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FEWS NET Cameroon [email protected] www.fews.net/fr/cameroon L’activité du FEWS NET est financée par l’USAID. Les points de vue exprimés par les auteurs de la présente publication ne reflètent pas forcément le point de vue de l’Agence américaine pour le développement international ou du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique. CAMEROUN Perspective sur la sécurité alimentaire juin 2021 à janvier 2022 Les principales récoltes devraient améliorer les conditions de la sécurité alimentaire bien que les perspectives de production restent défavorables dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest MESSAGES CLÉ La récolte sèche qui débute en Juillet devrait améliorer les conditions de la sécurité alimentaire des ménages pauvres du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Malgré une production anticipée inférieure à la moyenne, les ménages consommeront leur propre production et une augmentation saisonnière des ventes de récoltes améliorera les revenus. Les résultats de la sécurité alimentaire devraient s'améliorer au niveau Stress (Phase 2 de l'IPC), sauf dans les départements les plus touchées par le conflit où la production et l'accès à l'aide alimentaire restent très faibles. Les résultats de Crise (Phase 3 de l'IPC) commenceront probablement à apparaître en Octobre, car l'épuisement prématuré des stocks alimentaires commencera à faire grimper les prix des produits de base. Les mesures de prévention du COVID-19 continuent de limiter les opportunités de revenus quotidiens pour les ménages urbains pauvres. Les perturbations de l'approvisionnement liées au COVID-19 maintiennent les prix des principaux produits de base au-dessus de la moyenne. Des campagnes de vaccination contre le COVID-19 sont en cours dans tout le pays, mais l'impact de la pandémie devrait se poursuivre jusqu'en 2021 et 2022. Dans les départements les plus touchées par les activités des insurgés dans l'Extrême-Nord, des cheptels inférieurs à la moyenne réduisent les revenus de la vente de bétail et la production 2020/21 localisée inférieure à la moyenne maintient les prix des aliments de base au-dessus de la moyenne. Afin de répondre à leurs besoins alimentaires, les ménages du Mayo Sava, du Mayo Tsanaga et du Logone et Chari empruntent de plus en plus, réduisent la taille et la fréquence des repas, achètent des aliments de substitution moins chers et vendent du charbon de bois et du bois de chauffage, et resteront en insécurité alimentaire de Crise (Phase IPC 3) jusqu'en Août. CALENDRIER SAISONNIER POUR UNE ANNÉE TYPIQUE, EXTRÊME NORD Source : FEWS NET Sécurité alimentaire courante, Juin 2021 Source: FEWS NET FEWS NET classification is IPC-compatible. IPC-compatible analysis follows key IPC protocols but does not necessarily reflect the consensus of national food security partners.

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FEWS NET Cameroon

[email protected]

www.fews.net/fr/cameroon

L’activité du FEWS NET est financée par l’USAID. Les points de vue exprimés par

les auteurs de la présente publication ne reflètent pas forcément le point de vue de

l’Agence américaine pour le développement international ou du gouvernement des

Etats-Unis d’Amérique.

CAMEROUN Perspective sur la sécurité alimentaire juin 2021 à janvier 2022

Les principales récoltes devraient améliorer les conditions de la sécurité alimentaire bien que les perspectives

de production restent défavorables dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest

MESSAGES CLÉ

• La récolte sèche qui débute en Juillet devrait améliorer les conditions de la sécurité alimentaire des ménages pauvres du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Malgré une production anticipée inférieure à la moyenne, les ménages consommeront leur propre production et une augmentation saisonnière des ventes de récoltes améliorera les revenus. Les résultats de la sécurité alimentaire devraient s'améliorer au niveau Stress (Phase 2 de l'IPC), sauf dans les départements les plus touchées par le conflit où la production et l'accès à l'aide alimentaire restent très faibles. Les résultats de Crise (Phase 3 de l'IPC) commenceront probablement à apparaître en Octobre, car l'épuisement prématuré des stocks alimentaires commencera à faire grimper les prix des produits de base.

• Les mesures de prévention du COVID-19 continuent de limiter les opportunités de revenus quotidiens pour les ménages urbains pauvres. Les perturbations de l'approvisionnement liées au COVID-19 maintiennent les prix des principaux produits de base au-dessus de la moyenne. Des campagnes de vaccination contre le COVID-19 sont en cours dans tout le pays, mais l'impact de la pandémie devrait se poursuivre jusqu'en 2021 et 2022.

• Dans les départements les plus touchées par les activités des insurgés dans l'Extrême-Nord, des cheptels inférieurs à la moyenne réduisent les revenus de la vente de bétail et la production 2020/21 localisée inférieure à la moyenne maintient les prix des aliments de base au-dessus de la moyenne. Afin de répondre à leurs besoins alimentaires, les ménages du Mayo Sava, du Mayo Tsanaga et du Logone et Chari empruntent de plus en plus, réduisent la taille et la fréquence des repas, achètent des aliments de substitution moins chers et vendent du charbon de bois et du bois de chauffage, et resteront en insécurité alimentaire de Crise (Phase IPC 3) jusqu'en Août.

CALENDRIER SAISONNIER POUR UNE ANNÉE TYPIQUE, EXTRÊME NORD

Source : FEWS NET

Sécurité alimentaire courante, Juin 2021

Source: FEWS NET

FEWS NET classification is IPC-compatible. IPC-compatible analysis

follows key IPC protocols but does not necessarily reflect the

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CONTEXTE NATIONAL

Situation actuelle

Impact de la pandémie de COVID-19 : Les nouveaux cas signalés de COVID-19 ont diminué en moyenne de 20 % depuis la première semaine de Mai 2021. Des campagnes de vaccination sont en cours dans tout le pays et 97 245 doses de vaccins ont été administrées et 18 769 personnes ont été complètement vaccinées en Juin 2021, ce qui représente moins de 0,1% de la population totale vaccinée. D'autres mesures de prévention telles que la distanciation sociale, le port de masques, la restriction des rassemblements et le dépistage obligatoire à tous les points d'entrée restent en place. Les activités économiques dans les centres urbains liées au tourisme, y compris les hôtels et les restaurants, et les activités informelles telles que le petit commerce continuent de fonctionner à des niveaux inférieurs à la moyenne. Le Cameroun a rouvert sa frontière avec le Tchad via le pont de Ngueli le 20 Juin, au vu de la tendance à la baisse des cas positifs de COVID 19 dans les deux pays.

Production agricole : Les alertes décennales de Mars 2021 produites par l'Observatoire National des Changements Climatiques (ONACC) montrent que l'arrivée des pluies en mi-Mars a favorisé le démarrage opportun des activités de semis pendant la saison principale dans la partie sud du pays tandis que le cumul saisonnier les précipitations ont permis un développement normal des cultures. La production de la saison principale est estimée être moyenne, en partie en raison de l'augmentation du soutien aux intrants du gouvernement et des partenaires qui visait à atténuer les impacts du COVID-19 sur la production. Les engagements agricoles au cours de cette saison ont été entravés dans une certaine mesure par une mobilité réduite et des coûts de transport élevés en raison du COVID-19 et de l'insécurité dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l'Extrême-Nord. Les prix des intrants agricoles tels que les semences améliorées, les engrais, les pesticides et les herbicides restent de 10 à 15% supérieurs aux niveaux d'avant COVID-19, les engrais chimiques se vendant de 10 à 12% plus cher qu'à la même période en 2019 dans la plupart des zones rurales, et davantage dans les zones touchées par les conflits et l'insécurité en cours.

