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DOSSIER PEDAGOGIQUE
LE COQ D’OR Conte musical
Les Percussions Claviers de Lyon
Dossier réalisé par
Joëlle GONZALEZ, conseillère pédagogique en éducation musicale
Caroline LAMBOUR, médiatrice culturelle jeune public
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Introduction
Ce dossier pédagogique a pour objectif de permettre aux enseignants de se documenter sur
le spectacle, d’en explorer les pistes pédagogiques afin d’assurer une bonne préparation
avec leurs élèves avant leur venue au théâtre. Vous trouverez ainsi dans ce dossier une
présentation générale du spectacle, de la compagnie, ainsi que des pistes de travail et une
bibliographie.
Le Coq d’Or, conte musical destiné à un public à partir de 7 ans, sera présenté au Théâtre du Vellein les 13 et 14 novembre. Riche de son contenu qui associe à la fois la musique et les illustrations, il permettra aux enfants d’être plongés au cœur d’un conte russe vieux de 178 ans.
Ainsi, ce dossier comprend les parties suivantes :
Présentation générale
Distribution
Les Percussions Claviers de Lyon
Le conte musical
Le Coq d’Or : un conte et un opéra
Le conte de Pouchkine
L’opéra de Rimsky Korsakov
Pistes pédagogiques
Les instruments présents sur scène
Histoire des Arts (pistes autour des arts du langage, du son, du spectacle vivant et des arts du visuel)
Analyse du spectacle
Annexes
Biographie de Pouchkine
Tableau comparatif des instruments
Fiche d’écoute
Le Coq d’Or, conte traduit par Jean Chuzeville
Bibliographie
Contacts :
Joëlle Gonzalez, Conseillère pédagogique en éducation musicale : [email protected] Caroline Lambour, Médiatrice Culturelle Jeune Public : [email protected]
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Présentation générale
« Malgré la renommée mondiale d’Alexandre Pouchkine, ses contes restent peu connus en France. Le Coq d’Or, le Roi Saltan, Rousslan et Ludmilla, pour ne citer que ces trois titres, sont, dans notre pays, des œuvres rarement entendues, en dehors des versions opératiques de Nicolaï Rimsky Korsakov pour les deux premiers, et Mikhaïl Glinka pour le troisième. Les Percussions Claviers de Lyon invitent Jean Lacornerie à revisiter Le Coq d’Or, une lecture inédite, une adaptation contemporaine, une nouvelle trame musicale, la recréation d’une complicité entre deux géants de la culture russe, pour proposer au final un spectacle musical, une nouvelle production dédiée à un public jeune et familial. »
Gérard Lecointe, novembre 2011.
Distribution
Direction musicale, transcription : Gérard Lecointe Adaptation, conception : Jean Lacornerie Image : Etienne Guiol Scénographie : Bruno de Lavenère
Percussions Claviers de Lyon Raphaël Aggery Sylvie Aubelle Jérémy Daillet Gilles Dumoulin Gérard Lecointe
Production: ADIPAC / Percussions Claviers de Lyon Coproduction: Théâtre de la Croix-Rousse
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Les Percussions Claviers de Lyon (PCL)
Cinq musiciens passionnés et exigeants relèvent depuis 1983 le défi de faire exister un ensemble toujours innovant dédié aux claviers de la percussion, un quintette unique qui développe un répertoire sans cesse en évolution.
Associant marimbas, vibraphones et xylophones, et toujours dans une volonté d'excellence et d'échange avec le public, les musiciens, audacieux et virtuoses, explorent et dépassent les genres, les formes et les techniques, s'approprient et recréent avec talent les musiques de notre patrimoine, suscitent l'intérêt des compositeurs actuels, et proposent au final un répertoire éclectique constitué de transcriptions reconnues et de créations. Leur orchestre à cinq musiciens surprend et séduit les publics de Lyon à Pékin avec ses rythmes enlevés et ses mélodies toutes en nuances.
