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Le sublime poème d’Aragon se faisait l’écho des hor- reurs du XXe siècle. Hélas cette déploration est plus que jamais d’actualité en ce début de siècle suivant, et ce dans une grande majorité des pays de notre pauvre pla- nète : guerres, fanatisme religieux, dictatures, famines, génocides, multinationales sans scrupules pillant les der- nières richesses, rien ne manque à ce tableau d’horreur. Et si notre pays n’est pas encore tombé aussi bas que la Lybie, la Syrie, le Yémen, la Somalie, l’Afghanistan, et tant d’autres, où les popula- tions n’ont guère le choix qu’entre l’exil et la mort, des signes inquiétants de paupéri- sation et de déliquescence so- ciale s’y multiplient. Nous nous sommes depuis long- temps accoutumés à voir « fleurir » des tentes sous les ponts ou dans les rues de nos villes, ou d’enjamber des SDF dormant à même le sol. Des travailleurs pauvres ou des chômeurs en recherche d’emploi en sont réduits à survivre dans leur voiture, faute de logement décent ou d’argent pour s‘en payer un. Les scènes effarantes lors des ventes au rabais des pots de Nutella (produit phare de la malbouffe imposée par les magnats de l’agroalimentaire) en disent long sur l’état de délabrement de notre société. Bien entendu, la seule réponse de notre Banquier-Empereur n’est évi- demment pas d’augmenter salaires, pensions ou alloca- tions pour permettre aux populations paupérisées de vivre avec un peu plus de dignité, mais d’interdire les « ventes-flash » à prix cassés dans les supermarchés, ré- duisant ainsi encore un peu plus le maigre pouvoir d’achat des moins favorisés. Rassurez-vous, Fauchon n’est pas concerné par ces mesures de bon sens capita- liste, et les plus riches pourront continuer à manger sai- nement du caviar et des homards, alors que l’huile de palme, les mauvais sucres et gras saturés n’engraisse- ront que les plus démunis…et les portefeuilles des grands groupes d’empoisonneurs et de leurs valets de la FNSEA. Comment juger de l’état d’implosion de notre corps social quand on voit comment sont traités dans « le pays des droits de l’Homme » celles et ceux qui fuient les ravages évoqués plus haut dans leurs pays encore plus en ruine que le nôtre ? Matraquage, fli- cage, lacération des tentes, parcage avant renvoi sont le lot commun des migrants, des réfugiés dont le seul crime est d’espérer une vie meilleure sous nos cieux idéalisés. Dure pour eux est la désillusion sous les coups physiques ou mentaux d’une police aux or- dres d’un ministre de l’intérieur transfuge d’un parti mo- ribond, avec la bénédiction hypocrite de notre Banquier-Président (et hélas aussi avec l’approbation malsaine d’une partie de la population, plus prompte à vilipender plus mal lotie qu’elle que de combattre les puissants manipulateurs de ce désordre établi). Et ne parlons pas des tracas judiciaires incessants visant les aidants tels Cédric Herrou dans la vallée de la Roya, au nom d’une simple Humanité. > Suite page 2 > Le ien n°69 - Février 2018 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

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Le sublime poème d’Aragon se faisait l’écho des hor-reurs du XXe siècle. Hélas cette déploration est plus quejamais d’actualité en ce début de siècle suivant, et cedans une grande majorité des pays de notre pauvre pla-nète : guerres, fanatisme religieux, dictatures, famines,génocides, multinationales sans scrupules pillant les der-nières richesses, rien ne manque à ce tableau d’horreur.Et si notre pays n’est pas encore tombé aussi bas que laLybie, la Syrie, le Yémen, la Somalie, l’Afghanistan, ettant d’autres, où les popula-tions n’ont guère le choixqu’entre l’exil et la mort, dessignes inquiétants de paupéri-sation et de déliquescence so-ciale s’y multiplient. Nousnous sommes depuis long-temps accoutumés à voir« fleurir » des tentes sous lesponts ou dans les rues de nosvilles, ou d’enjamber desSDF dormant à même le sol.Des travailleurs pauvres oudes chômeurs en recherched’emploi en sont réduits àsurvivre dans leur voiture,faute de logement décent oud’argent pour s‘en payer un.Les scènes effarantes lors des ventes au rabais des potsde Nutella (produit phare de la malbouffe imposée parles magnats de l’agroalimentaire) en disent long surl’état de délabrement de notre société. Bien entendu, laseule réponse de notre Banquier-Empereur n’est évi-demment pas d’augmenter salaires, pensions ou alloca-tions pour permettre aux populations paupérisées devivre avec un peu plus de dignité, mais d’interdire les« ventes-flash » à prix cassés dans les supermarchés, ré-

duisant ainsi encore un peu plus le maigre pouvoird’achat des moins favorisés. Rassurez-vous, Fauchonn’est pas concerné par ces mesures de bon sens capita-liste, et les plus riches pourront continuer à manger sai-nement du caviar et des homards, alors que l’huile depalme, les mauvais sucres et gras saturés n’engraisse-ront que les plus démunis…et les portefeuilles desgrands groupes d’empoisonneurs et de leurs valets de laFNSEA.

Comment juger de l’étatd’implosion de notre corpssocial quand on voit commentsont traités dans « le pays desdroits de l’Homme » celles etceux qui fuient les ravagesévoqués plus haut dans leurspays encore plus en ruine quele nôtre ? Matraquage, fli-cage, lacération des tentes,parcage avant renvoi sont lelot commun des migrants, desréfugiés dont le seul crime estd’espérer une vie meilleuresous nos cieux idéalisés. Durepour eux est la désillusionsous les coups physiques oumentaux d’une police aux or-

dres d’un ministre de l’intérieur transfuge d’un parti mo-ribond, avec la bénédiction hypocrite de notreBanquier-Président (et hélas aussi avec l’approbationmalsaine d’une partie de la population, plus prompte àvilipender plus mal lotie qu’elle que de combattre lespuissants manipulateurs de ce désordre établi). Et neparlons pas des tracas judiciaires incessants visant lesaidants tels Cédric Herrou dans la vallée de la Roya, aunom d’une simple Humanité. > Suite page 2 >