Production animale : La saison des pluies en cours favorise la croissance des pâturages et le remplissage des sources d'eau, améliorant ainsi les ressources pastorales. La migration du bétail du sud vers le nord se poursuit avec pour destination actuelle la plaine du Diamaré (Mindif, Moulvoudaye, Pétté) et les plaines inondables du Logone. Le COVID-19 et les fermetures de frontières liées à la sécurité entravent les mouvements transnationaux de transhumance du Tchad et de la RCA vers le Cameroun et vice versa, et les mouvements de transit du Tchad vers la RCA, via le Cameroun.

Marchés : Les stocks en aliments de base sur les principaux marchés sont saisonnièrement bas et attendent d'être réapprovisionnés avec les principales récoltes à partir de Juillet. L'augmentation des coûts de transport et les blocages routiers dus à l'insécurité et aux restrictions liées au COVID-19 continuent de perturber le flux interne des cultures des bassins de production vers les marchés urbains. Dans la région de l'Extrême-Nord, environ 64% des marchés de denrées alimentaires et de bétail continuent d'avoir une réduction de l'offre et du nombre de commerçants jusqu'à 50% par rapport à la normale à cette période de l'année en raison de l'insécurité persistante. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l'accès des ménages aux marchés pour acheter ou vendre reste inférieur à la moyenne en raison du « ville morte » fréquent et de la réduction du nombre de jours de marché.

Résultats projetés de sécurité alimentaire, Juin-

Septembre 2021

Source: FEWS NET

Résultats projetés de sécurité alimentaire, Octobre

2021-Janvier 2022

Source: FEWS NET

FEWS NET classification is IPC-compatible. IPC-compatible analysis

follows key IPC protocols but does not necessarily reflect the

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La dépendance des ménages vis-à-vis des achats sur le marché est saisonnièrement élevée dans tout le pays et augmente dans les régions du nord où la période de soudure est en cours. Les prix du riz importé sont restés 30% supérieurs à la moyenne après une forte augmentation en Mai 2020 en raison de perturbations de l'approvisionnement liées au COVID-19. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les approvisionnements sont inférieurs à la moyenne en raison d'une production inférieure à la moyenne de la dernière campagne qui a entraîné un épuisement plus rapide des stocks. Par conséquent, la plupart des produits de base continuent de se vendre au-dessus des moyennes des années précédant le conflit. Dans l'Extrême-Nord, les prix saisonniers des céréales sont légèrement à modérément plus élevés qu'à la même période au cours des trois dernières années, en raison de la demande croissante du nord-est du Nigéria et de la République Centrafricaine et à l'augmentation des flux informels malgré la fermeture des frontières. Commerce transfrontalier : Malgré les fermetures officielles des frontières liées à l’insécurité etau COVID-19, les flux transfrontaliers informels se poursuivent, mais à des niveaux inférieurs à la moyenne. La contrebande de céréales et d’autres denrées de base via les villes frontalières de l’extrême-Nord vers le Nigeria, ou la demande est élevée, est en hausse, ce qui entraine une augmentation des prix du coté camerounais. Des flux accrus ont également été observés le long du corridor Douala-Bangui depuis la réouverture de la frontière Cameroun-République Centrafricaine (RCA) au début de l’année 2021, bien que l'insécurité persistante et les menaces des groupes rebelles maintiennent les flux à un niveau inférieur à la moyenne . L'entrée de troupeaux en provenance du Tchad et du Soudan a chuté de 70 %, maintenant le flux de bétail vers les marchés de destination à Yaoundé, Douala, Gabon, Guinée équatoriale et RCA en dessous de la moyenne.

Situation nutritionnelle : Les résultats préliminaires de la dernière enquête nutritionnelle SMART-SENS menée par le Gouvernement du Cameroun, le UNHCR et l'UNICEF du 16 Février au 14 Mars 2021 ont révélé que la prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) chez les enfants réfugiés centrafricains (6 et 59 mois) vivant dans et hors des camps dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua se détériorent depuis 2016 et dépassent actuellement le seuil critique de 10 %. Alors que la région de l'Extrême-Nord a enregistré une prévalence de MAG modérément élevée (5,9%). La situation nutritionnelle actuelle dans cette région reste précaire, exacerbée par la période de soudure en cours et par le manque d'accès à l'eau potable et le manque d'hygiène/d'assainissement pendant la saison des pluies en cours. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la malnutrition aiguë parmi les ménages pauvres persiste en raison des effets combinés de la baisse de la production, des prix des aliments de base supérieurs à la moyenne causés par les combats en cours et les déplacements de population.

Conflit et insécurité : Le conflit en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NWSW) reste le principal moteur de l'insécurité alimentaire aiguë dans ces régions, la pandémie de COVID-19 exacerbant davantage son impact sur les ménages pauvres. Le conflit a connu une diminution du nombre de décès associés au cours des quatre premiers mois de 2021 par rapport à la même période en 2020 malgré une augmentation du nombre d'attaques menées contre des civils. Les militants séparatistes anglophones ont augmenté leur utilisation d'engins explosifs improvisés (EEI) ces dernières années ciblant principalement les forces de sécurité gouvernementales, les opposants politiques nationaux perçus ou ceux qui défient les « villes mortes ». D'autre part, dans l'Extrême-Nord, la Jama'atu Ahlis-Sunnah Lidda'Awati Wal-Jihad (JAS) et l'État Islamique de la province d'Afrique de l'Ouest (ISWAP) continuent de mener de fréquentes attaques, tuant, pillant, kidnappant et déplacement de civils, en particulier dans les localités frontalières du Mayo Sava, du Mayo Tsanaga et du Logone et Chari. Depuis Mars 2021, la situation sécuritaire en République Centrafricaine (RCA) reste relativement inchangée avec 156 réfugiés centrafricains supplémentaires rapatriés volontairement du Cameroun vers les villes de Baoro et Berberati en République centrafricaine.

Aide humanitaire : Plus de 25 organisations (agences des Nations Unies, internationales et locales) fournissent activement l’assistance alimentaire aux communautés d'accueil, aux réfugiés et aux personnes déplacées dans les régions de l'Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sous forme de distribution de nourriture en nature, d'aide aux moyens d’existence (jardinage, petit commerce, production d'œufs) et les transferts en espèces. Les informations disponibles suggèrent que dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua, l'aide humanitaire cible les réfugiés RCA les plus vulnérables et couvre 50 pour cent des rations alimentaires et atteint 39 pour cent de la population réfugiée. Selon le UNHCR, l'aide humanitaire aux réfugiés nigérians dans le camp de réfugiés de Minawao se poursuit. Les informations disponibles suggèrent que les rations alimentaires actuelles, représentant 70 pour cent de leurs besoins alimentaires, contribuent probablement à des résultats relativement meilleurs pour ceux qui reçoivent cette aide. Cependant, les contraintes d'accès et de financement perturbent parfois la portée de cette assistance. De plus, les formalités de rapatriement des réfugiés sont en cours avec environ 2 800 personnes rapatriées du camp de réfugiés de Minawao vers l'État de Borno au Nigéria du camp de réfugiés de Minawao depuis Mars 2021, et d'autres sont attendus dans les jours à venir.