En plus de leur travail de création et de diffusion, les Percussions Claviers de Lyon ont à cœur de développer des actions pédagogiques et culturelles en direction de tous les publics. Dans les centres sociaux ou culturels, dans les conservatoires, dans les écoles, les collèges ou les lycées, ils proposent des ateliers et diverses formes de rencontre autour de leur répertoire ou de la musique improvisée. Lors de leurs tournées en France et à l’étranger, les PCL accompagnent et prolongent leur présence sur scène par ces moments de partage et de sensibilisation.
Les actions proposées par les PCL sont toutes encadrées par un ou plusieurs membres de la formation des cinq musiciens, qui ont à cœur de transmettre leur passion. Depuis 2010, l’ensemble ouvre également les portes de son lieu de résidence, l’Hameçon, pour des Concerts-rencontre tout public, des Concerts-découverte et des ateliers pour les scolaires, des masters-classes pour les conservatoires…
Pour en savoir plus :
Pour les actions en milieu scolaire, vous pouvez contacter le Conservatoire Hector Berlioz de Bourgoin Jailleu au 04 74 93 54 05.
Retrouvez toutes les informations des PCL sur leur site Internet : http://www.lespcl.com/fr/Le-groupe/Presentation-des-PCL
Téléchargez le dossier des actions culturelles menées par les PCL : http://www.lespcl.com/fr/Actions-culturelles/Les-actions-pedagogiques-et-culturelles
Découvrez également leur discographie sur le lien suivant : http://www.lespcl.com/fr/Discographie
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Le Coq d’Or, un spectacle musical
Ce nouveau Coq d’Or se nourrira d’une trame musicale cousue d’extraits d’œuvres de Nicolaï Rimsky Korsakov, musiques dramatiques, musiques guerrières, musiques pour la danse, musiques féériques et oniriques, toujours largement inspirées du folklore russe. Les pages les plus imagées et les plus signifiantes seront choisies et l’on entendra des extraits de Shéhérazade, du Conte du Tsar Saltan, de La Grande Pâque Russe, de La Demoiselle des neiges... et du Coq d’Or bien sûr, la version opératique de Rimsky Korsakov.
Sur scène, la couleur dominera. Les cinq musiciens des PCL seront sur scène. Ils l’animeront par leurs jeux musicaux. Le public pourra suivre l’histoire grâce à la projection des dessins de l’illustrateur Etienne Guiol. Le récit sera porté essentiellement par l’image et la musique. Les voix des personnages pourront être enregistrées ou interprétées au plateau par les musiciens qui pourront tour à tour intervenir dans le récit. Les dessins, projetés sur différentes surfaces, écrans, corps des musiciens, instruments de percussion, éléments scénographiques, façonneront la scène. Le but est de permettre aux jeunes spectateurs d’écouter la musique de Rimsky Korsakov en leur fournissant un support d’images qui stimulent leur imagination musicale. La scène sera en partie « mobile ». Les matières, les couleurs, les lignes habilleront et organiseront l’espace.
Bon à savoir…
En 2010, sous la direction de Jean Lacornerie, le Théâtre du Vellein avait accueilli le spectacle jeune public La Reine des Neiges, dont les illustrations avaient été conçues par Etienne Guiol. Notez qu’en 2011, Etienne Guiol a également créé les images de West Side Story en concert avec les Percussions Claviers de Lyon, spectacle qui sera présenté au Théâtre du Vellein le mardi 9 avril 2013.
Pour en savoir plus :
Vidéo de présentation du spectacle sur le site Internet des Percussions Claviers de Lyon :
http://www.lespcl.com/fr/Spectacles/Le-Coq-dOr
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Le Coq d’Or : un conte et un opéra
Le conte de Pouchkine - 1834
Avec Le Coq d’Or, Pouchkine, grand maître de la littérature russe, se saisit de la tradition populaire du conte pour inventer une forme poétique brève, alerte et malicieuse. Un roi guerrier, un mage, un coq en or et une reine mystérieuse sont les principaux personnages de ce conte, une histoire merveilleusement cruelle et drôle.