Le ien n°69 - Février 2018

LJournal des retraité-es

Editorial Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

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Suite de l’Edito > Sommes-noustombés si bas que le seul messagede saine colère ne vient plus du per-sonnel politique exsangue et discré-dité, mais d’un journaliste detélévision habitué d’émissions« bobos » tellement choqué par cequ’il voit qu’il ne peut que laisserexploser sa rage ? Oui, en France auXXIe siècle, est-ce ainsi que lesHommes vivent ?Mais dans ce champ de ruines s’élè-vent quelque fleurs porteuses d’es-poir de temps meilleurs : lescombats de la société civile nousmontrent la voie : au titre desbonnes nouvelles qui doivent nousredonner la pêche et la foi dans lesluttes, l’abandon du néfaste projetd’aéroport de Notre-Dame desLandes, bien sûr, mais aussi la re-laxe de notre camarade Loïk, injus-tement accusé d’agression lorsd’une manif devant le Medef, ou en-core la victoire en appel des Chiba-nis, surexploités par notre SNCF quipar ailleurs continue de massacrerallégrement le statut des cheminots,le service public et ce qui reste duréseau ferroviaire. Chaque victoiredoit devenir l’occasion de croire queles combats sont plus que jamais né-cessaires et que nous pouvons ga-gner contre les puissancesdestructrices de l’argent-roi. Alors,au vu de ces signes encourageants,ne baissons pas les bras. Relevonsla tête et montrons que oui, c’estainsi que nous voulons que lesHommes vivent !

puis des décennies l’infrastructureest à bout de souffle. Chacun se ren-voie la balle pour le financement detravaux devenus impératifs, et àl’heure où nous mettons souspresse, malgré la mobilisation d’as-sociations de défense, le couperetfinal n’est pas loin de tomber sur undes fleurons de notre patrimoine fer-roviaire, avec la complicité du PDGdont nous avons mille fois raison dedemander la démission vu son incu-rie et sa participation à cette casseinacceptable.

A chaque parution du Lien, leslignes SNCF mortes au champd’honneur se multiplient. Ça tombecomme à Gravelotte, et comme il nereste quasiment plus aucune lignepurement rurale (« secondaire » di-saient les anciens) en service, l’en-treprise de démolition SNCFs’attaque depuis longtemps aux ar-tères structurantes, celles qui font unréseau ferré digne de ce nom en re-liant plusieurs régions. Après Cler-mont-Ussel (fini lesClermont-Bordeaux), après Montlu-çon-Ussel (à la trappe les Paris-Ussel), après la partie centrale de StEtienne-Clermont, et en attendant lecouperet pour la ligne des Causses,voici une nouvelle ligne embléma-tique sous le feu des projecteurs : ils’agit de Grenoble-Veynes, dite« ligne des Alpes » artère magni-fique par les paysages rencontrés,mais surtout pièce maitresse des re-lations nord-sud dans le massifalpin. Cette ligne est en effet laseule permettant des relations aiséesentre les Alpes du Nord (Chambéry,Grenoble) et celles du Sud (Gap,Briançon). Outre un trafic local nonnégligeable, elle a longtemps vupasser des relations express Lyon-Marseille, Genève-Digne (Nice), ouencore des trains de skieurs de toutl’hexagone vers les champs de neigedu Briançonnais, pour soulager laligne Valence-Veynes. Bref, tout lecontraire d‘une ligne « bout debois » ! Bien entendu, là comme ail-leurs, faute d’entretien décent de-

Edito.........................................SNCF le massacre continue.....Ils nous montrent la voie.........La vie de la liaison...................Violences faites aux femmes...Aéroport NDDL, Victoire .......Victoire des Chibanis..............Ne pas se résigner....................Loïc relaxé...............................Art contemporain.....................Le prix des pommes.................L’entraide sur Inter..................Le sport, du pire au meilleur....Vive la culture.........................

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Rédaction

SNCF : Le massacre continue

Edgar AtoiBrigitte BouilhouDaniel BouleAnnie-Paule ChenotEric MarchiandoMichel ValadierAlain Vialette

Sommaire

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C’est un conflit exemplaire qui apris fin le 15 décembre. Avec l’aide,entre autres, du syndicat SUD-Railde Paris-Nord, les ex-travailleurs del’entreprise SMP transférés au seinde la société H. Reigner-ONET, quia remporté l’appel d’offre lancé parla SNCF pour assurer la propretédes gares nord franciliennes, se sontmis en grève dés le 2 novembre.Premières victimes des trop célèbresordonnances Macron, ils s’étaientvu refuser la portabilité de leurs ac-quis lors de leur transfert d’une fi-liale à l’autre. En clair,toute l’organisation dutravail était à renégocieravec à la clef des consé-quences sociales drama-tiques vu le faibleniveau des salaires. Parexemple, les salariésn’étaient désormais plusrattachés à une gare pré-cise, mais baladés aubon vouloir de la direc-tion pour jouer lesbouche-trous sur un pé-rimètre couvrant l’en-semble des gares duNord parisien, 75 garesau total !!!Après 45 jours de grèveils ont obtenu satisfac-tion sur toutes leurs revendicationssauf la prime de vacance mais cepoint n’est pas perdu de vue et seraporté au niveau national. Ils ontaussi obtenu une prime de remise enétat qui devrait compenser la pertefinancière des jours de grève de dé-cembre. Quant aux jours de grèvede novembre ils seront étalés sur 6mois. Enfin l’importante solidaritéqui s’est exprimée vis-à-vis de cestravailleurs devrait permettre lepaiement de 15 jours de grève.SUD-Rail a toujours contesté lastratégie de la SNCF consistant àmultiplier les filiales et l’externali-sation des tâches autrefois effec-tuées par des cheminots. Les

conditions de travail des personnelsde ces entreprises extérieures, àchaque nouvel appel d’offre, àchaque transfert de marché, sont ti-rées vers le bas pour toujours plusde régression sociale. En effet, ellessont l’unique variable d’ajustementpour tirer les prix au plus bas et ainsiremporter l’appel d’offre. C’estpour contrer cela que SUD-Rail re-vendique l’embauche au Statut detous les travailleurs du rail !« Ce mouvement aura été pour nouscheminots, pourtant assez chevron-

nés en terme de luttes sociales, unexemple, et une raison de resterhumble, devant la détermination, lecourage et la dignité de ces salariés,qui se fondent d'habitude dans nosgares et lieux de travail. Ils avaientdans cette aventure beaucoup à per-dre, mais ils ont fait plier leur entre-prise et la SNCF. Ils en sontressortis plus forts, visibles et la têtehaute », nous a précisé le syndicatSUD-Rail de Paris-Nord précisantque « Devant les tribunaux, laSNCF a du plier l'échine. Devantcelui de Montreuil d’abord où elle aété entièrement déboutée de ses de-mandes et condamnée à versée 500€ à chaque salarié assigné, puis de-

