveraient apaisées. Compte tenu
de l’interdépendance de nos économies,
cela renforcerait la concurrence tout en
améliorant la confiance et la coopération,
qui sont sans doute les atouts les plus
importants dans une économie mondiale.
Lyndon Thompson
Pour plus d'informations sur les échanges en valeur ajoutée, contacter Sébastien Miroudot à l'OCDE
Références
Lord Green (2013), « Une nouvelle vision des échanges », L’Observateur de l’OCDE n°294, T1 2013
OCDE (2013), « Interconnected Economies Benefitting from Global Value Chains », Éditions OCDE, Paris, www.oecd.org/sti/ind/interconnected-economies-GVCs-synthesis.pdf
OCDE (2013), « Mesurer les échanges en valeur ajoutée : Une initiative conjointe de l’OCDE et de l’OMC », Éditions OCDE, oe.cd/tiva-fr
OCDE (2012), « Trade in Value-Added: Concepts, Methodologies and Challenges », Note conceptuelle OCDE-OMC, www.oecd.org/fr/sti/ind/oecdwtoqualitestatistiquedesindicateurseva.htm
OCDE (2013), « Trade Policy Implications of Global Value Chains », Éditions OCDE, www.oecd.org/sti/ind/Trade_Policy_Implicatipns_May_2013.pdf
Swedish National Board of Trade (février 2013), « Minecraft Brick by Brick: a Case Study of a Global Services Value Chain », Kommerskollegium
100
% 2009 1995
80
60
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« Made in the world »La valeur ajoutée domestique contenue dans les exportations brutes a baissé dans la plupart des
pays entre 1995 et 2009, %
Source : Indicateurs OCDE sur les ÉVA

36
eBay et l’essor des micro-multinationales
Les petites entreprises internationales, profitant entièrement des nouvelles technologies, deviennent souvent plus multinationales que les grandes.
Dans ses pérégrinations aéroportuaires, le
voyageur surmené aura peut-être remarqué
les publicités HSBC dans lesquelles la banque
nous offre sa vision des entreprises du futur.
L’une des affiches, déclinée dans un spot
télévisé largement diffusé, nous donne à voir
cette image typiquement Nord-américaine :
un stand de citronnade tenu par un enfant.
Mais avec un petit plus : ce tout jeune chef
d’entreprise affiche ses prix dans trois
monnaies différentes. L’accroche conclut :
« Demain, même les toutes petites
entreprises seront multinationales ».
L’idée d’HSBC est manifestement de se
donner l’image d’une banque avant-gardiste
et visionnaire. Mais en réalité, à certains
égards du moins, ce futur est déjà là. Avec
les nouveaux moyens de télécommunication
et les technologies web, le monde est déjà à
portée de main des plus petits entrepreneurs
derrière leurs stands de citronnade virtuels.
À leurs compétences de vente, très locales,
ces petites voire micro-entreprises peuvent
désormais ajouter de puissants nouveaux
moyens techniques qui leur ouvrent les
marchés mondiaux, avec des barrières à
l’entrée nettement moindres. Elles peuvent
non seulement accepter les paiements
en plusieurs monnaies mais aussi faire
connaître leur citronnade partout où il y
a des clients, et devenir des exportatrices
crédibles.
Traditionnellement, exporter était complexe
et coûteux. Les bibliothèques d’écoles de
commerce regorgent encore de ces épais
manuels et études détaillant les arcanes
de l’entrée sur les marchés étrangers,
des franchises, de l’exportation et des
politiques commerciales. Avec tous les
coûts supplémentaires qu’elle induit, de
la localisation des campagnes marketing à
l’assurance des expéditions, l’exportation
tendait à être réservée à une petite élite de
très grosses entreprises à forte productivité.
Or, une enquête récente consacrée à
la démographie des entreprises et au
commerce international, publiée dans
l’Annual Review of Economics (voir références),
conclut que « l’un des traits les plus
frappants qui ressort de l’analyse des
microdonnées est la très faible proportion
d’entreprises qui participent au commerce
international ».
Les auteurs montrent en effet qu’un
pourcentage infime d’entreprises
américaines commerce avec l’étranger.
En 2000, sur 5,5 millions d’entreprises en
activité, seules 4 % exportaient.
Même dans les industries de fabrication,
l’extraction minière et l’agriculture –
secteurs où les marchés tendent à être
plus internationaux – on ne trouve que
15 % d’entreprises exportatrices. Celles-ci,
constatent les auteurs, sont généralement
plus grandes, plus productives, paient mieux
leurs salariés et emploient des compétences
plus élevées que les entreprises qui
n’exportent pas.
Les auteurs montrent par ailleurs que, parmi
les entreprises américaines qui exportent,
64 % travaillent avec un seul pays. Seules
14 % des entreprises exportatrices
commercent avec cinq pays ou plus, avec
une moyenne de 3,5 marchés desservis.
Aujourd’hui, avec les plateformes en ligne,
les obstacles au commerce commencent à
s’abaisser. Dans le débat sur les politiques
publiques, on répète à l’envi qu’Internet
change complètement la donne, mais
dans certains cas ce leitmotiv n’est qu’un
vœu pieux. Dans le commerce en ligne,
cependant, le changement est réel et
quantifiable. Une étude récente de Lendle
et al. (2013) s’est penchée sur une série
de données relatives aux entreprises
américaines qui vendaient sur eBay en
2010, afin d’avoir un éclairage sur ce que
signifie, pour les petites entreprises, un
monde connecté et sans friction. Ce sont
probablement des technologies comme
celles que la plateforme d’eBay met à la
disposition des entreprises qui aident le
plus les vendeurs de citronnade maison à
atteindre une clientèle mondiale. En effet,
les plateformes virtuelles permettent à
des individus et à des petites entreprises
d’opérer par-delà les frontières culturelles
et nationales. Les transactions se font sur
une plateforme en ligne offrant des services
complémentaires : marketing, mécanismes
de résolution des litiges, processus
d’évaluation et solutions de paiement
et de livraison.
Pierre-Louis Vézina, Chercheur, Université d’Oxford, et Hanne Melin, Conseillère stratégique politiques publiques EMEA, eBay Inc.
85 % des entreprises américaines présentes sur eBay vendent à l’étranger
La mode se propage

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 37
COMMERCE
Bref, l’Internet marchand permet à des
consommateurs d’acheter ce qu’ils veulent
à des vendeurs auxquels ils peuvent faire
confiance où qu’ils se trouvent dans le
monde. Pour exporter, plus besoin de
consacrer du temps et de l’argent à acquérir
une connaissance approfondie des marchés
de destination, à établir des contacts
commerciaux et à monter des réseaux
de distribution. Les plateformes en ligne
donnent une visibilité internationale à leur
offre, avec des ressources techniques qui
permettent de donner confiance aux clients,
même à distance.
La rencontre entre acheteurs et vendeurs
est considérablement simplifiée. De plus,
les mécanismes d’évaluation et l’esprit de
communauté associés aux plateformes
en ligne réduisent la probabilité de
pratiques opportunistes. Les transactions
internationales ont toujours eu tendance
à être risquées à cause de la diversité des
systèmes de gouvernance et parfois d’une
mauvaise exécution des contrats. Mais de
nouveaux moyens techniques, alliés à la
transparence de l’information, diminuent ces
risques. La question demeure donc entière :
les commerçants utilisent-ils les technologies
eBay comme tremplin pour accéder au
monde entier ?
Incontestablement, oui ! L’étude de Lendle
et al. montre qu’en 2010, 85 % des entreprises
présentes sur eBay vendaient à l’étranger,
contre 5 à 15 % des entreprises hors ligne. Par
ailleurs, la taille est moins déterminante : les
petites entreprises américaines qui vendent
sur eBay ont pratiquement autant de chances
d’exporter que les grandes.
Les exportateurs eBay sont aussi beaucoup
plus multinationaux que leurs homologues
hors ligne. D’après cette même étude, les
vendeurs professionnels américains sur
eBay exportent vers 9,3 pays différents en
moyenne, et plus de 50 % d’entre eux vendent
à plus de cinq pays, ce qui est beaucoup plus
que les vendeurs hors ligne (voir graphique).
Cette différence s’observe aussi chez les
vendeurs eBay du Royaume-Uni, de France et
d’Allemagne.
Toujours d’après la même étude, les relations
entre exportateur et destinataire nouées sur
la plateforme eBay ont plus de probabilité
de perdurer au fil des ans que celles établies
hors ligne. Dans une étude d’Esteve-Perez et
al. consacrée aux exportateurs espagnols, le
« taux de mortalité » des relations exportateur-
destinataire sur une période de quatre ans
est de 90 %, alors que chez les vendeurs eBay
il n’est que de 65 %.
L’avenir des micro-multinationales
mondialisées est déjà en partie devenu
réalité. Les technologies réduisent
considérablement la friction informationnelle
et contribuent à la confiance des acheteurs
transfrontières, ce qui profite à toutes les
entreprises jusqu’aux plus petites.
Bénéficiant d’une zone de chalandise
considérablement plus large que le seul
marché national, les entreprises ont
beaucoup plus de chances de succès.
Toutefois, le lecteur attentif l’aura noté,
nous écrivons que l’avenir des micro-
multinationales est « en partie » une réalité.
En effet, le commerce mondial n’est pas
entièrement sans friction. Pas encore.
Les petites entreprises sont encore freinées
par des règlements, des processus et des
systèmes administratifs commerciaux
conçus pour un monde où seules les grandes
Petits géants du commerceNombre de destinations pour les exportations des entreprises en ligne et hors ligne
Source : Lendle, A, et al. (2013), « eBay’s anatomy »
Sur 5,5 millions d’entreprises en activité aux États-Unis en 2000, seules 4 % exportaient
entreprises commercent avec l’étranger.
Les responsables de l’action publique
n’ignorent pas que, dans le marasme actuel
de l’économie mondiale, ce sont les petites
et moyennes entreprises qui apportent une
grande partie de l’élan de croissance. Il faut
aussi qu’ils réalisent que ces moyennes,
petites et même micro-entreprises travaillent
de plus en plus avec l’étranger. Il importe
maintenant qu’ils saisissent la chance que
représente ce potentiel de croissance, tant
pour les PME que pour les consommateurs,
et qu’ils s’efforcent d’adapter les règlements
commerciaux, les procédures douanières
et les systèmes d’expédition dans le but
d’accompagner les technologies web et de
faciliter le commerce en ligne pour toutes les
entreprises, quelle que soit leur taille.
Si l’exemple d’eBay préfigure les évolutions
à venir, les petites entreprises capables
de travailler sur le web vont connaître un
véritable développement international et
conquérir des marchés lointains. Il faut dès
maintenant mettre en place les législations
adaptées.
Références
Bernard, Andrew B., et al. (2012), « The Empirics of Firm Heterogeneity and International Trade », Annual Review of Economics.
Esteve-Pérez, Silviano, et al. (2012), « The duration of firm-destination export relationships: Evidence from Spain, 1997-2006 », Economic Inquiry, Vol. 51, n°1.
Lendle, Andreas, et al. (2013), « eBay’s anatomy », (2013, à paraître).
6
1 2 3 4 5 ou plus
4
2
0
Nombre de destinations eBay Hors ligne
Pourcentage d’entreprises exportatrices

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L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 39
TECHNOLOGIE
La Chine en orbiteClaire Jolly, Direction de la science, de la technologie et de l’industrie de l’OCDE
L’essor du programme spatial de la Chine est à la mesure de
l’expansion de son économie sur la scène mondiale. Dix ans après
être devenue le troisième pays au monde à placer des êtres humains
sur orbite, la Chine a lancé en juin sa cinquième mission spatiale
habitée, la plus longue à ce jour. Trois « taïkonautes » (astronautes
chinois) ont passé deux semaines en orbite dans le module spatial
Tiangong 1.
« Tiangong » signifie « palais céleste ». Pourtant, investir dans un
programme spatial n’est pas un luxe, mais une affaire sérieuse.
Cet investissement est souvent source de progrès scientifiques,
technologiques, industriels et de sécurité, et génère donc des
retombées économiques non négligeables. Plus de 50 pays ont
désormais placé des satellites sur orbite, investis de missions
concrètes et précises.
En Chine, la course aux étoiles a débuté en 1970, avec le lancement de
son premier satellite. Au terme d’un programme intensif de recherche
et de développement dans les années 90, la Chine est aujourd’hui
une « puissance » spatiale à part entière, présente dans tous les
domaines correspondants : fabrication de satellites et de lanceurs,
bases spatiales, programmes scientifiques et leurs applications, et vol
spatial habité.
En 2012, pour la deuxième année consécutive, la Chine est arrivée
au deuxième rang mondial pour le lancement de fusées, après la
Fédération de Russie et devant les États-Unis, l’Europe se plaçant en
quatrième position.
La Chine a lancé la construction d’une station spatiale qui sera
opérationnelle en 2016-22. Pesant 30 tonnes, elle sera six fois plus
petite que sa voisine, la station spatiale internationale (SSI). Pour
l’anecdote, cette station est le troisième objet le plus brillant dans
l’espace (après le soleil et la lune); vous pouvez la voir dans le ciel
nocturne depuis votre jardin, un site Internet de la NASA vous aide
même à la localiser (http://spotthestation.nasa.gov/). La SSI est une
plateforme scientifique et technologique exploitée par les États-Unis,
la Fédération de Russie, l’Europe, le Japon et le Canada, et célèbrant
son 15e anniversaire cette année.
La Chine est donc en passe de rattraper d’autres pays, et son industrie
spatiale est en plein essor. Avec plus de 40 fabricants chinois de
satellites, environ 50 000 personnes travaillent directement dans le
secteur spatial, sur un total de plus de 500 000 personnes employées
dans la filière aéronautique chinoise. De nombreux établissements
publics de recherche, souvent liés au secteur de la défense, et
plusieurs universités, dont l’Université Tsinghua, contribuent au
programme spatial chinois ; par conséquent, l’emploi réel généré
par l’industrie spatiale chinoise est probablement bien supérieur à
ces chiffres. Les entreprises recensées par le Bureau national des
statistiques ont réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 10 milliards
USD en 2009, ce qui reflète l’intensité du programme spatial chinois.
La Chine ne se contente pas de viser les étoiles : elle positionne son
industrie terrestre de manière à tirer profit de la mondialisation
croissante de l’aérospatiale.
Référence
OCDE (2011), The Space Economy at a Glance 2011, Éditions OCDE, Paris.
Voir le site Internet du Forum de l’espace de l’OCDE : www.oecd.org/fr/sti/prospective/secteurspatial.htm
Reut
ers/
CDIC