Le roi Dadon utilise pour protéger les frontières de son royaume un coq magique, donné par un mystérieux mage, en échange de la réalisation d’un vœu. Le coq d’or chante à chaque fois qu’une armée ennemie se présente et le roi a tout le temps d’organiser son armée pour résister à l’envahisseur. Mais un jour le coq signale l’arrivée de la reine Sharagale. Le roi tombe éperdument amoureux de cette femme mystérieuse et décide de l’épouser. C’est alors que le mage formule le vœu que le roi lui avait promis d’exaucer en échange du coq d’or. Il réclame la reine elle-même. Le roi refuse et tue le mage. Le coq s’abat sur le roi pour le tuer à ton tour tandis que la reine disparaît pour toujours…
En 1834, certaines allusions politiques ne passèrent pas inaperçues, et le conte fut censuré. En effet, la symbolique autour du monarque menacé provoquant sa propre perte fut tenu pour irrévérencieuse à l’égard d’un monarque. Le conte du Coq d’Or demeure encore aujourd’hui une figure emblématique du conte populaire russe.
Source : Acte du Colloque international franco / soviétique – Lille avril 1978 – Bernard Jeu « La cosmogonie et l’imaginaire, lecture de contes pouchkiniens »
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Le Coq d’Or : Opéra de Nicolaï Rimsky Korsakov
Nicolaï Rimsky Korsakov est né le 18 mars 1844 dans la ville de Tikhvin (Ouest de la Russie). Il est envoyé en 1856 à l’école des cadets de la marine de Saint-Pétersbourg. Il découvre et admire alors Mickaïl Ivanovitch Glinka, compositeur russe.
Promu au grade d’aspirant en 1862, il doit s’embarquer pour une croisière de trois ans autour du monde. Six ans plus tard, il est nommé professeur de composition au conservatoire de Saint-Pétersbourg et recommence ses études musicales sous la direction de Piotr Illitch Tchaïkovski.
En 1873, Rimsky Korsakov abandonne sa carrière navale puis est nommé Inspecteur de la Flotte. Il se consacre à la collecte de vieux chants populaires, ce qui lui fait découvrir les vieux rites paysans qui l’obsèderont dans ses opéras. De 1886 à 1890, il se consacre à la révision des manuscrits de Moussorgski. Lors de l’exposition universelle de 1889, il dirige deux grands concerts de musique russe et prend contact avec les musiciens français et les courants musicaux nouveaux. En 1905, le compositeur est destitué momentanément de ses fonctions au Conservatoire pour avoir apporté son soutien public à des étudiants rebelles. Il dirige à Paris, en 1907, les cinq concerts historiques russes organisés par Sergueï Diaghilev.
Le 8 juin 1908 à Lioubensk, Rimsky Korsakov meurt en prodigieux compositeur qui, tout comme M. Moussorgski, permit à l’âme russe de s’exprimer.
Nicolaï Rimsky Korsakov, s’est inspiré de Pouchkine pour composer et créer son opéra Le Coq d’Or (opéra en 3 actes dont Vladimir I. Bielski en a composé le livret intégral). Korsakov en a fait un opéra puissant, dramatique, politique et guerrier tout en composant une musique toujours imprégnée des influences indo-asiatiques qui affleurent alors en Russie. Cette musique au chromatisme audacieux, témoigne d’une invention mélodique débordante, usant notamment des échelles orientales, et d’une technicité de l’orchestration qui marquera à plus d’un titre toute une génération de musiciens russes, dont le jeune Stravinsky.
La création du dernier opéra de Rimsky Korsakov eut lieu le 24 octobre 1909 à Moscou . De cet opéra a été crée un ballet en 1 acte, de Michel Fokine (création mondiale à l'Opéra de Paris, en 1914, par les Ballets Russes). (Voir pistes proposées sur les arts du spectacle vivant p.9).
Illustration pour le livret de l'opéra de Rimski-Korsakov le Coq d'or (1909). Livret de Belski d'après Pouchkine. (Bibliothèque-musée de
l'Opéra, Paris.)