vant celui de Cergy où elle s'est dé-sistée mais a été condamnée à verserla même somme aux mêmes per-sonnes ! Bien entendu, nous reste-rons aux côtés de ces salariés, carbeaucoup reste à faire, et ils ne sontpas à l'abri de possibles repré-sailles...»Rappelons que la Liaison Nationaledes Retraité-e-s avait invité une dé-légation de ces travailleurs en grèveà venir s’exprimer le 7 décembredernier lors du repas de fin d’année.A cette occasion un appel à la soli-

darité financière avait été lancé etvous fûtes nombreux à y répondre.Et cette solidarité intergénération-nelle les a beaucoup touchés, ilsnous l’ont dit et vous remercientchaleureusement. En tout cas ren-dons hommage à ces travailleursqui, malgré leurs faibles moyens fi-nanciers, ont su mener une lutteexemplaire. Leçon à méditer et en-seignement à suivre car des luttes, ily en aura tant à mener….

Leçon à méditer

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Ils nous montrent la voie ...

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Samedi 23 décembre ont eu lieu les obsèques de Pierre Glarmet décédé d’une crise cardiaque.

Il fut l’un des créateurs de SUD-Rail Chambéry en 1996.A sa famille et ses proches la Liai-son Nationale des Retraités adresseses plus sincères condoléances.

Dans le contexte actuel d'info et de luttecontre les violences faites aux femmes,il n'est pas inutile de rappeler les pro-pos de Françoise HERITIER , décédéerécemment, anthropologue engagée delongue date en faveur des droits desfemmes, 2ème femme élue professeureau collège de France : « les injustices et les violences qui frap-pent les femmes ne sont pas des épi-phénomènes culturels mais unphénomène universel . L'homme est laseule espèce animale, parmi les mam-mifères en tout cas, où les mâles tuentles femelles » nous dit elle.La polémique lancée récemment dansle journal Le Monde par une centainede femmes plus ou moins célèbres nousconfirme que le combat pour l'égalitéentre les femmes et les hommes est tou-jours d'actualité.Que des femmes, au nom de la libertésexuelle , défendent « la liberté deshommes d'importuner les femmes » endit long sur l'acceptation de la domina-tion masculine.Ces signataires créent la confusion

entre la notion de séduction où l'autreest son égal, où l'on respecte ses désirset ses droits et le harcèlement où l'autreest considéré comme un objet à sa dis-position sans tenir compte de sonconsentement. Elles mettent en jeu laliberté contre l'égalité comme si la sé-duction passerait automatiquement parla domination.En quoi la remise en cause de la domi-nation masculine mettrait en péril ledésir sexuel et les relations entrehommes et femmes ??En quoi l'égalité menacerait-elle la li-berté des hommes ??Ce qu'elles n'ont pas compris ou neveulent pas entendre, c'est que lesfemmes victimes de harcèlement ( unefemme sur 2 dit avoir été harcelée) neprônent pas le puritanisme ou la hainedes hommes mais revendiquent toutsimplement le droit de ne pas être im-portunée : circuler librement dans la rueou dans les transports à n'importequelle heure de la nuit sans être agres-sée, s'habiller comme elles veulent sansêtre sifflée, faire valoir ses droits à la

sécurité et au respect, vivre tout sim-plement en toute liberté.Les hommes qui respectent la liberté etles droits des femmes ne se sentent pasagressés, menacés, insultés par cetteparole libérée qui réclame le respect etl'égalité, question qui occupe enfin ledébat public.Citons un court extrait de la tribune

dans Libération de Leïla SLIMANI, ro-mancière, en réponse à celle du Monde:" mon fils sera je l'espère un hommelibre, libre non pas d'importuner maislibre de se définir autrement quecomme un prédateur habité par des pul-sions incontrôlables". A méditer..

La Liaison Nationale des Retraitésvous invite à participer à une mati-née-débat sur l’informatisation denos vies. Nous avions déjà abordéce thème au cours de notre sessiondécentralisée à Etretatet nous avions convenu de poursui-vre la réflexion sur ce sujet vaste,complexe et passionnant. C’estpourquoi nous proposons un débatutile et formateur en réunissantjeunes et plus anciens et animé parl’un des animateurs de l’association« Ecran Total » : Claude Carrez. Ilaura lieu le 27 mars 2018 à 9h30dans l’immeuble de notre Fédéra-tion. Pour l’occasion nous avonsloué une grande salle. Nous pré-voyons aussi une restauration aprèsle débat (moyennant participation).Vous trouverez l’invitation ci-jointeà laquelle nous vous demandons d’yrépondre très rapidement.

Le projet se précise ! Cette année laLiaison Nationale et les Retraités deLyon, Saint-Etienne et Chambérydevraient vous proposer de venir du28 mai au 1er juin au hameau desEchandes en bord de Loire sur lacommune d’Unieux, près de Fir-miny (42). Les préparatifs sont encours et les invitations serontcomme d’habitude lancées courantmars. Rappelons que ces sessionsdécentralisées, qui existent depuis2003 au sein de notre liaison, sontdes moments de réflexion, de convi-vialité empreints de solidarité etd’autogestion. Il est demandé àchaque participant de partager l’or-ganisation sur place et de payer lamoitié du prix du séjour (le resteétant à la charge de son syndicat, s’ilaccepte). Pensez à réserver ces datessur vos agendas.

RéflexionIl nous a quittés.

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Session décentralisée

Est-ce ainsi que les hommes vivent ... avec les femmes ?