Pouvez-vous nous présenter votre établissement ?L’Université Nice Sophia Antipolis (UNS) créée en 1965, est une Université pluridisciplinaire avec secteur Santé composée de 13 facultés et instituts et 47 laboratoires de recherche. La gamme de nos activités en formation comme en recherche est large et équilibrée dans les trois grands domaines scientifiques: les sciences et technologies ; les sciences humaines et sociales incluant les sciences économiques et juridiques; et les sciences de la vie et de la santé. Elle accueille actuellement 26 000 étudiants dont environ 20% sont étrangers et de nombreux professeurs invités. Avec près de 500 accords avec des institutions étrangères notre université est résolument tournée vers l’international. Nous travaillons depuis plusieurs années à la mise en place de véritables doubles diplômes avec des universités étrangères. Enfin, nous sommes une Université consciente du rôle socio-économique majeur de l’enseignement supérieur et de la recherche, aussi, nous sommes à l’écoute des besoins des secteurs économiques de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) tant au niveau de la Recherche et Développement que dans l’adaptation de notre offre de formation. Nous agissons de façon volontariste pour ancrer notre université dans son territoire et la faire rayonner au niveau international.
L’Université est également multi-sites…C’est un atout important pour son implantation dans le territoire. Le campus Sophia Tech (Sciences et technologies de l’information et de la communication) situé au sein de la technopole de Sophia Antipolis, la plus ancienne et la plus importante de France avec 1400 entreprises installées, a renforcé la visibilité de l’Université sur le site de Sophia. Nous y avons notre école d’ingénieur (Polytech’Nice-Sophia), plusieurs formations de Master et de DUT, des laboratoires de recherche en partenariat avec des grands organismes de recherche (CNRS, INRIA, INRA) le tout à proximité de Mines
Paris Tech et d’Eurecom avec lesquels nous interagissons en permanence.
Les campus niçois sont ancrés dans la ville avec des implantations emblématiques mais aussi un souci de proximité avec nos partenaires. Ainsi, par exemple, le campus Pasteur abrite des centres de recherche dans le domaine des sciences de la vie et de la santé, à proximité du CHU de Nice, et du centre anticancéreux Antoine Lacassagne. Le projet de développement d’un Eco-Campus dans la plaine du Var répond aussi à cette exigence de mettre en connexion étroite les formations, recherches et entreprises dans le domaine de l’environnement et du développement durable.
Notre situation géographique privilégiée est évidemment un atout additionnel. La région bénéficie d’un ensoleillement important pendant la majeure partie de l’année et d’une qualité de vie mondialement reconnue, deux éléments qui facilitent l’organisation de congrès, l’accueil d’ étudiants et des chercheurs étrangers.
Quelle est l’importance de la recherche ? Quelle est votre place dans les classements mondiaux d’université ?L’Université figure parmi les 20 établissements français présents dans le classement de Shanghai qui recense les 500 meilleurs établissements d’enseignement supérieur sur les 17000 existants. Apparaître dans ce classement place donc notre université dans le top 3% des établissements mondiaux. Nous sommes une université qualifiée d’ « intensive en recherche » grâce à nos 47 laboratoires, à nos équipes d’enseignants-chercheurs et à notre interaction avec les organismes de recherche. L’Université se distingue particulièrement dans le domaine des sciences de la planète et de l’univers, des sciences de la vie et de la santé, des sciences économiques et sociales ou encore des mathématiques comme en témoignent les prix nationaux et internationaux remportés par nos chercheurs.
Notre objectif est de développer au maximum les coopérations entre l’Université, les centres de recherche et le secteur privé. A titre d’exemples, nous avons mis en place une plateforme technologique partagée avec le secteur de la parfumerie à Grasse pour répondre aux besoins analytiques et de R&D de ce secteur. De même sur Sophia, un bâtiment mixte « entreprise-laboratoire » a vu le jour. Dans l’Eco-Vallée, nous souhaitons développer des coopérations de ce type avec d’autres secteurs industriels.
Quelle est votre stratégie en matière de coopération internationale ?L’UNS a une longue tradition de coopération avec des universités étrangères, notamment avec les Pays d’Europe centrale et orientale et la Russie, le Maghreb et le pourtour méditerranéen et l’Asie. Outre les mécanismes traditionnels de mobilité étudiante, nous participons au programme External Cooperation Window de l’Union européenne et nous pilotons deux projets majeurs, l’un sur l’Asie et l’autre sur l’Europe de l’Est.
Notre objectif est de constituer de véritables réseaux de recherche et de formation à l’international et d’y associer le volet insertion professionnelle en identifiant et en associant les partenaires socio-économiques adaptés.
« La force de notre Université réside dans l’excellence de ses laboratoires de recherche »
unice.fr
Un entretien avec Frédérique Vidal, Présidente de l’Université Nice Sophia Antipolis (UNS)
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L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 41
Apprentissage : le nouveau diplôme ?
De plus en plus de décideurs s’intéressent à l’apprentissage comme moyen de renforcer le marché du travail et d’améliorer les perspectives d’emploi des jeunes. Mais toutes les formes d’apprentissage ne se valent pas.
Dans les guildes de l’Europe médiévale, le
compagnon, après avoir terminé ses sept
années d’apprentissage, allait de ville en
ville pour proposer ses services à la journée
(d’où son nom de « journalier »). Après
plusieurs années d’itinérance, il soumettait
un « chef-d’œuvre » à la guilde concernée,
dont les membres jugeaient son travail et
décidaient de son admission au titre de
« maître ».
Aujourd’hui, un jeune qui démarre dans la
vie n’aura probablement aucune chance de
présenter un chef-d’œuvre. Les statistiques
Chris
toph
er F
urlo
ng/G
etty
Imag
es/A
FP
sont consternantes. L’OCDE estime
qu’environ 20 % des jeunes en Espagne, en
Italie et au Mexique ne travaillent pas et ne
suivent ni des études ni une formation. Ils
sont 27 % en Grèce et en Turquie. Désespérés
par leurs échecs répétés pour trouver un
emploi, nombre d’entre eux renoncent.
D’autres se lancent dans le cycle infernal
des stages souvent non rémunérés, alors
qu’ils effectuent les mêmes tâches que leurs
collègues salariés.
Les gouvernements commencent à
considérer sérieusement l’apprentissage
comme une solution à un chômage élevé et
d’une durée de plus en plus longue. Les trois
pays européens qui ont le mieux résisté au
ralentissement de l’activité de 2008 ont tous
d’importantes traditions d’apprentissage.
L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse
enregistrent un taux de chômage des jeunes
inférieur à 9 %, contre un peu plus de 16 %
en moyenne pour l’OCDE. Le succès du
système allemand de formation duale a
suscité l’intérêt de ses voisins. En Allemagne,
les étudiants peuvent consacrer un ou
deux jours par semaine à une formation
professionnelle en parallèle de leur scolarité
normale. Une partie de cette formation se
déroule sur le lieu de travail et les apprentis
reçoivent environ un tiers du salaire d’un
travailleur qualifié. En 2013, l’Espagne,
la Grèce, l’Italie, la Lettonie, le Portugal
et la République slovaque ont signé un
mémorandum, avec l’Allemagne pour qu’elle
les aide à établir des systèmes similaires. Nul
ne prétend que l’apprentissage peut résoudre
la crise à lui seul. Mais de plus en plus de
pays considèrent qu’il peut être d’une grande
aide. En juin, l’OCDE a fait de l’apprentissage
l’un des piliers de son Plan d’action pour les
jeunes. Les pays du G20 (les plus grandes
économies mondiales) ont également appelé
à investir davantage dans l’apprentissage.
Pourquoi la prise de conscience a-t-elle été
aussi tardive ? L’Allemagne, par exemple, a
adopté son système de formation duale en
1969. Les préjugés en sont l’une des causes.
Longtemps, on a célébré l’enseignement
universitaire comme la voie sûre vers la
stabilité financière et l’épanouissement
personnel. Les jeunes en formation
professionnelle sont souvent stigmatisés
comme n’étant « pas tout à fait à la hauteur »
des exigences universitaires. Cette mauvaise
image a poussé nombre d’entre eux à
poursuivre des études universitaires pour
lesquelles ils n’ont ni l’inclination ni le
talent, et les a découragés de se tourner vers
d’autres solutions plus satisfaisantes. Les
gouvernements devraient cesser de sacraliser
l’enseignement universitaire, et plutôt
encourager les jeunes souhaitant suivre une
formation en apprentissage. Ils devraient se
concentrer sur les jeunes qui sortent tôt du
système scolaire, car ils risquent deux fois
plus de se retrouver au chômage que les
diplômés de l’université.
L’initiative du Royaume-Uni, qui a développé
un système d’apprentissage doté de
25 millions de livres pour former des jeunes
aux métiers de pilote, d’avocat, d’ingénieur et
de comptable, tout en les rémunérant, est un
bon exemple de réussite, au-delà
SOCIÉTÉ
D’autres voies sont possibles

42
de l’apprentissages traditionnel dans le
secteur manufacturier, par exemple. Ces
apprentissages « de niveau supérieur » n’ont
rien à envier aux programmes universitaires.
Les entreprises en bénéfi cieront aussi. Le
secteur européen de l’aviation aura, par
exemple, besoin de 92 500 pilotes d’ici à
2030. Le dispositif britannique a su anticiper
ce besoin. En 2012, environ 3 700 personnes
suivaient des programmes d’apprentissage
de niveau supérieur, 68 % de plus que l’année
précédente. Le dispositif vise aussi à intégrer
des groupes sous-représentés dans ces
professions, comme les femmes.
Une partie de son succès tient au fait qu’il a
introduit l’apprentissage dans des domaines
méconnaissant cette tradition et offrant des
perspectives d’emploi.
Aux États-Unis, l’Offi ce for Apprenticeships
fournit un capital de départ aux entreprises
pour élaborer des programmes de formation
dans des secteurs en pleine croissance,
comme les technologies de l’information, la
santé, les biotechnologies et la technologie
géospatiale. En 2007, ces secteurs totalisaient
46 % des nouveaux programmes, et 30 % de
l’ensemble des apprentis.
Mais pour que l’apprentissage se développe
dans davantage de pays, plusieurs obstacles
demeurent, notamment un manque de
certifi cations et des restrictions d’âge rigides,
qui empêchent les apprentis de changer
de fi lière ou d’intégrer l’université s’ils le
souhaitent. Les employeurs peuvent hésiter
à investir dans l’apprentissage de peur que
leurs apprentis ne leur soient « subtilisés »
par d’autres entreprises, et se contentent
donc de proposer en échange des stages et
autres contrats à court terme. Ils peuvent
même aller jusqu’à prétendre que ces
derniers sont des programmes de formation
en bonne et due forme, ce qui n’est pas le
cas. En 2011, l’Italie a cherché à mettre fi n à
ces abus en fi xant la durée de l’apprentissage
à six mois minimum, afi n qu’il soit utile, et
trois ans maximum, pour éviter l’exploitation
des apprentis. Si des entreprises souhaitent
embaucher des apprentis, au moins 50 %
d’entre eux doivent être des jeunes qu’elles
ont précédemment formés. Elles ne peuvent
donc puiser dans le vivier de compétences
que si elles l’ont déjà alimenté. En Australie,
les apprentis sont certifi és dès qu’ils ont
démontré leur compétence dans leur
domaine d’activité et non après avoir suivi
une période de formation déterminée.
Compte tenu des coûts, les entreprises
seraient probablement plus enclines à
proposer des contrats d’apprentissage si les
syndicats et l’État assumaient une partie
des charges. En Allemagne, par exemple,
les partenaires sociaux collaborent à
l’élaboration des normes et des examens
professionnels, formellement publiés par
le ministère fédéral de l’Économie et de la
Technologie, et ils fi xent les salaires des
apprentis dans le cadre des négociations
salariales collectives. Le Canada et la France
utilisent des crédits d’impôt pour aider les
entreprises. La France propose également
des exonérations supplémentaires
de charges sociales aux employeurs,
notamment ceux qui font appel à des jeunes
défavorisés ou handicapés.
Lorsque la conjoncture est favorable, des
apports de fonds publics sont certainement
utiles. Mais ce n’est pas la même chose de
fi nancer l’apprentissage lorsque des emplois
sont à pourvoir que lorsque des millions de
jeunes sont au chômage. Les autorités ont-
elles les moyens de fi nancer une génération
tout entière ?
Des réformes du marché du travail
génératrices d’emplois contribueraient à
faire avancer les choses et sont au moins
aussi importantes que l’aide publique.
La longue tradition d’apprentissage de
l’Allemagne ne l’a pas empêchée d’être
considérée comme « l’homme malade de
l’Europe » dans les années 90. Les réformes
du marché du travail engagées depuis
expliquent sa bonne performance récente.
L’OCDE souligne que les tentatives de se
soustraire à de véritables réformes par
l’adoption de régimes de préretraite destinés
à libérer des emplois pour les jeunes ne
fonctionneront pas : leurs coûts sont élevés
et leurs avantages, minimes. Tant que le
préjugé social en faveur des qualifi cations
Les gouvernements devraient cesser de sacraliser l’enseignement universitaire
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Sur www.oecd.org/librairie
universitaires perdurera et que les décideurs
n’auront pas redoré l’image de la « formation
professionnelle », un nombre inacceptable
de jeunes n’aura pas accès à des emplois
gratifi ants et productifs. Grâce à des
apprentissages de qualité, les compagnons
de demain auront la chance d’apprendre et
de travailler dans des secteurs prometteurs
et, peut-être, de devenir aussi à leur tour des
« maîtres ». Lyndon Thompson
Pour plus d’informations, contacter Mark Keese à l’OCDE.
Références
OCDE (2013), Le Plan d’action de l’OCDE pour les jeunes, www.oecd.org/fr/els/emp/Plan-action-pourlesjeunes.pdf
The Economist (2013), « Ein neuer Deal? –Germany’s vaunted dual-education system is its latest export hit », The Economist.
BBC News (2012), « Apprenticeships scheme to train pilots and lawyers », BBC News.
BBC News (2013), « Apprentices ‘more employable’–survey ». BBC News.

Entre 1980 et maintenant, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus est passé de quelque 380 à plus de 760 millions. Et les projections des Nations-Unies nous prédisent un effectif de 2 milliards en 2050. De tels nombres sont souvent utilisés pour susciter la peur. En fait, comme l’ensemble de la population mondiale va continuer à s’accroître, au milieu du 21e siècle, les aînés devraient représenter 15 à 18 % des habitants de notre planète, avec des pics à 28/30 % dans les pays les plus touchés. Le vieillissement va donc clairement transformer nos sociétés sans pour autant nécessairement les bouleverser. Il exige un effort considérable d’adaptation au niveau des États, mais aussi des familles et des individus.
L’Université de Genève s’enorgueillit d’avoir accueilli en 1972 le premier hôpital de gériatrie du continent européen, fondé sous l’impulsion du Professeur Junod, pionnier d’une approche humaniste de la médecine des aînés, quelqu’un pour lequel il ne fallait pas seulement « ajouter des années à la vie, mais aussi de la vie aux années ». Depuis plus de 20 ans désormais, le Centre interfacultaire de Gérontologie et d’Etudes
des Vulnérabilités (CIGEV) a repris à son compte l’idée que tous les enjeux du vieillissement ne prennent sens qu’à l’aune du bien-être des aînés et de la densité du lien social. C’est d’ailleurs ce que l’Union européenne a validé en consacrant l’année 2012 au vieillissement actif et aux relations intergénérationnelles, en mettant l’accent sur la citoyenneté, sur la participation. Cette volonté de positiver est la bienvenue mais elle ne doit pas cacher que la vieillesse reste aussi la période la vie où les pertes excèdent les gains, où l’individu âgé subit des deuils, doit adapter son mode de vie et son identité pour s’accepter vieux et faire face à la menace de perdre son autonomie, de devenir dépendant.
C’est pour étudier ces processus complexes et éminemment humains que le CIGEV a développé une expertise internationalement reconnue dans les méthodes d’enquête pour donner la parole aux personnes âgées elles-mêmes, pour documenter objectivement leurs réalités de vie mais aussi pour capturer leur ressenti subjectif. Une telle ambition impose une démarche interdisciplinaire, un dialogue des sciences sociales, de la psychologie, de la médecine mais aussi du droit et de l’éthique. C’est grâce à cet ensemble de compétences que le CIGEV est devenu l’un des fondateurs du Pôle National de Recherche LIVES, qui allie plusieurs institutions universitaires suisses. LIVES étudie les vulnérabilités à travers le parcours de vie, et bien sûr les résistances et fragilités de la vieillesse y ont leur juste place.
Au-delà de la Suisse, un enjeu mondial comme le vieillissement appelle une science internationale qui est la marque d’excellence de l’Université de Genève. Parmi les pays dits développés, un réseau consacré aux études gérontologiques s’ancre dans le partenariat stratégique qui unit les Universités de Genève, Montréal et Bruxelles. Il associe aussi Western Ontario, le Conseil espagnol de la Recherche scientifique, l’Université de Umea en Suède et son programme « Ageing and Living Conditions », et bientôt des centres au France, au Japon et en Corée. Dans un deuxième temps, ce réseau devra impérativement s’ouvrir au Sud, aux groupes de recherche des pays en voie de développement et des géants émergeants, dont la population va vieillir avant d’être sortie de la pauvreté ! Pour faire face à ce défi singulier, il sera crucial de procéder à des transferts intelligents de connaissances et d’expériences, du Nord vers le Sud mais aussi du Sud vers le Nord. L’Université de Genève entend bien être un acteur de premier plan de ce dialogue à venir.
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L’université de Genève adresse un défi personnel et un enjeu mondial
Podium