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Pistes pédagogiques
Les instruments présents sur scène
Le conte musical se joue à partir de marimbas,
vibraphones et xylophones.
Ces instruments font partie de la famille des IDIOPHONES.
Un idiophone, ou autophone, est un instrument de musique de la famille des percussions dont le son est produit par le matériau de l'instrument lui-même, lors d'un impact produit soit par un accessoire extérieur (comme une baguette), soit par une autre partie de l'instrument (comme des graines sur un filet qui l'entoure).
Les idiophones forment certainement la famille instrumentale la plus représentée et la plus jouée dans le monde. Cette famille rassemble les instruments qui ne sont ni à cordes (cordophones), ni à membrane (membranophones), ni à vent (aérophones). Les matières — végétales, animales ou minérales, comme le bois, le bambou, la corne, le verre, le métal, la pierre ou encore le plastique — sont utilisées pour leur son propre.
Le terme idiophone vient du grec idios, « soi-même ». Nombre de ces instruments présentent une structure simple, et c’est la totalité de l’instrument même (idio-) qui vibre, qui produit le son (phone). (Voir tableau des instruments en annexes).
Histoire des Arts
Arts du langage Littérature enfantine / contes de Russie
Production d’écrits : Ecrire une critique du spectacle/ Ecrire un conte avec un animal
magique.
Arts du son :
Ecouter des extraits de l’opéra de Rimski Korsakov, des œuvres jouées avec les
mêmes instruments en jazz, musique du monde, classique, des œuvres jouées avec
d’autres types de percussions, etc.
(pistes d’écoute à télécharger – envoi séparé par Mediafire)
Découvrir, écouter et reconnaitre les 3 instruments des PCL
Fabriquer des idiophones à partir de matériel de récupération (bouteilles, bois, métaux…) Quelques exemples : http://www.youtube.com/watch?v=6VaqtCPSTA0&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=rb8BpdoVdl8&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=YnNoba3WSOc&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=k476xvkLpAM&feature=related
Fiche « Ecoute »
Travail sur les familles d’instruments
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Arts du spectacle vivant
Rideau de scène de Natalia Goncharova (1914):
http://leschaussonsverts.eklablog.com/natalia-goncharova-1881-1962-amazone-de-
l-avant-garde-a12572785
Regarder un extrait l’opéra en trois actes (En DVD-Ennosuke Ichikawa, mise en scène
Théâtre Musical de Paris, Châtelet- 2000)
Vidéo de l’Opéra: Rimsky-Korsakov - Le Coq d'Or (The Golden Cockerel) Olga Trifonova; Albert Schagidullin http://www.youtube.com/watch?v=gva90C_7NeQ
Vidéo du Ballet : Anna Volkova - 'Le Coq d'or' Solo (Original Ballet Russe, Australia, 1940) http://www.youtube.com/watch?v=eRniCHjMBrI
Arts du visuel : Créer un album
Créer une autre affiche du spectacle (que celle de la compagnie)
Ex : Illustration en 3 dimensions qui est photographiée : collage et assemblage de
matériaux sur une feuille, avec des écorces de bois, plumes, feuilles, tissus, pailles,
bouts de laine carton ondulé, cailloux, boulons, vis… la photo est prise par-dessus
Créer un coq en or, avec de la peinture dorée, des papiers dorés…
Art populaire Russe : http://www.artrusse.ca/tailes/Conte_coq.htm
Analyse du spectacle
Premier ressenti : as-tu aimé ? pourquoi ?
Inviter chaque enfant à poser une question sur le spectacle
Activités de remémoration sur fiche / Ex : récapituler les personnages…
Faire reconstruire la structure dramaturgique du spectacle / Ex : Raconter l’histoire,
remettre dans l’ordre, prendre chaque personnage individuellement pour ensuite
décrire le personnage, faire les liens entre les personnages.