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Le gouvernement vient de déciderque le projet d’aéroport à NOTREDAME DES LANDES est enterré.Nous nous réjouissons de cette vic-toire qui est le résultat de la mobili-sation qui durait depuis près de 50ans. Bien sûr les raisons qui ont faitcéder Macron ne sont pas connues.Mais, la peur de devoir s’affronteraux militants qui tiennent à leur ter-ritoire en fait partie, tout comme lefait qu’il n’ait pas voulu enterrertrop tôt Nicolas Hulot pour lequel ila d’autres couleuvres à faire avaler :le report de l’arrêt des centrales nu-cléaires et le centre d’enfouissementde Bure par exemple. Le barrage deSivens avec un mort par les forces

de l’ordre (qui restera impuni ?) luiont peut-être fait peur. Les membresde la médiation ont aussi démontréque ce projet risquait de ne pas êtrerentable. Et la contrainte pour l’Etatde rembourser les éventuelles pertesà Vinci : autant d’arguments qui ontdû peser dans la décision.Cela fait une défaite pour les pro aé-roport et là Macron se réjouit de leurjouer un mauvais tour puisque voicila droite des « républicains » et lagauche de Ayrault main dans lamain pour protester « on nous a tra-his ». Mais la palme de la bêtise re-vient à Bruno Retailleau président larégion des Pays de Loire qui dé-nonce la capitulation de Macronface à l’ultra violence de la ZAD. Ilrêve le monsieur ! Nous, nousvoyons la violence du coté des

forces de l’ordre qui ont attaqué lesmilitants en octobre 2012 pour re-prendre le terrain alors qu’il s’agis-sait à l’origine de terres agricolesavec des exploitants, des champs etdes vaches qui ne demandaient rienà personne. Vinci aussi subit une dé-faite mais grâce à Sarkozy il ne vapas s’en tirer trop mal puisqu’en casde dédit, il touchera des indemnitésde la part de l’Etat. Dans tous lescas, il continuera à toucher de l’ar-gent des citoyens par les conces-sions d’autoroute, et les servicespublics divers et variés dont il dé-tient la concession.Cette victoire est avant tout due auxpaysans qui ont défendu la terrecontre le bétonnage, les vaches

contre les avions, le silence des prai-ries contre la pollution, la zone hu-mide contre les pistes et lesparkings, le triton crêté contre lesgaz de kérosène.Elle est aussi due aux Zadistes, cesjeunes qui sont venus de toute laFrance pour s’opposer à cette verrueque les gouvernements voulaientimposer aux habitants contre leurgré. Pour cela ils ont vécu dans desconditions spartiates avec le risquede se faire éjecter à tout moment. Ilsétaient là pour tenter d’imaginer uneautre société loin du capitalisme quinous est imposé. Ils travaillaient àconstruire une autre démocratie oùles gagnants ne seraient pas ceuxqui ont le pognon et forcément lesplaces de dirigeants. Ils ont discutéet réussi à collaborer avec les pay-

sans sur place et chacun faisant unpas vers l’autre il ont gagné cettelutte unitaire. La population des villages deNOTRE DAME DES LANDES etalentour n’avait rien demandé et re-fusait que l’on vienne détruire leurtranquillité et leur bon air pour uneconstruction qui ne devait servirqu’à enrichir les bétonneurs, Vincien tête, qui se moque bien de l’ave-nir de la planète. Si nous nous ré-jouissons de cette victoire, c’estqu’à notre petite échelle nous yavons pris notre part depuis bienlongtemps. Nous sommes allés ren-contrer les militants de la lutte à laferme de « la vache rit » et avonsdiscuté avec ceux qui ont participé

aux débuts de l’opposition lorsquele gouvernement de Chirac a relancéle projet qui datait de 1974. Leur butétait de fédérer toutes les énergiespour en faire une force. C’est grâceà leur diplomatie, à leur conviction,à l’idée qu’ils auraient besoin detout le monde sur la base minimumdu « non à l’aéroport », qu’ils y par-viendraient. Et c’est à cela qu’ilssont parvenus avec la victoire aubout. Par leur diplomatie, ils ontréussi à fédérer tous les opposantsavec la victoire au bout. Par des ras-semblements annuels festifs et desmanifestations à Nantes, des articlesdans notre journal aux réunions lo-cales, des interventions dans notresession décentralisée, nous noussommes impliqués

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Aéroport de Notre Dame Des Landes : Victoire !

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Suite de NDDL > à notre mesurepour cette cause. Nous avons aussiorganisé des stands de restaurationlors de ces rassemblements annuelsavec la participation de nombreuxmilitants qui montraient ainsi leursolidarité à cette cause.Lors de ces rassemblements an-nuels, nous avons participé aux dé-bats et forums dont le niveau deréflexion valait bien celui que l’onpeut entendre à l’assemblée Natio-nale. Les questions qui étaient dé-battues : A qui doit appartenir laterre ? A quoi sert le développe-ment ? Qu’est-ce que la démocra-tie ? La délégation de pouvoirest-elle ce qui la détermine ? L’Etatest-il au service de tous ou entre lesmains des nantis ? La démocratiesur le site peut-elle être plus qu’unlaboratoire ou bien peut-elle êtretransposable ailleurs ? Le centra-lisme de l’Etat n’est-il pas un frein àune démocratie locale ?Dans la lutte une forme de vie so-ciale s’est instaurée dans la zone.Des paysans qui veulent continuerde vivre sur leurs terres, qui sontaidés par les jeunes animateurs de laZAD. Des propriétaires qui permet-tent à ces jeunes de cultiver desterres par le prêt d’outils et de ma-tériel. Des militants qui trouvent là

Projets Inutiles continuent d’exister.En voici une liste non exhaustive :Le center Parc à Royon dans l’Isère,l’autoroute A45 entre Lyon et SaintEtienne, la ligne TGV Bordeaux-Toulouse, la ferme de 4000 bovinsdans la Vienne. La détermination et l’unité qui ontprévalu dans cette lutte ne sont-ellespas une leçon pour nos luttes syndi-cales et professionnelles d’au-jourd’hui et de demain ? C’est ceque nous devons analyser et étu-dier. Les victoires que nous rempor-tons sont si rares qu’elles sont unbien précieux à mettre en commun.

une façon de vivre opposée à celledu monde capitaliste par le respectde la nature et des autres. Une en-traide et une solidarité qui renfor-cent les liens entre toutes lescomposantes de la lutte. Voilà cequ’a permis la lutte contre ce projetd’aéroport. Par les échanges et le respect del’opinion des autres, s’est construitune force qui a abouti à fédérer cesmondes qui n’avaient que peu dechances de s’unir. La victoire decette lutte nous indique la marche àsuivre pour bien des combats ci-toyens qui sont à mener. Les Grands