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Suppositions

Le scénario de sécurité alimentaire le plus probable de Juin 2021 à Janvier 2022 est basé sur des hypothèses fondamentales, en rapport avec l'évolution du contexte national, qui sont :

• Compte tenu des tendances actuelles et la possibilité d’apparition de nouvelles variantes, les nouveaux cas de COVID-19 devraient rester élevés tout au long de l'année. Les efforts nationaux de vaccination ne devraient avoir un impact substantiel sur l'atténuation de l'épidémie de COVID-19 qu'à long terme.

• Les mesures gouvernementales visant à freiner la propagation du virus telles que la distanciation sociale, le port de masques, la restriction des rassemblements et des déplacements devraient rester en vigueur. Les prévisions saisonnières des précipitations (PRESASS 2021, NOAA) publiées en Avril indiquent que les précipitations cumulées entre Mars et Juin seront moyennes à inférieures à la moyenne dans la partie sud du pays. Dans l'Extrême-Nord, des précipitations supérieures à la moyenne sont attendues pendant la principale saison des pluies, de Juin à Septembre. Dans l'ensemble, les conditions climatiques devraient favoriser les activités de récolte et post-récolte dans le sud du pays tout en favorisant la croissance et le développement des cultures pendant la principale campagne agricole dans le nord.

• Cependant, les débits fluviaux actuels et les prévisions de précipitations supérieures à la moyenne, combinés aux tendances observées au cours des trois dernières années indiquent que les inondations sont plus probables à Mayo Danay et Logone et Chari, à un niveau similaire à celui observée au cours de la même période en 2020.

• Dans l'ensemble, les récoltes principales de Juin devraient être moyennes et similaires à celle de l'année précédente, en partie grâce à l'augmentation du soutien du gouvernement et des partenaires en intrants qui visait à atténuer l'impact du COVID-19 sur la production. Dans les régions anglophones, la production devrait rester nettement inférieure à la moyenne et similaire a celle des trois dernières années, car l'accès réduit aux champs et aux intrants en raison dû à la persistance du conflit et aux mesures du COVID-19, a entravé les engagements de production de la saison principale. Pour le nord du pays où une période sèche d'environ 5 à 10 jours consécutifs est attendue entre Juin et Juillet sur la base des caractéristiques des trois dernières campagnes, les semis de la campagne principale seront probablement retardés jusqu'en Juillet. L'infestation par la chenille légionnaire sur le sorgho, le maïs, le niébé et le mil est probable si les sécheresses se prolongent. Des récoltes moyennes sont attendues à partir d'Octobre dans le Nord et l’Extrême Nord, avec des déficits de production localisés dans les départements les plus touchées par l'insécurité.

• La saison des pluies en cours devrait favoriser la régénération des pâturages et le remplissage des ressources en eau dans le sud, cependant, les fermetures de frontières liées au COVID-19 et à la sécurité ainsi que les restrictions de mouvement à l'intérieur du pays devraient continuer à restreindre les mouvements saisonniers de bétail du nord au sud entre Novembre et Janvier et dans le bassin du lac Tchad. La restriction des mouvements de bétail pourrait entraîner une forte concentration des troupeaux le long des frontières et des emplacements atypiques, ce qui accélérera à son tour la dégradation des pâturages et des ressources en eau et augmentera les risques de conflits communautaires.

• Les nouvelles récoltes et les augmentations saisonnières des approvisionnements du marché devraient stabiliser ou diminuer les prix des aliments de base à l'échelle nationale à partir de Juillet. Néanmoins, les approvisionnements du marché seront probablement inférieurs à la moyenne en raison des perturbations des récoltes dans les zones touchées par le conflit ou retardés en raison des inondations dans la région de l'Extrême-Nord, associées à des perturbations des flux commerciaux. Dans les localités frontalières du NWSW avec le Nigeria, une augmentation des flux transfrontaliers informels de produits nouvellement récoltés est attendue après Juillet, bien qu'inférieure à la moyenne en raison des fermetures officielles des frontières. Les prix devraient normalement commencer à augmenter vers Décembre en raison des festivités de fin d'année. Cependant, dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, des récoltes inférieures à la moyenne associées à des flux réduits du champs au marché maintiendront la plupart des prix de base au-dessus de la moyenne sur les marchés urbains, les prix devront

Figure 1. Prix observées et projetées du Sorgho à Mora

Source: FEWS NET

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commencer à augmenter plus tôt que dans le reste du pays. L'impact de COVID-19 sur les chaînes d'approvisionnement locales devrait persister, limitant les flux commerciaux entre les marchés urbains et ruraux et maintenant les prix saisonniers des produits de base importés au-dessus de la moyenne.

• La demande de la main-d'œuvre devrait atteindre son pic entre Août et Septembre dans le sud du pays en raison des activités de récolte de cultures vivrières et cultures de rentes. Les récoltes de la campagne principale et les activités de contre-saison devraient stimuler la demande de la main-d'œuvre entre octobre 2021 et février 2022 respectivement dans la partie nord. Les restrictions de mouvement liées au COVID-19et l'insécurité devraient maintenir le flux saisonnier de la main-d'œuvre à l'intérieur et en provenance des pays voisinsen dessous de la moyenne, mais la réouverture de la frontière avec le Tchad pourrait entraîner la migration saisonnière de la main d’œuvre et augmenter l’offre de main d’œuvre comparé à l’année passée. L'afflux typique de travailleurs à partir de Novembre vers les plantations de cacao et de café dans les zones côtières et forestières restera inférieur à la moyenne en raison du conflit en cours dans les régions du NWSW.

• Les ventes de nouvelles récoltes à partir de Juillet devraient permettre d’augmenter les revenus des ménages ruraux à l'échelle nationale. Cependant, les blocages routiers fréquents dans les régions en conflit, en plus de l'augmentation des coûts de transport causée par les mesures COVID-19, entraveront probablement les transactions du champ au marché, en particulier entre les bassins de production éloignés et les marchés urbains, ce qui maintiendra les revenus des ménages pauvres dans ces régions en dessous de la moyenne. En outre, les mesures COVID-19 en place continueront à perturber les activités commerciales et d'emploi des ménages urbains pauvres. Bien que le taux de travail occasionnel dans les grandes villes soit inférieur à celui de la même période avant COVID-19, les salaires quotidiens resteront probablement relativement les mêmes au cours des prochains mois. Dans le nord du pays, la baisse saisonnière et l’épuisement des stocks de récoltes pendant la période de soudure en cours pousseront les ménages pauvres à augmenter les ventes de bétail, en particulier de petits ruminants, pour combler les manques de revenus jusqu'en Septembre, période du début des nouvelles récoltes. La pêche artisanale qui démarre généralement en Octobre autour du bassin du lac Tchad et dans l'estuaire de la région de Douala et de Bakassi augmentera les revenus des ménages pauvres.