44
SOCIÉTÉ
Immigration : balayer une idée reçue
Dans les menaces relayées par les tabloïds, les immigrés occupent une
place de choix. Parcourez les pages ou les commentaires en ligne des
journaux les plus virulents, et vous verrez les immigrés accusés de
voler des emplois, ou encore de fuir le travail et de « vivre aux crochets
de l’État ».
Ces opinions représentent peut-être des extrêmes, mais elles
reflètent une certaine ambivalence, voire l’hostilité du public
envers les immigrés dans un certain nombre de pays de l’OCDE. Les
témoignages sont légion. Un chroniqueur de The Economist rapporte
une rencontre entre un parlementaire britannique et un membre de
sa circonscription : « Je ne suis pas raciste, dit Phil, chômeur habitant
le quartier difficile de Greenwich à Ipswich, mais il faut faire quelque
chose à leur sujet ».
Les enquêtes le confirment : selon une étude de 2011 menée dans
cinq pays européens et aux États-Unis, au moins 40 % des personnes
interrogées dans chaque pays considéraient l’immigration « davantage
comme un problème que comme une chance ». Plus de la moitié
des personnes interrogées dans ces pays étaient en accord avec la
proposition selon laquelle les immigrés étaient une charge pour les
services sociaux. Cette idée que les immigrés vivraient des prestations
de l’État semble largement répandue. Mais est-elle vraie ?
D’après une nouvelle étude de l’OCDE, ce n’est pas le cas. Dans
les pays de l’OCDE en général, les impôts payés par les immigrés
s’équilibrent plus ou moins avec ce qu’ils perçoivent sous forme
d’allocations. Même là où les immigrés ont effectivement un impact
sur les deniers publics (un « impact budgétaire »), celui-ci ne dépasse
0,5 % du PIB que dans 10 pays de l’OCDE, et a davantage tendance
a être positif que négatif. En bref, selon le rapport, « les immigrés
ressemblent beaucoup au reste de la population » pour ce qui est de
leur impact budgétaire.
Il est frappant de voir à quel point cela est vrai pour l’ensemble des
pays de l’OCDE, même s’il existe bien sûr des variations qui reflètent
en grande partie la nature de l’immigration dans les différents pays.
Par exemple, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande recourent largement
à l’immigration sélective, et attirent ainsi beaucoup d’immigrés
relativement jeunes et instruits. Dans d’autres pays, du Nord de
l’Europe notamment, les immigrés humanitaires comme les réfugiés
et les demandeurs d’asile sont plus nombreux.
Cela dit, de nombreux pays ont récemment commencé à attirer des
immigrés qualifiés, en partie pour la valeur économique de leurs
compétences, mais aussi parce que ce type de politique est mieux
accepté par la population. Ainsi, au Royaume-Uni, où la résistance face
à l’immigration est relativement forte, une enquête a révélé que 64 %
des personnes interrogées souhaitaient réduire l’immigration des
travailleurs peu qualifiés, mais que ce pourcentage tombait à 32 %
lorsqu’il s’agissait des immigrés hautement qualifiés. En effet, l’une
des craintes fort répandues à propos des immigrés peu qualifiés est
qu’ils vivent des prestations publiques.
Mais encore une fois, le rapport de l’OCDE est surprenant : comme
les immigrés en général, les immigrés peu qualifiés ne représentent
ni un fardeau ni un bénéfice pour les finances publiques. De fait, ils
sont moins susceptibles d’avoir un impact budgétaire négatif que la
population nationale équivalente. Brian Keeley
Cet article a initialement été publié sur www.OECDinsights.org en juin 2013
Mike
Seg
ar/R
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L’« impact budgétaire » des immigrés a davantage tendance a être positif que négatif.


46
Énergie : les défis mondiaux Ulrich Benterbusch, Directeur de la Politique énergétique mondiale, Agence internationale de l’énergie
Philip
Nob
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rs
depuis plusieurs années, une série cohérente
et ininterrompue de travaux. Cette continuité
est non seulement la clé du succès du
G20, mais aussi celle de son impact sur les
décideurs et les marchés.
La présidence russe actuelle a innové en
regroupant ces travaux en une seule et même
catégorie, la « durabilité énergétique », gérée
par un groupe de travail, qui recouvre à la
fois les marchés de l’énergie et les questions
environnementales. Dans le large éventail de
sujets que ce groupe a traités, on retiendra
les thèmes les plus importants pour l’avenir
énergétique de la planète.
Suppression progressive des subventions
aux combustibles fossiles
Depuis Pittsburgh, l’une des priorités des
pays du G20 a été de réduire les subventions
aux combustibles fossiles qui encouragent la
surconsommation, avantagent de manière
disproportionnée les pays et secteurs les plus
riches et faussent les marchés. Avec l’OPEP,
l’OCDE et la Banque mondiale, l’AIE a produit
une série de rapports mesurant l’importance
et le coût des subventions (environ 523
milliards de dollars en 2011) et défini une
feuille de route mondiale pour les supprimer.
En 2012, les dirigeants des pays du G20 se
sont félicités d’un important rapport d’étape
sur ces suppressions. Pour aller plus loin, à
la suggestion des ministres des Finances,
ces dirigeants introduiront en 2013 un
processus d’examen des réductions des
subventions aux combustibles fossiles par
lequel les pays du G20 pourront se soumettre
volontairement à une évaluation de leurs
pairs. Il s’agit d’un grand pas en avant de
la part de la présidence russe, compte-tenu
notamment des importants problèmes de
subvention que la Russie et d’autres pays
doivent encore régler.
Volatilité des prix
Le G20 étant depuis 2009 le principal
conseil où ses membres peuvent débattre
de questions économiques, les fortes
fluctuations des cours du pétrole, comme
celles de l’an dernier, font naturellement
partie de ses préoccupations principales.
S’appuyant sur les travaux précédents, la
présidence française du G20 en 2011 a fait
de la volatilité des prix des produits une
priorité particulière, plaçant au cœur des
débats la formation et la transparence des
prix du pétrole. La même année, l’AIE avec
l’OPEP, le Forum international de l’énergie
Pour les pays du G20, certaines questions
énergétiques sont très préoccupantes.
Quatre, pourtant, appellent une attention
particulière.
Il y a sept ans, la Russie accueillait le G8 pour
la première fois. L’énergie était au centre des
débats et, de fait, les Principes sur la sécurité
énergétique mondiale fixés au sommet du
G8 à Saint-Pétersbourg ont marqué une
étape importante, avec le renforcement du
concept de « sécurité de la demande », une
concession historique aux intérêts des pays
producteurs d’énergie.
Sept ans après, la Russie accueille
aujourd’hui une réunion du G20 dans
laquelle l’énergie figure encore en bonne
place. Depuis 2006 toutefois, la gouvernance
mondiale a beaucoup changé avec la forte
croissance de la demande des marchés
émergents.
De fait, l’énergie est depuis longtemps un
thème majeur de la réflexion du G20, à
laquelle l’Agence internationale de l’énergie
(AIE) a eu la chance de contribuer depuis le
sommet de Pittsburg en 2009. Le programme
du G20 dans le domaine de l’énergie génère,

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 47
(FIE) et l’Organisation internationale
des commissions de valeurs (OICV) ont
produit un rapport soulignant le rôle, le
fonctionnement et la surveillance des
Agences d’évaluation des prix (PRA), ces
agences d’information privées, cruciales,
qui publient le prix du pétrole échangé sur
les marchés physiques et certains marchés
dérivés.
En 2012, le G20 a demandé à l’AIE de préparer
une note de réflexion sur la formation des
prix. La principale conclusion en était claire :
rien ne prouve que les flux financiers sur les
marchés mondiaux du pétrole provoquent
des mouvements de prix de longue durée par
des mécanismes que ne peuvent expliquer
les fondamentaux des marchés. Sous la
présidence russe, un troisième atelier
conjoint (AIE, FIE et OPEP) a été consacré
à ce thème en mars 2013. Les travaux se
poursuivront jusqu’en 2014, année où doit
paraître un rapport d’audit majeur sur les
PRA.
Transparence des marchés
Les dirigeants des pays du G20 se sont
engagés à augmenter la transparence des
marchés en améliorant la précision et
l’actualité des données sur l’énergie. La
Joint Organisations Data Initiative (JODI) est
ainsi devenue un projet international phare
dont l’AIE fait activement la promotion.
Initialement axée sur le pétrole, cette base
de données statistiques internationale est
actuellement adaptée pour inclure le gaz
naturel.
Ce travail continuera à Saint-Pétersbourg. La
valeur ajoutée de JODI-pétrole sera évaluée
en profondeur et JODI-gaz, lancée récemment,
sera examinée.
Changement climatique : vers Paris 2015
Si les subventions aux combustibles fossiles,
la volatilité des prix et la transparence
des données demeureront des priorités
pour les chefs de gouvernements et
les ministres des Finances, le public
s’intéressera probablement davantage
à la durabilité, à la croissance verte et
surtout au changement climatique, de
Saint-Pétersbourg au sommet de Brisbane
de 2014. Tous les yeux seront alors rivés
sur les préparatifs des négociations
multilatérales sur le changement climatique
qui se tiendront à Paris en 2015. Cette année
déjà, les efforts mondiaux pour contrer
le changement climatique ont enregistré
un triste record lorsque la concentration
de CO2 dans l’atmosphère a dépassé 400
parties par million, témoignage douloureux
de l’incapacité collective à tenir les
engagements nationaux et internationaux
à limiter à long terme la hausse de la
température de la planète à 2°C. Bref, la
communauté internationale sort du droit
chemin et deux ans nous séparent encore
des négociations de Paris.
C’est dans ce contexte qu’en juin 2013, l’AIE
a publié une édition spéciale du World Energy
Outlook intitulée « Redéfinir les contours
du débat énergie-climat », qui présente
quatre mesures cruciales qui pourraient
être adoptées avant 2020, en l’absence
d’accord multilatéral sur le changement
climatique pour rétablir le cap sur les
2°C d’augmentation de la température
mondiale. Ces mesures urgentes, sans coût
économique net et utilisant des technologies
qui ont fait leurs preuves, peuvent
contribuer à maintenir ouverte la voie vers
cet important objectif international. Les
mesures d’efficacité énergétique (s’ajoutant
aux réductions de la construction de
centrales à charbon moins performantes, à
la diminution des émissions de méthane
du secteur pétrolier et gazier en amont et à
l’accélération de l’abandon des subventions
aux énergies fossiles) représentent près de la
moitié de toutes les économies de carbone
jusqu’en 2020. Ces mesures et d’autres
expédients doivent être envisagés d’ici 2015,
et l’AIE encourage les dirigeants des pays du
G20 à les adopter.
Coopération
Ces dernières années, l’AIE n’a cessé
d’élargir et d’approfondir ses coopérations
bilatérales avec des économies émergentes
majeures. Cet engagement renforcé, réponse
naturelle aux évolutions économiques
mondiales, repose sur la conviction qu’une
coopération plus étroite entre acteurs
clés de l’énergie mondiale bénéficie non
seulement aux pays qui y participent
activement, mais à l’ensemble de l’économie
mondiale. C’est dans ce contexte que l’AIE
et des pays du G20 non membres de l’AIE
débattent actuellement de la création d’une
plate-forme multilatérale propice à des
associations et à une coopération plus étroite
sur des questions énergétiques importantes.
Grâce à cette initiative, l’AIE espère influer
sur l’évolution future de la gouvernance
énergétique mondiale dans laquelle les
principales économies émergentes joueront
un rôle majeur. Sa participation aux travaux
du G20 sur l’énergie contribuera à renforcer la
confiance entre toutes les parties prenantes,
indispensable au succès de cette initiative
bienvenue.
Références
AIE (2013), « Redéfinir les contours du débat énergie-climat », Édition spéciale du World Energy Outlook, OCDE/AIE, Éditions OCDE, www.iea.org/media/translations/weo/Redrawing_Energy_Climate_Map_French_WEB.pdf
« Joint report by IEA, OPEC, OECD and World Bank on fossil-fuel and other energy subsidies : An update of the G20 Pittsburgh and Toronto Commitments », Rapport conjoint établi pour la rencontre des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des pays du G20 (Paris, 2011) et pour le sommet du G20 (2011), www.oecd.org/env/49090716.pdf
« Analysis of the Scope of Energy Subsidies and Suggestions for the G-20 Initiative » (2010), Rapport conjoint de l’AIE, de l’OPEP, de l’OCDE et de la Banque mondiale établi pour le sommet du G20, Toronto (Canada), www.worldenergyoutlook.org/media/weowebsite/energysubsidies/G20_Subsidy_Joint_Report.pdf
« The Scope of Fossil-Fuel Subsidies in 2009 and a Roadmap for Phasing Out Fossil-Fuel Subsidies » (2010), Rapport conjoint établi par l’AIE, l’OPEP, l’OCDE et la Banque mondiale pour le sommet du G20, Séoul (République de Corée), www.worldenergyoutlook.org/media/weowebsite/energysubsidies/second_joint_report.pdf
Oil Price Reporting Agencies (2011), Rapport de l’AIE, du FIE, de l’OPEP et de l’OICV, www.iosco.org/library/pubdocs/pdf/IOSCOPD364.pdf
Les efforts mondiaux pour contrer le changement climatique ont enregistré un triste record
ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT

