LiCCo Baie des Veys · 5°les époux ZAPPA concessionnaires actuels des lais et relais de mer dits...
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LiCCo – Baie des Veys Suzanne Noël – Histoire des risques côtiers – UFR d’Histoire Université de Caen, Basse-Normandie Site atelier session 3 – 21 février 2014
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LiCCo – Baie des Veys Suzanne Noël – Histoire des risques côtiers – UFR d’Histoire
Université de Caen, Basse-Normandie
Site atelier session 3 – 21 février 2014
I. Un mode d’exploitation réversible?
– Les dunes et les mielles :
• Lieu de pâturage commun (de plus en plus limité, à Fontenay-sur-Mer les dunes sont louées )
• Zone de dépaissance et de cueillette pour les paroissiens. Ils y prélèvent des plantes servant de litière, de bois de chauffe, de matière première pour faire des balais et des brosses
• Espace pour étendre le varech et le bruler
• Zone d’habitat pour les pêcheurs et quelques fermiers
• Espace porteur d’enjeux militaires ( nombreux corps de garde)
• Zone de circulation
– Les mares et tarets
• Symbole de pouvoir pour le seigneur qui se réserve les poissons et les oiseaux royaux ( brochet, carpe, cygne)
• Source de revenu : baux des anguilles ( paiement en nature de la location de la mare et du taret de Fontenay sur mer: 1200 anguilles en 1596)
• Lieu de stockage de la pêche pour les mares submersibles
• Culture du roseau
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A/ 1500/1680: Un espace riche grâce à sa pluriactivité
– Les grèves et l’estran ( les lais et relais de la mer)
• Espace de pêche, (pêche du saumon, de l’esturgeon, parc à huitres ( 30 à 40 millions d’huitres sont affinées/an, pêche à pied sur les moulières, pêche des coques, du frai pour engraisser les canards et faire des pièges pour « la pêche aux oiseaux »)
• Zone d’extraction ( tangue, sablon, sable de construction et pierre)
• Zone de cueillette très intensive du varech ( vaste débouché: amendement, soude industrielle, « le Robert » remplace le bois de chauffe)
• Zone de pacage collectif ( Brévands)
– Les marais situés à l’arrière du cordon dunaire
• Les terrains les plus faciles à assécher sont valorisés pour l’élevage spéculatif ( élevage équin et bovin, bœufs gras, ou élevage laitier)
• Les terrains les plus humides servent de communaux , ils:
– Permettent d’élever des oies, quelques moutons, une vache
– Sont loués pour payer la taille durant les périodes difficiles (1591)
– Servent de zone naturelle d’expansion des crues
– Les hauts fonds, exploités intensément grâce aux amendements marins, sont valorisés en terre de labour (céréales, lin, chanvre, fève)
Un territoire fortement imposé: Montant de la taille, payé par les communes situées entre Barfleur et Carentan en 1677: 44187 livres ( A la même date, Caen verse 28000
livres de taille et Ouistreham verse 2 fois moins de taille que Fontenay-sur-Mer et 3 fois moins que Saint-Vaast-la-Hougue)
Un doublement de la population
B/ Les incidences de cette richesse
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Evolution de la population de 20 communes de la côte
orientale du Cotentin et de la baie des Veys entre 1713 et 2011 (Morsalines, Crasville, Fontenay-sur-Mer, Quinéville, Aumeville, Quettehou, La Pernelle, Saint-Vaast Rideauville, Picauville, Saint-Marcouf-des-îles, Réville, Barfleur, Brévands, les Veys, Saint-Marie-du-Mont, Saint-Martin-de-Varreville, Saint-Germain-de-Varreville, Ravenoville)
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Un territoire fortement imposé: Montant de la taille, payé par les communes situées entre Barfleur et Carentan en 1677: 44187 livres ( A la même date, Caen verse 28000
livres de taille et Ouistreham verse 2 fois moins de taille que Fontenay-sur-Mer et 3 fois moins que Saint-Vaast-la-Hougue)
Une augmentation forte de la population qui pèse sur la régénération du cordon dunaire
Un territoire très attractif ….