• Sur la base des résultats préliminaires de l'enquête nutritionnelle SMART-SENS 2021 menée du 16 Février au 14 Mars 2021, qui montre une prévalence élevée de MAG de 12,5 et 12,4 pour cent chez les enfants réfugiés Centrafricains âgés de 6 à 59 mois respectivement sur et hors site. La prévalence de MAG pourrait rester élevée même après les récoltes, car la forte présence de réfugiés continue de maintenir les prix des aliments de base au-dessus de la moyenne et augmente la pression sur les ressources naturelles et les opportunités d'emploi. D'autre part, alors que la prévalence du MAG actuelle est acceptables pour la région du Nord (4,8%) et dans le camp de Minawao (3,9%) et modérée pour l'Extrême-Nord (5,9%), l'état nutritionnel des ménages pauvres devrait se détériorer en raison de la période de soudure en cours, en particulier parmi les populations les plus touchées par les activités des insurgés, d'autant plus que la couverture humanitaire est insuffisante.

• Il est probable que le conflit continue, sans changement, sous la forme d'une insurrection prolongée. Les groupes séparatistes vont probablement continuer à s'affronter avec les forces de sécurité avec une fréquence similaire à celle observée entre 2020 et 2021 et le conflit devrait suivre le schéma saisonnier d'augmentation de l'intensité au début de janvier 2022, restant dans les moyennes historiques.

• Dans la période de prévision, les attaques d'insurgés dans la région de l'Extrême-Nord devraient augmenter pendant les mois secs a partir de de Décembre 2021a un niveau comparable au nombre d'attaques menées au cours de la même période en 2019 et 2020.

Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

À l'échelle nationale, la plupart des ménages pauvres consomment actuellement des récoltes vertes d'aliments de base comme les haricots, les pommes de terre et le maïs. En Juillet, la plupart des ménages augmenteront leur consommation d'aliments de base préférés comme le maïs, les haricots, les pommes de terre, les ignames et le manioc issus de leur propre production. De nombreux ménages pauvres tireront également un revenu accru du travail agricole associé à la récolte et aux activités post-récolte. La dépendance sur le marché pour la nourriture diminuera de façon saisonnière à mesure que les ménages rempliront leurs stocks avec leurs propres nouvelles récoltes. Les prix des denrées de base devraient commencer à se stabiliser, puis diminuer à des niveaux moyens saisonniers, au fur et à mesure que de nouvelles récoltes sont fournies sur le marché. En Novembre, la récolte de riz contribuera à la disponibilité alimentaire dans le pays.

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La plupart des ménages pauvres dans le pays devraient continuer à consommer leur propre production jusqu'en Janvier 2022, et par conséquent, devraient rester en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l'IPC) jusqu'en Janvier 2022.

La vente de nouvelles récoltes devrait également fournir une source supplémentaire de revenus aux ménages urbains pauvres, représentant moins de 20 pour cent de la population urbaine, dont les moyens de subsistance ont été perturbés par les restrictions liées au COVID-19. L'amélioration de l'accès à la nourriture et aux besoins non alimentaires essentiels améliorera leurs situation en la ramenant à un niveau d’insécurité alimentaire Minimal ( Phase 1 de l’IPC), à l'exception des réfugiés et des personnes déplacées internes PDI qui devraient rester en situation Stress (Phase 2 de l’IPC ) en raison de la faible couverture humanitaire et de la perte de moyens d’existence.

A partir de Juillet, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) actuellement observé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest s’améliorera a une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’en Septembre grâce à l’accès aux nouvelles récoltes, certes en dessous de la moyenne. Les ménages pauvres consommeront leur propre production à partir de Juillet, avec une baisse saisonnière des prix et une augmentation des revenus des ventes de nouvelles récoltes. L’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l'IPC) pour la plupart des départements commencera probablement à apparaître en Octobre, car les ménages épuiseront les stocks de nourriture de manière inhabituellement précoce et dépendront du marché pendant que les prix sont supérieurs à la moyenne.

Dans les départements les plus touchées par le conflit comme Menchum, Momo et Lebialem, la production et l'accès à l'aide alimentaire restent très faibles et ne permettront pas aux ménages pauvres de couvrir leurs besoins alimentaires sans recourir à des stratégies négatives telles que diminution de nombres de repas par jours par des adultes au profit des enfants et consommation des aliments moins appréciés et moins chers Les ménages pauvres resteront alors dans l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant toute la période de projection.

Dans l'Extrême-Nord, les départements les plus touchées par les activités des insurgés épuiseront leurs stocks de manière inhabituellement précoce et feront face à un pouvoir d'achat inférieur à la moyenne avec des tailles de troupeau inférieures à la moyenne. Des résultats Crise (Phase 3 de l'IPC) sont anticipées parmi les ménages pauvres pendant la période de soudure de Juin à Août dans le Logone et Chari, Mayo Tsanaga et Mayo Sava jusqu'à ce qu'ils passent en situation de Stress (Phase 2 de l'IPC) avec les nouvelles récoltes en Octobre. Dans le camp de réfugiés de Minawao, les réfugiés nigérians reçoivent régulièrement une aide humanitaire qui couvre environ 70 % de leurs besoins alimentaires. On s'attend à ce qu'ils restent en Stress ! (Phase 2 de l'IPC !) pendant toute la période de projection. Les inondations prévues à Mayo Danay sont susceptibles de provoquer des pertes localisées de récoltes et actifs, et de perturber les activités de moyens d’existence ou la perte des actifs, similaires à celles observées l'année 2020, résultant à des résultats de Stress (Phase 2 de l'IPC) à partir d'Août, date à laquelle les inondations sont les plus probables.

Malgré de nouvelles récoltes, la présence de plus de 323 000 réfugiés centrafricains dans les départements de Mbere, Kadey et Lom et Djerem continuera à entraîner des résultats de Stress (Phase 2 de l'IPC) jusqu'en Janvier 2022, car les prix des aliments de base devraient rester supérieurs à la moyenne et les opportunités de revenus plus bas que d'habitude. La période de soudure en cours en Républiques Centrafricaines qui se terminera en Août, devrait continuer à faire grimper les prix actuels des aliments de base dans les localités frontalières des régions de l'Est et de l'Adamaoua.

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Evènements qui pourraient changer les scenarios

Événements possibles au cours des six mois à venir qui pourraient changer le scénario le plus probable.

Zone Evénements Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire

National

Incidence d'une nouvelle variance du virus COVID-19

-Le gouvernement peut ajouter des mesures plus restrictives à celles existantes (fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres, mesures de distanciation sociale, restrictions de rassemblement) qui intensifieront à leur tour l'effet négatif de la pandémie sur l'économie urbaine et sur les moyens de subsistance des ménages pauvres.

Augmentation de l'aide alimentaire aux ménages pauvres touchés par le COVID-19, les conflits et l'insécurité

-Augmenter l'accès à la nourriture pour les personnes déplacées, les réfugiés et les communautés d'accueil et améliorer les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë

Ouverture des frontières -Faciliter la circulation des marchandises, y compris les aliments, et améliorer le commerce transfrontalier, augmentant ainsi les opportunités de subsistance pour les ménages pauvres

ZONES DE PREOCCUPATION

Nord-Ouest et Sud-Ouest, zones de moyens d’existences CM09

Situation actuelle

La production agricole : L'insécurité continue d'affecter négativement la production et les engagements agricole dans les régions touchées par le conflit, ou les ménages déplacés ont perdu l'accès aux moyens d’existence typiques. L’intensification des combats au cours des quatre premiers mois de 2021 a considérablement perturbé les activités de début de saison comme la préparation des terres et la plantation. Bien que les précipitations cumulées moyennes à inférieures à la moyenne n'aient pas affecté la croissance et le développement des cultures au cours de cette saison, la superficie totale cultivée est restée d'environ 40 pour cent ou plus en dessous des niveaux d'avant la crise mais globalement similaires aux niveaux de 2020. La culture du maïs, qui est restée inférieure à la moyenne d'environ 35 pour cent au cours des trois dernières années, est anticipée être proche des niveaux de l'an dernier.