48
Une criminalité plombée
En anglais, lorsque quelqu’un fait quelque chose de stupide, on
lui demande s’il a « mangé de la peinture au plomb » pendant
son enfance. Les effets de l’empoisonnement au plomb ne sont
en effet pas anodins. De nombreux chercheurs pensent que ces
empoisonnements dans l’enfance sont fortement corrélés aux pics
de criminalité. Certes, la causalité n’est pas visible immédiatement,
mais les méta-analyses des autres facteurs semblent toutes désigner
le plomb.
L’homme en utilise depuis des milliers d’années. Dans la Rome
antique, ses usages étaient multiples : teinture pour les cheveux
ou édulcorant pour le vin par exemple, et les femmes aisées chez
les Grecs et dans l’aristocratie européenne jusqu’au XVIIe siècle
s’enduisaient quotidiennement le visage d’un onguent au plomb.
Certains chercheurs lui imputent même en partie la chute de Rome,
aucune société ne pouvant prospérer indéfiniment dans pareil bain
de poison. Aux États-Unis enfin, la baisse de la criminalité à New York
aurait peut-être moins eu à voir avec les résultats du « zéro tolérance »
de l’ancien maire Rudolph Giuliani qu’avec des changements
environnementaux simultanés.
Dans les transports, l’essence au plomb a été mise au point
en 1921, après des années de recherches visant à réduire
le cliquetis dans les moteurs automobiles. L’élimination du
plomb, élément qui ne « disparaît » pas tout seul, est délicate
et dangereuse. L’afflux d’automobiles à essence au plomb dans
les voiries encombrées des États-Unis a entraîné une hausse
fulgurante des émissions, le plomb s’est ensuite infiltré dans le
sol et a pollué le milieu environnant. L’essence au plomb n’est
plus utilisée aux États-Unis ni dans nombre de pays développés
depuis les années 80, mais les gens demeurent très sensibles au
risque d’exposition au plomb : dans tous leurs choix, des jouets
pour enfants aux pièces détachées de motos, la vigilance est
désormais de mise. Par ailleurs, on estime que la peinture au
plomb avait été utilisée dans 38 à 62 millions de logements aux
États-Unis, ainsi que sur des jouets, berceaux ou lits de bébé : son
ingestion, fréquente chez l’enfant quand la peinture commence
à s’écailler, s’avère particulièrement néfaste.
Corrélation frappanteL’économiste Rick Nevin fut le premier à remarquer cette
corrélation en 1994, en étudiant le problème de l’élimination
de la peinture au plomb pour le compte du ministère du
Logement et du Développement urbain américain. Beaucoup
d’études reliaient déjà le plomb à la baisse du QI ou à la
délinquance juvénile, mais pour M. Nevin, il fallait remonter
encore plus loin : entre les années 40 et la fin des années 70,
l’évolution de l’exposition au plomb avait suivi une courbe en U,
identique à celle du taux de criminalité 23 ans plus tard. Leur
exacte correspondance pouvait expliquer 90 % de la variation de
la criminalité violente aux États-Unis. Conclusion confirmée par
d’autres études, selon lesquelles le nombre d’homicides avait
quadruplé dans les comtés les plus pollués au plomb, et celui
des violences aggravées atteignait 90 % de plus que la moyenne.
La chute spectaculaire de 75 % du taux de criminalité dans la
ville de New York observée depuis le début des années 90
témoigne de la radicalité du changement.
Les effets du plomb sont très répandus. Une déclaration de
l’OCDE de 1996 sur la réduction des risques liés au plomb expose
clairement les problèmes, et appelle les pays à travailler aux
niveaux national et international afin de réduire ces risques.
Notre action collective dans ce sens a heureusement fait des
merveilles pour de nombreuses vies humaines. Aux États-Unis,
des entreprises spécialisées dans la dépollution ont assaini des
zones massivement empoisonnées au plomb, notamment la base
d’entraînement militaire de Massachusetts Military Reservation,
où 36 500 tonnes de plomb ont été traitées. En présence d’une
moindre quantité, dans la peinture de votre logement par
exemple, il suffit de neutraliser l’exposition en repeignant
par-dessus. En plus ou moins grande quantité, le plomb n’est
jamais sans risque pour le corps humain, il est donc vital de vous
soumettre à des contrôles, ainsi que vos enfants, et de prendre
garde aux matériaux et espaces à haute teneur en plomb.
Angel Rodriguez, pour L’Observateur de l’OCDE
Références
OCDE (1996), Déclaration sur la réduction des risques liés au plomb, 19 février 1996, référence C(96)42/FINAL
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L’instantané. S’il est un terme qui définit bien le monde d’aujourd’hui, c’est bien celui-là. Les nouvelles se propagent à la vitesse de l’éclair. Les contenus sont interprétés à la seconde. Les prédictions se succèdent à un rythme effréné. Ce qui n’est pas sans conséquence. Car l’instantanéité amplifie la volatilité. Dans un tel contexte, le recul s’impose. Et la vision à long terme s’avère plus que jamais pertinente, soutient la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Force est de constater que le monde a changé. Il est à la fois instable, instantané et profondément interrelié. Sur les marchés financiers, cela se traduit par des fluctuations de plus en plus amples, et toujours plus rapides. Cela accroît d’autant la nervosité des investisseurs, qui sont nombreux à chercher la performance à court terme pour satisfaire leur clientèle. Ce faisant, ils achètent et vendent au gré des rumeurs, ce qui amplifie la volatilité. L’un nourrit l’autre, créant un véritable cercle vicieux.
Devant cette situation, la Caisse a choisi de se concentrer sur le fondement de son mandat : le long terme. En effet, elle gère les actifs de 29 caisses de retraite et d’assurance qui, par définition, ont elles-mêmes des obligations à long terme. Elle doit répondre à leurs besoins tout en contribuant au développement économique. Au cœur de sa mission figure donc la notion de durabilité. D’où la nécessité – et la pertinence – de mesurer son horizon d’investissement en années – 3, 5, 10, voire plus – plutôt qu’en trimestres ou en semestres.
La valeur intrinsèque plutôt que le mirage financierPour concrétiser cette vision, la Caisse a axé sa stratégie d’investissement sur un élément central : la valeur intrinsèque. Elle cible avant tout des actifs dont la valeur est directement liée à l’économie réelle. Cela signifie investir dans :
• des entreprises qui offrent des services utiles ou qui fabriquent des objets de tous les jours;
• des infrastructures qui facilitent l’activité économique;• des immeubles où les gens habitent, travaillent ou font leurs achats.
Pour que ces investissements soient rentables, ils doivent reposer sur des critères de qualité et des convictions fortes. La recherche revêt donc une
importance fondamentale. La recherche économique et financière, certes, mais aussi la recherche multidisciplinaire, qui s’appuie sur une expertise opérationnelle et sectorielle. L’objectif consiste à sélectionner des projets bien ficelés et des entreprises bien gérées. Non pas celles qui font partie de l’indice, mais celles qui sont les mieux positionnées. C’est pourquoi la Caisse a commencé à ajouter des spécialistes de différents domaines à son équipe – ingénieurs, géologues, experts en télécommunications ou en transport, etc. –, afin d’enrichir l’expertise dont elle dispose déjà.
Des partenaires solides, un complément nécessaire à l’expertise interneMalgré tout, la Caisse est consciente que nul n’est expert dans tout. Ce qui est particulièrement vrai dans les pays plus loin de chez soi. Or, elle compte accroître ses investissements dans des marchés émergents. Pour aller chercher une expertise complémentaire, elle souhaite s’associer avec des sociétés solides et bien implantées localement.
Cette stratégie s’est déjà avérée particulièrement probante au Brésil, où un partenariat avec la société immobilière Ancar a permis à une filiale de la Caisse de devenir un acteur majeur de l’industrie locale des centres commerciaux. Pour que ce soit un succès, il importe de trouver des partenaires qui ont aussi des intérêts communs. Et surtout, de bien se connaître mutuellement.
Une approche avantageuse à plusieurs égardsViser le long terme ne peut se faire sans qu’il y ait des coûts à court terme. Entre le moment où un investisseur s’engage dans un projet d’infrastructure et celui où il en récolte les fruits, il peut s’écouler des années. Il en va de même quand il s’agit d’investir dans la croissance d’une entreprise. C’est une stratégie qui nécessite vision, patience et courage.
Mais les avantages sont également incontestables. Les entreprises gagnent des partenaires financiers solides sur qui elles peuvent compter à longue échéance. Les régions gagnent des investisseurs qui soutiennent leur économie par des projets structurants. Et ceux qui misent sur le long terme, comme la Caisse, ne sont pas en reste puisqu’ils ont accès à des transactions d’envergure et qu’ils peuvent donner le temps aux actifs acquis de prendre leur pleine valeur. Il s’agit donc d’une stratégie qui profite à toutes les parties prenantes.
Et si le long terme était la réponse à l’instantané ?
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Fou
gère
s
Canada 57,4
États-Unis 20,3
Zone euro 7,2
Royaume-Uni 4,5
Japon 1,5
Marchés en émergence 5,7
Autres 3,4
Total 100,0
La répartition géographique de l’actif total des déposants* de la CaisseEn pourcentage – au 31 décembre 2012
*Au 31 décembre 2012, l’actif total des déposants s’élevait à 213,8 G$ CA.
Podium

50
Mesurer les objectifs pour le développementLa révolution des données Johannes Jütting, Directeur, PARIS21
Les efforts de développement sont souvent freinés par le manque de données. Il faut faire bien plus pour améliorer les statistiques officiellesdes pays en développement, particulièrement en vue des nouveaux objectifs de développement pour l’après-2015.
Bono, le chanteur de U2, pressent-il
l’approche d’une révolution des données ?
Il s’est récemment déclaré « factiviste » (un
activiste pragmatique qui entend défier la
pauvreté chiffres à l’appui). Bono soutient
que si la tendance à la baisse se maintient,
« nous pouvons nous rapprocher de la ‘zone
zéro’ et voir l’extrême pauvreté quasiment
éliminée vers l’année 2028. » Pourrait-il avoir
raison ? Nous ne le saurons peut-être jamais,
faute d’améliorer la qualité et la disponibilité
du vaste ensemble de données qui mesurent
les progrès. L’échéance des Objectifs du
millénaire pour le développement (OMD)
approchant, le Groupe de haut niveau des
Nations unies chargé du programme de
développement pour l’après-2015 a appelé à
une « révolution des données ». Les OMD et
les objectifs nationaux correspondants ont
eu pour effet de renforcer la production de
statistiques et leur utilisation. Nous avons
désormais accès à davantage de données
(notamment des données massives),
ainsi qu’à de nouvelles approches du
renforcement des capacités statistiques. Le
soutien financier (provenant en majorité de
la Commission européenne, de la Banque
mondiale, du Fonds des Nations unies pour
la population (FNUAP) et du Royaume-Uni) a
fortement augmenté : 2,3 milliards de dollars
ont été dédiés aux statistiques de 2010 à
2012, soit une augmentation de 125 % depuis
2008. Parallèlement, plus de 100 pays ont
adopté l’approche des stratégies nationales
de développement de la statistique (SNDS),
une référence internationale pour le
renforcement des capacités statistiques.
Pourquoi alors appeler à une « révolution
des données » ? Les données officielles
nationales, indispensables pour mesurer
les progrès et atteindre des résultats
durables, laissent à désirer. Il y a un hiatus
entre les OMD et les capacités nationales
nécessaires pour les mesurer et leur donner
corps, à l’origine de disparités entre chiffres
nationaux et internationaux.
Prenons l’éducation au Mozambique. D’après
les estimations nationales, 90 % des élèves
inscrits en première année terminent le
cycle d'enseignement primaire, soit un
pourcentage deux fois plus élevé que celui
calculé par les Nations unies. De tels écarts
créent une base de travail peu fiable (voir
graphique). Si de nombreux écarts de ce
type ont été réduits, comme au Népal et en
Zambie, beaucoup persistent et nuisent aux
programmes de développement.
Comment obtenir de meilleures données,
plus fiables ? Les ressources sont un élément
clé : moins de 1 % de l’aide publique
au développement (APD) est destinée à
l’amélioration des capacités statistiques
nationales. Même si cette proportion
augmentait, nous aurions besoin d’une
stratégie globale pour identifier les lacunes
dans la production de données, rendre les
statistiques existantes plus accessibles et
mobiliser les énergies internationales afin
d’élaborer un cadre de référence pour évaluer
les performances après 2015.
Il faut aussi raccourcir les délais de
production des données. Même dans les
pays aux méthodes optimisées, les décideurs
déplorent de ne pas disposer des données
requises en temps voulu, que ce soit pour
faire face aux pénuries alimentaires ou pour
construire des écoles. « Apportez-moi des

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 51
DÉVELOPPEMENT
statistiques ! », répétait l’ancien Président
nigérian M. Obasanjo. Et il avait raison.
Malgré l’explosion du nombre de données
disponibles, les statistiques officielles de
nombreux pays en développement sont
souvent de qualité inégale, dépassées et trop
peu fréquentes.
Même si les responsables nationaux sont
confrontés à de graves lacunes sur le plan
de la connaissance, il est possible de mieux
exploiter les ressources disponibles. Des
données et des enquêtes existent, il suffit de
les rendre plus accessibles.
Le Programme statistique accéléré (PSA)
améliore cette situation, en aidant 45
bureaux statistiques nationaux à maintenir
des catalogues d’enquêtes en ligne.
Les utilisateurs peuvent rechercher les
données dont ils ont besoin et y accéder
librement. L’Agence centrale des statistiques
éthiopienne a publié plus de 100 enquêtes
dans son catalogue, avec une politique claire
d’accès aux micro-données. Le Rwanda, la
Tanzanie et le Nigéria ont une politique de
diffusion ouverte et communiquent des
micro-données aux chercheurs.
Cependant, on peut faire plus encore,
notamment grâce à l’innovation
technologique. Selon Bill Gates, « l’innovation
en matière de mesure est fondamentale pour
trouver de nouveaux moyens efficaces de
délivrer ces outils et services aux cliniques,
aux exploitations familiales ou aux salles de
classes qui en ont besoin ». L’expansion de
l’accès à Internet et à la téléphonie mobile,
ainsi que la baisse rapide des coûts des
technologies innovantes, ouvrent une voie
prometteuse pour les enquêtes statistiques.
Les téléphones mobiles sont un bon
exemple : au Kenya, 93 % des foyers en
possèdent, et le phénomène se généralise
rapidement. Pour les statisticiens, ces
téléphones sont un moyen de moderniser et
renforcer les méthodes classiques de collecte
de données par le biais d’enquêtes auprès
des ménages par téléphone, par SMS ou en
utilisant des outils numériques d’enquête, etc.
La « révolution des données » se fera pour,
par et à propos de la population. Il n’est
pas surprenant que tant d’organisations
internationales, dont l’OCDE, fournissent des
données plus ouvertes et plus accessibles,
et que des groupes de la société civile comme
ONE, Oxfam et Development Initiatives
appellent activement à des statistiques
plus démocratiques, ouvertes et humaines,
fondées par exemple sur le bien-être plutôt
que sur la seule croissance économique.
Le développement en bénéficie-t-il
vraiment ? Shaida Badiee, de la Banque
mondiale, a souligné au cours d’une récente
réunion de PARIS21 que les capacités
statistiques doivent d’abord devenir plus
intelligentes. La demande de données est au
plus haut et la « révolution des données » nous
offre une occasion historique de puiser dans
les sources de données massives et ouvertes.
Que l’on considère des préoccupations
anciennes comme la lutte contre la pauvreté
et la maladie, ou plus modernes, comme
la problématique hommes-femmes ou
l’alphabétisation des enfants, les objectifs
de développement post-2015 peuvent
s’appuyer sur des indicateurs plus solides
et instantanés que jamais.
Bien sûr, de meilleurs outils statistiques
ne suffisent pas à améliorer les décisions
politiques, et moins encore la condition
humaine. PARIS21 ne le sait que trop bien :
des politiques malavisées empêchent
l’exploitation des meilleures données.
Cependant, des données factuelles,
rassemblées en masse et en profondeur,
en associant la population, ne peuvent être
ignorées longtemps.
C’est pourquoi PARIS21 aide activement les
pays à développer leurs capacités statistiques
et à en tirer des données probantes. Appelons
cela du « factivisme », une forme d’action qui,
selon nous, peut donner du poids à la
« révolution des données » et, comme l’espère
Bono, aider à se débarrasser définitivement
de la pauvreté.
Références
Elliot, M. (2013), Bono : Fight poverty to reach the “Zero Zone”, www.CNN.com.
Chen, Shuang, et al. (2013, à paraître), « Towards a Post-2015 Framework that Counts: Aligning Global Monitoring Demand with National Statistical Capacity Development », PARIS21 Discussion Paper Series, n° 1.
Prydz, Espen (2013, à paraitre) « ‘Knowing in Time’: How technology innovations in statistical data collection can make a difference in development », Paris21, OCDE, Paris.
Voir www.paris21.org.
PARIS21
Le Partenariat statistique au service du développement au XXIe siècle (PARIS21) est un partenariat mondial de statisticiens et d’utilisateurs de statistiques, de donneurs et de partenaires techniques provenant de pays développés et en développement. PARIS21 œuvre à l’amélioration des capacités statistiques nationales et de la fiabilité des données utilisées dans le processus décisionnel. L’un de ses rôles clés depuis sa création en 1999 est d’aider les pays à élaborer des stratégies nationales de développement de la statistique (SNDS), en offrant éclairages et conseils. Beaucoup d’acteurs de PARIS21 sont à la pointe des techniques d’enquêtes et membres du Réseau international pour les enquêtes auprès des ménages (IHSN, www.ihsn.org) qui encourage la coordination au sein des organisations et institutions internationales. Il est complété par le Programme statistique accéléré (PSA) qui a pour finalité l’amélioration des données d’enquête et de l’accès à ces données. L’IHSN et le PSA sont mis en œuvre par PARIS21 en étroite collaboration avec la Banque mondiale.
100
90
80
70
60
50
40
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20
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2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
ONU Administration ONS
Source : PARIS21
Écarts de mesure% des élèves inscrits en première
année terminant le cycle d'enseignementprimaire, Mozambique