Analyse du spectacle : Fiche d’identité avec le portrait physique, psychologique, les
pouvoirs de chacun des personnages / Temps : repérer l’univers temporel dans
lequel l’histoire se déroule.
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Annexes Biographie de Pouchkine Source : educ73.acgrenoble.fr/nectar/nectar.../litterature_pouchkine.pdf
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Education musicale
J’ai écouté…..
Compositeur :
Œuvre :
Commentaires
/Analyse :
Mon
appréciation :
Nom :
Dates :
Epoque (moyen-âge, baroque, classique, romantique, moderne, contemporain) Ce que j’apprends sur le compositeur :
Titre :
Genre : vocal / instrumental
Chanson / jazz / « classique » / musiques actuelles Ce que j’apprends sur l’œuvre : Contexte : social, historique, scientifique…
Impressions : ce que je ressens, j’imagine, je pense…
Caractéristiques musicales repérées : thème mélodique, rythme et
pulsation, timbres vocaux et familles d’instruments…
Structure : nombre de parties différentes, refrain, dialogue,
organisation générale…
Autres œuvres à mettre en lien : musique, arts visuels,
littérature…..
♪ ♪ ♪ ♪ (entourer de 0 à 4 notes)
Parce que… (j’explique mon choix)
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Conte du Coq d’Or Traduction de Jean Chuzeville
Là-bas, très loin, dans un certain royaume vivait le glorieux tzar Dadon. Jeune il s’était montré un roi cruel et peu commode envers ses voisins, auxquels il avait infligé mainte offense. Mais avec l’âge il ne demandait qu’{ demeurer en repos. C’est alors que ses voisins commencèrent, { leur tour, d’inquiéter sa vieillesse en dévastant son territoire. Afin de défendre les frontières du royaume contre leurs incursions, il dut maintenir sur le qui-vive des forces nombreuses. Les voyévods ne chômaient point ; et toutefois rien n’y fit : quand ils avaient l’œil sur le midi, c’est de l’orient que venait la menace. Le tzar Dadon en pleurait de rage, il en perdait le sommeil. Etait-ce une vie, que ces alarmes continuelles ? Un jour donc il résolut de s’adresser { un mage eunuque, réputé pour sa science des étoiles, et d’implorer son secours. Il lui dépêche un cavalier porteur d’un message. Le mage vient se présenter { Dadon, et voil{ qu’il tire de son sac un petit coq d’or. - Tiens, dit-il au roi, prends cet oiseau et place-le sur un perchoir. Mon petit coq sera pour toi une sentinelle vigilante. Aussi longtemps que tout sera tranquille alentour, il restera coi ; mais dès qu’une menace de guerre se fera sentir, d’où qu’elle vienne, qu’il s’agisse d’une invasion ou de tout autre péril, mon petit coq aussitôt dressera sa crête, jettera un cri et, battant des ailes, se tournera du côté d’où menace le danger. Le tzar remercia le mage en lui faisant donner des monceaux d’or… - Pour te remercier d’une si grande faveur, lui dit-il enthousiasmé, je satisferai ton premier désir… Le petit coq, du haut de son perchoir, commença de surveiller les frontières. A peine un danger menaçait-il, qu’aussitôt, veilleur tiré de son sommeil, il se mettait à secouer ses ailes, se tournait vers le lieu menacé en criant : « Cocorico ! Tzar, lève-toi. » Et les voisins, n’osant plus se battre, faisaient la paix. Ainsi le roi Dadon repoussait-il l’agresseur. Un an s’écoula sans que le coq vînt { bouger. Or, voici qu’un beau matin le tzar Dadon est réveillé par une affreuse rumeur : - O roi notre père ! Vous le père du peuple ! s’écrie le voyévod, Sire, éveillez-vous ! Un malheur fond sur nous !... - Voyons, messieurs, qu’y a-t-il ? demande la tzar Dadon avec un bâillement. Quel est donc ce malheur ? Le voyévod lui répond : - Le petit coq de nouveau s’égosille { crier. Toute la capitale est sens dessus dessous. Le tzar s’élance vers la croisée. Il aperçoit le petit coq tout ébouriffé qui se démène, le
bec tourné vers l’orient. Il n’y a pas une minute { perdre. Hol{ ! vite en selle ! Le tzar jette
son armée vers l’orient, et c’est son fils aîné qui la dirige. Le petit coq se calme aussitôt,
la rumeur s’éteint, et le tzar n’y pense plus.