Mercredi 31 janvier, la SNCF a étécondamnée en appel pour discrimi-nation envers les 848 "chibanis", sesex-salariés marocains, aprèsavoir utilisé tous les artifices judi-ciaires pour faire trainer la procé-dure qui aura duré 12 ans. Etpendant ce temps certains d’entreeux sont morts, autant d’économiserpour la SNCF.Ces retraités regroupés en associa-tion accusaient l'entreprise de lesavoir délibérément "cantonnés" auxplus bas niveaux de qualification etde salaires, ce qui les a pénalisés aumoment de la retraite. Ils ont en

outre obtenu reconnaissance d'un"préjudice moral". La décision de lacour d’appel est une "reconnais-sance" des discriminations subies,cela "nous soulage un peu, mais lablessure est profonde", a réagi unplaignant.En arabe, le mot chibani signifie"cheveux blancs". En France,il désigne les vieux travail-leurs immigrés d'origine ma-ghrébine. La SNCF a recrutéenviron 2 000 Marocainsdans les années 1970, grâce àune convention signée entrela France et le Maroc. Ils sont

aujourd'hui à la retraite. La grandemajorité des plaignants étaitcontractuels et n'a pas pu bénéficierdu statut des cheminots, plus avan-tageux et relevant de la CPR. Unecentaine, naturalisée, a pu y accéder,mais en perdant leur ancienneté.

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Victoire des Chibanis

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En 2015, toutes celles et ceux qui ontparticipé à la session décentralisée denotre liaison à Camaret-sur-Mer, sesouviennent de l’exposé poignant faitpar Laurent Guillou et Stéphane Rouxelsur leurs conditions de travail au seindu groupe Nutréa/Triskalia, un géant del’agroalimentaire breton qui se conduitd’une manière répugnante, empoisonneses salariés et les consommateurs. Tou-jours les mêmes problèmes d'une agri-culture industrielle, del'agro-alimentaire qui sacrifie l’Humainsur l’autel du Profit. Il n’y a qu’à voirce qui se passe chez Lactalis au-jourd’hui…. Spécialisée dans la fabrication de gra-nulés pour le bétail, l’entreprise Nutréaappartient à Triskalia, une coopérativeagricole géante regroupant en Bretagne18 000 agriculteurs et employant 4 800salariés sur 300 sites. Le scandale acommencé fin 2008, quand les diri-geants ont décidé, pour faire des éco-nomies, de ne plus ventiler 20 000tonnes de céréales stockées dansd’énormes silos. Les conséquences ontété désastreuses : les stocks ont été in-festés de charançons et autres insectesnuisibles et sont rapidement devenusimpropres à la consommation. Maispour la direction, il n’était pas questionde les perdre choisissant d’asperger lescéréales de pesticide… également pro-pulsé par les gaines deventilation !C’est dans ce contexte queLaurent et Stéphane travaillant sur lesite de Plouisy (22) à la réception descéréales ont été gravement intoxiquéspar des pesticides surdosés et/ou inter-dits en 2009 et 2010. Ils ont rapidementdéveloppé des symptômes inhabituels(vomissements, saignements, maux detête…). Aujourd’hui ils souffrent d’hy-persensibilité aux produits chimiques,un mal invisible très handicapant pourlequel il n’existe pas de traitement autreque d’éviter tout contact avec des pro-duits chimiques, ce qui revient à fuir leslieux publics et rend très difficile un re-tour à l’emploi.Nutréa/ Triskalia a récidivé l’année sui-vante en utilisant le même procédé, in-toxiquant cette fois une quarantaine desalariés du site. Laurent Guillou et Stéphane Rouxel ontété déclarés inaptes au travail et licen-

Stéphane n’entendent pas tourner lapage et veulent maintenant un procèspénal au Tribunal de Grande Instancede Saint-Brieuc.Ils mènent maintenant depuis près desept ans un combat sans relâche pourfaire reconnaître leur maladie, exigerréparation et dénoncer le scandale sa-nitaire et environnemental que repré-sente aujourd’hui l’utilisation massiveet irresponsable des pesticides dansl’industrie agroalimentaire.Nous nous sommes engagés auprèsd’eux à les soutenir et faire connaitreleur combat. Nous ne manquerons doncpas de vous tenir informés des suites.Par définition Privé égale Profit et dansce contexte l’Humain représente sipeu ! Ce théorème est sans cesse véri-fié. Saurons-nous un jour y mettre unterme ?Pour rappel le groupe TRISKALIA cesont les marques NUTREA (alimenta-tion animale), Paysans Bretons (frais etsurgelés), Prince de Bretagne (lé-gumes), SOCOPA (viandes), RON-

SARD (volailles), Mamie NOVA,REGILAIT et les enseignes et maga-sins POINT VERT, MAGASINVERT, TERRANIMO, Les Jardins duLéguer, Cultivert... Autant d'établisse-ments et produits à boycotter.Pour plus d’infos contactez :Union Syndicale Solidaires du Morbi-han : 06 26 92 30 61Union Régionale Solidaires de Bre-tagne : 06 80 95 85 17Collectif de soutien aux victimes despesticides de l’ouest : 06 73 19 56 07Comité de soutien des victimes de pes-ticides de Triskalia : 06 72 84 87 92

ciés en 2011. Deux autres salariés su-biront le même sort en 2013.Avec l’aide des Solidaires Bretagne etde divers comités et collectifs de sou-tien, Laurent et Stéphane organisentleur défense portant plainte contre Xauprès du procureur de Guingamp enmai 2009. Plainte d’abord classée sanssuite avant qu’une enquête préliminairesoit ouverte en novembre 2010. Ilscontestent aussi leur licenciement de-vant les prud’hommes.Le 11 septembre 2014 le Tribunal desAffaires de Sécurité Sociale de SaintBrieuc a condamné pour faute inexcu-sable de l’employeur l’entrepriseagroalimentaire Nutréa-Triskalia.Le 22 septembre 2016 le Tass de SaintBrieuc a ordonné une indemnisation deplus de 100 000 € pour chacune desvictimes.Le 25 avril 2017 ils ont également étéauditionnés à Bruxelles suite au dossierdéposé auprès de la Commission desPétitions du Parlement Européen. Suiteà cela, une délégation européenne de-vrait êtree n v o y é een Bre-tagne, auprintemps2 0 1 8 ,pour en-quêter surles pra-tiques dese n t r e -p r i s e sa g r o a l i -mentairesbretonnes en matière de pesticides. Dernièrement c’est le conseil deprud'hommes de Lorient qui, par sonjugement du 15 décembre 2017, acondamné Nutréa/Triskalia pour licen-ciement sans cause réelle et sérieuse,pour manquement à l’obligation de sé-curité et insuffisance de recherche dereclassement, l’entreprise devant verserenviron 30 000 € à chacun .Cela fait donc deux juridictions qui re-connaissent la responsabilité de Nu-tréa/Triskalia et la condamne. Espéronsque ces succès porteront un coup d’ar-rêt à leurs pratiques scandaleuses.Même si Nutréa/Triskalia a annoncéqu’elle ne ferait pas appel, Laurent et

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Ne pas se résigner ...