L’Université de Sherbrooke est un incontournable du paysage universitaire nord-américain. Dès sa création, en 1954, l’Université place la réussite étudiante au centre de ses préoccupations, intègre l’innovation dans tous ses champs d’intervention et devient un authentique modèle d’avant-gardisme en matière d’enseignement, de recherche et de développement durable.
« Depuis bientôt 60 ans, le rayonnement exceptionnel de l’Université de Sherbrooke s’appuie sur des modèles uniques de maillage université-collectivité, explique la rectrice de l’institution, la professeure Luce Samoisette. Tant en enseignement qu’en recherche, nous créons des lieux de collaboration où les chercheurs et les étudiants de toutes les disciplines travaillent avec les intervenants de différents milieux dans un même but, répondre aux besoins de la société. Cette approche remonte à notre fondation, elle est intégrée dans notre ADN. »
Sise dans la magnifique région des Cantons-de-l’Est, dans la province de Québec au Canada, l’Université de Sherbrooke est une université urbaine entourée de montagnes, de lacs et de forêts. Ses trois campus accueillent quelque 37 000 étudiants dans toutes les disciplines, répartis entre 47 programmes de baccalauréat, 54 programmes de maîtrise et 32 programmes de doctorat, tous donnés en français. Avec plus de 75 chaires de recherche, l’Université de Sherbrooke est la première université canadienne à avoir franchi le cap des 100 M $ CA en redevances obtenues pour les découvertes de ses professeurs.
Ce sont des chercheurs de l’Université de Sherbrooke qui ont conçu, en 1989, la technologie de compression de la voix ACELP, qui permet aujourd’hui à des milliards de personnes de communiquer chaque jour par téléphonie mobile ou par les applications de diffusion audio sur Internet. L’innovation à l’Université de Sherbrooke, c’est également un livre exceptionnel sur les origines du SIDA, l’une des 19 chaires
d’excellence au Canada, un tout nouveau dictionnaire électronique du français et des centaines d’autres exemples.
Véritable moteur en matière d’innovation ouverte, l’Université de Sherbrooke, IBM et Teledyne Dalsa ont créé le plus important centre de microélectronique au Canada, le Centre de Collaboration MiQro Innovation (C2MI). Avec un investissement de plus de 200 millions de dollars, cette infrastructure de recherche permet le développement de nouvelles technologies dans des domaines aussi variés que la santé, les télécommunications et les nouveaux médias. Conjointement avec BRP, l’Université a également fondé le Centre de technologies avancées permettant de nombreuses innovations notamment dans le domaine du transport électrique. Tout récemment, l’UdeS a fondé le Centre collaboratif canadien sur la photovoltaïque concentrée, dont les principaux partenaires sont l’Université d’Ottawa et le groupe PROMES du CNRS, en France. L’Université est également un acteur important du Réseau Biofuelnet, le réseau de centres d’excellence canadien sur les biocarburants avancés. Par ses stratégies de partenariats, l’UdeS joue un rôle de premier plan dans l’émergence des technologies d’avant-garde qui diminueront notre dépendance aux énergies fossiles. Et les engagements de l’UdeS en matière de développement durable ne se limitent pas à la recherche.
Nouvelles constructions écologiques, création d’espaces naturels, gestion exceptionnelle des matières résiduelles, réduction des émissions de gaz à effet de serre : l’Université de Sherbrooke est l’université classée la plus « verte » au Canada. Véritable laboratoire en matière d’intégration du développement durable, l’UdeS est sixième au monde selon le classement du GreenMetric World University Ranking.
Réputée pour son ingéniosité et son audace, l’Université de Sherbrooke a par ailleurs révolutionné la façon d’enseigner, notamment grâce à l’apprentissage par problèmes (APP). L’APP est une approche intégrée par laquelle les étudiants sont appelés à prendre en charge leur formation et à développer leur autonomie, condition essentielle au succès professionnel. L’UdeS fait figure de modèle en matière de mise en œuvre de stratégies d’APP.
Qui plus est, Sherbrooke a été la première université francophone à adopter le régime d’enseignement coopératif permettant l’alternance entre les trimestres d’études et de travail. L’Université est aujourd’hui l’une des plus importantes universités en Amérique du nord ayant recours à cette méthode d’enseignement, qui permet à ses étudiants d’être mieux préparés à relever les défis de leur nouvelle profession. Il n’est donc pas étonnant de constater que l’UdeS se démarque par son excellente réputation auprès des employeurs, ce qui en fait une des universités les plus appréciées du Canada.
Une université sans frontières
www.usherbrooke.ca
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L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 53
La dignité et les individusSon Altesse royale le Prince héritier Haakon de Norvège
Parler de dignité, c’est parler des hommes. La dignité est une valeur
intrinsèque de l’homme, elle lui est innée. La dignité naît aussi des
relations entre les hommes. Nous n’y pensons pas ou n’y prêtons
guère attention au quotidien parce que nos familles, nos amis, ont la
chance de mener une vie relativement privilégiée. D’autant qu’il est
difficile de savoir vraiment combien de personnes ont des conditions
de vie difficiles – sans compter que leurs voix sont moins souvent
entendues.
L’OCDE compile des statistiques, des indicateurs et des analyses qui
font appel à de grandes quantités de chiffres : PIB en euros, dépenses
de santé en dollars, taux d’abandon scolaire, années d’éducation,
chiffres du chômage. Mais derrière ces données, il y a des individus,
faits de chair et de sang.
À bien y réfléchir, le chiffre 100 n’est pas toujours égal à 100. Quelle
différence entre un groupe de 100 personnes pleines d’assurance, qui
se font confiance et ont une solide formation de base, et un groupe
de 100 personnes peu sûres d’elles, méfiantes et n’ayant aucune
formation élémentaire !
Si vous faites partie du premier groupe, vous pourrez certainement
réussir par les voies traditionnelles. Vous aurez sans doute plus
d’obstacles à surmonter si vous appartenez au second.
La plupart des gens estiment que subvenir à ses besoins, pouvoir
exploiter ses talents et jouir d’une certaine sécurité est primordial.
Avoir un emploi régulier et décent est souvent essentiel pour réaliser
ces objectifs. Une période de chômage prolongée peut donc fragiliser
les gens dans leur estime de soi et leur dignité. Les chômeurs –
particulièrement les jeunes chômeurs – ont besoin de notre soutien.
Il nous appartient, en tant que sociétés, de ne ménager aucun effort
pour créer des emplois, élaborer des programmes du marché du travail,
rendre les prestations sociales accessibles aux chômeurs et doter
ceux-ci des compétences adéquates.
J’ai mentionné la première constitution de la Norvège, l’une des plus
démocratiques de son époque. Mais il y a 200 ans, la démocratie telle
que nous la concevons aujourd’hui n’existait nulle part : en effet, le
vote était alors réservé à quelques hommes et refusé aux femmes.
Peut-être qu’il y a 200 ans, les femmes ne percevaient pas le déni du
droit de vote comme une atteinte à leur dignité. Aucune femme au
monde ne jouissait alors de ce droit, la situation pouvait donc être
jugée normale. Mais, il y a 120 ans, quelques femmes progressistes
ont commencé à penser qu’il n’était pas juste de dénier leurs droits
civiques fondamentaux. Elles étaient traitées comme des êtres
humains inférieurs.
Dans deux semaines, le 11 juin, la Norvège célèbre le centenaire de
l’octroi du droit de vote aux femmes. La Norvège est le quatrième
pays au monde à avoir adopté le suffrage universel, donnant ainsi
aux femmes et aux hommes les mêmes droits démocratiques.
D’autres pays membres de l’OCDE, la Nouvelle Zélande, l’Australie
et la Finlande, ont été à l’avant-garde dans ce domaine. Il y a 100 ans,
une telle décision était sans précédent et suscitait la controverse ;
aujourd’hui, inverser la tendance serait évidemment impensable.
Pourtant, de nos jours, alors que tous nos pays ont adopté le suffrage
universel, « le défi de l’égalité » s’est déplacé. Beaucoup reste à faire
dans l’ensemble de nos pays, tant pour assurer l’égalité hommes-
femmes que pour faire en sorte que le milieu d’origine d’un individu
ne limite pas injustement ses perspectives.[...]
[On peut aussi tirer] trois enseignements qui valent pour d’autres
organisations et pour la société en général.
Premièrement, si un édifice est bâti sur des valeurs comme la dignité,
la confiance et l’égalité, la construction sera plus solide. Deuxièmement,
nos dirigeants doivent être clairvoyants et déterminés, et un leader
doit savoir diriger – et être un modèle – aussi dans des domaines plus
abstraits comme les relations interpersonnelles. La question de la
dignité doit être fondamentale et non juste la cerise sur le gâteau.
Dernier enseignement, l’aspiration à devenir une société plus inclusive,
plus civilisée et plus humaine est permanente. Nous devons nous y
atteler sans relâche, individuellement et collectivement. C’est une
tâche ardue mais extrêmement gratifiante. [...]
Extrait de l’allocution d’ouverture de la Semaine de l’OCDE, « L’humain avant tout : emploi, égalité et confiance – et dignité », 28 mai 2013. Le texte intégral est disponible sur www.oecd.org/forum
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Croissance, confiance, durabilitéForum de l’OCDE, 28-29 mai 2013
Promouvoir une croissance inclusive, restaurer la confiance, favoriser la durabilité: tels étaient les trois thèmes centraux des débats du Forum annuel de l’OCDE en mai 2013. Depuis 2000, le Forum s’est imposé comme un sommet international d’importance majeure. Il se tient en parallèle à la Réunion ministérielle du Conseil et ouvre la Semaine de l’OCDE. Cet événement public permet aux citoyens de tous les pays et milieux – entreprises, syndicats, société civile, étudiants et universitaires, ainsi que ministres – de débattre des défis mondiaux, et d’alimenter les débats ministériels. Cette année, 1 520 participants originaires de 63 pays ont débattu avec 176 intervenants d’un ensemble de questions mondiales de première importance, et des millions d’internautes ont pu participer en ligne.
En rappelant à une salle bondée l’importance de la dignité, le Prince héritier Haakon de Norvège a donné le ton, dans son discours d’ouverture, aux sessions suivantes (voir page 53). Celles-ci ont commencé par une présentation de l’Indice du vivre mieux de l’OCDE, qui a reçu plus de 2 millions de visites provenant de 180 pays depuis son lancement en 2011, et se sont poursuivies par des débats animés sur, notamment, l’avenir de l’éducation, les banques, les petites entreprises, la classe moyenne mondiale, l’austérité et la croissance, la confiance accordée aux gouvernements, et la manière dont les chaînes de valeur mondiales transforment les échanges. Les inégalités, la parité, la renaissance de l’Afrique et la présentation de la dernière édition semestrielle des Perspectives économiques de l’OCDE étaient des temps forts de la deuxième journée du Forum.
Le Forum de l’OCDE est une manifestation ouverte à l’entière participation du public, avec ses ateliers de Fabrique-à-idées, ses déjeuners-débats, ses tweets et plateformes interactives de médias sociaux, ainsi que son application spécialement développée
pour le Forum.
Les citations qui suivent donnent un aperçu des discussions. Voir www.oecd.org/fr/forum pour plus d’informations.
CO
NFIAN
CE
« Nos sociétés sont con-frontées à certains des plus grands défis de l’histoire. Elles ont besoin d’aide… Partageons notre savoir, re-poussons les limites de notre imagination et trouvons de nouvelles stratégies. »
Angel GurríaSecrétaire général, OCDE
EMPLO
IS
« L’accès aux liquidités est absolument vital pour les PME, bien plus que les taux d’imposition. »
Heather McGregorFinancial Times Weekend
ÉGALITÉ
« La libéralisation économique était censée… homogénéiser et abattre les clivages de caste, religieux ou géographiques. Ce n’est pas ce qui s’est passé, que ce soit en Inde ou en Chine. Les clivages se sont accentués. »
Samir Saran, Vice-président, Observer Research Foundation, Inde
OCDE.ORG SEMAINE DE L’OCDE

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 55
EMPLO
IS
« La question de la fiscalité mondiale est liée à la respon-sabilité sociale des entreprises. Celles-ci sont en train de revoir la manière dont elles souhai-tent que leur empreinte soit perçue par les consommateurs. Il est dans leur intérêt commer-cial de se comporter de façon plus responsable. »
Fleur PellerinMinistre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique, France
CO
NFIAN
CE
« L’ADN des banques n’a pas changé… Aussitôt que la confiance sera de retour, elles reprendront leurs vieilles habitudes. »
Joris LuyendijkThe Guardian
ÉGALITÉ
« L’égalité n’est pas un problème de femmes, c’est un problème économique. »
Ronnie Golberg, Vice-présidente exécutive et Directrice principale des politiques, USCIB
OCDE.ORG

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L’humain avant tout Emploi, égalité et confianceRéunion du Conseil au niveau des Ministres, 29-30 mai 2013
Après plus de cinq années de crise financière, économique et sociale,
les pays du monde entier restent confrontés à des enjeux de taille
comme une croissance faible, un chômage élevé, des inégalités
croissantes et une perte de confiance dans les institutions. Des
stratégies globales qui accordent la priorité aux besoins des individus
sont nécessaires pour instaurer une croissance solide, durable et
inclusive.
Tel était le contexte dans lequel s’est tenue la Réunion du Conseil de
l’OCDE au niveau des ministres (RCM) en mai dernier. Présidée par
la Norvège, sous la vice-présidence de l’Australie et de l’Estonie, la
Réunion a permis à plus de 80 ministres des Finances, de l’Économie,
des Affaires étrangères et du Commerce des pays de l’OCDE, des
principaux pays partenaires et de la Fédération de Russie de réfléchir
à des solutions concrètes pour renouer avec la croissance en insistant
sur l’emploi, l’égalité et la confiance.
Pour le minsistre des Finances norvégien, Sigbjørn Johnsen, qui a
présidé les réunions, il était crucial de placer les besoins de l’être
humain au centre des discussions : « Nous œuvrons à la production
de résultats concrets qui modifieront la donne face à des enjeux
importants pour la vie de nos concitoyens comme le chômage, la
jeunesse, l’égalité hommes-femmes, la lutte contre les inégalités et
l’instauration de conditions propices à la croissance. »
L’une des grande réussites de la Réunion a été l’engagement des
ministres en faveur d’un Plan d’action de l’OCDE pour les jeunes, tout
en soulignant l’importance de renforcer le volet social de la réponse
donnée à la crise.
Les conclusions politiques de la RCM signalent également d’autres
avancées. Par exemple, en reconnaissant l’importance de résorber
les inégalités, les ministres ont adopté la Recommandation du
Conseil de l’OCDE sur l’égalité hommes-femmes dans les domaines
de l’éducation, de l’emploi et de l’entrepreneuriat et se sont engagés
à « faire des progrès à cet égard ». Ils ont également réaffirmé leur
engagement à rétablir la confiance envers les pouvoirs publics,
les marchés et les institutions en luttant contre la corruption,
en renforçant la réglementation financière et en promouvant
l’administration ouverte.
Plusieurs avancées ont été réalisées en faveur de systèmes fiscaux
efficients, justes et transparents, avec notamment une Déclaration
sur l’érosion des bases d’imposition et le transfert de bénéfices, et
un appel à tous les pays et territoires à mettre en place un échange
automatique de renseignements à des fins fiscales.
Les ministres ont également réaffirmé leur engagement à soutenir
un système d’échanges et d’investissement ouvert et soumis à des
règles, ainsi qu’à résister au protectionnisme sous toutes ses formes
au nom d’une reprise de l’économie mondiale, de l’emploi et du
développement.
De nouvelles approchesPour ouvrir la voie à une reprise forte et durable, les ministres se
sont réjouis des premières avancées dans l’élaboration de Nouvelles
approches face aux défis économiques (NAEC), et ont exprimé leur
souhait d’en voir les progrès à leur prochaine réunion en 2014. Les
ministres se sont également félicités des travaux de l’OCDE sur
les chaînes de valeur mondiales (CVM) et la mesure des échanges
en valeur ajoutée, décrivant les CVM comme un puissant levier de
croissance et de productivité favorisant la création d’emplois et
pouvant bénéficier aux pays développés et en développement. Les
services sont au cœur d’un fonctionnement efficient des CVM. En
2012, les ministres avaient avalisé la Stratégie pour le développement.
Ils ont salué les progrès réalisés depuis en matière d’intégration du
développement dans les travaux de l’OCDE.
Une portée mondialeAu cours des dernières années, l’OCDE s’est considérablement élargie,
et à la RCM de 2013, les ministres ont salué l’intérêt d’un certain
nombre de pays pour l’adhésion à l’OCDE, qui montre la « pertinence
et l’impact » des travaux de l’OCDE et l’importance de l’Organisation
en tant que « réseau politique mondial et flexible ». Ils ont réitéré « leur
souhait de voir la Fédération de Russie mener son adhésion à terme »,
conformément à la feuille de route pour l’adhésion. Les ministres ont
également salué la décision d’ouvrir des discussions d’adhésion avec
la Colombie et la Lettonie, et de réexaminer la situation « en vue de
prendre la décision d’ouvrir des discussions d’adhésion avec le Costa
Rica et la Lituanie en 2015 ».
Par ailleurs, les ministres souhaitent continuer à approfondir les
relations avec leurs Partenaires clés (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde
et Indonésie), et ont salué le rôle de l’OCDE sur la scène régionale et
internationale, notamment dans le contexte du G8 et du G20.
Le texte complet des conclusions politiques de la RCM, le Résumé de la Présidence et les rapports finaux sont disponibles sur www.oecd.org/fr/rcm
OCD
EOCDE.ORG SEMAINE DE L’OCDE