B/ Les incidences de cette richesse
Mise en place d’une législation (dès le XVIe siècle) très incitative pour bonifier les terres vaines et vagues ( dunes, marais, landes, mares, paluds)
+ Une forte augmentation de la valeur foncière du pâturage
+ Une augmentation de la population qui permet d’entretenir digues et
canaux d’assèchement +
L’alluvionnement intensif des cours d’eau (et un léger retrait de la mer durant le Petit Age Glaciaire?)
= Retour des polders
Diminution drastique des communaux et un empiètement croissant sur le
lit majeur des cours d’eau +
La multiplication des contestations ( aliénations des communaux et coût des infrastructures)
C/… Dans un contexte climatique et politique favorable aux spéculateurs et à la bonification
Services Historiques de la Défense de Vincennes – 6 M J 10 C 1134
1689: le paysage d’aujourd’hui se met en place Tarets Sens de la chronologie de l’assèchement (1634: arrêt pour l’assèchement des marais de la Douve)
Vasière en cours de Poldérisation
Audouville Sainte-Marie-du-Mont
Ravenoville
Fontenay-sur-Mer
Saint-Marcouf
Saint-Martin
Beuzeville
Plan terrier de la seigneurie du comte de Beuzeville et de M. le chevalier de la Luzerne son frère, Les Veys, 1730
Epis
Village maritime de Coquebourg
Polder du Comte de Beuzeville
Epis
Archives Nationales de France, Manche 1 N 1
1770: un réseau dense de canaux et de fossés figure sur les cartes des ingénieurs de la Marine ( commune de Sainte-Marie-du-Mont)
Services Historiques de la Défense de Vincennes J 10 C 499
1880: la poldérisation « industrielle » de la baie des Veys
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1880
Coquebourg
Polderisation seigneuriale
Polders de la Compagnie des Polders de l’Ouest
Carte IGN -@géoportail
II. La multiplication des contestations, l’exemple du financement des digues
sur la côte Est du Cotentin
A/ Les débuts difficiles ou le paradoxe de la digue
A Sainte Marie du Mont
• 1686 : tous les acteurs ne sont pas favorables à la poldérisation des vasières situées à Saint Marie-du-Mont en raison d’un rapport coûts-bénéfices peu engageant
• 1692 : installation des premières écluses ( petites portes à flot) et creusement du canal de Magdeleine. Toutefois, « cela n’a pas permis le dessèchement attendu ». L’entrepreneur n’ayant pas réussi à se faire payer, il ne s’est pas occupé de l’entretien des écluses
• 1708: Nouveau creusement du Canal de Magdeleine ( coût des travaux : 3000 livres – co-financeur: Audouville/ Sainte-Marie-du-Mont)
• 1712: 1er dégat, la mer a balayé le canal et l’écluse. Audouville se désengage du projet.
A Saint-Vaast/Réville
4/5 nov. 1724: une date clef dans la mémoire de la gestion du risque
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Intempéries de la côtes Est du Cotentin (Entre Réville et
Sainte-Marie-du-Mont) entre 1700 et 1789
Niveau de dégâts Force des vents (Echelle de Beaufort)
( Décision du 15 mars 1726) Pour la seconde fois dans l’histoire de France, l’Etat Royal décide de financer une infrastructure visant à se prémunir d’une catastrophe naturelle (ici la digue la Longue Rive) en imposant les 20 généralités françaises. Coût de la dépense: 130 300 livres Fin des travaux: 1731
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Intempéries de la côtes Est du Cotentin entre 1700 et 1789
Niveau de dégâts Force des vents (Echelle de Beaufort)
• 1737 : « toutes les digues, dunes, sillons de terre et sable qui se trouvent depuis la paroisse de Sainte-Marie-du-Mont au pont de Saire seront fortifiées par des glacis en pierre sèche posés bloc sur bloc »
• Le coût et la réalisation des travaux sont supportés par les hommes de la paroisse.