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Le tribunal confirme que lesaccusations du MEDEFétaient fausses.Loïc membre de la Compa-gnie « Jolie Môme » quebeaucoup d’entre nousconnaissent pour ses actionsen soutien aux travailleurs enlutte et ses pièces de théâtremilitantes paraissait le25/01/2018 devant le tribunalde Paris. Il était accuséd’avoir soi-disant porté descoups au responsable de laSécurité du MEDEF PhilippeSalmon lors d’une visite desintermittents du spectacledans leurs locaux pour faireappliquer l'accord sur l'intermittencesigné à l'unanimité par les syndicatset employeurs du spectacle, et s'op-poser à la « loi travail ».. L’audiencequi a été plusieurs fois reportée à lademande du MEDEF s’est tenue enl’absence des accusateurs qui n’ontpas daigné se présenter.Les fausses incriminations de Phi-lippe Salmon auront sciemmentcausé 48h de garde à vue à un inno-cent ainsi qu'un an et demi de pro-cédure judiciaire, sans oublier les24h de garde à vue et les 6 mois depoursuites de 7 autres manifestants,des angoisses, des centainesd'heures et des milliers d'€ perduspour tous les accusés, leurs familles,

sance et l'impunité de ce patronat,responsable de violences physiqueset morales mais aussi de violencessociales contre les intermittents, leschômeurs, les travailleurs.Il esttemps que cessent les poursuites quiont touché plus de 4300 militantssyndicaux, politiques et associatifsdepuis le début de la mobilisationcontre la loi travail. Le soutien denombreux militants et associationsdont SUD-Rail ont permis de résis-ter au rouleau compresseur de cettejustice bien souvent aux ordres desnantis. Il nous faudra nous en sou-venir lorsque l’un d’entre nous estattaqué.

leurs soutiens. Ce furent aussi desinvestigations longues et coûteusespour la police et la justice pour éta-blir la vérité. Toutes ces violenceset dégradations n'ont jamais existé.Si ! Philippe Salmon frappe luimême violemment Loïc. Avec sontémoin ils se rétractent alors discrè-tement un an après les faits et ne seprésentent pas à l’audience.Désigner de faux coupables decoups imaginaires dans l’objectif dediscréditer l’objet politique et socialde la contestation. Voilà ce qui a étéreconstitué à l'audience. Stoppons lacriminalisation des résistants, dé-nonçons toutes les manœuvres de celobby économico-politique. Il esttemps d'en finir avec la toute puis-

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Loïc relaxé !

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Nous nous sentons interpellés par dessculptures portant le label « Artcontemporain». Ce mal-être provientdu fait que l’on n’y comprend rien etque cela nous met mal à l’aise puisquecertains proches de ce milieu nous di-sent « c’est de l’art ». Donc, nous de-vrions ressentir cette émotioncaractéristique lorsque nous sommes enprésence d’une œuvre qui nous étonne,nous surprend, nous émeut. L’art contemporain est considérécomme révolutionnaire ; en consé-quence, ceux qui ne l’apprécient passont de francs réactionnaires. C’est leurverdict. Devant nos interrogations riend’étonnant si l’on décide de taire ses ré-serves pour ne pas se faire taxer deréactionnaire. Ce procédé a une remar-quable efficacité, car, s’il est déployéaussi bien dans un discours sur l’art, ilopère également dans le domaine de larhétorique politique. Le champ artis-tique examiné ici sert donc de « mo-dèle », destiné à en éclairer les enjeux.On s’enferme en un lieu où noussommes entre nous, cercle restreintd’esprits supérieurs. Cette ruse rhétorique a pour fonction decompromettre l’interlocuteur, en susci-tant son intérêt et son... intéressement,« Vous voyez ce que je veux dire... »Même s’il ne voit pas vraiment, il a toutintérêt à répondre affirmativement,sous peine de s’exclure de ceux qui sa-vent et... de se placer ainsi dans la po-sition de l’imbécile qui ne mérite pasd’entrer dans le cénacle des initiés. Cetart de la manipulation, caractéristiquede la publicité, s’applique aussi dansl’art contemporain.L'administration culturelle française afait de l’art contemporain l’art officielde la République. Ses « inspecteurs dela création », ses conservateurs et uni-versitaires décident de ce qui est del’art et de ce qui n’en est pas. Les mai-ries et collectivités locales sont desbons clients.Les œuvres d’art contemporain sont re-connues par leur prix. C’est donc lesriches qui décident ce qui a de la valeur.François Pinault grande fortune fran-çaise achète des sculptures pour desmillions d’€. Le marché fait monter lesprix par la spéculation. Car bien sou-

vent ce n’est pas le travail ni l’esprit quien donne le prix mais la valeur qu’onlui attribue. Le monde de l’art contem-porain crée de la valeur sans travailmais seulement par l’idée.Un exemple : le sculpteur César connupour ses compressions utilise la ma-chine pour décider que telle voiturecompressée a une grande valeur. C’estsa signature qui donne de la valeur carla voiture précédente sortie par la ma-chine et travaillée par un simple ouvrierpeut-être identique mais n’a que la va-leur de la ferraille.