Les prix des intrants restent de 10 à 15 % supérieurs à la moyenne, ce qui a eu un impact négatif sur l'accès des ménages pauvres aux intrants malgré la subvention saisonnière des engrais, des semences améliorées, des pesticides, des outils agricoles et des mini-équipements accordée par le gouvernement et d'autres partenaires. La production de riz par des petits exploitants reste inférieure à la moyenne, bien que les récentes augmentations de l'aide gouvernementale relancent le secteur du riz dans la région du Nord-Ouest à la suite d’une baisse de la production de riz d'environ 60% entre 2017 et 2019 par rapport à la moyenne des années d'avant-conflit.

Les déplacements continuent d'avoir un impact négatif sur l'accès à la terre et aux intrants agricoles pour la plupart des personnes déplacées dans le NWSW, et pour stimuler et soutenir la production pour ce groupe de personnes, les organisations humanitaires distribuent des intrants (semences, outils, engrais, intrants avicoles) directement ou sous forme de bons. En mars 2021, 1 923 personnes déplacées dans le NWSW ont reçu un soutien à l'agriculture et aux moyens d’existence (FSC-NWSW). Les ménages déplacés en milieu urbain ont de plus en plus recours au maraîchage et à la production avicole.

Production animale : Les précipitations saisonnières favorisent les pâturages et les ressources en eau et permettent aux animaux de vivre dans de bonnes conditions même si le nombre de troupeaux a diminué car la plupart des ménages pastoraux ont déplacé

Figure 2. Carte de la zone de moyens d’existence

CM09, Nord-Ouest et Sud-Ouest

Source: FEWS NET

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le bétail vers les localités le plus sûres dans les régions d'Adamawa et de l'Ouest. Les ménages qui ne peuvent pas migrer vendent de manière atypique leurs animaux à des prix inférieurs pour obtenir de l'argent rapidement, ou par peur d'être volés ou saisis par des groupes armés ou en raison de l'impossibilité d'accéder aux pâturages ou d'acheter des compléments alimentaires et la vaccination. La production bovine actuelle pour le Nord-Ouest est estimée à 39,5 pour cent inférieure aux années d'avant le conflit, et la production ovine et porcine suivent la même tendance. La production ovine et porcine de la région du Sud-Ouest, bien qu'encore inférieure à la moyenne, a connu une augmentation de 20 et 50,8% respectivement entre 2019 et 2020 (DDEPIA-SW 2020), cela est associée à une demande accrue de Douala. Les principaux marchés de bétail restent perturbés ou fermés en raison de l'insécurité et des fermetures de frontières liées au COVID-19. En Mai 2021, le gouvernement du Cameroun, pour des raisons de sécurité, a officiellement fermé toutes les frontières fluviales et terrestres le long de la région de l'extrême nord-ouest du Cameroun et de l'État de Taraba au Nigeria, restreignant les mouvements de bétail des bovins de zones de Dumbo, Misaje, Ako, Nwa, Nkambe et Ndu au Nigéria.

Revenus agricoles : En attendant le début des ventes de récoltes sèches en Juillet, les ménages pauvres des zones urbaines ont eu recours à d'autres activités génératrices de revenus comme la vente de bois de chauffage et de charbon et le petit commerce mais les combats en cours, les blocages routiers fréquents et les mesures COVID-19 (fermeture des frontières, restrictions de mobilité) ralentissent le climat des affaires. Certaines femmes sont actuellement impliquées dans des activités atypiques comme le transport de sable et la maçonnerie.

En raison d'une production agricole globalement réduite, les revenus des ventes agricoles restent également inférieurs à ceux des années d'avant-conflit. Les blocages fréquents des routes du champs au marché et le dysfonctionnement des unités de transformation ont poussé les producteurs des zones rurales à continuer de vendre à des prix inférieurs à ceux de leurs homologues des autres régions du pays. Dans les bassins de production reculés où le conflit a entraîné la destruction, l'abandon ou le dysfonctionnement des unités de transformation du cacao et du café, la qualité inférieure des produits a entraîné des prix de vente de 30 à 50 % inférieurs aux niveaux officiels. Les revenus du travail agricole saisonnier restent inférieurs à la moyenne suite au dysfonctionnement ou à la fermeture de nombreuses grandes exploitations agricoles et agro-industries (palmier à huile, caoutchouc, banane, café et cacao) dans le NWSW. D'autre part, l'afflux saisonnier de travailleurs des régions du Littoral, du Nord-Ouest et de l'Ouest, et du Nigeria vers les zones de plantation de la région du Sud-Ouest est actuellement inférieur à la moyenne en raison d'une forte insécurité. Les pénuries de main-d'œuvre et les demandes inférieures à la moyenne sont également dues aux déplacements de population. Les salaires journaliers varient de 20 à 50 % au-dessus des niveaux moyens selon le lieu et le type d'activité.

Marchés : L'offre des principaux produits de base est saisonnièrement faible et inférieure à la moyenne. En attendant les récoltes sèches, les commerçants des villes urbaines se réapprovisionnent actuellement en céréales dans la région voisine de l'Ouest où la production était supérieure à la moyenne et en produits importés comme le riz, la farine de blé et les huiles végétales. Une production inférieure à la moyenne des saisons précédentes, l'insécurité et le confinement ont considérablement perturbé l'approvisionnement des principaux marchés par rapport à la même période d'une année normale. Bien que de nombreux ménages commencent à consommer leurs propres produits avec les récoltes vertes en cours, ils dépendront principalement des achats de nourriture sur le marché jusqu'en Juillet, lorsque les récoltes sèches commenceront. La demande de céréales des commerçants, des brasseries et de l'industrie de l'alimentation du bétail reste élevée et non satisfaite en raison d'une production inférieure à la moyenne au cours de la dernière campagne.

Par rapport aux mois précédents, les prix des céréales restent élevés dans l'attente des récoltes sèches de Juillet. Dans l'ensemble, les prix saisonniers restent légèrement à modérément supérieurs à ceux d'une année normale en raison de quatre années consécutives de production inférieure à la moyenne. Cependant, sur le marché de Bamenda, les prix saisonniers du maïs ont évolué en dessous de la moyenne en raison de l’augmentation des approvisionnements de la région de l'Ouest combinée à des flux réduits vers les marchés nationaux (Yaoundé, Douala) et régionaux (Gabon, Guinée équatoriale). Les prix du riz importé sont restés 30% supérieurs à la moyenne depuis 2017, principalement influencés par les coûts de transport supplémentaires et la

Figure 3. Carte de fonctionnement de flux et des

marchés, Nord-Ouest et Sud-Ouest

Source: FEWS NET

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réduction des approvisionnements depuis la ville portuaire de Douala et plus loin vers l'arrière-pays. Les prix élevés du riz poussent les ménages pauvres à consommer des substituts moins chers et parfois moins appréciés comme le manioc, la banane plantain et le maïs. Les flux commerciaux entre le Nigeria et le Cameroun, via Bamenda-Mamfe-Ekok-Enugu, Kumba Mamfe-Ekok-Enugu et Limbe-Idenau-Nigeria restent inférieurs à la moyenne en raison de l'insécurité et les fermetures de frontières liées au COVID-19. Une interdiction récente de tous les échanges transfrontaliers entre la région de l'extrême nord-ouest et le Nigéria (État de Taraba) limite également davantage les flux commerciaux de bétail et de produits non agricoles.