• Envoi de brigades de maréchaussée deux fois par semaine pour contraindre les récalcitrants qui refusent de participer aux coûts de la digue ou aux travaux
• Acquis « social »: suppression de la corvée des routes
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Sainte-Marie-du-Mont) entre 1700 et 1789
Niveau de dégâts Force des vents (Echelle de Beaufort)
1753: coût de l’entretien des digues de Sainte-Marie-du-Mont depuis 30 ans plus de 90000 livres pour 479 toises (1km)
Lettre au contrôleur général: « ….On a fait chaque année des réparations et de nouveaux ouvrages mais il n'a pas été possible d'en finir parce qu'il y a eu tous les ans de nouvelles réparations à faire ces digues » « Les suppliants, épuisés par des dépenses et voyant les ouvrages détruits en la plus grande partie au commencement de l'année 1751, ont demandé au Contrôleur général … de répartir sur le Royaume les sommes nécessaires pour la construction d'un ouvrage solide… »
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Niveau de dégâts Force des vents (Echelle de Beaufort)
II. Après poldérisation: nouvelle offensive des flots 1869-1909
• Un hiver 1869 maudit, 3 « ouragans » entraînent de lourds dégâts: 28 février au 2 mars (Avranchin), 19 mars, 29 mars (Canton de Valognes):
– Ouragan du 19 mars 1869: • Cheminées renversées, arbres abattus, vitres brisées, le clocher de
la chapelle de Saint-Vaast est tombé
• Désastres en mer et digues déchaussées
– Ouragan du 29 mars 1869 (marée de 115 et vents N-E) • La mer a envahi des maisons et des superficies agricoles à Saint-
Vaast, Quinéville, Saint-Marcouf, Ravenoville (4 km de digues détruites)
• La digue de Brévands a rompu
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Une législation préfectorale renforcée:
= 1861: Arrêt préfectoral sur l’enlèvement de sable coquiller et autres
amendements marins
Il est permis à partir de 20 mètres de la laisse des hautes mers sauf exception ci-après:
1° de la pointe du Grand Vey à la limite des communes de Lestre et Aumeville, la zone de prohibition sera portée à 60 m
2° De Lestre à la pointe de la hougue à 150 m
3° De la pointe de la Hougue au port de Saire la prohibition sera absolue…
= 1869: Arrêt préfectoral; les agents du service maritime des Ponts et
Chaussées doivent inspecter les digues au moins une fois par trimestre, surtout avant les grandes marées.
Malgré cela, les digues subissent régulièrement des avaries :
27 novembre 1875, 1886, 30 janvier 1897, 4 février 1901, 21-22 février 1905, 1er octobre 1908, 28 octobre 1909, 11 mars 1910, janvier 1915… et utilisation des fonds du ministère des Travaux Publics en 1898, 1902, 27 et 28 oct 1909…
Avaries tempête du siècle du 28 et 29 octobre 1909 Archives des Ponts et Chaussées de la Manche (ADM S Cherbourg 8) Demande de subventions « … pour les associations syndicales suivantes: 1° syndicat du Grand Vey ( budget annuel environ 13000frcs) 2° syndicat de Ravenoville, Fontenay, Saint-Marcouf et Quinéville 3° syndicat de Barfleur et Gatteville ( budget annuel 780 frcs) 4° syndicat des Mielles de Cherbourg et Tourlaville 5°les époux ZAPPA concessionnaires actuels des lais et relais de mer dits « Polder du Cotentin ». La dépense totale à prévoir pour la réparation des avaries est évaluée par les ingénieurs à 154 000 francs pour les digues des associations syndicales et à 250000 francs pour les digues d'enclôture des polders concédés aux époux ZAPPA soit total 359 000 francs Participation de l'état retenue : 1/3 du cout des travaux
En 1885, l’ingénieur en chef des Ponts et chaussées se demande "comment lutter contre un ennemi qui ne cesse depuis plusieurs siècles d'être en guerre contre nous!"
Annuaire des cinq départements de la Normandie - Coutances - 51e années -1886