L’artiste américain Jeff Koons offre desfleurs « à la Ville de Paris et au peuplefrançais » en souvenir des attentats denovembre 2015. Son cadeau, unesculpture représentant la main d’unefemme tenant un bouquet de tulipesgonflables colorées de 12 M de haut,pesant environ 33 tonnes qui doit êtreinstallée face à la Seine devant lemusée d’art moderne, pour laquelle ilva falloir renforcer la terrasse. C’estune entreprise allemande qui fabriquele cadeau et c’est la ville de Paris quifinance l’installation : une belle façonde faire un cadeau. La fabrication etl’installation de sa sculpture fleurie estestimée à 3,5 millions d'€ financés viadu mécénat privé dé-fiscalisé à 66 %. Lecontribuable est mis àcontribution, pas l’ar-tiste. Lui, il fournit« l’idée ». L’art contemporainc’est aussi un sapin enplastique ressemblantà un phallus vert surla place Vendôme,une tôle cintrée de 3M. de haut et plus de10 M. de long sur lapelouse du parc deChoisy à Paris, ou en-core le Pont Neuf em-ballé par Christo en1985 !Pendant ce tempsd’autres artistes ten-

tent de créer et de sur-vivre car éloignés descercles de pouvoir etd’argent qui spéculentet décident ce quenous devrions admi-rer.

Jaurès, alors profes-seur de philosophie au Lycée d’Albiexplique l’art à ses élèves : « Vous em-porterez tout d’abord le sentiment inef-façable et le besoin du beau. Ce n’estpas impunément que vous aurez goutéaux émotions de la science et de l’art. Ilvous en restera toujours, au milieumême des affaires et des inévitablesvulgarités de la vie, la curiosité forcéedes grandes choses. »Oui, l’art c’est se sentir ému devant uneœuvre, comprendre ce que l’artiste avoulu nous dire. C’est aussi bien sou-vent retrouver le contexte dans laquelleelle a été produite : les peintures deMonet ou de Caillebotte des gares pari-siennes nous montrent la vie, la puis-sance de l’énergie de la vapeur,l’invitation au voyage. Ces sensationsque nous avons du mal à ressentir au-jourd’hui tant la vitesse, la folie tech-nologique nous empêchent de nouslaisser envahir par une image, uneforme qui nous donne le frisson. Anous de savoir saisir ces moments quinous font ressentir notre humanité.

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Art contemporain ou Art comptant pour rien ?

Le cadeau polémique

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Comment « le prix des pommessubventionne celui du Nutella »Pour mieux répartir la valeur dans lachaîne de production alimentaire, legouvernement dit vouloir la fin despromotions dans les rayons de su-permarché. Terminées donc en prin-cipe les offres « un produit acheté,un produit offert », la réduction nepourra désormais plus excéder 34 %maximum. « Il s’agit de lutter contreles promotions excessives qui per-vertissent aux yeux du consomma-teur la notion de juste prix »,expliquait ainsi Stéphane Travert, lasemaine dernière. Le timing est par-fait, en pleine polémique sur les potsde Nutella : la semaine dernière, uneimportante démarque de 70 % sur lapâte à tartiner appliquée par Inter-

Nous sommes dans une péréquationinfernale ». Ou comment « le prixdes pommes subventionne celui duNutella ».

Petit rappel : Nutella contient unebonne dose d’huile de palme recon-nue comme cancérigène et du sucrede quoi rendre les enfants obèses etaddictifs à ce produit !!!

marché avait provoqué ruées etbousculades dans les magasins.L’épisode illustre un système dé-noncé de longue date par les agri-culteurs, et dont le PDG SergePapin de l’enseigne d’hypermarchéSystème U lui-même s’était fait lecontempteur : « Le pot [de Nutella,ndlr] de 400 grammes coûte à peuprès 2,40 euros. Toute la distribu-tion française prend une marge de 8centimes d’euros. Vous prenez 1 kgde pommes, qui est vendu à peuprès le même prix. Toute la distri-bution prend environ 80 centimes.Est-ce que vous trouvez normal queles produits agricoles, dont on faitl’apologie dans le cadre du plan nu-trition santé, financent les produitsles plus connus issus du marketing ?

Le mythe de la loi du plus fort, la loide la jungle, a forgé nos sociétés oc-cidentales. Pourtant il existe bien unparfum d’entraide dans cette jungle,elle est partout dans l’éventail du vi-vant, c’est un principe de vie.Pour ceux qui ne l’auraient pas en-tendu voici une émission de « la têteau carré » qui nous concerne tous,notre manière de penser de façonnon égoïste et altruiste…. : l’En-traide ! A partir de 15’41.

https://www.franceinter.fr/emis-sions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-01-fevrier-2018

Les 15 et 22 mars dans toute la FranceManifestons tous, fonctionnaires, cheminots, retraités,

pour défendre le service public, nos statuts, nos droits, nos pensions, notre pouvoir d’achat ...

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Le prix des pommes subventionne celui du Nutella

L’Entraide ... surInter

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jardiner savent combien il est bond’être, dans le petit matin printanierau milieu des oiseaux, à se penchersur la terre nourricière.Chacun choisit de bouger comme ill’entend car bouger c’est essentiel.Ceux qui font déjà du sport réguliè-rement sont convaincus de ses bien-faits et le portent sur leur physiqueet leur moral.Sport = vie sociale. Le sport oblige la plupart du tempsde sortir de chez soi et donc d’êtreen contact avec autrui. Tous les gensont besoin de contacts humains et cepeut être pour les gens isolés de re-trouver un contact social qui leurmanque. Beaucoup d’entre nous sesouviennent de ces parties de footque l’on disputait dans le villagedans un coin du pré. C’est peut-êtrelà que nous y avons découvert legoût de l’effort ou l’esprit d’équipeque nous avons retrouvé lorsquenous sommes venus dans le syndi-cat. Cette vie sociale est bien diffé-rente de ceux qui ne conçoivent lesport que comme spectateurs.Certes, il est bien que les plus an-ciens aillent soutenir l’équipe deleur village le long de la touche ap-portant ainsi un soutien que lesjeunes apprécient. Mais, il ne faut

pas tomber dans le sport-ca-napé-bière devant la télé.Car dans ce cas, le soutienva sans que l’on s’en rendecompte aux « pubs » quisont le principal but de cesdiffusions : vendre tel ou telproduit.RAPPEL : Pratiquer unsport est bon pour la santémais nécessite quelques pré-cautions. Aussi nous vousrecommandons de deman-der à votre médecin si vousn’avez pas de contre-indica-tion pour le sport que vousvoulez pratiquer.