Conflit et aide humanitaire : Les décès liés au conflit dans les régions anglophones ont diminué au cours des quatre premiers mois de 2021 par rapport à la même période en 2020 malgré une augmentation du nombre d'attaques menées contre des civils. Les militants séparatistes anglophones ont augmenté leur utilisation d'engins explosifs improvisés (EEI) ces dernières années ciblant principalement les forces de sécurité gouvernementales, les opposants politiques nationaux perçus comme tels ou ceux qui défient les « villes morts ». Au mois d'Avril 2021, environ 14 000 personnes ont été contraints de fuir leurs localités dans les régions du NWSW à cause de violence actuelle, notamment dans les départements de Menchum, Donga Mantung, Bui, Meme, Fako et Manyu (OCHA).

Sur la base des informations du cluster Sécurité Alimentaire, la réponse actuelle d'assistance alimentaire (en nature ou en espèces) atteint varie d'un mois à l'autre, mais se situe globalement dans l’intervalle de 10 à 12 pour cent dans le Nord-Ouest et de 06 à 07 pour cent dans le Sud-Ouest. Cette assistance atteint les personnes déplacées PDI et les ménages pauvres vulnérables. La taille de la ration est estimée être environ 50 pour cent. Bien que cette assistance entraîne probablement des résultats relativement meilleurs en matière de sécurité alimentaire parmi les bénéficiaires, les contraintes d'accès dans les zones touchées par le conflit perturbent parfois la portée de l'assistance.

Suppositions

• Une cinquième année consécutive de production inférieure à la moyenne : La production de la campagne principale devrait rester inférieure à la moyenne des années sans conflit et des quatre dernières années de conflit. Cependant, les récentes augmentations des soutiens financiers et infrastructurels du gouvernement et des partenaires devraient augmenter la production du secteur rizicole dans la région du Nord-Ouest au cours de la saison à venir. L'augmentation des superficies des rizières des petits exploitants et l'amélioration de la mécanisation dans le cadre du programme de Développement de la Haute Vallée du Noun (UNVDA) devraient doubler la production de riz.

• Revenus agricoles améliorés mais inférieurs à la moyenne : Les ventes de récoltes au cours des prochains mois devraient augmenter les revenus de la plupart des ménages pauvres. Le café et le cacao devraient connaître une augmentation saisonnière des ventes au cours de la période de prévision, avec des mois de vente de pointe allant de Septembre à Février. L'inauguration récente d'une usine de transformation du café dans la région du Nord-Ouest devrait augmenter les revenus des ménages de plus de 35 000 producteurs de café grâce à la valeur ajoutée et à l'augmentation des prix à la production. En outre, l'augmentation prévue de la production de riz augmentera la demande de main-d'œuvre et améliorera les revenus des ménages pauvres, en particulier dans le département de Ngoketunjia. Cependant, dans un contexte de production de la campagne principale globalement inférieure à la moyenne, où l'accès au marché et de fonctionnalité entravée, de qualité inférieure des produits en raison d'unités de transformation défaillantes, les revenus agricoles resteront probablement inférieurs à la moyenne des années sans conflit. La réduction du cheptel résultant de l'augmentation des ventes aux enchères, de la saisie par des groupes armés, de la relocalisation vers des zones plus sûres et de l'accès réduit aux intrants et aux marchés maintiendra les revenus des ménages pastoraux en dessous de la moyenne.

• Marchés : La nouvelle récolte devrait stimuler l'approvisionnement des marchés en légumes, maïs, pommes de terre et haricots à partir de Juillet. La baisse des importations liée au COVID-19 et les contraintes d'approvisionnement dues à l'insécurité maintiendront probablement les approvisionnements en produits de base importés et produits localement en dessous de la moyenne. À l'exception des grains secs de maïs, les prix des denrées de base devraient suivre les tendances saisonnières mais resterons au-dessus de la moyenne des années sans conflit. Avec les nouvelles récoltes, la plupart des prix des denrées de base vont probablement se stabiliser ou baisser, puis commencer à augmenter en Novembre en raison de l'épuisement prématuré des stocks et des festivités de fin d'année. Des hausses de prix plus importantes sont attendues sur les marchés urbains où l'approvisionnement des bassins de production est entravé par de fréquents blocages routiers. Malgré

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les efforts visant à stimuler la production locale de riz, les prix du riz importé devraient rester environ 30 pour cent au-dessus de la moyenne.

Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

Les ménages consomment actuellement de la nourriture provenant des récoltes vertes (haricots, pommes de terre et maïs) mais jusqu'aux récoltes sèches qui commence en Juillet, ils resteront dépendants du marché. Les prix au-dessus de la moyenne et la baisse des revenus compare a la normale ne permet pas aux ménages pauvres de satisfaire leurs besoins alimentaires sans recourir à des stratégies négatives. Les récoltes sèches en Juillet devraient augmenter la disponibilité des principales denrées de base et donc stabiliser ou diminuer les prix. Les ménages pauvres consommeront leurs propres récoltes, toutefois en dessous de la moyenne, et augmenteront leur consommation d'aliments de base préférés comme le maïs, les haricots, les pommes de terre, les ignames et le manioc. Les ventes de récoltes et la demande accrue de main-d'œuvre pour les récoltes devraient également stimuler les revenus des ménages. Entre Juillet et Septembre, les ménages pauvres et PDIs pourront satisfaire leurs besoins alimentaire, mais les revenus en dessous de la moyenne ne leurs permettront pas de faire des dépenses non-alimentaires. Ils seront ainsi dans une insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC).

a PARTIR d’Octobre, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l'IPC) commencera probablement à apparaître pour la plupart des ménages pauvres des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, car l'épuisement prématuré des stocks alimentaires commencera à faire grimper les prix des produits de base dans un contexte de production et de revenus inférieurs à la moyenne. Après le mois d’ octobre, de plus en plus de ménages pauvres devraient faire face aux résultats Crise (Phase 3 de l'IPC) à mesure que la dépendance au marché augmente, combinée à des prix des denrées base croissants et supérieurs à la moyenne et à un faible pouvoir d'achat.

Dans les départements les plus touchées par le conflit comme Menchum, Momo et Lebialem, l’insécurité a entravé la plupart des activités agricoles et la production est estimé être faible. Ceci ne permettra pas aux ménages pauvres de couvrir leurs besoins alimentaires sans recourir à des stratégies négatives telles que diminution de nombres de repas par jours par des adultes au profit des enfants et consommation des aliments moins appréciés et moins chers Les ménages pauvres resteront alors dans l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant toute la période de projection.