A huit jours de l{, on était encore sans nouvelles de l’armée. Une rencontre avait-elle eu
lieu, oui ou non ? Et voilà que le coq se met à crier de nouveau. Le roi convoque une
autre armée ; c’est son fils cadet qui, cette fois, la commande. Le petit coq se calme
encore et, de nouveau, huit jours se passent où l’on n’entend plus parler de rien. Les
habitants sont en proie à une véritable panique. Et le petit coq ayant claironné pour la
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troisième fois, le tzar fait appel { une troisième armée qu’il dirige lui-même du côté de
l’orient, sans trop savoir si sa présence est bien utile.
L’armée avance jour et nuit, sans halte ni repos. Le tzar Dadon n’aperçoit aucune trace
de champ de bataille, de cohortes en marche, ni de tertre élevé sur la tombe des
guerriers. « Cela est étrange », se dit-il. Le huitième jour de marche est venu. Le tzar
engage son armée dans la montagne et là, au milieu du cercle des monts, il voit se
dresser une tente au pavillon de soie. Un prodigieux silence règne alentour. Une armée
gît au fond du défilé. Le tzar court vers la tente… Horrible spectacle ! Ses deux fils, sans
heaume ni cuirasse, transpercés l’un et l’autre de leur glaive, sont l{, couchés morts sous
ses yeux. Leurs chevaux errants paissent l’herbe et foulent le gazon ensanglanté de la
prairie… Le tzar hurle de douleur : « O mes fils, mes fils ! Quelle chasse : mes deux
brillants faucons sont tombés dans les rets de l’oiseleur. Ah ! quel chagrin. Je sens que je
vais mourir. » Tous pleurent sur Dadon. Le fond des vallées s’emplit d’un gémissement,
et le cœur même de la montagne a frémi. Quand, soudain, la tente s’ouvre toute grande…
et une jeune fille, la princesse de Schamakha, resplendissante comme l’aurore, s’avance
lentement vers le tzar. Lui, tel un oiseau nocturne en présence du soleil, se tait et à la
contempler oublie la mort de ses deux fils. La jeune fille sourit à Dadon ; puis, avec une
révérence, elle lui prend les mains et l’invite { pénétrer sous sa tente. L{, elle le fait
asseoir devant une table chargée de vins et de liqueurs, et lui offre pour lit une couche
royale. Et le tzar Dadon, charmé, ensorcelé, demeure chez elle à festoyer toute une
semaine.
A la fin, le tzar s’est décidé { prendre le chemin du retour, emmenant avec lui son armée
et la jeune princesse. Une rumeur le précède, où il y a du faux et du vrai. Le peuple
accourt et se presse aux portes de la capitale pour voir passer le cortège royal et Dadon
et la tzarine. Dadon salue ses sujets… Tout { coup, il a reconnu parmi la foule son vieil
ami à la barbe chenue, le mage, coiffé d’un blanc turban, vêtu d’une longue robe blanche,
en tout pareil { un cygne très vieux. Le tzar l’interroge :
- Qu’as-tu à me dire ? Approche, que désires-tu ?
- Tzar, lui répond le mage, l’heure est venue de régler nos comptes. En reconnaissance
de mes services, – tu t’en souviens ? – tu me promis alors aimablement de satisfaire mon
premier désir. Donne-moi donc cette jeune fille, la princesse de Schamakha…
Stupéfait, le tzar s’écrit :
- Que dis-tu là ? Un diable te suggère-t-il cette pensée ou bien es-tu devenu fou ? Certes,
je t’ai fait une promesse, mais il y a limites { tout. Pourquoi cette jeune fille ? Sais-tu bien
qui je suis ? Demande-moi ce que tu voudras, fût-ce mon trésor, le titre de grand, mon
cheval avec mes écuries royales, ou encore la moitié de mon royaume…
- Je ne veux rien de tout cela, répond le mage : donne-moi la jeune princesse de
Schamakha.