Dans ce 2ème article nous allonsparler des bienfaits du sport.Le sport est un loisir qui, lorsqu’ilest pratiqué par les gens sans ambi-tion de compétition apporte quantitéde bienfaits pour l’état physique etmental de chacun. En effet, il solli-cite tout notre corps. Il en est le ca-pital qui nous permet de vivre touten restant en bonne santé. Dès quel’on prend de l’âge, on ressent desdouleurs qui étaient jusqu’alors in-connues. Pour supporter ces modi-fications dues au vieillissement ilest bon de forcer notre organisme àgarder un fonctionnement normal etrepousser le moment où la vieillessenous gagnera avec son lot de dés-agréments inéluctables. De plus, ily a un lien direct entre l’état phy-sique et psychologique des indivi-dus. Les personnes qui ne bougentpas ont tendance à se renfermer etne voir que les méfaits de la prise del’âge sans savoir que chacun peutdans une certaine mesure agir et yfaire quelque chose. Notre santé estpour une grande partie entre nosmains. Bien sûr nous ne pouvonspas tout mais maintenant que noussommes libérés des contraintes dutravail et des dégradations qu’ilnous imposait, nous pouvons œu-vrer pour prendre soin denotre corps et essayer de legarder en bonne santé. A tous les âges, on peutaméliorer sa vie.Tout simplement en prati-quant des exercices d’as-souplissement chez soi. Aulever, quelques mouve-ments d’étirement des braset des jambes ou de flexionpour faire fonctionner et dé-rouiller les muscles et pré-parer le corps à l’activité dela journée. D’autres mouve-ments peuvent se faire al-longé sur un tapis de gym.Ainsi muscles et articula-tions sont prêts et vont exer-

cer leurs fonctions de manière plusaisée. Ensuite ceux qui le souhaitentet résident dans des lieux appropriéspeuvent pratiquer la marche. Diffé-rentes façons sont proposées. Sepromener dans la campagne ou dansun parc pendant ½ H ou 1 H faitplus de bien que de rester sur le ca-napé pendant ce temps-là. On peutaussi marcher avec son conjoint, desamis ou dans un club adapté. Cer-taines villes ou villages possèdentdes clubs pratiquant la marche spor-tive, c’est un cran au dessus. La pro-menade à l’extérieur permet derenouer un contact avec la nature cequi manque à beaucoup dans cemonde moderne concentré dans lescentres urbains bruyants et pollués. Certains parmi les plus jeunes pra-tiquent de façon plus sportive. Larando sous toutes ses formes est unloisir très prisé pour les anciens.Outre qu’elle permet d’être dehors,on peut la pratiquer en famille et lespetits enfants seront ravis de partirà l’aventure avec papy ou mamy sion les y a préparés. Ensuite d’autrespréféreront la natation, le sport ensalle de gym ou les sports en équipeou le collectif permet de vivre desmoments de fraternité intense et bé-néfiques. Ceux qui ont la chance de

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Le Sport, du pire au meilleur ... suite

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Fédération Sud-Rail

[email protected] / www.sudrail.fr

Liaison Nationale des Retraité-e-s17 bd de la Libération 93200 Saint Denis Tél 01 42 43 99 77

www.retraitesudrail.org

[email protected]

ZéroPhyto100%BioDocumentaire - Après Insecticide Mon Amour, le réalisateur GuillaumeBodin présente Zéro phyto 100 % bio, son nouveau documentaire. Une en-quête passionnante sur plusieurs communes françaises qui n’ont pas attendul’entrée en vigueur le 1er janvier 2017 de la loi Labbé interdisant l’utilisa-tion de pesticides dans les espaces publics pour changer leurs pratiques. Cefilm met aussi en avant les pionniers de la restauration collective biologiqueet leurs partenaires : associations, entreprises, agriculteurs, ingénieurs, ar-

tisans qui ensemble contribuent à l’amélioration de la qualité des repas dans les collectivités. Les associations GénérationsFutures, Bio Consom'acteurs et Agir Pour l'Environnement sont à l'initiative de ce projet.

Une saison en FranceFilm - Abbas, professeur de français, a fui la guerre en Centrafrique pour bâtir une nouvelle vie en France.En attendant d’obtenir le statut de réfugié, le quotidien d’Abbas s’organise : ses enfants sont scolarisés etil travaille sur un marché où il a rencontré Carole, sensible au courage de cet homme encore hanté par lesfantômes du passé. Mais si le droit d'asile lui était refusé, qu'adviendrait-il d'Abbas et de sa famille déra-cinée ? Et de Carole, privée du foyer qu’elle a cru reconstruire ?

Un homme est mortFilm d’Animation - Brest, 1950. La ville est en pleine reconstruction. Les ouvriers en grève re-vendiquent en vain des hausses de salaire. Comme toute la ville, P’tit Zef, Édouard, Désiré et

Paulette, quatre ouvriers, participent à la grande manifestation organisée par la CGT quand de violents affron-tements surviennent. Les policiers se mettent à tirer sur la foule et une balle atteint Édouard en plein front. Lesyndicat fait alors venir le cinéaste René Vautier pour qu’il réalise un film sur la lutte des grévistes.

Sur la tête de la chèvreLivre - Parce qu’ils étaient juifs.Piri, jeune juive hongroise, raconte son quotidien du déclenchement de laSeconde Guerre mondiale à la déportation de sa famille en mai 1944 àAuschwitz. Récit autobiographique.

L’Entraide, l’autre loi de la JungleLivre. Abreuvés de la compétition, nous avons fini par oublier que l’humanité n’était pas seulement régiepar l’agression et l’égoïsme, et que les organismes qui survivent le mieux ne sont pas les plus forts… maisceux qui arrivent à coopérer. Dans la jungle, il y a « un parfum d’entraide que nous ne percevons plus ».La loi du plus fort n’a jamais gouverné la nature. C’est pourtant ce que prétendent certains en distordantles écrits de Darwin (qui parle du plus adapté à la situation du moment et qui peut être l’inadapté de laveille). A les croire, ce modèle du culte de la compétition de tous contre tous serait la seule direction iné-vitable qu’il nous faudrait suivre.

Et pourtant, c’est à l’entraide et à la coopération que les êtres vivants doivent, pour la plupart du temps, leur survie.

L’Imposture de l’art contemporain - Une utopie financièreLivre. Editions Eyrolles.Le décryptage de la contribution hexagonale à la "fabrique" d’un "art" contemporain mué en produit fi-nancier : un mécanisme aux rouages actionnés en réseau, entre marché et décision publique, au profit ex-clusif -sonnant et trébuchant- d’une poignée d’investisseurs et d’auteurs, au détriment de la partieimmergée, majorité écrasante de la scène artistique, toujours moins silencieuse.

Vive la Culture

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