Evènements qui pourraient changer le scenario

Événements possibles au cours des six mois à venir qui pourraient changer le scénario le plus probable.

Zone Evénements Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire

Nord-Ouest et Sud-Ouest

Une aggravation des tensions et de l'insécurité

Augmentation des déplacements forcés et détérioration à nouveau des moyens d’existence

Augmentation de la couverture humanitaire dans les communautés accessibles et inaccessibles

Améliorer l'accès à la nourriture et les moyens de subsistance des ménages pauvres (PDI, communautés d'accueil) et améliorer les résultats de sécurité alimentaire

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ZONES DE PREOCCUPATION

La région d’Extrême Nord

Situation actuelle

La production Agricole : Les récoltes de contre-saison qui se sont terminées en avril ont été estimées moyennes bien que les incursions répétées des groupes Boko Haram dans le Mayo Sava, le Mayo Tsanaga et le Logone et Chari ont maintenu la production à des niveaux localement inférieurs à la moyenne. Par rapport à la contre-saison précédente, la production d'oignons bulbes aurait augmenté d'environ 10 à 15 pour cent en raison d'une demande accrue du Nigéria (MINADER).Pendant la période de soudure en cours, les ménages pauvres consomment principalement des aliments provenant d'achats sur le marché, complétés par des cultures maraîchères et du poisson provenant du fleuve Logone et de ses affluents et du barrage de Mada. Le début de la campagne agricole principale pour la zone nord était normal et les semis de la campagne principale devraient se terminer en juillet. Les semis seront probablement affectés par les jours de sécheresse entre la mi-Juillet et la fin juillet, obligeant les agriculteurs à ressemer leurs graines tandis que d'autres retarderont les semis jusqu'à la fin Juillet. Les contraintes d'approvisionnement causées par les restrictions liées au COVID-19 et l'insécurité persistante maintiennent les prix des intrants agricoles (semences améliorées, engrais) à environ 10 % au-dessus de la moyenne, limitant l'accès pour les ménages pauvres. La production animale : Le cheptel reste inférieur à la moyenne en raison de l'insécurité généralisée, de l’accès réduit aux intrants pastoraux (médicaments, suppléments, services vétérinaires), aux pâturages et aux marchés. À la suite de la soudure pastorale qui s'est déroulée de mars à mai, la situation pastorale actuelle s'améliore à mesure que les pâturages commencent à se régénérer avec le retour des pluies. Cependant, le bétail n'a pas encore retrouvé de bonnes conditions corporelles étant donné que les rendements des pâturages sont encore faibles dans la plupart des régions et que les résidus de récolte de la saison dernière ont été épuisés. La migration du bétail du sud vers le nord se poursuit avec pour destination actuelle la plaine du Diamaré (Mindif, Moulvoudaye, Pétté) et les plaines inondables du Logone. Le COVID-19 et les fermetures de frontières liées à la sécurité entravent les mouvements transnationaux de transhumance du Tchad et de la RCA vers le Cameroun et vice versa, et les mouvements de transit du Tchad vers la RCA, via le Cameroun. Marchés : L'approvisionnement saisonnier des principales denrées de base comme le sorgho, le maïs et le riz est moyen, mais diminue de façon saisonnière en raison de la période de soudure en cours. Les commerçants se réapprovisionnent avec des récoltes de contre-saison et avec des produits importés comme le riz, la farine de blé et les huiles végétales. La dépendance des ménages vis-à-vis des achats sur le marché augmente de façon saisonnière à mesure que les stocks alimentaires diminuent, en particulier pour les ménages de Mayo Sava, Mayo Tsanaga et Logone et Chari qui ont eu une production inférieure à la moyenne à la dernière saison en raison des activités des insurgés. La demande des commerçants, des brasseries et de l'industrie de l'alimentation du bétail et des achats humanitaires reste supérieure à la moyenne en raison de la réduction des stocks et de la contrebande élevée vers le Nigéria et d'autres pays voisins malgré les restrictions frontalières. Les prix des céréales augmentent selon les tendances saisonnières typiques, avec des prix saisonniers légèrement à modérément supérieurs à ceux de la même période au cours des trois dernières années. Le prix actuel du sorgho sur les principaux marchés est de 10 à 15 pour cent supérieur à celui d'une année normale.

Figure 4. Carte de la zone de moyens d’existence CM04,

Mayo Sava et Mayo Tsanaga

Source : FEWS NET

Figure 5. Carte de fonctionnement de flux et des

marchés, Bassin du Lac Tchad

Source : FEWS NET

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Les prix supérieurs à la moyenne sont attribués à la demande croissante du nord-est du Nigéria et de la République Centrafricaine et à l'augmentation des flux informels malgré la fermeture des frontières. Les flux commerciaux vers les marchés régionaux via Yaoundé et Douala restent inférieurs à la moyenne en raison de la fermeture des frontières et de l'augmentation des coûts de transport en raison des restrictions liées au COVID-19. La demande de petits ruminants se stabilise après une augmentation de la demande pendant la période du ramadan. Les ventes de veaux et de vaches de réforme sont en augmentation car ils sont indispensables respectivement pour le labour et l'engraissement. Les prix saisonniers du bétail sont globalement stables. Les prix des petits ruminants devraient encore augmenter à l'approche de la Fête de Tabaski en Juillet. Revenus agricoles : Les revenus de la main-d'œuvre agricole et de la vente des récoltes pendant la contre-saison qui vient de se terminer augmentent le pouvoir d'achat des ménages pauvres, bien qu'à des niveaux inférieurs à la moyenne dans les zones où les incursions terroristes sont répétées. À mesure que les stocks de céréales s'épuisent, les ménages tirent des revenus d'activités typiques telles que le travail agricole, la vente de bois de chauffage et de charbon de bois, le maraîchage, le coton et la pêche. La demande pour les activités de plantation de la saison principale est actuellement élevée. L'oignon, le gombo, le piment et la pastèque de contre-saison sont actuellement très demandés par les marchés de N'Djamena et du Nigeria et sur les marchés nationaux de Yaoundé et Douala. Le poisson du fleuve Logone et de ses affluents est vendu au niveau national et exporté vers le Nigeria, le Tchad et la RCA. Les stocks de poissons actuels devraient commencer à diminuer à mesure que les pluies rempliront les eaux en août. Les niveaux réduits des flux commerciaux informels et formels de produits agricoles sur les corridors Maiduguri-Mora-Maroua et Maiduguri-Fotokol-Kousseri en raison de l'insécurité et des restrictions liées au COVI-19 limitent les flux monétaires. Les revenus pastoraux sont également impactés négativement par la réduction des flux vers Yaoundé et Douala ainsi que vers les pays voisins (Gabon et Guinée équatoriale) et par la perturbation de la transhumance saisonnière due à la fermeture des principaux points de transit frontaliers avec le Nigeria, la République centrafricaine et le reste du bassin du lac Tchad.

Suppositions

• Précipitations : Les prévisions de précipitations saisonnières (PRESASS 2021) émises en Avril indiquent des précipitations s supérieures à la moyenne dans l'Extrême-Nord entre Juin et Septembre 2021. Dans l'ensemble, les conditions climatiques devraient soutenir un développement normal des cultures pendant la campagne principale. Sur la base des débits fluviaux actuels, des prévisions de précipitations supérieures à la moyenne et des tendances observées au cours des trois dernières années, les inondations sont plus probables à Mayo Danay et Logone et Chari.