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 57
OCDE.ORG
Innovation: the next frontier?5 juin 2013Remarques prononcées lors de la cérémonie d’ouverture du 4e Forum global des dirigeants pour l’Agriculture, la Science et la Technologie, Beijing, République populaire de Chine.
Discours du Secrétaire général sur les évènements au Bangladesh4 juin 2013Déclaration générale sur les événements au Bangladesh.
Global inequalities: how can they be addressed?3 juin 2013Remarques prononcées à Trente, Italie.]
Signing Ceremony of the Multilateral Convention on Mutual Administrative Assistance in Tax Matters29 mai 2013Remarques prononcées à Paris, France.
G20 Russian Presidency / OECD – Stocktaking Seminar on Global Value Chains29 mai 2013Remarques prononcées à Paris, France.
People First! – Discours d’ouverture du Secrétaire général au Forum de l’OCDE 201328 mai 2013Allocution inaugurale prononcée lors du Forum OCDE 2013 au Centre de conférence de l’OCDE, Paris, France.
Mobilising Private Investment in Sustainable Transport22 mai 2013Remarques prononcées au Forum international des transports, Leipzig, Allemagne.
Ports: How to Get More Value for Money?22 mai 2013Remarques prononcées au Forum international du transport : évènement parallèle de l’OCDE sur les ports, Leipzig, Allemagne
Smart industrial policies for development15 mai 2013Discours de clôture prononcé lors du lancement des Perspectives du développement mondial de l’OCDE 2013, Paris, France
Closing the tax gap19 juillet 2013Remarques prononcées sur le Plan d’action G20/OCDE pour lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, Moscou, Fédération de Russie.
Global Economy and Framework for Growth19 juillet 2013Allocution prononcée lors de la réunion des ministres des Finances au G20 et des gouverneurs des Banques centrales, Moscou, Fédération de Russie.
Tackling the social tragedy of unemployment16 juillet 2013Allocution inaugurale prononcée à Paris, France.
Launch of Aid for Trade at a Glance 20138 juillet 2013Remarques prononcées lors du 4e Bilan Mondial de l’Aide au Commerce, Genève, Suisse.
The Construction of a New International Economic Order26 juin 2013Message vidéo retransmis à la Conférence internationale sur les chaînes de valeur mondiales et les réformes structurelles.
Making Responsible Business Conduct Everyone’s Business 26 juin 2013Allocution inaugurale prononcée lors du Forum mondial sur la responsabilité des entreprises, Paris, France.
Integration of Russia into global economic institutions: accession to the OECD20 juin 2013Remarques prononcées lors du Forum économique international 2013 à Saint-Pétersbourg, Fédération de Russie.
Regional economic communities: integration to compete and pathway to inclusive globalisation20 juin 2013Remarques prononcées lors du Forum économique international 2013 à Saint-Pétersbourg, Fédération de Russie.
Crisis in capitalism: can the modern welfare state and global competitiveness be reconciled?20 juin 2013Remarques prononcées au Forum économique international 2013 : Russia Today, débat télévisé public, Saint-Pétersbourg, Fédération de Russie.
Promoting a new mode of economic growth as the B20 priority for 201320 juin 2013Sujets de discussion présentés lors de la session plénière du B20, Saint-Pétersbourg, Fédération de Russie.
Migration and the welfare state in times of crisis13 juin 2013Remarques prononcées lors du lancement de l’édition 2013 des Perspectives des migrations internationales, Bruxelles, Belgique.
A New Economic Cycle, New Balance10 juin 2013Remarques prononcées lors de la 19e Conférence de Montréal – Forum économique international des Amériques, Montréal, Canada.
Opening Ceremony of the 2013 World Outlook Conference6 juin 2013Remarques prononcées à Beijing, République populaire de Chine.
Pour la liste complète des discours et allocutions en français, anglais et autres langues, voir www.oecd.org/fr/presse/discoursdusecretairegeneral
Discours récents d’Angel Gurría
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OCDE.ORG
Programme des conférencesVeuillez noter que la plupart des réunions ne sont pas ouvertes au public ni aux médias mais sont mentionnées pour information. Sauf indication contraire, toutes les réunions se tiennent à Paris. Une liste plus complète et mise à jour chaque semaine est disponible sur www.oecd.org/media/enbref
SEPTEMBRE
1-6 Semaine mondiale de l’eau, avec le lancement de deux rapports de l’OCDE : « Water Security : Managing Risks and Tradeoffs » ; « Water and Climate change Adaptation : Policies to Navigate Unchartered Waters », avec le Secrétaire général. Stockholm, Suède.
4 Lancement de l’Évaluation économique intermédiaire. Saint-Pétersbourg, Fédération de Russie.
5-6 Sommet du G20. Participation du Secrétaire général. Saint-Pétersbourg, Fédération de Russie.
12 Lancement de l’Étude économique de l’Irlande. Participation du Secrétaire général et conférence de presse. Dublin, Irlande.
12-13 Conférence « Shrinking cities in Europe » (Programme LEED). Essen, Allemagne.
23-24 Forum mondial du Groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique – Réunion plénière.
25-27 European Forum for New Ideas. Participation de l’OCDE. Sopot, Pologne.
OCTOBRE
1 Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) : débat annuel sur l’OCDE. Strasbourg, France.
2 Parution de Examens par les pairs de la coopération pour le développement: Suède 2013.
2-3 Réunion ministérielle de l’OCDE sur l’éducation : « Fostering skills and employability through education ». Participation du Secrétaire général. Istanbul, Turquie.
7 13e Forum économique international sur l’Afrique. Afrique 2.0 : Tirer parti des ressources naturelles pour la transformation économique.
8 Parution de OECD Skills Outlook 2013 et résultats du OECD Survey of Adult Skills (PIAAC). Participation du Secrétaire général. Bruxelles, Belgique.
9 Communiqué de presse sur les statistiques : indicateurs composites avancés.
10 Communiqué de presse sur les statistiques : taux de chômage harmonisés.
11 Communiqué de presse sur les statistiques : contribution à la croissance du PIB (trimestre 2, 2013).
11-13 Réunions annuelles 2013 du groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Participation du Secrétaire général de l’OCDE. Washington D.C., États-Unis.
15 Communiqué de presse sur les statistiques : emploi (trimestriel).
15-18 Soutien à la compétitivité des PME de l’industrie agroalimentaire en Ukraine, séminaire de renforcement des capacités organisé par le Centre LEED de Trente (Italie) et le programme de compétitivité Eurasie de l’OCDE avec le soutien de l’UE et du gouvernement de Suède.
18-19 Lancement des Perspectives économiques de l’Amérique latine 2014 (en anglais et espagnol seulement) lors du Sommet des chefs de gouvernements ibéro-americains. Participation du Secrétaire général. Panama City, Panama.
21-22 Global Green Growth Forum. Copenhague, Danemark.
22-23 Global Forum on the Knowledge Economy 2013. Istanbul, Turquie.
29-30 OECD E-Leaders 2013: ICT Governance to Deliver Public Value. Berne, Suisse.
NOVEMBRE
7 Réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne. Francfort, Allemagne.
11-12 Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP19). Varsovie, Pologne.
12 Parution du Panorama des administrations publiques.
12 Parution du World Energy Outlook 2013, Londres, Royaume Uni
13-14 World PensionSummit 2013 - Sommet mondial sur les retraites. Participation de l’OCDE. Amsterdam, Pays-Bas.
19 Communiqué de presse sur les statistiques : la croissance PIB de l’OCDE, T3, 2013.
21-22 6e Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales. Jakarta, Indonésie.
DÉCEMBRE
3 Lancement de PISA 2012, les connaissances mathématiques.
3 Communiqué de presse sur les statistiques : prix à la consommation.
4-5 Des villes meilleures pour améliorer la vie, rapprocher les politiques nationales et locales pour la croissance et le bien-être : cinquième table ronde urbaine de l’OCDE des maires et des ministres organisée en partenariat avec la Ville de Marseille et le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec l’appui du gouvernement français. Marseille, France.
5-6 Régions et villes : les politiques à la rencontre des citoyens, 3e réunion ministérielle du comité des politique du développement de l’OCDE. Marseille, France.
5-6 Forum sur la croissance verte et le développement durable. OCDE, Paris.
9 Communiqué de presse sur les statistiques : indicateurs composites avancés.
10 Communiqué de presse sur les statistiques : taux de chômage harmonisés.

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 59
Depuis 1997, les
Pays-Bas disposent
d’un mécanisme de
déduction fi scale
pour encourager
les investissements
dans les
technologies
d’économie
d’énergie et
la production
durable d’énergie.
Ce dispositif
(Energy Investment
Tax Allowance, ou EIA) permet de réduire
l’investissement initial des entreprises
dans les technologies les plus récentes
d’économie d’énergie et d’énergie durable.
Le principe fondamental de l’EIA est le
même depuis 15 ans : les entreprises
investissant dans les technologies recensées
sur une liste mise à jour chaque année
peuvent déduire une partie de leurs
coûts d’investissement de leurs bénéfi ces
imposables.
Dans la quête d’un
allègement des
budgets nationaux,
la réforme vise
principalement la
rémunération et
la performance du
secteur public. Avec
la crise, certains
pays ont gelé –
voire baissé – les
salaires ; d’autres ont préféré réduire les
prestations, voire les pensions de retraite ;
d’autres enfi n ont décidé de ne rien faire
pour l’instant.
La publication Public Sector Compensation in
Times of Austerity examine les tendances
actuelles en matière de rémunération des
fonctionnaires et propose une réfl exion
pragmatique nouvelle.
Bien avant la crise, les autorités cherchaient
déjà à réduire les budgets du secteur
public et à optimiser les pratiques de
rémunération et de gestion. Au début des
années 1990, la nouvelle gestion publique
a introduit les pratiques du secteur privé
dans le secteur public. Depuis, la gestion
des rémunérations a été décentralisée dans
certaines administrations ; le recours à
l’individualisation des salaires, par opposition
à l’égalité de traitement, a augmenté ; la
rémunération au mérite s’est banalisée ;
enfi n, des systèmes de rémunération des
cadres sont désormais appliqués.
Mais la réforme de l’emploi public est une
initiative politiquement sensible, surtout
lorsque la réduction des dépenses est une
priorité. Elle affecte le meilleur atout des
États, l’un des plus diffi ciles à remplacer :
le capital humain. Pas surprenant
qu’aussi peu de pays aient fait des progrès
marquants dans ce domaine. Et les
obstacles sont nombreux. La rémunération
est au cœur du contrat psychologique
conclu entre un employeur public et son
employé. Parallèlement, la perte de savoir
institutionnel, la baisse de productivité
des employés pendant leurs formations
et le temps de gestion perdu dans le
réaménagement peuvent s’avérer coûteux.
Toutefois, le coût le plus élevé provient
probablement d’une moindre performance
d’employés qui se découragent face
à des réformes souvent douloureuses.
Les programmes gouvernementaux de
rémunération ont commencé à changer il y
a 20 ans, et pas un modèle de « meilleures
pratiques » ne s’est démarqué pour aider à
mieux faire passer une réforme des salaires.
OCDE (2012), Public Sector Compensation in Times of Austerity, Éditions OCDE. ISBN 9789264177734
Ce dispositif fonctionne-t-il ? Un document
de travail de l’OCDE intitulé “Lessons from
15 Years of Experience with the Dutch
Tax Allowance for Energy Investments
for Firms” tire quatre importantes leçons.
Premièrement, le recours à la fi scalité
pour subventionner l’investissement
dans les technologies économes en
énergie et les énergies renouvelables ne
diffère pas beaucoup du recours à des
subventions directes, pour autant que
les règles budgétaires imposent une
transparence suffi sante de ces dépenses
fi scales. Deuxièmement, il existe un risque
de « parasitisme » par des entreprises qui
auraient investi même sans avantage fi scal.
C’est la principale faiblesse de ce dispositif,
mais le problème semble maîtrisable.
Troisièmement, le recours à une liste des
technologies d’énergie révisée chaque année
confère à la réglementation une fl exibilité
permettant, au besoin, de réorienter la
politique et d’appliquer des normes plus
strictes. Cette liste permet également
Repenser les rémunérations du secteur public
de rapprocher l’offre et la demande de
nouvelles technologies. Cette liste à elle
seule – sans l’avantage supplémentaire
de la subvention – risque de ne pas
suffi re pour inciter les entreprises à se
tourner vers ces nouvelles technologies.
Toutefois, les subventions n’ont pas besoin
d’être importantes pour être effi caces.
Enfi n, les décideurs devraient examiner
attentivement la façon dont ce dispositif
peut interagir avec d’autres instruments
d’action lors de l’élaboration d’avantages
fi scaux susceptibles d’avoir des objectifs
complémentaires. Le rapport rappelle que
l’EIA a connu une période de turbulence
entre 2001 et 2007, principalement due à la
présence d’autres instruments également
axés sur l’augmentation des investissements
dans la production d’énergie durable.
Ruijs A. et H. R. Vollebergh (2013), « Lessons from 15 Years of Experience with the Dutch Tax Allowance for Energy Investments for Firms », OECD Environment Working Papers, No. 55, Éditions OCDE. www.oecd-ilibrary.org/papers
LIVRES
OECD iLibrary
voire baissé – les
Misc
ha K
eijse
r/Cul
tura
Cre
ativ
e/AF
P
Énergie propre aux Pays-Bas Une réussite fi scale ?

60
Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2013 Numéro 1Perspectives économiques de l’OCDE, publication semestrielle, présente une analyse des grandes
tendances économiques qui marqueront les
deux années à venir.
ISBN 978-92-64-20093-7 Juillet 2013, 324 pages€102 $147 £91 ¥12 200
Les essentielsde l’OCDELa mondialisation économique : Origines et conséquencesCette publication étudie les conséquences de l’interconnexion
croissante des marchés et des économies nationales sur nos vies, et examine l’évolution de la mondialisation à la lumière
des évènements récents.
ISBN 978-92-64-11191-2, Février 2013, 113 pages€15 $19 £10 ¥2 000
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateursde l’OCDESource d’informations précises et pertinentes, ce rapport fournit des données surla structure, le
fi nancement et les performances des systèmes d’éducation dans plus de 40 pays, dont les pays membres de l’OCDE et des pays
partenaires membres du G20.
ISBN 978-92-64-20188-0, Septembre 2013, 452 pages€80, $112, £72, ¥10 400
Lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfi cesCe rapport présente les études et données publiquement accessibles sur
l’existence et l’ampleur de l’érosion de la
base d’imposition.
ISBN 978-92-64-19289-8, Mars 2013, 96 pages€24 $33 £21 ¥3 100
Plan d’action concernant l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfi cesCe Plan d’action, élaboré à la demande du G20, identifi e
un ensemble d’actions nationales et internationales susceptibles de lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfi ces.
ISBN 978-92-64-20322-8, Août 2013, 48 pages€15, $21, £13, ¥1 900
Interconnected Economies: Benefi ting from Global Value Chains Ce livre examine comment les chaînes de valeurs mondiales ont évolué et les défi s
politiques qu’elles ont créés.
ISBN 978-92-64-18386-5, Juin 2013, 200 pages€55 $77 £49 ¥7 100
Édition française à paraître
Meilleures ventes
LIVRES
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Tous les ouvrages sont disponibles sur www.oecd.org/librairieet sur www.OECD-iLibrary.org/fr
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateursde l’OCDESource d’informations précises et pertinentes, ce rapport fournit des données surla structure, le
Greening Household Behaviour: Overview from the 2011 SurveyCette publication présente un aperçu des données issues de la plus récente enquête
mise en œuvre dans cinq domaines (énergie, alimentation, transports, déchets, eau), dans
11 pays.
ISBN 978-92-64-18082-6, Juin 2013, 304 pages€55 $77 £49 ¥7 100
Édition française à paraître
Perspectiveson Global Development 2013: Industrial Policies in a Changing WorldL’édition 2013 de Perspectives du développement mondial met
l’accent sur les stratégies de croissance de la production.
ISBN 978-92-64-17711-6, Juillet 2013, 260 pages€70 $98 £63 ¥9 100
Édition française à paraître
Perspectives économiques en Afrique 2013 : Transformation structurelle et ressources naturellesSeul rapport annuel assurant le suivi
détaillé des performances économiques de 53 pays d’Afrique, Perspectives économiques en Afrique utilise un cadre analytique rigoureusement comparable. Cette édition 2013 met l’accent sur la transformation structurelle
et les ressources naturelles en Afrique.
ISBN 978-92-64-20069-2, Juin 2013, 376 pages€60 $84 £54 ¥7 800
détaillé des performances économiques de