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Le tzar fait un geste de dépit :
- Eh bien ! C’est non et non ! Tu n’obtiendras rien et seras puni par ta faute. Hors d’ici,
qu’on éloigne ce vieillard !
Le vieil homme voulut discuter, mal lui en prit. Le tzar d’un coup de sceptre lui fendit le
crâne. Il tomba et rendit l’âme. Toute la ville eut un frémissement d’horreur. Mais la
jeune princesse d’éclater de rire. « Hi ! hi ! hi ! hi ! ha ! ha ! ha ! ha ! » Un crime… elle ne
s’effraie pas pour si peu.
Le tzar, malgré sa vive émotion, lui sourit galamment. Puis il entre dans la ville… Tout {
coup, un bruit léger se fait entendre, et voici qu’aux yeux de peuple entier, le coq,
s’envolant de son perchoir, accourt droit vers le carrosse et vient se poser sur la tête du
tzar… Il secoue ses ailes, plante son bec dans le crâne, avec un cri strident. A l’instant
même Dadon s’affaisse hors du carrosse, pousse un soupir et meurt. Quant à la reine, elle
avait subitement disparu sans laisser de traces.
Tout conte est mensonge mais n’en contient pas moins quelque allusion. Puisse-t-il
servir de leçon à maints braves jeunes gens.
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BIBLIOGRAPHIE
POUCHKINE DANS LA LITTERATURE JEUNESSE : UNE SELECTION A LIRE OU A ECOUTER EN
CLASSE…
Conte du petit poisson d’or (Alexandre Pouchkine, Yvan Bilibine), Flammarion Père
Castor (2005)
Contes de Pouchkine, Alexandre Pouchkine ; illustrateur, Vladimir Neustrojev.
Gründ, 1998 (Médiathèque de Bourgoin)
Les contes de Baba Yaga (Emmi Kaltcheva, Marc de Loutchek) - CD
Cinq contes russes racontés en français accompagnés de chansons. (La princesse
grenouille – Les oies sauvages– Le vieux pêcheur et le poisson d'or) ARB Music (2005)
Ecoute possible de l’intégralité du CD sur le site Deezer :
http://www.deezer.com/en/music/emmi-kaltcheva/russie-les-contes-de-baba-yaga-
267277#music/emmi-kaltcheva/russie-les-contes-de-baba-
yaga-267277
LITTERATURE RUSSE : QUELQUES REFERENCES….
Les classiques, XVIIIème - XIXème siècle
POUCHKINE, La fille du capitaine, La Dame de Pique, Poèmes....
GOGOL: Les âmes mortes, Les veillées à la ferme de Didan'ka (Contes ukrainiens), Le
portrait, Le journal d'un fou, Le nez, Le manteau, (Nouvelles de Saint-Petersbourg,)
TOLSTOÏ, Guerre et paix, Anna Karénine, Hadji Mourat, Les Cosaques, Résurrection,
Sonate à Kreuzer…
HISTOIRE DE L’ART
Le coq - Histoire Symbole Art Littérature, Yves D. Papin, Hervas, Paris, 1993. EDUCATION MUSICALE
L’orchestre - des instruments à la musique, Coll. Les petits débrouillards, Albin
Michel, 2007
Développer les capacités d’écoute à l’école, J. Ribiere-Tavelat, PUF, 1997
Les instruments de musique (cycle 3), Coll. Les yeux de la découverte, Gallimard
Léo, Marie, et l’orchestre, Gallimard Jeunesse Musique
Les percussions, Gallimard Mes premières découvertes de la musique
Pablo et le cheval de Don Pedro, Actes Sud, Cité de la Musique, Coll. Les contes de la
cité de la musique, 2005