• Production agricole: Des périodes de sécheresse similaires à celles observées entre Juin et Juillet au cours des trois saisons précédentes sont susceptibles de retarder les semis des cultures de la saison principale et de favoriser les infestations de chenilles légionnaires sur le sorgho, le maïs, le niébé et le mil.

• Les fortes pluies localisées qui devraient commencer en septembre devraient entraver la récolte de la campagne principale de sorgho, de maïs, de mil et de niébé dans certaines régions, et limiter également les activités de contre-saison.

• En raison de l'augmentation des exportations illégales vers le Nigeria, il est probable que les producteurs augmentent la superficie cultivée au cours de la prochaine campagne principale pour répondre à la demande accrue du côté nigérian.

• Alors qu'une période de soudure agricole normale est attendue entre Juin et Août pour la plupart des ménages de l'Extrême-Nord, les réserves alimentaires existantes seront probablement insuffisantes pour survivre jusqu'aux nouvelles récoltes

Figure 6. Projection de prix du maïs à Kumbo

Source: FEWS NET

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2-year average 2019/202020/21 observed 2020/21 projection

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d'octobre, car la plupart ont perdu leurs champs et du bétail à cause des attaques fréquentes des insurgés. Les inondations prévues à partir d'octobre devraient également déplacer des populations et détruire des champs.

• Prix des aliments de base : Les prix des céréales de base devraient continuer à augmenter jusqu'en Octobre, suivant les tendances saisonnières. Cependant, ils resteront supérieurs à la moyenne en partie en raison des niveaux élevés de contrebande vers le Nigéria. Néanmoins, les prix devraient se stabiliser dès le démarrage des récoltes en Octobre mais rester au-dessus de la moyenne quinquennale dans les zones enregistrant des déficits de production localisés.

• Revenus agricoles : A mesure que les revenus des ventes de produits agricoles diminuent pendant la période de soudure, davantage de ménages vendront probablement leurs petits ruminants pour combler le déficit jusqu'aux nouvelles récoltes en octobre. La migration de la main-d'œuvre de l’intérieur vers le Tchad, la RCA et le Nigéria qui culmine généralement entre octobre et février pour renforcer les récoltes de la saison principale et la production de riz et de sorgho de contre-saison des régions voisines devrait rester entravée par l'insécurité persistante et la pandémie de COVID-19.

• Pandémie de COVID-19 : Les restrictions frontalières existantes dues à la pandémie de COVID-19 continuent d'affecter les flux commerciaux de la région de l'Extrême-Nord vers le Nigeria et le Tchad voisins. En outre, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement internationale des intrants agricoles continuent de faire grimper les prix d'environ 10 % au-dessus de la moyenne par rapport à la période précédant la pandémie de COVID-19, affectant ainsi l'accès des ménages pauvres aux intrants agricoles.

• Insécurité : Les attaques des insurgés dans la région de l'Extrême-Nord devraient se poursuivre tout au long de la période projetée, affectant ainsi les activités de subsistance des ménages pauvres dans les localités frontalières avec le Nigeria (Mayo Sava, Mayo Tsanaga et Logone & Chari). L'insécurité accrue continuera probablement d'affecter le commerce transfrontalier et les activités de transhumance entre la région de l'Extrême-Nord et le Nigeria et le Tchad voisin, entravant ainsi les flux commerciaux de bétail entre ces pays. En outre, la migration de la main-d'œuvre dans l'Extrême-Nord, le Tchad et le Nigéria, qui culmine généralement entre octobre et février pour renforcer les récoltes de la campagne principale et la production de riz et de sorgho de contre-saison des régions voisines, devrait rester entravée par l'insécurité persistante.

Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

Les ménages pauvres dans les zones les plus touchées par les activités des insurgés, notamment dans les départements de Logone et Chari, Mayo Sava et Mayo Tsanaga, voient leurs activités typiques de subsistance perturbées. Les faibles opportunités de revenus liées au travail agricole et à la vente de produits agricoles en raison d'une production inférieure à la moyenne limitent la capacité des ménages à acheter de la nourriture sur le marché à des prix supérieurs à la moyenne. La proportion de ménages pauvres avec une consommation alimentaire inadéquate (pauvre et limite) augmentera probablement pendant la période de soudure de Juin à Août en raison de l'épuisement plus rapide des stocks, des prix des produits de base supérieurs à la moyenne et du cheptel inférieure à la moyenne, ce qui maintenant les ménages pauvres de cette zone en situation d’insécurité alimentaire aiguë Crise (Phase 3 de l'IPC).

À mesure que la période de soudure évolue, les ménages pauvres devraient recourir à des stratégies d'adaptation négatives pour accéder à la nourriture et aux revenus, telles que l'augmentation des ventes de bétail et dans le pire des cas, la vente d'animaux femelles et d'autres actifs productifs, la consommation des aliments moins chers et moins appréciés et la réduction de nombre et taille des repas.

À partir de Septembre, l'impact des inondations possibles devrait être similaire à celui observé en 2020, lorsque la destruction de 19 676 hectares de terres agricoles et de 3 200 animaux, y compris la perte de moyens d’existence pour environ 162 000 personnes, avait entraîné des résultats de Stress (Phase 2 de l'IPC) dans le département de Mayo Danay, Mayo Kani, Mayo Sava, Diamare et Logone & Chari.

Bien que la production devrait être inférieure à la moyenne, les ménages consommeront leur propre récolte à partir de septembre et les revenus provenant de la vente de produits agricoles nouvellement récoltés devraient améliorer l'accès aux besoins de base et les conditions de moyen d’existence. Les ménages pauvres de Mayo Sava, Mayo Tsanaga, et Logone et Chari pourront satisfaire leurs besoins alimentaires, mais la baisse localisée anticipée de production se traduisant par des baisses de revenus et une dépendance plus accrue sur les marches ne leurs permettront pas de faire des dépenses non-alimentaires. Ces ménages feront alors face à l’insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) entre Septembre et Janvier 2022.

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Evènements qui pourraient changer le scenario

Événements possibles au cours des six mois à venir qui pourraient changer le scénario le plus probable.

Zone Evénements Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire

Extrême Nord

Diminution des activités des insurgés le long des villages frontaliers camerounais

- Retour probable des PDI dans leurs villages d'origine dans l'Extrême-Nord -Restructuration de l'agriculture, de l'élevage et d'autres activités économiques

Augmentation de l'aide humanitaire

-Amélioration de la disponibilité alimentaire et les moyens de subsistance des personnes déplacées, des réfugiés et des communautés affectées

Ouverture officielle de la frontière avec le nord-est du Nigeria

- Augmentation des exportations formelles de céréales, de bétail et d'autres produits au Nigeria et l’amélioration des moyens de subsistance pour la plupart des ménages pauvres

Inondations répandus Détruire les cultures, le bétail et les moyens de subsistance et augmenter le nombre de ménages en situation d'insécurité alimentaire

Cumul pluviométrique déficitaire

Réduction des rendements des cultures et des pâturages, assèchement des points d'abreuvement du bétail

A PROPOS DE L’ÉLABORATION DE SCENARIOS Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains huit mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus cliquez ici.