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 61
Nouvelles publicationsÉtudes économiquesde l’OCDE :Chine 2013ISBN 978-92-64-18325-4, Août 2013, 150 pages€45 $63 £40 ¥5 800
Études économiques de l’OCDE : Nouvelle-Zélande 2013ISBN 978-92-64-18340-7, Septembre 2013, 148 pages€45 $63 £40 ¥5 800
Études économiques de l’OCDE : Slovénie 2013ISBN 978-92-64-18331-5, Septembre 2013, 110 pages€45 $63 £40 ¥5 800
Panorama des comptes nationaux 2013ISBN 978-92-64-18483-1, Avril 2013,130 pages€35 $49 £31 ¥4 500
Comptes nationaux des pays de l’OCDE, Volume 2013 Issue 1 : Principaux agrégatsISBN 978-92-64-19259-1, Mars 2013, 180 pages€60 $84 £54 ¥7 800
Comptes nationaux des pays de l’OCDE, Comptes de patrimoine fi nancier 2012ISBN 978-92-64-18795-5, Février 2013, 344 pages€95 $130 £83 ¥12 000
Comptes nationaux des pays de l’OCDE, Comptes des administrations publiques 2012ISBN 978-92-64-19024-5, Février 2013, 268 pages€95 $133 £85 ¥12 300
OECD Guidelines on Measuring: Subjective Well-BeingISBN 978-92-64-19164-8, Avril 2013, 290 pages€80 $112 £72 ¥10 400Disponible en anglais uniquement
ÉCONOMIE
OECD Economic Surveys: South Africa 2013ISBN 978-92-64-18230-1, Mars 2013, 122 pages€45 $63 £40 ¥5 800Édition française à paraître
Études économiquesde l’OCDE :France 2013ISBN 978-92-64-18327-8, Avril 2013, 166 pages€45 $63 £40 ¥5 800
Études économiques de l’OCDE : Belgique 2013ISBN 978-92-64-18337-7, Mai 2013, 120 pages€45 $63 £40 ¥5 800
OECD Economic Surveys: Japan 2013ISBN 978-92-64-18291-2, Mai 2013, 123 pages€45 $63 £40 ¥5 800Édition française à paraître
OECD Economic Surveys: Italy 2013ISBN 978-92-64-18258-5, Juin 2013, 124 pages€45 $63 £40 ¥5 800Édition française à paraître
OECD Economic Surveys: Mexico 2013ISBN 978-92-64-18296-7, Juin 2013, 132 pages€45 $63 £40 ¥5 800Édition française à paraître
OECD Economic Surveys: Austria 2013ISBN 978-92-64-18305-6, Juillet 2013, 129 pages€45 $63 £40 ¥5 800Édition à paraître en français
OECD Economic Surveys: Iceland 2013ISBN 978-92-64-18308-7, Juillet 2013, 105 pages€45 $63 £40 ¥5 800Édition française à paraître
OECD Framework for Statistics on the Distribution of Household Income, Consumption and WealthISBN 978-92-64-19482-3, Juin 2013, 274 pages€66 $92 £59 ¥8 500Disponible en anglais uniquement
OECD Guidelines for Micro Statistics on Household WealthISBN 978-92-64-19486-1, Juin 2013, 280 pages€85 $119 £76 ¥11 000Disponible en anglais uniquement
AGRICULTURE
Sécurité alimentaire mondiale : Défi s pour le système agricole et agro-alimentaireISBN 978-92-64-20134-7, Octobre 2013, 170 pages€30 $42 £27 ¥3 900
OECD Compendium ofAgri-environmental Indicators ISBN 978-92-64-18115-1, Juin 2013, 190 pages€40 $56 £36 ¥5 200Édition française à paraître
DÉVELOPPEMENT
Southeast Asian Economic Outlook 2013: With Perspectives on China and IndiaISBN 978-92-64-18076-5, Avril 2013, 360 pages€70 $98 £63 ¥9 700Disponible en anglais uniquement
OECD Green Growth Studies Putting Green Growth at the Heart of Development: ISBN 978-92-64-18112-0, Juin 2013, 192 pages€38 $53 £34 ¥4 900Disponible en anglais uniquement
LIVRES
OECD iLibrary
Panorama des comptes nationaux 2013ISBN 978-92-64-18483-1, Avril 2013,130 pages€35 $49 £31 ¥4 500

62
LIVRESOECD iLibrary
Teachers for the 21st Century: Using Evaluation to Improve TeachingISBN 978-92-64-19385-7, Mai 2013, 128 pages€32 $44 £28 ¥4 100Disponible en anglais uniquement
EMPLOI
Statistiques de l’OCDE de la population active 2012 ISBN 978-92-64-20228-3, Juillet 2013, 230 pages€72 $100 £64 ¥9 300
ÉNERGIE
Resources to Reserves 2013: Oil, Gas and Coal Technologies for the Energy Markets of the FutureISBN 978-92-64-08354-7, 12 Juin 2013, 268 pages€100 $140 £90 ¥13 000Disponible en anglais uniquement
Electricity in a Climate-Constrained World: Data and AnalysesISBN 978-92-64-17552-5, Février 2013, 116 pages€50 $70 £45 ¥6 500Disponible en anglais uniquement
Energy Policies of IEA Countries:Sweden 2013ISBN 978-92-64-19073-3, Février 2013, 182 pages€75 $105 £54 ¥10 400Disponible en anglais uniquement
Energy Policies of IEA Countries: Germany 2013ISBN 978-92-64-19075-7, Mai 2013, 210 pages€75 $97 £54 ¥10 400Disponible en anglais uniquement
Energy Policies of IEA Countries:Finland 2013ISBN 978-92-64-19077-1, Mai 2013, 174 pages€75 $105 £54 ¥10 400Disponible en anglais uniquement
Tax and Development: Aid Modalitiesfor Strengthening Tax SystemsISBN 978-92-64-17757-4, Avril 2013, 134 pages€35 $49 £21 ¥4 500Édition française à paraître
Aid for Trade at a Glance 2013: Connecting to Value ChainsISBN 978-92-64-20102-6, Juillet 2013, 400 pages€70 $98 £63 ¥9 100Édition française à paraître
DÉVELOPPEMENT URBAIN, RURAL ET RÉGIONAL
OECD Green Growth StudiesGreen Growth in CitiesISBN 978-92-64-19517-2, Juin 2013, 132 pages€30 $42 £27 ¥3 900Disponible en anglais uniquement
OECD Territorial Reviews: Brazil 2013 ISBN 978-92-64-12117-1, Avril 2013, 224 pages€45 $63 £40 ¥5 800Disponible en anglais et en portugais uniquement
OECD Urban Policy Reviews: Chile 2013ISBN 978-92-64-19179-2, Mai 2013, 212 pages€60 $84 £54 ¥7 800Disponible en anglais uniquement
ÉCHANGES Succeeding with Trade Reforms: The Role of Aid for TradeISBN 978-92-64-20119-4, Juin 2013, 136 pages€35 $49 £31 ¥4 500Disponible en anglais uniquement
ÉDUCATION
Art for Art’s Sake?: The Impact of Arts EducationISBN 978-92-64-18077-2, Juillet 2013, 220 pages€25 $35 £22 ¥3 200Édition françaiseà paraître
ENVIRONNEMENT
Examens environnementaux de l’OCDE : Italie 2013 ISBN 978-92-64-18627-9, Septembre 2013, 221 pages€35 $49 £31 ¥4 500
Scaling-up Finance Mechanisms for BiodiversityISBN 978-92-64-19382-6, Juin 2013, 164 pages€30 $42 £27 ¥3 900Édition française à paraître
FINANCE ET INVESTISSEMENT
OECD Sovereign Borrowing Outlook 2013ISBN 978-92-64-18139-7, Mars 2013, 148 pages€39 $54 £35 ¥5 000
Disponible en anglais uniquement
Statistiques de l’OCDE sur l’investissement direct international 2013 ISBN 978-92-64-19171-6, Mars 2013, 236 pages€100 $140 £90¥13 000
Boards of Directors of State-Owned Enterprises: An Overview of National PracticesISBN 978-92-64-18723-8, Juin 2013, 112 pages€28 $39 £25 ¥3 600Disponible en anglais uniquement
FISCALITÉ
Tax Administration 2013: Comparative Information on OECD and Other Advanced and Emerging EconomiesISBN 978-92-64-20080-7, Juin 2013, 376 pages€85 $119 £76 ¥11 000Disponible en anglais uniquement
Managing Service Demand: A Practical Guide to Help Revenue Bodies Better Meet Taxpayers’ Service ExpectationsISBN 978-92-64-20076-0, Juillet 2013, 70 pages€24 $33 £21 ¥3 100Disponible en anglais uniquement
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L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 63
LIVRESOECD iLibrary
A Good Life in Old Age?: Monitoring and Improving Quality in Long-Term CareISBN 978-92-64-19452-6, Juin 2013, 263 pages€60 $84 £54 ¥7 800Disponible en anglais uniquement
OECD Public Governance ReviewsGreece: Reform of Social Welfare ProgrammesISBN 978-92-64-19648-3, Juin 2013, 190 pages€50 $70 £45 ¥6 500Disponible en anglais et en grec uniquement
SCIENCES ET TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION
OECD Communications Outlook 2013ISBN 978-92-64-19459-5, Juillet 2013, 360 pages€90 $126 £81 ¥11 700Édition française à paraître
Innovation in Southeast Asia ISBN 978-92-64-12870-5, Mai 2013, 348 pages€90 $126 £81 ¥11 700Disponible en anglais uniquement
African Central Government Debt 2013: Statistical YearbookISBN 978-92-64-20161-3, Juillet 2013, 210 pages€55 $77 £49 ¥7 100Disponible en anglais uniquement
OECD Integrity Review of Italy:Reinforcing Public Sector Integrity, Restoring Trust for Sustainable GrowthISBN 978-92-64-19380-2, Juillet 2013, 124 pages€35 $49 £31 ¥4 500Disponible en anglais et à paraître en italien
Examen de l’OCDE du cadre d’intégrité dansle secteur public en Tunisie ISBN 978-92-64-193567, Mai 2013,116 pages€30 $42 £27 ¥3 900
OECD e-Government Studies: Egypt 2013ISBN 978-92-64-17877-9, Avril 2013, 248 pages€50 $70 £45 ¥6 500Disponible en anglais uniquement
INDUSTRIE ET SERVICES
Entrepreneurship at a Glance 2013 ISBN 978-92-64-18385-8, Juillet 2013, 120 pages€45 $63 £40 ¥5 800Édition française à paraître
Financing SMEs and Entrepreneurs 2013: An OECD ScoreboardISBN 978-92-64-19046-7, Septembre 2013, 306 pages€60 $84 £54 ¥7 800Édition française à paraître
QUESTIONS SOCIALES – MIGRATIONS – SANTÉ
Perspectives des migrations internationales 2013ISBN 978-92-64-19706-0, Juin 2013, 390 pages€95 $133 £85 ¥12 300
Together for Better Outcomes: Engaging and Involving SME Taxpayers and StakeholdersISBN 978-92-64-09651-6, Juillet 2013, 102 pages€24 $33 £21 ¥3 100Disponible en anglais uniquement
Co-operative Compliance: A Framework: From Enhanced Relationship toCo-operative ComplianceISBN 978-92-64-20084-5, Juillet 2013, 102 pages€24 $33 £21 ¥3 100Disponible en anglais uniquement
Les impôts surles salaires 2013ISBN 978-92-64-19387-1, Août 2013, 584 pages€160 $224 £144¥20 800
Global Forum on Transparency and Exchange of Information for Tax Purposes Peer ReviewsNouveaux rapports disponibles pour les pays suivants :
Belize PologneFinlande PortugalIslande SuèdeNauru Turquie
Prix : €36, $50, £32, ¥4 600Disponible en anglais uniquement
GOUVERNANCE
International Regulatory Co-operation: Addressing Global ChallengesISBN 978-92-64-19705-3, Mai 2013, 160 pages€25 $35 £22 ¥3 200Édition française à paraître
Statistiques de l’OCDE sur la dette de l’administration centrale 2012 ISBN 978-92-64-11925-3, Mai 2013, 100 pages€30 $42 £27 ¥3 900
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64
Les pays en
développement
forment un vaste
groupe. En haut
de l’échelle, de
grandes puissances
émergentes telles
que le Brésil et la
Chine. En bas, un
ensemble pauvre
appelé États fragiles,
comme l’Afghanistan et la Somalie. Ces
États manquent de moyens pour assurer des
fonctions fondamentales de gouvernance
ou établir des relations constructives avec
la société. Ils abritent la moitié des enfants
privés d’accès à l’école primaire dans le
monde et la moitié de ceux qui meurent
avant leur cinquième anniversaire. Les
dix prochaines années, ces pays, sources
d’instabilité avec des conséquences
régionales voire internationales, seront les
principaux champs de bataille dans la guerre
contre la pauvreté mondiale.
Fragile States, Resource Flows and Trends fait le
point sur l’évolution du concept de fragilité,
analyse les fl ux fi nanciers vers et dans les
États fragiles entre 2000 et 2010, et décèle
les tendances et les questions susceptibles
d’infl uer sur la fragilité dans les prochaines
années.
D’ici 2015, les États fragiles regrouperont
la moitié des citoyens du monde vivant
avec moins de 1,25 dollar par jour. Depuis
les années 1990, de puissants facteurs
affectent les causes et les manifestations
de la fragilité, notamment l’aspiration à la
démocratie, les nouvelles technologies, les
mutations démographiques et le changement
climatique. Ces cinq dernières années ont été
particulièrement agitées, notamment avec la
crise alimentaire, énergétique et fi nancière de
2008 et le Printemps arabe (toujours en cours).
Ces événements ont infl uencé le débat
international sur la nature, la pertinence et
les conséquences de la fragilité. Il ressort
clairement que les apports d’aide nécessaires
sont souvent plus instables pour les États
fragiles que pour les autres. En effet, ces
dix dernières années, chaque État fragile
a au moins connu une crise en lien avec
ces apports – une variation de plus de 15 %
de l’aide publique au développement par
habitant. Gérer l’aide est un autre problème.
Les « chouchous » des donneurs tels que
le Kenya et même l’Afghanistan, qui
reçoivent de gros apports de la part de
plusieurs donneurs, peuvent rencontrer
des diffi cultés à coordonner l’utilisation
des fonds. À l’inverse, des pays comme la
République du Congo ou l’Iraq dépendent
d’un seul donneur pour plus de la moitié
de leur aide. Or, compter sur trop peu de pays
peut rendre les bénéfi ciaires particulièrement
vulnérables aux changements de politiques
chez les donneurs.
OCDE (2013), Fragile States: Resource Flows and Trends, Éditions OCDE
ISBN: 9789264190399
Une aide fragile
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L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 65
Un bon investissementEn général, les diplômés du supérieur
peuvent espérer gagner plus que les autres,
mais les pouvoirs publics et la société
bénéficient aussi des investissements
consentis. En moyenne, dans la zone OCDE,
l’investissement public dans les études
supérieures est de 39 000 dollars plus élevé
que celui consenti dans les études du
deuxième cycle du secondaire ou dans le
post-secondaire. Pourtant, dans la plupart
des pays, les retombées publiques de
l’enseignement supérieur sont nettement
supérieures à celles du deuxième cycle du
secondaire ou des études postsecondaires
non universitaires, grâce aux impôts et
contributions sociales qui accompagnent
les revenus plus élevés de ces diplômés. En
moyenne, les retombées publiques nettes
des études supérieures dépassent 100 000
dollars pour un homme et 57 000 dollars
pour une femme. En tenant compte des
coûts directs, du manque à gagner et des
dotations publiques, les avantages publics
sont quatre fois supérieurs aux coûts
publics pour un homme et plus de deux fois
supérieurs pour les femmes.
Globalement, les différences de retombées
pour le diplômé et le secteur public
dépendent du niveau d’égalité des salaires.
Les pays nordiques et la Nouvelle-Zélande,
par exemple, affichent un faible écart
Sans gènes ?Quelque 18 % de la zone totale arable et
permanente de l’OCDE a été ensemencée
avec des produits transgéniques entre
2008 et 2010. Les États-Unis dominent
la production commerciale de cultures
génétiquement modifiées dans l’OCDE, alors
que les pays européens de l’OCDE et la Corée
en empêchent l’exploitation commerciale,
sauf sur quelques petites parcelles à des fins
d’expérimentation.
Les surfaces consacrées aux cultures
transgéniques se sont étendues rapidement
depuis le milieu des années 90, surtout au
Canada et aux États-Unis, particulièrement
avec des plantes résistant aux herbicides,
notamment soja, maïs, colza et coton. Les
pays de l’OCDE représentent un peu plus
de la moitié des cultures transgéniques,
mais des pays comme l’Argentine, le
Brésil, la Chine et l’Inde les ont largement
développées au cours des dix dernières
années. L’extension des produits
transgéniques suscite des débats toujours
en cours, en particulier sur leurs coûts et
avantages environnementaux potentiels,
sans parler de leur sécurité sanitaire.
Certains experts estiment que les plantes
transgéniques présentent des avantages,
notamment pour le développement, en
améliorant la résistance à la sécheresse et
aux ravageurs. Les risques de mélange des
espèces traditionnelles avec des plantes
sauvages apparentées, comme le maïs au
Mexique, suscitent des inquiétudes. Le
Mexique est reconnu comme un centre
de diversité, c’est-à-dire une zone où
des cultures comme le maïs ont été
domestiquées pour la première fois et ont
évolué avec succès sur plusieurs milliers
d’années.
Voir www.oecd.org/fr/agriculture
Rendement public de l’enseignement supérieurCoûts et bénéfices publics pour un diplômé du supérieur (2009), en équivalent USD
Terrains transgéniquesPart (en %) des zones cultivables totales arables et permanentes, moyenne 2008-2010*
BANQUE DE DONNÉES
salarial, et donc des retombées publiques
moindres. Les premiers compensent
généralement ces retombées moindres en
optant pour un système d’enseignement
supérieur pratiquement gratuit et un
système de bourses généreux.
Voir www.oecd.org/fr/education
Source : Regards sur l’éducation 2013 http://dx.doi.org/10.1787/888932846671
http://dx.doi.org/10.1787/888932793433
Note : Les années de référence sont 2007 pour le Japon, 2008 pour l’Italie, 2009 pour les autres pays.Les pays sont classés en ordre décroissant de la valeur nette actuelle.
États-Unis 230 722 Irlande 220 792 Italie 168 693 Allemagne 140 717 Moyenne OCDE 104 737 Japon 67 411 Norvège 62 143 Danemark 49 427 Nouvelle-Zélande 37 640
Coûts Bénéfices
Valeurnette
actuelle
Équivalent USD
150 000 150 000 200 000 250 000 300 000100 000 100 00050 000 0 50 000
Source : Compendium des indicateurs agro-environnementaux de l’OCDE 2013
États-Unis 39,0Canada 19,5Australie 1,4Chili 1,4Espagne 0,6Mexique 0,4Portugal 0,3Allemagne 0,0
Total OCDE 18,4
Pays membres de l’OCDE 0 10 20 30 40 50%
* Les chiffres pour la moyenne 2008-10 équivalent à la moyenne 2007-09 pour l’Argentine, le Brésil, le Canada, la Chine, l’Inde, le Mexique, le Paraguay et l’Afrique du Sud ; et à la moyenne 2006-08 pour le Chili.
Argentine 65,9Paraguay 65,3Brésil 30,4Afrique du Sud 13,2Inde 5,0Chine 3,0Autres pays –Total non membres –
Total monde –
Pays non membresde l’OCDE
0 10 20 30 40 50 60 70%

66
BANQUE DE DONNÉES
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
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Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
T1-2013 62,4 59,2 T1-2013 5,4 5,5 T2-2013 0,2 0,7
T1-2013 -8,8 -14,8 T1-2013 5,5 5,2 T2-2013 2,9 3,8
T4-2012 1,6 1,3 T1-2013 4,9 4,1 T2-2013 0,2 0,7
T1-2013 -1,7 0,1 T1-2013 8,3 7,2 T2-2013 0,2 0,7
T4-2012 -17,4 -12,0 T2-2013 7,1 7,3 T1-2013 1,2 1,2
T1-2013 -3,0 -1,4 T1-2013 6,3 6,7 T1-2013 0,0 5,0
T1-2013 15,3 9,9 T1-2013 3,3 3,4 T2-2013 2,7 3,5
T1-2013 3,8 3,6 T1-2013 7,1 7,5 T2-2013 0,3 0,8
T4-2012 7,4 -10,4 T1-2013 26,5 23,8 T1-2013 0,2 0,7
T4-2012 0,0 0,1 T1-2013 9,3 10,6 T2-2013 0,2 0,7
T1-2013 -106,1 -120,8 T2-2013 7,6 8,2 T2-2013 0,2 0,3
T1-2013 -0,5 -1,1 T1-2013 8,2 7,6 T2-2013 0,2 0,7
T1-2013 -16,8 -15,6 T1-2013 10,8 10,0 T2-2013 0,2 0,7
T1-2013 -2,2 -5,3 T1-2013 26,6 21,9 T2-2013 0,2 0,7
T4-2012 0,6 0,2 T1-2013 10,9 11,1 T2-2013 4,6 8,2
T1-2013 3,9 0,8 T1-2013 13,7 15,0 T2-2013 0,2 0,7
T4-2012 -0,1 -0,4 T1-2013 5,5 6,4 T2-2013 6,2 5,4
T1-2013 1,8 -1,3 T1-2013 6,6 6,9 T2-2013 1,5 2,5
T4-2012 0,4 -11,3 T1-2013 11,9 10,0 T2-2013 0,2 0,7
T1-2013 7,9 20,6 T1-2013 4,2 4,5 T1-2013 0,3 0,3
T1-2013 -0,1 0,3 T1-2013 5,4 4,9 T2-2013 0,2 0,7
Allemagne Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Australie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Autriche Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Belgique Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Canada Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Chili Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Corée Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Danemark Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Espagne Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Estonie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
États-Unis Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Finlande Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
France Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Grèce Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Hongrie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Irlande Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Islande Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Israël Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Italie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Japon Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Luxembourg Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
T1-2013 0,1 -0,3 T1-2013 0,5 -1,8 T1-2013 0,3 1,5
T1-2013 0,6 2,5 T1-2013 0,3 3,6 T1-2013 0,4 2,5
T1-2013 0,0 0,0 T1-2013 -1,6 0,1 T1-2013 0,1 2,5
T1-2013 0,0 -0,6 T1-2013 -0,9 -2,7 T2-2013 0,3 1,3
T1-2013 0,6 1,4 T1-2013 1,2 0,6 T1-2013 0,4 0,9
T1-2013 0,5 4,8 T1-2013 -0,4 1,8 T1-2013 0,2 1,5
T1-2013 0,8 1,5 T1-2013 -1,0 -0,8 T1-2013 0,7 1,4
T1-2013 0,0 -0,7 T1-2013 0,5 0,4 T1-2013 0,2 1,1
T1-2013 -0,5 -2,0 T1-2013 -0,3 -4,3 T1-2013 -1,0 2,6
T1-2013 -1,0 1,3 T1-2013 2,4 4,5 T2-2013 0,9 3,4
T1-2013 0,4 1,6 T1-2013 1,0 2,5 T1-2013 0,6 1,7
T1-2013 -0,1 -2,2 T1-2013 -3,1 -3,4 T1-2013 0,4 1,7
T1-2013 -0,2 -0,4 T1-2013 -0,1 -2,9 T1-2013 0,1 1,1
T1-2011 0,2 -5,5 T1-2013 -2,3 -2,4 T2-2013 1,4 -0,5
T1-2013 0,7 -0,3 T1-2013 2,3 -0,8 T1-2013 0,8 2,9
T1-2013 -0,6 -1,0 T1-2013 1,8 -0,5 T1-2013 0,1 0,9
T1-2013 4,6 3,1 T4-2012 1,5 0,5 T2-2013 1,0 3,3
T1-2013 0,7 2,7 T1-2013 -0,4 4,7 T1-2013 -0,1 1,4
T1-2013 -0,6 -2,4 T1-2013 -0,5 -4,4 T2-2013 0,2 1,2
T1-2013 1,0 0,2 T1-2013 0,5 -6,2 T1-2013 -0,1 -0,6
T1-2013 -1,6 1,0 T1-2013 -4,0 -6,2 T2-2013 0,7 1,8
variation par rapport à niveau
la période précédente
valeur courante
l’année précédente
même période année précédente

L’Observateur de l’OCDE N° 295 T2 2013 67
BANQUE DE DONNÉES
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
Balance des comptes courantsTaux de chômage harmoniséTaux d’intérêt à trois mois
T1-2013 0,5 2,2 T1-2013 0,2 .. T1-2013 1,4 3,7
T1-2013 -0,2 0,0 T1-2013 -5,9 -9,0 T1-2013 0,6 1,2
T1-2013 0,3 2,9 T1-2013 0,4 1,2 T1-2013 0,4 0,9
T1-2013 -0,4 -1,4 T1-2013 3,5 2,2 T2-2013 0,9 2,7
T1-2013 0,1 0,5 T1-2013 -0,2 -1,3 T1-2013 0,2 1,3
T1-2013 -0,4 -4,0 T1-2013 2,9 -1,3 T1-2013 -0,9 0,2
T1-2013 0,2 0,8 T1-2013 3,6 6,1 T1-2013 0,6 2,2
T1-2013 -1,3 -2,4 T1-2013 1,3 -4,0 T1-2013 1,4 1,8
T1-2013 0,3 0,3 T1-2013 0,2 -2,3 T1-2013 0,4 2,8
T1-2013 -0,7 -3.3 T1-2013 1,1 -0.6 T1-2013 -0,3 2.3
T1-2013 0,6 1,7 T1-2013 -1,1 -2,1 T1-2013 -0,3 -0,1
T1-2013 0,6 1,4 T4-2011 1,0 -1,4 T1-2013 -0,2 -0,4
T1-2013 1,6 3,4 T1-2013 1,8 2,5 T2-2013 1,3 7,0
T1-2013 -0,3 -1,1 T4-2012 0,1 -2,4 T4-2012 .. 1,9
T1-2013 0,2 1,9 .. .. T1-2013 1,6 5,8
T1-2013 0,6 1,8 T1-2013 0,9 1,1 T2-2013 1,4 6,6
.. .. .. .. T1-2013 2,0 2,4
T1-2013 -0,1 1,8 T1-2013 -0,4 -0,1 T1-2013 2,0 7,1
T1-2013 0,5 2,8 T1-2013 1,9 3,3 T1-2013 2,1 11,7
T1-2013 1,4 6,0 .. .. T2-2013 0,9 5,6
T1-2013 -5,2 -2,2 T1-2013 5,0 5,0 T2-2013 4,3 4,8
T1-2013 13,8 22,4 T1-2013 3,6 3,1 T2-2013 1,8 2,3
T1-2013 -1,8 -2,2 T1-2013 6,2 6,7 T2-2013 2,6 2,6
T1-2013 26,6 19,4 T1-2013 6,2 5,0 T2-2013 0,2 0,7
T1-2013 -4,1 -7,3 T1-2013 10,6 9,9 T2-2013 2,9 5,1
T1-2013 0,0 -2,7 T1-2013 17,6 14,8 T2-2013 0,2 0,7
T4-2012 1,4 0,3 T1-2013 14,2 13,7 T2-2013 0,2 0,7
T4-2012 -1,7 -1,0 T1-2013 7,2 6,8 T2-2013 0,5 1,2
T1-2013 -22,5 -19,7 T1-2013 7,8 8,1 T2-2013 0,5 1,0
T1-2013 0,7 1,8 T1-2013 10,6 8,1 T2-2013 0,2 0,7
T4-2012 10,3 8,8 T1-2013 8,2 7,8 T2-2013 0,9 1,4
T1-2013 25.2 21.1 T1-2013 4.6 4.3 T1-2013 0.0 0.1
T1-2013 -14,1 -14,5 T1-2013 8,4 8,1 .. ..
T4-2012 51,7 17,2 T1-2013 12,1 10,9 T2-2013 0,2 0,7
.. .. .. .. T2-2013 5,1 5,6
T3-2012 -10,5 -12,2 .. .. .. ..
T4-2012 26,4 27,5 .. .. T1-2013 3,7 5,6
T2-2012 22,7 23,4 .. .. T1-2013 7,5 7,3
.. .. .. .. .. ..
T1-2013 -6,3 -4,1 .. .. T1-2013 5,8 6,5
Non membres
Mexique Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Norvège Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Nouvelle- Produit intérieur brut Zélande Production industrielle Prix à la consommation
Pays-Bas Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Pologne Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Portugal Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
République Produit intérieur brut Slovaque Production industrielle Prix à la consommation
République Produit intérieur brut Tchèque Production industrielle Prix à la consommation
Royaume-Uni Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Slovénie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Suède Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Suisse Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Turquie Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Zone euro Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Afrique Produit intérieur brut du Sud 2 Production industrielle Prix à la consommation
Brésil 2 Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Chine 2 Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Fédération Produit intérieur brut de Russie 1 Production industrielle Prix à la consommation
Inde 2 Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Indonésie 2 Produit intérieur brut Production industrielle Prix à la consommation
Produit intérieur brut : Séries en volume ; corrigées des variations saisonnières. Indicateur avancé : Indice composite basé sur différents indicateurs de l’activité économique, qui signale les mouvements cycliques de la production industrielle de six à neuf mois en avance. Indice des prix à la consommation : Mesure les variations dans le temps des prix de vente au détail d’un panier constant de biens et services. Balance courante : Milliards de dollars US ; corrigée des variations saisonnières. Taux de chômage : Pourcentage de la population active civile, taux de chômage standardisés ; définitions nationales pour l’Islande, le Mexique et la Turquie ; corrigé des variations saisonnières sauf pour la Turquie. Taux d’intérêt : 3 mois.
..= données non disponibles.1Candidat à l’adhésion à l’OCDE
2Programme d’engagement renforcé
Source : Principaux indicateurs économiques, juillet 2013.
variation par rapport à
la période précédente
l’année précédente
niveau
valeur courante
même période année précédente

68
Le coût des licenciementsLes pertes d’emploi sont coûteuses pour les individus comme pour la
société. Les diffi cultés fi nancières peuvent se traduire par exemple
par des problèmes de santé et de criminalité. Les indemnités de
chômage, l’aide à la recherche d’emploi et la formation peuvent
contribuer à amoindrir l’impact personnel de la perte d’emploi,
mais peuvent être coûteuses. En conséquence, les gouvernements
cherchent également à protéger les salariés en amont contre la perte
de leur emploi.
La législation sur la protection de l’emploi vise à réduire les effets
négatifs de la perte d’emploi sur les salariés et sur la société en
protégeant et pérennisant les emplois. Mais parfois, elle peut
être excessivement rigide, décourageant la création d’emplois
et empêchant une répartition effi cace de la main-d’œuvre. Les
gouvernements doivent ainsi trouver un bon équilibre entre fl exibilité
du marché du travail et protection des salariés.
L’OCDE produit un indicateur du degré de rigueur de la protection
de l’emploi des travailleurs permanents. Il tient compte des lourdeurs
procédurales imposées par la législation, des périodes de préavis,
des indemnités de licenciement et du degré de diffi culté des
licenciements. Les États-Unis, ainsi que les autres pays anglophones
régis par le droit commun comme le Canada, la Nouvelle-Zélande et
le Royaume-Uni, semblent s’être dotés de règles non restrictives pour
les licenciements individuels, de même que la Hongrie. En revanche,
Protection des travailleursProtection des travailleurs permanents contre le licenciement individuel
Source : Perspectives de l’emploi 2013
la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Portugal ont des règles de
licenciement individuel bien plus rigoureuses que celles des pays
médians, de même que la Chine, l’Inde et la Russie.
Nouv
elle
-Zé
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État
s-Un
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Cana
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Pays
-Bas
Alle
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Russ
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Chin
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Inde
Échelle de 0 à 6
3,5
4,0
4,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0
Moyenne OCDE 2,04
BANQUE DE DONNÉES
Temps consacré aux soins
Source : Enquête européene sur la qualité de la vie, 2007
Polo
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50
60
40
30
20
10
0
Esto
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Pays
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Femmes - Soins aux enfants et éducation des enfants Femmes - Soins aux proches âgés/handicapés Hommes - totalUne vie de soinsLes obligations de soins aux enfants et aux parents âgés, majoritairement assumées par les femmes, pèsent sur leurs décisions d’intégrer ou non le marché du travail et sur leurs profi ls de carrière. Les aidants familiaux sont en effet plus susceptibles à 50 % de rester à la maison, et, lorsqu’ils sont employés, ils travaillent en moyenne deux heures de moins par semaine que les non-aidants.
De plus, s’ils fournissent un service utile à la société, dispenser des soins de manière informelle et sur une longue durée entraîne souvent une souffrance psychologique croissante, de l’épuisement et une détériora-tion globale de l’état de santé. Les pouvoirs publics peuvent être réticents à imposer des solutions aux parents mais un certain nom-bre de pays, notamment les pays nordiques, l’Allemagne et le Portugal, accordentaux pères un droit exclusif à une partie du congé parental et/ou une garantie de revenu confortable pendant cette période.
La France vient également d’adopter une loi en ce sens, visant à faire passer le nombre d’hommes en congé parental de 18 000 actuellement à 100 000 d’ici 2017.
Rappelons que l’activité des femmes n’est pas qu’une question d’équité : un taux d’activité féminine et des niveaux de
rémunération des femmes plus élevés con-tribuent à renforcer la croissance économ-ique à long terme, réduisent les risques de pauvreté, et peuvent également contribuer à remédier au problème du vieillissement sur le marché du travail.
Voir www.oecd.org/fr/parite

Libertad y Orden
In 2013 the OECD decided to open membership talks with Colombia.
Hommes - total
